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Université de Rouen

1. Penser l ducation 2003 homme au vu de ses qualit s av r es d orateur pour servir l Etat travers ses multiples structures dont relevait et d pendait l organisation de l empire 21 Il semblerait que en r alit l objectif v ritable n tait pas tellement de former des tech niciens ni des sp cialistes mais plut t de fa onner au moyen d une formation litt raire domin e par la rh torique une lite poss dant une culture g n rale commune et s enracinant dans le m me patrimoine MIALARET et J VIAL 1981 22 Apr s quoi ils rel vent galement que dans la pratique ce type d ducation qui fait une large place l enseignement d une loquence d apparat et donc au prestige de la parole loin de desservir les l ves ou m me leurs professeurs a servi former des tudiants aptes moyennant un travail d initiation rapide s adapter aux t ches de l avocat et aussi aux multiples services de l tat 23 P RICHE autant que les deux auteurs pr cit s mettent parall lement en vidence la symbiose et la concordance du syst me ducatif romain avec le contexte socio culturel qui fut le sien travers cette culture humaniste apparemment si bien synchronis e et mise en valeur par Rome mais restrictivement et in galitairement diffus e c est aussi la survivance de pratiques ducatives puisant leurs sources directement dans l h ritage grec qui se d voile ici sous nos yeux Il convie
2. 11 M LOBROT rappelle que es structures sociales de l poque hell nistique et romaine fond es sur l esclavage autorisent l exploitation la plus totale et la plus cruelle In les effets de l ducation p 269 12 Op cit p 165 13 Op cit Il est curieux de constater combien des m thodes de domination utilis es avec plusieurs si cles d intervalle peuvent pr senter des similitudes frappantes Ce constat peut s appliquer la lettre l entreprise coloniale fran aise en Alg rie C est ce que rel ve d ailleurs A MEGHERBI en crivant L occupation de la Numidie par les Romains est semblable en tous points de vue l occupation de l Alg rie par les Fran ais vingt si cle plus tard En effet le m me but tait vis r duire les populations l esclavage Cf Culture et personnalit alg rienne de Massinissa nos jours ENAL Alger 1986 158 pages p 73 Dans un comme dans l autre le syst me d enseignement fut mis au service d une id ologie s gr gationniste et ce au nom d un discours qui pr tendait les lib rer et les civiliser Qu on ne s y trompe pas cette ressemblance n est nullement fortuite Il existe des preuve que de bonne heure l administration coloniale fran aise s int resse de pr s l histoire de la domination romaine en Afrique du Nord gt gi D a Ko 33 Penser l ducation 2003 Comme l indique par ailleurs A LAROUI la science des antiquit
3. 51 Penser l ducation 2003 52 Lacan p dagogue du sujet de la psychanalyse l tre duquer de la p dagogie R my Marafico La barbarie p dagogique a pour caract ristique la forclusion du sujet Le sujet ne peut avoir de sens que compris dans une structure base de la praxis analytique et de l thique qui en d coule selon l enseignement de Jacques Lacan L tre duquer est un Moi Sujet et la p dagogie acte d instruction d ducation de formation et de soin Le p dagogue tente alors d tre Autre Chose dans une nouvelle relation et un nouveau rapport au savoir Lacan p dagogue ouvre le chemin d une thique de la p dagogie fond e par l engagement la responsabilit et la cr ation de valeurs Mots cl s Ethique Etre duquer P dagogie P dagogue Psychanalyse Sujet Les proc d s p dagogiques sont d un registre absolument tranger l exp rience analytique Jacques Lacan 1 peut sembler tonnant de commencer cet article avec une citation de Lacan en forme de conclusion Il n y aurait pas de rapport entre d une part des proc d s p dagogiques et d autre part l exp rience analytique Tout mon propos essaie de montrer le contraire Dans le cas de la p dagogie et de la psychanalyse le rapprochement quoique difficile peut et doit exister Psychanalyse et p dagogie s interrogent toutes deux afin d laborer des r ponses concernant l humain entendu ici comme tre
4. diff renciation des processus d apprentissage d abord styles cognitifs ancrages cognitifs diff rents outils et d marches d apprentissage et de guidage diff renciation des contenus d apprentissage ensuite types d objectifs programmes noyaux activit s transversales diff renciation des structures enfin groupes de niveau mati re groupes de besoin cycles p dagogiques De fa on perspicace Meirieu a bien vu que l obstacle lever tenait au mode simultan En ce sens et pour plagier une formule c l bre on pourrait d finir l Ecole a construire comme l association d ateliers diversifi s et du tutorat syst matique des ateliers diversifi s utilisant tous les outils dont nous disposons toutes les richesses de l quipe enseignante mais aussi de l environnement scolaire et social et du tutorat syst matique pour que chaque l ve puisse identifier son niveau se fixer des objectifs r fl chir ses m thodologies valuer ses acquisitions 1987 p 161 Il faut donc renoncer au mode simultan La p dagogie diff renci e globalise l approche de l h t rog n it dans la classe et en m me temps en fait une valeur au lieu d y voir une r alit r duire Face l h t rog n it du public scolaris la p dagogie diff renci e promeut avant tout le respect des diff rences et la possibilit pour chacun de recourir des strat gies personnelles Les l ves diff rents par nature trouveront la solution da
5. imp 1633 D p t l gal 2 semestre 2003 PENSER L EDUCATION PHILOSOPHIE DE L DUCATION ET HISTOIRE DES ID ES P DAGOGIQUES Sommaire N 13 Juin 2003 L arr t de mort de la p dagogie diff renci e Jean Houssaye De l ancrage pr coce et pr curseur d un enseignement sup rieur en Afrique du Nord Mahmoud Ariba 17 cole de la Troisi me R publique et les identit s r gionales Brigitte Dancel Lacan p dagogue du sujet de la psychanalyse l tre duquer de la p dagogie R my Marafico Des outils cognitifs qui forment notre compr hension une pr sentation de la th orie d Egan Philippe Dessus F4 Paulo Freire 1921 1997 Eduquer et enseigner Flavio Brayner et Xavier Uytdenbroek 89 Philippe Merlier 103 L arr t de mort de la p dagogique diff renci e Jean Houssaye Sciences de l ducation Universit de Rouen CIVIIC Les dispositifs d individualisation signent la mort de la diff renciation p dagogique en tant que r f rence dominante de l acte ducatif Ils viennent conforter le r le de la p dagogie de soutien en tant que gardien et garant de l enseignement simultan l appui de cette th se sont convoqu es trois tapes l volution historique de la gestion de l h t rog n it la nature de la p dagogie de soutien le sens et les formes de son retour actuel Mots cl s P dagogie diff renci e P dagogie de soutien H t rog n it scolaire Individualisation
6. la Monarchie Constitutionnelle l Empire et la R publique Nique 1990 p 233 Certes le coup d arr t donn l enseignement mutuel ne fut pas g n ral ni imm diat mais peu peu le mode simultan en vint devenir la r f rence Jules Ferry ne fit que se servir en le magnifiant de l outil scolaire qu avait labor Guizot cinquante ans plus t t et que Duruy et Gr ard avaient maintenu et d velopp Le mode simultan chappa aux fr res des coles chr tiennes et devint r publicain L cole primaire a trois niveaux cours l mentaire cours moyen cours sup rieur le cours pr paratoire sera officialis en 1923 par Paul Lapie et n aura auparavant qu une existence officieuse soit l cole primaire soit l cole maternelle Qui plus est les grandes lois scolaires de 1870 r int gr rent dans la justification de l cole la grande r volution de 1789 la th orie de l li tisme r publicain et la conjonction de la pr minence de la relation du savoir et du ma tre On comprend d autant mieux la force et la symbolique du mode simultan N oublions pas que dans son fonctionnement il semble rejoindre la p dagogie des lyc es qui sous l influence des J suites puis de Napol on est organis e en classes simultan es Mais comment l enseignement simultan g re t il les diff rences ou l h t rog n it D abord il les justifie par l galit des chances l cole pour tous est donn e tous le m me savo
7. que peut repr senter pour eux l tude du dialecte local Partout il y a int r t ce que le ma tre propos de l histoire locale signale ses l ves les noms des grands crivains et des grands po tes de la r gion et leur expliquer la beaut de leur uvre C est en s inspirant de ces id es que les ma tres pourront d velopper l esprit national des enfants qui leur sont confi s L attachement la petite patrie est la premi re forme de patriotisme Celui qui aime son village aime d autant mieux la France La ruralit id alis e par l Ecole Ces d bats qui agitent les intellectuels ne restent pas sans effet sur l cole primaire Edouard Herriot signe le 21 juillet 1928 une circulaire relative la d sertification des campagnes Il s y indigne de la correction d une r daction propos e dans la Revue p dagogique faut il choisir de vivre la ville ou la campagne L auteur conclut au b n fice de la ville Edouard Herriot reconna t que la population rurale ne repr sente plus que la moiti de celle de la France et que c est une situation grave il faut veiller maintenir les assises agricoles de pays afin d assurer son ind pendance conomique sa facult de rajeunissement et de prot ger les consommateurs avec l abondance sur les march s Afin que cette prescription soit suivie d effet quoi de plus efficace que d en inscrire l esprit dans les preuves de certificat d tudes auxquelles l
8. vations p dagogiques C est ainsi que le cours d Histoire de France de Gauthier Deschamps grand rival du Lavisse avant 1914 est remis jour en 1932 par A Aymard inspecteur primaire de la Seine Ce dernier propose dans les deux derni res pages de son cours l mentaire et moyen de proc der une r vision locale et individuelle N s adresse ainsi l l ve Tu viens de lire cette Histoire de France c est l histoire de la patrie dont fait partie le petit coin de terre o tu es n o tu grandis C est l histoire de tes anc tres parmi lesquels ont lutt et souffert les anciens de ta propre famille Tu aimeras davantage la France en retrouvant dans le pays natal la trace des souvenirs du pass Tu comprendras mieux ce que tu dois aux Fran ais et aux hommes de tous pays qui ont v cu avant toi en te renseignant sur la vie des tiens la suite de cette adresse 18 questions guident une recherche sur La petite patrie et la famille de recoller en commen ant par le nom de la commune pour lequel la r f rence l ouvrage de Dauzat est d j donn e Ainsi ce travail de recherche confi avant 1914 aux ma tres et aux rudits locaux passe t il ou devrait il passer dans la classe En 1938 apr s une exp rimentation lanc e la rentr e de 1936 Jean Zay donne un cadre institutionnel pour mener ce genre de travail l cole primaire les classes disposent d sormais de trois heures de travaux dirig s favora
9. 1999 seuls les humains comprennent que divers ant c dents le vent des manipulations l escalade peuvent entra ner la chute de fruits l v nement Et ces diff rents ant c dents expriment tous une force physique qui secoue l arbre Selon Donald 1999 cette capacit a de nombreuses cons quences sociales que nous ne pouvons lister 77 Penser l ducation 2003 ici parmi elles se trouve la p dagogie II montre que l instruction des jeunes dans une culture mim tique demanderait beaucoup de temps si elle tait strictement et intentionnellement organis e En r alit de tr s nombreux v nements permettent l ducation via le mim tique rituels jeux habitudes sociales Passons au mode de compr hension suivant bas sur le langage Compr hension mythique comprendre l abstrait par le langage La compr hension mythique travers les mythes est pr sente dans toutes les soci t s de tradition orale Les mythes sont un moyen de v hiculer la culture d une soci t par le langage oral l explication la pr diction et le contr le de ph nom nes du monde environnant sont ainsi possibles Donald 1999 montre comment le langage a jou un r le de m diateur dans la plupart des soci t s de l ge de pierre tout d abord utilis pour coordonner les personnes lors d activit s importantes comme la chasse pour partager des connaissances comme des sources de nourriture pour faire des plans ou prendre des d
10. Coll ge unique Innovation p dagogique Organisation scolaire ne certaine attention au vocabulaire dominant dans les sph res ducatives am ne penser que les termes d aide et de soutien deviennent de plus en plus pr gnants alors que la notion de diff renciation qui tait encore tout r cemment l honneur tend s estomper L aide aux devoirs fait l objet de nombreux projets et a saisi de nombreuses structures les dispositifs de soutien scolaire se d clinent de bien des mani res tant dans le primaire que dans le secondaire la rentr e 1999 deux heures d aide aux l ves de seconde seront attribu es chaque division et concerneront huit l ves maximum red finis chaque trimestre par le conseil de classe aussi bien en fran ais qu en math matiques Bref plus que jamais soutien et aide sont l ordre du jour dans le syst me scolaire et p ri scolaire Dans le m me temps curieusement la notion de diff renciation omnipr sente dans les discours p dagogiques r cents appara t de moins en moins On peut toujours dans ce cas faire l hypoth se qu on assiste une simple substitution de termes sans modification en profondeur du champ de r f rences p dagogiques dans un mouvement de continuit qui exige que se consument les termes pour que l innovation perdure et soit accept e Nous ferons plut t l hypoth se suivante nous assistons au grand retour de la p dagogie de soutien dans un mouvement qui signe la
11. Nous avons seulement une pi ce pour nous accomoder Nous avons trois enfants qui en g n ral se sont mal aliment s durant la journ e Je reviens donc chez moi fatigu d courag irrit et triste sans espoir Je vois mes enfants qui pleurent et mon irritation augmente encore davantage Je les bas pour avoir la paix et d fouler ma haine une haine qui n est pas contre mes enfants mais contre la vie Cf Vivian Schelling 1987 67 Bibliog Freire O medo e a audacia P 98 Mocambos favelas de la ville de Recife constructions pr caires et infrahumaines au bord du fleuve Capibaribe Ce premier ouvrage de Paulo Freire vient d tre r dit la fin de l ann e 2001 et lanc au Forum Mondial de l Education Porto Alegre Br sil Revista Brasileira de Estudos Pedagogicos 1961 9 tudier ne se mesure pas par le nombre de livres lus en un semestre ce n est pas un acte de 10 consommer des id es mais de les cr er et de les recr er texte d un s minaire au Chili en 1968 sur Education et R forme Agraire Ces mots environ dix sept doivent tre porteurs d une grande richesse phon mique et doivent tre travaill s n cessairement en ordre croissant allant des moindres aux plus grandes difficult s phon tiques dans le contexte de la vie des tudiants en alphab tisation et de leur langage local 700 12 13 Penser l ducation 2003 Le travail d quipe est une caract ristique es
12. Penser l ducation 2003 La formation des ma tres Les autorit s hi rarchiques mettent tous leurs espoirs dans la formation des ma tres l cole normale Jean Fran ois Chanet rappelle l influence de Paul Vidai de La Blache qui d s 1880 forme les futurs professeurs des coles normales de filles Fontenay Il livre ses pens es p dagogiques dans un article du Manuel g n ral dat d octobre 1907 7 La g ographie doit veiller le go t des observations qui explique l adaptation de l homme au sol et suscite finalement attachement au pays L observation du milieu de vie r pond des objectifs p dagogiques et ducatifs C est dans ce milieu la faveur des habitudes quil le ma tre trouvera des exemples et les points de comparaison n cessaire je lui dirai donc tudiez le pays dans lequel vous avez enseigner Ainsi ce pays cette petite patrie ce milieu local sont ils grandis et lev s au rang de paysage talon qui sert mesurer appr hender tous les autres soigneusement localis s dans un ensemble national harmonieusement et patiemment reli s entre eux par des moyens de communication aptes faciliter les changes entre les hommes et les produits Dans cette France tre g ographique la physionomie vari e aimable accueillante tout n est que dons vari s et richesses compl mentaires qu une solide constitution rurale a su faire fructifier 8 Dans une Fran
13. il s agirait d une panne d id es d un blocage en somme dans la production de r gles nouvelles qui inciterait dans ce cas puiser sans retenue dans les r serves toutes pr tes du pass Et si tel tait le cas on serait alors fond croire aussi que la pens e p dagogique contemporaine en d pit de ses pr somptions novatrices ne fait qu introduire de modestes variations un solf ge qui nous vient en r alit tout droit d un pass datant de plusieurs si cles Pour aussi br ves que soient ces indications elles s emploient particuli rement prouver la part active pr pond rante de l Afrique du Nord septentrionale dans l volution de la r flexion p dagogique en g n ral et la jonction d j existante entre l Afrique et l Europe en particulier NOTES ET REFERENCES 1 A MANDOUZE affirme je consid re que Saint Augustin ce baladin fut le plus grand maghr bin de l Antiquit et sa chr tient s est forg au gr de ses voyages La th ologie de Saint Augustin n est pas un dogme mais fut une mani re de vivre et de penser le Maghreb Cf Le Matin Alger 6 avril 1992 p 17 2 Dans une conf rence donn e Alger l invitation du CNEH Centre National des Etudes Historiques le cardinal Duval aurait rapport que En 1981 ont t d couvertes Vienne Autriche SPN 29 lettres de Saint Augustin jusque l ignor es Leur publication a montr que l v que d Hippone a pris c
14. in actu une pens e port e par la tension entre des l ments contradictoires mue par un horizon id ologique ann es 70 exprimant une ontologie de l espoir mais qui aujourd hui fait figure d une pens e impr cise g om trie variable qui s est nourrie pour l essentiel d une image de lib ration humaine qui a fait d ailleurs le succ s des Sciences Humaines et Sociales il y a trente ans Mots cl s Paulo Freire Opprim Probl matisation Praxis Conscience na ve Conscience critique Penser l ducation 2003 usqu au ann es 50 il n existait au Br sil pratiquement aucune forme originale de pens e Jsur la question scolaire des adultes issus des classes populaires Leur enseignement tait presque toujours labor partir des contenus scolaires provenant de l enseignement infantile Mais les choses commenc rent changer quand le Br sil entra dans une phase d intense mobilisation politique 1955 1964 les ducateurs de l poque constatant que l ducation scolaire ne favorisait aucun changement effectif dans les conditions de vie des travailleurs qui fr quentaient le syst me scolaire ont essay de joindre la r flexion p dagogique l engagement politique Nous pouvons affirmer que les premiers signes de la pens e de Paulo Freire y taient d j pr sents tant dans la critique du syst me ducationnel que dans la formulation d une p dagogie qui pourrait contribuer la transformation de la soc
15. moins galement un aper u des tonnantes capacit s Penser l ducation 2003 d adaptation mises en uvre ici et l pour ent riner et int grer des dispositifs techniques et ce malgr le caract re limit et d lib r ment discriminatoire ou tout le moins parcimonieux de leur g n ralisation C est ajoutent ils l indice concret qu cette poque tardive dans une r gion recul e de l Afrique il existe une cole latine pour l apprentissage de l criture 25 Mais vrai dire cela ne constitue pas la preuve probante irr futable d un quelconque rayonnement culturel du c t des peuples conquis Ce rayonnement culturel comme l a si bien montr M LACHERAF a bien eu lieu mais il n a en d finitive profit qu aux seuls romains ou quelques serviteurs actifs et z l s de fait enti rement acquis au service de Rome et de ses insatiables ambitions de grandeur en croire les nombreux chroniqueurs le sch ma scolaire de l poque englobait res pectivement les cycles ou paliers suivants l mentaire secondaire et sup rieur Madaure tait consid r e comme la deuxi me universit apr s celle de Rome et Hippone comme la seconde ville d Afrique Tous ces t moignages confirment donc la vitalit des institutions sup rieures d ensei gnement et d instruction et soulignent en m me temps l expansion progressive du champ de leur d ploiement et de leur rayonnement L enseignement sup rieu
16. nous voudrions sauver nos vieilles danses de folklore r nover la chanson paysanne moderniser le costume r gional et en r pandre la mode au moins pendant les loisirs Et Guy Le Floch secr taire g n ral de la Soci t des amis des arts populaires et pr sident des diff rents groupes folkloriques pr sents Hambourg savoyard corse ari geois normand basque breton vend en termine son intervention en annon ant l Exposition de 1937 qui sera une exaltation de cette France la fois diverse et indivisible et en glorifiant les patries immortelles d Allemagne et de France Aveuglement de la d l gation fran aise Na vet et s duction devant le spectacle hambourgeois soigneusement mis en sc ne Points de convergence qui emp chent de cerner l id ologie g n rale naus euse Si la rigueur le doute est permis en 1936 il ne l est plus l t suivant et le Front populaire s emp tre alors dans un congr s tiraill entre des voix contradictoires r publicaine et 44 Penser l ducation 2003 antir publicaine voire maurassienne la premi re visant une centralisation d une ethnographie nationale la seconde r clamant une d centralisation dans des institutions r gionales Les mus es de plein air norv giens plaisent aussi bien gauche Marc Bloch revient bloui de son voyage en Norv ge en 1929 qu droite Les parcs et maisons de culture de l URSS int ressent Comment concilier des discours qui regar
17. rateurs 10 et des th mes deux niveaux leurs richesses syllabiques et leurs relations profondes avec la vie des tudiants 3 une premi re codification des mots sous forme d images visuelles qui stimulent les gens submerg s dans la culture du silence pour qu ils mergent comme cr ateurs conscients de leur propre culture 4 introduction du concept anthropologique de culture accentuant la diff renciation entre homme et animal 5 d codification des mots et des th mes g n rateurs dans le Cercle de Culture stimul par un coordinateur qui n est pas professeur dans le sens conventionnel du mot 6 une nouvelle codification cr ative explicitement critique et tourn e vers l action dans laquelle ceux qui taient formellement analphab tes commencent rejeter leur r le de simples objets L efficacit et la validit de sa m thode vient de la r alit de l tudiant analphab te de ce qu il conna t d j de la valeur pragmatique des choses et des faits de sa vie quotidienne 92 Penser l ducation 2003 de sa situation existentielle Partant du sens commun Paulo Freire et son quipe 11 proposent leur d passement La m thode si elle ob it aux normes m thodologiques et linguistiques va au del de celles ci parce qu elle met au d fi l homme et la femme de s approprier le code crit acqu rant ainsi une autre vision du langage et du monde Cette approche ducative comprise comme
18. volution propre En t moigne par exemple le fait qu il n y a pas d effort sans discipline cette discipline que Kant d finissait comme l acte par lequel on d pouille l homme de son animalit op cif C est aussi la discipline de la pens e qui est en jeu l absence totale dans la scolarit fran aise d un enseignement l mentaire de la logique et de l histoire des sciences a des implications qu on ne soup onne pas Eduquer suppose une autorit un auteur ce m me auctor auctoritas d rive en latin du verbe augere qui signifie augmenter L autorit est par d finition ce qui augmente les fondations nous rappelle H Arendt op cit p 160 L ducateur est d s lors celui dont la t che est de faire cro tre les potentialit s nouvelles de chaque enfant sur le terreau des anciens acquis Sa finalit consiste faire le lien entre l ancien et le moderne Toute la difficult de l ducation r side d ailleurs dans ce travail de passeur qui montre au jeune que ce qu il croit moderne est ancien c est le caract re n cessairement d cevant de l ducateur et qui l aide construire ses possibles in dits sur des fondements pass s c est la dimension pleine d espoir et de nouveaut qu apport avec elle chaque g n ration Polybe disait ainsi qu duquer quelqu un c est lui montrer qu il est tout fait digne de ses anc tres Pour qu un tel argument trouve un cho il faut le respect d un ancien et cet id al peut toujours
19. 1914 A travers le pass de la Picardie de Robert Watel L introduction de cet ouvrage pr cise les intentions de l auteur les l ves sont Fran ais d abord puis Picards et enseigner une histoire r duite aux limites provinciales sans cho national quivaut remplacer dans la classe l usage du fran ais par celui du patois L inspecteur d acad mie s appuie galement sur d autres soci t s rudites locales dans la Somme les Rosati Picards lancent des concours pour recueillir des textes de le ons et de lectures d histoire locale leur activit passe galement le cap de la guerre Ainsi les demandes hi rarchiques suscitent elles des travaux r dig s par des instituteurs des inspecteurs primaires des directeurs d coles normales qui trouvent aupr s d un dense r seau de libraires diteurs locaux les moyens de publier 9 Ces productions entrent en 40 Penser l ducation 2003 concurrence avec celles de la puissante maison Hachette qui dite sous la direction de Paul Joanne une collection de petits livres sur chaque d partement fran ais Il s agit l de transf rer le savoir faire d Adolphe Joanne qui publie en 1841 le premier guide a couverture bleue destin guider les voyageurs dans un itin raire alpin la collection des itin raires adopte le nom de Guides bleus en 1910 et Paul Joanne en prend la direction l ann e suivante Le succ s de ses petits fascicules d partementaux destin s des voyageu
20. CNDP CRDP 2001 DAUZAT A Le village et le paysan Paris Gallimard coll Le paysan et la terre 1942 Bourrelier 1946 Congr s intemational de l enseignement primaire et de l ducation populaire organis par le Syndicat National des Institutrices et des Instituteurs de France et des Colonies Paris Palais de la Mutualit 23 31 juillet 1937 Paris SUDEL 1938 p 532 535 ORY P La belle illusion Culture et politique sous le signe du Front populaire 1935 1938 Paris Pion 1994 VELAY VALENTIN C Le congr s international de folklore de 1937 dans Annales HSS mars avril 1999 p 481 506 et LOUBES O L cole et la patrie Histoire d un d senchantement 7974 1940 Paris Berlin 2001 DANCEL Brigitte L cole de la II R publique dans une France une et divisible dans CAR PENTIER Claude dentit nationale et enseignement de l histoire Paris L Harmattan 1999 p 51 65 Source Mus e national de l ducation 3 4 01 79 9616 BLOCH M La terre et le paysan Paris Colin 1999 p 171 244 49 Penser l ducation 2003 SCOL4rpp G OGRAPHIE O PHRTEWENT rss PENSER RESTES t Document 1 un livret cahier de g ographie locale NA dianan tetes abae 2 dition 50 PRES ant reprit da l itenr ME Les a inner R A SR RP PORTER E EE Pine mnt ALIIE A V ERAIAIE d PAPCTERI PLNTAAIES POINE CHOQUET Ki A Ruu de La R puntique Pen
21. Chicago University Press Introduction et forum de discussion sur l ouvrage disponibles http www educ sfu ca people faculty kegan EdMind html acc d le 23 octobre 2002 FEBVRE L 1968 le probl me de l incroyance au XVI si cle Paris Albin Michel 1 d 1942 GARDNER H TORFF B amp HATCH T 1995 L ge de l innocence reconsid r Pr server le meilleur de la tradition progressiste en psychologie et p dagogie Revue Fran aise de P dagogie 111 p 35 56 GIOLITTO P 1984 Histoire de l enseignement primaire au XIX si cle T Il Paris Nathan GIORDAN amp DE VECCHI G 1987 es origines du savoir Neuch tel Delachaux et Niestl GOODY J 1994 Entre ora t et l criture Paris PUE GUILLO D 2000 Sciences sociales et sciences de la vie Paris PUF HATANO G amp INAGAKI K 1997 Qualitative changes in intuitive biology European journal of Psychology of Lducation 12 2 p 111 130 JOHSUA S amp DUPIN J J 1993 Introduction la didactique des sciences et des math matiques Paris PUF KINTSCH W 1998 Compr hension a paradigm for cognition Cambridge Cambridge University Press LINCOLN Y S 1996 Curriculum studies and th traditions of inquiry The humanistic tradition In P W Jackson Ed Handbook of research on curriculum New York Macmillan p 79 118 NELSON K 1996 Language in cognitive development Cambridge Cambridge University Press OLSON D R 19
22. acte politique tait nouvelle au Br sil qui avait toujours reproduit depuis des si cles l interdiction des corps des populations socialement marginalis es ou pire vivant interdits du droit d tre d avoir de savoir et de pouvoir 12 Le Minist re de l Education du gouvernement Jo o Coulart avait pr vu en 1964 l installation de 20 000 Cercles de Culture pour deux millions d analphab tes Cependant le coup militaire de mars 64 interrompit les travaux au tout d but r primant toute la mobilisation d j conquise Dans une r gion fortement conservatrice cette insistance sur le d veloppement de la pens e critique et du sens de responsabilit morale de l individu pour changer sa vie et le monde dans lequel il vit fut hautement provocatrice pour les valeurs traditionnelles Rapidement le Programme et ses effets politiques commenc rent g ner la mission am ricaine USAID qui trois mois avant le coup militaire suspendit le Programme En exil peu peu Paulo Freire prit conscience de la signification du coup d tat militaire de 1964 et de la dure r alit de persona non grata dans son propre pays Pour lui une nouvelle ligne d intervention imp rialiste venait d tre inaugur e dans le continent Il s agissait d un projet articul une nouvelle strat gie politico conomique qui visait moderniser la structure conomique du Br sil et de l Am rique Latine la rendant plus appropri e aux int r ts d une domination
23. ainsi beaucoup plus imag que les modes de compr hension fond s sur l crit que nous passons maintenant en revue Compr hension romantique aux limites de la r alit L homme est g n tiquement apte aux deux premiers modes de compr hension la marche et la parole sont inn s Ce n est pas le cas de l outil cognitif cens favoriser le mode de compr hension romantique l crit En effet si toutes les soci t s utilisent au moins la 79 Penser l ducation 2003 parole pour transmettre leur culture il existe et a exist des soci t s n ayant pas invent un syst me de symboles pour produire de l crit l origine l crit est un simple moyen d aider m moriser des quantit s ou des activit s devenues trop nombreuses ou trop complexes Par exemple il est maintenant commun ment admis que l criture n a pas t invent e pour transcrire la parole mais plut t pour faire tat de transactions entre personnes transactions ayant pour objet des animaux ou des aliments Oison 1998 L crit a ensuite ouvert de nombreuses autres possibilit s en devenant selon Egan non seulement une mani re d crire la pens e mais plut t une partie du processus de pens e Les travaux de Bereiter et Scardamalia 1987 sur la production crite corroborent ce point lorsqu ils d finissent un processus avanc de l criture qu ils nomment transformation de connaissances knowledge transforming passant par une logique de buts m
24. aussi il s agit du m me int r t de la poursuite de l extr me et de l exotique En collectionnant un ensemble de choses ou en ma trisant en d tail un domaine on a l assurance que la r alit n est pas sans limites que l on peut l appr hender En apprenant quelque chose exhaustivement on acquiert la s curit que l on peut en principe prendre connaissance du monde Egan op cit p 87 Le h ros La figure romantique par excellence est le h ros Ces h ros sont n cessaires pour des enfants confront s de plus en plus d autonomie et de plus en plus loin du mode de compr hension mythique plus s curisant L enfant a donc besoin de s identifier des h ros r els la star de la chanson ou du sport lui donnant de claires indications propos de toutes les contraintes sociales auxquelles il est confront A titre d exemple un examen 80 Penser l ducation 2003 superficiel de couvertures de revues destin es un public coll gien montre qu ils utilisent un mode de compr hension romantique Voici par exemple les titres de couverture de Science et Vie junior Septembre 2000 X Men des pouvoirs tr s sp ciaux La science des codes secrets Muscles la carte Les recettes des champions Trompe l il les illusions d optique Cet int r t pour les h ros bien que peu document e dans la litt rature est toutefois pr conis e pour enseigner des valeurs Sanchez 1998 Cognition situ e Nous ab
25. besoin de transiter vers des formes de conscience plus critiques Or ce transit ne se fait qu avec l aide de certains interlocuteurs qui d tiennent d j les formes de conscience admises comme critiques et ainsi un tel dialogue risque toujours d tre induit Ainsi le crit re pour d finir quelque chose comme des sujets conscients demeure dans la d pendance de ceux qui d finissent a priori une telle conscience Et dans ce cas une th orie du dialogue se transforme en programme de politisation c est dire en instrumentalisme Le risque donc que Freire envisageait dans une utilisation instrumentale de ses id es tait d j pr sent dans la formulation m me de l id e Conclusion La pratique et la pens e p dagogique de Freire ont repr sent un tournant important dans l histoire de l ducation br silienne du si cle dernier Depuis les ann es trente notre 98 Penser l ducation 2003 pens e p dagogique avait t fortement influenc e par le psychologisme de la Nouvelle Ecole introduit au Br sil par le principal pigone br silien de Dewey Anisio Teixeira Freire dans un moment particulier de notre histoire sociale d couvre pour la pens e p dagogique T opprim dans un sens semblable ce qu on peut dire de Rousseau quand il a d couvert pour l ducation l intimit et la sinc rit Ainsi Freire introduit dans la discussion p dagogique un l ment critique assez important dans l
26. co latines chant es par des lites europ ennes qui se d jouent des fronti res est venu le temps d couter les voix du Peuple de regarder les gestes du Peuple lev au rang de conservatoire des origines des sources barbares des cultures europ ennes 2 En France l engouement pour un Ossian cossais et ga lique perdu et retrouv au XVIIIe si cle se traduit en 1805 par l ouverture de l Acad mie celtique dont le but est de traquer les usages et les idiomes populaires L ampleur de l objectif explique sans doute le semi chec de l entreprise et la n cessit d une relance du travail sous l gide d institutions diverses ou de particuliers passionn s la Soci t royale des antiquaires de France en 1814 la publication de l uvre perdue d un barde breton dans les ann es trente 3 la Commission des chants religieux et historiques de la France en 1845 le Comit de la langue de l histoire et des arts de la France en 1852 la publication entre 1875 et 1877 de l Histoire du costume fran ais depuis les temps les plus recul s jusqu la fin du XVIII si cle r dig e par Jules Quicherat directeur de l cole des Chartes La Scola cantorum en 1896 qui dite trois ans plus tard L histoire de la chanson populaire en France Cette intense activit d inventaire qui par certains c t s ressemble notre actuelle faim de patrimoine ne reste videmment pas en dehors des furieux combats politiques du XIXe si cle 4 D s 1882 J
27. comp tences afin de fabriquer des individus adapt s L efficacit est la valeur culte de la finalit instrumentale La nouvelle science p dagogique se caract rise par des principes immuables la technique pr tend r soudre tous les probl mes le contr le des r sultats doit tre total l incontr lable l impr vu doivent tre limin s le r el est r duit ce qui est mesurable Ce scientisme pr tend r soudre tous les probl mes humains mais en faisant l impasse sur toute r flexion 54 Penser l ducation 2003 concernant la nature de l homme sur ce qui chappe sur ses fins La technique et le prag matisme p dagogiques ne s interrogent plus sur la finalit de la p dagogie et s affranchissent de toute axiologie Cette science id ologie de la suppression du sujet 9 a comme id e que tout peut se r gler et qu il est possible de produire tel ou tel type d individu Aujourd hui on se pr occupe des contenus enseigner des m thodes et des d marches utiliser Au del de ce quoi et de ce comment point de questions Comme le d nonce Jean Fran ois Mattei 10 r duire l ducation une p dagogie des objectifs c est r duire l enseignement une mosa que de proc dures parcellaires qui parcellisent en retour ses utilisateurs La p dagogie par objectifs supprime toute fin et tout sens des l ves qui se questionnent sur leur place l cole Ils se retrouvent bien souvent en chec cantonn s
28. contre les in galit s ou encore au nom de l cole unique r duit sa gestion externe de l h t rog n it et tend la renforcer au sein de la classe elle m me sachant que la mode simultan est fond sur le principe contraire Car supposer l homog n it est une chose la vivre en est une autre L essence de la p dagogie de soutien Il arrive en effet un moment o l enseignememt simultan qui s est donc impos histo riquement comme la solution pour traiter l h t rog n it des l ves et qui doit prendre en compte aussi bien l h t rog n it cognitive que l h t rog n it culturelle et l h t rog n it sociale appara t lui m me comme la cause de l h t rog n it dans la classe Le fait de dispenser le m me enseignement l ensemble des l ves programme rythmes ges cursus identiques produit son tour de l chec scolaire et ne permet surtout pas de r pondre un tel chec Il devient ainsi indispensable p dagogiquement d introduire de l h t rog n it au sein des pratiques de chaque classe La p dagogie de soutien est charg e d y r pondre Il est important de remarquer que cette p dagogie va devenir centrale sur la sc ne p dagogique quand l Education nouvelle et la p dagogie non directive vont refluer et sur la sc ne de l institution scolaire quand les diff rences institutionnelles et organisation nelles du syst me scolaire vont se r duire singuli rement Suivant ici fid le
29. d sirant tre apprenant 2 La compr hension de la nature de l homme ne peut tre dissoci e de la notion centrale en psychanalyse de sujet Toute politique qu elle soit d ducation de sant d action sociale induit une repr sentation du sujet et toute action en d coulant entra ne des effets sur celui ci 53 Penser l ducation 2003 partir du sujet de la psychanalyse de la praxis 3 analytique et de son thique un questionnement et une tentative de r ponse se sont concr tis s pour moi 4 sur l tre duquer 5 en p dagogie sur la pratique p dagogique sur la fonction du p dagogue et l thique de la p dagogie L objet principal de la p dagogie est de mani re traditionnelle l enfant Ce domaine est peu abord par Lacan Il en donne pourtant une d finition l enfant s bauche comme assujet C est un assujet parce qu il s prouve et se sent d abord comme profond ment assujetti au caprice de ce dont il d pend 6 Lacan indique que les notions conjugu es du surmoi du moi et du a peuvent guider l action de la pens e du p dagogue 7 Ma d marche s inscrit dans un premier temps dans la continuit de cette r flexion mais je cherche aller au del afin de pouvoir tablir une thique de la p dagogie s initiant d une approche du sujet d une praxis et d une thique analytique telles que d velopp es par Lacan En interrogeant la notion de sujet de praxis et d thique partir d
30. dagogie Le public Les l ves en difficult lents d origine socioculturelle d favoris e Les finalit s L galit des chances la lutte contre l chec et le redoublement la compensation de tout handicap l atteinte des objectifs pour tous Les moyens La reprise des apprentissages da base en fran ais et en math matiques en petit groupe ou en aide individualis e didactique et m thodologique l organisation de groupes de niveau L initiateur L enseignant L effectif Un groupe restreint Le temps L am nagement de moments particuliers pendant et ou en dehors de l horaire scolaire habituel En fait cette m me p dagogie de soutien s inscrit dans tout un ensemble de dispositifs d aides mis en place en faveur des enfants en difficult scolaire dispositifs qui tous utilisent la notion de soutien Il peut s agir d aides apport es au sein de la classe normale continuit p dagogique projet d action ducative projet d cole cycles p dagogiques d aides dispens es dans des structures particuli res classes exp rimentales classes de per fectionnement zones d ducation prioritaire d aides compl mentaires de l enseignement tudes du soir groupes d aide psycho p dagogiques de projets de restructuration de l or ganisation scolaire am nagement des rythmes scolaires projets d cole d centralisation valuations nationales certains niveaux pour favoriser les activit s de rem diation De m me la
31. dagogie n 120 juillet ao t septembre 1997 pp 17 24 p 20 LAROUI souligne que l universalit que Rome et apr s l Eglise proposeront sera celle de la servitude Cf Histoire du Maghreb T 1 petite coll Maspera p 58 A nouveau LAROUI crit Au sujet de la longue p riode qui commence la fin du II mill naire av l C et se termine au Vir si cle de l re chr tienne et pendant laquelle le Maghreb voit accoster S installer et parfois p n trer tr s loin l int rieur des terres Ph niciens Grecs Romains Vandales il est un fait capital qu il faut rappeler c est qu elle n est connue qu travers la litt rature gr co latine op cit p 26 6 MIALARET G et al Histoire mondiale de l ducation T 1 des origines 1515 PUF Paris 1981 361 pages p 187 ML p 189 RICHE P Education et culture dans l Occident barbare au VKVIlsj cles Ed du Seuil Paris 1962 577 pages p 165 LAROUI A op cit p 49 10 Des m thodes similaires seront reprises sous la colonisation notamment en Afrique Occidentale fran aise L cole coloniale tait d lib r ment litiste Il s agissait de s appuyer sur les chefreries traditionnelles pour mieux gouvemer Les fls de chefs y taient th oriquement pri poritaires D claration du Gouvernement g n ral de l AOF Roume en 1924 Cf MADA NOMAYE Les politiques ducatives au Tchad 1920 2000 L Harmattan 160 pages p 55
32. donc pas aussi abstraits que ce qu Egan le signale Ces histoires ainsi que les comptines sont des artefacts qui permettent aux humains de jouer le r le de m moire externe Sperber 2000 car sans crit seules les choses dont on peut se rappeler font partie du savoir les images Le d veloppement du langage a eu pour cons quence paradoxale la d couverte que des mots peuvent tre utilis s pour voquer des images mentales et que ces images peuvent avoir un pouvoir motionnel aussi fort que des v nements r els Egan op cit p 60 Dans les soci t s de tradition orale l utilisation d images permet comme les contes et les comptines une meilleure m morisation d id es Gr ce la force affective des images cette derni re est ainsi beaucoup plus li e aux motions et par cons quent plus vivace La m taphore La compr hension des m taphores est galement li e au d veloppement du langage Les travaux de Piaget 1976 ont montr que seuls les enfants partir de onze ans taient capables de comprendre des m taphores pr sent es sous la forme de proverbes tels que Le chat est parti les souris dansent Des travaux plus r cents Winner amp Gardner 1993 ont permis d abaisser cet ge pour peu que les m taphores soient bas es sur la perception ses joues taient comme des ros s plut t que bas es sur des caract ristiques cach es elle est dure comme le roc Le mode de compr hension mythique est
33. endroits o a parle Le p dagogue La fonction du p dagogue n cessite des capacit s et des comp tences d clin es en savoir savoir faire savoir tre et savoir dire Elle s exerce en r f rence avec les attentes les imp ratifs la commande sociale d une soci t donn e La fonction d coule d une place soit d une position par rapport des id es des th ories au sein d une mission mais aussi de positions avoir dans l espace p dagogique 63 Penser l ducation 2003 Analyser comprendre passe pour lui par un questionnement et une relativisation de ses repr sentations Questionner au lieu de r pondre relativiser au lieu d affirmer am ne le p dagogue une lecture diff rente du sympt me Le sympt me est appr hender comme une organisation signifiante qui conserve la m moire de faits d v nements de paroles jadis advenus dans l histoire du sujet I parle de quelque chose qui n avait pas t entendu Toujours unique car il renvoie au savoir et la v rit du sujet il est une langue d chiffrer qui signifie autre chose que ce qu elle nonce De ce r le d analyseur qui interpr te afin de comprendre d coule un r le d animateur qui met en mouvement r gule communique pr vient ses dires coute Par rapport aux apprentissages son r le est d tre un m diateur qui favorise la mise en relation du savoir de l tre duquer avec d autres savoirs Penseur contre l usage le p dagogu
34. exaltation des particularismes exemplaires locaux dispara t au profit de la glorification d une ruralit anonyme Dans les occurrences sur le travail le poids des travaux des champs se fait tr s lourd plus de la moiti et plus volontiers sur les gar ons que sur les filles Certes les preuves de l examen s adaptent ce d partement encore largement agricole mais n est ce pas la crainte de l exode rural qui dicte cette valorisation du travail au pays afin de combattre l attrait irr sistible de la ville Seule l preuve de g ographie autorise un discours positif sur le milieu urbain Les sujets ayant trait aux ressources agricoles vari es de la France et de ses colonies sont nettement moins nombreux que ceux qui se r f rent aux villes et aux moyens de communication Il faut conna tre les grandes villes des diff rentes r gions elles en traduisent la richesse et la diversit Ainsi avec la g ographie la ville perd elle son caract re morbide et tels les rois m di vaux la France a ses bonnes villes industrieuses et commer antes L preuve d histoire ne r serve pas non plus la petite patrie un accueil tr s enthousiaste Toujours en 1924 seuls 3 des questions d histoire s y r f rent une mis re c t des 40 qui exigent des connaissances sur la construction du territoire national des 31 qui traitent de l histoire politique et des 17 qui renvoient aux hommes illustres l histoire religieuse et l ouverture sur l
35. f cond e des sueurs des aieux pour aller s enfouir dans les rues troites des villes ou s chappent tant d illusions sic Dans cette copie d l ve le lecteur sent tout le poids du discours magistral qui doit convaincre de rester au pays Ainsi d s le tournant du si cle peut on percevoir que l int r t pour le milieu de vie de l l ve r pond davantage un souci moral qu une ma trise de ses particularit s Dans le mouvement europ en de construction des nations la France use de l histoire et de la g o graphie scolaires pour enseigner un patrimoine collectif fait de personnages de monuments et de paysages Mais si ce recours aux petites patries a des vertus p dagogiques il est difficilement compatible avec l entreprise de construction nationale et d apprentissage d une langue fran aise norm e y compris dans sa prononciation Les biblioth ques des coles normales offrent un ouvrage r v lateur de cette derni re entreprise il s agit d un trait crit par Philippe Martinon docteur es lettres intitul Comment on prononce le fran ais et publi par Larousse avec une seconde dition dat e de 1913 L auteur y affirme sans nuance Ce n est pas en province qu il faut chercher le mod le de la prononciation fran aise c est Paris corrige peine son propos avec la pr cision suivante Pour que la prononciation de Paris soit tenue pour bonne il faut qu elle soit adopt e au moins par une grande partie
36. ga t parlent de la vie laborieuse et exaltent l effort et le succ s d un travail et qui surtout emp che le pick up du bistrot de pervertir les producteurs agricoles lev s au rang de grandes statures historiques qui il faut redonner leurs f tes leurs r jouissances traditionnelles Ces conf rences prononc es dans le cadre de la section ducation populaire du congr s trouvent quelques jours plus tard une autre tribune le premier Congr s international de Folklore se d roule dans le cadre de l Exposition internationale de Paris inaugur e le 24 mai 1937 14 Un an auparavant en juillet 1936 lors du Congr s mondial des loisirs et de la r cr ation qui se tient Hambourg sous le patronage de Rudolf Hess la d l gation fran aise ne sait pas ou ne veut pas voir que derri re le mouvement Kraft durch Freude La Force par la Joie qui se donne des airs de sous secr tariat aux loisirs et aux sports dirig par L o Lagrange veille la Volskunde l cole ethnologique allemande Celle ci ne cache pas sa satisfaction qu enfin soit reconnue aux travaux de folklorisme une valeur primordiale pour la race Face aux discours puissants du Kraft durch Freude national socialiste allemand et du Dopolavoro fasciste italien la d l gation fran aise se contente d exposer son aimable point de vue Nous voudrions voir reconstituer les anciens jeux provinciaux de France pr sentant un int r t sportif et spectaculaire
37. la th orie d Egan 1997 qui rend compte de l volution de la compr hension humaine au travers de divers outils cognitifs Cette th orie offre un cadre g n ral et coh rent pouvant amener des prescriptions utiles l enseignant construisant un curriculum Toutefois cette th orie pose certains probl mes Tout d abord elle est tr s peu d pendante du contenu enseign La perspective philo sophique suivie par Egan est loin d une vue ancr e sur les contenus et ce malgr le chapitre sept de son ouvrage intitul Quelques implications pour le curriculum dans lequel l auteur s essaie quelques mises en uvre curriculaires de sa th orie principalement en math matiques histoire et litt rature Mais il cantonne ses justifications au champ philo sophique plut t qu ducatif Cette position est d autant moins tenable qu Egan ambitionne d laborer une th orie de la compr hension n cessairement ancr e sur le contenu com 83 Penser l ducation 2003 pris voir Carey amp Spelke 1994 ou Johsua amp Dupin 1993 pour des revues plus satisfaisantes de ce point de vue Ensuite les modes de compr hension d Egan renvoient beaucoup plus l int r t l int r t pour les records pour les mythes etc ou bien a l imagination qu la compr hension Enfin cette th orie explique tr s peu les fondements sociaux de la connaissance bien moins que celle de Donald 1999 et a fortiori celle de Vygotski desquelles elle
38. labor e par Egan dans The Educated Mind qui permet de rendre compte de l volution individuelle et historique de la mani re dont on acquiert des connaissances Cette th orie originale s inscrit dans les th ories du design curriculaire tout prenant particuli rement en compte la compr hension et l int r t de l l ve tout au long de son d veloppement Apr s avoir montr que les trois buts principaux de l ducation socialiser rendre autonome faire acqu rir des connaissances rationnelles sont incompatibles deux deux Egan sugg re de les remplacer par un nouveau but ducatif faire acqu rir la ma trise de modes de com pr hension Ces modes ont deux particularit s ils sont fa onn s par des outils cognitifs langage criture dont on acquiert la ma trise au cours du d veloppement ce d veloppement l chelle individuelle r capitule un d veloppement historique Le nouveau n et le nourrisson d veloppent une compr hension somatique puis l enfant acquiert une compr hension du monde et de la soci t travers les mythes via le langage Ensuite au travers du mode de compr hension romantique l enfant borne la r alit que la compr hension philosophique permet d organiser en un tout coh rent Enfin la compr hension ironique autorise la prise en compte du doute du fait que les th ories comprennent souvent des exceptions Cette th orie impliquant des prescriptions peut tre soumise validation e
39. le regard et le rapport l autre La d sali nation de l individu passe par la prise en compte de ses dimensions conscientes et inconscientes de sa structure de la structure R el Symbolique et Imaginaire L tre duquer est un Moi Sujet pour lequel la reconnaissance et l inscription du d sir dans le cadre d une articulation de la r gle la Loi sont indispensables 62 Penser l ducation 2003 L une des tins poursuivies par l thique de la p dagogie est de r pondre l ali nation constitutive de l tre duquer Son d passement s ancre sur la notion de libert et d autonomie d clin es en terme de choix possibles de libert partielle de d cision d initiatives d auto valuation R pondre l ali nation en donnant le pouvoir d agir de peser sur le futur de produire des effets passe par une analyse et une compr hension de l inconscient cette langue particuli re et n cessite une formation mais aussi la cr ation de lieux de paroles et la pr sence de tiers symboliques reconnus Un changement d attitude est n cessaire Ne plus privil gier l imaginaire chercher tablir une relation symbolique contester l id e de la ma trise possible du R el modifient le regard p dagogique et am nent le p dagogue tenter de restituer la logique interne de la structure en refusant de hi rarchiser les diff rentes instances de la structure II s agit alors de passer du simple descriptif de faits bruts au rep rage
40. mort de la p dagogie diff renci e en tant que r f rence dominante Voil ce que nous voudrions tablir d abord en rappelant l volution his Penser l ducation 2003 torique de la gestion de l h t rog n it ensuite en d finissant la nature de la p dagogie de soutien enfin en analysant le sens de son retour actuel Survol p dagogique de la gestion de l h t rog n it Le fait que tous les l ves ne soient pas au m me niveau n entra ne pas que des l ves ne soient pas au niveau ni m me que l on cr e des niveaux dans la structure scolaire Dit autrement la question des diff rences entre les l ves a toujours t un fait l h t rog n it cognitive n a cess de s imposer dans les classes m me si l h t rog n it sociale et l h t rog n it culturelle elles ont eu des statuts variables l cole Mais ce fait a t g r de mani res tr s diff rentes Nous viterons de remonter jusqu l Antiquit ou m me au Moyen Age sur ce point m me si chacun se souvient qu l universit les tudiants qui coutaient les m mes ma tres avaient des ges tr s diff rents et venaient de cursus pour le moins diversifi s Nous partirons plut t des ann es 1830 qui signent la v ritable organisation de l cole actuelle particuli rement au niveau du primaire Leli vre 1990 Trois modes rentrent alors en concurrence chacun sa mani re r solvant la r alit h t rog ne des l ves Le m
41. op cit p 24 Le crit re valide ici n est plus Que doit apprendre l enfant afin de partager les normes valeurs et conventions de la soci t des adultes mais plut t Que doit apprendre l enfant afin de d velopper pleinement chaque mode de compr hension Les modes de compr hension tant d finis comme les mani res dont l esprit fonctionne en utilisant 73 Penser l ducation 2003 un outil particulier id p 176 En faisant abstraction de la circularit de cette d finition puisque en retour chaque outil cognitif fa onne la compr hension nous allons essayer de montrer ici l int r t d une centration sur la compr hension plut t que sur l acquisition de connaissances cela devrait tre plus facile de d terminer chez l l ve quel mode de compr hension d velopper que de d terminer quel type de connaissance faire acqu rir L apprentissage est rest longtemps li des conceptions transmissives de la connaissance et dans le m me temps la compr hension ainsi d ailleurs que l acquisition de connaissances a t longtemps consid r e comme une activit de bas niveau Bloom et al 1969 Cette attitude a chang depuis que l on s est int ress la nature de la connaissance et aux processus de son acquisition Depuis plusieurs th ories en ducation Gardner Torff amp Hatch 1995 ou en psychologie Kintsch 1998 montrent de mani re convaincante que la compr hension peut tre un
42. originale 1986 CAREY S amp SPELKE E 1994 Domain specific knowledge and conceptual change In L A Hirschfeid amp S A Gelman Eds Mapping th mind domain specificity in cognition and culture Cambridge Cambridge University Press p 169 200 CHARLOT B 1997 Du rapport au savoir Paris Anthropos CLAPAR DE E 1956 L ducation fonctionnelle Paris Delachaux et Niestl D ANDRADE R 1995 The development of cognitive anthropology Cambridge Cambridge University Press DARLING HAMMOND L amp SNYDER J 1996 Curriculum studies and th traditions of inquiry The scientific tradition In P W Jackson Ed Handbook of research on curriculum New York Macmillan p 41 78 DEMETRIOU A 1998 Nooplasis 10 1 postul tes about th formation of mind Learning and Instruction 8 4 p 271 287 DESSUS P 2000 La planification de s quences d enseignement objet de description ou de prescription Revue Fran aise de P dagogie 133 p 101 116 85 Penser l ducation 2003 DEWEYJ 1990 D mocratie et ducation Paris Colin 1e dition originale 1916 DONALD M 1999 Les origines de l esprit moderne Bruxelles De Boeck 1 e d 1991 EGAN K 1996 The development of understanding In D Oison amp N Torrance Eds The hand book of ducation and human development Oxford Blackwell p 514 533 EGAN K 1997 The educated mind How cognitive tools shape our understanding Chicago
43. paradigme acceptable pour tudier la cognition Egan d taille cinq modes de compr hension somatique mythique romantique philo sophique et ironique troitement calqu s sur les quatre tapes de Donald 1999 Selon Donald quatre tapes permettent de nouvelles formes de pens e et de culture pisodique mim tique mythique et th orique et mergent respectivement l aide des outils cognitifs suivants les capacit s mim tiques le langage oral le langage crit symboles externes Chacune de ces formes de pens e est donc li e des outils intellectuels particuliers prin cipalement bas s sur le langage oral ou crit Selon Egan tre duqu c est ma triser l un apr s l autre ces cinq types de compr hension tant donn que chacun incorpore les habilet s des pr c dents Le nouveau n et le nourrisson d veloppent une compr hension somatique puis l enfant acquiert une compr hension du monde et de la soci t travers les mythes via le langage Ensuite au travers du mode de compr hension romantique l enfant borne la r alit que la compr hension philosophique permet d organiser en un tout coh rent Enfin la compr hension ironique autorise la prise en compte du doute du fait que les th ories comprennent souvent des exceptions Egan en reprenant galement Donald 1999 pose que l volution phylog n tique de l esprit humain de la pr histoire jusqu nos jours est parall le une volutio
44. plus subtile moderne technique et scientifique La P dagogie de l opprim crit au Chili en 1970 repr sente un moment de red couverte partir du nouveau contexte d exil dans lequel il vivait d j depuis cinq ans Affrontant le d fi d une perspective politique nouvelle ses postulats th oriques quant l id ologie et quant la connaissance ont chang du tactique Paulo Freire s est d plac vers le strat gique Le processus de conscientisation est devenu synonyme de lutte de classes Et le concept d int gration culturelle a pris la figure de la r volution politique Dans la P dagogie de l opprim nous rencontrons la d marche p dagogique fondamentale de sa pens e Fond e sur des principes th orico pratiques comme ceux de la probl matisa tion de la r volution de la dialogicit et de la coop ration entre les masses et les animateurs de la r flexion critique de l objectivit subjectivit occupant les espaces cl s pour une ducation lib ratrice sa P dagogie d passe les limites du livre qui a port son nom s tendant sur toute son uvre et sa pratique d ducateur Dans cet ouvrage se trouvent les bases de la recherche participante en ducation nonc es dans la m thodologie de la recherche th matique et dans le contenu et la forme de ducation probl matisatrice 93 Penser l ducation 2003 A partir de la th se de la relation entre ducation et processus d human
45. principes et des valeurs Agir autrement par des actes signifiants permettant des mises en relation et des mises en rapport L thique de la p dagogie accompagne l tre duquer aux abords de cet impossible bonheur en signifiant la Loi qui rend possible le d sir en marquant la place de l impossible L interdit de la jouissance implique de se contenter d objets substitutifs donnant des bouts de jouissance Ici la t che est difficile Il est peut tre plus facile de c der sur son d sir que de se confronter sa probl matique L thique de la p dagogie se fonde sur l engagement et la responsabilit de chacun et de tous qui donnent valeur consistance existence et autorisent le passage d une direction un sens L engagement est implication rapport un devenir prise de risques Le p dagogue qui s engage reprend son compte un cours d actions qui s tait jusque l d roul sans lui et atteste qu il se consid re responsable de ce qui se passe Il affirme une responsabilit l gard de l tre duquer des partenaires et de la soci t La responsabilit soude l acte l agent Elle est r ponse l tre duquer d aujourd hui et l homme de demain 67 Penser l ducation 2003 NOTES 1 Le S minaire Il Le moi dans la th orie de Freud et dans la technique de la psychanalyse Paris Seuil 1978 p 107 2 Catherine Millot dans Freud anti p dagogue tente de montrer l impossibilit d
46. tis s ou non r pondent de mani re identique si les questions portent sur des objets imaginaires les Martiens par exemple c est dire lorsqu il s agit de faire semblant Les effets de l crit sur le raisonnement sont sans doute surestim s par Egan Comme le note Oison 1998 l oral rend accessibles les id es mais l crit en tant qu outil analytique a permis de distinguer les mots ce qui est dit des id es qu ils repr sentent ce que cela signifie Cette distinction a pu engendrer un regain d int r t la fois pour les mots et les id es en permettant aux humains un acc s plus facile ces deux entit s On est donc assez loin des effets d abstraction que permettrait l crit selon Egan et certains tenants de la cognition situ e Dans le mode de compr hension suivant il va s agir de th oriser d avoir une vue globale dans laquelle ces faits transcendants pourront s inscrire Compr hension philosophique ou la pens e th orisante Ce mode de compr hension appel compr hension philosophique permet l int gra Penser l ducation 2003 tion de ces v nements au sein de processus syst mes dans lesquels ils ne sont que parties d un tout Voici les principales caract ristiques de ce mode de compr hension Pens e th orisante besoin de g n ralit et de pr cision Egan montre que ce mode de compr hension se d veloppe mieux dans des communaut s tudiant et d battant sur des textes philosophique
47. toute ternit en lui D o alors l incontournable question et le r le du ma tre dans tout cela c est dire dans l acte m me d apprentissage en quoi consiste t il exactement Ecoutons cet gard REBOUL confirmer Augustin r pond que leur r le est loin d tre n gligeable mais qu il n est pas l o nous le cherchons Le ma tre ne transmet pas la v rit sa t che propre est d admonere d avertir l l ve de consulter le Ma tre int rieur de le faire se souvenir de la v rit qui est en lui Le ma tre humain n est donc pas celui qui enseigne mais celui qui interroge son dis cours n est qu un questionnement progressif qui incite l l ve chercher la r ponse dans la lumi re de l esprit au del de tout langage humain 37 Comparant son art celui de sa m re Ph nar te qui tait sage femme de son tat Socrate indique que le principal avantage de son art c est qu il rend capable de discerner coup s r si l esprit du jeune homme enfante une chim re et une fausset ou un fruit r el et vrai 38 Platon ne disait il pas de Socrate que son discours prenait l effet d une morsure qui les les tudiants troublait et les perturbait C est dire les inciter se mettre en question pour acc der d autres perspectives et formaliser de nouveaux points d appui dans la construction du savoir Tout la fois par son discours mais aussi par sa pr sence sa disponibilit et sa patience l
48. une absurdit Il s agit moins de modus operandi que de modus vivendi moins de quantit que de qualit moins peut tre de multiplicit que d unit L identit personnelle vise une unit L enseignement aussi Com nius disait au XVII que ce qui importe ce n est pas d apprendre des choses diff rentes mais plut t les m mes 105 Penser l ducation 2003 ou qui ne me permet pas d apprendre une m me chose de mani re diff rente ne m augmente pas 3 La cr ation ou au moins le pouvoir de cr er des connexions est aussi l un des lin aments essentiels du rapport entre duquer et enseigner Par cons quent duquer c est relier relier le connu l inconnu l ancien au nouveau le savoir au questionnement le m me l autre Le v cu de ce lien est sans doute le moment ducatif par excellence lorsque l enfant et l ducateur prennent ce temps l et le partagent leur propre relation elle m me s panouit pleinement Lorsque je parle ou que je joue avec un enfant dit Janusz Korczak un instant de ma vie s unit un instant de sa vie et ces deux instants ont la m me maturit 6 Le point commun aux id es de maturation nouveaut augmentation modernit etc c est bien s r la notion de progr s Un ducateur peut il ne pas tre id aliste Enseigner le monde tel qu il est et duquer au monde tel qu il devrait tre sont deux choses bien distinctes Lorsque Kant crit qu on ne doit pas lever les enfant
49. une brebis au milieu de vingt sept bergers hurlants C est contre toute la presse toute la publicit tous les nouveaux rem des toutes les nouvelles th ologies tout l blouissement et le fracas des lampions et de la fanfare des temps modernes que l cole devrait le pr munir si tant est qu elle en f t capable Chesterton op cit note 4 En est elle encore capable Cet extrait me semble particuli rement loquent aujourd hui tout y est la publicit les drogues la t l vision les id ologues les spectateurs m diatiques ou les guignols sont ces nouveaux bergers hurlants pl thoriques qui peu peu substituent un pl thos au d mos Les vrais ducateurs doivent savoir r sister aux cascades mugissantes de la culture idem 107 Penser l ducation 2003 nous dirions de la culture de masse et de mass media avec son cliquetis de t l proth ses la mode Alors r sistance ou progr s Il n y a pas contradiction ici entre deux absolus un id al de progr s moral et un mison isme total L encore il faut revenir en arri re mais ni trop ni pareillement pour aller de l avant 8 L enfant qui cr e gr ce celui qui l duque une pens e une uvre un projet d existence a su faire fructifier en lui m me l enseignement re u il l a int rioris adapt transform sans doute il se l est appropri pour s augmenter lui m me L ducation enseignante l a en quelque sorte rendu libre Une ducation se
50. 03 ment de didacticien dont le principal souci consiste am liorer l efficacit des apprentissages cognitifs Enfin m me si les intentions p dagogiques semblent identiques la p dagogie de soutien ne fait pas les m mes choix que la p dagogie de ma trise elle reste li e l galit des chances plus qu l galit des r sultats et elle n incorpore pas une d marche rigoureuse et op rationnelle soucieuse de rationalisation pr requis crit res valuation rem diation Autrement dit m me si la p dagogie de soutien se pr sente comme un vaste ensemble de pratiques puisant aux diff rents courants que nous venons de croiser elle n en a pas moins une logique et une sp cificit p dagogique qu il convient de reconna tre Mais qu en est il dans les faits I appara t qu elle est tr s pr sente aussi bien l cole l mentaire qu au coll ge Prioritairement elle permet de reprendre les apprentissages de base l aide d un surplus de temps et d explications destin aux l ves en difficult l aide de la r p tition des l ments du programme jug s indispensables acqu rir les l ves faibles devant rattraper les autres pour profiter de l enseignement collectif dispens par ailleurs C est une p dagogie du rattrapage et de la bonne conscience Au fond les enseignants aiment la p dagogie de soutien parce qu elle permet de maintenir une pratique traditionnelle dans le cadre simultan tout en ayant
51. 9 L argument principal d Egan est de montrer qu une focalisation sur la mani re dont divers instruments cognitifs forment fa onnent nos diff rentes mani res de comprendre le monde permet de lever quelques pro 72 Penser l ducation 200 1 bl mes propos de l ducation Nous montrerons que plus g n ralement cette th orie nous permet d illustrer une id e d j d velopp e ailleurs Dessus 2000 une th orie amenant des prescriptions peut avoir un int r t pour la recherche en ducation du moment que son champ d application est d fini avec pr caution Incompatibilit des id es anciennes sur l ducation et utilit des modes de compr hension Egan 1997 a labor une th orie originale qui permet de rendre compte de la mani re dont l enfant comprend son environnement notamment travers l enseignement Il en tire des prescriptions int ressantes qui renouvellent la perception d une partie des th ories ducatives Ces derni res peuvent se classer en trois id es classiques Brucy amp Rop 2000 Chariot 1997 faire acqu rir l enfant l l ve les normes de la soci t dans laquelle il s int grera une fois adulte c est dire le socialiser lui faire acqu rir des connaissances exactes sur le monde qui l environne suivant une id e platonicienne de la connaissance lui permettre de se d velopper selon son propre potentiel sa nature suivant en cela les id es de Rousseau De prime ab
52. 96 Towards a psychology of literacy on th relations between speech and wri ting Cognition 60 1 p 83 104 OLSON D R 1998 L univers de l crit Paris Retz 1e d originale 1994 PIAGET J 1976 e langage et la pens e chez l enfant Paris Deno l ROCHEX J Y 1997 L uvre de Vygotski fondements pour une psychologie historico culturelle Revue Fran aise de P dagogie 120 p 105 147 SANCHEZ T R 1998 Using stories about heroes to teach values Bloomington ERIC Clearinghouse Digest n 424190 SPENCER H 1861 Education Intellectual moral and physical Londres Manwaring SPERBER D 2000 La communication et le sens In Y Michaud Ed Qu est ce que l humain Paris Jacob coll Universit de tous les savoirs p 119 128 TOMASELLO M 1999 The cultural origins of human cognition Cambridge Harvard University Press VERGNAUD G HALBWACHS F amp ROUCHIER A 1978 Structure de la mati re enseign e histoire des sciences et d veloppement conceptuel chez l l ve Revue Fran aise de P dagogie 45 p 7 15 VIENNOT L 1979 e raisonnement spontan en dynamique l mentaire Paris Hermann 86 Penser l ducation 2003 VOSNIADOU S 1994 Capturing and modeling th process of conceptual change Learning and Instruction 4 p 45 69 VYGOTSKY L 1985 La m thode instrumentale en psychologie In B Schneuwly amp J P Bronckart Eds Vygotsky aujourd hui Neuch tel
53. Delachaux et Niestl p 39 47 WHITEN A amp BOESCH C 2001 Les cultures des chimpanz s Pour la Science 281 p 87 93 WINNER E amp GARDNER H 1993 Metaphor and irony two levels of understanding In Ortony Ed Metaphor and thought Cambridge Cambridge University Press p 423 443 WULF C 1999 Anthropologie de l ducation Paris L Harmattan 87 Paulo Freire 1921 1977 Flavio Brayner et Xavier Uytdenbroek Universit F d rale de Pemambuco Br sil faviobrayner hotmail com b tir l espace commun contre le tranchant de la lame individualiste Sans doute plus modestes mais plus d termin s les ducateurs popu laires t tonnent avec brio pour faire advenir l homme C ndido Mendes de Almeida L uvre et la pens e de l ducateur br silien Paulo Freire sont relativement m connues en France les traductions les plus r centes datent du d but des ann es 80 et part la P dagogie de l opprim son op ra mor ses id es p dagogiques ont eu une r ception assez r serv e chez les ducateurs fran ais et en tout cas n ont pas beaucoup influenc le d bat p dagogique fran ais Cet article essaie de d voiler l itin raire intellectuel de Freire ses exp riences politiques et ducatives dans quelques pays du Tiers Monde et ensuite analyse certaines de ses conceptions p dagogiques telles que conscientisation conscience critique praxis probl matisation On verra
54. La Suma Pedagogica de Freire est sans aucun doute P dagogie de l opprim c est dans ce livre qu on trouve l essentiel de sa pens e ducative Esp ce de plaque tournante de sa production intellectuelle on dira de ce livre que toute la production qui le pr c de s oriente vers lui et celle qui vient apr s s en inspire Ce livre a t crit dans un moment crucial de la vie politique br silienne quand l espoir dans la r alisation d une r volution br silienne nourrissait notre sensibilit la plus progressiste et dans la mouvance d une vaste mobilisation populaire en Am rique Latine qui a fini dans le d sastre des diff rentes dictatures militaires Publi e en 1970 au moment o la r pression politique connaissait un moment particuli rement dur cette uvre pr serve les diff rents l ments qui ont marqu la culture politique de la p riode pr c dente un tiers mondisme largement inspir du livre de Franz Fanon les damn s de la terre un r volutionnarisme d inspiration foquiste o les Cercles de Culture semblent dans un contexte p dagogique et culturel reproduire l esprit des zones lib r es cher au guevarisme et th oris es par R gis Debray quelques l ments d une naissante Th ologie de la Lib ration et l influence du travail ducatif r alis par l Eglise Catholique dans le milieu rural du Nord Est du Br sil MEB 13 D ailleurs ce livre est particuli rement marqu comme l a not Van
55. Les fichiers originaux de ce num ro de la revue Penser l ducation ne sont plus disponibles Les textes ci apr s ont t num ris s partir de la revue papier Il est possible que certaines erreurs se glissent dans les textes merci de votre compr hension PENSER L DUCATION PHILOSOPHIE DE L DUCATION ET HISTOIRE DES ID ES P DAGOGIQUES Coordination scientifique de la revue Jean HOUSSAYE Professeur en Sciences de l ducation Universit de Rouen Assistance technique et scientifique Lo c CHALMEL Universit de Rouen Choix des articles Chaque projet d article est examin par un comit de lecture compos de trois universitaires Il doit tre organis selon trois parties un r sum une liste de mots cl s un texte Les prets doivent tre adress s Jean Houssaye UFR de Psychologie Sociologie et Sciences de l ducation Laboratoire Civile B P 108 76821 MONT SAiNt AiCNAN Cedex avec une disquette informatique jointe Adh sion la revus comme universit partenaire Les universit s ou tablissements d enseignement sup rieur souhaitant participer au d veloppement de cette revue sont invit adresser leur demande L Houssaye Universit de Rouen Pour tout renseignement compl mentaire vous pouvez joindre Jean Houssaye ou Lo c Chalmel au 02 35 14 64 38 Impression Croupe Morault imp Lecerf Rouen Offset diteur mergences ditions 59650 Villeneuve d Ascq N
56. Lyon 2 1986 1987 45 Cf MARIET F Michel Foucault arch ologie et g n alogie Le livre de Poche Librairie G n rale Fran aise Paris1985 279 pages p 23 35 L cole de la Troisi me R publique et les identit s r gionales Brigitte Dancel Ma tre de conf rences en histoire de l ducation l universit de Rouen Laboratoire CIVIIC Introduction En 1911 le ministre de l instruction publique demande aux instituteurs et aux institutrices d affirmer dans leur enseignement c t d un attachement tr s fort la nation la patrie la r publique une et indivisible un ancrage puissant dans la r alit locale communale d partementale ou r gionale les petites patries aux singularit s porteuses de possibles attachements r trogrades n effraient plus les r publicains convaincus de la marche irr versible vers l unit et l universalit h rit es de la R volution fran aise Pierre Larousse dans son Grand dictionnaire n avait il pas tout r publicain qu il f t trait avec mod ration les particularit s des provinces fran aises 1 Le Breton et le Normand sont encore tr s dissemblable du Gascon et du Languedocien le nom m me des anciennes provinces est encore employ dans la langue usuelle mais la nation est une Province xni p 329 1875 Bien qu attach la langue fran aise unificatrice il reconna t aux dialectes les vertus d exprimer la vie r elle la vie l men
57. S minaire XXII R S I Ornicar 1975 num ro 4 p 106 20 L Autre porteur de la fonction symbolique est le lieu de la parole dans lequel elle se constitue parce qu il peut non seulement l accueillir la percevoir mais y r pondre Jacques Lacan Le S minaire IV La relation d objet Paris Seuil 1994 p 80 21 La parole vide s oppose la parole pleine car la parole pleine est une parole pleine de sens La parole vide est une parole qui n a que de la signification Qacques Lacan le S minaire XXIV L insu que sait de l une b vue s aile mourre Ornicar 1977 num ro 17 18 p 11 22 Ecrits Paris Seuil Le champ freudien 1966 p 11 23 De la psychanalyse dans ses rapports avec la r alit Scilicet 1968 num ro 1 p 59 24 La Chose est cet Autre pr historique impossible oublier Jacques Lacan Le s minaire VII L thique de la psychanalyse Paris Seuil 1986 p 87 Cet objet perdu primordialement tout jamais perdu quoique non d tenu objet toujours recherch est selon Lacan l objet total l objet de la jouissance 25 Le trait unaire est une marque une empreinte qui introduit une diff rence Il joue le r le de rep re symbolique Jacques Lacan le S minaire XIV la logique du fantasme in dit p 130 26 Le phallus n est pas un fantasme s il faut entendre par l un effet imaginaire Il n est pas non plus comme tel un objet partiel interne bon mauvais Il est encore bien moins l or
58. a civilisation se partageant les miettes restantes C est ainsi que la g ographie et l histoire donnent rarement lieu sujet d examen au profit d une ruralit id alis e qui d passe les particularit s du terroir Jean Fran ois Chanet montre combien entre les deux guerres ce changement de point de vue est li l ambiance g n rale d une France meurtrie dont la reconstruction passe par la valorisation du travail de la terre et des charmes de la campagne C est ainsi que les l ves du cours sup rieur d une cole primaire de gar ons du 2 arrondissement de Paris doivent le 15 avril 1931 r diger une compo 46 Penser l ducation 2003 sition fran aise sur le th me suivant Sur le bord d un ruisseau Un l ve commence sa r daction par cette phrase y a quelques jours tant la campagne j eus l occasion de contempler un petit ruisseau Il termine par cette profession de foi Ah Que j aime contempler cette humble nature si d daign e de bien des gens 16 Il est permis de douter de la r alit de l observation de ce petit parisien mais non de l assimilation d un discours scolaire qui apprend chanter les beaut s champ tres tel un Giono lyrique et virgi lien qui publie Regain en 1930 Le petit coin de terre dans les classes Les nouveaux programmes de 1926 communs aux coles primaires l mentaires et aux classes l mentaires du secondaire conduisent les auteurs de manuels proposer des inno
59. a mesure o toute r flexion ducative devient aussi r flexion sur la culture et notamment la culture de la domination et pas forc ment en tant que domination ext rieure car il existe un oppresseur qui nous habite et qui nous fait confondre l acte de lib ration avec le fait de devenir soi m me un oppresseur Son dialogue est aussi un dialogue int rieur L optimisme culturel de Freire caract ristique d une poque o le mot r volution avait un pouvoir de mobilisation aujourd hui insoup onn l a fait croire au pouvoir pacificateur de la parole et du dialogue et un sujet qui pourrait devenir libre par la culture et par la conscience Inspiratrice de larges courants ducatifs br siliens et latino am ricains la pens e de Freire a cependant besoin apr s la critique des m taphysiques du sujet d une grande r flexion concernant l id e m me de lib ration et de conscience critique c est dire quels sont les pr dicats dont disposent aujourd hui les sujets dans une soci t o les formes de domination sont devenues beaucoup plus complexes et sournoises pour constituer via ducation de nouveaux projets de subjectivation BIBLIOGRAPHIE Freire P Pedagogia do Oprimido Paz e Terra Rio de Janeiro 23 d 1993 Consc ent za o Editera da Universidade de Pernambuco Recife 1961 A educa o na cidade Cortez S o Paulo 1991 fxtens o ou comunica o Pazz e Terra Rio de Janeiro1975 Educa
60. ans le contexte d une poque o l ducation participait d j de la gestion de la Cit Ce que nous connaissons de lui et de ses tudes Carthage laisse penser que cette ville abritait d j des institutions d enseignement de rang sup rieur tr s probablement directement inspir es du mod le gr co romain D ailleurs lui m me d crit Carthage comme une ville particuli rement fi re de sa culture Selon nous l uvre de Saint Augustin constitue sans doute la preuve la plus probante que l enseignement cette poque qu il fusse chr tien ou la c cela n a en d finitive que peu d importance assurait une formation tr s pouss e qui d passait largement le cycle normal des simples tudes secondaires A cet gard H I MARROU souligne que m me si ne relevant pas directement du domaine r serv de l cole l ducation chr tienne dans ce contexte n en suscitait pas moins tout l int r t de l Eglise Car celle ci savait parfaitement que pour assurer non seulement les conditions de sa propagation son maintien et du d veloppement de son enseignement mais aussi les simples formalit s cultuelles exigeait et requerrait un certain seuil d instruction Et d apr s lui comme toute religion savante le christianisme ne pouvait s accommoder d un contexte o dominerait la barbarie H l MARROU 1948 3 Le but de notre propos ici est pr cis ment de montrer dans quelle mesure il y a eu des tudes et des structures secondaires
61. appantes entre les deux contextes C est a partir du Ille si cle que vont appara tre les premiers signes de l affaiblissement et du d clin de l empire romain illustr s notamment par l impuissance des troupes romaines lutter efficacement contre les soul vements sporadiques des tribus autochtones de plus en plus aguerries et pr par es s organiser efficacement en puissantes conf d rations Le r tr cissement progressif des limites territoriales de l empire principalement avec le retrait de l administration romaine de la partie occidentale du Maghreb d s la fin du Ille si cle ne faisait que confirmer les signes avant coureurs et l imminence de l irr m diable d cadence et inexorable d clin 2 Du niveau d efficacit et de prestige atteints en leur temps par ces coles Quel tait globalement le niveau de ces coles Comment fonctionnaient elles Quel id al portaient elles et diffusaient elles quelles valeurs d fendaient elles et pr naient elles au juste Pour apporter une r ponse toutes ces questions nous nous sommes r f r chaque fois que nous l avons jug n cessaire l excellent ouvrage de P RICHE qui traite pr cis ment de l ducation romaine au V si cle Commentant justement les finalit s de l enseignement en Occident cet auteur affirme qu il est uniquement litt raire et veille octroyer au jeune citoyen romain les moyens de tenir son r le dans un contexte social qui juge d abord un 27
62. appropri dans une r flexion p dagogique contemporaine qui explicite et reconna t davantage ses m rites au fur et mesure qu elle apprend a s approprier efficacement les traces inamovibles et ind l biles de ses innombrables impacts Pour conclure il y a lieu de souligner que sur le plan strictement p dagogique on n a sans doute pas encore fini de red couvrir l importance majeure de l uvre de Saint Augustin Cependant jusqu pr sent dans l int r t port sa pens e dominent ouvertement des pr occupations principalement et presque exclusivement r f r es au registre philosophique Il reste peut tre cerner davantage la port e de ses vues dans une perspective p dagogique voire didactique Peut tre faut il souligner galement que si notre tude est loin d tre exhaustive elle n en reste pas moins utile dans la mesure o il s agissait simplement pour nous d initier d abord ce travail exploratoire et de chercher tablir l int gration pr coce de la contr e du Maghreb dans le champ de la r flexion ducative d j en cours de part et d autre de la M diterran e Et sans doute convient il d ajouter galement que la nomenclature des programmes d instruction secondaire et sup rieure couvrant les cycles des sept arts lib raux qui conna tra selon les chroniqueurs une faveur particuli re en Europe fut en fait propos e par un rh teur carthaginois du V si cle du nom de Maritius Capella Une autre figure o
63. asseur qui montre au jeune que ce qu il croit moderne est ancien c est le caract re n cessairement d cevant de l ducateur et qui l aide construire ses possibles in dits sur des fondements pass s c est la dimension pleine d espoir et de nouveaut qu apport avec elle chaque g n ration Polybe disait ainsi qu duquer quelqu un c est lui montrer qu il est tout fait digne de ses anc tres Pour qu un tel argument trouve un cho il faut le respect d un ancien et cet id al peut toujours se trouver f t ce dans le grand fr re de banlieue Tisser ou renouer le lien entre l ancien et le moderne est incontournable m me s il n est pas toujours vident de rendre manifeste ce qui dans l ancien peut nourrir le jeune C est m me l apparition de ce lien qui donne un sens ce qu il est H Arendt crit que c est justement pour pr server ce qui est neuf et r volutionnaire dans chaque enfant que l ducation doit tre conservatrice lt et respectueuse du pass gt elle doit prot ger cette nouveaut et l introduire comme un ferment nouveau dans un monde d j vieux op ct Pr server le nouveau par le souci de l ancien ce paradoxe d finit sans doute le propre de l ducation De m me le but de l ducation est la fois de supprimer la nature du sujet et de r v ler sa nature de tels paradoxes il n y a pas ni solution d finitive ni recette g n rale En ce sens bien s r parler de science de l ducation est
64. ation comprise comme quelque chose d inscrit dans une ontologie de l espoir la vocation de l homme pour tre plus Diff remment de invasion culturelle cette pratique dialogique vise la synth se culturelle modalit d action partir de laquelle on fera face la culture en tant qu outil de pr servation des structures Cette synth se est aussi la rencontre entre deux mondes celui des ducateurs et des classes populaires en vue de la construction d un nouveau savoir qui re signifie le monde Ind pendamment de l immense accueil que les conceptions dialogales de Freire ont connu dans les milieux ducatifs de pays du Tiers Monde notamment en Am rique Latine et en Afrique conceptions d ailleurs exprim es dans un langage proche du texte litt raire et sans la rigueur n cessaire la d finition des concepts mais en revanche dou es d un fort appel motionnel et id ologique dans un contexte conomique et social marqu par diff rentes formes d oppression nous estimons que sa conception de dialogue pr sente un paradoxe un peu g nant l interpellation adress e chaque homme pour dire sa parole pour prononcer le monde se heurte au fait que cette conscience qui prononce le monde est submerg e dans des formes ali n es na ves d expression puisqu elle accueille un oppresseur int rieur Cela signifie que cette parole a besoin d tre corrig e ou si l on veut une expression moins autoritaire elle a
65. avantes et reproduit dans le Bulletin d partemental de l instruction primaire envoy dans toutes les coles BUISSON F Dictionnaire de p dagogie et d instruction primaire Paris Hachette 1882 1887 article histoire p 1266 nouvelle dition en 1911 p 792 CHANET J F L cole r publicaine et les petites patries Paris Aubier 1996 p 146 161 et THIESSE Anne Marie Ils apprenaient la France L exaltation des r gions dans le discours patriotique Paris ditions de la Maison des sciences de l homme 1997 8 VIDAL de LA BLACHE P Tableau g ographique de la France Paris 1903 premier des 28 volumes co 11 CRESSOT J etTROUX A La g ographie et l histoire locales Guide pour l tude du milieu Paris 13 de l Histoire de France d Ernest Lavisse r dition d de La Table Ronde 1994 Ainsi la Nouvelle g ographie de la Somme dit e par le libraire papetier Poir Choquet diteur Amiens dont le format identique celui d un cahier de classe sugg re un emploi scolaire Sujet de la composition fran aise r dig e le 4 mars 1903 Restons la campagne Votre s ur qui habite la ville vous a engag e venir vous y fixer Vous lui r pondez que vous tes d cid e rester la campagne Expliquez lui les motifs de votre d cision Source Mus e national de l ducation Rouen 3 4 04 950 1039 Cf DANCEL B Un si cle de r dactions crits d coliers et de coll giens Grenoble
66. bles aux sorties pour d couvrir son petit coin de terre Dans la Somme par exemple le journal local se fait l cho de cette nouveaut les parents d plorent l usure accentu e des v tements et des chaussures tandis que les ma tres d abord r ticents finissent par trouver l initiative minist rielle heureuse surtout pour les l ves mal dou s car elle rend l cole plus aimable et plus aim e I est craindre que la mesure soit appr ci e plus pour ses retomb es dans la classe que pour les vertus d une observation sur le terrain sauf penser que les le ons dispens es en 1937 38 par Marc Bloch l ENS de Fontenay portera des fruits dont Vichy fera son miel dans les coles normales rebaptis es instituts de formation professionnelle en 1940 17 Marc Bloch explique aux futures enseignantes comment crire l histoire d un village comment comprendre son coin de terre Dans ce cours le village occupe une tr s large 47 Penser l ducation 2003 part ne laissant que peu de place aux probl mes urbains et aux probl mes r gionaux Pour ces derniers Marc Bloch laisse le choix car la notion de r gion est essentiellement relative la cit gauloise difficile d limiter la principaut territoriale marqu e par les actions humaines favoris es par des circonstances g ographiques la province laquelle ne faudrait pas attacher d importance historique le d partement qui aujourd hu
67. ce encore largement rurale la pens e vidalienne explique qu une place certes modeste soit faite dans les programmes des coles normales des gar ons l agriculture et l horticulture propres chaque r gion Sans doute les cours ont ils gard pendant longtemps un aspect th orique avant de passer une pratique effective dans le jardin de l cole utile pour un r investissement futur aupr s des l ves voire des parents dont les m thodes culturales peuvent int resser le folkloriste mais agacer les amateurs de progr s En marge de cette vis e utilitaire appr ci e de nombreux lus locaux il faut y voir aussi le souci de combler le foss culturel creus involontairement entre Monsieur l instituteur qui s est frott durant trois ans la ville et les parents de ses futurs l ves confin s dans leur horizon villageois Cette initiation aux durs travaux agricoles qu une science positive peut certes faire voluer vite au ma tre la tentation de se placer au dessus de la sph re troite des soucis quotidiens de la population au sein de laquelle il est destin vivre En r alit les normaliens dans leur grande majorit n occupent pas ou pas longtemps les postes de la campagne profonde qui sont le lot des humbles titulaires encore tr s nombreux avant 1914 ne poss der que le simple brevet l mentaire Ces normaliens ne pourront donc mettre en action le savoir agricole normal que dans un jardin soigneusement ent
68. celui o il prend une part r ellement active et d cisive On le sent bien travers toutes les remarques qui pr c dent la connivence entre le pass et le pr sent n en prend que plus de relief ici o l on voit explicitement combien la pens e ducative contemporaine reste majoritairement tributaire d intuitions et de certitudes acquises et fa onn es dans l antiquit Ne serait ce qu travers l insistance mise en particulier sur l importance accord e de prime abord l environnement p dagogique dont la fonction primordiale est de rendre possible l laboration par l apprenant du sens qu il peut attribuer l information re ue et son traitement sur cette base Tout se passe comme si par moments le pass refait peau neuve sous nos yeux pour nous rappeler son ind racinable actualit et sa non moins extraordinaire survivance Quelle magistrale le on pour ceux qui pr tendent faire table rase de toute filiation au pass ou s en d tournent n gligemment ou imprudemment Comment alors ne pas reconna tre l vidence de cette continuit et admettre subs quemment que d une mani re ou d une autre on en est immanquablement tributaire d s lors qu on en est destinataire f t ce indirectement dans l chelle du temps c est dire par g n rations ou poques interpos es En fait bien plus souvent qu on ne l admet en croyant innover et ouvrir d gager un chemin pour la premi re fois on d couvre au bout du compte q
69. celui qui sait qu il ne sait pas tout et qui reconna t que l analphab te n est pas un homme perdu hors de la r alit mais quelqu un qui a toute une exp rience de vie et qu est porteur d un savoir L action ducative consisterait essentiellement en ceci expliciter les conflits humains et sociaux pour mettre au d fi les personnes et les groupes d interagir dans la recherche de leur d passement La pratique sociale la praxis devient ainsi un principe ducatif l ducation est le moyen par lequel nous nous rendons culturels nous nous faisons humains ou inhumains La deuxi me p riode d exil est celle de son engagement Gen ve au Conseil Mondial des glises et en Afrique Crenada et au Nicaragua L Afrique lui donnera lui et ses collaborateurs l opportunit pratique de faire les exp riences qu il voulait r aliser depuis longtemps En 1971 un groupe d exil s br siliens fonde Gen ve l IDAC l Institut d Action Culturelle un centre de recherche et d intervention p dagogique qui cherche r fl chir sur le r el et qui se fonde sur le concept de conscientisation comme facteur r volutionnaire de l ducation et de la soci t Leur action politico p dagogique principale est la tentative de vivre et de construire dans chaque situation concr te une p dagogie de l opprim c est dire d exp rimenter partir de la r alit et des int r ts de ceux avec qui ils travaillent la construction d un p
70. cisions collectives Toujours d apr s Donald l utilisation la plus labor e du langage a t le domaine de l invention mythique la construction de mod les conceptuels de l univers de l homme notamment de son origine On peut galement relier ce mode de compr hension ce que Bruner 2000 appelle le mode de pens e narratif qui est le produit naturel du langage et ancr dans les intentions et l action La narration en tant qu organisation temporelle de plusieurs faits ayant un sens Nelson 1996 joue un r le important dans le mode de compr hension mythique Elle permet une certaine forme de pens e abstraite binaire s appuyant sur des images et des m taphores Comme le signale Nelson 1996 p 218 Les r cits permettent de se forger des concepts abstraits propos d motions attitudes caract res et de fabula mythes et fables d une culture ainsi que les proverbes et le ons de morale qu ils enseignent Voici maintenant les principales caract ristiques du mode de compr hension mythique Egan op cit p 37 et sq elles d coulent toutes d une capacit percevoir et utiliser des symboles partag s La pens e abstraite Il s agit tout d abord de faire la distinction entre deux types d abs tractions D Andrade 1995 distingue abstraction bas e sur le contenu comme celle qu entra n le jeu d checs de T abstraction utilisant un langage formel qui implique le recodage de la situation des objets dans
71. cr tes profondeurs que sans les le ons qui les en ont arrach es je n aurais pas pu peut tre les concevoir 31 Dans cette perspective justement P MEIRIEU d clare Les th ses de Platon et Saint Augustin sont les plus anciennes archarcha ques et pourtant elles apparaissent comme r volutionnaires Ce qui nous appara t comme beaucoup plus r actionnaire est le plus r cent 32 Curieux constat et curieuse sentence l endroit de nombre de prises de position et options vis es apparemment fondamentalement novatrices mais paradoxalement visc ralement convergentes dans leurs affinit s r p titives faire usage d l ments presque constamment r f r s la matrice antique Curieux t te queue rencontr souvent lov dans le creux nodal de nombre circuits th oriques connect s aux proc dures d apprentissages dans le champ de l ducation contemporaine D un autre c t il pense aussi que ce qui avait t esquiss dans le Menon est formalis et d velopp dans le De Magistro On trouve d ailleurs en effet une trange similitude entre la c l bre all gorie de Socrate interrogeant un jeune esclave Menon et le dialogue ouvert entre Augustin et son fils Ad odat dont la disparition brutale marquera apparemment son p re d une empreinte tenace et ind l bile 25 Penser l ducation 2003 Mais au fait l empreinte de cette all gorie ne se per oit elle et ne se profile t elle pas derri re toute r
72. dans une logique de conformit qui consiste ex cuter des t ches sans leur donner de sens De plus l l ve est somm d tre autonome en m me temps qu il doit se conformer des normes strictes de performances 11 nous rappelle Jean Pierre le Goff Le culte de la performance se d veloppe en termes de bons comportements Au del de l approche psychologique le bon ou mauvais comportement ouvre la manipulation La ma trise et le perfectionnement en vue d am liorer les performances r duisent l tre une m canique totalement d shumanis e Le fantasme de ma trise r duit le p dagogue la condition de prestataire de services qui instrumentalise le sujet en une suite de proc dures r gl es et aboutit n cessairement la constitution d un sujet proc dural priv de tout horizon de signification 12 Ce sujet ne pense pas n agit pas il fonctionne Ses performances et ses comportements sont alors valu s c est dire d coup s et class s dans un sch ma comportementaliste et r ducteur Le risque d une didactique et de sciences cognitives qui vacuent le sujet pour ne s in t resser qu l objet est r el L apprentissage se r sume alors dans le fait de g n rer de nouvelles repr sentations L intervention p dagogique devient une action permettant de mettre jour des repr sentations individuelles souvent v cues comme inadapt es mauvaises inappropri es Le but est de remettre en cause les repr sentat
73. de l organisation et de la logique interne de faits construits Le p dagogue est alors convoqu une autre lecture du sympt me La prise en compte et l inscription du d sir dans la relation p dagogique ne peuvent se faire que si la parole est lib r e autoris e Le savoir peut tre l enjeu d un d sir sous r serve que le d sir de l tre duquer se construise dans le rapport du d sir du p dagogue Mais le d sir peut tre emp ch par les interdits par le renforcement du Surmoi Ces finalit s dans une r flexion thique concernant la p dagogie soul vent des probl mes des difficult s La prise en compte du sujet peut entra ner un risque celui d oublier le Moi et ainsi de rompre la relation imaginaire L articulation Moi Sujet est essentielle La prise en compte et l inscription du d sir passent par la reconnaissance du d sir de chacun et de tous et par l affirmation de leur d sir de reconnaissance Mais comment entendre le d sir du Je derri re la demande du Moi Cet objectif peut tre atteint par une lecture diff rente du sympt me et par la mise en place de lieux de parole Un autre probl me se pose faire du lieu p dagogique un espace th rapeutique La d fi nition des lieux la notion de savoir la relation tablie les r f renjes la place de l coute l interpr tation permettent de diff rencier les deux espaces tout en gardant leurs sp cificit s communes en particulier le fait qu ils sont des
74. de la France Qu on se le dise une partie de la France quelle proportion laquelle ne prononce pas le fran ais correctement Devant des demandes contradictoires les enseignants d alors trouvent sans doute moins p rilleux de renoncer aux petites patries pour s engager dans la voie de l opposition ville campagne qui satisfait la fois l aspect moral de leur enseignement leur origine sociale leur r ticence de plus en plus nette l gard d un nationalisme belliqueux Cette orientation du discours scolaire ira s accentuant entre les deux guerres mondiales 42 Penser l ducation 2003 2 Dans l entre deux guerres la gloire de la France rurale Apr s les quatre ann es d union sacr e et d apocalypse l cole doit former aux valeurs garantes de la reconstruction mat rielle et morale de la France le travail la famille la patrie et l instruction civique Si chacun peut identifier ces valeurs la droite politique il faut cependant rappeler que sur ces points une partie des gauches y reste tr s sensible tant le monde rural tient encore toute sa place face aux voix ouvri res La voix de la France profonde La France radicale au pouvoir en 1924 et en 1932 se d finit dans les slogans scand s lors des congr s du parti radical d mocratie rurale parti du travail parti de la terre et de celui qui la cultive et Edouard Herriot ne se pr sente t il pas comme un pauvre homme d origine paysanne qui croit
75. dent des horizons si diff rents Otto Abetz voit dans le folklore le moyen d organiser les loisirs des travailleurs allemands Arnold Van Gennep peine cout qui ne se reconna t que dans la pens e de Marc Bloch refuse un folklore condescendant et appelle une lecture des traces s dimen t es dans les m urs et les coutumes encore vivantes Paul Delarue qui traque le conte populaire fran ais souhaite qu l cole pour les f tes scolaires et post scolaires on apprenne les chants populaires r gionaux Ainsi trois ans avant l effondrement de la Troisi me R publique la prise en compte des traditions r gionales est aussi bien d fendue par l id ologie r publicaine centralisatrice que par un antir publicanisme attir par le Kraft durch Freude qui aura tout loisir pour organiser une exposition au Grand Palais en 1943 D s lors faut il vraiment s tonner du contenu de l arr t du 14 septembre 1940 compl t par la circulaire du 9 octobre sur l histoire et les langues r gionales Derri re une filiation avec Jules Ferry ces textes ouvrent en fait les portes une id ologie pass iste propre d tourner les esprits d un pr sent peu glorieux et conduire le travail d expiation l gard du Front populaire de l irruption des revendications ouvri res et de leur prise en compte par le politique Le ministre Georges Ripert peut alors envoyer aux enseignants la circulaire suivante Je signale aux ma tres l utilit
76. ducateur tel un chaman se doit de cr er l environnement ou le r ceptacle propice indispensable ouvrant la voie la d couverte et l mergence des r ponses appropri es Comme un orpailleur aussi puisque gr ce des incitations r p t es et aguerries il va s attacher d clencher en eux un travail de mobilisation et de coa lescence d l ments existant ant rieurement mais rest s diffus ou pars et donc en attente de cristallisation et d osmose synth tiquement parlant Gr ce l exp rience la patience et au savoir faire capitalis s et accumul s il est ainsi am ne de pr voir et am nager les amen es d air pour rendre possible l acheminement vers le r sultat escompt et attendu Et en d finitive il n y a pas qu un sens Mais chaque apprenant bien que confront aux m mes donn es se construit son propre sens parce qu il apprend partir de ce qu il sait et entretient d j en lui II compl terait ainsi de nouveaux nonc s en y inf rant des contenus implicites qu il se croit l gitimement autoris d y articuler afin d en extraire ou d gager une interpr tation qualifi e de satisfaisante ou adapt e ses yeux Comme en cho la position de R DESCARTES r sonne comme une confirmation Tout esprit poss de en lui des semences de v rit Il est noter que la psychanalyse 27 Penser l ducation 2003 parle galement de cette v rit contradictoire qui habite le sujet qu i
77. ducation Freire rejoint un mod le dualiste qu on trouve souvent dans les p dagogies directives et d une mani re g n rale dans la forme dont la modernit a con u le 95 Penser l ducation 2003 rapport entre lumi res et obscurantisme Ainsi et sous des visages diff rents on retrouve un diagramme dualiste v cu dans la modernit comme une sorte de fracture qu il faut r concilier Encore sous l gide d une pens e qui se construit l int rieur de tensions on peut rep rer chez Freire celle qui va dominer une grande partie de la discussion p dagogique et philosophique moderne la tension entre la th orie et la pratique et qui dans le d bat p dagogique actuel fait encore couler tant d encre Freire essaye de r soudre la tension travers le concept de praxis compris comme action et r flexion sur l action dans un sens plus proche de Kant que de Marx ou Gramsci ni la pr minence exclusive de l action tentation de Y activisme ni celle de la parole r flexive p ch du verbalisme mais plut t celle de l action politique morale cognitive continuellement corrig e par une r flexion centr e sur le sujet qui dialogue avec le monde avec soi m me et avec les autres Et pourtant la tentative de r gler ces tensions nous semble pr caire et limit e dans la mesure o il manque Freire justement une d finition plus pr cise des concepts avec lesquels il travaille et notamment des concepts
78. e 33 Le mot est l ch et la perspective r elle d voil e Et sans doute est ce cela la v ritable port e de l uvre de Saint Augustin la dimension rationaliste et savante dans la compr hension la conception et la probl matique de l acte d apprentissage Sans doute est ce l aussi que r side le secret de son indubitable prolongement et sa viabilisation jusque de nos jours Une telle orientation confirme en outre la profondeur des interrogations qui le pr occupaient en rapport direct avec l action ducative Mais il est une autre dimension dominante relev e dans son uvre d ailleurs indissociable de la pr c dente C est que la place remarquable pr pond rante que tient la libert dans la doctrine augustinienne sur l ducation D apr s lui il n y a qu un ma tre Dieu qui agit l int rieur de l enfant en l clairant le p dagogue intervient du dehors pour sugg rer celui qui est le disciple de Dieu des mots et des images en l invitant se retirer dans son int rieur pour entrer en contact avec la lumi re Il a galement condamn les ch timents corporels en cela Saint Augustin doit tre consid r pr curseur de ce qu il y a de bon dans certaines th ories modernes de l ducation 36 Le savoir comme source de libert n est ce pas la supr me et persistante ambition de l ducation 26 Penser l ducation 2003 Selon P MEIRIEU Augustin explique que au fond les connaissances sont de
79. e Cette approximation culturelle de la classe travailleuse signifie que l on peut comprendre la diversit des syntaxes et r inventer le monde qui est construit dans la vie quotidienne partir de ceux qui apprennent En ce sens la m thode Paulo Freire d passe le domaine de l enseignement suppl tif qui demeure distante de la r alit des tudiants et d passe galement le monde scolaire pour redimensionner toutes les tapes d apprentissage A cette poque Paulo Freire conscient de l importance des rapports entre l cole et la transformation sociale d fend d j la cr ation d associations de parents d l ves de conseils scolaires etc Il est un des fondateurs du Mouvement de Culture Populaire MCP de Recife o travers la valorisation de la culture populaire il soutient la participation des masses populaires la soci t br silienne qui continue tre malgr tout fortement li tiste patriarchale et conservatrice En 1962 63 il met en place dans l tat du Rio Grande do Morte avec l appui du gou vernement local un Programme d ducation d adultes et d expansion de l enseignement fondamental Jusqu en mars 1964 plus de 4 000 personnes s y inscrivent Les pas de la M thode Paulo Freire d Alphab tisation peuvent tre r sum s de la mani re suivante 1 observation participante des ducateurs en contact avec l univers vocabulaire du public avec qui il va travailler 2 une recherche des mots g n
80. e penser que la th orie de la r capitulation est parfois valid e des sujets de huit ans abandonnent une conception vitaliste animiste du vivant pour une conception m caniste Hatano amp Inagaki 1997 d autres sujets du m me ge passent d une conception plane une conception sph rique de la Terre Vosniadou 1994 Comme l exprime Demetriou 1998 il est sans doute vain de chercher une quivalence entre l architecture de l esprit et l organisation des savoirs en ducation En revanche on peut comme le font certains didacticiens Giordan amp de Vecchi 1987 Vergnaud Halbwachs amp Rouchier 1978 Viennot 1979 s interroger sur le processus d acquisition des connaissances et sur ses liens avec l histoire La nature m me des connaissances impose peut tre des similitudes dans leur construction que ce soit au niveau historique ou individuel Selon Giordan et de Vecchi 1987 c est la sp cificit de l acquisition de la connaissance qui rend parfois similaires ses volutions phylo et ontog n tiques et ce pour trois raisons principales le savoir scientifique n est pas int gr d embl e les conceptions pr alables sont des obs 75 Penser l ducation 2003 tacles d terminants les conceptions sont des constructions et non directement issues de l observation Egan a un autre avis sur cette question pour lui c est la sp cificit de la com pr hension humaine qui rend parall les les constructions hist
81. e accepte de prendre le risque d une rencontre dans un espace temps donn M diateur entre l tre duquer et le savoir il autorise le choix et la libert de d cision de chacun face un programme un r f rentiel une organisation Au c ur d une p dagogie d finie en tant qu action d instruction de formation d ducation et de soins se trouvent le savoir et l apprentissage Diff rentes th ories de l acte d apprendre montrent que les acquisitions ant rieures constituent le facteur le plus d terminant dans la r ussite de l apprentissage Il faut aller plus loin en portant le regard sur la relation et le rapport au savoir Relation un objet perdu et rapport d un sujet un d sir fondent le d sir de savoir L inscription du d sir dans la relation p dagogique et la prise en compte de l inconscient marquent que le savoir inconscient et la v rit du sujet organisent le cadre des savoirs et les possibilit s d apprentissage Tout savoir ne prend sens que dans une articulation aux savoirs inconscients II n y a apprentissage que si l tre qui apprend trouve du sens et l essentiel est moins le savoir en lui m me que son rapport l inconscient L ensemble du Moi Sujet est toujours engag Le p dagogue prenant en compte les processus intra et inter subjectifs qui ordonnent et orientent les modes d approche et d acquisition des savoirs guide vers les possibilit s d acc s celui ci Dans l espace temps p dagogique le savoi
82. e comme science de l enseignement en g n ral quelle que soit la mati re est particuli rement pernicieuse d autant que l autorit de la comp tence de l enseignant ne suffit plus Hannah Arendt d nonce dans son texte intitul La crise de r ducation la th se qui consiste substituer le faire l apprendre 1 et le savoir faire au savoir comme une mesure aussi catastrophique que celle qui lui est li e s effor ant de transmettre tout prix l apprentissage par le jeu E Kant aussi critiquait d j dans ses R flexions sur l ducation 2 le pr jug d apr s lequel ce qui peut s apprendre en jouant est le plus p dagogique Pourquoi est ce l une id e re ue Parce que cette m thode que l on peut certes concevoir aujourd hui jusqu au primaire lorsqu elle persiste au lieu de pr parer l enfant affronter la r alit complexe du monde l infantilise et ne lui apprend pas distinguer le travail du jeu Elle contribue aussi renforcer le pr suppos d apr s lequel le travail est s rieux alors que le jeu ne l est pas elle escamote le s rieux du jeu et d tourne un certain sens de la libert dans l effort Une telle m thode cherche d lib r ment maintenir autant que possible l enfant plus g au niveau infantile crit la philosophe am ricaine elle tend faire du monde de l enfance un absolu et sous pr texte de respecter l ind pendance de l enfant on l exclut du monde des adultes pour le ma
83. e fa on privil gi e et discutable Houssaye 1993 Le troisi me obstacle tient la nature du changement requis par la p dagogie diff renci e elle suppose un passage du processus enseigner au processus apprendre Ce qui rel ve d une modification du paradigme de r f rence Le mode simultan est bas sur une p dagogie de l enseignement Le rapport ma tre savoir est premier et l appropriation du savoir par l l ve d pend directement de ce rapport L identit du savoir ma tre ou du ma tre savoir fait que les l ves sont trait s de mani re identique hors de toute diff rence et que leur acquisition du savoir ne peut d pendre que de la conduite similaire pour tous du ma tre d tenteur Les l ves tant cens s quivalents et le savoir tant identique sous le traitement commun du ma tre on ne voit pas pourquoi la diff renciation serait l gitime puisque l ordre scolaire semble tout faire pour l exclure Le processus enseigner pr tend rendre anormal tout cart l inverse le processus apprendre consid re que le rapport l ve savoir est premier et qu il est par d finition propre et probl matique Ce n est donc pas le ma tre qui fait apprendre c est le ma tre qui doit permettre l l ve d apprendre Appuy es d abord sur la psychologie du d veloppement ensuite sur la psychologie de l apprentissage enfin sur la psychologie cognitive les p dagogies de ce type fondent l ordre scolaire sur l apprenti
84. e langue qui exprime le refoulement Selon Lacan la structure R el Symbolique et Imaginaire donne les trois dimensions de l tre Elle organise la structure du sujet Celle ci renvoie la mani re dont l tre est construit et se construit Elle permet de restituer le sens de son existence par la mise en relation de chacun de ses l ments Le sujet de la structure est la recherche de son image dans la qu te de l Autre et dans la rencontre avec la Chose L ali nation l Autre la Chose l objet au phallus l autre et leur n cessaire s paration sont constitutives de la structure et de la dialectique du Moi Sujet La structure du sujet tablit les rapports et les relations aux objets et aux savoirs Elle mod le les identifi Penser l ducation 2003 cations elle oriente le d sir elle organise les sympt mes elle imprime les discours et elle ancre le savoir et la v rit La psychanalyse nous montre que l intra et Pintersujectivit sont ins parables chez l tre humain L homme est le lieu des possibles ind finis Son ex sistence n est pas destin mais devenir Son histoire la signification de son histoire qui structure ses pens es et ses actes le singularise au del de son identit toujours provisoire ancre le savoir et la v rit La structure Moi Sujet questionne l tre duquer la p dagogie et le p dagogue L tre duquer n est pas qu un tre de besoin ou une table rase ou une t te v
85. e ne prend sens que par rapport un autre sujet l objet ayant un rapport au signifiant La relation l objet est organis e par l histoire du sujet sa structure individuelle L Autre introduit la diff rence par la fonction du trait unaire 25 marque de l identi fication symbolique Les identifications qu elles soient de type imaginaire ou symbolique modifient l histoire de l individu ses relations aux objets son image la Loi Elles engagent l tre et sa v rit et organisent le Moi Id al l id al du Moi et le Surmoi Elles s appuient sur le rapport l autre de la dyade imaginaire et l Autre et s initient de l Oedipe Celui ci organis sur un plan symbolique est une crise essentielle o une part de l humain se joue en articulant le premier refoulement d o s origine la cha ne signifiante Le sujet pendant l dipe est fond par un signifiant le phallus 26 Il se constitue dans la relation la Loi et au d sir Le sujet est sujet d un savoir qu il ne conna t pas et d une v rit qu il m conna t II ne peut merger qu errtre savoir et v rit Un savoir qui chappe car l homme est exclu du signifiant qui le d termine barr lui m me divis et une v rit qui se d robe Savoir et v rit se retrouvent en une formation le sympt me cette structure de langage lisible dans une relation une structure signifiante qui l initie Li au R el au Symbolique et l Imaginaire il joue le r le d un
86. e p dagogue interroge le savoir II admet le savoir de l tre duquer en tant que facteur d terminant dans les apprentissages Il passe de la transmission la m diation et guide vers les possibilit s d acc s au savoir Il est un m diateur qui accepte que tout apprentissage soit fortement d pendant de la structure de l tre duquer Il pose qu partir du rep rage de l organisation et de la logique interne de la structure et de l action sur ses l ments s initie l apprentissage Par ses actes signifiants il ne d termine pas un comportement mais produit des effets sur le futur d un tre 66 Penser l ducation 2003 Le p dagogue prend le risque d une rencontre il s expose au plus profond de son tre D o l indispensable thique L thique de la p dagogie s appuie sur une prise de conscience de la nature de l tre duquer et pose comme toujours possible le changement le renouveau la rupture et la cr ation partir de la r organisation de la structure L thique de la p dagogie propose de voir autrement pour penser autrement afin d agir autrement Voir autrement en posant un regard diff rent sur l tre duquer Il n est pas prisonnier dans des d terminismes il n est pas le pion d un jeu assign une place Il peut tre l acteur principal du changement Penser autrement en appelle une analyse critique des repr sentations des discours et des pratiques dominants et se r f rer des
87. e pr requis de tout enseignement v ritable 29 Par ailleurs il ne fait gu re de doute aussi pour lui que la r flexion de Saint Augustin s inscrit galement dans une d marche tr s proche voire mitoyenne de celle de Platon Ce qui nous renverrait probablement aussi directement Socrate dont il fut d ailleurs comme on le sait le disciple en m me temps que X nophon et d autres t tes pensantes embl matiques de la Gr ce antique Il note ainsi ce propos sa qualit de disciple de Platon Augustin affirme ainsi sa filiation en reprenant le terme de r miniscence pour rappeler qu apprendre n est jamais que d couvrir en soi les v rit s ternelles que chacun porte en soi sans en avoir conscience 30 Dans le livre dixi me de ses Confessions Augustin dit en effet D o et par o sont elles les connaissances entr es dans ma m moire Je ne les ai pas apprises en m en remettant l intelligence d un autre c est dans mon esprit que je les ai reconnues et admises comme vraies je les lui ai confi es comme un d p t o je les tirerais quand je le voudrais Elles s y trouvaient donc m me avant que les apprisses mais elles ne se trouvait pas encore dans ma m moire O taient elles et pourquoi lorsqu on m en a parl les ai je reconnues et ai je d clar Parfaitement cela est vrai Point d autres raison que celle ci elles taient d j dans ma m moire mais si loin et enfouie dans de si se
88. e qui en fait r installe la tension dans sa pens e cette fois ci entre l ontologie et l historicit L ducation de plus n op re pas non plus en termes d galit ni dans son point de d part ni dans son point d arriv e si nous pouvons nous exprimer ainsi en consid rant le point de d part comme celui de la rencontre entre des sujets qui ont des exp riences et des connaissances diff rentes du monde Mais aussi dans son point d arriv e en comprenant par l les fins que le processus ducatif devrait permettre la fin d un processus ducatif nous ne sommes plus comme au point de d part et chacun des participants de ce processus a acquis un point de vue diff rent sur le 96 Penser l ducation 2003 monde sur les autres sur soi m me Cela veut dire que si on veut encore penser en termes d galit celle ci n est imaginable que dans la situation o les enfants d aujourd hui deviendront les adultes de demain c est dire vont s galer dans la condition d adultes leurs ma tres d aujourd hui D une certaine mani re on peut dire qu une sorte de fr n sie galitaire a marqu l uvre et la pens e de Freire peut tre en raison de l exp rience aussi autobiographique que sociale d un homme marqu par l extr me in galit sociale d un pays et d une r gion o encore aujourd hui toute diff rence est trait e comme in galit et celle ci comme hi rarchie Le dialogue chez Paulo Freire
89. e r le central du ma tre Elle se pr sente comme r paratrice des perturbations apport es au mode simultan et permet ce dernier de rester le cadre dominant de l ordre scolaire C est justement ce que met en cause la p dagogie diff renci e qui veut mettre l l ve au centre et non 10 Penser l ducation 2003 plus la classe Il est tout de m me tonnant que ceux que l on peut consid rer comme les grands r formateurs du syst me scolaire des ann es 80 90 savoir Legrand sous Savary on pourrait lui adjoindre de Peretti et Meirieu sous All gre se trouvent tre les principaux repr sentants de la p dagogie diff renci e et que alors qu ils proposent des modifications r f r es la diff renciation p dagogique ce qu ils r coltent au mieux c est une mise en uvre et une reconnaissance de la p dagogie de soutien La p dagogie diff renci e est bel et bien une remise en cause et une subversion du mode simultan Elle est plut t au croisement du mode individuel pour ce qui est du suivi des l ves par l enseignant et du mode mutuel pour ce qui est de la constitution des groupes dans la classe Quant aux r f rences p dagogiques elles s inscrivent en continuit de l Education nouvelle qui avait justement fond sa sp cificit sur l individualisation et la diversification dans la classe on se souviendra que c est Ferri re qui pr face la grande th se de Bouchet sur l individualisation de l enseigneme
90. e se pr occupe moins en d pit de la cir culaire de 1911 de la sensibilisation au milieu local qu celle de la ville mangeuse d hommes et de l exode rural qui tenaille un certain nombre d rudits locaux L exemple d Anfos Martin claire notre propos Il est inspecteur primaire Mont limar et ami de Maurice Faure ministre de l instruction publique en 1911 et s nateur de la Dr me D octobre 1909 juillet 1914 Anfos Martin publie une revue scolaire et populaire d histoire et de g ographie locales le Bassin de Rh ne Assur du soutien de l inspecteur g n ral Edouard Petit il s emploie d montrer les avantages de l utilisation du milieu local Mais au fil des ann es la revue est gagn e par un discours moralisateur pr ventif d un exode rural qui effraie et que l cole doit apprendre retarder Lisons le travail de cette l ve d une classe de Quittebeuf dans l Eure qui r dige en 1903 une composition fran aise o elle doit montrer sa r sistance l appel d une s ur a n e install e la ville 10 L coli re avance deux arguments la ville rend malade car on respire un mauvais air et les maisons ne sont pas agr ables car elles sont entass es les unes au dessus des autres sic Elle termine son texte par une glorification de la vie aux champs Je suis tellement enchant e par la vie simple libre et fortiiante des champs que je ne puis comprendre que tant de villageois quittent le foyer patemel la terre
91. e son uvre il s agit de proposer une autre d finition de la fonction du p dagogue de penser une p dagogie diff rente et de renouveler son thique Les prises de position de Lacan au sujet de la praxis analytique et de son thique interpelle le p dagogue quant sa place sa fonction son r le Certaines finalit s de la psychanalyse lecture diff rente de l humain retour au sens de l action et du sympt me lib ration d une parole possibilit pour le sujet de se rep rer dans sa structure afin de s orienter ailleurs introduction du nouveau pour viter la r p tition prise en compte de l histoire du sujet peuvent servir de guide la pratique p dagogique pour qu elle devienne praxis Mon objectif est de faire de la p dagogie une praxis tiss e d interactions entre partenaires d engagements r ciproques de rencontres d histoires particuli res La finalit tant que totalisation et transmission de savoirs soient secondes face la parole l engagement la cr ation que la ma trise le contr le la pr vision laissent place l incertitude l im pr visibilit la nouveaut enfin que les proc d s instrumentaux consistant faire de l ef ficacit une valeur soient vacu s Depuis plusieurs ann es se d veloppe une technicisation de la p dagogie v cue comme programmation et production d objets 8 La rationalit technique met en perspective des sch mas fins moyens causes effets des calculs de
92. e structure de l utilisation du savoir obtenu dans l exp rience psychanalytique dans le cadre de la p dagogie p 127 Mais s il ne peut y avoir d application de la psychanalyse la p dagogie p 160 les connaissances apport es par la psychanalyse l ducateur lui permettent de mesurer les limites de son pouvoir p 91 Ces limites seront tudi es par Mireille Cifali dans Freud et la p dagogie o elle pr cise que la psychanalyse se trouve en situation de p le th orique qui offre la p dagogie son savoir ses d couvertes tout en lui laissant la t che d inventer les conditions de mise en uvre de ce savoir dans son champ p 39 La rencontre entre psychanalyse et p dagogie ouvre alors la cr ation la d couverte le regard interrogateur Nous sommes alors dans le droit fil des travaux d Anna Freud qui a pos les principes directeurs d une r flexion et d Auguste Aichhorn qui s tait fix pour t che l application des concepts psychanalytiques fondamentaux au domaine de l ducation sp cialis e avec pour finalit l articulation de l ducation du social et de la psychanalyse Enfin mon texte se r f re aux travaux de Jean Oury Jacques Pain et Catherine Pochet sur la p dagogie institutionnelle qui posent la question des outils th oriques et des dispositifs dans la classe Cette p dagogie bas e sur les techniques Freinet de libre expression et de production prend en compte l inconscient le transfert met l accen
93. e veut la fois un premier d clic autant qu une modeste contribution dans ce sens Notre conviction est qu il doit bien y avoir eu un moment donn et quelque part dans les replis imm moriaux de cette contr e qu est l Afrique du Nord septentrionale l engagement de formalit s pr liminaires r f r es la matrice ducationnelle Celle ci gagnant au fur et mesure de son essor et sa propension travers les ges les crit res qualifi s de son calibrage id ologique et sa formalisation technique et th orico m thodologique Dans cette longue et laborieuse trame la pens e de Saint Augustin tient assur ment et curieusement une place part non seulement par sa port e mais aussi par son maintient intacte et active dans la balance du temps A bien des gards elle porte t moignage aussi de l intense et f cond d bat d id es et de r flexion enregistr dans le Maghreb antique et confirmant de ce fait le haut niveau atteint par ses structures d enseignement Plus que toute autre l uvre prolixe de cet homme nous parle nous interpelle encore plus dans le pr sent nous rappelle son extraordinaire actualit et sa non moins tonnante vivacit Au del de ce qui peut para tre une simple relecture ce texte s emploie surtout souligner l importance qu il ya d velopper une histoire de l ducation au niveau du Maghreb dans son ensemble Penser l ducation 2003 d Afrique en tant notamment consid r comme
94. echnique scribe secr taire exceptionnellement celle de m decin 12 P RICHE reconna t lui aussi les limites strictes assign es cette ducation quant sa g n ralisation en soulignant que Rome exer ait son pouvoir de domination par les lites et 79 Penser l ducation 2003 ne pouvait par cons quent envisager une r elle promotion intellectuelle ni une quelconque mancipation des populations conquises En Italie m me souligne t il la d mocratisation de la culture n avait sans doute jamais t tr s pouss e 13 A cet gard il prend donc soin de pr ciser galement que la soci t romaine est rest e une soci t aristocratique au sein de laquelle les tudes approfondies faisaient naturellement partie des privil ges r serv s l lite Par cons quent l instruction secondaire y tait beaucoup moins r pandue que la primaire 14 En Afrique donc o elle prendra pied Rome appliquera des conceptions politiques co nomiques 15 sociales et culturelles conformes son id al de conqu te de domination et d assujettissement sinon d asservissement Fid le elle m me et l image qu elle se faisait de son id al historique Rome ne se d partira pour ainsi dire jamais de sa ligne de conduite et comme le notera H I MARROU ne s affranchira aussi jamais tout fait de l id al collectif qui consacre l individu l tat 16 De son point de vue dans le syst me d ducation pr
95. effectives de participation Une pens e sous tension Freire a soutenu correctement jusqu la fin de sa vie une position dialogique en mati re ducative Cependant la croyance profonde qu il avait dans le pouvoir lib rateur de la parole et la sym trie entre l ducateur et l duqu tous les deux porteurs d une exp rience du monde n a pas emp ch que dans sa pens e demeure une distinction probl matique entre les consciences une conscience critique capable de s apercevoir en tant que telle et d apercevoir chez l autre l opprim son ing nuit et une conscience na ve incapable de s apercevoir comme telle et donc ayant besoin de transiter vers les niveaux sup rieurs de conscientisation La formule on le sait remonte Kant et ses concepts de minorit et majorit une incapacit de se donner sa propre norme minorit r sultat de la peur de faire usage de sa propre raison seule pouvoir nous conduire la majorit On voit ici une forte tension dans la pens e de Freire d un c t une sym trie ontologique entre ducateur et duqu qui permet la r alisation du dialogue qui lui n est possible qu entre gaux et cependant les consciences en dialogue qui se rencontrent pour d voiler le monde ont des statuts diff rents parmi elles une a le privil ge de la criticit dont Freire lui m me est porteur H ritier des Lumi res m me s il n a jamais t un direc tiviste en
96. elation ducative authentique C est pourquoi il estime d autre part que le formateur conserve une posture prestance socratique car il est lui aussi celui qui arrache l homme aux illusions de la caverne all gorie de l ignorance et ses effets ankylosants au double plan physique et perceptif M me transform ou transpos l arch type demeure saisissant par sa pr gnance et sa singuli re tra abilit qui renvoie encore une fois la matrice du pass Une autre perspective d analyse est sugg r e par J ULMANN quand il crit que l av nement du Christianisme a eu pour effet de bouleverser th orie et pratique ducatives de l Antiquit Un Dieu personnel et cr ateur se substitue la n cessit de l intelligible Les fins de l ducation ne peuvent dont plus tre cherch es qu en lui ou plut t c est lui qui les r v le La prescience divine prend pour l homme la signification d un destin 33 Ainsi donc se trouvent clarifi es les r f rences fondatrices des postulats formul s explicitement dans l uvre augustinienne N est ce pas l ce que rappelle aussi REBOUL lorsqu il affirme Un seul Ma tre qui est le verbe divin rationnel et ternel voil ce qu Augustin entend d montrer 34 Mais en poursuivant son patient et int ressant d cryptage celui ci cependant n omet pas de pr ciser en m me temps que Malgr sa r f rence l Evangile sa Augustin position sur ce point est pleinement rationalist
97. en parler et du se taire fait de l engagement dans la parole un acte thique Elle offre la possibilit d un jugement sur notre action un retour au sens de celle ci Psychanalyse et p dagogie Lacan nous montre un homme qui parle mais pour lequel par lui et en lui a parle un homme qui regarde et qui est regard Naissant avec le signifiant le sujet est divis barr une partie de lui m me non su comme tel Avec l image il est dans le monde de l illusion de la m connaissance la fois d termin avant sa naissance par le Symbolique et exclu des signifiants qui le d terminent cet tre R el ne peut s appr hender que comme 59 Penser l ducation 2003 structure Refuser la structure Moi Sujet en p dagogie condamne l tre duquer au non savoir la pens e automatis e la r p tition mortif re L accepter la prendre en compte ouvre la co naissance la cr ation des valeurs universelles A partir de la structure du sujet cr ation et initiative sont possibles sous r serve que la p dagogie n emp che pas ces potentialit s Aujourd hui l acte p dagogique peut trouver sa l gitimit en devenant signifiant et non fabricant pour ce sujet malentendu qui pose la question de son histoire tout p dagogue introduire du nouveau et donner du sens impliquent un engagement et une responsabilit qui se d clinent dans du faire de l tre et du dire Cela a des cons quences en terme de for
98. enci e s attachent au principe d ducabilit et tentent de favoriser une intervention en faveur de tous aux d pens de la fatalit de l chec Les deux p dagogies s accordent ga lement sur un possible recours d autres p dagogies avec l id e que les p dagogies se compl tent et qu il est indispensable d int grer des m thodes diverses et vari es pour faire progresser tous les enseign s Mais comme nous l avons vu un tel accord sur les intentions et sur certaines modalit s d action ne peut cacher le foss fondamental entre elles pour la p dagogie de soutien la rem diation a pour but d amener les l ves a un niveau 14 Penser l ducation 2003 qui leur permette de suivre l enseignement collectif avec profit pour la p dagogie diff renci e l h t rog n it est pr alable normale et p dagogiquement apte combattre l chec scolaire Et c est ainsi que la p dagogie de soutien jouant de ses ressemblances avec la p dagogie diff renci e est acceptable comme mode de r gulation du mode simultan de l ordre scolaire Ce dernier prouve ainsi qu il volue qu il innove qu il r pond ses difficult s qu il cherche a r soudre ses contradictions sans avoir se remettre en cause radicalement Le mode simultan fait la loi l cole fait la loi de l cole La p dagogie de soutien lui sert d aide et de justification elle appara t comme la solution dans l innovation elle se donne comme la forme du cha
99. ens la p dagogie La p dagogie r fl chit la nature du savoir la relation et au rapport au savoir pour en faire l enjeu d un d sir Le savoir est le r sultat d une activit d une relation ou l effet d une action p dagogique d une rencontre Tout savoir individuel s ins re dans l histoire psychique du sujet L inscription du savoir dans la cha ne signifiante inconsciente organis e op re chez l tre duquer et donne du sens La relation au savoir relation un objet perdu un savoir oubli est la mise en perspective d un sujet Le rapport au savoir soit la mise en rapport de savoirs dans une organisation signifiante donne un r sultat transformant l tre duquer Ce rapport compte et co te Le d sir de savoir est d sir d Autre Chose 29 et le savoir s offre comme possibilit de cr ation de re cr ation De ce fait il est prise de risque car il implique ruptures et r organisations signifiantes positionnement construction de nouveaux rapports et tablissements de nouvelles relations Le p dagogue s tablit en Autre Chose pour faire advenir la structure sublimatoire pour que la jouissance soit refus e et que le d sir soit soutenu Il ne peut r pondre au manque constitutif mais autorise le rep rage de l tre duquer par rapport son savoir l accrochage de nouveaux savoirs la r organisation et la mobilit de la structure pour ouvrir le champ des possibles et d ployer les potentialit s L
100. er ni l artiste qui entretient des rapports de ma tre disciple De toute fa on ces modes de relations ont quasiment disparu ou pris d autres formes et ce n est pas pr cis ment de cela dont il s agit En outre l ducateur semblerait recevoir aujourd hui comme mission de transmettre un savoir vivre plut t qu une technique particuli re ou un savoir faire sp cialis ou en tout cas le second reste au service du premier le savoir faire n tant qu un moyen et le savoir tre la fin Mais quel ducateur d tient un savoir de l tre Qui sait comment il faut tre Comment ne pas alors faire des choix sur les valeurs A t on le droit de ne pas d cider de ce qui est vrai et de ce qui est faux Notre raison ne l exige t elle pas C est pourtant l d apr s le m me 104 Penser l ducation 2003 Chesterton la seule ducation ternelle tre assez s r que quelque chose est vrai pour oser le dire un enfant Les modernes se d filent devant ce devoir audacieux par peur et par irresponsabilit par des faux pr textes et par un laxisme une faiblesse li s la d ch ance de la d mocratie 4 Et cette erreur sur l enfant a d j un si cle d existence videmment le dogmatisme ou la violence dont il s agit ici n ont d autre but que d aider ou d accompagner l enfant grandir et tre libre en lui donnant les fondements dans les divers sens du terme fondations bases et justifications essentiels son
101. er qu partir de l laboration et de l affirmation d une thique de la p dagogie Celle ci entre en r sonance avec les notions de sujet de praxis et d thique de la psychanalyse telle que formul e par Lacan Ethique de la psychanalyse thique de la p dagogie Concernant l thique de la psychanalyse Lacan introduit une diff renciation entre celle ci et la morale La morale s adresse au Moi elle est ducation Elle fonctionne avec un Surmoi qui est l int riorisation du ma tre Elle s adresse la personne et non au sujet Sa forme la plus accomplie est celle du discours du ma tre L thique au contraire se situe dans le champ symbolique Ethique de la singularit elle vise viter que le psychanalyste ne vienne occuper la position du pervers en emp chant l analysant d merger comme sujet L thique de la psychanalyse s enracine dans le discours et questionne le sens du d sir pris dans une articulation signifiante Ethique du bien dire elle fait de l engagement dans la parole un acte thique afin que le sujet ne c de pas sur son d sir et se tienne loign de la jouissance L thique de Lacan inclut un ordre Il y a de l thique parce qu il y a du d sir et du d sir parce qu il y a de la Loi Il y a de la Loi parce qu il y a de la jouissance La jouissance tant la jouissance de la Chose La Chose est un bien interdit tout jamais et il n y a pas d autre bien donc pas de souverain bien La Loi interdisa
102. es ma tres pr parent leurs bons l ves 45 Penser l ducation 2003 avec tant d ardeur C est chose faite avec la circulaire du 11 octobre 1929 elle demande que les preuves du certificat d tudes destin es aux l ves des coles rurales v rifient que ces demiers ont re u les notions propres faire na tre et fortifier sa vocation agricole Le mot vocation doit tre entendu ici comme destination voire destin e Un enfant des campagnes est naturellement appel y rester et l cole doit l en convaincre Le minist re s inqui te t il raison Encore une fois les sujets d examen offrent un bon point de vue Nous avons analys pour 1924 tous les textes des preuves crites r dactions dict es probl mes d arithm tique questions d histoire g ographie ou de sciences du certificat d tudes des 54 centres d examen de la Somme 15 Pass s au crible des valeurs les sujets d examen se r f rent pour 50 la famille 47 au travail 16 la patrie et 7 l instruction civique tant entendu qu un sujet peut cibler deux valeurs La pet te patrie n occupe qu peine un dixi me des occurrences qui concernent la patrie et qu un pour cent du corpus total Si les filles sont deux fois plus sollicit es que les gar ons c est que l cole leur conf re le r le de gardienne des valeurs du terroir alors que les gar ons appel s plus tard au service militaire doivent s habituer largir leur horizon L
103. et sup rieures et dans quelle mesure cela a pu laisser des traces ou des survivances aujourd hui Autrement dit il s agit en fait de relever et r pertorier les intuitions envisag es ou d velopp es d j cette poque et qui comporteraient Penser l ducation 2003 encore le cas ch ant dans le contexte g ographique consid r jusqu aujourd hui une part d actualisation dans les usages institutionnels contemporains l De l influence scolaire romaine et de son impact en Afrique port e et limite Il est sans doute utile de rappeler dans quelles conditions particuli res s est exerc e l in fluence de la civilisation romaine en Afrique du Nord 4 Cela va donc nous amener voquer le r le du syst me p dagogique dans la politique d expansion et de conqu te poursuivie par Rome Consid r e comme l h riti re directe de la tradition hell nistique 5 la civilisation romaine en tait impr gn e et marqu e un point tel qu on a parl de parent originelle de la Gr ce et de Rome 6 L une et l autre se caract risant par une conception ducative litiste s v re et aust re dont l une des finalit s consistait subordonner l individu un id al sup rieur transcendant et parall lement dans le respect le plus strict de la tradition ancestrale Parlant du cas particulier de la civilisation romaine G MIALARET et J VIAL soulignent que c est cette tradition rigoureuse rehauss e que Rome doit sa mon
104. ette insertion ele serait une ducation sans avenir d l e du mouvement r el de d mocratisation et de d veloppement que vit le pays En plus de cette inad quation du syst me scolaire il d nonce galement le caract re inorganique de l cole dans l accomplissement de ses fonctions sp cifiques Nous avons besoin d une cole o des gens concrets enseignent tudient apprennent o se valorise un savoir appr hend exis tentiellement Loin d un intellectualisme vide et abstrait nous d sirons au contraire que tout puisse tre v cu et pens en relation avec la r alit v cue par des gens qui naissent croissent et s alimentent de cette m me r alit 8 Freire analyse et d nonce le drame de l ducation bancaire r gnante qui d verse ses contenus ne stimule en rien et tue la curiosit des l ves l esprit de recherche et la cr ativit de ceux ci C est le constat d une ducation consign e la culture du silence ou de l ing nuit devant un texte banissant ainsi son indispensable criticit 9 La m thodologie d alphab tisation de Paulo Freire appara t donc non seulement comme une m thode mais comme une nouvelle vision pist mologique de l ducation pens e partir des classes 91 Penser l ducation 2003 subalternes Elle part de l analyse de l univers linguistique de la personne qui apprend lire et crire et elle prend corps dans la culture et dans le langage de sa situation social
105. exion propos e cherche laborer les fondements d une thique de la p dagogie p dagogie d clin e en action d ducation d instruction de formation et de soin pour viter cette nouvelle forme de barbarie Du sujet l tre duquer L thique pose des principes qui sont la base de la conduite de quelqu un Elle implique une r flexion th orique Elle proc de d une d finition du sujet de la nature de l homme et poursuit un id al L thique d finit un thos une mani re d tre qui interroge sur la finalit des actes Elle pose la question des conditions de possibilit de constitution d un sujet 15 Elle se traduit dans une relation concr te l autre une relation constituante humanisante qui cr e par le lien l autre L thique de la p dagogie n cessite une r flexion une prise de distance quant des fonctions d finies partir de places et d o d coulent des r les dans des espaces temps p dagogiques Ces espaces temps sont des lieux de passage lieux d individuation lieux o les individualit s vont pouvoir trouver leur place lieux de rupture et de cr ation Les finalit s de mon discours partent du principe que le principal enseignement de la psychanalyse depuis Freud est de savoir qu elle ne donne pas de r ponses d finitives mais qu elle ouvre le champ du questionnement Le point de vue de Lacan change le regard sur l tre duquer et permet la mise en place d une thique de la p dag
106. exivit 76 Penser l ducation 2003 Compr hension somatique la mimesis Le mode de compr hension somatique est fond sur la cognition humaine sans langage il est bas sur la capacit mim tique qui repose sur l habilet reproduire des actes repr sentationnels conscients et auto initi s qui sont intentionnels mais qui ne sont pas linguistiques Donald 1999 p 183 Il est probable que ce mode ne soit pas propre l homme puisque des recherches r centes Whiten amp Boesch 2001 montrent l existence de comportements culturels chez les chimpanz s II s agit non pas de dupliquer de recopier trait pour trait les expressions ou actions de ses proches mais de reproduire de telles expressions ou actions en y ajoutant des intentions de communication non linguistiques corporelles Les jeux mim tiques des enfants pr sents dans toutes les cultures permettent sans l utilisation du langage de d finir et jouer des r les sociaux Wulf 1999 En voici les principales caract ristiques qu Egan reprend de Donald 1999 p 186 et sq Intentionnalit Les nourrissons de quelques mois sont capables de suivre le regard de leurs parents attribuant ainsi une signification ce dernier Les enfants plus g s pointent eux m mes leur regard pour attirer volontairement l attention Les chimpanz s hormis ceux ayant t accultur s ne sont pas capables de telles performances Tomasello 1999 G n rativit Des compo
107. fait quelque chose dont on sait que ce n est pas suffisant quant aux r sultats mais que c est satisfaisant en termes de co ts et d intentions A ce titre elle est promise un tr s grand avenir La p dagogie de soutien est une p dagogie r paratrice d une p dagogie traditionnelle qui propose une aide ponctuelle ceux qui prouvent des difficult s susceptible d am liorer leurs r sultats scolaires Elle est aussi une p dagogie de la compensation car elle s adresse un public d favoris veut pallier tous les handicaps et r duire les in galit s gr ce la rem diation Pour les praticiens la p dagogie de soutien constitue la seule p dagogie praticable et pratiqu e en classe dans le domaine de l aide aux l ves m me si l efficacit relative et partielle n chappe pas l initiateur de ces actions qui pourtant n envisage pas un syst me d intervention Wittmann 1995 p 79 Dit brutalement la p dagogie de soutien a comme fonction premi re de soutenir la p dagogie traditionnelle dans le cadre du mode simultan C est l son charisme La fin de la p dagogie diff renci e Ce n est pas dire que la p dagogie de soutien ne fait rien ni n a aucun effet Faisant appel des comp tences certaines elle entra ne le praticien dans une d marche de recherche de solutions t moin de la bonne volont de l adulte sans toutefois bouleverser le fonctionnement en place les programmes la pr dominance du cognitif l
108. favelas de la p riph rie urbaine d couvre avec eux une mani re diff rente de penser et de s exprimer ou ce qui serait d fini par lui plus exactement comme une syntaxe populaire le langage populaire auquel comme chercheur il d diera une grande partie de sa vie 3 Un autre l ment essentiel qui marquera sa pratique d ducateur et ses id es p dago giques est le milieu chr tien dans lequel vit sa m re Celle ci lui donnera le profil de formation chr tienne tr s pr sent dans sa pens e En 1944 Freire obtient le dipl me d avocat mais il n exercera pratiquement pas la pro fession Au d but des ann es cinquante il devient directeur p dagogique du Service Social 90 Penser l ducation 2003 de l industrie SESI 1947 1957 C est au SESI qu il organise les premiers Cercles de Culture et o il essaye d articuler les relations entre l ves professeurs et parents d l ves C est l qu il d couvre les racines de son attitude p dagogique anti litiste et anti id aliste en remarquant que les concepts abstraits n aident pas sensibiliser les gens du monde ouvrier c est dans le contact avec leur milieu qu il prend conscience de ses propres intentions id alistes et du caract re quivoque de sa pratique d instituteur 4 L tude du langage populaire sera le point de d part pour le perfectionnement de ses futures tudes en ducation et pour l volution de sa p dagogie le me rappelle dit P Frei
109. ff rents partenaires Sans lien entre ces diff rents engagements la p dagogie n a plus de sens car tout comportement nouveau toute attitude diff rente ne sont que le r sultat d un engagement de la personne et entra nent une responsabilit La p dagogie les p dagogues ont une responsabilit par rapport une mission par rapport des devenirs individuels par rapport l avenir d une soci t Rendre compte r pondre assumer tels sont les fondements de la responsabilit Ils n ont de consistance que dans le cadre d un contrat et d un projet Etre responsable pour le p dagogue implique d expliquer ce qu il fait le comment et 65 Penser l ducation 2003 le pourquoi de ses actions et de ses attitudes A partir de la position qu il a et qu il s approprie il value ses pratiques en les r f rant des th ories il accepte d autres points de vue des critiques il r pond aux interrogations aux incompr hensions dans l change et le dialogue avec les tres duquer et les autres partenaires Conclusion La prise en compte la prise en charge et la prise en consid ration de l tre duquer n ont d existence qu partir des quatre fondements de la p dagogie l ducation l instruction la formation et le soin Pour utiliser une terminologie plus actuelle instruire en appelle au savoir former au savoir faire duquer au savoir tre soigner au savoir dire Leur articulation et leur nouage donnent s
110. gane p nis ou clitoris qu il symbolise Car le phallus est un signifiant Jacques Lacan Ecrits Paris Seuil Le champ freudien 1966 p 690 Le phallus est le signifiant principal du manque constitutif du d sir 27 La forclusion est un m canisme par lequel s effectue un rejet d un signifiant fondamental hors de l univers symbolique de l tre Il n est de forclusion que du dire que quelque chose puisse tre dit ou non c est de cela qu il s agit dans la forclusion Jacques Lacan Le s minaire XIX ou pire in dit p 13 28 Mes conceptions s inspirent de la matrice d intervention d velopp e par Jacques Pain dans La p dagogie institutionnelle d intervention savoir Faire la classe Eduquer Soigner Former Mais je tente d aller au del du simple lieu scolaire pour m adresser aux ducateurs aux soignants aux formateurs p dagogues d enfants d adolescents et d adultes 29 Le terme Autre Chose est emprunt Lacan qui l utilise dans un texte De Rome 53 Rome 67 la psychanalyse Raison d un chec Scilicet 1968 num ro 1 p 44 Dans celui ci Lacan crit ce qui est demand dans une psychanalyse est en tout cas Autre Chose 69 Des outils cognitifs qui forment notre compr hension une pr sentation de la th orie d Egan Philjppe Dessus Laboratoire des sciences de l ducation Universit Piere Mend s France et IUFM Grenoble Nous pr sentons dans cet article la r cente th orie
111. i t la lutte de l ducateur br silien se joignirent ensuite de nombreux ducateurs qui ont r invent leurs pratiques politico p dagogiques orient es vers un objectif plus ambitieux am liorer l action politique de l ducateur dispos construire une soci t plus juste Malheureusement en 1964 leurs intentions furent contr es par le coup militaire qui imposa une politique conomique r pondant davantage d int r ts conservateurs Paulo Freire fut alors banni de son pays durant plus de 15 ann es et s exila au Chili charg de mission l UNESCO 1964 1969 aux tats Unis professeur invit l Universit de Harvard 1969 1970 puis en Europe Conseiller sp cial en ducation aupr s du Conseil Mondial des glises Gen ve 1970 1980 Paulo Regulus Neves Freire est n le 19 septembre 1921 Recife Pernambuco et conna t tr s t t comme la majorit des habitants du Nordeste br silien la signification d une soci t fort in galitaire Il n a que huit ans quand les contrecoups de la Grande D pression conomique de 1929 se font fortement sentir dans la r gion du Nordeste La n cessit de survivre oblige le jeune Paulo Freire abandonner l cole primaire qu il reprendra seulement quatre ans plus tard C toyant les enfants et les adolescents du milieu rural participant aux jeux des fils de travailleurs qui habitent dans la pr carit des alentours de la ville de Recife les morros 2 et les
112. i vit et qui avec ses amours propres fait la preuve d une unit collective Sur l exode rural Marc Bloch en reste une chronologie neutre du ph nom ne depuis le d but du XIX si cle d part du trop plein puis des ouvriers agricoles et enfin des petits propri taires Conclusion En reconnaissant une place aux petites patries l cole de la Troisi me R publique semble avoir voulu gommer quelque peu le temps long d une centralisation et d un jacobinisme h rit s de la monarchie et de la R volution Mais tout comme dans l histoire scolaire o elle assume le temps des rois en op rant le tri entre les bons et les mauvais elle conjugue petite et grande patrie dans un souci ducatif et p dagogique Cependant les cueils guettent Les enseignants sont cartel s entre une demande pressante de familiariser les l ves avec une France hexagonale et l appel conna tre les particularismes locaux sans susciter la revendication de singularit voire de s paratisme Ils adoptent la solution d ailleurs fortement expos e dans les manuels scolaires avant 1914 et express ment prescrite apr s la guerre de valoriser la ruralit au risque de ne pas prendre en compte l volution sociale et conomique En toute bonne foi les enseignants croient pouvoir trancher le n ud gordien le petit coin de terre est grand autant par la simplicit fra che de son quotidien rythm par le temps circulaire des saisons que par ses monume
113. iculaires c est une th orie humaniste Lincoln 1996 en ce qu elle combine galement ces donn es une perspective historique et philosophique Dans cet article nous pr sentons cette th orie en la commentant et faisant d une part ressortir ses aspects originaux et d autre part en reliant ses principaux aspects des r sultats li s la psychologie de l ducation Cette th orie labor e par Egan dans The Educated Mind en 1997 permet de consid rer l ducation comme une mani re de satisfaire chez l l ve ou l enfant diff rents modes de compr hension bas s sur divers outils cognitifs Elle s appuie en partie sur l important travail th orique de Donald 1999 qui dresse partir de nombreuses donn es issues de l anthropologie la primatologie et les sciences cognitives une th orie de l volution de la cognition humaine Le d veloppement intellectuel a t d crit de plusieurs mani res Comme l acquisition de connaissances exactes Platon comme le passage d un stade un autre Piaget ou encore par l usage d outils cognitifs Vygotski On comprend le monde environnant en utilisant des outils intellectuels m diateurs mediating intellectual tools comme le langage les diverses formes de comptage et de calcul les moyens mn motechniques les symboles alg briques les uvres d art l criture les sch mas les diagrammes les cartes les plans tous les signes possibles etc Vygotski 1985 p 3
114. ide ou un apprenant pr par au m tier d l ve L instrumentalisation en objectifs et en comp tences oublie qu il est situ au carrefour du R el du Symbolique et de l Imaginaire Son centre de gravit est cette structure pr sente dans une structure historique D termin par les discours avant m me qu il ne soit n inscrit dans une g n alogie son criture personnelle est faite de signifiants qui orientent ses actes ses relations ses succ s ses checs son devenir La psychanalyse invite viter la forclusion 27 celle du sujet comme celle du Moi Elle a mis en place une praxis qui remet en perspective le sujet la parole le d sir le savoir la structure Par l analyse de la relation du sujet aux signifiants qui le d terminent par la mise en rapport avec un savoir inconscient et par la reconnaissance de la probl matique de son d sir la psychanalyse permet l tre de se rep rer dans sa structure pour s orienter ailleurs pour cr er de nouvelles relations et de nouveaux sens La psychanalyse n vite pas bien au contraire elle recherche la confrontation au manque et l acceptation de la castration Elle guide vers les possibilit s d acc s un savoir Elle met en rapport un tre et son savoir L op rateur de ces rapports est le psychanalyste Celui ci interroge la place d o il r pond car elle a plus d importance que le contenu de sa r ponse L thique de la psychanalyse thique du bien dire du bi
115. if la moindre trace d un id al rival contre lequel celui de la Cit aurait lutter pour s implan ter Op cit p 18 17 Idem p 18 18 idem p 102 19 Cf LACHERAF M in l Alg rie nation et soci t F Masp ro Paris 1969 346 pages p 315 20 MARROU H I op cit p 101 Curieux retour des choses la France usera son tour des m mes exp dients et proc d s au d but de sa conqu te de l Alg rie 21 Cf l Alg rie et ses populations Ed Complexe Bruxelles 1982 292 pages p 45 22 Op cit p 203 23 Idem 24 Cf MIALARET G et J VIAL Idem 25 Idem 26 Cf DEBESSE M et G MIALARET Trait des sciences p dagogiques T 2 p 106 27 RICHE P op cit p 47 28 Idem p 49 29 REBOUL O Qu est ce qu apprendre PUF Paris 1980 200 pages P 169 30 Idem 31 SAINT AUGUSTIN Les confessions Classiques Garnier Paris 1960 t 2 p 85 32 In S minaire dejDhilosophie de l ducation Universit Lumi re Lyon 2 Ann e universitaire 1986 1987 33 ULMANN J la pens e p dagogique contemporaine PUF Paris 1976 153 pages p 15 34 Op cit p 169 34 Penser l ducation 2003 35 Idem 36 Cf El Moudjahld 29 janvier 1987 p 7 37 Idem p 173 38 Cf cit par G PASCAL in Les grands textes de la philosophie Bordes 1967 p 19 Selon M LOBROT La ma eutique de Socrate n est rien d autres qu une forme d ristique orien
116. ilda Paiva par la conception dual structuraliste de l ISEB 14 dont un des signes est l opposition presque caricaturale par laquelle Freire distingue les oppresseurs des opprim s ducation bancaire et ducation lib ratrice conscience critique et conscience na ve activisme et verbalisme etc Influenc e encore par les lectures de Fromm Mounier Husserl Chardin et Martin Buber l uvre de Freire combine une mill naire esp rance dans un peuple admis comme porteur de la bonne nouvelle quelques l ments d un marxisme h g lianis Cyorg Luk cs et la tradition de la Nouvelle Ecole Dewey situ e donc au croisement de plusieurs tendances et inspirations on peut dire d elle la m me chose que Scholem affirmait de Benjamin s tu e toujours au carrefour voit des chemins partout De classifi 97 Penser l ducation 2003 cation difficile affirmer qu elle traduit une conception culturelle de l ducation c est peu dire son uvre se pr tera tout pour le meilleur et pour le pire Un peu partout dans les uvres de Freire on voit des expressions comme penser cor rectement signification v ritable qui dans son acception renvoient l id e d un monde opaque mystifi par l oppresseur et dont la d nonciation repr sente le premier pas de la conscientisation suivie de T annonce de la possibilit de la transformation de je et de tu dans la relation dialogique transform
117. intenir artificiellement dans le sien Cette conception met alors l enfant l cart de fa on artificielle au m pris des relations natu Lk manque d ducation nuit l enseignement et le manque d enseignement nuit l du 103 Penser l ducation 2003 relies entre enfant et adulte c est dire au m pris de la consid ration de l enfant comme tre humain en devenir Elle pr texte l autonomie ce mot valise du jargon p dagogique d aujourd hui oublieux de l tymologie mais justifie la d mission Ce p dagogisme bien pensant h rit des ann es 1960 est en r alit une id e destructrice Il en reste des traces aujourd hui jusque dans le comportement infantile et pu riliste de certains adultes p res enseignants ou ducateurs eux m mes la fois responsables et victimes de la soci t dite du jeunisme victimes surtout de la tentation de l innocence et de l hypocrite euphorie perp tuelle d crites par P Bruckner l effort physique est banni car n cessairement oppressif sauf sous la forme ludique du sport mais l effort intellectuel aussi c est le probl me de l cole qui voulant pargner l enfant toute vexation renonce souvent transmettre au nom de la sacro sainte libert du petit apprendre est assimil une pers cution il faut aider les l ves s panouir et non leur infliger d abstraites connaissances alors qu en r alit toute ducation digne de ce nom m me la plus lib rale es
118. ions Elles doivent tre activ es sch matis es Elles le sont au cours du conflit cognitif qui permet de les modifier La prise en compte des savoirs de l individu a pour fin essentielle leur rejet car la repr sentation entendue comme forme de savoir est souvent r sistante et le conflit cognitif ne cherche pas int grer une repr sentation ancienne mais tente de l vacuer Il faut changer sa fa on de penser afin de transformer sa fa on de faire Les activit s de confrontations des 55 Penser l ducation 2003 repr sentations doivent convaincre l apprenant que ses conceptions sont inad quates ou incompl tes et ventuellement que d autres sont plus op rationnelles 13 Dans ce cas il n y a pas reconstruction de connaissances partir de donn es acquises ant rieurement et de faits nouveaux introduits L ancien savoir est un obstacle Cette optique fait du savoir savoir indispensable la construction de l tre humain un savoir rejeter Cette science p dagogique fait table rase du sujet cherche domestiquer la parole abolit l alt rit Elle est vou e inhumaniser l homme pour le constituer en objet et aboutir une ma trise Elle est une barbarie au sens o l entend Jean Fran ois Matt i car il y a effet de barbarie chaque fois qu une action une production ou une institution de l homme engag dans la vie sociale n labore plus de sens mais le d truit ou le consomme 14 La r fl
119. ir les m mes ma tres tant et si bien que les in galit s ne rel vent pas du fonctionnement de l institution mais des individus eux m mes dans leur investissement scolaire Ensuite il a tendance mettre en place des circuits de distribution des l ves parall les ou hi rarchis s le primaire et le secondaire le public et le priv le g n ral et le technique le g n ral et le professionnel le classique e le moderne le moderne long et le moderne court les fili res les options les langues les cycles les ZEP et les SEGPA l int gr et l apprentissage etc Bref tout un syst me est mis en place qui permet de distribuer les l ves diff rents dans des circuits h t rog nes entre eux mais plus homog nes dans chacun Enfin Penser l ducation 2003 il r duit l h t rog n it interne de chaque classe par un dispositif r gulateur charg d assurer une homog n it de fonctionnement au nom de tous notes classements redoublements non pr sentation aux examens etc L ordre du m me doit l emporter la m me classe le m me ma tre les m mes contenus les m mes l ves L enseignement simultan suppose le maintien et la succession du m me dans l ordre de l cole Il g re les diff rences en renfor ant les similitudes D une certaine mani re il exclut le pluralisme dans la classe pour le renvoyer sur l organisation du syst me scolaire Mais que faire quand cette derni re au nom par exemple de la lutte
120. is rien car la faim tait grande Ce n tait donc pas pour une question de limitation intellectuelle ou de manque d int r t que je m loignais de l tude mais cause de la duret de ma condition sociale Cette exp rience m apprit une fois de plus la relation entre classe sociale et connaissance Plus tard quand mon fr re plus g commen a travailler j ai pu commencer manger ma faim et j ai alors lentement am lior ma capacit lire j ai commenc comprendre mieux ce que je lisais C est l poque o je me passionnais pour les probl mes de langage et l tude de la grammaire 19 ans j tudiais pour mon compte la philosophie du langage et le structuralisme L enseignement devint ma grande passion O medo e a audacia 1987 On rapporte l intervention d un jeune travailleur p re de famille qui durant l expos du professeur Paulo Freire l interrompt en classe et lui dit C est tr s int ressnt ce que nous dit le docteur Paulo Freire que le p re aime son fils qu il ait de bonnes relations avec lui qu il communique fr quemment avec lui Mais il y a des choses que le docteur ne sait pas Pour lui les choses sont tr s faciles il retourne chez lui apr s le travail il a de l espace chez lui pour se sentir l aise Il peut couter son enfant car il sait qu aujourd hui son fils s est aliment II n a donc pas faim Quant nous notre situation est fort diff rente Nous habitons dans une favela
121. isation Paulo Freire caract rise deux conceptions oppos es d ducation la conception bancaire et la conception orobl matisatrice Dans la conception bancaire l ducateur est celui qui sait et les l ves ceux qui ne savent pas l ducateur est celui qui pense et les l ves ceux qui sont pens s l ducateur est celui qui parle et les l ves ceux qui coutent docilement L ducateur est l autorit fonctionnelle l autorit du savoir qui entre en conflit avec la libert des l ves car ceux ci doivent toujours s adapter aux d terminations de l ducateur Finalement l ducateur est le sujet du processus ducatif tandis que les l ves sont de simples objets et l ducation devient un acte de r aliser des versements comme dans des banques o le savoir est une donation de ceux qui savent ceux qui ne savent rien L ducation probl matisatrice se fonde a contrario justement sur la relation dialogico dialectique entre l ducateur et l l ve les deux apprennent ensemble l un de l autre Le dialogue est donc une exigence existentielle qui rend possible la communication et permet de d passer le v cu imm diat D passant ses situations limites l ducateur duqu arrive une vision plus globale du contexte Pour mettre en pratique le dialogue l ducateur ne peut pas se mettre dans la position de celui qui se pr tend d tenteur de tout le savoir il doit au contraire se placer dans la position de
122. l n est pas sans savoir comme l crit FREUD et que pourtant il ne conna t pas 39 N est ce pas dans le m me registre que s inscrit galement la d claration de l italien Galileo GALILI 1564 1642 On ne peut rien apprendre l homme On ne peut que l aider d couvrir ce qu il rec le Et enfin n est ce pas la m me vue que projette et propose COMENIUS en disant ceci Tout tre poss de en lui la totalit du connaissable Parall lement on peut affirmer sur ce point que les textes sacr s religions monoth istes connues notamment l islam sont plus explicites en soulignant que Dieu a enseign l homme ce qu il ne savait pas 40 Aussi est il permis de conclure que dans les corpus divins comme dans les th ories positivistes de l apprentissage on retrouve donc aujourd hui hui cet impressionnant entrelacs des m mes postulats fondateurs REBOUL clarifie et explicite davantage son point de vue en soulignant nouveau que par des questions appropri es son niveau pos es l l ve le ma tre l am ne prendre conscience progressivement de la v rit en lui Il n existe aucune diff rence de nature entre l l ve et le ma tre chacun s il a raison est l l ve du Ma tre int rieur et l l ve n apprend du ma tre humain qu en jugeant le ma tre humain La seule sup riorit de ce dernier est dans sa m thode Son r le est gr ce l interrogation d avertir et de rappeler il e
123. l un de ses plus prestigieux repr sentants 1 la figure de Saint Augustin ne l est pas encore moins pour avoir indubitablement marqu 2 par ses prises de position non seulement les intellectuels de son temps mais aussi ceux des poques ult rieures y compris jusqu nos jours Souvent d sign comme la figure de proue de l volution du christianisme il est aussi connu pour la vaste synth se philosophique labor e par ses soins Au nombre de ses initiatives sur le plan de l enseignement et la formation il convient de citer la cr ation d coles destin es la formation professionnelle de pr tres incluant notamment l initiation aux arts lib raux Mais il fut aussi pour un temps d termin Professeur Rome puis Milan R f r es au contexte pr cis de l poque qui fut la sienne ces donn es montrent manifestement une personnalit pleine d ascendant et de fermes dispositions s inscrivant toujours dans un rapport d acteur social de premier plan Si connu pour s tre particuli rement distingu par son action la t te de l glise Ce qui retient en particulier notre int r t ici c est beaucoup plus la dimension proprement p dagogique et ducative de son oeuvre que la dimension strictement politique de celle ci Encore qu il faille reconna tre combien il est difficile de pr tendre les dissocier tant il para t malais de ne pas supposer au moins indirectement un quelconque ascendant de l une sur l autre surtout d
124. la vertu du bon sens En 1936 la France du Front populaire doit encore couter les revendications d une paysannerie particuli rement touch e par la crise conomique pr s de 30 des membres de la SFIO appartiennent aux f d rations essentiellement rurales du Sud et de l Est du pays et tenir compte des voix radicales encore largement issues des campagnes qui pour un tiers p sent dans les lections et portent Jean Zay radical au minist re de l ducation nationale Chacun sait le r le dans l histoire de la France rurale de l ouvrage de Marc Bloch Les caract res originaux de l histoire rurale fran aise n de son tude des plans parcellaires entre 1922 et 1928 et publi en 1931 Ce travail universitaire rencontre une attente des lites de l poque qui conduit Gallimard lui confier une collection intitul e l origine Le paysan et les champs et qui dans le plan pr vu en 1935 devait compter onze titres Seuls deux paraissent dont celui d Albert Dauzat 11 aur ol du succ s de son ouvrage es noms de lieux qui publi en 1926 est appel un grand succ s En effet il est prescrit l cole primaire d s 1932 et il le reste dans La g ographie et l histoire locales destin guider les enseignants pour l tude du milieu 12 dit en 1946 Tous les grands noms de la g ographie universitaire se plongent dans le monde rural d taillant du sol au grenier toutes ses particularit s cf entre autres Jean Br
125. mation d organisation de partenariat d ouverture Si le psychanalyste cherche faire advenir le sujet le p dagogue lui s adressant au Moi de l tre duquer doit tenir compte du sujet tre son coute et le prendre en consid ration dans tout acte p dagogique D o une p dagogie d clin e en terme d ducation d instruction de formation et de soin L ducation met en uvre des moyens propres d velopper une facult un organe une aptitude Elle permet le d veloppement et l panouissement d une personnalit Elle est acte de rupture et d tablissement afin de faire acc der la citoyennet L instruction enseigne renseigne explique transmet des connaissances afin d augmenter le savoir l exp rience d une personne La formation donne les connaissances les principes les habitudes n cessaires l exercice d une activit Elle permet de devenir un l ment constituant et actif d un syst me social professionnel Par son action elle produit et d veloppe des capacit s Le soin lutte contre les effets n fastes des conflits intra et intersubjectifs des souffrances individuelles Il est une attention particuli re l histoire de l tre duquer sa parole ses d terminations aux diff rentes instances de sa structure Attention particuli re mais aussi action sp cifique sur chacun des ces points Etre dans une relation de soin pour tenter d avoir des effets partir d une relation d coute d ou
126. ment les travaux de Wittmann 1994 1995 nous attribuerons la naissance institutionnelle de cette p dagogie la loi du 11 juillet 1975 qui voit ministre Haby instaurer le coll ge unique On peut penser que la p dagogie de soutien est l innovation p dagogique qui a et qui a eu le plus de succ s au niveau des pratiques tant l cole qu au coll ge elle devient aujourd hui officialis e dans les lyc es par l introduction de deux heures int gr es d aide aux l ves De quoi s agit il Dans un syst me simultan r gi par l homog n it et qui requiert cette derni re pour pouvoir fonctionner quand la population d l ves de chaque classe appara t h t rog ne ce qui est d autant plus logique que l h t rog n it est devenue la r gle de constitution des classes il devient indispensable de prendre en compte et de traiter ces h t rog n it s au sein de la classe elle m me afin de r tablir l homog n it indispensable l ordre p dagogique normal Haby supprime les fili res au sein du coll ge Penser l ducation 2003 introduit l h t rog n it des l ves au sein de chaque classe tout en maintenant un mode simultan qui suppose l homog n it et impose un dispositif de r duction et de traitement de cette h t rog n it des publics par l interm diaire de la p dagogie de soutien Si l on suit les divers textes minist riels qui se r f rent au soutien on voit se dessiner une carte de cette p
127. n par Rome l aspect le plus essentiel r sidait dans le souci de former la conscience de l enfant ou du jeune homme de lui inculquer un syst me rigide de valeurs morales de r flexes s rs un style de vie 17 Mais ces remarques valent surtout pour d crire l ducation telle qu elle tait con ue implant e appliqu e et valid e en m tropole Car il est connu que le syst me scolaire fonctionnant dans les terres conquises se limitait conformer ses effectifs au r le de sujets qui tait le leur D ailleurs la fr quentation de ces tablissements n tait pas reconnue tout le monde C est ce qu il rappelle nouveau en soulignant que les premiers b n ficiaires des coles furent les enfants des plus grandes familles et de l lite sociale notamment celle des villes Le reste milieux ruraux et classes populaires en taient exclus 18 Si l on ne peut nier donc que Rome avait au cours de sa domination en Afrique du Nord difi des coles il n en faut pas conclure pour autant que leur acc s tait ouvert tous La production litt raire qui prit naissance durant cette p riode tait donc presque exclusivement latine puisque l autochtone n y a jamais particip de mani re significative Cependant s il fallait bien insister sur un d tail d importance ce serait le suivant savoir l extraordinaire perm abilit des esprits autochtones l usage d un bilinguisme f cond cr atif exactement comme un e
128. n ontog n tique individuelle Cette id e est sous tendue par un principe volutionniste le d veloppement culturel ou ducatif individuel est reli au d veloppement culturel de notre civilisation Ainsi chacun referait pour lui m me les d couvertes ou inventions accumul es au cours des si cles pass s L l ve de cinq ans qui apprend crire se r approprie une invention de quelques mill naires L l ve apprenant l histoire r capitule un mode de pens e un moyen de donner du sens l exp rience dont l invention remonte aux Grecs et que nous pouvons d tailler Egan 1997 p 27 Bien videmment ce n est pas l utilisation pass e de ces inventions qui serait la cause de leur utilisation actuelle par les l ves mais au contraire l utilisation actuelle de ces inventions g n rerait un type de compr hension ayant exist par le pass Il ne s agit donc pas de pr tendre que les membres de soci t s 74 Penser l ducation 2003 traditionnelles ont un mode de pens e enfantin primitif mais plut t de dire comme Oison 1998 p 145 que des constructions en pr c dent d autres car elles en sont constitutives Cela nous am ne pr ciser cette notion de r capitulation avant de passer la description des modes de compr hension La r capitulation en ducation A la fin du XIXe si cle et la suite de Spencer ont t forg es de nombreuses th ories appliquant des principes volutionni
129. n retrouvera beaucoup plus tard du temps de la colonisation fran aise ou m me bien apr s dans la phase dite post coloniale Elle 20 Penser l ducation 2003 confirme que l acc s la langue romaine avait d pass le stade purement fonctionnel pour celui d une int gration bel et bien formalis e et syst matis e MARROU indique d ailleurs dans ce sens l existence en Afrique de ma tres grammairiens et rh teurs des hommes cultiv s comme ce jeune homme de S tif ou encore ce bourgeois de Sala au bord de l Atlantique l extr mit du sud ouest du monde romain que nous voyons en 144 r diger l honneur de leurs pr fets un d cret honorifique d une rare somptuosit verbale 19 Un constat qui semble perdurer travers le temps puisque aujourd hui encore il est relev chez nombre d tudiants autochtones transitant par la langue de Moli re de Skakespeare Goethe ou autres les m mes prouesses en termes de comp tences linguistiques dans l usage extraordinairement f cond original cr atif m me de ces codes vernaculaires Tout au d but de sa p n tration en Afrique du Nord et press e de tisser la toile de fond de son h g monie Rome eut recours aux m mes proc d s contraignants que ceux qu elle dut employer sous d autres cieux en Gaule notamment et relatifs l ducation dans ses coles des enfants remis en otages par les notabilit s des pays conquis 20 Les similitudes sont d ailleurs fr
130. ne immense toile de P n lope chaque poque chaque g n ration ram ne sa petite touche dans la continuit de l ouvrage Telle est et restera la vaste entreprise de l ducation Envisag dans cette perspective chaque syst me ducatif constitue en soi un sp cimen exemplaire une r alit qu il faut essayer de saisir non seulement dans sa diversit ses contradictions et ses ambiguit s mais surtout comme le r sultat le produit d un encha nement singulier de circonstances historiques socio conomiques politiques Car sans risque de se tromper on peut affirmer que la plupart des syst mes actuels empruntent la majorit de leur morphologie ou de leur configuration aux mod les h rit s du pass M FOUCAULT avait parl juste titre de arch ologie du savoir pour analyser et d crire les sciences en formation en prenant la continuit historique contre courant afin de rep rer ou retracer la g n alogie des ph nom nes sociaux de leur disposition en tagements en couches en paliers 40 Pourquoi tellement se soucier de la question de la survivance du pass dans le pr sent Nous ne le faisons que dans la mesure o nous aspirons d couvrir comment des traditions h rit es d un pass proche ou lointain peuvent influer encore sur le pr sent et d montrer ventuellement les m canismes de cette relation entre eux mais aussi pour identifier les r gularit s les permanences ou les tournants majeurs
131. nent sens l ex sistence La notion d engagement doit tre repens e dans le champ p dagogique Cette thique de l engagement est sous tendue par une thique de la responsabilit qui am ne r pondre de ses actes et en assumer les cons quences Rendre compte r pondre assumer dans le cadre d un contrat et d un projet sont les fondements de la responsabilit de tous les acteurs du champ p dagogique Tout acte analytique engage la responsabilit de l analyste car il peut ou reconna tre ou abolir le sujet Il en va de m me pour le p dagogue dans cette rencontre qu est la p dagogie Le non agir n est pas non engagement pour le psychanalyste L agir du p dagogue est un engagement qui pose des actes dont il sait qu ils auront des effets sur autrui et sur soi m me En se liant l autre dans un contrat il tente de le faire entrer dans un espace temps L engagement est une entreprise qui n cessite de prendre parti par son action ses attitudes ses discours et qui entra ne des obligations L engagement co te et il est toujours prise de risques mais il est un acte par lequel l tre assume des valeurs qu il a choisies et donne un sens son ex sistence L engagement concerne le p dagogue au plus profond de son tre Il n y a pas d engagement s il n y a pas prise de position thique contrat avec des obligations et actes signifiants En p dagogie il concerne tout aussi bien le p dagogue que l tre duquer ses parents et les di
132. ngement acceptable Elle se nourrit m me des solutions radicales qui remettent en cause la p dagogie de l enseignement Gr ce elle la p dagogie diff renci e alors qu elle s tait pos e et d velopp e comme une tentative de renversement au nom d une p dagogie de l apprentissage en arrive entretenir la domination du seul mode simultan L institutionnalisation du soutien signe la mort de la p dagogie diff renci e Elle est le signe de l chec de cette derni re s imposer comme ordre scolaire Les r formateurs p dagogiques promoteurs et partisans de la p dagogie diff renci e se retrouvent r duits adapter le mode simultan en lui int grant la p dagogie de soutien Ce qui n emp chera pas qu ils devront subir de tr s nombreuses attaques d une violence qui ne cesse d tonner D cid ment si duquer est d j un m tier impossible changer l ducation rel ve du tour de force Grande est la vertu de ceux qui s y attachent BIBLIOGRAHIE ALLAL L Cardinet J Perrenoud P 1979 L valuation formatve dans un enseignement diff renci Berne Peter Lang BOUCHET H 1934 L individualisation de l enseignement l individualit des enfants et son r le dans l ducation Paris Alcan HAMELINE D 1979 Les objectifs p dagogiques en formation initiale et continue Paris ESF EME HOUSSAYE J 1992 tes valeurs l cole Paris PUR HOUSSAYE J 1993 La p dagogie une encyclop die pour aujourd hui Pa
133. ns la pluralit pluralit des ma tres des rythmes des groupements des formes d valuation La diff renciation p dagogique vise l am lioration de l l ve et am ne l adulte g rer les apprentissages en fonction de la singularit des apprenants Elle prend en compte les acquis r els des l ves leur fonctionnement adapte les temps d assimilation et les contenus L homog n isation des structures scolaires tend rendre n cessaire la diff renciation des strat gies afin de g rer l h t rog n it des situations de la classe simultan e Et pourtant la p dagogie diff renci e mod le de r novation p dagogique dominant des ann es 80 90 n a pas r ussi s imposer et ne r ussit toujours pas le faire Elle se heurte plusieurs obstacles qui font que au besoin sous couvert de p dagogie diff renci e ou tout le moins sous couvert de prise en compte des diff rences c est la p dagogie de soutien qui s impose et entre en uvre Le premier de ces obstacles tient la p dagogie diff renci e elle m me elle appara t particuli rement complex et a tendance d courager tout nouvel adepte par le nombre de facteurs prendre en compte elle appara t comme n cessairement technique et ne semble pas supporter l improvisation elle appa 12 Penser l ducation 2003 ra t comme d pendante d outils appropri s qui ne sont pas vraiment disponibles ou accessibles Ce qui signifie que souvent les intenti
134. nt en 1934 et les p dagogies par objectifs et de ma trise qui servaient de r f rence op ratoire et rationnelle dans la mise en place du d roulement p dagogique articul es l valuation formative qui na t aux Etats Unis la fin des ann es soixante en arrive en France au milieu des ann es soixante dix Un peu comme si l Education nouvelle avait fourni les intuitions mais en tait rest e des pratiques un peu brouillonnes tandis que la p dagogie de ma trise fournissait une m thodologie p dagogique assur e au service de la r ussite de tous Le tout semblant s inscrire dans la tendance socialiste volontariste de l cole unique et du plan Langevin Wallon et faire cho aux revendications d un GFEN par exemple qui dans les ann es cinquante appelle conjuguer d mocratisation et diff renciation en donnant plus ceux qui ont moins Ce n est pas pour rien non plus que cette p dagogie diff renci e s adresse en priorit au secondaire Elle relaie la volont id ologique et politique de l cole unique qui s est d abord adress e l cole primaire et qui est maintenant le fait du secondaire travers le coll ge devenu la structure essentielle et probl matique de la d mocratisation de l enseignement Est il possible d enseigner dans un m me tablissement dans les m mes classes des l ves ayant des niveaux intellectuels et affectifs diff rents Est il possible de m langer sur les m mes bancs comme on di
135. nt la Chose permet l mergence du sujet de d sir L thique de la psychanalyse exige le renoncement un bonheur total c est dire la jouissance de la Chose qui serait un malheur absolu la mort du sujet de d sir L thique qui commande de renoncer la Chose ordonne de se contenter d objets substitutifs la repr sentant D o l importance accord e par Lacan la sublimation qui permet de retrouver la Chose en vitant le refoulement Dans la sublimation l objet est lev la 67 Penser l ducation 2003 dignit de la Chose et permet la satisfaction du d sir ainsi que la r organisation de la cha ne signifiante L thique de la psychanalyse d bouche sur une th orie de la sublimation afin de permettre la cr ation et la r organisation signifiantes dans le rapport la Chose et l Autre au sein de la structure du sujet la base de toute possibilit de sublimation se posent le principe de reconnaissance du sujet de d sir et de sa cr ation et la possibilit d un espace de paroles partir du transfert Le statut thique donn par Lacan au sujet de l inconscient partir de son approche du sujet de d sir est fondamental La position thique de Lacan peut s adresser au p dagogue Celui ci se doit d tre au service du d sir de ceux qui lui sont confi s et non de sa propre jouissance L espace thique refuse la violence de l assignation une place un r le une identit afin de convoquer l expre
136. nt maintenant de s interroger sur les particularismes de l ducation romaine en Afrique du Nord Il est bien vident qu on ne peut tablir de comparaisons pouss es entre l organisation scolaire romaine telle qu elle fonctionnait normalement dans la capitale de l empire Rome et celle qui mise en uvre dans les territoires conquis o il s agissait on s en doute moins de favoriser un quelconque sursaut ou une quelconque dynamique culturelle que de pr parer simplement un projet de romanisation et d assimilation Par cons quent si l on ne peut nier encore une fois la cr ation d coles publiques en Afrique du Nord il faut bien admettre pourtant qu elles n ont gu re servi dans la plupart des cas que comme instrument de cette romanisation dont il vient d tre question Des tablettes de bois recueillies la fronti re alg ro tunisienne non loin de l actuelle ville deT bessa Est alg rien montrent cependant la trace crite de transactions commerciales ventes de terres ou d actes de mariages tablissement d une dot Il est mentionn d ailleurs le cas de ces nombreux analphab tes qui pour tablir la consignation de leurs transactions recourent au service de t moins ou de parents fils et fr res sachant crire m me s ils ne ma trisent pas toujours ais ment les formules compliqu s du droit 24 Pour aussi anodines qu elles soient ces multiples facettes de pratiques r f r es la vie quotidienne n en donnent pas
137. nt pour effet de donner lire pour faire crire Sans doute Mais c est oublier un peu rapidement la r alit de la classe peut on partir d injonctions minist rielles et d inventaires de productions ditoriales en d duire l usage effectif de ces nombreux petits livres d histoire et de g ographies locales Comment r pondre ft dans les classes L analyse des sujets d examen offre un point de vue sur le discours magistral possible tenu en classe Prenons l exemple de l examen du brevet l mentaire premier grade dans les certificats d aptitude enseigner pour approcher les attentes des autorit s hi rarchiques et p dagogiques L analyse des 100 sujets de r dactions l crit ne comporte que trois preuves dict e r daction arithm tique et il y a deux sessions de gar ons et de filles par an auxquels ont t soumis les candidates et les candidats de la Somme lors de cet examen entre 1890 et 1914 montre que seuls 9 nonc s font r f rence la Somme ou au d partement ou la Picardie ou au pays habit et encore sont ils concentr s pour 6 d entre eux entre 1895 et 1900 et avons nous rang dans ce type de sujet la description de la rue du village d un orage en Picardie de l utilit de la route nationale la plus proche tous intitul s qui n incitent pas mettre en lumi re la sp cificit d une petite patrie Penser l ducation 2003 En r alit partir du d but du XXe si cle l col
138. ntatoires d effets de flux idoine pour ne pas dire de grandeur subrepticement accentu e Ou encore lors d une conf rence surpris et per u 28 Penser l ducation 2003 des ondes ou des effluves agissant distinctement sur ce mode Pour rarissime qu elle soit la tentation demeure donc malgr tout probable lors m me que l on s en d fende ou assure s en tre consciencieusement et formellement pr muni 42 Et MEIRIEU d expliciter encore que le formateur d adultes n apprend rien personne fait simplement jaillir merger 43 En outre ajoute t il quand on regarde la philosophie de l ducation on y trouve trangement la n gation de l ducation qui est r duite la cr ation d un environnement qui fait merg er qui fait se souvenir Comment interpr ter cet aspect radicalement endog ne de l ducation 39 Bien plus il construit une sorte de serre sp cifique de facilitation et de progression la fois mesur es et balis es pour rendre justement propice et possible un tel aboutissement Encore faut il esp rer qu elle celle ci ne finisse pas par devenir la longue v ritablement un instrument d enfermement et de confinement des intelligences C ROCERS est encore plus direct en affirmant le seul apprentissage qui influence l individu c est celui qu il s approprie lui m me et dans lequel il s engage pleinement C est ce qu il d signe notamment par l apprentissage exp rientiel c est dire
139. nts et ses grands Hommes pos s l par une histoire lin aire de la France faite d anciennes provinces reli es entre elles par la force centrifuge et irr pressible de la nation Dans l exaltation des valeurs du terroir si ch res P tain l cole a sans doute sa part mais ce serait instruire un mauvais proc s que d oublier le contexte plus large la fois culturel et politique qui dans les ann es trente montre une c cit remarquable devant le science chancelante de certains rudits locaux ou des intentions mal lucid es de certains tenants du folklore vouloir trop forcer la charge contre l Ecole c est feindre d ignorer qu elle n est que le miroir d une soci t NOTES 1 ORY P Le grand dictionnaire de Pierre Larousse Alphabet de la R publique dans NORA P s d tes lieux de m moire La R publique Paris Gallimard 1984 r dition en 1997 p 227 238 48 Penser l ducation 2003 2 THIESSE A M La cr ation des identit s nationales Europe XVIIF XX si cle Paris Le Seuil 1999 3 4 5 6 7 GUIOMAR J Le Barzaz Breiz de Th odore Hersart de La Villemarqu dans NORA P s d Les lieux de m moire l Les France Paris Gallimard 1984 r dition en 1997 p 3479 3514 GASNIERTN Le local Une et divisible dans NORA P op cit en note 3 p 3423 3478 Discours de Jules Ferry prononc le 15 avril 1882 lors de la s ance de cl ture du congr s des Soci t s S
140. o como pratica da liberdade Paz e Terra Rio de Janeiro 5 d 1975 O medo e a audacia O cotidiano do professor Vozes Petropolis 1987 Pedagogia da autonomia Paz e Terra Rio de Janeiro 1997 Pedagogia da esperan a A pedagogia do oprimido revisitada Vozes Petropolis 1991 Cadotti M Org Paulo Freire uma biobibliografia Cortez Instituto Paulo Freire Sao Paulo 1994 Paiva V Pau o Freire e Nadonal Desenvolvimentismo Loyola S o Paulo 1975 Shilling V A presen a do povo na cultura brasiliera Paulo Freire e Mario de Andrade Loyola S o Paulo 1989 99 Penser l ducation 2003 NOTES 1 8 Ce texte est clairement divis en deux parties chacune exprimant les oppinions des auteurs sur la pens e de P Freire dans un esprit dialogal qui aurait plu Freire lui m me La premi re partie pr sente sa vie et sa pens e et la deuxi me essaie d exprimer un point de vue plus critique par rapport son oeuvre N des A Morros collines de la ville de Recife o historiquement en absence d am nagement urbain les habitants les plus d munis vont construire sans aucune orientation technique leurs bar raques type bidonvilles assumant tous les risques de glissements de terrain qui se produisent l occasion des grandes pluies tropicales Je voulais beaucoup tudier mais la condition conomique ne me le permettait pas J essayais de lire ou de m appliquer en classe mais je ne comprena
141. ode dominant classique traditionnel est nomm individuel Il tient du pr ceptorat mais comprend tous les l ves rassembl s dans la m me salle de classe quels que soient leur ge et leur niveau Le ma tre enseigne successivement chaque l ve individuellement en s adaptant au niveau de chacun mais comme pendant ce temps il laisse les autres sans occupation de l avis g n ral la m thode est lente peu efficace et qui plus est utilis e par des ma tres incomp tents Il convenait donc de la r former et d adopter des m thodes modernes Qu est ce dire Une alternative se pr sente alors Quoiqu ancien puisqu il a t codifi en 1720 par Jean Baptiste de la Salle le mode simultan est peu pr sent en 1815 puisqu il reste l apanage des fr res des coles chr tiennes 5 des l ves Dans cette configuration trois fr res se r unissent pour ouvrir une cole d une centaine d enfants qu ils r partissent en groupes de niveau soit une classe par fr re ce qui donnera naissance au d coupage fondamental entre le CP le CE et le CM Chaque fr re enseigne simultan ment la m me chose au m me moment l ensemble des enfants de sa classe les l ves sont donc constamment occup s la m me chose selon la seule ordonnance du ma tre et les r sultats s en ressentent Mais voici qu import d Angleterre et introduit en 1815 le mode mutuel s duit la France ne serait ce que parce qu il semble adapt la triste si
142. ode plus volu que le knowledge telling tel pens tel crit Voici maintenant quelques caract ristiques du monde de compr hension romantique L int r t pour les records Egan cite les Histoires d H rodote n en 480 av J C comme l un des premiers ouvrages mettant en uvre la compr hension romantique une poque o l criture a commenc tre int gr e la vie sociale grecque bien qu une tr s faible partie de la population Pour Egan c est un Livre des records antique o sont relat s des faits exotiques et bizarres dramatiques et piques On peut relier cet int r t pour des faits transcendants et relativement loign s de l exp rience directe des enfants ce qui a t expos dans la partie pr c dente Ainsi l habituelle prescription d aller du connu l inconnu pour tablir un curriculum ne tient plus gu re la personne la plus grosse du monde ou le timbre le plus cher ne sont pas sp cialement issus de l exp rience directe des enfants Tout se passe comme si les enfants d une dizaine d ann es apprennent en d terminant un contexte les limites et certaines caract ristiques hors de l ordinaire d un nouveau champ de connaissances plut t qu en proc dant pas pas du connu l inconnu Hobbies et collections Une autre caract ristique des enfants ou l ves d une dizaine d ann es est leur int r t pour les hobbies et les collections int r t qui cesse en g n ral vers quinze ans L
143. ogie afin de lutter contre les effets de barbarie ces formes de st rilit humaine dans les champs de l thique de la politique de l ducation et de la culture 16 qui entra nent la d composition des rep res qui structuraient ant rieurement le vivre ensemble 17 En abandonnant la compr hension toute puissante qui emp che l ouverture l autre et ferme sur soi je cherche laborer une thique de la p dagogie qui questionne le sens les 56 Penser l ducation 2003 finalit s les conditions de possibilit du sujet et de la p dagogie Les fins de la p dagogie passent avant les moyens les plus s rs et les plus efficaces de la transmission des savoirs La p dagogie s adresse un sujet en devenir Penser celui ci et conjointement l thique de la p dagogie sont deux d marches qui se rejoignent La toute premi re r flexion du p dagogue se porte sur la nature de l tre duquer sur sa subjectivit sur ce qui fait qu il est lui m me et non pas autre chose La p dagogie ne se justifie qu partir d une r flexion sur la notion de sujet Lacan ne donnera jamais de d finition pr cise du sujet mais renverra diff rentes approches qu il s agit de recouper afin d approcher cette notion complexe La psychanalyse appr hende l tre humain sous un angle diff rent elle change le regard sur celui ci Elle met en vidence la subjectivit de l tre dans ses rapports au milieu aux autres aux objets et dans
144. ons et les intuitions n ont pas t relay es par une instrumentation ad quate et maniable Sans parler du fait que parfois elle a d bouch sur une batterie de moyens p dagogiques dont le mode d emploi tait propice d courager le non sp cialiste La tendance sera la m me pour l valuation formative notion s duisante concept introuvable elle se r v lera tr s difficile pratiquer car elle d cuple le temps de travail pour un r sultat trop souvent d cevant Tant et si bien que dans bien des cas l enseignement g n ral s est r tract et qu il a laiss la formation professionnelle et l enseignement technique poursuivre la d marche d laboration de reconnaissance et de justification de cette p dagogie Le second obstacle rel ve de la force de la tradition ducative Cette conjonction historique que nous avons rep r e entre la forme scolaire et le mode simultan s est effac e au profit d une vidence d un ordre scolaire naturel normal logique Qui plus est cette normalit p dagogique s est agr g e tout un ensemble de justifications id ologiques qui vont s enraciner dans les Lumi res la R volution de 1789 et l instauration triomphante de la Troisi me R publique On conviendra qu un tel poids est de nature provoquer une naturalisation d une m thode d enseignement qui la donne facilement comme ternelle et juste Toujours est il que l ancrage dans le processus enseigner traverse le champ de l cole d
145. ord cela para t simple mais Egan montre que ces trois id es sont incompatibles deux deux Socialiser c est homog n iser la soci t et cette id e peut tre incompatible avec celle de favoriser l acquisition de connaissances rationnelles Par exemple on s est interrog au XIXe si cle sur le bien fond d enseigner l expression crite l cole primaire car cela aurait pu faire na tre des id es d stabilisatrices pour la soci t Ciolitto 1984 Ensuite aider chaque l ve r aliser son propre potentiel l duquer en suivant son d veloppement le d veloppement guide la connaissance comme l a aussi mis en avant Piaget alors que la th orie platonicienne de la connaissance insiste justement sur l inverse c est l ducation qui en d veloppant les esprits l ve leur niveau de connaissance Enfin lorsque la socialisation est un principe ducatif il importe de faire se conformer les l ves aux normes et valeurs de la soci t dans laquelle ils seront plus tard int gr s Cette id e est incompatible avec les principes ducatifs de Rousseau qui pr conisait de laisser l enfant dans une grande libert en l isolant temporairement de la soci t des adultes Pour int ressants que soient ces trois buts poursuivis individuellement Egan pense qu il vaut mieux les laisser de c t pour penser l ducation au profit de l tude des modes de compr hension des enfants kinds of understanding Comme le pr cise Egan
146. ordons ici l aspect le plus controvers de cette th orie qui r sulte des travaux de Luria et Vygotski sur les peuples non alphab tis s de Sib rie ou d Asie centrale Les premi res tudes de ce que l on appelle maintenant l action ou la cognition situ e s ont t men es par Luria dans des tribus de tradition orale d Asie centrale L id e g n rale est qu un outil cognitif comme l criture permet non seulement de r aliser de nouvelles activit s mais de plus transforme d autres activit s comme le langage ou la pens e Ainsi des personnes alphab tis es r pondraient des t ches de raisonnement formel de mani re abstraite en cat gorisant alors que des personnes de culture orale y r pondraient de mani re contextualis e On a pos par exemple leurs membres la question Dans le grand Nord o il y a de la neige tous les ours sont blancs La ville de Novaya Zemlya est dans le grand Nord De quelle couleur sont les ours l bas Egan op cit p 74 Le r sultat est qu ils sont embarrass s pour se prononcer ne s tant jamais rendus dans le grand Nord Ce r sultat a fait l objet de diverses interpr tations Certains attribuent cette diff rence au fait que les sujets alphab tis s supposent que la pr misse est vraie alors que les autres la mettent en question Scribner et Cole in Coody 1994 ont montr de mani re convaincante qu un artefact rendait possible les r ponses diff rentes les sujets alphab
147. orique et individuelle Chacun des outils intellectuels m diateurs utilis s g n re un mode de compr hension particulier que nous allons d tailler maintenant et r sumer dans le tableau suivant Tableau Principales caract ristiques des diff rents modes de compr hension d apr s Egan 1997 Mode de compr hension Age Outil m diateur Somatique lt 2ans corps Mythique Romantique Philosophique lronique 2 8 ans langage oral 8 15ans langage crit gt 15 ans pens e th orisante communaut de pratiques livres et revues gt 19ans Les instruments des modes de compr hension pr c dents Cet ge n est pas explicitement voqu par Egan Expos des modes de compr hension Exposons maintenant en d tail les diff rentes tapes par lesquelles se construit selon Egan l esprit humain Il est important de noter que d une part chaque mode de compr hension continue d op rer dans les modes suivants et d autre part qu il peut tre minori tairement utilis avant que l on en soit pleinement capable Caract ristiques principales Intentionnalit g n rativit r f rence repr sentation illimit e d v nements reproductibilit Fantastique pens e abstraite r cits m taphores et images Int r t pour les records collections et hobbies h ros Besoin de g n ralit agents sociaux attrait de la certitude cadres de pens e et anomalies Doute scepticisme r fl
148. ou d adultes 6 Le S minaire V Les formations de l inconscient Paris Seuil 1998 p 189 7 Intervention de Lacan la S P P Ornicar 1984 num ro 31 p 26 8 Eduquer et former sous la direction de Jean Claude Ruano Borbalan Revue Sciences Humaines 1996 hors s rie n 12 Le bilan complet des connaissances Revue Sciences Humaines hors s rie n 24 1999 La dynamique des savoirs Revue Sciences Humaines n 98 1999 dossier Apprendre p 18 37 9 Jacques Lacan Radiophonie Scilicet 1970 num ro 2 3 p 89 10 La barbarie int rieure Essai sur l immonde moderne Paris P U F 1999 p 147 11 La barbarie douce La modernisation aveugle des entreprises et de l cole Paris Editions la d couverte 1999 p 21 68 Penser l ducation 2003 12 Jean Fran ois Matt i La barbarie int rieure Essai sur l immonde moderne Paris P U F 1999 p 147 13 Leila Herbe Un mod le p dagogique L apprentissage allost rique revue Sciences Humaines n 98 1999 p 23 14 La barbarie int rieure Essai sur limmonde moderne Paris P U F 1999 p 27 15 Philippe Meirieu Le choix d duquer Ethique et p dagogie Paris E S F 1991 p 78 16 Jean Fran ois Matt i La barbarie int rieure Essai sur l immonde moderne Paris P U F 1999 p 27 17 Jean Pierre Le Goff La barbarie douce Paris Editions la d couverte 1999 p 10 18 Le S minaire IV La relation d objet Paris Seuil 1994 p 118 19 Le
149. ourageusement position pour la d fense de la personne humaine et en particulier contre le trafic d esclaves Il faut rappeler qu son poque la c te m diteran enne tait souvent l objet d incursions de la part de marchands d esclaves de Caliche Saint Augustin a m me propos de punir les marchands desclaves Mais pour aussi r cente que soient ces donn es elles n apportent en d finitive aucun clairage nouveau sur le r le qu il a pu tre amen jouer sur la sc ne politique en tant que repr 32 Penser l ducation 2003 sentant attitr de l glise orthodoxe et par cons quent ne modifient en rien le jugement de la plupart des historiens son gard en ce qui concerne ses prises de position ouvertes pour la d fense des int r ts de l Eglise et partant de la classe dominante au d triment des couches exploit es 3 MARROU H I Histoire de l ducation dans l Antiquit Ed Seuil Paris 1948 p p 129 G AVANZINI crit il n est donc par fortuit mais logique que les grandes religions se pr occupent de l ducation Loin de constituer une pression cela rel ve de leur mission Plus encore les religions du Livre juda sme Christianisme Islam sont quoiqu des rythmes et selon des modalit s variables port es organiser un enseignement sp cialement apprendre lire pour donner acc s la Parole Cf Les d boires de la notion de p dagogie in Revue Fran aise de P
150. p dagogie de soutien croise de nombreuses autres formes p dagogiques et semble souvent cheminer de concert avec elles Mais elle a bel et bien une sp cificit ne serait ce que par ce qui la diff rencie de chacune d elles Elle va beaucoup moins loin que l Education nouvelle par la place accord e l enfant l int rieur du syst me scolaire pour elle l enseigement rep re les difficult s pr voit les s ances organise les contenus et value pour l cole active c est l enfant qui construit ses connaissances Contrairement la p dagogie par objectifs elle ne poss de pas un dispositif pr cis et conserve un certain flou quant aux moyens envisager En d saccord avec la p dagogie diff renci e la rem diation de la p dagogie de soutien a pour but d amener l l ve un niveau qui lui permette de suivre de nouveau l enseignement collectif avec profit Face la p dagogie traditionnelle la p dagogie de soutien pr ne l galit des individus sans se contenter de l galit des chances la r ussite de tous et non pas seulement celle des meilleurs la compensation et non exclusivement l litisme Alors que le courant non directif s attache la personne et la relation recherche la croissance optimale et veut am liorer les capacit s individuelles et sociales la p dagogie de soutien au moins dans ce qu elle annonce se focalise sur les performances scolaires et adopte plut t un comporte Penser l ducation 20
151. ppos s et la conciliation n est pas possible Pour agir il faut choisir La p dagogie passe par l action Et l action requiert de la coh rence M me si toute coh rence suppose des limites dans les facteurs pris en compte et entra ne le deuil d un certain nombre de dimensions S il faut choisir entre mode simultan et p dagogie diff renci e que vient faire la p dagogie de soutien dans cette histoire Elle rel ve de la strat gie d adaptation d un processus dominant En effet un processus se maintient si l axe central tout en s imposant comme premier laisse suffisamment de place et de jeu aux processus exclus Autrement dit le processus enseigner pour se maintenir continuer dominer et se donner comme satisfaisant doit tol rer en son sein certains aspects du processus apprendre et se r g n rer par lui C est pourquoi le mode simultan pour r soudre ses contradictions et on a vu qu elles sont de plus en plus flagrantes du fait de la diminution de l h t rog n it institutionnelle et organisationnelle doit inclure certains l ments du processus apprendre en les mettant son service sans les laisser devenir dominants et contradictoires La p dagogie de soutien est l pour int grer au mode simultan certaines vertus de la p dagogie diff renci e sans lui permettre d op rer le renversement radical qu elle suppose Les actions mises en place tant pour la p dagogie de soutien que pour la p dagogie dif f r
152. pr senteront peuvent nouveau tre des anomalies dans ce dernier cadre de pens e Une solution est de se maintenir un cadre de pens e suffisamment simple et restreindre les connaissances qui s y rattachent Une autre solution est l rudition Ce mode de compr hension ne peut ad quatement se d velopper que dans des com munaut s visant au d bat l am lioration des cadres de pens e l examen raisonn d ventuelles anomalies Les communaut s d apprenants Brown amp Campione 1994 dans lesquelles les l ves se comportent comme des chercheurs qui partagent collaborati vement leur propre niveau d expertise et de connaissances rejoignent cette id e Compr hension ironique ou la r flexivit On pourrait ajouter une troisi me solution au processus sans fin de la partie pr c dente l ironie ou plus s rieusement l incertitude pist mologique La prise de conscience postmoderne qu aucun syst me ne peut d crire enti rement la r alit peut nous amener tre ironiques L ironie combinant imagination artistique et rationalit scientifique peut nous permettre de nous rep rer dans cette incertitude L objectivit de ce fait n est pas attei gnable et le doute l examen de ses propres pens es la remplace Plus g n ralement le but principal du mode de compr hension ironique est d utiliser bon escient les pr c dents modes de compr hension Discussion Nous avons pr sent les grandes lignes de
153. qui peuvent s tre produits telle ou telle poque et dont les ondes de choc par induction r surgente peuvent encore tre largement ressenties dans le pr sent 30 Penser l ducation 2003 Mais nous le faisons aussi parce que pr cis ment cet int r t pour l histoire de l ducation n est pas encore manifeste et clairement affirm dans le contexte maghr bin comme il l est ailleurs Cette histoire comporte encore des espaces peu clair s ou carr ment sombres Et pour toutes ces raisons elle reste aussi compliqu e et alambiqu e C est dire l int r t et l urgence d une histoire ducative localement d velopp e et revendiqu e en tant que telle Enfin nous le faisons pour rappeler combien le facteur historique p se lourdement dans la d termination de nombre de pratiques actuelles Se d gage finalement l id e d un lien d une continuit continuum historique d une unit ind fectible entre les pratiques du pass et celles du pr sent D s lors si l on veut comprendre comment les pratiques actuelles se sont peu peu la bor es formalis es et constitu es sur la base d acquis patiemment et m thodiquement accumul s au cours des ges il devient indispensable d en rechercher et rep rer le courant fondateur qui les ces pratiques actuelles d termine et les vivifie Mais croyons nous aussi si le pass revient de la sorte la charge souvent avec force c est parce qu il trouve au pr alable un terreau
154. r d j fonctionnel puisqu assumant une fonction pr pond rante s exer ait par ailleurs dans deux secteurs bien d limit s savoir l rudition rh torique droit et la m decine avec de notables tentations dans l un et l autre cas de s affirmer le p le par excellence de la connaissance Les deux branches se r v leront d ailleurs par la suite ind tr nables tant sous la colonisation fran aise que durant la p riode post coloniale Etait ce pour tre au service des autres Etait ce pour les avantages sociaux qu elles pro curaient La r ponse n est pas si vidente qu on le croit Par contre pendant la premi re phase de la colonisation il est pratiquement certain que nombreux furent les Alg riens pour la plupart issus de souches populaires qui avaient c ur de voir les conditions de leurs semblables s am liorer et progresser Des voyages culturels et formatifs dans la m tropole compl taient g n ralement la for mation des tudiants en fin de cycle d tudes avant leur immersion dans la vie active pro prement dite Circulation des personnes et des id es mais aussi des normes et des valeurs c est dans ces m mes r f rences d j pratiqu es par le pass que continuent de s abreuver et s impr gner les syst mes contemporains 23 Penser l ducation 2003 Il reste que comparativement la masse documentaire disponible dans le contexte europ en voisin nous avons encore tr s peu d information sur l impo
155. r doit s offrir comme possibilit de cr ation dans une exp rience d ouverture aux autres aux significations L ambition de l apprentissage est de d sali ner l individu de le rendre autonome et de lui permettre de rejouer la partie Le p dagogue prend en consid ration la structure du sujet son histoire sa place ses savoirs son d sir Pour ce faire il utilise l coute la discussion l entretien les lieux de parole Il confronte ce qu il sait ce qu il comprend avec d autres De la lecture l inter 64 Penser l ducation 2003 pr tation le passage est n cessaire Celle ci commence au lieu du transfert dont il faut reconna tre la r alit et l importance L analyse du transfert n cessite d centrement et l im plication d un tiers pour que des questions puissent trouver des r ponses Fonder la p dagogie sur les pouvoirs de la parole et proposer de fait une autre lecture du sympt me et une autre mani re de lui r pondre entra nent une rupture dans la pens e et dans l action Par l interpr tation le p dagogue se gardant de vouloir tout comprendre cherchera donner un sens nouveau partir du non sens apparent Les pouvoirs de la parole ouvrent la possibilit de r organisation de la structure L thique n existe pas sans l engagement et l appel la responsabilit de chacun et de tous S engager implique de poser des actes de prendre des risques d assumer des valeurs qu on a choisies et qui don
156. re avoir chang ma mani re d enseigner la syntaxe quand javais 20 ans La question n tait pas seulement de nier les r gles de la grammaire mais de respecter la cr ativit esth tique du langage Je voulais une ducation cr ative comme fondement de ma p dagogie o donc la cr ativit ne pourrait tre qu en contact troit avec la cr ativit politique Une p dagogie autoritaire frustre la libert n cessaire la cr ativit 5 Dans cette th se se trouve d j la base de sa th orie et de sa pratique ducationnelles Paulo Freire critiquait l ducation scolaire br silienne et en proposait une r vision radicale partir de l tude d un processus ducatif situ dans le contexte d une r alit historique particuli re A cette poque les crits de Paulo Freire sont fortement marqu s par les id aux nationalistes et d veloppementistes des ann es 50 60 En 1958 lors du Deuxi me Congr s National pour l radication de l analphab tisme Freire pr sente sa conception L ducation des adultes et les populations marginales Le probl me des mocambos 6 qui en 1959 sera publi e comme th se d entr e la chaire de l Universit de Recife sous le titre ducation et Actualit br silienne 7 Il y d fend une plus grande insertion de l cole dans son contexte socio culturel Une ducation des adultes qui stimule la collaboration la d cision la participation et la responsabilit sociale et politique Sans c
157. rel est banale mais dans ce domaine il est difficile d affirmer si c est l outil ou l environnement qui a t la cause de l mergence de tel ou tel mode de compr hension Ce probl me de l uf ou la poule appara t souvent dans telle ou telle caract ristique d un mode de compr hension Cette confusion est notre avis aggrav e par l utilisation de la th orie de la r capitulation l mergence individuelle d un mode doit de plus tre compatible avec son mergence historique Ce probl me n a sans doute pas de solution tant les aspects d veloppementaux sociaux et culturels sont interreli s La solution propos e par Egan reporte le probl me classique du lien entre apprentissage et d veloppement d battu notamment par Vygotski sur le lien entre mode de compr hension et outil cognitif Ce report s il permet l dification d une th orie n isole toutefois pas le d veloppement est ce que ce sont les outils cognitifs qui permettent le d veloppement de nouveaux modes de compr hension ou bien l inverse Pour illustrer cette question avec un exemple prenons l criture la capacit valuer les phrases ind pendamment de leur contenu Le leurs aspects grammaticaux appara t vers huit ans ge partir duquel les enfants ma trisent l crit Oison 1996 Mais cette capacit peut tre autant li e l criture qu au d veloppement Cela n cessite donc d autres comparaisons par exemple avec 84 Penser l duca
158. religieuse r serv e aux clercs l autre profane domaine des la cs C est sans doute cette conception de l unit de la culture qui explique l absence d coles proprement cl ricales 27 Mais les d veloppements ult rieurs qui eurent lieu dans ce sens en Europe m me notamment avec le pouvoir grandissant de l Eglise montrent que probablement la m me tendance n tait pas carter en Afrique romano byzantine si entre temps les changements initi s par la conqu te musulmane ne vinssent donner dans cette contr e un nouveau cours l histoire Parlant ensuite des principes p dagogiques r gissant l ducation chr tienne il rel ve en outre que ceux ci rejoignaient ceux des ducateurs romains Le ma tre devait tre encore plus s v re lorsqu il s agissait de l adolescent entr dans les bouillonnements de la pubert et ils attiraient des parents sur les dangers qu un trop grande libert faisait courir aux jeunes gens 22 L on devine ais ment dans un tel contexte la rigueur et l intensit du contr le moral qui s exer ait en la circonstance et dont les effets s tendaient probablement tout ce qui se rattachait au devenir de ces derniers Pour O REBOUL le courant philosophique dans lequel se situe et s inscrit Saint 24 Penser l ducation 2003 Augustin part de la facult du comprendre et montre que l esprit n est capable d apprendre comprendre que parce qu il est esprit que l intellect est l
159. retenu des rosiers savamment greff s des discours brillants de comices agricoles des promenades botaniques clair es En 1911 la suite des d bats sur la nature de l histoire de France racont e aux enfants batailles ou civilisation le ministre Maurice Faure d plore l ignorance des Fran ais propos de l histoire de leur pr carr natal Faisant siens les arguments de Jules Ferry il Penser l ducation 2003 consid re que cette histoire particuli re d gage toujours une vertu ducative et une le on de civisme et que l amour de la patrie commence dans le terroir de la commune et du d partement Mais si l histoire locale est convoqu e une nouvelle fois a l cole elle ne doit en aucun cas se poser comme singuli re particuli re et attenter la France une et indivisible ou aller contre le destin national la mani re d un Augustin Thierry d un Jules Michelet ou d un Eug ne Sue les peuples d ici et d ailleurs fondent l histoire d un Peuple qui lutte contre l oppression pour la libert et la R publique Si Jules Ferry faisait appel aux rudits pour produire des ouvrages qui devaient faciliter la t che des ma tres Maurice Faure assigne cette mission aux instituteurs eux m mes Ne sont ils pas les mieux plac s pour consulter les archives communales et pourquoi pas les Archives d partementales C est ainsi qu en 1904 l inspecteur de l acad mie de l Orne conduit les l ves ma tres aux Archives de
160. riginaire du m me terroir s impose d elle m me dans cette br ve compilation il s agit en l occurrence de Pom re lequel fuyant les pers cutions vandales prendra le parti de s expatrier de l autre cot de la M diterran e c est dire en Europe m me o il deviendra c l bre par son enseignement de rh torique et de grammaire Pos s en termes plus actuels 37 Penser l ducation 2003 d aucuns ne se formaliseraient certainement point de parler explicitement de fuite de cer veaux dans un axe unilat ral Nord Sud qui perdure et s amplifie avec le temps Pour ce qui est de Saint Augustin en particulier il s agissait surtout travers un ou deux exemples pr cis particuli rement significatifs de la port e d cisive de son uvre de montrer l extraordinaire survivance de certaines de ses vues en mati re de r flexion ducative Ceci d autant plus que parfois on a m me l impression que le discours p dagogique actuel dans certains de ses aspects ou ses modalit s approches constructivistes entre autres a tr s nettement tendance se recentrer tr s nettement sur les th ories anciennes platonicienne et augustinienne notamment pour mieux s inspirer des riches et ind niables enseignement qu elles rec leraient encore Toute la question est de savoir si cela ne fait que rendre compte d un besoin de ressourcement g n sique dans l approche des faits ducatifs au demeurant fort l gitime ou si au contraire
161. ris ESF Direction LEGRAND L 1981 L cole unique qu elles conditions Paris Scarab e LEGRAND L 1986 La diff renciation p dagogique Paris Scarab e LEGRAND L 1995 es diff renciations de la p dagogie Paris PUE LELI VRE C 1990 Histoire des institutions scolaires 1789 1989 Paris Nathan MEIRIEU P 1987 Apprendre oui mais comment Paris ESF 15 Penser l ducation 2003 MEIRIEU P et a i 1985 Diff rencier la p dagogie Pourquoi Comment Lyon CRDP NIQUE C 1990 Comment l cole devint une affaire d Etat Paris Nathan PERETTI A de 1987 Pour une cole plurielle Paris Larousse WITTMANN H 1994 Th ories et pratique de la p dagogie de soutien Th se Universit de Rouen WITTMANN H 1995 La p dagogie de soutien vingt ans apr s Les sciences de l ducation pour l re nouvelle Caen CERSE 7 67 85 76 De l ancrage pr coce et pr curseur d un enseignement sup rieur en Afrique du Nord septentrionale punique et romaine et de quelques aper us sur l h ritage philosophique et p dagogique de Saint Augustin comme produit et vecteur de ce mod le Mahmoud Ariba D partement des Sciences de l Education Facult des Sciences Sociales Universit d Oran Alg rie L histoire des faits ducatifs au Maghreb est encore gravement lacunaire et demande par cons quent tre explor e inventori e et exploit e sans tarder La pr sente tude s
162. rocessus de connaissance qui augmente leur pouvoir d intervenir dans la r alit 94 Penser l ducation 2003 Finalement en juillet 1979 Freire retourne au Br sil apr s 15 ans d exil et participe acti vement aux mouvements populaires Il est invit comme professeur par deux grandes uni versit s br siliennes l UNICAMP et l Universit Catholique de S o Paulo Il participe de la fondation du Parti des Travail leurs En 1988 il accepte d assumer le Secr tariat de l ducation de la ville de S o Paulo pendant la gestion du Parti des Travailleurs Paulo Freire comme n importe quel autre auteur de son poque se d finit historiquement partir du contexte social et culturel dans lequel il est engag il vit alors l effervescence du d veloppement et du d bat sur la d pendance et le nationalisme propre des ann es 60 Cependant il commence d j percevoir la contradiction structurelle du r gime politique de tendance populiste que traverse le pays La r alit br silienne dit il vit un ph nom ne d antinomie fondamentale qui est cette tension dialectique entre deux p les d un c t l inexp rience d mocratique d un peuple victime d une longue colonisation et de l autre l apparition lente de ce m me peuple dans la vie publique nationale C est en fait la caract ristique principale du populisme de l poque donner au peuple le droit politique l exercice de la parole sans lui donner les conditions
163. rs moins aventureux voire immobiles est sans doute grand puisque l dition de 1910 se pr sente comme la huiti me Remarquons tout d abord que ces productions locales ou nationales adoptent le cadre administratif et r publicain du d partement m me si on rappelle d s la premi re page le nom de l ancienne province mais le d tail de son d coupage en arrondissements cantons et communes souligne bien l h ritage de 1790 date toujours cit e Ensuite la situation en longitude du d partement est toujours d finie par rapport au m ridien de Paris celle en latitude ne pouvant se r f rer qu l quateur et au p le Nord il semble que seuls ces trois rep res dont Paris soient fondamentaux Enfin l image de la description vidalienne de la France il faut apprendre conna tre les limites naturelles du d partement la diversit de ses paysages de ses ressources agricoles et industrielles de ses voies de communication La liste des personnages c l bres n s dans le d partement illustre sa contribution personnelle l histoire de France Bref ces petits livres servent autant conna tre son d partement qu convaincre qu il a naturellement sa place dans le puzzle g ographique et historique de la France lui seul le d partement est une petite France Anne Marie Thiesse analyse ce type de productions caract ristiques de la fin du XIX si cle et conclut ces ouvrages scolaires ont eu pour but et souve
164. rs transcendants aux agents sociaux Le mode de compr hension romantique mettait en valeur des acteurs transcendants vedettes sportifs etc ce nouveau mode permet aux l ves de comprendre que ce que nous sommes ne r sulte pas de choix romantiques mais de lois de la nature de la psychologie humaine des interactions sociales de l histoire etc qui s appliquent nous comme n importe qui d autre Egan op cit p 124 Cela am ne un int r t des contenus donnant une connaissance de l humain anthropologie psychologie et sociologie L attrait de la certitude la confiance excessive en la v rit Une caract ristique cou rante du mode de compr hension philosophique est la tendance penser que les traits th ories et cadres de pens es g n raux utilis s pour d crire le monde sont vrais parce que leurs composantes sont vraies Egan op cit p 127 Cela am ne les adolescents confondre ce qui est vrai leurs yeux avec la v rit absolue et avoir une confiance parfois abusive en la v rit Cadres de pens e et anomalies Les faits nonc s dans de vastes cadres de pens e g nera schemes ne sont pas toujours compatibles avec ces derniers Aussi sophistiqu que soit 82 Penser l ducation 2003 un cadre de pens e certains faits se pr sentent comme des anomalies ce qui am ne changer de cadre afin de rendre ces faits compatibles avec ce dernier Mais certains faits nouveaux qui se
165. rtance des villes uni versitaires en Afrique du Nord sous la domination romaine Mais sur la base de la corres pondance de Libanius on peut se faire une id e de ce qu taient d j les m urs des villes universitaires chahuts paresse cours s ches pour aller aux jeux d bauche 26 Des r sonances qui quelques diff rences pr s rappellent singuli rement des pratiques fort en vogue l heure actuelle Mai la comparaison s arr te l si l on prend videmment en compte la loi du nombre et subs quemment la massification qui caract risent le pr sent et donnent celle ci les effets amplifi s et surmultipli s que chacun sait D autres traits moins r barbatifs peuvent vraisemblablement tre ais ment consign s s agissant de quelques tendances observ es ou de fili res privil gi es en la mati re De a doctrine augustinienne en mati re d ducation sens et puissance P RICHE indique ce propos que lorsque au d but du V si cle Saint Augustin d finit dans son De Doctrina christina les principes de la science sacr e il ne voulait pas n cessairement tablir le programme d une cole mais des r gles condens es propres un travail d interpr tation et d utilisation des connaissances acquises par le biais de l ducation antique pour un approfondissement de la culture religieuse par son destinataire direct l intellectuel chr tien d alors il n y avait pas au V si cle deux cultures l une
166. rtements moteurs peuvent tre d compos s en sous ensembles d actions qui peuvent tre eux m mes recombin s en de nouveaux comportements moteurs tirer sourire tomber R f rence L tre humain reconna t tr s t t la diff rence entre jouer la com die et une v ritable v nement une vraie bagarre d une bagarre pour rire Repr sentation illimit e M me si le mode de compr hension somatique para t limit des pisodes concrets physiques il semble n y avoir aucune limite quant la possibilit de repr sentation d v nements comme le montrent des jeux de soci t o il s agit de mimer des expressions ou des mots abstraits afin qu ils soient compris des autres joueurs Reproductivit Les actes mim tiques sont toujours reproductibles m morisables sans recours des aides ext rieures Donald 1999 montre que cela autorise une forme de pens e repr sentationnelle Ce mode de compr hension met en relation objets physiques ou personnes et v nements en termes intentionnels les humains sont capables d expliquer pourquoi une cha ne causale survient Ainsi on per oit que les v nements peuvent ne pas tre dus des ant c dents observables et sp cifiques mais des forces cach es et g n rales quels que soient les ant c dents invoqu s l v nement surviendra si la force m diatrice est pr sente Cette compr hension en termes de forces est sp cifiquement humaine Comme l exprime Tomasello
167. s La soci t grecque antique via Aristote Platon Heraclite Hippocrate Pythagore a t la premi re selon Egan acc der ce type de compr hension De mani re syst matique les Grecs ont permis des communaut s de philosophes d aborder m thodiquement des champs de connaissance en analysant le statut les m thodes et les fondements th oriques de leurs recherches Au si cle des Lumi res Descartes et Bacon et surtout le d veloppement croissant de l imprimerie a permis l extension et le raffinement de ce mode de compr hension De nombreuses soci t s savantes L Acad mie fran aise 1634 et la Royal Society ofLondon 1662 naissent cette poque ainsi que de nombreux dictionnaires encyclop dies et revues Cette diffusion massive de savoirs d crits de mani re d taill e a suscit un besoin d exprimer ce qui peut les relier Cela a permis historiquement l invention d un vocabulaire pour exprimer la fois des id es plus g n rales et faire r f rence des objets nouveaux Egan en suivant Febvre 1968 montre que la plupart des mots fran ais exprimant des concepts g n raux sont apparus au XVIIe si cle absolu relatif abstrait concret concept crit re analyse synth se d duction induction syst me Ainsi ce nouvel outillage mental pour reprendre Febvre a t la disposition de tous et a sans doute permis le renouveau scientifique et philosophique des Lumi res Des acteu
168. s minaux de sa pens e tels que dialogue et action Cette condition des concepts g om trie impr cise a permis que la pens e de Freire soit introduite dans des territoires non autoris s et non pr vus par l auteur mais qui n ont pas trouv de sa part une opposition vigoureuse Nous songeons par exemple l utilisation de la notion de dialogue appliqu e l ducation enfantile tr s fr quemment interpr t e par les ducateurs des coles l mentaires en milieu populaire comme une pratique p dagogique qui devait partir de la r alit de l l ve exprim e dans sa parole et retourner cette m me r alit sans autres formes d intervention p dagogique Comme si la parole populaire tait la seule recouvrir la r alit des d favoris s comme si la valeur de l acte d exprimer tait quivalent au contenu exprim Cela a provoqu maints malentendus et c est beaucoup plus tard que Freire va essayer de corriger les abus en par tie dus au succ s et la banalisation incontr lable de son Opus Major Le point de d part de l ducation soulignons le n est pas une pr tendue galit onto logique qui justifierait in m ne le dialogue vrai dire l ducation ne traite pas d ontologie ou d une essence quelconque de l tre qui lui pr existerait et le fonderait Freire en est vraisemblablement conscient comme on peut le constater au moment o il parle de l homme comme un tre en devenir c
169. s d apr s l tat pr sent de l esp ce humaine mais d apr s un tat meilleur possible dans l avenir c est dire d apr s l id e de l humanit et de son enti re destination op cif il suppose bien deux mani res d duquer Soit on l ve l enfant de telle fa on qu il puisse s adapter au monde tel qu il est soit on consid re la t l ologie cosmopolitique de l ducation en se fondant sur le monde tel qu il devrait tre et sur l id e que chaque g n ration doit contribuer par l ducation au perfectionnement moral de l esp ce humaine Dans le premier cas on p rennise les in galit s et les injustices qui existent de fait Dans le deuxi me on pr pare des hommes transformer le monde en visant l id al du r gne des fins l ducation n ayant d autre but que le progr s moral de l humanit Mais dans notre cas aujourd hui l cole du capitalisme total 7 et son marchandisage auront bient t d finitivement enterr l optimisme des Lumi res La t l ologie kantienne de r ducation est une id e d su te Pourtant oublier sa fin c est signer la fin de notre ducation La fin du syst me de r ducation en g n ral et du sens de l ducation nationale en particulier N anmoins dans notre monde qui va forc ment mieux que celui que d crit Chesterton dans les ann es 1920 l ducation doit aiguiser plus que jamais sa vertu de r sistance nos enfants ne sont pas comme des brebis sans berger Ils sont plut t comme
170. s inspire pourtant Il est ind niable que les aspects sociaux permettent d s le plus jeune ge et pas seulement d s l adolescence l expression des diff rents modes de compr hension Nous avons signal ailleurs Dessus 2000 que la transposition ou la r utilisation de m thodes de planification de s quences d enseignement ne devait tre mise en uvre qu apr s la prise en compte de l intention de leurs concepteurs Ainsi le caract re pres criptif ou descriptif d une m thode ne pouvait tre d tourn qu apr s examen attentif des pr suppos s de cette derni re Comme toute th orie curriculaire la th orie d Egan est pres criptive son auteur a donc labor un ensemble de prescriptions pour r aliser un curricu lum se conformant sa th orie Ces prescriptions sont notre avis la partie la plus critiquable de l ouvrage En effet Egan suppose que le seul respect du mode de compr hension des l ves est d une part suffisant pour que les l ves apprennent ce qui est d j contestable mais d autre part suffisant pour servir de guide la planification des enseignants Or le cadre pr conis par Egan est sch matiquement issu deTyler objectifs sp cification du mat riel et de l activit des l ves valuation cadre dont la pertinence pratique comme nous l avons pr c demment montr n est pas garantie L id e que les savoirs et les connaissances sont des produits du d veloppement du social et du cultu
171. s maghr bines fut la science de l administration coloniale gouvemeurs et r sidents g n raux s y int ress rent personnellement et le service des Beaux Arts d pendait de la direction de l int rieur durant la plus grande partie de la p riode coloniale Op cit pp 19 20 II note encore il est donc normal qu on y d c le une influence directe de l id ologie g n rale de la colonisation Vingt si cle donc apr s l an antissement de l Empire romain en Afrique du Nord des hommes au z le excessif projet s sur la sc ne de l histoire par la gr ce d un d lire typiquement et outran ci rement colonial voudront soutenir mordicus une parent originelle entre l influence romaine et la mission civilisatrice de la France dans cette contr e Mais la latinisation tant souhait e ne fut pas r alis e in Alg rie Actualit n 1133 2 8 juillet 1987 p 22 14 Op cit p 75 12 a colonisation romaine n ouvre pas une p riode de prosp rit pour le Maghreb mais de stagnation Cf Actualit de l migration n 33 5 mars 1986 p 37 16 MARROUN H I Histoire de l ducation dans l antiquit p 11 Selon lui en gros cet id al est celui de la Cit antique fait de sacrifices de renonciation de d vouement total de la personne la communaut l Etat Ce qui caract rise Rome c est que cet id al n a jamais t discut on ne trouve pas dans la tradition dans le pouvoir collect
172. s se d filent devant ce devoir audacieux par peur et par irresponsabilit par des faux pr textes et par un laxisme une faiblesse li s la d ch ance de la d mocratie 4 Et cette erreur sur l enfant a d j un si cle d existence videmment le dogmatisme ou la violence dont il s agit ici n ont d autre but que d aider ou d accompagner l enfant grandir et tre libre en lui donnant les fondements dans les divers sens du terme fondations bases et justifications essentiels son volution propre En t moigne par exemple le fait qu il n y a pas d effort sans discipline cette discipline que Kant d finissait comme l acte par lequel on d pouille l homme de son animalit op cit C est aussi la discipline de la pens e qui est en jeu l absence totale dans la scolarit fran aise d un enseignement l mentaire de la logique et de l histoire des sciences a des implications qu on ne soup onne pas Eduquer suppose une autorit un auteur ce m me auctor auctoritas d rive en latin du verbe augere qui signifie augmenter L autorit est par d finition ce qui augmente les fondations nous rappelle H Arendt op cit p 160 L ducateur est d s lors celui dont la t che est de faire cro tre les potentialit s nouvelles de chaque enfant sur le terreau des anciens acquis Sa finalit consiste faire le lien entre l ancien et le moderne Toute la difficult de l ducation r side d ailleurs dans ce travail de p
173. sait au d but de l cole publique les enfants des prol taires et les enfants des bourgeois Legrand 1981 p 11 Ce qui signifie que la gestion externe de l h t rog n it des l ves tant par l institution que par l organisation scolaires se r duit tr s sensiblement rendant plus visible et plus difficile l h t rog n it dans la classe Or le mode simultan r git le secondaire tous les l ves d une m me classe se voient proposer au m me rythme le m me contenu d coup en disciplines assur es chacune par un enseignant Il est donc stipul que l apprentissage doit se d rouler l identique pour tous dans toutes les disciplines au m me moment Seulement les r gulations internes ne semblent plus suffire notes classements redoublements et l chec scolaire Penser l ducation 2003 d un bon nombre d l ves devient tellement patent au sein des classes que l objectif lui m me de la m me cole pour tous ne semble plus tenir La p dagogie diff renci e prenant en compte les diff rences entre les l ves d une m me classe se propose de reconna tre ces diff rences de les estimer l gitimes de se fonder sur elles pour assurer l ordre de l apprentissage dans la classe Il ne s agit donc plus de r duire l h t rog n it mais de l agir par la p dagogie Nous sommes bel et bien l oppos des principes du mode simultan La diff renciation prendra ainsi des formes diff rentes mais compl mentaires
174. se trouver f t ce dans le grand fr re de banlieue Tisser ou renouer le lien entre l ancien et le moderne est incontournable m me s il n est pas toujours vident de rendre manifeste ce qui dans l ancien peut nourrir le jeune C est m me l apparition de ce lien qui donne un sens ce qu il est H Arendt crit que c est justement pour pr server ce qui est neuf et r volutionnaire dans chaque enfant que l ducation doit tre conservatrice lt et respectueuse du pass gt elle doit prot ger cette nouveaut et l introduire comme un ferment nouveau dans un monde d j vieux op cit Pr server le nouveau par le souci de l ancien ce paradoxe d finit sans doute le propre de l ducation De m me le but de l ducation est la fois de supprimer la nature du sujet et de r v ler sa nature de tels paradoxes il n y a pas ni solution d finitive ni recette g n rale En ce sens bien s r parler de science de l ducation est une absurdit Il s agit moins de modus operandi que de modus vivendi moins de quantit que de qualit moins peut tre de multiplicit que d unit L identit personnelle vise une unit L enseignement aussi Com nius disait au XVIIe que ce qui importe ce n est pas d apprendre des choses diff rentes mais plut t les m mes 105 Penser l ducation 2003 Chesterton la seule ducation ternelle tre assez s r que quelque chose est vrai pour oser le dire un enfant Les moderne
175. sentielle de toute la trajectoire intelectuelle de Paulo Freire tant dans les strat gies de mise en oeuvre de ses id es que dans le grand nombre d ouvrages crits en collaboration Freire Ana Maria In Gadotti cf bibliog p 36 Mouvement d Education de Base Li l Eglise Catholique progressiste ce mouvement a particip de l alphab tisation et politisation des paysans du Nord Est du Br sil avant le coup militaire ISEB Instituto Superior de Estudos Brasileiros Fond en 1954 il a repr sent une p pini re d intellectuels nationalistes qui ont produit l id ologie du national d veloppementism cf Paiva V Bibliog 70 Eduquer et enseigner Le pr sent article se propose de repenser la n cessit de droit du lien entre duquer et enseigner quand la diff rence de fait entre les deux entretient les d rives d un enseignement sans ducation et d une ducation sans enseigne ment Renouer le moderne l ancien axer la relation ducative sur la connaissance la compr hension critique et la cr ation sont les conditions n cessaires d un rapport f cond entre les deux missions institutionnelles Philippe Merlier Docteur en Philosophie Mots cl s Libert autorit nature connaissance compr hension critique maturation sens cation Si l un manque l autre l enseignement ou l ducation est en crise Parmi les id es responsables de la crise de l ducation la conception de la p dagogi
176. ser l ducation 2003 D PARTEMENT DE L EURE du l Eure doit wi nom U lt i i U travers tin m au nord ut iii s y j 1 JS Il ft ete D a L IISO de tiir paj si upp t4U l aiv Horrawldi l un a j v i c lt lt pii ronstituaient k France la No iiiftwiE Ttiori 57 77 IN inr le 183 84 JfldaiiM lt imc hilik du IL oit f rt Lui le nw lt t lt 1 fram Un w wl ili jarlctMSif SiBTKf ftHli lu a r tl lt Paria tien Eiifo ct Loir t lo tx Tfit le s parent du i prt iitii Jw t W I e eiip Jww PK lunctit ft ira tk lOtv y le wli du dcporl mptil iii wnohc h l eiduairc de la Sftiiw csl 170 kihmiAlTi a eriviroii i tnl fl iwiesunlcescaies dnl AuilktWW dont i ff itrv D mrr de U Miiudk Evrc m fheJ Ucn tou di irtwr nl esl ML T ibm tj lt js k l on il le PE Lu dfi fa l l tin t t li vcr A S 1S kilomcli S nivinui l es iVfSri pyc lo 1 dbrni J longituil wiesl Uu nifri iflu lt lf 1 Eii lati lt la il usL amp iap an and d vreux fl Riui Anil t dft Tiroglie pur W 4fl dtjitr il csl dww 1111 f a pl s r ljpnich Ju l Aie lt ltf l fiatieur fiAprw l un do l autre mr 1W tU rw Le lt l parlwneul tic J Eure a miw wi d wd la l Oi t tl SeitK M iii vu uni Document 2 Extrait de la G ographie de l Eure de Paul Joanne dit e par Hachette 1910
177. ses d sirs Elle d mystifie les camouflages subjectifs Le sujet en tant qu il est parole histoire m moire structure articul e 18 est mis en question par la psychanalyse dans son d sir la probl matique de son d sir ses rapports ses relations sa v rit son existence La v rit du sujet v rit toujours partielle est questionn e partir de la r alit de l individu Toute action de l tre a un sens cach auquel on peut aller l acte conscient est li une cha ne signifiante inconsciente Qu est ce qui caract rise le sujet de la psychanalyse et qui interroge l tre duquer de la p dagogie Tout d abord d tre un parl tre 19 savoir de n tre sujet que par la fondation du langage Le Symbolique en tablissant un pacte entre deux sujets l ins re dans une cha ne o il s inscrit Le signifiant est l articulation essentielle du Symbolique Celui ci est l image acoustique d un mot la face d une expression Vocal crit gestuel produit au champ de l Autre 20 il d termine le sujet dans ses actes son devenir ses succ s ses checs Il donne un sens et il organise la structure Moi Sujet Ce parl tre est pris dans des discours En s adressant au double sp culaire du Moi par la parole vide 21 le sujet cherche advenir dans le dire d une parole o se fonde la v rit Tout discours peut op rer dans le sujet une transformation une r organisation signifiante une r orientation de la str
178. son d partement avec l intention de leur inculquer le d sir de conna tre quelque chose du pays quils doivent habiter de sint resser son histoire de revivre son pass de s y attacher profond ment et d y attacher leurs l ves En fait cette escapade aux Archives comme la d cision minist rielle de 1911 s inscrit dans la lign e des travaux demand s aux instituteurs pour l exposition universelle de 1889 II s agissait de r diger sur un formulaire de quatre pages des notices g ographiques et historiques de toutes les communes de France En 189 6 le minist re avait sugg r un largissement des ces monographies en vue de l exposition universelle de 1900 Cinq ans plus t t les Comit s d partementaux d tudes historiques avec l aval minist riel engageaient les instituteurs mener une recherche sur les cahiers de dol ances de 1789 L rudition locale et l dition scolaire La circulaire de 1911 suscite quelques mois plus tard la fondation Paris de la Soc t des tudes locales dans l Enseignement public Le Groupe Picard par exemple voit le jour en mars 1913 sous la direction de Victor Comment directeur de l cole annex e l cole normale des gar ons d Amiens et pr historien g ologue distingu Apr s la guerre en 1920 le groupe reprend ses travaux pr voit l dition de cahiers scolaires sur l histoire et la g ographie de la Picardie et continue recommander un ouvrage publi en
179. ssage diff renci et ou individualis des l ves L Education nouvelle l Ecole moderne la p dagogie de ma trise le travail autonome la p dagogie diff renci e appartiennent ce 73 Penser l ducation 2003 paradigme C est l une v ritable r volution p dagogique qui brise les canons du mode simultan On passe d un processus qui rige le rapport ma tre savoir au centre du syst me ducatif un processus qui lui substitue le rapport l ve savoir Sur ces bases en prenant en compte cette identification historique du mode simultan et du processus d enseignement on peut comprendre que tout changement radical de processus p dagogique se heurte des obstacles des int r ts et des justifications toutes pr tes et toutes faites Ce qui signifie que devant les difficult s autant l am nagement est tol rable autant la mutation ne l est pas Or la modification ne peut tre progressive ou rampante elle ne peut tre que radicale ou manifeste Une fois install dans un processus on ne peut en sortir de l int rieur on reste toujours tributaire de sa logique le changement ne peut s op rer qu en s tablissant d embl e dans un autre processus les logiques des processus sont ainsi exclusives et non compl mentaires Ce qui signifie qu il est illusoire de croire pouvoir implanter la p dagogie diff renci e dans le processus d enseignement c est dire dans le mode simultan Les principes de base sont o
180. ssion symbolique du sujet Faire de la p dagogie une praxis fond e par une thique implique de resituer la place du sujet du d sir de la diff rence de l alt rit du choix de la d cision dans l espace p dagogique De m me poser comme finalit la p dagogie de faire advenir la structure sublimatoire am ne se positionner sur le transfert la prise en compte de la parole la possibilit de cr ation la place du savoir de chacun et de tous en p dagogie Travailler pour le d sir du sujet et non pour sa propre jouissance tenter d viter la violence institutionnelle en refusant l assignation une place un r le une identit pour l tre duquer modifient radicalement la fonction du p dagogue Les pratiques p dagogiques ne peuvent pas trouver unique appui dans leur consistance technique leurs savoirs et leurs savoir faire L thique de la p dagogie tente d tre v cue comme rencontre dans la reconnaissance et responsabilit dans l acte Les notions de responsabilit et d engagement sont son fondement L thique implique engagement et risque dans une confrontation entre deux sujets Elle ne peut se vivre qu au sein d une praxis et d actes signifiants L espace p dagogique est autant un espace temps de construction et de d veloppement qu un lieu pour apprendre Il a en charge un devenir un projet La notion de projet est resituer en tant que contrat pari sur les potentialit s d volution acte modifiant
181. st au sens strict un moniteur le guide d une progression 41 Aussi trange et paradoxal que celui puisse para tre il se trouve par ailleurs que ce type de discours a une bien curieuse r sonance actuelle ce que dit justement P MEIRIEU propos du discours platonicien qui reste omnipr sent dans le discours p dagogique actuel m thodes actives th ories inn istes notamment l est aussi par extension ou extrapolation du discours augustinien C est de la n gation du pouvoir de l ducateur qu il s agit ici Ce discours d veloppera t il dans son S minaire est une parade contre une certaine mani re d exercer le pouvoir de l ducation Une esp ce de garantie ou d assurance contre la tentation d miurgique de meurtre l autre n est rien que moi Une pr caution ou m me un garde fou enfin contre les dangers pathog nes de l ducation ses glissements et ses d rives quand l ducateur en particulier consciemment ou non se laisse griser emballer ou monter par l importance excessive de ses pr rogatives attributives A l instar du p dagogue de l Antiquit qui un jour en accompagnant les enfants au sanctuaire ducatif se r solut jeter un coup d oeil par la fen tre qui d entre nous par inadvertance ou par franche d termination en cherchant ses propres ouailles travers le corridor des classes n a surpris durant un laps de temps une allure une stature ou une posture fr lant manifestement ces signes oste
182. stes la soci t Guillo 2000 Dewey 1990 ou Clapar de 1956 en ont repris des aspects dans leurs th ories sur l ducation Spencer 1861 p 76 cit par Egan 1996 p 515 indique par exemple L ducation est une r p tition de la civilisation en miniature ce qui est une variante de la c l bre formule l ontogen se r capitule la phylogen se qui a fait l objet de nombreuses controverses notamment dans le domaine des sciences sociales Egan 1996 montre qu il y a deux mani res classiques d utiliser des th ories de la r ca pitulation une mani re pist mique qui partir de l id e que la connaissance se d veloppe graduellement via la culture prescrit une mani re de construire un curriculum qui la traite une mani re psychologique qui part de l id e que le d veloppement de l esprit suit des stades et que la connaissance enseign e doit tre compatible avec ces stades M me si Vygotski a lui m me rejet la possibilit d une r capitulation du d veloppement intellectuel il est possible de renouveler l int r t de cette derni re en se focalisant sur l observation de l utilisation de divers outils cognitifs et des modes de compr hension qu ils g n rent que ce soit d un point de vue pist mique que Vygotski nomme d veloppement culturel que psychologique nomm d veloppement naturel Rochex 1997 la lecture d tudes en psychologie sur le changement conceptuel on peut tre tent d
183. t de l l ve ou de l enfant c est leur ingratitude 9 C est ce moment galement que l ducateur est pleinement libre la libert que le p dagogue a de choisir telle exigence telle m thode ou telle sanction n est rien c t de la libert qu il ressent en voyant ses l ves se d tourner de lui op cit Ceux l peuvent ne lui manifester aucun t moignage de reconnaissance parce qu ayant su recevoir ils lui ont d j donn Un enseignement qui n aiguise pas la r flexion critique laquelle stimule la cognition la compr hension et la cr ation est st rile et vain Vouloir duquer autrement est imprudent irresponsable et nuisible Etudier sans r fl chir est une occupation vaine r fl chir sans tudier est dangereux disait Confucius 10 NOTES 1 Hannah Arendt La crise de la culture chap V La crise de l ducation trad P L vy d Gallimard coll folio essais Paris 1992 p 223 252 708 Pense l ducation 2003 2 Emmanuel Kant R flexions sur l ducation trad A Phiionenko d Vrin Paris 1993 passim 3 Pascal Bruckner La tentation de l innocence essai d Grasset Paris 1995 passim L euphorie perp tuelle d Crasset Paris 1997 p 224 et 243 4 C K Chesterton le monde comme il ne va pas trad M O Fortier Masek d L Age d homme Lausanne 1994 p 137 149 5 Com nius La Grande Didactique d Klincksieck Paris 1992 chap 17 6 Janus
184. t e dans un but d enseignement le ma tre aide le disciple laborer ses propres convictions partir des opinions qu il a acquises spontan ment In Les effets de l ducation p 257 39 Cf Encyclopaedia Universalis vol 21 p 806 40 ll n est donc pas fortuit mais logique que les grandes religions se pr occupent de l ducation Loin de constituer une pression cela rel ve de leur mission m me si ceux qui n y adh rent pas tentent de restreindre leur r le Plus encore le religions du Livre Juda sme Christianisme Islam sont quoiqu des rythmes et selon des modalit s variables port s organiser un enseignement sp cialement apprendre lire pour donner acc s la Parole Cf AVANZINI G in Revue Fran aise de P dagogies n 120 juillet ao t septembre 1997 p 20 41 Idem p 174 42 LACAN lui aussi ne disait il pas Se revendiquer ducateur c est la folie supr me parce que l Educateur le V ritable c est Dieu 43 Ecoutons Socrate affimer Ceux qui s attachent moi bien que certains d entre eux paraissent au d but compl tement ignorants font tous au cours de leur commerce avec moi des progr s merveilleux non seulement leur jugements mais aussi celui des autres Et il est clair comme le jour qu ils n ont rien appris de moi et qu ils ont eux m mes trouv en eux et enfant beaucoup de belles choses Op cit 44 MERIEU P in S minaires
185. t e en puissance 7 Le m me point de vue se retrouve peu pr s chez P RICHE quand il rappelle que c est par ses institutions scolaires que Rome tendait et r pandait sa domination en imposant sa loi et sa culture jusqu aux limites les plus recul es de son empire Tout comme il rappelle l obligation d apprendre lire et crire pour tous ceux qui voulaient participer aux activit s de la pax romania 8 Dans ce m me contexte A LAROUI ne manquera pas de signaler de son c t l instauration par Rome d une prime dite de romanisation L individu s levant dans l chelle des droits par l acquisition de la langue des coutumes et de l esprit romain 9 Mais dans les faits le syst me scolaire romain reposait en fait sur une conception particuli rement rigide discriminatoire exprimant la profession de foi d un m pris extr me et pratiquement sans bornes pour le menu peuple des esclaves et des pl b iens notoires Donc une ducation minemment litiste rigoureusement s lective r serv e presque exclusivement la caste des hauts dignitaires du r gime et des agents imp riaux 10 L ducation qui comme le feront d ailleurs remarquer G MIALATET et J VIAL ne concerne que les hommes libres et non les individus inf rieurs c est dire ne jouissant pas du statut de citoyen 11 L instruction de ces derniers n tant envisag e que proportionnellement aux avantages conc d s au ma tre la faveur d une formation t
186. t d chirement 3 d ception et violence Il n est pas d ducation en effet sans une certaine forme de violence et d autorit dog matique C est ce qu affirmait d j un romancier britannique du d but du XX si cle le dogme est en fait la seule chose que l on ne puisse s parer de l ducation Il est l ducation Un ducateur qui n est pas dogmatique est simplement un professeur qui n enseigne pas 4 Chesterton remarque que l ducateur doit r pondre de cette violence qu il partage au m me titre que l instructeur l instructeur fait entrer ce qu il veut et l ducateur fait sortir ce qu il veut Qu il s agisse de faire entrer ou de faire sortir qu on le pousse ou qu on le tire l tre subit exactement la m me violence intellectuelle et nous devons tous en assumer la responsabilit id L heure est au contraire la fuite on ne veut plus assumer cette t che ingrate pourtant essentielle toute ducation et chacun s en remet secr tement l autre les parents l enseignant dans la g n ralit des cas et l enseignant l ducateur l ducateur au juge etc dans les cas particuliers C est pourtant cela m me qui fait la vertu de l ducation aussi impitoyable que le violon aussi dogmatique que le dessin la v ritable ducation est violente parce qu elle est cr atrice Bien s r on peut avancer ici l objection que l ducateur tel que nous l entendons main tenant n est pas le professeur de piano d hi
187. t permet d clairer la mani re dont on acquiert des connaissances Mots cl s Anthropologie de l ducation d veloppement cognitif compr hension cumiculum 71 Penser l ducation 2003 Souvenez vous des mile questions que l enfant pose sur lui et sur le monde quil d couvre avec un merveillement sans fin Pourquoi pleut il Pourquoi la mer est elle bleue Pourquoi mon fr re m arrache t il mes jouets Les r ponses qu il recevait n taient le plus souvent que propos vasifs et rebuffades Si bien que lass d une d marche dont on lui faisait ressentir linconvenance il se laissait p n trer par l impression de n tre ni digne ni capable de comprendre Comme si toute tape de d veloppement psychologique ne poss dait son mode de compr hension ad quat Raoul Vaneigem Avertissement aux coliers et lyc ens 1995 Introduction Le but de cet article est de pr senter une th orie du design curriculaire qui s inspire des r sultats de la recherche en psychologie du d veloppement pour construire des programmes qui tiennent mieux compte des int r ts et de la compr hension des l ves Cette th orie se situe l interface entre deux types de th ories curriculaires c est une th orie scientifique Darling Hammond amp Snyder 1996 en ce qu elle compile les tr s nombreuses donn es principalement issues de la recherche en psychologie cognitive et du d veloppement pour prescrire et justifier des d cisions curr
188. t sur la vie psychique du groupe la place du ma tre et les institutions cr er 3 Le terme praxis est repris dans le sens donn par Francis Imbert dans L impossible m tier de p dagogue savoir au sens aristot licien celui d une activit qui ne s ach ve pas ne s puise pas sur des productions et au sens d Hannah Arendt celui d une activit qui fait voler en clats le mod le d une relation instrumentale sujet objet agent patient au profit d une interaction g n ralis e des deux p les et des processus de subjectivation qui en d coulent p 9 4 Enseignant sp cialis depuis 27 ans actuellement directeur adjoint de coll ge charg d une Section d Enseignement G n ral et Professionnel Adapt SEGPA et charg de cours l Universit Paul Val ry de Montpellier ma pratique dans le prolongement de ma th se de Psychanalyse veut se situer au croisement de l ducation de l instruction de la formation et du soin Ayant v cu le passage de l ducation sp cialis e l adaptation et l int gration scolaire la loi d orientation de 1975 sur les personnes handicap es les r formes structurelles qui en ont d coul les crises identitaires des institutions scolaires et m dico ducatives mon sentiment est que la p dagogie a d sert son champ pour laisser place aux technologies de contr le de ma trise et de surveillance 5 J emploie le terme d tre duquer qu il s agisse d enfants d adolescents
189. taire et naturelle du langage Dialecte VI p 704 1870 Quelque quarante ans plus tard la circulaire minist rielle voqu e plus haut r pond de mani re plus prosa que un souci propre l ordre de l enseignement primaire o la p dagogie fait appel l int r t des l ves pour une observation et une compr hension du milieu local qui bornera tr s vite pour la plupart d entre eux leur horizon social et laborieux Les ma tres montrent un certain d sarroi face cette demande contradictoire double titre comment concilier petite et grande patries et comment r soudre leur propre tat de tension entre un milieu populaire rural et local dont ils sont issus et leur formation qui apprend en gommer de les traits culturels particuliers 1 Avant 1914 une petite place pour la la petite patrie Jules Ferry dans son contexte Il est entendu que Jules Ferry assigne l cole primaire l mentaire entre autres missions celle de souder une classe d ge autour de la nation et de la patrie r publicaines 37 Penser l ducation 2003 Mais en cette fin de XIXe si cle dans toute l Europe l id e de nation balance depuis plusieurs dizaines d ann es entre la d finition d une unit born e par les fronti res et le recensement de toutes les diversit s constitutives la fois de cette unit singuli re et d une universalit transfrontali re L heure n est plus la glorification des racines culturelles gr
190. tion 2003 des adultes non alphab tis s comparaisons qui confirment les effets de l acquisition de l criture ces derniers ne parviennent pas valuer grammaticalement des phrases Pour terminer l une des caract ristiques les plus int ressantes de cette th orie est qu elle est testable bien que de nombreuses caract ristiques des modes de compr hension qu elle int gre soient encore valider par exemple l int r t pour les exp riences extr mes du mode de compr hension romantique L un des buts de cet article est justement de susciter des projets de validation de cette int ressante th orie REMERCIEMENTS Nous remercions Jacques Baill Christine Barr De Miniac et Michel Grangeat pour leurs com mentaires d une version pr c dente de cet article ainsi que Samuel Johsua pour ses indications propos de la notion de r capitulation R F RENCES BEREITER C amp SCARDAMALIA M 1987 The psychology of written composition lllsdale Erlbaum BLOOM B S ENGLEHART M D FURST E J HILL W H amp KRATHWOHL D R 1969 Taxonomie des objectifs p dagogiques Domaine cognitif Montr al Education Nouvelle BROWN A L amp CAMPIONE J C 1994 Guid d discovery in a community of learners In K McGilly Ed Classroom essons Cambridge MIT Press p 229 270 BRUCY G amp ROP F 2000 Suffit il de scolariser Paris L atelier BRUNERJ 2000 Culture et modes d pens e Paris Retz V d
191. tuation de manque d enseignants comp tents Il consiste regrouper plusieurs dizaines ou centaines d enfants dans une seule grande salle les diviser en groupes de niveaux mati res de telle sorte que chaque enfant peut tre dans un groupe diff rent selon qu il s agit de lecture d criture de Penser l ducation 2003 calcul etc a confier chaque groupe un moniteur un enfant plus avanc et instruit pr a lablement par l enseignant installer le ma tre sur une estrade et lui faire transmettre des ordres aux l ves par le relais des moniteurs Comme l explique tr s bien Nique 1990 dans la conjoncture politique de l poque qui visait substituer l Etat l Eglise dans le secteur de l ducation l enseignement mutuel aurait d l emporter Or il n en fut rien partir de 1830 Guizot ministre de l ducation fit le choix du mode simultan et eut ainsi une influence d cisive notamment en imposant des manuels et en cr ant un corps d inspecteurs d Etat Loin d tre un accident de l histoire le dispositif scolaire mis en place pour la g n ralisation de l instruction primaire en France en ce d but du XIXe si cle est en r alit l application d un programme politique qui vise mettre l Ecole au service de l Etat et qui convient si bien semble t il nos choix politiques fondamentaux qu il sera adopt sans subir de modification majeure par tous les r gimes qui se sont succ d jusqu aujourd hui
192. ucture L homme est un tre qui ex siste 22 Il est ailleurs que l o il croit tre car l inconscient ne laisse aucune de ses actions hors de son champ Il impose sa marque aux manifestations de la vie L homme est divis en tre conscient et sujet inconscient I ne peut se penser que comme un sujet o a parle o une structure une structure de signifiants parle Refoul e cette m moire de l oubli mais m moire non perdue agit l tre son insu imprime ses marques sur son ex sistence Ce savoir in su lui chappe 57 Penser l ducation 2003 Le sujet qui ex siste est un d s tre 23 c est dire d sir d tre et d sir d un tre L humain s tablit du passage du d sir de quelque chose au d sir de quelqu un Le d sir s inscrit dans la structure tout au long de l histoire individuelle Il fait de l tre un tre du manque car il est sous tendu par le manque laiss par la Chose 24 Le manque est radical la constitution de l tre Il ne peut tre combl par aucun objet car il n existe pas d objet qui satisfasse le d sir La Chose ne peut tre que repr sent e par des objets substitutifs investis du pouvoir de combler le manque La jouissance ne peut tre donn e que par des bouts de jouissance La Chose qui origine la tendance chercher est install e au c ur de l tre Elle fonde l orientation du sujet vers l objet Toute relation d objet est une tendance retrouver cet objet perdu Ell
193. ue nous ne faisons 29 Penser l ducation 2003 qu emprunter notre insu un chemin d j trac marqu balis tatou par les prouesses des anciens et qui parce qu il a pour une raison ou une autre cess d tre pratiqu pendant un laps de temps par telle ou telle g n ration n en reste pas moins fray lors m me qu il n est plus visible ou a t gomm par la patine de l ignorance ou de l oubli Car bien plus souvent qu on ne le croit aussi nous travaillons sur un r pertoire qui a d j t chant et entonn avant nous par d autres officiants Et pour qui sait prendre le temps d couter convenablement il n est gu re difficile de retrouver dans la plupart des institutions contemporaines les puissantes et vigoureuses sonorit s les notes distinctement affirm es du souffle antique qui la habite ou les traverse Comment alors rester insensible au souvenir de ces l gions de compositeurs m rites qui nous ont pr c d et ne pas prouver en m me temps une intense motion de reconnaissance et de gratitude envers ce qu ils ont si pr cieusement labor et construit et aussi ce supr me divertissement qui s en d gage En l affirmant simplement c est d j donner une belle preuve d humilit l endroit de tous ceux qui nous ont pr c d et contribu nous l guer tellement de choses pour nous aider avancer et continuer le long et patient chantier de la civilisation humaine Comme devant u
194. uhnes Albert Demangeon Roger Dion Andr Perpillou Emmanuel de Martonne Max Sorre Cette faim de ruralit s empare aussi de l dition scolaire nationale et des diteurs locaux avec des collections aux titres voca teurs Anthologies provinciales illustr es Gens et pays de chez nous Sites et monuments de la France Provinciales La France illustr e Les beaux pays Visions de la France La papeterie scolaire offre galement des collections de cahiers aux couvertures illustr es des monuments de France Non seulement la France reste une et indivisible mais elle est belle 43 Penser l ducation 2003 Les Arts et Traditions populaires Rien d tonnant d s lors de voir le Front populaire s engager dans la valorisation d une culture populaire que l octroi des cong s pay s autorise conna tre de visu Cette France si riche de ses diversit s aura m me son Mus e celui des Arts et Traditions populaires qui r pondra au Mus e de l Homme du Trocad ro Durant le congr s international de l enseignement primaire et de l ducation populaire qui se tient la fin du mois de juillet 1937 13 Georges Rivi re directeur du premier de ces mus es alors en construction le dit consacr au folklore national auquel le conservateur adjoint Andr Varagnac trouve bien des vertus Certes s exclame ce dernier il s y trouve cfe la sorcellerie avec sa sottise m chante mais il y aussi les f tes paysannes qui avec leur saine
195. ule ou un enseignement seul en sont incapables La fin essentielle de l ducation n est autre que de rendre libre ceux qu elle forme Elle doit viser la libert de pens e ou la libert d action le jugement critique ou l engagement aff ter le sens de la responsabilit l autonomie au sens kantien du terme la vertu civique au sens o Montesquieu entend cette expression Et c est ici que les contraintes le dogmatisme ou la violence ducatives dont il a t question plus haut prennent sens car comme le souverain chez Rousseau le ma tre contraint son l ve la libert N Grimaldi 9 dont la distinction entre avoir des libert s et tre libre nous para t fondamentale surtout aujourd hui d crit de fa on magistrale ce paradoxe de l ducation consistant d terminer les jeunes hommes devenir ind terminables pr voir comment les rendre impr visibles Le propre de la libert que le d terminisme ducatif cr e est m me de lui chapper La fuite de l duqu est l indice du terme du processus ducatif son envol annonce la fin de l ducation Produite avec n cessit la libert de l ducation est un effet mais si paradoxal qu il consiste pouvoir se d gager des causes m mes qui l ont produit Dernier terme d une s rie il chappe la s rie Aussi peut on reconna tre l excellence d un ma tre la capacit qu ont ses l ves se d tacher de lui Si l ducation a t bonne la premi re liber
196. ules Ferry demande qu travers l enseignement de l histoire et de la g ographie l instituteur mette la port e des enfants la connaissance de la petite patrie qui conduit tout naturellement la connaissance et l amour de la Grande 5 Ce postulat affirm devant les rudits du congr s des Soci t s Savantes s accompagne d une invitation pressante r diger un livre des provinces pour venir en aide aux ma tres afin de placer l histoire et la g ographie tout pr s de l enfant Il s agit en fait de fournir aux enseignants les moyens de pratiquer dans ces deux disciplines scolaires la m thode p dagogique de l enseignement par l aspect si facile utiliser en sciences naturelles L exemple d un recours pertinent au milieu local vient de haut Ernest Lavisse publie dans la Revue des Deux Mondes le 15 f vrier 1882 un article qu il reprend dans le Dictionnaire de p dagogie de Ferdinand Buisson 6 Il y d crit une le on qu il juge exemplaire Dans une cole parisienne du faubourg Saint Antoine le ma tre part de ce que les enfants connaissent le ch teau de Vincennes pour aller vers ce qu ils ignorent encore la f odalit Un l ve dessine au tableau ce ch teau peu loign de son quartier et qu il est cens avoir vu le ma tre corrige quelque peu son travail et voil une le on qui s appuie sur le patrimoine local tout en se dispensant de pratiquer une sortie collective et une v ritable observation 38
197. un autre formalisme abstrait Comme de nombreux programmes d enseignement le signalent il est couramment accept que le jeune enfant pense de mani re concr te du connu vers l inconnu Egan montre que les jeunes enfants sachant parler utilisent de ce fait des abstractions alors que cette caract ristique n est souvent relev e que chez des enfants plus g s R cits et contes L int r t que les jeunes enfants portent aux contes de f es prouve qu ils 78 Pen se l ducation 2003 pensent de mani re abstraite bas e sur le contenu si des abstractions comme oppression ressentiment r volte ainsi que leurs relations n taient pas install es l ge de quatre ans les enfants ne pourraient comprendre l histoire de Robin des Bois et du sh rif de Nottingham Egan op cit p 48 M me si des enfants de cet ge sont incapables de d finir avec des mots de telles abstractions ils en r cup rent certainement la structure Nelson 1996 De plus les histoires fantastiques permettent aux enfants de comprendre certaines oppositions binaires issues de notre capacit cat goriser par exemple l opposition vivant mort est appr hendable plus facilement avec des histoires de fant mes l opposition humain animal l est avec le Y ti etc Toutefois il convient de signaler que les personnages fantastiques en question sont tous figuratifs c est dire qu on peut ais ment se les repr senter sous forme d images ils ne sont
198. verture de respect et en s engageant aux c t s de l tre duquer sur un chemin fait de ruptures de difficult s de d sillusions Poser des actes signifiants interpr ter au lieu du transfert ouvrir la mobilit de la structure accompagner les restructurations signifiantes partager un pass un pr sent et un devenir prendre le risque d une relation intersubjective sont les bases du soin en p dagogie 28 Certaines contradictions s initient de la rencontre entre psychanalyse et p dagogie d un c t dialogue coute non agir non savoir de l autre communication de savoirs coute sens unique agir 60 Penser l ducation 2003 Le probl me de la place d o d coulent des r les des t ches et des rencontres laquelle doit se situer le p dagogue dans le transfert se pose ainsi que la question du lieu du moment de la mani re et du contenu pour le p dagogue de son pouvoir d interpr tation afin d viter l explication qui ferme qui justifie qui vite Au centre de ce d bat il s agit de savoir si on peut passer d un p dagogue qui explique un p dagogue qui analyse et s analyse sans pour autant devenir un analyste p dagogue La place du tiers se trouve implicitement pos e La difficult principale r side dans le fait de savoir si la p dagogie peut devenir une praxis autorisant la parole acceptant le savoir inconscient et admettant la r alit d un Moi Sujet Le d placement ne peut exist
199. z Korczak Le droit de l enfant au respect trad Z Bobowicz d Laffont coll Unesco Paris 1987 p 44 7 L expression est de J C Mich e cit e par Dany Robert Dufouri art Malaise dans l ducation in Le Monde Diplomatique num ro de novembre 2001 p 10 11 8 C est d ailleurs la th se de Chesterton dans toute sa r flexion sur Le monde comme il ne va pas 9 Nicolas Grimaldi Ambigu t s de la libert d P U F coll perspectives critiques Paris 1999 p 32 33 10 Confucius Entretiens du ma tre avec ses disciples Il 15 trad S Couvreur d Mille et une nuits Paris 1997 709

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