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1. Tous pervers dipe devenant une perversion parmi d autres un mode parmi d autres de savoir y faire avec le sexuel Tous pervers c est dire tous condamn s l exil du rapport sexuel Cela veut dire pas de rapport au corps de l Autre dans le sexuel le partenaire c est l objet a l objet partiel l objet du fantasme Pas de rapport sexuel avec un objet total donc tous pervers L dipe est un semblant freudien qui collait la famille paternaliste dans la soci t viennoise de la fin du xIx si cle et qui donnait alors un mode d emploi universel pour savoir y faire avec le sexuel c tait l illusion que la fonction paternelle et la fonction phallique suffisaient transmettre une identit et un choix sexu Mais cela laissait le d sir dans une certaine soumission au surmoi Tu dois jouir suivant la loi transmise par ton p re On entend bien que tout cela a beaucoup moins de valeur aujourd hui tant donn l tat de d labrement du p re dipien Dans le S minaire R S I Lacan traite de cette question en quelques mots d cisifs d tachant la fonction paternelle de l dipe Il crit alors perversion p re version la p re version comme une version du p re une version de jouissance du p re Le p re n est plus seulement celui qui s accorde tant bien que mal aux lois du langage il est celui dont le mode de jouissance a un effet sur la fa on dont son enfant va se rapporter au sexu2. Si cette repr sentation de la femme au p nis se fixe chez l enfant r siste toutes les influences ult rieures de la vie et rend l homme incapable de renoncer au p nis chez son objet sexuel alors un tel individu avec une vie sexuelle par ailleurs normale deviendra n cessairement un homosexuel et cherchera ses objets sexuels parmi les hommes qui pour d autres caract res somatiques et psychiques lui rappellent la femme L homosexualit y est donc bien situ e partir du d ni de la castration toutefois Freud ajoute que la vie sexuelle de l homosexuel est normale ce qui est alors une nouveaut absolue qui garde cependant comme r f rence la normalit Enfin Freud signale dans ce texte que le choix d objet masculin n est pas sans caract res somatiques et psychiques qui lui rappellent la femme Le f minin est l pris en compte pour le sujet homosexuel mais transf r sur l homme les hommes choisis poss dant des traits d identification aux femmes qui ont compt pour eux c est du moins comme cela que je l entends Concernant la r f rence la perversion Freud a des positions qui varient Il peut dire que l homosexualit est une perversion il traite d ailleurs de l homosexualit dans le chapitre sur les aberrations sexuelles tout en pr cisant que ce n en est pas vraiment une puisqu elle s adresse un objet total tandis que la perversion int resse l objet partiel Il montr
3. chez les analystes de l IPA avec les cons quences les plus n fastes En particulier pour les analysants homosexuels qui un moment de leur analyse souhaitent devenir psychanalystes la r ponse qui n est souvent pas explicitement dite mais d duire par l analysant est Gu rissez d abord de votre homosexualit et on verra apr s le maintien dans le choix homosexuel tant consid r comme t moignant d une analyse non termin e Cela mettait et met probablement encore certains analysants dans une impasse Pourtant Freud avait clairement dit que le choix d objet homosexuel une fois d cid change rarement en tout cas la cure analytique n a que peu d effet sur ce mode de jouir et d ailleurs Freud S Les th ories sexuelles infantiles La vie sexuelle Paris PUF 1977 p 20 Lacan J Le S minaire livre V Les Formations de l inconscient Paris Le Seuil 1998 p 207 aujourd hui les sujets homosexuels qui demandent une analyse ne viennent plus avec cette demande de changement ils viennent pour autre chose J ai lu r cemment que dans certaines coles de l IPA aux tats Unis on accepte d analysants homosexuels qu ils deviennent analystes condition qu ils ne re oivent que des sujets homosexuels de peur de contaminer les autres probablement Heureusement Lacan a balay tout cela en particulier dans son dernier enseignement Mais revenons au S minaire Les Formations de l
4. Une et la jouissance dite sexuelle au sens o l autre entre en jeu sera abord dans la Journ e de 30 mai Je m interroge donc sur ces changements contemporains et souhaite vous faire part de mes r flexions partir de ce que la th orie psychanalytique nous a enseign Partons d un constat l dipe et la castration qui sont chez Freud comme dans le premier Lacan les grands rep res classiques de la d termination du choix sexu ne sont plus aujourd hui suffisants pour cerner cette question dans la th orie psychanalytique Freud s est appuy sur le complexe d dipe et ses effets le phallus et la castration pour extraire une loi universelle qui r gisse le sexuel Un dipe men son terme ouvre au sujet la voie d une sexualit dite normale c est dire non seulement h t rosexu e mais exempte de tout trait pervers La position de Freud est un peu plus compliqu e mais disons que c est ce qui a t gard de Freud par ses l ves savoir un dipe abouti quivaut une normalit Lacan dans un premier temps a repris la th se dipienne de Freud et en a tir les cons quences en articulant cette loi aux lois du langage avec en particulier l criture de la m taphore paternelle La m taphore paternelle c est la mise en logique structurale d un dipe abouti Freud et Lacan au d but de son enseignement isolent 1 dipe comme pouvant donner l enfant par le biais d identifi
5. appel consentir la cause soit ce qui cause son d sir C est le trajet d une analyse qui va du sujet suppos savoir la destitution subjective des id aux la chute des identifications et l ouverture vers la cause du d sir au del du signifiant la fin de la cure il y a une dimension de consentement la cause de son d sir au del des identifications de son histoire Il y a l pour le choix sexu une analogie possible Ce qui cause le choix sexu d pend essentiellement de l objet a comme cause du d sir et du fantasme qui le soutient un exc dent de sexualit selon J A Miller Concernant le choix sexu il y a toujours un ma tre pour prescrire ce que doit tre le rapport sexuel l institution d une loi pour le sexuel Mais il est important de rep rer qu il y a aussi un insaisissable entre la cause et l effet concernant le rapport sexuel C est ce que veut dire il n y a pas de rapport sexuel cela veut dire qu il y a un hiatus insurmontable entre la cause et l effet L dipe tente de le couvrir en inscrivant le rapport p re m re la place du rapport homme femme qui n existe pas du fait de cette faille La castration associ e l dipe veut dire je n ai pas ce qu il faut pour faire exister le rapport sexuel ce qui sous entend que si je l avais je ferais exister le rapport sexuel leurre imaginaire La notion de castration laisse croire l exis
6. causalit du sujet comme le fait Lacan dans Position de l inconscient ou dans La science et la v rit le sujet d termin par le signifiant d une part et d autre part caus par l objet a Cela demande de diff rencier le signifiant et l objet a qui n est pas de l ordre du signifiant mais de l ordre de la libido ou du plus de jouir et d autre part de diff rencier la d termination et la cause La d termination c est la loi signifiante la logique de la cha ne signifiante la m taphore paternelle criture lacanienne de l dipe qui r pond la loi du signifiant Cette loi laisse peu de libert Le sujet est soumis aux d terminations dipiennes suivant la loi issue de son histoire familiale c est dire que le sujet est soumis la loi de l Autre Mais d un autre c t que J A Miller distingue comme tant celui de la cause c est une autre voie qui s ouvre celle qui fait dire Lacan dans T l vision qu il faut que le d sir soit 4 d cid qu il y ait un consentement au d sir suivant une orientation singuli re pour chacun La loi a sa valeur dans la d termination d une cha ne signifiante continuit la cause introduit un terme fonci rement antinomique la loi discontinuit hiatus Au fond partir des ann es soixante 1l appara t avec Lacan que la d termination signifiante n est pour tout sujet qu un masque Quand le masque tombe le sujet est
7. Les atermoiements du d sir L homosexualit au del du carcan de l dipe Jean Pierre Deffieux Force est de constater que dans nos soci t s occidentales les choix d objet les choix sexu s se font plus h sitants Nous remarquons en particulier chez certains de nos jeunes patients ou analysants un flou une ind termination voire une libert quant au choix du sexe au genre de l objet qui est choisi un gar on une fille deux gar ons deux filles Une place plus importante est aussi laiss e la contingence des rencontres Le d sir et l amour peuvent s adresser l un ou l autre sexe suivant les al as des rencontres sans qu un surmoi forcen ne les ram ne dans ce qu on appelait il n y a pas si longtemps encore le droit chemin En septembre dernier lors du Conseil d administration Uforca qui rassemble une fois par an les responsables des Sections cliniques nous avons discut du th me de notre prochaine Journ e Paris en mai prochain comme nous le faisons tous les ans depuis bient t vingt ans et sommes assez vite tomb s d accord sur le titre suivant Modes de jouir le temps pour choisir Modes de jouir cela inclut bien d autres jouissances que sexuelles en particulier le mode de jouir si r pandu dans les jeunes g n rations sur la modalit de l addiction c est dire le mode du jouir tout seul Je pense que cet aspect cette oscillation entre la jouissance addictive jouissance
8. ant n aurait plus su quel saint se vouer c est dire tre confront l angoisse de castration l enfant au contraire confirme sa s curit en tant que phallus de la m re Cet apport de Lacan a son int r t dans ce s minaire mais ne va pas au del de la vision dipienne des d terminations de l homosexualit Cette tendance tracer un portrait dipien de l homosexuel qui pousse le ranger dans une cat gorie a v cu Nous savons qu il y a aujourd hui des homosexualit s je dirai m me que chez chaque sujet homosexuel il y a des causes singuli res La cat gorie homosexuelle n existe pas mais la logique dipienne qui n est qu un semblant pouvait le laisser croire partir du moment o Lacan se dirigera vers la notion de non rapport sexuel pour tout sujet soit vers l absence de normalit sexuelle de rep res fixes d une sexualit aboutie il mettra en vidence la n cessaire invention faire avec le sexuel pour chacun il n y aura plus d chelle de normalit et l homosexualit ne pourra donc plus s envisager seulement comme un simple d tournement de 1 dipe c est dire une d faillance par rapport un id al de normalit Le choix homosexuel est complexe en partie diff rent pour chacun et doit prendre en compte la dimension du d sir et de la jouissance un d sir qui s adresse dans l homosexualit au semblable au corps du semblable Bien entendu il y a une ar
9. cations ad quates une orientation h t rosexu e et un savoir faire avec l amour le d sir et le sexe C est videmment une vision tr s id aliste Parce qu un dipe abouti a n arrive jamais C est ce sur quoi apr s Freud Lacan va buter tr s vite L homosexualit longtemps consid r e comme une d g n rescence organique une tare puis une pathologie mentale a pu trouver gr ce la psychanalyse et l volution de nos soci t s des causes plus recevables Freud a d embl e cart toute cause organique ne gardant que le terme peu pr cis de pr disposition Il a situ l homosexualit en r f rence un dipe particulier un dipe invers quant la castration un d ni qui fait loi pour l homosexualit masculine C est assez simple Le sujet masculin s identifie la m re phallique d niant la castration maternelle l dipe invers r sulterait alors d une identification la m re et du choix du p re comme objet d amour L homosexuel passe ensuite du p re l homme qu il 1 choisit comme objet d amour et de d sir et ce en tant que porteur de l organe phallique L organe phallique est alors consid r comme le rep re n cessaire au d sir chez l homosexuel masculin Freud a abord plusieurs fois dans son uvre la question homosexuelle tant t de fa on assez traditionnelle tant t de fa on nouvelle Citons ici une r f rence de 1908 dans La vie sexuelle
10. e aussi les nombreuses transitions entre sexualit perverse et normale Il remarque galement que tous les traits pervers existent dans la sexualit dite normale On per oit donc l embarras de Freud sur cette question Lacan va repartir de ces donn es freudiennes et fera un assez long d veloppement sur l homosexualit dans le S minaire V Les Formations de l inconscient C est dans ce s minaire que figure la fameuse ou malheureuse phrase de Lacan sur l homosexualit phrase qui n a cess d entra ner des critiques s v res de la part de ses d tracteurs et de celle des milieux intellectuels le milieu gay en particulier et engag s Les homosexuels on en parle Les homosexuels on les soigne Les homosexuels on ne les gu rit pas Et ce qu il y a de plus formidable c est qu on ne les gu rit pas malgr qu ils soient absolument gu rissables La phrase est claire ce moment l de son enseignement Lacan dit que l homosexualit est une maladie psychique que les psychanalystes ne savent pas soigner laissant entendre que lui a les clefs c est dire le bon usage du symbolique Il a l id e qu une analyse bien men e peut faire chuter les d terminations inconscientes du sujet et par l modifier son mode de jouissance L id e que l homosexualit est une maladie psychique traitable par la psychanalyse est aussi pr sente chez les postfreudiens et jusqu peu et peut tre encore
11. el Le p re est loin alors de se limiter au p re dipien symbolique au Nom du P re la dimension signifiante et identificatoire du p re la fonction paternelle se d duit d un mode de jouissance singulier du p re p re version selon Lacan et on peut donc penser que le choix d objet homosexuel n est pas sans lien avec la particularit de cette version du p re de son mode de jouir Ainsi l homosexualit la fin de l enseignement de Lacan ne peut plus tre aussi facilement consid r e comme une cat gorie clinique mais plut t comme une fa on contingente et singuli re pour chacun de se d brouiller du sexuel Bien entendu partir du moment o l exigence de la loi du p re est moins pr sente cela ouvre la voie vers une certaine libert d orientation du d sir dont nous relevons les effets dans la soci t contemporaine Jacques Alain Miller en 1988 avait d pli dans son cours Cause et consentement la question de ce qui fait la d cision du sujet quant l orientation du d sir en particulier Tant que le choix sexu tait consid r comme d termin par la loi de l dipe la d cision du sujet entrait peu en ligne de compte c est l Autre qui d cidait pour lui Mais partir du moment o le d sir sexu est coordonn ce qui le cause soit une jouissance et non plus seulement une loi d terminante la d cision du sujet est engag e Pour bien comprendre cela il faut d plier la double
12. inconscient au chapitre onze intitul Les trois temps de l dipe Lacan apr s la phrase d j cit e nous dit que l homosexuel r alise un dipe plein et achev Il se moque un peu de l dipe invers trouvant cela simpliste Et il rappelle le lien profond ment structur des homosexuels avec les femmes Reprenant Freud il met au premier plan le lien profond et perp tuel la m re une m re qui s est plus occup e de l enfant que du p re Toujours dans ce S minaire V Lacan souligne que le partenaire de l homosexuel ne saurait tre priv du phallus Cela centre la question homosexuelle sur la n cessit de l organe chez le partenaire comme chez Freud La raison pour Lacan en est dipienne la loi du p re ne vient pas s parer la m re de l objet de son d sir le phallus non seulement il ne prive pas la m re de l objet de son d sir mais plus encore c est la m re qui fait la loi au p re elle ne se laisse ni priver ni d poss der du phallus Cette phrase la m re qui se trouve avoir fait la loi au p re est une v rit clinique de l homosexualit dans un certain nombre de cas L enfant reste ainsi l objet du d sir de la m re le phallus imaginaire et comme il l est il ne peut pas l avoir il ira donc le chercher chez le partenaire Au troisi me temps de l dipe moment o la m re aurait d tre priv e du phallus par le p re et o l enf
13. rire c t homme ou c t femme quel que soit son sexe biologique desserre de fa on majeure le carcan dipien et la servitude de la castration phallique 4 Lacan J Remarque sur le rapport de Daniel Lagache crits Paris Le Seuil p 682
14. tence du rapport sexuel C est une croyance leurrante Lacan crit propos de la cure une phrase qui peut nous clairer Pour acc der ce point au del de la r duction des id aux de la personne c est comme objet a du d sir comme ce qu il a t pour l Autre dans son rection de vivant que le sujet est appel rena tre pour savoir s il veut ce qu il d sire On peut appliquer cette phrase la question du choix sexu Savoir s il veut ce qu il d sire il n y a pas de plus belle d finition du consentement son d sir et ce qui le cause Ce temps pour choisir de plus en plus long correspond l ouverture qui offre au sujet le temps pour savoir s il veut ce qu il d sire dimension auparavant recouverte par la d termination signifiante De ce fait m me le choix sexu n est pas aussi d termin qu avant il est plus fluctuant moins identitaire L identit sexu e reste souvent ind cise assez longtemps d o des cons quences quelquefois surprenantes dans la constitution des couples C est l qu on se rend compte quel point le mod le dipien et ses identifications taient une prison normative Les formules de la sexuation crites par Lacan dans le S minaire xx sont un verdict tranch sur la d termination dipienne de l identit de genre et du choix d objet La possibilit donn e par ces formules logiques ces critures d avoir le choix de s insc
15. ticulation faire entre les d terminations inconscientes de chacun et le mode de jouir mais cela ne veut pas dire pour autant que le mode de jouir est enti rement d termin par les identifications dipiennes inconscientes D s le S minaire VI Le d sir et son interpr tation Lacan met l accent sur le fantasme comme ce qui oriente le d sir d un sujet dans sa singularit Quelques ann es plus tard il mettra en lien le d sir avec l objet qui le cause l objet a Le phallus et la castration ne seront plus le seul identifiant du d sir Quelle est la place du fantasme dans le d sir homosexuel Y a t il des fantasmes privil gi s dans l homosexualit Il ne s agit pas bien s r d tablir un catalogue des fantasmes homosexuels Surtout pas chacun son fantasme 3 Ibid p 208 Tr s vite dans l enseignement de Lacan le phallus n est plus le seul d terminant du d sir et ne suffit donc plus donner l orientation homosexu e En suivant ses avanc es autour des ann es soixante dix on trouve plusieurs approches qui subvertissent et d valuent la fonction du Nom du P re de l dipe C est ce qui nous permet de mieux comprendre les effets de la libert prise avec le carcan dipien dans nos soci t s contemporaines Examinons quelques exemples de ce nouvel abord de la psychanalyse dans les ann es soixante dix Lacan a fait un sort la question de la perversion en disant qu elle tait g n ralis e
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