CHAPITRE 3 : PETITE HISTOIRE DU COUPLE
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1. loigne de plus en plus de la vie et de toute possibilit d intimit avec le monde et les tres qui nous entourent Car le patriarcat repr sente bien plus qu une organisation du pouvoir social et politique Il n existe pas de fa on abstraite et ind pendante de nous Il existe d abord et avant tout en nous Par exemple nous g rons nos motions et nos pens es selon ses diktats lorsque nous faisons sans cesse passer le devoir ext rieur avant les valeurs affectives lorsque la raison l emporte sur le C ur Le patriarcat nous a jet dans une effroyable division qui repr sente une blessure intime pour chaque homme et chaque femme Voil pourquoi la cr ation d une intimit r elle entre les hommes et les femmes dans l galit et la compl mentarit est le seul rem de possible nos maux 2 Guy CORNEAU N y a t il pas d amour heureux collection R ponses Robert Laffont 1997 p 28 Quant Reiner Maria Rilke je souhaite ici saluer l l gance de sa formulation Les sexes sont peut tre plus parents qu on ne le croit et le grand renouvellement du monde tiendra sans doute en ceci l homme et la femme lib r s de toutes les erreurs de toutes leurs difficult s ne se rechercherons plus comme des contraires mais comme des fr res et s urs comme des proches Ils uniront leur humanit pour supporter ensemble gravement patiemment le poids de la chair difficile qui leur a t donn e Et le c2. de sa confiance en elle la confirmation par le regard du p re de son existence ce dont elle a besoin pour se sentir aimable capable et d sirable Voil tr s sch matiquement selon Corneau comment le terrain est min d avance dans la rencontre amoureuse L homme a tendance fuir par trop d amour et de sollicitude re us de sa m re Il craint de blesser cette femme qui lui a tout donn et il suivra la m me logique avec sa partenaire Il redoute galement de s affirmer comme diff rent par manque d appui rassurant du c t du p re et des autres hommes Il risque soit de r primer soit d exalter par compensation son agressivit Quant la femme ayant souvent t moins valoris e et investie par sa m re elle peut se sentir tr s vide int rieurement et attendre interminablement d tre remplie par l homme qu elle met alors sur un pi destal Elle surinvestit en cons quence la notion de couple et d amour alors que l homme par contre vise son ambition professionnelle ou tout autre domaine qui le d leste de l attente f minine moins qu il n ait choisi d en rester d pendant En outre Corneau signale que la division traditionnelle des t ches au sein du couple a eu aussi comme corollaire la division des ressentis Aux femmes revenait le droit de vivre leurs motions et de les exprimer aux hommes la capacit d affirmation Il tait n cessaire qu clate ce carcan pour que chacu
3. pandue dans le psychisme masculin entre l pouse fid le ressemblant maman et envers laquelle il n est pas question d avoir de d sir et la putain l objet sexuel avec lequel toute licence est permise TI ne faut pas que l homme use de sa femme comme d une putain ni que la femme se porte envers son mari comme avec un amoureux Fran ois LEBRUN article in Les amours paysannes dans Les Collections de l Histoire L amour et la sexualit n 5 trimestriel juin 1999 p 67 4 Ibidem 5 Cfr Guy CORNEAU N y a t il pas d amour heureux collection R ponses Robert Laffont 1997 Fran ois LEBRUN art cit p 68 Il a cependant fort parier que la r alit des comportements s loignait consid rablement des codes impos s par les dits eccl siastiques L influence du mod le bourgeois Il faut attendre la fin de 18 si cle pour voir les caract ristiques de la famille traditionnelle s att nuer puis dispara tre et pour observer la transformation radicale des valeurs le bonheur individuel prend le pas sur les notions de lignage et de responsabilit collective dans le sillage du courant des Lumi res Les rencontres se privatisent les jeunes revendiquent leurs ambitions et d sirs personnels l amour romantique appara t et son corollaire l exaltation du sentiment amoureux avec une plus grande libert d expression La fonction conomique de la famille continue tre r pond
4. rante mais l affectivit devient la valeur de r f rence gt Entre 1750 et 1950 l accent est de plus en plus port sur la vie priv e le mod le devient la famille nucl aire r duite mesure que s intensifie le processus de modernisation caract ris par l industrialisation l urbanisation et la d christianisation achevant de d tendre les liens avec les principes traditionnels et le contr le social L individualisme et sa qu te de satisfactions personnelles en droite ligne avec la notion de salut personnel chr tien mais surtout renforc par l id ologie bourgeoise devient au cours du 19 si cle ce qui signe l essentiel du bouleversement des m urs au d triment de la tradition On cherche de plus en plus tre heureux en amour aussi La conscience de soi merge de plus en plus gr ce notamment au r le du miroir du portrait plus tard de la photographie ainsi que de la reconnaissance administrative individuelle L individu devient une unit de base identifi e reconnue valoris e dans la soci t au contraire de la soci t traditionnelle qui le redoutait Au 20 si cle l id ologie bourgeoise et capitaliste se r pand insistant sur la notion de survie de l ensemble familial avec une r gulation surveill e de la f condit La sexualit doit tre mod r e et organis e de mani re rationnelle surtout qu il reste des traces traumatiques des grands fl aux que furent n
5. Les Cahiers Rouges 1937 18 Anne Marie SOHN article La r volution sexuelle a t elle eu lieu in Les Collections de l Histoire L amour et la sexualit n 5 trimestriel juin 1999 p 104 En 1973 de fa on facultative et prudente l ducation sexuelle fait son entr e dans les programmes scolaires fran ais venant enfin offrir un minimum d informations concernant la contraception et les maladies sexuellement transmissibles aux jeunes Il faut dire que jusqu en 1950 l ignorance totale tait de rigueur Les ann es 60 ne t moignaient pas encore de beaucoup plus d aisance mais on commen ait d culpabiliser L orgasme est devenu pratiquement un gage de bonne sant vers les ann es 70 on fait l amour de plus en plus jeune et de plus en plus longtemps Les femmes affirment leurs d sirs et leurs limites le consentement mutuel est pr sent important Paule Salomon constate que certains hommes sont aujourd hui en perte de rep res galement au sujet de leur sexualit En effet la mutation en cours change parfois compl tement leur fa on d tre en relation physiquement avec une femme D une part les femmes peuvent s av rer conqu rantes et les d concerter et d autre part il arrive que les hommes se rendent compte qu ils ne sont plus la recherche de la m me sexualit qu auparavant ax e sur la g nitalit Leur sensibilit l ouverture des dimensions plus subtiles et plus te
6. charg es du poids d une histoire collective d organisation familiale Me r f rant un article de Anne Marie Sohn traitant de ce th me quelques lignes seront consacr es en fin de chapitre r capituler laconiquement l volution des comportements sexuels durant ce si cle Paule SALOMON La sainte folie du couple Albin Michel 1994 p 277 Le couple d antan La famille traditionnelle Le couple d antan est situer dans la famille traditionnelle et son mode d organisation Celle ci tait caract ris e par une vie sociale intense et mouvement e L essentiel du partage intra familial tait en fait li au travail et conomique puisque la famille constituait la plupart du temps une unit de production avant tout Les liens de solidarit taient tr s forts et refl taient la trame du r seau social La plupart des autres activit s avaient lieu l ext rieur du cercle familial des groupements divers r unissaient les jeunes par exemple tout cela rendant l intimit au sein de la maison r duite sa plus simple expression m me si la promiscuit dans les milieux populaires tait importante vu l espace r duit dans lequel les gens devaient vivre En fait crit Paul Servais les liens taient plus vidents et plus intenses entre les gens de m me sexe et de m me ge qu entre les membres d une m me famille qui se retrouvaient surtout pour travailler et dormir d fendre et pe
7. la sorte l ordre social Chaque homme na t dans une certaine condition dont en principe il ne peut ni de doit sortir Ces constatations proviennent plus sp cifiquement du milieu bourgeois minoritaire en importance mais qui a laiss plus de sources pour les analyses qui en furent faites ult rieurement En ce qui concerne les milieux paysan et ouvrier on put toutefois inf rer qu ils suivirent l exemple en mati re de pr gnance de la communaut d absence d affection et de romantisme On porte aussi peu d attention la beaut physique reconnue comme un argument sans port e v ritable par la sagesse populaire la passion n est pas au rendez vous des pousailles Montaigne en t moignait On ne se marie pas pour soi quoi qu on dise on se marie autant ou plus pour sa post rit pour sa famille Un bon mariage s il en est refuse la compagnie et les conditions de l amour Il est clair que le peu de valeur attribu e la sexualit sous l influence des pr dicateurs et des th ologiens allait de pair avec cette incompatibilit entre amour et mariage puisqu elle tait encore plus taboue au sein m me de l union officielle qu au dehors Seule la procr ation pouvait justifier le rapprochement des corps Si recherche de plaisir il y avait c tait dans les pratiques extraconjugales qu on le trouvait Nous observons l le mod le de comportement qui g n ra cette dichotomie encore tr s r
8. PETITE HISTOIRE DU COUPLE L amour humain incarn dans le couple est peut tre la seule valeur qui puisse proposer un sacr collectif en dehors de toute religion Il me semble bien propos de consacrer quelques pages l histoire du couple On a coutume de l entendre le couple est en crise Nous pouvons accepter cette fa on de nommer l volution de l poque avec le ton sceptique voire pessimiste qui l accompagne en g n ral Pourtant certaines personnalit s du monde de la psychologie et du d veloppement personnel semblent y voir une nouvelle opportunit un renouveau du jamais vu certes mais aussi une toute nouvelle aventure qui s offre nous si nous sommes pr ts laisser le pass au pass ou peut tre d abord en d coder le poids Laissons nous d s lors r capituler quel est l h ritage des si cles derniers et situer le couple moderne dans cette perspective plus large ainsi que la naissance de l individu Pour ce faire je vais me baser d abord sur le livre de Paul Servais et compl ter ensuite mes sources par des articles publi s par d autres historiens Fran ois de Singly par son approche sociologique permettra en outre de mettre en lumi re comment le couple et la famille se sont transform s pour r pondre de nouveaux besoins Les r flexions de Guy Corneau psychanalyste seront utiles pour pr ciser la nature des r sidus psychologiques dont peuvent souffrir les personnes
9. ait d apprendre jouer des r les pr tablis La conception moderne de l individu d valorise les r les ce qu il se repr sente comme tels exaltant au contraire l originalit et encore plus l authenticit comme sentiment de fid lit soi m me L auteur pr cise que cette d couverte du soi profond n a pas lieu dans l isolement mais dans le dialogue et l change avec l ext rieur en partie au moins En cela la reconnaissance mutuelle des tr s proches est fondatrice ainsi que le respect que les individus se portent Il crit m me que le regard de l autre sur soi constitue une forme contemporaine de ma eutique Ce qu il d fend tout au long de l ouvrage est justement le fait que la famille contemporaine a r ussi se transformer pour r pondre aux besoins actuels non plus comme une institution ce qui a perdu en grande partie sa pertinence mais comme une matrice d mergence de l identit et cela gr ce l amour l affection et aux liens de confiance qui loin d tre un acquis absolu demandent tre travaill s pour accomplir cette mission de Singly soul ve aussi le fait que cette mission ne peut souvent pas tre aussi r ussie qu on ne le r ve dans l id al puisqu une relation a toujours ses limites et les partenaires aussi C est pourquoi il arrive que les conjoints qui se s parent vivent comme une nouvelle naissance Fran ois De SINGLY p 13 10 Jb
10. arents est absent ou d missionnaire l enfant est immanquablement en perte d une r f rence sexu e il n y a pas de substitut assur comme support d identit Autrement dit avec l apparition de ce que l on a coutume d appeler la famille nucl aire le petit gar on se retrouvait bien souvent duqu majoritairement par sa m re et le p re manquant n assumait pas la fonction d initiateur la masculinit et de s parateur du monde de la m re 12 Idem p 46 1 Guy Corneau conf rence Le couple est il possible ITREC Paris f vrier 1997 M L auteur pr tend d ailleurs que la famille nucl aire ne fait que commencer actuellement 15 Cfr Guy CORNEAU P re manquant fils manqu Les Editions De l Homme 1980 Une pr sence trop pr gnante de la m re accompagn e par une importante attente implicite l gard de ses enfants seuls pourvoyeurs d affection et du sentiment d identit engendre pour les enfants des deux sexes une difficult souvent inconsciente s en d tacher Les hommes s tant construits suivant ce mod le peuvent avoir une grande peur de l engloutissement dans le f minin ce qui les portent alors refouler leurs sentiments et ventuellement fuir l intimit avec les femmes De son c t la petite fille imprime donc galement une dette l gard de sa m re et par ailleurs elle attend toujours le support masculin n cessaire au fondement
11. idem 1 Idem p 33 Il cite cet endroit Andr Conte Sponville propos des deuils faire dans le couple ou lors des s parations Etre en deuil c est tre en souffrance Il y a deuil chaque fois qu il y a perte refus frustration Il y a donc deuil toujours non parce que aucun de nos d sirs n est jamais satisfait mais parce qu ils ne sauraient jamais l tre tous ni d finitivement Le deuil est cette frange d insatisfaction ou d horreur selon les cas par o le r el nous blesse et nous tient d autant plus fortement que nous tenons davantage lui Les conditionnements psychologiques Guy Corneau met l accent sur les conditionnements psychologiques issus des g n rations pass es qui ont du mal se dissoudre Il propose de comprendre en quoi le couple moderne typique du 20 si cle peut encore souffrir des donn es patriarcales En effet depuis l industrialisation les p res ont eu tendance d serter la sph re familiale et laissant la toute puissance maternelle aux commandes de l ducation ceci eut des implications non n gligeables sur la construction de l identit et ses failles Selon Corneau l organisation clanique des familles traditionnelles permettait une interaction plus riche avec un nombre beaucoup plus important de mod les d identification n cessaires la construction de l identit de l enfant La famille moderne n offre plus cela Aussi si l un des p
12. lles furent les incidences psychologiques de cette organisation familiale et du couple sur le couple actuel et sa difficult Le couple moderne La matrice d mergence Fran ois de Singly d montre quel point la famille est devenue le lieu de la recherche identitaire de la qu te de soi C est une nouvelle exigence tr s paradoxale puisque la fois on esp re y trouver le terreau s curisant le cocon o venir se ressourcer et partager les vicissitudes d une vie ext rieure stressante imposant une combativit prouvante et en m me temps on veut aussi tre stimul encourag d velopper ses capacit s propres en totale autonomie Fran ois de SINGLY Le soi le couple et la famille Nathan Collection Essais et Recherches 1996 La famille doit donc assurer ce double r le de s curit et de moteur et surtout permettre l closion du soi profond Au sein du couple il est alors question de concilier fid lit soi m me fid lit l autre et continuit de l union autrement dit de conjuguer d pendance et ind pendance En rapport avec cette nouvelle recherche de l individu dans les soci t s occidentales contemporaines de Singly crit Le travail de tout individu est de parvenir d couvrir cette identit personnelle cach e au fond de lui m me cette identit que nous nommerons intime Il n y parvient donc pas par l int riorisation de r gles de morale par le f
13. n puisse incarner davantage de traits habituellement octroy s l un ou l autre des sexes Ce psychanalyste rel ve aussi le fait vident que nous n avons aujourd hui pas vraiment de mod les de couple qui nous ouvrent la voie de l autonomie partag e dans l galit de valeur La nouvelle fa on d tre ensemble est donc inventer et c est peut tre le grand d fi des temps modernes Selon lui la vraie intimit n a jamais vraiment exist entre l homme et la femme Paule Salomon arrive des constatations similaires En effet il y a si peu de temps que l on s assemble autour de l amour Voici un texte de Corneau qui r capitule ses id es et des aspects qui seront approfondis dans plusieurs chapitres de ce m moire Pour chacun et chacune la terrible loi du monde patriarcal demeure la m me Coupe toi de tes motions et de tes sentiments si tu veux survivre Le couple risque en fait de demeurer impossible tant qu un tel esprit r gnera dans nos soci t s La masculinit patriarcale se construit sur l amputation du c ur et du corps Elle s tablit sur la r pression de la sensibilit et de la sensualit et sur le blocage de l expression spontan e des sentiments Elle propose comme rem de tous les maux la domination d une raison abstraite qui impose sa loi tous les autres registres de l tre C est notre participation tous hommes et femmes ce mythe collectif qui nous
14. ndres de leur tre entra nent des besoins tr s diff rents mais pas toujours tr s faciles apprivoiser Les femmes peuvent se r jouir de toucher un autre rotisme voire en tre les initiatrices ou aussi s en sentir d sempar es En conclusion Il ressort de ces diff rents clairages que le couple vit une mutation tr s importante dans l histoire des m urs C est dans l intimit des foyers que l individu actuel cherche son quilibre affectif et esp re trouver son identit profonde Or si l amour et la qu te int rieure remplacent la stabilit sociale dans la hi rarchie des motivations il va sans dire que ce sont de nouvelles cartes qui sont distribu es et le mode d emploi n a pas t fourni 1 Paule SALOMON s minaire Femme Solaire Homme Lunaire Dr me novembre 1998 2 Ces aspects seront d velopp s galement dans le dernier chapitre relatif la communication sexuelle et affective Avant de poursuivre ce questionnement au chapitre suivant j emprunte Agn s Favard cette citation qui r sume clairement et simplement ce qui ressort de celui ci Le couple actuel na t et cherche perdurer sur la seule force d une rencontre avec l amour Or pour qu il persiste d tach comme il l est aujourd hui des traditions et des institutions coup des anciens rep res mod les et soutiens il a trouver en lui m me ses propres raisons d tre L engagement l approf
15. omportement sexuel D une mani re g n rale la vie intime s est progressivement rotis e tout au long du 20 si cle jusqu nos jours Au 19 si cle en milieu rural le co t tait encore souvent r duit sa plus simple expression Et si en 1914 il tait encore rare que les poux se montrent nus l un devant l autre et si le baiser tait consid r comme une ind cence absolue selon les enqu tes men es chez les Fran ais les comportements sont ensuite devenus plus audacieux et surtout plus vari s et les partenaires plus attentifs qualitativement L volution des derni res d cennies laisse une large place la recherche de relations sexuelles harmonieuses d sormais indissociables de l amour Mai 68 marqua bien videmment le d marrage d une grande lib ration des m urs on parle on montre on affiche Les l gislations durent s adapter en cons quence et jamais autant que durant le dernier tiers du 20 si cle on ne vit la vie priv e aussi politis e lois sur la pilule le partage de l autorit parentale l avortement la d p nalisation de l adult re derni rement le PACS en France et le contrat de cohabitation l gale en Belgique etc Les pressions militantes ont favoris cette mise en concordance du pouvoir l gislatif auparavant toujours en d calage avec l volution des comportements 17 Citation du po te Reiner Maria RILKE Lettres un jeune po te Grasset
16. ondissement de l intimit la qu te du bonheur ouvrent des dimensions secr tes et profondes de l tre qui exigent un travail de prise de conscience et de progressive transformation Agn s FAVARD feuillet de pr sentation des activit s 1997 de l ITREC Institut fran ais du transpersonnel
17. otamment la tuberculose et la syphilis Servais l exprime ainsi la famille devient le temple de la sexualit ordinaire la chambre coucher se ferme au reste du monde L Eglise et la collectivit renoncent au contr le qu elles exer aient dans la soci t m di vale La conception du corps se modifie aussi largement Auparavant celui ci n tait que le r ceptacle de l me il devient maintenant identifi la personne elle m me Les progr s de l hygi ne et de la m decine participent sa mise en valeur confinant un v ritable culte et parall lement on accepte beaucoup moins la maladie et la mort qui deviennent une offense Ainsi les travaux de Philippe Arri s sur lesquels se base Servais t moignent du fait que la mort a remplac le sexe dans le registre de l obsc ne Les derni res d cennies A partir des ann es 1970 le poids des facteurs entrant dans le choix du conjoint marquent de tr s grandes diff rences avec le pass on reste beaucoup moins limit sa classe sociale l approbation des parents diminue en importance par contre on devient de plus en plus exigent quant aux crit res tels que les go ts communs le travail l intelligence la sexualit et la beaut Par ailleurs le divorce est devenu monnaie courante ce qui accompagn de la facilit d utilisation de la pilule contraceptive de l augmentation de l autonomie financi re des femmes et du bouleversement de
18. rp tuer le nom et le patrimoine A c t de cela chacun avait ses loisirs l ext rieur Autre caract ristique marquante la pr sence permanente de la communaut dans la vie des familles imposant son regard normatif et participant activement tous les v nements importants qui jalonnent l existence Les modalit s qui structuraient les rapports entre les sexes taient tr s ritualis es et laissaient peu de place la spontan it des sentiments et des attirances Dans les milieux bourgeois la cour traditionnelle avec ses formulations st r otyp es poussait ces aspects leur paroxysme Les familles codifiaient n gociaient les rencontres en fonction de leurs int r ts qui seuls comptaient v ritablement bien qu on ne puisse savoir avec exactitude combien taient prises en consid ration les sympathies C est aux parents seuls qu appartenait la d cision derni re d unir indissolublement les destins 2 Paul SERVAIS Histoire de la famille et de la sexualit occidentales Collection Pr dasup Academia 1993 De surcro t il tait pratiquement indispensable d acc der au mariage d s que c tait rendu possible conomiquement d o l ge souvent avanc car tout l difice social reposait sur son organisation imm moriale de r partition des t ches notamment L endogamie g ographique et sociale tait g n ralis e valorisant l accouplement au semblable et perp tuant galement de
19. s habitudes sexuelles partir de mai 68 joue norm ment sur l ind pendance de la femme aux d pens de la domination masculine Ce n est pas une petite r volution En effet comme l explique Servais le p re en moins de deux si cles voyant progressivement s amenuiser ses pr rogatives a d renoncer plus ou moins 5000 ans de patriarcat On comprend la recherche de nouveaux re p res actuels 7 Paul SERVAIS op cit p 65 Toutefois cette transformation dans la situation de la femme ne va pas non plus sans difficult s de son c t puisqu elle n est pas habitu e assumer son autonomie tous les niveaux Elle h rite du mod le de la femme bourgeoise qui s tait vu assigner le r le de la grande m re reine du foyer puisque retir e de la vie professionnelle charg e de l ducation des enfants et toute enti re d vou e son poux L amour maternel ayant t fortement valoris il tait sa seule justification avec son poids de responsabilit quant au bonheur des siens La femme n existait pas beaucoup autrement Notons que cette situation variait cependant assez bien en fonction des milieux cela fut galement le cas dans les milieux ruraux mais dans une moindre importance car la m re continuait devoir assumer de nombreuses autres t ches la gestion conomique les travaux aux champs les soins de sant etc Voyons pr sent comment la famille a chang de fonction et que
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