1 LA SOUSTRACTION COMME MODALITÉ DE LA SÉPARATION
Contents
1. carit et d tre menac par la solitude c est int grer la rupture comme modalit du lien Conclusion En soulignant que la soci t n est pas un continuum homog ne de liens et d appartenances ou un espace unitaire nous avons voulu insister sur le fait que l exp rience sociale est marqu e par la discontinuit qu elle implique ainsi de g rer des liens sociaux multiples et vari s de traverser des mondes sociaux h t rog nes elle est donc une combinaison diachronique et synchronique de ruptures et d affiliations A l instar du conflit la prise en compte de la diff renciation sociale nous rappelle ainsi que la soci t reste jamais s par e d elle m me et qu elle ne peut trouver son fondement que dans cette s paration m me Cornu 1987 p 281 En nous focalisant sur la soustraction et la d fection formes volontaires de rupture nous avons voulu montrer que les ruptures ne seraient tre per ues uniquement au titre d anomalies ou d exceptions la bonne marche des choses elles sont au contraire consubstantielles l exp rience quotidienne et plus banales qu on ne le pr suppose g n ralement La rupture est aussi ressource cr ation fondation soustraction entreprenante bref au principe de l mergence de nombreuses formes sociales La sociologie de l exp rience quotidienne en d crivant la fois le travail permanent des acteurs sociaux et la banalit des ruptures peut donc sa fa2. fection exp rimentation et enfin la d fection retrait La d fection tactique est similaire l exit d Hirschman Celle ci fait toujours suite un m contentement est le fruit d un calcul ou d une valuation et se trouve toujours limit e dans son d ploiement et dans le temps La d fection est ici une ressource ponctuelle un individu m content rompt avec un ensemble social et en rejoint un autre il s agit donc bien d une exp rience circonstancielle La d fection fondation r pond galement une situation de blocage et de m contentement Elle pr sente de nombreux points communs avec la forme pr c dente notamment son aspect circonstanciel et limit dans le temps Mais elle s en distingue sur un point important le mouvement de sortie et de soustraction ne se fait pas vers un ensemble social pr existant Ici l ailleurs est construire inventer et cr er Cette forme de d fection n est en rien passive solution de facilit elle est selon le mot de Virno soustraction entreprenante Virno 1991 Elle n cessite donc nergie et imagination cette forme de d fection implique la mobilisation des comp tences des acteurs concern s et la plupart du temps des complices En effet la fondation cr ation d un ensemble social ne se fait jamais seul c est une aventure collective Nous pouvons ici penser ceux qui au sein d une organisation politique ou d une entreprise d cide de fonder leur propre struc
3. il s agirait donc de manifester sans cesse son extran it et cela non seulement vis vis des cat gories sociales utilis es habituellement pour qualifier autrui mais plus g n ralement vis vis des mod les parentaux et soci taux concernant les valeurs et les modes de vie Galland 1991 D apr s Bajoit et Franssen par exemple cette r flexivit juv nile serait le fruit d une tension et d un clivage entre un mod le soci tal bas sur l thique du travail et la raison sociale et de nouveaux mod les non encore l gitim s et donc difficilement praticables bas s sur le sujet et ce qu ils appellent l autor alisation autonome Bajoit Franssen 1995 Pour R Zoll r flexivit et autor f rentialit iraient de pair chez les jeunes ceux ci valueraient d sormais leurs actes laune de ce qu ils signifient pour eux m mes et de ce qu ils apportent en terme de r alisation de soi Zoll 1993 Ceci fait bien s r cho aux th matiques d U Beck et d A Giddens qui parlent d individualisation r flexive et mettent l accent sur les capacit s de mise distance critique dont les individus feraient preuve vis vis des cadres sociaux pr tablis Cette r flexivit se verrait d ailleurs accentu e par la fragmentation des biographies due la diff renciation des syst mes sociaux En effet les appartenances multiples les formes plurielles de socialisation donnent nombre
4. de personnes l occasion d exp rimenter de nouvelles possibilit s de choix et d actions dans leur quotidien et de se soustraire aux r les prescrits Cette exp rimentation est alors l occasion d une sorte de double prise de conscience elle permet non seulement de go ter aux joies de l ailleurs et de pr server des portes de sortie mais elle implique dans le m me temps une perception parfois douloureuse des contradictions ou des conflits induits par ces nouvelles marges de libert L individu se trouve donc dor navant dans une position active et d lib rative vis vis du lien social et de l identit Giddens 1991 1994 les ruptures font bien figure de ressources dans un tel contexte La labilit des liens sociaux le papillonnage existentiel et le nomadisme relev s par de nombreuses recherches peuvent alors tre per us diff remment en effet si l on suit G Bajoit et A Franssen par exemple vivre des relations amicales ou de couple sinc res intenses ou authentiques le nouveau cahier des charges des sociabilit s juv niles implique que celles ci soient libres ce qui signifie qu elles ne peuvent en elles m mes rien garantir de durable quant la relation puisque pouvant tre remises en cause librement Choisir le durable c est accepter le compromis et la n gociation c est aussi risquer la banalisation et la routine Choisir l authenticit c est au contraire accepter une part de pr
5. et d agir ce qui nous permettra d ancrer cette r flexion dans l exp rience sociale quotidienne Rupture et condition salariale contemporaine Disons le abruptement et sans finesse les sociologues n ont pour la plupart pas beaucoup de consid ration pour la s paration et ses diff rentes d clinaisons Seule la canonique rupture pist mologique avec le sens commun fait exception Car que l on parle de trahison de dissidence de ch mage de nomadisme de conflit de divorce de d fection ce sont quasiment toujours les m mes repr sentations homog nes et caricaturales qui sont avanc es pour appr hender ces formes de rupture ou de s paration En effet ces raisonnements que nous partageons d ailleurs tous plus ou moins partent g n ralement du postulat que toute exp rience disruptive est n gative en soi Que toute rupture est un degr ou un autre catastrophe La rupture est ainsi assimil e une fin souvent la mort d un lien et se voit consid r e comme une anomalie voire comme une aberration tant au niveau individuel que social De plus quand les ruptures ont droit au chapitre elles sont souvent appr hend es comme des indices d un processus subi de d liaison g n rale Ainsi selon cette th se la flexibilit impuls e par les nouveaux modes de gestion de la main d uvre et la pr carisation du salariat auraient pour cons quence de fragiliser les liens sociaux et de rendre probl matique
6. que les nouvelles formes de configuration des r seaux sociaux ne permettent plus l existence de niches o nous serions int gr s d finitivement La forme actuelle des structures sociales modifierait donc consid rablement la question de l appartenance et par voie de cons quence celle des ruptures et des formes de soustraction si l appartenance tait devenue avec la modernit une question de choix s opposant aux formes traditionnelles d assignation il y avait n anmoins int gration dans ces cercles sociaux diff renci s Or il para t d sormais plus qu improbable que les ensembles sociaux remplissent cette fonction non seulement parce que les individus ont la possibilit de se mouvoir d un cercle l autre mais surtout parce que les groupes deviennent eux m mes plus temporaires ph m res ou contingents Retenons en tous cas que cette nouvelle forme de structure sociale dont le relatif d couplage des cercles sociaux est la caract ristique majeure rend possible d tendre la totalit de la vie sociale la mod lisation d Hirschman rappelons que celui ci faisait de la d fection une r action typique de la sph re conomique surtout cantonn e celle ci Or nous voyons qu avec la prolif ration des cercles sociaux l clatement de la vie sociale entre des p les multiples et la transformation des formes d appartenances il n y a plus de raison a priori d carter la possibilit d une g n ralisation de cet a
7. LA SOUSTRACTION COMME MODALIT DE LA S PARATION LA D FECTION ET LE NOMADISME DANS L EXP RIENCE CONTEMPORAINE S bastien Schehr Si la notion de s paration n est pas tr s courante en sociologie des notions connexes comme celles de rupture de d saffiliation ou d exclusion sont en revanche largement utilis es pour appr hender la fois ce qu il en est du lien social mais aussi des changements qui affectent les soci t s contemporaines Ces cat gories d sormais largement r pandues et utilis es dans le langage commun sont pourtant loin d tre neutres et uniquement descriptives elles charrient en effet des repr sentations essentiellement n gatives et nous renvoient une certaine id e de ce que devrait tre la vie en soci t De m me la focalisation d une grande partie de la recherche sur les th matiques de l exclusion et de la d saffiliation a pour corollaire l invisibilisation de certains modes d tre et d agir marqu s par la soustraction et des formes volontaires d exit L objet de ce texte consistera montrer en quoi des conceptions unilat rales des ruptures et de la d liaison ont fini par oblit rer leur fonction essentielle dans toute vie sociale et surtout par minimiser leur r le potentiellement cr ateur et instituant Pour se faire nous nous attarderons sur quelques modalit s de la s paration savoir la place des formes de soustraction de nomadisme et de d fection dans nos modes d tre
8. ance croissante l gard du march auraient alors pour effet de rendre la conciliation entre les imp ratifs de la survie et l ensemble des autres implications sociales plus difficiles Beck 2000 Beck voque une acc l ration du processus d individualisation il parle ce propos d individualisme de march en montrant que la condition salariale suppose d sormais de faire pr valoir une mobilit sans faille face aux ancrages territoriaux et de faire passer les engagements au travail avant toute forme de lien social Le r gne du court terme impuls par le march est donc la fois un s rieux obstacle la socialit en m me temps qu un formidable extracteur des r les prescrits et des assignations traditionnelles La question majeure que pose Beck est celle de la possibilit qu ont les individus d laborer et de maintenir une certaine coh rence biographique dans un tel contexte la soci t contemporaine est en effet caract ris e par la disjonction des mondes sociaux ne permettant plus le recouvrement complet d une sph re sociale par une autre Du point de vue des acteurs sociaux ce d couplage des sociosph res ressemble alors beaucoup plus un champ de bataille donnant lieu des dilemmes des arbitrages et des contradictions incessantes qu une gestion tranquille et rassurante De plus les ambivalences biographiques ne sont plus prises en charges collectivement ou par la tradition autrement dit il n y a pl
9. e Cet usage de la d fection est avant tout d ordre tactique celle ci est ponctuelle limit e une sph re sociale et rel ve d un calcul rationnel Cependant Hirschman lui m me n avait pas cart la possibilit que des formes d exit rel ve d autres logiques en t moigne l avant dernier chapitre de son ouvrage o la d fection est appr hend e comme une tradition de la vie sociale am ricaine en raison de la place privil gi e qu elle y occupe Hirschman p 165 La d fection y fait figure de trait culturel et s impose comme norme d action Elle r pond alors un autre type de rationalit la r ussite par exemple est per ue dans le credo am ricain comme une suite de d fections successives o l on abandonne son groupe social d origine Cependant la mod lisation que propose Hirschman nous semble restrictive Elle laisse de c t une grande partie des formes de d fection qui apparaissent dans les modes de vie et qui font entrevoir des logiques d action plus vari es que ne le laisse penser l auteur En effet partir d un travail bibliographique de recension des travaux ayant utilis la notion de d fection ou des notions connexes dissidence soustraction retrait d saffection ainsi que d une recherche qualitative portant sur les formes de rupture et de loyaut nous avons pu distinguer cinq formes de d fection Nous avons ainsi diff renci la d fection tactique la d fection fondation la d fection habitude la d
10. ens qu en appr hendant l ensemble du mode de vie ici il ne s agit donc pas de faire d fection ponctuellement en cas de frustration ou de m contentement Au contraire comme dans le type pr c dent l exit concerne toutes les dimensions de la vie quotidienne et semble inh rent la pratique du lien social Cette forme qui concerne majoritairement des jeunes se distingue pourtant de la pr c dente sur un point essentiel le mode de vie se construit ici sur le mode du papillonnage de l essai de l exp rimentation et d un certain nomadisme qui est parfois revendiqu comme tel L exit n est donc pas comme dans le type pr c dent habitude et automatisme il est explicitement r f r un agir o le changement est associ l panouissement et la qu te de soi La d fection est donc un des moyens d chapper aux assignations la routine et d exp rimenter sans cesse de nouveaux horizons et de nouvelles relations S ancrer rester loyal en toutes circonstances accepter les compromis choisir le durable impliquerait de faire avec et de renoncer l appel du changement et au charme de la nouveaut Il s agit en somme de zapper d un univers social un autre ou d une relation sociale une autre tout en oubliant pas que ce zapping est associ une certaine recherche de soi Il peut donc cesser lorsque la personne estime avoir trouv son chemin ou sa vocation Cette forme de d fection peut donc tre un moment
11. gir toutes les dimensions de la vie quotidienne Le processus de diff renciation et de d couplage des ensembles sociaux a donc un effet direct sur la d fection d une part parce qu en multipliant potentiellement les possibilit s d affiliation les possibilit s d exit et les occasions de fuite deviennent plus cons quentes et d autre part puisque que les individus n investissent plus qu une part d eux m mes dans chaque cercle et qu ils y sont moins int gr s la d fection devient une r action moins co teuse qu auparavant Si les changements structurels modifient la question de l appartenance et doivent donc tre pris en compte il nous faut galement pr ciser que les acteurs sociaux n envisagent plus celle ci de la m me fa on Ainsi un certain nombre d enqu te sur les modes de vie juv niles montrent que les cat gories sociales utilis es habituellement par les sociologues pour les d signer et les appr hender sont largement ressenties par ceux ci comme artificielles et ext rieures Elles seraient alors rejet es comme autant de barri res la communication comme des atteintes la possibilit de relations authentiques Zoll 1993 L assignation une condition qu elle soit sociale sexuelle culturelle professionnelle ou religieuse serait ainsi v cue comme une cl ture statutaire portant en elle une permanence mortif re entravant l ouverture ventuelle des modes d tres et d agir Du point de vue des jeunes
12. on contribuer une appr hension non dramatique de la s paration en rappelant que la rupture est une modalit du lien en inscrivant le lien social dans une temporalit et une histoire elle renonce faire de toute rupture une exp rience qu il faudrait obligatoirement d passer L obsession actuelle de l insertion qui gagne autant le discours scientifique que politique ne peut de ce point de vue que rater l essentiel Bibliographie Bajoit G Franssen A Les jeunes dans la comp tition culturelle Paris P U F 1995 Beck U Giddens A Lash S Reflexive Modernization Stanford University Press 1994 Beck U The Brave New World of Work Polity Press 2000 Beck U La soci t du risque Paris Alto Aubier 2001 Castel R De l indigence l exclusion la d saffiliation pr carit du travail et vuln rabilit relationnelle in Donzelot J et Alii Face l exclusion le mod le fran ais Paris Esprit 1991 Castel R Les m tamorphoses de la question sociale Paris Fayard 1994 Cornu M Existence et s paration Lausanne L Age d Homme 1981 Galland O Sociologie de la jeunesse Paris Armand Colin 1991 Giddens A Modernity and Self Identity Stanford University Press 1991 Hirschman A O 1995 1970 D fection et prise de parole Paris Fayard Virno P Opportunisme cynisme et peur ambivalence du d senchantement Paris L clat 1991 Zoll R Nouvel individualisme et solidarit quo
13. r Les formes de d fection dans les modes de vie La notion de d fection doit beaucoup Hirschman qui dans un ouvrage intitul D fection et prise de parole Hirschman 1995 a t le premier penseur a envisager la soustraction comme une forme rationnelle d agir et inscrire celle ci au c ur de l exp rience et de la vie sociale Hirschman consid re qu il existe face toute forme de frustration ou de m contentement dans une organisation trois modes de r actions individuelles l exit la d fection la prise de parole et la loyaut Si la d fection est un comportement fr quent dans la sph re conomique elle est aussi pr sente dans le reste de la vie sociale pour un consommateur la d fection consistera cesser d acheter le bien produit par l entreprise pour le membre d une organisation politique la d fection impliquera de cesser de lui appartenir de rompre le lien qui les unissait et de mettre un terme sa loyaut La d fection est une soustraction puisque l individu sort volontairement du syst me d interaction et cesse ainsi de coop rer mais aussi d exercer et de subir pouvoir et autorit Sans entrer dans le d tail de l analyse d Hirschman disons que celle ci s inscrit dans le cadre d un paradigme de type utilitariste o l individu m content value les avantages et les inconv nients des conduites possibles tenir choisissant au final celle dont le ratio co ts avantages est le plus favorabl
14. tidienne Paris Kim 1993
15. toute forme d appartenance La socialit seraient donc menac e par l assomption de formes nouvelles de travail et d emploi et toute forme de s paration ou de soustraction de nomadisme d errance de d fection ne pourrait signifier autre chose qu une forme d adaptation fonctionnelle aux nouvelles r gles du jeu Le concept de d saffiliation remis au go t du jour par Castel au d but des ann es quatre vingt dix est ainsi souvent utilis afin de qualifier le processus de d gradation des liens sociaux qui ferait suite la perte de travail ou l insertion incertaine dans l emploi Si tous les liens sociaux ne se r sument pas au travail dans l approche de Castel l usage qui est fait du concept renvoie bien l id e que l ensemble de nos liens sociaux famille sociabilit s relations amoureuses vie sociale engagements divers sont index s la participation la sph re productive ou en tous cas qu ils sont pour le moins fortement d pendants de cette participation Perdre son travail quivaut alors perdre tous ses ancrages relationnels nous assisterions alors l mergence d un individualisme sans attache Castel 1991 p 167 Plus int ressante la perspective de Beck insiste sur le fait que les formes actuelles de travail ont tendance peser sur nos affiliations multiples et jouer en d faveur de nos engagements sociaux notamment de la famille et des liens durables Individualisation du travail et d pend
16. ture ou organisation alternative Le troisi me type repose la fois sur une banalisation de la d fection et son extension toutes les dimensions de la vie sociale C est la d fection habitude La soustraction se d cline sous le mode de la routine La d fection n est plus l instar des types pr c dents une r ponse ponctuelle au m contentement et une alternative au conflit elle est syst matique et touche l ensemble des relations sociales La soustraction n est pas ici une option attractive elle est quasiment habitude la sortie du syst me d interaction appara t comme vidente et va de soi d s la personne fait face des difficult s r currentes ou d s qu elle se sent menac e dans son autonomie Fuir se soustraire est alors une mani re de reprendre l initiative en en finissant avec les compromis ou avec ce qui entrave la r alisation de soi Cette forme de d fection se traduit donc par une reconfiguration permanente du r seau social les ruptures y sont r currentes mais sont compens es par autant d affiliations et ceci aussi bien dans la vie affective que dans les sociabilit s ou d autres dimensions de la vie quotidienne Le r seau social de ces personnes est donc dynamique h t rog ne fluide l appartenance se d cline au pluriel et en pointill elle n est plus absolue Cette forme de d fection caract rise l agir de nombreux jeunes La quatri me forme de d fection la d fection exp rimentation ne fait s
17. un pisode dans une biographie La loyaut n est pas index e aux espaces sociaux travers s elle doit ici avant tout se comprendre comme autor f rentielle loyaut soi m me Enfin la d fection retrait rel ve de ce que l on nomme parfois le repli sur soi la d fection d signe ici un mouvement centrifuge touchant l ensemble de la vie sociale de la personne et qui se traduit une d saffection g n ralis e associ e parfois une certaine apathie La d fection est dans ce cas un moyen de rompre avec un quotidien ou un mode de vie et de rechercher un certain isolement c est donc la qu te de la solitude qui est au principe de la soustraction Cet usage de la d fection est g n ralement ponctuel mais implique toutes les dimensions de la vie quotidienne La caract ristique de cette forme de d fection est qu elle n implique pas imm diatement un mouvement vers un autre ensemble social il y a bien un moment de d saffiliation ou d abandon o la personne se retrouve relativement seule Mais ce moment est suivi dans un d lai variable par une r organisation du r seau relationnel et du mode de vie Authenticit r flexivit et d fection dans la g n ration post 68 Cet largissement et cette banalisation des formes d exit que nous avons rapidement esquiss s au travers cette typologie peuvent en partie se comprendre en r f rence aux m tamorphoses qui touchent les formes sociales Certains auteurs soulignent ainsi
18. us de mode d emploi qui permette l individu de g rer ses liens sociaux celui ci doit donc se d brouiller seul et faire avec ses affiliations contradictoires travail famille relation de couple sociabilit s loisirs En insistant la fois sur les mutations du travail le d couplage des mondes sociaux et l acc l ration du processus d individualisation l approche de Beck nous permet d appr hender un certain nomadisme et certaines formes de ruptures non comme le propre de quelques marginaux mais comme un mode d tre et d agir inscrit au c ur des modes de vie contemporains Cette approche a aussi le m rite d viter le travers moniste et continuiste que l on retrouve dans le concept de d saffiliation telle que Castel l a d finie non seulement la pluralit s des liens sociaux n est pas vacu e ou ramen e au seul travail puisqu il serait le d terminant en derni re instance mais en plus l on ne postule pas implicitement que la vie sociale ne serait qu affiliation gr ce au travail essentiellement Pour autant comme je l annon ais pr c demment nous ne pouvons pas nous contenter d appr hender les ruptures sous le seul mode de l ajustement au nouvel ordre productif il nous faut donc maintenant percevoir en quoi l exp rience quotidienne r v le galement des formes de soustraction s inscrivant dans d autres trames significatives que celle de l adaptation La notion de d fection nous servira ici de fil conducteu
Download Pdf Manuals
Related Search