Le Courrier 13-12-2013. La madeleine de Leproust
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1. Mais celle ci a quelque chose de particulier car s il l a con ue de bout en bout il s y jette aus si corps et me ruisselant d ar gile ou paillet de boue jouant de ce coffre puissant qui le fait sublimement muer d un re gistre l autre surgir d outre tombe avec une voix terrifiante et irr elle de Commandeur ou dire avec une infinie po sie c leste les vers d un infirme va gissant tel un revenant Formidable com dien ro mand qu on a pu voir interpr ter aussi bien Hugo B chner que Marion Aubert form Paris puis La Manufacture de Lau sanne C dric Leproust se lance dans la cr ation Sa performan ce voir jusqu dimanche touche au plus profond de l tre la corde sensible du souvenir et des morts Souvenons nous s ouvre sur un moment intros pectif intense pour l interpr te et son public Au d part cette phase de recueillement joyeux que l artiste c l bre autour de lui dans le foyer du th tre tient d avantage d un rituel de parta ge que du spectacle en soi Il nous pr sente d embl e Kiki ce chien en bois qu il tient en laisse sur quatre roulettes seul souvenir d un parrain parti trop t t Sa madeleine de Proust lui Encercl par les spectateurs le com dien leur offre son corps comme un parchemin de la m moire o chacun est invit griffonner le souvenir d un tre disparu On y lira ces pitaphes qui convoquent l odeur du ta ba2. Marie Madeleine Pasquier est son missaire En mousquetaires solidaires trois pingouins d rogent la r gle de la pai re impos e par le Tout Puissant Un passager clandestin s immiscera donc bord Florian Sapey tour tour pin gouin Dieu et colombe m le est irr sistiblement dr le dans ses question nements existentiels Adrien Rupp et Pascal Schopier couple de pingouins d sign s pour fai re partie du sauvetage n ont pas grand chose lui envier assumant pleine Dans L Arche part huit heures Florian Sapey Adrien Rupp et Pascal Schopfer en com diens pingouins abordent avec dr lerie le th me de la fraternit et de la solidarit P N LOPE HENRIOT ment le comique de situation utile pour d dramatiser les manquements la sacro sainte loi tablie D dramati sation exacerb e aussi par le trio de violonistes des Barbouze de chez Fior Laurence Crevoisier Annick Rody et Camille Stoll qui ponctuent le sus pens d interm des musicaux Car le voyage n est pas gagn d avan ce Et la survie de chacun fonction de celle d autrui Les lions d voreront ilsles antilopes Les gira fes surmonteront elles leur mal de mer Finira t on par je ter le malotru par dessus bord La tension est d autant plus grande que tout se d roule en huis clos dans une immense arche de bois occupant l ensemble de l espace sc nique la Les Swiss Chamber Concerts instaurent sc nographie revie
3. 12 CULTURE LE COURRIER La Gen se sur la banquise LAUSANNE Au Petit Th tre les pingouins de Christian Denisart embarquent avec humour dans les d rives de la condition humaine C CILE DALLA TORRE Certains textes de la litt rature jeunesse mettent sens dessus dessous Celui d Ulrich Hub dont Christian Denisart en p re de famille averti s est saisi est de ceux l Pour l artiste la rencontre est certes dramatique au sens premier du terme Car L Arche part huit heures est avant tout un texte de th tre pl biscit en Allemagne et ailleurs Mais la mise en sc ne du Lausannois dont la Cie Les Voyages extraordinaires est d sormais au b n fice d une nouvelle convention de soutien de la Ville de Lausanne est surtout un condens d humour et de m taphysique voir absolument au Petit Th tre de Lau sanne Elle r pond ces questions ter nelles qui taraudent in vitablement en fants et adultes Dieu existe t il Qui pose les interdits Peut on les braver au nom de valeurs telles que la fraternit la solidarit ou l amiti L Arche de No L Arche part huit heures raconte ce fameux voyage de quarante jours em prunt la Gen se Sur la volont d un Dieu m content ne souhaitant malgr tout pas radiquer toute forme de vie sur terre No embarque avec lui un ar opage animal destin chapper au d luge programm La d vou e co lombe d licieuse
4. c une barbe qui pique en v lo l incompr hension Puis on le suit dans un cort ge nous menant au noir de la salle L nu comme un ver lui sant tapiss de limons il s aban donne au th tre sous les feux des projecteurs moiti mort moiti vivant d ployant tous les artifices de la sc ne et sollicitant l au del pour mieux asseoir notre pr sence au monde Un regret dans ce solo halluci nant qui d sinhibe le rapport la mort encore taboue chez nous qu il mait pas davantage creus sa mati re textuelle C est peut tre venir apr s une courte forme quarante minutes qui nous laisse un go t de trop peu ou mieux un sentiment d inachev CDT Jusqu au 15 d cembre Arsenic Lausanne www arsenic ch CIN MATH QUE SUISSE LAUSANNE Hommage Christine Pascal Actrice et cin aste fleur de peau qui s est donn la mort en 1996 Christine Pascal est l honneur la Cin ma th que suisse avec ses cinq r alisations dont Le Petit prince a dit 1994 et autant de films o elle a jou Le cycle d bute mardi avec une soir e sp ciale o seront pro jet s son dernier long m trage Adult re mode d emploi ainsi qu un documentaire tourn durant son montage MLR www cinematheque ch ART CONTEMPORAIN La Ville de Gen ve encourage les cr ateurs avec trois bourses La Ville de Gen ve a d cern hier soir trois bourses dot es chacune de 10 000 francs pour encou
5. nt Christian Bo vey dont la visite par les trois pal mip des presque happ s par le gorille est tout bonnement hilarante Fort d un happy end L Arche part huit heures poss de aussi cette bienveillan ce qui rend la pi ce tendre et cocasse De l automate l humain Leftet d chelle qu op re Christian Denisart est galement particuli re ment r ussi et le recul sur l esp ce hu maine garanti gr ce au passage d une dimension l autre de la miniature de pingouins automates la taille humaine de leurs doubles humains Dans l infini ment petit on suit avec d lectation les p r grinations de ces automates qui ont les traits des com diens entre les ice bergs de la banquise Le saut est aussi celui de l enfance au monde adulte ou du jeu la r alit Actionn par l une des musi ciennes le syst me t l command qui les guide dans leur qu te titillera aussi bien le jeune public que ses a n s A laune de ce petit monde r gi de l ext rieur dans l infiniment grand les trois interpr tes dans leur costume de plu me r pondent eux aux volont s di vines ou les d jouent Une irr sistible m taphore de la condition humaine D s 7 ans Jusqu au 31 d cembre Le Petit Th tre 12 Place de la Cath drale Lausanne r s amp 021 323 62 13 www lepetittheatre ch wwvw lesvoyagesextraordinaires ch le dialogue entre les si cles MUSIQUE e C est sous le signe des Miroirs q
6. rager la jeune cr ation contemporaine Les Genevois Jonas Hermenijat et Martin Pan chaud ainsi que le Sud Cor en Eun Yeong Lee sont les laur ats de cette dition 2014 Leurs uvres sont d couvrir jusqu au 19 janvier au Centre d Art Contemporain La Ville a aussi remis la bourse 2013 destin e un projet de m diation en art contemporain au collectif Utopiana qui obtient 15000 francs Enfin la bourse pour artiste de plus de 35 ans 35000 francs revient Solvej Dufour Andersen ATS CONCERT LA GRAVI RE GE Antigel des sons sous le sapin Avant de faire fondre la glace une quatri me fois durant la premi re quinzaine de f vrier le festival genevois Antigel offre son public une mise en bouche et non des moindres samedi la Gravi re l honneur Timber Timbre photo sensation cana dienne du folk blues cham briste la voix velout e et habit e de Taylor Kirk aux avant postes Le groupe pr sentera un avant go t de l album pr vu pour succ der au tr s acclam Creep On Creepin On 2011 La seconde partie de soir e se fera nettement plus d lur e cap sur la piste de danse avec Solange la Frange Ngoc lan Peter Stoffel et les infatigables Chicklettes pour une orgie electro hip hop dubstep et tutti quanti RMR DR Sa 14 d cembre d s 21h 9 ch de la Gravi re Les Acacias GE Loc sur place ou sur www antigel ch
7. s en partage Faits de connivences ou de contrastes les reflets r ciproques que ces uvres changeront l espace d une soir e ne manqueront pas d engager le public vibrer et r fl chir lui aussi l tre et au devenir Apr s Mozart ce seront Haydn 26 janvier Holliger 23 mars et Bach 7 mai qui se pr teront au miroitement Par l intelligence de leur programma tion et par la tr s grande qualit des musi ciens impliqu s les Swiss Chamber Concerts ont su se donner les moyens de porter haut les valeurs qu ils incarnent parmi les m lomanes de la Suisse enti re aucune barri re de r sti ne cantonne les reflets de leurs miroirs qui scintillent de Gen ve B le et de Zurich Lugano Et une fois qu ils ont fini d accorder leurs ins truments ils n ont pas besoin de traduc teurs pour se faire comprendre aux mul tiples coins de la Conf d ration I MiroirMozart ce soir 20h Conservatoire de Gen ve uvres de Thurner Kelterborn Cerha Mamlok et Mozart Swiss Chamber Soloists Heinz Holliger hautbois Hanna Weinmeister violon J rg D hler alto Daniel Haefliger violoncelle Gilles Vonsattel piano Rens www swisschamberconcerts ch VENDREDI 13 DECEMBRE 2013 La madeleine de Leproust SC NE C dric Leproust remue le souvenir et les morts A la fois c leste et d outre tombe C est bien une performance d acteur que livre C dric Le proust l Arsenic Lausanne
8. ue les Swiss Chamber Concerts ont plac le programme de leur 15 saison Ce soir au Conservatoire de Gen ve c est Mozart qui refl te CHRISTOPHE IMPERIALI Jean Cocteau disait plaisamment que les miroirs feraient bien de r fl chir un peu plus avant de renvoyer les images Ceux que tendent les Swiss Chamber Concerts sont des miroirs qui ont r fl chi ce qu ils veulent refl ter Des miroirs qui font r fl chir et vibrer aussi Refl ter le pr sent dans le pass et vice versa tel a toujours t le projet d un en semble qui compte d j plus de soixante cr ations mondiales son actif mais qui n a jamais coup la musique contemporai ne de ses racines parfois profond ment enfouies Sans s associer ce quil est convenu d appeler le post modernisme les Swiss Chamber Soloists cherchent pourtant chapper ces autoroutes de la modernit dont la vulgate avant gardiste s est peu peu constitu e en un nouveau conformisme Leur pari est au contraire de susciter un dialogue au sein de la gran de tradition culturelle occidentale en jouant de la mise en pr sence de l avant hier et de l aujourd hui dans chacun de leurs concerts Ce soir c est le divin Mozart qui dialogue ra avec ses lointains descendants Friedrich Cerha Rudolf Kelterborn et Ursula Mam lok Leurs diff rences Un petit quart de mill naire Leurs points communs Au moins une m me foi dans l art des sons li vr
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