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1. Patrice Ch reau on le sait a presque abandonn le th tre pour se consacrer au cin ma Peut tre que cette volution tient un d sir de retourner la figuration dont dit il la sensibilit moderne a besoin cit p 352 un peu comme la musique est en train de revenir l harmonie et la m lodie Lui m me fils de peintre la peinture a jou du moins au d but de sa carri re un grand r le dans son adh sion l image sc nique dans les Soldats de Jacob Lenz entre autres mais cette priorit sera revue apr s sa rencontre avec celui qui deviendra partir du d but des ann es 70 son sc nographe attitr Richard Peduzzi Le Massacre Paris de Christopher Marlowe fera beaucoup de bruit cause de ce qui sera per u comme un d sengagement h don iste l gard de l Histoire Une double constante se d gage cependant du travail de Ch reau l importance de l motion faire partager au spectateur et la port e cri tique de l image Peu peu l all gorie cette forme narrative du symbole semblera Ch reau un objectif int ressant car dit il le th tre est le lieu privil gi o les id ologies les dialectiques sont donn es voir et peuvent tre montr es cit p 350 Pour rendre justice aux univers de Genet de M ller ou de Kolt s Ch reau renoncera aux astuces du th tre l italienne comme le cadre de sc ne et la pro fondeur sc nique dont il avait pou2. Compte rendu Vers une culture du regard La Sc ne et les Images Alexandre Lazarid s Jeu revue de th tre n 104 3 2002 p 145 149 Pour citer ce compte rendu utiliser l adresse suivante http id erudit org iderudit 26414ac Note les r gles d criture des r f rences bibliographiques peuvent varier selon les diff rents domaines du savoir Ce document est prot g par la loi sur le droit d auteur L utilisation des services d rudit y compris la reproduction est assujettie sa politique d utilisation que vous pouvez consulter l URI https apropos erudlit org fr usagers politique dutilisation rudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif compos de l Universit de Montr al l Universit Laval et l Universit du Qu bec Montr al Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche rudit offre des services d dition num rique de documents scientifiques depuis 1998 Pour communiquer avec les responsables d rudit info erudit org Document t l charg le 16 novembre 2015 08 11 ALEXANDRE LAZARID S Vers une culture du regard Un genre commode T au long de la lecture de la Sc ne et les Images on se rend compte que le th tre d images concept central de ce volumineux ouvrage reste difficile cerner M me si quelques d finitions en sont propos es par les signataires des tudes elles s annulent l une l autre sans qu aucune ne
3. s le d but du XX si cle mais devenue plus aigu au lendemain de la Deuxi me Guerre En m me temps les fronti res entre les arts et les genres commen aient s estomper en guise de pr lude aux manifestations baptis es par la suite performance happening multim dia m tissage Heiner M ller l La d finition qu en donne Patrice Pavis dans son Dictionnaire du th tre laissera le curieux sur sa faim l entr e Th tre d images on lit ceci Type de mise en sc ne qui vise produire des images sc niques g n ralement d une grande beaut formelle au lieu de faire entendre un texte ou de pr senter des actions physiques en relief Il ajoute dans une veine psychanalytique que les metteurs en sc ne recourent naturellement une pens e visuelle susceptible de sugg rer la dimen sion inconsciente profonde de l uvre Dunod 1996 p 373 Ces d finitions sont circulaires puisque les expressions images sc niques et dimension inconsciente profonde devraient tre d finies leur tour 145 si critique l gard des m dias asservis au culte populiste de l image donne une expli cation presque inverse de ce ph nom ne la fois social esth tique et technologique en soulignant le r le positif que la pr tendue crise du texte aurait jou dans l volution du th tre de texte vers le th tre d images qui ne serait selon lui qu une nouvelle lib ra tion du text
4. o cette r flexion premi re vue nigmatique de Matthias Langhoff Id ologiquement je ne comprends pas la diff rence entre th tre et cin ma C est comme la musique ou la peinture p 89 Dans les faits il y a une diff rence consid rable entre les images cin matographique cathodique ou m me peinte et l image de th tre Tout en sug g rant les effets du montage cin matographique celle ci serait d gag e du rap port totalitaire et hypnotique l image Sylvie Chalaye p 262 L exp rience de trois metteurs en sc ne bien connus pourrait en t moigner Jacques Lassalle reconnait ouvertement que ses mises en sc ne s inspirent des grands classiques du septi me art Vigo Murnau Carn ou Keaton qu il n h site pas en quelque sorte plagier Sur la sc ne je filme mais sans cam ra dit il cit p 114 Ces r f rences au cin ma auraient en fait plus d un avantage comme d clairer une r plique comprendre les enjeux d une relation sugg rer le climat d une sc ne infl chir le jeu d un com dien dessiner les caract ristiques physiques d un personnage en pr senter les traits psychologiques Rita Freda p 112 C est ainsi que pour le Misanthrope il a imagin un dispositif sc nique multiple et des clairages qui lui permettent de procurer la salle l illusion du fondu encha n du champ et du hors champ du gros plan etc C est donc vers un renouvellement de la tec
5. s impose La compr hension que le lecteur en garde demeure largement intuitive Il y au rait au moins deux bonnes raisons cela D abord l image dans l tat actuel de sa production techno logique tr s diversifi e ne peut recevoir de d finition univoque image des arts plastiques mais aussi celle de la t l vision image mouvement du cin ma ou en core image simulacre du moniteur vid o Mirella Nedelco Patureau p 169 Depuis Marshall McLuhan nous savons aussi que cha cune de ces sortes d images commande un regard sp cifique induit une r ception particuli re Ensuite chaque metteur en sc ne se fait une conception bien trop per sonnelle de l image m me si tous travers elle caressent le r ve tenace de reth a traliser le th tre La d finition vieille de trente ans et devenue depuis c l bre que Barthes donnait de la th tralit le th tre moins le texte autrement dit per ception cum nique des artifices sensuels gestes tons distances substances lu mi res cit p 320 se rev t r trospectivement de couleurs proph tiques L expression m me de th tre d images n est entr e dans l usage qu apr s une cer taine r sistance elle m me d nomm e querelle des images durant les ann es 70 et semblait devoir faire pendant th tre de texte Il faut rappeler que le th tre d ima ges est issu de la crise du texte diagnostiqu e d
6. Un texte a l avantage de se d pos er dans la m moire sous forme de sens dans une structure narrative complexe certes mais malgr tout famili re Enfin le risque de l esth tique internationale du bien fait Fr d ric Maurin p 59 mine la priorit accord e l image qui pourrait bas culer dans l abstraction d corative C est un reproche que les partisans d un th tre militant n ont pas manqu d adresser au th tre d images En revanche c est dire en l absence d id es reste le plaisir qu on peut prendre au jeu des acteurs et des objets la construction et la d construction de ces images Bernard Dort cit p 347 l enseigne du septi me art L influence du cin ma per ue quelquefois non sans raison sans doute comme une menace pour le th tre pour le th tre de texte s entend est bien au contraire pour les tenants du th tre d images une source d inspiration qui fait retourner l art dramatique son enfance Jacques Copeau cit p 1032 Bien qu importante la peinture ne vient qu en deuxi me lieu Dans l impossibilit pratique d imiter le cin ma le metteur en sc ne doit trouver des quivalents du cadrage du montage des mouvements d appareil etc Le passage du langage cin matographique au langage dramatique exige une v ritable recr ation la mani re d une traduction po tique entre des langues qui appartiennent des familles tout fait diff rentes D
7. e Je suis persuad que la litt rature sert r sister au th tre Tel que le th tre est conditionn seul un texte impraticable s av re productif et int ressant pour lui cit p 141 C est pourquoi le th tre de l absurde celui d Ionesco par exemple semble entretenir un rapport particulier avec l image N a t on pas parl alors de Sire le Mot d tr n par l image par un th tre o pr dominent les effets visuels le ryth me les objets Mirella Nedelco Patureau p 178 De la vingtaine d tudes qui composent la Sc ne et les Images on y trouve aussi un t moignage de Georges Lavaudant la moiti est consacr e l un ou l autre des metteurs en sc ne en vue Wilson Langhoff Lassalle Ch reau etc ou une mise en sc ne particuli rement concern e par le recours l image Danse de mort par Langhoff Dom Juan par Didier Georges Gabily ou le Misanthrope par Lassalle Une demi douzaine d tudes est r serv e aux activit s de troupes surtout fran aises le Cosmos Kolej fond par Wladyslaw Znorko le groupe ALIS Association Lieux Images Sons le Th tre du Radeau anim par Fran ois Tanguy etc qui cherchent simplement autre chose Elles ont donc t consid r es comme du th tre d ima ges genre commode dans une poque d internationalisation effr n e o la traduc tion du texte est encore un frein pour la circulation des spectacles et il
8. hnique des r gles et des conventions du jeu que le th tre a t entrain par cette sorte de recr ation des conventions du langage cin matographique 2 Voit De l injouable dans Jen 101 2001 4 p 70 79 Le passage du langage cin mato graphique au lan gage dramatique exige une v ritable recr ation la mani re d une traduction po tique entre des langues qui appartiennent des familles tout fait diff rentes Georges Lavaudant dont l Orestie que nous avons pu voir Montr al il y a un an est un exemple du th tre d images se r clame de fa on encore plus explicite de Jean Luc Godard dont il dit que c est un artiste qui savait utiliser sa propre vie comme mati re premi re et en m me temps quelqu un qui se servait du cin ma comme un romancier se sert de son stylo cit p 127 Cette admiration pour l au teur de bout de souffle n est pas cependant exclusive et sait faire place Bertolucci Fellini Pasolini ou Bene et aussi quelques grands noms de la peinture tels D rer Matisse ou Piero Della Francesca La double influence du cin ma et de la peinture a conduit Lavaudant accorder une importance bien sp cifique au lieu mais aussi concevoir l acteur marionnette comme un mat riau une couleur dans l ensemble appel image sc nique Le corps marchandise et le corps plastique de la r alit vir tuelle se confondent ici en leur double postmodernit
9. illusion dans l image Fr d ric Maurin p 55 Ce succ s a fait entrer le concept de th tre d images dans le quotidien Le titre du spectacle tait lui m me un programme sinon un manifeste proclamant que l il suffit toujours l o la parole s av re difficile On y rel ve une criture sc nique enti rement ind pendante du texte et qui se compose de forme de mouvement de couleur de lumi re tous l ments qui lont fait comparer une pein ture trois dimensions L approche wilsonienne comporte cependant quelques ris ques L image ayant comme la musique une signification plut t qu un sens elle tend se poser en certitude en affirmation oppos e toute h sitation alors que en r a lit le metteur en sc ne ne peut jamais tre s r que les spectateurs verront l image qu il pensait avoir con ue la m me image que lui Le th tre d images doit donc tenir compte de cette incertitude originelle et transformer le spectateur en cr ateur habi lit par un regard duqu et responsable faire des choix dans l ensemble visuel afin de prendre en charge le sens du spectacle HN o4 20 147 C est pourquoi Heiner M ller reconnaissait dans le mod le wilsonien un concept th tral d mocratique Car l interpr tation est le travail du spectateur elle ne doit pas avoir lieu sur sc ne Crista Mittelsteiner p 143 Mais se souvient on r ellement ou longtemps des images qui ont t vues sur sc ne
10. re tableau Ils d non aient les d cors qui abusent du trompe l il et dont la fonction essentielle en tant que soutien la logique narrative et la psychologie consiste faire pour ainsi dire faussement vrai Sans doute est ce l exis tence de cette chose d nomm e r alit flottante et relative que le th tre d images veut remettre en cause en prenant des distances avec la le on brechtienne Chaque d tail doit y trouver son sens dans un ensemble parfaitement tudi et tant pis pour le naturel afin que l espace retrouve une unit symbolique perceptible plus i MO NL L estie mise en sc ne par Georges Lavaudant Spectacle du Th tre de l Od on 19991 pr sent au TNM en 2001 Photo Ros Ribas tir e de La Sc ne et les images Paris CNRS ditions p 133 l esprit qu l il et que l image puisse donner penser Denkbild dit la langue allemande comme le fait tout symbole Le jeu devra tre revu afin que le corps des com diens s int gre dans un espace sc nique o le r el a t d construit Le geste jadis con u comme un simple automatisme accompagnant la parole devra d sormais s in scrire en d phasage subtil avec elle soit en de soit au del jamais en servile coin cidence C est le Regard du sourd 1971 qui a rendu c l bre Robert Wilson parce que le met teur en sc ne avait r ussi y condenser la th tralit de la bo te
11. rtant su tirer des effets po tiques particuliers et sollicitera de ses com diens un jeu physique pulsionnel presque animal pour recr er un th tre o l image du vide vide ressenti comme un envers du th tre est acquise au prix de la n gation de toute image r aliste C est ce que Ch reau ap pelle organiser le secret cit p 357 C est encore une fois Bernard Dort que revient le jugement le plus nuanc sans doute sur l importance de ce renouveau du th tre par les images Il crivait en 1973 Le premier souci de bien des jeunes metteurs en sc ne est non de raconter une his toire ou de faire vivre des personnages mais de constituer sur sc ne un monde visuel et sonore qui soit comme un blason de l action Aux spectateurs de d chiffrer celle ci partir de celle l cit p 347 En fin de compte l effet le plus inattendu du th tre d images ne serait il pas de pointer vers une culture du regard Culture n ces saire dans la mesure o l image omnipr sente mais livr e sans mode d emploi res semble de plus en plus une langue maternelle peu ou mal enseign e j 3 Voir le compte rendu dans Jen 102 2002 1 p 46 50 149
12. se vend bien B atrice Picon Vallin p 23 La danse contemporaine en abandonnant la figura tion tel le spectacle Paradis de Jos Montalvo et Dominique Hervieu pour s in t resser la mati re de l espace temps et imposer le d centrement du regard comme porteur de m taphore Alix de Morant p 185 188 peut elle aussi tre log e la m me enseigne commode Il n y a pas jusqu aux surtitres dont on croyait la fonction strictement utilitaire qui ne puissent relever en tant que projec tions lumineuses sur une portion donn e de l espace sc nique de la probl matique de la sc nographie L entr e massive de l image au th tre serait entre autres un effet de la mondialisation d aucuns pr tendront de l uniformisation de la culture Une image qui donne penser Dans son usage contemporain tant t valoris tant t d nigr l image reste une notion ambigu dans la mesure o ni d cor ni sc nographie ne co ncident totalement aujourd hui avec la notion d image sc nique lie Konigson p 44 Elle est par l m me stimulante pour les cr ateurs tout comme l lectricit ou la reproduction du son D j Craig Meverhold et Artaud parmi quelques autres avaient soulign cha cun sa mani re que le visuel tombe dans l insignifiance s il choue devenir vision Une image mal con ue serait toujours expos e tre mal comprise au lieu de se faire vision elle risque de fai
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