Reverse, mode d`emploi Jean-Pierre Rehm (catalogue QUELQUES
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1. doute Jordi Colomer h rite t il cela du cin ma de son compatriote Bu uel qui Simo est un hommage explicite etc Mais de mani re plus sp cifique on se souvient de cette s quence trait e par Lynch en leitmotiv tout au long de son film au point qu elle fait pendant aux passages vid o de l int rieur domestique du d but une maison se consume l envers c est la demeure cach e en plein d sert du ma tre diabolique Or tout Lost Highway est construit autour d une nigme qui pourrait se rassembler ainsi et qui court du reste dans bien d autres oeuvres du cin aste pourquoi les tats Unis ne sontils pas quittes de leurs ann es 50 Pourquoi ce moment d euphorie conomique du baby boom de la guerre froide autrement dit du moment o le capitalisme am ricain le c l bre american way of life se propose comme une v ritable utopie et alternative politique est il toujours un fant me si redoutablement l uvre L inversion de la cr mation ainsi m me que tout le principe du sc nario de Lynch qui interdit au temps de se d rouler en progressant c est dire en se lib rant de lui m me signale que l Histoire est rebours ou au moins condamn e faire du surplace autour de ces ann es mythiques fondatrices Que cette maison de bois de Lost Highway tout comme les meubles de carton de Fuegogratis apparaissent de toute vidence comme la r actualisation de motifs relevant du conte pour enfant marque que c2. est du traitement du temps historique dont il est question dans les deux oeuvres Car ce que le conte s occupe de transmettre n est pas la r solution d une tension mais l expos m me d un hiatus inconsolable entre synchronie et diachronie entre la chute dans le temps et sa suite d v nements incontr lables et le sentiment de sa dur e dans l exp rience dans le souvenir dans le r cit m me Opposition donc d un r alisme par d faut et d un onirisme utopique par exc s que tout conte se garde de r sorber car il y voit la chance de lier ce qui tout juste commence les enfants ses destinataires la promesse du temps qui s avance avec ce qui est tr s ancien le savoir narratif ceux qui le portent et ce qu il prot ge C est d une semblable douloureuse polarit que joue par exemple Les Villes dispositif d une double projection impossible pour le spectateur embrasser en simultan Deux sc narios quasi identiques dans leur r f rence la veine des films comiques muets lui sont propos s Sur un cran une figure qui progresse dangereusement sur la fa ade ext rieure d un immeuble l che prise et s crase au sol parmi la circulation qu on devine l oreille Sur l autre la m me figure apr s une progression identique parvient enjamber une fen tre et p n tre sauve l int rieur du b timent o elle dispara t Balance entre le d sastre et le salut coexistence surtout de chacune des hypoth s
3. remplissent de spectateurs et du brouhaha de leurs conversations Une chose chassant l autre pendant cette animation les filles inversant leur action se d font progressivement de leurs costumes superpos s L aller retour du travelling permet de lier dans un m me lan quelque chose pourtant qui s change sur un autre axe entre la salle et la sc ne La cam ra glisse la fronti re de deux espaces distincts soulignant cette s pa ration dont on sait combien elle fonde toute rh torique spectaculaire qui a pour nom repr sentation La duplication c est la r gle doit se prot ger de son mod le sous peine d en devenir illisible Cette cam ra semble un regard parvenu des coulisses au premier plan s aper oivent des cintres des l ments de d cor comme dans la fameuse remont e dans Citizen Kane jusqu aux machineries lectriques dans la sc ne de l op ra Mais alors m me qu elle insiste sur la division des espaces ce que montre la cam ra est plut t la circulation entre la salle et la sc ne faite ici de v tements devenus soudain costumes de sc ne transformation que personne d autre qu elle n est en mesure de discerner puisque le miroir interdit le regard r ciproque Qui sont les jumelles premi re vue les deux jeunes filles qui t moignent en effet d une forte ressemblance m me si leurs accoutrements successifs les distinguent Sont elles des ouvreuses jouant l actrice Sont elles des actrices prises en d fa
4. vement siffler les fameuses terribles mesures de M Le Maudit Le meurtrier de petite fille se serait il lui m me transform en terrible petite fille Intruse et seule veill e l exception d un ouvrier qui gravit une chelle en sifflotant encore dans Le Dortoir la cam ra se distingue de ces corps assoupis qu elle survole avec une souveraine distance La libert de ses d placements a riens lui offre la place d une subjectivit qui la distingue de ces endormis noy s au milieu de leurs objets Le tournage invers de Fuegogratis en d pit de sa ressemblance avec un produit cin matographique industriel entre dans cette m me logique La r gle d une telle dialectique contradictoire ou de circulation altern e se trouve peut tre offerte dans Les Jumelles L encore un travelling lat ral parcourt le plateau d un th tre la belle salle aux fauteuils rouges de la Villa Arson face aux si ges des spectateurs Que voit on Des si ges d sert s sur lesquels comme un entracte reposent des v tements qu une ouvreuse collecte avec une efficacit plus vidente que celle de P re Coco toutefois Puis glissant sur ses rails la cam ra nous d couvre deux jeunes filles com diennes occult es de la salle gr ce un miroir auquel elles font face V rifiant leur reflet dans la glace les jeunes filles enfilent les uns par dessus les autres les V tements ainsi ramass s Ceci tandis que les gradins peu peu se
5. Reverse mode d emploi Jean Pierre Rehm catalogue QUELQUES STARS LE P RE NO L a tomb les gants Il avait pourtant en habit rouge et blanc une mission d importance Voyageur imp nitent il lui fallait d abord incarner la r surrection de la mythique utopie de la corne d abondance Lui incombait ensuite de la verser au compte d une morale mercantile destin e dresser les enfants aux extases de la consommation Dans P re Coco vid o en boucle de cinq minutes de Jordi Colomer dont la ville de Saint Nazaire fournit le d cor prot iforme si l on suit les fameuses p r grinations de ce personnage ce n est toutefois pas sans peine le reconna tre Car voil notre grand pourvoyeur contraint d aller la pioche de glaner ici et l m me les trottoirs dans des jardins publics sur des aires de parking dans les bars au beau milieu d une plage sur des quais maritimes d serts de quoi fournir sa hotte Sans compter que cette derni re instrument de travail pourtant essentiel et embl me n cessaire se trouve tre en d but de parcours le fruit d une trouvaille Le reste de ses traditionnels accessoires est l avenant Sans tra neau mais contraint tra ner il emprunte les modestes moyens de transport que la providence dispose sur sa route bicyclette qu il ira n anmoins sagement remettre au Bureau des objets trouv s roller skate etc Son bonnet rouge s est transform en casque de moto vermillon et ses fa
6. al reste pr sent comme un souvenir affect la protection de r ves qui n ont plus la force de se r aliser Sinon sous la forme d un bric brac de jouets de carton dont plus personne ne dispose du mode d emploi Reste fabriquer comme on pourra des phrases plus ou moins tangibles avec le mat riau offert par l Alfabet pour les substituer comme l crit Perec en fin de chapitre ce fragile papyrus qui ne s en remettra sans doute jamais
7. alte C est sans difficult qu on peut suivre ce m me fil critique dans les autres travaux de Jordi Colomer Fuegogratis Simo Eldorado Le Dortoir etc traitent chacun leur mani re de cet univers o la pr sence des objets a chang de sens au point d inverser la nature de leur usage Si chez Claes Oldenburg les objets ont magnifiquement gonfl jusqu prendre dans l espace une taille intimidante pour aussit t se d gonfler et perdre de leur tenue chez Jordi Colomer la magie reste pr sente mais sa manifestation est plus al atoire C est que ce qui se jouait de fantastique disproportion projection fantasmatique etc dans le travail d Oldenburg passait par l emploi des ressources sculpturales traditionnelles ampleur et d ploiement du volume nature des mat riaux Pour Colomer l utilisation du film lui offre une lasticit des donn es qui combine le souvenir des performances et de leur th tralit la fluidit temporelle une souplesse plastique accrue en bref un outil qui ramasse la mise s agissant de rendre compte de l occupation d un espace et de ses divers habitants Passons ce filtre quelques unes de ses uvres Fuegogratis c est le mobilier complet d une maison id ale qu un jeune couple mod le extrait du feu ou l y jette c est selon puisque la sc ne se d roule en r alit l envers Car cette s quence produite pour l espace de La Galerie de Noisy le Sec savoir une ancienne demeur
8. e Mais un manifeste de quoi Critique S agit il d appr cier la diff rence entre ce mod le r duit et les lourdes constructions de nos cit s Ou au contraire leurs similitudes On conna t l analyse de Dan Graham et d autres selon laquelle le programme moderniste les utopies architecturales d avantgardes ont bel et bien t r alis s Ce pauvre h ros aux allures contestataires ne serait il pas alors l homme sandwich tristement d p ch promouvoir l existant En quoi les villes nouvelles se sont elles mancip es d un programme d assujettissement contre lequel elles taient cens es lutter Aucune d nonciation ironique pourtant dans cette vid o L action que m ne notre manifestant esseul Don Quichotte et Sancho Pan a m l s faisant la r clame de moulins venir garde toute sa force Elle ne vend pas un projet elle rappelle l existence du petit la pr sence d un contrepouvoir qui se tient quitte d un autre passage l acte que celui d une construction miniature et rend celle ci la d rive urbaine libre de tout enracinement L architecture passe au rang de sculpture mobile port e bout de bras Le conte de f es d un pays l architecture lib r e et lib ratrice anarchique n est possible qu l chelle de la maquette l o le projet se contente de d signer l avenir sans souhaiter lui donner forme ainsi que les travaux de Dan Graham l avaient d j illustr Simo ce sont des pair
9. e bourgeoise b tisse charg e d une histoire dont le kitsch est redoubl se trouver pr serv e de mani re presque zoologique au milieu d une banlieue en r novation peut aussi se d chiffrer comme un joyeux potlatch de l imagerie publicitaire r gnante Celleci on le sait bien vend davantage des comportements des habitus voire des gammes compl tes de sentiments que des produits C est de la destruction naissance par enchantement de tout ce stock de mobilier comme de r serve affective que le couple path tiques Ken et Barbie de grande surface au volant du carrosse dor qui les emporte vers la nuit de leur destin clair aux phares se r jouit Fuegogratis Feu de joie b cher des vanit s foyer d sormais sans foi ni lieu l id e corrompue du travail correspond l id e compl mentaire d une nature qui selon la formule de Dietzgen est offerte gratis crit Benjamin en conclusion sa onzi me th se Sur le Concept d Histoire Ou tout au contraire enseigne de grill autoroutier le lettrage ressemble celui du Buffalo Grill qui illumine sinistrement la nuit dans P re Coco chaleur frelat e frisson new age promotion sur la vie amoureuse Trancher est ici impossible le principe d inversion du tournage mine toute stabilit Plut t il imprime toute action m me la cire d un temps qui ne passe pas Cette technique de retournement du n gatif dont l emploi a t syst matis aussi bien pa
10. es d cisives o c est au spectateur de se confronter l irr solution les deux personnages celui qui chute celui qui se sauve sont des figures archa ques revisit es par le tragique contemporain qui s exprime par les moyens du gag Elles ont lourde charge celle de laisser l ensemble des possibles disponibles Rien de fortuit par cons quent ce qu l exposition de Noisy la vid o qui jouxtait Fuegogratis s intitule Anarchitekton On y voit un fr re d arme de P re Coco peut tre s agit il du m me com dien parcourir les banlieues brandissant solitaire comme le manifestant d une cause perdue une maquette en carton d architecture non construite cho aux fameux modules de Mal vitch au milieu de b timents existants Sans compter l usage partag du carton dans Anarchitekton et dans Fuegogratis ce pauvre mat riau de bricolage utilis aussi pour les projets d architecture la sym trie entre les deux uvres para t n anmoins flagrante D un c t le r ve d dification en face de sa r alit de l autre le r ve de destruction en face de son accomplissement Mais l affinit qui relie les deux travaux ne se contente pas d tre si formelle Comme dans la logique du conte l effet produit dans Anarchitekton est multiple voire quivoque La perspective et la focale aidant la maquette appara t plusieurs reprises une taille identique celle des b timents parmi lesquels elle se dresse comme un manifest
11. es de chaussures en surnombre qu un personnage f minin en miniature entasse dans une pi ce qu elle ne quitte que pour y ramener d autres denr es qui finiront en pile condamnant son acc s Comme le personnage qu incarne Jacques Villeret dans Soigne ta droite une place sur la terre de Godard elle se gave d un pot de confi ture signalant une gourmandise r gressive qui avale tout dans un m me app tit vorace Biens de consommation espace sa chambre blanche se r tr cit sous un encombrement que le seul larcin d un personnage noir ne suffit pas a rer ville une maquette d immeuble clair e surmonte au final la montagne de ses emplettes inutiles et pour finir tout dehors sont ainsi th sauris s en vrac L chelle cho la colonne du stylite de Simon du D sert de Bu uel symbole d l vation spirituelle est mise bas la fin du film et jet e hors champ par le petit monstre La m taphore de la situation du monde capitaliste occidental est assez tentante pour ne pas la refuser la naine isol e dans son univers aseptis et vain prison st rile o s amassent des tr sors de pac otille parle d elle m me Eldorado met en sc ne un com dien aveugle qui s escrime dans une chambre avec tout son mobilier comme s il s exer ait une longue et m ticuleuse mise sac dont la Destroyed Roomde Jeff Wall semble tre l horizon Le pays de cocagne qu voque son titre cette utopie de consommateur des origines q
12. l vidence le fond incontournable et inconsolable Mais si la figure du P re No l a pu tre ainsi mise en avant au point de s imposer comme une all gorie g n rique c est qu elle entra ne derri re elle d autres enjeux Car on aura compris que sous les frusques de ce P re No l d pourvu se cache l artiste que Jordi Colomer est forc de jouer Plus un dispensateur mais au mieux comme Kurt Schwitters d ambulant dans Berlin la recherche de morceaux de ses futurs Merz un glaneur Comme chez Schwitters o le collage garde trace de la vie ant rieure de ses l ments et se refuse les entra ner dans une composition harmonieuse des incidences manifestes et n cessaires frappent les images de Colomer Ces derni res ne sauraient tre autres que d senchant es somm es d tre complices de l impuissance dont elles t moignent C est pourquoi si Jordi Colomer a d cid d opter pour le mat riau filmique alors m me qu il se revendique sans rel che au point que cela sonne presque comme une plaisanterie sculpteur ce n est jamais pour fabriquer une consistance imp rieuse ce n est jamais pour entra ner le spectateur dans l hypnose facile d un spectacle r gl et consommable On aura not que P re Coco est constitu d un fondu encha n d images fixes floues quelquefois pauvres en cadrage ou en effet de mise en sc ne Le mouvement de la marche du personnage est contrari par sa pr sentation hoquetant De son pa
13. meuses bottes en plastique bleu p trole d sormais il ne pourra les chausser qu au terme d une marche d j longue Voil en clair notre P re No l paup ris et tourn SDF Il ne dispense plus il est laff t Il ne distribue plus il collecte Il ne fait plus appara tre par enchantement des objets d sir s et d sirables il escamote dans un geste de ramassage de d tritus ce qui a t d laiss perdu oubli Il n est plus en liaison directe avec le Ciel mais attend vainement ses instructions d un t l phone portable abandonn dans la nuit Et les jouets gadgets v tements et autres pr sents potentiels qui lui choient au hasard de sa d ambulation s entassent inutilement dans un sac qu on pourrait croire verrouill par le trousseau de clefs qui marque significativement le point o la boucle du film se r p te Cette clef qui ouvre en toute logique sur une promesse sur ce que le langage des contes nomme une bo te aux tr sors se referme ici sur la reprise l identique de cette r colte d risoire C est sans doute la raison pour laquelle le seul enfant qui appara t est en partance prisonnier de son geste d adieu derri re la vitre d un train qui l emm ne tr s grande vitesse ailleurs P re No l la renverse enfance en exode objets sans usage la le on est simple entendre Elle r sonne d airs pasoliniens le consum risme est en faillite et ses pauvres esp rances renvoy es la rigueur de l asph
14. r les avant gardes sovi tiques Vertov notamment que par Leni Riefenstahl les fameuses plongeuses des Dieux du stade dans les ann es 20 et 30 tait suppos e gu rir l il des effets de la vitesse Ce qu on ne saisit pas tant cela est rapide dans le feu de l action est mieux per u une fois vu ou revu l envers Mais cet trange postulat masquait mal qu il s agissait en r alit pour ces deux utopies totalitaires d utiliser le d filement cin matographique rebours de sa vocation Qu il s agissait d enrayer le passage du temps au profit de son ternisation En d autres termes importait moins de d composer avec exactitude ceci ou cela un exploit sportif la cha ne alimentaire la m canisation du travail etc que avec infiniment plus d ambition de fournir les modernes ic nes donc cin matographiques d un nouveau r gne promis lui durer Il n est peut tre pas incongru cet gard de faire le rapprochement entre la proposition de Fuegogratis et une sc ne voisine dans Lost Highway de David Lynch D une uvre l autre de nombreuses similitudes pourraient d ailleurs tre signal es parall lisme des lumi res en clairobscur m me efficacit de l attaque tonalit g n rale l g rement emphatique myst re entretenu et enjou rotisme encadr Final Eros d chiffre t on sur le pull clownesque du personnage masculin la casquette typique soup on all gorique qui p se sur chaque geste sans
15. rcours on ne dispose que de br ves d coupes aussi difficilement articul es que si un enqu teur distrait ou d butant avait t charg de sa filature Comme dans La Jet e de Chris Marker l illusoire du d roulement dans le temps et dans l espace est suspendu lui est pr f r le saccad des images paus es Le roman photo ainsi mollement anim renvoie au statut d un point de vue qui devient lui m me une mati re friable incertaine et command e par son objet Aussi faut il tendre cette strat gie d une contradiction des points de vue et de leur m l e plastique l ensemble du travail de Colomer Entre l espace construit la plupart du temps clos th tral et les mouvements de cam ra qui le d crivent s exasp re un inconfort qu aucune r conciliation n apaise Ainsi la cam ra tournoie t elle dans Eldorado par exemple ne cadrant les agitations de l acteur qu la vol e comme si elle m me tait prise d une transe aveugle et destructrice Dans Pianito ce sont des brusques inserts qui r v lent le trucage auquel le com dien aura tent de nous faire croire rompant le contrat que la sayn te avait install Le mouvement de balancier du travelling lat ral en aller et retour figure chor graphique ch re Godard entre la chambre et l ext rieur dans Simo contribue gommer ce douteux partage entre priv et public et ajoute en outre aux comportements n vrotiques de son h ro ne n y entend on pas bri
16. ui vantait le bonheur sous les esp ces de la saturation est d r gl la quantit ne se substitue m me plus la qualit c est presque d un combat d espace vital men les yeux clos qu il est question Dans Le Dortoir la cam ra parcourt les logements des habitants d un immeuble dont le profond sommeil semble tre gard par la masse d objets pars qui les entourent Inspir par un chapitre de La Vie mode d emploi dans lequel Perec renoue avec les ext nuantes listes descriptives initi es dans Les Choses le film suivant ainsi ce que d crit le roman pourrait offrir les images classiques d un lendemain de f te Par terre partout les restes du raout Mais telle proposition semble pouvoir jouer comme structure pour l ensemble Quelque chose aeu lieu qui est d sormais r volu surnagent des reliques dontle sens introuvable n endigue plus l encombrement Dans Pianitoencore le d poussi rage exasp r et inutile d un piano cet instrument par excellence de l interpr tation ne fait qu accentuer la vanit de sa masse Comme dans une pi ce de Beckett ce piano fait la paire avec son instrumentiste d s uvr et tous deux ne parviennent qu interpr ter le concerto chaotique de leur fin d clar e sous la poussi re du temps qui gagne Que l on se rassure Ce serait r duire peu que d impliquer les vid os de Jordi Colomer dans une critique seule port e sociologique Celle ci en constitue
17. ut de costume Ou les jumelles ne seraient elles pas plut t la salle et la sc ne changeant sans cesse leur position se nourrissant l une de lautre Dans un entretien Jordi Colomer voque la situation pr caire du spectateur et cite par ailleurs Opening Night de Cassavettes o une actrice et le film avec elle cessent de faire au nom de l art le distinguo entre le feint et l prouv On aurait tort de croire toutefois un manifeste stanislavskien Car ce qui devient ici l objet du spectacle c est moins que l change des r les ou une complicit ignor e la pr carit qui unit repr sentation et repr sent par del le miroir glac de l cran comme peut le risquer Debord commentant cette image d une assistance fig e dans son In Girum Imus Nocte Dans Pianito comme dans La R p tition c est bien le d sarroi de l acteur qui est en jeu D sarroi qui ne tient pas au succ s ou l chec de son entreprise ainsi dans Les Jumellesne sait on rien de l ventuel spectacle pour lequel s est d plac le public mais la simple d cision de s exposer C est pourquoi les d cors les constructions sc nographiques appuy es en couleurs vives et en proportions sp cifiques dont Colomer entoure ses projections ne sont ils pas tant destin s redoubler la th tralit de l ensemble brouiller la r partition des images mais davantage prot ger ces derni res L l ment proprement sculptur
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