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Les situations interculturelles critiques et leurs interprétations

1. 9 compr hensions nos communications nos coop rations dans les situations culturelles critiques qui ne manqueront jamais Dans le pr sent texte qui traite particuli rement des strat gies des personnes aux prises avec une situation culturelle critique ces strat gies sont envisag es sous sept perspectives On trouve tr s souvent d abord une absence de strat gie Les partenaires sont seulement dans l ignorance de l impact des diff rences culturelles 1 Chacun croit que sa propre culture est universelle Si l autre n y correspond pas ce n est que par mauvais vouloir ou incapacit Les v ritables strat gies ne commencent qu avec la claire conscience de la diff rence des cultures On peut suivre alors un v ritable crescendo dans le n gatif On affiche sa culture pour provoquer l autre 2 On d nonce on caricature l autre dans sa conduite et sa culture 3 On l agresse 4 Il existe aussi des strat gies qui transforment la situation culturelle critique de fa on positive par exemple en tant capable de juger sa propre culture et de valoriser celle de l autre 5 Une strat gie originale consiste mobiliser ce qui est commun comme des activit s artistiques th trales musicales etc 6 Et finalement de reconna tre un fond humain partag 7 la source des cultures et des strat gies tant collectives qu individuelles Cela en d pit de la mode du relativisme culturel qui nie tout universel et m m
2. ge sexe statut socio conomique peuvent tre interpr t s de ces deux fa ons comme nous allons le constater Allemands Fran ais Polonais entre eux Plage et nudit 42 Un groupe d Allemands et de Fran ais hommes et femmes se baignent en maillot de bain sur la plage de Cavali re non loin de Saint Tropez Quelques participants racontent que l on se baigne nu sur certaines plages Une Allemande d clare J admire chez les Fran aises le rapport libre qu elles ont avec le corps et la nudit Surprise chez les Fran aises Elles contredisent les Allemandes Il ne faut pas confondre la France avec telle ou telle plage de Saint Tropez Il est possible que les femmes qui se baignent soient des touristes et non des Fran aises Ici par exemple sur notre plage avec de bonnes familles bourgeoises fran aises tu ne trouveras personne pour se baigner nu Et m me pas seins nus Pendant cette conversation un des jeunes Allemands enl ve son maillot de bain et se place d une mani re provocatrice devant le groupe Certains Fran ais lui disent de se rhabiller qu il pourrait avoir des ennuis Plus tard d ailleurs deux gendarmes arriveront exigeant qu il se rhabille et les suive au commissariat Certains baigneurs s tant plaints on lui enjoint de cesser d finitivement de troubler l ordre public Les conduites concernant la nudit r sultent de cultures nationales relativement diff rentes Elles sont souvent
3. mesure du d roulement des activit s le technicien de 25 ans est tr s satisfait des jeunes fran ais et belges Ils m aident ranger le mat riel apr s les activit s programm es Par contre il se dit tr s m content de la non motivation des Allemands ils ne veulent faire que ce qu ils ont envie de faire Ils sont arrogants ils se moquent de nous et nous prennent de haut ils font semblant de ne pas comprendre le fran ais un jour je les ai pi g s pour savoir si oui ou non ils comprenaient ce que je disais et ils ont tout fait compris quand ils veulent ils comprennent De plus les animateurs allemands ne les font pas ob ir Finalement le technicien fran ais se montre encore plus v h ment Apr s ce qu ont fait leurs papis ils peuvent bien maintenant les nettoyer leurs blockhaus Un silence envahit le groupe La situation tr s significative rec le quatre questions enchev tr es 1 En profondeur on trouve l opposition historique des Fran ais et Belges aux Allemands Certes les g n rations pr sentes n ont rien voir avec la Deuxi me Guerre mondiale Toutefois les blockhaus en constituent des traces insistantes bien pr sentes dans le paysage apr s plus d un demi si cle 47 2 C est l qu intervient la question de la continuit interg n rationnelle Sous sa formulation apr s ce qu ont fait leurs papis le technicien fran ais t moigne de la transm
4. r sultats gt se basent pour l essentiel sur des exp riences individuelles Les hommes et les femmes se rencontrent au del des fronti res tablissent des contacts et serrent des liens qui s av rent tr s souvent tre des l ments constitutifs de leur histoire de vie Mais il est difficile de nommer et de g n raliser leur impact les exp riences restant individuelles C est un grand d fi pour une recherche qui ne veut se contenter ni de statistiques sur le nombre des programmes et des participants ni du v cu individuel L analyse d v nements critiques est l une des m thodes pour tudier des processus sociaux plus complexes tels que le fonctionnement d organisations ou de rencontres interculturelles Dans cette approche l analyse d incidents mineurs en tant que situations clefs permet de mieux comprendre l ensemble dans sa complexit en captant des moments pr cis ses aspects essentiels Chercher des v nements critiques dans le sens de situations clefs peut se faire trois niveaux Premi rement il peut s agir d pisodes significatifs qui dans un champ d tude particulier par exemple une organisation sont d une importance majeure pour le succ s ou l chec de l action Deuxi mement il peut s agir d pisodes particuli rement r v lateurs des missions d une organisation Dans notre cas ce seraient des pisodes mettant en lumi re de fa on exemplaire ce que nous entendons quand nous parlons
5. 86 ont le culot d occuper en bloc la totalit du parking r serv la r sidence Sur un ton mi blagueur mi s rieux on cultive une image de l tudiant allemand riche et sans scrupules sans aborder le sujet avec les Allemands eux m mes Au terme d une promenade travers le village allemand l un des Fran ais prend la parole chaque coin de rue on voit l norme puissance conomique qu il y a derri re tout a rien qu voir les maisons et les voitures gt Remarque du chercheur charg de l observation participante les Allemands se sont regroup s pour venir ensemble avec des voitures qu ils avaient emprunt es leurs parents pour la bonne raison que contrairement aux tudiants fran ais aucun d entre eux ne poss dait lui m me une voiture Mais au moment o cette rencontre a eu lieu les autres ne le savaient pas 1 Consciente ou pas la prise de possession par les Allemands du parking avantageux le plus proche de leur r sidence n est pas sp cifiquement culturelle que ce soit au plan collectif ou personnel elle rel ve d une strat gie humaine g n rale la concurrence pour la possession de biens rares Plusieurs formules en font foi la terre est au premier occupant gt o encore premier arriv premier servi 2 D un autre point de vue humain g n ral s identifier positivement et identifier l autre n gativement est une donn e fr quente de l assurance et de la r
6. C est le cas pour le concept d invasion L invasion appara t alors sans connotation comme un fait en soi Une invasion est un mouvement de p n tration sur un territoire Le concept d invasion peut donc tre utilis la fois par ceux qui sont envahis et par ceux qui envahissent La situation D barquement ou invasion nous oblige prendre conscience qu il est difficile de s en tenir une orientation universaliste au c ur de positions et d expressions culturelles nationales D autant plus quand celles ci sont li es des v nements historiques tragiques o des ennemis se sont affront s douloureusement En ce 130 sens p dagogie culturelle et p dagogie universaliste ne devraient pas chercher s liminer mutuellement mais plut t se compl ter L argent des Roumains Un groupe franco germano roumain de travailleurs sociaux doit se retrouver dans une ville fran aise Lors de la rencontre de pr paration en Roumanie le responsable roumain explique dans un fran ais parfait qu il est impossible de demander une participation financi re aux jeunes Roumains Les formateurs fran ais conscients des diff rences de niveaux de vie entre les deux pays acceptent l tat de fait sans discussion Lors de la premi re rencontre en France les formateurs demandent aux participants allemands et fran ais de faire attention cette diff rence des niveaux de vie Par exemple en ne proposant pas trop souve
7. Toute proportion gard e n en va t il pas de m me avec une voiture qu il faut d abord voir En effet si diverses analyses ont tout leur sens Demorgon Lenhard M ller nous sommes oblig s d y constater une donn e centrale si ces femmes fran aises et ces femmes italiennes se retrouvent discuter voire pol miquer propos d une voiture il s agit d hommes que l on doit accueillir l a roport Dans la discussion l une des Italiennes signale que l un des hommes justement risque d tre trop grand pour la voiture Pareillement dans Qui fait la salade c tait des femmes en conflit entre elles propos des hommes et de leurs conduites Cette dimension Voir description p 71 33 Voir description p 43 119 suppl mentaire s ajoute sans aller contre les dimensions d analyse soulign es par Demorgon Lenhard M ller Parking qui divise Allemands et Fran ais Cette situation critique nous para t typique d un rep rage masculin Ce sont des groupes nationaux qui s affrontent Il est question de la sup riorit des uns et des autres travers leurs capacit s de mettre en place une plus ou moins grande organisation et leurs moyens de trouver une plus ou moins grande voiture Tout cela renvoyant aux performances conomiques plus ou moins grandes des Allemands et des Fran ais lire cette situation critique on a l impression qu aucune femme n est pr sente dans le groupe allemand et le group
8. faciliter la communication mutuelle ce type de conseil est certainement aussi dans un cas comme celui ci raisonnable Mais lorsqu il s agit pr cis ment de d pister le c t motionnel de la pratique de l tranger des formules d excuse du genre il ny a pas de quoi ou de rien risquent plut t de nous intriguer En fin de compte elles veulent litt ralement dire qu il ne s est rien pass que ce qui est arriv tait un incident de rien ou du moins quelque chose de si anodin qu il ne vaut pas la peine d en parler Or nous trouvons que l affaire m rite tout de m me qu on y pr te attention pour la raison tr s simple que les changes interculturels lorsqu on les examine d un peu plus pr s sont truff s d incidents de ce genre qui n ont l air de rien Celui qui a appris observer quelque peu ses propres r actions motionnelles pourra facilement constater qu au contact ordinaire de ph nom nes trangers nous sommes souvent tr s irrit s mais que nous avons galement appris en tant qu individus clair s nous persuader nous m mes du contraire ou dire d autres personnes que cela n a aucune importance Il en va par exemple ainsi quand nous Europ ens de race blanche passant en ville c t de gens de couleur ou de personnes v tues de mani re inhabituelle pensons involontairement notre portefeuille ou encore quand nous sommes irrit s que des personnes d autres 111 nat
9. le fait de s asseoir ensemble comme deux bons amis n est donc pas remis en question Il en va autrement des partenaires allemands qui sont davantage dans l observation et dans la m diation Au del des fronti res entre les deux nationalit s mais aussi dans le propre espace communicatif du sous groupe allemand une relation confrontative de ce genre est impossible Cela constitue une nouvelle indication sur le groupe d intellectuels Une controverse qui aborde un sujet d une fa on plus intellectuelle est une forme de communication qui cr e des liens lorsque les deux partis sont comp tents et que la capacit de verbalisation en tant que v hicule des interlocuteurs est coh rente L espace linguistique tranger d un pisode culturel plut t franco fran aise restreint la participation des Allemands D un c t ce handicap linguistique freine la participation interculturelle au d bat de l autre il permet aux participants actifs de faire un show non seulement personnel mais national qui au d but d un programme d change est naturellement signifiant et important pour leur positionnement dans le syst me de domination du groupe Et si les Allemands vivent ces d g ts gt comme une quasi catastrophe c est sans doute lt l id al d une rencontre harmonieuse qui se retrouve d truit un d bat orageux 77 au sein de l espace communicatif interculturel de ce groupe constitue une alternative Dans nombre de syst
10. uvre consiste s interroger sur les cultures d ge de sexe de statut social en relation avec les cultures allemandes fran aises leurs vari t s et leurs volutions Dans une premi re direction que l on peut dire culturaliste les ges les sexes les statuts sociaux d pendent des cultures nationales Cette th se a du sens Si l on se r f re l ensemble des pays de la plan te avec leurs sp cificit s religieuses et de m urs les cultures masculines et f minines les statuts socio conomiques et d ge ne sont pas ind pendants des civilisations continentales et religieuses sinon des nations Ce culturalisme fond au plan plan taire doit tre relativis pour telle r gion du monde plus homog ne comme celle de l Ouest europ en C est dans cette perspective que certains soulignent qu il y a aussi des caract ristiques communes Ainsi dans les rencontres d tudiants en cursus internationaux et d une mani re g n rale dans les rencontres de jeunes le rejet des diff rences l emporte souvent nous sommes tous des Europ ens nous sommes tous des jeunes En fait l accent mis sur telle dimension de la condition humaine a pour but de lui 41 accorder une importance plus grande qu aux diff rences culturelles nationales On est d abord homme ou femme riche ou pauvre jeune ou vieux Les situations culturelles critiques oscillent donc entre conceptions culturalistes et conceptions g n ralistes
11. Un Allemand 128 voque lt l invasion Un Fran ais lui demande pourquoi il utilise ce mot nazi L Allemand lui demande En quoi est ce un mot nazi Le Fran ais r pond en invoquant l tymologie Invasion du latin invadere p n trer violemment agresser quelqu un Il ajoute Les Am ricains et les Anglais qui d barquent en Normandie sont pour les Fran ais des lib rateurs Vous devez galement voir les choses ainsi si vous ne voulez pas passer pour un nazi Apr s un instant de silence g n un Allemand demande Comment vous les Fran ais appelez vous l invasion gt R ponse Tout simplement le d barquement Vous avez aussi ce mot en allemand Un Allemand dit Oui tu as raison C est une erreur de notre part je ne connaissais pas l tymologie du mot invasion Les participants en restent l Par contre la situation critique va rebondir et se prolonger travers une recherche entreprise par les responsables de la rencontre 129 Les responsables de cette rencontre veulent interroger les ouvrages historiques Dans le Ploetz dition de l ann e 1960 c est le terme de Landung gt d barquement qui est utilis alors que Ploetz a gard ses sympathies nazies bien apr s l effondrement du Reich Dans l ouvrage lt Eine deutsche Geschichte Une histoire allemande gt publi en 2001 on utilise indiff remment invasio
12. assurance identitaires Comme la psychologie de l enfant et la psychanalyse l ont montr l identification contre l autre Tap 1988 est une donn e in vitable de la construction de la personnalit C est une source permanente des attitudes x nophobes si elle n est pas compens e par tout un ensemble d autres identifications 87 3 Toujours du point de vue du fonctionnement humain g n ral l opposition entre objectivit et subjectivit est partout l uvre Le Nota Bene de l observateur chercheur se pr sente avec l assurance de l objectivit tout en tant r v lateur d une subjectivit allemande d sireuse ventuellement juste titre de souligner les pr jug s des Fran ais 4 L objectivit de l information conomique m me difficile manier est une piste garder Le test de frustration de Rosenzweig 2002 bien connu des psychologues nous permet d en d couvrir une autre concernant les modalit s d adaptation des personnes aux situations frustrantes En effet au c ur de leur frustration les Fran ais ont plusieurs choix possibles Ils peuvent se critiquer eux m mes il fallait arriver plus t t critiquer la situation un parking plus grand aurait t mieux adapt la r sidence critiquer les Allemands car ils ont pris le meilleur parking gt L objectivit a sans doute plus de chance d tre atteinte si les trois possibilit s sont prises en compte chacune pouvant
13. e un policier dans l exercice de ses fonctions o un homme qui repr sente formellement une instance de l ordre public qui contr le et sanctionne la conception qu il a de son r le d termine fondamentalement son r pertoire d actions avec les jeunes et le d linquant routier o un policier que le photographe utilise dans son travail comme objet de l action et qui se voit attribuer sur la photo pellicule un r le documentaire qui s empare du sien pour formuler un message pour lui obscur quivoque l aide de sa personne et de son activit Ce policier se sent peut tre agress ou pris sur le fait e celui qui est pris en flagrant d lit l usager qui n a peut tre pas respect ou eu connaissance voire reconnu une r gle de la circulation il tait tout simplement press il a commis un d lit et peut tre consid r comme victime ou d linquant 2 Aspects se rapportant au petit groupe Dans cette sc ne Marc joue un r le minent car tout le groupe l attend lui accorde de l importance et lui offre galement un soutien protecteur Lors de son altercation 64 avec l autorit publique le groupe constitue un appui solidaire Cela valorise Marc qui est l objet de pr venances 3 Niveau social Le premier aspect c est la discipline routi re dans quelle mesure les usagers respectent ils les r gles publiques tablies par la loi Un feu de signalisation est un feu de signalisation est un f
14. en quelque sorte au pied du mur On pourrait le penser dans la mesure o lui m me signale qu en ce qui concerne leur pr tendue ignorance du fran ais il les a bien pi g s 48 Pas d ge pour les Russes Lors d un cycle de rencontres soutenu par l OFAJ la premi re phase a eu lieu en Russie Jeunes allemands fran ais et russes taient d ge similaire La seconde phase est pr vue en France Arrive par fax la liste d inscription des participants Toutefois aucun ge n est mentionn et le responsable fran ais les r clame pour r pondre aux exigences de l institution Quand le renseignement arrive il d couvre que sur les dix sept inscrits douze sont des adultes Dans cette situation des adultes russes prennent donc la place des jeunes On peut y voir un abus des personnes mais son importance peut faire penser que cela se situe dans un contexte culturel russe dans lequel le statut social des adultes est privil gi Faire renvoyer l animateur allemand qui tol re le nudisme 49 Lors d une rencontre franco allemande d adolescents dans le sud de la France le directeur fran ais du centre de s jour souhaite se s parer de l animateur allemand qui s est oppos lui Celui ci en effet au nom de sa responsabilit a pris parti en faveur des jeunes Allemands qui pratiquaient le nudisme l int rieur du terrain de l association terrain visible par les gens du village Le directeur fran ais t
15. eux ils ne disent rien Ce ne serait pas tr s poli de leur part de montrer leur irritation Et puis leurs amis pourraient le comprendre de travers et penser que les Fran ais ne savent pas s adapter d autres coutumes On peut supposer que ces adultes mettent beaucoup plus de temps avant de pouvoir s ils y arrivent exprimer leurs sentiments aussi spontan ment que les enfants peine revenus de leur surprise ceux ci clatent de rire commencent dire ce qui leur passe par la t te en recourant cette libre association chez nous c est ce qu on donne manger aux lapins 26 Malheureusement le texte ne dit pas non plus si cette sc ne a permis aux uns et aux autres de vivre par la suite une exp rience interculturelle fructueuse Il n est pas impensable que la r flexion des enfants ait provoqu dans l assembl e un silence g n ou quelques r primandes plut t qu un clat de rire g n ral Peut tre les adultes fran ais se sont ils excus s pour le comportement des jeunes du groupe provoquant ainsi la mauvaise conscience de leurs partenaires vu que tout a tait de leur faute bref beaucoup d occasions de g cher l ambiance En r sum et sur un plan id al typique gt lors d une rencontre internationale il est fort possible que l intention p dagogique la volont de toujours se montrer sous son meilleur jour s av re plut t nuisible et peu utile et inversement une r elle rencontre peu
16. mes le fait d viter ou de dissimuler des querelles et des divergences d opinions de ne pas communiquer en surface et directement est la cause de s paration d finitive de guerres et de maladie Dans les relations conjugales et amicales dans les communaut s de classes dans les groupements de majorit s et de minorit s nationales ainsi que dans les syst mes conomiques et religieux internationaux ce sont pr cis ment les diff rences qui n ont pas t pleinement et ouvertement d battues qui engendrent les constellations conflictuelles observables de nos jours tous les niveaux Les guerres de religion et les ph nom nes de terrorisme ont plus de chance de voir le jour si les individus n exp rimentent pas au niveau individuel et en petits groupes combien les querelles et d bats peuvent tre captivants et jubilatoires Revoil une ambition p dagogique personnelle dont les int ress s peuvent s inspirer pour r ussir ou organiser des programmes de rencontre Niveau individuel Les cinq personnes qui occupent le devant de la sc ne sont des activistes en plein travail Au fil d une assez longue d claration le Fran ais d molit un argument apr s l autre cons quence le compromis s croule Son intervention lui donne coup s r l occasion de faire preuve de ses qualit s oratoires et de montrer qu il est un excellent raisonneur Il re oit les faveurs du public et tire avantage de sa comp te
17. rience les deux groupes l auraient v cu comme une surprise ludique et en d duire des analyses et des explications La v rit c est que l animateur fran ais d sireux de briller par cet exercice astucieux tenait trop pi ger les participants Il ne voulait surtout pas stimuler la m fiance et donc l attention d un participant qui aurait pu d couvrir la clause suspendant toutes les autres et qui emp chait donc de commencer le travail Conclusion Exigence d universel et p dagogie de l adaptation Doit on tirer des situations critiques tudi es qu il faut renoncer toute perspective d universalit Ce n est pas si simple Le faire n emp cherait pas tel ou tel d imposer son 136 propre point de vue comme meilleur sans m me se r f rer la cat gorie de l universel En ce sens la r f rence l universel est plut t une protection Elle pose la question Cette p dagogie peut elle tre consid r e comme universelle gt La r ponse ne r side pas dans un absolu qui existerait d avance mais dans une d marche relationnelle des acteurs de cultures diff rentes Ce sont eux seulement qui peuvent prouver le sentiment d aller vers une construction nouvelle plus universelle que les pr c dentes On peut g n raliser ailleurs qu en p dagogie Ainsi les oppositions entre Allemands et Fran ais concernant la bonne conception d une bibliographie sont multiples et relatives Plus souvent de
18. ussisse parler de cette sc ne et dire en pr sence de ce jeune Allemand qu elle s est trouv e d stabilis e le fait que le choc motionnel que cet tranger plein de bonne volont agressive a d clench chez elle parvienne s exprimer dans un langage que l on peut d sormais partager ensemble tout ceci conf re une valeur nouvelle l incident et fait de ce dernier une exp rience interculturelle importante Que nous r v le cette exp rience motionnelle lorsqu on l envisage sous un aspect id alement typique Il me semble cet gard que l essentiel ne r side pas seulement dans le fait que les deux partenaires ont vraisemblablement la possibilit de mieux se comprendre apr s ce qu ils ont v cu Certes la Fran aise peut d sormais sentir que la mani re gauche dont le gar on a essay d entrer en contact avec elle t moignait en fait de bonnes intentions et le participant allemand est peut tre devenu plus sensible au ton de son approche et aux messages qu il a ainsi transmis de mani re involontaire Mais ce que je trouve encore bien plus r v lateur c est ce mouvement de d stabilisation puis d quilibre retrouv qui s est op r chez la jeune Fran aise comme elle le raconte plus tard Il n est pas impossible du moins l esp rons nous que ce 117 participant allemand a correspondu avec elle apr s cette semaine d change ou peut tre m me avant En corr lation avec s
19. y compris les trois animateurs d cident d courter leur s jour Ils veulent retourner Paris la veille du jour pr vu pour 11 le d part car ils risqueraient de ne plus avoir de train le jour suivant Cette attitude rencontre l incompr hension des Allemands qui disent en apart Ce n est pas s rieux on trouve toujours un train quand on veut les animateurs au moins pourraient rester Les Allemands de l Est se montrent plus s v res encore dans leur jugement que les Allemands de l Ouest Les adieux se font sur un mode mi figue mi raisin Dans la condition humaine g n rale ce qui est jug comme un abandon est toujours mal v cu Pour les Allemands la relation commenc e avec les Fran ais se trouve d valoris e Ceux ci ne respectent pas l engagement pris concernant la date pr vue pour la fin de la rencontre et donnent ainsi l impression aux Allemands qu ils ne prennent pas la rencontre au s rieux Vrai ou faux Comment savoir Les Fran ais devraient peut tre mieux expliquer mieux manifester leur sinc res regrets Les Allemands pourraient s int resser cette culture fran aise de fr quence des gr ves en particulier dans les transports et comprendre la r activit de partenaires fran ais qui ont t d j mis ainsi en difficult Russes dans le train en France Quelques Allemands et Fran ais sont la gare de Colmar pour accueillir les partenaires russes Alors que le train repart ils n
20. 31 issu d une observation participante dans le cadre d un jumelage tr s r ussi entre une ville fran aise et une ville allemande Un jumelage de villes Il s agit d un jumelage mis en place depuis plus de vingt ans entre deux villes bavaroise et normande consid r comme particuli rement r ussi et actif A l occasion de ma visite d observation en Bavi re je d couvre le premier soir aux alentours un vieux cimeti re avec des inscriptions h bra ques Apr s avoir interrog le maire j apprends qu il a t cr apr s la guerre par des organisations juives la m moire des morts et des victimes d un petit camp de concentration satellite o taient d tenus sous le nazisme les travailleurs forc s mis au service de la plus grande entreprise locale Parmi les participants fran ais seuls quelques uns taient au courant mais personne n avait visit le cimeti re le porte parole du groupe non plus qui selon ses propres dires participait pour la 20e fois cet change Il racontait aussi qu cette poque des membres de sa famille avaient t d port s en Allemagne dans le cadre du service du travail obligatoire STO La lecture d un tel rapport avec une conscience de bon Europ en gt provoquera sans doute le trouble voire l indignation Comment se fait il qu un monument aussi important de cette sombre poque soit tout simplement ignor alors que c est surtout elle qui a fourni les raisons de s engage
21. Allemands ont jou une seule sc ne th matisant l homosexualit une ado exclue par sa famille et l emprise de la t l vision sur la vie 35 quotidienne L interpr tation tait si r ussie qu on avait l impression que la prestation tait n e d un plaisir purement esth tique Les jeunes Anglais ont opt pour une sc ne o ils voulaient se moquer d eux m mes d une mani re tr s ironique Ils ont persifl un tournoi de cricket en invitant les autres rire avec eux de certains aspects de ce jeu tr s britannique Mais pour les jeunes continentaux c tait incompr hensible ce qui a provoqu encore plus d clats de rire chez les Britanniques Des deux c t s les sayn tes ont t peu appr ci es L exemple me para t int ressant tout d abord parce que cette rencontre trinationale est d crite comme si elle tait binationale Le rapporteur anglais d crit la situation en opposant le groupe franco allemand celui des jeunes Anglais comme si la v ritable ligne de d marcation culturelle passait entre ces deux groupes on peut y voir une correspondance avec le fait que les Britanniques qui se rendent sur le continent europ en disent qu ils vont en Europe Il semble que la lt splendid isolation gt des d cennies pass es agisse encore Il est tout aussi int ressant de noter qu on avait l impression gt que la propre prestation de chaque groupe lui avait procur du plaisir mais qu il n
22. Qui fait la salade qui la mange et qu en dit on Une Allemande explique que ce sont deux Fran aises qui ont pr par une grande salade pour huit personnes dont elles m mes Trois Allemands deux Allemandes et une autre Fran aise viennent table Les deux Fran aises les invitent se servir Les 43 femmes allemandes se servent mod r ment Par contre les hommes allemands se servent avantageusement et vident presque le saladier alors que les Fran aises ne sont pas encore servies Celles ci s tonnent mais ne disent rien se contentant de sourire entre elles Une participante allemande ne dit rien sur le moment mais plus tard elle interpelle les Fran aises Pourquoi tes vous soumises comme a Celles ci clatent de rire et disent Ce n est pas de la soumission Nous sommes contentes que notre salade ait t appr ci e nous en ferons davantage la prochaine fois Toutefois entre elles les Allemandes maintiennent que les Allemands abusent en ne participant pas la vie collective ils viennent manger ils n aident pas L un laisse m me ses couverts en l tat apr s son repas D ailleurs la chercheuse allemande sollicit e confirme le fait On peut d abord se demander quelle est la part qui revient aux conduites culturelles masculine et f minine et celle qui revient aux conduites nationales Elles interf rent entre elles mais aussi avec les cultures sp cifiques des personnes et leur
23. V tu d un sobre anorak de service bleu l homme en question est maintenant devant Jonathan et lui dit d un ton prosa que Ton ticket sil te pla t Lorsque Jonathan agac l ve les yeux vers lui le contr leur r p te sa phrase de fa on plus insistante Je voudrais voir ton ticket Le billet s il te pla t Jonathan tire de sa poche le ticket de tram qu il a achet sur le quai un distributeur et qui l autorise voyager jusqu au terminus de la ligne 5 Le contr leur r pond gentiment par un signe de t te et se tourne vers une dame g e assise en face de Jonathan qui fouille dans son sac pour trouver son billet Commentaire Dans son r le de jeune photographe publicitaire Jonathan nous montre combien la vie quotidienne dans laquelle les d placements professionnels vont de soi et la mobilit influenc e par les possibilit s techniques dont l individu dispose aujourd hui pour voyager permettent de s orienter en toute s curit dans des environnements changeant rapidement 61 Les formes de vie et de travail impliquant un domicile au sens traditionnel et un emploi stable exerc toute sa vie au m me endroit sont aujourd hui remplac es par un nomadisme d un genre nouveau Cela cr e des espaces d apprentissage qui r sultent des restructurations conomiques dans un march mondialis et qui font que Jonathan galement gr ce la technologie de son PC portable ma trise ces diff rence
24. avec des participants issus de diff rentes cultures de fa on consciente et r fl chie Le d bat observ et d crit dans les comptes rendus de situations est un principe d action de l OFAJ Il est voulu 81 souhait et s ils en sont capables soutenu par les animateurs Niveau social Dans le champ social des deux pays les cadres du d bat public gt sont g n ralement d termin s par de spectaculaires lucidations d affaires o se jouent la vie ou la mort de carri res politiques La plupart du temps les controverses au sein des organes d lib ratifs et des institutions repr sentant l Etat ne proc dent pas d un processus de clarification qui irait de soi ni d une recherche et d couverte effectu es dans le respect de meilleures voies et alternatives mais plut t de campagnes diffamatoires en vue de changer de gouvernement ou de rester au pouvoir c t de cela il existe en Allemagne du moins une id ologie de partenariat Alliance pour le travail qui cherche amender fermement des positions contradictoires et les int grer dans des initiatives communes R gler ouvertement des divergences d opinions et de valeurs fait partie de l espace social public des deux pays avec des institutions diff rentes mais dans un m me besoin d claircissement concernant des agents publics corrompus Dimension culturelle La question de savoir combien de temps tels ou tels membres d un espac
25. d insolite attend les voyageurs On prend le petit d jeuner tous ensemble dans une salle de classe preuve manifeste qu on est plein de bonne volont le but Voir description p 14 25 est de montrer par la pratique que l cole n est pas seulement un endroit o l on apprend mais aussi un lieu de vie Les parents allemands se sont manifestement donn de la peine pour faire du premier petit d jeuner un grand v nement Par l et peut tre m me sans s en rendre compte ils font encore passer un message p dagogique Il ne s agit pas d un petit d jeuner tel que les enfants d une famille allemande moyenne le prennent d habitude avant de partir l cole mais d un petit d jeuner exceptionnel mod le hyper cologique caract re d monstratif Il renvoie la n cessit de se nourrir autrement d avoir un autre mode de vie Et ce message g n ral s allie tout fait cette bonne volont n cessaire toute rencontre internationale penser globalement agir localement L enjeu est ici aussi d avancer petits pas vers un monde meilleur et pacifique Il est int ressant de noter que le texte ne fait aucunement allusion aux adultes fran ais qui je l imagine ont accompagn le groupe Mais je suis personnellement certain qu ils ont t tout aussi irrit s de se voir proposer en guise de petit d jeuner carottes radis et choux fleurs et le tout est cru je pr sume Ils sentent le message mais seulement
26. de l apprentissage interculturel Enfin et troisi mement il peut s agir d pisodes usuels dans le champ tudi trop vidents ils passent inaper us Les pisodes r unis dans ce recueil sont de l ordre du deuxi me et du troisi me type Ils ont t choisis par les quatre auteurs en fonction de ce crit re Les m mes pisodes sont par moment interpr t s sous des angles tr s diff rents Les r sultats loin d tre unanimes montrent une multitude d interpr tations possibles Et ceci dans le but d encourager les praticiens de l change mieux cerner leurs propres exp riences et les comparer Dans l change interculturel il n y a pas a seule m thode et a bonne exp rience vivre par tous Ce qui importe c est d apprendre de comprendre et d laborer ses propres exp riences Ce recueil se veut un outil d autor flexion Les premiers chapitres proposent quatre grandes perspectives interpr tatives concernant les situations culturelles critiques 1 Pour Jacques Demorgon l interpr tation des situations critiques requiert de distinguer tout en les reliant les cultures les strat gies sans oublier leur source la commune adaptation humaine Cet oubli fait que l on ne voit plus les ressemblances les diff rences tournent au diff rend et les coop rations interculturelles ne cessent d tre menac es 2 Burkhard M ller saisit la situation culturelle critique dans la vivacit motionnelle des chang
27. devraient pas d passer les 1 40 m ajoute t elle Les Fran aises en concluent qu il est impossible d utiliser cette voiture Elles reprochent l Italienne de leur avoir fait perdre du temps et racont n importe quoi Commentaire Dans certaines cultures un refus imm diat un non est une norme active garante d efficacit D autres civilisations par exemple en Extr me Orient ne tol rent pas le non direct Cela implique donc de proposer au partenaire de nombreux points de vue et informations afin qu il trouve et formule lui m me sa r ponse n gative Compar aux principes de communication active et directe c est du 71 temps perdu C est un autre type de relations interpersonnelles o l on vite un refus bref et pr cis Alors que des managers participant une conf rence en Extr me Orient devaient d cider du lieu de la f te commune de No l il leur a fallu quasiment trois heures pour discuter de l option qu ils allaient choisir trois de leurs coll gues ayant propos leur maison car personne n a dit ouvertement non ou port un jugement direct sur la proposition avanc e Tous les aspects de la question ont t collect s et claircis jusqu ce que chacun tour de r le retire de lui m me sa proposition Le mot non n a pas t prononc Quatri me exemple Un jeu pour des prunes Apr s trois heures de jeu durant lesquelles les jeunes ont t soumis une pres
28. donn e Ce que l exigence d universel permet de critiquer ce n est pas telle solution singuli re c est seulement le fait qu elle peut vouloir s riger en absolu d truisant alors les possibilit s d adaptation aux situations r elles souvent changeantes 138 Bibliographie Billeter J F Contre Fran ois Julien Paris Allia 2006 Bourdieu P Le sens pratique Paris Minuit 1989 Demorgon J Complexit des cultures et de l interculturel Contre les pens es uniques Paris Economica 3 dition 2004 Demorgon J L exploration interculturelle Pour une p dagogie internationale Paris Armand Colin 1989 Nerlich M La haine de la France pp 54 59 in Magazine Litt raire Deux si cles de passions intellectuelles France Allemagne l amour et la haine n 359 11 1997 139 9 Identit s historiques en Europe et situations critiques La m connaissance de l histoire des autres Jacques Demorgon Vivre et penser l histoire une exigence m tacommunicative et m tacognitive Les situations culturelles critiques intellectuellement stimulantes sont bien plus que des devinettes pour chercheurs formateurs et animateurs Elles constituent d abord des probl mes concrets pos s ceux qui dans l international dans le transfrontalier communiquent et coop rent de fa on r guli re Euro Institut Will Demorgon 2007 Un v ritable apprentissage interculturel ne peut r sulter de simples h
29. e la ville le ch teau fort Apr s la visite du ch teau la r ception pr vue se trouve d cal e une heure largement post rieure celle du d part fix par la d l gation allemande De ce fait les Allemands d clinent l invitation et reprennent le chemin du retour Les Fran ais n en reviennent pas La situation critique r sulte du fait qu en l occurrence les Fran ais rentrent mal m me pas du tout dans ce besoin d organisation pr cise des Allemands besoin qui peut par exemple tre li des horaires de trains Pour ces Fran ais ils le diront d ailleurs le jumelage annuel est un moment festif exceptionnel Comme tel il faut s y abandonner enti rement Cela implique d tre pr t d passer les limites des horaires pr alablement indiqu s Les Allemands se montrent rigides une fois de plus Sur la n cessit d inspecter une voiture Cette situation est assez exemplaire dans la mesure o elle conjoint elle aussi plusieurs probl matiques g n rales et d licates de toute relation humaine 12 Voir description p 71 100 Par exemple peut on dire non l autre sans en faire un ennemi ou sans perdre la face La r solution de cette probl matique divise les cultures Les personnes d expression directe explicite disent non Les autres emploient toutes sortes de moyens pour faire deviner ce non gt de mani re indirecte seulement Leur communication est implicite Toutefois ces deux ori
30. essentiel qui est la cause pr pond rante de ce moment critique 57 Les alternatives propos es dans le sch ma sont les suivantes 1 les particularit s individuelles et personnelles qui d terminent le comportement de fa on pr pond rante dans telle ou telle situation 2 les processus et conditions d un petit groupe qui en tant que cadre de r f rence fa onne fondamentalement l action 3 les normes et directives actionnelles d une institution qui fixent les personnes impliqu es dans la situation ou en tout cas d terminent leur comportement de fa on pr pond rante 4 la dimension sociopolitique et es conditions sociales qui d finissent les fondements du cadre actionnel et d terminent les formes de vie 5 les particularit s d une culture donn e et ses diff rences par rapport un autre cadre culturel elles entra nent une incertitude actionnelle et d terminent le potentiel conflictuel 6 les possibilit s de communication actuelles lors de voyages et d une vie professionnelle nomade qui en raison de la dimension globale des volutions conomiques entra nent des formes de vie flexibles et font para tre habituelles les particularit s d une autre culture ou les int grent dans le r pertoire d actions personnel pisode et perspective n 2 Il avait finalement r ussi Apr s plusieurs jours d auto stop il tait arriv Kassel laissant derri re lui la bourgade idyllique dans le
31. fortement du contexte culturel La politesse exige souvent d exprimer son point de vue personnel de fa on strat gique c est dire la plupart du temps non authentique et non spontan e Dans des civilisations extr me orientales comme par exemple aux Philippines le simple contact visuel direct est impossible et donc vit Dans ces espaces culturels il n est pas usuel de regarder une personne dans les yeux de r agir ouvertement et directement devant elle et de lui poser des questions personnelles 70 R fl chir au sens et au r le de la communication ouverte et directe dans le quotidien des rencontres et travailler sur ces questions constitue un aspect int ressant de l analyse de cette situation Troisi me exemple Sur la n cessit d inspecter une voiture Il faut le voir pour le croire Il s agit d inspecter une voiture Deux Fran aises demandent une Italienne de leur pr ter sa voiture pour aller chercher deux Allemands qui arrivent l a roport dans l apr s midi L Italienne leur r pond tr s gentiment Oui venez donc avec moi jusqu la voiture Les Fran aises la suivent en pensant qu elles vont obtenir quelques conseils et des informations plus pr cises Mais l Italienne ouvre le coffre en leur expliquant qu il est trop petit pour pouvoir y loger les bagages de leurs amis Si on mettait les bagages sur la banquette arri re pour s asseoir ensuite dessus les passagers ne
32. global Les vidences que les voyageurs apportent avec eux dans des espaces culturels qui leur sont trangers repr sentent aussi bien au niveau europ en que mondial des sources de conflits et des opportunit s d apprentissage Tout d pend de la mani re dont on r agit soit on consid re les structures autres et les possibilit s d interaction et de r les v cues autrement comme dangereuses mena antes stupides ou simplement pires soit ce qui est autre et ce qui est diff rent le v cu de l tranget sont 66 compris et accept s dans leur contexte dans la relation de cause effet Un policier qui intervient en frappant brutalement un policier qui encaisse volontiers son pot de vin en oubliant vite la repr sentation de l tat un policier qui rappelle quelqu un l ordre et lui fait la le on aimablement un policier qui regarde les trangers d un il plus critique ou se montre plus aimable avec eux l re de la mondialisation il suffit d un voyage en temps record avion TGV ICE pour rencontrer les acteurs sociaux de diff rentes instances charg es de l ordre public et de normes La rapidit avec laquelle nous passons d un espace culturel l autre et l information m diatique transnationale sur les autres gt conceptions des r les sociaux dans d autres espaces de vie permettent aussi bien dans la r alit que dans le monde virtuel de la t l vision de vivre les diff
33. inscrit d avance on peut n avoir plus que des expressions contraintes dont la richesse et l int r t peuvent devenir faibles D une fa on g n rale l adaptation humaine ne saurait liminer l organisation mais pas davantage la spontan it L organisation produit de l ordre mais aussi de la rigidit La spontan it produit du d sordre mais favorise le renouvellement Dans la vie des personnes des groupes des soci t s les deux orientations oppos es organisation et spontan it sont constamment sollicit es ensemble mais de fa ons diversement proportionn es selon les exigences des contextes et les libert s des acteurs Sur le long terme ces conduites peuvent s orienter statistiquement vers des cultures privil giant davantage l organisation ou davantage la spontan it Demorgon 2003 Toutefois celles ci tant elles m mes issues de l adaptation humaine individuelle et collective ne peuvent pas d finitivement compromettre les reprises adaptatives des personnes des groupes des soci t s Cette relation entre l humain le personnel et le culturel constitue la condition m me des compr hensions communications et coop rations internationales 95 S parer ou r unir les activit s Journ e de travail et d jeuner franco allemand Une r union de travail d une journ e doit se tenir Mulhouse et pr ciser les modalit s d un projet franco allemand Elle commence dix heures et quart permettant a
34. l phone la personne qu il imagine tre son homologue dans l association allemande pour lui signifier son d sir de se s parer de l animateur allemand Il est surpris d entendre que ce n est pas possible de revenir sur le fait que le seul responsable institu pour le groupe des jeunes Allemands est l animateur Les cultures allemande et fran aise se trouvent oppos es en m me temps sur deux dimensions culturelles m connues ou sous estim es par les personnes partenaires la diff rence de rapport au corps dont nous avons vu d autres exemples mais aussi la diff rence de d l gation dans la responsabilit Dans la culture fran aise la d l gation de responsabilit reste suspendue au bon vouloir du sup rieur Dans la culture allemande la d l gation une fois obtenue n est pas facilement remise en cause 50 Bibliographie Carpentier M N Le f minin et le masculin dans l change verbal en groupe international Ethnom thodologie sociologie analyse interculturelle p 226 235 in Hess R Weigand G Les observations participantes Anthropos Economica 2006 Carpentier M N Masculin f minin sexe et interculturalit gt Chapitre 10 Identit et alt rit p 196 208 in Demorgon J Lipiansky E M Guide de l interculturel en formation Retz 1999 Stummeyer U Mann Frau Beziehungen als Feld des Umgangs mit Fremdem in Nicklas H M ller B Kordes H Hg Interkulturell denken
35. les motions Burkhard M ller L apprentissage interculturel a quelque chose voir avec les motions C est l une constatation apparemment banale Tout le monde sait tr s bien que la d couverte d une culture trang re n est pas une affaire purement rationnelle comme lorsqu il s agit par exemple d apprendre les r gles du code de la route pour obtenir un permis de conduire Et il n chappe personne non plus que les informations rationnelles ne servent pr cis ment pas grand chose lorsque des pr jug s d ordre insignifiant d g n rent en m pris des trangers ou qui plus est en racisme et en x nophobie Des sentiments puissants et souvent tr s ancr s sont l qui neutralisent celles ci ou les interpr tent autrement Les changes plus sommaires n y changent rien non plus Bien que nous ayons conscience de tous ces l ments le c t motionnel est g n ralement n glig dans la didactique des rencontres internationales pour la simple raison que les sentiments ne sont pas quelque chose qu on peut transmettre de mani re p dagogique ou modifier selon un accord comme on a la possibilit de le faire en transmettant des informations et en organisant des rencontres entre diff rentes personnes Respecter les sentiments d autrui est un principe vital Or dans la p dagogie internationale des changes on a souvent tendance lorsqu il s agit 105 pr cis ment d impressions n gatives consid rer com
36. lisant que les jeunes Allemands ont constitu leur imaginaire n gatif Une recherche plus tendue et plus profonde serait n cessaire Hypoth se mise l imaginaire du Front populaire a t englob avec celui profond ment n gatif concernant le communisme qui signifiait prise violente du pouvoir Cet imaginaire est demeur vivace L limination du Front populaire des manuels d histoire en Allemagne pourrait venir de ce qu il repr sente justement l exemple contraire En effet les communistes dans la France du Front populaire ont bien particip un temps au pouvoir mais ils n ont pas pu le conqu rir et finalement ils en ont m me t cart s La distorsion franco allemande dans la repr sentation du Front populaire est importante et significative d une distorsion franco allemande plus g n rale concernant l histoire La constitution d une histoire europ enne commune a connu d j quelques tentatives limit es Elle rel ve d une perspective courageuse mais encore en chantier 147 Allemands et Lettons choqu s par leurs repr sentations mutuelles Un groupe germano letton de jeunes de 16 17 ans participe un change en Allemagne Les jeunes Allemands viennent de la banlieue est de Berlin les Lettons de Riga Dans la premi re phase de d couverte mutuelle chaque groupe r alise un collage sur son pays et un sur l autre pays partir d un corpus de magazines Les Lettons voquent leur pays en th matisa
37. ne le devient que si l on entre dans la pathologie La red couverte de la probl matique g n rale humaine organisation ou spontan it interdit la caricature selon laquelle syst matiquement les Fran ais seraient spontan s et les Allemands organis s Les deux groupes heureusement pour leurs possibilit s adaptatives peuvent adopter plut t l une ou plut t l autre strat gie en fonction de leurs int r ts dans la situation Reste un biais qui peut caract riser diff remment les deux cultures nationales mais il est seulement statistique et il faudra pouvoir en rendre compte par l histoire voir chapitre 9 D saccord sur la fa on de discuter dans un petit groupe franco allemand Lors d une discussion dans un groupe franco allemand des participants allemands entrent en crise Les Fran ais ne les laissent pas parler Ils se comportent de fa on irrespectueuse et anti d mocratique en bouleversant sans cesse les tours de parole Ils n attendent pas que les Allemands aient fini de s exprimer Ils se permettent de les interrompre Ils parlent trop vite d une mani re peu compr hensible et m me finissent par discuter entre eux plus qu ils n coutent les Allemands Les Fran ais pour justifier leur conduite disent que les arguments des Allemands savoir que les Fran ais leur manquent de respect et ont un comportement antid mocratique sont des arguments la limite de la mauvaise foi De leur point de v
38. ne sont pas faciles tracer Les incidents critiques qui surviennent peuvent tre des occasions de revoir au besoin les lois La question est sans cesse en d bat comme on l a vu encore r cemment propos de la libert de la presse et des caricatures de Mahomet webographie 2006 Instant et dur e valuation trop t t ou trop tard L change entre animateurs portait sur les difficult s d valuer les rencontres franco allemandes de jeunes L valuation devait elle rester surajout e la fin des rencontres o elle tait exp di e ou repouss e Deux groupes qui ne recoupent pas les groupes nationaux s opposent sans se convaincre Les premiers soulignent l int r t d une 10 Voir description p 62 89 valuation chaud D abord tout est encore pr sent les apports les changes les conflits les sentiments et les acquis Ensuite tous sont encore ensemble et peuvent s expliquer mutuellement sur leurs sentiments et leurs jugements Les seconds notent que cette valuation chaud le plus souvent seulement verbale ne laisse aucune trace De plus elle est superficielle En effet au moment de se quitter on veut terminer en beaut le plus cordialement possible On ne peut plus approfondir ce qui est chang Ils soutiennent donc la n cessit d une distance valuative et renvoient l valuation au calme d une r flexion personnelle pouvant tre tranquillem
39. pi ges viter Burkhard M ller 24 3 Identit s d ge de sexe de statut et cultures nationales Marie Nelly Carpentier 41 4 Les diagnostics de situations dans le cadre de rencontres multiculturelles Hans Lenhard 52 5 Croiser les interpr tations Jacques Demorgon 85 6 L exp rience interculturelle et les motions Burkhard M ller sais ii adika CAAA DEERD 105 7 Nationaux et trangers hommes et femmes attaques et d fenses Marie Nelly Carpentier 119 8 Ouvrir les interpr tations Marie Nelly Carpentier Jacques Demorgonissis tie entrmederevanent tn ET otens 125 9 Identit s historiques en Europe et situations critiques Jacques Demorgon 44 140 Introduction Situations culturelles critiques et interpr tations mode d emploi Ce cahier repose sur un recueil de situations pr cises observ es lors d une grande vari t de programmes d changes internationaux Celui ci s est constitu sur plusieurs ann es travers les discussions men es entre chercheuses et chercheurs coop rant avec l OFAJ et qui ont accompagn et tudi les changes organis s sous son gide et avec son soutien Leur point de d part repose sur une difficult majeure dans l valuation de tels programmes Qu il s agisse d changes scolaires de rencontres entre villes jumel es entre des associations et mouvements de jeunesse ou encore de programmes sp ciaux leurs
40. rences avec toutes leurs variations et influencent ainsi la compr hension de ces r les et les possibilit s de les vivre dans le contexte de la rencontre actuelle Celui qui ne sait rien ou peu ce sujet est porteur d un potentiel de conflit maximal Second exemple Premier contact tr s direct Avant la s ance d ouverture un participant allemand se dirige r solument vers une participante fran aise et lui demande dans un fran ais scolaire et d un ton tr s d cid Je m appelle K et toi tu t appelles comment Tu fais quoi Pourquoi tu es l La Fran aise est si tonn e qu elle a du mal r pondre Elle dira par la suite tout la fin d une semaine de rencontre riche en v nements avoir t choqu e et d stabilis e par cette attitude tr s directe 67 Commentaire Nous sommes frapp s par les expressions que l observateur utilise pour d crire la sc ne a demande d un ton tr s d cid b demande dans un fran ais scolaire c La Fran aise est choqu e et d stabilis e par cette attitude tr s directe R flexions partir du niveau 5 du sch ma d orientation Etre direct ou faire des d tours communicatifs recourir des rituels indirects sp cifiques ou la communication confrontative sont des signes caract ristiques qui diff rencient les cultures les unes des autres Le probl me consiste prendre conscience du fait qu certains moments m
41. sentent pas non plus les perceptions exactes que les participants peuvent avoir de la culture trang re Ici on mange comme des lapins Le bus qui transporte les enfants arrive destination Un peu timides mais bien contents les 14 enfants posent le pied dans la cour de l cole o les attendent ceux qu ils nomment leurs amis allemands pr sents avec leurs parents Les enfants passent ensuite au petit d jeuner que l on a install sur une grande table un peu comme un buffet Les enfants fran ais sont un peu d stabilis s rien sur la table ne rappelle le pain les croissants la confiture qu ils ont l habitude de trouver chez eux A la place carottes chou fleur mueslis divers etc D abord surpris quelques uns se mettent ensuite pouffer de rire J entends l un d eux Ss esclaffer lt Ici on mange comme des lapins Cette situation indique quel point la caricature de l autre l identification contre l autre Tap 1988 font partie de la construction identitaire normale et sont pr coces Elles renforcent en m me temps la construction du nous du groupe La vision critique de l autre est d abord un moyen de rendre moins douloureuse la prise de conscience de la privation du bon petit d jeuner habituel L humour all ge encore la d ception En les consid rant comme des lapins on trouve normal qu ils mangent ainsi Quelle m diation boire ou danser Un Allem
42. und handeln Theoretische Grundlagen und gesellschaftliche Praxis Campus Verlag Frankfurt New York 2006 Stummeyer U Les probl matiques hommes femmes et les relations interculturelles in Hess R Wulf C Parcours Passages et paradoxes interculturels Anthropos Economica 1999 51 4 Les diagnostics de situations dans le cadre de rencontres multiculturelles Hans Lenhard Sch ma d orientation l poque o j ai rejoint le cercle des collaborateurs externes de l OFAJ je me sentais mal l aise dans les r unions d experts visant nous former l observation participante en raison de la d couverte de nombreuses interpr tations et visions inaccoutum es de situations me paraissant jusque l relativement univoques Ce d part s est av r difficile C tait au d but des ann es 80 J tais nerv et agac je me sentais agress mes propres valuations habituelles de nombreuses situations perdaient un peu de leurs certitudes Par la suite cet apprentissage de visions multidirectionnelles saisissant la complexit du monde de fa on plus d taill e et plus analytique m a de plus en plus fascin et m a conduit tudier plus profond ment cet aspect de la vie et du travail interculturels y compris dans les groupes de travail de l Atelier pour le travail int gratif de l universit de Kassel Le mode de description de la r alit pratiqu quotidiennement par la t l vision savoir l
43. utilisation de 52 prises de vue sous diff rents angles dont seule la mise en commun donne une image relativement compl te est devenu une aide l orientation pour les diagnostics de situations sociales savoir un sch ma qui examine plusieurs niveaux le processus de d roulement de l action Le malaise ressenti au d but en m apercevant que je devais encore faire voluer ma m thode habituelle de classement des r alit s partir de mes dimensions d observation limit es s est transform au fil du temps plut t en curiosit de ma part je me demandais par exemple Qu est ce que cela peut signifier d autre Que se cache t il l derri re gt Selon moi cette perception largie gt et se diff renciant repr sente une comp tence professionnelle que les animateurs et accompagnateurs devraient cultiver surtout dans des espaces d action m lant diff rentes cultures comme c est le cas avec les programmes de l OFAJ Il faut tre conscient que face des processus complexes dans des situations sociales pluriculturelles les modes d explications simples sont insuffisants pour aborder les ph nom nes de fa on appropri e Proc dons lentement et pr parons nous coop rer avec la diversit et les diff rences sans entreprendre de cat gorisation par trop rapide des donn es ph nom nologiques donnons nous la chance de nous confronter tranquillement et plus en d tail nos pe
44. varie vite selon les fluctuations le st r otype quant lui est plus stable Il s installe partir d un jugement pos comme fondamental M me si momentan ment il n est plus de mise on postule qu il le sera de nouveau l conomie allemande est ou sera florissante Dans les faits apr s le miracle allemand l conomie allemande a fluctu Globalement elle a t cependant plut t sup rieure qu inf rieure aux autres conomies europ ennes L objectivit reste de toute fa on relative des temps et des lieux pr cis Le st r otype tente de fonctionner comme v rit d ensemble et du long terme Immigr s fran ais Lors d une rencontre franco germano hongroise l animation aborde la question de l immigration en France Un questionnaire est propos aux huit Fran ais leur demandant de pr ciser s ils ont un parent o un grand parent d origine trang re Six sur huit sont dans ce cas avec pour origine l Italie l Espagne le Portugal la Russie L animatrice fran aise pr cise que Grenoble se caract rise par une tr s forte immigration italienne notamment de Corato dans les Pouilles Plusieurs participants des groupes allemand et hongrois veulent alors v rifier la conclusion qu ils pensent pouvoir en tirer Vous tes repr sent s au conseil municipal de Grenoble Les Fran ais r agissent d une seule voix Mais on est Fran ais 30 Voir description p 86 149 Les ressortissan
45. Ici on mange comme des lapins D une mani re rapide on pourrait dire que cette sc ne est exemplaire des pr jug s auxquels on se voit normalement confront s dans une rencontre internationale En qualifiant de nourriture lapins gt le repas qu on leur propose et qu ils ne connaissent pas les enfants fran ais recourent une expression p jorative Ainsi ils feraient preuve d un manque d ouverture pour une autre culture et il conviendrait donc de les clairer et de les duquer correctement Pour ma part je consid re une interpr tation de cet ordre comme beaucoup trop superficielle En exergue cette sc ne je dirais plut t Comment les enfants peuvent ils apprendre aux adultes s engager dans l entreprise qui consiste vivre une exp rience interculturelle Dans mon interpr tation du texte c est l esprit de bonne volont qui prime avant tout Dans un premier temps les rencontres exigent des participants un effort consid rable Les enfants fran ais et leurs accompagnateurs ont eu manifestement un voyage de nuit fatigant pour eux Quand ils d barquent dans la cour d cole timides mais soulag s d tre enfin arriv s les enfants de leur tablissement partenaire les attendent d j et accompagn s de leurs parents Dans le langage officiel des rencontres le texte le dit bien on parle ici d amis de l autre pays Mais cette amiti encore doit elle se construire et voil justement que quelque chose
46. OFAJ DFUW Marie Nelly Carpentier Jacques Demorgon Hans Lenhard Burkhard M ller Les situations interculturelles critiques et leurs interpr tations Num ro 25 Textes de travail Impressum Auteurs Marie Nelly Carpentier Jacques Demorgon Hans Lenhard Burkhard M ller Relectrice Claudine Layre Maquette couverture marcasali com ISSN 2270 4639 support num rique OFAJ DFUW Paris Berlin 2014 Office franco allemand pour la Jeunesse Deutsch Franz sisches Jugendwerk Marie Nelly Carpentier Jacques Demorgon Hans Lenhard Burkhard M ller Les situations interculturelles critiques et leurs interpr tations Les auteurs Marie Nelly Carpentier Docteur en psychologie sociale ma tre de conf rence Sciences de l information et de la communication Universit Paris V Jacques Demorgon Professeur de Philosophie a enseign la psychologie sociale aux Universit s de Bordeaux et de Reims Hans Lenhard Professeur de Psychologie l Universit de Kassel et l Universit de Manille Burkhard M ller tait Professeur de P dagogie Sociale l Universit de Hildesheim Texte de Travail N 25 OFAJ DFJW Paris Berlin 2014 Table des mati res Situations culturelles critiques et interpr tations mode d emploi 4 1 Cultures nationales et strat gies personnelles Jacques D morgon sisi nana entrant mar iA 8 2 La rencontre interculturelle les bonnes intentions et les
47. abilet s de d codage Il suppose d abord l preuve du passage souvent prolong et renouvel par l incompr hension Dibie Wulf 1999 Il suppose ensuite que cette incompr hension puisse tre l objet d un change entre les acteurs qui ne parviennent pas se rejoindre d s lors qu ils ne partent que de leurs diff rences culturelles Un tel apprentissage repose n cessairement sur un d passement des situations de d part en direction de la d couverte ou de l invention de bases communes C est le 140 travail de la m tacommunication propos des chocs malaises et conflits interculturels change sur le sens donner tel change la m tacommunication est une n cessit adaptative vitale Bateson 1980 la met en vidence d s la communication animale Les jeunes chiens quand ils jouent se mordre doivent m tacommuniquer qu ils ne se querellent pas vraiment Des difficult s persistantes voire de v ritables blocages entra nent la m tacommunication reconna tre une telle complexit du r el qu elle doit recourir la recherche m tacognitive Demorgon u a 2001 2003 La m tacognition souligne l existence de questions dont les r ponses non pr sentes peut tre m me disponibles seront trouver inventer D o viennent donc nos incompr hensions D o venons nous pour ne pas nous comprendre Quel langage suppl mentaire nous manque m me quand nous partageons la m me langue materne
48. aient fait tout a pour des prunes Commentaire R flexions sur les niveaux 2 et 3 Se lancer dans la comp tition en essayant d tre le plus performant possible et bosser trois heures comme des dingues je cite montre combien cette sorte d activit s et la d marche qui consiste agir pour gagner sont souvent pratiqu es dans les institutions habituelles cole entreprise ou universit ainsi que dans les groupes de pairs o les jeunes se sentent chez eux Le comportement quotidien a vite fait de se reproduire lorsqu une situation est analogue celle de la vie quotidienne Reste savoir si et dans quelle mesure est souhaitable que les animateurs proposent de tels sc narios dans les programmes d changes c est une question d ordre p dagogique On peut envisager de demander un autre type de performances r clamant de la coop ration ou stimulant la cr ativit La t che propos e par l animateur s est sold e par un chec g n ral le r sultat a t si frustrant pour les losers que certains se sont momentan ment mis en marge Ces impulsions intenses vont peut tre aider ces jeunes prendre conscience du fait qu ils ne doivent qu eux m mes de s tre laiss entra ner dans la comp tition Il se 73 peut qu ils r fl chissent maintenant au rapport entre travail et vie priv e joies et peines entre les besoins et les contraintes qui peuvent se manifester lors d une rencontre ou da
49. alis ce plat plusieurs fois elle sait tr s bien que les visc res ne se m langent pas avec le reste du poisson Ceux qui n ont pas cette connaissance d embl e pensent contamination Si on leur servait les filets du poisson sans les informer du mode de cuisson il est possible qu ils puissent trouver cela d licieux L information donn e ensuite n aurait pas le m me effet Mais dans bien des cas comme pour les escargots les hu tres les grenouilles un tel subterfuge est impossible Il est plus simple d accepter que les uns et les autres puissent avoir des go ts diff rents sans renoncer toutefois ce qu ils puissent en changer au cours de leur vie Il n est pas interdit de s interroger encore autrement On n avait pas t jusqu ici confront l exp rience courante des pouses souvent amen es la demande de leur conjoint cuisiner certains plats que leur faisait leur m re Comme la langue est maternelle la cuisine aussi est maternante et maternelle C est ici un jeune homme qui rejette la modalit culinaire trang re Premier contact tr s direct On est sans doute dans un mod le bisocial de 3 Voir description p 67 121 masculinit il faut s affirmer par rapport une femme Cela peut se faire de multiples fa ons Il aurait pu lui crire un po me La jeune Fran aise selon le mod le bisocial f minin mais aussi davantage fran ais s attend des gards Elle imagine tre abord
50. and qui explique ne pas avoir de probl mes avec les Fran ais n arrive pas entrer en contact avec les Anglais Ceux ci lui r torquent alors que s il en est ainsi c est parce qu il ne boit pas L dessus l Allemand r pond qu il n aime pas boire et qu il a constat que personne ne voulait danser avec lui quand il en a avanc la proposition la veille au soir 15 Chacun a son moyen m diateur mais n glige celui de l autre Les reproches mutuels cachent que chacun a plusieurs moyens d entrer en relation Ces reproches sont des strat gies d fensives courantes C est pas moi c est l autre qui a commenc On est peut tre proche de la mauvaise foi moins que ce ne soit une mani re provocatrice de tenter quand m me d entrer en relation 4 Agresser l autre Sur ce th me on consultera la situation quatoriens Leipzig ainsi que la situation lt Crachat et cons quences 5 Caricaturer sa propre culture vouloir ressembler l autre Cricket Dans une rencontre franco germano britannique de jeunes de 16 19 ans on utilise le th tre Les Britanniques ont choisi de se moquer d eux m mes en mimant les rites d un match de cricket Ils invitent les autres rire avec eux de quelques aspects de ce jeu peu compr hensible pour des continentaux l vidence c est eux qui s amusent le plus car leur mime n est gu re appr ci par les autres Cette situation culturelle critiqu
51. ans la communication humaine Les conduites allemandes gt de communication plut t explicite et les conduites fran aises gt de communication plut t implicite sont constamment pr sentes dans les situations critiques On peut le v rifier en relisant sous cet angle les quatre situations critiques qui pr c dent On 97 pourrait y ajouter les deux situations critiques qui l une ouvre et l autre ferme notre premier texte Cette diff rence dans les cultures de communication allemande et fran aise ne doivent pas nous cacher l adaptation communicative humaine en g n ral qui requiert que chaque humain puisse communiquer de fa on implicite avec des familiers partageant avec lui un m me contexte et de fa on explicite avec des trangers de fa on construire le contexte commun manquant Il y a donc l une probl matique adaptative humaine tr s g n rale C est sur cette base commune que les cultures de communication diff rent et posent quelques probl mes comme le montrent encore les situations culturelles critiques suivantes Premier contact tr s direct Cette situation en apparence toute simple est riche de plus d une dimension probl matique Nous la prenons d abord comme indicative d un style de communication explicite souvent qualifi de direct Ensuite elle est aussi exemplaire de la relation entre orientations culturelles f minine ou masculine dont traite Marie Nelly Carpentier Enfin conjoi
52. aucun d bat des participants hommes ou femmes allemandes ou fran aises Un sauna en Pologne Un stage de formation germano franco polonais lieu en Pologne dans un h tel bien quip en am nagements de toutes sortes pour le s jour de groupes sportifs Le sauna est vite d couvert par les Allemands On se r partit les tours entre hommes et femmes pour la soir e Quatre Allemandes et une Fran aise se pr parent pour s y rendre apr s le repas mais pas de Polonaises Lorsque des Allemandes leur demandent pourquoi elles ne viennent pas certaines rient g n es Les Allemandes insistent et la traductrice polonaise dit Elles pensent que c est une question de pudeur Les Allemandes r torquent Mais c est bon pour la sant du corps Cette situation est int ressante en ce qu elle souligne bien les diff rences culturelles dans le domaine de la relation au corps Manifestement les Allemandes n ont pas de probl me 45 pour se retrouver ensemble d nud es au sauna Par contre les Fran aises part une et les Polonaises ne prennent aucun tour Les explications qui sont donn es par les unes et les autres sont significatives du fait que chaque sous groupe justifie son comportement au nom d une valeur c est la pudeur pour les unes et c est la sant du corps pour les autres La situation interculturelle est alors d licate puisqu elle pourrait aller dans le sens de dire que les Allemandes manquent d
53. avait pas particuli rement appr ci la performance de l autre Cet chec tient soit au fait que les spectateurs ne s int ressent pas la pi ce soit que les acteurs ne s int ressent pas leur public Le compte rendu laisse supposer que pour les deux groupes il s agit plut t du second cas On note n anmoins des diff rences notoires Le groupe franco allemand met en sc ne des probl mes susceptibles de faire l objet d un d bat p dagogique les conflits qui opposent les jeunes leur famille quant leurs projets de vie ou encore l influence de la t l vision En tant que sp cialiste de la p dagogie interculturelle gt on 36 pourrait penser que la repr sentation r ussie de ces th matiques suffise provoquer des discussions qui rapprochent des jeunes venus de pays diff rents Mais les jeunes Britanniques ne semblent pas du tout concern s par des sujets de ce type Ils pr f rent mettre en sc ne quelque chose de typiquement britannique le cricket pour s en moquer en m me temps ce qui est aussi typiquement britannique Les deux ph nom nes ne sont pas faciles comprendre pour les jeunes Europ ens du continent toute personne r sidant sur le continent ayant d j t perplexe face l int r t que peut repr senter ce jeu bizarre et toute personne ayant d j fait l exp rience de cet humour tr s anglais qui consiste laisser en suspens ce qui est dit s rieusement et ce qu
54. avoir sa part de v rit 5 Les donn es fonctionnelles et strat giques ainsi rappel es peuvent aussi interf rer avec des donn es culturelles nationales En indiquant que les Allemands bien qu ayant fait un chemin plus long arrivent avant les Fran ais l observateur chercheur nous informe d une sorte d adaptation culturelle pratique valorisante pour ces Allemands et plut t d valorisante pour ces Fran ais peu soucieux de partir assez t t 6 Enfin les Fran ais ont le choix quant leur strat gie relationnelle Par exemple prendre la direction d un interculturel de jalousie de ressentiment d hostilit dans lequel chacun profite de la moindre occasion de pouvoir se conforter au d triment de l autre Ou au contraire passer au dessus de cette contrari t somme toute secondaire et sauvegarder d autres int r ts bien plus importants de cette rencontre 88 Individuel et collectif La comm moration du bicentenaire Apr s ces deux incidents il fallut une discussion longue et nourrie pour partager les significations multiples qui jaillissaient de toutes les t tes Elle fit appara tre une probl matique humaine toujours l et difficile traiter Respecter les droits de l individu c est respecter ceux du photographe et ceux des photographi s publics ou priv s Chaque soci t fait des choix dont la police est garante Des ajustements intelligents sont certainement souhaitables mais leurs limites
55. ays La France a un pass colonialiste que l Allemagne n a jamais eu au m me degr Les Fran ais ont eu autrement que les Allemands l occasion de c toyer des Africains D s la fin du XIX si cle selon Michael Nerlich 1997 on trouve en Allemagne un discours anti fran ais d non ant pr cis ment la n grification de la France et la menace qu elle fait peser sur l Europe M me s il va de soi que les attitudes racistes sont toujours largement pr sentes en France la perspective universelle des Droits de l Homme tente d y faire barrage et y r ussit en partie Le d passement du racisme est galement l ordre du jour en Allemagne mais certaines exp riences peuvent tre ici ou l n cessaires comme un apprentissage concret seul en mesure de lever certaines fermetures naturelles spontan es ou acquises P dagogie r aliste gt des Allemands et p dagogie id aliste gt des Fran ais ont toutes deux leurs limites Mieux vaut des corrections mutuelles que des reproches La p dagogie qu un Africain met en uvre en Allemagne est elle ou non op rante l o elle intervient Telle est la question de fond M me si par ailleurs ou ensuite la critique virulente mise par un Fran ais d origine maghr bine et d autres n est pas d pourvue de sens dans une perspective d volution D barquement ou invasion Un groupe franco allemand discute dans un train qui maintenant longe la C te normande
56. but pr cis dans l incertitude totale ou encore avec prudence qui repr sentent peut tre 69 des possibilit s et des d clencheurs pour l interaction entre les deux jeunes Quelles sont les vidences en vigueur dans leurs groupes respectifs et dans quelle mesure lui et elle ne sont ils pas simplement si diff rents parce que c est l appartenance deux groupes distincts qui a provoqu le dilemme Nous ne disposons d aucune information sur leur appartenance respective tel ou tel groupe social l allusion au fran ais scolaire gt laisse supposer que l cole repr sente un contexte ventuellement diff rent pour les deux partenaires De quel groupe social de leur soci t respective sont issus les deux antagonistes Quelle est l image de l cole Dans la description de la situation le qualificatif de fran ais scolaire laisse songeur quant la valeur implicite de l expression Le fran ais scolaire est il quelque chose de n gatif qu il s agit d viter Quel fran ais est donc souhaitable et permis afin d viter toute diffamation N est il pas formidable que ce jeune utilise si naturellement ce qu il a appris et se serve efficacement de son bagage scolaire pour son premier contact avec la partenaire fran aise Sur le niveau des formes et valeurs culturelles La communication directe est une qualit assez rarement pratiqu e C est li aux rituels de politesse et d pend tr s
57. ce est loin d tre vidente Car il s agit de processus qui risquent d avoir des r percussions assez explosives sur son travail personnel et sur la discipline de sa classe Son attitude consistant couter tout cela avec une extr me s r nit gt au moment o survient l heure d agitation est vraiment tonnante Pour un professeur responsable ce qui se passe ici n est pas seulement nervant sur le plan subjectif Cela peut devenir particuli rement mena ant aussi sur le plan objectif si les enfants commencent s agiter gt de mani re excessive car on conna t trop bien la radicalit avec laquelle les syst mes scolaire et juridique fran ais rendent les enseignants et les enseignantes personnellement responsables de tout ce qui arrive leurs l ves En adoptant ce comportement d observatrice paisible l enseignante fait donc preuve d un courage consid rable Il appara t tout aussi tonnant qu elle ne cherche pas influencer sa classe en lui demandant de ne surtout pas imiter les enfants allemands dans leur manque de discipline Elle n essaie m me pas d utiliser celui ci comme exemple de dissuasion et se contente de laisser ses l ves vivre leurs propres exp riences Dans la suite de son rapport l observatrice se montre elle m me surprise c est dire irrit e lorsque l enseignante explique tout le monde a c est Kreuzberg Ce qui veut plus ou moins dire Le context
58. choqu e de la part de sa partenaire Dans quelle mesure peut on interpr ter cette histoire comme une sc ne id alement typique c est dire l appliquer tout un ensemble d individus Une possibilit ventuelle consisterait dire que dans toute la bonne 21 Voir description p 67 115 volont dont il a fait preuve pour changer et communiquer le participant a cras la personne qui il s adressait En mati re de didactique d change il s est donc pour ainsi dire mal comport Dans ce sens on pourrait par exemple tirer de l incident la conclusion suivante il vaut mieux aller vers quelqu un d autre assez prudemment d une fa on incidente et d contract e qu aborder cette personne beaucoup trop directement il est pr f rable de raconter quelque chose sur soi m me que de poser d embl e des questions son interlocuteur il s av re plus opportun de ne pas aller droit au but gt et de se contenter tout d abord d entreprendre ensemble quelque chose de banal et ainsi de suite Toutes ces consid rations repr sentent certainement des conseils et observations utiles mais elles font abstraction d un point particulier Elles partent du principe qu il s agit en l occurrence d un d faut de comportement c est dire d un manque d gard l encontre d une partenaire qui n en est pas encore arriv e l n est pas suffisamment dispos e entrer en communication a besoin pour ce fair
59. choquantes les unes pour les autres On peut difficilement les comprendre sans se r f rer la g ographie et l histoire des pays et des soci t s A cet gard l Europe peut tre consid r e de fa on sch matique comme coup e en deux Il y a le Sud romain et catholique soucieux d h ritage et de virginit Il y a le Nord communautaire tribal soucieux de naturalit de f condit d galit Il engendrera dans sa r action au Sud le schisme des protestantismes Cette direction d interpr tation n est pas unique mais reste importante M me si certaines orientations protestantes ont pu rivaliser avec le catholicisme dans la m fiance l gard du corps d autres se sont montr es tr s lib rales Des volutions sont en cours mais avec des d calages dans les m urs et plus encore parfois dans les lois Il importe de souligner aussi combien la revendication d une diff rence culturelle joue comme strat gie d affirmation identitaire des personnes Deux strat gies sont l uvre Selon la premi re une femme allemande adulte se contente d assimiler la position des Fran aises la sienne qu elle valorise par l m me En r ponse les femmes fran aises adultes entendent bien se diff rencier en soulignant la r alit des conduites de pudeur De ce fait un adolescent allemand surench rit en affichant sa propre nudit Il se place bien dans une strat gie provocatrice d affichage de sa propre conduite culturelle
60. coup les anciens participants fran ais sont un peu d rout s Ils ont besoin de quelques jours pour dig rer ce changement et accepter les nouveaux venus L int r t de cette situation critique est qu elle nous montre le t lescopage brutal des deux dimensions temporelles Les Fran ais se sont install s d avance dans les retrouvailles du long terme et donc d une histoire qui va reprendre et continuer Quand ils voient la place des anciens visages surgir toutes ces t tes nouvelles ils sont soudain ramen s la brutalit de l instant pr sent celui de refaire de nouveau un accueil partir de z ro Organisation et spontan it Refus des participants fran ais de s inscrire sur la liste des orateurs Pendant une r union de travail franco allemande le pr sident de s ance donne la parole dans l ordre selon lequel les participants se sont inscrits Ce que nombre d Allemands ont fait contrairement aux Fran ais Ceux ci veulent cependant r agir chaud gt arguant qu ils ne pouvaient pas s inscrire ne sachant pas par avance ce qui serait dit A ce moment l un participant allemand demande au 91 pr sident de s ance de faire respecter l ordre des interventions pr vues Les Fran ais d noncent ce formalisme au nom d une logique des contenus Ils veulent pouvoir r agir au fur et mesure d autant que selon eux les participants allemands qui se succ dent abordent des th mes compl tement
61. cription p 134 3 Voir description p 128 33 Voir description p 127 Voir description p 131 151 Bibliographie Bateson G La nature et la pens e NY 1979 Paris Seuil trad fr 1984 Chaliand G Rageau J P Atlas des Europ ens Fayard Paris 1989 Demorgon J L histoire interculturelle de l Europe Une information monde Paris conomica 2002 2 dition Demorgon J Lipiansky E M M ller B Nicklas H Dynamiques interculturellespour l Europe Paris Economica 2003 Demorgon J Lipiansky E M M ller B Nicklas H Europakompetenz lernen Frankfurt Campus 2001 Demorgon J Wulf Ch A propos des changes bi tri et multi nationaux enEurope Ofaj Dfjw n 19 Dibie P Wulf Ch Vom Verstehen des Nichtverstehens Frankfurt Campus 1999 Duby G Atlas historique Larousse Paris 1987 Euro Institut Will E Demorgon J Interkultureller Leitfaden zur Moderation grenz berschreitender Sitzungen Baden Baden Nomos Lacorne D La crise de l identit am ricaine Paris Fayard 1997 Molnar Histoire de la Hongrie Paris Grasset 1996 Nicolet Cl La fabrique d une nation La France entre Rome et les Germains Perrin Paris 152 Pataki G Z Les minorit s hongroises dans le bassin des Carpates in Jiblin B et Lacoste Y G ohistoire de l Europe m diane Mutations d hier et d aujourd hui La D couverte Paris 1998 p 86 ets Schulze H Petite histoire de l Al
62. d crit et dont les motivations taient manifestement racistes est grave c est vident Il a beau avoir des suites positives il ne doit pas tre dulcor Et pourtant mon avis un exemple de ce genre devrait trouver parfaitement sa place dans un recueil de situations id ales typiques dans les rencontres internationales Sur le plan p dagogique il s agit l d un accident et en quelque sorte du plus grave accident interculturel gt qui puisse avoir lieu Et ce n est pas seulement l attaque en soi qui d passe toutes les limites du lt p dagogiquement tol rable Bien plus dans la mesure o le coupable refuse la chance qui s offre lui pendant trois jours de r parer sa 39 faute ce n est plus la p dagogie mais le pouvoir p nal de l Etat de droit qui est d sormais charg de remettre l individu sa place Malgr tout l v nement et l branlement qu il g n re suscitent un tas de r actions extr mement positives qui n auraient certainement jamais vu le jour sans lui beaucoup d habitants du village s activent et vont vers la jeune fille pour lui exprimer leur solidarit de mani re d monstrative le conseil municipal tudie le cas en r union et un article para t dans le journal local Autant d effets qui d passent de beaucoup ceux qu on attend normalement d un programme de rencontre de ce genre M me si l on comprend ais ment que la m re d accueil se plaigne de l incident et
63. de la fa on dont les gens ont r agi l affaire le comportement qu elle adopte n est pas vraiment conforme la situation Elle devrait bien plut t se r jouir de ce que le cas fasse l objet de tant de commentaires Car sans lui il ne se serait pas pass autant de choses L imb cile gt ne r duit d aucune fa on n ant les efforts qui ont t d ploy s de toute part contre sa volont peut tre l acte qu il commet fournit un indice qui am nera les autres prouver l exemple contraire Il ne faut pas pour autant en conclure que l av nement des incidents de ce genre soit souhaitable pour que la lutte contre la x nophobie latente s av re plus efficace L histoire d montre n anmoins que le travail p dagogique interculturel en pr sence d une situation de crise comme celle ci doit engager le combat contre la x nophobie de mani re tr s concr te mais sans jamais perdre le sens de la mesure Dans des situations gt de ce genre la p dagogie interculturelle s av re extr mement n cessaire elle y a ses limites mais aussi ses meilleures chances Traduit de l allemand avec le concours de Danielle Baliteau 40 3 Identit s d ge de sexe de statut et cultures nationales Marie Nelly Carpentier L interpr tation des situations culturelles critiques est toujours d licate et difficile car les dimensions culturelles sont multiples La perspective interpr tative que nous choisissons ici de mettre en
64. des inventions culturelles et des choix strat giques Ainsi de fa on g n rale les concurrences des individus pour des biens limit s dans des espaces temps limit s constituent des situations relevant de l humaine condition Cela n emp che pas que ces concurrences rev tent des modalit s diff rentes selon les cultures C est d apr s ces modalit s apprises par chacun que l on sait dans sa propre culture qui peut ou non faire quoi et le faire o quand et comment A chacun de d cider de s y conformer ou non Plans humain culturel et individuel se m lent Une personne n a pas sa conduite automatiquement d termin e par sa culture Elle reste libre d utiliser diversement ses r f rents culturels Cependant l habitus culturel n est pas rien il oriente Bourdieu 1980 Les conduites peuvent s y trouver prises et ce serait dommage de n incriminer que la volont des personnes l o les habitudes ont leur part Nos deux premiers textes se partageront l expos de l orientation interpr tative que nous proposons D abord ici dans cette premi re partie nous verrons que bien des situations critiques r sultent non des seules diff rences culturelles mais encore des strat gies identitaires que les uns et les autres mettent en uvre dans l change interculturel souvent probl matique Ensuite dans la seconde partie nous verrons que si les cultures nous diff rencient et par l peuvent nous faire probl me cela ne doit
65. diff rents R action allemande la conf rence d une universitaire fran aise Lors d une formation pour des animateurs une universitaire fran aise fait une conf rence sur une probl matique d ordre psychologique Comme l expos difficile se prolonge des participants allemands demandent la parole et posent des questions l oratrice Les participants fran ais d noncent alors avec v h mence ces interruptions leurs yeux injustifi es des Allemands D une certaine fa on ces deux situations critiques sont en quelque sorte inverses En effet dans la premi re la spontan it suppos e introduire le d sordre est d origine fran aise et s attaque la liste des inscriptions pour intervention liste institu e par l organisation allemande Dans la seconde situation la spontan it suppos e introduire le d sordre est d origine allemande Elle s attaque la conf rence impos e par l organisation fran aise Cela met bien en lumi re la libert strat gique des personnes au c ur m me de leur culture Ni un habitus culturel collectif ni la conduite individuelle qui en d pend ne pourront jamais relever d un seul des p les ici organisation ou spontan it Allemands et Fran ais sont aussi bien les uns que les autres tout fait m me de jouer entre organisation et spontan it L oscillation entre ces deux p les ne pourra jamais devenir nulle dans aucune culture dans aucune 92 conduite Elle
66. ds persuad s que l on va g cher et le travail et le d jeuner Toutefois ces orientations culturelles allemandes et fran aises ne sont pas des automatismes Les unes et les autres s enracinent dans de grandes probl matiques humaines comme s parer ou r unir des activit s diff rentes Il s agit d ailleurs moins d une alternative entre deux choix que de la possibilit d effectuer de multiples compositions partir de ces deux orientations Les compositions culturelles allemandes et fran aises sont donc elles m mes variables par exemple selon les r gions ou les g n rations Tout cela d pend de l histoire mais aussi de la libert qui s enracine ici dans une possibilit fonctionnelle humaine l attention peut soit se centrer plus sur le m me pour isoler pour approfondir soit se d centrer plus sur l environnement pour relier pour associer Centrer son attention et son effort sur une activit pour la mieux r ussir est valable dans de nombreux cas mais pas dans tous Il faut parfois tre en mesure de d centrer son attention pour faire certains liens Centration et d centration doivent aussi pouvoir non seulement alterner mais encore se composer Cette compr hension adaptative humaine connue il sera peut tre moins facile de rester sur des positions de provocation ou de condamnation de l autre Des compromis seront peut tre alors plus facilement cherch s l avance et invent s L implicite et l explicite d
67. e mais toute la culture allemande qui est plus masculine 2 Cause effet ou accompagnement la communication allemande est souvent plus explicite qu implicite 3 Elle est plus souvent d mulation que de s duction 4 S y ajoute l influence de la position antiautoritaire de la jeune Allemande qui comme l ve tol re mal la position de 26 Voir description p 67 123 ma tre dans laquelle pour elle se compla t le professeur fran ais Or la conjonction de ces quatre dimensions entra ne un renforcement producteur d une certaine duret en tout cas pour une sensibilit culturelle fran aise plus f minine plus implicite plus s ductrice La conjonction de masculinit d explicite et d mulation fait que la dimension de p dagogie antiautoritaire tout en tant bien r elle donne quand m me lieu une expression qui au moins dans sa forme reste autoritaire C est assez souvent autoritairement que bien des Allemands expriment leur id al de p dagogie antiautoritaire C est en tout cas v cu ainsi par bien des Fran ais Toutefois il ne s agit que d un effet statistique global qui ne pr juge en rien des relations pr cises de personne personne entre Allemands et Fran ais quatoriens Leipzig Un groupe d Equatoriens nous ont racont combien leur projet de venir en Allemagne avait donn lieu dans leur pays des projections n gatives Pour leur part ils n taient pas particuli rement inquiets Il
68. e fran ais En tout cas il semble qu il n y ait pas lieu de les mentionner comme telles Du poisson mais comment Apr s avoir vu comment le poisson est pr par des Fran aises ne peuvent pas en manger alors qu elles aiment habituellement le poisson Un jeune Allemand n en mangera pas non plus Finalement il posera la question une Italienne Vous ne videz pas le poisson La cuisini re explique Non c est pour que le poisson soit plus moelleux moins sec et le go t est ainsi meilleur De courtes situations de ce genre constituent des occasions pr cieuses pour donner aux personnes une connaissance de r f rences culturelles qui peuvent faire probl me dans les relations internationales De telles situations portent leur Voir description p 86 120 sens en elles m mes sans qu il soit besoin de tr s nombreux commentaires M me l int rieur d une culture nationale les uns n aiment pas ce que les autres aiment Quelqu un ne pourra pas acqu rir facilement un go t nouveau si son imaginaire se trouve barr en raison de l aspect visuel du plat ou m me seulement d un savoir sur le plat Ainsi l int rieur du poisson est consid r comme sale les entrailles provoquent du d go t C est le cas d voquer des r actions visc rales Pour l Italienne qui pr pare le poisson c est le moelleux le naturel du poisson qui sont mis en valeur Pour elle qui conna t bien les poissons et qui a r
69. e peut vous para tre trange il est typique d ici observez le comparez le jugez le restez en d contenanc s mais n allez surtout pas penser qu il soit typiquement allemand gt attachez vous plut t d couvrir ce dont il s agit l L observatrice commente ensuite les r actions des l ves fran ais D abord enthousiasm s de d couvrir que leurs partenaires d change jouissaient de plus grandes 29 libert s qu eux certains ont ensuite prouv un sentiment mitig o s exprimaient la fois leur fascination et leur r probation Vers la fin du s jour les jeunes Fran ais ont fini par partager peu pr s l opinion suivante tout en continuant envier leurs camarades allemands pour les nombreuses libert s qui leur taient offertes l int rieur de leur tablissement scolaire ils ont finalement trouv que les r glements taient trop souples la maison Ils estiment n cessaire qu on soit soumis dans ce cadre des r gles plus strictes voire des interdictions m me s il est vrai qu on essaie toujours de d passer celles ci ou de les contourner Cela prouvait pour finir que les parents s engageaient et se sentaient responsables Sous son allure paisible l observation participante est galement celle d une p dagogue consciente de ses responsabilit s et n quivaut donc pas un point de vue ext rieur neutre et scientifique Bien plus elle adopte elle m me une forme d animat
70. e avec int r t mais aussi d licatesse Comme Fran aise la fa on dont cet homme allemand lui parle risque d voquer la situation d un interrogatoire policier Sous cette attitude qui ne se voulait peut tre que franche et directe la jeune femme ressent de toute fa on une certaine violence Or c est peut tre difficile entendre mais toute violence masculine peut tre vocatrice de la situation de viol qui ne peut malheureusement toujours pas tre cart e de l horizon de la condition f minine Toutefois l analyse doit se poursuivre pour d celer un biais suppl mentaire qui peut relever de la culture Nous en voyons au moins deux D abord la communication allemande est g n ralement plus directe plus explicite Ensuite la masculinit est peut tre plus d velopp e dans la culture allemande D apr s du moins l tude des cadres IBM du psychosociologue hollandais Geert Hofstede l indice de masculinit est pour l Allemagne de 66 et pour la France de 43 Des tudes conduites l occasion des rencontres franco allemandes ont aussi pu aller jadis dans ce sens Stummeyer Dibie amp Jaulin Un professeur de graphisme fran ais et des jeunes Allemands Une trentaine d tudiants en graphisme Allemands et Fran ais se retrouvent Paris pour x l laboration d un site Internet franco allemand dont le th me est l Europe gt Les tudiants imaginent un site qui permettrait aux jeunes Europ ens voire aux jeune
71. e celui de l humaine condition Plusieurs situations culturelles critiques seront r f r es chacune de ces sept perspectives 10 1 Ignorer les cultures Ponctualit qu b coise Dans une rencontre germano franco qu b coise les Qu b cois arrivent tr s r guli rement en avance toutes les s ances Boutade d un animateur fran ais dans un petit groupe fran ais Les Qu b cois sont pires que les Allemands Or l animateur allemand lance dans son groupe Les Qu b cois sont pires que nous Dans ces conditions Allemands et Fran ais ne changent pas leur conduite Les Qu b cois finissent par montrer ce qu ils pensent Ils parlent d un manque d implication dans la rencontre et d un manque de respect pour les personnes Les trois groupes nationaux leurs animateurs et leurs chercheurs prennent alors les choses au s rieux Les Qu b cois ne renon ant pas vraiment leur interpr tation n gative les Allemands et les Fran ais reconnaissent que seules leurs rencontres franco allemandes ant rieures leur ont permis de d couvrir leurs diff rences culturelles et de ne plus en faire automatiquement une raison de querelles Reste inventer progressivement des arrangements analogues avec les Qu b cois Gr ve la SNCF On est Strasbourg dans la premi re de trois rencontres pr vues d un stage de formation franco allemand La gr ve annonc e de la SNCF prend des formes telles que les Fran ais
72. e culturel ont le droit et la possibilit de lutter pour des int r ts et des besoins qui sont de l ordre individuel de celui des droits humains ou sp cifiques des groupes d termine fondamentalement le degr d vidence avec laquelle les d bats sont v cus Les r volutions jouent l un r le important un autre niveau ce qui est important c est ce qui est permis ou normal de par la tradition tol rer des impulsions motionnelles effectuer 3 Politique du chancelier G Schr der de 1998 2002 82 des actions corporelles vigoureuses se livrer des r flexions pesant le pour et le contre ou envisager des impond rables d une mani re approfondie c est dire experte exerc e entra n e Participer des controverses d une fa on risqu e vivante active et tr s engag e est ancr dans la tradition Les processus visant discipliner les individus comme la p dagogie noire allemande d un Moritz Schreber prescrivent de s adapter Une histoire r volutionnaire qui a t caract ris e par le d foulement agir en toute puissance et guillotiner constitue quant elle un antipode Dans les civilisations d Extr me Orient toute forme de controverse commencer par le simple fait de dire non est un tabou culturel L bas on voit rarement des tudiants et professeurs discuter entre eux d une fa on directe et ouverte L arri re plan ce sont des si cles de domination imp rialiste par le
73. e d un peu plus de temps Mais la sc ne donne plut t l impression qu il s agit l d un double message Le jeune homme a r ellement envie de communiquer mais le ton tr s d cid de sa voix les efforts qu il d ploie sur le plan linguistique la rapidit avec laquelle il encha ne ses questions donnent simultan ment l impression que ce participant allemand agit selon la devise l attaque est la meilleure fa on de se d fendre Lui est pr cis ment celui qui ne veut pas tre d stabilis gt voudrait ma triser la situation et venir bout de l inqui tude o il se trouve Sur le plan psychologique ceci est certainement tr s compr hensible dans une premi re rencontre de ce genre Mais comme l exemple le montre de mani re typique cette fa on d agir engendre chez la jeune fille le contraire de ce que ce jeune Allemand 116 d sirait obtenir d elle une rupture de communication et une r action d indignation S agit il donc dans cette situation ci d un exemple d change interculturel qui a chou M me s il semble bien qu il en soit ainsi on peut aussi remettre la chose en question Car si l on se r f re la description de la situation ce choc laisse finalement place une semaine de rencontre riche en v nements Le fait m me qu la fin de la semaine et au terme de bien d autres exp riences dont on s imagine bien qu elles ont t plus agr ables la participante fran aise r
74. e est d licate interpr ter en raison de son ambivalence d ailleurs int ressante Pour les 4 Voir description p 124 5 Voir description p 39 16 Britanniques caricaturer une expression de leur culture est peut tre un moyen de prendre une distance En m me temps en montrant leur capacit d autod rision ils se valorisent D autant plus que si les Allemands et les Fran ais de leur c t ne comprennent pas c est eux qui seront d valoris s du fait de leur manque d humour Jeunes Allemands et Fran ais face au retard Les jeunes Fran ais arrivent toujours plus ou moins en retard aux activit s Les jeunes Allemands arriv s avant ne manifestent aucune impatience Interrog s sur ce d calage ils pr tendent m me qu il ne s agit que d un hasard et qu en r alit les jeunes des deux groupes nationaux se retrouvent pratiquement toujours au m me moment Un jour les jeunes Allemands tant comme d habitude l heure certains d entre eux entourent leur enseignante accompagnatrice avec une certaine v h mence critique et moqueuse Ils lui font le reproche de ses cinq minutes de retard d autant qu elle est elle m me infid le aux recommandations de ponctualit qu elle leur fait On voit bien l uvre deux strat gies diff rentes par rapport son habitus culturel D sireux avant tout d afficher une solidarit entre jeunes les Allemands consid rent comme inexistant le retard effectif des Fran ais Pa
75. e et accumul e depuis longtemps Lorsque nous revenons sur un lieu de notre enfance quitt des ann es auparavant nous projetons sur cet endroit un flot de souvenirs jusque l refoul s La vision la perception impliquent plus qu une simple reconnaissance Il ne s agit pas d identifier quelque chose de pr sent en terme d un pass qui en serait totalement coup Le pass est transport dans le pr sent pour largir et approfondir le contenu de ce dernier L identification approuve et passe autre chose Ibid p 45 46 106 Comme le souligne Margalit Cohen Emerique les exp riences que l on vit ainsi au sens profond du terme au contact d une culture trang re nous atteignent donc sous forme de chocs des cultures Dans un premier temps nous en sommes tel point constern s irrit s et agac s que nous ne voulons surtout pas reconna tre leur existence dans la mesure o pr cis ment elles mettent l preuve notre bienveillance respecter l tranger et nous ouvrir d autres cultures cf chapitre 1 Pour acc der au contenu productif d exp riences de ce genre nous devons non seulement r ussir supporter le choc nous donner l occasion de r fl chir plus en d tail ce que ce choc d clenche chez nous la transformation qu il op re en nous mais par ailleurs aussi apprendre nous positionner par rapport lui Dans le chapitre qui suit j essaie d aborder sous cet an
76. e la r alit 5 D o un change cach entre participants allemands et fran ais sur ce qu ils vivent comme une contradiction des Roumains entre non participation aux frais du programme et achats multipli s Une telle situation critique pr sente l int r t de nous obliger s parer clairement les donn es culturelles nationales et les conduites strat giques des personnes Cette s paration est souvent impossible faire sans change avec les int ress s Sachant cela les formateurs de la rencontre s appuy rent sur un petit r seau de sympathie franco germano roumaine qui s tait constitu afin d clairer les faits par un change discret Sans pr juger d une lucidation totale de cette question deux dimensions s impos rent davantage Peut tre d ailleurs se m langeaient elles Il n tait pas exclu que certains produits fran ais soient achet s pour tre revendus plus chers en Roumanie En m me temps en raison de l importance des liens collectifs familiaux et amicaux dans le pays des commandes avaient t pass es par ceux qui n avaient pas la chance de pouvoir se d placer 132 Nos projections sur autrui ici des Roumains sont souvent l mentaires et h tives Elles sont destin es nous conforter dans nos ressentis et nos int r ts S interroger de fa on plus ouverte sur les autres avant de les condamner repr sente une condition minimale d objectivit Surtout quand il s agit de la question se
77. e leur bi re 2 Au cours de la rencontre les groupes effectuent un exercice projectif classique On dessine sommairement une carte repr sentant le territoire de l autre pays et chacun y ajoute des symboles correspondant l id e qu il se fait de ce pays En pr sence des enseignants les jeunes Hongrois dessinent une carte de France coup e en trois et crivent rageusement Deutschland sur les deux tiers Leurs enseignants les mettent en garde Vous ne pouvez pas montrer a aux Fran ais Les jeunes Hongrois acceptent mais d noncent encore le fait que les jeunes Allemands et Fran ais inconscients trinquent la bi re comme leur a t on dit les n gociateurs victorieux lors du Trait de Versailles Par la suite les accompagnateurs hongrois sont soulag s d informer leurs h tes savoir les responsables fran ais de l incident en leur montrant la carte qu ils ont retir e de la circulation Plusieurs dimensions sont prendre en compte concernant le l information historique et la p dagogie Il est facile de critiquer les enseignants hongrois Mais il faut d abord reconna tre que la situation est d un maniement difficile et requiert un ensemble important de r f rences historiques 143 1 D abord l issue de la premi re guerre mondiale le trait de Saint Germain en Laye du 10 septembre 1919 entre les Alli s et l Autriche consacre la disparition de l Empire austro hongrois Le destin de la Hongri
78. e pas tre interrompu peut aussi se rendre compte qu il a peut tre t un peu lent et long Ce que les participants allemands signalent concernant la conversation la fran aise l est r guli rement par d autres Et en premier lieu par des Am ricains des tats Unis ou du Canada Raymonde Carroll 1987 une Fran aise vivant aux U S A l a parfaitement soulign dans son ouvrage vidences invisibles De leur c t J P Bri re et L Wylie 2000 sp cialistes de la communication interculturelle nous d crivent celle ci en se mettant la fois dans la peau des Fran ais et dans celle de leurs interlocuteurs Ces auteurs tr s bons observateurs en restent cependant l analyse comparative descriptive 94 Une approche plus exigeante compr hensive explicative n est possible que si l on se r f re au fonctionnement adaptatif humain Demorgon Carpentier Will 2007 Ce qui se d cline dans les difficult s de l change conversationnel pr sent rel ve certes des deux cultures et de leurs ressortissants mais cela va plus loin En profondeur on trouve une contradiction de toute adaptation humaine dans la conversation faut il suivre la spontan it de son c ur et de ses affects ou faut il suivre un ordre qui m nage chacun une juste place On sait tr s bien que dans le premier cas on est menac par le d sordre Mais dans le second cas avec par exemple un tour de table syst matiquement
79. e pudeur et que les Polonaises ne savent pas prendre soin de leur corps Certains en feront une opposition entre femmes traditionnelles gt et femmes modernes gt Toutefois connaissant l importance de la religion catholique en Pologne on peut difficilement carter cette influence privil giant le d fi l gard du corps et de la chair Du c t allemand on pensera aux cultures protestantes mais aussi aux cultures de valorisation de la nature en g n ral De toute fa on il s agit d une causalit complexe qui n est m me pas prise en consid ration dans l change Il s agit simplement d afficher son identit contre l autre et non de le comprendre On trouvera de nouveau dans cette situation l orientation directe explicite de la communication allemande Encadrement des jeunes personnes cultures statuts Allemands Belges et Fran ais en rencontre cologique sur la C te d Opale Une rencontre germano franco belge a lieu dans le nord de la France Elle est organis e dans une perspective cologique Sous la responsabilit d un technicien des op rations de gestion doivent 46 permettre d accro tre l cologie du site Les jeunes doivent se retrouver pour participer avec les animateurs des activit s prescrites sur un document Il s agit d effectuer un d broussaillage puis de d sensabler un blockhaus pour y favoriser la venue de chauve souris en p riode d hibernation Au fur et
80. e va r sulter du trait de Trianon tabli le 4 juin 1920 et ratifi le 13 novembre de la m me ann e Pour les Hongrois ce trait fut sign par le r gent Horthy qui venait de prendre le pouvoir en renversant la R publique des Conseils Le territoire de la Hongrie se trouvait effectivement amput des deux tiers ramen au seul centre de la plaine moyenne du Danube autour de Budapest Cette amputation est particuli rement visible et saisissante si l on compare L Europe des nations en 1914 dans l Atlas historique de Georges Duby 1987 et L Europe entre les deux guerres mondiale gt dans l Atlas des Europ ens de G rard Chaliand amp J P Rageau 1989 Pataki 1998 pr cise La Hongrie perd 2 3 de son territoire passant de 280 000 93 000 km2 et 1 3 de sa population 3 5 millions de Hongrois tant d sormais l ext rieur du territoire national Cette amputation comporte la Slovaquie la Transylvanie une partie du Banat rattach e la Roumanie ainsi que la Croatie rattach e au royaume de Serbie C est l origine du probl me des fortes minorit s hongroises pr sentes au sein des tats successeurs de l Autriche Hongrie Slovaquie Ukraine Roumanie Yougoslavie Croatie Slov nie Autriche 2 Lors de la seconde guerre mondiale la Hongrie s alliera aux puissances de l Axe dans le but de r cup rer ses territoires perdus En 1944 le r gent Horthy sera limin quand Hitler occupera le pa
81. e voient venir que deux Russes sur les six attendus Ils apprennent que les autres n ont pas eu le temps de descendre avec leurs bagages Le responsable fran ais se pr cipite aupr s du chef de gare de Colmar et obtient que les Russes soient inform s qu ils pourront descendre la prochaine station 12 Les cultures sont li es aussi aux poques et leurs changements techniques Or ces changements sont d cal s dans le temps selon les pays Le temps ferroviaire habituel des Russes n est pas le temps ferroviaire habituel en France Les rencontres pr paratoires ont peut tre oubli d aborder cette question mat rielle pr cise Concernant l ignorance des cultures on consultera aussi Un sauna en Pologne 2 Afficher sa culture pour provoquer l autre Sur ce th me on consultera la situation Plage et nudit 2 Une opposition franco allemande et une provocation allemande Ainsi que la situation lt Faire renvoyer l animateur allemand tol rant le nudisme gt 3 D noncer caricaturer l autre dans sa conduite et sa culture Porcherie Un groupe franco allemand de jeunes entre 18 et 22 ans se retrouve en France dans le Lot Au bout de quelques jours le responsable du centre d accueil s en prend aux jeunes Allemands leur reprochant de transformer leur chambre en porcherie Il y a en effet des bouteilles vides et des restes alimentaires un peu partout Les Allemands r pliquent Pourquoi serions nous propre
82. el 133 semble t il tait d j trop compromis en tout cas du c t fran ais pour permettre une telle attitude ludique exploratoire Consigne p dagogique visant former petits et grands groupes Les deux animateurs allemand et fran ais se heurtent une difficult Une majorit de Fran ais ne cesse de r clamer des r unions pl ni res plus fr quentes Une majorit d Allemands s y opposent et pr f rent les changes interpersonnels en petits groupes Les deux animateurs tentent de r soudre le probl me par un compromis Ils imaginent un dosage quilibr de petits et de grands groupes Malheureusement contre toute attente la solution qu ils trouvent pertinente monte tout le monde encore plus contre eux Participants allemands et fran ais restent sur leurs positions L observation et l enqu te ont montr que les participants allemands s interrogeaient sur la possibilit d adh sion des identit s nouvelles par exemple d ordre cologique Ils voulaient s en informer en petits groupes Les participants fran ais souhaitaient davantage de r unions pl ni res pour aborder des th mes plus g n raux d histoire et de politique Une fois de plus en parlant de ces sujets on n a pas pu viter de renvoyer de nouveau les Allemands au nazisme ne serait ce qu indirectement Des situations nationales diff rentes dans les d veloppements de l histoire et de l actualit se vivaient librement travers des imp
83. elui qui consid re l apprentissage interculturel comme une simple occasion d claircir les choses de fa on rationnelle contestera l existence de ce fait paradoxal Mais celui qui commence saisir le c t motionnel de l apprentissage interculturel reconna tra qu il ne peut jamais s agir d une progression didactique lin aire mais toujours d un mouvement oscillatoire entre le besoin de se d marquer des autres et celui de s orienter vers eux L objectif d une didactique de l apprentissage interculturel ne devrait donc jamais tre de mettre un terme au d nigrement mutuel qui existe entre les jeunes mais bien plut t de contribuer ce que celui ci devienne d un c t comme de l autre plus facilement perceptible plus dr le plus ludique de mani re ce que l alternance entre la d marcation et le rapprochement gagne en l g ret Fuite en avant Flucht nach vorne Premier contact tr s direct Il est parfaitement manifeste que ce participant allemand se comporte comme il pense qu on doit se comporter lors d un change international Il s avance vers une repr sentante de l autre culture en s effor ant de s exprimer dans sa langue elle et m me s il ne ma trise qu un fran ais scolaire il manifeste de la curiosit et de l int r t pour l trang re Mais en agissant ainsi il se contente de provoquer l tonnement la consternation et lorsqu on vient observer la sc ne distance une r action
84. ent crite et laissant des traces pour une reprise de l change En d pit des efforts de synth se de quelques personnes la querelle se poursuit de fa on r p titive Aucun des deux groupes n entend c der De telles situations mettent bien en vidence ce qu est une probl matique g n rale Aucune des deux orientations ne peut tre d truite par l autre Les humains seront toujours in vitablement conduits se r f rer aussi bien l instant qu la dur e Mais faire d une probl matique une impasse n est pas souhaitable Si opposition irr ductible il y a c est que les deux points de vue valuer dans l instant ou dans la dur e ont chacun leur valeur Cette rencontre qui avait pour but de travailler obtenir une meilleure qualit des changes dans les rencontres franco allemandes de jeunes pouvait passer par cette pol mique condition d en tirer les bonnes conclusions Sa t che tait de consid rer la diversit des situations concr tes qui conduisait inventer des choix composant diversement les deux valuations chaud et distance 90 O sont les copains d antan la fin de la premi re rencontre d un change trilat ral franco germano bulgare c est un d lire La session termin e tout le monde se promet de se retrouver l ann e suivante et de continuer les conversations inachev es L ann e suivante arrive Le groupe bulgare est r duit le groupe allemand a disparu Du
85. ent vident que les ph nom nes de d nigrement ne se manifestent pas seulement dans l change international mais dans tous les contextes relationnels impliquant la fois une appartenance un groupe et une d limitation par rapport aux autres comme on l observe par exemple dans les rapports quotidiens de cliques de jeunes Le d nigrement a pour double fonction d tablir une distance et de constituer une communaut Cf Deppermann A Schmidt A Vom Nutzen des Fremden f r das Eigene Interaktive Praktiken der Konstitution von Gruppenidentit t durch soziale Abgrenzung unter Jugendlichen in Merkens H Zinnecker J Hrsg Jugendforschung Annales 2003 Opladen 2003 p 25 56 2 Hans Nicklas a d crit la mani re dont on peut traiter dans le contexte d un change interculturel ce type de paradoxe qu on appelle dilemme de Tajfel en r f rence au sp cialiste en psychologie sociale Henri Tajfel et selon lequel le fait de se d marquer d autres personnes et souvent de les d pr cier permet de renforcer l image de soi et la notion d appartenance Nicklas Klammern kollektiver Identit t Zur Funktion von Vorurteilen in Nicklas H M ller B Kordes H Interkulturell denken und handeln Campus Frankfurt M 2006 p 109 116 L intention n est pas ici de contester le fait qu il peut galement exister par d nigrement aussi des formes de d marcation vraiment malfaisantes et m prisantes 114 C
86. ent des choses de guider et discipliner les citoyens qui se d placent 65 De quels instruments de pouvoir disposent les repr sentants de l autorit publique dans les diff rents pays D armes de sanctions Et quelle fonction constitue la base de l action Eclairer informer duquer aider Quels sont les mod les d interaction usuels dans les pays des personnes concern es L se jouent la conception du r le personnel et de celui des autres personnes impliqu es et comment le champ d exp rience actuel se distingue t il du propre espace culturel habituel Qu est ce qui va servir de documentation photographique Comment Les photos peuvent tre des pi ces conviction des t moignages r v lateurs ou des l ments artistiques Et quel est le contexte actuel dans l espace o se d roule la situation ou dans l espace d o sont issues les personnes impliqu es ceci faisant partie de la perspective de globalisation Que se passe t il si ce sont par exemple des papparazzi qui produisent l image l image fabriqu e re ue par les autres Ou si les photos des violences commises par la police ou par les autonomes mettent en lumi re les r les des policiers les r les des citoyens Si dans les situations observ es ou dans la perspective historique de relations respectueuses parce que d mocratiques entre police et citoyens ces photos sont con ues de fa on douteuse ou au contraire exemplaire 6 Aspect
87. entations peuvent se composer diversement Des moyens explicites peuvent tre mis au service d une communication implicite C est ce qui se produit dans notre situation critique qui doit aussi r soudre la question d une relative urgence trouver une solution Il y a d embl e un malentendu sur le oui Pour l Italienne il signifie Oui j entends et je comprends votre demande mais il faut voir la voiture avant de d cider L Italienne souhaite que ses interlocutrices fran aises puissent constater par elles m mes ce qu il en est Les Fran aises elles sont d sireuses de se rassurer en apprenant qu elles vont avoir une solution Le oui de l Italienne r sonne comme un accord oui vous pouvez emprunter ma voiture Si l Italienne est implicite aussi en ce qui concerne le non qu elle sous entend sans le prof rer elle est par contre explicite quant la mani re dont elle d livre les informations pratiques r sultant des caract ristiques de la voiture Elle pense que les Fran aises n ont pas en t te que l Italie est un pays o pour plusieurs raisons g ographiques conomiques pratiques nombre de voitures sont de dimensions r duites Pour les Fran aises qui sont dans leur communication implicite et dans l urgence ce d placement la voiture et ces d tails exhib s sont du temps perdu et de l hypocrisie Dans des conditions moins pr cipit es les Fran aises auraient peut tre t plu
88. es couleurs col reuses Ce grand dessin qui occupe tout le mur devant lequel ils vont jouer de nouveau s impose gagne l attention et l admiration pour le travail vident et r ussi qu il d voile A la fin de la pi ce le contremai tre siffle comme pour signaler la fin du travail lors du dernier jour l usine Puis de fa on mesur e d lib r e il d croche l image Lentement avec r v rence il la porte jusqu l avant sc ne la montre avec soin et garde une expression de col re froide Une assurance nouvelle lui permet de prendre le temps n cessaire pour marquer l importance de ses actions Avec la m me froideur d lib r e il fait l impensable il d chire le dessin en plusieurs grands morceaux Cette destruction gratuite d une cr ation produit de plusieurs heures de travail collectif symbolise visiblement par son sacrifice la perte symbolique de l usine et du travail que tous y accomplissaient Cette fois le message est pass Tous sont vivement touch s Cette situation critique est exemplaire Allemands et Fran ais ayant mal re u leur mise en sc ne les Britanniques au lieu d en nourrir du ressentiment comprennent que cela vient aussi d un recours insuffisant aux moyens translinguistiques Ils vont alors savoir comment signifier la d chirure de leur vie par la d chirure de leur grand dessin de l entreprise On est bien l en pr sence de ce m diateur transculturel qu est l art en g n ra
89. es et met en vidence les strat gies des acteurs que le p dagogue devrait percevoir De son point de vue il est moins important pour les animateurs de mettre en uvre les bonnes intentions de d passer les pr jug s que d observer de fa on tangible leur propre participation l change 3 Avec les analyses de Marie Nelly Carpentier ces diff rents niveaux sont recoup s de fa on tr s concr te partir de dimensions pr cises les sexes les ges et les statuts trois dimensions qui interagissent 4 Dans les situations d une rencontre internationale Hans Lenhard d finit plusieurs niveaux d analyse personnes groupes institutions r gions soci t s nationales qui interf rent diversement constituant la complexit de chaque situation Les quatre chercheurs sont conscients de la complexit des situations culturelles critiques Les interpr tations possibles sont nombreuses et doivent demeurer variables pour correspondre aux multiples dimensions des situations et leur variation dans l espace et dans le temps D o le mode d emploi maintenant pr cis Le lecteur qui le d sire pourra prendre connaissance des situations ant rieurement et ind pendamment des commentaires En effet il reconna tra les textes d crivant des situations en raison de leur pr sentation graphique en italique En se r f rant la table alphab tique des situations en fin d ouvrage il saura quelles pages les quatre auteurs on
90. et culturelles d monter les pr jug s apprendre mieux accepter d autres modes de vie etc Cela semble si vident qu il serait m me inutile d en parler En tout cas cette bonne volont l gard de l autre et de l tranger passe pour tre le v ritable moteur de toute rencontre interculturelle Or lorsque des enfants ou des jeunes se montrent si peu int ress s par la rencontre qu ils pr f rent rester entre eux en groupe national et noncent m me des pr jug s vis vis des autres ils passent pour faire preuve de r sistance ces bonnes intentions Et selon les repr sentations habituelles cette r sistance est vaincre surmonter au moyen d exp riences positives avec les partenaires pour la transformer en ouverture d esprit accompagn e de la volont d apprendre J aimerais ci apr s en m appuyant sur quelques exemples montrer que la bonne volont de se comprendre aussi n cessaire soit elle a aussi ses revers pouvant aller l encontre de ses propres objectifs fondamentaux Et l inverse comment cette r sistance qui consiste noncer des pr jug s se moquer de l autre l cher de petites phrases m chantes bref comment tout ce jeu de sc ne la 24 fois ludique et insolent peut rendre la rencontre passionnante moins moralisante et moins solennelle moins vertueuse ou s rieuse et contribuer vivifier l change entre les membres de cultures diff rentes
91. eu de signalisation librement inspir de Gertrud Stein tout d pend de l importance que lui conf rent citoyens et usagers dans quelle mesure est il vident pour nous usagers de suivre respecter ou ignorer les directives et les r glements routiers Et pour un policier c est pareil Un policier est un policier est un policier Assumer son r le social est une sorte de convention culturelle socialement tablie Etre conscient de ses marges de man uvre et pouvoir les mettre en pratique concr tement constitue le fondement de la r alit en soi Et il y a la repr sentation de l tat avec un code de bonne conduite pour le policier et les citoyens et bien s r un cadre l gal qui vaut pour l utilisation d une moto dans l espace public aussi bien que pour la photographie Photographier comporte galement deux faces gain d une image d autrui utilis e par le photographe gain ou perte de donn es individuelles avec le risque d une publication non d sir e La question est de savoir ce qui peut m arriver moi qui suis l objet de la photo si des inconnus s en servent 4 Niveau culturel Quel r le joue la police en tant que r alit tatique dans la vie des Fran ais Qu en est il chez les Anglais Et quel est le quotidien d un agent de police en Allemagne Dans la situation d crite il a pour r le de surveiller la circulation Il s agit donc aussi des recettes de l tat de garantir le bon d roulem
92. frontalier doivent se rencontrer prochainement Le chef de projet est fran ais il coordonne son action avec un secr tariat allemand Le projet d invitation aux membres allemands est court Il indique le lieu et l heure de la r union toutefois sans ordre du jour L objet de la r union est si l on peut dire mentionn dans le courrier sous cette forme La r union aura pour objectif de convenir de la poursuite de l action Les Allemands signifient que dans ces conditions ils ne voient pas l int r t de la r union La situation critique n est pas per ue par les Fran ais Pour eux la r union n a pas besoin d ordre du jour C est la r union elle m me qui le d terminera Pour les Allemands cela signifie qu ils n ont pas mati re se pr parer La r union est sans objectif ce qui pr sage mal de son d roulement Mieux vaut la reporter 99 Organisation fran aise d un jumelage franco allemand Dans le cadre de la foire gastronomique qui se tient tous les ans dans la ville jumel e fran aise la ville jumel e allemande envoie une d l gation de cinquante personnes Compte tenu des informations horaires donn es par les Fran ais les Allemands d cident d une heure de retour Dans la r alit les horaires vont se d caler Ainsi l allocution d ouverture est prononc e avec plus d une heure de retard sur l horaire Par la suite un d jeuner festif prend lui aussi du temps Or on doit visiter le nouveau mus
93. gie des rencontres Peut tre ces deux derni res situations devraient elles inciter ce que la p dagogie de rencontre interculturelle soit vraiment moins p dagoguis e Il serait peut tre contre productif de vouloir essayer outrance d exploiter toutes les chances de rencontre avec des jeunes issus d une autre culture orientations 2000 2002 de l OFAJ p 9 Peut tre est il plus b n fique de prendre le mot rencontre plus au s rieux de percevoir et de prendre en compte l tranget r ciproque Deux personnes ou deux cultures qui viennent se rencontrer ne sont pas syst matiquement oblig es de se comprendre Cela suffit parfois si elles s observent et se jaugent mutuellement tout en gardant une certaine distance l une par rapport l autre Cr er des occasions permettant aux jeunes de faire en dehors de leur milieu quotidien et sans peur des suites ventuelles l exp rience de vivre aupr s d autres qui leur sont trangers leur proposer cet effet une multitude de formes et de possibilit s de s exprimer le tout dans un climat de d tente permettant chacun d avoir d autres conduites que celles attendues habituellement Voil mon sens les pr alables pour rendre fructueuses les rencontres interculturelles J aimerais pour terminer proc der au commentaire d une situation qui ne fait pas partie des textes du recueil commun Je l ai trouv e dans le quotidien berlino
94. gle quatre pisodes que les diff rents auteurs ont tous pr sent es comme des situations id alement typiques Je ne les envisage pas par rapport au contenu cognitif ou symbolique qu elles peuvent pr senter pour ceux qui souhaitent comprendre des ph nom nes interculturels mais les interpr te comme des chocs motionnels relativement mineurs et donc aussi comme des l ments qu on a souvent tendance garder en soi et ne pas analyser lors d changes internationaux Le fait de consid rer les chocs de cultures comme des occasions d apprendre ne signifie cependant pas qu il faille d velopper dans la pratique des rencontres interculturelles une m thode ax e sur les chocs motionnels A travers ces quelques exemples il m importe au contraire d attirer l attention sur les v nements d stabilisants et petites irritations in vitables qu on est 14 Cohen Emerique M Der Kulturschock als Ausbildungsmethode und Forschungsinstrument in Nicklas H M ller B Kordes H Interkulturell denken und handeln Campus Frankfurt Main 2006 p 317 327 107 effectivement cens rencontrer dans n importe quel programme d change L objectif consiste ici tablir la mani re dont la question est envisag e et les moyens qui permettraient ventuellement d aboutir des exp riences interculturelles enrichissantes Une mani re de traiter un choc La comm moration du bicentenaire La sc ne semble d crire une si
95. grandissant ils suivent la discussion qui devient leurs yeux de plus en plus agressive Pour finir deux Allemands se sentent n anmoins oblig s d intervenir plus directement dans la discussion afin de calmer le jeu Ils essaient de r unir les deux positions qui s affrontent et d tablir un compromis entre les carts d opinions qui ne sont tout de m me pas bien grands Mais les Fran ais ne l entendent pas ainsi et les deux groupes fran ais ennemis s opposent maintenant aux deux Allemands La pause de midi n tant plus tr s loin les Allemands font tout leur possible pour que les deux camps fran ais adverses trouvent un terrain d entente avant l heure du d jeuner Les Fran ais se montrent d sormais plus conciliants et l on parvient une sorte de consensus que tout le monde pense tre en mesure d approuver Les Allemands poussent un soupir de soulagement mais un Fran ais demande la parole Il se lance dans une longue explication en d molissant peu peu les diff rents arguments et provoque l effondrement du compromis instaur avec tant de peine Les Allemands ont l impression de se retrouver devant un beau g chis sont bout de nerfs et furieux La matin e est maintenant termin e Le repas attend il faut interrompre la discussion Les jeunes rejoignent le r fectoire et les Allemands voient les deux protagonistes fran ais de la discussion qui venaient de se quereller d une mani re extr mement violente e
96. histoire en elle m me quivaut une petite vengeance ult rieure de la part d un participant qui n a pas pu riposter l poque mais saisit maintenant l occasion pour dire toute la v rit sur ces Fran ais Que peut donc vouloir dire un d nigrement de ce genre dans des changes internationaux Il s agit l en outre d un type d attitude qu on peut aussi bien voire plus 18 Voir description p 86 113 souvent rencontrer dans des groupes ouverts qui se comportent avec assurance et jouissent d j d une certaine exp rience en mati re d change international que dans des groupes qui cherchent anxieusement se d marquer des autres Pour saisir ce ph nom ne on doit pouvoir sentir le caract re motionnel bilat ral du d nigrement Il ne fait aucun doute que le fait de d nigrer les autres gt exprime des sentiments d agression Et nombre d individus les Allemands notamment auront tendance penser que celui qui critique les autres refuse d changer ou d truit les bases de la communication M me si ces personnes n ont pas tout fait tort ce point de vue manque quelque part d humour Il ne voit pas que le d nigrement peut tre une forme de communication qui aide surmonter un aspect motionnel paradoxal lequel consiste pr cis ment se d marquer des autres pour s assurer de sa propre appartenance tout en continuant communiquer et s orienter vers les autres 19 Il est galem
97. i des donn es culturelles et strat giques des personnes Regarder en face comment sa culture est parfois per ue n gativement peut par exemple constituer un but p dagogique judicieux Un p dagogue allemand propose cette prise de conscience aux Allemands et aux Fran ais Les premiers sont pr ts jouer le jeu mais les seconds n y voient que provocation contre eux Penser que les participants devraient b n ficier de situations d change la fois en petit et en grand groupe semble une sage perspective Pourtant une quipe franco allemande qui souhaite conduire les participants dans ce sens va r volter les deux groupes les Allemands et les Fran ais Enfin faire tr s attention aux consignes avant d agir est certainement une bonne conduite pour tout le monde 27 Voir description p 128 28 Voir description p 131 126 Toutefois si par pr cipitation et n gligence de lecture compl te la consigne finale qui commande en fin de compte de suspendre le travail n a pas t lue le r veil sera douloureux pour tous Avec tout de m me l arriv e une importante diff rence le pi ge de la m thode r voltera tr s diff remment les participants allemands et fran ais La p dagogie interculturelle souffre d un paradoxe D un c t elle doit tenir compte des habitus Bourdieu 1989 des participants De l autre c t pour leur permettre de communiquer elle doit les aider construire un terrain commun mai
98. i ne l est pas me comprendra Les jeunes Britanniques se livrent donc ici un jeu particuli rement raffin sur plusieurs niveaux D abord ils se pr sentent et plus que les autres sous un trait de caract re qui leur est propre et renoncent pr senter un th me qui pourrait faire l objet d un travail p dagogique commun Ils utilisent ce jeu pour se moquer d eux m mes et s amusent encore plus de voir que les autres ne comprennent pas cette franchise de leur auto repr sentation Ils ne font rien pour expliquer cela aux autres ignorent l attitude p dagogique et l attente des autres Doit on maintenant partir du principe que la p dagogie des rencontres internationales est vou e l chec d s qu elle se trouve confront e comme ici avec ces Anglais des jeunes qui ne semblent pas prouver le moindre int r t pour ce genre d apprentissages et qui se contentent de s amuser leur mani re en se moquant des efforts des autres pour communiquer Je ne crois pas qu il faille le voir ainsi En tout cas le comportement de ces jeunes Britanniques caract rise certainement plus typiquement la jeunesse moyenne de tous les pays europ ens notamment celui des jeunes qui ne sont pas encore pris de la pens e et de la bonne volont 37 sous jacente la rencontre et l entente entre les peuples Il s agit notamment de ceux parmi les jeunes qui sont difficilement joignables pour les acteurs de la p dago
99. ient et emm ne le jeune Anglais au commissariat Marc l accompagne et tout le monde patiente L Anglais s tant excus en long et en large en expliquant qu il avait agi sans penser mal l affaire est class e mais le film n en reste pas moins confisqu Le sort veut que le groupe se retrouve quelques heures plus tard dans la galerie commerciale du Trou des Halles Les jeunes clic recommencent prendre des photos et voil que l autorit publique intervient nouveau C est un lieu priv et il est interdit de photographier Nouvelle explication palabres et encore une fois confiscation des pellicules Puissance publique ordre priv en vertu des lois de la R publique fran aise interdiction de prendre des photos Par mesure de s curit La photographie a toujours t un art dangereux Les jeunes Europ ens ont v cu les festivit s du bicentenaire Paris autrement qu ils ne l avaient imagin travers ce que l ann e 1789 voquait pour eux Par la suite il y a eu de longues discussions et d innombrables arguments ont t forg s Commentaire 1 Niveau individuel Quelle particularit des personnes impliqu es joue un r le important dans l v nement et pour leur comportement dans la situation d crite Nous sommes en pr sence d e un photographe qui cherche un sujet est curieux souhaite rassembler de la documentation et qui est touch par une sc ne d intervention polici re
100. ieu d une position d attente t moignant de d licatesse aient affect la Fran aise Est ce que ce sont les particularit s individuelles et personnelles qui d terminent le d roulement de la situation Ou bien est ce plut t le niveau 5 qui est pertinent Il se peut que la jeune Fran aise r agisse l approche directe du gar on un peu comme les Allemands choqu s par l ex cution trop rapide du rituel de salutation avec bise par leurs partenaires fran ais Etant donn l chelle d valuation des comportements lors des rendez vous amoureux en Allemagne cela peut susciter de la g ne ou d stabiliser Le comportement d cid qui va d cider de la situation de m me que la dominance provoqu e par la litanie de questions est il la cause du probl me relationnel qui surgit Ou est ce le cadre interculturel dans lequel cette prise de contact avec une repr sentante d une autre culture se d roule de fa on critique Cela semble tre un aspect prendre en compte S y ajoute l aspect des r les sexuels diff renci s en fonction des cultures dans les champs respectifs des pairs de ces deux espaces culturels R flexions sur le niveau 2 du sch ma Lorsqu on tudie la polarit l oppos de ce ton tr s d cid pour montrer une autre mani re d entrer en contact avec quelqu un ou plus pr cis ment une indication d alternatives pour ce jeune ou d autres participants nous trouvons s approcher sans
101. initiatives et possibilit s de lutte ou au contraire cela les rebute et ils r agissent en excluant d appliquer leur propre espace de vie des mod les tr s loign s Dans tous les cas la documentation t moignant de d bats ou controverses am ne examiner notre syst me en vigueur qu il s agisse du plan personnel sp cifique un groupe social ou culturel Les r flexions et commentaires qui pr c dent et qui s apparentent des analyses contextuelles modifient les r alit s int rieures de celui qui y participe Nous avons tout d abord les diff rents r glages des cam ras ils permettent une perception d taill e et affin e qui a lieu par exemple quand gr ce au sch ma d orientation l attention enregistre davantage d aspects et obtient donc plus de donn es observer Nous disposons par ailleurs d une conscience largie de la complexit des contextes l action au c ur de situations caract re multiculturel et leur ma trise peuvent alors se d rouler autrement Si nous admettons ces contextes et les avons pr sents l esprit ils deviennent perceptibles et significatifs une confrontation personnelle et responsable la fois diff renci e et plusieurs niveaux devient alors possible 84 5 Croiser les interpr tations Jacques Demorgon Cultures et adaptation g n rale humaine dans les situations critiques On parle parfois des diff rences culturelles comme si ce n tait pa
102. ion hautement efficace Car c est uniquement sous la protection d une s r nit de ce genre que les enfants sont en mesure d articuler leurs exp riences en face de l enseignante et de r ussir faire entendre les sentiments contradictoires qui les animent Ce n est que de cette mani re que les enfants peuvent se comporter consciemment par rapport ce qu ils vivent et devenir ainsi leur tour observateurs participants gt de leurs propres exp riences Dans la mesure o justement l enseignante ne sugg re aux enfants ni d accepter comme normal le comportement dont ils sont t moins ni de s en distancer elle leur offre la libert d examiner leur situation personnelle de mani re critique et confiante et par l m me de pratiquer l apprentissage interculturel 30 Les r actions sont ce sujet extr mement diff rentes et dans ce sens aussi l observation sereine de l enseignante ouvre un espace de tol rance La mani re dont les jeunes Fran ais l issue des d bats finissent par partager peu pr s la m me opinion illustre merveille la d finition selon laquelle l apprentissage interculturel gt consiste acqu rir la facult de se voir soi m me dans le miroir de l autre gt Wirth 1984 L apprentissage interculturel ne revient pas en effet s identifier d autres fa ons de voir et de se comporter ou les m langer aux siennes ou encore les accepter com
103. ionalit s par rapport des rendez vous dans la mani re de se saluer de manger d aborder les enfants de s entretenir ou de mener une affaire se comportent autrement que nous avons l habitude de le faire Int rieurement nous nous disons alors que cela ne veut rien dire que l id e selon laquelle des gens de couleur seraient plus dangereux pour nous que des blancs constitue un pr jug qu il s agit l d un fait normal et qu il est donc injuste de notre part de vouloir retirer d autres dans nombre de petites habitudes quotidiennes le droit d adopter une attitude que nous ne connaissons pas Le cerveau qui envisage les choses ainsi a certainement raison Mais lorsqu il essaie de nous faire croire que notre r action spontan e ne veut strictement rien dire dans la mesure o lui pense ou nous met dans la t te autre chose que ce que nous estimons tre juste en r fl chissant intelligemment la question notre esprit nous prive des chances d acc der un apprentissage interculturel Car ce n est qu en reconnaissant nos sentiments sans en avoir honte que nous pouvons les percevoir plus en d tail Ce n est qu en nous positionnant ainsi que nous sommes en mesure de d terminer quels sentiments nous allons adopter et rejeter dans notre mani re d agir que nous pouvons aussi nous exprimer sur les points de vue et r actions spontan es que nous souhaitons viter et peut tre m me r ussir en rire avec d aut
104. is Berliner Tagesspiegel du 24 juin 2001 sous la forme d un article relatant les provocations racistes entre l ves l occasion de programmes d change patronn s par l OFAJ Il s agit de cas qui ont attir l attention du public notamment dans la partie Est de l Allemagne et o de jeunes Fran ais de couleur ont t attaqu s 38 Crachat et cons quences En Saxe Anhalt pendant les feux de P ques un jeune d une maison voisine a par exemple crach au visage d Andrea Victoire une jeune Fran aise de 16 ans La famille d accueil a port plainte contre lui apr s avoir en vain attendu ses excuses pendant trois jours En contrepartie des habitants du village ont t nombreux s excuser aupr s d Andrea Entre temps la jeune fille de couleur s est compl tement int gr e elle danse dans le groupe de femmes des pompiers volontaires et joue dans l quipe de volley ball La m re d accueil Eva Marquart a abord l incident au conseil municipal et publi un article dans le journal Elle est quand m me en col re contre le fait que tout le monde ne parle que de l incident Personne n informe sur les r percussions positives de l change sur les nombreuses rencontres qu il permet sur l engagement des gens qui y participent On ne va tout de m me pas dit la m re d accueil voir tous nos efforts r duits n ant par un imb cile qui a bu un coup de trop L incident qui vient d tre
105. ische Strasse en direction du centre ville peu de places sont occup es et le v hicule roule en site propre sans tre g n par la circulation Jonathan un jeune homme qui est assis pr s de la fen tre au milieu du tram et tient un sac dos sur ses genoux regarde le paysage urbain peu attrayant qui d file Il semble plong dans ses pens es L air absent il ne remarque pas les deux hommes qui montent la station suivante lun d eux se place pr s du conducteur l autre en bout de rame et tous deux proc dent au contr le des tickets V tu d un sobre anorak de service bleu l homme en question est maintenant devant Jonathan et lui dit d un ton prosa que Ton ticket s l te pla t Lorsque Jonathan agac l ve les yeux vers lui le contr leur r p te sa phrase de fa on plus insistante Je voudrais voir ton ticket Le billet s il te pla t Commentaire Jonathan n a pas fait attention Quand il monte dans le tram son porte monnaie a d j disparu il ne sait pas comment cela a pu se produire L objet a peut tre t vol la piscine il est peut tre tomb de sa poche quand Jonathan tait en train de faire l imb cile avec ses copains ou Ou Quoi qu il en soit Jonathan n a pas fait suffisamment attention son porte monnaie et prend le risque d effectuer le trajet sans billet Pour profiter de l aide du sch ma d orientation demandons nous quel niveau se situe le facteur
106. issariat leur camarade qui vient d tre arr t ces jeunes t moignent d une volont de vaincre ce type de peur et l on peut pratiquement dire qu ils se confrontent elle En dernier lieu au fil de longues discussions le groupe finit par ma triser l incident sur le plan intellectuel aussi en cherchant exprimer son avis personnel sur la question et en int grant ce qu il vient de vivre dans son propre champ d exp rience Ce n est que lorsque les trois l ments sont r unis que l exemple peut devenir un moment id alement typique d apprentissage interculturel De rien Keine Ursache Sur la n cessit d inspecter une voiture Les Italiens ne savent pas dire non telle serait peut tre la mani re dont quelqu un pourrait interpr ter cette petite sc ne s il s agissait pr cis ment de trouver des exemples 17 Voir description p 71 110 illustrant bien le caract re typique gt de telle ou telle nation Un autre message reviendrait dire qu il existe toujours dans les changes interculturels des petits malentendus qu on ferait mieux de surmonter avec un maximum de tact Les deux interpr tations sugg rent dans cette histoire de conseiller aux deux Fran aises de prendre l exp rience avec humour en disant l Italienne Cela n a pas d importance de rien merci pour la peine que tu t es donn e nous allons chercher une autre solution En tant que r gle pratique destin e
107. ission de l histoire dans la cha ne des g n rations Les Allemands pendant le nazisme ont envahi la France et entendaient y rester en construisant le Mur de l Atlantique gt Pour le technicien les jeunes Allemands d aujourd hui devraient respecter ces vestiges d une poque tragique 3 La troisi me question encha ne sur la pr c dente En effet dans la transmission g n rationnelle en Allemagne les nouvelles g n rations ont condamn le nazisme Pour le contrecarrer l avenir on s est tourn vers de nouvelles perspectives p dagogiques antiautoritaires Les jeunes Allemands ont appris valoriser une conduite d autonomie dans le choix des activit s acceptant mal qu elles puissent leur tre en partie impos es D ailleurs leur animateur se garde bien d intervenir dans ce sens Ce n est pas ce que voit le technicien fran ais Pour lui les jeunes Allemands ne veulent tout simplement pas faire le travail Et leur animateur n assume pas son r le 4 C est alors qu interf re la quatri me question cologique Le technicien fran ais n est pas sans savoir que l cologie fait davantage partie de la pratique culturelle allemande que de la fran aise Il a pu imaginer pouvoir s appuyer sur cette dimension pour obtenir une bonne coop ration et un bon r sultat D o sa d ception Toutefois on peut se demander s il n a pas contribu consciemment ou non proposer cette activit pour mettre les jeunes Allemands
108. l et le th tre en particulier surtout s il utilise des mat riaux non verbaux susceptibles d chapper en partie aux d terminations culturelles nationales cf webographie 7 Au del des cultures simplement l humain Maternage universel en Italie catholique Une enseignante d une universit catholique italienne accueille un groupe franco allemand dans un ensemble de petites villas de bord de mer en lui signifiant d s le d part une premi re r gle Chacun fait ses courses et mange chez lui gt Une cuisine est am nag e dans chaque habitation Certes il y a une r gle mais on ne peut exclure les exceptions quelqu un n a pas pu faire de courses ou n a pas eu le temps de se pr parer quelque chose ou n a pas eu envie de rester ce jour l seul ou m me avec les autres dans son petit groupe d habitation partag e Bient t l exception se change en r gle Chaque midi en pr caution une table est install e par l enseignante italienne avec diverses 20 victuailles D s lors certains vont se plaindre de ne plus savoir ce qu il en est des r gles Si on avait su disent des Fran aises Quant aux Allemands ils redemandent quelle est la r gle pr cise Nombreux sont ceux qui sourient d un air entendu Voyant cela les Italiennes concluent d un Va bene Il va de soi que cette situation critique r unit admirablement les trois composantes a culturelle on est en Italie b personnelle t
109. lemagne Des origines nos jours Paris Hachette 2002 Serrier Th Entre Allemagne et Pologne Nations et identit s frontali res Paris Belin 2000 153 Office franco allemand pour l Jeunesse Deutsch Franz sisches Jugendwerk 51 rue de l Amiral Mouchez 75013 Paris IELE SS AN T MEN wWww ofai org MolkenmarkE 1 10179 Berlin HEC MOS OMS eNETE 0 wWww dfjw org
110. lications oppos es Pour ces jeunes c tait une question de constructions identitaires diversement en cours Une p dagogie articulant petits groupes et grands groupes n tait pour eux qu un projet th orique artificiel Les participants ne vivaient pas la 134 rencontre en th orie mais travers leur interaction conflictuelle qui tait en m me temps vit e et jou e gr ce cette opposition entre petit groupe et pl ni re Cette man uvre de contournement tait vraiment pleine de sens pour les uns comme pour les autres ils n entendaient pas laisser une m thode p dagogique d naturer cette exp rience Mieux comprendre les consignes avant d entamer la t che des Allemands choqu s Une quipe fran aise et une quipe allemande sont mises en concurrence pour la r alisation en un temps donn d un projet comportant beaucoup de r gles respecter Apr s une heure d efforts l animateur fran ais d clare que tout le monde a perdu En effet en lisant les consignes personne n avait fait attention au dernier petit paragraphe illisible selon lequel s ils ne tenaient pas compte de ce dernier les joueurs devraient renoncer aux scores de toutes les parties pr c dentes Chaque groupe mono national stimul par la concurrence et pour r ussir avant les autres s tait mis la t che trop rapidement Les Allemands sont abasourdis mais les Fran ais soulag s L un d eux dit Quel petit jeu sympa gt No
111. lle la m me culture de base et plus encore quand nous ne les partageons pas Il nous faut inventer cette langue absente Nous avons vu dans nos deux pr c dents textes que cette langue potentiellement commune reposait en partie sur la prise en compte des strat gies personnelles et de l adaptation humaine Nous allons constater gr ce de nouvelles situations culturelles critiques que cette langue manquante repose aussi sur la connaissance des pays et des identit s qu ils ont constitu es travers leur histoire Il est impossible de conjoindre l humain le culturel et le personnel sans s ouvrir l histoire conflictuelle de l aventure humaine C est en faisant l histoire que les hommes se font Ils y puisent souvent pour longtemps leur identit fondamentale la fois collective et personnelle Comme l histoire v cue par les uns n est pas celle v cue par les autres les ignorances et les incompr hensions sont nombreuses fr quentes et les blessures narcissiques importantes deviennent des sources de m sentente voire d hostilit 141 En ce sens l change en situation internationale et interculturelle m me s il insiste peut aussi ne pas aboutir s il se montre incapable d interroger les documentations scientifiques et historiques voire de les reprendre et de les d velopper Demorgon 2002 Dans la prise en compte des situations culturelles critiques qui suivent nous sommes conduits passer par un contexte fra
112. mbre d Allemands d une humeur massacrante se retirent dans leur chambre L un d entre eux questionn par un ami lui r pond C tait d bile je pr f re ne pas en parler Tu bosses comme un dingue persuad que tu auras le meilleur score et tu t aper ois brusquement que tout a c tait pour des prunes Un animateur fran ais souhaite travailler sur l attention une Voir aussi situation Un jeu pour des prunes p 72 135 fonction psychologique commune aux Allemands et aux Fran ais Il utilise pour cela un exercice peut tre trop subtilement compos presque comme un pi ge destin mettre en vidence le comportement d inattention On voit bien l intention p dagogique de l exercice apprendre viter la pr cipitation faire attention au d tail qui peut tout remettre en cause Toutefois ce travail est propos par un animateur fran ais dans un groupe franco allemand o coexistent des habitus culturels diff rents l gard de l implication dans une t che Au moment o l animateur d voile le pi ge de l exercice l effet n est pas du tout le m me chez les Allemands et chez les Fran ais L animateur fran ais aurait d pr voir cette d stabilisation tr s in gale des deux groupes Si l exercice n tait pas de sa part une provocation adress e la culture allemande de l mulation cf Premier contact tr s direct p 68 il aurait d le pr senter autrement S il l avait introduit comme une exp
113. me des tabous les sentiments qu on prouve l gard des autres et du moins ne jamais mettre la question l ordre du jour Cet tat de fait a lui aussi ses raisons Qu ils soient d ordre n gatif et entra nent des r actions de rejet de m pris ou m me de d go t ou d ordre positif et veillent la curiosit l attention quand ils ne vont pas jusqu susciter un v ritable engouement les sentiments li s au ph nom ne d tranget ou des personnes manant d une autre culture sont marqu s par l histoire que chaque individu a v cue Ils ne peuvent voluer qu en pr sence de deux conditions encore faut il tout d abord que les exp riences soient assez fortes pour voquer cette empreinte mais par ailleurs aussi qu elles puissent faire l objet d un traitement et ne soient pas rejet es Dans toutes les exp riences qui se rapportent la culture trang re ce n est que lorsque ces deux conditions sont requises que pour reprendre les termes de John Dewey le pass est transport dans le pr sent pour largir et approfondir le contenu de ce dernier 2005 p 45 Cette proc dure n est pas innocente car elle touche notre quilibre int rieur notre vision de nous m mes k Dewey L art comme exp rience Farrago 2005 exprime sa pens e de la mani re suivante Les instants et les lieux en d pit de limitations physiques et de localisations restreintes sont charg s d une nergie rassembl
114. me un fait tabli voir plus haut Dans la fascination et l agacement que le mode de vie de leurs partenaires g n re en eux ces l ves ne vivent pas du tout l v nement comme une rencontre sans perturbations Par le biais d une r flexion individuelle et commune ils se familiarisent avec l id e que les autres sont diff rents De leur c t ils acqui rent ainsi une distance d observation qui s effectue dans les deux sens par comparaison ils arrivent d finir plus clairement ce qui ne leur pla t pas dans leurs relations personnelles mais aussi voir plus distinctement ce qu ils appr cient en elles Cette distance leur permet m me de porter un jugement positif sur le comportement de leurs parents lesquels ont plut t tendance restreindre leurs libert s Normalement on ne peut s attendre une telle r action que de la part d enfants qui savent d j se comporter de fa on assez autonome Si l enseignante n avait pas eu ici le courage de prendre des risques cela n aurait pas t possible L exemple ci apr s est de nouveau un cas contrast par rapport au pr c dent Un peu comme dans le premier exemple la bonne volont moteur d une rencontre r ussie conduit les participants manquer de courage d aborder sereinement les conflits au lieu de les carter Ici se trouve masqu et ni le contexte historique qui tait l origine du sens donn aux rencontres internationales L exemple est
115. n et d barquement Dans la langue de tous les jours en Allemagne le mot invasion reste profond ment li au d barquement des Alli s en 1944 Chacun sait qu il s agit de cet v nement l Ce n est pas le cas avec Landung II faut demander de quel d barquement il s agit en Normandie en Italie sur la Riviera Avec Invasion pas d quivoque c est le d barquement en Normandie La discussion entre les responsables conduit d abord l hypoth se que le terme lt Invasion relevait de la propagande allemande de cette poque Jusqu au moment o l un d eux d couvre qu en anglais le mot invasion est galement employ pour d signer le D Day L Encyclopedia Britannica crit During the weeks preceding D day as the date fixed for the invasion was called vol 23 p 792K On le voit la situation critique a rebondi de fa on bien int ressante D abord une p dagogie interculturelle se r f re aux situations nationales historiques diff rentes et leurs transmissions Que ces transmissions aient t elles m mes diff rentes cela reste une possibilit qui n est pas exclue par les responsables Cela n emp che pas qu une partie au moins du mot allemand invasion et a fortiori son emploi en anglais puissent r clamer une interpr tation compl mentaire Un concept est aussi une cr ation langagi re relativement abstraite d finissant une r alit dans sa g n ralit
116. nce personnelle Les deux protagonistes fran ais qui se sont violemment affront s et finissent par s asseoir la m me table en bavardant d un ton amical vivent leur controverse d une mani re tout aussi engag e et 78 critique et cela ne compromet en rien leur relation personnelle amicale ou de bonne camaraderie L aspect objectif et l aspect relationnel sont deux mondes distincts et la diff rence des positions de fond ne met pas du tout en danger les possibilit s du vivre ensemble Il est probable que cette chamaillerie intellectuelle ou conflictuelle leur permette d tablir un contact plus approfondi La culture du conflit cr e aussi le rapprochement Les deux Allemands qui interviennent en m diateurs pour chercher un compromis agissent peut tre par un plus grand besoin d harmonie Etre en accord avec les autres et bien s entendre avec eux repr sente l une des extr mit s de l chelle de polarit se disputer pr senter des diff rences et tre capable de s affronter constituent l autre extr mit Il faut pour cela supporter d tre seul ou compl tement diff rent Le jeune Fran ais qui provoque l effondrement d un compromis instaur avec tant de peine a la force de r gler des divergences de fond en tant que telles et de continuer les th matiser y compris au sein de la zone conflictuelle de la dynamique du groupe Vu sous cet angle sa pers v rance est remarquable et vigoureu
117. nco allemand qui se m le d autres changes internationaux Ces situations critiques li es l histoire europ enne ne concernent pas seulement Allemands et Fran ais y compris les Guyanais mais encore les Roumains les Polonais les Hongrois les Lettons Ces pays ont t soumis par leurs voisins au point d y perdre leur libert voire leur existence La pr sence dans les rencontres et dans leurs situations critiques de jeunes ressortissants de ces pays est aussi le signe du travail important et original effectu par l OFAJ avec les jeunes d Europe de l Est et leurs correspondants analogues et diff rents de l Ouest Ces rencontres ont comport des surprises pas toujours agr ables concernant les identit s li es une histoire tragique r ciproquement m connue La progression vers de meilleures communications et coop rations en Europe devra donc aussi passer par de meilleures informations concernant le tragique de l histoire europ enne Demorgon Wulf 2002 Les guerres des Balkans impr vues ou du moins mal anticip es en ont t moign 142 Situations culturelles critiques directement li es l histoire de l Europe Occultation d une provocation hongroise envers les Fran ais 1 Lors d une rencontre franco germano hongroise les jeunes Hongrois adoptent une attitude tr s n gative voire hostile Pourquoi tournent ils par exemple le dos aux autres quand ces derniers veulent trinquer avant de boir
118. ns tre g n par la circulation Jonathan un jeune homme qui est assis pr s de la fen tre au milieu du tram et tient un sac dos sur ses genoux regarde le paysage urbain peu attrayant qui d file Il semble plong dans ses pens es L air absent il ne remarque pas les deux hommes qui montent la station suivante lun d eux se place pr s du conducteur l autre en bout de rame et tous deux proc dent au contr le des tickets V tu d un sobre anorak de service bleu l homme en question est maintenant devant Jonathan et lui dit d un ton prosa que Ton ticket sil te pla t Lorsque Jonathan agac l ve les yeux vers lui le contr leur r p te sa phrase de fa on plus insistante Je voudrais voir ton ticket Le billet s il te pla t 54 Selon l image que vous vous faites de la sc ne celle ci peut repr senter une situation critique pour le d couvrir observez une petite pause dans votre lecture et notez vos r flexions sur ce qui vient de se passer et la fa on dont vous allez faire voluer l histoire La reproduction page suivante du sch ma d orientation qui nous aide avec l exemple du jeune passager observer plus en d tail tout ce que rec le cette sc ne comporte six niveaux dont les perspectives ont pour but de nous inciter analyser le contexte actionnel d une mani re plus diff renci e pisode et perspective n 1 Jonathan pass la journ e la piscine Pendant plu
119. ns l obstacle culturel qu on transporte avec soi R flexion partir du niveau 5 du sch ma Les participants allemands r agissent plus violemment quand il appara t que personne n a gagn Les Fran ais prennent cela plus la l g re comme un jeu pour ainsi dire Et cette diff rence auto distanciation d un c t identification un r le de l autre r v le d ventuelles dissemblances nationales Etre ou ne pas tre traduit ici assez bien le questionnement et l attitude typiques des Allemands tandis que la phrase Life is a cabaret pourrait illustrer l attitude ludique des Fran ais La r flexion Et tout a pour des prunes je cite pose la question du sens Il peut tre enrichissant pour la prise de conscience de tous les participants d examiner travers cette d faite frustrante les cons quences de la pression qu ils ont accept e pour tre performants et gagner Le fait d tre sous pression les a tous amen s n gliger des d tails perdre de vue l essentiel et commencer tout de suite par l action la comp tition en d laissant l interpr tation analytique et pr cise des donn es de d part Cela nous renseigne aussi sur les origines des nombreux sch mas conflictuels qui apparaissent en cas de situations existentielles difficiles ma triser sur le plan professionnel et priv Consid r e dans sa globalit il s agit donc d une situation conflictuelle dont le contenu p dagogi
120. nsible du rapport entre l identit nationale et l argent Endosser la st r otypie de sa propre culture des Fran ais choqu s Un animateur allemand propose un exercice de groupe qu il juge interculturellement formateur Les Allemands se voient attribuer la responsabilit de d battre dans un premier temps des objectifs atteindre et des d marches suivre pour ensuite pas pas les mettre en application Il est demand aux Fran ais de commencer sur le champ en essayant diff rentes d marches quitte les rejeter apr s Les Fran ais protestent avec v h mence Furieux l un d eux d clare qu il en a vraiment assez qu on lui fasse sentir que le mod le allemand est le meilleur Ici souligne t il les Fran ais sont sans cesse mis l cart par les Allemands Un animateur allemand a l id e d une formation culturelle ing nieuse confrontant chaque groupe mono national sa pratique culturelle suppos e Les Allemands devraient jouer aux Allemands en mettant en uvre une stricte m thode organisationnelle allemande Les Fran ais devraient jouer aux Fran ais en se r f rant au syst me D Pr jug ou non l exercice aurait pu conduire en d battre Or il ne peut m me pas avoir lieu Les Fran ais peut tre en position d fensive refusent le jeu L animateur n avait pas r v l le sens de l exercice Il souhaitait que les participants puissent le d couvrir eux m mes Le contexte intercultur
121. nt d aller prendre un verre ce qui pourrait mettre les Roumains dans une situation difficile Or pendant la rencontre on constate que les jeunes Roumains d s qu ils ont un moment de libre se pr cipitent dans les magasins pour en ressortir avec d normes sacs remplis de leurs achats Sans que les Roumains le remarquent Allemands et Fran ais discutent de la contradiction entre les d clarations pr alables des Roumains et leur conduite actuelle La pr sente situation critique concernant l argent des Roumains est exemplaire quant la difficult d interpr ter les comportements des autres Cette difficult r sulte d ailleurs de tout un ensemble de pr suppos s psychologiques pas toujours conscients et de conduites qui en r sultent 131 1 En tout premier lieu le d s quilibre conomique entre partenaires n est pas facile g rer On serait de toute fa on plus tranquille avec une situation galitaire 2 De plus dans beaucoup de cultures les questions d argent se pr sentent comme un tabou il ny a pas vraiment de communication sur le sujet 3 Ensuite dans le subconscient ducatif on ne peut pas la fois se pr senter en d ficit d argent et faire des d penses relativement importantes 4 Enfin la question de la confiance que l on peut ou non se faire entre partenaires d une rencontre est galement toujours pr sente et d licate On craint de soup onner tort mais on veut pourtant conna tr
122. nt la double origine russe et lettone de leur population Les Allemands th matisent le nazisme et leur culture de banlieue tags squats La d ception ne va pas tarder dans les deux groupes Les Allemands d couvrent que les Lettons ont repr sent l Allemagne en utilisant des images montrant confort luxe et consommation Les Lettons constatent que les Allemands ont seulement pu caract riser la Lettonie par un gros point d interrogation Les expressions identitaires des deux groupes font clairement r f rence l histoire mais de fa on diff rente Les Allemands s identifient partir de deux contextes l un g n ral et historique comme membre d un pays et l autre local et actuel comme vivant ainsi aujourd hui Pour les Lettons tout d pend de leur relation historique la Russie Une large part de la population est d origine russe Quant aux projections sur l autre les Allemands pr sents lors de cette rencontre avec les jeunes Lettons avouent leur totale ignorance de la Lettonie L histoire a pourtant m l plusieurs fois les deux peuples De leur c t les Lettons ne voient les Allemands qu travers leur puissance conomique 148 Dans la situation critique Parking qui divise Allemands et Fran ais les Fran ais m me si ce n tait pas la m me p riode faisaient d j les m mes projections Nous avions alors voqu la relation entre subjectivit et objectivit Si l indicateur conomique
123. nt les cultures se sont invent es si diff rentes partir d une commune condition humaine Il est cependant indispensable de le d couvrir Autrement les cultures pourraient tre simplement consid r es comme des programmations subies par les humains d s leur naissance Or ce n est l qu une part du r el l autre tant l inventive libert humaine S il n en allait pas ainsi changes coop rations inventions interculturels seraient d finitivement impossibles Demorgon 2005 Nous d velopperons dans la seconde partie de l ouvrage cette perspective interpr tative des situations critiques qui les claire en r f rant cultures et strat gies leur source commune l humaine adaptation 22 Bibliographie Bourdieu P Le sens pratique Paris Seuil 1989 Demorgon J Critique de l interculturel L horizon de la sociologie Economica 2005 Legendre P La fabrique de l homme occidental Paris Les Mille et une nuits 2000 Tap P La soci t Pygmalion Paris Dunod 1988 Webographie Demorgon J Construire une Europe des changes 2013 http wWww pedagopsy eu texte demorgon2 htm 23 2 La rencontre interculturelle les bonnes intentions et les pi ges viter Burkhard M ller Les participants aux rencontres internationales sont en r gle g n rale des gens de tr s bonne volont Tout ce qu ils d sirent c est comprendre l autre au del des barri res linguistiques
124. nt produites partir de contextes g ographiques et historiques diff rents Cela n exclut pas qu un espace au del des cultures nationales puisse tre en cours de construction dans l europ anisation et la mondialisation Il faut pour cela que le d roulement de l change puisse avoir lieu y compris dans ses dimensions 125 conflictuelles au lieu de les recouvrir par un consensus boiteux 1 Les trois premi res situations mettent en vidence la n cessit et les b n fices de cette exigence d ouverture au d saccord maintenu Allemands et Fran ais s opposent sur la p dagogie d un Africain en Allemagne Chaque groupe part de son contexte historique sans vraiment le conna tre et ignore encore plus le contexte historique de l autre pays Donner raison l un ou l autre groupe n aurait aucun sens Ce serait faire fi de cette diff rence g o historique qui doit tre d couverte et comprise Les deux autres situations D barquement ou invasion et L argent des Roumains r v lent bien l int ressante d couverte de l enchev trement entre les cultures les strat gies et le d but d une g n ralisation r flexive 2 Les trois situations critiques qui terminent le pr sent texte mettent en vidence les limites des p dagogies qui se veulent transculturelles M me si le but p dagogique poursuivi peut avoir quelque chose d universel ouvrir la r flexion la relation l attention sa mise en uvre d pend auss
125. ntement d une troisi me dimension probl matiques mulation s duction dont nous traitons maintenant On a souvent pris l habitude de dire la culture allemande orient e vers la t che et la culture fran aise orient e vers la personne Nous avons souvent critiqu cette caricature Comment les deux cultures pourraient elle la fran aise se d sint resser de la t che et l allemande se d sint resser de la personne Chaque culture traite galement cette in vitable relation entre t che et personne et cela de plusieurs fa ons Toutefois un biais culturel historique et statistique se produit Les Fran ais op rent volontiers du c t de la I Voir description p 67 98 s duction C est la bonne relation qui entra ne la coop ration Les Allemands op rent plus souvent du c t de l mulation C est l preuve surmont e du traitement correct des t ches qui entra ne l engagement plus facile dans la relation Dans la situation trait e on a du c t allemand communication directe explicite mulation et masculinit Du c t fran ais communication indirecte implicite contexte de s duction f minit Trois raisons pour que la Fran aise soit choqu e et que l Allemand ne comprenne pas compl tement ce qui lui arrive m me s il est sans doute conscient d avoir t en plus plut t provocateur Programme d une r union selon les Fran ais Les membres fran ais et allemands d un projet trans
126. oi m me et ma culture ne pouvons pas nous permettre ou devons viter d tre directs qu d autres telle ou telle chose est autoris e voire recommand e et prendre aussi conscience de la fa on dont ces conventions valent pour les membres d autres cultures et comment elles se r percutent sur ces derniers Lors de la rencontre spontan e de repr sentants de cultures diff rentes comme dans le cas observ des conflits communicatifs des frictions donc sont in vitables ils font partie du rapprochement du contact tabli par del les fronti res de nos propres habitudes culturelles et permettent d enrichir sa connaissance de soi et de la normalit communicative de l autre Lors de ce processus ce genre de conflits modifie la conscience de soi et les possibilit s d aborder les formes communicatives d autrui R flexions partir du niveau 1 du sch ma d orientation La Fran aise tait peut tre troubl e importun e et particuli rement affect e par le degr d intimit et d agressivit de la litanie de questions Qu est ce qui joue 68 un r le Le fait qu il soit un gar on et elle une fille Des probl mes personnels dans les relations avec l autre sexe Le fait de pr ciser que le ton du gar on est tr s d cid renvoie au v cu de l observateur Il se peut que quelque chose de rude dans la voix du jeune d clenche la vive r action de la partenaire il se peut que ses questions directes au l
127. oin que son voisin imm diat Il conclut Dans une situation si composite et complexe le chercheur m apparait comme une pi ce rapport e Observe et tais toi telle tait ma devise Le choc culturel ressenti par le chercheur appara t tr s important Ce choc n est pas seulement interg n rationnel Il rel ve d une volution culturelle soci tale dans laquelle les m dias musicaux s imposent La musique tient au minimum un double r le D une part elle facilite la construction identitaire des jeunes comme classe d ge s identifiant plus ou moins en 18 opposition avec les adultes D autre part elle est un m diateur transculturel pour ces jeunes d origines nationales diverses R ussite de l art th tral pour un message d humanit sociale 19 Les participants britanniques tous ch meurs suite la fermeture subite et totale de leur usine sid rurgique improvisent une s rie d pisodes courts pour faire comprendre aux Allemands et aux Fran ais le traumatisme de cette fermeture Mais les Allemands et les Fran ais n y comprennent pas grand chose et restent plut t indiff rents peut tre aussi en raison des difficult s linguistiques A la suite de cet chec les Britanniques font un grand effort pour modifier leur mise en sc ne Ils projettent des diapositives de l usine Ils reproduisent sur papier une grande et large image de l usine de mani re hardie et tr s expressive travers des lignes et d
128. on traitement ult rieur la sc ne telle qu elle est rapport e forme donc un tout que l on ne peut comprendre que dans le lien qui existe entre ce qui est arriv et ce qu on en a d duit par la suite Le rapprochement des deux permet du moins d esquisser ce que l exp rience interculturelle repr sente dans le caract re profond de son c t motionnel mais aussi de mieux cerner ce qui est difficile saisir de l ext rieur et fait donc tr s rarement l objet d une description Il s agit d un branlement li quelque chose d irritant de choquant de d stabilisant mais qui se produit dans des conditions qui n entra nent pas de r actions immunitaires persistantes un rejet de l Autre ou une rupture de communication mais font au contraire que l individu peut int grer l exp rience en question dans son v cu personnel et se servir pr cis ment d elle pour d velopper sa sensibilit et sa facult de perception 118 7 Nationaux et trangers hommes et femmes attaques et d fenses Marie Nelly Carpentier Sur la n cessit d inspecter une voiture On peut se demander si la cat gorie du f minin et du masculin ne traverse pas la plupart des situations critiques De plus des situations critiques ne seraient elles pas des r cits plut t f minins d autres des r cits plut t masculins L exemple de la situation Qui fait la salade qui la mange et qu en dit on met en vidence un r cit surtout f minin
129. ont du domaine de l inconscient Je suppose que ce tabou est li la situation de la rencontre interculturelle en tant que telle C est justement parce que l tranger l autre d une autre culture fait merger des pulsions de peur et des m canismes de d fense la rencontre volontaire avec des individus issus d autres cultures tend carter dans un premier temps tout ce qui pourrait troubler la rencontre noircir la communaut Beaucoup de programmes d changes se d roulent ainsi principalement sur le plan des contacts personnels selon les r gles de la diplomatie internationale en vigueur on souligne l amiti personnelle l absence de diff rences essentielles et on carte tout ce qui pourrait venir perturber cette impression Dans la diplomatie cette attitude peut tre 33 utile mais elle est peu m me de servir la rencontre interculturelle Ci apr s deux situations qui se sont produites lors d une rencontre franco germano britannique Les rencontres trinationales organis es par l OFAJ me paraissent int ressantes entre autres parce que les participants de la troisi me nationalit disposent g n ralement de peu d exp rience en mati re de rencontre internationale On peut ainsi avoir l impression que face la routine avec laquelle Fran ais et Allemands se serrent dans les bras lors de leurs rencontres ce sont sur ce terrain des d butants ou des profanes et qu ils y opposent en outre une certaine r sis
130. opposent Comme dans tous les groupes d individus qui vivent ensemble un processus de hi rarchisation contribue tablir les structures de pouvoir et d influence dans le syst me relationnel du groupe Dans ce contexte explicatif les Fran ais en recourant une discussion intellectuelle sont en train de se positionner ainsi que probablement leurs valeurs c est dire de d terminer le syst me de valeurs du groupe Tout cela aide claircir le champ du groupe et d terminer dans ce dernier les domaines d action des diff rents membres En exp rimentant et organisant les r les les deux m diateurs assument aussi une fonction minente car ils instaurent pendant un certain temps du moins une culture du compromis des valeurs de compr hension une instance qui assume des fonctions d harmonisation Si ce compromis ne dure gu re c est sans doute parce que les deux rivaux s int ressent autre chose et ce besoin ou cet int r t va finalement l emporter et s imposer Selon le compte rendu d observation de nombreux Allemands qui poussent un soupir de soulagement sont semble t il rest s l cart Cette majorit silencieuse ou dit d une mani re moins politique cette partie du groupe soutient les deux m diateurs gt mais n est pas 80 assez puissante pour supprimer durablement les initiatives de rivalit On ne peut pas r duire au m me d nominateur des divergences d opinions importantes Dan
131. oute Italienne n aurait pas proc d ainsi c humaine le fait de b n ficier d un soin nourricier maternel n est sans doute jamais loin dans le subconscient humain Conclusion Cette douzaine de situations culturelles critiques nous montrent que de multiples strat gies personnelles se manifestent L individu peut distinguer les cultures ou les ignorer Il peut vouloir affaiblir la culture des autres et renforcer l expression de la sienne Ou encore caricaturer la leur ou la sienne Il peut aussi vouloir s identifier et m me s assimiler l autre Ou encore d couvrir ce qui fait que des humains peuvent se reconna tre semblables dans certaines activit s On constate que si les cultures sont ignor es m connues ou d figur es les personnes qui choisissent ces strat gies n gatives perdent des degr s de conscience de ce qu elles sont elles m mes de ce qu elles peuvent et de ce que sont et peuvent leurs cultures Leur construction identitaire en souffrira l change interculturel aussi La capacit de centration d centration l gard de notre propre culture comme l gard de celle des autres ne garantit pas l absence de conflits Elle constitue cependant 21 la mise distance premi re permettant d amorcer l change interculturel sur des bases humaines partag es S il reste difficile de distinguer ce qui est de la culture et ce qui est de la strat gie personnelle il l est encore plus de comprendre comme
132. pas nous cacher que toutes sont produites partir de la condition humaine Il est indispensable de d couvrir ces probl matiques humaines communes partir desquelles divergent les cultures Pourquoi vouloir cette perspective interpr tative qui se r f re au semblable cach Parce que nous devons nous comprendre travers nos cultures g o historiques mais aussi comme participant d une aventure humaine unique Sans cette mise en vidence de la commune adaptation humaine nous ne faisons que nous opposer au lieu de nous inventer ensemble dans la mondialit S il n y avait rien d humain dans le culturel collectif ou individuel la fragmentation s imposerait On ne pourrait tablir de communication et de coop ration ni l int rieur d une soci t et ni entre les soci t s La perspective interpr tative que nous avons choisie est complexe et peut surprendre le lecteur Il pourrait penser que l humain le culturel et le personnel sont constamment m l s tel point qu il est le plus souvent impossible de les distinguer Il n aurait pas tort On ne distingue pas davantage la mol cule d oxyg ne et les deux mol cules d hydrog ne qui constituent l eau C est pr cis ment le travail de l analyse d y parvenir Toutefois il faut bien comprendre que ce travail d analyse qui est celui de la philosophie des lettres des arts des sciences et du droit est toujours en cours C est en y contribuant que nous pourrons am liorer nos
133. peuvent jamais s liminer mutuellement Fonctionnel lement les probl matiques adaptatives humaines sont d j l possibles mais sans les difficult s des relations culturelles nous ne saurions pas toujours les d couvrir Ce dernier terme est discutable Dans une certaine mesure les probl matiques adaptatives sont peut tre plut t construites la lumi re des conflits entre orientations culturelles diff rentes 103 Bibliographie Bri re J F Wylie L Les Fran ais Paperback 2000 Carroll R vidences invisibles Am ricains et Fran ais au quotidien Paris Seuil 1987 Demorgon J Lipiansky E Mm ller B Nicklas H Dynamiques interculturelles pour l Europe Paris Economica 2003 p 292 297 Demorgon J Will Muller E Carpentier M N amp Euro Institut Guide interculturel pour l animation de r unions transfrontali res Luxembourg Saint Paul 2007 Demorgon J Will Muller E Carpentier M N Interkultureller Leitfaden zur Moderation grenz berschreitender Sitzungen Baden Baden Nomos 2007 Hall E T Les diff rences cach es Une tude de la communication internationale Comment communiquer avec les Allemands Hambourg Stern 1984 Rosenzweig S Test de frustration Centre de psychologie appliqu e Paris 2002 Tap P La soci t Pygmalion Paris Dunod 1988 Wylie L Communication with the French The French Review mai 1985 104 6 L exp rience interculturelle et
134. positifs et n gatifs Un des points n gatifs c est que pour eux la Pologne ainsi que la Russie c est tr s loin La jeune animatrice polonaise est tr s choqu e et bless e Au cours de la conversation qui s en suit les Fran ais d clarent qu eux non plus ne sont pas tr s contents parce que les Polonais les consid rent comme intol rants Les Fran ais sont bless s par un diagnostic d intol rance port sur eux par les Polonais De leur c t en ne faisant pas de diff rences entre la Pologne et la Russie trait s comme des pays trop lointains pour qu on s y int resse les Fran ais du fait de leur ignorance historique se montrent encore plus injurieux qu ils ne peuvent le supposer 145 Pour l animatrice polonaise traiter de fa on indiff rente Pologne et Russie c est m prisant offensant Dire Pologne ou Russie c est comme d nier son existence la Pologne L animatrice le ressent comme un sacril ge Les Polonais et les Russes sont en effet les pires ennemis comme l histoire le montre Il y a longtemps la Pologne s tendait jusqu aux portes de Kiev Par la suite alli e la Prusse et L Autriche Serrier 2000 la Russie contribue faire rayer le royaume de Pologne de la carte de l Europe 1795 1918 Un moment Napol on recr e un duch de Varsovie D une fa on g n rale les Fran ais promettent d aider les Polonais plus souvent qu ils n y parviennent vraiment D o un v
135. que para t discutable lors un change mais qui constitue simultan ment en tant que champ d apprentissage le point de d part de nombreuses r flexions Voici une r flexion quasi p dagogique qui me semble facile comprendre un moment v cu lors d un change peu importe que son d roulement ait t harmonieux et 74 satisfaisant ou d sagr able et probl matique n est il pas presque toujours profitable s il est consid r comme un champ d apprentissage existentiel Cinqui me exemple Un d bat 75 Dans un groupe de jeunes compos d Allemands et de Fran ais essentiellement des intellectuels une discussion s engage sur le th me de la rencontre Comme les participants ne se connaissent pas encore l entr e en mati re s av re un peu laborieuse chacun avance t tons cherche savoir ce que pensent les autres tout en essayant de se positionner soi m me au sein du groupe Au bout d un certain temps la discussion devient plus anim e et un d bat a lieu entre plusieurs Fran ais au cours de laquelle les positions se durcissent De toute vidence les Fran ais aiment bien cette discussion qui s envenime de plus en plus Bien que les carts entre les deux positions soient minimes la violence des propos ne fait que progresser Pour des raisons linguistiques ou parce qu ils n arrivaient pas s introduire dans la conversation les Allemands n ont jusqu ici gu re particip au d bat Dans un malaise
136. r leur r p te sa phrase de fa on plus insistante Je voudrais voir ton ticket Le billet s il te pla t Commentaire Comme la situation est diff rente l o habite Jonathan Le bus de ligne r gional qu il utilise une fois par semaine pour se rendre dans la capitale provinciale est tr s souvent bond le receveur voit et r pertorie chaque personne qui monte et lui fournit un billet Les vidences culturelles qui 59 rendent un voyage en bus aussi simple en province ne s appliquent pas Kassel dans cet environnement inconnu La culture du voyage et les possibilit s d emprunter les moyens de transport pour d couvrir d autres cultures impliquent de poss der la comp tence consistant s adapter aux fonctionnements d un autre type dans un environnement inconnu Les premi res analyses du Cercle d tudes sur le tourisme de Starnberg Studienkreis f r Tourismus Starnberg avaient constat par exemple que les jeunes voyageurs avaient tendance errer quelques heures dans la gare d une ville inconnue parce qu ils ne savaient pas utiliser le syst me de la consigne ou que face ce syst me inconnu ils ne voulaient pas en raison de pr jug s irrationnels courir le risque de proc dures qu ils ne connaissent pas et en plus ils n osaient pas faire appel quelqu un par manque de connaissances linguistiques pisode et perspective n 3 Une fois de plus Jonathan avait r ussi Dans son sac do
137. r contre la strat gie change avec leur accompagnatrice Ordinairement c est elle qui se permet de les prendre en faute Pour une fois ce sont eux qui peuvent le faire et ils n y r sistent pas Les jeunes Allemands ont parfaitement conscience de la n cessit du respect de l horaire Toutefois ils sont libres de leurs strat gies personnelles Ils affichent une ressemblance avec les jeunes Fran ais m me si elle est toute relative Ils 17 se montrent rigoureux sur le retard quand c est celui de l enseignante qui leur fait la morale 6 Strat gies transculturelles la musique l art th tral Chercheur de l interculturel immerg dans la techno Un chercheur a pu conduire une observation participante avec le m me public franco allemand de jeunes au cours de plusieurs rencontres Il crit Le ph nom ne qui s impose l observateur est avant tout celui des difficult s du vivre ensemble Il pr cise qu il y a quasi inexistence de la loi face la toute puissance du Sujet Roi Legendre 2000 Il continue On est d abord saisi par la musique en fait une sorte de bruit compulsif r p titif peut tre ce qu on appelle la musique techno diffus e sans interruption dans tous les lieux et tous les tages Quant l unique appareil de t l vision il est utilis pour les jeux vid o A table Fran ais et Allemands se regroupent Et d ailleurs la sono ne permet pas de communiquer plus l
138. r pour la compr hension internationale contre la x nophobie et les pr jug s Qui plus est dans le cadre d un jumelage de plusieurs ann es cens servir pr cis ment ces objectifs Comment est il possible que m me le principal protagoniste fran ais de l change ayant v cu cette poque 32 et voquant des membres de sa famille victimes de cette terreur occulte apparemment cette histoire dans l organisation de l change Lui non plus malgr presque 20 rencontres n a pas pris le chemin menant au cimeti re du camp de concentration Comme il s agit d une tr s petite commune rurale et d un jumelage manifestement actif les occasions n ont s rement pas manqu de th matiser ce pass local au cours des rencontres Ce n est pas un hasard si cela n a pas eu lieu Cela n est pas d la superficialit du jumelage puisque beaucoup de participants ont visiblement nou des relations amicales ou familiales par del les fronti res nationales Des motifs relevant d une id ologie d extr me droite sont aussi carter m me si les partenaires allemands ont pu craindre de se voir rappeler les vieilles histoires et le r le que leur propre parent ou leurs voisins auraient pu y jouer Il est surtout int ressant de se demander pourquoi les partenaires fran ais qui ne peuvent pas avoir ces motifs ont aussi tabouis ce sujet sans s en rendre compte On sait que les tabous restent efficaces pr cis ment parce qu ils s
139. rceptions personnelles ou celles des autres relat es dans les comptes rendus d observation en nous penchant davantage sur les contextes ventuels et en int grant les diff rentes visions possibles partir de l instantan que constitue une banale sc ne de tramway au cours de laquelle un jeune passager tranger se retrouve dans une situation critique nous pr senterons d abord en exemple des aspects diff rents afin d apprendre utiliser le sch ma d orientation pour le diagnostic de situations sociales Sous la forme d une fleur 53 d orientation ce sch ma se pr sente d abord comme une figure six feuilles c est une aide la r flexion il permet de voir comprendre et ma triser de fa on moins na ve et plus professionnelle les moments critiques dans un champ professionnel et existentiel aux dimensions pluriculturelles Observons d abord la situation qui se d roule au terme d une s rie d histoires et de processus ventuels Le jeune homme qui est l acteur principal appara t sans cesse sous un autre jour dans les diff rents contextes actionnels Il repr sente plusieurs reprises un conflit potentiel et permet de bien distinguer les niveaux d observation du sch ma d orientation La fin d un pisode Le tramway de la compagnie des transports de Kassel emprunte la Holl ndische Strasse en direction du centre ville peu de places sont occup es et le v hicule roule en site propre sa
140. res personnes Il me semble plus positif de r agir ainsi que de penser et de se dire int rieurement Ce n est pas grave macht nichts 112 Comme c est amusant de d nigrer les autres ber die anderen l stern Parking qui divise Allemands et Fran ais Du point de vue de l aspect motionnel de l apprentissage interculturel la sc ne pr sente des affinit s avec la pr c dente On pourrait tout aussi bien interpr ter celle ci en se demandant ce qui est typiquement fran ais ou typiquement allemand De m me ce second exemple permet il peut tre aussi de trouver un moyen d claircir avec tact des malentendus mutuels comme le post scriptum explicatif du narrateur allemand de l histoire essaie pr cis ment de le faire Un tel traitement rationnel de la sc ne reviendrait cependant laisser de c t les l ments affectifs qu on distingue tr s bien ici aussi dans la situation en pr sence les Fran ais ne se contentent pas d exprimer des pr jug s ils d nigrent les autres d un ton mi blagueur mi s rieux ils discutent d tudiants allemands qui sont selon eux riches et sans scrupules Mais jamais ce point ne fait l objet d une conversation avec les partenaires allemands lesquels sont pourtant des tudiants aussi Le compte rendu n indique pas du tout ce que ces derniers en disent personnellement On dirait que l affaire les a laiss s bouche b e J ai n anmoins l impression que l
141. ressortissants d un DOM d partement fran ais d outre mer la Guyane Soudain alors que le groupe d barque l a roport en Allemagne toute une partie de ses membres ne suit plus ils ont t retenus par la police On appelle les responsables du 150 groupe qui clarifient la situation ils font valoir que ces ressortissants de Guyane sont europ ens comme les autres puisqu ils ont un passeport fran ais La pr sente situation critique fait cho la pr c dente mais en l tendant beaucoup En effet il ne s agit plus de personnes voire de familles immigr es en France depuis les pays europ ens mais des habitants de territoires hier colonis s par la France et aujourd hui d tenteurs de la nationalit fran aise L Allemagne s est bien moins engag e dans cette histoire coloniale Elle ne peut donc pas conna tre les m mes cons quences qu en France D o ces diff rences possibles dans la conduite des policiers de l a roport m me si une meilleure formation aurait d les mettre l abri de cette bavure On en verra un autre exemple dans le domaine de la p dagogie De m me ici dans le chapitre pr c dent Un quilibrage p dagogique entre petit groupe et grand groupe D barquement ou invasion Un p dagogue africain en Allemagne d sapprouv par les Fran ais L argent des Roumains gt Carpentier Demorgon Quid d une p dagogie universelle 31 Voir des
142. ritable contentieux de d ception Tout cela p se aujourd hui encore sur l attitude de la Pologne au sein de l Europe et permet de mieux comprendre son int r t pour un rapprochement avec les Etats Unis 1914 1918 et les Roumains En Roumanie de jeunes Fran ais s tonnent de voir la date de 1919 inscrite sur des monuments aux morts Pour la plupart des Fran ais la premi re guerre mondiale s arr te avec l armistice du 11 novembre 1918 Pourtant la guerre se poursuit encore ici et l Le sort de la Roumanie et de la Hongrie par exemple est fix par des trait s compl mentaires du trait de Versailles Neuilly Saint Germain Trianon en juin 1920 La guerre polono sovi tique s tend m me de 1920 1921 146 D saccords sur le Front populaire dans un groupe franco allemand Nous sommes dans un groupe franco allemand de grands adolescents Au cours du programme d change il est question du r le et de l importance du Front populaire en France Un bref sondage est effectu par les organisateurs Il fait appara tre des diff rences consid rables entre les deux groupes nationaux L ensemble des douze Fran ais consid re le Front populaire comme positif A l inverse onze Allemands sur douze ont une opinion n gative Devant ce constat les responsables de la rencontre consultent les manuels d histoire allemands disposition Or ils ne font aucune mention du Front populaire fran ais Ce n est donc pas en les
143. s aussi celles d une esp ce humaine Il s agit pour nous dans ce deuxi me texte d indiquer qu il est n cessaire d interpr ter les cultures et les conduites des personnes en les r f rant aussi aux probl matiques adaptatives humaines C est dans leurs exp riences que les humains per oivent construisent comprennent ces probl matiques L adaptation s y met en uvre partir d orientations d action le plus souvent oppos es alors qu elles sont co pr sentes et compl mentaires Par exemple il faut s ouvrir et se fermer conserver et changer unifier et diversifier tre individuel et collectif ob ir et commander tre implicite avec ses familiers explicite avec les autres tre un organisme qui vit et meurt Les cultures sont trop souvent con ues en termes de codes binaires soulignant plut t l une ou l autre de ces oppositions On retient un effet de contraste on a l impression sommaire que les cultures nationales choisissent une orientation contre l autre tradition ou novation autorit ou libert galit ou in galit endogamie ou exogamie Todd 1999 d centralisation ou centralisme sacr ou profane 85 mort ou vie Borkenau 1940 Or on perd le sens vital et adaptatif singulier de ce qui est cod si l on ne per oit pas la source des r ponses culturelles ces probl matiques de l exp rience humaine On caricature ainsi les cultures car c est bien plut t travers de complexes dosages e
144. s c est sale dans votre r gion Les discussions continuant les 1 Voir description p 45 Voir description p 42 3 Voir description p 49 13 Allemands invoquent aussi le manque de poubelles dans les chambres On a l un m lange de cultures diff rentes mais aussi de strat gies identitaires plus ou moins mutuellement provocatrices nationaux et trangers responsables et participants adultes et jeunes Les jeunes Allemands ressentent mal l autorit manifest e par le responsable fran ais Vex s d tre accus s de malpropret ils accusent leur tour en incriminant la salet g n rale du pays et le manque de dispositifs de propret dans les chambres La relation est bloqu e par cette disqualification r ciproque et cette perte de face mutuelle Pour chacun l autre est d finitivement condamn dans sa substance m me les relations normales ne sont plus possibles Fran ais en partance pour la Russie Un groupe de Fran ais en partance pour la Russie pays qu ils ignorent se mettent faire des blagues continuelles selon lesquelles tout ce qui se produit dans leur environnement rel ve du K G B L animateur fran ais accompagnateur du groupe pr cise Les st r otypes sont toujours pr ts bondir dans nos imaginations Il faut comprendre que c est aussi une tentative pour apaiser son angoisse travers un humour facile Ces manifestations doivent tre elles aussi prises avec humour Elles ne repr
145. s de tous les pays d entrer en contact Des recommandations leur sont faites par leurs 122 professeurs fran ais et allemands Contrairement aux st r otypes classiques qui pr sentent le plus souvent des Allemands comme appr ciant peu les interruptions fran aises une jeune Allemande interrompt le professeur de graphisme dans ses explications Et lui demande Quelles sont vos qualifications Le graphiste est abasourdi par une question si directe II donne rapidement ses r f rences et poursuit ses explications insistant sur la difficult de communication Parfois on tourne autour du pot des mots et des concepts utilis s ne sont pas toujours compris et parfois intraduisibles C est donc difficile de se comprendre Il nous a paru souhaitable de faire tat de cette seconde situation culturelle critique qui est bien videmment rapprocher de la situation Premier contact tr s direct L int r t de ce rapprochement est que les r les sont ici invers s Il s agit d une jeune Allemande qui se comporte l gard d un homme fran ais de la m me fa on que l a fait K l gard de la jeune femme fran aise Le rapprochement des deux situations critiques nous para t avoir l int r t de mettre clairement en vidence le ph nom ne d une conjonction de quatre dimensions culturelles 1 Ce n est pas proprement parler cet homme allemand pr cis qui est plus masculin encore que ce soit possibl
146. s ont quand m me eu une surprise d sagr able Leipzig Alors qu ils changeaient de l argent le caissier leur a soigneusement remis les billets puis il leur a soudain jet la monnaie sur les pieds Ils furent donc oblig s de se baisser pour la ramasser C est encore une histoire entre hommes m me si c est aussi une histoire entre un Allemand de l Est et des Equatoriens entre un caissier d une Allemagne de l Est dont ses habitants ne sortaient pas et des touristes qui viennent d Am rique latine Et bien entendu une situation critique entre un Blanc et des basan s 124 8 Ouvrir les interpr tations Comprendre coop rer inventer Marie Nelly Carpentier Jacques Demorgon Situations culturelles critiques et tentatives p dagogiques Au del des relations des participants entre eux les situations culturelles critiques concernent galement les responsables administratifs chercheurs formateurs p dagogues et animateurs Ils peuvent mettre en uvre des projets qui ont du sens et pourtant chouer s ils ne tiennent pas vraiment compte de l incidence des cultures et des strat gies des autres mais aussi des leurs Les situations culturelles critiques tudi es ci apr s mettent en vidence les illusions et les limites de conduites p dagogiques qui croient soit d tenir l unique bonne interpr tation des situations soit pouvoir sans probl me se contenter d une r f rence universelle Certes les cultures so
147. s Allemands se montrent plus explicites Ils ne veulent pas de pr noms r duits aux initiales ce qui confond les femmes et les hommes Ils font primer la mention de la ville d dition sur le nom de l diteur pr f rant m me souvent liminer totalement ce dernier qui il est vrai peut changer avec le temps Ils peuvent vouloir aussi la mention du nombre de pages du livre etc Tout cela est souvent v cu comme des exigences exag r es pour les Fran ais En fait aller vers l universel c est surtout se rendre compte des nombreuses exigences et de leurs contradictions Si la perspective implicite perd telle ou telle information la perspective explicite plus pr cise alourdit la bibliographie d courage le lecteur Nombre de livres aujourd hui renoncent toute bibliographie Pas de solution universelle en bibliographie mais une conscience possible des limites des choix culturels des uns et des autres C est d j Un auteur fran ais Jean Fran ois Billeter 2006 crit Quand je n indique pas le lieu d dition il s agit de Paris Il ferait sans doute un choix diff rent si son livre et sa bibliographie concernaient des trangers 137 L universel doit repr senter non la solution que l on impose tous et partout mais la conscience chez tous que bien des choix diff rents peuvent tre faits Cela en fonction d exigences dont chacune n est l gitime que si c est elle qui convient le mieux une situation
148. s Etats coloniaux aux Philippines par exemple ce furent les Espagnols puis les envahisseurs japonais et am ricains toute prise de position personnelle tait alors dangereuse mettait la vie en danger et devenait donc quasiment impossible De plus tous les h ros philippins qui ont pris le risque de r sister et de se rebeller ont finalement aussi t tu s De tels v nements ainsi que la confrontation qui a t os e ne s oublient pas et forgent la conception collective et culturelle qu une nation a d elle m me Facteurs d ensemble Lorsque de jeunes Fran ais s opposent au pouvoir en saccageant Paris des b timents universitaires ou autres symbolisant l autorit de l Etat les jeunes Allemands et les autres t l spectateurs voient ces images le jour m me dans Daniel Gottlob Moritz Schreber 1808 1861 m decin et p dagogue allemand 83 toute l Europe voire au del Gr ce la t l vision Internet et aux moyens de communication internationaux les zones conflictuelles r gionales sont imm diatement pr sentes partout y compris dans les milieux familiaux ou ruraux d ordinaire plus l abri du monde ext rieur Lorsque en Allemagne les partisans d une technologie antinucl aire agissent directement pour stopper le transport d l ments combustibles radioactifs la nouvelle se propage aussit t partout sous forme de document instantan et cela incite les gens mettre en place leurs propres
149. s d une heure pour se maintenir en forme il avait multipli les longueurs en se donnant fond et s tait ensuite endormi un moment l ombre d un grand rable D tendu et satisfait il avait fourr maillot de bain et serviette dans son petit sac dos et avait travers la ville en discutant sans fa on avec d autres jeunes des copains lui rencontr s en bo te Il n avait pas remarqu qu au terme de cette journ e relaxante son porte monnaie ne se trouvait plus dans la poche ext rieure du sac dos Entre temps il se fait tard et comme Jonathan avait promis de rentrer ponctuellement pour diner il s empresse de rejoindre la station de tram la plus proche et monte dans le wagon qui vient juste d arriver Il s aper oit de la perte de son porte monnaie au moment o il se retrouve devant le distributeur de tickets Mais il n a pas sur lui d autres pi ces de monnaie pour en acheter un Perturb et contrari il s assoit sur un si ge encore disponible en se demandant comment cela a pu arriver 55 SCH MA D ORIENTATION ASPECT INDIVIDUEL ET CONTEXTE DU COMPOR TEMENT PERSONNEL ASPECT RELATIF AU PETIT GROUPE DIMENSION DETERMINANT LE COMPORTEMENT ASPECT INSTITUTIONNEL DIMENSION INFLUEN ANT LE COMPORTEMENT ASPECT SOCIAL CONTEXTE SOCIAL ASPECT CULTUREL ET CONTEXTE DU COMPORTEMENT ASPECT GLOBAL ET CONTEXTE DU 56 Le tramway de la compagnie des transports de Kassel emprunte la Holl nd
150. s elle doit le faire avec eux dans l ici et maintenant au plus pr s de leurs pr occupations Dans ce contexte interculturel jouer les provocateurs n est pas une bonne id e p dagogique Un p dagogue africain en Allemagne d sapprouv par des Fran ais Une association allemande de lutte contre la x nophobie travaille avec un p dagogue africain Il intervient dans diverses classes primaires la demande des enseignants Lors d un programme de formation franco allemand on lui demande d exposer son travail Il pr cise qu il s agit pour lui de permettre aux enfants de rencontrer un Africain noir de se familiariser avec sa personne jusqu le toucher En plus il leur donne des informations g ographiques et historiques concernant l Afrique Apr s le d part de l intervenant les participants fran ais manifestent vivement leur d sapprobation l gard de cette p dagogie certes concr te En particulier l un d eux d origine maghr bine trouve que l Africain se met en position d tre trait comme une b te curieuse gt Les participants allemands sont surpris cette p dagogie a sa place et son 127 utilit Un vaste d bat s en suit au cours duquel des participants allemands s tonnent que le participant d origine maghr bine puisse adopter la position fran aise P dagogie culturelle et p dagogie universelle doivent pouvoir se relier D abord la premi re doit tenir compte des histoires diff rentes des p
151. s la culture du groupe il faudra examiner la question du droit des individus qui pensent autrement et des relations qu on entretient avec eux Niveau institutionnel Il s agit d un change de jeunes organis et soutenu par l OFAJ sur la base de la Promotion de la compr hension et de la coop ration On peut interpr ter l expression de diff rentes fa ons Au niveau des clauses contractuelles tablies par les politiques ce sont les objectifs et les moyens d y parvenir qui comptent Ils sont transpos s dans des programmes et des projets au niveau des fonctionnaires Et au niveau des r alit s situationnelles ce sont des jeunes issus des deux pays contractants ventuellement avec des partenaires de pays tiers qui jouent leur r le comme animateur ou comme participant L OFAJ a une conception hautement d velopp e de ce qu on peut entendre par d battre de ses diff rences et organiser des changes pour l Office une rencontre est un univers d espaces de vie diff rents d termin s culturellement Dans ce cadre labor par l institution les jeunes apportent avec eux leur propre conception du vivre ensemble influenc e par les normes personnelles familiales r gionales et nationales Ils deviennent l l ment porteur de la r alit franco allemande tout en tant peut tre tr s diff rents de l image qu en donne l institution Les animateurs ont t form s aborder les relations
152. s sans aucun probl me Analyse de situations pratiques Dans le chapitre qui suit nous appliquerons le sch ma de pens e dit sch ma d orientation qui a t d crit plus haut et qui permet d examiner les contextes de situations sociales des observations relat es dans les comptes rendus r dig s lors d changes franco allemands De ce fait gr ce au multiple changement de perspectives on d fait la complexit et on tient compte des d tails dont l examen doit inciter aborder les situations critiques avec plus d acuit Le sch ma est con u comme un outil de travail son utilisation variera d un cas l autre Ce sch ma sert aussi m me si l on n applique qu une partie des perspectives compl ter ses propres visions spontan es d une situation C est un instrument pour s exercer titre exp rimental et ludique porter un regard pluridimensionnel sur les moments critiques et pour apprendre ainsi voir davantage Premier exemple de situation La comm moration du bicentenaire Marc se trouve Paris avec un groupe de jeunes Anglais pour c l brer le bicentenaire de 62 63 la R volution fran aise Plusieurs membres du groupe se prom nent alentour bien d cid s prendre en photo tout ce qu ils trouvent caract ristique Et voil clic qu un jeune Anglais a photographi un policier en train de verbaliser un motard Le policier qui ne l entend malheureusement pas ainsi interv
153. s se trouvait le mat riel photographique l aide duquel il avait tourn et retravaill avec succ s quelques spots publicitaires lors des deux derni res semaines pass es Londres Alicante et Toulouse Ce jour l il devait terminer sa petite vir e professionnelle planifi e avec routine par une s rie de prises de vue concernant des pi ces de machines l usine Volkswagen de Baunatal pr s de Kassel Dans deux jours il serait nouveau assis dans son caf favori du Marais et profiterait des dix jours suivants en compagnie de ses amis de Paris sans rendez vous professionnels Pour l instant il suit les informations de son petit agenda organiseur dont il s est servi pour pr parer ce voyage Il monte dans le tram de la ligne 5 qui vient d arriver pour se rendre son rendez vous l usine Le tramway de la 60 compagnie des transports de Kassel emprunte la Holl ndische Strasse en direction du centre ville peu de places sont occup es et le v hicule roule en site propre sans tre g n par la circulation Jonathan un jeune homme qui est assis pr s de la fen tre au milieu du tram et tient un sac dos sur ses genoux regarde le paysage urbain peu attrayant qui d file II semble plong dans ses pens es L air absent il ne remarque pas les deux hommes qui montent la station suivante l un d eux se place pr s du conducteur l autre en bout de rame et tous deux proc dent au contr le des tickets
154. s sensibles aux craintes psychologiques et juridiques tout fait l gitimes que peut avoir le propri taire d une voiture quand il la pr te des 101 personnes trang res qui ne l ont jamais conduite dans une r gion qu ils ignorent C tait le cas l Italienne pouvait penser qu un entassement de personnes trang res avec tous leurs bagages constituait vraiment dans sa petite voiture une ins curit dangereuse Elle pouvait supposer qu en voyant la voiture les Fran aises le comprendraient aussit t En fait projections humaines culturelles et personnelles s entrem lent des deux c t s rendant la compr hension mutuelle bien difficile Conclusion Le pr sent texte a mis en uvre des propositions interpr tatives nouvelles Nous avons vu la n cessit de d couvrir sous les diff rences de conduites culturelles les n cessit s adaptatives que tous les hommes partagent Cela doit pouvoir tre pens en d pit des mots qui peuvent tromper Par exemple concernant la premi re probl matique tudi e ici objectivit et subjectivit on pourrait facilement contester toute pr tention d objectivit Mais on ne pourra pas contester que les humains doivent toujours parvenir s entendre pour coop rer commercer communiquer D o l invention de m thodes de mesure arpentage comptabilit Gr ce elles un collectif humain peut surmonter les d saccords qui autrement subsisteraient si l on de
155. s strat gies Par exemple ce sont des Fran aises qui ont pr par la salade si elles ne sont pas hostiles aux hommes allemands est ce parce qu elles sont Fran aises ou parce qu elles sont d tendues ce jour l Ou encore elles peuvent tre flatt es qu on ait appr ci leur salade Ou enfin elles souhaitent rester en bons termes avec le groupe allemand Par ailleurs si des femmes allemandes sont critiques est ce parce que ce sont des Allemandes ou parce qu elles projettent sur ces hommes allemands ce qu elles ont d j prouv avec d autres Ou encore trouvent elles que les Fran aises manquent d exigence et jouent la s duction Cette conduite des Fran aises peut leur nuire dans la bataille 44 qu elles pensent devoir mener pour une parit dans les t ches quotidiennes Il para t donc risqu d interpr ter cette situation comme simple opposition entre des femmes fran aises qui seraient soumises et des femmes allemandes qui exigeraient l galit Deux observations suppl mentaires D une part l ensemble de l change nous para t aussi mettre en vidence une opposition entre communication de type plus implicite de la part des Fran aises et de type plus explicite de la part des Allemandes La seconde observation pourrait porter sur un possible non dit concernant la dimension nourrici re soulign e ou minimis e dans les conduites f minines En tout cas dans cette situation critique cela n a fait l objet d
156. se Chez les deux protagonistes fran ais la dispute est d abord une vidence en cas de divergences sur le fond de plus se mesurer l autre sur le plan intellectuel peut aussi tre jubilatoire et parall lement sur l autre plan savoir l aspect relationnel cela n emp che pas non plus de rester bons amis Une dispute sur le fond peut tre v cue d une mani re suffisamment distanc e gt pour que les contradicteurs gardent en m me temps de bonnes relations Consid rer cela comme un ph nom ne personnel au sein m me du groupe et des relations entre pairs ouvre une perspective qui permet de r fl chir la force personnelle que repr sente la capacit au conflit par opposition la disposition s adapter et de d finir plus 79 clairement une personne consciente de sa valeur qui peut aussi trouver plaisir d battre avec autrui Niveau se rapportant au petit groupe Nous sommes donc en pr sence de deux groupes de Fran ais en conflit du groupe des deux Allemands m diateurs et enfin de celui des Allemands moins impliqu s la fin de la sc ne les deux porte parole fran ais sont assis l un pr s de l autre comme de bons amis Il est int ressant d observer quel point la dynamique des pisodes volue et offre des r les tr s diff rents On pourra bien s r sp culer sur ce qui se cache derri re la violence des propos que tiennent les deux groupes fran ais qui s
157. ser que les sentiments des jeunes Europ ens lesquels ne s attendaient pas devenir ainsi les victimes innocentes du pouvoir d tat ne sont pas seulement empreints de d ception mais aussi de pathos r volutionnaire Sur le plan affectif le fait de s imaginer qu on est soi m me un peu impliqu conf re aux souvenirs historiques de luttes sur les barricades une valeur actuelle C est aussi pourquoi la personne qui raconte dit que ces incidents ont modifi ce que l ann e 1789 voquait pour eux comme si un morceau d histoire s tait d roul une nouvelle fois sous leurs yeux Je pr sume n anmoins que les longues discussions gt et innombrables arguments qui ont ensuite permis d analyser le choc concernaient galement le fait que les personnes impliqu es ont mieux pris conscience de leurs racines historiques Mais le choc motionnel en question a aussi un niveau qui est d ordre bien plus banal mais reste tout de m me assez profond sur le plan de l exp rience individuelle Un choc de ce genre atteint n importe quel touriste qui pour une raison ou une autre se retrouve l tranger en contact avec la police Le fait d tre confront des fonctionnaires et emmen au commissariat ne repr sente pas la m me chose l tranger que dans son propre pays Les jeunes Europ ens avaient probablement bien l esprit que la France d aujourd hui est un tat de droit o ils n avaient donc en tant que simples touri
158. sion comp titive extr me l animateur fran ais qui avait organis le jeu de r les en question donne la solution en expliquant qu en raison d un d tail qui a chapp tout le monde aucun groupe de concurrents n a gagn Lors d un jeu de r les comp titif un groupe franco allemand r parti en trois sous groupes travaille pendant trois heures sous une pression consid rable L animateur fran ais qui a propos ce jeu donne enfin la solution qui fait l effet d une bombe aucun groupe n a gagn tout le monde a perdu parce que personne n a remarqu un d tail important Les Allemands sont totalement abasourdis les Fran ais sont soulag s ils clatent de rire et vont boire un coup au caf o ils discutent de tas de choses en s amusant bien A propos du jeu ils se contentent de dire qu il s agissait l d un petit jeu tr s sympa Plusieurs heures apr s les 72 participants allemands sont encore de tr s mauvaise humeur l heure de la pause beaucoup d entre eux se retirent dans leurs chambres Lorsqu un ami qui n avait pas particip cette activit demande l un deux comment a s est pass ce dernier lui demande de ne pas lui poser de questions en d clarant que ce jeu tait compl tement d bile Bosser comme des dingues pendant trois heures laborer des strat gies tre convaincu d avoir le meilleur plan pour surpasser facilement les quipes adverses et apprendre tout d un coup qu ils av
159. stes rien de s rieux craindre Mais leur sentiment disait vraisemblablement autre chose Chez soi on peut mieux estimer ce que la police attend d une personne A l tranger l affaire devient plus difficile On a plus de mal valuer ce qui est une bavure gratuite ou une intervention justifi e contre une infraction la loi Une telle incertitude fait peur De toute vidence le fait de paniquer devant la police dans un autre pays n est pas en soi une exp rience qui sur le plan affectif d veloppe les facult s de s ouvrir l tranger 109 elle risque plut t de provoquer le contraire Mais dans les conditions en pr sence le choc motionnel qui r sulte d une telle confrontation n engendre pas non plus simplement de la peur En premier lieu un niveau purement imm diat qui se situe au del du rationnel le groupe se trouve confront au fait que l histoire de la R volution qu ils croyaient ici pouvoir f ter au milieu des autres d une mani re si innocente est aussi une histoire d ex cution de provocation et d abus de pouvoir En vivant ainsi cette c r monie du bicentenaire ils prouvent la m me d ception que certains touristes par exemple qui se comportent comme si le monde entier tait leur aire de jeux et remarquent subitement que l environnement o ils s amusent peut galement devenir tr s dangereux pour des personnes de leur genre En second lieu dans le fait que l un d eux accompagne jusqu au comm
160. sud du Maroc quelques milliers de kilom tres de l Au carrefour pr c dent une jeune femme aimable lui avait 58 indiqu le chemin menant au tram dans un charabia mi fran ais mi anglais Il vient donc de monter dedans surpris d y d couvrir un espace paisible et d gag Chez lui les bus sont g n ralement pleins voire bond s et le conducteur doit faire preuve d habilet et d agilit pour se frayer un chemin travers la foule et vendre un billet chaque usager Ici les places assises ne manquent pas Jonathan choisit un si ge individuel et pose son sac dos sur ses genoux Le tramway de la compagnie des transports de Kassel emprunte la Holl ndische Strasse en direction du centre ville peu de places sont occup es et le v hicule roule en site propre sans tre g n par la circulation Jonathan un jeune homme qui est assis pr s de la fen tre au milieu du tram et tient un sac dos sur ses genoux regarde le paysage urbain peu attrayant qui d file Il semble plong dans ses pens es L air absent il ne remarque pas les deux hommes qui montent la station suivante lun d eux se place pr s du conducteur l autre en bout de rame et tous deux proc dent au contr le des tickets V tu d un sobre anorak de service bleu l homme en question est maintenant devant Jonathan et lui dit d un ton prosa que Ton ticket s l te pla t Lorsque Jonathan agac l ve les yeux vers lui le cont
161. t ventuellement et de leur point de vue trait les m mes situations culturelles critiques Quant aux commentaires propos s le lecteur ne les lira pas comme constituant la v rit mais seulement une part possible de celle ci Il prendra plut t les nonc s comme des initiatives des chercheurs pour l inciter reconna tre les difficult s de compr hensions et de coop rations interculturelles Il pourra se confronter aux difficult s pr sent es tout en d veloppant ses analyses en fonction de ses propres exp riences Nos remerciements s adressent tous ceux qui ont recueilli des situations chercheurs permanents p dagogiques et formateurs des associations de jeunesse qui sont associ s aux changes franco allemands et internationaux ainsi qu aux animateurs formateurs et responsables institutionnels qui ont donn l occasion des chercheurs fran ais et allemands d observer les programmes organis s par leurs soins Ainsi nos remerciements vont aussi tous les participants ces rencontres De plus nous remercions Danielle Baliteau pour son concours en ce qui concerne les textes des chercheurs allemands 1 Cultures nationales et strat gies personnelles Jacques Demorgon Introduction le culturel l individuel l humain Cultures collectives ou individuelles et strat gies des personnes ou des groupes ne peuvent pas tre comprises sans r f rence une condition humaine qui est l origine m me
162. t taient all s jusqu s adresser des injures s asseoir la m me table et bavarder d un ton amical Commentaire Les cultures de conflit sont des espaces permettant de d battre de la diff rence et de valeurs et points de vue divergents Et elles sont rares Dans la situation comment e ici nous sommes au d but d un programme d change et le d bat a lieu dans le sous groupe culturel des Fran ais Le risque est donc moins grand et les jeunes sont dans le champ conflictuel rassurant de leur propre nationalit L observateur constate une divergence au contenu mineur et en m me temps une intensit croissante de la controverse Le fait que deux Fran ais mesurent leurs forces en interne et en m me temps se positionnent au sein 76 de leur groupe contribue sans doute plut t la clarification de la structure relationnelle de ce dernier puisque les divergences de fond sont minimes Et pour finir les contradicteurs s assoient la m me table en bavardant d un ton amical pilogue inattendu apr s les d g ts gt que ces jeunes ont v cus Et une fin d histoire qui illustre de mani re exemplaire qu il n y a rien de destructeur ni de dangereux ce que des individus se disputent et se comportent avec vivacit et intensit motionnelle En tant que relation autoris e et v cue avec plaisir la confrontation directe passionnelle signifie pour les jeunes Fran ais une sorte de contact positif
163. t nuances entre ces directions qu elles se constituent dans leurs diff rents domaines De plus les cultures constitu es sont des r ponses acquises mais des probl matiques qui restent ouvertes aux adaptations venir Les cultures sont vivantes elles voluent et donc changent aussi Mieux vaut comprendre pourquoi et comment cela est possible si l on veut d s aujourd hui et de plus en plus demain tre capables de changer davantage ensemble Dans cette perspective les situations culturelles critiques pourront tre mieux comprises partir de ce sol commun de ressemblances humaines constitu non de solutions identiques mais de probl matiques adaptatives communes Six d entre elles se d couvriront ici subjectivit et objectivit individuel et collectif instant et dur e organisation et spontan it s paration ou r union des activit s communications implicite ou explicite Subjectivit objectivit Parking qui divise Allemands et Fran ais Les participants allemands venant de plus loin arrivent pourtant avant les Fran ais et garent leurs grosses voitures sur le parking proche de la r sidence La deuxi me voiture fran aise arriv e ne peut d j plus y entrer Les Fran ais doivent garer leurs petites voitures sur un parking un peu plus loign Toute la semaine dans le groupe fran ais on incrimine les Allemands M me ces jeunes roulent d j en grosses voitures comme la t l ils
164. t tr s bien voir le jour l o ces tentatives chouent Et cela intuitivement les enfants le savent manifestement mieux que les adultes Ce qui dans la situation me semble id al typique c est pr cis ment la copr sence de ces deux possibilit s Ce n est que lorsque les h tes allemands auront accept le choc voir ma contribution au chapitre 2 d avoir t pris au d pourvu dans toutes leurs belles pr parations d avoir t d s quilibr s tout comme leurs partenaires par les enfants qu il deviendra possible pour tous les participants de se r jouir de l v nement et de commencer pourquoi pas savourer les carottes C est le bordel L exemple suivant issu de l change entre une cole fran aise de province et un tablissement de Kreuzberg d crit comme dans le cas pr c dent un choc culturel surmont gr ce l exp rience d une enseignante A la sortie d un cours qu ils venaient de suivre avec une classe allemande les l ves fran ais 27 visiblement boulevers s ont assailli leur professeur de remarques du type Madame Madame c est le bordel Madame qu est ce que c est s v re en France etc Madame de son c t savait d j par exp rience que l heure d agitation tait maintenant arriv e aussi coutait elle tout cela avec une extr me s r nit Pendant leur s jour en Allemagne les l ves fran ais ne cessent d entamer des discussions passionn es s
165. tance Les Britanniques en sont un exemple particuli rement loquent Quelle m diation boire ou danser Il s agit d une rencontre trinationale de jeunes entre 16 et 18 ans Le participant allemand donne l impression de pr senter un mod le d ouverture interculturelle en tant bien dispos la communication Il cherche activement contact aupr s des jeunes des autres nationalit s A cet gard les Fran ais lui renvoient une image positive alors que les Anglais l envoient manifestement balader Mais ce gar on n est pas du genre abandonner la partie apr s une exp rience aussi n gative Il assume le choc met la question l ordre du jour s adresse aux Anglais dont il obtient alors une r ponse Cependant celle ci n est pas l amorce d une belle amiti mais un message plut t ambigu o l invitation se m le la moquerie la d claration selon laquelle il ne peut pas rentrer en contact avec les Anglais pour la bonne raison qu il ne boit pas est rus e Ces jeunes Anglais se mettent eux m mes en sc ne en tant que communaut port e sur l alcool Ils contournent les allusions 7 Voir description p 15 34 morales la proposition de communiquer en invitant l Allemand se joindre eux pour boire ensuite il verrait bien Mais celui ci ne veut pas se laisser prendre ce jeu Car enfin il n est pas l pour picoler mais pour vivre une rencontre Aussi rejette t il l invitation ambivalente en res
166. tant fid le ses intentions de d part A son tour il propose d une mani re tout aussi quivoque une autre forme de communication Il attire l attention sur le fait que la veille au soir il a voulu danser mais que personne du moins dans cette bande de buveurs ne l a suivi La danse est une activit communicative et pr cieuse sur le plan interculturel qui permet de se comprendre sans parler C est vrai aussi pour le fait de boire Mais la danse a pour ainsi dire une valeur p dagogique plus lev e On le sent bien l Allemand parle de sa tentative d inviter les autres danser uniquement parce qu il prouve le besoin de pr cher la communication interculturelle et de couper court au refus ironique et alcoolis des Anglais En soulignant que c est lui qui cherche le contact et que ce sont les Anglais qui l envoient balader il laisse planer un reproche inconscient Et l on a bien s r galement le sentiment que son z le moral est un peu fragile et qu aux yeux des Anglais il manque un peu d humour Sur le plan motionnel l aplomb avec lequel les bad boys gt anglais s affichent en bons buveurs est peut tre plus solide Cette diff rence se confirme dans un autre pisode au cours de la m me rencontre Il s agit d une situation o les animateurs proposent aux jeunes participants de pr senter par petits groupes des sayn tes qu ils ont eux m mes invent es Qu y a t il de si dr le dans le cricket Les Franco
167. ts des peuples hier juxtapos s dans des empires sont davantage orient s vers la persistance des identit s personnelles travers celles des collectivit s ethnoculturelles Ainsi en Allemagne avec les L nder en Suisse al manique romande italienne en Belgique Flamands et Wallons en Grande Bretagne nations anglaise cossaise galloise irlandaise en Espagne avec les autonomies par exemple catalane et basque Les ressortissants des cultures de l assimilation nationale r publicaine envisagent plus facilement la r ussite d une identification nouvelle et plus englobante qui estompe les identit s ant rieures En France cette assimilation a d abord concern les r gions successivement conquises La pr gnance du national semble s tre relativement impos e Le cas des Etats Unis est encore diff rent complexe et en volution Lacorne 1997 Les deux cultures singularisant chaque collectivit ou assimilationniste existent ensemble aujourd hui l une c t de l autre en fonction des immigrations Plus encore elles sont r unies dans la m me personne elles coexistent au c ur des m mes identit s personnelles devenues plurielles On est d une r gion et d une ethnie en m me temps que d un ensemble plus vaste Les deux cultures peuvent m me rester l une et l autre importantes Rencontre germano franco guyanaise et police de l a roport Le groupe fran ais est constitu de plusieurs
168. tuation qui ne pourrait mieux convenir un programme d change entre jeunes Europ ens de diff rentes nations puisque la rencontre a lieu Paris l occasion du bicentenaire de la R volution fran aise On f te ici l v nement qui a engendr la plus forte pouss e historique vers une union de l Europe sous le signe de la libert de l galit et de la fraternit mais qui a parall lement t le point de d part des plus atroces hostilit s et ce jour solennel est galement l pour exprimer la joie d avoir surmont ces difficult s A l aide d appareils photo le A l aide d appareils photo le groupe international de jeunes cherche retenir sous forme d images le spectacle exaltant de cette comm moration Mais au moment o l auteur du compte rendu reprend la sc ne 15 ans plus tard la mani re d un v nement qui a marqu sa jeunesse un autre l ment s est grav dans sa m moire l atmosph re festive est subitement perturb e par une police trop z l e qui en qu te d infractions ou peut tre m me d ventuels terroristes intervient contre un 5 Voir description p 62 16 l poque les joyeux visiteurs n taient vraisemblablement pas conscients que le pr sident fran ais Mitterrand avait invit la m me date les chefs de gouvernements au fameux sommet conomique mondial et que cet v nement risquait lui aussi d nerver la police 108 groupe de touristes paisibles On peut pen
169. ue ils n ont vraiment rien fait d aussi grave Ils sont simplement emport s par leur conviction par leur passion Certes ils se laissent aller leur spontan it mais c est comme a justement qu ils manifestent leur int r t pour l change qu ils ont avec leurs 93 partenaires allemands Ils leur coupent la parole mais c est pour la leur rendre apr s information pour une meilleure poursuite de l change En ne l acceptant pas les Allemands feraient comme s ils taient les seuls d tenir la r gle du bon change Les Fran ais affirment que c est hypocrite de ne rien dire et de se taire alors qu on n est pas d accord a ce serait un signe de m fiance envers les partenaires D ailleurs ils accepteraient tout fait que leurs partenaires allemands soient aussi spontan s qu eux et ce n est pas de leur faute s ils ne le sont pas Dans le feu de l change avec ses irritations ses nervements mutuels les interlocuteurs se durcissent Les Fran ais ne cherchent m me plus mod rer leur spontan it Les Allemands ne cherchent plus pond rer un fonctionnement organisationnel qui leur para t le seul garant Chacun reporte la faute sur l autre et la querelle est sans fin AU plan des processus l adaptation humaine reste toujours possible au c ur de chaque habitus culturel Un Fran ais qui veut absolument parler peut aussi se retenir noter ce qu il a dire s il a peur de le perdre Un Allemand qui n aim
170. ur la mani re dont les cours se d roulent dans les coles allemandes comme en t moignent d ailleurs les nombreux comptes rendus rapport s par ma fille ou par ses amis Que les l ves allemands puissent quitter l cole en chappant au contr le de surveillance qu ils se mettent pendant les cours parler voix haute rire s amuser et ne semblent couter les professeurs que quand a leur va bien que les professeurs eux m mes n interviennent pas quand des l ves fument ou s embrassent bouche que veux tu et qu ils n obligent pas continuellement les l ves respecter des r gles de conduite que l on puisse arriver l cole avec des couleurs de cheveux compl tement excentriques sans courir le risque d tre expuls Tout cela chamboulait les l ves partenaires au plus haut point et faisait qu ils enviaient litt ralement les jeunes Allemands pour leur syst me scolaire L exemple montre comment les l ves fran ais arrivent traiter leur exp rience avec le style g n ralement plus lib ral des coles allemandes compar aux coles fran aises Le contraste s accro t encore plus par les diff rences entre les localit s des deux tablissements partenaires La r action de l enseignante fran aise qui per oit parfaitement au d part l exp rience particuli rement nervante laquelle ses l ves sont confront s et qui se met leur disposition en 28 tant qu interlocutri
171. ux partenaires allemands voisins d arriver Mulhouse midi et demi les responsables fran ais annoncent qu ils invitent leurs h tes allemands dans un restaurant qu ils ont d j r serv Les Allemands font la t te ils auraient pr f r une solution simple pratique rapide car il y a de nombreux points l ordre du jour Ils craignent que le temps ne vienne manquer Ils sont encore plus m contents quand les Fran ais disent que l on poursuivra la r union pendant le d jeuner alors que les dossiers permettant de traiter les questions sont rest s dans la salle de r union Les partenaires fran ais sont d us et vex s de ce qu ils ressentent comme une mauvaise volont allemande face leur effort intelligent selon eux d associer repas et travail pour gagner du temps La situation critique semble relever d abord des diff rences culturelles nationales Dans la construction culturelle d une journ e de travail le repas de midi ne s inscrit pas de la m me fa on dans les deux cultures De plus la culture allemande pr f re s parer les activit s pour les traiter chacune son tour monochronie de Hall 1984 On d jeune ou on travaille La culture fran aise relie plus souvent des activit s diff rentes entre elles polychronie de Hall On peut d jeuner tout en travaillant joindre l utile l agr able Ce qui est subtilit pour eux est 96 hypocrisie et d sordre pour des Alleman
172. vait juger des choses sur la base des seuls sentiments individuels Il faut aussi reconna tre que l objectivit ne peut pas supprimer les subjectivit s c est partir d elles qu elle se construit Cela indique clairement ce qu est une probl matique adaptative humaine g n rale Elle se d finit par au moins deux pr occupations qui s opposent mais sont irr ductibles et doivent donc de multiples fa ons inventer leur compl mentarit 102 C est ici qu interviennent les cultures En effet l invention d une compl mentarit ne se fait pas dans l abstrait mais en fonction de situations et de libert s concr tes Si les situations reviennent si les libres choix se r p tent les biais culturels vont se produire Ils engendreront des cultures singuli res g ographiquement et historiquement situ es par exemple plus magiques plus religieuses ou plus techniques plus scientifiques En m me temps les r ponses culturelles diff rentes ne sont pas priv es de la possibilit de s opposer sur la base de leurs manques ou de leur exc s Les probl matiques g n rales demeurent et permettent de revenir sur certains dosages Les r f rences politiques ou religieuses faisant une plus grande place la subjectivit s imposent dans certaines cultures Les r f rences aux sciences favorables l objectivit peuvent se trouver plus actives dans d autres cultures Cultures et probl matiques adaptatives humaines g n rales ne
173. ys et permettra l acc s au pouvoir du parti fasciste des Croix fl ch es Apr s la d faite le trait de Paris 1946 1947 reconduit les d cisions du trait de Trianon La Hongrie reste amput e des deux tiers de son territoire d avant la premi re guerre mondiale 3 On ignore ce que les jeunes Hongrois savent de ces phases de leur histoire mais ce qui est certain c est qu ils ont encore une conscience forte de cette importante 144 r duction des 2 3 du territoire de leur pays faite en 1920 et confirm e en 1947 Mais pourquoi les jeunes Hongrois manifestent ils une certaine hostilit l gard des jeunes Fran ais Les Fran ais font partie des vainqueurs qui ont sign les trait s de Trianon en 1920 et de Paris en 1947 Connaissances scolaires informations id ologiques ambiantes Ces hypoth ses devraient tre tudi es 4 Quant aux accompagnateurs hongrois auraient ils d prendre le risque d un malentendu interculturel s ils ne se sentaient pas en mesure de mobiliser les informations n cessaires afin de faire comprendre aux jeunes une situation extr mement compliqu e M connaissance totale chez les Fran ais de la trag die nationale v cue par les Polonais Lors d une rencontre franco germano polonaise dans le sud de la France chaque groupe national doit pr senter par crit ses pr jug s positifs et n gatifs sur les deux autres pays Les Fran ais caract risent la Pologne par une quinzaine de points

Les situations interculturelles critiques et leurs interprétations

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