La guerre 39/45 à Solesmes : l`Occupation et la Libération.
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1. Souvenirs de gamins de 10 ans La guerre 39 45 Solesmes l Occupation et la Lib ration Paul Ren et Jean avaient une dizaine d ann es au d but de la guerre Ils sont all s rechercher au fond de leur m moire d enfants les souvenirs de ce qu ils ont v cu cette poque de ce qu ils ont vu ou entendu Ce n est pas une page d histoire qu ils pr sentent mais seulement des fragments de souvenirs racont s p le m le au fil d une conversation b tons rompus Ils sont fils de fermier ou d ouvrier ce qu ils ont en commun c est d avoir v cu Solesmes cette p riode de l Occupation avec leur regard d enfants Un des premiers souvenirs qui revient Paul c est l arriv e des Allemands Dans l enceinte de l abbaye rue Marchande face l actuel restaurant le B uf Fermier le b timent servait de poste sanitaire fran ais Deux side cars allemands arrivent Paul regarde la sc ne de chez lui il habite juste en face Les m decins fran ais ont cru qu on venait les chercher Ce b timent servit ensuite de base m dicale pour les militaires allemands Ces derniers ont install leur poste de commandement dans l ancienne mairie rue Jules Alain Sur la fa ade flottait une grande banni re rouge avec la croix gamm e J tais dr lement impressionn quand je passais devant pour aller l cole raconte Ren Officiers sous officiers et hommes de troupe devaient tre h berg s ch2. le maire et la population que le pont sauterait 14 heures A l heure dite une arche s effondre dans la rivi re C tait le 7 ao t 1944 D s le lendemain la population fraternisa avec les soldats am ricains qui distribuaient en abondance tablettes de chocolat cigarettes Camel et chewing gum N en connaissant pas le mode d emploi Jean avala tout rond son premier chewing gum Gav de conserves les G I acceptaient volontiers les tomates qu on leur offrait 31 A c t du regard des enfants celui des moines Les heures de la lib ration Solesmes Mai Ao t 1944 Sous ce m me titre la Lettre aux amis de Solesmes publiait en 1994 n 3 un texte r dig en 1944 par le chroniqueur de l abbaye Saint Pierre qui relatait les v nements tels qu ils furent per us au sein de la communaut Les lignes qui suivent tentent de r sumer au mieux les faits rapport s C ELEEECEEE EEE EEE EEE ETES TES EESTI TS En mai 1944 le temps tait beau et chaud et l t venir s annon ait torride l aviation alli e avec une pr cision m diocre bombardait de temps autre la poudrerie de Malpaire Pr cign ou mitraillait les trains allemands circulant entre Sabl et Avoise Le jour du d barquement sur les c tes normandes le 6 juin 1944 la gare de Sabl re ut ses premi res bombes en fin d apr s midi il y eut un mort et quelques bless s Le 10 la gare de Juign est mitraill e Les 14 et 15 le via
3. duc de Chantemesle desservant l usine d explosifs de Malpaire est galement vis la voie ferr e est sectionn e Le survol incessant des avions rappelle en permanence le tragique de la situation Le 23 juin une centaine de vieillards vacu s de l h pital du Mans et de l asile d partemental sont transport s en autocar Solesmes Apr s avoir transit durant trois jours l abbaye Saint Pierre ils trouveront place dans une cole de Sabl Le 28 juin le pont de Solesmes est bombard mais les aviateurs ratent leur cible Le P re Abb Dom Cozien d cide que les caves du monast re pourront d sormais servir d abri toute la population Un nouveau groupe de vieillards manceaux arrive Solesmes le 20 juillet Accompagn s de leur personnel soignant ils seront h berg s jusqu en octobre l abbaye Saint Pierre o ils constituent une sorte de communaut annexe Le 2 ao t un largage de bombes au dessus de Port Etroit entre Juign et Sabl fait trois morts t fut Sabl et dans la campagne environnante une journ e de grande effervescence La s troupes am ricaines rendait les allemands fort nerveux et ceux ci alternaient ordres n ral Patton venant de Ch teau Gontier s appr te lib rer Sabl En milieu de m la circulation par ordre des autorit s allemandes sur une longueur de quinze ev trement de voitures et d engins agricoles renvers s Vers 11 heures les sapeurs Usent de pe
4. e de l instituteur Au hurlement des sir nes nous plongions sous nos bureaux La vie tait difficile Chaque famille disposait de cartes de rationnement pour la nourriture les v tements et les chaussures En classe on distribuait aux enfants des biscuits et des bonbons vitamin s de couleur rose vif Pour en contr ler la prise le ma tre pouvait exiger qu on lui tire la langue La pomme de terre tait abondamment cultiv e pour les besoins fran ais et allemands Et pour en prot ger la r colte il fallait d truire les doryphores qui se nourrissaient des feuilles et se multipliaient sur elles On nous obligeait participer des s ances de ramassage la main de ces col opt res dont le nombre et la couleur pouvait voquer les envahisseurs Le surnom de doryphores donn aux soldats allemands venait il de l L arrestation de Mademoiselle Aron Il y avait peu de r sistance Solesmes tait ce par peur de repr sailles Un jour deux prisonniers fran ais vad s se sont arr t s au caf pour manger un peu Etaient ils bizarres ou sen taient ils une certaine m fiance chez les gens Toujours est il qu ils ne sont pas rest s longtemps raconte Paul Les trois gamins n ont pas oubli la trag die qui s est d rou l e le 26 janvier 1944 rue Jules Alain la Gestapo qui arrive dans une traction noire et arr te Melle Marguerite Aron son retour de la messe Malgr les interventions de pers
5. ez l habitant mais il n y avait pas de volontaires bien s r et c est le maire ou un adjoint accompagn d un Allemand qui passait dans les rues et d autorit marquait la craie sur une porte de la maison qu il jugeait assez grande le nom du futur locataire se souvient Paul l Allemand qui logeait dans une chambre chez moi posait son casque sur un grand buste qui se trouvait l Cela faisait un sacr effet c tait le buste de Dom Gu ranger Lors de l invasion allemande Solesmes a accueilli nourri et h berg des r fugi s du nord dans les locaux vides de l abbaye Ils taient traumatis s par une sorte de psychose du massacre poursuit Ren La chasse aux doryphores C est la guerre mais la vie continue Avec le P re Duverne raconte Jean on participait un camp scout dans les bois de Juign Les chants allemands taient superbes et nous les coutions Un jour un Allemand s est noy consternation dans le d tachement allemand Ils demand rent de sonder le fond de la rivi re avec une araign e pour retrouver le corps Avec la promesse que si le corps tait remont un prisonnier fran ais serait lib r Le maire M Leroy coiff de son canotier est all chercher le passeur M Maurouard qui s est senti tr s motiv par cette perspective Mais le corps ne fut jamais retrouv Et de poursuivre l cole des gar ons on s entrafnait aux exercices d alerte sous la conduit
6. onnalit s telles que le R P Abb Dom Cozien elle sera d port e Auschwitz o elle mourra dans les chambres gaz durant la seconde quinzaine de f vrier 1944 l ge de 71 ans Plaque appos e le 8 mai 2004 30 L attaque du pont Fouillant dans leur m moire les anecdotes affluent p le m le Les Allemands proc daient des essais de tirs dans la carri re de la Martini re Un jour Chantemesle ma m re a ramass une grenade qu elle a d pos e par m connaissance sur la chemin e Tu vois le tableau t moigne Jean Je me rappelle aussi le largage par avion de prospectus propagande et de torsades de papier m tallis utilis es pour brouiller les ondes et l cho des radars L attaque du pont par les alli s reste aussi grav e dans leurs m moires Paul s en souvient comme si c tait hier les vagues de bombardiers ne d viaient pas de leur trajectoire Des patrouilleurs les prot geaient des attaques des chasseurs allemands Un dimanche apr s midi un avion US est tomb pr s de Poill Un fr re de Jean g de 21 ans est all rechercher des d bris de l avion et a rapport un bout de m tal au m pris des consignes de s curit Jean raconte que la nuit ils taient r veill s par le bruit des chevaux Les Allemands vitaient de se d placer le jour par crainte d tre rep r s par l aviation Le pont a d abord t bombard par les Anglais qui voulaient couper la
7. retraite des Allemands Les bombardiers arrivaient deux par deux Mon p re fauchait la Mine et regardait le largage des bombes Moi je p chais devant la marbrerie quand j ai entendu les avions se souvient Ren j ai eu une de ces frousses je suis vite rentr chez moi Et Paul d expliquer c tait surprenant de voir les avions attaquer le pont en plein travers L objectif tait ainsi plus difficile atteindre Les bombes tombaient soit avant soit apr s Ftait ce pour prot ger l abbaye qui ne fut jamais touch e pas plus que le pont d ailleurs A la ferme des Ifs chez Ren les Allemands taient partout Devant l avanc e des Am ricains presque tout le mat riel de la ferme fut r quisitionn pour tre mis en travers du pont dans le but cette fois de stopper les Am ricains Les Allemands ne pensaient pas avoir le temps de faire sauter le pont Un pont qui a fini par sauter en emportant tout le mat riel de la ferme entrepos dessus Il ne restait la ferme que la moissonneuse qui avait t surbaiss e pour viter qu elle ne soit emmen e Le pont ce sont deux sapeurs allemands qui l ont fait sauter raconte Paul Ils sont arriv s un matin v lo avec leur charge d explosif sur le cadre Ils ont rang leur v lo devant le caf de l Union actuelle pharmacie et sont all s poser leur dynamite toute la matin e sans tre inqui t s Une fois leur travail termin ils ont avis
8. tites tranch es sur toute la largeur de la chauss e dans le but de faire sauter C l br e dans l glise paroissiale une messe d enterrement L assistance est inqui te et st au Port de Juign de l autre c t de la rivi re et le pont ne peut plus tre utilis Les passage en barque avec quatre personnes seulement autour du cercueil e violente explosion secoue tout le village des pierres volent dan eur course sur la place de l glise La pre iad antemesle sat 19 un nuage de poussi re olesmes a ispan be
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