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le dossier total (document) - CRDP de Paris

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1. rona bu dac v aueta buse An LE y 9 9 te 4 2 2 c wai 4 es Qu Y Sta 28 CPS pU e pese CUu EC r 0 CNDP CRDP O f vrier 2012 Fond de sc ne Samuel R hault Karpati Avant sc ne Laurent Nouzille Lemonnier A l horizontale en quilibre Joris Avodo Khalil CNDP CRDP COMEDIE n f vrier 2012 RDV la Com die UNE NUIT ARABE PFENNIG te ROLAND SCHIMMEL p en sc ne CHLO BRUGNON du 7 au 11 f vrier 2012 03 26 48 49 60 Www laComediedereims fr Samuel R hault Karpati CNDP CRDP n 144 f vrier 2012 2 Ae hik An aa vM rs Qus Ic tah ou le 4 oh a gt Coo c e c Fol ec ut mS fe elis ons JAN Ue fap nor can Cho Gara Om oar fM f 4 I chor 9 ik lta panci a bel z bl as se f T lau Ua Ve Kex Se TS sm 7 r rer e di f aun er T ut de er x Hire O gen cs Aut c fac oi faeugus lt fui e bre As o Ares Fo x Luar ca L Le 7 UAA z amp qua fes be d Ha lt des ac beu ny pe ecor Cum duo bocca E Chu D abrar be Qua A dd ver pA ol A els E Hlo vaut oc dur cl nrre ca
2. La 0 CNDP CRDP n 144 f vrier 2012 14 C est la th se galement tay e par les tudiants de l Universit Lyon II Lumi re pour la r alisation du Dossier dramaturgique autour de Roland Schimmelpfennig cf Rebonds et r sonances Les ressemblances entre Lemonnier et le cheikh sont tr s t nues mais il y en a d s le d but de la pi ce Lemonnier est donc le seul pouvoir sauver Vanina Sauver Oui si l on imagine que son p re s en est d barrass il l l ve jusqu sa majorit comme un p re de substitution La suite de l histoire est moins charmante En effet le cheikh veut ensuite la d puceler et l pou ser Or il a l ge de son p re et l a lev e comme un p re 15 Claudia Stavisky entretien avec Aude Spilmont l occasion de la mise en sc ne du Dragon d or et d Une nuit arabe par Claudia Stavisky au th tre des C lestins Lyon 2011 ordres Viens dit elle p 56 Rejoins moi p 68 refus r it r s mais ignor s Je ne veux pas p 57 Je n en veux pas p 66 ou g missements inarticul s et en gradation Elle g mit p 58 Elle g mit si fort p 64 Elle g mit tellement fort p 72 laissent une impression gla ante et cceurante de m canique corporelle d pourvue sinon d intention amou reuse du moins de tout souci altruiste Vanina et Lemonnier semblent les seuls connaitre le bonheur
3. LODIE DAUGUET La Com die de Reims centre dramatique national du 7 au 11 f vrier 2012 Une nuit arabe la pi ce de Roland Schimmelpfennig cr e Stuttgart en 2001 entraine sa suite lecteur et spectateur dans un univers d concertant que ce dossier se propose n anmoins de baliser Il tait une fois Lemonnier concierge d un immeuble de banlieue Un soir pas comme les autres il se rend en ascenseur au septi me tage pour comprendre l ori gine d une trange coupure d eau L sur le palier vivent deux colocataires l une Vanina rentre tous les soirs reint e de son travail oublie tout et s endort apr s un verre de cognac et une douche douche qui ravit le voisin d en face Karpati l autre Fatima appelle une fois Vanina assoupie son petit ami Khalil qui arrive en moby lette Sur fond de grondement d eau inqui tant ce soir l les rouages immuables du quotidien se grippent les personnages ne r fr nent plus leur parole ni leurs d sirs et la r alit va doucement basculer vers un univers fantasmagorique m lant les arts et les genres de mani re inattendue Et c est justement parce qu elle renverse les canons de la parole th trale et boule verse l appr hension de la temporalit de l espace et du sens que Chlo Brugnon jeune metteur en sc ne associ e au Collectif artistique de la Com die de Reims a choisi cette pi ce fascinante pour sa premi re cr ation Ce dossier propose des
4. Quatre l ves un Lemonnier un Fatima un Vanina un Khalil r partis dans l espace de mani re quilibrer le plateau travailler et modifier l adresse ainsi que l intention selon le type de r pliques g rer et l gitimer cin ma a lieu dans ma t te Si des pi ces telles que Push up La Visite au p re ou encore Le Dragon d or et Peggy Pickit adoptent ce que Roland Schimmelpfennig appelle une dramaturgie du polaroid savoir une construction fond e sur la succession de sc nes br ves et intenses d instantan s quasi photographiques destin s saisir au plus pr s ces moments o soudain tout couples avenirs professionnels traditions familiales routines quotidiennes bascule Une nuit arabe recourt quant elle une criture cin matographique Roland Schimmelpfennig revendique d ailleurs cette influence J aime faire les films dans ma t te et ca marche assez bien Le d coupage de mes pi ces est cin matographique J ai pour influence le cin ma italien avec des r alisateurs tels que Antonioni ou encore Fellini auxquels je reviens toujours Lorsque j ai des blocages de textes ou autres je visionne davantage un film de Fellini que du th tre Afin que les l ves saisissent l importance de la r f rence cin matographique l uvre dans Une nuit arabe on proposera d exploiter ce que Chlo Brugnon r v le des influences artistiques qui ont accompagn son travail de mise en
5. Elle fait tomber sa cl on dirait qu elle a encore fait tomber ses cl s afin de comprendre le double sens et les connotations grivoises de certaines r pliques Dans ce passage le trousseau cristallise la conversation les pens es des personnages et m me une partie de l action En outre le tout se d roule sous une cha leur plusieurs fois mentionn e par les per sonnages et les r f rences l eau et au mouill peuvent rapidement donner au texte une dimension rotique surtout si l on imagine Fatima jouant de tout son corps page 12 avec son trousseau tr s consciente de l int r t de Lemonnier pour celui ci page 13 Il se baisse et ramasse ma cl correctement On trouve des r pliques tout aussi ambig es comme des chos lors des rencontres entre les personnages qui forment ou formeront un couple Les l ves peuvent relire seulement le texte de Karpati en train de commenter et de d crire Vanina lors de son entr e dans l ap partement Ces moments quasiment paro diques invitent une lecture distanci e le comique nait de ce d calage Les l ves peuvent aussi s attarder sur la sc ne o Fatima surprend Khalil son petit ami dans les bras de Vanina et utiliser pour l exercice la serviette de Vanina ou le couteau de Fatima relire p 50 58 Tout coup elle se jette dans mes bras Elle crie presque Exemple m me du quipr
6. La Com die de Reims 2011 18 Extrait de la critique du S ddeutsche Zeitung du 6 f vrier 2001 Bien des obstacles se dressent dans Une nuit arabe pour contrer les habitudes confortables voire paresseuses du spectateur et l on demandera aux l ves de les rep rer certains obstacles sont list s dans Pour aller plus loin ci dessous Finalement ce quoi nous convie Une nuit arabe gr ce une mise en abyme virtuose et vertigineuse c est l exp rience de cette nigme fondamentale et passionnante la ren contre avec l Autre Sur sc ne on assiste au t lescopage de cinq subjectivit s cinq identit s cing monologues dialogues saisis dans une temporalit et un espace fluctuants et t chant de s apprivoiser de se comprendre Il se passe donc sur le plateau POUR ALLER PLUS LOIN ions et polyphonie des r pliques l issue de l exercice sur les modes de parole Des r pliques d concertantes fonctions et polyphonie p 3 on constate que le disposi tif nonciatif s av re riche d enjeux Les personnages sont appr hend s de l ext rieur comme de l int rieur nous avons ainsi constamment acc s leur intimit C est un point fondamental sur lequel Chlo Brugnon a particuli rement travaill avec ses acteurs et l on peut d ailleurs transmettre aux l ves son commentaire ce propos Les personnages disent ce qu ils font ce qu ils ressentent et nous livrent ainsi l int
7. faire Et trouver ce texte qui transgresse constamment tout ce qu il crit premi re vue c est un vrai bonheur parce que je peux faire ce que je veux Il y a norm ment de contraintes certes mais aussi quelque chose de tr s libre et qui m a permis de me d finir Prenons par exemple la question du rapport au public qui m importe beaucoup quand je monte des petites formes j ai toujours tr s envie d aller chercher le public mais l avec Une nuit arabe le solliciter et le regarder d s qu un personnage annonce J ouvre la porte ou Je passe sur le balcon m a paru impossible tenir Je suis donc all e compl tement contre ca pendant longtemps et c tait d ailleurs une contrainte p nible pour les com diens Mais aujourd hui j y reviens je pense tre pass e par un stade des tapes suffisants pour m autoriser des moments de rapport au public qui seront justes porteurs de sens Ce texte pose donc des r gles qu il ne respecte pas il poss de un potentiel de transgression formi dable et il exige une capacit d adaptation constante virtuose Ainsi c est lorsqu il est enferm dans la bouteille que Karpati parle pourtant le plus aux autres personnages j ai donc demand 22 St fany Ganachaud Samuel sur sa table bouteille de multiplier les adresses directes et cela a parfaitement fonc qui interpr te Fatima tionn Autre exemple lorsque Karpati croise Fatima dans les escaliers il dit une femme de
8. la fois son irr m diable diff rence et son indiscutable ressemblance Les pi ces de th tre sont les miroirs de leur temps Elles renvoient l image de l homme et de ses d sirs de ses espoirs de ses erreurs et de ses angoisses de ses manquements et de sa cruaut des arts on pourra faire remarquer aux l ves que cette convergence de diff rents points de vue sur une m me situation fait cho au traite ment cubiste de l image On observe avec eux le tableau de Juan Gris Bouteilles et couteau qui saisit ces deux objets sous des angles multiples diff rents et qui ainsi incite le regard les d couvrir sous un jour surprenant po tique ET Yre JUAN GRIS BOUTEILLES ET COUTEAU 1912 KR LLER M LLER MUSEUM DR e Comment porter la sc ne tout ce qui rel ve de la parole int rieure Faut il ignorer accen tuer illustrer les nonc s didascaliques Que montrer sur la sc ne quand tout quasiment est dit par les personnages Comment le com dien peut il composer avec une parole si exigeante en termes d adresses de rythmes de registres La 0 CNDP CRDP 144 f vrier 2012 19 Michel Corvin Anthologie critique des auteurs dramatiques europ ens 1945 2000 ditions TH TRALES SC R N 2007 criture cin matographique Pour compl ter l exercice sur les influences cin matographiques de Chlo Brugnon Le cin ma lieu dans ma
9. 9 Oo T nuit ze he y ON 2 Le a m o lO Fo O 4 A 0790 0 0 0 0 0 0 0 00 70 0 ec o 0 Mo Ni Caruet de cr ation 9 9 0 e 0 9 0 i 060806 ec 19 Fo 7 CNDP CRDP n 144 f vrier 2012 LE Es Cor CA AR P dun o qu SSSR 3 PE mm LA TT Ed ce r 0 CNDP CRDP O In f vrier 2012 rrr Photo prise au cours d une discussion avec la metteur en sc ne CNDP CRDP 144 f vrier 2012 Questions pos es par Chlo Brugnon metteur en sc ne d Une Nuit arabe ses com diens R ponses de Laurent Nouzille Question num ro 1 Pouvez vous r sumer en trois lignes Une Nuit Arabe Cette pi ce n est pas r sumable m me si elle n est pas dif ficile suivre quand on est spectateur On pourrait dire qu elle met dans un shaker ici c est un immeuble cinq personnages Au gr d une mont e ou d une descente d escalier d une course folle dans les tages d un somme sur un canap ou encore la recherche d une fuite dans les canalisations d un temps pass dans un ascenseur bloqu d un baiser sur les l vres d une blonde insaisissable mais qui agit comme un aimant chacun se prend r ver pour finalement revenir la r alit Le spectateur embarque pour leurs r ves et cauche mars aussi facilement qu il avait accept leur morne r alit qui pourrait bien re
10. LEMONNTER Et je l embrasse Depuis combien d ann es n ai je pas touch une femme n en ai je pas caress je l embrasse VANINA Mais Kafra la premi re pouse du cheikh est malade de jalousie envers moi l enfant blonde et hier soir dans le harem elle m a maudite devant tout le monde FATIMA Premier tage VANINA Pour cette raison aujourd hui le cheikh la fait d capiter LEMONNIER Et elle continue dormir Rien ne se passe Je me l ve je sens encore ses l vres sur les miennes Qu y a t il ai je envie de lui crier mais qu est ce que tu me fais KHALIL Septi me tage Je d vale le couloir pour aller chez Fatima Num ro 7 32 LEMONNTER Le grondement est si fort Pourquoi ne te r veilles tu pas Dors continue dormir sur le canap de ton F3 au septi me tage je ne voulais pas t embrasser C est venu comme a je veux sortir d ici sortir du 7 32 je me pr cipite vers la porte d entr e elle est toujours ouverte KHALIL La porte d entr e est ouverte c est curieux LEMONNTER Je franchis le seuil et je me retrouve dans une lumi re blouissante Un vent chaud s empare de moi et du sable me br le les yeux CNDP CRDP KARPATI Quelqu un crie O suis je FATIMA Deuxi me tage n 144 f vrier 2012 KHALIL J entre dans l appartement Fatima Personne ne r pond Oh Je referme la porte derri re moi Fatima VANINA Mais m me coup e gisant sur le sable son horrible
11. entre tien avec lise Ternat Roland Schimmelpfennig et Claudia Stavisky l occasion de la mise en sc ne du Dragon d or par Claudia Stavisky au th tre des C lestins Lyon 2011 7 Roland Schimmelpfennig Theater braucht keine Romantik entretien avec Andreas Beck l occasion de la cr ation de La Femme d avant par Stephan M ller programme de l Akademietheater Burgtheater Vienne 2004 8 Roland Schimmelpfennig Casse t te chinois entre tien avec lise Ternat Roland Schimmelpfennig et Claudia Stavisky l occasion de la mise en sc ne du Dragon d or par Claudia Stavisky au th tre des C lestins Lyon 2011 9 Chlo Brugnon entretien avec Anne Berest l occasion de la mise en sc ne d Une nuit arabe par Chlo Brugnon La Com die de Reims 2011 10 Pour David Lynch on peut pr ciser clip de Good Day Today 2010 Lost Highway 1997 Mulholland Drive 2001 Delmer Daves Les Passagers de la nuit 1947 Chris Marker La Jet e 1962 NB on signalera aux l ves qu une derni re modalit nonciative celle de la narration est l uvre dans Une nuit arabe Vanina racon tant son p riple onirique des pages 38 46 ou Lemonnier rendant compte de ses p rip ties dans le d sert puis Istanbul des pages 55 64 y recourront On propose alors des exercices pratiques utilisant l extrait 1 et visant confronter la classe ces questions
12. gae A C Lt le d m u T Alinio in ct 1 cle pour E vers AA ve LOTS _ TL fruk sec blune lar houd pandae Jon y geo be Questions pos es par Chlo Brugnon metteur en sc ne d Une Nuit arabe ses com diens R ponses de Joris Avodo Question num ro 1 Pouvez vous r sumer en trois lignes Une Nuit Arabe Une nuit arabe est une pi ce qui d finit le carcan triqu des gens de cit en d veloppant leurs fantasmes leurs d sirs leurs peurs leurs angoisses et leurs envies d vasion physique et psychologique Mais comme l auteur ne passe pas par le biais des diff rentes cultures des religions ou de la politique cette pi ce s av re tre une simple r flexion de l humain en ferm chez lui et en lui face d autres tres humains Question num ro 2 Qu est ce qui fait la sp cificit du travail sur ce texte Ces didascalies qui font parties int grantes des partitions des personnages et qui ne sont pas trait es part Le d fi sc nographique est tr s compliqu vu que la pi ce se d roule dans un immeuble de 7 tages et que les personnages naviguent du d but la fin d tage en tage Et le fait que cette pi ce puisse au premier abord ne pas tre percue comme une pi ce engag e Question num ro 3 Si vous deviez citer une ceuvre qui vous inspire dans le travail laquelle serait ce Film s rie noire la haine Peinture Picabia fille n
13. rieur et l ext rieur de leur tre Comme si on donnait entendre une voix inconsciente celle qui scrute le moindre d tail qui note les regards les attitudes et les secrets de tous ceux qui nous entourent e Une nuit arabe fonctionne la mani re d une pi ce radiophonique compos e avec rigueur un oratorio pour cinq voix de com diens qui tisse brillamment chacun de ces cinq parcours pour peu peu recomposer un motif global et coh rent pour l auditeur Ces voix subjectives ind pendantes presque d connect es qui soliloquent davantage qu elles ne dialoguent d montrent la solitude quasi irr ductible de ces personnages englu s dans le quotidien et l anonymat cet gard on fera remarquer aux l ves l extr me et prolep tique isolement de Vanina d s l extrait 1 aucun commentaire relatif ce qui se passe autour d elle aucune remarque didascalique signalant une quelconque attention son environnement Dans le cadre de l enseignement de l histoire ce qui se joue aussi dans la salle le spectateur galement soliloque d vide toute une parole int rieure de commentaires et de didascalies et confronte son chronotope celui dans lequel la pi ce le transporte Telle l eau qui circule s infiltre dispara t resurgit et accompagne toute Une nuit arabe la conscience en veil du spec tateur navigue parfois sombre toujours souque et surnage avide d prouver tout au long du spectacle
14. sc ne Le lien apparent entre le mode d cri ture de Schimmelpfennig et les films de David Lynch me conduit trouver dans les films de ce dernier une inspiration vidente Mais ce mono logue dialogue n est pas sans me faire penser aux films am ricains des ann es quarante qui utilisent la cam ra subjective et les voix off comme dans Les Passagers de la nuit ou bien au film de Chris Marker La Jet e histoire racont e par la voix d un narrateur qui accompagne une succession d images fixes tout d placement qui s av re n cessaire attribuer chaque personnage autant d inter que de types de r pliques ponctuant son discours travailler la fois la distinction des diverses r pliques et le maintien de la coh rence du personnage faire entendre et g rer la polyphonie ainsi g n r e inventer et justifier tout d placement ventuel des diff rents ava tars des quatre protagonistes exp rimenter l gitimer et r fl chir comme l ont fait Chlo Brugnon et son responsable du son Antoine Reibre lors des r p titions la pertinence et aux conditions d utilisation d une ou de plusieurs voix off la les r server la parole int rieure Lemonnier La les varier et attirer ainsi l attention du public sur telle s quence et ou telle pens e On incite les l ves rechercher et archiver des images issues des films vo qu s supra par Chlo Brugnon mais aussi de Blad
15. 2008 Calypso Calypso 2008 Besuch bei dem Vater La Visite au p re 2008 Ende und Anfang Fin et commencement 2008 Der goldene Drache Le Dragon d or 2009 Peggy Pickit sieht das Gesicht Gottes Peggy Pickit voit la face de Dieu 2010 Prix et distinctions Prix Else Lasker Sch ler pour Fisch um Fisch 1997 Bourse d encouragement du prix comm moratif Schiller du Baden Wurtemberg 1998 Invitations aux Journ es th trales de M lheim 2000 2001 et 2002 Prix Nestroy du meilleur espoir 2002 Invitation aux Journ es th trales de M lheim 2003 avec la pi ce Vorher Nachher Invitation aux Journ es th trales de M lheim 2005 avec la pi ce Die Frau von fr her CNDP CRDP Invitation aux Journ es th trales de M lheim 2009 avec la pi ce Hier und Jetzt Prix Nestroy pour la meilleure pi ce Besuch bei dem Vater 2009 Prix Else Lasker Sch ler 2010 Invitation et prix des Journ es th trales de M lheim 2010 pour Der goldene Drache Der goldene Drache a t lue pi ce de l ann e 2010 dans le sondage de l almanach de la revue Theater Heute 144 f vrier 2012 ANNEXE 2 EXTRAIT 1 LE D BUT DE LA PIECE P 17 LEMONNIER J entends de l eau Il n y en a pas mais je l entends En plein mois de juin Il fait chaud On m appelle du huiti me du neuvi me et du dixi me tage pour savoir ce qui se passe Je n en sais rien J ai t la cave La pression de l eau est stable
16. Entretien avec Chlo le 13 janvier 2012 page 39 Sommaire d un dossier r alis dans une classe de troisi me pour l preuve d histoire des arts page 44 Extrait du carnet de cr ation 3 44 CNDP CRDP 144 f vrier 2012 Avant de voir le spectacle La repr sentation en app tit L CRITURE DE ROLAND SCHIMMELPFENNIG OU L EXP RIENCE DU D ROUTANT Une nuit arabe pouvant et ce tr s l gitimement fortement d contenancer la premi re lecture il semble n cessaire de proposer aux l ves un mode d emploi un fil d Ariane leur permettant de peu peu s acclimater aux obstacles aux m andres voire aux impasses d une criture qui se revendique nettement iconoclaste po tique et cin matographique d Schimmelpfennig dramaturge contemporain allemand le plus jou du moment ROLAND SCHIMMELPFENNIG JUSTINE DEL CORTE DR On invitera les l ves prendre connaissance de la biographie de Roland Schimmelpfennig annexe 1 dont on peut extraire plusieurs informations susceptibles certes de faciliter mais aussi de rendre ten tante l entr e dans l univers du dramaturge e son uvre particuli rement dense plus d une vingtaine de pi ces en quinze ans a tr s rapidement et r guli rement t reconnue et r compens e comme un des difices majeurs de l criture th trale actuelle
17. Karpati par exemple j ai en t te son aspect solitaire casanier de c libataire qui erre en peignoir chez lui mais la consonance italienne de son pr nom m voque aussi le personnage jou par Brad Pitt dans le film Snatch avec une d gaine de gitan classieux de mafieux la limite de la caricature D ailleurs m me les d sirs de Karpati sont ambigus d une part il avoue Vanina qu il r verait de boire un caf avec elle ce qui constitue un r ve apr s tout tr s beau mais tr s simple et d autre part ses d sirs vont tout de m me le conduire se retrouver enferm dans la bouteille de cognac Soudain son r ve vrille compl tement dans quelque chose de totalement surr aliste et inattendu mais qui lui correspond profond ment Et j ai tendance penser que ce sont les personnages qui inventent au fur et mesure de la pi ce ce qui leur arrive comme sls se lan aient des proposi tions D abord je sors de chez moi puis je parle la voisine puis je suis dans une bouteille comme s il y avait une surench re dans le fantasme Tout part d un r ve banal qui devient fou inattendu incontr lable et c est cela que j aime chez ces personnages ils sont d une simplicit d concertante et dans le m me temps ils ont une capacit d invention incroyable Comment souhaitez vous rendre compte de cette tranget de ce glissement vers le d concertant et l onirisme C est LA grosse question du moment Et elle
18. bloc C les deux qui exercent un m tier d termin les trois dont on ne connait pas l ventuelle profession ceux qui se connaissent ceux qui ne se sont jamais vus ceux qui se rencontreront ceux qui ne feront pas connaissance les deux amoureux les trois c libataires celle qui ne bouge pas hormis une rapide incursion dans le couloir p 54 58 les quatre qui sont en mouvement avec des variantes tudier l aller sans retour de Karpati l errance de Khalil qui provoquera celle de Fatima les trois qui se rem morent leur pass les deux qui ne l voquent pas On fait remarquer la classe que l immeuble tel un creuset d alchimie cr e emm le dis loque recompose remod le et ou confronte les groupes pour plus de d tails sur le lien de l immeuble avec les personnages voir Pour aller plus loin p 11 Afin de pr parer les l ves la repr sentation de cette difficile et chaotique conqu te de l identit on leur soumet l exer cice du portrait chinois d clin sous deux formes e ils brossent et pr sentent la classe celui d un personnage n voluant que sur un plan de r alit Khalil ou Karpati et celui d un per sonnage habitant les deux niveaux de r alit Vanina Fatima ou Lemonnier ils insistent sur les moyens de marquer cette diff rence ils se concentreront particuli rement lors de la repr sentation sur le portrait chinois que C
19. cl s son trousseau FATIMA Je souris Qu est ce que je pourrais faire d autre il examine mon trousseau de cl s LEMONNIER Tant de cl s FATIMA Est ce que vous pourriez Je me pousse Celle avec le chameau LEMONNIER Le chameau en question est un porte cl s en plastique assez laid et us FATIMA Il introduit la cl dans la serrure LEMONNIER a vous d rangerait si j entre vite fait v rifier la pression de l eau Juste pour voir si elle coule correctement FATIMA Non pas du tout LEMONNIER Au moment o je m appr te tourner la cl dans la serrure quelqu un ouvre la porte de l int rieur Devant nous couverte de sueur et peine habill e se dresse Vanina Derval locataire principale du 7 32 Oh CNDP CRDP 144 f vrier 2012 VANINA Oups je me disais bien que j avais entendu quelque chose Salut LEMONNIER Bonjour mademoiselle Derval VANINA jour LEMONNIER Il vaut peut tre mieux que je revienne plus tard FATIMA Comme vous voulez Tu ne m as pas entendue a fait trois fois que je sonne LEMONNIER Elle est adoss e contre la porte toujours avec ses sacs VANINA Je ne sais pas j tais en train de me reposer sur le canap LEMONNIER Votre cl est toujours dans la serrure Je sors la cl et je la tends mademoiselle Mansour FATIMA Il me tend la cl que je coince d un doigt entre les sacs Encore merci et pour cette histoire d eau dis
20. comparaison peut s tendre au travail de mise en sc ne de Fr d ric B lier Garcia au Th tre du Rond Point en 2002 puisqu il existe une captation de la premi re version du Rond Point Collection COPAT Rond Point On pourra cen d placement des personnages Dans le but d approfondir l appr hension de l espace sc nique par les l ves on les fera r fl chir sur le d placement des personnages Premi rement on demande cinq l ves de prendre un personnage et de refaire peu pr s le chemin de celui ci pendant la repr sentation gt Cela donnera ensuite lieu un sch ma repr sentant le plateau sur lequel les l ves traceront les lignes de d placement de chaque personnage avec des couleurs diff rentes On pourra ajouter un plan vertical pour r fl chir sur les d placements verticaux et leurs liens avec les d placements d crits par les person trer le travail sur des extraits vid o pour mettre en regard le rythme des deux mises en sc ne http www theatre video net video Une nuit arabe m e s Frederic Belier Garcia Bande annonce Cela leur permettra de se rendre compte du territoire aff rent chaque personnage des d placements transgressifs Karpati chez Vanina endormie des croisements des per sonnages ainsi que des mutations des espaces le balcon devenant celui de Lemonnier et de Vanina KARPATI CHEZ VANINA nages dans leurs paroles ceux qui montent sur
21. de Berlin comme directeur artistique et auteur Parall lement il enseigne l cole sup rieure des Beaux Arts de Berlin Weissensee En 2001 Die arabische Nacht Une nuit arabe est cr e au Staatstheater de Stuttgart dans une mise en sc ne de Samuel Weiss Elle est depuis l objet de nombreuses mises en sc ne notamment Berlin Francfort Hambourg Vienne Paris Lyon Reims Actuellement Roland Schimmelpfennig est auteur en r sidence au Deutsches Schauspielhaus de Hambourg Bibliographie Fisch um Fisch Poisson pour poisson 1994 Die ewige Maria Marie ternelle 1995 Keine Arbeit f r die junge Frau im Fr hlingskleid Pas de travail pour la jeune femme en robe de printemps 1995 Vor langer Zeit im Mai Il ya longtemps en mai 1996 Die Zwiefachen Les Doubles 1996 Die Aufzeichnung Enregistrement pi ce radiophonique 1996 Aus den St dten in die W lder aus den W ldern in die St dte Des villes aux for ts des for ts aux villes 1997 M E Z monologue 1997 Die Taxiterroristin La Terroriste en taxi pi ce radiophonique 1999 Die arabische Nacht Une nuit arabe 2000 Push Up Push up 2001 Die Frau von fr her La Femme d autrefois 2003 Vorher Nachher Avant Apr s 2003 Angebot und Nachfrage L Offre et la Demande 2003 F r eine bessere Welt Pour un monde meilleur 2004 Canto Minor Canto Minor 2004 Hier und Jetzt Ici et maintenant 2008 Idomeneus Idom n e
22. des d placements e cr ation de mansions modernes pour isoler Khalil Karpati Lemonnier Vanina et Fatima e utilisation de l horizontalit De la vertica lit e distinction du dehors et du dedans Des espaces favorisant la mobilit ou contraignant l immobilit e utilisation de la lumi re pour guider l il du spectateur ou diff rencier chacun des quatre espaces dramatiques PHOTOGRAPHIE D UNE MAQUETTE R ALIS E LE 09 11 11 LORS D UN STAGE AU CDN DE REIMS AVEC LODIE DAUGUET SC NOGRAPHE D UNE NUIT ARABE CNDP CRDP 144 f vrier 2012 vit arabe mosaique des genres Un texte comique Les aspects farcesques du texte loin de l id al moralisateur des com dies se trouvent diss min s dans certains passages triviaux flirtant avec des codes grivois Lemonnier qui par court incessamment l immeuble pour trouver la solution la fuite d eau d s la page 13 s adresse Fatima en ces termes Ca vous d rangerait si j entre vite fait v rifier la pres sion de l eau Juste pour voir si elle coule correctement Ainsi en r ponse la consigne donn e aux l ves d associer un objet au genre au registre tudi s et de le mettre en valeur dans une proposition de mise en sc ne Mosaique des genres au del du th tre p 5 on pourrait proposer d uti liser le trousseau de cl s chameau de Fatima pour la mise en jeu des pages 12 14 voir annexe 2
23. gagn e par la fatigue Et alors elle va prendre une douche VANINA Je suis morte de fatigue Je prends une douche ou pas FATIMA Vas y VANINA Oui peut tre Qu est ce que j ai bien pu faire de toute cette journ e FATIMA Debout au milieu du couloir ind cise elle r fl chit LEMONNIER Les gens rentrent du travail et veulent faire la cuisine Ou bien prendre une douche Mais sans eau VANINA Je n arrive pas me d cider Tu veux un verre toi aussi FATIMA Non merci je range d abord les courses VANINA Je t en sers un en attendant FATIMA Va prendre ta douche d abord Elle retourne sur le canap CNDP CRDP 144 f vrier 2012 VANINA Je sais pas FATIMA Allez VANINA Oui peut tre KHALIL Bient t huit heures et demie Le t l phone devrait sonner d un instant l autre LEMONNIER Bient t huit heures et demie Je suis debout devant l ascenseur et me demande si je dois sonner nouveau au 7 32 FATIMA La bouteille de cognac se trouve sur la petite table devant le canap VANINA Y a plus grand chose dedans FATIMA J en ai apport une neuve Elle se sert un verre LEMONNIER Non Je ne peux pas faire demi tour pas maintenant KHALIL Elle va m appeler Je suis assis c t du t l phone et j attends Je sais qu elle va m appeler Comme tous les soirs Je l aime Arche diteur Paris 2002 Une nuit arabe de Roland Schimmelpfennig Traduit de l
24. la cabine sont ils en train de dire qu ils montent Ceux qui sont dans l ascenseur ou dans les escaliers sont ils effectivement en train de monter dans l espace Que d duire de ce brouillage des rep res Quel rapport avec l introduction progressive de l univers fantasma gorique sugg r par le texte CNDP CRDP n 144 f vrier 2012 QUE SONT ILS DEVENUS ocher les personnages En guise d introduction et pour favoriser l change sur le sujet des personnages on propose aux l ves de noter leurs premi res r actions la vue des cing protagonistes Par la suite on peut ainsi leur demander de comparer les repr sentations des per sonnages apr s la lecture avec l volution de ces repr sentations pendant la mise en scene Afin de hi rarchiser et d organiser leurs r flexions dans des analyses plus pr cises on demande aux l ves de r diger une note d intention fictive qu on nommerait Si j tais Chlo Brugnon j aurais voulu que mes personnages Je voudrais que l ambig it de ces personnages ressorte en fait Parce que je crois qu il y a de la folie chez tout le monde et que cette folie est surprenante passionnante t riser les personnages On invite les l ves faire appel leurs souvenirs de la repr sentation qu ont ils retenu des personnages et de leur pr sence sur sc ne Ont ils ressenti cette biparti tion entre Khalil et Karpati d une part et Fatima Vani
25. n 144 f vrier 2012 44 AA a Qn 2 4 3 REL 22 u xe A 52 2g AT z f A Toute chose figurant sur sc ne y L exercice invite donc se poser la question acquiert ipso facto le caract re d objet de l espace et de son rapport au temps et l objet th tral est une chose reprise et la r alit Les l ves comprennent que le met recompos e par l activit th trale tout teur en sc ne se trouve face une v ritable ce qui est sur sc ne devient signi gageure faire des propositions claires pour fiant par sa seule pr sence dans l univers que le spectateur accepte de se laisser perdre sc nique univers recompos par le tra dans un univers qui lui demande de participer vail artistique de la sc ne de faire des choix d interpr tation ou simple ment de ne pas en faire pistes pour exploiter Anne Ubersfeld in Lire le th tre IT l exercice dans Pour aller plus loin p 11 Belin coll Lettres Sup 1996 Diff rents espaces temps jaillissent de la parole des personnages et maintiennent CNDP CRDP 144 f vrier 2012 12 Voir note n 14 par leur diversit la confusion entre l Orient et l Occident entre les lieux et les moments entre la r alit et ce qu on pourrait appeler la surr alit Ils induisent m taphoriquement les diff rentes directions que peut prendre le sens Les objets deviennent des sas vers un aille
26. nos rythmes Interroger ce qui semble avoir cess jamais de nous tonner Nous vivons certes nous respirons certes nous marchons nous ouvrons des portes nous descendons des escaliers nous nous asseyons une table pour manger nous nous couchons CNDP CRDP dans un lit pour dormir Comment O Quand Pourquoi D crivez votre rue D crivez en une autre Comparez Questionnez vos petites cuillers Qu y a t il sous votre papier peint Combien de gestes faut il pour composer un num ro de t l phone Pourquoi Pourquoi ne trouve t on pas de cigarettes dans les piceries Pourquoi pas n 144 f vrier 2012 Il m importe peu que ces questions soient ici fragmentaires peine indicatives d une m thode tout au plus d un projet Il m importe beaucoup qu elles semblent triviales et futiles c est pr ci s ment ce qui les rend tout aussi sinon plus essentielles que tant d autres au travers desquelles nous avons vainement tent de capter notre v rit l Infra ordinaire Georges P rec coll Librairie du XX et du XXIe si cle ditions du Seuil 1989 ANNEXE 4 EXTRAIT 2 LA DISSOLUTION DE VANINA P 44 49 VANINA Aujourd hui est un jour exceptionnel Je vais avoir vingt ans et tout l heure le cheikh que je pourrais presque appeler mon p re va me d puceler Je ne pense presque jamais mon pr c dent foyer mes parents jamais KARPATI Ma t te est envahie par des vapeurs d alcool
27. pertinentes Chaque personnage alors semble se d voiler et r fl chir sur sa relation avec les autres Cet exercice demande aux l ves de retrouver cer tains choix du metteur en sc ne et d essayer de les comprendre y avait un r cit comme on commencerait une histoire il tait une fois un homme qui enten dait de l eau Comme des enfants on entre dans une fiction o tout devient possible On propose ensuite aux l ves un exer cice pratique chaque l ve entre sur le plateau et propose une histoire aux autres en mettant son personnage distance par exemple Il tait une fois Khalil habitant d un immeuble de banlieue les l ves se r pondent ainsi jusqu entrer dans leur personnage KARPATI ASPIR PAR LA BOUTEILLE Une fois le travail de r daction achev on leur propose de jouer sur plateau l entretien qu ils ont imagin pour les amener exposer leur travail aux autres mais aussi tenter de ressentir le personnage ainsi recr Il s agit alors dans un retour sur les diff rentes propositions d expliquer ses propres choix comme ceux des camarades et d tre capable de les discuter Un dernier exercice pratique doit leur permettre de comprendre le rythme qui se d gage de l ensemble ils choisissent un moment de la pi ce et traversent simple ment par cinq pour les cinq personnages le plateau en donnant des rythmes et impul sions diff rents en fonction de leurs
28. sa servitude qu en l changeant avec un couteau symbole de sa culpabilit pas moins ali nante vail du spectateur regarder identifier s identifier Des obstacles se dressent pour contrer les habitudes confortables du spectateur dans Une nuit arabe a dualit du discours ext rieur et int rieur des personnages surprend interroge mais sur tout livre et r v le annihilant ainsi tout mys t re et donc toute projection toute r verie tout imaginaire du spectateur es personnages s vertuent constamment chapper aux st r otypes aux attentes aux sch mes que pourtant ils semblent incarner Karpati a tout du prince charmant audace passion discours enflamm et enj leur mais son baiser pas il endosse ensuite les oripeaux du g nie mais barbote impuissant dans le cognac au lieu de surgir omnipotent d une lampe myst rieuse Khalil semble un amoureux de commedia un L lio moderne qui multiplie les d clarations et les assertions sirupeuses Je l aime p 17 C est la seule femme de ma vie Je ne la trom perais jamais Jamais p 23 qui brave l hos tilit de l ascenseur mais il vire au donjuanisme opportuniste et de bas tage quant Fatima Lemonnier et Vanina outre qu ils oscillent sur le fil des types la servante l amoureuse le concierge le cheikh la princesse la prisonni re leur va et vient entre r alit et surr alit cr e une confus
29. souve nirs de la repr sentation Quels personnages fonctionnent ensemble Pourquoi Quels moments ont t choisis par les l ves et pourquoi Comment ces moments ont ils t mis en valeur par la mise en sc ne CNDP CRDP 144 f vrier 2012 REBONDS ET R SONANCES Delmer Daves Les Passagers de la nu t Warner Bros Pictures 1947 Chris Marker La Jet e 1962 Ridley Scott Blade runner The Ladd Company 1982 Alfred Hitchcock Fen tre sur cour Paramount Pictures 1954 Alfred Hitchcock Sueurs froides Paramount Pictures Alfred J Hitchcock Productions 1958 John Huston Quand la ville dort Metro Goldwyn Mayer 1950 Alain Corneau S rie noire Prospectacle Gaumont 1979 David Lynch Good day today Sunday Best Recordings 2010 David Lynch Lost highway CiBy 2000 Asymmetrical Productions 1997 David Lynch Mulholland drive StudioCanal 2001 Michael Gondry Eternal Sunshine of the Spotless Mind Blue Ruin Focus Features 2004 site de la Com die de Reims dossier p dagogique Une nuit arabe http www lacomediedereims fr ressources 46 dossiers pedagogiques site du th tre des C lestins dossier p dagogique Une nuit arabe http www celestins lyon org index php Menu thematique Saison 2011 2012 Spectacles Une nuit arabe bande annonce Une nuit arabe mise en sc ne B lier Garcia http www theatre video net video Une nuit arabe m e s Frederic Belier
30. sucr du happy end avec ce baiser chang sous la lune la fin de la pi ce Toutefois il faut montrer la classe que ce d nouement est plus amer qu il n en a l air si ce baiser met fin la mal diction de Kafra s il permet Vanina et Lemonnier de recouvrer m moire et identit il n emp che qu il est teint d une aura dipienne qui distille le malaise un exercice de lecture dans l espace des pages 66 74 pr alablement r crites en cartant toutes les r pliques qui ne sont pas celles de Vanina et Lemonnier sera utile pour montrer quel point la cr ation du couple est diffi cile et fragile on confie le texte de Vanina deux l ves un pour la parole adress e un pour la parole int rieure on fait de m me pour Lemonnier on demande de travailler sur l adresse le regard et la coh rence des corps placements rapprochements l exercice doit permettre d entendre que parole l autre et parole de soi demeurent fortement rivales de remarquer que les corps t tonnent et h sitent et de comprendre que les deux personnages se r unissent et s accomplissent dans un nous certes encourageant mais finalement ph m re on engagera enfin les l ves jouer sur deux intentions pour interpr ter cette sc ne l une sera lyrique sentimentale tr s premier degr l autre au contraire sera ironique parodique et montrera que Roland Schimmelpfennig s amuse avec des indices rapidemen
31. t te m invective encore une fois Sois maudite Tu te dissoudras tu te perdras plus rien ne te reviendra en m moire de tout ce qu un jour tu as t Tu feras le malheur de tous ceux qui t embrasseront et plus jamais tu ne verras la lune jusqu ce qu une nuit tu deviennes celle qu en r alit tu es KARPATI Je suis entour de verre Mes pieds baignent dans un liquide a sent l alcool Je suis debout dans du cognac KHALIL Je traverse le corridor Le porte cl s de Fatima celui avec le chameau est par terre LEMONNIER Autour de moi du sable n en plus finir VANINA Faites quelque chose hurle le cheikh mais faites quelque chose hurlent les femmes KARPATI Je me trouve dans une bouteille Je me trouve dans la bouteille de cognac sur la petite table c t du canap laquelle je viens de boire il y a une minute peine LEMONNIER Loin au dessus de moi le soleil KARPATI travers le verre je vois distordue agrandie la femme endormie que je viens d embrasser Elle r ve toujours Sous ses paupi res ses veux continuent bouger VANINA C est seulement maintenant que la hache du bourreau tranche le cr ne en deux Silence KHALIL Oh Est ce qu il y a quelqu un FATIMA Troisi me tage KHALIL Comme chaque fois que je viens la colocataire de Fatima Vanina est allong e sur le canap du salon et dort KARPATI Je suis minuscule Mes chaussures longues d un centim tre sont gorg e
32. tre l tranget gr ce au grondement continu du ventilateur et de la musique lancinante qui rappelle l eau La transition vers l ailleurs s op re aussi gr ce au moment o Vanina commence r ver un bruit sourd qui tel une d tona tion semble entra ner tous les personnages dans une autre dimension Les notes plus aigu s d une comptine douce et enfan tine proposent clairement au spectateur de plonger dans cet onirisme naissant ce moment La voix de Khalil est sonori s e comme si lui aussi ivre de d tresse se transportait dans un ailleurs pour mettre fin son enfermement dans l ascenseur IL s agit alors de remarquer de surcro t les liens entre effets sonores et parole des personnages fonctionnent ils de concert Sont ils en tension Comment les effets sonores mettent ils en exergue les fils importants Pour mieux appr hender la sc no graphie sp cifique et la r partition des espaces on demande aux l ves en guise de compte rendu de r aliser une maquette la plus fidele possible d un moment de la pi ce Comparer une photo du plateau avec la photo de la mise en sc ne de Claudia Stavisky au Th tre des C lestins On orien tera les l ves vers la diff rence principale entre l horizontalit de la proposition de Chlo Brugnon et la verticalit de celle de Claudia Stavisky SC NOGRAPHIE D UNE NUIT ARABE LA COM DIE DE REIMS 2012 n f vrier 2012 La
33. type CNDP CRDP 144 f vrier 2012 arabe au regard inquiet me croise En r p tition Samuel et St fany 22 se sont ce moment l regard s alors que je Leur avais recommand de ne surtout pas illustrer cette r plique et pourtant ce regard chang tait juste et dr le nous l avons donc gard Finalement nous avons travaill en nous imposant au d part norm ment de contraintes et d interdits mais peu peu les propositions et les accidents des r p titions ont laiss entrer le hasard d s lors nous n avons pas dissoci nous n avons pas r serv un traitement sp cifique la parole de sentiment la parole d action la parole chang e Je me permets d ailleurs une parenth se si on lit attentivement la pi ce on s aper oit qu il y a tr s peu de r pliques v ritablement chang es ces personnages se parlent tr s peu c est assez incroyable J ajoute que nous avons galement test l utilisation de micros selon l quation voix int rieure micro Nous y avons renonc c tait affreux Un autre jour j ai annonc aux com diens qu il fallait m nager des effets de zoom dans le texte qu ils allaient devoir prononcer certaines phrases en mode majeur au micro et d autres en mode mineur plus en dessous cela s est r v l absolument absurde Je crois qu il faut en r alit faire confiance au spectateur qui de lui m amp me va s lectionner les passages de texte qui lui semblent cruciaux
34. vraiment un r ve Elle se r veille dans son appartement sans le reconnaitre pr sente dans une r alit dont elle ne se souvient plus Le sentiment de dissolution domine le personnage est partag entre les deux mondes Des estampes et des affiches au mur c t des tag res bon march et des photos de personnes que je n ai jamais vues de ma vie L espace reste probl matique puisqu il sera mentionn plus tard par Fatima et Lemonnier dans des circonstances diff rentes le caract re onirique du lieu devient alors douteux 3 Sur sc ne ou hors sc ne En passant le seuil de l appartement apr s avoir embrass Vanina et d clench la rem moration de ses souvenirs Lemonnier change et lui seul de r alit Je franchis le seuil et je me retrouve dans une lumi re blouissante Un vent chaud s empare de moi et du sable me br le les yeux Il ne sort pas de sc ne mais pourtant se cr e un nouvel espace ouvert et vide le d sert d Istanbul Le temps de la sc ne ne change pas les habits de Lemonnier sont les m amp mes en revanche lui va errer dans cet autre lieu et son temps va s tirer par rapport au temps de la sc ne CNDP CRDP 144 f vrier 2012 ruire l identit des personnages L immeuble op re comme un sas qui tr s nette ment clive et r partit les cinq personnages sur deux niveaux En effet Khalil et Karpati restent cantonn s la r alit de la nuit de juin dans
35. 2012 REP RAGES POUR LA PREMI RE PARTIE DE L EXERCICE choisir un objet et l associer au genre et au registre tudi s PAGES L MENTS LI S AU REGISTRE TRAGIQUE COMMENTAIRES Premi re apparition de Karpati topos de la rencontre amoureuse il est bloui comme ravi au moment du soleil couchant dans un cadre quotidien hyperr aliste Apparition d une force transcendante que le personnage ne maitrise pas Pr sence progressive du bruit de la m lodie de l eau qui semble venir contaminer l immeuble de Karpati puis l attirer malgr lui dans l appartement de Vanina La m lodie m attire hors de chez moi m attire vers elle dans le bloc C au septi me tage Il faut que je sorte Il faut que je la rejoigne 33 Le personnage s interroge sur ses actes presque de mani re m taphysique Mais qu est ce que je fais l peine couverte Karpati comme le ferait le personnage d un ch ur raconte commente ses actes et se plaint de sa condition Moment o il rep re la bouteille de cognac qui sera son cercueil 35 Le personnage commence comprendre que certains actes lui chappent Alors j ai voulu t embrasser sauf qu ce moment l je ne le savais pas encore Karpati s adresse Vanina qui dort Se parle t il lui m me Qui inter roge t il r ellement 41 46 Enfermement progressif du personnag
36. AUDET IGEN Lettres Th tre Sandrine MARCILLAUD AUTHIER Charg e de mission lettres CNDP Marie Lucile MILHAUD Responsabilit ditoriale Isabel FRANCES Responsable ditoriale CRDP de Champagne Ardenne IA IPR Lettres Th tre Suivi de projet Fran ois WITTERSHEIM Directeur du CDDP de Auteurs de ce dossier VAube Adeline STOFFEL et Delphine REY Professeurs de Lettres Maquette et mise en pages Lo c FRELAUX CRDP de Champagne Ardenne Directeur de La publication D apr s une cr ation d Eric GUERRIER Sylvain LEDIEU Directeur du CRDP Tous droits r serv s de Champagne Ardenne ISSN 2102 6556 Retrouvez sur crdp ac paris fr piece demontee l ensemble des dossiers Pi ce d mont e CNDP CRDP Annexes ANNEXE 1 BIOGRAPHIE ET BIBLIOGRAPHIE DE L AUTEUR Biographie n 144 f vrier 2012 Roland Schimmelpfennig est n G ttingen en 1967 Il travaille tout d abord comme journaliste et auteur ind pendant Istanbul avant de commencer en 1990 des tudes de mise en sc ne l cole Otto Falkenberg Munich Ses tudes achev es il devient assistant la mise en sc ne puis participe la direction artistique de la Kammerspiele de Munich Depuis 1996 il travaille comme auteur ind pendant En 1998 il passe une ann e aux tats Unis o il se consacre essentiellement la traduction d auteurs dramatiques de langue anglaise Pendant la saison 1999 2000 Thomas Ostermeier l engage la Schaub hne
37. Apart parole Parole 3 p didascalique de commentaire Je peux vous aider 12 E plein mois de Mais j entends de Oui je repasse juin sur les l eau dans les d pose t elle pas E planchers dans les M tout son bazar rai certainement couloirs p 11 Lemonnier Enra tendaimE je couloirs p 11 Au moment o P 11 T Est ce que c est toujours vous souhaite une gt je m appr te j aurais nue mieux que les bonne soir e du 7 32 p 13 p 14 apr s tout p 15 Sacs p 12 Lemonnier le iiis A concierge gris Elle fait tout le ira Quelle cha Pourvu que ul A ls bleu p 12 temps ca p 15 leur aujourd hui Vanina soit l La bouteille de Elle rentre de Fatima hein p 12 qu elle Non merci je entende la sonne 09C 3e trouve son travail rh sur la petite table prendre une range d abord les rie p 12 d a douch courses p 16 eu e canap douche p 16 p pd Qu est ce que Vanina Je t en sers un s biu Er en attendant 2 gt 1 p 16 journ e p 16 Bient t huit Je suis assis Khalil heures et demie c t du t l phone l autre et j attends p 17 p 17 CNDP CRDP n 144 f vrier 2012 6 Roland Schimmelpfennig Casse t te chinois
38. Carpates lieu repr sentant un certain Dracula Devient minuscule peut on penser Alice au pays des merveilles Enfant se fait enlever Istanbul et perd ses chaussures Endormie oublie tout et se r veille quand elle est embras s e Adulte finit amoureuse envisageant l avenir avec son sauveur points communs avec des princesses bien connues Se confond avec le cheikh Al Abou Ibn Youssouf Personnage qui prend de l paisseur par sa double identit et sa vie qui se r alise la fois en Orient et en Occident Sauveur qui met fin la mal diction Colocataire de Vanina Servante du cheikh et confidente de Vanina une jeune fille qui doit se marier qu on marie un couple qui se trouve apr s une qu te initiatique e le mot FIN au bas du texte e une mal diction fondatrice la mal diction de Kafra CNDP CRDP n 144 f vrier 2012 e l pouse du cheikh affreusement jalouse de cette jeune occidentale qui doit se marier avec lui Tu te dissoudras tu te perdras plus rien ne te reviendra en m moire de tout ce qu un jour tu as t Tu feras le malheur de tous ceux qui t embrasseront et plus jamais tu ne verras la lune jusqu ce qu une nuit tu deviennes celle qu en r alit tu es p 45 Le r cit L oralit intrins que au texte th tral ajout e la fonction purement narrative de certaines r pliques invitent le spectateur couter les personna
39. Garcia Bande annonce graphie Anonyme Les mille et une nu ts 1717 1 dition fran aise Montesquieu Lettres persanes 1721 Racine Bajazet 1672 Roland Schimmelpfennig Le Dragon d or Arche diteur 2011 Roland Schimmelpfennig Peggy Pickit voit le visage de Dieu l Arche diteur 2011 Roland Schimmelpfennig Push up diteur 2002 Tahar ben Jelloun l enfant de sable ditions du Seuil 1985 Nous adressons nos plus chaleureux et amicaux remerciements Margot Linard Sabine Revert et R nilde Gerardin de la Com die de Reims qui nous ont accompagn es avec sollicitude et efficacit dans l laboration de ce dossier Nous souhaitons galement saluer la disponibilit de Chlo Brugnon et de son quipe artistique ainsi que la constante bienveillance de Francois Wittersheim et l amical soutien de Jean Claude Lallias Tout ou partie de ce dossier sont r serv s un usage strictement p dagogique et ne peuvent tre reproduits hors de ce cadre sans le consentement de l auteur et de l diteur La mise en ligne des dossiers sur d autres sites que ceux autoris s est strictement interdite Contact CRDP crdp communication ac paris fr Comit de pilotage Responsable de la collection Jean Claude LALLIAS Professeur agr g Jean Claude LALLIAS Professeur agr g conseiller Th tre d partement Arts conseiller Th tre d partement Arts et Culture CNDP et Culture CNDP Patrick L
40. Mais partir du huiti me tage tous les robinets sont sec Les huiti me neuvi me et dixi me tages sont priv s d eau Comme si l eau s vanouissait au septi me tage Il y a peut tre une fuite Peu probable Et ce genre de fuite une rupture de conduite ne passerait pas inaper ue longtemps Cela suinte le long des murs sur les planchers dans les couloirs Mais j entends de l eau Je l entends derri re les murs Je l entends monter On dirait une m lodie La trace d une m lodie dans les couloirs La m lodie de la cage d escalier Une trace qui m ne au septi me tage Je p n tre dans l ascenseur Je monte au septi me histoire de v rifier J entends l eau tout le long L ascenseur fait un bruit comme s il allait nouveau tomber en panne Septi me tage droite quinze appartements et l ascenseur gauche seize appartements De chaque c t les m mes trois pi ces cuisine salle de bains Au bout du couloir droite du 7 32 se tient Fatima Mansour la colocataire libanaise de Vanina Derval 7 32 a veut dire balcon de la cuisine et fen tre orient s sud est et salle de bains ouest La colocataire libanaise essaie d ouvrir sa porte avec trois sacs la main mais pourquoi se complique t elle la vie Pourquoi ne d pose t elle pas tout son bazar FATIMA L ascenseur fait un bruit comme s l allait nouveau tomber en panne Ouvrir la porte avec trois sacs en plastique ce n est pas simple a ne march
41. Mort de Khalil et de Karpati Le temps de l immeuble le temps de la repr sentation AXES TEMPORELS Les souvenirs de Vanina Le temps de Lemonnier ses souvenirs ses errances pendant temps de la r alit A Le temps de l immeuble Le temps retrouv de Vanina et de Lemonnier gt Eviction des autres strates temporelles Deuxi me hypoth se qui est celle que l on trouve dans le dossier p dagogique des C lestins 22 Nous sommes ainsi amen s faire l hypoth se suivante la r alit du d but l immeuble de banlieue ne proviendrait en r alit que de l imaginaire du personnage de Vanina qui a requ un sort C est Istanbul qui est r elle Et dans ce cas comment envisager le lieu du d nouement Les l ves se rendront compte que le texte n im pose pas de sens qu une seule r ponse logique n est pas possible eux comme au spectateur d op rer un choix d interpr tation selon les pro positions de mise en sc ne e PHOTO D UNE R P TITION EN SEPTEMBRE 2011 LA COMEDIE DE REIMS DE GAUCHE DROITE SAMUEL R HAULT KARPATI ST FANY GANACHAUD FATIMA JORIS AVODO KHALIL CNDP CRDP 144 f vrier 2012 13 Chlo Brugnon entretien avec Anne Berest l occasion de la mise en sc ne d Une nuit arabe par Chlo Brugnon La Com die de Reims 2011 UNE NUIT ARABE UN S SAME VERS L AUTRE S il note et met en jeu
42. P CRDP la conduite des acteurs et je leur demande d interpr ter tel personnage de la m me fa on que les acteurs des ann es cinquante interpr taient leurs personnages la fois c est tr s cr dible et en m me temps c est un peu too much la Humphrey Bogart et on y croit Dans Assurance sur la mort un film de Billy Wilder le personnage est en voiture videmment sans conduire vraiment et ce n est pas cr dible mais l acteur est formidable Et on y croit Cela me fascine et m a beaucoup inspir e pour le jeu des acteurs Maintenant cherche des images pour les costumes et c est dans n 144 f vrier 2012 le cin ma qu on trouve le plus de figures de personnages compos s notamment dans les films am ricains On a souvent des r f rences tr s complexes dans le th tre c est Godard Pasolini etc et finalement peut tre que le public qui vient nous voir aura plus t voir Inception ou Les Infiltr s Et j ai aussi cherch volontairement aller m inspirer de ces choses l qui font partie de notre culture Est ce que cette recherche l a t partag e avec les com diens ont ils vu des films Je leur ai amen des films eux aussi se sont plong s dans ces univers l et on a partag en se montrant chacun ce qu on avait vu on s est pr t les films sans que jamais je ne les force regar der tel ou tel titre Les com diens taient en qu te de nourriture car il n est pas simple d aborder de tels r l
43. a biehs on est parties vers des ambiances comme cela on cherchait des tapis Puis on est parties compl tement l inverse Le propos de la sc nographie est vraiment de cr er un espace ludique C est dire de partir de l id e que ce texte avant tout est une facon de sortir du quotidien prendre des l ments qu on connait ou qui sont a priori plut t ennuyeux un fauteuil une table une cabine t l phonique un lampadaire pour aller vers la fiction Par cons quent le c t oriental est un peu dans le sol le carrelage Pourtant si on regarde les carreaux Reims certains pour raient avoir l air oriental Le d cor fait quand m me cho cette orientalit mais de fa on subtile Et puis j avais besoin de rapprocher cela de moi que cela parte d un univers que moi j avais envie de transgresser Si je mets une banquette de type oriental je suis d j dans le r ve et j ai saut une tape Et je veux que le d cor du d part soit le d cor de fin Il est important que l endroit qui suscite une forme d ennui ou de manque devienne aussi l endroit de tous les possibles Une des conditions de notre travail avec lodie tait de ne pas mettre d espace machine qui se transforme Malgr tout je fais confiance la lumi re au son et aux acteurs pour faire voluer l atmosph re quand les espaces racontent cela plus que ne le font les acteurs je reste un peu sur ma faim Ce que je vois va me faire r ver de quelque chose q
44. allemand par Johannes Honigmann avec la collaboration de Laurent Muhleisen ANNEXE 3 INTERROGER L HABITUEL EXTRAIT DE L INFRA ORDINAIRE Les journaux parlent de tout sauf du journalier Les journaux m ennuient ils ne m apprennent rien ce qu ils racontent ne me concerne pas ne m interroge pas et ne r pond pas davantage aux questions que je pose ou que je voudrais poser Ce qui se passe vraiment ce que nous vivons le reste tout le reste o est il Ce qui se passe chaque jour et qui revient chaque jour le banal le quotidien l vident le commun l ordinaire l infra ordinaire le bruit de fond l habituel comment en rendre compte comment l interroger comment le d crire Interroger l habituel Mais justement nous y sommes habitu s Nous ne l interrogeons pas il ne nous interroge pas il semble ne pas faire probl me nous le vivons sans y penser comme s il ne v hiculait ni question ni r ponse comme sl n tait porteur d aucune information Ce n est m me plus du conditionnement c est de l anesth sie Nous dormons notre vie d un sommeil sans r ves Mais o est elle notre vie O est notre corps O est notre espace Faites l inventaire de vos poches de votre sac Interrogez vous sur la provenance l usage et le devenir de chacun des objets que vous en retirez Ce qu il s agit d interroger c est la brique le b ton le verre nos mani res de table nos ustensiles nos outils nos emplois du temps
45. ante des espaces a table objet incontournable la table de cuisine en formica sur laquelle se poste Karpati au d but de son enfermement induit une cer taine verticalit Chlo Brugnon dit propos du d but Joris joue l enfermement avec la table Les lampadaires St phanie joue l ext rieur avec les lampadaires 2 Chlo Brugnon figurent l ext rieur et l espace urbain que les personnages traversent all gre ment au gr de leurs paroles Pour aider les l ves on leur demande de remplir le tableau suivant qui m nera gr ce aux diverses r ponses une analyse fonction nelle des espaces et surtout une r flexion autour de leur brouillage et de leurs rapports avec la parole qui les d r gle et les r invente sans cesse faisant fi d une r partition limi naire rendue caduque depuis longtemps La parole retrouve le r le qu on lui attribuait sur le proskenion grec savoir un verbe incantatoire et d miurgique qui seul suffit cr er des espaces et des identit s Lorsque vous croyez avoir trouv une piste de jeu de code de sc nographie l auteur comme s il tait derri re vous et se jouait aussi un peu de vous vous somme rapidement d en changer pour la suite de l histoire Laurent Nouzille Lemonnier Annexe n 5 Nous avons cr sur le plateau cinq espaces le canap la salle cuisine le lampa daire la cabine la table et les personnages ne cessent de trav
46. aphe pr c dent la mal diction par exemple si le titre invite penser aux Mille et Une Nuits le reste du texte ne cesse d op rer des allers retours entre le quotidien de l immeuble de cit et un ailleurs merveilleux Il convient donc de rep rer quelques codes du conte pour plus tard s interroger sur leur pr sence et leur fonction la recherche peut particuli rement s int resser aux lieux aux objets aux person nages aux motifs et l oralit pour les pistes sur les codes du conte et leur fonction voir Pour aller plus loin p 11 Une nuit arabe est une pi ce qui lutte contre les soir es normales Chlo Brugnon face des l ves pendant une r p tition A i KARPATI SAMUEL REHAULT DANS SON IMMEUBLE ET FATIMA STEFANY GANACHAUD DANS L APPARTEMENT D EN FACE REPETITION LA COMEDIE DE REIMS EN SEPTEMBRE 2011 partir d une situation quotidienne l intro duction progressive d l ments surnaturels va faire basculer la r alit propos e par le texte Une nuit arabe n labore pas de chronotope pr alablement d fini mais invite le spectateur suivre lincessant aller retour des personnages continuellement pr sents la sc ne dans un espace temps mouvant qui surgit exclusivement de leur parole C est pour cela qu on peut faire des pi ces dans un espace limit mais o il y a beaucoup voir R Schimmelpfennig entretien avec lution des
47. asseoir Samuel R hault extrait de l entretien r alis pour la plaquette de pr sentation des spectacles propos s la Com die de Reims en janvier et f vrier 2012 D conditionner le quotidien Que ce soit par exemple en d tournant les objets de leur fonction ou en portant une parole a priori banale en enjeu po tique D ailleurs dans une premi re tape de travail il nous fallait inventer certaines r gles un peu farfelues pour trouver un langage sc nique commun Des choses comme on ne fait pas ce qu on dit qu on fait de quoi devenir cingl D borah Marique extrait de l entretien r alis pour le carnet de cr ation n 3 d Une nuit arabe Quand nous avons commenc les r p titions j ai dit tr s clairement aux com diens que je n avais pas de formule magique pour travailler ces distinctions entre parole chang e parole int rieure parole didascalique Aussi avons nous essay multipli les tentatives Nous avons tout test en se parlant constamment en ne se parlant pas du tout en ne se parlant qu au moment o l on est cens s adresser la parole en ne se parlant surtout pas au moment o l on est cens se parler en traitant les didascalies comme des propositions de jeu que les personnages se lancent tour tour le soir tombe il est huit heures et demie la bouteille de cognac se trouve l elle s endort l ascenseur est en panne Nous avons essay tou
48. ation est finalement assez simple assez vidente Certes Une nuit arabe fait entendre une parole compliqu e trange d routante mais la langue que parlent les personnages est tr s simple et accessible il n y a pas un mot qui chappe la compr hension certaines tournures sont m me tr s orales il fait chaud hein par exemple Personnages et spectateurs partagent donc un langage commun il n y a pas entre eux l obstacle ou la distance d une langue plus po tique ou plus ancienne comme celles des pi ces classiques Avec Une nuit arabe je n ai pas pallier le risque d une langue ardue difficilement compr hensible Et les situations dans lesquelles les personnages se retrouvent la fuite d eau la panne d ascen seur participent de cette m me accessibilit imm diatet En l an 3040 on ne saura peut tre plus ce qu est un ascenseur et il faudra chercher comment le rendre sinon contemporain du moins compr hensible assimilable Mais l dans la pi ce de Schimmelpfennig la question des couples celle des incidents de la nuit de l immeuble des rencontres est pr sente dans nos t tes dans nos sensibilit s C est pourquoi il ne me parait pas si compliqu pour le spectateur de s identifier aux personnages D autant plus qu on a acc s leur int riorit leurs motions et leurs sensa tions Je ne me sens pas bien Il a l air comme ci comme a Est ce que j y vais ou pas Leurs commen
49. bjets de la sc ne dans le sens o l entend Anne Ubersfeld Ils devront faire un compte rendu afin de rep rer les objets pr sents sur sc ne pour comprendre en quoi ils font sens 1 Imaginer le lieu d o sont susceptibles de venir ces objets arrach s au r el 2 Trouvent ils une utilit pratique quant la mise en sc ne 3 Comment sont ils d tourn s de leur fonction premi re par les com diens Les accessoires Le sac de courses de Fatima pr sent dans le texte et fonction illustrative a bouteille de cognac pr sente chez Vanina et Fatima que Karpati s approprie rapidement et qu il ne l che plus comme pour manifester cette attraction de plus en plus forte apr s le baiser laissant pour le spectateur un doute est il ivre Comment interpr ter son enfermement Chlo Brugnon annexe 5 4 Comment interpr ter leur pr sence sont ils vocateurs d un autre niveau de sens Les objets pr sents sur sc ne vivent une seconde vie et sont arrach s au r el deviennent des objets d tourn s de leur vocation premi re pour devenir objets de th tre dans une vision presque ludique de l objet th tral Chlo Brugnon en r p tition Des grands enfants avec des grands jouets Les l ves prennent conscience qu ils sont vecteurs de fiction qu ils sont l comme des moteurs pour le jeu des com diens Les d cors e ventilateur pr sent pour sugg rer la chaleur et intr
50. e qui malgr lui semble victime du fatum d un destin qui lui tait r serv Diff rentes tapes d taill es presque au ralenti jusqu au baiser qui va d clencher une mal diction et la dissolution de Karpati qui se dit incapable de r sis ter la force qui va l enfermer dans la bouteille de cognac Enfermement symbo lique aussi 46 Le personnage devient r ellement le jouet du destin totalement impuissant mais se rend compte de ce qui arrive et de ce qui va se produire sa mort prochaine Devenu minuscule Karpati appelle ceux qui sont l ext rieur sans jamais tre entendu et il en est d sormais r duit commenter ce qui se passe sans pouvoir agir d doublant l action la racontant avec un autre point de vue se confon dant presque encore une fois avec un personnage de ch ur Un bon nombre de ses r pliques rev tent alors la fonction de didascalies 56 fin Path tique et tragique par la pr sence de la fatalit qui entra ne une mort in luc table pour un personnage qui n a pas su trouver sa place Il revient sur sa vie p 56 57 et devient le spectateur involontaire des v nements qui vont s enchainer et d clencher sa propre mort Irr m diablement nous devenons ce que nous finissons par tre Tout devient noir devant mes yeux Je suis mort Karpati n aura de la pi ce chang aucune parole avec un autre personnage n aura m me
51. e Runner Ridley Scott 1982 de Fen tre sur cour ou Sueurs froides Mfred Hitchcock 1954 et 1958 de Quand la ville dort John Huston 1950 ou de S rie noire Alain Corneau 1979 autres r f rences que la jeune metteur en sc ne revendique Les images ainsi collect es doivent tre mises en rapport avec un espace dramatique bloc C salon de Vanina et Fatima cou loir du septi me tage Istanbul ascenseur palais du cheikh un personnage ou une s quence de l intrigue La classe appr hen dera ainsi le cin ma mental de Chlo Brugnon Et puisqu elle insiste tant sur la voix off mais aussi sur l impact motionnel et esth tique de l image on peut demander aux l ves de convoquer leurs propres rep res r f rences et imaginaires cin matographiques et de choisir sur le seul crit re de sa voix un acteur ou une actrice susceptible d incarner un des cinq personnages ou d voquer un lieu une situation dramatiques sur le seul crit re de l atmosph re distill e par les couleurs le cadrage la dynamique des lignes la Lumi re la saturation ou l pure de l espace un d cor de film susceptible de correspondre un espace dramatique un per sonnage ou une p rip tie Il semble donc que le trousseau de cl s de Fatima que Lemonnier remarque et d crit n 144 f vrier 2012 comme consid rablement fourni page 13 soit un indice que Roland Schimmelpfen
52. e pas LEMONNIER Elle fait tomber la cl c est toujours mieux que les sacs FATIMA Ma cl tombe mais du coude j arrive atteindre la sonnette Pourvu que Vanina soit l Bien s r qu elle est l Pourvu qu elle entende la sonnerie Lemonnier le concierge arrive le long du couloir dans sa salopette gris bleu Il fait chaud LEMONNIER Elle sonne nouveau Elle s y prend en appuyant son coude gauche sur la sonnette de tout son corps avec tous ses sachets Je peux vous aider FATIMA Oh merci ca ira Quelle chaleur aujourd hui hein LEMONNIER C est le jour le plus chaud depuis le d but de l ann e qu ils ont dit au journal de 19 heures FATIMA Et vous travaillez encore monsieur Lemonnier CNDP CRDP LEMONNIER Je ne sais pas il y a un probl me d arriv e d eau aux huiti me neuvi me et dixi me tages FATIMA Heureusement qu il n y a que dix tages Il ne rit pas n 144 f vrier 2012 LEMONNIER Oui FATIMA Il a l air absent Inquiet LEMONNIER Et chez vous l eau c est comment FATIMA En fait je n en sais rien je viens d arriver 511 y a quelque chose je vous appelle LEMONNIER Oui n h sitez surtout pas Il y a peut tre une fuite quelque part Elle sonne nouveau mais personne ne vient lui ouvrir FATIMA Il se baisse et ramasse ma cl Il veut me la donner mais il se rend compte que j ai toujours les mains pleines et reste plant l LEMONNIER Elle a tant de
53. e sans m re la balance la parade amoureuse Musique les Doors ou Blondie Livre ne lis pas Question num ro 4 Pouvez vous pr senter votre person nage en quelques phrases Un angoiss de l inexistence qui en ceci se rend existant De l oubli il passera au trop d envie CNDP CRDP e N E gt No n CNDP CRDP n 144 f vrier 2012 R ponses de D borah Marique Question num ro 1 Pouvez vous r sumer en trois lignes Une Nuit Arabe C est l histoire d un immeuble De cing personnages isol s dans leur quotidien Cing solitudes qui vont distordre le r el pour en extraire du r ve du sublime Question num ro 2 Qu est ce qui fait la sp cificit du travail sur ce texte Sur sc ne distordre le r el consiste alors chercher comment mat riellement ou physiquement on peut d condi tionner le quotidien Que ce soit par exemple en d tournant les objets de leur fonction ou en portant une parole a priori banale en enjeu po tique D ailleurs dans une premi re tape de travail il nous fallait inventer certaines r gles un peu farfe lues pour trouver un langage sc nique commun Des choses comme on ne fait pas ce qu on dit qu on fait de quoi devenir cingl Question num ro 3 Si vous deviez citer une ceuvre qui vous inspire dans le travail laquelle serait ce Ca m a fait beaucoup penser aux ceuvres des peintres surr a listes Nota
54. end pas ni n exige qu une seule r ponse Autre regard ext rieur celui de la costumi re qui est venue assister la derni re session des r p titions d octobre et qui sur ma demande n avait pas lu la pi ce Eh bien elle m a assur avoir tout compris ne pas avoir t d sorient e par le kal idoscope des cinq histoires et avoir pu assez ais ment g rer les diff rents niveaux de r alit Je suis donc convaincue que le spectateur choisit prend rejette et finalement construit sa propre appr hension de la pi ce Cela n emp che pas qu il y ait des moments phares que nous avons choisi de mettre particuli rement en valeur ce qui est de l ordre du r ve de Vanina et de la succession des hommes aupr s d elle par exemple nous avons d cid de le jouer l avant sc ne cela nous a sembl vident Et comment avez vous choisi de mettre en valeur plus particuli rement ces moments Avec le son les lumi res le jeu uniquement D j l endroit o se situe cette sc ne insiste sur son importance Pour ce qui est de la lumi re je ne sais pas encore puisque la cr ation lumi re n est pas faite mais il est fort possible qu elle soit videmment concentr e sur Vanina et ses pr tendants En ce qui concerne le son le cr ateur m a avou tre quelque peu ennuy s il choisit de cr er et de faire entendre une nappe sonore pour la sc ne Karpati Vanina comment faire en sorte que ca convienne galement Khalil dans l a
55. erser ces espaces de les parcourir Au centre se trouve un espace couloir dans lequel se croisent les personnages Sol Lieux initiaux ONE entre autres Salon de Espace qui Espace 1 Le canap Bois permet d envisager des l appartement lieux hors sc ne Carrelage Salle cuisine Espace 2 La table 9 E La bouteille de Karpati orientalisant de l appartement L L m Espaces li lempadaies Beton e tota en bas Les couloirs de l im de l immeuble meuble Entr e de l immeuble Espace 4 La cabine Terre l ext rieur urbain a appartement lieu transitionnel pour les personnages Appartement Espace 5 La rambarde Parquet L ascenseur le balcon de Karpati n CNDP CRDP f vrier 2012 r 0 Faire remarquer aux l ves que le trai tement de la lumi re vient corroborer ce parti pris elle d finit au d part Les zones g ographiques du plateau qui donnent le code pour ensuite soutenir les change ments d ambiance ou m nager des effets grossissants sur des moments importants et charg s en motion que l on invite le spectateur suivre au d triment d autres fils que l on peut reprendre ensuite UNE REPR SENTATION D UNE NUIT ARABE AU TH TRE DES C LESTINS LYON 2011 CHRISTIAN GRANET le commentaire s tend alors au traite ment du son peu pr sent au d part il participe faire na
56. es Je leur ai quand m me demand de regarder Gondry La Science des r ves Eternal Sunshine of the Spotless Mind aussi pour se d complexer et se dire C est possible Cela aide beaucoup les acteurs surtout quand on cherche de la composition Par exemple pour Laurent qui incarne Lemonnier je pense constamment Keyser S ze dans Usual Suspects Le jour o je lui ai dit cela il a eu comme une esp ce de d clic et m me s il ne cherche pas jouer comme Kevin Spacey il a r pondu Ah oui c est ca que tu veux dire Cela devient un langage commun fait de r f rences qui nous aide pour le jeu Il me semble que maintenant on ne peut pas faire de th tre qu partir de livres ou de th tre Dans la salle les gens qui vont au th tre vont aussi au cin ma et cela fait partie d une culture commune C est aussi important d aller parfois chercher dans une culture plus populaire et je crois que ce texte est la jointure avec cela Est ce que selon vous il y a des personnages principaux et des personnages secon daires dans cette pi ce Je ne crois vraiment pas qu il y ait de personnages principaux et l histoire ne peut pas se raconter sil en manque un Chaque personnage a son moment o il est principal J ai pens certains moments que c tait Lemonnier qui menait la danse et puis non je me suis dis que c tait Fatima Finalement cela marche pour tous Ils ont juste leur moment et c
57. es adresses et des regards LA MOITI COUR DU D COR 5 PERSONNAGES 5 ADRESSES DIVERGENTES n CNDP CRDP f vrier 2012 e Avez vous retrouv quelques unes des influences cin matographiques revendiqu es par Chlo Brugnon On peut les aider en dirigeant leur r flexion vers le jeu des acteurs inspir des films noirs oscillant entre d tachement glac Vanina et engagement au contraire tr s marqu Khalil Les costumes seront galement interrog s pen sons aux bottines de Karpati emprunt es au Brad Pitt gitan de Snatch Les clairages clair obscur r current rouge ponctuel et san glant devraient faire penser ceux des films noirs am ricains aussi bien qu l univers psy ch d lique de Gondry La bande son sons aigus prolong s parfois lancinants voquera quant elle les films de Lynch Une fois formul es les r ponses ces trois questions seront r dig es Lors d un exercice crit que l on pourra intituler la mani re de Roland Schimmelpfennig dans Une nuit arabe chaque groupe labore un mono logue dialogue qui tout en recourant aux diverses fonctions de la parole d j rep r es dans la pi ce conversation apart didascalie Questionner les choix de mise en sc ne KHALIL ENTRANT DANS L APPARTEMENT 6 32 4 t PR CISIONS DE CHLO BRUGNON SAMUEL R HAULT ET ST FANY GANACHAUD commentaire recense et organise impre
58. es au mur c t des tag res bon march et des photos de personnes que je n ai jamais vues de ma vie KHALIL Tout va bien KARPATI Et comment me sortir de l Au secours LEMONNIER Attends ne me dis pas que tu comptes porter cette salopette toute la journ e KARPATI La femme s est r veill e mais elle ne m entend pas L homme c t d elle a l air gigantesque Oh Vous ne me voyez pas Je suis ici CNDP CRDP 144 f vrier 2012 FATIMA Cinqui me tage LEMONNIER Pourquoi pas VANINA Impossible de prononcer moindre mot LEMONNIER Ce truc est ridicule Tu es ridicule KHALIL Elle ne parle pas Je suis Khalil l ami de Fatima La porte de l appartement tait ouverte Tu ne saurais pas par hasard o elle se trouve Je suis rest bloqu dans l ascenseur au cinqui me tage mais j ai r ussi sortir Je te conseille de ne plus l utiliser VANINA Il sourit Et me parle d un ascenseur KARPATI Elle se l ve veille ce que la serviette la recouvre et va vers la fen tre Oh Vous ne m entendez pas KHALIL Elle se l ve et va vers la fen tre VANINA Je suis debout devant la porte fen tre d une tour d habitation peut tre au septi me ou au hui ti me tage KARPATI Elle regarde dehors VANINA J ai grandi dans une maison comme celle ci J ai pass les premi res ann es de mon enfance dans une maison comme celle ci Oh mon Dieu La lune flotte a
59. et ceux auxquels il peut n accorder qu un moindre int r t De toute mani re il est impossible de suivre parfaitement et simultan ment les cinq monologues dialogues les cinq histoires Et la perdition de certaines phrases de certaines r pliques va m amp me cr er le suspense Tiens comment ce personnage est il arriv l Nous avons cr sur le plateau cinq espaces le canap la salle cuisine le lampadaire la cabine la table et les personnages ne cessent de traverser ces espaces de les parcourir Puisque l on ne peut pas tout suivre en m me temps soudain Joris est juch sur la cabine t l phonique et personne ne peut dire comment il y est parvenu m me moi en r p tition il m arrive encore d tre surprise C est l toute la magie de ce texte J aime d s lors beaucoup entendre les remarques et les r flexions des l ves que je rencontre et qui me poussent envisager le texte sous d autres angles y voir ce que je n avais pas encore remar qu constater son ind niable richesse polys mique Un coll gien a dit Dans l autre r alit Jacques Lemonnier est le cheikh ce qui est faux mais moi aussi lors de mes premi res lectures j avais laiss passer certains indices et j tais persuad e que Lemonnier tait la r incarnation du cheikh Et apr s tout puisque dans cette pi ce le rationnel le dispute l onirique pourquoi ne pas accepter voire exploiter cette erreur Une nuit arabe n att
60. ette pi ce sonne comme une sorte de b uf Schimmelpfennig aime dire qu il compose ses pi ces comme de la musique On a parl d un oratorio d une composition cinq voix Et c est d autant plus amusant que quand j ai lu le texte au d but je me suis dis que je ne voulais surtout pas faire quelque chose de musical notamment parce que la musicalit est dans le texte gr ce aux chos par exemple Alors pourquoi en rajouter On a plut t cherch la trouver dans les corps voir comment ils se r pondent Je n ai pourtant presque pas eu mettre cela en sc ne car les acteurs l ont senti on l a point entre nous et ils l ont fait ensemble de facon inconsciente et sensible D un seul coup ils se mettent bouger chacun dans leur direction mais en m me temps comme au ralenti Pour le couple Fatima Khalil qui n est jamais ensemble une facon pour moi de le raconter tait de les faire jouer au m me rythme C est une pi ce moins classique que certaines de Schimmelpfennig et elle est compliqu e dans ses enjeux li s la repr sentation elle pose tellement de questions C est un risque que je prends parce que j avais envie de m amuser et de ne pas me mettre dans un carcan Il y des pi ces clas siques que j aime bien mais j avais tr s peur de r pondre des consignes J ai fait de l assistanat je sais comment cela fonctionne Je n avais pas envie d tre efficace mais de proposer quelque chose Et
61. fonde sur les r sultats des travaux r alis s par les tudiants de l Universit Lyon II Lumi re pour la r alisation du Dossier dramaturgique autour de Roland Schimmelpfennig cf Rebonds et r sonances 3 Le personnage ne s adresse personne sinon lui m me on n est pas loin du monologue int rieur 4 Le personnage formule un point de vue qui t moignant d une per ception sensorielle s apparente une indication sc nique 5 Le personnage commente un v nement une action sc niques il ne se contente pas de les d crire il les value et les modalise dans les couloirs la poursuite d une ventuelle fuite d eau colocataires occup es ranger des courses ou somnoler sur un canap Afin de surmonter et d passer cette entr e en mati re quelque peu d routante et d ceptive on incite les l ves chercher dans le texte tous les indices qui malgr tout motivent et l gitiment le titre de la pi ce la nuit n est pas encore tomb e mais ne saurait tarder puisqu il est bient t 20 h 30 la chaleur inhabituelle et r currente ainsi que la mention du chameau voquent le d sert enfin la nationalit liba naise de Fatima tout comme le pr nom Khalil et la syllepse malicieuse sur le mot bazar l issue de la premi re r plique de Lemonnier renforcent la pr sence d un univers oriental De plus si l action semble essentiellement quotidienne et routini re il n emp che qui
62. fronti res la r alit en question comprendre comment celui ci envahit le champ de la r alit Ensuite les l ves lisent l extrait de Georges Perec en annexe 3 choisi par Chlo Brugnon et r fl chissent aux propositions que l crivain fait sur la maniere d appr hender le quotidien et sa mat rialit Cela donne lieu un exercice sur plateau en guise d introduction au travail suivant Au choix partir de l annexe 4 p 44 49 VANINA Aujourd hui est un jour exceptionnel c est comme si je me dissolvais ou de l extrait p 55 11 Pour compl ter ce paragraphe consulter le Dossier p dagogique du Th tre des C lestins http www celestins lyon org Claudia Stavisky 60 LEMONNIER J entre dans la tente du b douin une large cicatrice divise son visage de haut en bas on demande index php Menu thematique 23 215 PAT Saison 2011 2012 Spectades Une On demande aux l ves de relever les aux l ves de r aliser une maquette de la nui arabe indices du basculement dans l trange pour sc ne choisie en s inspirant de l intention de Chlo Brugnon dans son carnet de cr ation Pour faire leurs choix ils doivent avoir en Faire avec des objets r alistes un systeme t te l id e que ces objets peuvent tre des pr cis ment oppos une sc ne r aliste portes seuils vers cette autre r alit
63. ges tour tour conteurs de leur propre his toire et tissant ensemble un r cit plus vaste aux interpr tations multiples et aux accents piques lution des fronti res la r alit en question Remarques pour exploiter l exercice de la p 6 pistes pour faire une maquette de l extrait en annexe 4 ESPACE SC NIQUE lici et maintenant de la repr sentation L appartement avec des fen tres ornements mauresques et une moquette couleur sable Fatima escaliers lieu de transition vertical Khalil couloir lieu de transition horizontal Karpati bouteille cr ation d un espace sur sc ne clos plein appartement l int rieur d un autre 1 Vanina appartement r ve naissance d un espace imaginaire 2 Lemonnier appartement baiser d clenche le franchissement d un seuil vers une autre dimension 3 1 La bouteille de cognac devient un espace invisible aux autres personnages comment linter pr ter Karpati se sent il prisonnier Peut on d cider d un objet qui devienne cet espace Lui les observe pendant ce temps Je suis minuscule Mes chaussures longues d un centim tre sont gorg es de cognac Loin au dessus de moi inaccessible le goulot de la bouteille que j ai oubli de reboucher 2 Hors sc ne cr ation d un espace ouvert dans le pass Istanbul Vanina en r vant revit la mal diction en pr sence du cheikh Lemonnier et recouvre ainsi des souvenirs de son pass ou bien est ce
64. hlo Brugnon propose de leurs deux person nages comment signale t elle l appartenance une ou deux r alit s A t elle r clam ses com diens un travail sp cifique sur avec un accessoire une posture une voix un accompa gnement sonore pour caract riser et conf rer une unit au personnage uple parler de soi parler l autre parler ensemble Dans Une nuit arabe les histoires d amour en g n ral finissent plut t mal et le couple peine favoriser le dialogue l panouis sement Il sera facile pour les l ves de le constater en passant en revue les tentatives de duos qui maillent la pi ce e Karpati fantasme et id alise sa rencontre et son couple avec Vanina jusqu ce qu il l em brasse et disparaisse sans que jamais ils n aient chang un mot e Khalil et Fatima passent les deux tiers de la pi ce se croiser sans se voir on assiste leurs retrouvailles la page 52 seulement quand Fatima le surprend avec Vanina nue accroch e lui leur dialogue n est alors que hurlements menaces et surdit FATIMA Esp ce de porc KHALIL Non non FATIMA Esp ce de sale porc KHALIL Ne p 53 et l on sait que ce quiproquo conduira une course poursuite fatale au jeune homme lors de son errance d tage en tage Khalil multiplie les treintes mais jamais il n est question de r el dialogue de r elle rencontre avec chacune de ses ph m res conqu tes
65. il y a un gros vide autour de ce texte l Quand j ai donn le texte lodie et aux acteurs le retour a t imm diat On s est dit On essaie Il y avait un r el enthousiasme chaque fois qu on filait le texte qui voquait beaucoup chacun Plus on sera nourri de ce que cette pi ce permet d envisager moins on se contentera de petites lectures C est ce qui est int ressant c est qu il y en ait plusieurs Et on ne cherche pas la confusion mais le myst re CNDP CRDP ANNEXE G SOMMAIRE D UN DOSSIER R ALIS DANS UNE CLASSE DE TROISIEME POUR L PREUVE D HISTOIRE DES ARTS HIDA SUJET N 1 fran ais 5 Premi re partie Notre lecture d Une nuit arabe n 144 fevrier 202 R sum Portrait chinois Deuxi me partie Qui sont ces personnages Jacques Lemonnier Fatima Mansour Vanina Derval Khalil Pierre Karparti Troisi me partie Quelle s repr sentation s 1 Compte rendu R p tition La Com die 12 octobre 2011 2 Compte rendu collectif 3 Visite de Chlo Brugnon metteur en sc ne 4 La maquette 5 La sc ne jou e Quatri me partie Le spectacle compte rendu 1 Le d cor 2 Le son 3 La lumi re 4 Les acteurs 5 Point de vue personnel Conclusion Annexes 1 Carnet de mise en sc ne 2 Plan d expos pour l oral 3 Autres ANNEXE 7 EXTRAIT DU CARNET DE CR ATION 3 Xy CY X 5 0 0 0 IDA LS LS
66. ion spatiale et tempo relle qui nuit aux vell it s d identification a catharsis propos e par Une nuit arabe n est gu re confortable non plus puisqu elle passe par la sollicitation troublante de pulsions violentes et rotiques meurtre viol rapt voyeurisme aussi bien que par le recours un second degr une ironie souvent rudits toujours exigeants intertextualit mat riau mythologique n r 0 CNDP CRDP f vrier 2012 Apr s la repr sentation Retour s de spectacle On lance les l ves dans un travail cho ral R partis par petits groupes ils doivent r pondre aux trois questions suivantes Quels l ments du spectacle vous ont ils sem bl faire cho au titre Une nuit arabe Ils penseront ais ment aux l ments du d cor carrelage au sol face cour rambarde aux motifs rappelant ceux des moucharabiehs et peut tre aux indices d celables dans les cos tumes blouse l g re de Fatima par exemple mais conviendront galement que l ancrage oriental est finalement peu marqu Selon vous comment Chlo Brugnon a t elle finalement choisi de traiter la dichotomie parole int rieure parole chang e On peut les inciter repenser notamment aux personnages de Karpati avant apr s la claus tration et de Khalil dans hors de l ascenseur au rapport espace sc nique espace social aux modulations de la voix sur des modes mineur ou majeur aux convergences divergences d
67. l clatement des fron ti res et la dissolution des identit s Roland Schimmelpfennig en conteur humaniste et optimiste n omet pas pour autant d inciter l altruisme l ouverture la patiente conci liation des singularit s apparemment irr duc tibles Comme l explique Chlo Brugnon il ne fait pas le constat d une solitude mais raconte la tentative d y chapper Chacun des person nages de cette pi ce tente d une certaine facon d entrer en contact avec l autre comme si cette nuit tait la nuit de tous les possibles Ce soir je vais parler la voisine d en face ce soir je d couvre que le concierge est charmant ou plus simplement et si ce soir les choses chan geaient P Dans Une nuit arabe les personnages sont donc lanc s dans un triple chantier d dification du lien vers l Autre construction de soi construction d un couple construction d un rapport sc ne salle ie de portraits construire l identit des personnages Le nombre restreint des protagonistes permet un travail ais sur leur caract risation Pour commencer on invite les l ves laborer l identit de chacun d eux en r fl chissant sa place et son r le au sein de divers groupes dont la taxinomie n est ici bien videmment pas exhaustive e trois hommes deux femmes ceux qui resteront en vie ceux qui mourront celui qui vient de nulle part celui qui vient du bloc B les trois qui vivent dans le
68. l faut attirer l attention des l ves sur trois l ments tranges trois nigmes propres intriguer pourquoi l eau s vanouit elle au septi me tage tout en faisant entendre sa m lodie derri re les murs Pourquoi Vanina ne se souvient elle absolument pas de ce qu elle a fait de toute sa journ e Qui est cette myst rieuse femme dont Khalil semble si amoureux C est donc bien dans un conte oriental mais revisit boulevers que le d but d Une nuit arabe nous fait entrer pliques d concertantes fonctions et polyphonie Toujours l aide de l extrait 1 et dans le m me souci de d broussailler et clarifier la lecture on se penche d sormais sur le dispositif nonciatif complexe et tonnant qui structure la r parti tion et la circulation de la parole dans la pi ce On donne lire l analyse suivante de l universitaire Michel Corvin pour qui les personnages d Une nuit arabe se parlent continuellement eux m mes comme en r ve commentant leurs actions ou leurs sentiments ce qui ne les emp che pas de s adresser en m me temps leurs interlocu teurs dans une confusion assez r jouissante du dedans et du dehors Puis on demande aux l ves d laborer un tableau qui dis tingue ces deux modes de la parole parole chang e et parole int rieure expression d une focalisation et d termine les diff rentes fonctions de la seconde Personnages Conversation
69. le bloc C et sont d s lors damn s emprisonn s tout d abord dans l ascenseur dans la bouteille de cognac mis mort ensuite Les trois autres en revanche ont acc s l autre r alit onirique qui les dote d une paisseur identitaire sup pl mentaire et complexe ambig e puisqu elle les maintient en vie mais les fait galement souffrir Vanina a t enlev e ses parents a v cu recluse quatorze ans dans le harem du cheikh et subit les affres d une amn sie naus euse depuis la mal diction de Kafra emonnier autrefois et autrement cheikh Al Abou Ibn Youssouf ne se souvient pas de qui il est mais p tit de sa d ch ance en tant r guli rement confront son impuissance r gler le probl me de la fuite d eau entrete nir une relation amoureuse Depuis combien d ann es n ai je pas touch une femme n en ai je pas caress e p 44 contrer les remarques acerbes de sa premi re pouse Fatima ne parvient pas se lib rer de son statut de domestique auparavant servante de Vanina au harem elle lui apporte du th et des p tisseries p 42 elle continue de la nourrir en se chargeant des courses d s le d but de la pi ce En tuant Khalil elle accomplit une fonc tion d eunuque et renonce ainsi son histoire d amour Si Lemonnier et Vanina finalement se retrouvent et brisent la proph tie de Kafra Fatima elle ne peut donc abandonner son trousseau de cl s symbole de
70. mment au fameux tableau de Magritte Ceci n est pas une pipe Question num ro 4 Pouvez vous pr senter votre person nage en quelques phrases D s le d but de la pi ce Vanina apparait comme une figure trange et nigmatique Comme un personnage de conte Elle ne se souvient jamais de sa journ e s endort sur le canap et r ve Elle annonce le processus qui va amener les person nages se greffer l chapp e de la nuit arabe p
71. na et Lemonnier d autre part Y avait il des personnages plus terrestres et d autres plus tourn s vers l onirisme Chlo Brugnon annexe 5 d une r alit flottante Gr ce ce travail ils pourront mettre des hypoth ses sur les questions li es leur identit et la mani re qu a eue la metteur en sc ne de les caract riser afin de leur donner une unit Nous cherchons cette ambivalence dans les costumes Chlo Brugnon entretien annexe 5 PERSONNAGES L MENTS DE CARACT RISATION ET COMMENTAIRES costume accessoire l ment de d cors motif sonore Khalil D calage entre costume de travail et bonnet penser au film La graine et le mulet Remarquer son jeu en lien avec le son au d but du r ve de Vanina et son jeu avec le fauteuil devenu l cran dans lequel il semble voir les autres apparte ments distance Enfermement comparable celui de Karpati et impossibilit d acc der r elle ment cette dimension fantasmagorique Karpati Boucle d oreille santiags figure d un gitan myst rieux Caract ris par son rapport avec la bouteille Intrigue et fait r ver Enfermement dans l espace au devant de la sc ne avec Vanina puis sur la table puis dans la cabine Fatima Son costume vaporeux mi chemin entre l Occident et l Orient Lenteur et torpeur dans la parole et le d placement Vanina Nuisette Position allong e puis son d placement dans le sillon de Fatima pousant son r
72. nig accorde au lecteur spectateur d s le d but de la pi ce s il se trouve d sorient d concert malhabile d terminer parmi toutes les cl s d entr e dans Une nuit arabe laquelle choisir si comme Fatima il peine quelque peu franchir le seuil de l uvre qu il se rassure apr s quelques t tonnements et h sitations il y parviendra DYNAMITAGE DES FRONTI RES M LANGE DES GENRES ET D SAGREGATION DES REPERES d les codes du genre volent en clats L criture si particuli re de Roland Schimmelpfennig atteste de sa profonde moder nit Dans la lign e des auteurs des XX et XXIe si cles il d construit les codes th traux imposant rapidement au spectateur une dis tance par rapport la fable l obligeant rester actif pour se diriger dans une pi ce dont la structure est pourtant un exemple de rigueur Ainsi il s agit pour les l ves de r aliser que Roland Schimmelpfennig abolit les fronti res g n riques pour mettre en place un univers pluridimensionnel Pour cela on pourra les faire r fl chir autour de trois axes un genre hybride une r alit quivoque et un d fi lanc l entendement du spectateur iique des genres au del du th tre Si Roland Schimmelpfennig voque sans peine ses sources d inspiration nulle part il ne reven dique Une nuit arabe comme appartenant un genre th tral pr cis L horizon d attente du spectateur s en trouve branl Seule soluti
73. nstaurer comme dans la mise en sc ne de Chlo Brugnon les r so nances les chos les correspondances ou au contraire les conflits les divergences que la parole sugg re Ainsi lorsque Fatima et Khalil attendent tous deux qu une porte s ouvre p 37 leurs deux corps peuvent tre tendus arc bout s crisp s lorsque Karpati Vanina et Lemonnier s garent tous trois dans leurs r ves et souvenirs respectifs p 37 39 leurs attitudes peuvent se confondre dans le m me alanguissement la m me douceur lorsqu en revanche Fatima persiste p 53 56 ruminer sa ranc ur et sa haine le long des couloirs de la r alit du bloc C alors que Lemonnier et Khalil sont eux transport s dans un d sert surr el ou dans les fantasmes des voisines leurs corps peuvent opter pour des axes antagonistes vertical pour Fatima horizontal pour Khalil et Lemonnier 600060 CNDP CRDP n 144 f vrier 2012 FATIMA ET KHALIL ATTENDANT QU UNE PORTE S OUVRE ET LES LIB RE bjet l espace Le propos de la sc nographie est vraiment de cr er un espace ludique c est dire de partir de l id e que ce texte avant tout est une facon de sortir du quotidien prendre des l ments qu on connait ou qui sont a priori plut t ennuyeux un fauteuil une table une cabine t l phonique un lampadaire pour aller vers la fiction On demandera aux l ves de faire particuli rement attention lors de la repr sentation aux o
74. o les cultures se m langent Ce que j aime dans ce texte c est que l tranger pas au sens celui qui habite chez moi c est l ailleurs c est l tranger en tant qu autre Le concierge est tout aussi tranger que Khalil ou que Fatima ce ne sont plus les origines mais notre pass notre culture qui font de nous des trangers J ai chang de point de vue Au tout d but je pensais que ce n tait pas une pi ce sociale et si c est une pi ce engag e mais pas l endroit de la revendication et ce n est surtout pas didactique C est engag cela nous dit de regarder les autres autrement pour lutter contre le racisme je crois profond ment cela J ai entendu des r flexions comme Ah c est pas un titre facile ou Mais pourquoi ca s appelle Une nuit arabe et j ai envie de r pondre Pourquoi ca te g ne le titre Qu en est il de vos influences cin matographiques Est ce que vous allez les garder Est ce que vous allez continuer vous en nourrir On avait parl des films noirs Cela continue oui mais c est plus latent Au d part je ne suis pas du tout cin phile et je le suis devenue cause de ce texte parce qu il m voquait toujours des films Alors je me suis int ress e aux films noirs et c est comme une boite qu on ouvre j ai lu un livre qui me faisait penser Une nuit arabe et dans ce livre il y avait un film Le film noir me poursuit vraiment notamment pour E CND
75. oduire un bruit lancinant r f rence au gron dement permanent et l univers cin matographique a partie d une rambarde avec des moulures en fer forg l ment qui peut rappeler par ses lignes arrondies l univers oriental elle figure l ascenseur et l enfermement de Khalil et sera le balcon de l appartement 144 f vrier 2012 20 Dans son Carnet de cr ation n 3 21 cf supra e Le fauteuil objet appartenant par essence au salon c est aussi l objet transitionnel qui devient le sas vers l ailleurs et que les person nages consultent tel un kal idoscope a cabine t l phonique m taphorique objet et espace la fois elle figure une porte entre l ext rieur et l int rieur mais aussi un lieu de r flexion pour les personnages puis la bouteille dans laquelle sera finalement enferm Karpati ace et la sc nographie Demander aux l ves d observer la r parti tion du plateau y a t il des espaces d volus certaines fonctions videntes et naturalistes ou m taphoriques et transitionnelles Sont elles respect es Transgress es Les l ves remarqueront en confrontant Leurs r ponses que Les propositions de mise en sc ne varient pendant le d roulement du spectacle et se confondent avec le texte qui lui aussi se red finit constamment Proposer de r fl chir sur le glissement op r d un univers initial naturaliste vers une r partition plus mouv
76. on se laisser porter par une forme hybride qui revisite les codes de genres aux antipodes les uns des autres et m le leurs diff rents registres Machine dramatique implacable ou chaos formidablement construit o se tressent le tragique et le comique la mythologie et la culture contemporaine les genres et les modes artistiques ce th tre traite de l essentiel de la vie la mort en passant par l amour et les r ves travers les histoires de personnages ordinaires Marion Boudier et Guillermo Pisani Jeu Revue de th tre n 123 2 2007 p 191 196 Confier des groupes d l ves la recherche des d finitions de la farce du vaudeville de la trag die moderne et du conte pour qu ils comprennent comment Schimmelpfennig m le les registres qui leur sont associ s diff rents types de comiques le tragique et le merveilleux Ensuite leur demander partir d un extrait qu ils d limiteront en fonction de leur pr c dente recherche de choisir un objet un accessoire un motif sonore etc qu ils associeront au genre et au registre tudi s de mettre en valeur ce choix dans une propo sition de mise en sc ne de l extrait Une nuit arabe un texte comique Suite ce travail on pourra amener les l ves consid rer le comique comme une entr e possible dans le texte Ils prendront conscience que le registre n est pas ais ment discernable la premi re lecture et que son trai
77. oquo ce passage m ne par la suite les personnages une escalade de situations rocambolesques Vanina se jette sur Khalil en perd sa serviette avant de tenter de l embrasser Fatima jalouse arrive prend un couteau et pourchasse Khalil Vanina se lance leur poursuite nue dans les couloirs de l immeuble pour fuir Khalil entrera dans divers appartements o syst matiquement il aura des relations sexuelles avec les femmes qui les habitent On pourra aussi faire revenir les l ves sur les moments vaudevillesques o les per sonnages se retrouvent dans des situations inattendues situations qui peuvent mener un travail de jeu sur diff rents registres avec par exemple une porte comme point de d part ou un bruit de sonnette d entr e Fatima se trouve bloqu e dehors la porte de l immeuble s tant referm e sur elle Khalil est coinc dans l ascenseur et finit par s nerver Les portes s ouvrent se ferment les personnages entrent sortent Les l ves alors se rendent compte que le comique de situation peut tre plus ou moins sugg r par le texte Un texte tragique On trouvera ci apr s des rep rages pour r pondre la consigne donn e aux l ves d as socier un objet au genre et au registre tudi s Mosa que des genres au del du th tre p 5 Ici l objet choisi est la bouteille de cognac associ e au registre tragique CNDP CRDP n 144 f vrier
78. parue n h sitez pas repasser LEMONNIER Oui je repasserai certainement En attendant je vous souhaite une bonne soir e FATIMA Depuis l entr e avec mes sacs Merci Je ferme la porte Les cl s glissent et tombent par terre LEMONNIER La porte se ferme On dirait qu elle a encore fait tomber ses cl s FATIMA Je d pose les sacs dans la cuisine LEMONNIER Le nom Vanina Derval est inscrit sous un plastique jauni c t de la sonnette Inscrit la main Personne ne s en est jamais occup Pourtant a fait des ann es qu elle habite l FATIMA Pourquoi tu n ouvres pas VANINA Mais je l ai fait FATIMA Tu as mis le temps Vanina retourne au salon VANINA Je me suis endormie je crois Sur le canap Cette chaleur 144 f vrier 2012 FATIMA Ferme donc les rideaux VANINA a sert rien Je vais prendre une douche FATIMA Vas y il n y a pas d eau aux huiti me neuvi me et dixi me tages VANINA Ah oui FATIMA C est pour a que Lemonnier est mont LEMONNIER Est ce que j aurais d en profiter pour entrer Je ne crois pas Elle tait pratiquement nue apr s tout FATIMA Elle fait tout le temps a LEMONNIER Le visage tout rouge Les cheveux blonds coup s court d goulinants de sueur On ne d range pas les gens dans cet tat FATIMA Elle rentre de son travail au labo se d shabille et s allonge sur le canap Et elle est
79. pistes de travail et des exercices pratiques pour se familiari ser avec l univers de Schimmelpfennig Dans Avant la repr sentation il livre des s sames pour comprendre une criture novatrice qui stimule l imagination du specta teur et l emm ne la d couverte de l Autre dans un ailleurs universel Dans Apr s la repr sentation il donne des cl s pour confronter l horizon d attente des l ves aux propositions de Chlo Brugnon Il convient donc particuli rement aux professeurs de lettres d allemand et de th tre de la classe de troisi me la terminale Retrouvez sur crdp ac paris fr piece demontee l ensemble des dossiers Pi ce d mont e ne nuit arabe Texte de Roland Schimmelpfennig Mise en scene de Chlo Brugnon L criture de Roland Schimmelpfennig ou l exp rience du d routant page 2 Dynamitage des fronti res m lange des genres et d sagr gation des rep res page 5 Une nuit arabe un s same vers l autre page 9 Pour aller plus loin page 11 Lib rer d m ler couter parole page 18 Autour de l espace page 22 Que sont ils devenus page 26 Rebonds et r sonances page 28 Biographie et bibliographie de l auteur page 29 Extrait 1 le d but de la pi ce p 11 17 page 30 Interroger l habituel extrait de L Infra ordinaire page 34 Extrait 2 la dissolution de Vanina p 44 49 page 35
80. qu il ne va pas fort Comme les autres personnages et peut tre chacun d entre nous il est seul tout en vivant sous le m me et unique toit d un immeuble de dix tages de trente et un appartements chacun Il semblerait qu il ait t mari tait il moins seul pour autant La vie en commun avec cette femme aurait tourn court pour une sombre mais r currente histoire de salopette ll faut bien un pr texte pourquoi pas celui l La 0 CNDP CRDP n 144 f vrier 2012 D borah Marique Vanina Laurent Nouzille Lemonnier St fany Ganachaud Fatima aor lihat OS ET D De bu A A4 ptt TOC ET ach On ftc AD be f Ve font t x A Ca Ce c 1 f I te lA vna VETE gt T CULA C Aus Qu A uc E c puar A LAMP SA 4 i Ph z Lan avec i bo Mr 73 hasn led w AAA E i Le far Io f aa LL P ut pr CHU GABA Cu fous fx A Ll pu fon p m j qu partan ch LES TN b N 4 594 Avo Le jon DW CNDP CRDP T uvouus n 5 lt n 144 f vrier 2012 ua dance lui Qj pe AX juk avec aye
81. renvoie un autre questionnement comment d mar rer la pi ce Une nuit arabe commence dans le quotidien d un immeuble banal puis bascule peu peu dans la folie et lors des r p titions au mois d octobre dernier nous avions d cid que a se passerait ainsi un d but assez simple et routinier puis une situation qui progressivement vrille Mais je me suis dit que faire une repr sentation th trale a n est en soi d j pas banal mettre ces person nages sur sc ne n est pas un geste banal d marrer dans une apparente quotidiennet serait d s lors me semble t il un contresens aussi suis je en train de revenir sur ces directions d octobre et de travailler pour installer d s le d but du spectacle une tranget diffuse et perceptible D abord le d cor n est pas banal et ce du d but la fin Ensuite je commence imaginer un rap port au public plus franc plus direct plus intrigant peut tre Hier la sc nographe et le r gisseur g n ral m ont m me propos d habiller l espace d accueil du public de cr er un univers urbain en y mettant du gravier un banc public Il faut avant m me que la pi ce ne d marre pr parer les spectateurs la fiction et l trange Comment avez vous travaill la cr ation de chaque personnage Nous sommes encore en train de r fl chir sur ce point Pour certains personnages c est tr s clair Par exemple pour Khalil nous lui avons invent une histoire celle d un per
82. s de cognac Loin au dessus de moi inaccessible le goulot de la bouteille que j ai oubli e de reboucher Un courant d air y passe avec un son grave Oh CNDP CRDP LEMONNIER Je me trouve en plein d sert Il y a tant de lumi re que j arrive peine ouvrir les yeux Je m examine de la t te aux pieds je n ai pas chang les sandales la salopette grise tout est comme d habitude La chaleur est si s che qu aucune goutte de sueur ne coule sur mon front KHALIL n 144 f vrier 2012 Elle est presque nue VANINA Quel cauchemar KHALIL Elle a l air belle KARPATI Un homme est entr dans la pi ce Il est debout c t du canap VANINA O suis je KHALIL Elle se r veille salut FATIMA Quatri me tage VANINA Je suis allong e sur un canap dans une chambre c t de moi une petite table Dessus une bouteille de cognac presque vide Je suis peine v tue je ne suis couverte que d une serviette O suis je ici Un inconnu est debout c t de moi et me regarde Comment ai je atterri ici KHALIL Salut elle a l air troubl e Elle tait peut tre en train de r ver KARPATI Comment ai je atterri dans cette bouteille VANINA Mon regard parcourt a pi ce toute allure au lieu des fen tres ornements mauresques une porte fen tre avec chauffage et rideaux Dehors il fait noir Devant un t l viseur sur une moquette couleur de sable Des estampes et des affich
83. sa collaboration avec Thomas Ostermeier la Schaub hne de Berlin signe son adoubement et sa reconnaissance sur la sc ne et au sein du tre prometteur On entrera dans l uvre avec l extrait 1 annexe 2 qui permet de r fl chir sur le d calage entre l horizon d attente g n r par le titre Une nuit arabe et l univers d peint par les premi res pages de la pi ce Le titre choisi par Roland Schimmelpfennig c nacle de la cr ation contemporaine en choisissant d crire deux de ses pi ces pour la radio il signale sa volont pr coce et affirm e de repenser et bouleverser l inscrip tion de la parole th trale dans l espace et dans le temps ainsi que le rapport entre nonciation et r ception du texte e i a v cu et enqu t dans cette Istanbul que Lemonnier Vanina et ses parents leur tour arpenteront et interrogeront dans Une nuit arabe indice qu il aime jongler avec un trai tement tant t r aliste tant t fantasmatique des lieux convoque videmment l Orient la magie des Mille et Une Nuits les myst res d alc ves et de harems Pourtant rien d exotique ni de sp cialement onirique n accompagne les premiers pas du lecteur dans la pi ce Immeuble de banlieue banal et sans cachet concierge errant CNDP CRDP 144 f vrier 2012 1 Michel Corvin Anthologie critique des auteurs dramatiques europ ens 1945 2000 ditions TH TRALES SC R N 2007 2 Ce tableau se
84. scenseur Lemonnier dans le couloir Cela ne risque t il pas de g n rer un flou malvenu Pour le moment ce que nous avons construit fonctionne plut t bien avec l ambiance de tout ce qui se d roule pr s du canap mais nous voulons que cela influence tout de m me les autres personnages dans les autres espaces il ne faut pas cr er de scission L clairagiste qui vient d laborer son plan de feu h site lui aussi parfois il a tr s envie de compartimenter de concentrer mais les acteurs ne cessent de bouger de transgresser les espaces et battent donc en br che cette vell it de scinder L non plus un choix unique et d finitif n est pas possible Il ne faut pas qu il y ait de confusion mais il faut toutefois qu il y ait du myst re Il ne faut pas donner une r ponse mais il ne faut pas cr er le chaos CNDP CRDP Au niveau de l espace on a vu le tapis on a vu aussi les motifs est ce que vous vouliez un d cor qui soit orientalisant qui rappelle le arabe du titre ou est ce qu au contraire il fallait plut t un espace et un d cor qui soient les plus universels les plus neutres possible En fait on est un peu pass es par toutes les couleurs avec lodie Dauguet sc nographe associ e n 144 f vrier 2012 au Collectif de la Com die de Reims Avec lodie cela fait un an et demi qu on travaille dessus cela laisse le temps d prouver plein de choses On a cherch on voulait mettre des mouchar
85. sol du bloc C rentre lentement chez lui au septi me tage du bloc C Vanina et Fatima sont dans le salon l une endormie sur le canap l autre attendant l arriv e de Khalil On montre aux l ves que l criture est soutenue par des r seaux qui assurent une profonde coh rence malgr l impression pre mi re d parpillement e Khalil et Karpati se lancent tous deux l assaut du bloc C dans l espoir d y voir leurs dulcin es Ils se retrouvent d ailleurs tous les deux au m me tage au m me moment p 29 Certaines de leurs r pliques galement se r pondent Est ce que je prends l ascenseur ou l escalier p 27 et Est ce que je dois prendre l ascenseur ou l escalier p 28 Filtr e par des rideaux de la lumi re brille dans les innombrables logements et Dans les logements les lumi res brillent p 26 Le refus de Lemonnier de se rem morer la voix de son ancienne pouse scande telle une colonne vert brale tout l extrait Des r pliques fonctionnent plus ou moins ironiquement en cho malgr la distance KHALIL J y suis presque FATIMA J entends la mobylette de Khalil devant l immeuble KHALIL Quatri me tage C est pas vrai L ascenseur se bloque juste en dessous du cinqui me tage Il est bloqu LEMONNIER C est impossible p 29 On lance ensuite un travail de maquette ou de dessin qui suscite la r flexion sur la gestion des espaces et
86. sonnage issu de l immi gration anim d une volont pre et attendrissante de s en sortir un peu comme le h ros du film La Graine et le Mulet le soir de l inauguration de son restaurant il est la fois tr s digne et tr s TM guind mais aussi un peu d cal lorsqu il enfourche sa vieille mobylette dans son costume bon 20 Joris Avodo qui interpr te p P A khan march qui le g ne un peu aux entournures Du coup Khalil portera lui aussi un costume extr me 21 Samuel R hault qui interpr te Ment resserr de premier de la classe et puisque en octobre Joris est venu en r p tition avec un Karpati bonnet nous allons garder ce bonnet et l image que l on aura de Khalil sera la suivante il sort du La uS CNDP CRDP travail bien cravat bien habill mais toute cette apparence propre sur lui est ironiquement remise en question et d cal e par le bonnet qu il utilise pour se prot ger du vent sur sa mobylette Samuel galement m a dit J aimerais vraiment que Karpati ait une petite boucle d oreille C est un d tail le spectateur ne verra peut tre m me pas cette boucle d oreille mais c est la petite chose qui tout coup rend le personnage plus singulier plus apte nous intriguer et nous faire r ver n 144 f vrier 2012 Pensez vous que le processus d identification soit probl matique pour le spectateur d Une nuit arabe J ai l impression que la question de l identific
87. ssembler la sienne Question num ro 2 Qu est ce qui fait la sp cificit du travail sur ce texte Ce qui caract rise cette pi ce et fait la sp cificit du travail accomplir pour la rendre claire c est que lorsque vous croyez avoir trouv une piste de jeu de code de sc nographie l au teur comme s il tait derri re vous et se jouait aussi un peu de VOUS Vous somme rapidement d en changer pour la suite de l histoire Il serait trop simple de mettre en sc ne s par ment la r alit et le r ve ou par quelconque artifice R ves et r alit sont li s et pr textes au jeu le jeu de l acteur dans toute sa sinc rit rappelez vous comme au sortir d un r ve ou d un cauchemar vous aviez la tr s nette impression que tout ce qui vous arrivait vous arrivait vraiment On est dans un d sert avec des femmes au visage de sorci res des cheikhs polygames dans une bouteille de cognac ou que sais je et s il suffisait qu on vous le dise pour que vous y croyiez Question num ro 3 Si vous deviez citer une ceuvre qui vous inspire dans le travail laquelle serait ce Ce n est pas une grande ceuvre mais quand j tais gamin il y avait une s rie qui passait et qui s appelait La quatri me dimension C est nul Question num ro 4 Pouvez vous pr senter votre person nage en quelques phrases Jacques Lemonnier concierge de l immeuble en question Visiblement pas un mauvais concierge Quelque chose me dit
88. ssions et ressentis satisfactions et d ceptions des l ves On obtient ainsi un texte qui autorise la description la narration l argumentation et l explication qui rappelle et utilise le constat de la mise en abyme l uvre entre espace social et espace sc nique puisqu il confronte et structure l expression de plusieurs subjectivit s Une fois Le texte r dig on confronte Les l ves ces extraits des entretiens r alis s avec Chlo Brugnon et ses acteurs CNDP CRDP e propos d un cadre oriental On lodie Dauguet et Chlo Brugnon a cherch on voulait mettre des moucharabiehs on est parties vers des ambiances comme cela on cherchait des tapis Puis on est parties compl tement l inverse Le propos de la sc nographie est vraiment de cr er un espace B ludique c est dire de partir de l id e que ce texte avant tout est une facon de sortir du n 144 f vrier 2012 quotidien Chlo Brugnon extrait de l entretien r alis le 13 janvier 2012 par Delphine Rey et Adeline Stoffel pour la r alisation du dossier Pi ce d mont e propos des ambig it s de la parole La particularit de cette pi ce c est que la parole est quasiment de la didascalie On est donc logiquement amen s dire ce que l on fait Mais pour viter d tre redondant on a pris le parti de ne pas toujours faire ce que l on dit rarement m me Si je dis que je m as sois je ne vais pas n cessairement m
89. t remarqu par aucun personnage Sa qu te choue et ses ques tions restent sans r ponse 144 f vrier 2012 Un texte merveilleux Une recherche permet de d gager quelques codes du conte et de s interroger sur leur fonction Les lieux seulement mentionn s dans Les r pliques Istanbul Le palais harem du gt cheikh vocation des lieux des contes orientaux topo de l ailleurs fascinant myst rieux et attirant les rues le d sert de Turquie le pont d un ferry sur le Bosphore Correspond l immeuble dont Lemonnier est le concierge harem qui sera pris d assaut par des hommes Karpati et Khalil Les objets et leurs possibles vocations La bouteille de cognac Le trousseau de cl s chameau Les diff rentes portes Lampe d Aladin objet transitionnel et magique Les cl s de Barbe Bleue vocation du d sert Fonction symbolique des cl s Symboles des tapes initiatiques franchir Khalil prononce le c l amp bre Ouvre toi quand il est enferm dans l ascen seur Les personnages trois sur cinq ont une existence dans cet ailleurs Vanina Fatima Lemonnier Karpati Vanina Lemonnier Fatima Les principaux motifs e l eau St r otype renouvel du chevalier l assaut de la tour une tour de cit Embrasse la jeune fille sous la lune Faut il relever la proximit de son nom avec les
90. t te 4 on pourra lire et interroger cette autre analyse de Michel Corvin Schimmelpfennig use d une langue originale o se combinent les moyens sp ci fiques de l criture cin matographique et un emploi nouveau du monologue dialogue il a r ussi inscrire l espace l int rieur m me de son texte en recourant m taphoriquement s entend la cam ra subjective c est dire une cam ra ins r e dans l il m me des person nages qui construisent l espace par la parole au fur et mesure qu ils le parcourent Le d fi d s lors tient dans le traitement de ces diff rents espaces arpent s et voqu s par les personnages Si le cin ma peut recourir des proc d s permettant d offrir au spectateur une vision nette et au besoin m me simulta n e desdits lieux l espace sc nique th tral est davantage contraint lorsqu il doit voquer des espaces dramatiques non seulement mul tiples mais galement travers s dans le m me instant Comment traiter au mieux cette dialectique de la dispersion et de l unit de l h t rotopie et de la coincidence Les pages 24 29 d Une nuit arabe fourniront un terrain d exercices propice Khalil arrive d on ne sait o en mobylette puis emprunte l ascenseur du bloc qui soudain se bloque au quatri me tage Karpati quitte le bloc par l ascenseur puis une fois dans le bloc C monte par l esca lier jusqu au septi me tage Lemonnier au sous
91. t Adeline Stoffel pour la r alisation du dossier Pi ce d mont e On s assure que la classe a bien saisi le refus de figer l espace dans un cadre sp ci fiquement arabisant ou oriental la volont au contraire de lui donner une dimension cosmopo lite le d sir de le traiter comme un terrain de jeu se pr tant toutes les transformations tous les fantasmes s ouvrant toutes les dimensions le refus d adopter un syst me d illustration des Eprouver les choix de mise en sc ne paroles didascaliques ainsi que d instaurer une distinction m canique entre parole intime et parole chang e la mise en place de tout un syst me de r f rences cin matographiques h t roclites dis cr tes inscrites aussi bien dans les costumes que dans les clairages le support sonore ou l expression corporelle On invite les l ves faire sur le plateau l exp rience des directions prises par Chlo Brugnon et son quipe et mises au jour lors des exercices pr c dents Deux types de tra vaux peuvent tre pratiqu s e Choisir un extrait court et prendre syst matiquement le contrepied de ce que le texte semble vouloir exiger cr er du dialogue de l change sur une parole de commentaire ou d apart refuser toute adresse voix regard sur des r pliques incitant pourtant la conver sation l infinie et vertigineuse libert du jeu est ainsi concr tement exp riment e e R clamer aux corps d i
92. t d celables le balcon de Rom o et Juliette les banalit s de la s duction st r otyp e Belle soir e n est ce pas p 66 ou bien encore l incongruit de la demande de Vanina p 70 Est ce qu il vous serait possible d enlever votre salopette juste un petit instant LEMONNIER LAURENT NOUZILLE R P TITION LA COM DIE DE REIMS SEPTEMBRE 2011 La base du th tre c est un acteur et un spectateur mais avec Schimmelpfennig il s agit d un spectateur extr mement actif Son th tre est tr s exigeant avec le public Non pas parce qu il ne peut pas se laisser emporter par l his toire et s identifier au personnage Bien au contraire tout cela fonctionne parfaitement Mais Schimmelpfennig emp che le spectateur de s installer dans un parcours d identification vail du spectateur regarder identifier s identifier connu Et c est pour cela que sa dramatur gie est complexe aborder en tant que metteur en sc ne P Cet enjeu d un processus d identification alam biqu qu voque et qu a interrog Claudia Stavisky poursuit de mani re brillante et logique la r flexion de Roland Schimmelpfennig sur l identit et le regard que nous sommes amen s porter sur autrui CNDP CRDP 144 f vrier 2012 16 Roland Schimmelpfennig avril 2009 17 Chlo Brugnon entretien avec Anne Berest l occasion de la mise en sc ne d Une nuit arabe par Chlo Brugnon
93. taires leur parole didascalique nous sont livr s et l identification alors se fait selon moi plus simplement Justement comment avez vous travaill les com diens et vous m me sur ces dif f rents types de parole et sur leurs diff rentes fonctions Comment avez vous g r cette polyphonie Quand nous avons commenc les r p titions j ai dit tr s clairement aux com diens que je n avais pas de formule magique pour travailler ces distinctions entre parole chang e parole int rieure parole didascalique Aussi avons nous essay multipli les tentatives Nous avons tout test en se parlant constamment en ne se parlant pas du tout en ne se parlant qu au moment o l on est cens s adresser la parole en ne se parlant surtout pas au moment o l on est cens se parler en traitant les didascalies comme des propositions de jeu que les personnages se lancent tour tour Le soir tombe Il est huit heures et demie La bouteille de cognac se trouve l Elle s endort L ascenseur est en panne Nous avons essay toutes ces choses l et videmment il n y en a pas une qui fonctionne tout au long de la pi ce Et je crois qu il faut l accepter accepter qu il n y ait pas de r gle C est d ailleurs la raison pour laquelle j ai choisi ce texte il s agit de ma premi re mise en sc ne n ai pas de patte je n ai pas de style ni d esth tique d finis personne ne sait ce que je m appr te
94. tement par le metteur en sc ne peut s av rer probl matique pistes p dagogiques dans Pour aller plus loin p 11 Une nuit arabe un texte tragique Dans l ascenseur la situation de Khalil devient de plus en plus insoutenable Je deviens fou p 29 Avec mon pied je cogne de toutes mes forces Quelque chose se casse Je m en fous La porte de s curit c de Comme lui plusieurs moments les personnages l chent prise et laissent les forces qui les gouvernent agir laissant violence et fantasmes s incarner d abord dans leurs paroles puis dans leurs actes Khalil semble bien coucher fr n ti quement avec toutes ces femmes qui l appellent de leur appartement et Fatima finit bien par le tuer ivre de jalousie Entre le quotidien qui La 0 CNDP CRDP 144 f vrier 2012 tourne mal et une transcendance qui semble venue d ailleurs Les personnages errent sans ma trise de leur destin suspendu la mal diction de Kafra Nous choisirons comme proposition de r ponse l exercice l exemple du personnage de Karpati accompagn de l nigmatique bouteille de cognac dans laquelle Vanina se sert tous Les soirs avant de se rendormir des rep rages pour la mise en uvre de l exercice sont disponibles dans Pour aller plus loin p 11 Une nuit arabe un texte merveilleux Une nuit arabe se nourrit d l ments du conte d j en filigrane dans le paragr
95. tes ces choses l et videmment il n y en a pas une qui fonctionne tout au long de la pi ce Et je crois qu il faut l accepter accepter qu il n y ait pas de r gle Chlo Brugnon extrait de l entretien r alis le 13 janvier 2012 par Delphine Rey et Adeline Stoffel pour la r alisation du dossier Pi ce d mont e propos de l interaction th tre cin ma Si vous deviez citer une ceuvre qui vous inspire dans le travail laquelle serait ce Film S rie noire La Haine Joris Avodo extrait de l entretien r alis pour le carnet de cr ation n 3 d Une nuit arabe n CNDP CRDP f vrier 2012 Les com diens taient en qu te de nourriture car il n est pas simple d aborder de tels r les Je leur ai quand m me demand de regarder Gondry La Science des r ves Eternal Sunshine of the Spotless Mind aussi pour se d complexer et se dire C est possible Cela aide beaucoup les acteurs surtout quand on cherche la composition Par exemple pour Laurent qui incarne Lemonnier je pense constamment Keyser S ze dans Usual suspects le jour o je lui ai dit cela il a eu comme une esp ce de d clic et m me s il ne cherche pas jouer comme Kevin Spacey il a r pondu Ah oui c est a que tu veux dire Cela devient un langage commun fait de r f rences qui nous aide pour le jeu Chlo Brugnon extrait de l entretien r alis le 13 janvier 2012 par Delphine Rey e
96. u dessus de la cit et j ai l impression de ne pas l avoir vue depuis des ann es KHALIL Elle est bizarre FATIMA Sixi me tage KARPATI Un son creux dans le col de la bouteille VANINA C est comme si je me dissolvais Arche diteur Paris 2002 Une nuit arabe de Roland Schimmelpfennig Traduit de l allemand par Johannes Honigmann avec la collaboration de Laurent Muhleisen CNDP CRDP ANNEXE 5 ENTRETIEN AVEC CHLO BRUGNON LE 13 JANVIER 2012 Si vous aviez achever la phrase suivante Je voudrais que les spectateurs pensent que les personnages que r pondriez vous n 144 f vrier 2012 Que Les personnages ne sont pas ce qu ils semblent tre Je voudrais que Les spectateurs pensent d abord qu ils sont extr mement ennuyeux puis qu ils sont extr mement fous ou bien qu ils sont comme nous puis vraiment pas Je voudrais que l ambig it de ces personnages ressorte en fait Parce que je crois qu il y a de la folie chez tout le monde et que cette folie est surprenante passionnante J aimerais montrer que les personnages comme les spectateurs ne peuvent pas tre enferm s dans des clich s r duits des st r otypes Il s agit de voir dans le voisin dans les colocataires dans ces figures qui a priori ne sont pas porteuses de r ve des tres susceptibles de nous surprendre de nous transporter D ailleurs en ce moment nous cherchons cela cette ambivalence dans les costumes Pour
97. uoi je n aurais pas pens La cabine t l phonique par exemple c est ca c tait assez compliqu on a failli abandonner l id e parce que la cabine voque la bouteille de cognac Et finalement c est seulement le cas quand on a lu et qu on connait le texte videmment que nous on voit le verre on voit l enfermement mais le public lui ne voit pas une bouteille de cognac quand il voit une cabine t l phonique Pour la rambarde c est la m me chose on voit les ronds sur les bords on se dit nous que cela fait oriental mais en fait elle vient de Reims On ne peut pas se mettre des barri res sous pr texte que cela prend trop de sens Aujourd hui on n est plus dans des univers tr s d termin s tout le monde peut avoir chez soi un tapis persan Et je crois que c est cela le propos de la pi ce En plus en fran ais Arabe ce n est pas le m me sens qu en allemand En allemand Die arabische Nacht ce n est pas connot Chez nous cela a un rapport l immigration imm diat En allemand arabische signifie oriental dans le sens Mille et Une Nuits du terme et il n y a pas cette confusion du francais Je crois que ce texte raconte juste ment ce qu on oublie de voir dans l tranger ce n est pas seulement un immigr mais quelqu un qui arrive avec une culture bien plus vaste Si en France Les Mille et Une Nuits parle tout le monde c est peut tre parce qu il y a de l immigration et qu on est dans un monde
98. urs onirique sas que peuvent emprunter A l oral demander aux l ves de raconter chronologiquement ce qui arrive Fatima Lemonnier Vanina Pour les aider on peut proposer des pistes d in terpr tation non exhaustives pour appr hender la les r alit s en jeu dans la pi ce les personnages dissous la recherche de bribes d eux m mes C est donc la parole des personnages qui d finit et red finit l univers r f rentiel de la pi ce au fur et mesure du d roulement du texte ne cessant d ouvrir les champs du possible Les oppositions sont ainsi structurantes et allient l criture et son contenu la mise en sc ne accepter qu un texte d fie les lois de la causalit Cela permettra de mieux comprendre les choix op r s par la suite lors de la repr sentation Premi re hypoth se on peut imaginer trois r alit s qui se superposeraient la troisi me se nourrissant des deux premi res EXPOSITION NCUD D NOUEMENT R alit A en Occident R alit B ou surr alit Istanbul R alit C r alit r alit B en Occident Le quotidien de lim meuble Le r ve de Vanina qui entraine les autres per sonnages Reconnaissance et ren contre entre Lemonnier et Vanina Fatima se trouve absorb e par la L autre vie de Lemonnier Les v nements dans l immeuble r alit B et n aura plus d existence dans cet espace temps
99. ythme Jeu caract ris par la froideur et la distance Lemonnier Blouse Regard lointain et d tach CNDP CRDP 144 f vrier 2012 Prolongement Les l ves relisent l entretien avec Chlo Brugnon qui explique la gen se du jeu des com diens pour incarner chaque personnage En effet elle a pour lancer la fable jou sur ce qu elle appelle le pr texte du th tre en invitant ses com diens se raconter une his toire dans ce d cor Des acteurs un d cor on invente une histoire qui nous absorbe au fur et mesure Et petit petit ils deviennent leurs personnages Au d but faire comme s il LEMONNIER DANS LE D SERT parler les personnages Les interrogations propos des personnages taient aussi profond ment li es comme nous l avons vu leurs syst mes de relations Aux relations vou es l chec aux relations impos sibles celle qui tant bien que mal finit par exister entre Vanina et Lemonnier l incarnation physique des personnages pendant la repr sen tation permet une rencontre entre person nages et l ves spectateurs Afin de mieux appr hender les connexions complexes entre des personnages tr s seuls on fait r aliser des groupes d l ves des inter views fictives des personnages Khalil Karpati Fatima Vanina Lemonnier sont alors amen s se confier aux l ves qui doivent faire l effort de poser des questions

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