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développement

1. Jamais l homme n est aussi grand que quand il se fait tout petit Joseph Wresinski fondateur d ATD Quart Monde Sauf indications contraires toutes les citations seront donc des extraits du livre La Cour aux 100 M tiers crit par Michel Aussedat et publi aux Editions Quart Monde en 1996 Le point de d part de ce projet est tr s simple deux volontaires permanents d ATQ Quart Monde d cident de partir Ouagadougou la capitale du Burkina pour chercher voir comment il pourrait apporter leur soutien aux enfants qui vivent dans la rue Pendant les deux premi res ann es ils ont t simplement cherch s rencontrer v ritablement ces enfants en tant leurs c t s afin de s impr gner de leur 15 Les volontaires permanents du Mouvement ATD Quart Monde sont des hommes et des femmes d origine et de formations diverses qui rejoignent durablement les populations tr s exclues de par le monde 15 environnement de comprendre leurs envies leurs r ves leurs ambitions ainsi que les m canismes de solidarit qui existaient d j entre les enfants des rues eux m mes et entre ces derniers et les habitants de la capitale burkinab e Vivre cette premi re tape sans engager d action dans un contexte o les besoins sont normes est une difficile exigence autant pour nous que pour ceux qui nous accueillent bien des gards ce temps pourrait appara tre comme un gaspillage un luxe inutile Ma
2. Claude Heyberger qui a travaill 10 ans au Burkina Faso explique II n y a pas de rencontre entre celui qui sait et celui qui ignore entre celui qui croit savoir et celui qui pense qu il ignore entre celui qui a et celui qui demande entre celui qui a tort et celui qui a raison La rencontre n est pas une d marche initiale elle est la condition permanente d une relation patiente dans laquelle personne n impose rien personne Dans la rencontre chacun peut exister dans son savoir son exp rience sa pens e sa fiert Elle est r ciproquement valorisante Elle doit encourager chacun tre en mesure de poser des gestes pour le bien de ceux qui l entourent et ainsi contribuer redonner sens sa vie La tentation est forte d orienter un programme de d veloppement dans le sens ou personnellement nous voulons aller Mais n est ce pas imposer sa propre vision du monde aux autres Et donc consid rer les personnes vivant dans l exclusion comme incapables de prendre leur destin en main tout comme nous avons d clar les nations tout juste ind pendantes au lendemain de la seconde guerre mondiale incapables de se diriger elle m me Il convient donc de distinguer d une part nos gestes de la vie quotidienne emprunt de la mani re dont nous voulons le monde de demain et d autre part l investissement aupr s des personnes vivant dans l exclusion qui n cessite de se mettre l coute d apprendre leurs
3. ce n est pas d avoir faim de ne pas savoir lire ce n est m me pas d tre sans travail qui est le pire malheur de l homme Le pire des malheurs est de vous savoir compter pour nul au point o m me vos souffrances sont ignor es Le pire est le m pris de vos concitoyens Car c est le m pris qui vous 1 Sahel Les paysans dans les marigots de l aide Marie Christine Gueneau et Bernard J Lecomte L Harmattan 1998 p 89 12 Sahel Les paysans dans les marigots de l aide op cit p 94 11 tient l cart de tout droit qui fait que le monde d daigne ce que vous vivez et qui vous emp che d tre reconnu digne et capable de responsabilit s Le plus grand malheur de la pauvret extr me est d tre comme un mort vivant tout au long de son existence Conclusion Nous retenons de cette analyse que pour celui qui souhaite lutter contre la mis re il convient de ne pas chercher d finir de besoins universels minimums mais bien de donner les moyens aux personnes qui vivent dans l exclusion d une part de d finir ce dont ils ont envie et d autre part de les soutenir dans les initiatives qu ils peuvent porter pour r aliser ces envies Cela n cessite de prendre le temps de cr er les conditions d une v ritable rencontre qui peut permettre de comprendre ce que les gens cherchent vivre et donc de comprendre ce que nous pouvons faire ensemble pour contribuer cela pour les soutenir dans cette d marche
4. un au contraire devienne la fiert de tous p 39 Les volontaires envisagent alors la cr ation d ateliers professionnels dans la cour Mais avant cela il faut d j construire les b timents qui accueilleront ces ateliers Les volontaires d cident alors de proposer quatre jeunes des plus fragiles des plus d munis pour travailler sur ce chantier Avec ces quatre jeunes la r ussite n est pas certaine D aucuns nous reprochent notre inconscience mais une seule chose nous pr occupe d s le d part il faut garantir que ce projet de partage du savoir soit accessible tous les enfants commencer par les plus d munis d entre eux p 39 Il faut du temps pour convaincre les jeunes de participer ce chantier Ils n ont pas confiance en eux et h sitent accepter Mais apr s de nombreuses discussions ils finissent par accepter le d fi Malgr les difficult s Madi Alexis Sayouba et Lamine tiennent bon Sur le chantier ils exp rimentent les diff rentes tapes de la construction des b timents et d couvrent l importance des travaux de finition Nous effectuons avec eux toutes les taches ingrates refusant de les cantonner des r les auxiliaires et Matthieu l artisan ma on a compris la n cessit d accorder son rythme au leur il est impossible de leur donner un programme de travail pour la matin e et de les laisser se d brouiller seuls p 40 Au terme de deux mois et demi d
5. Pourtant la pauvret n est pas math matique et elle ne peut pas se r sumer en quelques chiffres N existe t il pas des soci t s o l conomie mon taire est faible o il est pratiqu l usage du don Est il acceptable d imposer un mode de vie au nom du d veloppement et de la lutte contre la pauvret Un proverbe wolof dit ce sujet La pauvret n est pas d tre d pourvu de v tements est vraiment pauvre celui qui n a personne Alain Marie chercheur explique que le ressort profond de la solidarit et plus fondamentalement du lien communautaire est une logique de dette Est pauvre celui qui est dans l impossibilit de distribuer de largent dans le cadre de la solidarit communautaire et court alors le risque de se retrouver individualis exclu de son r seau social l individu ne pouvant plus alors compter que sur ses propres ressources mat rielles Comment ne pas convenir avec Alain Marie que la pauvret ne peut tre analys e sous le seul angle conomique Or dire qu il y a urgence aider les 2 8 milliards d humains qui vivent effectivement avec moins de deux dollars par jour c est d j consid rer l encha nement production de marchandises gt acc s la consommation gt plus grand confort de vie comme une vidence et donc accepter un sch ma unique de d veloppement Pourtant le d veloppement ne peut il pas tre pens en Interview de Majid
6. la nouvelle dichotomie d velopp s sous d velopp s Dans le premier cas les deux parties n appartiennent pas au m me univers il n tait pas envisageable que les colonis s deviennent les colonisateurs alors que dans le second les sous d velopp s ont l espoir l illusion de pouvoir atteindre le stade supr me de nations d velopp es L re du d veloppement On a parl apr s la seconde guerre mondiale du droit l autod termination pour les nouvelles nations ind pendantes mais l on voit qu en gagnant leur ind pendance les anciennes colonies ont perdu leur identit et leur autonomie conomique et politique parce qu elles ont t contraints de cheminer sur la voie du d veloppement trac par d autres qu eux Il s agit ici d une critique fondamentale savoir que le d veloppement a t toute possibilit pour les peuples d envisager le futur autrement qu travers l troite fen tre du d veloppement Comme le dit Gilbert Rist La solution ainsi propos e est v ritablement h g monique car elle passe non seulement pour la meilleure mais encore pour la seule possible 4 La conf rence de Bandung La conf rence de Bandung de 1955 marque le d but d une revendication collective pour l autod termination des pays du Tiers Monde dans le domaine du d veloppement A priori il y avait tout y gagner respectabilit et prosp rit Le d ve
7. ne pourra jamais tre heureux gt Claude Heyberger un enfant qui vit dans la rue n est pas un enfant de la rue r duit n tre que sa situation I est avant tout un enfant issu d une famille porteur d un savoir familial d une ducation et donc d un regard sur le monde qui l entoure Ainsi apr s une premi re tape pour reprendre force et confiance les enfants esp rent dans une deuxi me tape tre soutenus dans des projets propres les revaloriser aux yeux de leur famille et de leur communaut cette fin toutes les activit s de la Cour comptent une 20 La Cour aux 100 m tiers op cit p 93 La Cour aux 100 m tiers op cit p 95 7 Intervention de Claude Heyberger 3A op cit 23 dimension familiale Les f tes annuelles par exemple sont avant tout une occasion pour que parents et enfants se retrouvent dans la fiert Joseph Wresinski insiste beaucoup sur l importance de comprendre l histoire des personnes que l on veut rencontrer On ne peut pas partager la vie d une population tr s pauvre si l on ne comprend pas ses exp riences de vie et celles que ses parents ses grands parents ses anc tres lui ont transmises Et la population elle non plus ne peut pas accepter longtemps si elle ne comprend que trop confus ment sa propre exp rience de vie Ne pas comprendre ensemble c est demeurer tranger ne jamais vivre en fr res Puisque quand on ne comprend pas c
8. on souhaite avancer ensemble Pour les populations les propositions d un projet d aide au d veloppement sont souvent consid r es comme une aventure Une tentative de faire autrement C est un pari sur le succ s voire sur la chance Pour les plus pauvres ceux qui vivent au jour le jour participer un projet est donc minemment risqu Or tre au seuil de survie interdit de s carter du chemin habituel Pas de droit l erreur toute initiative nouvelle comporte un risque de tomber plus bas Par exemple essayer d pandre de l engrais et s il br le la r colte Stocker les c r ales dans un grenier collectif et si les grains s ab ment Epargner et si le g rant s enfuit avec la caisse Une paysanne du Mali raconte en se moquant elle m me de son attitude pass e Quand mon mari m a dit que le projet lui demandait de changer sa mani re de cultiver le riz j ai pleur J avais peur Je croyais qu on allait tout perdre En r alit les plus pauvres ne d ploient pas des strat gies de maximisation de profits mais de minimisation des risques 16 Sahel Les paysans dans les marigots de l aide Marie Christine Gueneau et Bernard J Lecomte L Harmattan 1998 p 28 20 On peut ainsi s apercevoir que dans l exemple de la Cour au Cent M tiers que les volontaires ont attendu deux ans avant de faire le premier chantier de ma onnerie avec les enfants Cela peut appara tre comme un temps
9. sum e par monsieur Michel de Fabiani pr sident de BP France Le d veloppement durable c est tout d abord produire plus d nergie plus de p trole plus de gaz peut tre plus de charbon et de nucl aire et certainement plus d nergie renouvelable Dans le m me temps il faut s assurer que cela ne se fait pas au d triment de l environnement Et si le probl me se fait passer pour la solution 7 Le PNUD et le d veloppement humain Depuis 1990 le Programme des Nations Unis pour le D veloppement PNUD commande un groupe d experts internationaux un Rapport Mondial sur le D veloppement Humain Quelques questions s imposent alors A quoi bon le d veloppement s il n est pas centr sur l homme Est ce dire que le d veloppement avait jusque l t inhumain Il s agissait en r alit d apporter un suppl ment d me une notion largement discr dit e Conclusion Il est significatif de remarquer quel point ces v nements historiques ont des caract ristiques communes l volutionnisme qui sous tend la sup riorit occidentale la justification philanthropique qui permet de rallier l opinion et amp Le titre de la partie provient de l conomiste Serge Latouche 46 Compte rendu des travaux des 4 mes rencontres parlementaires sur l nergie en 2001 38 l universalisme qui l gitime l intervention dans les pays du Sud D autre part tous partagent la croyance que le noyau
10. t voici le retour des voyages humanitaires versions ethnologiques des safaris photos En un mois des jeunes croient pouvoir d couvrir et secourir des populations inconnues et des civilisations ignor es lls vont aider des gens dont ils ne parlent pas la langue et m connaissent les m urs Les r sultats sont consternants Tel groupe d tudiants construit une cole au Vietnam alors que pas un ne sait manier la truelle les murs ne tiennent pas debout Tel autre va lutter contre le sida en Afrique avec des affichettes repr sentant des phallus g ants il scandalise la population Tel autre encore fait du soutien scolaire au Togo pendant les vacances d t les lyc ens togolais tant aux champs pour gagner un peu d argent les tuteurs fran ais ne soutiennent pas grand monde Et avec le prix d un seul billet d avion aller retour Paris Lom on peut faire vivre quatre l ves africains pendant un an Certains de ces jeunes am nent du mat riel scolaire inutile ou mal adapt qu il aurait t moins co teux d acheter sur place D autres offrent des c d roms des coles qui n ont m me pas l lectricit Il serait dommage de d cevoir l altruisme des jeunes mais il serait tout aussi regrettable de gaspiller leurs ardeurs par des efforts inutiles et de dilapider leur enthousiasme par des gestes inefficaces S rement peut on trouver cet article un peu caricatural mais il a le m rite de nous mettre face une
11. Rahnema dans la Revue Quart Monde n 192 Novembre 2004 p 8 6 Sahel Les paysans dans les marigots de l aide Marie Christine Gueneau et Bernard J Lecomte L Harmattan 1998 p 30 dehors de ce cadre La pauvret ne consiste t elle pas justement en l impossibilit d finir son destin En simplifiant on pourrait se demander si avant m me d avoir acc s une formation les enfants dit des rues ne souhaiteraient pas disposer du moyen de se laver et donc d tre propre et donc d tre fier et donc de pouvoir aller la formation propos e Voir ce sujet la partie sur la Cour aux Cents M tiers au Burkina Faso Les pauvres ne souffrent ils pas davantage de leur non reconnaissance d une perte de leur dignit autant que de l absence de ressources conomiques Comment sortir d une consid ration uniquement chiffr e de la pauvret alors que celle ci loin d tre un ensemble de chiffres est avant tout un ensemble d individus d tre humains qui se voit tous les jours refuser les droits que nous tenons pourtant pour universels Comme le dit Majid Rahn ma Si nous sommes s rieux dans notre intention d apporter une r ponse ad quate la question de la pauvret il nous faut changer la fois nos modes de penser d agir et de vivre en commun c Qu est ce que la mis re Les personnes qui vivent dans l exclusion ont elles envie de plus de confort mat riel ou bien de la restauration
12. a pu observer la suite de cet v nement des l ments positifs non quantifiables comme le don du sang le renforcement de la solidarit N est ce donc pas absurde que de lire la confiance dans l avenir la solidarit ou le patriotisme travers les chiffres de la consommation Georges Bush Senior proclame en 1992 au Sommet de la Terre de Rio Notre niveau de vie n est pas n gociable Le niveau de vie se r sume t il la seule croissance conomique Une meilleure qualit de l air une meilleure gestion des d chets une meilleure qualit alimentaire ne sont ils pas des signes de l augmentation du niveau de vie La foi en la croissance a pour cons quence l adoption d un angle de vue strictement conomique mesur qui plus est par un indicateur PIB qui ne prend pas en compte les destructions syst matiques qu engendre la production 4 Voir le 5 point d velopp dans la sous partie L histoire du concept de d veloppement 32 La civilisation occidentale est sup rieure puisqu elle est d velopp e Consid rer notre soci t comme moderne est un effet de l arrogance occidentale et encore une fois de l adoption d un prisme de vue strictement conomique Pourtant toute soci t s inscrit dans une tradition Pour viter ce travers il faut viter le grand partage entre tradition et modernit Tout le monde ne vit il pas dans le m me espace temps N avons nous pas tous d j
13. apr s coup On doit vraiment tre cons puisque des gens sont venus de loin pour nous aider et que nous n avons m me pas t capables d entretenir le mat riel qu ils nous ont donn on est des moins que rien En effet le fait d tre oblig de recevoir l aide de quelqu un est toujours un peu humiliant mais le fait de ne pas r ussir se servir de cette aide l est encore plus Quand on cherche creuser plus profond on s aper oit donc de la possible perversit inconsciente de ce genre de projet En effet la prochaine association qui va venir faire un projet dans ce village va se trouver face des personnes tr s r ticentes voir ouvertement hostiles car elles n auront pas envie de se faire avoir une nouvelle fois Pendant ce temps dans un processus d inversement de la r alit devenu classique dans les relations Nord Sud les membres de l association risquent de se dire mais c est quand m me incroyable ces gens ne veulent m me pas qu on les aide Parfois il vaut mieux ne rien faire que de mal faire C est pour cela qu il nous para t aussi fondamental de prendre un vrai temps de r flexion et de rencontre avant de monter un projet B L exemple positif de la Cour au cent M tiers Ouagadougou Comme exemple positif de projet nous avons d cid de vous parler de la Cour aux cent m tiers Ouagadougou au Burkina Faso un projet men par l association ATD Quart Monde
14. cette approche s explique probablement aussi par son caract re politiquement neutre qui ne remet pas en question les rapports de force existants ni ne propose de changements structurels Ce succ s perdure de nos jours L analyse des besoins constitue en effet un l ment de base dans biens des m thodes d identification de projet Enfin il faut souligner le manque de p dagogie de l approche par les besoins ou par les probl mes car elle utilise une porte d entr e d valorisante par le n gatif par ce qui manque ce que les paysans ne savent pas faire Ce faisant elle pointe le doigt sur leurs faiblesses et leur incapacit s En outre la recherche des besoins conduit dresser des listes comme autant de dol ances et lorsqu un besoin est satisfait l accent se trouve alors mis sur l insatisfaction de tous les autres besoins Cette approche dite des besoins fondamentaux qui s appuie sur l analyse de la pyramide des besoins de Maslow induit l id e qu il faut satisfaire des besoins mat riels avant des besoins non quantifiables comme les besoins de spiritualit besoins psychologiques Or dans les faits nous nous apercevons que ceux qui vivent dans la grande pauvret de la m me mani re que nous m me ont un ensemble complexe de besoins qui se manifestent conjointement Joseph Wresinski le fondateur du Mouvement ATD Quart Monde insiste beaucoup sur ce point Les plus pauvres nous le disent souvent
15. conomie est seconde par rapport ces deux richesses premi res que sont d un c t les richesses cologiques et d autre part les richesses humaines 3 Les pr ceptes que sous tendent la notion de d veloppement Afin de comprendre en quoi Gilbert Rist touche juste il convient de d construire le contenu id ologique du d veloppement C est dire d essayer de comprendre quels principes commun ment admis sous tendent le concept de d veloppement Extrait d une mission propos e et pr sent e par Pascale Fourier sur ALIGRE FM 93 1 en r gion parisienne le 18 D cembre 2001 Exemples tir s du film The corporation de Mark Achbar Jennifer Abbott et Joel Bakan Extrait d une mission sur radio ALIGRE FM op cit 31 La liste qui suit n est absolument pas exhaustive mais pr sente quelques pr ceptes inconsciemment accept par tous ceux la m me qu il convient de questionner pour une remise en cause profonde du d veloppement Le d veloppement est un processus naturel Si tous les pays du monde croient dans le d veloppement malgr les checs chroniques que souligne entre autre l exclusion croissante des plus d munis dans nos propres pays c est que tous s accordent pour consid rer qu il s agit d un processus naturel au m me titre que la naissance et le bourgeonnement d une plante Ce processus comprendrait un ensemble d tapes franchir une r vol
16. des solutions illusoires qui dans les faits accroissent toujours davantage leur d pendance structurelle par rapport aux forces qui les exploitent Les nouveaux discours qui pr tendent lutter contre la pauvret visent ils la rendre acceptable ou bien la combattre M me si les intentions sont bonnes les institutions internationales pensent elles bien la pauvret Si votre seul outil est un marteau tous les probl mes pour vous ressembleront des clous Mark Twain b La pauvret est elle bien pens e Le discours courant soutient que toute conomie sous d velopp e est pauvre Par cons quent la croissance repr sente le moyen admis de lutte contre la pauvret Les institutions internationales adoptent g n ralement une approche globale pour lutter contre la pauvret Ainsi pour le PNUD il faut refuser de cibler les pauvres et multiplier les d penses sociales en faveur d une bonne gouvernance La Banque Mondiale cherche quant elle mieux faire fonctionner les march s en faveur des pauvres Majid Rahnema explique ce propos Le discours dominant pr tend que tout pays dont l conomie n est pas avanc e est pauvre En cons quence produire plus et avoir une Extrait d une conf rence prononc e par Majid Rahnema dans le cadre du Colloque Philia L Agora le 18 octobre 2003 Orford au Qu bec conomie en croissance serait la condition sine qua non de tout co
17. dur du d veloppement est la croissance conomique Le plus critiquable demeure que le d veloppement a confisqu la d termination par les peuples de leur propre destin Ainsi Gilbert Rist affirme Le pouvoir ne consiste pas n cessairement transformer la r alit mais la probl matiser diff remment et en proposer une nouvelle repr sentation pour provoquer l illusion du changement Il est en tout cas int ressant d observer qu en 50 ans les priorit s affich es ont volu Jusqu aux ann es 70 il s agissait d aider les pays sous d velopp s atteindre le niveau conomique et technique occidental Depuis devant l explosion des chiffres de la pauvret les objectifs g n ralement proclam s sont plut t la satisfaction des besoins de base et la lutte contre la mis re L histoire n cessite cependant de ne pas juger le pass avec les yeux du pr sent mais nous ne devons pour autant occulter la question comment les g n rations venir vont elles juger les pratiques contemporaines qui jouissent des faveurs d une immense majorit Et si le d veloppement tait l opium du peuple Agir pour un autre monde ne n cessite t il pas la d colonisation de nos imaginaires Einstein pr venait On ne r sout pas un probl me avec les modes de pens e qui les ont engendr s Le d veloppement histoire d une croyance occidentale op cit p 130 39
18. faut de changer les choses Le D veloppement peut il tre durable 1 Extrait du travail de pr paration au s minaire L extr me pauvret et l exclusion en Afrique organis en 1982 par ATD Quart Monde 10 3 Critique de l approche des besoins fondamentaux leurs besoins ou nos int r ts La finalit du syst me d aide n est elle pas de satisfaire les besoins de l homme C est ce qu il est normal de croire mais la r alit est souvent plus complexe L offre d aide r pond fr quemment notre propre vision des probl mes et nos propres int r ts Le syst me finit alors par rouler pour lui Dans les ann es 70 appara t une approche dite des besoins fondamentaux qui consid re l aide au d veloppement uniquement partir de quelques besoins minimums reconnus comme universels L approche des besoins fondamentaux se r v le ambigu qui du syst me d aide ou des personnes avec qui l on d veloppe le projet satisfait les besoins de l autre L approche des besoins fondamentaux dont l objectif est de permettre aux plus pauvres d int grer le syst me conomique par la satisfaction de leurs besoins primaires connut un succ s tant du c t des organisations internationales que de celui des ONG succ s qui peut s expliquer par la coh rence de l approche avec l conomie dominante la satisfaction des besoins mat riels justifie la production de biens Le retentissement de
19. ignore ce que les populations savent ce qu elles font ce qu elles r ussissent Elle n glige leurs ressources propres Pourtant les habitants des pays dans lesquels nous souhaitons travailler n ont pas attendu la venue d ONG du Nord pour essayer de mettre en place de m canismes d am lioration de leurs conditions de vie I faut donc faire tr s attention de ne pas craser les initiatives d j existantes avec nos 3 La Cour aux 100 m tiers op cit p 95 Extrait du discours de bienvenu de Joseph Wresinski au s minaire L extr me pauvret et l exclusion en Afrique organis en 1982 par ATD Quart Monde 3 Sahel Les paysans dans les marigots de l aide op cit p 74 Sahel Les paysans dans les marigots de l aide op cit p 63 24 nouveaux projets D o l importance de ne pas arriver avec des projets pr tablis Nous conclurons cette partie en insistant sur trois points qui nous paraissent tre les pierres angulaires d un projet o chacun aura sa place e laisser les personnes d finir elles m mes leurs dessein et leur strat gie e identifier les initiatives existantes pour les appuyer tout en travaillant sur la complexit de la demande exprim e e concevoir l appui en compl ment des ressources propres du milieu 25 Conclusion En conclusion nous voulons rappeler ce que nous disions dans l introduction c est dire que nous n avons aucune pr tention au savoir sur ce suje
20. joie quand il apprend la catastrophe du 11 Septembre car l v nement va provoquer une hausse du prix de l or Ce m me trader dit son espoir de voir la guerre en Irak s enliser afin d entra ner une hausse du prix du p trole Il conclut son intervention par une phrase qui montre que nous marchons sur la t te Dans la d vastation il y a des opportunit s De la m me mani re on peut constater que le fait de tomber malade voir m me de mourir est une richesse pour le pays puisque cela entra ne une augmentation du PIB par le biais des d penses maladies des d penses mortuaires A travers ces quelques exemples nous souhaitons montrer que le d veloppement dont le moyen reconnue par tous est la croissance rime beaucoup trop souvent avec production croissante de biens et de marchandises adoptant ainsi un angle de vue troitement conomique d une part et d autre part qui est fortement li une appr ciation occidentale des choses comme la ma trise de la nature par exemple Pour faire face cette critique d un d veloppement centr sur l conomie les institutions internationales ont mis en place des nouveaux indicateurs tels que l indice de D veloppement Humain IDH Cependant m me avec ce nouvel indice le pi ge reste le m me savoir que la croissance est consid r comme le noyau dur du d veloppement Mais comment ne pas convenir comme Patrick Viveret que L
21. pauvres se rendre utile afin de b n ficier des secours que la soci t leur accorde D o la cr ation par exemple des work house en Angleterre lieux ou les pauvres taient h berg s en change de leur travail sans toucher aucun salaire Il est significatif de noter que ces work houses sont apparues pendant la p riode du Victorianisme justement au moment o la pauvret et la mis re d rangeaient de plus en plus Ces maisons taient un moyen d enfermer le mal et de le contr ler pour qu il ne contamine pas le reste de la soci t L objectif que rassemblent ces trois domaines de la lutte contre la pauvret consiste la rendre acceptable et non la combattre En effet la combattre entra nerait une remise en cause profonde de notre soci t qui ne propose que des pansements sans chercher combattre les racines du mal A ce titre coutons Majid Rahnema ancien diplomate et ministre Iranien auteur du livre Quand la mis re chasse la pauvret Les politiciens et leurs experts en pauvret se refusent mettre en cause les raisons profondes des ph nom nes de paup risation Ce qui les int resse est plut t d att nuer certains effets r voltants de ces disparit s afin de mieux pr server les structures existantes de la soci t qui les cr e Pr occup s par leurs propres probl mes bien plus que par ceux des pauvres on les voit ainsi proposer sans cesse des mesures d un caract re s datif et
22. petit petit en initiant un authentique dialogue que nous pourrons commencer d finir ce qu on peut et veut faire ensemble C est v ritablement le type de relations que l on cr e ou pas qui va d cider de la nature du chemin que l on pourra emprunter ensemble 3 S adapter r ellement aux personnes les plus fragiles tout en gardant des exigences fortes Dans le cadre de le Cour aux Cent M tiers les temps d valuation avec les enfants participant aux ateliers constituent galement une v ritable cole de formation et permettent d adapter continuellement l apprentissage en fonction des difficult s et des espoirs de chacun Mais cette adaptation ne signifie pas pour autant le renoncement aux exigences de tout apprentissage Trop souvent en effet face ces enfants la tendance est de r duire les exigences contribuant ainsi rendre plus durables leurs difficult s Dans la Cour nous insistons au contraire sur les exigences de la formation respect des horaires qualit s du travail responsabilisation envers le mat riel et valuation mensuelle Tout en tenant ferme ces 22 exigences il revient l quipe de provoquer des situations o chaque enfant peut constater qu il progresse effectivement Dans la Cour les enfants aiment venir apprendre d abord parce qu ils sentent que leur r ussite est souhait e gt 4 Chercher rejoindre les plus d munis Dans le cadre de la Cour aux cent m tiers l
23. s rie de questions auxquelles la partie qui suit pr tend apporter une r ponse La critique certainement critiquable que nous proposons sur le d veloppement a pour objectif de d busquer et de comprendre les incoh rences entre le discours comme celui de la Banque Mondiale illustr par son slogan Le Groupe de la Banque Mondial Notre r ve un monde sans pauvret t ses pratiques A Au fait le d veloppement a veut dire quoi Comment s y retrouver parmi les multiples d bats les multiples actions entreprises au nom du d veloppement Comment d finir un concept aussi vaste Une prise de recul n est pas ais e tant ce concept fait partie des id es dominantes de notre temps Cependant travers une approche historique nous allons tenter de cerner le contenu et l influence du discours sur le d veloppement qui a envahit le monde depuis la fin de la seconde guerre mondiale La force de ce discours tient la s duction qu il exerce En effet comment ne pas succomber l id e qu il existerait une mani re aussi simple d liminer la pauvret Qui oserait penser simultan ment que le rem de pourrait aggraver le mal que l on veut combattre Depuis 50 ans les promesses sont inlassablement r p t es et 28 les exp riences constamment reproduites Comment expliquer que chaque chec soit l occasion d un nouveau sursis et non d une remise en cause profonde du d velo
24. situation qui pose v ritablement probl me dans de nombreux pays du Sud En effet n est il pas n cessaire de comprendre et d accepter que ce n est pas en partant 3 semaines ou un mois dans un pays pauvre que nous allons changer la face du monde ni m me aider qui que se soit si ce n est soi m me Il serait 13 m me important de se rendre compte que dans 90 des cas ces voyages humanitaires peuvent s av rer totalement inutiles voir m me contreproductifs Pourtant l id e d aller la rencontre de l autre n est pas n gative en soi Seulement il faudrait chercher repenser la plupart de ces camps chantiers ou autre voyage humanitaire pour qu ils deviennent de v ritables moments d changes et d enrichissement mutuels Finalement il s agit de sortir d une logique d assistance pour rentrer dans une logique d change Pour un occidental qui part plein d enthousiasme participer un projet de d veloppement au Sud dix occidentaux y sont d j et font des d g ts qui n cessiteraient des milliers de projets de d veloppement pour y rem dier Pire parmi ces occidentaux qui partent plein d enthousiasme et de belles intentions la majorit fera par inexp rience manque de maturit ou pure b tise l inverse de ce qu il faudrait faire et s rement plus de d g ts que si elle n tait pas venue Parole d un responsable d ONG 2 Il ne suffit pas de vouloir faire le bien pour bien fair
25. tr s long avant d entreprendre une action mais en r alit la rencontre est d j une action en soi Claude Heyberger qui a travaill 10 ans au Burkina Faso explique II n y a pas de rencontre entre celui qui sait et celui qui ignore entre celui qui croit savoir et celui qui pense qu il ignore entre celui qui a et celui qui demande entre celui qui a tort et celui qui a raison La rencontre n est pas une d marche initiale elle est la condition permanente d une relation patiente dans laquelle personne n impose rien personne Dans la rencontre chacun peut exister dans son savoir son exp rience sa pens e sa fiert Elle est r ciproquement valorisante Elle doit encourager chacun tre en mesure de poser des gestes pour le bien de ceux qui l entourent et ainsi contribuer redonner sens sa vie 2 Refuser l assistanat D s le d part la Cour aux cent m tiers ne s est pas b tie en r ponse aux demandes d assistance des enfants en v tements en nourriture en m dicaments ni pour suppl er leur manque de logement ou de travail Non seulement les moyens nous manquaient mais surtout une telle prise en charge risquait de rendre d risoire leurs propres efforts et de les marginaliser d avantage encore du fait d une d pendance dont au plus profond d eux m mes ils ne voulaient pas 8 Si l assistanat n est positif pour personne de Paris Dakar en passant par La Paz il faut soulig
26. un chacun mette tout son c ur et son intelligence pour s attaquer aux probl mes qui le tracassent et r alise bien que la solution de ces probl mes d pend finalement des moyens dont il ou elle se sert pour changer les mondes autour de soi et en soi Aucune forme d aide aucune action en faveur du prochain n a de sens ni d effet si elle n est pas le fruit d un changement int rieur d un changement que chacun de nous doit op rer en lui m me 7 Interview de Majid Rahnema op cit p 11 8 Interview de Majid Rahnema op cit p 10 27 ANNEXE Le D veloppement d hier aujourd hui Qu appelle t on le d veloppement Comment le d finir Quelles sont les pratiques qui le caract risent Quelle est son histoire Quel constat peut on avancer de cinquante ann es de d veloppement Les pauvres sont ils de plus en plus pauvres et les riches de plus en plus riches Ne convient t il pas de remettre en cause ce concept et les pratiques qui le caract risent la vue de cinquante ans de d veloppement Des alternatives sont elles propos es Qu est ce que la pauvret La lutte contre la pauvret peut elle l gitimer le discours dominant sur le d veloppement Une analyse sur les causes de la pr carit ne doit elle pas entra ner une analyse sur les causes de la richesse Pauvret et richesse ne sont elles pas les deux faces d une m me pi ces Voici une
27. Le D veloppement qu en sais tu culte de la nouveaut 28 Commer Se g pr09 2 rce Equitable og Ph intensive gt Sion j 1 p crimi ef p t For i nalit lev x Quelques pistes de r flexions avant d entreprendre un projet dit de d veloppement SOMMAIRE I POUR UNE AUTRE VISION DU DEVELOPPEMENT sssssssssemenssensnneee 4 A LE DEVELOPPEMENT D HIER A AUIOURD ALT nues inicutiistssnianelstasnetsrantesatiannnts tas 4 B REMISE EN CAUSE DE CONCEPTS TABLIS ssissessrisesssssiossrsiseriroui sesiuni sarsies irisa I Reconsiderer la pauvret end ns Dinde de amie 5 2 Quand le d veloppement cr e la pauvret l exemple du Ladakh 00 00 00 00 9 3 Critique de l approche des besoins fondamentaux leurs besoins ou nos PRES S EAE E E A A E E A A 11 IL DE LA REFLEXION GLOBALE SUR LE DEVELOPPEMENT A NOS PROJETS DE DEVELOPPEMENT ssssssusssnmensnssens ennusenemmessssaneasesntanness 13 A CHERCHER L ERREUR QUELQUES ECHECS A MEDITER suuuresesesesesenenenenenenenenenenenesene 13 1 Comment refaire le monde avec une truelle et un crayon 7 13 2 Ilne suffit pas de vouloir faire le bien pour bien faire l exemple du don de v lo dans n village ou Burkina FAO nement 14 B L EXEMPLE POSITIF DE LA COUR AU CENT METIERS A OUAGADOUGOU s s ssesesee 15 HI REPERES POUR L ACTION QUELS SONT LES FACTEURS CLES DE SUCCES Y D UN PROJET Taies antennes 20 A NE PAS O
28. UBLIER NOTRE RESPONSABILITE sueressesss se senenennanenesesemenenseseesesseesensnne 20 B PAS DE RECETTE MIRACLE MAIS DES ELEMENTS FONDAMENTAUX A NE PAS OUBLIER 20 1 L importance de prendre le temps de la rencontre 20 26 RgJuser l GISI niet 21 3 S adapter r ellement aux personnes les plus fragiles tout en gardant des exigences TONER assen er mnoon nie no an 22 4 Chercher a rejoindre les plus d MUNIS in ninihinsstslantieresneetisiteaeteateesese 23 5 Ne pas oublier que chacun s inscrit dans une histoire c est dire dans une Jamille une communaut un DOS nn nent 23 6 Tenir compte de l existant ne pas d truire les initiatives d j existantes 24 CONCLUSION issssissssssisosssisssssssssasos sssssssssss oros 6 rit sssa SSE o NSE osooso uestros dsi pessars ssns disso s tes 26 ANNEXE HISTOIRE DU CONCEPT DE DEVELOPPEMENT sens 28 INTRODUCTION A travers ce document nous avons avant tout voulu chercher provoquer la discussion et le d bat sur un sujet qui nous parait fondamental pour tous ceux qui veulent travailler dans des projets dit de d veloppement ou humanitaire En effet comme beaucoup d autres personnes qui s int ressent ces sujets nombreuses sont les questions qui nous trottent dans la t te Qu est ce que le d veloppement Est ce forc ment une bonne chose Pourquoi veut on tant partir aider les autres Quels sont les points cl s d un projet
29. cot s et non d imposer sa vision du monde Les plus pauvres r v lateurs de l indivisibilit des droits de l homme Joseph Wresinski Cahier de Baillet Editions Quart Monde p 23 Extrait de l intervention de Claude Heyberger qui a travaill 10 ans au Burkina Faso pour ATD Quart Monde lors de la conf rence 3A sur le th me Les projets de d veloppement Les projets humanitaires qu en sais tu le 8 mars 2005 Retrouvez l int gralit de son intervention sur le site http boribana over blog com 12 Pour finir cette partie nous voulons insister sur le fait qu il est important de comprendre que cette r flexion n est pas seulement de l ordre de la masturbation intellectuelle sur des notions th oriques mais bien un pr requis l action et qu elle nous am ne revoir notre mani re de faire des projets et m me nous interroger sur notre mode de vie Nous d velopperons cette id e dans la conclusion g n rale du document Il De la r flexion globale sur le d veloppement nos projets de d veloppement A Chercher l erreur quelques checs m diter 1 Comment refaire le monde avec une truelle et un crayon Voici un extrait d un article d Odon Vallet paru dans le journal La Croix qui illustre bien les absurdit s de certaines d marches entreprises par des jeunes qui veulent aider les pauvres pays du Sud La truelle et le crayon Avec l
30. d polluer les plages eux ne sont pas comptabilis s puisqu ils n ont pas g n r de flux mon taires Donc on voit bien qu il y a quand m me une repr sentation de la croissance qui pose probl me et plus les questions qui nous sont pos es sont d un c t les questions sociales et humaines et d autre part les questions cologiques moins le taux de croissance nous renseigne sur ce qui est vraiment important pour nos soci t s Dans le PIB seule la partie de la richesse qui s exprime travers de la monnaie est comptabilis e Quantit s d autres richesses richesses sociales par exemple ne sont pas comptabilis es parce qu elles ne s expriment pas par la monnaie Dans l exemple de l Erika les b n voles qui vont d polluer les plages remplissent une fonction positive tout fait consid rable Non seulement elle n est pas comptabilis e mais on peut m me dire qu ils contribuent faire baisser le taux de croissance parce que s il n y avait pas eu de b n voles il aurait quand m me bien fallu les d polluer donc on aurait envoy des gens r mun r s Eux seraient apparus dans le PIB Par cons quent les b n voles non seulement sont invisibles mais on peut 30 m me dire qu ils contribuent faire baisser le PIB Vous voyez bien que l on marche sur la t te Notre repr sentation de la richesse nous am ne des r actions tout fait absurdes Ainsi un trader la bourse de New York est amen affirmer sa
31. de leur dignit de la ma trise de leur destin Probablement des deux Cependant le postulat qui consiste dire que c est par l accroissement des biens mat riels que l on peut lutter contre la mis re s inscrit dans la logique dominante qui consiste davantage rechercher un d veloppement du plus avoir que du mieux tre Ce qu il y a de plus tonnant c est que ces constats sont partag s par tous mais qu il demeure videmment un norme foss entre les d clarations et les applications Voici par exemple un extrait du site internet de la Banque Mondiale La Banque mondiale postule que les individus qui vivent dans la pauvret doivent tre consid r s non pas comme une charge mais comme ceux qui sauront mieux que tout autre trouver des moyens cr atifs d radiquer la pauvret Les pauvres ne veulent pas la charit ils veulent des opportunit s et dans bien des cas les programmes de d veloppement au niveau des communaut s peuvent leur fournir ces opportunit s Fait encore plus important la d termination de la Banque liminer la corruption a d clench une riposte d envergure r ellement mondiale La Banque est galement d termin e s assurer que les projets qu elle finance ne donnent lieu aucune corruption d Interroger la richesse Un proverbe Tswana dit l o il n y a pas de richesse il n y a pas de pauvret 7 Interview de Majid Rahnema op cit A la lu
32. e au Ladakh personne ne vivait dans la rue les jeunes n avaient pas honte d tre ladakhie Aujourd hui le ch mage et les personnes sans domicile sont en constante expansion Majid Rahnema explique tr s bien ce ph nom ne Avec le d veloppement la diffusion des besoins socialement fabriqu s s acc l re Le poids des m dias du tourisme de masse et la pression exerc e par le mod le occidental imposent une v ritable domination symbolique et donc une volont d accession la consommation Certains pourront y acc der certes mais d autres en seront exclus et ceux l conna tront la mis re Mis re mat rielle d abord mais aussi puisque les autres s carteront d eux pour rentrer dans des logiques de consommation et d accumulation mis re sociale C est ainsi que l exclusion conomique s accompagnera ensuite d une mis re sociale relationnelle puisque ces personnes se verront mises l cart du train du d veloppement pris par ceux qui auront su et voulu s adapter au mod le propos par l occident Le d veloppement a cr de la richesse pour quelques uns et a transform la pauvret de la majorit en mis re g n ralis e A travers cet exemple il ne s agit videmment pas de pr ner le renfermement sur soi ou de faire cho au mythe du bon sauvage qui veut que les soci t s dites traditionnelles cette notion tant elle m me compl tement questionnable voir d nu d
33. e l exemple du don de v lo dans un village au Burkina Faso lllustrons par un exemple concret les effets n gatifs que peut avoir un projet qui partait pourtant avec les meilleures intentions du monde Probl me rep r par une ONG fran aise dans un petit village au Burkina les enfants du village doivent marcher pendant 1h30 pour aller l cole Solution propos e l ONG a d cid d offrir un v lo chaque enfant du village pour qu il puisse aller l cole plus rapidement En plus cette solution rentre dans la mode du d veloppement durable puisqu elle est la fois simple et cologique R sultat court terme Les enfants ne mettent plus que 30 minutes pour aller l cole R sultat moyen terme Les v los commencent petit petit s ab mer Les villageois ne disposant pas suffisamment de pi ces de rechange ils sont dans l impossibilit de r parer les v los Le constat pourrait s arr ter l et il serait tr s classique dans le monde des projets de d veloppement un coup d p e dans l eau Une ONG a voulu bien faire mais elle n a pas t au bout de son projet Tant pis ce projet naura servi rien Mais le probl me c est qu il n a pas servi rien il a servi mais pour faire du mal 14 R sultat long terme Non seulement les villageois se sont retrouv s sans v lo mais en plus ils ont t humili s En effet certains des villageois se sont dit
34. e chantiers les deux b timents sont construits R actions d Alexis II ny a pas d enfants qui ne veulent pas travailler Moi m me je ne savais pas que je pouvais construire les murs t ler une maison et m me apprendre l lectricit et le cr pissage p 40 En voyant ce qu ont construit ces quatre jeunes auparavant m pris s par chacun les autres enfants sont impressionn s et se disent mais s ils sont capables de construire ces b timents alors nous aussi on peut le faire 18 Ainsi en choisissant de travailler avec les plus fragiles les volontaires ont lanc une dynamique positive qui redonne espoir et confiance en eux tous les enfants qui vivent dans la rue m me ceux qui n ont pas particip au chantier ATD Quart Monde d cide donc d organiser des stages de formations dans ces nouveaux locaux L objectif de ces ateliers n est pas de cr er un centre d apprentissage dans la cour mais de r unir des enfants et des jeunes autour d un artisan le temps d un stage Qu ensemble ils prennent part la connaissance de leurs a n s s merveillent de la richesse des m tiers et retrouvent confiance en leur capacit d apprendre Qu ils r alisent de leurs mains quelque chose de beau et d utile pour leur communaut et de l s ouvrira peut tre un chemin vers la formation et le travail p 43 Joseph Wresinski le fondateur d ATD Quart Monde s enthousiasme pour ce projet et dit Ce d
35. e nous avons mis en vidence ces lignes de forces inconscientes qui guident notre pens e du d veloppement nous allons tudier en quoi le d veloppement est d abord le fruit d une construction historique et pourquoi il est une barri re l autod termination des peuples 35 Article 22 du Pacte de la Soci t Des Nations du 28 Juin 1919 36 Cnuced The Least Developed Countries Report 2004 Nations unies Gen ve mai 2004 362 p 33 B L histoire du concept de d veloppement Afin de comprendre l encha nement des discours et des pratiques qui ont men l re du d veloppement nous allons survoler des passages clefs de son histoire Pour plus d informations sur le sujet le livre de Gilbert Rist Le d veloppement histoire d une croyance occidentale est une source incontournable sur laquelle s appuient les lignes qui suivent 1 De la colonisation La colonisation est en son temps consid r comme l extension plan taire de la civilisation Sa justification philanthropique est ainsi r sum e dans un discours de Victor Hugo qui expose comment on a pu accepter l inacceptable La destin e des hommes est au Sud Le moment est venu de faire remarquer l Europe qu elle a cot d elle l Afrique Au 19 me si cle le Blanc a fait du Noir un homme au 20 me si cle l Europe fera de l Afrique un monde Refaire une Afrique nouvelle rendre la vieille Afr
36. e qu a v cu une population on ne comprend pas non plus ce qu elle pense et pourquoi elle pense comme elle le fait 6 Tenir compte de l existant ne pas d truire les initiatives d j existantes L ann e 1 d un projet est souvent assimil l ann e 1 de la vie des gens Comme si les habitants n avaient pas t jusqu pr sent des acteurs de leur propre histoire Comme s ils n taient pas capables d inventer de nouvelles formes d organisations d voluer et de d finir eux m mes leur futur Or en milieu rural comme dans les quartiers urbains il existe bel et bien une grande vari t d organisations endog nes encore trop souvent ignor es par les concepteurs de projets Pape Ma ssa Fall un animateur d un groupement paysan de la r gion de Kaolock au S n gal fait ce constat Chaque ONG chaque projet d appui vient avec sa strat gie et ses cibles Chacun comme le font les hommes politiques veut avoir sa zone d intervention Ils ne tiennent pas compte de ce qui existe d j Ils proposent de nouvelles choses alors qu il y a des initiatives lls touffent tout cela L approche des besoins fondamentaux d crite dans la premi re partie de ce document qui est une approche encore tr s courante dans le milieu des ONG est justement une approche qui n accorde pas d attention aux efforts propres des populations Elle s int resse peu aux initiatives d j prises elle
37. e sens taient toutes des soci t s heureuses Il s agit simplement de prendre conscience que le d veloppement n est pas forc ment une bonne chose et que ce processus peut s av rer tr s n gatif pour les populations qui le vivent I convient donc de s interroger sur le type de d veloppement que nous voulons Ou plut t il convient de permettre chaque peuple chaque pays et chaque personne de d cider de la mani re dont il voudrait chercher mieux vivre Comme le souligne l auteur Malien Amadou Hampat Ba Nous ne tenons nullement maintenir de fa on stationnaire des cultures traditionnelles tout n est pas bon retenir Tout ce qui vient de l occident n est pas non plus rejeter Nous voulons que nos cultures avancent dans la continuit de leurs valeurs fondamentales et de leur histoire C est ce que j appelle s ouvrir sur l avenir sans perdre le pass Apr s ce questionnement sur les notions de d veloppement et de pauvret nous allons pr sent nous int resser l approche dite des besoins fondamentaux un concept encore tr s en vogue aujourd hui dans le milieu des ONG Pour plus d information sur cette exemple voir le livre d Helena Norberg Hodge Quand le d veloppement cr e la pauvret l exemple du Ladakh L argumentation de Majid Rahnema est reprise par Florence Rodhain et Claude Llena dans un article intitul Changer les mots d
38. entendu un touriste de retour d un voyage en Afrique dire ils vivent comme au Moyen Age Le d veloppement est une mission sacr e de civilisation Le lexique relatif la religion est tr s pr sent dans de nombreux textes relatifs au d veloppement La charit est une composante essentielle qui marque les discours tel point qu il s agit de se demander si le d veloppement n est pas un l ment de la religion moderne Il appara t donc que croire au d veloppement est une mani re lin aire d envisager l histoire Ce qu il y a de plus tonnant dans les discours officiels est que tout le monde partage les m mes constats d checs mais malgr tout le d veloppement reste pr sent comme une solution et non comme la racine du probl me Voici deux exemples qui montrent le doute que les institutions internationales prouvent Le dernier rapport de la Conf rence des Nations unies sur le commerce et le d veloppement Cnuced tablit que es pays pauvres les moins ouverts la mondialisation sont ceux qui ont le plus progress en termes de revenu par habitant au contraire des pays les plus ouverts S Le PNUD affirme dans son rapport sur le d veloppement humain de 2002 que Pour une grande partie de la plan te les perspectives sont sombres Force est de constater que la croyance en le d veloppement est plus forte que le doute qu il engendre Maintenant qu
39. es de la croissance Paris Le seuil 1963 37 6 Le d veloppement particule En quoi consiste le d veloppement particule Il s agit d ajouter au mot d veloppement toute sorte d adjectif afin de lui procurer une nouvelle l gitimation D veloppement durable humain social responsable Deux v nements ont marqu les ann es 90 dans le cadre du d veloppement le rapport Brundtland en 87 et le sommet de la terre de 92 Ils ont donn une audience mondiale aux probl mes de l environnement Il est d ailleurs significatif d observer qu aucun projet n est maintenant pris au s rieux s il ne comporte pas un volet environnemental Dans l esprit des cologistes le d veloppement durable peut tre pressenti comme un volume de production qui soit conforme ce que peut supporter l cosyst me Cependant l interpr tation dominante est bien de produire plus avec moins La croissance n est absolument pas remise en cause il s agit maintenant de prendre en compte dans le d veloppement un crit re suppl mentaire l environnement Cependant le noyau dur que repr sente la croissance ne saurait tre remis en cause Ce dont nous avons besoin c est d une nouvelle re de croissance une croissance vigoureuse et en m me temps socialement et environnementalement soutenable gt non ait le rapport Brundtland La perception dominante qu en ont les dirigeants d entreprises est ainsi r
40. es exp riences constamment reproduites Comment expliquer que chaque chec soit l occasion d un nouveau sursis et non d une remise en cause profonde du d veloppement Le d veloppement histoire d une croyance occidentale Gilbert Rist aux presses de sciences po Et si le d veloppement tait l opium du peuple Une chose est s re pr senter une histoire du d veloppement en quelques lignes est impossible Cette tentative renvoie une analyse plus compl te ins r en annexe ainsi que sur le blog de r flexion sur le d veloppement http boribana over blog com Dans les lignes qui suivent nous tentons d interroger les notions d volutionnisme et d universalisme travers l tude des besoins fondamentaux et de la pauvret Agir pour un autre monde ne n cessite t il pas la d colonisation de nos imaginaires Einstein pr venait On ne r sout pas un probl me avec les modes de pens e qui les ont engendr s B Remise en cause de concepts tablis 1 Reconsid rer la pauvret Cette partie propose d interroger le sens de mots souvent accept s comme allant de soi tels que d veloppement richesse mis re ou pauvret Or l utilisation des mots renferme un sens transpire l histoire d un pays et d un peuple Essayons donc de remettre en cause quelques concepts bien tablis a La g n ralisation du discours de lutte contre la pauvret La lutte cont
41. es volontaires expliquent Comme dans tout projet qui prend forme et se d veloppe la tentation est grande parmi l quipe de volontaires et d amis de c der au d sir de suivre de r fl chir et d agir avec les enfants les plus dynamiques avec ceux qui s expriment le mieux Pour parer cette tentation l quipe s oblige toujours retourner dans la rue rencontrer sur leurs lieux de vie les enfants qui n osent pas venir la Cour aller aux nouvelles de celui qui a manqu le cours ou latelier et explorer de nouveaux quartiers sans cesse la recherche d autres enfants Ces rencontres dans la rue permettent de rester au plus proche de ce que vivent et esp rent les enfants tout moment les actions doivent pouvoir tre repens es et r ajust es d s lors qu elles ne correspondent plus aux attentes et aux nouvelles situations v cues par les enfants les plus d munis De cette connaissance sans cesse r actualis e peut na tre une r flexion et une action ne mettant personne l cart Une autre r flexion des volontaires de la cour aux cent m tiers m rite r flexion Que jamais la r ussite de l un ne devienne l humiliation de l autre Que la r ussite de l un au contraire devienne la fiert de tous 5 Ne pas oublier que chacun s inscrit dans une histoire c est dire dans une famille une communaut un pays Adama du Burkina On ne peut pas vivre sans sa famille parce qu on
42. eurs Cl s de Succ s d un projet A Ne pas oublier notre responsabilit Il est important d insister sur le fait que chaque action et a fortiori chaque projet que l on entame aura des cons quences profondes sur les gens avec qui l on travail et donc qu il faut bien r fl chir avant d agir Vouloir travailler dans le monde du D veloppement c est avant tout une lourde RESPONSABILITE Il est primordial de se rendre compte de l esp rance que les personnes concern es par les projets sur lesquels nous sommes amen s travailler placent en nous Nous sommes donc responsables vis vis d eux Nous ne pouvons pas aller nous former l tranger au d triment des populations locales sur le dos des autres En effet l Afrique l Asie l Am rique du Sud ne peuvent pas tre per us comme de formidables cours de r cr ation o nous pourrions aller nous confronter au r el gr ce nos checs Car le probl me est que ce r el ce sont des tres humains B Pas de recette miracle mais des l ments fondamentaux ne pas oublier 1 L importance de prendre le temps de la rencontre Pour les personnes vivant dans des situations de grande pauvret s engager dans un projet de d veloppement revient prendre un risque sortir d un sentier d quilibre m me si celui ci est pr caire Il est donc primordial de prendre le temps de r ellement rencontrer et comprendre les personnes avec qui l
43. evrait tre une Cour aux cent m tiers S en suivent donc des stages de menuiserie de poterie de m canique couture Ousmane 15 ans suite un stage de ma onnerie Je ne m attendais pas tre l Par coup de chance vous m avez appel pour suivre ce stage qui va me soutenir dans la vie Je ne sais pas ce que me r serve l avenir Comme j ai appris quelque chose je me mets l id e que je pourrais retourner chez mes parents et qu ils seront fiers Comme avant je ne faisais rien il y avait des rancunes Si tu ne peux pas donner quelque chose tes parents cela ne va pas p 46 L histoire se poursuit avec une participation plus large la vie de la ville repr sentation th trale participation au FESPACO A partir des exemples positifs et n gatifs cit s ci dessus de nos lectures de nos rencontres et de nos propres exp riences de stage nous allons pr sent essayer de d gager quelques points fondamentaux prendre en compte lors de l laboration d un projet Sans vouloir faire ressortir une m thodologie unique sur la mani re de monter un projet qui se fasse r ellement au rythme de chacun c est dire d abord des plus fragiles il nous parait important de chercher toucher du doigt certains des l ments qui peuvent tre les clefs d un projet o les habitants se sentent r ellement acteurs et initiateurs d un projet 19 Il Rep res pour l action quels sont les Fact
44. i se fassent r ellement au rythme de chacun c est dire d abord des plus fragiles et o les habitants se sentent r ellement acteurs et initiateurs du projet Nous vous invitons donc lire ce document et nous renvoyer vos critiques commentaires suggestions id es Plus que les bienvenues vos id es sont n cessaires pour avancer ensemble dans cette r flexion Bonne lecture Ignace et Ben l Pour une autre vision du d veloppement A Le d veloppement d hier aujourd hui Voici une mise en bouche qui tente une courte analyse des pr ceptes qui perdurent de la colonisation en passant par le discours d investiture du pr sident Truman l re du d veloppement que nous connaissons tous aujourd hui Les v nements historiques qui jalonnent l histoire du d veloppement ont en effet des caract ristiques communes En effet on retrouve plusieurs th mes syst matiquement repris de la colonisation la cr ation de la Soci t Des Nations SDN de la justification du syst me des mandats au point IV du discours d investiture du pr sident Truman du rassemblement de Bandung en 1955 aux discours des institutions de l ONU l volutionnisme qui sous tend la sup riorit occidentale en tant que nations d velopp es sur lesquelles les autres doivent s aligner L objectif de chaque nation n est il pas de devenir d velopp e la justification philanthropique qui permet de rallie
45. in 1919 Une critique de l universalisme est entreprise dans la partie sur l approche des besoins fondamentaux 35 La colonisation et le syst me des mandats occupent le m me espace temporel spatial et id ologique C est cet espace qui a permis d ouvrir la voie au d veloppement 3 Le point IV du pr sident Truman Le 20 Janvier 1949 Truman prononce son discours d investiture Trois id es firent rapidement l unanimit Les Etats Unis continueraient soutenir l ONU poursuivre le plan Marshall et enfin participer la cr ation d une organisation commune de d fense OTAN pour faire face la menace sovi tique Une extension aux nations d favoris es propos e par un proche de Truman fut accept e parce qu elle semblait originale et populaire Il s agit du point IV Ce texte est la source de notre vision actuelle du d veloppement Il innove tant sur le plan conceptuel que dans la mani re de concevoir les relations internationales une nouvelle vision du monde le sous d veloppement C est la premi re fois que l adjectif sous d velopp s est employ dans un texte pareille diffusion L apparition du sous d veloppement voque non seulement l id e d un changement possible en direction d un tat final mais surtout la possibilit de provoquer ce changement Mais c est aussi la vision du monde qui change le rapport colonis s colonisateurs laissant la place
46. ique maniable la civilisation tel est le probl me l Europe le r soudra Allez peuples Emparez vous de cette terre Prenez la A qui A personne Prenez cette terre Dieu Dieu donne la terre aux hommes Dieu offre l Afrique l Europe Prenez la Ou les rois apportaient la guerre apportez la concorde Prenez la non pour le canon mais pour la charrue Non pour le sabre mais pour le commerce Non pour la bataille mais pour l industrie Non pour la conqu te mais pour la fraternit Versez votre trop plein dans cette Afrique et du m me coup r solvez vos questions sociales Changez vos prol taires en propri taires Allez faites Faites vos routes faites des ports faites des villes Croisez cultivez colonisez multipliez Et que sur cette terre de plus en plus d gag e des pr tres et des princes l esprit divin s affirme par la paix et l esprit humain par la libert Pour convaincre l opinion fran aise les deux arguments majeurs taient tout d abord que la colonisation n est pas une affaire de choix mais un devoir moral pour le bien tre g n ral de l humanit et d autre part le fait accompli c est dire que puisque les colonies existent il faut en assumer la responsabilit Il convient de s interroger la vue des similitudes entre colonisation et d veloppement concernant d une part la justification philanthropique et d autre part la mani re de rallier les peuple
47. is l exp rience montre que quelle que soit le pays cette premi re tape consacr e la Connaissance est n cessaire et d cisive pour rejoindre la population tr s pauvre et gagner sa confiance p 15 Les volontaires cherchent se rapprocher des enfants qui paraissent les plus reclus Parmi tous ces enfants et ces jeunes troitement m l s l activit de la ville nous parvenons peu peu en distinguer quelques uns se tenant l cart Des passants nous mettent en garde nous conseillant de ne pas les approcher p 17 lls cherchent tablir un vrai climat d change avec les enfants qui ne soit pas bas sur l aide A chaque fois nous ne manquons pas de les saluer dans leur langue le moor ce qui ne manque pas d amener un grand sourire comme de nous voir nous d placer pied plut t que de prendre notre mobylette Sans c der leur demande d argent de v tements ou de m dicaments nous tachons de manifester leur gard un signe d attention une marque de consid ration une poign e de main quelques mots nos pr noms chang s p 18 Tr s souvent les enfants essayent d attirer la piti sur eux en parlant tr s mal de leurs parents mais les volontaires refusent d accepter cela Nous freinons les confidences notre amiti n exige pas qu ils se d couvrent ainsi ni qu ils soient oblig s de mentir pour attirer sur eux notre attention Au contraire nous ne pouv
48. la raret Un paradoxe m rite ici d tre relev Dans nos soci t s d velopp es homo oeconomicus est un tre besoins illimit s que les acteurs de l conomie tentent de stimuler et de satisfaire Le r le de ses acteurs n est il donc pas de lutter contre la raret Au contraire partir du moment o l on consid re avoir des besoins limit s o l on refuse l accumulation on se situe dans des soci t s d abondance les conditions pr alables au d collage Il s agit de passer d une soci t traditionnelle une soci t moderne On retrouve donc ici la pens e volutionniste le d collage stade que l on peut mettre en parall le avec la vision naturaliste du bourgeon qui cl t la maturit que Rostow d crit comme le stade o la soci t s adapte comme elle l entend aux besoins de la production haut rendement de l poque contemporaine L re de la consommation de masse le stade final cens procur des bienfaits incontestables La modernisation ne serait alors qu une occidentalisation du monde Avec l re du d veloppement tous poursuivent le m me but qui s encre dans la philosophie volutionniste de l histoire l accession au stade final de la consommation de masse 4 Walt W Rostow Les tapes de la croissance Paris Le seuil 1963 Walt W Rostow Les tapes de la croissance Paris Le seuil 1963 Walt W Rostow Les tap
49. le soutenir pour qu il puisse reprendre ses tudes dans un cours du soir ce dont il r ve Cela marche et devant ses bons r sultats du premier semestre les volontaires d cident de lui offrir une paire de chaussures pour l encourager Les jeunes qui nous avaient interpell auparavant viennent alors chacun leur tour exprimer leur profond m contentement Qu est ce qui justifie que Fran ois ait re u une paire de chaussures Est ce que leurs efforts eux comptent moins que lui Est ce qu ils valent moins que lui Et Fran ois ne va t il pas avoir honte d eux maintenant Il y a dans les r actions de ces jeunes un profond d sarroi un appel de d tresse pour que leur camarade ne les abandonne pas p 38 17 Le geste que nous avons eu leur est apparu comme une tentative pour les diviser Tous ils r vent d apprendre un m tier et d tre comme les autres Aucun n est heureux de la vie qu il m ne mais voil qu on leur signifie qu nos yeux un de leurs camarades a plus de courage p 38 Cet exemple illustre parfaitement le fait qu il ne suffit pas de vouloir bien faire pour faire le bien Les volontaires s aper oivent que de toute vidence il faudra permettre ces enfants d tre accueillis dans le monde du travail Mais cela devra se faire partir d un rassemblement o tous seront solidaires Que jamais la r ussite de l un ne devienne l humiliation de l autre Que la r ussite de l
50. lier Mais moi je me bouche les oreilles pour ne pas entendre p 31 La premi re action au sens courant en r alit la rencontre est d j une action en soi des volontaires est de mettre dispositions des enfants sur leur demande un robinet pour se laver Ali quinze ans Si tu es sale il est impossible que tu trouves du travail p 33 En effet cause de la salet et de la honte qui en d coulait les enfants n osent plus chercher du travail aller au dispensaire et encore moins retourner au village Beaucoup d enfants n osent m me plus aller voir les associations qui faisaient des distributions de nourriture et de soins Les associations qui avaient critiqu la d marche d ATD Quart Monde comme trop lente se retrouvent dans une position paradoxale o les b n ficiaires de leur programme n osent plus aller b n ficier de leur aide Appara t alors la question de la causalit on pouvait penser que les jeunes sont sales parce qu ils sont pauvres mais l inverse est aussi vrai Il faut toujours faire tr s attention aux signaux qu on envoie aux enfants l exemple de la paire de chaussure qui divise Fran ois est un jeune qui a laiss tomber ses tudes Aujourd hui il garde les mobylettes devant la gare car il a honte de retourner dans son village et d tre consid r comme un bon rien Sur la demande d autres jeunes de la gare les volontaires vont rencontrer Fran ois et essayer de
51. loppement histoire d une croyance occidentale Gilbert Rist aux presses de sciences po 36 Pour autant cette conf rence que l on consid re souvent comme l expression d une position forte des pays du Tiers monde ne s carte pas du chemin volutionniste du d veloppement En effet ce dernier est envisag comme une n cessit universelle cens e advenir partout au terme d un important effort d int gration l conomie mondiale 5 Les tapes de la croissance de Rostow Il est aujourd hui de bon ton de critiquer le c l bre ouvrage de Rostow publi en 1960 Sa th se se r sume ainsi consid rer le degr de d veloppement de l conomie on peut dire de toutes les soci t s qu elles passent par l une des cinq phases suivantes la soci t traditionnelle les conditions pr alables du d marrage le d marrage le progr s vers la maturit et l re de la consommation de masse On retrouve dans son crit l usage de la m taphore biologique du d veloppement comme ci ce dernier poursuivait une logique implacable en tous lieux et en tous temps Son discours est int ressant car il a influenc jusqu notre inconscient collectif On peut n anmoins interroger la pertinence de certains arguments La soci t traditionnelle constitue le degr 0 de l histoire et correspond un tat naturel de sous d veloppement et une mani re de le prouver est qu elles sont en lutte constante contre
52. mais cela exige de prendre en compte ce que les personnes vers lesquelles on se dirige demandent d appuyer leurs initiatives et de soutenir leurs projets Il est important de comprendre que l id e de soutenir les envies les projets des personnes vivant dans des situations difficiles est videmment loin d tre facile Comme tous les tres humains ces personnes ont des envies et donc des projets contradictoires Soutenir les initiatives des gens n est pas juste une p tition de principe Cela demande en r alit un travail norme car c est tr s difficile de comprendre ce que veulent vraiment les gens et donc ce qu il faut soutenir Dans le fond c est cela le d fi principal de tout projet qui r unit des personnes venant d horizons diff rents r ussir cr er une v ritable rencontre qui va nous permettre de s aborder sur un pieds d galit I est important de cr er une relation de confiance et d amiti qui va permettre de comprendre ce que les gens cherchent vivre et donc de comprendre ce que nous pouvons faire ensemble pour contribuer cela pour les soutenir dans cette d marche Ce travail de rencontre demande beaucoup de temps plusieurs ann es En effet au d part les personnes vivant dans des situations difficiles nous demandent ce qu elles pensent que nous pouvons leur apporter selon la casquette que nous portons de l argent un puit des livres des m dicaments C est seulement
53. mbat contre la pauvret Si cela tait vrai comment expliquer que les Etats Unis abritent en leur sein plus de trente cinq millions de pauvres Le plus triste est que le discours manipulateur de l conomie a fini par faire partager cette nouvelle masse d individus paup ris s sa propre vision des choses Les mirages de cette conomie sont si puissamment m diatis s que ni les gagnants ni les perdants ne se rendent compte que la course g n ralis e la richesse est elle m me devenue une des causes de la destruction des vraies richesses physiques et culturelles du monde en particulier dans les pays dits pauvres Au regard de l histoire difficile de ne pas se poser la question et si c tait le d veloppement qui cr e la pauvret Plus tard dans ce document nous examinerons justement l exemple Ladakh une r gion de l Inde situ dans l Himalaya compl tement d stabilis par l ouverture l conomie de march et au d veloppement Nous observons donc que l id e que la croissance est l unique moyen pour lutter contre la pauvret n est pas satisfaisante D autre part comme nous allons le voir la consid ration exclusivement chiffr e de la pauvret ne rend absolument pas compte de ce qu elle est pour les personnes qui la vivent Ainsi on r p te sans cesse c est un malheur il y a 2 8 milliards d humains qui vivent effectivement avec moins de deux dollars par jour il faut les aider gt
54. mi re de ce proverbe se pose la question Peut on reconsid rer la pauvret sans reconsid rer la richesse N est il pas n cessaire de s interroger sur les m thodes de pr dations et de d possessions qui ont permis aux pays dit d velopp s de devenir aussi riches Il convient en tout cas de comprendre que si probl me il y a il ne se cr e pas seul Il a des causes historiques La richesse est le revers de la m daille pauvret Alors comment ne pas reconsid rer la pauvret sans en faire de m me avec la richesse Il ne s agit pas pour autant de lutter contre la richesse mais bien pour la d mystification de la sup riorit qu apporterait la richesse mat rielle Afin de mettre en lumi re la pens e restrictive que nous avons bien souvent de la pauvret et du d veloppement nous allons pr sent tudier l exemple du Ladakh une r gion dans l Himalaya Indien o l on peut dire que le d veloppement a cr de la pauvret 2 Quand le d veloppement cr e la pauvret l exemple du Ladakh Jusque dans les ann es 70 la soci t ladakhie tait une soci t emprunte de relations humaines fortes entre les habitants de la r gion Cette soci t a certainement aussi fabriqu des m canismes d exclusion ce qui est propre chaque soci t Cependant les gens vivaient ensemble dans des villages une vie o chacun avait sa place son utilit tous tant au service de la comm
55. mi re institution politique internationale permanente La SDN attribue des mandats aux anciens pays colonisateurs en les obligeant a rendre des comptes aupr s de la Commission permanente des mandats Il convient de s interroger s il ne s agit pas de la l gitimation d un r gime colonial par une organisation internationale Le pacte de la SDN est en tout cas int ressant plusieurs gards Il y figure pour la premi re fois la notion de degr de d veloppement qui justifie un classement des nations tout en affirmant qu il existe au sommet de l chelle des nations d velopp es De plus la justification des mandats se coule dans un langage humanitaro religieux qui se conf re une mission sacr e de civilisation Il y aurait donc au del des int r ts politiques et conomiques des valeurs universelles qui l gitime l intervention aupr s d autres peuples Ne retrouve t on pas dans le discours actuel ce m me volutionnisme ce m me universalisme et cette m me justification philanthropique 38 Une explication approfondit de la mani re dont la France a cr e et maintenue un syst me n o colonial en Afrique serait trop long expliquer nous vous renvoyons donc vers les publications de l association Survie dont la Fran afrique et Noir Silence de F X Verschave Pour plus d information http www survie france org Article 22 du Pacte de la Soci t Des Nations du 28 Ju
56. ner de plus qu il est source de quiproquos culturels et va contre sens de l envie des personnes aid es En effet comme l explique Clair Michalon C est la mont e de la solitude dans nos soci t s industrielles qui g n re un besoin de solidarit per u en fait comme un moyen de recr er les liens sociaux dont l absence se fait cruellement sentir Or les groupes sociaux qui vivent dans la pr carit mat rielle vivent les rapports sociaux sous le rapport d all geance n est pas rare que la traduction du terme solidarit au sens europ en du terme donne en Afrique ou ailleurs all geance c est dire rapport de soumission d une g n ration sur l autre dans une vision verticale du rapport social Se conna tre est une dette dit on au Congo Que peut on conclure de cela 17 Extrait de l intervention de Claude Heyberger 3A op cit 18 La Cour aux 100 m tiers Michel Aussedat Editions Quart Monde 1996 p 92 Diff rences culturelles mode d emploi Clair Michalon aux ditions SEPIA p74 78 21 Or justement ces rapports d all geance sont probablement ceux qui p sent le plus sur l initiative sur la libert de l homme Beaucoup de jeunes urbains dans les pays la recherche de lindustrialisation ne r vent aujourd hui que d une plus grande libert c est dire moins d all geance Cependant il est possible de sortir de la logique de l assistance
57. ons pas accepter qu ils d shonorent leur famille La souffrance de tous les parents pauvres rencontr s en Europe impuissants offrir un avenir leurs enfants nous revient de plein fouet Affrontant les enfants nous exigeons d eux qu ils accordent le m me respect leurs parents que celui que nous leur accordons en d pit de leur mauvaise r putation A ce prix seulement na tra une r elle amiti entre nous p 25 Les jeunes qui vivent dans la rue ont beaucoup de mal trouver du travail Amidou quinze ans Quand tu cherches du travail on te demande o est ta famille et comme ta famille est loin on ne te prend pas Si tu arrives Ouagadougou et que tu n as personne personne ne te prend p 27 16 Mathias 18 ans Les enfants ont peur ils ne veulent pas s engager ailleurs et ils restent la gare Ils se d brouillent Tu as une id e du boulot et tu crois que partout a va tre pareil Tu penses que partout on fera tout pour te critiquer soi disant que tu as perdu quelque chose pour pouvoir ne pas te payer ou te chasser p 27 Beaucoup d enfants ont le sentiment angoissant d tre devenus inutiles et irr cup rables Mouni quatorze ans Personne n est n pour ne rien savoir Des gens essayent de nous d courager en citant des proverbes bizarres comme Est ce que le bois sec peut donner du fruit Ou bien ils nous disent que nous sommes devenus comme du bois sec qui ne peut plus p
58. plus grand confort de vie Cette logique cela de d rangent qu elle sous tend que plus quivaut MIEUX Il est ainsi encr dans notre inconscient collectif que l augmentation de la production est synonyme de richesse mais est ce vrai En effet comment ne pas admettre que dans certains cas l augmentation de la production de marchandises entra ne une destruction d une part des rapports sociaux et d autre part des quilibres environnementaux Cette remise en cause de la richesse produite renvoie au peu de consid ration qui est faite des co ts externes autrement connus sous le nom d externalit s co ts environnementaux sociaux dans le comptabilisation du Produit Int rieur Brut PIB L exemple du naufrage de l Erika montre que la destruction du milieu naturel peut engendrer une production et donc de la croissance puisque cette catastrophe s inscrit en positif dans le PIB d un pays du fait des actions de d pollution entreprises Voici ce sujet un extrait d une interview de Patrick Viveret conseiller r f rendaire la Cour des Comptes auteur du rapport Les nouveaux facteurs de richesses remis au Secr taire d Etat l Economie Solidaire Monsieur Guy Hascou t Question Par exemple le naufrage de l Erika va tre comptabilis de fa on positive et les accidents de voiture aussi R ponse de Patrick Viveret Tout a fait Et a contrario les b n voles qui vont
59. ppement En partant du postulat ci dessus nous allons tenter dans cette partie de d construire le mythe du d veloppement et pour cela de mesurer l cart entre le discours et les pratiques L histoire a permis de distinguer clairement le communisme id ologique et le socialisme r el pourquoi ne pas faire de m me en montrant l cart qui s pare l esp rance d un bonheur g n ralis que pr ne le d veloppement et la r alit des pratiques qui se caract risent par un accroissement des in galit s et l omni marchandisation du monde 1 Comment d finir le d veloppement Des tonnes de d finitions sont propos es cependant elles m langent bien souvent le souhait et la r alit des faits Or une bonne d finition doit tre celle qu un martien sans connaissance aucune sur notre soci t est m me de comprendre Un exemple nous est donn avec le Rapport mondial sur le d veloppement humain de 1991 dont voici la d finition Le principal objectif du d veloppement humain est d largir la gamme des choix offerts la population qui permettent de rendre le d veloppement plus d mocratique et plus participatif Ces choix doivent comprendre des possibilit s d acc der au revenu et l emploi l ducation et aux soins de sant et un environnement propre ne pr sentant pas de danger L individu doit galement avoir la possibilit de participer pleinement aux d cisions de la communau
60. qui se fasse vraiment AVEC les personnes concern es et non pas POUR elles Le pr sent document est le r sultat d interrogations men es pendant et apr s notre scolarit l Ecole 3A dont nous sommes sortis l ann e derni re Avec d autres nous avons essay d approfondir ces questions et de chercher proposer des pistes de r flexions pour avancer sur ce sujet En effet l occasion de nos diff rents stages et des discussions avec des personnes travaillant en Afrique en Am rique du Sud et en Asie nous nous sommes aper us qu il ne suffisait pas de vouloir faire le bien pour bien faire Aujourd hui force est de constater que beaucoup de projets humanitaires et de projets de d veloppement se r v lent inutiles voir contre productifs C est partir de ces constats et de ces questionnements que nous avons d cid de r diger ce document Nous n avons videmment aucune pr tention au savoir sur ce sujet L important pour nous n est pas de chercher avoir le dernier mot mais plut t le juste premier Celui qui va nous obliger nous interroger et chercher creuser plus profond A travers ce texte nous avons simplement voulu partager avec vous le fruit de nos lectures et de nos rencontres sur un sujet qui ne cesse de nous taquiner Aujourd hui nous avons besoin de votre aide de vos id es de vos exp riences pour continuer r fl chir ensemble sur la mani re dont nous pouvons monter des projets qu
61. r l opinion au nom du devoir de civilisation qui incombe aux peuples d velopp s d aider les nations sous d velopp es __luniversalisme qui l gitime l intervention dans les pays du Sud A ce propos la remarque de Gilbert Rist est pertinente Le d veloppement s universalise mais n est pas transculturel Enfin tous partagent la croyance que le noyau dur du d veloppement est la croissance conomique Le plus critiquable est que le d veloppement en s appuyant sur les principes voqu s ci dessus a confisqu la possibilit pour les peuples de choisir leur propre destin selon leurs cultures leurs traditions et surtout leurs envies Les pays du Sud se sont engag s sur une voie trac e par d autres qu eux voie qui nous le constatons dans nos propres pays ne fait qu accro tre les in galit s et l crasement de l homme Pour saisir quel point les politiques de d veloppement ont chou il convient d observer qu en 50 ans les priorit s affich es ont volu Jusqu aux ann es 70 il s agissait d aider les pays sous d velopp s atteindre le niveau conomique et technique occidental Depuis devant l explosion des chiffres de la pauvret les objectifs g n ralement proclam s sont plut t la satisfaction des besoins de base et la lutte contre la mis re Depuis 50 ans les promesses qui tendent combattre les in galit s sont inlassablement r p t es et l
62. re la pauvret a fait une apparition en force dans les discours de la communaut internationale ces dix derni res ann es Par exemple les Objectifs du Mill naire pour le D veloppement se proposent de r duire de moiti avant 2015 la proportion de la population vivant dans la pauvret extr me L objectif est s duisant mais repr sentatif des checs du d veloppement dans la mesure o l on est pass d une lutte critiquable pour le d veloppement de tous voir la partie en annexe Le d veloppement d hier aujourd hui gt une lutte contre la pauvret de quelques uns La probl matique de la pauvret n cessite un rappel historique En effet on a oscill autour de trois p les pour s en accommoder Le premier est caritatif il repose sur la compassion souvent renforc e par un sentiment d obligation religieuse aum ne ou la zakat Le second est politique et rel ve du maintien de l ordre A ce titre il est significatif que la r action post attentats du 11 Septembre de James Wolfenson pr sident de la Banque Mondiale f t de d clarer qu il y avait urgence intensifier les programmes de lutte contre la pauvret Les pauvres d rangent et sont ainsi mis au ban de la soci t Le troisi me p le Un monde meilleur pour tous FMI Banque Mondiale OCDE ONU Juin 2000 A ce titre la gr ve des battus d Aminata Sow Fall est une lecture int ressante consiste contraindre les
63. s la cause 37 Victor Hugo Discours prononc l occasion d un banquet comm moratif de l abolition de l esclavage le 18 mai 1879 34 la n o colonisation 8 Les dirigeants fran ais n ont jamais r ellement souhait l ind pendance de leur ancien empire colonial et ce pour plusieurs raisons des raisons politiques garder un cort ge d tats clients un r servoir de votes permettant la France d occuper une position importante dans les institutions internationales tenir la place assign e la France dans la Guerre froide en vitant la propagation du communisme dans les anciennes colonies des raisons conomiques l acc s aux mati res premi res strat giques comme l uranium ou le p trole la perp tuation des rentes des soci t s coloniales cacao banane bois caf etc une raison inavouable le d tournement des rentes africaines finance le mouvement gaulliste via des circuits qui irrigueront par la suite les autres partis de gouvernement 2 La soci t des nations et le syst me des mandats Si la colonisation a labor un argumentaire permettant de justifier l intervention dans les pays extra europ ens la SDN va l gitimer l internationalisation de cette intervention au nom de la civilisation C est le trait de Versailles du 28 Juin 1919 qui met fin la premi re guerre mondiale et qui est pr c d du pacte de la Soci t des nations cr ant ainsi la pre
64. t et jouir des libert s humaines conomiques et politiques Est ce cela aujourd hui le d veloppement ou est ce le souhait du PNUD La d finition de Gilbert Rist professeur l Institut Universitaire d Etudes du D veloppement IUED Gen ve a le m rite de distinguer les soci t s d aujourd hui caract ris es par l id ologie du d veloppement et celles qui lont pr c d es Le d veloppement est constitu d un ensemble de pratiques parfois contradictoires en apparence qui pour assurer la reproduction sociale obligent transformer et d truire de fa on g n ralis e le milieu naturel et les rapports sociaux en vue d une production croissante de marchandises biens et de services destin es travers l change la demande solvable PNUD Rapport mondial sur le d veloppement humain 1991 30 Le d veloppement Histoire d une croyance occidentale Gilbert Rist aux presses de science po 29 2 Quelques explications Les pratiques des diff rents acteurs sur la sc ne internationale peuvent appara tre comme contradictoires si l on consid re qu une entreprise a pour objectif le profit alors qu une ONG va privil gier par exemple le respect des droits fondamentaux Pourtant presque tous s accordent sur le fait que l objectif recherch doit tre l augmentation de la production qui doit permettre l acc s de tous la consommation elle m me devenue synonyme d un
65. t L important pour nous n est pas de chercher avoir le dernier mot mais plut t le juste premier Celui qui va nous obliger nous interroger et chercher creuser plus profond A travers ce texte nous avons simplement voulu partager avec vous le fruit de nos lectures et de nos rencontres sur un sujet qui ne cesse de nous taquiner L ann e derni re nous avons cr un blog de r flexion sur le sujet afin de pouvoir partager les r flexions de chacun N h sitez donc pas faire un tour sur le blog http boribana over blog com et nous faire part de vos pens es Plus que les bienvenues vos id es sont n cessaires pour avancer ensemble dans cette r flexion Le travail d aujourd hui n est qu un premier petit germe pos pour montrer l importance de faire voler en clats les postulats les concepts les mythes id ologiques qui entourent tout notre r flexion sur le d veloppement En effet il n est pas possible d envisager des projets dits de d veloppement r ellement respectueux de chacun si nous ne sortons pas des carcans imaginatifs qui brident notre pens e La r volution intellectuelle qui consiste reconsid rer le d veloppement mais aussi la pauvret et la richesse n cessite de se poser des questions personnelles Chaque Homme que l on croise commencer par le plus fragile que l on a tendance ne m me plus voir nous demande Qui suis je pour toi Mais oui au fond Qui suis je po
66. unaut Vie laborieuse aussi bien s r mais o le d nuement mat riel n tait pas signe de mis re ni d isolement o la famine n existait pas o le travail n tait pas une ali nation Les tres humains se sentaient respect s et fiers d tre ladakhie A partir des ann es 70 le Ladakh va s ouvrir au monde Sans verser dans un manich isme excessif ou simplificateur nous nous apercevons que petit petit le tourisme l influence occidentale et le modernisme vont bouleverser les rep res et les mentalit s Pas pas le processus de d veloppement va s accompagner d une mont e du sentiment d inf riorit chez les sous d velopp es et d un rejet de leur propre culture Nous nous apercevons alors que la pauvret peut prendre plusieurs visages celle du d nuement mat riel qui tait autrefois bien v cu au Ladakh et celle de la mis re sociale li e un complexe d inf riorit qui ravage aujourd hui la soci t ladakhie Loin d tre fig e la soci t ladakhie avait trouv un quilibre qui faisait de l Homme un outil au service de la communaut Cet quilibre r sidait dans l accumulation de l exp rience acquise par les anciens La confrontation avec la logique d accumulation propre au d veloppement a fait voler en clats des si cles d accumulation de savoirs En effet avant louverture au monde Occidental et la soci t de consommation des ann es 70 il my avait pas de ch mag
67. ur toi Si notre r ponse m me inconsciente est RIEN alors comment pouvons nous affirmer vouloir aider l autre travers tous nos projets Le d fi qui est face nous n est donc pas juste de refuser un mod le de d veloppement que nous trouvons ali nant mais beaucoup plus profond ment de nous interroger sur notre mode de vie sur la mani re dont nous allons ou pas vers les autres Chaque geste que l on pose ou que l on ne pose pas est un acte politique un acte citoyen emprunt d une n cessaire responsabilit Le refus d une soci t qui ne peut nous satisfaire car elle crase l homme se vit tous les jours et chaque instant Il faut chercher ouvrir plus grand nos yeux et adopter un mode de vie qui soit plus respectueux de soi des autres et de notre environnement L objectif est en effet de d stabiliser les croyances qui nous assujettissent pour questionner nos actes de la vie quotidienne et en essayant comme le disait Gandhi d tre le changement gt En effet si personne ne peut avoir la pr tention de changer le monde chacun doit cependant consid rer comme une exigence thique minimum de tenter de le faire car on ne peut pas le laisser aller comme il va L tat de 26 la plan te venant de la somme des comportements individuels celui qui ne contribue pas le modifier contribue le maintenir Nous laisserons Majid Rahnema conclure L important est que tout
68. ution agricole puis une r volution industrielle et de conditions remplir bonne gouvernance respect des droits de l Homme L influence des tapes de la croissance de Rostow tudi e plus loin demeure tr s pr sent dans notre inconscient collectif Pourtant comment imaginer que l extension du mode de vie occidentale est envisageable l chelle du monde quand l on sait que 20 de la population de la plan te s abroge 80 des ressources Nous allons d montrer plus loin que l tat de d veloppement des nations occidentales a des causes historiques et qu il n est pas transposable Au moyen de cette m taphore biologique le d veloppement d une plante on rapporte donc un ph nom ne social complexe un ph nom ne naturel en faisant comme si ce qui est vrai pour l un est n cessairement vrai pour l autre Loin de l claircir la m taphore obscurcit le concept le d veloppement se mesure par la croissance On pourrait penser que le d veloppement r side dans une consid ration bien plus large que la simple croissance Cependant la foi en la croissance est tellement forte qu il n est pas possible d envisager un d veloppement autre qu travers des indicateurs conomiques Les deux exemples qui suivent l illustrent parfaitement Le gouvernement fran ais a appel apr s les attentats du 11 Septembre la consommation patriotique afin de soutenir la croissance Or on

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