Doc en courtsok
Contents
1. Jean Gabriel P riot Sandrine Stoi anov Henri Fran ois Imbert MODE D EMPLOI Le d roul de ce livret suit la chronologie du travail men par les enseignants avec les l ves Les premi res rubriques plut t informatives permettent de pr parer la projection Le livret propose ensuite une tude pr cise du film au moyen d entr es vari es le r cit la s quence le plan ainsi que des pistes p dagogiques concr tes permettant de pr parer le travail en classe Des rubriques compl mentaires s appuyant notamment sur des extraits du film sont propos es sur le site internet www lux valence com image consultatio Le pictogramme indique qu une de ces rubriques est RWE en lien direct avec le livret 2 Valence Directeur de la publication V ronique Cayla Propri t Centre National du Cin ma et de l image anim e 12 rue de L beck 75784 Paris Cedex 16 T l O1 44 34 34 40 R dacteur en chef Simon Gilardi Centre Images R dacteur du dossier Eug nie Zvonkine Conception graphique Thierry C lestine Conception juin 2010 Centre Images p le r gional d ducation artistique et de formation au cin ma et l audiovisuel de la R gion Centre 24 rue Renan 37110 Ch teau Renault T l 02 47 56 08 08 www centreimages fr Achev d imprimer septembre 2010 SOMMAIRE Avant propos 200 000 fant mes Pr sentation2. et les pois sons mourants En op rant ces rapprochements entre images et sons le spec tateur utilise ainsi la possibilit laiss e par P riot de poser un regard person nel sur les photographies FRAGMENT Le mouvement immobile De 07 33 08 54 Au d but du film les photographies apparaissent avec une fr quence d peu pr s une nouvelle image par seconde ce qui permet au spectateur de parfai tement identifier le processus qui est celui de la superposition des photogra phies Mais vers la fin du film le renouvellement des images s acc l re jusqu 8 images par seconde et se rapproche peu peu d un rythme de d filement qui serait celui de l image cin matographique Le cin aste interroge l l essence de l art cin matographique qui cr e l illusion du mouvement en faisant se suc c der 24 images immobiles par seconde Le film nous y a longuement pr pa r s ce moment travers des successions d images 4 au plus chaque fois qui cr aient de courtes illusions de mouvement Afin de cr er une impression de mouvement travers une succession d images fixes deux conditions sont n cessaires Il faut tout d abord que la succession soit suffisamment rapide m me si dans le film elle n atteint jamais les 24 images par seconde De plus les images ainsi rapproch es doivent se ressembler assez pour que le cerveau du spectateur reconstitue une continuit entre elles Dans un premier t
3. celui ci ne marcherait pas c tait une plage musicale du groupe Mono Cette musique me plai sait parce qu elle tait japonaise et qu elle voluait de mani re oppo s e au film Le film commence par la bombe puis s apaise peu peu La musique au contraire montait crescendo jusqu la dixi me mi nute Cette opposition me semblait int ressante Mais au moment du montage jai compris que cette r p tition lancinante de la boucle musicale et la m lancolie de la chanson de Current 93 tait ce qu il fallait pour le film Superposition J ai commenc travailler avec les images fixes un peu par hasard J ai toujours aim l image d archive film ou photo mais je n tais pas du tout un sp cialiste de l image fixe Pour une installation j ai scann toutes mes photos personnelles Puis je les ai mises ensemble dans un montage sans ordre pr cis Et j y ai d couvert des acci dents cr s par des suites de photographies qui soudain racon taient quelque chose Je me suis dit que si je travaillais plus ce pro c d a pourrait tre int ressant Le choix de la superposition pour 200 000 fant mes est initialement un choix d une contrainte technique Je navais qu un choix res ae TSE A li 2 EAN treint de photographies et dans la plupart le d me n tait pas au centre de la photographie Pour que le d me reste central je devais les d caler ce qui laissait des lis
4. chaque nouvelle photographie a t prise une date ult rieure la pr c dente mais sans effacer enti rement le pass En m me temps que le pied d Hirohito nous voyons aussi la ronde des enfants des baigneurs un groupe de gens rassembl s pour jouer un jeu de raquettes Tout au centre de l image la nouvelle photographie nous montre une nonne menant des enfants par la main La volont d in tervenir d aider surgit gr ce la m moire vivante du massacre la co pr sence des poques et ce qui t moigne de cette co pr sence le d me Ce geste est alors si fort que la femme et les enfants sem blent marcher sur l eau au milieu des t tes de baigneurs PISTES DE TRAVAIL Une narration remplie de hiatus L une des cons quences principales du choix formel de Jean Gabriel P riot celui de ne faire son film qu avec des images fixes des pho tographies est de constituer une narration extr mement elliptique Dans un premier temps la classe pourra travailler laborer un synopsis du film Comment cr er du lien s mantique entre les images Comment rendre compte de l ensemble des images vues et des images globales constitu es par superposition sans faire de description trop d taill e Comment rendre compte de l immobilit des images consti tutives du film Faut il par exemple utiliser des verbes ou opter pour des phrases nominales jusqu au mouvement final Dans un deuxi me temps les
5. des constructions de m morial plut t que d voquer le devoir de m moire Un rituel sonore et visuel s installe en effet dans la premi re partie du film qui consiste en une lancinante m lodie et une lente et syst matique apparition de nouvelles photographies explosion nucl aire efface et interrompt son et image l un dispara t brutalement l autre est litt ralement br l e Lorsque l image r appara t le rituel a t rompu il ne reprend que lorsque la cinqui me photographie le spectateur d couvre avec stupeur que le b timent a surv cu partir de cette d couverte le rituel peut reprendre superposition de photographies et m lodie Le texte de la chanson Larkspur and Lazarus du groupe de musique exp ri mentale Current 93 ne commence qu apr s l explosion Il s agit d un choix int ressant car il est non illustratif P riot se refuse faire co ncider les mots accentu s par la voix avec une image plus m morable d adapter le rythme de surgissement des photographies celui de la diction comme il est fait d habi tude dans les montages de photographies sur une musique Cette d synchro nisation donne l impression d une avanc e inexorable du temps et le change ment de photographies contrarie notre tendance interpr ter les v nements travers les mots de la chanson Cependant certaines paroles dialoguent avec les images elles voquent les rues vides les for ts maussades
6. marque par un parti pris inhabituel celui de la cam ra subjective C est un choix singulier dans un film d animation puisqu il s agit d une cam ra virtuelle cr e par ricochet dans l imaginaire du specta teur partir des images du dessinateur Le plan commence sur une porte dont nous nous rapprochons puis une main d enfant entre par le bas du cadre et louvre Cette main nous indique qu il s agit bien d une cam ra subjective et qu il y a co ncidence temporaire entre le mouvement de la cam ra imaginaire et de l h ro ne du plan Sandrinka Un d calage progressif Commence alors un long plan en mouvement interrompu par trois inserts tr s courts moins de 2 secondes chacun pour un plan de 36 secondes l essentiel de l image est r alis l aide d une animation l encre de Chine aux couleurs blanche noire et marron S y trouvent ins r s des l ments h t roclites non dessin s par la r alisatrice Ainsi lorsque la cam ra Sandrinka s approche du lit elle voit aux murs deux photographies noires et blanches qui se d marquent peine dans l image monochrome et un portrait en couleur d un Indien C est ce portrait d Indien photographi qui se retrouve quelques instants plus tard isol et mis en valeur par un insert fixe Dans le plan en mouvement la seule d formation de ce portrait vient de langle de vision de Sandrinka De plus la cam ra ne s attarde pas sp cialement sur l
7. ne Les deux m moires peuvent se rejoindre dans un terrain imagin par la cin aste compos de bribes de souvenirs subjectifs de chacune et d une construction imaginaire faite d images invent es les personnages d Irinka et de Sandrinka dessin s par Sandrine et d archives remani es photographies films historiques Les mots qui terminent le film ceux d Ir ne qui parle de l album de famille br l et de son refus de retourner en Russie signalent que le film que nous venons de voir est bien la seule mani re de sauver de l oubli ces moments du pass Sandrine Sto anov redonne vie l album de famille disparu Henri Fran ois Imbert consid re galement que ses films travaillent sauver de l oubli les objets auxquels ils s int ressent Quand je dis recueillir a veut presque aussi dire sauvetage Comme on recueille quelqu un qui va tr s mal par exemple quelqu un qui serait au bout du rouleau L il y a aussi a il y a aussi cette dimension de quelque chose qui va tre perdu c est dire un petit film ou un souvenir Donc il y a v ritablement cette id e de s attacher quelque chose avant qu il ne soit trop tard Avant disparition Avant effacement Tous ces films retrouvent alors ce qu Andr Bazin consid rait comme la vis e psychologique de tout art le d sir de sauver l tre par l apparence Contrairement la photographie le film ne se contente plus de nous conserver l o
8. servent ils le discours cin matographique de Jean Gabriel P riot Undo Local films Undo et Under Twilight Les films de Jean Gabriel P riot tournent souvent autour des ques tions de la m moire et de la responsabilit de chacun dans le cours de l histoire Dans la s rie 10 minutes pour changer le monde il a r a lis le court m trage Undo o travers une s rie d images pr exis tantes il remonte le cours de l histoire d faisant les catastrophes une une Le discours se construit une fois de plus travers la manipulation du mat riau le cin aste met les bobines en marche arri re tout sim plement Parmi les v nements dramatiques ainsi effac s il y a l explo sion nucl aire peut tre celle d Hiroshima Le film remonte ainsi jus qu Adam et Eve images tir es d un film car il semblerait que le seul moyen d endiguer le cours des catastrophes serait d annuler l existence m me du monde Le trou noir avale le monde dans un geste ultime d effacement Undo aborde ainsi les m mes questions que 200 000 fant mes en les prenant l envers comment emp cher l inexorable passage du temps Comment emp cher les catastrophes meurtri res Un autre film qu il est int ressant d aborder pour tudier 200 000 fant mes est Under Twilight qui raconte un bombardement non du point de vue des victimes mais de l agresseur des machines mili taires avions viseurs et obus Ces trois films peuv
9. t vue par les yeux de l enfant Malgr les circonstances dramatiques Irinka vient de perdre sa m re le jeu reste un l ment essentiel m me s il n est pas toujours joyeux et rassurant Irinka devait tre as sise sur les genoux du grand p re Baranov mais la r alisa trice l a d plac e afin de mettre en vidence les bouleverse ments de sa vie Irinka joue avec sa peluche qu elle trempe dans une bassine et nettoie avec une brosse Quand Irinka se r veille dans la maison des Sto anov pr sent e comme une maison de poup e le rapport de forces a chang elle est son tour devenue un jouet Elle est entour e de pou p es g antes les jouets hypertrophi s taient d j angois sants dans le ch teau Des mains entrent par le haut du cadre pour la saisir et lui faire subir le rituel de son propre jeu elle est plong e brutalement dans un bain puis r cu r e avec une brosse Son habillement rappelle celui des poup es habiller en carton La violence de ce traite ment est soulign e par la brosse qui est une photo d objet en couleur face une Irinka dessin e en noir et blanc qui semble plus fragile Cette brutalit se retrouve dans le geste des mains g antes qui manipulent Irinka lorsqu elles la frap pent sur les doigts pour l obliger manger proprement Cette s quence relate les changements de lunivers de la petite fille vus par ses yeux La bande son raconte l itin raire motionnel d
10. Je mai m me pas os sortir dans la rue Petit petit j ai film mes copains ma famille et jai commenc faire du cin jour nal sans m me savoir que a existait Je faisais du Super 8 sans son Petit petit au fil des ann es je me suis mis ajouter du son des narrations Je continue faire des documentaires qui sont tou jours du cin journal je raconte ce qui se passe ce que je vois avec une d marche tr s proche d un cin aste amateur Je collecte des petits fragments des petits bouts et ensuite au montage j essaie d crire une histoire La narration me permet de combler les vides Le mat riel Je ne me dis pas Je vais essayer d avoir une d marche modeste en uti lisant du mat riel amateur J utilise du mat riel amateur parce que c est celui que j ai La question n est pas Pourquoi ne pas utiliser une cam ra 35 mm La question c est Pourquoi ne pas utiliser une cam ra Super 8 Pourquoi ne pas utiliser du mat riel qui existe qui n est pas tr s cher qui est beau qui vaut le coup d tre utilis L invention d une histoire Je travaille partir de ce qui arrive de ce qui m arrive C est le hasard mais c est aussi un genre d criture Je choisis dans le hasard des choses qui au moment o elles arrivent ou longtemps apr s qu elles soient arriv es continuent avoir une r sonance C est cette r sonance qui peut tre une piste pour commencer un pro
11. ai enregistr un entretien avec elle sur un vieux magn tocassettes Cette rencontre m a boulevers e et en rentrant j ai d vomir des dessins sur son histoire Cet entretien a t la pierre d achoppement et le fil rouge du film Avec Jean Charles Finck nous avons construit le sc nario sur ce fil t nu de r el sonore qui trancha it avec l onirisme des images Mais au dernier stade du travail nous avons d y renoncer cause de la qua lit technique tr s insuffisante de la bande qui nuisait la compr hension du film et je me suis r solue faire interpr ter le r le d Ir ne par une com dienne et interpr ter mon propre r le Finalement la rencontre avec la com dienne Lucienne Hamon a t formidable Elle s est totalement identifi e Ir ne et a r ussi faire en sorte qu on puisse vraiment croire que c est Ir ne qui parle Elle m me a des origines russes et a v cu un pass en certains points similaire celui d Ir ne cette proximit me semblait n cessaire Le film part d une r alit pour la r inventer J avais de la Russie une connaissance approximative et c tait cette Russie imaginaire que je voulais repr senter Mes influences ont t surtout visuelles allant de l illustrateur de livres pour enfants Bilibine et des peintures tra ditionnelles orthodoxes sur bois Alexandre Rodtchenko et El Lissitski leurs peintures photomontages et affiches de propagande En lit
12. cette cam ra inexistante produit un effet sur la place m me du spectateur face au film Alors qu au d but de la projection il se percevait assis face un cran o on lui montrait des photo graphies le mouvement illusoire projette son regard dans le lieu La plong e dans le r el est galement pr par e dans la bande son la chan son qui occupait tout l espace sonore s ajoute 07 33 un bruit de fond qui ne cesse de grandir alors que le son de la chanson baisse progressivement Les bruits de vent et de circulation occupent l ensemble de la bande son 08 32 la m lodie ayant d finitivement disparu La descente vers le d me et lap proche progressive sont accompagn es par les sons de l eau une nouvelle m lodie jou e sur un instrument vent une clameur de voix humaines et un son de cloches Aussi sa vision et son audition projettent ils le spectateur dans l espace repr sent lorsque la cam ra atterrit longe nouveau le d me et s en rapproche pour r v ler la c r monie Odon rite qui permet d accompagner les mes mortes sans s pulture vers l au del Le soir descend pour la premi re fois depuis le d but du film comme la fin d une reintante et interminable jour n e de plusieurs dizaines d ann es Alors que la vie tait absente des images depuis plus de trois minutes apr s les photographies de protestations contre le nucl aire le son l encha nement des photographies et la p
13. et de Jean Gabriel P riot laissent deviner le destin de tout un pays dans la tourmente l Irlande du Nord et le Japon Nijuman No Borei 200 000 fant mes France 2007 R alisation montage Jean Gabriel P riot Musique Current 93 Montage son Xavier Thibault Mixage Laure Arto Recherches images traduction Yasue Ikazaki Retouches images Cl ment Jautrou Production Envie de temp te productions Producteurs Guillaume Desmartin Fr d ric Dubreuil Yves le Yaouanq Distribution 2010 Heure Exquise Dur e 10 min Formats 35 mm couleur et n amp b 1 1 85 Photographies d Hiroshima prises entre 1914 et 2006 FILMOGRAPHIE Jean Gabriel P riot 2000 Parades amoureuses 1 min Gay 2 min Journal intime 2 min 2002 Et pourquoi pas 54 min Avant j tais triste 2 min 21 04 02 9 min 2004 Rain 2 min Lovers 19 min Devil inside 3 min We Are Winning Don t Forget 7 min 2005 Harness amp Will 3 min M dicalement 3 min Undo 10 min Dies irae 10 min 2006 F t elle t criminelle 10 min Under Twilight 5 min 2007 200 000 fant mes 10 min 2008 PRTRT 1 min Entre chiens et loups 30 min 2009 L art d licat de la matraque 4 min PR SENTATION 200 000 fant mes SYNOPSIS 1914 Hiroshima des ouvriers travaillent sur un chantier Le Palais d exposi tion des industries et des arts s rige peu peu Le b timent s inscrit dans un paysage urbain qui volu
14. films en formats vid o et pellicule cr e des installations Plusieurs de ses films traitent de la violence sociale comme We Are Winning Dont Forget qui explore travers des photographies l image du monde du travail Son unique court m trage de fiction tradition nel Entre chiens et loups s int resse un jeune homme la recherche d un emploi l installation qu il a r alis e avec Laurence Bosman L Administration des f es d nonce de mani re humoristique et d cal e les caract ristiques propres chaque administration Les th mes de pr dilection de Jean Gabriel P riot sont la question de la m moire face l histoire de notre civilisation la question du point de vue et celle des cons quences et des responsabilit s Dans F t elle t criminelle P riot questionne la France de la Lib ration et l image que nous voulons bien en garder Dans Undo il s essaie rembobiner l histoire de la civilisation jusqu Adam et Eve alors que dans 21 04 02 il explore les flux d images et de violences historiques qui ont amen faire pas ser Jean Marie Le Pen au second tour des lections pr sidentielles Ce film comme Dies irae et 200 000 fant mes est r alis partir de photographies Son uvre oscille entre le politique l historique et l intime D signer les ruines installation de 2004 met en sc ne l intime dans l espace public P riot se met lui m me en sc ne dans Gay Journal intime et Avant j
15. la couleur du foulard Mais elles repr sentent galement la structure du film chaque nouveau chapitre alors que nous avan ons dans le d voilement des personnages et de leurs sou venirs la taille des poup es diminue Le jeu malgr tout Au d but de chaque chapitre le carton s ouvre en volets lat raux tels des rideaux Les nombreux plans en pied des personnages se tenant frontalement devant la cam ra les personnages se distinguant clairement du d cor par ticipent aussi d un dispositif th tral Cette r f rence ajoute un aspect ludique un film au propos souvent sombre La composante du jeu est ici essentielle Ainsi de Sandrinka d ambulant dans le ch teau imaginaire le jeu intervient de mani re magique en redonnant vie la photo du grand p re Ce jeu mal gr tout permet d clairer les moments les plus violents du r cit l influence du conte se m lange avec les r f rences l Histoire c est sur un cheval de Palekh dessin traditionnel russe sur bois que le grand p re Eug ne saute du Palais d hiver Mais ce cheval est galement rouge comme dans La Baignade du cheval rouge de Petrov Vodkine tableau symbolisant l arriv e imminente de la r volution ANALYSE DE SEQUENCE Les maisons et les poup es De 11 28 13 14 La s quence se divise en deux parties la vie chez les Baranov puis chez les Sto anov Leur diff rence de longueur est significative si le bonheur chez les Bara
16. pour la premi re fois quelqu un d autre que le cin aste lui m me C est Charmaine qui tient la cam ra Cette mani re de mettre deux cam ras face face anni hile en partie le hors champ on voit non seulement chacun des regards mais aussi les regardeurs Ce dispositif est mis en vidence lorsque Charmaine filme Henri Fran ois Imbert l il sa cam ra alors qu en voix off le cin aste nous parle d Alec dont aucun contrechamp n offre l image Le disparu ne subsiste que dans son regard celui du petit film Un peu plus tard dans la s quence un plan trembl montre les trois femmes grand m re m re et fille puis la cam ra op re un panoramique vers la gauche et r v le sou dain Imbert alors que nous pensions que c tait lui qui fil mait Qui filme alors Cette interrogation qui tait rest e en suspens presque tout le film pour les images amateurs origi nelles trouve ici une r ponse imm diate le plan suivant film par Imbert nous montre Jack une cam ra la main Quatre regards un montage Chacun des regards dans la s quence peut se diff rencier Jack et Charmaine filment en Super 8 ce qui donne l image qu ils produisent un grain particulier mais ils ne fil ment pas de la m me mani re Jack filme les trois femmes et Imbert en les r unissant par un mouvement de cam ra lat ral Charmaine quant elle suit les d placements de son p re Les images d Alec galement film es e
17. raire inverse de celui de Sandrine dans son r cit Elle parle de son grand p re qui apparais sait de sa chambre jouait une valse ou quelque chose d autre et puis redisparaissait Or dans le plan le grand p re est absent et c est Sandrinka qui p n tre dans sa chambre Cette d marche du chemin inverse n est autre que celle de la m moire active qui remonte le fil des souvenirs Ce serait donc Sandrine qui pour se souvenir de son grand p re p n trerait dans sa chambre sous la forme de Sandrinka gr ce ses souvenirs de lui en tant que petite fille Se souvenir pour cr er cr er pour se souvenir Cette d marche rappelle le rapport entre le plan en mouvement et les inserts Dans le film nous voyons d abord l objet int gr Puni vers de l animateur partiellement ou totalement redessin puis le point de d part photographie de l objet lui m me alors que dans le processus cr atif l objet qui sert de point de d part vient avant sa transformation artistique Il est donc essentiel que le plan se termine par le geste de Sandrinka vers ses crayons C est par ce geste cr ateur que passera l artiste pour aller de son pass l uvre d art Tout le film n est que le r sultat de cette d marche Le plan boucle sur lui m me puisqu il se termine par le geste qui est l origine du film lui m me dessiner Il devient ainsi le plan originel du film Les trois objets repr sen
18. t cette photo Jy avais trouv cette puissance vocatrice ce lieu symbolique fort pour le travail que je voulais faire sur la m moire Avant de partir la recherche d images au Japon j avais crit que le film devrait tre un travelling dans le temps autour du d me Certaines photographies n taient pas dat es je me rep rais donc la chronologie de construction de certains b timents avoisinants J avais labor un historique de ces constructions et j ai donc organis le film par blocs dans un ordre chronologique chacun faisant entre 2 et 10 ans Musique J tais parti du principe que pour l poque contemporaine si je manquais de photographies d archives je pourrais compl ter avec les miennes et j en ai fait beaucoup quand j tais Hiroshima C tait un travail m canique je suivais des itin raires pr cis menant vers le d me diff rentes heures du jour en m arr tant tous les 3 m tres pour prendre un clich Cest durant ce travail que j ai pour la pre mi re fois entendu la chanson de Current 93 dont j avais le disque depuis quelques ann es Peut tre que le contexte anglophone dans lequel j voluais m a t il aid faire plus attention aux paroles Tout d un coup il y a quelque chose qui a r sonn pour moi entre cette boucle musicale ces paroles et ce lieu les images que je voyais J ai commenc le montage en ayant d j choisi cette musique J avais un autre choix sous le coude au cas o
19. tais triste explorant sa vie priv e mais galement son corps avec ses failles et ses fragilit s 21 04 02 croise l itin raire du r alisateur qui f tait ses 28 ans le 21 avril 2002 avec lhis toire contemporaine PROPOS DU R ALISATEUR Un m morial J aimais norm ment le cin ma quand j tais enfant J y allais toutes les semaines Comme j habitais dans une petite ville le choix n tait pas extraordinaire c tait surtout des films am ricains et je mai pas de souvenirs d un film en particulier chaque nouveau film rempla ait le pr c dent C est seulement plus tard quand je suis mont Paris que j ai commenc d couvrir un autre type de cin ma Jai fait une for mation pour devenir monteur puis je me suis form en tant qu assis tant r alisation sur le tas Mon emploi Beaubourg m a beaucoup appris j y tais charg de monter de petites vid os pr sentant les expositions M me si c tait formellement tr s traditionnel jai com menc cette occasion manier les images d archives et puis j tais plong dans cet univers d art contemporain La premi re photo J avais lu le t moignage d un survivant d Hiroshima Il m arrive sou vent de lire des choses assez dures mais ce t moignage m a particu li rement mu partir de l j ai commenc chercher des infor mations sur cet v nement et je suis tomb sur une photographie du d me Le d clic pour le film a a
20. te c te d clinent le regard de la fille pos sur le p re que ce soit par le biais d une cam ra ou non Le regard d Henri Fran ois Imbert appara t galement dans ces choix de montage c est lui qui rapproche et fait dialo guer ainsi les regards des quatre filmeurs 14 17 18 ANALYSE DE FRAGMENT Film de famille dispositif de l intime Un film de famille est la plupart du temps r alis dans le but de garder la trace de moments heureux pass s entre proches ou entre amis et d tre vision n dans un cadre priv Souvent le sens des v nements film s ne peut tre compris partir des seules images et n cessite le commentaire d un proche Le petit film d Alec en est un bon exemple dans la mesure o les explications de la famille permettent de comprendre que le plateau que Mollie tient fi re ment dans le deuxi me segment est un troph e ou encore que c est le r alisa teur du petit film qui incite sa petite fille asperger Mollie d eau Le cin aste restitue donc au film sa fonction premi re en le rapportant ceux qui y figu rent et qui peuvent en go ter pleinement la saveur Mais en m me temps il transforme la fonction du petit film amateur en le mettant au centre de son projet cin matographique Le film acquiert alors une fonction nouvelle celle de preuve et d indice dans une enqu te M me lorsque c est une autre famille et des inconnus qu il s int resse Hen
21. un comesrtiment W cor phala aka mamiari regarde le mation de ses pi aarents matter dans l encadrement de La neiro Les od parents soin bes maires amim after elec Le decor dette ameneur du mamn man aner ETC On van F rmbe Rouge command e pur un Etain piani Brands sant bn Eheio enflammw e des g marenlz d traire des noauments El dor makomi mim after oiietih En num rant les l ments h t roclites dans ces plans analysons quelle image synth tique Irinka garde de l Union sovi tique dans l imaginaire de Sandrine Parmi ces l ments un Staline gigan tesque dans une position rappelant les affiches de propagande des ouvriers dessin s par le c l bre illustrateur Vladimir Lebedev sur la couverture d un recueil du po te pour enfants sovi tique Samuel Marchak Hier et aujourd hui 1925 Valse avec Bachir Les ditions Montparnasse 2 Le film d animation et la d marche documentaire Une des particularit s du film est le rapport qu il tient maintenir avec des points de d part r els qu il s agisse d objets les trois objets souvenirs du grand p re ou de la r alit d un entretien le point de d part du film est celui avec Ir ne enre gistr par Sandrine alors que l on attend le film d animation plut t sur le terrain de l imaginaire Il peut tre int ressant d tablir des parall les avec d autres films d animation travaillant le lien entre la d marche documentaire et le souvenir
22. 7_5 pdf Entretiens avec Jean Gabriel P riot Avec Marion Klotz http www objectif cine ma com spip php article4576 http www dailymotion com video x8kfbx_ren contre avec jean gabriel periot_shortfilms Avec St phane du Mesnildot http www prome nadesphotographiques com index php a projec tions Irinka amp Sandrinka http irinkaetsandrinka blogspot com Ce blog cr par la cin aste elle m me est consa cr au film On peut y consulter des documents et des photographies qui montrent les esquisses de la cin aste ainsi que les diverses tapes n cessaires pour composer les images complexes et h t ro clites du film Sur la plage de Belfast Site internet http www lecinemadehenrifrancoisimbert com Entretiens Henri Fran ois Imbert cin aste entretien avec Nachiketas Wignesan Laurent Devanne diffus lors de l mission de cin ma Les D sax s diffus e sur Radio Libertaire 23 10 2003 trans cription http www arkepix com Textes d Henri Fran ois Imbert De l un l autre Trafic n 50 Qu est ce que le cin ma d PO L t 2004 Doulaye une saison des pluies Carnets de tournage d Scope 2005 Samba F lix Ndiaye cin aste documentariste afri cain d LHarmattan 2007 Ouvrages g n raux Ontologie de l image photographique d Andr Bazin dans Qu est ce que le cin ma d du Cerf coll 7e Art 1976 Laurent Guido Olivier Lugon Fixe A
23. Fiche technique synopsis r alisateur Propos du r alisateur Un m morial Analyse Regarder pour se souvenir Analyse de fragment Le mouvement immobile Analyse de photogramme Pass pr sent Pistes de travail Irinka et Sandrinka Pr sentation Fiche technique r alisatrice d coupage Propos du r alisateur Quand les pays divorcent Analyse Jouer pour se r inventer une histoire Analyse de s quence Les maisons et les poup es Analyse de plans La promenade du souvenir Pistes de travail Sur la plage de Belfast Pr sentation Fiche technique synopsis r alisateur Propos du r alisateur Inventer une histoire Analyse Enqu te d ambulation rencontre Analyse de s quence Les hommes la cam ra Analyse de fragment Film de famille dispositif de l intime Pistes de travail Points communs S lection vid o et bibliographie 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 DTO Poser son regard sur la vie des autres Un film compos de photographies d Hiroshima au rythme lancinant un film d animation l imagerie chatoyante et d bordante et un documentaire narrant l enqu te que m ne un cin aste pour retrouver les personnes vues sur un petit film amateur Le m lange promet d tre tr s h t roclite Pourtant malgr leurs diff rences visuelles et sonores les d marches des trois cin astes rapprochent ces trois uvres Chacun des films de ce programme entretient une r
24. bjet enrob dans son instant comme dans lambre le corps intact des insectes d une re r volue Pour la premi re fois l image des choses est aussi celle de leur dur e et comme la momie du changement l C est bien le d roulement du film qui redonne dur e et vie aux photographies utilis es par Jean Gabriel P riot Sandrine Sto anov r anime litt ralement les photographies de ses anc tres Quant Henri Fran ois Imbert son film commen ce par redonner au film sa dur e r elle intacte avant de partir la recherche de ses personnages au pr sent comme pour lui don ner vie SOUS nos yeux 2 Faire son film avec les images des autres Les trois films posent chacun sa mani re la question de l appro priation d images faites par d autres afin de construire une uvre personnelle Dans 200 000 fant mes la pr sence du cin aste transpara t dans sa mani re de s lectionner ses images de les faire appara tre selon un rythme et un ordre pr cis Le choix de la superposition quant lui donne lieu des images mixtes cr es partir de plusieurs photo graphies dont P riot n est pas l auteur Mais l image globale ainsi produite est bien celle du cin aste Sandrine Sto anov ne voulait pas voir la v ritable Russie avant d avoir fini Irinka amp Sandrinka afin de construire une Russie fantasm e Mais la fabrication concr te de cette Russie renvoie par son clectisme toutes les s
25. caf semble dubitatif face la d marche du cin aste Dorothy d abord poliment indiff rente sugg re une piste de recherche qu elle propose au cin aste d explorer seul son Nous pourrions le trouver ainsi elle r pond Vous devrez le faire seul Mais comme le cin aste filme l change nous la verrons en temps r el se taire h si ter puis se d cider participer au film Rencontrer les autres signifie galement pour le cin aste voquer la r alit du pays travers le prisme individuel Arriv Belfast le pre mier jour de paix en Irlande du Nord il parle de la photographie du premier enfant n en temps de paix mais se refuse la montrer dans le film car nous ne savons rien de cet enfant et qui resterait une abs traction tout comme John Major venu saluer la paix je crois entraper u au hasard d une d ambulation Le cin aste signale sa posi tion d cal e par rapport la situation historique Ce qui semblait surprenant ici ce n tait pas que je cherche retrouver cette famille mais que je sois l pour autre chose que pour faire un reportage sur la guerre ou sur la paix Mais lorsque le cin aste pr sente en voix off le ser veur Steven qui n apportera rien l enqu te et que l on ne reverra pas il s attarde raconter l histoire de sa famille qui a migr avant de rentrer prise du mal de pays Plus tard on apprendra que la famille Nicholl celle du peti
26. dant une heure et demie on est scotch guid par un rythme qui n est pas forc ment le n tre Dans mes films j essaie par mo ments de retrouver quelque chose de l ordre de la libert pour le spectateur C est dire que le rythme qui guide que la construction du film laisse quand m me des moments pour s chapper Souvent les images tourn es en Super 8 ou les photos sont une fa on de d coller du rythme du r cit principal tourn en vid o On est dans des mati res plus chaudes plus chaleureuses avec tout ce que l on peut appeler du bruit dans l image du grain qui nous am ne consid rer la plasticit du film prendre un recul et le regarder pour ce qu il est un film sur un cran et pas simplement tre l couter et ingurgiter un r cit Les diff rents supports cassent cette relation quasi servile que l on peut avoir avec le cin ma une relation de facilit Quand on change de support et que tout coup le support nous am ne un rapport diff rent la lumi re on le remarque il y a une transparence la fa on de filmer n est plus la m me On filme diff remment en Super 8 qu en vid o parce que lon a un chargeur de trois minutes parce que la cam ra est plus l g re parce qu il faut laisser le doigt appuy sur la g chette pour que cela tourne etc Il y a un autre geste qui produit une autre image Et cette autre image en apparaissant dans le film
27. de Belfast 38 min Bon anniversaire papa 6 min 1993 Andr Robillard coups de fusils 16 min Papa va faire une conf rence Lausanne 2 min Le ler Mai 2 min Maman fait du feu 2 min Papa tond la pelouse 3 min Extrait du DVD Lyc ens au cin ma produit par la R gion Rh ne Alpes 2002 PR SENTATION Sur la plage de Belfast SYNOPSIS C est l histoire d un voyageur qui va Belfast pour rendre un film des gens Dans une cam ra Super 8 achet e chez un brocanteur de Bangor en Irlande du Nord et offerte par une amie le cin aste d couvre un film amateur oubli Il d cide de retrouver les personnes film es Apr s avoir dat la pellicule le cin aste part en Irlande Il arrive dans un Belfast pacifi les loyalistes et PIRA s tant mis d accord sur un cessez le feu le premier depuis 25 ans Il se dirige Bangor L il retrouve la trace du brocanteur qui vendait des cam ras Il repart Belfast sa recherche l ancien brocanteur lui indique ceux qui lui ont vendu la cam ra les Lennon Le cin aste repart Bangor pour les rencontrer la deuxi me tentative il parvient les rencontrer sur le film ils reconnais sent Mollie Le cin aste retrouve gr ce eux toutes les personnes apparaissant dans le film d abord Mollie et sa fille Lorraine puis le mari de Lorraine Jack Nicholl et leur fille Charmaine L amie qui avait offert la cam ra au cin aste vient le rejoindr
28. de Belfast accompagn d un livret Le DVD Doc en Courts Collection Cour t s de Cin ma Les trois courts m trages tudi s sont r unis dans le DVD Docs en Courts dit par le CRDP de l aca d mie de Lyon dans la collection Cour t s de cin ma Le DVD propose cinq courts m trages t moignant de la richesse actuelle du documen taire dans la cr ation cin matographique 200 000 fant mes de Jean Gabriel Periot Irinka et Sandrinka de Sandrine Stoianov Sur la plage de Belfast de Henri Fran ois Imbert Lusine s engage de Jacques Mitsch Mon beau sourire d Ang le Diabang Brener Plus de deux heures de ressources sont propos es autour de ces cinq films avec des parcours p da gogiques vari s l implication du cin aste le montage l archive reportage documentaire La parole des cin astes des enseignants des cher cheurs et des l ves permettent aux enseignants de construire leur propre s quence p dagogique Sur les trois films du programme le DVD contient notamment un film montrant une classe discutant de 200 000 fant mes apr s la projection du film et voquant les diverses questions que soul ve l uvre de Jean Gabriel P riot aupr s des l ves une analyse audiovisuelle d Irinka amp Sandrinka qui permet de s approcher au plus pr s des logiques du film et de la mani re dont la cin aste manie les images photographiques de sa famille un entretien avec Henr
29. e La guerre et le danger s immiscent avec le bruit d un avion Le 6 ao t 1945 c est l explosion de la bombe nucl aire l image s efface Au lieu de la ville il ny a plus que d solation Mais une silhouette se dresse encore celle du Palais Peu peu les lieux se raniment les soldats posent fi rement devant le centre de l impact les Japonais reconstruisent la ville La vie reprend ses droits autour du Palais Le 25 d cembre 1947 lem pereur vient saluer le peuple Les gens viennent au m morial faire leur travail de m moire Les enfants nouvelle g n ration jouent c t du Palais Une manifestation contre la bombe se d roule devant le b timent La ville vide s l ve et s largit autour du Palais Les saisons passent Nous tournons autour du Palais nous nous approchons nous nous loignons Le soir tombe et la rivi re se couvre de lanternes C est la c r monie Obon qui accompagne l es prit des morts vers l au del Les cloches sonnent les fant mes des disparus R ALISATEUR N en 1974 Jean Gabriel P riot devient assistant monteur puis monteur avant de travailler en tant qu assistant r alisation puis r alisateur Sa formation joue un r le important dans son travail de r alisateur puisque dans plusieurs de ses films il utilise comme mati re premi re des images pr existantes images d archives ou photographies qu il transforme manipule monte de mani re leur donner sens Il r alise des
30. e Eug ne chevauche habill en Saint Georges un squelette court dans une rue entre les pendus 03 08 des images d archives retouch es de l poque voquent la R volution 03 33 Eug ne s enfuit cheval et traverse plusieurs preuves avant d tre arr t par les Roumains Ir ne raconte sa lib ration Sandrine 04 14 les parents d Ir ne se marient malgr la d sapprobation de leurs parents 04 38 Sandrine se souvient de son grand p re et revoit dans son imagination la chambre de ce dernier 05 14 Sandrinka Sandrine raconte ce qu elle s imaginait de son pass tant enfant Sandrinka dessine un piano et en fait sortir des paysans moldaves qui dansent avec elle l ombre de son grand p re joue du piano 06 48 Le conte de f es 06 54 Sandrinka entre dans les pages d un livre de conte et arrive dans un ch teau Dans la galerie de photos son grand p re reprend vie et valse avec elle 08 38 Elle se retrouve seule dans une grande pi ce Ir ne parle du conflit entre les Sto anov et les Baranov Des petits soldats rouges et blancs se font la guerre Sandrinka est sauv e par son grand p re habill en Saint Georges 10 15 l enterrement Ir ne parle du d c s de sa m re Irinka suit le cer cueil travers l glise puis au cimeti re 11 29 Irinka vient vivre chez ses grands parents Baranov mais le grand p re d c de Elle se retrouve chez les Sto a
31. e je ne retrouverais certainement pas Il avoue galement esp rer une sorte de miracle lorsqu il admet qu il cherche dans les visages des passants recon na tre ceux du petit film ce moment la juxtaposition des images au lieu de resserrer les liens de l enqu te les distend au contraire accentuant le hiatus entre les images un peu floues du bord de mer et celles qui glissent sur les visages de passants anonymes Pas de c t D ailleurs galement l oppos d une simple d marche d enqu te tendue vers son but le cin aste introduit dans le film les temps de latence du voyage qui deviennent autant de moments suspendus sept reprises il montre les images d un voyage en train ou en voiture film es par une fen tre g n ralement accompagn es par la musique Il montre galement ses d ambulations dans Belfast son errance dominicale le lendemain de son arriv e et son attente impatiente avant de rencontrer le brocanteur Cette absence d une tension constante vers la r solution de l nigme montre qu il s agit bien d une d marche po tique qui devient une mani re d aller ailleurs et la rencontre des autres Ces autres dont le cin aste prononce toujours avec insistance les pr noms comme pour rappeler qu il s agit bien de vraies rencontres et non de contacts utilitaires pour faire avancer sa recherche ne vont pas forc ment aider faire aboutir l enqu te Steven le serveur crois dans un
32. e pour f ter cette r ussite De retour chez les Nicholl il apprend que c est Alec le mari d funt de Mollie qui a r alis le petit film ama teur Le cin aste et la famille retrouv e retournent ensemble sur la plage et se filment HENRI FRANCOIS IMBERT N en 1967 Narbonne Henri Fran ois Imbert se voit pr ter une cam ra Super 8 l ge de 20 ans Il dira plus tard qu il n tait l poque pas un cin phile m me sil allait parfois au cin ma et qu il a tout r invent son niveau Il commence filmer sa famille et ses premiers courts m trages ren voient par leur titre au cin ma amateur Papa tond la pelouse Maman fait du feu Bon anniversaire papa Plus tard il rapprochera sa d marche de celle d un Jonas Mekas et de son Cin journal Puis il r alise quatre films voyages Sur la plage de Belfast Doulaye une saison des pluies No pasar n album souvenir et Le Temps des amoureuses o la rencontre n cessite toujours le d placement Chacun des films travaille la question de la m moire celle de la famille Nicholl dans Sur la plage de Belfast et par son prisme celle v hicul e par tout film de famille celle du cin aste lui m me qui part d un souvenir pour entre prendre un voyage enqu te la m moire individuelle dans Doulaye la m moire collective dans No pasar n Son dernier film en date Le Temps des amoureuses explore les souvenirs d un acteur du film de Jean Eustache M
33. elation sp cifique avec le documentaire et le document Alors que Jean Gabriel P riot s int resse au des tin d une ville Sandrine Sto anov et Henri Fran ois Imbert se lancent la conqu te d une trajectoire individuelle pour l une et dune famille d trangers pour l autre Les trois films s appuient sur des histoires puis es dans le monde r el et sur des documents dont ils ne sont pas les auteurs P riot utilise des photographies prises par d autres Sto anov compose sa Russie imaginaire avec des morceaux de films d archives d affiches de propagande et de photos de famille Quant au film d Imbert son point de d part est un petit film r alis par un autre Mais les trois cin astes ont une approche singuli re de ces documents qu ils se r approprient Les films sont tous intimes dans Sur la plage de Belfast et Irinka amp Sandrinka les cin astes apparaissent l image et P riot dit volontiers que 200 000 fant mes est sa vision personnelle du drame d Hiroshima La pr sence des cin astes est galement signal e dans la bande son avec la propre voix d Imbert et de Sto anov ou la voix singuli re du chanteur choisie par P riot Ces approches tr s personnelles donnent de l ampleur aux sujets abord s Ainsi travers l histoire de sa tante et la sienne Sandrine Sto anov nous parle de l enfance prise dans l histoire des grands l chelle de familles ou de peuples Les films d Henri Fran ois Imbert
34. emps une succession de photographies prises depuis des axes diff rents mais avec la m me distance par rapport au d me donne l im pression que c est le b timent qui tourne devant nous comme pour se mon trer sous toutes ses coutures Le d cor autour change trop pour nous donner l impression d un mouvement de cam ra car il nous est impossible d en recons tituer une continuit Mais dans la succession suivante des photographies avec des vues sur le d me partir de la rivi re le d calage entre les points de prise de vues est suffisam ment progressif pour donner l impression de voir quoiqu en saccad un mou vement Alors que jusque l le spectateur avait bien conscience de se trouver devant un cran immobile o d filaient des images fixes il croit maintenant apercevoir le mouvement d une cam ra qui n existe pas Celle ci longe le d me puis s l ve au dessus de lui Cependant le spectateur reste conscient du fait qu il s agit bien d un mou mi ll E p ig a eF A LE L 1Sa a T ba vement immobile La superposition de photographies plus petites sur les plus grandes rappelle la fixit de l image tout en guidant le regard vers le lieu central du film le d me Le noir autour des photographies en d but de film rappelait leur bidimen sionnalit que le spectateur oublie peu peu l image ayant assez grandi pour occuper tout l cran Aussi le mouvement de
35. ent ainsi former une trilogie autour de la guerre et de son impact sur l humanit travers trois prismes diff rents le point de vue de l agresseur le point du vue du survivant et le point de vue du t moin de lhistoire dont les sentiments de culpabilit et d empathie poussent repenser l Histoire Tous les films de Jean Gabriel P riot sont consultables sur http jgperiot free fr Irinka amp Sandrinka France 2007 Sc nario Sandrine Sto anov d apr s un entretien avec Ir ne Sto anov R alisation Sandrine Sto anov et Jean Charles Finck Animation et d cors Sandrine Sto anov Images qui tremblent Jean Charles Finck Son Fred Meert Musique Anahit Simonian Montage Jean Charles Finck Production Je suis bien content La Bo te Productions Les films du Nord Dur e 16 min Formats 35 mm couleurs 1 1 66 Voix Lucienne Hamon Sandrine Sto anov PR SENTATION Irinka et Sandrinka R ALISATRICE N e le 13 avril 1973 Sandrine Sto anov est originaire de Russie du c t pater nel mais pour cause de conflits familiaux ne garde pas de contacts avec la cul ture de ce pays Elle fait les Beaux Arts d pinal afin de devenir illustratrice de livres pour enfants Pour son dipl me de fin d tudes elle se penche sur lhis toire de son grand p re russe Eug ne Sto anov dont le point de d part sont trois objets un portrait d Indien peint par lui un diptyque de Saint Georges e
36. er s noirs autour la photographie n occupant pas toute l image J ai int gr cette n cessit comme une donn e de mon film et elle l a ouvert sur de nouvelles choses Pr sences Dans ma recherche j ai t frapp par les photographies des enfants de cette femme qui peu apr s le drame laboure son potager ou encore de ce colporteur qui montre un film aux enfants La s rie de photos de soldats est tr s violente Parmi les photographies qui m ont le plus mu il y a la derni re photographie prise probable ment la fin des ann es vingt trouv e parmi les archives familiales des habitants d Hiroshima Le temps d exposition est long ce qui a rendu floues les personnes qui ont boug et leur a donn un aspect fantomatique Ce qui me d range dans l id e de devoir de m moire c est que cela implique de forcer les gens se charger d une histoire m me s ils n en ont pas envie En tant que citoyen c est une d marche en laquelle je ne me reconnais pas et en tant que cin aste je poursuis un but totalement diff rent Nous ne sommes pas tous touch s par les m mes choses ni par les m mes mots les m mes images au m me moment Quand je parle de m morial je veux dire que je fais le film avec ce que j ai travers et avec mes douleurs Ce film je le fais pour moi et pour sauvegarder quelque chose le film s adresse aux morts et non aux vivants Je ne veux avec mon film obliger per sonne l
37. es petites amou reuses Conna tre le cin ma d Henri Fran ois Imbert implique de reconna tre le timbre sp cifique de sa voix qui accompagne toujours les images de ses films travers cette pr sence le cin aste qui travaille souvent partir des images des autres labore toujours une uvre minemment autobiographique Il y a quelque chose de l ordre de l objet trouv mais pas seulement J ai presque envie de dire objet recueilli dans le sens o dans trouv on comprend trouv par hasard recueilli c est d j un hasard plus objectif 2 Il r alise galement deux reprises une installation intitul e I m D o travers trois crans vid o il plonge le spectateur dans une contemplation d images quotidiennes de l Afrique Parall lement sa d marche de cin aste Henri Fran ois Imbert entreprend dans les ann es 2000 une recherche th orique sur le cin ma Aujourd hui titulaire d un doctorat sur le documentaire africain il enseigne l Universit Paris 8 1 Henri Fran ois Imbert entretien avec Laurent Devanne et Nachiketas Wignesan Kinok com 2003 http www arkepix com kinok Henri Francois 20IMBERT imbert_interview html 2 Propos recueillis par Andreas Fontana Une place dans les archives de notre m moire Master cin ma 2009 PROPOS DU R ALISATEUR Inventer une histoire J ai commenc filmer ce que je voyais de mes fen tres depuis ma chambre
38. et l ima ginaire individuels tels que Valse avec Bashir d Ari Folman 2007 N oublions pas que la bande des sin e quant elle explore le rapport entre l ima ginaire et la m moire de l Histoire depuis long temps dans Maus de Art Spiegelman par exemple 3 Avec le coin rouge bats les blancs El Lissitski 1919 1920 L importance des affiches de propagande sovi tiques est vidente dans le film En prenant un exemple d affiche particuli rement connue nous pourrons mettre en vidence leurs constantes for melles couleurs formes utilisation de la typo graphie Une fois ces l ments mis en vidence nous pourrons observer la mani re dont Sandrine Sto anov les utilise dans le film par exemple lorsqu elle met des images d archives en plein cran mais les d coupe en deux morceaux g om triques en les coloriant en rouge et vert 03 17 13 14 Sur la plage de Belfast France 1996 R alisation sc nario images et son Henri Fran ois Imbert Montage Marianne Rigaud Musique originale Silvain Vanot Production Libre cours Distribution 1996 Pretty Pictures Dur e 38 min Formats tournage en Super 8 vid o Hi8 kinescopage en 16 mm gonflage en 35 mm couleur 1 1 66 FILMOGRAPHIE S LECTIVE Henri Fran ois Imbert 2009 Le Temps des amoureuses 1 h 23 2003 No pasar n album souvenir 1 h 10 1999 Doulaye une saison des pluies 1 h 20 1996 Sur la plage
39. famille film e il contacte cette amie qui vient le rejoindre pour le f ter avec lui D marre alors une courte s quence compos e de quinze plans 29 37 30 12 Les plans sont tourn s en Super 8 et accompagn s au montage par la m me musique que celle qui accompagnait au d but le petit film amateur d Alec Le court extrait renvoie au film amateur dont le film de famille rel ve sou vent les films amateurs sont des tourn s mont s c est dire que le film fini n a pas subi de modifications apr s avoir t tourn Il demeure tel quel et l on y voit les rat s du tournage mouvements trop rapides recadrages trembl flou Cest le cas dans cet extrait constitu de plans excessivement courts comme si l op rateur avait coup sans le vouloir et qui comporte des d fauts comme les flairs reflets d un rayon de soleil qui traverse l image ou encore un plan flou sur les mains tenant les tasses suivi tout de suite apr s par le m me plan net La disparition durant ces trente secondes de la voix off rend les images nig matiques Nous ne savons plus dans quel lieu exact nous nous trouvons ni laquelle des deux femmes est celle qui a offert la cam ra au cin aste Les indices sur les lieux sont disparates un parking un endroit lev d o s ouvre une belle vue une barri re en bois une baignoire abandonn e Les plans de cette s quence tout comme le film d Alec r v lent une forte complicit entre le
40. filmeur et les film es la femme aux cheveux blancs fait mine de se cacher en riant la jeune femme sourit l objectif La bouteille de champagne sugg re qu il y a bien un moment festif en pr paration mais dont on ne verra rien Les femmes pointent hors champ et parlent ce qui sugg re qu il y a une discus sion anim e Ainsi durant ces quelques instants le cin aste met le spectateur dans une situation similaire celle o il s est trouv lui m me en d couvrant le film d Alec PISTES DE TRAVAIL SE 1 Les formes du film Le film d Alec qui fait d marrer le projet du film ne dure que 2 minutes 16 secondes et il n est montr qu une seule fois en entier au d but Pourtant la fin de la projection de Sur la plage de Belfast le spectateur garde limpression d avoir vu et revu le film d en avoir acquis une connaissance intime Il peut tre int ressant d observer les diff rentes formes dans les quelles le petit film appara t au cours des 38 minutes Imbert en imbrique 18 extraits avec ses propres images ces extraits constituent 4 minutes de film il montre aussi le film in situ sur un cran quatre fois Enfin le petit film appara t en tant qu objet pellicule cassette VHS ou s rie de photographies utilis es par Imbert six fois Comment chacune des formes augmente notre connaissance du petit film et la compr hension que nous en avons Par exemple lorsque le petit film est montr sur ph
41. h rence du film Deux fois deux Malgr l apparente disparit du mat riau une structure claire tient l ensemble du film Les deux personnages principaux ont chacun deux formes Ir ne la femme adulte qui se souvient de son pass Irinka l enfant ballott e par la vie Sandrine est repr sent e en adulte et sous sa forme enfantine Sandrinka Le film est ainsi construit sur la proximit entre les deux femmes rendue possible par le rapprochement entre les enfants qui sont en elles Le suffixe russe impo s au tr s fran ais pr nom Sandrine Sandrinka cr e une rime entre leurs pr noms Sandrine Sto anov utilise la m me technique pour dessiner les petites filles et l on ne peut les distinguer que gr ce leur coupe de cheveux courts pour Irinka longs pour Sandrinka Ce rapprochement atteint son point d orgue l arriv e du train en gare C est Sandrinka et non Irinka qui en des cend force d avoir cout et r invent le pass d Ir ne Sandrine s imagine sa place Cette empathie r ciproque nous est racont e par les retrouvailles d Irinka et Sandrinka dans un espace abstrait l animation change cet instant pour se rapprocher du trembl de celle de l entretien montrant qu il s agit ici d une rencontre entre les enfants qu il y a en chacune des deux femmes Cette quasi g mellit est reproduite par les poup es russes qui apparaissent chaque chapitre et qui ne se diff rencient que par
42. i Fran ois Imbert permet tant de mieux comprendre la structure de Sur la plage de Belfast et la d marche du cin aste Ce DVD est libre de droits pour un usage ducatif Sortie d cembre 2010 Prix 29 euros Vente www sceren com ou 04 72 00 76 07 Pour en savoir plus et d couvrir une partie des ressources de ce dvd www edition crdp lyon fr docencourts Une histoire de regards Les premi res images de 200 000 fant mes de Jean Gabriel P riot nous invitent nous attarder sur les visages de ceux qui se tiennent sur les chafaudages Elles nous pr parent au face face avec la famille de la photographie finale C est ce m me regard renouvel et attentif que nous invite Henri Fran ois Imbert dans Sur la plage de Belfast lorsqu il s attarde sur le petit film retrouv qu il se met le scruter afin d en d couvrir tous les secrets Dans Irinka amp Sandrinka lorsqu elle fabrique une Russie compos e de toutes pi ces et qu elle nous prom ne dans son imaginaire Sandrine Stojanov expose son regard sur le monde l enjeu de ces trois regards de cin astes inventifs et interrogateurs est la rencontre celle des regards de Jack Charmaine Alec et Henri Fran ois Imbert lors de la sc ne finale ceux du specta teur d aujourd hui et des Japonais d alors ceux de deux femmes qui se parlent et se comprennent le temps d une confidence R DACTEUR EN CHEF Simon Gilardi R DACTEUR DU DOSSIER Eug n
43. ie Zvonkine docteur en cin ma enseigne l histoire et l esth tique du cin ma Paris 8 Intervient dans le cadre de Lyc ens et apprentis au cin ma depuis 2001 formation des enseignants interventions en classes conception de documents p dagogiques crits et audiovisuels Auteur du livret sur L Homme la cam ra de Dziga Vertov GES Libert Egalit Fraternit R PUBLIQUE FRAN AISE
44. jet Ensuite je conduis ce projet pendant un temps assez long a part d un truc assez intime et a va finalement s ouvrir aux autres a devient un vecteur pour aller vers le monde pour aller vers les gens Je m int resse plein de choses la rencontre avec des gens l mergence du politique du social de l histoire avec un grand H mais je m int resse aussi au cin ma et dans le cin ma l invention d une histoire C est dire la narration comment construire une histoire partir de choses tr s t nues C est un peu mon d fi moi de partir de quelque chose qui n existe pratiquement pas le souve nir d un ami de mon p re Doulaye une saison des pluies six cartes postales No pasar n album souvenir un film Super 8 de deux minutes qui ne montre rien d extraordinaire Sur la plage de Belfast ou une rencontre dans un bar avec Hilaire qui a jou dans un film d Eustache Il y a des gens qui vont trouver que tout a n est pas assez extraordinaire Mais ce qui m int resse c est de partir juste ment d un objet singulier mais fragile t nu et de voir comment partir de cet objet j invente une histoire Et comment a se travaille une histoire comment a se construit une histoire comment le r el la nourrit2 Une question de rythme Dans une galerie ou dans un mus e on est libre de faire son che min de s approcher de ressentir les choses son rythme Au cin ma pen
45. jet du film est n j avais un fouillis d images en t te que j avais du mal ordonner pour en faire une narration intelli gible C est en cela que Jean Charles ma apport une aide pr cieuse Il m a sembl int ressant d incarner ce regard ext rieur sur moi je lui ai donc demand de r aliser la partie du film qui d peint mon entretien avec Ir ne Sa mani re de dessiner donne ces images un style tr s diff rent du reste du film et apporte si ce n est un regard objectif une autre subjectivit que la mienne dans le film Ce qui m a permis de me reconna tre dans le r cit d Ir ne c est le lien que je ne pouvais m emp cher de faire entre son enfance et la mienne mais aussi la comparaison entre le d chirement de son pays en deux factions ennemies et l antagonisme de ses deux familles mon chelle jai connu un d chirement durant toute mon enfance celui du divorce de mes parents et de l opposition farouche entre leurs familles Dans le film je tente ce rapprochement entre les bou leversements individuels et historiques La petite histoire des guerres familiales et la grande Histoire des pays qui divorcent Ces drames qu ils soient humains ou historiques ne laissent que peu de place l enfant qui s y trouve pris Faire ce film c tait tenter de trouver ma place c tait une fa on de se cr er un lieu d existence qu il soit r el ou imaginaire 10 ANALYSE Jouer pour se r inventer
46. l ves peuvent leur tour s essayer construire une narration partir de quelques photographies choisies sur un sujet diff rent Ce deuxi me exercice permet de v rifier lim portance du choix des l ments visuels et de leur mise en ordre pour l laboration d un discours coh rent Photographier le d me L analyse des objets qui apparaissent devant le d me permet d clai rer notre perception des diff rents passages du film Comment cha cun des objets influence notre impression quoi fait penser l cri teau Center of impact devant lequel posent diff rentes personnes Pourquoi l criteau est il anglais Que signale l criteau avec la pho tographie du d me en face du d me lui m me qui appara t la hui ti me minute du film l inverse quelle atmosph re cr ent les branches fleuries qui apparaissent sur plusieurs photographies vers la fin du film Tout au long du film Jean Gabriel P riot utilise des photographies pr existantes du d me Il peut tre int ressant d analyser quelques photographies en se demandant qui tait le photographe et quelle occasion il prenait la photographie S agit il de photographies offi cielles par exemple lors du salut de Hirohito ou alors de photogra phies touristiques faites par les Am ricains peu apr s l explosion ou plus tard dans la ville contemporaine Que veut raconter chacune des photographies et comment leur choix de cadrage et le moment capt
47. motion Propos recueillis le 17 ao t 2010 ANALYSE Regarder pour se souvenir Entour es de noir et dans le silence six photographies apparaissent l une apr s l autre Elles ont d j quelque chose en commun qui dit les enjeux du choix fait par Jean Gabriel P riot Les photographies montrent un b timent en construction mais dont nous ne voyons que des morceaux il s agit en r alit de d coupages faits par le r alisateur dans la photographie que nous d cou vrirons en septi me position celle du Palais de l industrie en construction en 1914 Plus troublant encore les hommes perch s sur le b timent ne travaillent pas ils posent Cette immobilit et leur regard dirig vers l objectif de lappa reil photographique et par del ce dernier vers nous spectateurs du film pose la question du regard Il y a ainsi imm diatement quatre instances de regard mises en place le regard des acteurs de l histoire le regard des t moins de l histoire qui ont pris les pho tos le regard du cin aste qui r utilise ces photos et enfin notre regard nous spectateurs Par ailleurs chaque t moin photographe poss de un point de vue sp cifique il y a dans le film des photographies officielles des images de reportage mais aussi des photos de touristes P riot insistait sur ces diff rentes perspectives dans un entretien avec Marion Klotz www objectif cinema com Chaque image a t produite un moment do
48. n Super 8 se reconnaissent imm diatement non seulement parce qu au cours du film nous les avons vues et revues mais galement parce que ces images sont plus lumineuses film es en t et toujours en plan large Enfin les images de Henri Fran ois Imbert film es en vid o cherchent inlassablement r unir dans le premier plan Lorraine est rejointe dans le champ par les trois autres membres de sa famille dans le deuxi me c est Charmaine qui rejoint Jack Dans l avant dernier plan du film ils sont r unis tous les quatre et le cin aste se rap proche d eux lentement comme pour mieux les encadrer et les garder ensemble dans l image La s quence ne cesse de rapprocher des images qui pour raient tre semblables qui se font cho apr s un panora mique aller retour entre Charmaine avec la cam ra et Mollie qui la regarde avec affection le cin aste monte un extrait du petit film o l on voit Mollie et Charmaine ensemble dix ans auparavant Au plan o Jack est rejoint par Charmaine succ de un plan d eux provenant du petit film Mais il ne s agit pas l de rapprocher pour simplement comparer les personnes et les transformations apport es par le temps Le cin aste cherche avant tout rapprocher divers regards et r v ler la singularit de chacun Ainsi apr s un plan de Jack film par sa fille Charmaine nous d couvrons un plan film par Alec o Charmaine se retourne vers son p re Les plans ainsi mis c
49. narratifs l interpellation du filmeur par les film s et les situations festives et familiales sont autant de rep res possibles Ces l ments composent un style que le spectateur est habitu identifier en tant que celui du film amateur On peut galement tudier le r le de ce dispositif dans le cin ma fic tionnel Souvent les personnages filment ou regardent des films qu ils auraient eux m mes r alis s en amateur et ces derniers jouent alors un r le d terminant dans le d roulement narratif l analyse de quelques exemples tels que Rebecca d Alfred Hitchcock 1940 Sandra de Luchino Visconti 1965 Drugstore Cowboy de Gus Van Sant 1989 La Captive de Chantal Akerman 2000 permet d ob server l importance que joue ce dispositif dans le cin ma de fiction 19 20 POINTS COMMUNS 1 Le cin ma contre l oubli Les trois films du programme questionnent la m moire 200 000 fant mes choisit d aborder cette question travers la trace visible celle que laissent les images partiellement recouvertes mais surtout celle que repr sente le d me qui se tient inchang au centre d un univers en mouvement On peut ainsi associer le d me au film dans son ensemble les deux tant des objets de r sistance l oubli Jean Gabriel P riot compare d ailleurs la fabrication de ses films la construction d un m morial Dans Irinka amp Sandrinka il y a deux m moires en jeu celles de Sandrine et de sa tante Ir
50. nim Croisements de la photographie et du cin ma au XXe si cle d L ge d Homme 2010 Odette Martinez Maler Laurent Veray critures filmiques du pass archives t moignages montages d Association des amis de la Biblioth que de documentation internationale contemporaine Nanterre 2008 Roger Odin dir Le Film de famille usage priv usage public d M ridiens Klincksieck Paris 1995 Roger Odin dir Le Cin ma en amateur d Centre d Etudes Transdisciplinaires Paris 1999 Choix de films mettre en regard des trois courts m trages La Jet e de Chris Marker 1962 28 min L un des plus c l bres films r alis s avec des photogra phies film es Un voyage am ricain de Philippe S clier 2009 58 min Un film sur Les Am ricains le livre manifes te du photographe Robert Frank publi en 1958 Images du monde et inscriptions de la guerre d Harun Farocki 1988 1 h 15 Film sur le r le de la photographie durant la Seconde Guerre Mondiale Ulysse d Agn s Varda 1982 21 min La cin aste revient sur une photographie prise 30 ans plus t t Site internet http gperiot free fr Tous les films r alis s par Jean Gabriel P riot dis ponibles en int gralit Henri Fran ois Imbert de 1996 2003 coll Le geste cin matographique d Montparnasse Les trois premiers films de Henri Fran ois Imbert No pasaran album souvenir Doulaye une saison des pluies Sur la plage
51. nn avec un but une volont pr cise Ainsi elle n est pas neutre la base m me de sa fabrication Donc sa r activation dans une autre poque n est pas neutre non plus car le regardeur arrive avec son propre bagage histo rique qui la d termine toujours d une mani re diff rente Notre regard de spectateur venu d une autre poque ne peut que diff rer de celui qui participe aux v ne ments historiques Le malaise face aux photographies des soldats posant devant le lieu d impact de la bombe sourire aux l vres nous renvoie cette distance J avais besoin de faire passer le message qu en quelque sorte ces gens morts ma vaient l gu Quand j ai lu les t moignages regard les interviews sur Hiroshima c est un peu comme si ces gens me demandaient de transmettre ce que moi j avais pu comprendre de leur histoire Il me semble que les survivants et d une certaine mani re les morts aussi me demandaient de les couter de transmettre leur parole PF ag LEE TT TIT j T ETT i IE 1 s 3 Ar p gi k Ces hommes attendent de nous que lon perp tue leur m moire Le but du film est bien celui de faire se croiser le regard des disparus avec le n tre Le film commence et finit par l regards vers lobjectif des hommes sur le chantier et regards tourn s vers nous de la famille sur la derni re photographie Un rituel de m moire P riot pr f re assimiler ses films
52. nous parle du geste et nous ram ne tre spectateur de cin ma et plus spectateur d un film savoir d un contenu qui nous est livr sans que l on en sorte On redevient spectateur du cin ma 3 Les mots du titre Les titres ce sont des choses qui ne viennent pas la fin du film mais qui sont l pratiquement d s le d but Au moment du tournage il y a une association de mots qui sont chacun porteur d une partie du projet Sur la plage a d signe ce petit film trouv Et puis Belfast a d signe l id e d un voyage Belfast Il n y a pas de plage Belfast il y a un port mais la plage de Belfast a n existe pas 1 Henri Fran ois Imbert cin aste entretien avec Nachiketas Wignesan Laurent Devanne cf transcription http www arkepix com kinok Henri Francois 20IMBERT imbert_interview html 2 8 et demi Le site des tudiants en cin ma de Paris 8 20 02 09 http www 8etdemi univ paris amp fr liens html 3 8 et demi idem 4 Entretien DVD Docs en Courts 44 poir ice Un AECE 19 16 ANALYSE Enqu te d ambulation rencontre Le film d Henri Fran ois Imbert se construit selon une logique d en qu te La logique de tout r cit d enqu te est de faire d couvrir au lecteur spectateur les l ments n cessaires sa r solution sans qu il s en rende compte avant de les pointer son attention Ici le cin aste nous laisse d abo
53. nov est voqu en un seul plan le r cit du malaise chez les Sto anov se pro longe l introduction est situ e dans un espace abstrait Irinka se trouve sur un chiquier rappel du combat entre rouges et blancs assimil celui entre les deux familles La diff rence d animation entre Irinka qui bouge de ma ni re fluide et les grands parents photographies anim es pantins de papier aux visages immuables permet de sou ligner leurs relations L o le geste du grand p re Sto anov frappe par sa r serve le refus est signal par son mouve ment de main et relay par un dandinement de t te de la grand m re les bras du grand p re Baranov s ouvrent avec la sinc rit brusque d un guignol Une petite fille et l Histoire La solitude de l enfant pris dans les conflits familiaux et les bouleversements historiques est un th me essentiel du film La premi re image de la s quence montre Irinka seule une bougie la main Ce proc d est repris lorsque Irinka change de maison Nous voyons la petite fille seule au milieu du plan puis un rapide zoom arri re r v le le nouveau contexte dans lequel elle devra trouver sa place une maison encadr e par les deux Sto anov gigantesques Le th me du fant me d j travaill avec l ombre du grand p re de Sandrinka au piano trouve son aboutisse ment avec l effacement du grand p re Baranov M taphore de la mort il r v le l aspect incertain et fuyant de la r ali
54. nov o elle est lev e de mani re stricte et froide 13 15 x Irinka amp Sandrinka 13 22 Irinka voyage en train vers Paris 13 50 les deux femmes voquent les parents de Sandrine en regardant des photos Sandrinka descend du train la gare Irinka et Sandrinka marchent l une vers l autre s treignent 15 11 sur le g n rique Ir ne dit que la maison Sto anov a br l et qu elle ne reviendra jamais en Russie PROPOS DE LA R AUISATRICE Quand les pays divorcent Le point de d part du film vient de mon enfance J avais ce nom de famille Sto anov dont je ne savais pas l origine exacte Je ne connaissais pratiquement pas la famille du c t de mon p re ne parlais pas russe et n avais jamais t en Russie Les gens me deman daient d o venait mon nom et cela m aga ait de ne pas savoir r pondre Du coup quand j ai choisi un sujet pour le dipl me de fin d tudes des Beaux Arts ces questions se sont impos es et j ai d ci d de faire un travail autour de mon grand p re Mon travail se composait d un c t de croquis pour t moigner de mon quotidien d autre part de photos de famille retrouv es et de certaines des pho tos prises par mon grand p re architecte il pratiquait la photogra phie le dessin et le piano coll es et retravaill es dans une sorte de journal Jai aussi rencontr tous mes oncles et tantes du c t Sto anov C est ainsi que j ai revu Ir ne et que j
55. ntra avec douleur Si je pouvais faire un v u Comme dans les contes de f e Je d ferais mon pass Et je me rel verais tel Lazare Et je me tiendrais en pleine lumi re Et je bannirais toute obscurit Dans les photographies nous voyons galement diverses r actions aux v nements les militaires am ricains posant devant le lieu de lim pact inconscients de la gravit de ce qui s est produit l les visites au m morial avec des fleurs d pos es la manifestation contre le nucl aire L empereur Hirohito sur les photographies que nous avons vues de lui fait un travail de m moire en venant saluer les habitants et rendre hommage aux victimes Le cin aste nous fait faire un travail de m moire dans le film m me la succession d images fixes renvoie au hiatus qui s pare les images ce qui se joue entre elles et que nous ne voyons pas La superposition des images quant elle ren voie sans cesse le spectateur ce qu il ne voit plus ou plus en entier Ainsi partir du pied de l empereur que nous apercevons dans le photogramme notre travail de m moire nous ram ne au moment du travail de m moire de l empereur La petite zone de couleur droite dans le cadre rappelle galement lh t rog n it des images mises ensemble la n cessit pour le spectateur de les identifier comme des unit s s par es de tenter de les m moriser La superposition permet ainsi de signaler le passage du temps
56. otographies nous ne voyons jamais ce qui appara t sur ces derni res D une part ne les voyant pas nous nous surprenons deviner de quel moment du film parlent les personnes interrog es ce qui nous donne lim pression de bien conna tre le contenu du petit film D autre part le refus de montrer ces moments les photographies oblige le specta teur se concentrer sur la r action de ceux qui regardent Que pri vil gie chacune des formes voyons nous la m me chose lorsque les Lennon regardent le film devant nous ou lorsque nous regardons le petit film en plein cran Enfin comment les images de la sc ne finale film es par Imbert Charmaine et Jack font elles cho celles du petit film d Alec 2 Commentaire silence et musique La forme de la narration labor e par Henri Fran ois Imbert se construit travers les commentaires prononc s en voix off dont le cin aste lui m me dit qu ils permettent de combler les vides Les commentaires influent en effet sur notre lecture des v nements Ainsi c est la voix qui nous renvoie la pr sence fantomatique d Alec dans les images du petit film lors de la derni re s quence Les com mentaires non seulement donnent du sens et garantissent la coh rence du r cit mais ils cr ent galement de v ritables rebondissements dans le d ploiement narratif Lorsque Mollie et Lorraine regardent les pho tographies du petit film la voix du cin aste pousse le
57. ources auxquelles la cin aste emprunte des l ments visuels images d archives dessins de livres pour enfants affiches de propagande Ici le processus d appropriation est visible les images pr existantes extraites de leur contexte sont r organis es manipu l es d form es afin de composer une image dont l auteur est bien Sandrine Stojanov Dans Sur la plage de Belfast Henri Fran ois Imbert d coupe le petit film d Alec pour imbriquer ses images avec celles tourn es par lui m me il fait prendre vie au film en le projetant divers spectateurs et se l approprie en le faisant parler travers son examen atten tif sa datation et l enqu te men e pour retrouver ses protagonistes Le cin aste nous signale d ailleurs que ne pas tre l auteur de toutes les images de son film fait partie de son projet et de sa d marche Il c de ainsi dans la s quence finale une cam ra aux personnages de son film Dans les trois films c est donc bien le geste d organiser de rassem bler les images au sein d un m me plan ou dans le montage qui d termine le point de vue du cin aste ar un SuUa Uo 2 gt o Valence 1 Andr Bazin Ontologie de l image photographique Qu est ce que le cin ma d Le Cerf 1976 S LECTION VID O amp BIBLIOGRAPHIE 200 000 fant mes Nijuman No Borei Sandrine Domenech http www lussasdoc com etatsgeneraux horschamp 2007 HC_200
58. r sence d tres humains font enfin revivre le lieu au moment m me o l on invoque les morts ANALYSE DE HO I OGRAMME Pass pr sent Le photogramme analys se situe 04 16 Jean Gabriel P riot en choisissant de faire un film avec des immo bilit s successives au d triment du mouvement cin matographique annonce que lune de ses th matiques sera celle du manque la suc cession ou la superposition de photographies nous oblige penser ce que nous ne voyons pas ce qui reste hors du film Le choix de la superposition des photographies semble tr s judicieux pour voquer la question de la m moire la superposition signale en effet le passage du temps et avec lui l oubli partiel des informations visuelles mais le d bordement des images les unes apr s les autres renvoie ce qui reste du pass le souvenir analyse d un photogramme c est dire d une des 24 images fixes composant chaque seconde du film ne peut se faire qu en tenant compte de son contexte dans le flux du film Cela peut tre le plan entier dans un film traditionnel Ici le contexte serait les photogra phies superpos es qui le composent Dans le photogramme choisi nous voyons une superposition d une quinzaine de photographie dont on aper oit au moins une petite zone Plusieurs autres ont tota lement disparu de limage cach es par des photographies plus grandes Le photogramme peut s observer simultan ment de deux mani
59. rd voir en entier le petit film qui la pre mi re vision ne nous apprend rien sur les gens recherch s Aussi l entreprise semble t elle de prime abord totalement impossible Mais les divers l ments du petit film deviennent sous le regard attentif du cin aste autant d indices pour mener l enqu te bien la datation de la pellicule permet d tablir la p riode o le film a t tourn les l ments qui apparaissent furtivement dans l image trem bl e illisible au premier coup d il permettent de localiser le bro canteur La cam ra elle m me devient une pi ce conviction puisque c est en la reconnaissant que le brocanteur indique au cin aste ceux qui lui ont vendu la cam ra Puis au cours du film le montage va parfois servir la d monstration la juxtaposition des l ments visuels sera l pour prouver que le cin aste est sur la bonne voie Ainsi le cin aste intercale l image de la boutique du petit film et les images dans la salle des ventes tout en attirant notre attention sur les l ments reconnaissables poign e de porte carrelage devanture du magasin d en face Cependant il y a une diff rence essentielle entre les r cits d enqu te traditionnels et celui d Henri Fran ois Imbert Le cin aste part la recherche de gens que dans un premier temps il n esp re pas vrai ment retrouver Il dit assez tard dans le film Je me demandais parfois ce que je faisais sur la trace de ces gens qu
60. res D une part le spectateur apercevant les petites surfaces visibles renvoyant telle ou telle photographie les convoque dans sa m moire chacune en entier mais d autre part les photographies superpos es tant de tailles diff rentes le photogramme cr e une image globale diff rente de ce que donne voir chacune des pho tographies utilis es Alors que sur chacune des photographies ce ne sont plus des b ti ments en ruines que nous voyons l image globale g n r e par leur superposition interrompt les b timents par des pans de ciel ou d autres pans de murs et les transforme en un amas de b timents entre ruines et chantier La superposition coupe galement les corps rappelant leur fragilit Avec cette multiplication d images partielles Jean Gabriel P riot dresse le portrait d une ville et m me d un pays ce moment donn qui m me si la reconstruction a d j com menc n est encore que chaos et ruines Aux bords gauche et droit du cadre les images de foules initialement venues pour l empereur Hirohito deviennent les t moins silencieux de l tat de leur ville et de leur pays Le travail de m moire mis en abyme Le travail de m moire est le th me central du film Le dispositif nous renvoie notre position de t moin et au sentiment de responsabili t engendr par les v nements d Hiroshima Le texte de la chanson fait cho ces questions deux reprises Tu pris ma main et me mo
61. ri Fran ois Imbert dit construire toujours une uvre autobiographique Le cin aste ne se met pas en sc ne comme d autres documentaristes tel Michael Moore mais sa pr sence est sensible chaque instant du film Tout d abord nous verrons le cin aste trois reprises deux fois dans des reflets de miroir chez les Lennon 20 58 puis chez les Nicholl 30 25 puis film par les protagonistes dans la derni re s quence Le cin aste est galement pr sent travers sa voix Il opte pour un ton proche de la confidence ou de l apart cr ant un lien de complicit avec le spectateur Ainsi lorsque le serveur Steven lui sugg re que la premi re sc ne du petit film se passe sur la plage de Ballyholme le cin aste ne le contredit pas mais s adresse directement nous Mais moi je savais que a ne pouvait pas tre Ballyholme Pour preuve de cette complicit entre spectateur et narrateur le montage nous montre la plage de Ballyholme s autorisant pour la premi re fois depuis le d but du film ins rer des images d un lieu dont nous ne savions pas que le cin aste l avait visit Le film de famille mis en abyme Alors qu il interroge les images d un film d une autre famille Henri Fran ois Imbert instille des moments qui rel vent d un film de famille qui serait le sien D s les premiers mots il voque ainsi une amie qui lui a offert la cam ra point de d part du film Lorsqu il parvient retrouver la
62. spectateur sin terroger J ai commenc filmer parce que j tais content que quelqu un se reconnaisse sur ces photos mais j avais du mal croire que je les avais retrouv s Il y avait aussi sa fille qui regardait les photos sans rien dire Le cin aste signale qu un dernier doute subsiste De m me la disparition de la voix off est toujours significative Lorsque Lorraine se met enfin parler le silence du cin aste en dit long D ailleurs il coupe non seu lement sa propre voix mais galement le son direct et avec lui la voix de Lorraine Nous la voyons s animer et parler sans rien entendre la bande son tant alors occup e uniquement par la musique Ce retrait montre que la derni re r sistance a t vaincue et le cin aste nous laisse observer les deux femmes face face avec leurs images d il y a vingt ans Il peut dans ce sens tre int ressant d tudier les autres moments de silence de la voix off Quel r le joue alors la musique qui accompagne les images 3 Le film amateur Plut t que de parler de films amateurs et de films professionnels il peut tre plus int ressant d tudier ce qui rel ve du dispositif du film amateur Autrement dit comment quel moment et pourquoi le spectateur identifie t il un film comme amateur Les d fauts sonores voire l absence de son direct les d fauts visuels tels que les flairs les coupes brutales les raccords de plans quasiment identiques les hia tus
63. t rature j tais attir e par certains auteurs tels qu Andrei Makine ou Nina Berberova dont l itin raire va comme celui d Ir ne de Russie en France l alphabet cyrillique que je ne d chiffre pas a aussi t une inspiration visuelle importante Mon but tait de recr er un univers partir de ces influences croi s es apr s me les tre r appropri es jai donc syst matiquement transform ce que j utilisais Je me suis m me mise en sc ne pour reproduire une des affiches d Alexandre Rodtchenko la femme au foulard 03 58 de cette fa on j habitais physiquement la citation Je mai pas voulu aller en Russie conna tre en vrai ce pays qui me hantait avant d avoir termin le film afin d tre s re de d peindre la Russie que j avais recr e dans mon esprit tant enfant Ce d sir de faire passer par le prisme de ma r interpr tation tous les l ments h t roclites qui composent le film m a pouss e faire l es sentiel du travail d animation de d cor de composition de couleur et de trace moi m me alors que j tais novice dans ce m tier J aurais pu confier davantage de travail d autres ce qui m aurait permis de finir le film plus vite mais j avais du mal men s parer et en remettre quoi que ce soit entre d autres mains mises part celles de Jean Charles Finck qui faisait le montage image et son et dont l esprit de synth se a structur efficacement mon film Quand le pro
64. t s en inserts sont ceux qui avaient inspir Sandrine Sto anov son travail de fin d tudes aux Beaux Arts ce qui confirme la place primordiale de ce plan dans le film L insert manquant l autre objet qui se d tache dans le plan en mouvement est la poup e russe de couleur rouge on en aper oit quatre qui tr nent sur le piano Image r currente et structurante dans le r cit elles viennent d ici de cette pi ce originelle o la cin aste a puis son inspiration Ces poup es qui repr sentent le d voilement progressif de ce qu il y a lin t rieur d une chambre ou de la t te de quelqu un n ont pourtant pas d objet r el de r f rence qui nous serait pr sent en insert PISTES DE TRAVAIL Wonka el 32 ceuremants mamce deem dons le couloir du wagon en mouvement Grinin ea naam papier ral le nepta ea ver r dige pholo el vid o compotiieg alter chieti 1 Du story board au film Le d part Irinka vers Paris est une s quence courte et int ressante analyser Tout d abord si nous comparons le story board et le film il appa ra t qu un personnage a disparu dans le film il s agit de la gouvernante Qu apporte son limina tion De plus le voyage d Irinka vers Paris est repr sent par trois plans seulement Chacun d entre eux relate le voyage de mani re diff rente Il est int ressant d analyser comment ces trois plans relatent l tat motionnel de l enfant Agawa dans
65. t film a v cu une histoire similaire Ces parcours intimes de familles dessinent alors en creux une souffrance plus g n rale celle de tout un pays ANALYSE DE S QUENCE Les hommes la cam ra De 33 47 37 00 En d marrant son enqu te partir d un film trouv Imbert prend comme point central de son enqu te un regard Ce regard on ne l apprendra qu la fin est celui d Alec le mari de Mollie dont la pr sence est inscrite en creux dans les images du petit film Nous le savons non seulement parce que le cin aste nous en parle mais galement parce que l une des s quences pr c dentes nous a donn des cl s pour mieux regarder le petit film Lorsque la famille r unie le d couvre Mollie rappelle sa petite fille qu elle l cla boussait parce qu Alec lui disait de le faire Aussi lorsque nous revoyons ce plan dans la derni re s quence le geste de la petite fille nous renvoie t il la portion du hors champ qui se trouve derri re la cam ra l o se tient le fil meur Alec La s quence finale interroge sur une dur e d peine plus de trois minutes le regard cin matographique Dans les vingt plans qui la composent nous pouvons distinguer quatre regards diff rents celui d Alec celui de Henri Fran ois Imbert mais galement tour tour ceux de Charmaine et de Jack qui le cin aste donne une cam ra Ainsi Cest la trente cinqui me minute de film que nous voyons la cam ra
66. t un tui cigares l gance Par la suite sa rencontre avec un r alisateur de film d animation sera d terminante C est Jean Charles Finck auteur du film Le Nez d apr s Gogol compos de dessins immobiles qui la pousse se lan cer dans le projet d Irinka amp Sandrinka Elle commence le film en 2000 et y tra vaille durant cinq ans Elle se dit volontiers inculte en films d animation mais cite parmi ses influences des r alisateurs tels que Jan Svankmaijer louri Norstein ou Winsor McCay Aujourd hui animatrice et d coratrice pour d autres r alisateurs elle a co crit avec Jean Charles Finck un deuxi me court m trage autobiographique qu ils se pr parent co r aliser D COUPAGE Caract res droits vocation verbale et non verbale En italique vocation verbale entre crochets vocation non verbale 00 00 G n rique 00 17 son d un magn tophone qui s allume Ir ne raconte qu tant petite elle ne connaissait son p re qu en photographie Irinka prie puis embrasse la photol 00 55 Ir ne et Sandrine sont autour d une table couverte de photos Ir ne explique pourquoi elle ne parle pas russe et voque ses parents 01 34 Irinka Ir ne se souvient qu enfant sa m re l a amen e chez le photographe et qu une automobile l a terrifi e 02 37 Grand p re Ir ne parle de son p re du grand p re de Sandrine et de la R volution russe Le grand p r
67. u personnage sa mani re Nous d cou vrons ainsi les rythmes et les sons de l enfance d Irinka L univers rassurant des Baranov est caract ris par le grince ment r p t sur un rythme r gulier du fauteuil bascule du grand p re qui continue de balancer quelques instants apr s sa disparition mettant un dernier son plaintif Peu apr s celui du fauteuil un autre grincement se fait entendre Lorsque la grand m re Sto anov tend la main pour inviter Irinka entrer dans la maison son mouve ment est accompagn d un grincement Ce son annule la possible bienveillance du geste et rappelle avec humour une expression idiomatique russe faire quelque chose avec grincement so skripom signifie la faire contre c ur Nous retrouvons le grincement lorsque la fillette tente de manier les couverts surdimensionn s Le rythme sonore devient plus saccad ponctu par des sons agressifs comme le coup de baguette sur les doigts de l enfant ou le claquement des mains de la grand m re appelant ses servantes La musique chez les Baranov cr ait une inqui tude latente gr ce quelques sons de vio lon chuint s Chez les Sto anov elle volue sur un rythme de danse mais d raille syst matiquement vers la dis sonance signifiant le malaise de la maisonn e malgr des apparences pr serv es 11 12 ANALYSE DE PLANS La promenade du Le moment o Sandrine se souvient de son grand p re se d
68. ui il reste dans le coin droit sup rieur du cadre En insert le portrait capte alors notre attention alors que nous ne l avions pas vraiment remarqu auparavant souvenir Le d calage entre la pr sentation des objets dans le plan en mouve ment et dans les inserts va s accentuer Le deuxi me objet un dyp tique de Saint Georges sera plus d form par le dessin un r veil et une lampe au premier plan le dissimulent partiellement avant d ap para tre parfaitement expos dans l insert Puis l tui cigares avec le fume cigare sont totalement dessin s l encre de Chine dans le plan avant d appara tre en photographie dans une mise en sc ne qui ne correspond pas sa disposition dessin e le fume cigare est gauche de l tui ouvert puis droite de l tui ferm En m me temps l image se d solidarise progressivement du son en voix off Sandrine se souvient de son grand p re l exploration de la chambre du grand p re semble illustrer le propos Sandrine pr cise qu il jouait souvent du piano et nous entendons quelqu un jouer Pourtant lorsque Sandrinka arrive au piano il n y a personne et elle effleure elle m me ses touches De m me au lieu de voir le geste du grand p re donnant des crayons Sandrinka nous la voyons se ser vir des crayons d j disposition Le plan en mouvement est donc autre chose qu une simple illustration du texte Dans ce plan Sandrinka emprunte l itin
69. une histoire Le jeu est le principe structurant d Irinka amp Sandrinka film dont le type de nar ration va du conte de f e au r cit autobiographique en passant par la bande dessin e ou le roman photo Le film se pr sente au spectateur comme un ensemble foisonnant et h t roclite Les techniques d animation correspondent aux niveaux de narration et per mettent de les distinguer L entretien entre Sandrine et Ir ne est pr sent tout au long du film dans la bande son Mais il est aussi repr sent l image par un dessin anim la mine de plomb l g rement tremblant r alis par Jean Charles Finck Le monde dans lequel volue la petite Irinka est compos d images d archives de collages d affiches de propagande sovi tiques aux dominantes rouge blanche et noire et aux formes g om triques de dessins populaires russes Sur ce fond Irinka elle m me est dessin e l encre de chine et anim e de mani re traditionnelle Enfin l univers de Sandrinka est inspir des illustrateurs de contes russes Cependant les techniques s interp n trent dans l entretien Sandrine Ir ne des photos sont incrust es dans l image m me chose dans la galerie du ch teau imaginaire dans lequel entre Sandrinka Cette incoh rence n est qu apparente les trois niveaux de narration sont contenus dans un autre niveau celui de l imaginaire de Sandrine c est elle qui r invente jusqu aux souvenirs d Irinka il assure donc la co
Download Pdf Manuals
Related Search