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1. Article Marie Christiane Mathieu vers de nouveaux territoires Isabelle Riendeau Espace Art actuel n 55 2001 p 22 25 Pour citer cet article utiliser l information suivante http id erudit org iderudit 9446ac Note les r gles d criture des r f rences bibliographiques peuvent varier selon les diff rents domaines du savoir Ce document est prot g par la loi sur le droit d auteur L utilisation des services d rudit y compris la reproduction est assujettie sa politique d utilisation que vous pouvez consulter l URI https apropos erudit org fr usagers politique dutilisation rudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif compos de l Universit de Montr al l Universit Laval et l Universit du Qu bec Montr al Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche rudit offre des services d dition num rique de documents scientifiques depuis 1998 Pour communiquer avec les responsables d rudit info erudit org Document t l charg le 16 novembre 2015 08 28 M Vers de nouveaux _ ISABELLE RIENDEAU es uvres actuelles ancr es dans les nouvelles technologies se caract risent par la disparition progres sive du support au profit d une imma t rialit interactive Les m diums chim riques tels l ordinateur et l holo graphie dans lesquels la lumi re sert relever l image constituent le champ d investigation de Marie Christiane Math2. Dans ses productions plus r centes dont l uvre multim dia Ou Topos la dimension interactive est exacerb e et le travail en r seau ou collectif acquiert davantage d importance Par le truchement d un cran cathodique le spectateur est invit prendre part la cr ation in situ d un corps virtuel par le biais d un jeu questionnaire sarcastique ayant pour objet l espace cybern tique Au fur et mesure que le participant avance dans le jeu en r pondant aux questions pos es son envi ronnement ext rieur se modifie les diff rentes constituantes ou parties d un corps symbolis es par des les se mat riali sent et s assemblent sur les murs de la salle d exposition Par le fait m me l image du participant capt e par une cam ra et retransmise comme toile de fond sur l cran cathodique se dissout et dispa ra t progressivement en cours de jeu Ici le sujet se meut virtuellement cette fois dans un univers de fiction l aff t des multiples possibilit s des images mises en m moire par l artiste en d cidant de la ESPACE 45 progression spatio temporelle de l uvre par les choix qu il op re La mat rialit est de nouveau limit e au support informatique dans Le monu ment du vide un projet cyberspatial en cours de r alisation Sans densit la mati re se volatilise nous obligeant a red finir cette notion et la fa on d y r f rer Le mat riau dor navant adopte
3. d autres formes plus virtuelles et vanes centes cette fois celles des ondes lumi neuses et lectroniques se propageant dans l espace temps Ainsi l objet qui s affiche sur un cran d ordinateur n a plus la m me pr gnance la m me stabilit ni la m me apparence que l image plasti que dite traditionnelle Abstraite et all g e la mati re tend maintenant se conceptualiser se volatiliser dans cette uvre qui consiste en la cr ation collec tive d une cr ature dont on pourra suivre la r alisation sur Internet Prenant vie au fur et a mesure que les artistes partici pants la construisent cette cr ature acquiert une personnalit un corps et une identit d finis selon l imaginaire des par ticipants Les pr occupations de Mathieu pour l espace et le territoire acqui rent plus d importance dans Le monument du vide Loin de se contenter de cr er un per sonnage l artiste s est attach e lui cons truire un environnement l int rieur d un espace d fini Comme le souligne l artiste En prenant comme terrain de recherche le cyberespace je d sire cir conscrire un territoire d action sur le r seau cyberspatial Ce territoire se d fi nira selon une zone d change cr e entre diff rents points de liaison qui seront tenus par des artistes Cette uvre lectronique marque galement la transi tion de l artiste de l analogique support photonique et plastique au num rique L espace
4. dynamique de l ordinateur et la mati re lectronique constituent dor navant les nouveaux territoires de Marie Christiane Mathieu Si l environnement de ses uvres pr c dentes tait davan tage circonscrit et d fini l espace et l uvre tendent maintenant se confon dre et s enchev trer dans ses produc tions cybern tiques o l uvre se PRINTEMPS SPRING 2004 253 MariE CHRISTIANE MATHIEU Ou Topos 1999 CD ROM interactif Photo M C Mathieu MARIE CHRISTIANE MATHIEU Lo machine r ves 1992 Enceinte de visionnement holographique Photo M C Mathieu exercices retour du d but prolonge au del de l cran de l ordina teur Cependant le spectateur continue d occuper une part importante sinon essentielle dans le travail de Mathieu Son interaction avec l uvre est essentielle son fonctionnement car les choix qu il op rera l am neront explorer des pistes faire dispara tre ou appara tre telle ou telle image et proc der une exp rimen tation l int rieur d un espace colonis par l artiste Ce nouveau territoire investi par le spectateur interagissant avec cette uvre en devenir est par d finition pr caire par sa constante mouvance et ses possibilit s de transformation infinies Immat rielle et incorporelle la mati re photonique et lectronique se disperse faisant na tre une v ritable esth tique de la disparition dans toute la pro
5. a t dans Autopsie du vide une installation montrant un corps humain galement transparent gisant sur une table la mani re d un corps en attente de son autopsie Un des aspects les plus significatifs du travail de Marie Christiane Mathieu est le r le plus actif qu est amen jouer le spectateur dans la d couverte de I holo gramme En effet ce m dium exige du spectateur qu il prenne pleinement con science du processus perceptuel en int MATHIEU Salon Borges 1998 Pellicules hologra phiques cousues Photo M C Mathieu grant dans son exploration des uvres les sens de la vision et de la kinesth sie afin de voir s animer l uvre se r v ler ou se d ployer devant lui les couleurs fuyan tes du spectre lumineux Dans le cas d Artefacts ce n est qu en adoptant un point de vue particulier sur le cadre que le spectateur verra surgir de la pellicule holo graphique l image de la tasse S il se d place hors du champ de projection de l hologramme celui ci verra comme par magie dispara tre l image Avec Comment faire dispara tre un objet mode d emploi l artiste installe trois grandes plaques de verre rectangulaires sur lesquelles appa raissent des images ou des textes grav s et des hologrammes obligeant le specta teur r aliser un certain parcours tant t en s approchant pour lire les inscriptions et voir l hologramme se r v ler tant t en s loignant pour discerner un autre l ment
6. duction de Mathieu qui confronte habilement les con cepts antinomiques comme la pr sence et l absence l apparition et la disparition D passant l image et l esth tique les uvres holographiques et lectroniques de Marie Christiane Mathieu s adressent d abord l imaginaire du spectateur qui volue au gr de ses constructions utopi ques et elles se modifient grace sa parti cipation Ml gt habillemen icessoires ind HR NOTES 1 Florence de M redieu Histoire mat rielle et imma t rielle de l art moderne Bordas Editeur 1994 p 310 2 Ce projet intitul Le monument du vide constitue le projet de doctorat de Marie Christiane Mathieu et n en est pour l instant qu sa phase conceptuelle Ce projet porte sur l imaginaire collectif le cyberes pace et la repr sentation du corps dans un v ne ment performatif qui s chelonnera sur une semaine Celui ci mettra en r seau quatre artistes gui produiront une uvre combinant l image le son le texte et toute autre intervention pouvant cr er des moments dynamiques 3 Florence de M redieu op cii p 312 4 Marle Christiane Mathieu extrall du texte descrip tif du projet artistique r dig dans le cadre de ses recherches doctorales 5 Entrevue avec Marie Christiane Mathieu r alis e par Andr e Duchaine au printemps 1999 6 Florence de M redieu op cif p 326 7 Letitre de l ouvrage de Paul Virilio Esth tique de la disparition
7. erches sur les th mes de la dispari tion en exploitant le ph nom ne d entropie et en troublant la r alit par des l ments immat riels Elle a dispos sur une table un bol bris devant un cadre dor l int rieur duquel figure un hologramme resti tuant le bol intact flottant dans l espace En mettant en pr sence le r el et le virtuel c est dire en confrontant ainsi l objet r el a son substitut holographique l artiste nous fait prendre conscience que l univers des apparences est parfois trompeur Avec le Salon Borges une reconstitu tion insolite du salon de l crivain argentin Luis Borges la pellicule holographique mat riau de pr dilection de l artiste ne sert plus de r ceptacle l image mais est utilis e pour ses propri t s plastiques et esth tiques Elle est d coup e fa onn e 901 notes de l artiste MARIE CHRISTIANE MATHIEU Ou Topos 1999 CD ROM inter actif Photo M C Mathieu puis cousue la mani re d un tissu reconstituant ainsi les meubles du salon de l crivain tels que l artiste les imagine L artiste a donc occult la mati re pour ne conserver que l enveloppe translucide et diaphane de l objet ce qui conf re aux meubles de Marie Christiane Mathieu une dimension singuli re Le substrat mat riel s efface se dilue progressivement jusqu devenir invisible ou dispara tre dans cette installation C est le corps celui de l artiste qui dispar
8. ieu L artiste labore des uni vers oniriques et ludiques dans les quels l utopie interroge l existentiel par la confrontation des contraires soit la mat rialit et l immat rialit la transparence et l opacit le vrai et le faux l apparition et la disparition partir des ann es quatre vingt dix Mathieu all ge les dispositifs techniques pour donner priorit un questionnement philosophique L artiste entoure ses uvres d une mise en sc ne destin e a stimuler l imaginaire et la curiosit du spec tateur qui devient par sa participation par tie int grante de l uvre La machine a r ves en est un exemple convaincant Pour percevoir cette machine de fa on efficace et en comprendre le propos le spectateur doit p n trer l int rieur de la cabine s asseoir sur le banc et appuyer son menton sur un support dispos devant l cran holographi que bref en faire l exp rience C est en prenant place dans la machine que celui ci verra d filer sur un rouleau de pellicule holographique translucide des ondes colo r es lui renvoyant son propre reflet r ac tualisant ainsi le mythe de Narcisse Pour l observateur ext rieur cependant cette SPRING 22 ESPACE 5 PRINTEMPS ART amp R SEAU ti Be SA Ra Ss retour au d but construction myst rieuse emprunte par les pointes ac r es de l appuie menton les allures d une machine de torture Avec Artefacts Marie Christiane Mathieu amorce ses rech
9. r sume assez bien l esth tique pro pre Marie Christiane Mathieu Voir Paul Virilio Esth tique de la disparition Paris Librairie g n rale fran aise 1994 ESPACE 55 notes de l artiste Current works based on new technologies are characterized by a progressive disappearance of the supporting medium in favour of interactive immateriality Marie Christiane Mathieu focuses her enquiry on chimerical media the computer and holography in which light serves to reveal the image The artist creates a playful dreamlike world in which the utopian questions the existential by confronting opposites such as materiality and immateriality transparency and opacity the real and the false appearance and disappearance Since the 19905 Mathieu has de emphasized technical aspects in favor of philosophical questions Her works are set up to stimulate the spectator s imagination and curiosity One of the most significant aspects of Marie Christiane Mathieu s work is the very active role the spectator must play in discovering the hologram The medium requires the spectator to become involved in the perceptual process exploring the works the meanings of the vision and the kinaesthesia to bring the work to life The colours recede from the luminous spectrum and are revealed or spread out In front of the spectator Exceeding the image and the aesthetic Marie Christiane Mathieu s holographic and electronic works first address the specta
10. tor s imagination which develops according to her utopian constructions and modifies it through active participation PRINTEMPS SPRING 20061 25
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