Aide à l'explicitation et retour réflexif
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1. dire la m moire de faits dont on ne sait plus si on les a per us ou non en sugg rant par la question une r alit que la personne n a pas abord e cf aussi Shacter 1997 Shacter 2003 Mais ne pas induire est une contrainte extraordinairement limitante pour relancer sur des points que le sujet n a pas encore abord sans pour autant en souffler le contenu Techniquement il est possible de contourner cette difficult en utilisant des ques tions universelles C est dire des questions ouvertes qui renvoient toujours et n cessairement un aspect v cu de l exp rience Par exemple si vous demandez Et l quoi faisiez vous atten tion ou bien Par quoi avez vous commenc etc il y a toujours des l ments de r ponses disponibles sans qu ils soient sugg r s en tant que tel Il est encore possible de d signer le contenu de l exp rience en le pointant sans le nommer mais en le d signant de mani re indirecte par le contenant Ainsi si je vous demande Qu est ce qui se passe pour vous au moment o vous me lisez la fois je d signe pr cis ment le mo Expliciter le journal de l association GREX Groupe de recherche sur l explicitation n 59 mars 2005 30 ment et le contenant que vise ma question cepen dant je ne nomme pas en quoi consiste le contenu ce qui fait que ma question induit une direction d attention vers ce qui se passe pour vous mais pas le contenu de l exp rience Vermer2. tait plus disponible cf dans Vermersch 2004c Vermersch 2004b la pr sentation des travaux de Husserl sur ces points En fait chaque phase de v cu engendre en perma nence de nouvelles r tentions et si ces r tentions ne sont pas mobilis es par un acte comme de suivre la conversation comprendre ce que je viens de lire pour lire la suite elles disparaissent de mani re tout aussi passive Tout au plus peut on r trospectivement s apercevoir que dans les minutes qui suivent elles sont facilement disponi bles puis progressivement leur mobilisation de mande un effort particulier suppl mentaire pour qu il y ait veil puis enfin quand un d lai plus long s est accompli nous sommes d abord confront s la croyance que nous ne pouvons plus nous en souvenir ce qui n en facilite pas l veil Mais dans le principe cet veil des r ten tions est toujours possible Il faut comprendre cette m moire r tentionnelle non comme un mode d enregistrement int gral comme le fait un magn tophone pour le son mais comme la conservation de tout ce qui m a affect Ce dernier mot affect est d origine philosophique il est utile mais ambigu Ici il d signe non pas l motion comme dans affection mais le fait de toute modification qui se produit en moi sur moi sous l influence des stimuli externes ou inter nes Il y a r tention de ce qui a eu un effet sur moi de ce qui m a affect et ce de mani re continue et passive
3. un mode de cons cience que l on peut nommer avec Husserl cons cience pr r fl chie ou conscience directe Ver mersch 2000 2 et conna tre appartiens la conscience r fl chie Pour passer de l une l autre se situe l activit cognitive de prise de conscience Cette conscientisation n est pas automatique elle demande un effort un travail cognitif particulier qui occupera un temps d di pris sur le temps de production et ou de forma tion Mais surtout elle est difficile pratiquer seul car il est malais d tre la fois celui qui se guide dans la description du v cu et celui qui for mule cette description De ce fait elle demande un dispositif c est dire sur le plan mat riel la fois un lieu et un horaire d di mais aussi une m dia tion assur e par la pr sence active d un chercheur d un formateur d un animateur d un superviseur ou d un coach qui facilite les conditions de la prise de conscience et en assure le guidage Cette m diation reposant elle m me sur la ma trise d un dispositif d intervention et une technique d entre tien l efficacit Une autre mani re de d crire ce passage produi sant de la prise de conscience est de caract riser comme un passage de l implicite du v cu l expli cite de la conscience r fl chie L implicite que l on cherchera mettre jour avec les techniques d aide l explicitation sera principalement ce qui dans notre v cu est naturellement pr
4. chie Un second sens appara t devient plus explicite une descrip tion dont on affine la granularit 6 La d marche est relativement simple puisqu elle consiste rep rer les verbes d action dans la verbalisation faire x et relancer sur en quoi consiste le fait de faire x Par exemple si un professionnel dit Je commence par classer les diff rents docu ments il est possible de relancer imm diatement sur le verbe d action classer Et quand vous commencez par classer les documents que faites vous L implicite est contenu dans la g n ralit du verbe classer et l explicitation est engendr e par le fait de faire sp cifier cette action Chaque nouvelle r ponse permet de produire de nouvelles questions pertinentes en augmentant le degr de fragmentation Supposons que le professionnel ait r pondu Ben d abord je les range par priorit ce qui permet de lui demander plus d explicitation en relan ant Et au moment o vous rangez par priorit qu est ce que vous faites ou bien A quoi reconnaissez vous la priorit d un document Etc Si je r sume l essentiel de cet article je suis pass d un int r t pour le d veloppement d un temps de travail de debreifing aux difficult s pour le mettre en uvre concr tement Ces difficult s sont intelligibles partir d une perspective sur les th ories de la conscience Le v cu donc toute pratique est largement pr r fl chi en cela il est
5. comme le go t de la made leine Non seulement l veil du v cu pass le redonne avec un sentiment de rev cu Janet 1925 mais il s accompagne de tout l horizon de v cu qui lui tait associ ce moment Autrement dit la r tention ne contient pas une information isol e mais l ensemble entretiss s des diff rents aspects du v cu de cette phase Dans le cadre des th ories contemporaines sur la m moire son veil peut tre compris encore comme m moire pisodique Neisser 1982 Cohen 1989 ou m moire auto biographique qui contrairement la m moire des connaissances d contextualis es comme la m moire s mantique Roediger and Craik 1989 se redonne avec toute la trame du v cu personnel Lors de son veil cette m moire est donc spontan ment riche de toutes sortes de d tails que nous ne savons pas avoir m moris et qui peuvent tre rem mor d s lors que l on a veill une r tention li e une phase de v cu pass Ce bref r sum des th ories de la m moire ouvre clairement la possibilit d un acc s la m moire auto biographique dans la limite subjective de ce qui a affect le sujet Cette rem moration une fois amorc e sera spontan ment riche en d tails On a donc un but qui est la verbalisation d un v cu pass et une condition n cessaire de cette verbalisation est que ce v cu devienne r flexive ment conscient Expliciter le journal de l association GREX Groupe de r
6. plus familier que connu Pour le conna tre afin de le mod liser et de le perfectionner il faut que celui qui l a v cu comme celui qui cherche s en infor mer le reconnaisse Cela signifie pour celui qui l a v cu qu il fasse une op ration de r fl chissement bas sur un acte de m moire afin de l amener la conscience r fl chie de mani re pouvoir le verbaliser L enjeu pour celui qui cherche s en informer est d obtenir une verbalisation suffisam ment d taill e du v cu pour qu elle lui devienne intelligible Pour cela il doit disposer de techni ques d coute et de questionnement qui lui per mette d apporter une aide l explicitation qui soit non inductive Ces techniques d aide existent que ce soit sp cifiquement par l entretien d explicita tion que je d veloppe ou d autres mais le point crucial est qu elles doivent faire l objet d un apprentissage travers une vraie formation exp rientielle Les questions qui viennent spontan ment un intervieweur non form sont bas es sur ses besoins d informations qui sont ad quat son objet de recherche Malheureusement les formulations de questions qui viennent servir ces intentions sont naturellement contre productive et produisent des effets ind sirables Ainsi s il est l gitime de vouloir savoir pourquoi un profession nel a fait telle ou telle op ration ou ne l a pas accomplie spontan ment une question en forme de pourquoi ou explique moi vien
7. r fl chi L entretien d explicitation est une technique non inductive d aide la prise de conscience Dans le texte qui suit je ne vais pas distinguer les diff rents usages que j ai indiqu au d part mais montrer que dans tous les cas l aide la prise de conscience se heurte des probl mes d autant plus difficiles r soudre qu ils sont invisibles Ma contribution prendra une allure principalement th orique alors que cette th orie n est l que pour clairer une pratique efficace qui s est d abord d velopp e sous l intitul Entretien d explicita tion Vermersch 1994 2003 puis dans le cadre Expliciter le journal de l association GREX Groupe de recherche sur l explicitation n 59 mars 2005 27 d un atelier de pratique ph nom nologique co anim avec F Varela et N Depraz comme instru ment d auto explicitation pour des groupes de co chercheurs travaillant dans un point de vue en premi re et seconde personne Je pr senterai d abord la distinction entre conscience pr r fl chie et conscience r fl chie puis les obstacles surmonter pour pouvoir aider la prise de cons cience et enfin J indiquerai quelques outils qui permettent de le faire 2 Conscience pr r fl chie et conscience r fl chie La th orie de la conscience issue des travaux du philosophe Husserl3 distingue dans chaque mo ment v cu ce dont nous avons conscience sur le mode pr r fl chi c est dire ce qui
8. 26 Aide l explicitation et retour r flexif Pierre Vermersch Article publi dans Education Permanente 2004 160 71 80 num ro sp cial Analyse des Pratiques 1 L usage du retour r flexif Dans de nombreux domaines professionnels se sont mis en place des temps de debreifing que ce soit apr s un travail au simulateur EDF RTE RATP Airbus DCN Marine Marchande etc ou un entra nement r el sportifs militaires retour de mission ou d exp dition Pour d autres domaines professionnels des s ances r guli res d analyse de pratique pour tous les professionnels de la rela tion des activit s de supervision pour les professionnels engag s dans des activit s personnellement impliquantes du coaching pour les managers et les postes de responsabilit Dans une autre perspective apr s avoir envoy s des form s en stage il est apparu n cessaire d aider ceux qui avaient pourtant v cu ce stage s appro prier ce qu ils en tiraient et m me prendre cons cience de ce qu ils avaient fait durant cette p riode c t de toutes ces activit s centr es sur l aide au professionnels pour les perfectionner analyser leurs erreurs prendre conscience de ses ressources se confirmer dans son identit profes sionnelle on a aussi des buts de recherche qui visent prendre connaissance du travail effectif par opposition au travail prescrit effectu par le professionnel pour des objectifs ergonomiques d organi
9. Je n ai pas besoin de faire un acte volontaire pour que l op ration r tentionnelle se fasse en ce sens elle est continue puisqu elle se produit sans que j ai besoin de m en occuper Cer tes ces r tentions seront plus vives et plus tard seront plus facilement veill es pour amorcer des souvenirs si elles correspondent des aspects de mon exp rience qui sont motivants et source d int r t Chaque moment v cu est r tentionn de mani re passive Si cela n tait pas le cas chaque nouvelle phase de v cu serait comme une exp rience nouvelle sans r f rence au juste pass ou au pass plus lointain Nous ne pourrions ni suivre une conversation ni nous rappeler de qui nous sommes d un instant sur l autre Ce que je souhaite souligner est que chaque chose qui m a affect et qui s est r tentionn peut tre veill e nouveau Cet veil est un mode particulier du souvenir Il tait bien connu au 19 me si cle comme m moire affective ou m moire involontaire Cf la recen sion de Gusdorf 1951 Cette m moire est deve nue c l bre travers les exemples donn s par Proust Proust 1987 1929 Jackson 1992 dont le plus cit est celui de la madeleine Ce mode du souvenir que l on peut appeler une rem moration par opposition au rappel se d clanche spontan ment suite une stimulation sensorielle qui veille une r tention dormante similaire ce que Husserl nomme un membre pont qui est ici sensoriel
10. Lawrence Erlbaum Associates Shacter D L Ed 1997 Memory distorsion how minds brains and societies reconstruct the past Cambridge Harvard University Press Shacter D L 2003 Science de la m moire Paris Odile Jacob Vermersch P 1994 2003 L entretien d explicitation Paris ESF Vermersch P 2000 Conscience directe et conscience r fl chie Intellectica 2 31 269 311 Vermersch P 2004a Exemples d analyse attentionnelle des relances Expliciter 55 10 16 Vermersch P 2004b Mod le de la m moire chez Husserl 1 Pourquoi Husserl s int resse t il tant au ressouvenir Expliciter 53 1 14 Vermersch P 2004c Mod le de la m moire chez Husserl 2 La r tention Expliciter 54 22 28 Vermersch P N Faingold C Martinez C Marty M Maurel 2003 Etude de l effet des relances en situation d entretien Expliciter 49 1 30 4 Dans les activit s r flexives en g n ral Piaget distingue entre la r flexion et le r fl chissement La premi re est le mouvement de la conscience qui prend pour objet des donn es d j r flexivement conscientes sens le plus courant de l expression je r fl chis sur le second d signe le mouvement qui conduit du v cu pr r fl chi cet auteur parle plut t de conscience en acte la conscience r fl chie de ce v cu Expliciter le journal de l association GREX Groupe de recherche sur l explicitation n 59 mars 2005
11. ai v cu ne se redonne pas moi spontan ment dans le d tail Le mot d tail est important parce que si l on me demande ce que je fais en ce moment il n y a aucune difficult dire que je tape sur le clavier de l ordinateur et que j cris un article J ai la cons cience r fl chie de mon activit globale et de mes buts En revanche si l on me demande de d crire les fils conducteurs qui me guident dans l criture de ce passage ou si l on me demande de d crire les activit s motrices des doigts ou les endroits o mon regard se posait spontan ment cela va me demander l effort de m y rapporter et peut para tre inaccessible Je sais que j ai fait tout cela mais cela ne se redonne pas imm diatement dans le d tail et m me souvent je n ai pas la croyance que je puisse le retrouver Seul j abandonnerais assez rapidement la tentative de retrouver les d tails de mon activit juste pass e cela me para trait une t che impossible en l absence d un enregistrement vid o qui me servirait de proth se mn moniques C est le second obstacle d pas ser la croyance que nous ne retrouverons pas le d tail de nos activit s pass es S il est clair qu il ne faut pas se priver des traces et des observables enregistr s dont on peut disposer pour tudier une activit il est non moins important de consid rer que si nous n en poss dons pas nous pouvons tra vailler avec la m moire Dans cette perspective la prise de consc
12. echerche sur l explicitation n 59 mars 2005 29 Comment s op re cette prise de conscience qui fait passer de la conscience en acte la cons cience r fl chie Dans le principe cette conscientisation se confond avec le mouvement d veil des r tentions donc avec la sollicitation d une rem moration particuli re fond e sur l actualisation d un pont sensoriel avec le v cu pass Ce sch ma th orique n a d int r t que si nous sommes capable de l op rationnaliser dans une pratique efficace 3 Les outils d aide l explicitation Deux obstacles sont d passer du c t de celui consent se pr ter une d marche r flexive le fait que les r tentions endormies ne lui apparais sent pas imm diatement et de mani re tr s li e la croyance limitante de l incapacit se souvenir dans le d tail d un v cu pass Quand dans les d buts d un entretien d explicita tion que ce soit dans un groupe ou en individuel on invite le professionnel laisser revenir un mo ment d activit professionnelle ce qui lui est de mand est une vis e vide C est dire qu il sait bien qu il a v cu ce qu il a v cu mais spontan ment il ne lui revient que peu de choses ou m me rien Viser vide c est chercher atteindre cognitivement quelque chose qui ne se donne pas imm diatement comme disponible mais dont on sait avec certitude qu on l a v cu qu il existe L entretien d explicitation pour aider la r
13. est simple ment v cu et ce qui est sur le mode r fl chi c est dire encore qui fait l objet d une conscience ex presse Autrement dit chaque moment de notre vie nous avons conscience de ce vers quoi nous sommes tourn s vers ce qui est source d int r t pour nous mais nous n avons pas n cessairement dans le m me temps la conscience d avoir cons cience de ce qui nous int resse Ainsi je per ois un spectacle je lis une notice technique ce faisant j ai conscience du spectacle du contenu de la no tice mais je n ai pas au m me moment conscience d avoir conscience du spectacle ou de la notice Je n ai donc pas au moment o je per ois cons cience de comment je per ois l acte de perce voir mais principalement de ce que je per ois le contenu de ce que je per ois Prendre conscience de ce dont j ai conscience avoir la conscience r fl chie de ce dont j ai la conscience directe ou en acte synonyme de la conscience pr r fl chie se fait la plupart du temps r trospectivement Je ne d couvre qu apr s coup en prenant le temps de me rapporter au moment pass correspondant que J tais conscient de tel ou tel aspect du spectacle et m me que j en tais conscient de telle et telle mani re Par exemple je suis mu par ce qu un coll gue vient de me dire et juste apr s le d but de cette motion ou beaucoup plus tard j acc de la conscience r fl chie du fait que je suis mu alors qu auparavant j
14. ience suppose la rem moration puisqu elle se situe tou jours a posteriori de l activit tudi e Toute notre vie toute notre subjectivit est sous tendue par la possibilit de se rapporter son propre pass de fa on relativement satisfaisante quoique impar Expliciter le journal de l association GREX Groupe de recherche sur l explicitation n 59 mars 2005 28 faite Les psychologues connaissent bien les don n es sur la m moire les courbes de performances du rappel et de la reconnaissance de mat riaux exp rimentaux comme des listes de mots Mais ces r sultats sur la m moire ont pendant pr s d un si cle laiss de c t les m canismes mn moni ques que nous mettons en jeu sans cesse chaque moment de notre vie de mani re automatique et passive Ce n est que depuis quinze ans que l on a re d couvert la m moire implicite Roediger and Craik 1989 Reder 1996 C est dire le mode de m morisation qui fonctionne sans que l on ait le projet d apprendre et le mode de rappel qui op re sans qu on ait le projet de se souvenir En revan che depuis plus d un si cle Husserl Husserl 1964 1905 avait attir notre attention sur le fait que chaque moment v cu s accompagne d une trace d une conservation passive qui perdure et qu il nomme r tention Cette r tention perdure de mani re vivace pendant quelque temps la queue r tentionnelle puis semble dispara tre s loigner s assombrir comme si elle n
15. nner l information sur les buts incarn s qui ont t effectivement poursuivis par les actes mis en uvre ce qui est beaucoup plus pertinent pour la mod lisation de l activit De plus ce but incarn est pr cis ment le plus souvent pr r fl chi et le d couvrir est une information essentielle pour le chercheur mais de plus elle fait op rer une prise de conscience forte pour l agent Bibliographie Cohen G 1989 Memory in the real world USA Lawrence Erlbaum Gusdorf G 1951 M moire et personne 2 Paris PUF Husserl E 1964 1905 Le ons pour une ph nom nologie de la conscience intime du temps Paris PUF Jackson J 1992 M moire et cr ation po tique Paris Mercure de France Janet P 1925 Les souvenirs irr els Archives de psychologie XIX 100 110 Loftus E 1979 Eyewitness testimony Cambridge Mass Harvard University Press Loftus E and K Ketcham 1991 Witness for the Defense the Accused the Eyewitness and the Expert who puts Memory on Trial New York St Martin s Press Neisser U 1982 Memory observed Remembering in natural contexts New York Freeman and Company Proust M 1987 1929 A la recherche du temps perdu trois vol Paris Bouquins Robert Laffont Reder L M Ed 1996 Implicit Memory and Metacognition Mahwah Lawrence Erlbaum Associates Roediger H L IM and F Craik I M edts 1989 Varieties of memory and consciousness Hillsdale
16. sation du travail ou de mod lisation des comp tences Un autre objectif appara t beaucoup depuis quelques ann es il concerne la capitalisa tion des connaissances des op rateurs experts partant la retraite ou des m tiers qui peuvent momentan ment dispara tre alors qu une somme d exp rience s est constitu e comme c est le cas propos par exemple de la construction des centra les nucl aires On a donc deux directions d aide la prise de conscience la premi re est centr e sur le professionnel pour lui m me la m diation vise d abord lui profiter la seconde est centr e sur les buts du chercheur et vise collecter des don n es le professionnel est alors principalement pour lui un informateur Toutes ces activit s pointent vers un processus identique qu une personne seule peut difficilement remplir prendre conscience de son v cu pass pour le reconna tre se l approprier s en servir comme base de connaissance pour perfectionner ses gestes professionnels Le fait de vivre une situation nous en donne la familiarit nous forme de fa on implicite par le fait m me d y avoir t impliqu mais ce qui est familier et que l on sait faire n est pas pour autant connu Si conna tre au sens fort est le fait de pouvoir conceptualiser et de mani re g n rale verbaliser alors nous savons faire beaucoup plus de choses que ce que nous connaissons C est dire que ce que nous vi vons appartiens largement
17. sch 2003 De mani re g n rale chaque question peut tre analys e dans ses effets selon trois points de vue selon les directions d attention qu elles sugg rent l interview selon sont les actes cognitifs qu elles induisent chez lui r flexion jugement rappel rem moration imagination et selon les tats internes qu elles sollicitent de sa part Vermersch 2004a Par exemple quand je vous ais demand qu est ce qui se passe pour vous quand vous me lisez si vous avez consenti faire l exp rience changement d tat interne votre attention s est d plac e du texte vers vous m mes et votre exp rience int rieure de vos pens e de vos associa tion etc ce faisant vous tes probablement pass d un acte de lecture suscitant diff rentes pens es r flexions jugements un acte de perception in terne bas sur le souvenir encore frais de ce que vous veniez de vivre Un des fils conducteurs de la formulation des questions est d termin par le souci d obtenir dans la verbalisation le niveau de d tail efficient c est dire d aller jusqu au niveau de d tail qui rende intelligible l action d crite au regard du but poursuivi Quand on cherche ainsi fragmenter la description on favorise l explicitation un nou veau sens Dans un premier temps j ai indiqu que l explicitation tait le mouvement par lequel on conduisait le v cu encore pr r fl chi et donc implicite la conscience r fl
18. t imm diatement Or ce style de question oriente l attention sur les raisons d un acte et non sur sa description et induisent un travail de raisonne ment de r flexion Ces actes de raisonnements sont totalement incompatibles avec les actes de la m moire d vocation ils court circuitent toute possibilit d obtenir les d tails descriptifs qui vont produire une r ponse au pourquoi L entretien d explicitation comporte un ensemble de techniques permettant l aide la prise de cons cience la rem moration la description fine des v cus la formulation des questions et relan ces Une de ses bases est de rechercher la verbalisation du v cu en privil giant la dimension proc durale c est dire l action dans son d roule ment effectif tel que celui qui l a accompli l a v cu Ainsi d une part on acc de de mani re di recte la description de l action mais aussi de Expliciter le journal de l association GREX Groupe de recherche sur l explicitation n 59 mars 2005 31 mani re oblique tous les satellites du proc du ral les buts les savoirs les repr sentations les jugements Mais si l on demande par exemple directement Quel tait ton but on ne dispose que de la conception du but selon l acteur ce qui ne permet pas de savoir s il a agit en poursuivant effectivement ce but Si en revanche on dispose aussi de la verbalisation du proc dural alors cette description de l action va nous do
19. tais simplement dans le v cu de l motion Il est clair que nous n avons pas besoin pour vivre et m me pour effectuer des activit s complexes et expertes d avoir une conscience r fl chie de chaque moment v cu Et c est tout fait fonctionnel de ne pas tre encombr en permanence d une vigilance qui exigerait de nous que chaque instant soit sous le regard de la cons cience r fl chie Cependant pour pouvoir d crire ce que nous faisons pour l analyser pour le conna tre il nous faut le conduire la conscience r fl chie Ce qu il n est pas spontan ment Dans la mesure o cette op ration cognitive de prise de conscience ou comme la nomme Piaget de r fl chissement 4 ne se r alise pas automatiquement il faut la provoquer l accompagner la solliciter Et l des obstacles apparaissent qu il faut d pas ser par l acquisition de diff rentes techniques d entretien En fait subjectivement n existe sur le mode du connu au sens de disponible pour y penser que ce qui est d j r flexivement conscient En cons quence tout ce qui est encore seulement pr r fl chi est comme absent de ma connaissance comme si je ne le connaissais pas faute de l avoir reconnu Ce n est pas g nant pour agir et m me de mani re efficace En revanche pour produire une description d taill e de ce que j ai fait ce qui n est encore que pr r fl chi est comme inconnu absent C est le premier obstacle d passer ce que j
20. ussite de cette vis e vide et ainsi obtenir un remplissement mn monique propose la personne de laisser revenir des impressions senso rielles de ce moment pass des l ments de contexte n importe quoi qui n a pas fait l objet d une m morisation au moment o il tait v cu Dans cette proposition il y a deux aspects compl mentaires importants tout d abord le caract re de l acte sugg r comme accueil par la consigne de laisser revenir ce qui s oppose aller cher cher ou faire un effort pour se rappeler et de plus demande est la fois peu exigeante et vise le v cu pas les savoirs Par exemple si je vous pose la question de savoir combien il y a de fen tres l endroit o vous habitez sauf cas particulier vous ne le savez pas par c ur Et pour y r pondre spontan ment vous allez vous transporter en pen s e dans ce lieu le parcourir dans l image que vous vous en faites pour compter mentalement les ouvertures Ma question a induit un acte de rem moration qui vous a conduit spontan ment quitter mentalement cette page pour aller en vocation d un autre lieu ou d autres pi ces que celle o vous tes install Ce mouvement d vocation s est d clanch en r ponse une demande qui ne peut tre satisfaite qu en se rapportant en esprit une autre r alit que celle actuelle Il est possible de faire la m me chose pour le temps et pas seulement le lieu C est le point d entr e de to
21. utes les techniques d accompa gnement en vocation vers une situation pass e sp cifi e Quand l acc s en m moire d vocation est amorc il est relativement simple de conduire l entretien en restant en contact avec ce v cu pass A partir de l on rencontre d autres difficult s r clamant pour tre surmont es diff rentes techniques Sans passer en revue toutes les techniques de l entretien d explicitation centrons nous sur la formulation des questions et la fragmentation de l information La formulation des relances de l intervieweur est une technique d licate Par exemple elles ne doi vent pas induire la r ponse tout en sollicitant des r ponses pr cises Elles ne doivent donc pas dans leur formulation nommer des r alit s qui n ont pas encore t exprim es par l interview ni utiliser de formulations traduisant dans le langage de l intervieweur ce que dit l interview L induction du contenu des r ponses intervient en g n ral avec les questions ferm es qui pour tre pos es doivent pr cis ment d signer le contenu Ainsi avez vous pens la consigne est une ques tion ferm e laquelle on ne r pond que par oui ou par non mais de plus elle fait exister la consi gne pour l interview En quoi est ce si probl matique Tous les travaux sur le t moi gnage Loftus 1979 Loftus and Ketcham 1991 et sur la m moire visuelle montrent qu il est tr s facile de fabriquer une fausse m moire c est
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