La génération Y expliquée à mon DRH - 144,21 kB
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1. La g n ration Y expliqu e mon DRH Denis Monneuse Sociologue au Centre Edgar Morin EHESS CNRS Consultant en Ressources Humaines Entreprise amp Personnel On dit que les nouvelles g n rations sont difficiles gouverner Je l esp re bien s exclamait le philosophe Alain d s 1932 dans ses Propos sur l ducation A entendre les managers confront s la g n ration Y cette proph tie est devenue r alit Les jeunes seraient en effet plus fragiles moins solides ayant perdu un certain go t de l effort de la discipline leur m fiance et leur inqui tude s exprimeraient dans leurs exigences contradictoires de s curit de l emploi et d aventures dans leur refus du commandement et leur d sir de responsabilit s lev es dans leurs int r ts individualistes et leur go t pour le travail de groupe Enfin ils voudraient consommer tout de suite arriver des niveaux de salaires lev s et du coup poseraient leur probl me de carri re et de promotion De quand datent ces observations De 2006 au moment du CPE De 2009 en plein c ur de la crise Non de 1972 la fin des Trente Glorieuses La question du rapport au travail des jeunes et de leur int gration dans le monde productif n est pas nouvelle C est au contraire un marronnier pour les journalistes le grand public et les sociologues depuis des si cles on trouvait d j dans l Antiquit des esprits chagrins pour2. rieurs que l on oppose alors dans leur ensemble la jeunesse actuelle est sans doute illusoire La deuxi me erreur passe par le d ni des volutions en cours et des attentes exprim es les jeunes s adapteront Or et l histoire du management est l pour le rappeler les entreprises sont oblig es de s adapter aux exigences soci tales que celles ci soient exprim es l int rieur ou l ext rieur de leurs murs La question n est donc pas de savoir si la g n ration Y va faire voluer les organisations mais quand et comment Enfin le troisi me pi ge est celui de la globalisation revenant clamer que les jeunes sont tous les m mes Or la jeunesse n est qu un mot comme le soulignait le sociologue Pierre Bourdieu Quoi de commun entre le jeune polytechnicien et le jeune sorti de l enseignement secondaire sans dipl me ni qualification ou bien entre la fille de cadres sup rieurs parisiens et le fils de ch meurs d un quartier d sh rit Lorsqu on parle des jeunes de qui parlons nous Subsumer sous le m me concept des univers sociaux qui n ont pratiquement rien de commun est un abus de langage Autrement dit l approche uniquement par ges pr sente des limites Elle est croiser avec d autres variables C est pourquoi cet article se focalise en premier lieu sur les jeunes dipl m s Pour viter les trois pi ges nonc s les assertions avanc es ci apr s s appuient sur d
3. et 50 ans et aux s niors En ce qui concerne leur niveau de r mun ration si 45 d entre eux se d clarent insatisfaits l encore ils ne se montrent pas vraiment diff rents des autres g n rations On retrouve par exemple une corr lation entre la faiblesse de la qualification des individus et l importance qu ils donnent au salaire A l inverse la dimension affective ou sociale du travail est une attente en forte croissance L ambiance entre coll gues la relation avec son sup rieur hi rarchique sont des l ments cl s L attente latente ou l id al exprim serait de travailler avec ses amis et d avoir des rapports quasi amicaux avec son manager Enfin la dimension expressive et symbolique du travail est galement fortement valoris e dans la mesure o cette activit est consid r e comme un lieu d expression d autres valeurs l autonomie SD M da La place du travail dans la vie Tempos n 1 janvier 2004 16 B Delay Les jeunes un rapport au travail singulier Centre d tudes de l emploi 2008 Y International Social Survey Programme ISSP enqu te sur le sens du travail 2005 la cr ativit la r alisation de soi C est ainsi que l int r t et le contenu du travail mais aussi la possibilit de continuer d apprendre ont jou dans le choix du poste occup pour plus de 85 d entre nous Comment comprendre ce niveau si lev d exigence l gard du travail La m connaissa
4. ait une partie de pingpong avec lui auparavant Par ailleurs nous avons besoin de motivation forte Plus que d un travail ou d acquisition de pouvoir nous sommes la recherche de passions de d fis de sensations fortes bref d une occupassion C est pour cela que nous avons besoin de progression de carri re rapide de changer de poste tous les deux ans avant que ne s installe ennui D o le succ s des programmes de d veloppement de carri re permettant de jeunes embauch s de faire un tour rapide des diff rents m tiers de l entreprise travers des missions de six mois par exemple Il nous faut galement des valuations fr quentes centr es sur nos r sultats Quel int r t en effet d attendre le prochain entretien annuel si notre manager a une remarque nous faire Autant la dire tout de suite Nous avons besoin de retours r guliers sur la qualit de notre travail car nous sommes d sireux d apprendre En change nous sommes demandeurs d objectifs clairs et attractifs ainsi que de r compenses Bref si l on travaille bien on veut des primes Enfin les jeunes sont ils mobiles Oui et non Oui pour New York ou Hong Kong non pour Mulhouse ou B thune Comme vous le constatez notre mobilit est la fois forte et limit e Si nous sommes ouverts l international nous sommes en revanche beaucoup plus ferm s envers des r gions peu sexy Travailler dans la zone d activit industrielle d un
5. ar leur vision tatiste galitariste passant par un 1 Anna Stellinger dir Les jeunesses face leur avenir Fondation pour l innovation politique 2008 12 Ibid attachement marqu l Etat Providence pour assurer un minimum de solidarit et mettre en uvre les conditions de l galit des chances 2 3 Entre respect et d complexion Libert et cr ativit sont nos ma tres penser Plus que l ind pendance financi re c est l autonomie qui est recherch e On n a pas envie d avoir des gens toujours sur notre dos ni notre patron ni nos parents mais au contraire de se d brouiller au maximum de laisser s exprimer nos id es Etre d complex est encore une de nos valeurs cl s Nous aimons tre simples et directs plut t que de s embarrasser de d tours de contraintes et de proc dures codifi es De Gaulle s crierait aussi vive la parole libre et le tutoiement facile Enfin l argent n est pas un tabou pour nous et cela ne nous g ne pas d tre revendicatif quand c est pour la bonne cause Dans le m me temps le respect est une valeur fr quemment cit e Parce nous n avons pas toujours le sentiment d tre respect par vous nos devanciers nous exprimons une forte demande dans ce domaine Les jeunes se caract risent ainsi par une tol rance plus marqu e que celle de leurs a n s mais m lang e tout de m me un certain conservatisme comme le r v lent les enqu tes su
6. ctuellement en place pour vous aider nous comprendre Voici donc synth tis s en quelques mots qui nous sommes et ce que nous voulons 1 S Dewitte et H Douard Les jeunes Attentes accueil et mise en place dans l entreprise Entreprise et Personnel 1972 1 Qu est ce qu tre un jeune aujourd hui Tout le monde a son mot dire sur la jeunesse aussi bien les concierges des HLM que les publicitaires en passant par les futurologues de tout poil et les cupides cabinets de conseil Des clich s aux observations scientifiques il y a alors souvent plus d un pas 1 1 Des clich s aux enqu tes scientifiques sur les jeunes d aujourd hui Trois pi ges sont viter Le premier est le jugement radical consistant pour les managers croire que les jeunes ne sont pas comme nous c est dire postuler une diff rence radicale entre les anciens et les modernes Qui sommes nous alors nous la g n ration Y Des extraterrestres Ce qui est s r par contre c est que les jeunes sur le march du travail t moignent de la diversit de la soci t fran aise quand les dirigeants d aujourd hui la repr sentent encore bien mal Combien parmi les membres des conseils d administration des entreprises du CAC 40 ne sont ni chauves ni grisonnants ni quinquag naires ni bedonnants ni de sexe masculin ni blanc En revanche l homog n it suppos e des managers encadrants de proximit cadres interm diaires cadres sup
7. e banlieue glauque pr s d une petite ville de province loin de la mer du soleil et du ski non merci En conclusion s il existe un effet g n rationnel ind niable faisant de la g n ration Y une g n ration diff rente de celles qui l ont pr c d e il faut se garder dans le m me temps des exag rations h tives et des clich s v hicul s parfois par les m dias eux m mes avides d un sempiternel d bat sur la guerre des g n rations et aveugl s par les effets de halo D ailleurs les tudes qualitatives montrent que les relations interg n rationnelles sont bien moins conflictuelles que ce que peut laisser croire le regard m diatique Autrement dit la plupart des enqu tes scientifiques parviennent la m me affirmation l opposition totale et radicale du point de vue identitaire et culturel entre les jeunes actuels et leurs a n s est un mythe En revanche il est certain que la soci t volue en toile de fond et que la mondialisation ne se traduit pas par un large mouvement d harmonisation En effet les diff rences nationales de perception du travail sont souvent plus fortes que les diff rences entre g n rations D s lors comment situer les jeunes par rapport aux autres citoyens et aux salari s plus g s de l entreprise si nous sommes la fois diff rents mais loin d tre oppos s vous La r ponse est pourtant simple la g n ration Y exprime une radicalisation d aspirations pr sen
8. e poste de travail Il est incompr hensible pour nous que les technologies de pointe ne se diffusent pas plus vite au sein des entreprises La modernit toutefois ne se mesure pas seulement la technique Une entreprise 8 International Social Survey Programme ISSP enqu te sur le sens du travail 2005 2 Enqu te Ipsos Institut Chronopost sur les salari s actifs en emploi de moins 30 ans et de 50 ans et plus 2003 B Delay Les jeunes un rapport au travail singulier Centre d tudes de l emploi 2008 DJS Adams Toward an understanding of inequity Journal of abnormal and social psychology vol 67 n 5 1963 moderne est l oppos e de la bureaucratie synonyme de lenteur hi rarchie rigide et syndrome de la r unionite inefficace aigu Nous voulons ensuite d une entreprise qui nous forme o l on apprend Et nous sommes exigeants sur les formes que doit prendre cet apprentissage Il doit tre s lectif au sens o l on d sire apprendre d abord pour nous m mes dans les domaines qui nous int ressent Il doit exister en flux tendus avec des modules de formation en ligne par exemple disponibles tout moment Les modes d apprentissage doivent aussi tre revus Lire un mode d emploi apprendre par imitation et les formations classiques c est dire avec un professeur verticales et faiblement interactives sont des formes qui ne nous plaisent gu re On leur pr f re l apprentissage par
9. en plus faible en autrui Par ailleurs nous sommes plut t pessimistes sur l avenir et ce depuis bien avant la crise C est une sp cificit bien fran aise nous sommes un quart seulement estimer que notre avenir est prometteur et tre certain d avoir un bon travail dans l avenir contre 60 chez les jeunes danois et les jeunes tats uniens Ce n est pas que nous manquions de r ves ou d aspirations bien au contraire D ailleurs notre moral dans le temps pr sent n est pas sp cialement mauvais Nous avons en revanche une faible impression de pouvoir choisir notre vie Le slogan no future n appartient pas au pass Demain ne nous fait gu re r ver ne nous donne gu re envie 2 2 Entre gocentrisme et g n rosit La g n ration Y repose sur une culture de l ego fort d velopp e C est pourquoi elle est aussi qualifi e par les anglo saxons de g n ration Me ou Me We Contr ler notre image est l une de nos priorit s Il ne s agit pas n cessairement de vouloir tre le premier dans tous les domaines mais d tre pleinement soi m me en ad quation avec ses aspirations de se r aliser D o derri re des apparences parfois de t m rit un certain d sir de confort plus latent et surtout la recherche de notre panouissement personnel De l ego l h donisme il n y a qu un pas Plus l coute de notre ressenti que de nos convictions nous cherchons nous faire plaisir Le f
10. es fins priv es sur notre ordinateur professionnel ne nous g ne absolument pas De m me surfer est un sport que nous ne pratiquons pas uniquement sur la toile on surfe aussi sur des projets des id es Adaptation et mobilit ont remplac l id al d ordre et progr s La g n ration Y c est encore et enfin la premi re g n ration alter mondialisation Il para t qu un monde non mondialis a un jour exist Si vous le dites on veut bien vous croire mais laissez nous vous dire que ce monde l nous semble remonter au Moyen Age Pour nous la mondialisation est une donn e pas un construit Certains parmi nous ont vu la t l vision le mur de Berlin s effondrer sans que ces images aient un sens leurs yeux cela ne nous parle pas sauf dans les livres d histoire Nous n avons connu en effet ni les m tar cits t l ologiques et tous ces mots en isme qui vont avec ni de p riodes de dictature ni la guerre froide Notre monde en revanche c est celui de l affaiblissement des fronti res g ographiques et linguistiques d un anglais suffisamment baragouin pour partager une culture mondialis e une culture Erasmus qui peut tre quasi identique New York Barcelone Sidney et Singapour comme l illustre le film de C dric Klapisch L Auberge espagnole Enfin nous sommes les enfants du d veloppement durable l cologie l entreprenariat social la responsabilit sociale des entreprises RSE sont des sujets
11. es sondages d opinion fran ais et internationaux r alis s aupr s de jeunes g n ralement g s suivant les enqu tes de seize vingt neuf ans mais aussi sur des travaux sociologiques plus qualitatifs ainsi que sur des changes organis s avec de jeunes actifs dipl m s du sup rieur et des tudiants en Master de Gestion dans trois universit s de la r gion parisienne 1 2 Derri re la jeunesse trois effets g n rationnels La question qu est ce qu tre un jeune aujourd hui suppose de s entendre sur la notion de la jeunesse c est dire grosso modo la p riode de passage vers l ge adulte et de s interroger sur le concept de g n ration ce terme a t il du sens La r ponse est positive mais polys mique Au moins trois effets se cachent derri re l effet d ge l effet de contexte et l effet d h ritage L effet d ge est tout simplement le fait d tre jeune Il se caract rise par un entre deux que chacun ou presque est appel conna tre la sortie du syst me scolaire l entr e sur le march du travail la mise en couple la r sidence dans un logement ind pendant la construction identitaire Si tout le monde a t jeune l tre aujourd hui n est pas tout fait pareil que l avoir t hier les grandes tapes se ressemblent mais ne s encha nent pas de la m me fa on La p riode actuelle est p Bourdieu Questions de sociologie ditions de Minuit 1992 p 143 154 ai
12. evenir chef d quipe ou de se voir offrir une m daille pour bons et loyaux services Personnes antipathiques car path tiques Et le travail me direz vous Quelle place lui faisons nous Est il une valeur phare une obsession une activit centrale un mauvais moment passer un passage oblig 3 Le travail une activit importante mais relativis e Contrairement ce qu on entend parfois le travail reste une activit importante pour nous mais il est concurrenc par d autres sources d identit Ce qui nous rend peut tre plus exigeant que nos a n s dans ce domaine 3 1 L importance accord e au travail une sp cificit de la jeunesse fran aise Le travail est qualifi d important par 92 des jeunes interrog s sans qu on puisse noter de diff rences notables entre les hommes et les femmes seuls 4 d entre nous le jugent peu important Nous sommes aussi 76 ne pas vouloir nous en passer C est dire que m me si nous gagnions au Loto nous souhaiterions poursuivre une carri re professionnelle Il faut dire que 1 p Levi Si c est un homme Pocket 1988 Ai Enqu te Ipsos Institut Chronopost sur les salari s actifs en emploi de moins 30 ans et de 50 ans et plus 2003 seulement 3 des personnes interrog es appr hendent le travail uniquement comme une n cessit conomique Cette importance accord e au travail est une sp cificit fran aise Nous sommes ainsi en Europe ceux qui pensent le
13. mp Personnel janvier 2005 B Delay Les rapports entre jeunes et anciens dans les grandes entreprises Centre d tudes de l emploi 2008 23 Cf Anna Stellinger dir Les jeunesses face leur avenir Fondation pour l innovation politique 2008
14. nagement mais aussi d un manager qui est une sorte de guide de mentor ou de coach Il doit ainsi tre notre premier conseiller en orientation professionnelle 4 4 Une certaine vision de la qualit de vie Pour finir il reste aborder les attentes de la g n ration Y en terme de carri re d organisation du travail et d quilibre entre la vie personnelle et la vie professionnelle Nous valorisons tout particuli rement la flexibilit du temps de travail Id alement nous aimerions ainsi jongler entre du t l travail et des p riodes en entreprise Car pour nous c est chacun de g rer son rythme et d alterner entre des temps collectifs en entreprise et des temps de travail individuel au besoin chez soi o l on peut travailler de fa on d contract e en tee shirt et basket et suivant les horaires qui nous conviennent L entreprise elle est consid r e comme un lieu d change d information de passage et de temps de travail collectif Elle doit tre un lieu convivial un lieu agr able qui nous donne envie de venir Nous appr cions donc les services qu elle peut proposer salle de sport conciergerie cr che babyfoot Car pour notre g n ration la fronti re entre la vie personnelle et la vie priv e a tendance s effacer le travail et les loisirs ne doivent pas ou ne devraient pas tre fondamentalement diff rents On sera ainsi plus m me de travailler de fa on efficace avec un coll gue si l on a f
15. nce du monde du travail et par suite l existence d attentes en d calage avec la r alit peut jouer Mais c est loin d tre le seul l ment L allongement de la vie professionnelle avec le recul de l ge de la retraite et surtout la hausse globale du niveau de qualification engendrent des attentes plus fortes Ensuite d faut de pouvoir nous projeter sereinement dans l avenir nous survalorisons le pr sent Par ailleurs nous avons int gr le discours manag rial selon lequel c est nous d tre entrepreneur de notre carri re Du coup nous sommes tout fait pr ts travailler mais pour nous d abord Comment la g n ration Y se situe t elle alors dans l entreprise Quelles sont ses attentes plus pr cises vis vis des employeurs 4 Des attentes fortes vis vis de l employeur 4 1 Un sentiment d appartenance l entreprise ambivalent Le sentiment d appartenance des jeunes l entreprise est tout d abord marqu par une ambivalence nous sommes la fois plus fiers que nos a n s de l entreprise dans laquelle nous travaillons et moins pr ts qu eux travailler davantage pour aider l entreprise r ussir En ce qui concerne la mobilit externe elle est plus lev e chez nous que chez vous Elle est aussi bien subie du fait de la pr carit ou de la fuite de conditions de travail qui ne nous conviennent pas que choisie dans une logique exp rimentale et d volution professi
16. nsi marqu e par un allongement de la jeunesse dans la mesure o les rites de passage sont moins visibles l obtention de la majorit moins significatifs le baccalaur at par exemple plus r versibles le mariage moins lin aire l entr e dans la vie active ou bien tout simplement ont disparu le service militaire L effet de contexte quant lui d pend de la soci t dans laquelle les jeunes arrivent En France pour devenir pleinement adulte dans les ann es 2000 il faut se placer Notre pays se caract rise donc par une scolarisation longue et une course au dipl me ainsi qu une d pendance prolong e des jeunes leur famille l effet Tanguy du titre du film d Etienne Chatiliez Il faut s int grer rapidement tout prix et une fois pour toute Pourtant l entr e dans la vie professionnelle est chaotique puisque ce n est qu 33 ans que 90 d une classe d ge est en CDI d apr s les enqu tes du Cereq les jeunes tant les premi res victimes de la dualisation du march du travail Par cons quent les parcours sont de moins en moins lin aires et beaucoup doivent mettre en place des strat gies pour faire face la pr carit d autant que les in galit s ont tendance cro tre entre les jeunes dipl m s d un c t et les pas peu ou mal dipl m s de l autre Globalement tre jeune en France aujourd hui c est appartenir une g n ration sacrifi e pour pr ser
17. observer chez les plus jeunes des signes de d cadence et affirmer que d cid ment c tait mieux avant Si cette th matique revient p riodiquement elle s est pos e avec une certaine acuit en France depuis la fin des ann es 1990 En effet les grandes entreprises se sont disput es cette poque les jeunes dipl m s sur le march du travail pr tes faire la danse du ventre sur le campus des grandes coles et offrir des ponts d or ceux qu elles recrutaient encore au compte gouttes quelques ann es auparavant En outre l effet du papy boom et la m diatisation d une nouvelle g n ration qualifi e d Y car succ dant la g n ration X a contribu l essor de cette question D s lors quid de cette g n ration pr sente dans les entreprises depuis une petite d cennie et encore pour une bonne part aux portes du march du travail Qui sont ces jeunes Quelles sont leurs valeurs et leurs attentes Comment les attirer et ne pas les d cevoir Quelle place accordent ils au travail Bref traduisent ils une volution tranquille et profonde du rapport au travail au sein de l ensemble de la soci t fran aise ou bien pr parent ils au contraire dans les entreprises pour demain une r volution sociale Enqu tant sur ces th mes en tant que sociologue et appartenant moi m me cette g n ration n e entre 1977 et 1994 je voudrais m adresser mon DRH ainsi qu ses confr res et autres managers a
18. omie et Statistique n 366 2003 7 C Nicole Drancourt et L Roulleau Berger L insertion des jeunes en France Puf 2002 3 P Artus et M P Virard Comment nous avons ruin nos enfants La D couverte 2008 G Tirot France anti jeune Max Milot 2008 i Chauvel Le destin des g n rations Puf 2002 C Peugny Le d classement Grasset 2009 10 C Van de Velde Devenir Adulte Sociologie compar e de la jeunesse en Europe Puf 2008 pas avoir pris le temps de voir grandir leurs enfants c est dire nous Nous avons pris le contrepied nous faisons au contraire une confiance extr mement faible aux institutions les hommes politique les entreprises les m dias On ne me la fait pas moi est notre raisonnement de base L exception qui confirme la r gle c est le monde associatif Les ONG ont plut t la c te aupr s de nous La g n ration Y est ensuite la g n ration de l enfant roi dans une soci t o il faut rester jeune tout prix Nos parents culpabilisant de passer peu de temps avec nous ont souvent cherch compenser leurs absences par des contreparties financi res comme l argent de poche en c dant nos caprices et en nous laissant devenir des enfants prescripteurs voire tyranniques Au centre de la famille nous avons eu l impression que nos d sirs pouvaient aussi tre des ordres D o s rement notre narcissisme et notre rapport moins obs quieux que les autres g n rations au
19. onnelle Ayant peu de certitudes sur l avenir et une faible capacit de projection dans une carri re notre rapport l entreprise est plus instrumental distanci et contractuel que le v tre Autrement dit nous avons besoin de voir pour croire On ne croit gu re aux promesses employeur long terme et on abhorre la langue de bois Certes on se comporte peut tre comme des consommateurs mais cela ne nous g ne pas Nous voulons tre consid r s comme des clients internes Ce n est pas tant nous d apporter l entreprise qu elle de nous s duire Contrairement certains clich s notre implication dans l entreprise est donc loin d tre nulle elle est sous condition Nous avons en permanence mais inconsciemment en t te notre rapport d quit Celle ci revient un ratio entre notre contribution et notre r tribution que l on cherche quilibrer S impliquer oui mais contre quoi Qu est ce qu il y a gagner Tu me donnes quoi en change D o le surnom de g n ration oui mais ou oui si 4 2 La volont d une entreprise moderne et d un apprentissage rapide Quelles sont alors les attentes exprim es l gard de l entreprise Autant le dire tout de suite elles sont multiples Alors accrochez vous Nous avons tout d abord envie de travailler dans une entreprise moderne Et non dans une entreprise ringarde o un vieil ordinateur PC ou portable nous attend notr
20. onomique celle survenue la suite des chocs p troliers la fin des ann es 1970 qui produisit un ch mage de masse dont la France n est jamais r ellement sortie Nous avons ainsi t t moin de la pr carisation du monde conomique puisque nous avons vu les ravages du ch mage et pour nombre d entre nous nous en avons aussi fait l exp rience en d but de carri re travers les petits boulots les missions d int rim les CDD Mais la pr carit n est pas seulement conomique elle est aussi sociale nous sommes galement les enfants du divorce Par ailleurs si on aime nos parents ils n en sont pas moins souvent pour nous de parfaits contre exemples Ils ont cru beaucoup de choses aussi bien l entreprise communautaire qu aux grandes id ologies Ils se sont impliqu s au travail pour faire carri re certains allant presque jusqu vouer un culte l entreprise Tout a pour quoi au final Pour le regretter plus tard pour conna tre finalement ce qu on appelle pudiquement un plan de sauvegarde de l emploi pour finir un beau jour dans un placard pour ne A Cavalli et O Galland dir L allongement de la jeunesse Actes Sud 1993 4 C Van de Velde Devenir Adulte Sociologie compar e de la jeunesse en Europe Puf 2008 Cereq Centre d Etudes et de Recherche sur les Qualifications PE Behagel Ins curit de l emploi le r le de l anciennet a t il baiss en France Econ
21. plus que le d veloppement de nos capacit s passe par le travail On est loin des discours sur les jeunes d motiv s qui ne penseraient qu faire la f te 3 2 La relativisation du travail par rapport aux autres sources identitaires En revanche force est de constater que sa place h g monique est contest e il est directement concurrenc par la famille et les loisirs il n est pas un p le d ancrage unique de l identit D ailleurs la vie personnelle entre de plus en plus en compte dans les choix professionnels il y a privatisation du rapport subjectif au travail C est ainsi que seulement 4 des jeunes consid rent le travail plus important que le reste Comment s explique cette relativisation du travail par rapport aux autres sources identitaires En sus de la limitation de l emprise de celui ci sur les autres sph res de la vie la famille les amis les loisirs trois autres facteurs sont avanc s Tout d abord la jeunesse est une phase transitoire d exploration Cette relativisation du travail est peut tre ph m re li e l effet d ge D ailleurs plus les jeunes ont des conditions de vie proches de celles des adultes en terme d emploi de logement de paternit plus ils valorisent la place du travail Une autre source explicative vient du malaise dans l emploi rencontr par nombre d entre nous Le d calage entre nos aspirations et la d gradation la fois des conditions de travail et d ent
22. qui nous int ressent et nous concernent en tant que citoyens mais aussi comme salari s On se demande seulement pourquoi vous n y aviez pas pens plus t t Effet d ge effet de contexte effet d h ritage une g n ration ce n est pas rien Ce qu on partage avec les autres membres de sa classe d ge n est pas anodin A travers ces trois prismes on s aper oit qu au del des diff rences sociales classiquement prises en compte les cat gories socioprofessionnelles les revenus le niveau de dipl me il existe bel et bien un effet g n rationnel ind niable Celui ci se traduit par cons quent par un certain nombre de valeurs communes 2 Les valeurs cl s de la g n ration Y Quelques valeurs unissent les jeunes actifs et les tudiants d aujourd hui transcendant bien des barri res sociales Voici les principales pr sent es par le biais de polarit s 2 1 Entre d sillusion et confiance en soi Une bonne nouvelle pour commencer la g n ration Y est une g n ration de jeunes gens qui ont globalement une bonne confiance en eux Nous avons de l assurance en nous de la fiert revendre un soup on d arrogance peut tre m me trop on croit parfois d j tout savoir notre ge que l on a tout compris la vie Bref pour le dire vulgairement on ne se prend pas pour de la m Il faut dire que communiquer est chez nous presque inn on jouit de cette facilit En revanche on a une confiance bi
23. r e dans l emploi nous fait tomber de haut C est ce que j appelle le complexe du renard en r f rence la fable de La Fontaine Le Renard et les Raisins ne parvenant attraper une grappe sur une treille il se console en les jugeant trop verts bons pour des goujats La relativisation du travail par la g n ration Y est peut tre due galement un m canisme de d fense un processus de protection de soi face au d senchantement et la peur du d classement Il n est donc gu re surprenant qu elle concerne en premier lieu les ouvriers et les employ s plut t que les cadres Enfin la derni re explication est d ordre structurel Il s agirait d une tendance soci tale de Valorisation de valeurs autres que mat rialistes que l augmentation du niveau d instruction accentuerait suscitant chez nous une distanciation avec le mod le parental 3 3 Des exigences fortes l gard du travail Paradoxalement cette relativisation du travail ne diminue pas nos exigences son gard bien au contraire Si la perception de la dimension instrumentale du travail est semblable celle de nos a n s les attentes en termes affectifs et d expression de soi sont en forte hausse Interrog s sur l importance de b n ficier de la s curit de l emploi d avoir un salaire lev et de bonnes possibilit s de promotion les jeunes de la g n ration Y se distinguent peu dans leurs r ponses par rapport aux individus g s entre 30
24. r l attachement la famille et la notion de fid lit 2 4 Entre individualisme et collaboration Individualistes nous le sommes s rement dans la mesure o nous consid rons la libert individuelle et l autonomie morale comme des principes inali nables Dit autrement chacun doit pouvoir g rer sa vie comme il entend Mais individualisme ne rime pas n cessairement avec go sme En revanche la jeunesse actuelle a bien int gr les messages de l entreprise G rez vous m me votre carri re construisez votre employabilit soyez mobiles On l applique la lettre d s que cela nous est possible Finalement dans ce domaine on est plut t docile Mais apr s ne venez pas nous dire qu on n a pas le sens du collectif D ailleurs le succ s des wikis les sites collaboratifs comme Wikip dia ou encore des jeux en r seaux sont l pour prouver notre capacit faire preuve de coop ration Nous sommes ainsi les premiers partager des informations et s inscrire dans des r seaux D o le d veloppement des blogs des forums des r seaux sociaux et des divers sites d valuation d un produit d une entreprise d un bar En revanche il est s r que nous raisonnons plus en communaut s ph m res et par projet ou par centre d int r t qu en communaut ferm e Les relations nou es peuvent donc tre la fois denses et r versibles d un clic On peut se confier une pe
25. rsonne avec qui nous venons de faire connaissance puis d cider quelque temps plus tard brutalement de ne plus entretenir de lien avec elle Le mod le dans le monde de l entreprise ce sont les flash companies comme par exemple l quipe de tournage d un film Celle ci vit des moments forts fait d motionnel et d affectif avec une implication qui peut para tre vue de l ext rieur d mesur e Mais elle est de courte dur e Une fois le projet termin chacun rentre de son c t 2 5 Entre engagement et questionnement Si notre g n ration est galement appel e g n ration why c est qu elle se distingue des autres par un rapport la r gle particulier Toute norme doit tre l gitime volutive et explicable pour qu on la suive On a besoin de sens de comprendre pourquoi les choses se passent ainsi et non pas autrement Il n y a rien de pire que la r gle impos e ou l usage d nu de sens qui mis en question provoque la r ponse suivante On a toujours fait comme a alors ce n est pas aujourd hui qu on va changer Pour nous les r gles sont faites pour tre discut es elles doivent aussi tre n gociables contrairement aux dogmes et autres v rit s impos es faisant cho aux religions orthodoxes et au totalitarisme des camps de concentration o comme le disait Primo Levi ici il n y a pas de pourquoi Pour autant nous sommes tout fait pr ts nous engager dans de
26. s projets qui nous parlent Il y a une condition en effet il faut qu on y trouve un int r t La notion de deal est ainsi plus op rante et motivante que le tr s juridique lien de subordination Donc pour r sumer s impliquer oui pourquoi pas mais pas ind finiment et gratuitement Notre grande crainte en parall le est celle de la manipulation et de la r cup ration D o notre circonspection notamment vis vis des organisations syndicales 2 6 Les mod les de la r ussite En aval de cette succession de paradoxes il reste au moins une question sur nos valeurs aborder On pourrait la formuler ainsi qui sont nos idoles Au risque de vous d cevoir il y a peu de chance que ce soit vous La r ussite individuelle est le premier crit re de nos mod les de r ussite sociale en raison de la faiblesse de nos ambitions collectives Le footballeur le chef d entreprise le self made man sont ainsi admir s Les artistes et les libres penseurs font galement partie de ces happy few et plus globalement du moine tib tain au trublion du show biz toutes les personnes qui coutent leurs envies et assument leurs choix de vie A l oppos e l anti mod le par excellence sera ce cadre servile qui fait de la pr sence au bureau m me s il est d s uvr afin de se faire bien voir de son sup rieur hi rarchique ou encore cet employ soi disant mod le qui au terme d une lente et besogneuse carri re est fier comme un coq de d
27. t tonnement le learning by doing L id al est ainsi d essayer par soi m me et au besoin de faire appel sa tribu en cas de probl me Enfin il serait temps que les entreprises se rendent compte que l apprentissage n est pas seulement descendant il fonctionne dans les deux sens Nous sommes parfois plus comp tents que nos patrons et nos a n s dans certains domaines c est plut t nous de leur apprendre 4 3 L exigence d un patron leader Pour nous l autorit du manager ne va pas de soi Elle est l gitimer travers ses comp tences sa coh rence sa capacit donner du sens et prendre des d cisions rapidement son exemplarit L autorit impos e nous semble digne d un autre temps et contre productive Nous avons besoin de leaders pas de sup rieurs hi rarchiques Ainsi c est nous de d cider et reconna tre si Untel est vraiment notre chef ou pas s il a de l autorit et si elle est respecter Par cons quent on sera plus amen respecter les hauts dirigeants et les vrais d cideurs que les personnes interm diaires Nous valorisons par ailleurs les hi rarchies plates o la strat gie est partag e et les informations sont fluides Pour caract riser nos attentes en terme de management on peut y voir un m lange d attentes maternelles et paternelles dans la mesure o nous sommes en attente de proximit et de consid ration d une part c est dire d une individualisation du ma
28. tes galement chez les plus g s Nous sommes les porte voix des aspirations du monde salarial actuel C est pourquoi embaucher un jeune et tre son coute c est b n ficier d un excellent audit sur le climat social et l organisation de votre entreprise pour un tarif bien moindre que celui d un cabinet de conseil fran ais ou anglo saxon En r sum nous sommes comme vous plein de r ves et d espoirs plein d aspirations contradictoires qui un jour ou l autre doivent ou devront se confronter l ternel principe de r alit Seulement nous sommes s rement plus d complex s et plus exigeants que vous ne l tiez notre ge parce que nous faisons bien moins confiance aux institutions Esp rant vous avoir un tant soit peu clair sur le rapport au travail de la g n ration Y et que vous ressortez indemne de ces consid rations sur la jeunesse actuelle je me permets de vous souhaiter bon courage chers DRH et managers Un conseil ne vous arrachez pas les cheveux Essayez en revanche de vous mettre ne serait ce que trente secondes notre place si vous aviez dix huit vingt ou vingt cinq ans aujourd hui vous feriez quoi Soyez en tout cas assur s de ma sinc re compassion un jour ou l autre c est moi qui serai votre place 21 N Flamant Un introuvable conflit des g n rations Futuribles n 299 juillet ao t 2004 22 N Flamant Les jeunes les seniors et l entreprise Entreprise a
29. un et le luxe ne sont alors pas incompatibles mais au contraire combiner Des po mes de Ronsard tudi s au coll ge nous est surtout rest en m moire son fameux carpe diem Je veux tout tout de suite pourrait tre notre cri de ralliement tant nous sommes peu m me de faire des concessions Car nous n avons pas l intention de perdre notre vie la gagner Cela ne nous emp che pas de faire preuve de r alisme pour autant Si nos exigences sont fortes et vous paraissent peut tre d mesur es c est qu en raison de notre faible confiance en l avenir nous survalorisons le temps pr sent Puisque la lucidit nous pousse constater que nous vivons sous la tyrannie du court terme et qu un tiens vaut mieux que deux tu l auras prenons ce qui est prendre aujourd hui Pour le reste on avisera Pas besoin d tre fan de la Roue de la fortune pour savoir que la roue tourne Pour nous les h ros de la t l r alit ont bien raison de profiter de leur quart d heure de gloire warholien c est toujours mieux que rien quelque chose prendre plut t qu laisser Ce nombrilisme exacerb et cet opportunisme assum n emp che pas la g n ration Y de se caract riser par son sens de la g n rosit Il existe parmi nous une soif de justice et d quit bien sup rieure celle dont t moignent nos a n s vous en l occurrence Les jeunes Fran ais en particulier se distinguent des autres pays occidentaux p
30. ver les a n s savoir les insiders et faire face un ascenseur social en panne donc la peur du d classement Les mod les sociaux auxquels sont confront s les autres jeunes europ ens diff rent assez largement du mod le fran ais Au Danemark l imp ratif cat gorique existant est plut t de se trouver au Royaume Uni de s assumer et en Espagne de s installer Enfin le dernier effet qui se cache derri re la notion de g n ration est l effet d h ritage On est tous le jeune ou le vieux de quelqu un une g n ration se construit en fonction de l h ritage socio conomique et culturel re u donc par rapport la g n ration pr c dente En ce sens la g n ration Y est un ensemble d individus dont l enfance et l adolescence ont eu lieu entre les ann es 1980 et les ann es 2000 Repr sentant environ un quart de la population fran aise actuelle c est la plus grande g n ration connue depuis celle des baby boomers A c t de la d nomination d Y ou millennials pour la situer dans le temps les autres qualificatifs sont r v lateurs de quelques unes de ses caract ristiques g n ration pr caire g n ration NTIC ou Internet clic web 2 0 e G n ration www always on g n ration zapping ou enfant roi g n ration alter mondialisation La g n ration Y est tout d abord la premi re g n ration issue de la soci t pr caire nous sommes les enfants de la crise c
31. x a n s G n ration zapping aussi car n s sous l re du client roi du tout jetable du marketing g n ralis On nous reproche parfois de nous comporter en consommateur Peut tre Mais ce n est pas un comportement n cessairement critiquable pour nous puisque nous n avons connu que la soci t de consommation et l abondance Comment pourrions nous tre autrement Nous vivons nous nous r alisons nous devenons nous m mes notamment en consommant La g n ration Y c est aussi la g n ration NTIC par excellence C est dire entre autres la culture du multim dia Nous avons l habitude d tre multit ches Faire plusieurs choses la fois nous semble normal Ecouter des MP3 envoyer des SMS surfer sur Facebook ne nous emp che pas de travailler simultan ment Par ailleurs nous aimons multiplier les sources d information Nous n attendons pas n cessairement que cette derni re vienne nous nous allons la chercher C est la culture de l instantan e l information doit tre diffus e en temps r el la communication fonctionner en continu A l aff t des r volutions technologiques nous avons galement pris go t la culture de l interactivit avec le Web 2 0 Il nous faut alors tre connect en permanence pour ne pas nous sentir enferm Enfin les NTIC riment avec culture de la libert Vive le logiciel libre dirait certainement Charles de Gaulle aujourd hui Installer des logiciels d
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