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La vie mode d`emploi ou c`est dans l`histoire

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1. il aille dans le secteur dont il d pendait Or nous savions qu il n y trouverait pas l tayage dont il a besoin Le service a accept de poursuivre la prise en charge ce qui a videmment impliqu que les r f rents s adaptent cette nouvelle r alit Jean Fran ois a su de son c t faire preuve de souplesse et revoir l organisation de son planning Aujourd hui il est ins r dans la cit II fait du tennis de table depuis plusieurs ann es dans un club et vient de remplacer son activit football l h pital qu il pratiquait depuis presque 30 ans par une inscription dans un club de joueurs de tarot Il a assez donn l h pital comme il dit Il prend sa retraite Travailler de cette fa on aujourd hui n est plus possible Garder un lit pendant plusieurs mois le temps d une sortie progressive ne se fait quasiment plus et lorsque l on tente le coup nous savons que la chambre du patient sera occup e le temps de la permission Ce qui ne laisse m me plus la possibilit au permissionnaire de revenir en cas de besoin Il ne peut plus investir cet espace comme un lieu o se poser un lieu s cure un asile au sens propre du terme 4 Structure d accompagnement la vie sociale avec entre autre un restaurant social Quel temps fait il chez vous 8e Journ e R gionale du CREAI de Bretagne sur l Institution Le 9 octobre 2014 St Jacut de la Mer 4 Si cela fonctionne pour Jean Fran ois c est parce que nous a
2. aujourd hui il est donc recommand de parler plusieurs langues Pour comprendre ses coll gues il peut tre utile de ma triser le langage m dical para m dical social ducatif mais aussi hi rarchique informatique administratif bureaucratique technocratique Chacun a sa r alit de travail sa logique son jargon Il est important de conna tre la culture de l autre Imaginez vous l tranger sans ma triser la langue du pays Tr s rapidement vous cherchez 7 Nom de l h pital de jour du service Quel temps fait il chez vous 8e Journ e R gionale du CREAI de Bretagne sur l Institution Le 9 octobre 2014 St Jacut de la Mer 7 par tous les moyens vous faire comprendre et comprendre l autre afin de tisser des liens et pouvoir circuler librement sans risquer de vous perdre Sinon vous tes presque s r de repasser plusieurs fois dans la m me rue et en fin de journ e vous avez le sentiment d sagr able d avoir march longtemps pour rien ou presque Conclusion Le temps me semble toujours indispensable la prise en charge des personnes souffrant de troubles psychiques je pense surtout qu il est indispensable chacun Or les institutions sont en souffrance Rentabilit tra abilit retour sur investissement conomie sont des mots que l on entend de plus en plus au d triment de l humain M me et surtout quand tout nous semble verrouill il me para t essentiel de se poser
3. l on nous demande de le faire entendez si c est un ordre il faut bien s r l ex cuter Mais vous vous tes d gagez de toute responsabilit en informant votre hi rarchie Quand Madame Iroise et Monsieur Frigotte se rencontrent On ne peut en revanche pas dire non tout surtout en p riode d accr ditation o le stress est son comble II faut parfois inventer Se servir de tout ce qui nous entoure C est ainsi que j ai fait la connaissance de Monsieur Frigotte Comment Monsieur Frigotte a t il cr du lien entre nous Nous sommes nous aussi l h pital de jour pris par le temps et les protocoles tel que celui qui nous demande de prendre la temp rature des frigos Je n ai jamais compris pourquoi il fallait prendre la temp rature du frigidaire de la cuisine tous les jours midi l heure laquelle il est le plus visit Un frigo qui la plupart du temps a le ventre creux C tait la demande du moment d une hi rarchie qui se pr parait l arriv e des experts visiteurs J ai d abord refus de prendre cette temp rature Je refusais tout simplement d ex cuter un protocole qui me semblait insens un protocole de plus qui grignote le temps Mais plus je m obstinais dans mon refus plus ma hi rarchie me harcelait avec cette histoire de frigo Que faire part satisfaire leur demande pour retrouver un peu de tranquillit pour travailler Et comment faire pour y mettre du sens Pourquoi ne p
4. la question du sens et de faire preuve d imagination de cr ativit et d humour pour d fendre une approche humaine du soin Derri re tout professionnel qui au fond veut bien faire il y a un humain qui peut entendre se questionner r pondre une demande partir du moment o il la comprend d autant qu on lui reconna tra le droit l erreur Pour soigner le patient ne faudrait il donc pas d abord prendre soin de l institution Ou devrais je plut t dire des institutions et s inspirer pour cela des exp riences acquises aupr s des patients Imaginons l h pital comme un grand continent explorer et osons partir la rencontre de l autre Vous y croiserez des patients et des soignants bien s r mais aussi des secr taires des plombiers des jardiniers des informaticiens des cadres sup rieurs des directeurs L histoire devient int ressante lorsque les portes s ouvrent Quel temps fait il chez nous Il y a ceux qui pensent qu il pleut toujours Je pr f re penser qu il fait beau plusieurs fois par jour La titia Le Tallec Octobre 2014 Quel temps fait il chez vous 8e Journ e R gionale du CREAI de Bretagne sur l Institution Le 9 octobre 2014 St Jacut de la Mer 8
5. Quel temps fait il chez vous Laetitia LE TALLEC infirmi re au CHGR psychiatrie publique Rennes 35 Le chemin se fait en marchant Antonio MACHADO Pour r pondre la question Quel temps fait il chez vous je vais dans un premier temps revenir quelques ann es en arri re sur une situation clinique qui a particip l volution de mon parcours de soignante Ensuite je ferai le lien avec le travail en institution qui me semble t il ne peut tre dissoci de la clinique 1 JEAN FRAN OIS OU LA VIE MODE D EMPLOI J ai fait la connaissance de Jean Fran ois en 1996 dans une unit de prise en charge de patients psychotiques au long cours Ce que j en comprenais alors c est qu il faisait partie des patients pour qui envisager un avenir autre qu institutionnel relevait de la douce utopie Je le retrouve en 1998 dans une unit de prise en charge de jeunes patients psychotiques en crise II aurait rajeuni A mon arriv e Jean Fran ois avait d j son appartement mais y allait la carte Il tait convenu avec lui qu il puisse y passer une deux ou trois nuits dans la semaine sa convenance avec la possibilit de revenir si a n allait pas voire m me de ne pas y aller Lorsque j arrive dans cette unit de soins deux coll gues taient d sign s r f rents de ce patient Avec le d part de l un il a fallu trouver une soignante qui accepte de prendre le relai A cette poque l quipe ta
6. ar convaincre tout le monde Nous lui montrons une premi re fois et affirmant que C est du gagn nous le laissons faire Jusqu au jour o paniqu mon arriv e chez lui il m explique qu il ne trouve pas son argent Il a disparu Jean Fran ois ne comprend pas Angoisse Cherche partout dans son appartement Je lui propose de l accompagner la prochaine fois pour le rassurer Et tout en douceur je reprends avec lui des gestes simples pour prendre le temps le rythme de retirer son argent le ranger dans un portefeuille tout neuf l int rieur de la banque pour qu il ne soit pas agress Nous n avons jamais su s il s tait r ellement fait agress mais en tous cas lui l avait v cu comme cela Personne ne devait voir son code On respectait nous a fallu quelques mois je ne sais plus combien de temps pour que Jean Fran ois soit l aise avec a que a devienne une habitude du gagn On peut penser que a a compt pour lui car il en parle encore comme un v nement dans sa vie Pas facile mais on l a men au bout Nous avons au fur et mesure mis en place tout un tayage pour l aider En plus des 2 visites domicile par semaine les mardis et jeudis matin Jean Fran ois recevait la visite d une aide domicile ces deux jours l galement Nous tions pr sents ce qui permettait de rassurer les nouvelles intervenantes qui d couvraient un personnage haut en couleurs Ce monsieur a un dr le d
7. as lui donner un nom ce nouveau patient qui je devais prendre la temp rature Et voil admission de Monsieur Frigotte l h pital de jour Il a fallu lui crire une histoire ce monsieur histoire de l humaniser Ce mot pos sur le frigo n est pas pass inaper u Les questions des autres patients les vrais ne tardent pas venir Pourquoi prendre la temp rature d un frigo Une infirmi re n est elle pas sens e prendre la temp rature des patients Quelle temp rature veulent ils Celles des yaourts ou celle des l gumes Mon agacement s est transform en curiosit face l int r t des patients devant ce probl me que me posait la prise de temp rature de ce frigo Tout le monde adopte Monsieur Frigotte II fait parler de lui il fait parler il nous fait nous rencontrer Je r alise que je viens de fabriquer un nouvel outil partir d un protocole en y mettant simplement du sens qui me permet de garder mes id es fra ches et de mieux les conserver Au lieu de passer son temps et son nergie r sister pourquoi ne pas faire avec autrement J ai appris que le temps lorsqu on en manque il faut le chercher Il est parfois port e de main La temp rature est not e tous les jours Les experts sont pass s l quipe encadrante est repartie vers d autres priorit s mais Monsieur Frigotte est rest Il y a notre r alit et celle de l autre Pour travailler en psychiatrie
8. aussons Il me regarde surpris et me dit Y a pas de soucis avec Ginette C est qui Ginette Ben la buraliste Ah Et je constate en effet que Jean Fran ois a une vie sociale dans le 3 Service d Accompagnement la Vie Sociale Quel temps fait il chez vous 8e Journ e R gionale du CREAI de Bretagne sur l Institution Le 9 octobre 2014 St Jacut de la Mer 3 quartier II commence rencontrer des gens qui visiblement l appr cient Il se sent bien chez lui Mais les week ends sont difficiles II me dit souffrir de solitude Peu peu il y a du ressenti Il est moins dans la m canique du planning Il y a les autres il y a lui tout seul Le chat c est bien mais le week end il s ennuie Alors on r fl chit ensemble Que faire le week end Il n en n est plus revenir passer un peu de temps sur l h pital De l na t l id e du restaurant social Ce n est pas trop cher nous avons toujours les majeurs prot g s qui veillent c est un lieu qui peut l accueillir le week end a coupe un peu la journ e il peut tre avec d autres personnes et a lui fait un bon repas chaque midi Jean Fran ois n en n est pas encore se pr parer des repas quilibr s Il perd du poids L id e est plut t int ressante Et en effet tr s vite il s adapte ce nouveau planning Aller d jeuner R sidence Bretagne l occupe une tr s grande partie de la journ e Il faut se pr pa
9. e information dans un dossier de soins et je ne vous parle pas des pannes informatiques Conna tre le patient vite de nombreux malentendus inutiles voire m me pr judiciables pour le patient et pour l quipe qui le prend en charge Personne n a pens demander ce patient ce qu il faisait de ses journ es Et pourtant Pendant tout ce temps o l on pensait qu il n adh ra it pas au soin il r fl chissait ses voix qui lui Quel temps fait il chez vous 8e Journ e R gionale du CREAI de Bretagne sur l Institution Le 9 octobre 2014 St Jacut de la Mer 5 disent des choses bizarres son traitement qui lui donne envie de dormir sa famille son devenir On est pas inventif tout seul Nous ne sommes pas assez nombreux parmi les soignants vouloir ou pouvoir s engager pour lutter contre l homog n isation des pratiques et d fendre une psychiatrie plus humaine Dans le contexte actuel il me semble que les patients peuvent nous aider On n est pas inventif tout seul L association du p le nous permet cela C est un des rares outils de soins dont on dispose aujourd hui qui nous permette cette souplesse d action Rien n est fait bien s r pour faciliter leur existence car elles viennent sans cesse remettre en question l ordre tabli Ces associations de soignants soign s d hi rarchisent les rapports et redonnent une place de citoyen part enti re aux patients Cela per
10. e travail mais il est pay pour cela tenir son planning Il travaille pour l h pital et il doit rendre des comptes s il veut avoir son salaire la fin du mois Le m nage ce n est visiblement pas son affaire Un directeur ou un psychiatre ne fait pas la vaisselle L aide domicile doit accepter qu elle devra s adapter tout en r ussissant imposer toujours mine de rien un minimum de petites r gles pour qu elle ne se retrouve pas toujours tout recommencer d s la semaine suivante L tat de l appartement et surtout la vitesse laquelle il mettait tout sens dessus dessous pouvait en d courager plus d un Pour les achats alimentaires et les achats de v tements nous avons fait appel un S A V S pour nous aider car il tait de plus en plus difficile pour nous de l accompagner dans tout ce quotidien Jean Fran ois commence trouver ses rep res dans le quartier II me parle de ses voisins du chat de la voisine P pette dont je fais la connaissance Un gros matou bien heureux de venir chez lui faire une pause sur la couette ou sur les v tements rang s dans l armoire Au bout de quelques temps la voisine le lui confie lorsqu elle part en vacances Une sorte de garde altern e qui s est mise en place la demande du chat Et Jean Fran ois est bien content d avoir de la compagnie Je l ai accompagn un matin chez le buraliste car il n avait plus de cigarettes Je lui fais remarquer qu il est en ch
11. ie pour que ce ne soit pas trop long sans l emp cher de faire ses v rifications qui lui semblaient n cessaires tait d avancer mine de rien faire mine d attendre un peu mais pas trop puis avancer me retourner ralentir mais avancer toujours et ce jusqu la voiture o quand il ressortait j en profitais pour sortir la voiture de sa place de parking pr s partir au prochain retour Ensuite nous tions organis s toujours le m me centre commercial o tout est sur place pour ne pas avoir chercher ailleurs avec cette histoire de bons il fallait aussi anticiper cela Jai tr s vite remarqu que J F tait rassur partir du moment o il avait certains rep res Pas de chance quand il n y avait pas sa pointure et qu on ne pouvait pas aller ailleurs le bon n tant valable que pour cette boutique Expliquer Jean Fran ois qu il va falloir choisir autre chose essayer trouver une paire qui ne d passe pas tel montant etc a m ritait bien une pause dans un caf Avec parfois aucun achat de r alis Il y avait aussi les achats alimentaires tous les mardis au d but de la prise en charge Ce que je n aimais pas particuli rement car il fallait anticiper pour une semaine ce que je ne savais pas faire pour moi L aussi j y mettais du c ur J avais le souci de bien faire culpabilisant l id e que Jean Fran ois vienne manquer de quelque chose Je n ai m me pas pens ce moment l qu il pouvait
12. it divis e en deux ceux qui croyaient en la r ussite de ce projet et ceux pour qui c taient perdu d avance Me voil donc r f rente de Jean Fran ois Nous avions rendez vous tous les mardis matins son domicile Je ne savais pas alors que je ferais un aussi long chemin avec lui Nous avons deux p riodes dans notre histoire commune _L hygi ne et le rythme Les acquis et les rep res L Hygi ne et le rythme Aujourd hui je me demande qui travaillait Lui Moi Lui et moi En bon petit soldat je faisais ce qu on me demandait et j y mettais du c ur Je n tais pas tr s l aise avec cette histoire d hygi ne Quel temps fait il chez vous 8e Journ e R gionale du CREAI de Bretagne sur l Institution Le 9 octobre 2014 St Jacut de la Mer 1 car je n avais encore jamais eu l occasion de me retrouver en situation de devoir m assurer de l hygi ne de qui que ce soit et j apprenais tout juste g rer ma propre hygi ne de vie toute seule Quelle affaire les premiers achats Quelle taille de v tements choisir Il faut essayer Pas facile avec Jean Fran ois qui est pr t choisir le premier v tement de la pile pour sortir le plus vite possible du magasin Pour l achat des chaussettes passe encore mais les dessous Toute pudique j aborde le sujet Jean Fran ois r gle le probl me en deux secondes Vive les lots de chez Carrefour Et l achat de la cha ne Hifi Parfois il m e
13. mandait Pas plus Sa demande d aide s est renouvel e et nous avons pu petit petit avoir une discussion d abord sur des sujets ordinaires puis il s est mis me parler de lui de son histoire de son v cu de l hospitalisation Aujourd hui il vient de temps en temps s asseoir dans le bureau infirmier parce qu ici on peut parler Ils ne parlent pas l bas Ce patient pouvait donner l impression de ne rien demander Et pourtant il a demand venir l atelier informatique en acc s libre Il a demand un lieu o se poser un lieu o l on ne lui demande rien un lieu o on lui laisse le temps de formuler une demande Le passage l acte Notre gouvernance nous demande de rendre des comptes de noter nos actes Qu ais je fait pour ce patient Pas grand chose d un point de vue administratif Je ne peux pas le rentrer dans la file active de l h pital de jour puisqu il est hospitalis l hospitalisation crase l activit ambulatoire Et si je note un acte lequel Mis part quelques entretiens de soutien non programm s tout ce temps qu il a pass dans la salle informatique ne peut tre trac sauf dans les transmissions sur le dossier de soins du patient Les transmissions sur le dossier informatique c est comme sur le bon coin lorsque vous passez une annonce Au bout d une semaine plus personne ne regarde la v tre cras e l encore par toutes les autres Il en faut du courage et du temps pour retrouver un
14. met certains de limiter les crises les d compensations Cette association qui s appelle l association Le gu est un formidable outil pour cr er des liens Quand on sait que le sympt me le plus r pandu en psychiatrie est la rupture de lien social Nous tentons dans l association de faire du lien en rompant les liens Il y a en effet le lien qui relie et le lien qui ali ne L association organise des sorties des v nements en fonction des d sirs des adh rents Concours de p che la truite visite d expositions organisation d une braderie promenade en mer pour aller voir les dauphins et soutient diff rents ateliers tel que le jardin du Gu parcelle de terre lou e une association de jardins familiaux d une commune du secteur l atelier radio d cal e en partenariat avec Radio Campus l atelier photo anim par deux photographes etc Ces v nements attirent du monde D un point de vue clinique il n y a pas plus th rapeutique qu une journ e de p che Et d un point de vue administratif 40 personnes c est 40 actes sur une seule activit C est donc rentable Travailler sa propre ali nation Pour travailler le plus sereinement possible j ai t amen e r fl chir sur ma propre ali nation Nous sommes dans un syst me qui nous en demande toujours plus toujours plus vite en perdre la t te La recherche du temps am ne nous poser la question du bon sens Ne pourrait on pas oser remettre e
15. n question ce qui nous est parfois demand par des personnes qui du fait de leur fonction ne peuvent avoir une analyse pr cise de la situation et ne pas se laisser impressionner par ce qui vient d en haut Soutenir une parole constructive et non le passage l acte Toujours se dire que personne ne nous reprochera de r fl chir avant d agir en particulier lorsqu il s agit de la s curit de tous et de la responsabilit de chacun dans une soci t de plus en plus proc duri re La premi re fois malgr la certitude de mon argumentation j en menais pas large On se dit que le bl me va suivre Et puis quand on constate qu il est possible de dire non on le fait de fa on plus sereine voire m me on peut s amuser avec les protocoles les r glements la notion de 5 Propos de Pierre DELION lors des Assises citoyennes pour l hospitalit en psychiatrie les 31 mai et 1 juin 2013 6 Radio Campus Rennes 88 4 Emissions de l atelier disponibles en podcast Quel temps fait il chez vous 8e Journ e R gionale du CREAI de Bretagne sur l Institution Le 9 octobre 2014 St Jacut de la Mer 6 responsabilit Dire non lorsqu on nous demande d accompagner un patient un examen qui peut tre diff r bien entendu alors que la charge de travail dans l unit de soins est trop lourde si l une des deux infirmi res en pr sence s en va c est mettre la s curit des patients et de l quipe restante en p ril Cela dit si
16. n reparle Tu t en souviens La titia Tout fier qu il est de cet achat que je lui aurais pay parce qu il l avait m rit Oh Que oui Je m en souviens et en particulier de la tape sur l paule devant le vendeur en me disant de toute sa hauteur a va aller La titia prends ton temps Evidemment tous ces achats taient financ s gr ce son AAH et son argent g r par le service de tutelle de l h pital avec qui nous devions sans cesse n gocier discuter que l on devait souvent rassurer Quelle bonne id e ces bons d achat valables dans telle boutique mais pas dans l autre Et chaque fois il faut subir le regard m fiant parfois m me d daigneux de la vendeuse lorsqu elle lit CHS sur le bon Il faut du temps pour convaincre les secr taires du service de tutelle que le patient ne va pas partir aux Antilles avec son argent Toute une histoire cette sortie achats J ai vite compris que ce que je faisais en deux heures maxi pour moi me prendrait une journ e avec Jean Fran ois Nous nous retrouvions chez lui et apr s multiples v rifications la porte bien ferm e il l ouvre regarde ferme ouvre entre nouveau dans l appartement ferme on fait trois pas dans le couloir il fait demi tour ouvre encore ferme et ainsi de suite jusqu la voiture o il s installe et peine install il h site et me dit Je reviens Il remonte dans la voiture et nous partons enfin La strat g
17. peut tre prendre l initiative de compl ter dans la semaine Ca me para t incroyable aujourd hui mais c tait pourtant a Etais je influenc e par ma formation ou le discours n gatif de certains coll gues qui avaient tendance infantiliser les patients et les consid rer comme des personnes non responsables Sans doutes que oui J tais aussi influenc e par mon souci de bien faire mon travail t Allocation Adulte Handicap 2 Centre Hospitalier Sp cialis ancien EPSM Etablissement Public de Sant Mentale Quel temps fait il chez vous 8e Journ e R gionale du CREAI de Bretagne sur l Institution Le 9 octobre 2014 St Jacut de la Mer 2 Je me sentais responsable de ce patient engag e aupr s de lui C tait d ailleurs un peu a J tais son employ e il tait directeur Lorsqu il me reconnaissait en tant qu infirmi re lui devenait psychiatre J avais 22 ans et tout apprendre Autre anecdote importante dans la vie de Jean Fran ois l obtention de la carte bancaire synonyme pour lui d autonomie de progression D une normalit Comment rassurer le service de tutelle sur le fait que Jean Fran ois prendra soin de sa carte lorsqu on voit l tat de ses papiers d identit dans un portefeuille qui ne ressemble pas un portefeuille rang au milieu des prospectus du beurre des chaussettes et du pilulier Jean Fran ois lui est d cid depuis plusieurs mois Il en parle et finit p
18. rer il y a le trajet S rement pied Or c est l oppos de son appartement Il faut bien compter une heure de marche Mais ce qui est int ressant c est ce qui se passe l bas Il retrouve ses copains Les acquis et les rep res La deuxi me p riode de notre histoire commune a d but il y a quatre ans apr s une pause de deux ans suite mon affectation dans une unit d hospitalisation dite de r insertion Jean Fran ois l a v cu comme une r gression pour moi bien entendu Qu est ce que tu vas faire l dedans Et moi comme une sorte de rechute en effet J ai mis du temps accepter ce retour dans les unit s mais je me suis soign e J ai compris que pour pouvoir accompagner les patients en hospitalisation je devais peut tre d abord m int resser leur environnement et tout ce qui emp chait le travail de se faire Tout comme j avais pu apprendre avec Jean Fran ois faire avec son environnement Ces deux ann es ont donc t consacr es mon apprentissage de la vie institutionnelle Et me revoil en h pital de jour o je retrouve Jean Fran ois me propose de travailler les acquis et les rep res C est en effet ce qui l aide tenir Mais il ne faut pas s illusionner Enlevez un pilier et tout devient bancal au risque de le voir s crouler Au moment de la re sectorisation de la psychiatrie d Ille et Vilaine notre p le changeant de secteur g ographique il a t question qu
19. vons une histoire Il peut s appuyer sur un travail de plusieurs ann es avec toujours en pr sence des r f rents garants de son histoire Mais il bien vident que la m me situation dans le contexte actuel ne pourrait pas tre g r e de la m me mani re Alors comment fait on ou ne fait on pas aujourd hui 2 INSTITUTIONS ET INVENTIONS Lorsque je me suis int ress e la vie institutionnelle et plus uniquement la clinique je me suis beaucoup questionn e sur la notion du temps Nous sommes l h pital comme ailleurs soumis des contraintes qui limite le temps de la r flexion de l laboration de la cr ation Ne surtout pas parler de r cr ation Et pourtant le temps de pause est indispensable l inutile premi re vue a toute sa place pour faire merger le sujet Et si nous partions la recherche du temps perdu Et des patients Pris par cette course folle beaucoup de soignants perdent leurs patients La semaine derni re une quipe de soins d couvre avec stup faction qu un de leur patient passe la majeure partie de ces journ es l h pital de jour sur un poste informatique couter de la musique L quipe tait convaincue qu il passait ces journ es l ext rieur de l h pital et qu il fuyait donc le soin Au d but je n avais aucun contact avec lui II s installait devant l ordinateur et vitait tout change Et puis un jour il est venu me demander de l aide J ai fait ce qu il me de

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