PERSPECTIVES DOCUMENTAIRES EN EDUCATION
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1. Culture personnelle et action p dagogique qui partir de points de vue diff rents voire oppos s rappelaient opportun ment que l enseignement et l ducation ont horreur du vide que toute formation est acculturation surtout lorsqu elle se veutreposersuruner clle galit des chanceset promouvoir les capacit s de chacun 70 DE LA CLASSE AU QUOTIDIEN L ANIMATION P DAGOGIQUE R OUZOULIAS C est la fin de cette p riode apr s deux exp riences d enseignement du fran ais l tranger le retour des tudes universitaires et quelques ann es dans un coll ge d une ZUP de la grande banlieue qui virent ma d couverte de tout un univers de recherche sur l enseignement du fran ais 6 que partir des d bats sur les disciplines d veil l Ecole El mentaire la r novation des coll ges et le rapport Legrand l appren tissage de la lecture je pris r ellement conscience de l cart d mesur qui existait entre les th mes les int r ts les produits de la recherche p dagogique et la culture les attentes les besoins de la grande majorit des enseignants des effets de cette m connaissance et de cet loignement sur les strat gies de transformation du syst me ducatif qui conduisent d tourner desinnovations ou desr flexions pourtant positivesetaboutissent parfois une situation plus n faste que celle qui pr existait leur mise en place del absencedelieux etde pers2. de l crit et construction des savoirs sur celui ci renvoient des conceptions de l cole elle m me de sa fonction ses missions et son r le Enfin la conviction qu outre les personnalit s les styles etles valeurs auxquelles se r f rent les enseignants la pratique mise en oeuvre est troitement li e aux conditions d exercice du m tier dans lesquelles une place pr pond rante me semble devoir tre accord e aux outils th ori ques didactiques et p dagogiques qui sont leur disposition C est dire l ad quation entre ceux que la recherche peut produire et ceux que chaque ma tre aux prises avec la quotidiennet du faire la solitude m me de l acte ducatif est en mesure effectivement de s approprier et d utiliser CHEMINS DE PRATICIENS 69 Recherche et pratique Circulation et utilisation de l information p dagogique Comme beaucoup d enseignants d butants pendant les premi res ann es qui ont suivi ma sortie de l Ecole Normale mon temps mon nergie et mes lectures furent presqu exclusivement consacr s la pr paration de la classe et ses aspects techniques d autant plus que mon premier poste se trouvait tre une classe de Fin d Etudes dans un quartier populaire du sud est de la banlieue parisienne A l autre extr mit mon int r t et un engagement syndical et politi que personnel me portaient des lectures d ordre plus g n ral sur le syst me ducatif Des ann es de formati
3. des structures de communication et d changes internes la circonscription Enfin depuis deux ans dans la quasi totalit des colesa vec lesquelles ils ont travaill sont n es dans le cadre de projets d cole des recherches et tudes qu ils relaient et auxquelles ils apportent leur concours La m me d marche a t l origine du Festival du livre de Jeunesse de Cherbourg op ration qui depuis quatre ans associe tout au long de l ann e scolaire dans le cadre d une s lection de livres et de productions d crits par les enfants enseignants biblioth caires libraires crivains illustrateurs journalistes et qui concerne pr s de 250 classes Outre le bilan p dagogique pour les l ves ce projet permet chaque ann e aux enseignants de rencontrer diff rents chercheurs l occasion de conf ren ces d bats particuli rementsuivies puisqueleurs propos sonten relation troite avec le travail effectu Enfin cetteentreprise voulueparlesr gles des Cheminsde praticiens o apports des sciences de l ducation et de la recherche p dagogique une pratique ctinterpellation de ceux ci sont troitement m l s ne serait pas compl te si je ne signalais le Lire et raisonner de J Fijalkow 17 et surtout L loge de la diff rence d A Jacquard 18 Raymond Ouzoulias Inspecteur de l Education Nationale CHERBOURC VILLE R f rences et ouvrages cit s 1 ALAIN Propos sur l ducation
4. et raisonner Toulouse Privat 1984 221 p 18 JACQUARD Albert L loge de Ia diff rence Paris Seuil 1978 194 p
5. p dagogie enfantine Paris PUF 1976 232 p 2 WALLON Henri De l acte la pens e essai de psychologie compar e Paris Flammarion 1978 206 p Champs 3 BRUNER J r me S Le d veloppement de l enfant savoir faire savoir dire Paris PUF 1983 292 p Psychologie d aujourd hui 4 SNYDERS Georges O vont les p dagogies non directives Autorit du ma tre et libert des l ves Paris PUF 1985 324 p L Educateur 5 JEAN Georges Culture personnelle et action p dagogique Paris Castermann 1978 156 p 74 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 DE LA CLASSE AU QUOTIDIEN L ANIMATION P DAGOGIQUE R OUZOULIAS Lesouvragesdela collection INRP Nathaneten particulier BEST Francine Vers la libert de parole la revue Rep res mais aussi des ouvrages plus didactiques ou manuels en particulier les travaux de GENOUVRIER Emile et GRUWEZ C Grammaire pour enseigner le fran ais AVANZINI Guy Immobilisme et novation dans l ducation scolaire Toulouse Privat 1975 318 p Coll Nouvelle recherche BERGER G BRUNSWIC C L ducateur et l approche syst mique Pa ris UNESCO 1984 228 p HUBERMAN Michael Comment s op rent les changements en duca tion Gen ve BIE 1973 109 p CRESAS L chec scolaire n est pas une fatalit Paris ESF 1981 206 p Le handicap socio culturelen questio
6. DE LA CLASSE AU QUOTIDIEN L ANIMATION P DAGOGIQUE Raymond Ouzoulias l y a une grande difficult trouver dans son itin raire personnel une voix juste pour parler de son chemin de praticien quand ni la v rit ou la noblesse que conf re le contact quotidien du ma tre avec les l ves ni la r flexion ou la distanciation que suppose l activit de recherche ne sont les caract ristiques dominantes de la fonction qu on exerce Et pourtant le r le d interface les t ches que je suis appel remplir ou effectuer comme Inspecteur d partemental de l Education nationale qu elles s exercent au contact du terrain lorsqu il s agit des actions d valuation de r gulation d animation ou en relation avec les structures de formation et d information devraient permettre ais ment de concilier les avantages de chacun des points de vue Pour m inscrire dansla logique de cette rubrique jeme dois cependant de situer les points d appui d une pratique actuelle d I E N en r f rence certaines directions qui ont travers ou influenc un parcours qui tout en tant loin de refl ter une volution lin aire n en reste pas moins fid le certains attachements et manifeste des permanences de pr oc cupations Chemins de praticiens Perspectives documentaires en ducation n 22 1991 68 DE LA CLASSE AU QUOTIDIEN L ANIMATION P DAGOGIQUE R OUZOULIAS De celles ci je d gagerai tro
7. ion de la pratique celle du praticien qui face cette pr sence quotidienne du faire et l imp rieuse n cessit de conduire les apprentissages ne peutr inventer chaque jour des formes nouvelles d enseignement Difficult si bien exprim e par cette phrase d une institutrice commentant ses r ponses l enqu te que j avais r alis e on peut peut tre faire autrement mais moi je n ai pas les connaissances qui me permettent de le faire en tant s re de r ussir C est aussi ces deux types d approche qui sont source d incommunicabilit Certains ouvrages d tonateurs etilenexiste dans divers domaines qu ils soient disciplinaires ou plus g n raux tout en ayant beaucoup apport la r flexion et l volution du syst me ducatif n ont ils pas pour cette raison jou aussi un r le de frein cette m me volution Certains changements r cents dans l approche de la formation initiale des enseignants par l l vation du niveau de recrutement un contact qu on peut esp rer plus troit avec les lieux de recherche par la place prise par les universit s peuvent aider la prise en compte de ces difficult s I me semble qu ils ne pourront avoir un v ritable effet que si ce rapprochement s effectue aussi dans l autre sens C est dire si chercheurs et formateurs parviennent d une part prendre en compte dans leurs travaux le point de vue et les r alit s li s la pratique elle m
8. is th mes principaux La complexit la difficult et les enjeux de la transformation de l cole et des strat gies d innovation confront es d une part aux impli cations humaines culturelles sociales et conomiques de l in galit des l ves dans l acc s au savoir d autre part la n cessit d une adaptation l volution du monde au changement des conditions de vie des enfants en m me temps qu l imp rieuse n cessit de garder le cap c est dire de rester fermement ancr sur les apprentissages eux m mes Cette probl matique et surtout ses cons quences sur la pratique des enseignants aux prises avec la r alit quotidienne de la classe ne m a jamais sembl et me semble encore moins aujourd hui pouvoir se satis faire d un certain nombre de r ponses simples de v rit s d vidence voire m me du recours unique une argumentation ou une d mons tration th oriques si judicieuses ou si fond es soient elles Le lien entre processus d acc s l crit et processus d acculturation qui trouve une r sonance dans les d bats sur l apprentissage les situa tions et supports ou les conditions de la lecture et de l criture D bats qui au del des m thodesetpratiqueselles m mes posent des probl mes fondamentaux tant les oppositions sur primaut du code et du sens ou relation interactive entre les deux sur situations fonctionnelles et lecture plaisir sur socialisation
9. me et d autre part s int grer sous des formes particuli res des quipes d animation de terrain Le succ s rencontr actuellement par les ouvrages de P Meirieu 15 me semble s expliquer non seulement par leur contenu particuli rement en phase avec les pr occupations des enseignants mais aussi par leur forme accessible et par le fait qu ils apportent des outils grilles de r f rence ou guide pour la pratique utilisables par tous et d passant les oppositionsartificielles de m thodes et de styles p dagogiques Ce sont ces m mes r flexions sur la liaison praticiens chercheurs qui m ont conduit dans ma fonction d IDEN engager depuis cinq ans un travail d animation et de formation avec G Chauveau et E Rogovas Chauveau Leurs crits tant en ce qui concerne les processus d ap prentissage de la lecture 16 qu en ce qui concerne les ZEP et les probl mes scolaires des enfants issus de milieux populaires m avaient particuli rement int ress tant par la richesse de leurs recherches que par le ton et la simplicit avec lesquels ils parvenaient les exprimer CHEMINS DE PRATICIENS 73 Ainsi plusieurs fois par an ils participent des stages de formation des r flexions en quipes d coles des animations de circonscription Leur apport a permis aux enseignants de la circonscription d avoir aujourd hui dans leur grande majorit uneautreapprochede la recherche p dagogique et a en outre aid au d veloppement
10. n Paris ESF 1978 212 p OUZOULITAS Raymond La circulation de l information p dagogique chez les instituteurs Centre de formation des IDEN 1985 72 p D HAINAUT Louis Analyse et r gulation des syst mes ducatifs un cadre conceptuel Paris Nathan 1981 139 p BARUK Stella Echecs et maths Paris Seuil 1973 NIMIER Jacques Math matiques et affectivit une explication des checs et des r ussites Paris Stock 1976 249 p Laurence Pernoud BRISSIAUD R mi Comment les enfants apprennent calculer Paris Retz 1989 192 p MEIRIEU Philippe L cole mode d emploi des m thodes actives la p dagogie diff renci e Paris ESF 1985 174 p MEIRIEU Philippe Apprendre oui mais comment Paris ESF 1987 164 p METRIEU Philippe Diff rencier la p dagogie Pourquoi Comment Lyon CRDP 1986 157 p CHAUVEAU G rard et ROGOV AS CHAUVEAU La construction so ciale de chec scolaire in Politique aujourd hui n 6 Lectures in Cahiers p dagogiques num ro sp cial 1987 Pour une meilleure r ussite scolaire actions d accompagnement GPLI CNDP 1988 141 p Int gration ou marginalisation Aspects de l ducation sp cialis e Paris CRESAS INRP L Harmattan 1984 215 p Ecoles et quartiers Des dynamiques ducatives locales Paris CRESAS INRP L Harmattan 1989 191 p FIJALKOW Jacques et DOWNING John Lire
11. on et des dix premi res ann es d enseignement comme instituteur reste encore aujourd hui la trace de quelques textes fondamentaux ou ouvrages ayant influenc et influen ant encore ma r flexion De grands crits comme les Propos sur l Education d Alain 1 qui m me si certains aspects peuvent para tre aujourd hui d suets outre des observations tr s pertinentes sur l activit de l l ve et la place du ma tre le r le particulier de certaines disciplines la lecture par exemple apportentun souffle dynamique uneexigenceambitieuse etune immense valorisation de l cole par sa fonction culturelle irrempla able seule susceptible de lui apporter du sens et peut tre une raison d tre Des textes cl sissus de la psychologie de l enfant eten particulier De l acte la pens e de Wallon 2 o les r flexions sur l intentionnalit les caract ristiques des situations d apprentissage et leurs interactions avec le sujet agissant sont aujourd hui remises en valeur par les recherches de J S Bruner 3 et peuvent encore tre revisit es et trouver leur cho dans un grand nombre d crits r cents sur la p dagogie diff renci e Enfin deux ouvrages particuliers qui en cette p riode de d bats sur la place de l cole et du ma tre m ont apport une forme de respiration salutaire le livre pol mique de G Snyders O vont les p dagogies non directives 4 et celui plus temp r de G Jean 5
12. onnes pouvant favoriserla circulation d uneinformation p dagogiqueint gratrice en raison des cloisonnements et des d fiances r ciproques li es au souci l gitime des diff rentes structures existantes CDDP EN corps d Inspection et on pourrait aujourd hui ajouter MAFPEN d affirmer leurs sp cificit s et leurs fonctions particuli res C est cet int r t pour les probl mes touchant aux strat gies de trans formation et d innovation qui d termina en m me tempsl orientationde mes lectures o les travaux de G Avanzini 7 A Berger 8 M Huberman 9 et les ouvrages du CRESAS 10 m apportaient des clairages diff rents mais compl mentaires et ma d cision de me pr senter au concours d IDEN Pendant la premi re ann e qui suivit mon entr e au Centre de for mation je me consacrai une recherche sur la r ception et la circulation de l information p dagogique chez les instituteurs qui donna lieu mon m moire de fin d ann e 11 Cette tude montrait que s il n y a pas ou plusincompatibilit entreles vis es deschercheursetcellesdespraticiens il s agit plus d une divergence au sens o l entend L D Hainaut 12 orientation vers des moyens et des buts oppos s ou au mieux d un parall lisme orientation fonctionnement ou effets sans opposition mais sans rapport et que si les ressources pour aller vers une v ritable ad quation un renforcement mutuel des actions et tendre vers la coh
13. ou trois ans que la modification des pratiques p dagogiques est en train de s amorcer On le doit plus des manuels comme Objectif Calcul qu aux ouvrages de la s rie ERMEL qui les ont pr c d s qui tout en tant d une grande valeur et restant aujourd hui un outil de r flexion ne pouvaient tre un outil permettant ais ment des transferts sur la pratique On le doit aussi aux diff rents num ros consacr s aux maths de la revue Rencontres P dagogiques m me si sa diffusion reste r duite et devrait pouvoir trouver un autre cho On le doit enfin l ouvrage r cent de R Brissiaud 14 Face des ph nom nes de ce type que l on peut retrouver dans d autres domaines les arguments du temps mis par les recherches pour se r percuter sur les pratiques de la lourdeur du syst me ducatif et le refus de donner dans le pr t porter p dagogique ne m ont jamais sembl suffisants et ont toujours servi cacher deux types de difficult s celle du chercheur qui partir de travaux sur la didactique sur l observation des pratiques ou la psychologie et les processus d ap prentissage d une part craint de d naturer le contenu de son travail et d autre part rejette un certain utilitarisme et souhaite ne donner 72 DE LA CLASSE AU QUOTIDIEN L ANIMATION P DAGOGIQUE R OUZOULIAS l utilisateur que des instruments de r flexion pour qu il se construise lui m me ses propres outils de transformat
14. rence du syst me ducatif tout entier existent elles sont bien souvent st rilis es par l absence d une v ritable mise en r seaux leur permettant CHEMINS DE PRATICIENS 71 d tre r ellement efficaces ct par des types d approche des probl mes communs o la logique de chacun conduit refuser de prendre en compte la logique de l autre Sans vouloir remettre en cause ici la valeur des recherches ni tablir une quelconque hi rarchie entre elles l exemple de l enscignement des math matiques on pourrait tout aussi bien choisir d autres disciplines me para t tout fait d monstratif Pendant plusieurs ann es de nombreux travaux conduits au niveau universitaire dans les IREM les quipes de INRP ou en marge de ces structures 13 ont enrichi la r flexion didactique ont constitu des contributions irrempla ables la recherche dans ce domaine et ont servi de bases aux interventions de nombreux formateurs Il faut cependant reconna tre que leur influence sur la modification des pratiques des enseignants est rest e tr s minime tel point que des enqu tes effectu es en 86 ct 87 montraient que le choix des manuels par les ma tres m me lorsqu ils avaient particip des stages sur le sujet les conduisait privil gier d autres crit res m me si le contenu de ceux ci tait en contradiction avec le type d enseignement qu ils disaient privi l gier On peut dire que c est seulement depuis deux
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