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1. 6 employ es de maison 7 non salari es travaillant domicile lavandi res cuisini res couturi res 2 non salari es travaillant hors de chez elles une vendeuse de march et une couturi re ayant son propre atelier sur la place du quartier Le sexe et la pauvret enfants qui vont d une maison l autre Ce domaine relationnel et r sidentiel f minin est aussi le lieu o les femmes vont trouver des parrains et marraines qui vont renforcer la famille comme on l a vu plus haut Le r le de l pouse est de ne pas emp cher la lutte de l homme pour construire sa propre famille et reproduire sa lign e mais au contraire de l aider Et m me quand cette aide de la femme et de son c t prend une place importante c est encore une lutte symboliquement masculine jusqu ce que l homme renonce ou prouve d finitivement son incapacit Les reproches faits aux femmes autant par les femmes que par les hommes sont d ordre moral ou domestique et non sociaux ou conomiques comme ceux que l on adresse aux hommes une telle m ne une m vida mauvaise vie c est par exemple le reproche que fait Dona Maria maison n 2 sa fille et voisine Estela telle autre n o presta ne fait pas l affaire pour s occuper des enfants et de son mari Dans la formation du statut familial le r le de la femme est intime discret d fini en n gatif Les groupes domestiques dont le2. autres liens de quasi parent compensant le manque de proximit spatiale des parents ou largissant les r seaux d j existants dans la parent voir encart n 3 Michel AGIER Tableau n 2 Relations et localisations des parrains et marraines des enfants de Pavenida fils et filles petits fils et petites filles des chefs de m nage et de leurs conjoints R sidence du parrain de la Position du parrain de la marraine par rapport l enfant marraine 1 2 3 4 5 6 Dans l avenida 4 6 2 12 15 4 Dans le sous quartier 5 1 1 3 10 12 8 Dans le quartier Liber 3 11 7 1 22 28 2 Ailleurs 8 14 3 7 2 34 43 6 TOTAL 20 32 4 14 80 78 100 0 25 6 41 5 1 17 9 10 3 100 0 1 Parent maternel 2 Relation extra familiale de la m re 3 Parent paternel 4 Relation extra familiale du p re 5 Autre 6 Total II s agit d une part d une soeur de m me p re et m me m re du baptis choisie comme marraine d autre part de trois cas o le parrain a t choisi par le baptis lui m me bapt mes d adolescents dans le voisinage et de quatre cas o la relation n a pas t pr cis e Encart n 3 parent et parrainage Dona Iaci maison n 9 est la soeur la voisine et l amie de Dona Noemia maison n 5 Elles n oublient jamais de se saluer et de bavarder ensemble Iaci est la marraine d un des fils de Noemia Elles ont entre elles un
3. et d autres revendications Les actuels jeunes salari s des industries dynamiques de la r gion qui habitent le quartier ne viennent pas des Selon une enqu te r alis e dans trois avenidas du quartier dont l avenida S o Caetano on voit que si la plupart des hommes 80 ont tent le mariage officiel la moiti seulement s y sont maintenus Dans les situations matrimoniales actuelles on ne trouve aucun homme officiellement mari dans la tranche de revenus inf rieurs un salaire minimum ils sont 36 4 dans la tranche de 1 3 salaires minimum 43 dans la tranche de 3 5 salaires minimum et enfin 60 dans la tranche des revenus sup rieurs 5 salaires minimum La relative r ussite professionnelle et conomique des hommes chefs de famille est ainsi sanctionn e par une r ussite matrimoniale institutionnalis e Celle ci son tour donne une existence l gale la famille que l homme a r ussi construire et ajoute un l ment politique une marque de citoyennet la formation du statut de chef de famille hors de la pauvret Le sexe et la pauvret milieux les plus pauvres mais de familles d j quilibr es tant au sens conomique que matrimonial L unique habitant de l avenida S o Caetano salari d une de ces entreprises une usine m tallurgique o il gagne 5 salaires minimum g de 24 ans est d une maison dont le p re et la m r
4. quel que soit le sexe du chef de m nage il n emp che que les maisons dot es par les autres d un statut sup rieur sont celles o un homme est chef de m nage a une bonne insertion professionnelle et est le chef d une famille qui d veloppe un cycle familial sans ruptures trois faits li s entre eux pour d finir une famille quilibr e voir encart n 5 Encart n 5 deux familles quilibr es Maisons n 15 et n 16 Ce sont deux maisons dont le chef est un homme Leurs pouses sont soeurs en filiation matrilat rale Ces familles vivent dans l avenida depuis une trentaine d ann es On peut relever dans ces deux maisons et plus g n ralement dans l ensemble familial qui les int gre deux fili res D une part une fili re familiale r sidentielle passant par les deux pouses soeurs et r f r e d abord leur maison d enfance dans le m me sous quartier du Largo chez une tante puis une premi re maison dans l avenida n 15 et ensuite une seconde encore dans l avenida n 16 A deux reprises des connaissances de voisinage situ es dans les lignes f minines sont l origine de la r sidence de ces deux familles La seconde fili re est socioprofessionnelle masculine et centr e sur l emploi au port de Salvador les deux chefs de m nage sont l un salari l autre retrait du port Le premier a un fils salari comme lectricien au port emploi qu il dit lui
5. quintal et forment ainsi une venelle en forme de U qui vient d une rue goudronn e proche de la place centrale du quartier et revient sur la m me rue quelques m tres plus bas C est un couloir de terre couvert de ciment sur une partie troit deux trois m tres de large et long d environ soixante m tres en tout Une centaine d habitants vivent l dans dix huit familles Quatorze d entre elles habitent dans des maisons de plain pied Parmi celles ci six sont construites enti rement ou partiellement en pis Les toits sont en tuile sans plafond Qu elles soient faites de terre ou de briques toutes ces maisons se composent de deux pi ces Une premi re fait fonction d entr e cuisine salle manger et de repos derri re se trouve la chambre Parfois on a d limit un Le sexe et la pauvret recoin ferm par un mur ou des rideaux pour isoler un W C une douche ou un coin cuisine L ensemble de ces deux pi ces ne d passe pas vingt m Trois maisons se distinguent de ce mod le d habitat par une plus grande surface au sol et un tage l une est habit e par deux familles distinctes les deux autres sont occup es chacune par un seul groupe domestique Onze maisonn es ont pour chef un homme bien que cette responsabilit masculine soit contestable dans quelques cas Les femmes sont chefs de m nage sans contestation sans conjoint dans sept maisons soit entre 40 et 50 de femmes chefs d
6. simultaneamente conseguir reproduzir suas linhas familiares Anthropologue ORSTOM CRH Salvador Cahiers du Br sil contemporain 1988 n 8 Le sexe et la pauvret L anthropologie de la pauvret doit elle n cessairement penser le pauvre dans un univers clos tout autre le diff rent parfait L approche monographique si elle ne relativise pas son objet et sa propre d marche construit le pauvre en r alit absolue la fois sp cifique et universelle Le culturalisme d Oscar Lewis qui a profond ment marqu les tudes sur la pauvret est d abord un effet de cet enfermement monographique dans une figure du ghetto des vecindades du centre de Mexico C est par une absence de relativisation que la pauvret lui est apparue comme un syst me social et culturel sp cifique condition sociale transform e en identit Lewis 1963 1970 Fox 1977 Hannerz 1983 Joseph 1984 Oliven 1985 En prenant au contraire la dimension du temps et de l espace qui surd terminent ses objets l anthropologie peut tenter de penser la signification relative et l instabilit potentielle d un mode de vie m me lorsque l observation empirique bien videmment le per oit comme un donn Cela revient non pas minimiser la condition de pauvret r elle mais la relativiser en examinant dans quelle mesure la position sociale des familles pauvres permet de penser une transformation de leu
7. argent Dona Hilda pour s occuper de son fils Mais il dort dans une autre maison quelques m tres de l dans la rue adjacente l avenida chez un autre fils de Hilda Celui ci a t receveur d autobus manoeuvre dans le b timent IT est maintenant pensionn la suite d un accident Et il tient un guichet de pari du jogo do bicho jeu de hasard officiellement interdit mais tr s r pandu dans les milieux populaires C est dans cette maison qu on lave le linge contre salaire de la Le sexe et la pauvret maison d une autre fille de Dona Hilda laquelle mari e un commer ant il tient une choppe de vente de noix de coco habite une autre avenida une centaine de m tres de chez Dona Hilda N ayant plus la force 72 ans de laver du linge pour les autres Dona Hilda pr pare et vend chez elle dans avenida des salgadinhos biscuits frits sal s et de la cocada confit de coco r p e Cela lui rapporte juste ce qu il faut pour payer la lumi re Chaque jour elle re oit manger de deux maisons celle de sa fille Creusa voisine d avenida et celle de son autre fille pouse du commer ant Outre ses quatre enfants vivant dans trois maisons qui l entourent une dans Pavenida deux dans le voisinage imm diat Hilda a encore un cinqui me enfant le plus g des fils actuellement en vie Scolaris gr ce l aide du mari de sa tante maternelle jusqu
8. aux biens qui se trouvent du c t de la famille de son pouse De l la fr quence constat e dans le quartier du Largo en g n ral comme dans l avenida S o Caetano d une proximit spatiale des parents de l pouse Des familles nouvelles s installent dans une maison c d e par le p re de l pouse ou construisent une habitation dans le quintal du sogro beau p re ou se rapprochent simplement de la famille de l pouse s installant dans la m me avenida dans le m me sous quartier une rue voisine etc Dans cette tendance l uxorilocalit cf Abreu 1982 se trouve la solution de nombreux probl mes quotidiens de la famille en formation garde des enfants pr ts d aliments ou d appareils m nagers etc Par ailleurs en continuant d habiter chez elle ou pr s de sa propre famille la femme est soutenue face aux manquements de son mari et elle trouve dans sa maison familiale d origine une protection en cas d exc s autoritaire ou de violence de son mari Un homme du quartier que sa femme venait de menacer de quitter racontait un jour d une part qu il avait mis une racl e un homme qu il avait vu dans le quartier en compagnie de sa femme d autre part qu il ne pouvait m me pas aller se plaindre chez son beau p re parce que celui ci allait le foutre dehors Dans les bars de la place il est fr quent que l on raconte comment on s est occup d un ma
9. aux questions qu elle soul ve De nombreux traits du mod le d Oscar Lewis se retrouvent ici Certaines familles atteignent l extr me du d nuement et on y retrouve bien ensemble tous ces caract res qui font la souffrance quotidienne de la survie dans une logique des causalit s apparemment sans issue habitations insalubres satur es pr caires p nurie d argent sous emploi et d valorisation de la force de travail faible acc s aux droits sociaux publics sant scolarisation retraite etc omnipr sence de la maladie et des alt rations corporelles par manque de soins alcoolisme importance de la religiosit et des interpr tations fatalistes de l existence importance num rique des femmes chefs de m nage instabilit matrimoniale et r sidentielle des hommes diversit complexit et instabilit des arrangements familiaux dans les maisonn es etc Et bien s r tout cela para t faire syst me et l avenida S o Caetano se refermerait alors sur son destin d finitivement marginal On essaiera donc d abord de comprendre la survie des groupes domestiques pauvres en tudiant les relations dans lesquelles ils s ins rent Quels sont les espaces sociaux de r f rence o leur position se construit et quelles sont les r gles des relations dans ces espaces Puis on examinera la question de la mobilit de la position des lign es familiales dans la soci t 1 L espace f
10. avoir trouv par l interm diaire d un ami le second a un cousin docker il a chez lui un gendre galement portu rio et son pouse a encore un oncle paternel travailleur du port enfin le parrain d une des filles de ce couple est aussi salari du port Six portu rios apparaissent ainsi dans les lignes de parent d alliance et de parrainage sans parler des relations amicales non institutionnalis es Le travail au port de Bahia a repr sent pendant plusieurs d cennies jusqu au d marrage d un cycle industriel li au p trole la fin des ann es 50 une des principales r f rences du salariat bahianais dot e d une importante force syndicale et culturelle et noyau de solidarit s et d amiti s entre des travailleurs Michel AGIER aux emplois stables Des revenus r guliers bien que peu lev s obtenus dans cette fili re ont permis une stabilit familiale et r sidentielle de ces deux familles nucl aires et un acc s de leurs enfants la scolarit et des emplois et revenus enviables dans le contexte de l avenida Dans la maison n 15 celle du retrait du port deux filles sont salari es dans un h pital l une comme aide infirmi re l autre comme archiviste la m re et une autre fille sont couturi res celle ci ayant son propre atelier de couture hors de la maison Dans la maison nQ16 un des fils est employ de banque un autre d j cit est lectricien au port un trois
11. but de ce si cle dans le prolongement de l ancien Centre de la ville le quartier de Liberdade compte aujourd hui environ 100 000 habitants estimation de 1984 C est une zone de bas revenus sans tre cependant la plus mis rable de la ville Sa population active compte principalement des travailleurs subalternes des entreprises traditionnelles port commerce industries alimentaires etc et depuis moins longtemps des industries dynamiques p trole chimie m tallurgie ainsi que des petits et moyens fonctionnaires et des travailleurs euses du commerce de l artisanat et des services domestiques Des maisons basses des habitations tage et des petits immeubles de trois ou quatre niveaux se serrent dans le plus grand d sordre apparent et saturent l espace constructible de part et d autre d une longue cr te de mornes qui surplombe la baie de Salvador De cette rue principale Estrada da Liberdade partent plusieurs rues qui forment les entr es d une quinzaine de sous quartiers Notre critique Oscar Lewis est ici pist mologique et m thodologique Elle concerne la construction de l objet en ghetto et la mani re d observer monographie non relativis e questions qui selon nous pr c dent les critiques possibles touchant ses interpr tations et la construction d une th orie de la culture de la pauvret On propose dans ce texte un exercice d observation et d
12. entre la solidarit institutionnalis e parmi les consanguins et la pr carit des liens conjugaux Fonseca 1987 il nous semble que dans certaines situations les sibling enfants de m me p re et m me m re ont l int rieur de solidarit institutionnalis e un avantage sur les autres fr res et soeurs en filiation unilat rale ils font bloc ils portent le m me dernier nom c est dire le m me patronyme quand le ou les non sibling viennent de dehors ou de la rue ou au mieux forment un autre sous groupe La force de la r f rence la famille d origine ne diff re pas ici de ce qu on peut observer dans le reste du quartier et en particulier parmi les familles de la place descendants des groupes interm diaires de la Bahia d avant les ann es 1960 cf Azevedo 1959 Les structures de r f rence et les r gles sont les m mes centralit de la famille l mentaire form e par un homme et une femme et leurs enfants droits et devoirs de solidarit diff renci s selon les sexes parmi les membres de cette famille Ce qui change entre tes familles pauvres et ais es c est la traduction de ces structures et r gles de relations dans l espace et l organisation domestique Ainsi quand une famille de la place peut regrouper un ensemble de sibling hommes et femmes et leurs propres familles l mentaires dans une seule grande maison r parties en autant d unit
13. et ethnicit Terrains n 3 p 20 31 KOWARICK L cio ANT Clara 1988 Cem anos de promiscuidade o corti o na cidade de S o Paulo in Kowarick L cio ed As lutas sociais e a cidade S 8o Paulo passado e presente S o Paulo Paz e Terra p 49 71 Lewis Oscar 1963 Les enfants de Sanchez Auto biographie d une famille m xicaine Paris Gallimard Idem 1970 The Culture of Poverty in Anthropological Essays New Vork Random House MATTOSO Katia de Queiros 1988 Familia e Sociedade na Bahia do S culo XIX S o Paulo Corrupio OLIVEN Ruben George 1985 4 antropologia dos grupos urbanos Petr polis Vozes PITT RIVERS Julian 1983 Anthropologie de l honneur La m saventure de Sichem Paris Sycomore QUIROGA FAUSTO NETO Ana Maria 1982 Fam lia oper ria e reprodu o da for a de trabalho Petr polis Vozes WOORTMANN Klaas 1987 faiflia das mulheres Rio de Janeiro Tempo brasileiro
14. la fin du primaire 5 s rie il est actuellement salari d une association sportive et de loisirs Il a six enfants quatre qu il a eu de la femme avec qui il vit actuellement ils ont fait le mariage civil il y a trois ans et deux autres qui viennent de la rue d autres femmes Le fils de Paulo a pour parrain le fr re de l pouse de ce fils a n de Hilda A la diff rence de Paulo et de Dona Hilda comme Creusa dont le trait commun selon les termes de Hilda est de n avoir pas eu de chance son fils a n s en est bien sorti il est propri taire d une maison dans un autre quartier de Salvador tr s ancienne invasion depuis longtemps transform e en quartier il travaille dans l administration de l association qui l emploie autour de lui il y a toujours plein de gens dit Hilda il aime s amuser il aime le Carnaval ce n est pas qu il gagne beaucoup non mais il y a toute cette camaraderie Alors cause de ces amis ils ne le laissent pas partir parce qu ils l aiment bien Outre que Hilda b n ficie de la S curit Sociale de ce fils elle dit qu il s occupe de tout il r pare r guli rement la maison de sa m re le toit demande beaucoup de soins il lui apporte de l argent de secours et il s occupe pour elle de la proc dure complexe de l galisation de la propri t de la maison o elle habite depuis 35 ans R cemment elle est all e passer deux semaines c
15. la n cessit conomique et dans la possibilit sociale de recourir plus l gitimement que les hommes leur propre groupe consanguin qui de son c t se sent plus engag d fendre une femme et n a pas vraiment rel ch son contr le apr s le mariage de la fille ou de la soeur Les groupes domestiques pauvres matri centr s peuvent finalement tre caract ris s non par une quation maison famille et partir de l par une Michel AGIER structure de relations familiales qui leurs serait originale mais par une d finition familiale plus ample qui d passe la maisonn e Ce sont pour reprendre les termes d j utilis s par Thales de Azevedo des familles partielles Azevedo 1966 Selon cet auteur l existence de ce type de famille r sulte de la d sertion masculine Tout le pouvoir et la responsabilit des enfants retombent sur la m re pratiquement aucune responsabilit conomique ou morale n incombe aux p res Ceux ci n ont jamais habit le foyer et n y ont pas de fonction ce sont les p res biologiques de quelques uns des enfants de telle femme mais ce ne sont pas les chefs de la maison p 124 Les donn es recueillies dans le cas que nous analysons ici ne permettent pas de dire que les hommes n ont jamais habit le foyer Mais ces familles sont bien partielles en termes de structure de relations et de fonctions D une part elles sont des segments d une structure
16. maintenant biscateiro rendant des services pour les uns et les autres Un autre fils 19 ans est vendeur dans l choppe de son parrain lequel est le commer ant de coco mari de l autre fille de Hilda Celui ci outre qu il fournit r guli rement de la nourriture Dona Hilda en donne aussi de temps en temps Creusa Lorsqu elle a besoin d argent Creusa en emprunte r guli rement deux personnes qui elle n a pas la possibilit de le rendre son fr re le pensionn de la rue adjacente l avenida c est le parrain du dernier enfant Creusa et sa fille en est la marraine et son autre fr re l a n des fils de Hilda Par le parrainage de ses enfants Creusa renforce des liens de parent et institutionnalise des relations de voisinage il y a parmi les parrains de ses enfants un de ses fr res et le mari d une de ses soeurs et parmi ses comm res l pouse d un fr re d c d et la fille d un autre fr re Mais il y a aussi des voisins de l avenida une de ses filles a pour parrain le chef de la famille la plus ais de l avenida le docker maison n 16 voir plus loin et un de ses fils a pour parrain un autre voisin d avenida employ d une entreprise de transport urbain Enfin Creusa a de bonnes relations avec la communaut catholique du quartier qui lui apporte de l aide de temps en temps pain v tement Si l on ne consid rait que les revenus mensuels b
17. ER Michel 1988 Espa o urbano fam lia e status social Um percurso nos espa os de refer ncia das fam lias do novo operariado baiano na cidade do Salvador Natal Seminaire Nordeste O que h de novo 22 25 novembre AZEVEDO Thales de 1959 Classes sociais e grupos de prestigio in Ensaios de antropologia social Salvador UFBa p 103 120 Idem 1966 Familia casamento e div rcio in Cultura e situa o racial no Brasil Rio Civiliza o brasileira p 109 139 BOURDIEU Pierre 1966 Condition de classe et position de classe Archives europ ennes de Sociologie VII p 201 229 DAMATTA Roberto 1985 4 casa e a rua S o Paulo ed Brasiliense Michel AGIER FONSECA Claudia 1988 Aliados e rivais na familia o conflito entre consang ineos e afins em uma vila portoalegrense Revista Brasileira de Ci ncias Sociais vol 2 n 4 p 88 104 Fox Richard 1977 Urban Anthropology Cities in their cultural settings Englewood Cliffs New Jersey Prentice Hall GUDEMAN Stephen SCHWARTZ Stuart 1988 Purgando o pecado original compadrio e batismo de escravos na Bahia do s culo XVIII in Reis Jo o Jos ed Escravid o e inven o da liberdade Estudos sobre o negro no Brasil S o Paulo ed Brasiliense p 33 59 HANNERZ Ulf 1983 Explorer la ville El ments d anthropologie urbaine Paris Editions de Minuit JOSEPH Isaac 1984 Urbanit
18. LE SEXE DE LA PAUVRETE HOMMES FEMMES ET FAMILLES DANS UNE AVENIDA A SALVADOR DE BAHIA Michel AGIER R sumo Esse texto prop e se explorar duas quest es em torno da pobreza Existe um modelo familiar espec fico nos meios sociais pobres em particular nas casas matri centradas Uma mentalidade de pobre reproduz a coadi o de pobreza como o sugere a tese da cultura da pobreza de Oscar Lewis Essas quest es s o indagadas no caso de uma avenida pobre no bairro da Liberdade em Salvador Com base na exist ncia de uma simultaneidade entre a situa o de pobreza das casas o fato de elas serem chefiadas por mulheres e enfim dessas ltimas serem rodeadas por uma rede familiar que as sustenta chegamos conclus o que a identidade familiar dessas fam lias ultrapassa os limites da casa retomando a no o de fam lias parciais j usada por Thales de Azevedo Na situa o de pobreza homens e mulheres t m obriga es e status diferentes Enquanto o sistema de parentesco e a socializa o das mulheres as preparam a saber viver na pobreza esta pobreza exclui e desvaloriza os homens que n o conseguiram construir uma fam lia Examinando as interpreta es da condi o de pobreza e do xito social vemos que os valores de compet ncia relacional de conforma o s regras da sociedade e de luta s o as refer ncias de um discurso que sustenta a luta dos homens para sair da pobreza e
19. absent depuis au moins 37 ans et celui du cinqui me a toujours t socialement absent L vidence dit que le lien principal vient d une filiation la m re Cependant le sentiment d exclusion de celui qui n d une relation de la m re avec un autre homme dit venir de dehors et qui en compensation tablit une relation de parrainage du c t de son demi fr re chef de famille laisse L expression venir de la rue s utilise aussi mais elle d signe plut t le fait que c est le c t maternel qui est composite faisant allusion la valorisation machiste de la libert sexuelle des hommes Le sexe et la pauvret penser que le groupe de sibling proprement dit fr res et soeurs en filiation bilat rale est le lieu de relations privil gi es On retrouve une m me proximit g n alogique dans le cas des maisons sept au total qui ont des parents dans les autres sous quartiers de Liberdade Il s agit dans la plupart des cas de p res et ou m res fr res ou soeurs et fils ou filles Dans un seul cas un oncle oncle paternel de l pouse du chef de m nage est cit comme parent habitant le quartier Seulement quatre maisons sur les seize enqu t es ne mentionnent aucun parent dans l environnement quotidien du quartier de Liberdade du sous quartier du Largo ou de l avenida Si les relations familiales des maisonn es de l avenida comme du sous quartier ou elle se situ
20. amilialis Les trois quarts des maisonn es de l avenida S o Caetano 12 sur les 16 qui ont pu tre enqu t es directement ont de la parent dans le quartier de Liberdade c est dire dans un espace de relations quotidiennes possibles Pr s des deux tiers 10 sur 16 ont des parents dans le voisinage imm diat de l avenida dans les limites du sous quartier du Largo lequel rend effectif un usage quotidien syst matique de ces relations travail change ou don de nourriture pr ts d ustensiles m nagers etc Enfin pr s de la moiti des maisons 7 sur 16 ont des relations de parent dans l avenida elle m me qui appara t alors comme une extension de la maison travaux et bavardages effectu s sur le palier dans le couloir de l avenida ou l int rieur des maisons des parents circulation des enfants d une maison l autre pr ts d ustensiles m nagers d ingr dients alimentaires ou partage des m mes repas etc voir tableau n 1 Parmi les dix cas sur seize directement enqu t s o des maisons de l avenida ont des maisons parentes dans l avenida elle m me ou dans son voisinage imm diat la r f rence est en g n ral la famille d origine des sujets Michel AGIER relation de p re ou m re fils ou fille et relation entre fr res et ou soeurs Cette proximit g n alogique doubl e de la proximit spatiale dans les limites du sous quartier du Largo font que ces relation
21. chef est une femme ont alors plus de chance que les autres de se trouver dans une situation de pauvret D une part parce que les valeurs familiales transmises par la socialisation de la femme ne la conduisent pas vers une insertion socioprofessionnelle formelle mais au contraire tendent la cantonner dans la maison D autre part et en cons quence parce que quand adultes elles veulent ou ont besoin d un revenu personnel les femmes n ont en g n ral qu une formation professionnelle domestique et prennent les fili res professionnelles que leur socialisation leur a permises c est dire dans la plupart des cas des t ches domestiques mercantilis es bas prix Enfin parce qu il manque dans les maisonn es de femme une force de travail adulte et masculine alors que la famille s est constitu e autour de cette force principale et dominante avant la rupture ou le d c s de l homme En effet tre femme chef de m nage par interruption du cycle familial d une famille conjugale est la situation dans toutes les maisonn es de femmes de l avenida Quelle que soit la dur e de cette condition ant rieure d pouse et l ventail est vaste de 4 34 ans elle s institue comme exp rience familiale plus ou moins accomplie et plus ou moins r ussie mais de toutes les fa ons ant rieure et d terminante On voit donc que lorsqu elles se retrouvent seules les femmes sont logiquement tout la fois dans
22. e d passent les limites de l avenida et de son voisinage imm diat il reste qu une partie significative de ces relations se localise l pour la tr s grande majorit des maisons Du point de vue de ces maisonn es l espace du quartier devient ainsi familialis La lecture qui se fait de p PE l espace quotidien de vie d finit les lieux et les r seaux en termes familiaux pace q 2 Parrains et marraines Les relations de parent des maisons de l avenida peuvent encore tre renforc es ou tendues par la pratique du compadrio comp rage dans le parrainage des enfants voir tableau n 2 Le bapt me se pr sente sous la forme d une pratique religieuse dans laquelle le contenu social est imm diatement pr sent le choix des parrains est fonction de relations familiales et extra familiales d j existantes et l tablissement de la nouvelle relation de compadrio d finit une institutionnalisation de la relation ant rieure implique son renforcement et lui suppose une efficacit sociale Le bapt me institue en fait deux relations l une entre les parrains et les parents le compadrio l autre entre les parrains et leur e filleul e l apadrinhamento La relation de compadrio est en g n ral le r sultat d un choix du ou des parents et elle est une relation entre adultes Premi rement elle renforce les liens familiaux existants Deuxi mement elle cr e d
23. e m nage quand ce taux est de 23 pour l ensemble de Salvador Les emplois des femmes chefs de m nage sont une vendeuse de biscuits sal s et confitures de coco une vendeuse de repas pr par s la maison une femme de m nage trois lavandi res et une femme sans emploi Le revenu total dans ces maisons de femmes va de rien un cas deux salaires minimum et demi Les emplois des hommes chefs de m nage se r partissent de la mani re suivante il y a cinq salari s deux gardiens un emballeur de marchandises de grand magasin un marin un docker deux retrait s un ancien docker et un ancien fonctionnaire employ de bureau trois commer ants autonomes un ambulant un marchand avec choppe un marchand forain et un lectricien du b timent au ch mage Deux de ces hommes sont c libataires les neuf autres ont une conjointe qui travaille dans la plupart des cas couturi res employ es de maison cuisini re Les revenus familiaux de ces maisons ci vont de 1 5 9 salaires minimum voir tableau n 1 Si l on consid re les familles de l avenida dont les revenus sont les plus bas on constate d une part qu il s agit en g n ral de maisonn es dont le chef est une femme d autre part que les chefs de m nage occupent les emplois les plus informels ou pr caires ou les moins qualifi s c est dire des emplois d valoris s sur le march du travail et qui les emp chent de pr tendre une quelconq
24. e relation de sibling qui a t et est encore l occasion efficace Mais chacune a son propre r seau qui permet son groupe domestique d exister Pour Noemia maison n 5 lavandi re 51 ans vivant avec un fils de 18 ans et un jeune petit fils qu elle l ve ce r seau est constitu des maisonn es de quatre de ses propres descendants qui vivent pr s de chez elle Un fils et une fille habitent dans l avenida voisine Le fils fait travailler dans un atelier de r paration de pneus dont il s occupe son fr re qui habite chez Noenaia et il aide financi rement sa m re La fille est lavandi re comme sa m re et les deux femmes travaillent souvent ensemble chez cette derni re Un autre fils habite un sous quartier voisin et aide aussi sa m re Dona Noemia dit de ces deux fils Ils regardent dans la maison voient ce qui manque et laissent de l argent Enfin une autre fille est une des clientes de Noemia outre le salaire qu elle lui verse contre le linge que Noemia lui lave et repasse elle lui laisse parfois en passant une partie des courses qu elle fait au supermarch du quartier Le sexe et la pauvret Pour Iaci maison n 9 c est diff rent cuisini re son compagnon lectricien du b timent au ch mage n est pas le p re de ses enfants elle n a pas la maison d enfant travaillant r guli rement et ramenant de l argent aussi la pr sence recours que repr sen
25. e sont ensemble commer ants forains apr s avoir t pendant la majeure partie de leur vie active ouvriers d une usine de tabac du Rec ncavo maison n 14 On ne trouve pas ici de contradiction mais bien une continuit entre la logique familiale et la logique de classe continuit qui passe par les lignes masculines C est l efficacit de la symbolique familiale imposant aux hommes le devoir social de construire et nourrir une famille faute de quoi ils se retrouvent sans statut qui les conduit tenter une lutte individuelle dans la soci t et cette lutte individuelle conduit vers des espaces o existent des pratiques et des discours de lutte collective et d identit de classe II n est donc pas indiff rent que le syst me de parent soit quels que soient les classes et milieux sociaux un syst me bilat ral accentuation patrilin aire o le nom et le statut familial se transmettent dans les lignes masculines pour autant que l homme lutte tout en rendant n cessaire des domaines d action f minine qui reprennent le dessus quand la lign e familiale masculine se brise marginalisant et d shonorant l homme incapable Autrement dit la mobilit sociale en derni re analyse se r sume une question d honneur masculin REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ABREU Filho 1982 Ovidio de Parentesco e identidade social Anu rio antropol gico 80 p 95 118 AGI
26. ebande La soeur de Dona Hilda et le mari de sa soeur ont t les marraine et parrain de Paulo Ils ont aid Hilda arranger sa maison et nourrir sa famille et ont pay les d penses scolaires de ses enfants plus g s Durant la plus grande partie de sa vie Dona Hilda a t lavandi re En outre elle s est occup e pendant quinze ans de deux filles et un fils de son fils a n apr s la mort de celui ci C est lui qui avait pay les frais de scolarit de Paulo mais celui ci dit Hilda n en a pas profit parce qu il n a pas voulu Elle vit dans une maison en pis de 15 m environ Il y a une premi re pi ce de trois m tres sur deux aux fonctions multiples recevoir cuisiner ranger manger se reposer Son espace est satur par quelques meubles vieux et en mauvais tat Depuis peu de temps il y a un robinet d arriv e d eau jusqu alors Hilda prenait l eau chez sa fille Creusa qui est sa voisine dans la maison mitoyenne La pi ce du fond est la chambre o elle dort avec son petit fils qu elle l ve le fils de Paulo Paulo dit elle est incapable de trouver une femme qui fasse l affaire une vraie ma tresse de maison qui puisse s occuper de l enfant dont la m re est s par e de Paulo et vit avec un autre homme et quatre autres enfants Paulo vient souvent chez sa m re rendre visite son fils g de sept ans il prend fr quemment ses repas l et laisse un peu d
27. elations comptent plus que la fortune pour aider l enfant dans une soci t o atteindre une bonne position d pend en grande partie de l appui de tiers Mattoso 1988 p 132 On retrouve ces m mes principes dans l avenida S o Caetano pr sent e ici dont la filiation avec l ancien tat d esclave est attestable autant en termes g n alogiques il n y a aucun blanc dans l avenida seulement des noirs et des mul tres que du point de vue de la position inf rieure dans la soci t globale lieu o se sont retrouv s la plupart des anciens esclaves apr s l abolition de 1888 Les parrains et marraines des enfants de l avenida ne se trouvent jamais dans les strates sup rieures de la soci t mais dans des conditions conomiques voisines de celles des parents Ce qui change fondamentalement est le statut une certaine stabilit professionnelle et de revenus la plupart des parrains sont des salari s un acc s meilleur aux droits sociaux un prestige dans la famille ou le voisinage li ces qualit s ci et la sociabilit de la personne Cela se traduit par une relation parrains parents d finissable comme une relation lective qui tout en tant une relation entre pairs n est pas cependant sym trique mais potentiellement de d pendance La communaut de vie o se trouvent les parrains et marraines est plurielle Elle est compos e 1 par les relations familiales de chacun des par
28. elui de la maison et des relations qui l entourent central et d cisif pour la survie du groupe alors qu elle marginalise jusqu l exclusion l homme qui a chou dans la construction d une famille Comme le souligne Klaas Woortmann au terme d une analyse Le sexe et la pauvret approfondie de deux milieux pauvres de la ville de Salvador le syst me dominant d finit la rue comme le domaine masculin et pour que l homme soit ma tre de la maison il doit d abord tre ma tre de la rue Mais le pauvre ne contr le pas la rue et n y tant pas quelqu un il sera marginal dans la maison La pauvret les marginalise tous les deux l homme et la femme mais l int rieur du monde de la pauvret les femmes ont leur propre lieu ou elles comptent Woortmann 1987 p 292 L avenida incarne ce domaine r sidentiel et relationnel de centralit f minine Mais les diff rences de statut des maisons de l avenida sont cependant marqu es par les diff rences d insertion professionnelle et sociale qui rendent les familles plus ou moins quilibr es ou n cessiteuses Or comme on fa vu dans le tableau n 1 ci dessus tous les m nages de femmes se situent dans la moiti inf rieure de l ordre des revenus La situation des hommes est plus diverse Et m me si les relations entre les maisons sont f minis es on dit toujours La maison de Dona Une Telle
29. ents de l enfant et par la communaut de vie alli s voisins relations professionnelles de ces consanguins Le poids du c t maternel se trouve ainsi redoubl plus important dans le choix des parrains parents 25 6 du c t de la m re 5 1 du c t du p re il l est encore dans le choix des parrains non parents 41 de relations du c t de la m re 17 9 du c t du p re 2 Par les relations extra familiales des parents de l enfant dont les domaines sont principalement r sidentiels pour la m re 10 des 12 parrains et marraines habitant l avenida sont des relations de la m re et professionnels pour le p re Au total les relations familiales et de voisinage de la maisonn e dans lesquelles les femmes occupent une position m diatrice permettent une relative l vation sociale des r f rences de la famille ainsi parrain e Si on ne trouve aucun salari des industries dynamiques de la r gion parmi les p res chefs de m nage de l avenida les m caniciens soudeurs op rateurs de process et autres salari s du p le p trochimique du centre industriel d Aratu et de la Petrobras ne manquent pas parmi les parrains rencontr s dans les r seaux familiaux et de voisinage Le sexe et la pauvret 3 Les familles pauvres forment elles un mod le original On constate dans l avenida S o Caetano la simultan it de trois l ments 1 l extr me pauvret du groupe domestique 2
30. es familles de la place Ce sont des familles d anciens fonctionnaires moyens de commer ants petits patrons artisans et petits entrepreneurs du b timent A partir d une premi re installation entre les ann es 1910 et 1950 les maisons ont t transform es et agrandies verticalement construction d tages ou horizontalement usage du quintal de la maison Habitent l regroup es ou voisines plusieurs g n rations d une m me lign e familiale Certaines occupations familiales ont t rachet es par des particuliers et transform es en immeubles fins locatives Certains salari s d entreprises modernes r centes ouvriers du p trole ou de la p trochimie aux revenus nettement sup rieurs ceux des salari s des entreprises anciennes et d passant parfois ceux des familles traditionnellement les plus ais es du quartier r ussissent occuper cet espace visible montr du quartier en construisant ou transformant des maisons donnant sur la place ou sur ses rues adjacentes Lorsqu enfin on parle comme le font les habitants du quartier dans leur propre description de la stratification sociale locale des familles n cessiteuses des avenidas on d signe une situation de pauvret absolue le p le le plus pauvre du quartier l image de l avenida S o Caetano voir encart n 1 Encart n 1 L avenida S o Caetano est compos e de deux impasses qui se rejoignent dans le fond du
31. hez lui la suite d une maladie Pendant ce temps Paulo est rest avec son fils dans la maison de Hilda La fille de Dona Hilda Creusa maison n 7 g e de 43 ans est maintenant seule s par e depuis dix ans de son mari avec qui elle avait v cu douze ans Ils s taient mari s officiellement devant le juge et l glise Il tait venu habiter chez elle Il tait peintre en b timent Ils ont eu cinq enfants Elle explique leur s paration en disant qu il la maltraitait et gaspillait l argent Les cinq enfants sont rest s avec elle Ils ont maintenant entre 14 et 20 ans Quatre ans apr s cette s paration elle a t enceinte d un autre homme avec qui elle n a jamais v cu elle savait que a ne marcherait pas Ce dernier enfant est avec elle Elle est lavandi re et a comme clients deux familles qui sont d un sous quartier voisin Elle atteint de cette fa on peu pr s un demi salaire minimum de revenu mensuel Elle a deux filles de 16 et 17 ans qui travaillent comme employ es de maison dans d autres quartiers Emplois instables le jour o Creusa explique cela l une de ses filles travaillent dans la m me maison depuis trois mois l autre a commenc la veille dans une nouvelle maison Un de ses fils est peintre d automobile il a travaill depuis qu il est enfant dans un atelier de Michel AGIER carrosserie automobile du quartier il vient de quitter cet emploi et est
32. i me est peintre auto actuellement au ch mage et une fille est employ e de bureau dans une entreprise d lectronique Ces deux maisonn es sont les plus ais es de l avenida chacune occupant seule une des trois maisons tage Dans la maison n 16 l insertion professionnelle stable du mari a permis les am liorations successives de la r sidence construction d un tage etc L avenida en a b n fici indirectement c est gr ce au docker qu elle a eu acc s aux r seaux d eau et d lectricit et c est lui qui syndicaliste averti des complexes proc dures administratives a fait l essentiel des d marches la mairie pour obtenir la l galisation de l occupation des maisons de l avenida par ses habitants Les voisins disent de cette maison qu elle est la t te a cabe a de l avenida Si l avenida est bien une extension de la maison par l usage priv de son espace et par les relations de parent parrainage et amiti s qui la traversent et si tout comme dans la maison m taphorique de Roberto Damatta le code qui pr vaut dans le langage de l avenida est fait de pr f rences de liens de sympathies de loyaut s personnelles de compl mentarit s de compensations et bont s ou m chancet s Damatta 1985 p 42 la hi rarchie statutaire de l avenida est cependant d termin e par les r ussites et les checs qui s accomplissent dans la rue hors de la maison h
33. idas taient l origine et quelques unes le sont encore de v ritables corti os form s dans les ann es 1940 et 1950 une poign e de trois ou quatre propri taires Colonel Untel famille Une Telle se r partissaient les terrains vagues du quartier en en achetant l usage au propri taire du terrain le Troisi me Ordre de Carme sur lesquels ils construisaient des habitations sommaires Michel AGIER d autres quartiers de la ville moins marqu s des symboles de pauvret cf Agier 1988 Certaines avenidas du quartier sont d j enti rement transform es On y trouve aujourd hui des maisons construites en briques recouvertes de pl tre au sol dall toit de tuile ou de b ton aux int rieurs coquettement meubl s et d cor s ayant parfois un ou deux tages Dans les m mes avenidas se construisent aussi des petits immeubles locatifs de deux ou trois niveaux Habitent dans ces avenidas ci des familles que l on dit quilibr es leurs revenus sont bas mais relativement stables les chefs de m nage sont de petits employ s de bureau artisans ou commer ants autonomes ouvriers d entreprises traditionnelles etc Malgr cela le terme d avenida reste charg d une connotation de pauvret au moins relative compar la d finition traditionnelle des familles qui habitent le haut du quartier la place centrale et les rues goudronn es adjacentes Ces derni res sont appel es l
34. interpr tation diff rente partir d un cas de pauvret empiriquement tr s proche de ceux observ s par Oscar Lewis On r serve pour des d veloppements ult rieurs la critique de fond la th se de la culture de la pauvret Le sexe et la pauvret Le sous quartier du Largo o se situe 1 avenida dont il sera question ici est accessible par une de ces entr es Ses dimensions sont d environ trois hectares et 2 000 habitants I L AVENIDA Le terme d avenida recouvre Salvador un large ventail de situations sociales et d habitat II est utilis d une mani re g n rique et ironique traduit litt ralement c est l avenue pour d signer toute impasse traverse cour ou venelle qui vient et donne sur des rues goudronn es Les avenidas sont des acc s pi tons aux maisons couloir ciel ouvert qui ont de trente cent m tres de long environ de deux cinq m tres de large au sol en terre battue ou ciment Compte tenu du relief accident de la ville de Salvador ces couloirs sont souvent de longs escaliers descendant les mornes Les habitations sont en enfilade de part et d autre du couloir ou d un c t seulement l autre tant form par les murs du fond des habitations voisines Il s agit d anciennes occupations souvent ill gales en cours de l galisation en g n ral le propri taire ou l occupant se d clarant lui m me propri taire d une
35. le fait que la maisonn e a pour chef une femme et 3 la proximit spatiale et l intervention permanente d un r seau de parents localis s hors de la maison intervention plus ou moins quotidienne et plus ou moins essentielle selon un jeu de r quilibrage entre proximit spatiale et position g n alogique Dans cette situation on constate d abord le r le pr pond rant de la famille d origine de la femme chef de m nage celui des consanguins oppos s aux alli s et en particulier celui du groupe de sibling descendants en filiation bilat rale C est d abord l que les solidarit s fonctionnent les consanguins impliquant avec eux leurs propres alli s les cunhados beaux fr res sont de fr quents interm diaires dans la recherche d emploi On le constate sur deux g n rations D une part les femmes chefs de m nage les plus g es b n ficient du soutien de leurs propres enfants et d autre part entre ceux ci les chefs de maisonn es les plus pauvres g n ralement des femmes b n ficient de l intervention des autres de la m me fa on que leur m re ont eu ant rieurement des recours dans leur propre groupe de sibling qui leur ont permis de trouver une habitation d lever un enfant ou de manger L importance du groupe familial d origine demeure quel que soit le statut matrimonial actuel de la femme Persiste du point de vue des femmes l opposition soulign e par Claudia Fonseca
36. maison ayant pignon sur rue et du terrain situ l arri re de la maison quintal da casa c dait contre un loyer des parties de ce quintal sur lesquelles ses locataires construisaient eux m mes leur maison en planches ou en pis Dans le sous quartier du Largo on peut diviser l espace en une partie visible et montr e la place centrale le largo proprement dit qui donne son nom au quartier et les rues et une partie cach e ferm e les avenidas Cette derni re localisation donne en elle m me un statut de pauvret ceux qui habitent les avenidas Cela aboutit ce que la mobilit sociale soit r guli rement associ un d placement de r sidence soit vers une avenida plus confortable et ouverte soit vers les parties visibles du quartier soit vers Dans certains cas les avenidas sont comparables aux corti os forme d habitat qui s est d velopp e au d but du si cle Rio et S o Paulo Logement pour les couches urbaines les plus pauvres avant leur envoi dans les ann es 1960 vers la p riph rie des villes la recherche d une maison auto construite les corti os le terme signifie litt ralement ruche sont des alignements de cellules cubiculos construites par un m me propri taire g n ralement sp cialis dans ce type d op rations financi res cf Kowarick et Ant 1988 Selon un ancien habitant du quartier tudi ici beaucoup de ces aven
37. mitoyennes Par ailleurs la m re de l enfant qui habite dans la maison n 4 r side un peu plus loin dans le quartier de Liberdade Maison n 12 Cette maisonn e est compos e de trois fr res et soeur une femme dont le mari pous civilement il y a neuf ans vient de quitter la maison il y a trois mois vit dans cette maison qui tait auparavant celle de son p re aujourd hui d c d habitent l avec elle d une part les trois enfants de son mariage d autre part un fr re ut rin lequel d un an son cadet il a 22 ans se pr sente comme le chef de m nage Il est vrai qu il ram ne la maison le salaire le plus important presque deux salaires minimums mais son statut de chef de m nage est discutable il est c libataire sans enfant et n a pas la propri t de la maison Il a par ailleurs un fr re germain qui habite dans un autre quartier de la ville et l aide financi rement de temps en temps enfin un autre fr re agnat de cette femme ils sont de m me p re mais de m res diff rentes Ce dernier a dans le voisinage du Largo trois fr res ut rins dans trois maisons distinctes Bien que chacune des maisonn es constitu es par ces fragmentations paraisse alors isol e dans une habitation s par e trop pauvres pour former des ensembles r sidentiels compacts et trop pauvres encore pour penser une mobilit r sidentielle g n ralis e hors du quartier c est di
38. mme des comportements de panique et de fuite dans une situation d chec social Au contraire on n attend pas a priori d une fille ou d une soeur qu elle sache s int grer conomiquement ou professionnellement dans la soci t Son lieu c est la maison Ici c est aussi l avenida les maisons des amies comm res et parentes le couloir et les seuils o l on se rencontre et bavarde le fond de l avenida o l on lave et tend le linge Contrairement aux hommes l avenida est un espace de travail pour les femmes cela concerne l entretien de la maison d abord mais aussi fr quemment leur travail r mun r Le quotidien de l avenida est donc f minin Des amiti s se nouent des rivalit s apparaissent dans la convivialit quotidienne les changes de services les relations entre les Comprendre comment les milieux pauvres produisent symboliquement l alt rit des hommes sans r ussite en les inscrivant dans les domaines de la maladie et de la marge est un th me de recherche auquel conduit l tude des maisons de femmes caract ris es on y revient plus loin par la d sertion masculine Pour l ensemble des femmes de l avenida ayant une activit r mun r e 2 1 au total et quelle que soit leur position dans les maisonn es on compte 6 salari es d entreprises priv es 3 employ es de bureau une aide infirmi re une aide de cr che une femme de m nage
39. oment du cycle familial o elle s institue celui de la constitution et expansion de la famille l mentaire quand celle ci a le plus besoin de forces Si la d finition religieuse de cette relation inscrit comme premi re la protection d un adulte envers un enfant cf Pitt Rivers 1985 p 105 la protection s tend en fait socialement toute la famille d finie dans sa phase initiale et donc aux parents de cette famille Dans la Bahia du temps de l esclavage les parrains taient d une condition sociale voisine de celle des g niteurs Substitut d une famille socialement inexistante non reconnue le parrain d esclave ne fut jamais son ma tre le compadrio est une relation entre pairs et tr s exceptionnellement le ma tre d autres esclaves Gudeman et Schwartz 1988 La diff rence entre parrains et g niteurs jouait sur le statut donn par r f rence l tat juridique le parrain tait plus loign de l tat d esclave que les parents et par r f rence la couleur les parrains taient g n ralement plus clairs de peau que les parents Katia Mattoso souligne l importance dans le choix du parrain du prestige qu il avait dans la communaut de vie des parents bien que l un et les autres fussent Michel AGIER g n ralement de la m me classe sociale Dans les couches sociales inf rieures de la ville de Salvador au XIX si cle note cet auteur la personnalit et le cercle de r
40. on des images saintes statuettes ou tableaux pos s sur de petits autels ou accroch s aux murs et repr sentant la charit de Saint Fran ois la force divine de Saint Georges terrassant le dragon Bahia l Oxossi chasseur du Candombl la protection du Christ et les miracles de l histoire sainte tableaux de la travers e de la mer rouge ou de la p che miraculeuse la pr sence amicale du Preto Velho et celle maternelle de Yemanja V n rer ces images c est faire en sorte que tous ces personnages plein de qualit s entrent dans 1 existence concr te raccompagnent et prot gent du pire Quand on a rien il y a encore les relations il faut savoir bien s entendre se dar bem avec l entourage et il s agit l d un domaine de comp tence f minine celui de la famille on dit sans cesse que la famille est une affaire de femme celui du voisinage et celui de leur travail relations personnalis es avec la patronne ou avec la cliente Les m res utilisent leur comp tence relationnelle pour placer leurs fils adolescents pour qu ils ne restent pas dans la rue chez un fils plus g un fr re un comp re ou un voisin La valorisation des comp tences relationnelles la d finition de la pauvret c est dire de la non insertion sociale et professionnelle formelle comme condition naturelle vidente et 1a recherche d explications et de protections hors du monde social trange
41. ors de l avenida d cor et mise en sc ne de normes et de lois formalis es de travail et d changes auxquels l avenida acc de par les hommes 2 Question d honneur Quelles sont les r f rences des interpr tations de la pauvret et de la mobilit du sort des familles n cessiteuses et des familles quilibr es On peut tenter de les distinguer de la mani re suivante Il y a d abord un discours qui part des notions de chance et malchance La formule n o deu sorte par malchance a n a pas march revient pour commenter autant les ruptures matrimoniales que les checs professionnels L chec est per u comme le r sultat fondamentalement d une incomp tence individuelle associable une tare naturelle incapable malade anormal diff rent que seule la chance aurait pu surmonter Le sexe et la pauvret Le fatalisme qui appara t l est en fait un ensemble form par le couple de la nature ennemie et du pouvoir surnaturel Dans les maisons pauvres et l instigation des femmes les maladies ou les comportements marginaux conduisent vers les lieux d interpr tation spirite Umbanda Preto Velho une des maisons de l avenida est un lieu de culte du Preto Velho et plus rarement spiritisme kard ciste On cherche les causes et les solutions du malheur dans l intervention des esprits A la pauvret du mobilier des maisons les plus pauvres r pond la profusi
42. qui leur donne non seulement une position g n alogique dans l ordre symbolique mais aussi qui remplit en tant qu ensemble les diverses fonctions familiales r sidentielles reproductrices socialisatrices chaque l ment donnant ou recevant plus ou moins selon ses possibilit s D autre part et en cons quence les femmes chefs de ces m nages n ont pas fout le pouvoir et toute la responsabilit vis vis des enfants et en g n ral vis vis de leur maison mais des morceaux de pouvoir d autres pouvoirs se d finissant dans les relations du groupe domestique avec les consanguins de la femme HI LE SEXE DE LA PAUVRETE ET CELUI DE LA MOBILITE 1 Questions de statut Les maisonn es pauvres matri centr es ne sont pas isol es Leur pauvret de ce point de vue est relative On peut dire qu elle serait absolue si aucune relation ne venait compenser leurs insuffisances conomiques et d insertion sociale que ces relations elles m mes ont produites dans la phase de socialisation des actuelles chefs de m nage pauvres Les unit s familiales d origine les relations de compadrio le voisinage de l avenida et du quartier sont des r f rences qui entourent le groupe domestique et repr sentent autant de recours d finis par les droits obligations honneurs et pouvoirs familiaux et sociaux La situation de pauvret n alt re en rien le statut de la femme mais au contraire rend son domaine c
43. r dans le sens du maintien de sa condition de pauvret Quiroga 1982 p 207 Seule la faillite de la logique familiale en tant que forme associative de lutte pour la survie permettrait l apparition d une conscience de l impasse structurelle o se trouve l ensemble des individus pauvres en tant que classe sociale Michel AGIER Relativiser et rendre dynamique l observation et l analyse des milieux pauvres implique donc que l on r solve deux questions 1 Les familles pauvres en particulier celles dont le chef est une femme repr sentent elles un mod le structurel distinct de celui des familles du reste de la soci t Cette question int resse un raisonnement plus ample qui stipule l exclusion des pauvres pensant ensemble une marginalit socio conomique et une sp cificit culturelle de ces milieux la seconde produisant la stabilit de la premi re 2 Une mentalit de pauvre reproduit elle la condition de pauvre comme le sugg re Oscar Lewis L exp rience individuelle et collective et son interpr tation vont elles dans le sens d une reproduction de la position des pauvres dans la soci t ou d montrent elles l existence de forces et valeurs de la mobilit sociale On abordera ces deux questions partir du cas d une avenida venelle compos e de dix huit maisons tudi e dans le quartier de Liberdade Salvador Ayant commenc s urbaniser au d
44. r hostile mais dans des figures mi divines mi humaines accompagnatrices de la vie quotidienne ne repr sentent pas un discours f minin mais sont les l ments d une symbolique qui convient la position des femmes telle qu elle leur est assign e par le syst me de parent et leur socialisation qui les disposent savoir vivre dans la pauvret Sortir de la pauvret commence aussi par des relations Partant de rien ou de peu de formation professionnelle les relations permettent d entamer des trajectoires professionnelles o l on cherchera se stabiliser en se sp cialisant dans une branche ou dans un emploi non qualifi Ces trajectoires masculines sont alors soutenues par deux r gles se r signer accepter les r gles du travail et de la soci t se conformar Comme un leitmotiv la formule foi uma luta quelle lutte a a t revient dans les r cits de vie d homme aujourd hui sortis de la Michel AGIER pauvret Chaque tape du parcours professionnel est pr sent e comme une victoire Il s agit de lutter contre le mauvais sort contre la pauvret per ues comme un tat de nature encore proche nature que la couleur sombre de la peau rappelle en toute circonstance Les pratiques symboliques pour repousser cet tat de nature sont alors in puisables compenser la n gritude de sa peau sa tenue et son parler de pauvre par un comportement disc
45. r condition Selon Oscar Lewis la pauvret repr sente un mode de vie remarquablement stable transmis d une g n ration l autre par l interm diaire des lign es familiales 1963 p 29 De l l identit d finitive qu il attribue aux pauvres et la critique de conservatisme politique qui a t faite sa th se de la culture de la pauvret Accoler une identit culturelle propre une condition socio conomique diff rente ou marginale est cependant une tentation qui reste pr sente dans les tudes sur la pauvret quelles que soient les motivations subjectives et les inspirations th oriques des chercheurs Il s agit bien souvent de d nicher tout prix un mod le sp cifique Cela concerne en particulier deux domaines importants de la recherche urbaine celui des strat gies de survie et celui des familles matri centr es domaines de fait souvent associ s par le processus de f minisation de la pauvret Une autre version de cette recherche de la sp cificit des pauvres se trouve dans l opposition des logiques familiale et de classe L efficacit pratique des relations familiales elle m me serait la base de la reproduction de la condition de pauvret comme le propose Ana Quiroga au terme d une analyse d taill e des conditions de vie des familles ouvri res de bas revenus Belo Horizonte Le groupe familial agirait en derni re instance souligne cet auteu
46. re trop se disperser la m me structure et les m mes r gles familiales que celles des couches sociales sup rieures restent l oeuvre Elles repr sentent ici un recours sans m diation pour les segments en situation pr caire Le sexe et la pauvret 4 Hommes et femmes dans la pauvret La force que repr sente pour un m nage pauvre le r seau familial environnant est un potentiel dont l efficacit d pend d abord du sexe du chef de cette maisonn e L ordre logique a pour principe que le mode d emploi des relations familiales est diff rent pour les hommes et pour les femmes Un homme est suppos a priori tre capable de reproduire sa lign e familiale en construisant sa propre famille l mentaire et en subvenant ses besoins Il doit tre non seulement g niteur mais aussi chef de famille son tour Cela implique qu il sorte de la maison paternelle son mariage il ne peut y avoir sans conflit deux hommes chefs de famille de la m me lign e familiale dans la m me maison Ainsi un ouvrier du p le p trochimique qui habite dans un immeuble de ce sous quartier et qui a largement contribu la reconstruction en brique et avec un tage de la maison de son p re o il a pass toute sa vie jusqu son mariage dit qu il ne serait pas un bon fils s il habitait encore chez son p re Pour accomplir son devoir le bon fils peut sans d shonneur recourir aux relations et
47. ret un habillement correct et des qualit s morales conformes je suis noir mais je suis honn te un artisan ma on Jo o un travailleur du port est noir mais il est bien lev Modifier son style de vie d abord en transformant et agrandissant la maison Se marier officiellement civilement et religieusement et le rester etc C est d s que commence une sortie de la pauvret que commencent les luttes symboliques pour s en d marquer La pauvret reste alors pr sente dans la symbolique de ces luttes comme le rappel d un tat de nature et comme un repoussoir cf Bourdieu 1966 Ce discours de la mobilit fait de relation r signation et lutte est un discours pour les hommes non pas par les valeurs en elles m mes qu il mobilise ce n est pas un discours masculin mais par la correspondance qu il rencontre dans les r gles familiales la lutte conomique est le prolongement et la condition de succ s de la lutte qu on attend de l homme pour former sa propre famille et reproduire sa lign e C est dans un deuxi me temps en g n ral la deuxi me g n ration que d autres pratiques apparaissent formation scolaire et professionnelle plus pouss e des enfants dont les filles commencent b n ficier aussi et partir de l passage de la descendance des emplois formels des salaires r guliers comme on l a vu dans le cas des maisons n 15 et 16 pr sent es ci dessus
48. ruts de ces deux maisonn es ils seraient dans un cas d un quart de salaire minimum pour deux personnes et dans l autre de 2 5 salaires minimum au plus pour sept personnes Cela ne permettrait pas ces maisonn es d exister Leur survie est en fait rendue possible par l action quotidienne d un r seau familial qui d passe les limites de ces maisons On peut distinguer dans le temps deux cadres de r f rence II y a dans les ann es 50 l aide que Hilda re oit de la famille nucl aire de sa soeur logement nourriture aide la scolarit de ses enfants La r f rence est une relation de sibling et celle ci est renforc e par le parrainage de l enfant qui na t ce moment l engageant la fois la parente et l alli ce cadre se substitue progressivement celui de l ensemble de la descendance de Hilda dont les membres aident tous d une mani re ou d une autre leur m re et dont certains s aident entre eux Les liens de consanguinit sont alors valoris s par un r seau complexe de parrainage qui honore et oblige les membres les moins pauvres de la famille C est le plus g des fils de Dona Hilda qui occupe ici la position de chef de famille tout en ayant install avec le reste de la famille une distance spatiale La famille d sign e ici est l ensemble des descendants de Hilda r partis dans leurs propres maisonn es Le p re des quatre premiers fils et filles est physiquement
49. s d habitation qu il y a de Michel AGIER familles l mentaires ou dans un alignement de maisons contigu s occupant le quintal de la maison qui a pignon sur rue les familles pauvres elles se d localisent l o elles peuvent paraissant se d sarticuler en d incertains arrangements familiaux install s dans le provisoire on n est jamais s r de retrouver la m me composition du m nage quelques mois d intervalle et dans une structure de relations g n alogiques dont la coh rence repose autant sur des l ments absents que des pr sents voir encart n 4 Encart n 4 d incertains arrangements familiaux Maisons n 18 et n 4 Il s agit d une seule ancienne maison en pis divis e en deux parties par deux fr res germains apr s le d c s de leur p re Au moment de ce relev les deux maisons mitoyennes taient en construction et un des deux fr res seulement vivait l maison n 4 dans des conditions mat rielles tr s pr caires mobilier un lit une chaise une table un r chaud sans conjoint et avec une enfant fille d une de ses filles Gardien dans une cole municipale percevant un revenu mensuel d un salaire minimum en mauvaise sant il tait en fait enti rement d pendant de son fr re salari de la marine qui sans habiter encore dans la maison inachev e maison n 18 il s y est install quatre mois plus tard se chargeait de la construction des deux maisons
50. s interviennent directement et quotidiennement dans la vie des maisons de l avenida voir encart n 2 Encart n 2 Hilda et Creusa ou l espace familial de la survie On pr sente ci dessous le cas de deux maisons de l avenida maisons n 2 et n 7 habit es l une par une femme g e l autre par sa fille chacune avec son groupe domestique Cas significatif de cette insertion de la maisonn e dans son ensemble familial C est en 1951 l ge de 35 ans que Dona Hilda maison n 2 est arriv e Salvador avec six enfants Elle venait da Rec ncavo pr s de Santo Amaro environ 80 km de Salvador o elle avait v cu pendant seize ans avec un travailleur de plantation de canne sucre a n allait pas explique t elle on avait faim sans arr t il me battait et puis il a d nich une autre femme A Salvador elle a habit pendant trois ans chez une soeur dont le mari tait menuisier Ils habitaient dans ce quartier du Largo tout pr s de la maison o Hilda habite aujourd hui Trois ans apr s son arriv e elle a rencontr un homme dont elle a t enceinte Elle a avort Mais cet homme lui a trouv la maison o elle habite actuellement L ann e suivante elle a eu un enfant d un autre homme avec qui elle n a jamais v cu Ce fils Paulo aujourd hui g de 33 ans balayeur dit Les autres sont tous du m me couple Moi je viens de dehors Comme on dit je suis de la contr
51. te sa soeur voisine s ajoutent les r seaux qu elle m me constitue Dona Iaci et sa famille s entendent bien avec tout le monde Quatre de ses cinq enfants ont leur parrain dans le quartier du Largo dont un dans l avenida elle m me Ce dernier est vigile dans une entreprise priv e de s curit les trois autres sont un employ de la poste et deux salari s des industries dynamiques de la r gion l un au p le p trochimique l autre au centre industriel d Aratu Dans tous les cas le compadrio est une relation au pr sent actuelle li e l existence ph m re d une famille l mentaire Si une efficacit imm diate peut en tre attendue elle ne concerne pas n cessairement ou seulement la relation parrain filleul e comme on l a vu plus haut dans le cas du parrainage du dernier fils de Dona Hilda encart n 2 par sa soeur et son beau fr re La relation de parrainage proprement dite est d une fonctionnalit sociale peine potentielle Les parents de l avenida savent mieux parler de leurs comp res et comm res que de leurs parrains On trouve cependant quelques cas de protection entre parrain et filleul relation de travail et aide dans la recherche d emploi et un cas d adoption d un filleul par ses parrain et marraine apr s le d c s de ses parents D une mani re g n rale l efficacit de la relation de compadrio et de parrainage nous para t avant tout li e au m
52. ue stabilit professionnelle et de revenus Le salaire minimum fonctionne plus comme une unit de r f rence que comme un seuil r el de revenus En outre sa valeur fluctue sensiblement en fonction des al as de l inflation et de la d valuation pratiquement constantes Ce faisant le salaire minimum quivaut plus ou moins 300 FF On consid re en g n ral qu il faut 2 5 salaires minimum une famille de quatre personnes deux adultes deux enfants pour se nourrir et au moins cinq salaires minimum pour couvrir toutes ses d penses de base alimentation habitation habillement transport ducation sant Michel AGIER Tableau n 1 Famille et voisinage avenida S o Caetano mai 1988 1 2 3 4 5 6 1 0 F 3 2 F 4 1 H 5 1 5 F x 4 6 1 5 H t 7 2 5 F 8 2 5 F 10 3 5 H EEE 11 3 5 H 12 4 H FEF 13 5 H 14 7 H 16 9 H y e 17 2 F 2 2 18 2 H i a N d ordre Revenu total du m nage en salaires minimum 1 2 3 Sexe du C M 4 Parent dans l avenida 5 Parent dans le sous quartier Largo 6 Parent dans le quartier Liberdade chaque repr sente une maison Le sexe et la pauvret IL LOGIQUE ET DYNAMIQUE DES RELATIONS FAMILIALES Les conditions de vie dans cette avenida bahianaise nous renvoient aux caract res universels de la culture de la pauvret cf Lewis 1963 p 30 et
53. uvais mari de sa soeur apr s avoir expliqu comment on s assure des bonnes moeurs de sa femme On voit comment on revient ici mais d un autre point de vue sur la tendance l uxorilocalit mentionn e plus haut Cette pratique a deux significations Michel AGIER 1 du point de vue de la famille conjugale en formation c est la traduction du principe selon lequel l organisation du quotidien et de la maison est un domaine f minin on y revient plus loin 2 du point de vue de la famille d origine de la femme c est la r alisation d un contr le que les consanguins de l pouse vont exercer sur leur alli La symbolique du devoir social masculin rend le verdict implacable en cas d chec un homme qui doit recourir l aide permanente de sa famille d origine est un homme sans statut il est malade incapable ou anormal La pesanteur de cette symbolique explique pour une part l instabilit matrimoniale des hommes aux insertions conomiques pr caires Ainsi dans la pr sentation par les femmes des causes de leur s paration on peut r pertorier les th mes qui reviennent r guli rement on avait toujours faim il gaspillait l argent il me battait il me maltraitait il en a d nich une autre et est parti il est parti apr s avoir eu les enfants Les deux derniers groupes de causes peuvent sans risque tre identifi s au moins pour une part co
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