Le grand ailleurs et le petit ici Laisse aller… c`est une valse. Une
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1. cran d pingles a toujours t per u comme une technique de la r verie Je rajouterai une r verie aux fronti res du cauchemar car il faut le reconna tre tous les films d Alexeieff Parker et tous ceux de Jacques Drouin ne d bordent pas d une humeur joviale et d bonnaire Au contraire Le grand ailleurs et le petit ici sait nous faire rire ou sourire au premier ou au second degr les particules qui jouent comme des petits lutins en mal de fac ties avec le personnage une sorte de cache cache jeu enfantin les particules b tons qui font un clin d il malicieux aux pingles de l cran notamment quand elles sont tordues de rire sans doute le c ur qui essaie plusieurs battements la pompe n ant hybride entre un klaxon et une poire lavement qui nous offre une vari t de bruitages d cal s allant du barrissement au moteur de tron onneuse en passant par le b lement le reniflement ou bien encore le caqu tement la musique cette valse entrafnante en contrepoint des malheurs de l Homme qui apporte galement cette touche de l g ret malgr son c t nostalgique Saluons au passage Arman Amar compositeur et Robert Marcel Lepage adaptateur La po sie lyrique accol e l cran d pingles n est donc pas une fatalit Mich le Lemieux apporte la preuve que l humour peut aussi y faire bon m nage L autre fait marquant c est le sentiment que Mich le Lemieux arrive avec le m m2. Le grand ailleurs et le petit ici Laisse aller c est une valse Une valse quatre temps ou mieux quatre m ditations sur l espace et le temps c est ainsi que Mich le Lemieux nous pr sente son film Pendant deux ans elle a lu quasi uniquement des livres d astrophysique dont ceux notamment de Hubert Reeves scientifique canadien qui on doit cette citation Pour explorer le champ des possibles le bricolage est la m thode la plus efficace Et quand on pense bricolage on ne peut s emp cher de penser au cin ma d animation Et c est un merveilleux fou animant avec une dr le de machine qui nous a invent ce cin ma en Castorama Imaginez une large planche pain travers e de mikados plant s au garde vous semblables aux milliers de soldats en terre cuite veillant sur l empereur Qin que l on va alternativement enterrer ou d terrer pour les exposer une lumi re lat rale avec des outils abracadabrantesques une ampoule un rouleau un pochoir une pi ce de Lego C est ainsi que l empereur des pingles l empereur Pin Alexandre Alexeieff 1901 1982 avec la collaboration de sa compagne Claire Parker 1906 1981 va sculpter image par image la lumi re en ma trisant les clairs obscurs et les mati res V ritable instrument de supplice chinois cette machine op rationnelle en 1933 va fasciner le monde de l animation jusqu la t tanie Un seul en r chappera Jacques Drouin assez fou lui a
3. e outil se d gager plastiquement des uvres ant rieures d Alexeieff et Parker mais aussi de Drouin Le blanc et le noir sont bien plus pr sents les particules l mentaires pour le blanc ou les volcans pour le noir par exemple r ussissant se d gager du style eau forte clair obscur pour aller vers un style graphique plus net plus percutant la s quence de parth nog n se par exemple L usage de ces graphismes simples et purs apporte un air frais dans cette technique de l cran d pingles On peut donc lire en filigrane travers cette description et cette analyse du film de Mich le Lemieux la probl matique de l criture avec une technique donn e et ses contraintes le noir et blanc la difficult des panoramiques On voit comment Mich le Lemieux r ussit s loigner des uvres ant c dentes tout en vouant quasiment un culte l cran d pingles en faisant de celles ci des personnages part enti re ou bien en d voilant la toute fin l outil lui m me la relique l objet sacr C est souvent horripilant quand les cin astes d voilent le dispositif cin matographique la fin de leurs films Mich le Lemieux le fait avec subtilit et il faut bien l avouer cette histoire d cran d pingles venu de nulle part valait bien qu on le ressorte du n ant En esp rant que d autres artistes seront aussi bien inspir s qu elle pour l tat jubilatoire qu elle a su nous communiquer Antoine Lope
4. t le noyau fondateur de toute vie qui via une parth nog n se fr n tique va donner un c ur approximatif s essayant divers battements sonores L homme porte dans un geste tr s peinture de la Renaissance la main son c ur et on peut se demander alors si l inverse l homme n aurait pas le c ur sur la main La r ponse pas tr s positive est dans la troisi me partie Le petit ici La conqu te de l univers en partant du petit ici va cr er des barri res et aboutir l effondrement de ses r ves de grandeur ou plus vraisemblablement de ses chim res Notre personnage traverse un atelier de peintre empli de tableaux s rement ceux d une exposition L art est il une chappatoire la guerre la destruction Le gros plan qui insiste sur le regard d un homme face cam ra laisse la question en suspens Le retour du vide titre du dernier chapitre ne laisse aucun doute nous retournerons au n ant ou bien pour les moins angoiss s d entre nous nous redeviendrons des particules l mentaires qui recomposeront peut tre autre chose Le conte philosophique du genre Qui suis je o vais je dans quel tat j erre peut donner au cin ma un aper u tragique de la prise de t te Le film de Mich le Lemieux est aux antipodes L ger dynamique et spirituel on en redemande quand le film se termine C est en ce sens que le film est marquant Marquant par sa forme Marco de Blois a crit Historiquement l
5. ussi pour tirer son pingle du jeu A eux trois jusqu en 2004 soit en 72 ans ils totalisent dix films qui font 78 minutes Jacques Drouin d tenteur du mode d emploi du Saint Graal a assum son passage de t moin et Mich le Lemieux a pris le relais de fort belle mani re en tablissant le record du monde du film le plus long avec 14 minutes et 25 secondes de pur jus cran d pingles Mais Mich le Lemieux n a pas fait que a Elle a r alis une uvre envo tante et marquante Envo tante par son sujet Mich le Lemieux ne pouvait r ver mieux que cet cran d pingles m taphore des atomes et de l univers dit elle pour aborder la question de l univers et le sens de notre pr sence entre ici bas et l haut Un homme dans son petit chez soi en forme de cylindre le cercle de famille sans doute va chercher en ouvrant la porte sonder les t n bres Arm d une lampe torche il va d couvrir des particules l mentaires figur es chacune par un trait pareil une pingle et son ombre Ce duo trouve un cho magnifique dans un extrait du po me crit en 1930 Petit po me infini de Federico Garcia Lorca Mais le 2 n a jamais t un nombre Parce qu il est une angoisse et son ombre Cette angoisse existentielle dans laquelle l homme peut se perdre Apr s Le tout et la partie le deuxi me chapitre Portraits d anc tres aborde la cr ation du monde et de son corollaire la vie De superbes volcans crachen
6. z Juin 2012 1 Je n ai pas compt L heure des anges de Jacques Drouin et Bretislav Pojar m lange d cran d pingles et de marionnettes 1986
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