A LA RECHERCHE DE LA DIGNITÉ
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1. Tillich P Le Courage d Etre Cerf 1999 Paris Callahan D Setting Limits Simon amp Schuster 1987 Williams G The Sanctity of Life and the Criminal Law A Knopf 1974 CCNE Avis No 63 Internet D calogue Internet British Med J Juil 2003 Roy D J Editorial J Pall Care Vol 18 No 1 Schutz A Sens commun Internet Doucet H Mourir Descl e 1995 Bull Coll ge m decins du Qu bec Vol XXXII No 5 Communication personnelle2. interroger car les mots SACR et VIE non d finis sont ambigus au point de para tre en contradiction avec d autres lois canadiennes Ainsi personne ne met en doute qu un foetus de 20 semaines soit vivant ce qui n a pas emp ch cette m me Cour de cautionner 100 000 avortements par ann e Cette derni re approbation semble donc confirmer que l autonomie de la personne a pr s ance sur le caract re sacr de la vie affirmant par l m me le caract re sacr de la personne noter galement que le sens commun accorde un caract re quasi sacr aux derni res volont s d une personne comp tente La Commission s natoriale sp ciale recommanda au gouvernement de maintenir l interdiction de l aide au suicide en d pit de suggestions d experts de faire du suicide assist ou de l euthanasie sur demande un cas d esp ces les dissociant de la notion d homicide au premier degr passible de 10 14 ans de prison Il faut rappeler que la d cision Rodriguez fut on ne peut plus partag e cinq contre quatre Cette cause est tr s significative en ce que 4 des 9 juges y inclus l ancien juge en chef Antonio Lamer s opposaient aux deux arguments de la majorit savoir le caract re sacr de la vie et les risques envers les personnes vuln rables Peut on parler d une anomalie quand une loi maintenue en vigueur par une seule voix de majorit contrarie l opinion de 75 de la population canadienne et d
3. ponse fut br ve et n invitait pas au dialogue C est comme cela que je vois les choses me dit elle Ces bons r sultats obtenus par l approche de Saunders sont retenir car les tribunaux persistent les utiliser comme argument contre le besoin de nouvelle l gislation Puisqu on soulage bien la douleur pourquoi l galiser le suicide assist ou l euthanasie demande t on Comme si la douleur seule importait Ce r ductionnisme tonne Douleur n est pas synonyme de souffrance La morphine soulage la douleur mais tr s peu la souffrance On s tonne galement que les recherchistes au service du l gislateur et de la justice semblent ignorer que de nombreuses tudes ont bien tabli que la douleur n est que rarement le motif principal d une demande d abr ger la vie Consid rons les donn es principales de 2 tudes canadiennes multicentriques publi es en 2006 et 2007 La premi re fut r alis e aupr s de patients gravement malades de cancer ou autres maladies fatales Pour les 440 patients de l tude l importance de la douleur se classait au 7 rang de leurs pr occupations terminales Ne pas tre un fardeau au 5 rang Au 2 rang ne pas recevoir de traitements futiles Et au premier rang avoir une confiance totale en son m decin 6 La seconde tude pancanadienne consista interviewer 379 canc reux au stade terminal ou pr terminal et b n ficiant de soins palliatifs l h pital
4. A LA RECHERCHE DE LA DIGNIT Remarque pr liminaire Le suicide assist et l euthanasie sur demande reposent sur le m me principe qui accorde au caract re sacr de la personne priorit sur le caract re sacr de la vie Il en d coule une autonomie que les lois canadiennes devraient respecter quand elle n enfreint pas les droits d autrui Ils diff rent dans la pratique mais sont interchangeables dans l esprit de ce texte Pour all ger le discours le mot euthanasie employ seul veut toujours dire euthanasie sur demande Ne vivez pour l instant que les questions Peut tre simplement en les vivant finirez vous par entrer insensiblement un jour dans les r ponses Rilke Lettres un jeune po te Depuis plus de 20 ans dans plusieurs pays sont mises sur pied des associations pour le droit de mourir dans la dignit ADMD La dignit est un concept d une ambigu t extr me qui chappe toute d finition Comme la pornographie elle confond la justice qui ne peut la d finir mais qui sait la reconna tre Seuls celles et ceux qui la perdent l appr cient correctement Ainsi en 2003 un ditorial du British Medical Journal titrait La dignit est un concept inutile Une raison parmi plusieurs il permet en son nom qu on exige ou interdise l euthanasie 1 Une mini temp te s ensuivit qui donna lieu un symposium Saint Jean Terre Neuve en juin 2004 Des professionnels de diverse
5. affres de la d cr pitude progressive une c th la fois a crit un malade de l indignit de l incontinence urinaire f cale rectale ou pire vaginale d un essoufflement incessant des douleurs aigu s en coup de poignard caus es par l affaissement d une vert bre canc reuse et qui font crier au moindre mouvement de l extr me maigreur et de l extr me faiblesse qui d bouchent sur une d pendance totale m me pour les gestes les plus simples comme se tourner seul au lit d un petit huiti me de tour ou encore porter un demi verre d eau sa bouche dess ch e Apr s une heure de compassion au chevet d un grand malade combien souvent se rappelle t on que SA journ e en compte 23 autres et combien de fois se dit on que seul lui ou elle est m me d valuer sa souffrance Voil pourquoi je pr f re me dissocier du discours qui pr ne le courage de s en tenir jusqu la fin qu une compassion ind fectible qui accepte de souffrir avec l Autre le v ritable sens du mot compassion quand c est l Autre surtout l Autre qui souffre MOURIR EST IL UN DROIT De ce qui vient d tre dit doit on conclure l octroi d un Droit de Mourir Mes lectures et des amis avocats d une comp tence reconnue penchent vers une d criminalisation de l euthanasie Un droit permet d exiger des services que pourrait contrer un objecteur de conscience qui a droit au respect Laisso
6. aract re sacr de la vie qu un mourant en d tresse demande que la sienne soit court e 12 galement Paul Tillich un des plus grands philosophes th ologiens du XXe si cle crivit dans son c l bre ouvrage Le courage d tre Elles sont plus nombreuses qu on pense les personnes sto ques pour qui la notion de suicide ne s adresse pas ceux que la vie a vaincus mais celles qui ont triomph de la vie et qui sont tout la fois capables de vivre et de mourir et qui peuvent choisir librement entre les deux 13 Une autre opinion et non des moindres est du bio thicien Daniel Callahan directeur fondateur du Hastings Center for Bioethics une des grandes institutions occidentales en ce domaine Dans son livre Setting Limits il crit Le caract re sacr de la vie se doit d tre le caract re sacr de la personne et ne peut se limiter sa r alit corporelle 14 Une derni re opinion interpelle quiconque s oppose la l galisation d une aide m dicale pour mourir Au milieu des ann es 60 Glanville Williams un juriste anglais de tr s grande r putation et prolifique auteur publia On the Sanctity of Life and the Criminal Law Il y compilait sa longue recherche sur toutes les infructueuses tentatives de par le monde de l gif rer en faveur de l euthanasie sur demande Il fut amen conclure que les principaux motifs invoqu s contre les l gislations propos es taient toutes essent
7. e 83 de celle du Qu bec 11 Or les exceptions au caract re sacr de la vie sont tr s nombreuses Qu on pense aux guerres aux Croisades l Inquisition aux circonstances particuli res que mentionnent Eric Fuchs et David Roy qui se situent en dehors de toutes les r gles Cette notion d exception n est pas nouvelle Le S nat d Ath nes pouvait juger recevable une demande d aide au suicide et remettre au demandeur une potion de cigu utiliser selon son vouloir On peut se d soler que la Renaissance ayant d couvert via les arabes la sup riorit indubitable de l humanisme hell nique sur la foi superstitieuse du Moyen Age celle l m me qui avait emprisonn Galil e et br l Bruno n a pas su redonner l Homme moderne l autonomie sur sa vie qu accordait Ath nes la Gr ce de Socrate Platon et Aristote dont nous nous r clamons toujours DE QUELQUES OPINIONS CE SUJET Au journaliste de l Actualit m dicale Eric Fuchs avait d clar Non la notion du caract re sacr de la vie n est pas acceptable en m decine Ce n est pas la vie qui est sacr e c est la personne 3 De m me Ronald Dworkin minent juriste et philosophe am ricain porte parole du M moire des philosophes devant la Cour Supr me des Etats Unis d clara Interdire l abr gement de toute vie en invoquant le caract re sacr de la vie est irrecevable quand c est pr cis ment au nom de ce m me c
8. grand respect Ce serait en moins triste et adapt notre culture l accompagnement mu de l esquimau g impotent quittant son igloo par une nuit 40C pour d poser son fardeau de vivre en m me temps solidaire de sa famille et de sa communaut Je fais miens les mots du Docteure Angell Je ne puis concevoir pourquoi quiconque voudrait emp cher cela Je laisse Hubert Doucet le mot de la fin tir de son livre Mourir 21 La mort avec dignit dont il est tellement question ces ann es ci ne devrait pas tre imagin e comme une mort tr s douce mais comme une mort qui respecte la personnalit et l histoire d un chacun Avril 2009 Marcel Boisvert md IR F RENCES British Med J juil 2003 Dignity at the End of Life J Pall Care 20 3 2004 Fuchs E L Actualit m dicale 14 sept 1990 Roy D J Editorial J Pall Care Vol 6 No 2 1990 Saunders C M The Management of Terminal Disease Arnold 1978 What Matters Most in End of Life Care CMAJ 28 f v 2006 ARR Ee 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 Desire for Euthanasia or Physician Assisted Suicide in Pall Cancer Care Health Psychology vol 26 No 3 2007 Doucet H Symposium r seau S Pall Qu bec avril 2006 Roy D J Editorial J Pall Care Vol 18 No 1 2002 Greffe Sue Rodriguez No 23476 1993 Sondage Ipsos Reid juin 207 Dworkin R M moire des philosophes 1996 Internet
9. icely Saunders au milieu des ann es 60 d abord l Hospice St Joseph puis dans son St Christopher s Hospice de Londres ont r ussi inverser ces statistiques permettant de soulager tr s appr ciablement 70 80 des malades et de leur douleur et d un bon nombre de leurs sympt mes 5 C est elle qui proposa la notion d une souffrance totale TOTAL PAIN laquelle il fallait opposer une approche holiste TOTAL CARE Et son bras droit des d buts le Dr Robert Twycross d limitait le terrain du malade en ces termes La douleur est ce qu en dit le malade Slogan qui rejette tout paternalisme et s accommode tout aussi bien du mot indignit L approche de Saunders consistait en une utilisation minutieuse et compulsive des opiac s le nouveau nom des narcotiques du mot opium mais en plus d une gale importance une attention constante aux probl mes et besoins de nature psychologique sociale spirituelle et existentielle du malade Une coute et un accompagnement assidus et pleins de compassion qui devait inclure galement la famille et cet accompagnement insistait elle devait se d rouler sur le terrain du malade et non sur celui des soignants Docteure Saunders refusait l id e d un stade avanc de la maladie o disait on il n y avait plus rien faire Comment pouvait il n y avoir rien faire pour les plus malades des malades Son but ultime tait d aider ses patients attei
10. iconque a pratiqu assez longtemps en soins palliatifs a s rement rencontr un ou des malades ayant demand r p tition que leur vie soit court e tre frustr s et bless s par l offre d une s dation terminale y voyant l injure ajout e l insulte leur endroit et plus encore l endroit de leur famille Cette question demeure donc enti re DE LA NATURE DU PROBL ME QUE POSE L EUTHANASIE Depuis ma lecture et relecture du livre de Glanville Williams mon exp rience dans le milieu des soins palliatifs m a enti rement ralli son opinion savoir que les objections l euthanasie proc dent de sentiments conscients ou subconscients de nature religieuse qui font de la Vie un intouchable don de Dieu une notion th ologique qui ne fait pas l unanimit aupr s des th ologiens cit s Tout un chacun veut et recherche la dignit Sujet d actualit parler d euthanasie c est revendiquer la pr s ance du caract re sacr de la personne sur celui impersonnel de la vie C est aussi d noncer des lois dont l incoh rence brime le sens commun cette morale collective ce mode d emploi de la culture dont parle le philosophe Alfred Sch ltz 20 Le sens commun pr c de ne suit pas les philosophes Bien avant ces derniers l Homo sapiens savait d j que la vie est le plus pr cieux des biens Plus r cemment philosophes et th ologiens ont retrouv les mots du sens commun recon
11. iellement de nature 7 religieuse explicite implicite ou occulte 15 Conclusion support e 50 ans plus tard par le CCNE Conseil Consultatif National de l Ethique qui offrit le long Avis No 63 au gouvernement fran ais La loi qui consid re l euthanasie comme un meurtre ou un assassinat est extr mement vertueuse et s v re Elle est rarement appliqu e des euthanasies ont lieu et ne sont sans doute pas dans la majorit des cas le fait de meurtriers pervers Or l hypocrisie d une loi proclam e mais non appliqu e pose de r els probl mes pour une d mocratie 16 On croirait ce texte crit pour le Canada Plusieurs v nements en font foi madame Rodriguez est d c d e peu apr s le refus de la Cour supr me sans nul doute avec une aide clandestine et son d c s n a donn lieu aucune enqu te s rieuse ni poursuite judiciaire ces derni res ann es lors de proc s pour aide au suicide on a vu les jur s tre plus cl ments que les juges seuls les juges eux m mes se sont montr s plus cl ments jusqu condamner avec sursis comme dans le cas de Mme M Houle plusieurs intervenants ont rappel que les mots homicide tuer meurtre assassinat impliquent a ter la vie b avec violence et rappelant que le mot violence veut dire contre la volont de viol et cons quemment ne peuvent tre appliqu s suicide assist ni euthanasie sur demande Que cet illogisme produi
12. iews faites par des chercheurs Je traduis des interviews de 32 mourants qui exprimaient leurs perceptions et leur peur que mourir signifiait la d sint gration de leur humanit et une fin indigne Une demande de mourir est complexe parce que sa source ne r side pas principalement dans le stress et la d tresse du moment de la douleur des inconforts dans la fatigue due la progression de la maladie Le d sir de mourir vient de l ensemble du contexte social familial personnel qui emprisonne le c ur le cerveau l me dans l espace restreint o la perte de son identit de sa dignit et de son appartenance envahit chaque instant de la conscience 9 En d pit de ces lignes l un et l autre de ces auteurs ne sont en faveur de la l galisation de l euthanasie Apr s ces lignes on ne peut que s interroger sur les motifs de leur r ticence Nous y reviendrons plus loin Il semble donc se dessiner une divergence profonde entre les lucides et les solidaires un vocabulaire bien qu b cois Entre les lucides qui d crivent cette souffrance non traitable comme l crit Hubert Doucet mais qui se refusent d y mettre fin m me la demande expresse du malade qui n en peut plus et les solidaires qui croient avec David Roy que certaines fins de vie m ritent d tre abr g es dans la dignit au nom d une l gitime compassion Les soignants tous en sant relative ne sont pas habilit s ressentir les
13. naissant que l exception confirme la r gle que tout interdit peut tre viol que des souffrances exceptionnelles m ritent qu on les abr ge En effet le sens commun nous dit que lorsque le bien qu est la vie n est plus un bien mais qu un futile et insupportable fardeau il n est que raisonnable de vouloir le d poser ou de demander de l aide quand la faiblesse est trop grande et expose trop de risque pour le faire soi m me On doit le rappeler seul le porteur du fardeau en conna t la lourdeur et croire que l encouragement l accompagnement l amour ou la pri re peuvent suffire au soulagement est selon Hubert Doucet de la fausse repr sentation Que nous dit le sens commun confront une situation insoutenable A quelque distance du lit du mourant il dit dans cet tat il serait bien mieux mort pris comme a je ne voudrais pas vivre 1 ne demande qu mourir Pourquoi le Bon Dieu ne vient il pas le chercher Quiconque de qualifi avec respect et compassion et sa demande aide un mourant se d lester du fardeau qu est devenue sa vie n est pas un assassin qui donne la mort mais un humaniste charitable respectueux du droit que conf re le caract re sacr de la personne de finir sa vie selon ses valeurs profondes Il n est pas difficile d imaginer un moment solennel empreint de compassion fraternelle r serv au d part d un tre cher dans le plus
14. ndre une s r nit suffisante pour maintenir ou trouver un quelconque sens leur vie quand eux et tout autour d eux s effondrait Mais quand pour certains malades la souffrance physique ou psychique devient trop grande n y a t il pas une limite la qu te du sens de la vie Ainsi lors d un colloque sur le suicide assist tenu Montr al le psychiatre Yves Quenneville consultant en soins palliatifs avait offert le commentaire suivant Il me semble que vient un moment o la souffrance n a plus de sens Je crois que rendu un certain point c est du domaine de l impossible de trouver un sens qui soit coh rent cette souffrance 22 Il y a quelques mois j ai tenu v rifier ses dires Sa r ponse forg e par 25 ann es de consultation en soins palliatifs fut non quivoque Oui je mai ntiens ce que j ai dit Je pense que cette id e de la recherche du sens tout prix est inacceptable On ne peut s acharner pousser du sens des mourants alors qu ils sont se battre justement avec le non sens et ne sont pas en tat de se faire imposer des cr dos ext rieurs Je ne crois pas que ce soit la bonne fa on d accompagner 23 La pointe d un iceberg se dessine ici En contradiction avec son intention formelle de rejoindre le malade sur son terrain bien lui Saunders a toujours cat goriquement refuser l id e m me d euthanasie Je l ai questionn e sur ce paradoxe Sa r
15. ns cette question aux juristes Pr occupons nous du QUAND c est dire de la promulgation d une nouvelle loi Pour le COMMENT la sagesse dicte de ne pas r inventer la roue et d aller voir dans un premier temps la mani re choisie par d autres l gislatures et d en faire une adaptation critique qui conviendrait nos circonstances Je retiens un sourire en pensant mes premi res ann es l H pital Royal Victoria Pour les rares avortements pratiqu s obst triciens et r sidents taient choisis selon leurs croyances religieuses DU CARACT RE SACR DE LA VIE En 1993 la cause de Mme Sue Rodriguez atteinte de la maladie de Lou Gherig ou Scl rose Lat rale Amyotrophique SLA qui la Cour supr me de la Colombie Britannique et la Cour supr me du Canada avaient refus l aide au suicide qu elle avait demand e fut s rement la plus m diatis e au pays Suite cette d cision avec une majorit d une seule voix la Commission s natoriale sp ciale fut institu e pour tudier l aide au suicide Quels furent les principaux arguments de la Cour supr me pour justifier ce refus Le premier se r f re au caract re sacr de la vie et le second concerne les risques d abus envers des personnes dites vuln rables 10 Invoquant une longue et universelle tradition le caract re sacr de la vie se retrouve dans plusieurs jugements de cette Cour y inclus celui de Mme Rodriguez Il est impossible de ne pas s
16. nt du gouvernement qu il est impossible de concevoir des dispositions se situant entre la d criminalisation compl te et la prohibition absolue 10 Apr s cette d cision controvers e plusieurs critiques se sont fait entendre Je n en retiens qu une celle du juriste Bernard Dickens Universit de Toronto Avec le respect d aux juges 1l d clarait Qu on ne peut en droit p naliser des victimes r elles au profit de victimes hypoth tiques Dernier item sur ce sujet le British Medical Journal de juillet 2003 est un num ro sp cial sur les soins en fin de vie En voici quelques donn es pertinentes En Hollande contrairement toutes les appr hensions et pr dictions le nombre de demandes d euthanasie a plafonn apr s quelques ann es et aucun signe d abus ni de poursuites ne fut not De plus on y mentionne que le deuil des familles concern es en fut facilit 18 ANECDOTE M DITER Au d but de 2002 le p re du Dr Marcia Angell ex r dactrice en chef du New England Journal of Medecine s enl ve la vie avec une arme feu chez lui le jour pr c dant son admission l h pital admission qu il envisageait comme terminale pour un cancer g n ralis Peu apr s la Docteure Angell t moignait en Cour en faveur de la loi de l Oregon laquelle encadrait l aide au suicide que le gouvernement central de George W Bush voulait interdire Elle insista sur l importance pour son p re tou
17. ol rable Ce faisant on pr tend ne pas vouloir abr ger la vie seulement en soulager le fardeau selon le principe du double effet On contourne ainsi les interdits religieux et les interdits l gaux ces derniers tant presque 9 incontournables en milieu hospitalier Mais cela revient violenter les derni res volont s d un mourant Nombreux sont les commentateurs qui doutent de la valeur du principe du double effet et consid rent qu il s agit en fait d une euthanasie lente ce que rejettent videmment les opposants l euthanasie Cette pratique est l gale laiss e la discr tion du m decin traitant et du malade et ne fait l objet d aucune balise en d pit d une fronti re commune avec l euthanasie dans son aboutissement terminal Dans le paysage actuel o il est dit qu encore trop de m decins sont inconfortables dialoguer sur la mort sont risque de sous diagnostiquer un niveau de d pression significatif et manquent d exp rience dans le soulagement des douleurs les plus s v res on voit que les risques d acquiescer pr matur ment une demande d courter la souffrance sont r els dans toute d marche non balis e qui n exige aucune consultation en soins palliatifs non plus que l approbation d un coll gue Une loi bien encadr e prot gerait non seulement les personnes dites risque mais galement les patients non risque contre toute inexp rience professionnelle Qu
18. ou la maison 63 taient favorables l euthanasie 75 auraient pr f r l euthanasie au suicide assist 6 22 patients opteraient pour une euthanasie imm diate Rejoints plus tard une seconde fois 16 sur 17 de ces patients r it r rent leur d sir d une euthanasie imm diate Ces 22 patients taient les plus malades m me si leur survie n en fut pas court e compar e aux autres participants Ils affichaient un score de d pression plus lev tout en demeurant aptes 4 ainsi qu un score plus bas de religiosit Pour aucun d eux la douleur n tait la source de leur d sir d courter leur souffrance Une vie futile et vid e de son sens tait la raison principale de leur d sir 7 Il faut remettre les pendules l heure La douleur fut peut tre mais n est plus la premi re pr occupation des mourants Bien des penseurs sont d accord L thicien Hubert Doucet Universit de Montr al lors d un symposium sur le suicide assist tenu Qu bec en 2006 d clarait ceci On a peu r fl chi la souffrance m me de mourir la souffrance d tre l dans une vie qui n a plus de sens qui est la d gradation de l identit Cette souffrance n est pas traitable Dans ce sens c est de la fausse repr sentation que de croire qu il est possible de ma triser toute souffrance 8 Dans le m me sens David Roy dans un autre ditorial commentait des interv
19. passion POUR OU CONTRE Bien ou mal pos es les questions livrent toujours des r ponses Les r ponses une question mal pos e d peignent davantage le r pondant qu elles ne r pondent la question Ainsi tes vous POUR ou CONTRE l euthanasie est une mauvaise question Les r pondants ne font que d fendre leurs opinions ou leurs valeurs D aucuns ne voient le saugrenu d une telle question Demanderait on un orthop diste tes vous POUR ou CONTRE l amputation Sa seule r ponse serait Cela d pend L enjeu ici n est pas l opinion d un chacun C est le sort d un mourant La seule mani re de formuler cette question Existe t il des circonstances o pour soulager la souffrance intol rable d un mourant on peut sa demande expresse courter sa vie La morale affirme un NON cat gorique TU NE TUERAS POINT Par contre l thique reconna t que des circonstances exceptionnelles peuvent le justifier Ne dit on pas que l exception confirme la r gle C est que la morale se situe dans les principes et l thique dans l action 2 Le th ologien Eric Fuchs Universit de Lausanne lors d un symposium Qu bec r pondait au journaliste de L Actualit m dicale En morale tout interdit doit pouvoir tre viol dans certaines conditions 3 De m me l thicien montr alais David Roy r dacteur en chef du Journal of Palliative Care crivait dans un dito
20. rial de 1990 J ai dit publiquement maintes reprises qu courter la vie d un malade dans certaines circonstances pouvait tre thiquement justifi et il poursuit En temps de guerre des horreurs adviennent qui se situent en dehors de toutes les r gles Des situations semblables se pr sentent en m decine Je suppose que l ultime d fi de l thique consiste savoir quoi faire quand toutes les r gles ne conviennent pas Quelques paragraphes plus loin il d crit le cas d sesp r d un cancer de la gorge et ajoute Le m decin aurait t tout fait justifi avec l assentiment de la malade de choisir le moment de sa mort Ceci n est qu un exemple d une mort in vitable et imminente qu il est conforme l thique de devancer Il termine n anmoins l ditorial en s opposant toute l galisation de l euthanasie 4 QU EN EST IL DE LA DIGNIT L id e d indignit se d veloppe aux fronti res de la dignit laquelle comme la sant ne s appr cie vraiment que lorsqu on la perd un v nement tristement familier en soins palliatifs L approche palliative a t reconnue d abord pour ses remarquables succ s soulager la douleur et les nombreux sympt mes qui l accompagnent De nombreuses tudes avaient document que 70 80 des canc reux souffraient de douleur s v re non seulement au stade avanc mais tout au long de leur maladie Les travaux de C
21. s disciplines et de plusieurs continents se r unirent pour proposer leur points de vue parfois diam tralement oppos s 2 L utilit du concept r side surtout dans l opportunit qu il nous offre d en discuter dans l espoir de mieux arrimer nos soins aux besoins des malades en fin de vie Depuis 1900 le monde a connu de remarquables innovations qui vont de l lectricit et de l automobile l nergie nucl aire l exploration spatiale et l informatique sous toutes ses formes Ce dont on parle moins c est que l esp rance de vie est pass e de 50 ans en 1900 82 ans en lan 2000 Jadis on mourrait jeune et vite Aujourd hui on meurt vieux et lentement surtout de maladies d g n ratives en t te de liste cancer et d mence Et faut il le rappeler la m decine comme la soci t dont elle est issue est obs d e par la prolongation de la vie sans gards suffisants sa qualit jusqu ce qu il soit souvent trop tard Qu est ce que la dignit Et son contraire l indignit Mourir avec dignit peut il tre un droit Pourquoi veut on mourir Qu en est il du caract re sacr de la vie La morale interdit de tuer Mais l thique permet elle d courter une vie de souffrance insupportable L euthanasie est elle un homicide Et puis les questions peuvent devenir introspectives De quoi vais je mourir D une maladie d un accident Comment vais je mourir Subitemen
22. t un peu plus lentement Dans quel tat Avec peu de douleur mais d une ex crable faiblesse ou au cours d une terrifiante temp te d essoufflement ou d occlusion intestinale Selon l ge de la personne s interrogeant de nouveaux cueils apparaissent Le sens d une fin de vie 40 ans avec de jeunes enfants ne ressemble en rien celui de mourir 80 ans d un cancer Et la dynamique sociale diff re compl tement si c est le papa ou la maman qui bient t ne sera plus l ou si l on habite 20 minutes de m tro ou 90 minutes de voiture de l h pital et si l on a de bonnes assurances des enfants proximit ou de bons amis ou de bons voisins Et comment solutionne t on 60 ou 80 ans le dilemme de rester la maison le plus longtemps possible ou de voir le conjoint ou la conjointe s puiser la t che avec le support plus ou moins bon du CLSC Aucun l ment de ces litanies ne m rite d tre qualifi de d tail Ces questions je les vis depuis 30 ans d abord en g riatrie puis en pr s de 20 ans de soins palliatifs Insensiblement comme l crit Rilke je suis entr dans mes r ponses Vous devrez entrer dans les v tres Mon propos sera donc de relater ce que de malade en malade de lecture en lecture j ai glan d arguments qui m ont convaincu qu il est pr f rable au nom du caract re sacr de la personne d tre jug pour un exc s que pour un manque de com
23. t l inacceptable injustice de traiter comme de vils criminels les professionnels qui ne feraient preuve que de comp tence et de compassion deux mots indissociables en m decine Le cas il y a quelques ann es de la pneumologue N Morrison dans les Maritimes ne servit qu la honte du pays Un d tail significatif sur le sens des mots se doit d tre mentionn La meilleure traduction reconnue des biblistes n est pas TU NE TUERAS POINT mais TU NE COMMETTRAS PAS D ASSASSINAT ce qui signifie explicitement de la malice non de la compassion 17 LES HYPOTH TIQUES RISQUES Le deuxi me argument de la Cour Supr me concerne les risques pr sum ment encourus par des personnes dites vuln rables Rappelons que 4 des 9 juges n valuaient pas ces risques ni comme tant in vitables ni suffisants pour figer la Loi dans son statu quo Dans leur humanisme pragmatique ils entrevoyaient des m canismes de protection de nature minimiser ces risques lesquels demeurent ce jour hypoth tiques Voici ce qu en dit l ancien juge en chef Antonio Lamer La crainte que la d criminalisation de l aide au suicide accentue le risque que des personnes handicap es soient manipul es ne justifie pas la port e excessive de l article 241 b Article qui criminalise les aidants au profit des personnes potentiellement vuln rables 10 Le Juge McIntyre d clare Je ne suis pas convaincu par l argume
24. te sa vie durant de prendre soin de sa famille et non l inverse L hospitalisation il le savait le priverait de sa derni re chance de d cider de son destin Docteure Angell s est dit convaincue que la vie de son p re se serait termin e autrement calmement entour des siens et qu il aurait s rement prolong sa vie sachant qu il aurait pu b n ficier d une euthanasie son moment venu Elle offrit la Cour cette derni re r flexion Il me semble que l Oregon a choisi la voie qui offre aux mourants l opportunit de jouir de la plus grande autonomie avec l entier support de leur famille et de leur communaut Je ne puis concevoir pourquoi quiconque voudrait emp cher cela 19 LA S DATION TERMINALE On ne peut parler de fin de vie sans r fl chir la s dation terminale consid r e par plusieurs comme UNE sinon LA porte de sortie tout ce d bat On pourrait consacrer toute une journ e cette question Je n en dirai que quelques mots et dans son sens le plus troit La s dation terminale consiste l aide de m dicaments et avec le consentement du malade induire un sommeil profond un coma pour soulager des souffrances physiques et ou psychiques r fractaires tout traitement et ce jusqu au terme de sa vie C est le seul compromis qu on peut l galement offrir actuellement aux patients lucides qui demandent que leur vie soit court e cause de souffrance int
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