PDF_publics_2011_editeurs les lois du metier
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1. je dirais une l gitimation ou non de telle ou telle culture Le th me de la censure l importance qu elle rev t dans la pratique du m tier de biblioth caire a constitu l un des th mes les plus abondamment d velopp dans les focus groupes En d clinant ce th me les usagers sont revenus sur leur pratique quotidienne en ce sens nous diront que la visite dans l exposition est une exp rience partir de laquelle les usagers produisent un savoir qu ils pourront mobiliser dans leur vie ordinaire 3 M diations apports et limites Dans ce travail de production de sens on peut se demander quelle va tre la fonction des diff rentes m diations qui sont mises en place destination du public Les entretiens montrent que les accompagnements propos s par ceux qui ont con u l exposition rencontrent des pr occupations partag es par nombre de visiteurs Ceux ci en effet doivent satisfaire des contraintes qui peuvent parfois tre contradictoires D une part la n cessit de se mouvoir dans un environnement nouveau ce qui suppose de faire des choix d orientation et d autre part le souci de ne pas manquer l essentiel On se dit bon est ce qu il faut commencer par l pr cis ment Est ce que si je dois me farcir tout le contexte juridique est ce que a va pas m ennuyer et du coup je vais passer c t par fatigue c t des choses qui m int resseraient 4l Ibid entretien 2 fem2. est pas seulement un processus d acquisition de connaissances mais aussi un parcours sensible Des motions surgissent devant certains objets expos s des questions se posent face certains th mes celui de la censure par exemple Quelques professionnels se remettent en question est ce que je ne participe pas une certaine censure Dans leurs parcours nous l avons vu les usagers appr cient que leur soient fournies des clefs de compr hension Les attentes cet gard sont diff rentes Certains visiteurs appr cient d tre guid s pas pas de b n ficier d une sorte de r cit faisant la part belle des acteurs les diteurs les auteurs une histoire qui compose une vaste fresque de diff rentes poques trait es par l exposition D autres s ils appr cient la visite veulent simplement disposer de brefs rep res qu ils compl tent par la lecture des textes Les premiers trouvent du plaisir tre capt s par le conf rencier pris dans les rets de sa parole tandis que les seconds aiment construire leur parcours en restant maitre du jeu Il semble donc int ressant de pr voir plusieurs formats de visites certaines visites longues seront l occasion d une relecture de l ensemble de l exposition D autres plus rapides peuvent fournir quelques jalons que les visiteurs compl teront avec la lecture des textes Il ressort de notre tude que les dits compl ments pourraient se pr senter non seu
3. le sens se fonde sur la ressemblance l image C est le registre de la repr sentation e la m tonymie l exposition est en effet constitu e comme un r seau de renvois dans l espace Un bref parcours dans l exposition nous montre qu elle combine ces trois ordres de sens Les textes qui sont affich s sur les cimaises pr sentent un clairage sociologique politique sur un univers professionnel Il s agit de la production d un discours dont l usager pourra prendre connaissance c t des discours se d ploient des images des films gr ce auxquels le visiteur se repr sente tel ou tel diteur maison d dition Enfin des objets sont expos s lettres livres qui sont autant de fragments renvoyant le visiteur aux mondes dont ces pi ces sont extraites Nous inspirant de ce travail nous interrogerons ici la dimension m diatique de l exposition Alors que la biblioth que forge le projet nouveau d installer et de proposer au public des expositions au c ur de ses espaces quel sens une exposition prend elle pour les visiteurs De quelle fa on ce qui leur est propos est il per u retraduit dans leurs champs d activit s Au plan quantitatif les observations depuis les diff rents bureaux ont indiqu un faible nombre de visiteurs Ce nombre restreint d usagers tait attendu Cette manifestation con ue dans la suite d autres expositions qui se propose d introduire le public au monde
4. univers qui ram ne au plaisir des exp riences de l enfance C est de la bande dessin e c est de l anticipation c est le plaisir de voil c est tout l poque on avait tous appris crire en en lisant des BD On commen ait par les bandes dessin es quand on sl entretien 7 femme 60 ans journaliste entretien 6 femme 58 ans professeur de lettres 2 Focus group le 15 d cembre 2011 entretien 16 homme 45 ans conservateur des biblioth ques 7 Focus group le 15 d cembre 2011 6 Thid tait gamins 77 La r f rence au pass est rendue possible par la mobilisation des sens dans lequel se loge une m moire L effet est imm diat a fait un peu comme une anamn se a m a rem mor des v nements que j avais oubli s Suicide mode d emploi par exemple a m a rappel que la profession se demandait s il pouvait y avoir ce genre de livre dans la biblioth que Ce que permet l exposition c est pour les plus g s une exp rience de m morisation et pour les plus jeunes de revisiter une partie de l histoire contemporaine Comme le souligne un jeune homme je sais qu il y a eu beaucoup de choses sur la censure l poque de Louis XIV donc voil dans l Ancien R gime il y a plein de choses l dessus mais c tait int ressant de le voir euh une poque plus proche de la n tre Le pass n est pas explor mais abord dans une persp
5. a fait mouche lib rant un affect fix dans la repr sentation de l objet zl entretien 13 Homme 35 ans charg de client le entretien 9 femme 66 ans conservateur des biblioth que Focus group le 9 janvier TT Thid A entretien 11 Femme 55 ans jardini re ancienne secr taire de r daction 7 Ibid 3 entretien 16 homme 45 ans conservateur des biblioth ques at entretien 15 femme 65 ans retrait e 10 2 2 Simplification et recomposition Si l on souhaite poursuivre cette r flexion sur la fonction de m dia de cette exposition la question qui se pose pr sent est de savoir si les messages qui y sont communiqu s sont re us par ceux qui la visitent Les entretiens montrent que c est d une fa on le cas puisque ce qui a frapp les visiteurs c est en premier lieu le poids de la censure Cependant ces id es ne constituent qu une part de ce que l exposition explore Pour les commissaires la manifestation portait non pas tant sur le th me de la censure que sur les pratiques sociales au c ur des m tiers de l dition Il s agissait d approcher travers les transformations du cadre juridique dans lequel s inscrit le m tier ditorial les mutations culturelles politiques et morales d une soci t a Pour Isabelle Bastian Dupleix l une des commissaires de exposition la question de la censure y tait en partie trait e travers la confrontation des diteurs un or
6. n ai pas trop pu le faire si Ce type de visiteurs n appr cie pas forc ment comme c tait le cas pour la premi re cat gorie d tre tenu en haleine par le conf rencier Ce qui est recherch dans ce cas c est de collecter des informations permettant de naviguer dans les textes disponibles sur les cimaises Les visiteurs sont des usagers actifs qui veulent avant tout construire leur propre parcours en fonction d int r ts souvent bien sp cifiques et qui sont g n s par un d veloppement trop long de l orateur Lorsque l on cherche mieux cerner les attentes des visiteurs on retrouve l opposition d gag es par D Boullier et F Ghittala propos des usages des sites web Certains usagers du web souhaitent avant tout tre pris en charge c est dire se consid rent comme tranger l univers et demandent un guidage permanent tandis que d autres cherchent au contraire prendre la main c est dire prendre son compte une situation en mobilisant avant 53 Ibid Ibid Se entretien 16 homme 45 ans conservateur des biblioth ques Focus goup 15 d cembre Focus group le 06 janvier 2012 Ibid Focus group le 06 janvier 15 tout ses propres comp tences et savoir faire Si la circulation dans une exposition est une activit bien diff rente de la navigation sur le web il s agit tout comme sur le web de cheminer dans un environnement nouvea
7. qu on se dit de toute fa on je ne vais rien manquer Observons une nouvelle fois qu une visite d exposition comme tout cheminement culturel est loin d tre un parcours de tout repos Le second b n fice concerne le plaisir de se voir raconter un r cit Lors de la visite en effet le projet scientifique est d coup certains v nements sont isol s des personnages sont mis en valeur Une succession ordonn e se d gage qui n apparaissait pas forc ment dans les textes Accompagn s de la sorte les usagers saisissent ais ment la coh rence de la proposition a m a aid d coder parce que j tais d abord all e et j avais arr t me disant qu il y avait une visite qui allait nous aider d coder j avais pas vu de moi m me un fil conducteur 1 Les usagers d crivent la fa on dont ils se sont trouv s en situation d couter un professionnel qui racontait en quelque sorte une histoire Madame D nous a aussi interpell s C tait int ressant justement qu elle nous dise L c est une pi ce vraiment rare et le ton aussi des lettres c est vraiment c est quand m me redoutable quoi les courriers qui s changent Pour le coup c est tr s romanesque aussi gt Dans l extrait d entretien suivant on observe qu un certain plaisir peut tre tir du fait d couter un orateur sur mode passif C est vrai en fait que c est c est tr s confortable parce que vous avez quelq
8. visiteurs Ainsi une dame nous dit avoir compris que l exposition est construite comme un livre Cette dimension est d ailleurs objectiv e dans l espace selon cette m me interlocutrice qui me demande si les cimaises en forme de L symbolisent des livres Les visiteurs dans l ensemble ont l id e qu un message leur est adress dont ils doivent prendre connaissance Cette id e l un d entre eux l voque ici un peu la fa on d un l ve appliqu C est tr s construit On se retrouve avec des panneaux Il y a pas mal d informations et on doit se concentrer sur ce qu il y a dans l espace Parmi les l ments de discours retenus le th me de la censure est re u comme le message de la manifestation J ai t frapp e par les interdits donc a rejoignait un peu les sept p ch s capitaux tous les interdits la morale religieuse Et puis qu est ce qu il y avait comme interdiction aussi Il y avait l interdiction de d moraliser la jeunesse a a m a frapp e Or pour voquer ce discours les usagers se r f rent avant tout aux l ments iconiques les dessins les photographies Ainsi c est dans l espace d di aux bandes dessin es interdites autoris es dont les cimaises pr sentent de nombreuses planches graphiques dont un baiser enflamm donn par Tarzan Jane que les visiteurs r alisent que les comics pouvaient tre consid r s comme rot
9. Biblioth que Centre publique d information Pompidou L exposition a diteurs les lois du m tier un m dia dans la biblioth que Agn s Camus Vigu Juin 2012 Service tudes et Recherche Bpi Sommaire TG da D trou dl ua de 3 1 Visiter lexposition comment et pourquoi ossmentnmmemmeeinunmemnen nntnsenmen 6 1 1 Le contexte et les raisons de E 6 a Le contele niise i eaa E E E EES 6 b LES fe Ee A E EE 6 1 2 Les e EEN le 7 a a a Le a nl 9 2 1 La dimension Ne 2 aineen satasia e iiis r is iaei 9 2 2 Simplification et TOCOMIDOUSDN ES n es 11 3 M diations TEEN 12 SE AD E EA A E E A E S 13 a Un probl me de hi rarchisation des Tes Nu 13 3 2 L Visite RS a ee E EEEE E EE EEE EESE rS EEEF EENS 14 Seet ee 14 eebe ebe Eege Eerst 15 EE 16 RO le Re 18 E ed ou 18 Entretiens e E 18 ENEE eege Eege 18 Introduction Ce travail est le troisi me volet d une s rie d tudes sur les expositions dans la biblioth que Archipel Presse citron qui rendent compte des fa ons diff rentes dont les usagers s emparent de propositions culturelles nouvelles qui leur sont faites dans l espace de la Bpi La Bpi appara t bien travers ces entretiens ainsi que le sp cifie le manifeste de l UNESCO propos des biblioth ques publiques comme une porte ouverte sur la connaissance Il s agit en parcourant une exposition de d couvrir ou de retrouver ce qui attire int resse donne une satisfacti
10. active du parcours qui accorde une grande importance la lecture des textes J ai envie d y retourner car je n ai pas eu le temps de lire tous les textes ni de regarder fond tous les documents Dans ce cas les usagers appr cient de b n ficier de deux approches mettant en fonction la voix du conf rencier et son texte Mais je pense que l a vaut peut tre qu on coute et apr s tu reviens et tu refais l expo et tu lis SE Ces deux types de m diations peuvent parfois entrer en concurrence La forte pr sence de l crit dans la manifestation nous l avons dit contraint fortement l attention ce qui a des effets sur la perception de la visite Ce n tait pas tr s vident en plus de lire d couter le guide et d essayer de se rep rer dans l expo c tait difficile Du coup la visite peut s accompagner pour certains d un sentiment un peu d sagr able C est aussi une frustration de pas pouvoir totalement couter du coup ce que disait la guide parce qu elle disait des choses tr s int ressantes il y avait des informations qui se recoupaient moi je sais que du coup j ai loup des D autres peuvent avoir l impression d un parcours un peu contraint J aime bien aller mon rythme en fait dans une exposition et le fait de suivre quelqu un qui vous explique tout J aime bien lire partout toutes les petites indications pour que ce soit bien clair dans ma t te et du coup je
11. aille sur cette poque A c t donc des motifs de visite qui sont suffisamment puissants pour d placer un visiteur qui se rendra la Bpi pour visiter l exposition il existe des motifs plus t nus une curiosit un usage documentaire ponctuel concernant un des aspects pr cis de la manifestation Un type de visite qui est r alis par des usagers qui sont d j sur place et que les futures expositions r alis es dans la biblioth que pourraient cibler 1 2 Les difficult s signal tiques Lors de cette exposition un dispositif d acc s sp cifique fut mis en place afin de faciliter l entr e aux visiteurs auquel on proposait un forfait pour plusieurs manifestations du Centre Il s agissait ainsi de leur viter la file d attente de la Bpi Ce type de visiteurs pouvaient entrer par la sortie de la Bpi condition d tre munis d un pass journ e ou d un flyer portant un sticker invitation D autres visiteurs entraient par ailleurs l exposition en passant par l entr e Bpi en patientant dans la queue Le dispositif tait donc relativement complexe Pour les visiteurs qui ne font pas partie du public de la Bpi les entretiens font tat de nombreuses difficult s trouver le lieu d exposition Certains se bornent en faire le constat C est tr s tr s mal indiqu sl D autres esquissent une interpr tation Elle est difficile trouver tr s confidentielle sl L exp
12. artie bandes dessin es la partie guerre euh c est un peu un d dale oui il y a des grands modules mais on rep re un peu a par hasard sf C est sans doute la pr sentation sous forme de modules th matique qui a pr sent une difficult pour ce visiteur difficult encore renforc e par le fait que l exposition tait distribu e en deux parties J tais un peu perdue a partait dans tous les sens Donc je me suis demand e si a c tait pas la suite de l expo De part et d autre de l all e centrale on n avait pas forc ment conscience qu il y avait une suite l exposition Ainsi lors d une visite accompagn e durant laquelle je suivais la visiteuse elle r alisa parce que je le lui indiquais qu elle n avait fait qu une seule partie de la visite II faut aller l bas aussi Parce qu effectivement je crois que j y serai pas all e J avais pas vu Bai Un autre visiteur surpris lorsque je lui parlais des deux parties de l exposition s inqui te Ah j ai peut tre rat une partie alors Ces probl mes de rep rage taient sans doute encore accentu s du fait de l organisation adopt e en raison de l espace restreint Les indications chronologiques affich es l arri re de la cimaise n taient gu re visibles Lorsque ces probl mes d orientation se posent qui s adresser Il n est pas forc ment ais de se diriger vers les biblioth caires derr
13. ation il y avait des formations morales enfin on enseignait encore la morale il y avait on v hiculait tout un tas de crit res de bonne conduite donc dans la soci t sl Dans ce t moignage le lien tabli va plus loin qu un simple rapprochement La personne s identifie en partie ceux qui ont une certaine id ologie favorisant la censure Il y a donc un retour r flexif sur sa propre exp rience partir d l ments de savoirs qui ont t collect s dans l espace de l exposition Ces l ments de savoir vont donner une consistance diff rente ces fragments de vie Sur ce versant la visite de l exposition et la signification donn e ce qui y est expos permet d expliquer le monde dans lequel on vit Le th me de la censure trouve un cho certains aupr s de nos interlocuteurs car il invite faire le lien avec le monde contemporain Tout ce travail de compilation qui est fait sur la censure a fait penser la censure l heure actuelle la fatwa lanc e contre le dessin de presse de Charlie Hebdo sl Il invite aussi faire un lien avec ce qui se d roule dans son univers professionnel la censure c est un biais diff rent mais tr s pertinent d voquer un probl me que nous on a aussi parce que c est pas de la censure quand on ach te pas un bouquin on fait pas de la censure mais on en fait quand m me Puisqu on en ach te un autre aux d pens de celui l pour des pr textes qui sont li s
14. de formation IUT du livre Dans la seconde cat gorie le public de la Bpi on trouve des personnes qui ont d j vu une exposition pr c demment dans ce m me espace ce qui suscite certaines attentes Je viens souvent ici et j ai vu l affiche j aime bien les expos qui ont lieu dans cet espace sf Il y a aussi les curieux qui parce qu ils ont vu l affiche mais aussi une photo un titre pensent que le sujet peut les int resser Un tudiant en Master 1 de litt rature fait son m moire sur Pauvert En circulant il a appr hend quelques l ments qui l attirent Je l aper ois quelques minutes plus tard dans le module Pauvert Il n y a pas eu de comptabilisation des diff rents types de publics mais observons n anmoins que dans notre corpus d entretiens les personnes appartenant la cat gorie non public de la Bpi sont plus nombreuses contrairement l exposition pr c dente sur les dessins de presse Presse citron b Les motifs de visite Cette typologie rudimentaire donne une premi re indication concernant les motifs de visite Les visiteurs ext rieurs mentionnent en priorit un int r t pour l intitul de l exposition Certains usagers toutefois en soulignent l ambigu t Les lois de l dition est un nonc quivoque c est dire qu il peut signifier beaucoup de choses juridiction lois du genre contraintes subies Les entretiens montrent que les visiteurs ont in
15. de l dition et d en faire ressortir les grandes figures et les enjeux n a pas trouv le public qui aurait pu tre le sien si l exposition avait t pr sent e sur la coursive comme ce fut le cas des autres manifestations sur ce m me sujet L exposition au discours complexe fourni tr s document s adressait non seulement au public de la Bpi mais aussi des sp cialistes des personnes immerg es dans le monde de l dition Nous verrons que pour ceux ci se frayer un chemin d acc s jusqu la Bpi n a pas t ais Certains cependant s y sont aventur s et y ont trouv des b n fices que nous d crirons dans une deuxi me partie 2 apr s nous tre int ress s au contexte dans lequel les usagers sont venus visiter l exposition 1 Enfin dans une derni re partie nous aborderons la th matique de la m diation une question qui n a pas t trait e dans les enqu tes pr c dentes La m diation le terme m diation vient du terme latin mediare d signe un interm diaire entre ces deux entit s relativement abstraites que sont les savoirs et les usagers Dans la r alit on s carte de ces abstractions pour observer des personnes concr tes ayant des attentes des priorit s des projets qui doivent pour les mener bien p n trer dans un monde documentaire qui ne leur est pas familier Nombre d enqu tes de publics ont mis en vidence quel point la premi re visite la b
16. dre moral le propos visait plut t faire comprendre le fonctionnement du monde de l dition une entreprise qui doit g rer une image gt n et qui par cons quent doit jouer avec des r gles sociales dans un monde en transformation Le discours portant l exposition d passait donc largement le th me de la restriction des livres puisqu il cherchait cerner une entreprise culturelle en mouvement la fois atteinte par le changement social et en m me temps acteur de ce changement On observe donc un cart entre le message diffus par les commissaires et ce qui en est retraduit au cours des entretiens Ces traductions s accompagnent d une simplification De la complexit des interactions entre acteurs sociaux nos interlocuteurs ont dans l ensemble extrait un message plus simple L exposition portait pour eux sur la censure Ce hiatus est somme toutes logique Le discours labor par les commissaires d exposition rel ve en effet de la pens e scientifique qui met en vidence des faits tablis construits logiquement Les nonc s produits dans les entretiens et les groupes de discussion rel vent quant eux de la pens e quotidienne celle qui s exprime dans les conversations l vocation de souvenirs la transmission des rumeurs les passions des foules La pens e quotidienne appel e aussi pens e sociale est celle d un sujet pratique qui se saisit des informations disponibles et les int gre dans un
17. e de r daction 4 entretien 13 Homme 35 ans charg de client le 7 expr s pour a sl Cach e l exposition N tait elle pas tr s visible au contraire avec ses hauts panneaux dress s au premier tage de la Bpi C est que les visiteurs venant de l ext rieur ont un st r otype de l espace d exposition construit autour de certains traits un lieu d di un large espace de d ambulation et qui ne correspond pas ce qu ils trouvent dans l environnement de la Bpi compos de tables d crans puisque l exposition est situ e au c ur des collections Lorsque ce visiteur dit que l exposition est cach e il faut donc entendre invisible car la manifestation est pr sent e dans un espace qui ne correspond pas ce qu ils attendent D autres probl mes se posent ensuite lorsqu il s agit de comprendre ou d bute l exposition L entr e de la pi ce elle est o Moi je me suis arr t ici puisque voil l il y a la pr sentation de l exposition o il y a l ordinateur je ne sais pas comment faire pour commencer l exposition Pour ce premier visiteur il s agit donc de d limiter l espace de visite Pour un second c est une autre question qui se pose J ai t un peu d rout e par l installation parce que j arrivais pas comprendre s il y avait un centre de l expo sl Un autre visiteur exprime une sensation identique un peu diff remment Il y a la p
18. ective dynamique En effet au cours du parcours sont activ es des ressources cognitives m moire long terme encodage d informations Ce travail op re une transformation agit sur des tats mentaux Ce qui tait connu s agence diff remment Il peut s agir de l exp rience v cue qui comporte forc ment des blancs La guerre d Alg rie j tais enfant l poque et j ai v cu une exp rience tronqu e a Mais aussi de la connaissance d un horizon culturel sorte de puzzle qu il est possible de compl ter l aide des morceaux manquant il y avait une revue f ministe que enfin vraiment que j avais jamais eu sous les yeux quoi Et l je me suis dit bon bon sang de bonsoir sl La pi ce nouvelle largit ainsi un champ de r f rences Oui je me suis dit ah mais j aurais d lire a l poque je l ai pas fait et permet de pr lever des informations qui n ont pas t v hicul es dans les r seaux de proximit On a beau tre duqu s civiquement voil et s int resser des tas de choses on a des on a ses propres ill res C est aussi le fait que les objets soient rassembl s qui largit l horizon C est amusant de voir que les bandes dessin es des ann es 50 qui taient censur es et qui se vendaient quelques francs des gamins maintenant c est des choses de collection que les collectionneurs s arrachent quoi La cr ation d une collection
19. f r un contenu l exposition c est dire qu ils ont combl l implicite du titre et l on fait diff remment en fonction de leurs attentes Une personne elle m me diteur explique tre venue car ayant un 7 a m int ressait je suis ditrice Je suis venue pour l expo Munch et quand j ai vu que j avais la possibilit de visiter l expo avec son billet je suis toute suite venue entretien 4 femme cinquante ans diteur S entretien 6 femme 58 ans professeur de lettres cours faire sur l dition elle esp rait trouver des informations conomiques g n rales Les lois du m tier c est la distribution les diteurs entre eux les gros les petits J ai t un peu d ue parce que l c est la censure A contrario certains ont un a priori n gatif et une fois dans l exposition c est la bonne surprise Je pensais que a allait tre tr s juridique que je pensais que ce serait plus aust re Enfin j avoue que je m tais pas pos non plus toutes les bonnes questions c tait des a priori sl Notre corpus comprend galement des personnes qui fr quentaient la biblioth que et ont saisi l opportunit de l exposition pour nourrir un travail en cours Ainsi l tudiant travaillant sur Pauvert pr sent pr c demment ou encore un monsieur retrait je cherchai de l information li e la guerre d Alg rie j ai retrouv les carnets de mon p re et je trav
20. i re les bureaux d information Voila il faut qu on puisse me dire J ai pas envie d emmerder les gens qui sont en train de travailler j ai pas envie de perdre mon temps non plus Mais j ai besoin de savoir o je dois aller me confie un utilisateur un peu d sempar A mot couvert cet autre visiteur exprime ce qui se d duit logiquement des difficult s exprim es Je trouve que c est assez bien fait mais je ne suis pas s re qu il n y aurait pas eu besoin d un fl chage a Il semble en effet que l on n ait pas pris la mesure des difficult s de rep rage rencontr es par les visiteurs 15 16 17 al Femme 65 ans retrait e Homme 35 ans charg de client le Femme 55 ans jardini re ancienne secr taire de r daction femme 65 ans retrait Femme 65 ans retrait e femme 65 ans retrait e entretien 12 entretien 13 entretien 11 entretien 15 entretien 12 entretien 15 19 20 kel UN kel kel kel keecl 2 D couvertes Une fois ces probl mes d acc s l espace r solus les visiteurs vont donc pouvoir circuler dans l exposition Int ressons nous aux messages qu ils y re oivent Est ce que la composition d l ments r f rant aux registres linguistique le langage analogique l image m tonymique un r seau de renvois a des effets sp cifiques Observons tout d abord combien la dimension discursive de l exposition est suggestive pour les
21. iblioth que exigeait l acquisition d un nouveau langage sans lequel la biblioth que demeure difficile d acc s ma trise des classifications de l utilisation du Catalogue 1 La notion de m diation indique en fait le souci des biblioth caires d accompagner les usagers de les guider lors de leurs cheminements parfois complexes les menant vers les ressources mises leur disposition dans les espaces et les rayonnages Il peut s agir parfois de simples l ments signal tiques ou de cartels donnant des informations concernant tel ou tel service de la biblioth que La m diation va cependant bien au del de la simple information lorsqu elle devient m diation culturelle comme ce fut le cas dans Ibid p 32 l exposition diteurs les lois du m tier L accompagnement en effet a pris deux formes d une part des textes qui articulaient le parcours et le projet scientifique de l exposition d autre part des visites guid es qui soulignaient les articulations essentielles du propos scientifique David Sandoz d finit ainsi la m diation culturelle des dispositifs qui ont pour fin d veiller d ouvrir les usagers du nouveau de l inconnu des uvres des formes des id es ou des connaissances nouvelles puisqu il s agit d inciter veiller ouvrir les usagers du nouveau sf Or ce qui tait offert l au public repr sentait cette ouverture un nouveau discours produit par la bibli
22. iques IL y a un arr t sur image qui fait appara tre le sujet dans sa dimension politique la traque des BD du roman populaire a c est vraiment l une des d couvertes de l exposition 2 1 La dimension m tonymique A couter les usagers de l exposition la force d vocation des objets appara t avec force Ainsi lors d un entretien collectif plusieurs participants g s de 40 50 ans voquent les planches des bandes dessin es expos es qui leur ont permis de se souvenir de la lecture de comics passant visiblement un bon moment cette rem moration collective L objet expos en effet a une r alit une paisseur Je me suis beaucoup int ress e l Alg rie donc j tais contente de voir les livres aussi quelque part a fait une rencontre a on en entend parler et l on a l occasion de les voir Les visiteurs indiquent la dimension affective de ce qui se pr sente dans un ici et maintenant Les livres sur l Alg rie a m a beaucoup mue gt qui fait resurgir le pass Moi j ai vu dans l ducation sexuelle les deux petits enfants sur le fauteuil Maman toute g n e me l a offert Donc c est mouvant aussi de se dire ben peut tre qu elle a eu bien du mal aller l acheter L objet a bien comme le soulignaient Elis o v ro et Martine Levasseur une dimension m tonymique C est un l ment qui renvoie un ensemble plus vaste un v ritable fragment d
23. lement comme des textes lisibles sur les cimaises de l exposition mais sous forme de plaquettes bibliographies conseill es L une de nos interlocutrices a exprim le souhait de pouvoir garder trace de ce savoir labor l occasion de la manifestation N oublions pas que le d sir de transmission aux proches aux enfants notamment est un motif puissant pour se rendre dans une exposition D Boullier et F Ghittala 2003 L Outre Lecture BPI Centre Pompidou p 88 61 le traitement de l alt rit se manifeste dans une activit op ratoire quip e par l espace de l exposition par la d ambulation physique et par le regard Ibid p 88 Observons que lors de l exposition Spiegelman qui eu lieu quelques mois plus tard du 20 mars au 21 mai 2012 deux types de visites ont d ores et d j t organis es selon ce double tempo des visites guid es sur rendez vous visites longues et des visites clair destin es un public plus large cf Bilan des visites et m diations de l exposition Spiegelman r alis par Nathalie Daigne en juin 2012 16 Observons enfin que quelque soit le format de visite qui soit choisi par les visiteurs il est important de noter deux tendances l id e chez beaucoup de ceux qui suivent les visites qu ils ont une comp tence limit e en mati re culturelle le fait qu une visite d exposition est le plus souvent le fait de visiteurs dont l emploi du temps es
24. me cinquante cinq ans m diateur familial i entretien 16 homme 45 ans conservateur des biblioth ques 12 davantage Enfin c est tout le risque qu on prend chaque fois qu on va dans une exposition sl Les m diations peuvent donc soulager en partie les visiteurs de cette charge Si la visite d une exposition en effet rel ve le plus souvent du loisir elle n en rel ve pas moins d un calcul co t b n fice Ce qui est investi est du temps et les visiteurs cherchent en retirer un b n fice dont on peut faire l hypoth se qu il est personnel mais aussi social partage avec des proches amis famille et transmission aux plus jeunes A cet gard les textes que l on peut emporter avec soi sont les bienvenus et ceci sur n importe quel support J ai regrett qu il n y ait pas un petit d pliant sur support papier ou t l chargeable pour l avoir parce qu on oublie on sait plus Parce qu on se dit Tiens je l ai vu quelque part et je suis all e sur le site apr s Mais apr s le site un jour quand l expo sera finie on y aura plus acc s ou on trouvera plus les donn es sl Si une forme d accompagnement est g n ralement bienvenue quelle forme doit elle prendre simple information signal tique encart aidant au rep rage ou plut t explicitation du sens du discours sous tendant l exposition Nous envisagerons ici deux types de m diations En premier lieu les textes qui pr sentent et co
25. mmentent les pi ces expos es dans les diff rents modules Ensuite les visites guid es r alis es soit en groupe soit de fa on individuelle Ce deuxi me type de visite plus rare est offert par les commissaires d exposition certains visiteurs sp cifiques journalistes auteurs 3 1 Les textes La forte pr sence de l crit dans la manifestation est indiqu e par plusieurs de nos interlocuteurs Sur un sujet comme a c est formidable qu il soit nourri aliment de textes de lois ou encore C est une exposition qui est tr s document e On pourrait penser que la place de l crit est un support une aide pour le cheminement C est en partie le cas mais les textes ne sont pas simplement per us comme des rep res permettant de baliser la circulation Une point d inqui tude semble percer dans l nonc suivant qui interroge la place des textes c est une exposition tr s fouill e dans ses textes je suis pas s r que les visiteurs puissent embrasser je dirais l ensemble des connaissances ainsi synth tis en une visite si Effectivement la question se pose de savoir combien de temps sera n cessaire pour lire ce qui est crit Du fait de la masse d informations cette activit peut se pr senter comme une activit oblig e a Un probl me de hi rarchisation des textes Il faut souligner galement que la diff rence de taille des caract res n a pas t per ue ce qui im
26. on l il et ou l esprit Ces enqu tes montraient galement que si nombre de visiteurs des expositions appr cient le fait d enrichir leurs connaissances en parcourant les expositions le savoir acquis n est pas de l ordre du savoir pour tous comme celui qui est transmis l cole ou l universit Le visiteur d exposition a bien souvent une attitude volontariste une d marche active Il construit activement son parcours de connaissance utilisant les balises chronologiques et th matiques qui lui sont offertes mais prenant appui aussi sur ses propres rep res Les entretiens r alis s avec les visiteurs des expositions indiquent que bien souvent le temps pris pour la visite de l exposition est un temps pris sur les contraintes les obligations C est un temps pour soi qui est donc celui du d lassement et qui touche galement au loisir cultiv la recherche personnelle Dans ce travail de construction sont mobilis es non seulement des capacit s cognitives qui permettent aux visiteurs de prendre connaissance des documents mis leur disposition de lire les textes mais aussi l appel un imaginaire Des objets livres photos films sont pr sent s Chacun les int grera ou non dans un parcours qui fait sens pour lui L exposition diteurs les lois du m tier prenait appui sur un projet riche et ambitieux A travers les proc s les affaires et les limitations de diffusion des livres la manifestati
27. on retra ait les occasions au cours desquelles les diteurs ont t confront s l ordre moral politique religieux conomique depuis l apr s guerre jusqu la p riode contemporaine et les strat gies auxquelles ils ont eu recours afin de poursuivre leur activit Les d coupages de l espace structuraient cette mise en perspective via diff rents modules th matiques et chronologiques Dans ce rapport d tude nous nous interrogerons plus pr cis ment sur le mode de communication sp cifique permis par l exposition Une exposition en effet est bien plus qu une collection ou un ensemble de documents mis disposition du public Jean Fran ois Barbier Bouvet le souligne dans l introduction de l ouvrage d Elis o Veron et de Martine Levasseur Ethnographie de l exposition L exposition n est pas une juxtaposition quivalente d objets de contemplation c est un syst me structur par un discours Pour Elis o Veron et Martine Levasseur l exposition est un m dia Le m dia est un lieu de production et donc de manifestation du sens sl L exposition eu lieu du 9 novembre 2011 au 9 janvier 2012 Ethnographie de l exposition L espace le corps et le sens 1983 Paris Bpi Centre Pompidou p 14 Ibid p 27 Ibid Les auteurs pr cisent que trois registres du sens s y m lent e Je linguistique les relations signifiantes s y produisent partir du langage e analogique
28. osition serait elle r serv e un petit groupe d happy few Les probl mes commencent d s le forum du Centre o le trajet pour parvenir au lieu recherch s engage comme un jeu de piste j ai rep r la banque d accueil qu il y avait un petit petit flyer l j ai dit bon je vais aller voir o c est Et puis je comme j ai vu que c tait qu il fallait monter donc j ai commenc monter puis j ai cherch et j ai demand enfin j ai pos la question plusieurs fois je suis arriv e vers l espace qui est en fait la sortie de la Bpi et il y avait plein d appariteurs je leur ai dit je cherche a Ils m ont dit Ah ben c est par l Donc je Oui mais alors je peux entrer parce que c est la sortie Ils mettaient des trucs interdits Oui ben passez Alors je suis pass e sl Cette circulation difficile comme le souligne un visiteur a fait le parcours du combattant quoi ell Les lieux une fois atteints il s agit d y rep rer l exposition Oui mais apr s arriv e au premier tage j ai dit ben o elle est cette expo c est a Elle est planqu e moi je venais R entretien 4 femme cinquante ans diteur 10 Focus group le 15 d cembre 2011 usagers de la Bpi n entretien 14 Homme 86 ans retrait 1 entretien 11 Femme 55 ans jardini re ancienne secr taire de r daction e entretien 11 Femme 55 ans jardini re ancienne secr tair
29. oth que un discours transmis via les textes et la voix de l animateur Comment ces m diations ont elles t re ues Est ce qu elles constituent un support pour la visite Ont elles incit les visiteurs entrer dans le discours de l exposition Telles sont les questions qui constituent le fil directeur de la derni re partie de ce travail M thodologie 16 entretiens semi directifs 3 focus groups Laure Bourgeaux 2011 projet d tude sur la m diation sur place Etudes et Recherche 5 1 Visiter l exposition comment et pourquoi Pourquoi visiter une exposition situ e au c ur de la Bpi et quel est le parcours emprunt par les visiteurs pour p n trer dans nos murs 1 1 Le contexte et les raisons de la visite a Le contexte Les visiteurs de l exposition peuvent se r partir en deux grandes cat gories e ceux qui ne font pas partie du public de la Bpi et viennent sp cifiquement pour l exposition e ceux qui fr quentent la biblioth que ponctuellement ou r guli rement La premi re cat gorie le non public de la Bpi comprend d une part les visiteurs du mus e auxquels on a remis un ticket donnant galement un droit d entr e l exposition de la biblioth que D autre part les personnes qui ne font pas partie du public du Centre Elles ont eu l information par une affiche vue dans la ville un message lu dans une revue y compris des revues professionnelles ou leur lieu
30. ouvaient sur un sujet qui les int ressaient sp cifiquement Ex la guerre d Alg rie tel diteur une profusion d informations Le fait de les avoir sous les yeux permettait d en disposer et de circuler facilement Face cette impression prouv e par certains d tre submerg s de textes et alors m me qu ils pouvaient ressentir en m me temps une impuissance tout lire la visite guid e pouvait constituer un compromis Nous allons voir que la perception de ce dispositif est plus complexe 3 2 La visite guid e De nombreuses visites guid es ont t mises en place tout au long de l exposition Certaines s adressaient au public et d autres des professionnels de la documentation et des biblioth ques Elles ont t dans l ensemble tr s appr ci es La visite permet en effet d aller au del d une impression superficielle Elle donne des clefs pour entrer dans le discours qui sous tend l exposition et facilite par la m me son appropriation Les entretiens cependant permettent de mettre en vidence le fait que des attentes diff rentes coexistent dans le public l gard des visites a Une visite approfondie Pour certains la visite guid e est per ue comme le moyen de s en remettre l expert ce qui apporte un certain nombre de b n fices Tout d abord un soulagement quant aux d cisions prendre durant le parcours Avec la visite c est vraiment tr s confortable parce
31. plique que les visiteurs n ont pas dans l ensemble d cod l offre qui proposait plusieurs niveaux de lecture D o l impression ressentie par certains d avoir t confront s une multitude de textes sur lesquels ils devaient focaliser leur attention N oublions pas galement que du fait du manque de place la plupart des cimaises taient couvertes ce qui laissait peu de place aux espaces vides favorisant le repos de l il Il probable qu il y ait eu parfois un effet de surcharge cognitive Un conservateur des biblioth ques expert en mati re d organisation d exposition conseille de travailler ce que la s rie des textes pr sent e soit moins touffue C est un peu la m me logique qu un catalogue d exposition a n apporte pas grand chose par Focus group le 15 d cembre 2a entretien 11 Femme 55 ans jardini re ancienne secr taire de r daction entretien 11 Femme 55 ans jardini re ancienne secr taire de r daction entretien 9 femme 66 ans conservateur des biblioth que entretien 16 homme 45 ans conservateur des biblioth ques 13 el a rapport ce type de pr sentation c est une peu trop intello Selon elle ce type de pr sentation est susceptible de d courager les visiteurs les moins jeunes WE Si certains avaient parfois l impression qu ils avaient trop lire ceux qui se saisissaient d un aspect pr cis de l exposition taient satisfaits Ils tr
32. processus de pens e pr existant un r seau de cat gories plus famili res qui va lui permettre d int grer de nouveaux l ments de savoir Ce processus passe donc n cessairement par une simplification du message retraduit ce qui permet un sujet de s assurer de l appropriation cognitive d un aspect du monde et de guider l action son propos C est ainsi qu il explique le monde qui l entoure et lui donne sens Pour nous replacer du point de vue de nos usagers on avancera que la th matique d clin e de fa on complexe par les commissaires d exposition se recompose autour du noyau censure le th me dont l occurrence revient le plus fr quemment dans les entretiens Autour de ce noyau on trouve des l ments plus p riph riques l engagement des diteurs l gard des auteurs Il y a une articulation entre celui qui crit et celui qui dite c est a qui m a int ress e et propos du module sur Boris Vian I y a des livres qui paraissent et qui pourtant ont t tra n s dans la boue il a failli aller en prison cause de a Cette dimension est per ue notamment gr ce la collection de lettres qui r f rent l univers dans lequel a v cu travaill 7 Document de communication de l exposition p 1 Entretien le 12 d cembre 2011 7 Rouquette M L introduction qu est ce que la pens e sociale in La pens e sociale res hors collec
33. t contraint La plupart d entre eux font un calcul mettant en perspective le temps pass et le gain de savoir et ou le plaisir de la visite De ce point de vue la production de documents brefs et vari s constituerait sans doute une valeur ajout e non n gligeable 17 Liste des entretiens Cahier de terrain entretien 1 tudiant en Master litt rature public Bpi entretien 2 femme cinquante cinq ans m diateur familial non public Bpi entretien 3 homme Quarante ans non public Bpi entretien 4 femme cinquante ans diteur non public Bpi entretien 5 homme 35 ans intermittent dans le secteur audiovisuel non public Bpi entretien 6 femme 58 ans professeur de lettres public Bpi entretien 7 femme 60 ans journaliste non public Bpi entretien 8 homme 70 ans retrait public Bpi entretien 9 femme 66 ans conservateur des biblioth que public Bpi Entretiens Enregistr s entretien 10 Deux hommes de Nationalit su doise diteurs 45ans non public Bpi entretien 11 Femme 55 ans jardini re ancienne secr taire de r daction non public Bpi entretien 12 Femme 65 ans retrait e non public Bpi entretien 13 Homme 35 ans charg de client le non public Bpi entretien 14 Homme 86 ans retrait non public Bpi entretien 15 femme 65 ans retrait e public Bpi entretien 16 homme 45 ans conservateur des biblioth ques public Bpi Focus groups Le 15 d cembre 2011
34. tion 2009 p 5 10 38 Rouquette M L introduction qu est ce que la pens e sociale a entretien 2 femme cinquante cinq ans m diateur familial 2 entretien 13 Homme 35 ans charg de client le 11 Boris Vian Un monde dans lequel des diteurs se risquaient faire en sorte que des textes auxquels ils croyaient puissent tre dit s et lus S il le message est simplifi il est aussi reconstruit ce qui implique des carts par rapport au message initial La fa on de penser le m tier d diteur par exemple se trouve un peu d plac e chang e gr ce la circulation dans l exposition Ce sont de nouveaux traits du m tier d diteurs qui sont mis en vidence des traits qui jusqu pr sent n taient pas forc ment constitutifs de la repr sentation que les usagers pouvaient s en faire une poque o avec la multiplication des crits via Internet la sp cificit de ce m tier dispara t Cette dimension exp rientielle permet de tisser des liens de nouer des fils qui ne l taient pas jusqu pr sent C est ce que fait un visiteur qui donne une consistance nouvelle ce qu il voit partir de fragments de son exp rience moi ce qui m a frapp e c est l importance de la censure sous la S me R publique c est Je ne pensais pas qu il y avait tout ce tout ce travail souterrain qui tait fait cette surveillance J ai commenc comme institutrice et dans ma form
35. u D Boullier et F Ghittala voquent d ailleurs les travaux d Elis o Veron sur l exposition en soulignant que celui ci a apport un clairage in dit sur le traitement de l alt rit dans l espace de l exposition espace de d ambulation o des objets sont soumis au regard D Dans ce voyage en terre inconnue les visiteurs appr cieront d tre transport s via le r cit d un expert ou de trouver eux m mes des rep res dans l environnement visuel Dans ce dernier cas le conf rencier doit accepter une coute parfois flottante des abandons momentan s pour aller lire et regarder les documents Conclusion Les entretiens r alis s dans le cadre de cette tude montrent que les visiteurs s ils ont fr quent l exposition en nombre restreint en ont tir des b n fices L exposition a donc trouv son public un public auquel l exposition a parl En ce sens comme le souligne Eliseo Veron l exposition est bien un m dia travers lequel un message est adress aux usagers L tude montre en outre que ce m dia participe la production de nouveaux savoirs dans la biblioth que Ces savoirs sont co construits par plusieurs acteurs les concepteurs de l exposition les m diateurs qui se font les passeurs du discours qui sous tend l exposition mais aussi les visiteurs qui circulent dans les lieux Ces derniers en effet participent l laboration de savoirs au cours d un parcours qui n
36. u un qui va vous d plier tout ce is entretien 9 femme 66 ans conservateur des biblioth que ji Focus 15 d cembre Ibid Ibid 14 que vous devriez inventer si vous tiez seul En effet le guide averti pargne un co t cognitif et en plus gr ce aux anecdotes a va rester imprim dans ma m moire beaucoup plus facilement en fait Cet ajout qui rend la m morisation plus ais e c est ce qui est hors texte les petits faits rapport s sont autant d images qui s ajoutent l crit et lui donnent une consistance L clairage apport par le conf rencier permet galement d entrer davantage dans la complexit du discours scientifique on nous a tr s bien expliqu a le sujet a c est enfin des m urs au sens large les m urs sexuelles bien s r mais aussi politiques historiques etc Et a je trouve a tr s int ressant de pas utiliser la censure uniquement comme un outil m canique mais comme le reflet d une situation politique d un temps donn alors m me que les textes sur lesquels on s appuie restent les m mes Mais on les interpr te diff remment selon l poque laquelle on les utilise La visite approfondie offre la possibilit de se glisser ais ment dans le discours produit par l exposition et d en faire son miel b Des rep res textuels Pour d autres si la visite guid e donne des indications elle doit pouvoir se doit se combiner avec une construction
37. usagers de la Bpi 4 personnes Le 6 janvier 2012 l ves en licence professionnelle Edition et commerce du livre IUT 13 tudiants un professeur un documentaliste Le 9 janvier 2012 D U de biblioth caires 25 tudiants 18
38. via l exposition fait prendre conscience de la valeur des objets qui sont alors appr hend s comme dignes d int r t puisque supports de culture Personne ne pourra nier que la bande dessin e est devenue une culture part enti re quoi c est vrai que tout cet aspect l tait euh largement inconnu Les objets suscitent un imaginaire Certains d entre eux sont li s un univers symbolique complexe po tique sulfureux Aussi certains usagers ont ils regrett que la sc nographie ne joue pas d avantage sur leur pr sence et soit rest e tr s modeste C est un peu froid les fleurs du mal de Baudelaire l elles sont un peu tristounettes Elles sont dans leur petit cube J aurais peut tre mis un peu de couleur dessus pour r veiller le truc C est quand m me les fleurs du mal de Baudelaire quoi si La confrontation des usagers aux objets dans l espace livres photographies planches de BD peut donc tre ressentie par ces visiteurs de fa on paradoxale dans la mesure o ces objets ont une certaine pr sence ils produisent en cela un effet de r alit dans la temporalit de la visite Mais simultan ment ils renvoient un ailleurs plus vaste le pass la politique la po sie d o leur effet m tonymique ce qui est au centre de la fonction de l exposition comme m dia L motion r elle qui est suscit e dans la rencontre avec l objet indique que pour un visiteur l un de ces renvois
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