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PENSER L`ÉDUCATION - Université de Rouen

1. Ibid Cinqui me Lettre op cit page 113 Ibid Troisi me Lettre op cit page 99 Chavannes r sume la pens e de Pestalozzi ainsi La M thode en commen ant faire compter l enfant et l l ve avec des objets r els ou tout au moins des lignes qui les repr sentent pose les fondements de l art du calcul de la mani re la plus naturelle et la plus s re Op cit page 171 Ibid Cinqui me Lettre op cit page 113 10 J Guillaume 1882 page 2296b 1 Ibid Dixi me Lettre op cit page 189 12 Ainsi s exprime Kr si dans la Deuxi me Lettre op cit page 83 13 Kant Des pens es sans contenu sont vides des intuitions sans concepts aveugles Critique de la Raison pure Introduction la Logique transcendantale 14 D Chavannes 1805 page 167 168 De son c t P Pomp e note la chose suivante II pensait que toute bonne m thode devait partir de la connaissance des faits acquis par l observation l exp rience et l analogie pour en tirer par induction des r sultats pour s lever des nonc s g n raux qui pussent servir de base au raisonnement en disposant ces mat riaux avec ordre 123 Penser l ducation 2005 sans lacune sans disparate il pensait en un mot que l art de l ducation devait se rapprocher de la nature et que la meilleure m thode d enseignement tait celle qui s en rapprochait le plus Op cit pages 209 et 210 15 Pinloche 1902 pages 129
2. 11 Penser l ducation 2005 et distance des explications ou des jugements a priori comme c est le cas par exemple lorsque nous invoquons le d terminisme de l aptitude ou du d veloppement le poids de l histoire ou des conditionnements culturels La p dagogie des gestes mentaux se veut une illustration contemporaine de cette exigence descriptive inspir e par la ph nom nologie Ainsi crit il propos de la p dagogie de l intelligence D s lors notre t che se dessine nous allons interroger ces l ves sur le sens qu ils donnent intuitivement ces concepts fondamentaux de la p dagogie Nous disons bien intuitivement puisqu une r flexion constructive n a pas labor le sens de ces concepts puisque c est par des actes de conscience que ces concepts trouvent implicitement leur sens Il faut donc aller l y chercher Pour cela nous ferons appel une introspection eid tique c est dire telle qu elle vise non pas atteindre des r alit s recompos es comme des m canismes associatifs la mani re de Hume ou des forces naturelles mais le sens qui d une fa on immanente habite ces actes de conscience et qu il s agit de d celer C est dire que nous retenons de Husserl l exigence de mettre entre parenth ses ou encore hors circuit les fruits d interpr tations ou de pr suppos s th or tiques afin de nous en tenir au sens lui m me pr sent dans ces actes de conscience La Garanderie 1990 p 109
3. Cette analyse aboutit l identification de donn es introduire dans un programme ducatif l enseignement des concepts cologiques environnementaux et les corr lations qui existent entre ces concepts les situations pr parer pour que les l ves acqui rent une certaine sensibilit environnementale afin qu ils adoptent des comportements appropri s un programme d enseignement permettant d acqu rir ces connaissances issues de la recherche et de les reformuler en pratiques citoyennes et donc d actions responsables Hungerford et Volk en concluent que le mat riel didactique en ducation environnementale ne permet pas de d velopper des comp tences en mati re d investigation d valuation de responsabilit s citoyennes et que tr s peu de programmes en ducation environnementale int grent la participation active des l ves L enseignant et les l ves dans cette approche de type b havioriste se voient ainsi orient s par les chercheurs qui ont fix un cadre pr tabli ils peuvent ainsi mettre en place des strat gies comportementales d interposition et y introduire de nouveaux l ments afin de produire volont des changements comportementaux m me si les enseignants ou les l ves ne veulent pas n cessairement changer de cette fa on Robottom Hart 1993 Hines J Hungerford H Tomera A 1993 Ainsi selon cette approche d terministe il s agit d amener les individus se comporter de man
4. MARCEL J F 2005 b Pratiques de prise en charge des difficult s des l ves dans la classe et dans le cycle in TALBOT L Dir Pratiques d enseignement et difficult s d apprentissage p 21 33 Editions Eres Toulouse MARCEL J F 2005 c De l volution socio historique du travail de l enseignant du primaire In Revue des Sciences de l Education pour l Ere Nouvelle Universit de Caen accept para tre MARCEL J F OLRY P ROTHIER BAUTZER E et SONNTAG M 2002 Les pratiques comme objet d analyse Note de synth se Revue Fran aise de P dagogie n 138 p 135 170 MUCCHIELLI A 2004 Le d veloppement des m thodes qualitatives et l approche constructiviste des ph nom nes humains Colloque de l ACFAS 11 mai 2004 Universit de Qu bec Montr al http www recherche qualitative qc ca textes ACFAS0O4 Muchielli ARQ ACFAS pdf MUTELESI E M 1998 Subjectivit comme auto organisation Une tude du constructivisme radical au d part d Husserl Dissertation doctorale l Institut Sup rieur de Philosophie Universit catholique de Louvain Louvain La Neuve Belgique http www univie ac at constructivism books mutelesi 3 html PIAGET 1950 Introduction l pist mologie g n tique PUF Paris PIAGET J 1970 Psychologie et pist mologie Pour une th orie de la connaissance Editions Deno l Paris PO PPER K 1998 La connaissance objective Editions Flammarion Paris SCH TZ A
5. 70 Penser l ducation 2005 l expression d une int riorit cach e sous le comportement le sens n est pas notre affaire ni celle d un acteur ext rieur le sens est ce creusement qui communique et correspond avec la fa on dont l Etre se mod le et se d forme localement pour nous faire de la place C est dire que l insertion pr sentera ce double caract re d un creusement qui se fait pour qu une place soit accessible d une pr sence qui s installe sans remplir totalement le creux Cette m taphore du creusement de l Etre est la premi re tape du processus de l ducation elle nous indique que le r le de la culture est de d gager un espace pour qu un sujet puisse s y mouvoir sans que ses actes soient pr fix s comme dans l animalit Elle annonce ensuite que le second moment sera l insertion proprement dite dans le creux de l Etre d embl e elle permet d interpr ter le d sapprendre que manifeste le d ficit existentiel comme un comblement partiel de l Etre la perte d une perspective d action en ce sens c est l Etre qui se referme Le jeu des m taphores nous pr vient ce point de sa r flexion Merleau Ponty va dissoudre toute possibilit d une interpr tation m taphysique du processus de l ducation en confirmant que l Etre n est pas transcendance et que la contingence marque irr ductiblement la sph re de l action humaine La perception animale laisse hors champ ce qui ne correspond pas la structure
6. Apr s avoir tabli la simple perception sensible comme le fondement absolu de toute connaissance acquise par les sens j l ve alors l intuition sensible au niveau de l art de l intuition c est dire que j en fais un moyen pour saisir les objets de la perception comme des objets de mon jugement et de mes facult s d application pratique 104 Penser l ducation 2005 Cela veut dire que le processus naturel de l intuition a besoin d tre compl t et cultiv par un art Kunst destin la prolonger et la faire fructifier ici l art se doit d tre en continuit avec la nature 2 Du concret l abstrait de la confusion la clart La marche caract ristique de la m thode intuitive est celle qui proc de du concret vers l abstrait Une illustration nous en est donn e dans la Deuxi me Lettre de Comment Gertrude o Pestalozzi rapporte les r sultats de la d marche suivie par Kr si dans laquelle ce dernier explique la mani re d acqu rir des connaissances en arithm tique L exercice qui consiste pratiquer avec les enfants les d buts du calcul au moyen d objets mat riels ou au moins par des points qui les repr sentent doit assurer une base solide l arithm tique tout enti re et pr server ses progr s ult rieurs de l erreur et de la confusion Le concret en question consiste donc en la pr sentation l enfant que l on veut instruire en arithm tique d objets mat riels
7. La troisi me perspective montre comment l tre se creuse pour nous accueillir La communaut humaine et la culture sont interpr t es par Merleau Ponty comme une Communaut d apprentissage parcourue par une tension fondamentale entre r p tition et commencement C est cette tension qui est la clef de la libert humaine selon Merleau Ponty et elle se joue dans l ducation Mots cl s Philosophie de l ducation Ontologie Sciences de l ducation Ethique de l du cation Herm neutique philosophique Insertion dans l tre Communaut d apprentissage Parole originaire Entr e dans la culture LA QUESTION DE L DUCATION COMME QUESTION ONTOLOGIQUE La r flexion contemporaine sur l ducation se heurte une aporie majeure dont on trouve un cho dans la dispute que les penseurs r publicains ont engag e depuis 63 Penser l ducation 2005 maintenant une vingtaine d ann es en France contre la p dagogie en g n ral et les sciences de l ducation en particulier Cette aporie tient en ce que la philosophie classique ne peut se r soudre voir autre chose dans le processus ducatif qu un acc s du sujet rationnel son mancipation par sa ma trise progressive de la pens e conceptuelle II en est r sult un divorce dommageable entre une conception doctrinale de l instruction d une part et des approches scientifiques du fait ducatif d autre part Celles ci se sont trouv es renvoy es par celle l
8. et elle nous para t plus proche d une herm neutique philosophique mettant profit les r sultats positifs de la science pour les interpr ter en les confrontant aux donn es de notre exp rience du monde L autre refus essentiel chez Merleau Ponty est celui d une position de type piag tien qui consiste proclamer l incomp tence de la philosophie pour la r pudier afin d assurer l ind pendance d une th orie autor f rentielle fonctionnant comme un syst me philosophique L attitude que va privil gier Merleau Ponty est celle d un entre deux du dialogue Le probl me du langage se situe entre la philosophie et la psychologie est la phrase embl matique qui ouvre les notes de cours Mais ce dialogue n est pas possible avec toutes les th ories produites par les sciences humaines Certaines en effet ne parlent pas de l homme et Merleau Ponty rejette particuli rement le behaviorisme le behaviorisme watsonien se pr sente en r alit comme un mat rialisme m caniste fond sur une fausse conception de l objectivit scientifique l id al d objectivit est une chim re s il consiste en une simple notation d un donn ext rieur car le monde ext rieur est toujours saisi partir d une situation humaine On ne peut pas parler de l homme si ce n est pas un homme qui en parle et l observation behavioriste par son rejet radical de toute intentionnalit ne semble plus rien d crire qui soit identifiable M ais il va
9. l ment s comme on disait au XVIIIe si cle c est dire dans le sens o ils ont t simplifi s afin d tre mis aussi bien la port e du public non sp cialiste ou n ophyte que du public enfantin occupant les bancs de l cole 2 Par son caract re principiel la notion de savoir l mentaire acquiert ainsi un statut pist mologique en raison de son laboration de nature scientifique alors que entendue dans le sens de rudiments elle d signe plut t les bases des savoirs et savoir faire relevant des pratiques culturelles et sociales En quoi donc la notion de savoir l mentaire ainsi entendue concerne t elle Pestalozzi Il se fait que nous trouvons chez le c l bre p dagogue suisse une th orie p dagogique du savoir l mentaire se d marquant compl tement des deux acceptions que nous venons de rappeler bri vement Ainsi a t il d velopp une conception non express ment scolaire et pist mologique du savoir l mentaire suffisamment ample pour qu elle concerne la formation de l individu dans son int gralit et labor e sous la forme d une m thode l mentaire d ducation qu il s est efforc de mettre en pratique En effet comme son a n Basedow mais la diff rence de Rousseau qu il admirait qui n tait que philosophe 5 il voulut joindre la th orie la pratique Ce fut en s occupant des enfants des pauvres et des orphelins de guerre d abord au Neuhof 1769 1773 ensuite Stans 179
10. L insertion dans l tre la question de l ducation dans la philosophie de Maurice Merleau Ponty Didier MO REAU Merleau Ponty n est pas classiquement consid r comme un philosophe de l ducation quoiqu il ait enseign la p dagogie la Sorbonne Ce travail se propose d envisager la question sous un angle diff rent l ontologie de Merleau Ponty est une philosophie du commencement qui int gre progressivement la question du re commencement Elle pose ainsi le probl me de l ducation comme question ontologiquement premi re et non comme th me d riv d une d cision philosophique ant rieure Dans cette orientation elle rec le pour la r flexion contemporaine en ducation une richesse de perspectives qu il convient de mettre en lumi re L article se propose d aborder analytiquement les principales d entre elles La premi re perspective est celle d une explication fondamentale de la philosophie avec les sciences humaines la psychologie et la sociologie nous apportent des donn es que la philosophie doit relier l exp rience humaine interpr t e comme totalit La seconde perspective est la compr hension de l insertion dans l tre du processus m me de l ducation ne nous est pas par d finition accessible imm diatement Merleau Ponty construit pour l approcher une th orie du d sapprendre qui nous clairant sur la mani re dont nous perdons le monde nous enseigne sur la fa on dont nous l avons conquis
11. abord dans la pr sence d autrui agissant mon regard tombe sur un corps vivant en train d agir aussit t les objets qui l entourent re oivent une nouvelle couche de signification ils ne sont plus seulement ce que je pourrais en faire moi m me ils sont ce que ce comportement va en faire Autour du corps per u se creuse un tourbillon o mon monde est attir et comme aspir Cette aspiration me conduit vers la source m me d o le comportement d un corps surgit qu il soit animal ou humain La couche de signification est l attente d un sens que le corps va livrer peut tre travers le comportement qu il structurera Mais ce sens ne me contraint pas il n aura de valeur pour moi qu en fonction de cette seule question que je lui pose et qui exprime mon attraction et mon aspiration devenir autre que peut il m apprendre Si l imitation d autrui est la source de l apprentissage humain c est dans un deuxi me sens parce que l intercorpor it me fait tomber chaque moment dans les creux qu un autre corps ouvre dans l Etre en agissant avec des objets qu il d loge de leur pure pr sence spatiale D o la v ritable nigme de l apprentissage que Merleau Ponty prend soin de distinguer rigoureusement de la question de l imitation Les objets culturels ont t d log s et creus s par l action humaine Ce creux est pour celui qui apprend d abord une couche de signification qui recouvre l objet et le distingue des p
12. histoire individuelle dans la compr hension de l attitude sociale Cette interpr tation de M erleau Ponty est orient e principalement par la lecture de Lacan chez qui il puise cette id e fondamentale d une anticipation par l enfant du sens de ce qu il va construire dans son exp rience prospection plut t que r gression c est l int r t qu il porte la structuration de l imaginaire par le stade du miroir comme la grande place qu il donnera dans son uvre l exp rience de la jalousie comme drame initial de l alt rit dans lequel le sujet d couvre que tout processus d identification par lequel il se construit se transmue in vitablement en haine pour son mod le Cette influence de Lacan lui a t reproch e Hans Joas y voit m me l cueil qui emp che la philosophie de M erleau Ponty d acc der un concept de l intercorpor it valide du point de vue empirique Il nous semble cependant que la pens e de M erleau Ponty suit une direction beaucoup plus risqu e et qui sera la cause de l clipse qu elle subira pendant vingt ou trente ans Cette direction consiste refuser toute doctrine fondant une interpr tation auto r f rentielle de l exp rience humaine apr s le mat rialisme historique Merleau Ponty refusera le formalisme du structuralisme alors que l horizon intellectuel commandait que l on s appuie sur l un contre l autre ou sur un peu des deux contre le reste Le reflux des deux comme l analyse G
13. la r solution d un probl me o l on d couvre un terme inconnu par son rapport avec des termes connus Si nous comprenons chaque mot d un nonc c est certes parce qu il renvoie un contenu d exp rience de pens e d j l M ais il y a en nous un pouvoir qui se livre nous comme un fait et qui nous fait comprendre au del de ce que nous pensions spontan ment Ce pouvoir se trouve explicit non comme celui de pouvoir former de nouvelles pens es partir des anciennes comme dans la tradition herm neutique de Chladenius par exemple mais comme celui d un retour vers la source d o les pens es de notre interlocuteur ou auteur puisaient leur origine un n ud de l Etre au langage L apprentissage est ainsi un pouvoir de penser d apr s autrui mais cet autrui s av re tonnamment complexe C est d abord la communaut linguistique qui met ma disposition les mots de ma langue et c est ensuite cet initiateur singulier qui me fait remonter vers la source et gr ce auquel apprendre devient un acte transcendant qui d passera toujours ce qui est simplement donn ou transmis parce qu il sera toujours un certain mode du recommencement Cette singularit qu installe Merleau Ponty dans l apprentissage c est celle du style qui est la mani re d exister d une pens e et que la parole v hicule Toute compr hension devient alors insertion dans l Etre par cette mani re d exister Je commence comprendre un
14. marque de cette simplicit fondamentale en manifeste toute l efficacit C est ce point que j acquis la parfaite conviction qu avec ma mani re de faire toute simple et mon habilet tirer d eux rapidement tout ce qu ils pouvaient savoir par leur 114 Penser l ducation 2005 propre exp rience dans chaque mati re j aurais pu r aliser compl tement avec eux un cours d fini qui aurait compris l ensemble des connaissances qui sont essentielles et utiles la masse des hommes 1 Michel So tard n a pas manqu de souligner l existence du lien organique qui unissait la M thode l mentaire sa volont de se mettre la port e des gens les plus simples Il cite ce propos cette formule de Pestalozzi qui prend presque valeur de slogan Ma M thode est au sens propre du terme la M thode de la pauvret Et M So tard de conclure Tout porte croire que le principe m me de l Armenschule litt ralement cole des pauvres ne fait qu un avec celui de l Elementarbildung En effet l extr me simplicit des moyens employ s par la M thode la met la port e des couches sociales les plus modestes l existence du Livre des M res en est la preuve Il semble donc que gr ce l laboration de sa M thode l mentaire reposant elle m me sur le principe de l Anschauung Pestalozzi ait su conserver cet esprit de simplicit qui a sans doute fait d faut aux Lumi res tourn es vers les grands prin
15. 1887 page 87 entendait lorsqu il voquait ce qu il n est pas permis d ignorer c est dire un viatique de savoirs et de savoir faire selon l expression employ e par Christian Nique et Claude Leli vre 1993 page 157 Ce travail d l mentation des savoirs fut l uvre des Encyclop distes qui se sont efforc s d laborer ce qu on appelait l poque les l ments des sciences Dans la lign e du courant encyclop diste Condorcet d fendit dans ses M moires sur l instruction publique l id e d une instruction l mentaire publique au sein de laquelle les premiers l ments enseign s constituent la prop deutique des savoirs savants Remarquons au passage que les travaux r cents de didactique et d histoire des disciplines scolaires avec Yves Chevallard Jean H brard Andr Chervel ont d nonc l illusion d une telle entreprise 3 L histoire des institutions scolaires nous montre que l apprentissage des savoirs l mentaires rudimentaires fut l apanage de l cole primaire alors que celui des l ments fut plut t celui des tablissements d enseignement secondaires 4 Dans le Chant du Cygne dernier grand ouvrage publi peu avant sa mort en 1826 Pestalozzi 118 Penser l ducation 2005 nomme sa m thode Id e de la formation l mentaire II ne fut pas le premier proposer une m thode l mentaire de ce genre Nous pouvons mentionner Basedow 1723 1790 son pr d cesseur et un de ses inspir
16. 1989 Constructive Criticisms International Journal of Science Education 2 587 596 MONEYRON A 2003 Transhumance et Ecosavoir Reconnaissance des alternances coformatives Paris L Harmattan MONROE M KAPLAN S 1988 When Words Speak Louder than Actions Environmental Problem Solving in Classrooms Journal of Environmental Education 19 3 38 41 MUHLEBACH R ROBOTTOM 1 eds 1990 Supporting Community Based Environmental Education Report of the Environmental Education and Computer Conference Project Deakin Institute for Studies in Education Geelong Victoria Deakin University Press PALMER J A 1988 Spiritual Ideas Environmental Concerns and Educational Practice in Cooper D E PALMER J A eds Spirit of the Environment London Routledge PINEAU G et coll 1992 De l air Essai sur l coformation Paris Pa deia PO SCH P 1988 The Project Environment and School Initiatives in O ECD ed Environment and School Initiatives International Conference Linz Austria September 1988 Paris O ECD 60 Penser l ducation 2005 ROBERTSON A 1994 Toward Construcivist Research in Environmental Education Journal of Environmental Education 25 2 21 31 ROBOTTOM 1 HART P 1993 Research in Environmental Education Engaging the Debate Geelong Victoria Deakin University Press Australia ROUSSEAU O GIRAULT Y 2003 D veloppement touristique et ducation relative
17. A Chavannes la v rit depuis longtemps on se sert de lettres mobiles pour apprendre lire aux enfants de jetons pour leur donner une premi re id e du calcul de figures pour les initier dans la connaissance des principaux objets de la nature et de l art mais jusqu pr sent ces divers moyens n ont point t r duits en syst me et pr sent s l instituteur d une mani re aussi simple aussi s re 2 1 2 N cessit des l ments Par ailleurs nous pensons que les pr occupations d ordre m thodologique se retrouvent galement dans la prise de conscience que Pestalozzi prend de la n cessit des l ments Un passage de la Premi re Lettre de Comment Gertrude instruit ses enfants nous para t clairant ce propos En effet l auteur y voque l accroissement de la force int rieure que produit la connaissance parfaite des premiers l ments ainsi que du sentiment d ach vement et de perfection que procurerait la connexion des premiers l ments de chaque branche de connaissance avec son ensemble achev U n peu plus loin il nous dit que les r sultats de cette attention port e l assimilation parfaite des notions l mentaires provoquent chez les enfants auxquels ils sont destin s un sentiment g n ral du beau et de l ordre Nous observons donc chez Pestalozzi une r elle volont de relier les connaissances soumise l imp ratif m thodologique imposant un minimum d unit et de pro
18. DEVELO PPEM ENT DURABLE le cas fran ais dans le contexte mondial L av nement des politiques de l ducation l environnement remonte aux ann es 1970 Le Programme des Nations Unies pour l Environnement PNUE et l UNESCO dans le milieu des ann es 1970 consid rent l ducation environnementale comme un processus permanent par lequel les individus prennent conscience de leur environnement et acqui rent le savoir les valeurs les aptitudes l exp rience et la d termination qui leur permettront d agir individuellement et collectivement pour r soudre les probl mes environnementaux pr sents et futurs L expression d veloppement durable a v ritablement pris une signification politique dans le rapport Bruntland command par les Nations Unies en 1987 il est pr sent comme un d veloppement qui r pond aux besoins du pr sent sans compromettre la capacit des g n rations futures de r pondre aux leurs Sa vulgarisation est devenue plan taire lors de la conf rence de Rio en 1992 etil s est alors constitu comme un concept f d rateur ayant les capacit s de stimuler les rapprochements et les changes entre les diff rents acteurs de milieux diff rents politiques conomiques g ographiques culturels th matiques Il est devenu le symbole de l volution des comportements vers un meilleur partage des ressources et davantage de justice sociale 47 Penser l ducation 2005 Le d veloppement durable
19. Elle porte ainsi un renouvellement des perspectives contemporaines en ducation souvent centr es autour d une conscience subjective constitu e Ainsi ce projet inachev repr sente plus g n ralement la possibilit pour la philosophie de se r approprier un acc s radical l tre en cessant de consid rer l ducation comme la promotion d un corpus doctrinal de savoirs assur s dans leur vertu mancipatrice Alors loin d tre une sous discipline la philosophie de l ducation peut se pr senter comme le noyau le plus actif des recherches contemporaines sur l Etre LA DOUBLE T CHE D UNE PHILOSOPHIE DU COMMENCEMENT a L aporie de l historicit C est parce que se sont manifest es historiquement les plus puissantes contre finalit s de la raison que Merleau Ponty recherche dans le processus ducatif l acc s au Sens que l Histoire d sormais refuse L Histoire ne d voile aucune v rit la tentative de M ax Weber a t de chercher d passer la radicale opposition entre ce que nous pensons apprendre du pass et qui ne d voile que notre entendement et ce que nous vivons path tiquement dans l action morale du pr sent S il n a pas donn une telle formule permettant de sortir du dualisme il a en revanche construit une d marche ce qu il a d finitivement montr c est qu une philosophie de l histoire qui n est pas un roman historique ne rompt pas le cercle du savoir et de la r alit et qu elle est
20. Et plus loin sur la nature de ces pr suppos s th or tiques Ayant une th orie explicative de l chec de l l ve on a une th orie explicative pour y rem dier et une pratique qui en d coule dont il faut dire qu elles sont autant de fuite devant l opportunit que comporterait l analyse descriptive qui au lieu d expliquer par des causes extrins ques les lacunes ou carences constat es ou les succ s obtenus montrerait comment l homme comprend ce qu il pense ce qu il fait ce qu il sent se situant ainsi sur le terrain de la conscience soit de l intrins cit op cit p 115 4 Une position r aliste Toutefois cet emprunt la ph nom nologie ne le conduit pas pour autant admettre le principe de r duction transcendantale chez Husserl Car si ce dernier encore une fois s attache d crire les op rations de l esprit c est qu il cherche atteindre les essences pures de l intelligence et du sens qui s imposent l esprit ind pendamment de la r alit empirique Au contraire se r f rant Paul Ricoeur Antoine de La Garanderie d clare L homme na t l intuition du sens partir d une situation corporelle sociale dont l analyse eid tique doit absolument tenir compte C est pourquoi Paul Ricoeur estime que dans cette analyse il faut faire sa place l involontaire c est dire ce qui habite le volontaire ou l intention du sens mais qui s y est install sous forme de limite d obstacle de sp c
21. chercheur enseignants au cours des trois phases de ces collaborations 1 DE L PIST MOLO GIE CONSTRUCTIVISTE Introduisons ce paragraphe en rappelant que le constructivisme s appuie sur l id e selon laquelle la connaissance ne consiste pas en un reflet de la r alit telle qu elle est mais en une construction de celle ci M U TELESI 1998 chapitre 3 page 1 1 1 Epist mologie g n tique et constructivisme dialectique M me si cette id e de base peut tre rapproch e de propositions assez anciennes nombre d auteurs en particulier MU TELESI 1998 ou LE MO IGNE 1999 s accordent pour reconna tre dans les travaux de Jean PIAGET le point de d part de ce qui sera par la suite identifi e comme le paradigme constructiviste 1 1 1 Le lien entre connaissance et action chez Piaget Les travaux de Jean PIAGET reposent sur la th se selon laquelle la connaissance est indissociable de l action du sujet connaissant La connaissance se construit dans l interaction entre le sujet et l objet et donc implique simultan ment une part du sujet et une part de l objet D une part les connaissances ne d rivent jamais exclusivement de la sensation ou de la perception mais aussi des sch mes d action ou des sch mes op ratoires de divers niveaux qui sont les uns et les autres irr ductibles la seule 20 Penser l ducation 2005 perception D autre part la perception elle m me ne consiste pas en une simple lecture des
22. donn es sensorielles mais elle comporte une organisation active dans laquelle interviennent des d cisions et des pr inf rences et qui est due l influence sur la perception comme telle de ce sch matisme des actions ou des op rations PIAGET 1970 p 108 1 1 2 L pist mologie g n tique Cette centration sur le processus de construction de la connaissance a conduit Jean PIAGET qualifier son cadre de travail d pist mologie g n tique dont le projet est d examiner la connaissance en tant que processus c est dire la connaissance en devenir Pour ce faire Jean PIAGET pr conise la mobilisation de deux approches compl mentaires La m thode compl te de l pist mologie g n tique est constitu e par une collaboration intime des m thodes historico critique et psycho g n tique et cela en vertu du principe suivant sans doute commun l tude de tous les d veloppements organiques que la nature d une r alit vivante n est r v l e ni par ses stades initiaux ni par ses stades terminaux mais par le processus m me de ses transformations PIAGET 1950 p 17 Il s agit en fait d une double lecture prenant en compte les deux p les de l interaction une lecture partir de l objet principalement au travers de l volution de sa construction par le collectif scientifique et une lecture partir du sujet au travers de son action individuelle de construction de connaissance ce que pr cise
23. ducation environnementale est reconnue et institutionnalis e internationalement le plus souvent en parall le avec des politiques ducatives relatives l environnement fortes Elle semble aujourd hui d passer les cloisonnements disciplinaires 50 Penser l ducation 2005 et territoriaux en s ouvrant sur des analyses compar es et des collaborations internationales En t moigne les r cents travaux de J E Bidou sur la diversit culturelle des repr sentations du d veloppement et de l environnement 2001 2002 2003 Cette recherche en ducation environnementale devrait devenir plus op rationnelle pour accompagner les changements ducationnels n cessaires mais surtout pour donner une perspective critique aux politiques ducatives en cours afin de donner du sens prendre du recul par rapport aux effets de mode ou aux propositions dogmatiques trop s duisantes et adapter ses r sultats aux territoires aux cultures des diff rentes populations IlI APPROCHE CRITIQUE DE LA NOTION DE D VELO PPEMENT DURABLE 3 1 Mondialisation et d veloppement durable L enjeu de la r alisation et l aboutissement du d veloppement durable est d importance l Homme a pour devoir de sauvegarder la nature non qu il soit n cessaire de sauvegarder la nature en soi mais que d sormais le bien tre court terme et la survie de l esp ce humaine long terme en d pendent Le caract re limit et fragile de l environnement naturel impliq
24. galement mettre en garde envers une alliance objective qu il voit venir entre le marxisme et le behaviorisme et dont la r alisation la plus concr te sera le projet de fonder une analyse sociologique partir d un recueil de donn es psychologiques empiriques en bauchant une sorte de positivisme critique Pas plus que de l homme au demeurant le behaviorisme dans son approche de l animalit n est comp tent pour parler du rat car c est partir de notre condition d homme que nous 67 Penser l ducation 2005 pouvons par analogie ou par contraste apercevoir un malade un enfant ou un animal Un dialogue fructueux suppose donc de la part des sciences humaines que les data soient d embl e consid r es comme des constructa c est dire qu elles soient r f r es un sens possible pour celui qui les r v le car celui ci est la fois l observateur et l observ en tant que chacun peut devenir l autre pour soi m me et pour l autre M me pour la folie et l animalit cette r f rence est possible car le sens n est jamais pr cis ment cette v rit cach e que la science nous d voilerait il est plut t pour Merleau Ponty cette fl che du temps qui tire tout avec elle fait que mes pens es successives soient dans un sens second simultan es ou du moins qu elles empi tent l gitimement l une sur l autre Je fonctionne ainsi par construction c Le d voilement l uvre dans les sciences humai
25. l tre reconna tre pour vrai et l vidence qui s impose l esprit doit tre reli e la chose elle m me Il en r sulte que Le premier temps de la ph nom nologie description des cogitata comme tels pr sente ce point de vue beaucoup plus d int r t que le second reconstitution toute artificielle des structures aprioriques de la r alit universelle O p cit p 197 L inspiration ph nom nologique des travaux d Antoine de La Garanderie est donc resituer dans un cadre r aliste o l on postule l existence non seulement des r alit s extra mentales mais galement des r alit s mentales La r f rence Husserl ne doit donc pas tre per ue comme une adh sion totale la doctrine qu il a institu e mais comme une filiation que sp cifient et particularisent d autres influences En outre les analyses ph nom nologiques auxquelles se livre la gestion mentale ouvrent sur l horizon de l ducabilit et d bouchent sur une authentique p dagogie de l intelligence On ne peut atteindre l essence des actes mentaux en dehors de leur manifestation empirique Voil pourquoi la d marche de la gestion mentale est r solument plac e au plan du v cu II n est pas d essence pure des op rations de l esprit En d autres termes l essence n est pas irr elle comme l affirmait Husserl c est dire au dessus ou en dehors de toute r alit m me mentale elle n existe et ne peut s atteindre que par son incarnatio
26. rience p dagogique ayant son fondement propre la ph nom nologie relevant d une pist mologie radicalement autre Comment concilier en particulier l id alisme transcendantal vers lequel culmine toute la pens e de Husserl la recherche d essences pures ou eidos avec le souci du psychologue ou du p dagogue d atteindre l exp rience v cue du sujet dans sa r alit singuli re Comment d s lors penser le rapport entre p dagogie et ph nom nologie Tel est le cadre probl matique dans lequel s ins re ma recherche Mais avant d aborder ces questions cruciales examinons le profit que la p dagogie pourrait tirer d une ph nom nologie des actes de connaissances 1 Une hypoth se de travail Indiquons en premier lieu l hypoth se qui sous tend cette r flexion la p dagogie ne Penser l ducation 2005 tiendrait pas assez comme probl matique la question de la connaissance Le p dagogue est celui qui accompagne l enfant vers un savoir conna tre savoir technique scientifique pratique th orique il pr suppose donc que l enfant doit et peut accomplir un geste de connaissance n cessit gnos ologique Mais prend il cette n cessit suffisamment au s rieux N oublie t il pas parfois que pour qu il y ait un savoir acquis il faut un acte de connaissance En effet le savoir se pr sente bien souvent comme un acquis pos en ext riorit alors que la connaissance est une production une expression personnell
27. uvre dans le rapport la connaissance Il se soutient du principe ph nom nologique d intentionnalit Mais il s agit d une intentionnalit en acte qui se d ploie selon une certaine forme d organisation et s incarne concr tement au moyen des vocations mentales dont les contenus visuels auditifs ou verbaux constituent la mati re vivante de la pens e Le projet de sens n est donc pas pure intentionnalit il est pleinement structure dans la mesure o il constitue une forme articul e qui guide et structure l activit mentale du sujet dans son rapport la t che 3 propos de la l gitimit d une telle filiation Toutefois le d bat reste ouvert et l invocation d un enracinement ph nom nologique de la d marche d Antoine de La Garanderie n est pas sans susciter un accueil mitig sinon certaines controverses de la part des philosophes Est il l gitime de parler de psychologie ou de p dagogie ph nom nologique N y a t il pas l un emprunt abusif En d autres termes et en restant sur un plan pist mologique il n y aurait aucune raison d cisive de jeter l anath me scientifique sur la d marche introspective laquelle trouve effectivement 10 Penser l ducation 2005 un certain regain dans les sciences cognitives aujourd hui Une des caract ristiques de l tre humain est bien de pouvoir s observer lui m me de vivre des tats int rieurs et d en faire l analyse d s lors qu il prend toutes les pr c
28. zanne quand sa vision se fait geste d La parole originaire et l apprentissage Dans l approche de l aphasie plus que jamais Merleau Ponty d monte le dualisme du m canisme et de l intellectualisme Mais surtout il enracine la parole dans un en de du sens la d nomination des objets ne vient pas apr s la reconnaissance elle est la reconnaissance m me Si l enfant commet cette erreur syst matique pour reprendre l expression piag tienne d attribuer au langage le pouvoir magique de faire tre les choses qu il nomme c est bien que la parole est un proc s par lequel un monde se constitue et se structure que si les mots appellent les choses c est qu ils les habitent et que s ils forment un monde coh rent c est qu ils v hiculent les significations Parler est donc accomplir un certain type de gestes vis vis du monde et l aphasie vraie s accompagne n cessairement de la perte d autres gestes analogues Mais il y a des gestes que l on fait pour la premi re fois qui recommencent peut tre ceux d autrui avant nous mais qui ne les r p tent pas la parole originaire de l enfant qui prononce son premier mot de l amoureux qui d couvre son sentiment ou celle de l crivain et du philosophe qui r veillent l exp rience primordiale en de des traditions Comment apprend on par le langage c est dire comment apprend on C est ici la vraie place de l herm neutique dont on a
29. 1987 Le chercheur et le quotidien Ph nom nologie des sciences sociales Editions M ridiens Klincksieck Paris 37 LA Epist mologie de la recherche et critique de l ducation l environnement Vers un d veloppement durable Olivier Meunier La recherche en ducation environnementale s est d velopp e chez les anglo saxons dans les ann es 1970 avec le positivisme le constructivisme et la pens e critique Dans les ann es 1990 elle prend une orientation pluridisciplinaire transnationale voire comparative Dans les ann es 2000 elle est remobilis e autour de la notion de d veloppement durable sur le plan international ce qui se traduit par des politiques ducatives qui visent l int grer dans les curricula comme en France Dans le contexte de la mondialisation les diff rentes conceptions du d veloppement durable ne sont pas r ellement prise en compte notamment celles des pays en d veloppement Les programmes scolaires des pays dits d velopp s int grent de plus en plus les questions environnementales en les mettant en relation avec le d veloppement durable mais les aspects culturels pris en consid ration ne d passent rarement le territoire local ou national Cette pist mologie et cette r flexion permettent de questionner le d veloppement durable sur les plans historique et critique Mots cl s Environnement d veloppement durable ducation environnementale pist mologie pens e critiq
30. 99 et 128 Comment Gertrude Onzi me Lettre op cit page 194 De m me que Kant dans son d passement critique des conflits rongeant la m taphysique consid re que si toute connaissance commence avec l exp rience elle ne s y r duit pas pour autant Introduction la seconde dition de la Critique de la Raison pure 1787 de la m me fa on Pestalozzi estime que si l ducation d bute d abord par celle des sens elle ne s y cantonne pas pour cela L ducation sensible n est donc qu un point de d part Le point de d part de l ducation intellectuelle est l impression produite sur nous par l observation de tous les objets qui en touchant nos sens 122 Penser l ducation 2005 int rieurs et ext rieurs excitent et mettent en action le besoin inn qu a notre esprit de se d velopper lui m me Pinloche 1902 page 99 La p dagogie pestalozzienne n est donc pas une p dagogie empiriste ou impressionniste 5 Pinloche 1902 pages 96 et 97 M So tard 1981 page 414 Comment Gertrude Neuvi me Lettre op cit page 176 Ibid Premi re Lettre op cit page 58 3 Ibid Quatri me Lettre op cit page 110 Ibid page 111 Il est d ailleurs remarquable que dans cette page Pestalozzi expose en cinq points dont le passage qui vient d tre cit constitue le premier ce que nous pourrions appeler en r f rence Descartes les r gles de sa m thode En effet la premi re celle que
31. Edmund MUTELUSI 1998 chapitre 3 page 4 en ces termes la composante historico critique sert r v ler l aspect de gen se collective des notions c est l histoire des sciences qui est sollicit e et la composante psycho g n tique r v ler l aspect de gen se disons individuelles des notions ou connaissances 1 1 3 Le constructivisme dialectique comme synth se Apr s avoir positionn l pist mologie g n tique comme fondatrice du paradigme constructiviste il convient de relever la diversit des travaux pouvant tre rattach s ce courant de pens e Le panorama de ces travaux peut se caract riser par une large oscillation autour de la configuration de l interaction sujet objet entre une tendance id aliste qui privil gie plut t les apports du sujet et une tendance r aliste qui privil gie plut t les apports de l objet Dans le cadre restreint de cet article il est n cessaire de d passer cette diversit l aide d une sorte de synth se de l ensemble du paradigme qui nous servira de point d appui pour la suite de la r flexion Nous retiendrons donc le 21 Penser l ducation 2005 constructivisme dialectique qui correspond une conception qui maintient un parfait quilibre dans l interaction entre apports du sujet et apports de l objet M U TELU SI 1998 chapitre 3 page 9 1 2 LE PARADIGME CONSTRU CTIVISTE Pour pr senter plus avant le constructivisme nous nous appuierons sur le tableau
32. En effet analyse Merleau Ponty le drame individuel de l enfant s il met en sc ne ses parents selon des r les d termin s institutionnellement est avant tout une herm neutique du monde humain et de ce qui s y joue depuis son d but dans la vie l enfant proc de par la simple perception des soins qu on lui donne et des ustensiles qui l entourent un d chiffrement de significations qui d embl e g n ralise son drame propre en drame de sa culture C est ainsi que se joue l insertion dans l Etre que r alise l ducation En rendant possible l interpr tation du monde humain par l exp rience individuelle l ducation contribue transformer le monde humain en permettant aux exp riences individuelles d en d placer acte de libert fondamentale les r seaux de significations toute la conscience symbolique labore en fin de compte ce que l enfant vit ou ne vit pas souffre ou ne souffre pas sent ou ne sent pas de sorte qu il n est pas un d tail de son histoire la plus individuelle qui n apporte quelque chose cette signification sienne qu il manifestera quand il en vient renverser le rapport et glisser dans les significations de sa parole et de sa conduite convertir en culture jusqu au plus secret de son exp rience Il faut pour cela jouir de la libert et le paradoxe de l existence humaine est qu elle d bute dans le d nuement qui commande une attitude possessive or rien ne justifie q
33. L il p 83 Merleau Ponty M R sum s de cours 1953 1954 Paris Gallimard 1968 p 39 ne conna tra pas les hypoth ses de T Kuhn 2 L ducation a pour objet de superposer l tre individuel et asocial que nous sommes en naissant un tre enti rement nouveau Durkheim E Education amp Sociologie 1922 Paris PUF 1989 p 66 2 Richter J P dit Jean Paul Levana oder Erzielehre Stuttgart G Hausmann 1835 Levana ou de l ducation trad A Montandon Lausanne L Age d Homme 1983 p 241 Cf Moreau D Jean Paul lecteur de Jean Jacques l approche herm neutique de l ducation in Le T l maque Mai 2005 85 Penser l ducation 2005 Pestalozzi et la notion de savoir l mentaire Alain Trouv IUFM de l Acad mie de Rouen Laboratoire CIVIIC Universit de Rouen La notion de savoir l mentaire n appartient pas en propre Pestalozzi Cependant nous trouvons chez le p dagogue suisse une th orie implicite du savoir l mentaire L originalit de Pestalozzi r side dans le fait que sa m thode l mentaire s appuie la fois sur une base empirique c est dire sur les donn es sensibles fournies par l intuition sensible pouvant tre re ues d s lors comme les l ments premiers de la connaissance et sur un fondement rationnel c est dire sur les grandes cat gories de la pens e conceptuelle que sont selon lui le nombre la forme et le nom pouvant eux aussi tre co
34. Merleau Ponty M Ph nom nologie p 400 8 Merleau Ponty M Ph nom nologie p 406 C est nous qui soulignons Merleau Ponty M Ph nom nologie p 407 5 Merleau Ponty M Ph nom nologie p 407 Merleau Ponty M Ph nom nologie p 408 7 Merleau Ponty M Ph nom nologie p 400 Ce qui a inspir notre r flexion c est l affirmation que le langage est un centre o le moi et le 84 Penser l ducation 2005 monde fusionnent bien plus o ils se pr sentent dans leur solidarit originelle Dans tous les cas analys s que ce soit dans la langue du dialogue dans celle de la po sie ou galement dans celle de l interpr tation il est apparu que la structure sp culative de la langue est une venue au langage dans laquelle s annonce une totalit de sens H G Gadamer V rit et m thode trad P Fruchon J Grondin G Merlio dition int grale Paris Seuil 1996 p 500 La suite du passage insiste sur l agir de la chose qui s empare de celui qui parle Merleau Ponty M Ph nom nologie p 413 amp Merleau Ponty M La structure p 181 amp Merleau Ponty M La structure p 182 Merleau Ponty M Eloge de la philosophie Paris Gallimard 1960 p 141 Merleau Ponty M Eloge p 142 Merleau Ponty M Eloge p 142 c est nous qui soulignons Merleau Ponty M Psychologie p 92 Merleau Ponty M L il p 14 Merleau Ponty M Eloge p 349 Merleau Ponty M
35. acte d apprentissage comment faire apprendre Heidegger d j dans Q u appelle t on penser explique qu enseigner signifie apprendre apprendre Comment faire Comment avoir connaissance des gestes mentaux C est dans cette perspective que pourrait se r v ler n cessaire et utile une ph nom nologie de la connaissance comme science descriptive des actes de connaissance Voyons plus pr cis ment en quoi 2 Ce que doit la gestion mentale la ph nom nologie En accord avec l auteur qui se r clame explicitement de ce courant de pens e et en particulier de son illustre fondateur le philosophe Edmund Husserl 1859 1938 il semble justifi de qualifier l approche de la gestion mentale de ph nom nologique pour deux raisons essentielles D une part elle repose sur une exigence descriptive des v cus cognitifs qui prend r solument en compte l exp rience subjective de l tre humain dans son rapport aux objets du monde tels que ceux ci lui apparaissent et en s effor ant de mettre entre parenth ses c est dire distance et momentan ment part toute forme d interpr tation th orique ou de jugement a priori Penser l ducation 2005 D autre part elles conf rent la conscience le statut d une vis e intentionnelle en pr sence de l objet afin d en qu rir le sens Comme l crit Husserl 1950 p 295 toute conscience est conscience de ou encore 1985 pp 79 80 les v cus cognitifs poss dent
36. au monde contemporain par les sciences sociales en 48 Penser l ducation 2005 relation avec une analyse prospective de l environnement que coordonne l Institut national de recherche p dagogique INRP en 1971 L INRP participe galement la mise en place d un programme de recherche dans le cadre du PNUE vers une ducation relative l environnement Dans les ann es 1980 dans le cadre du Programme relatif l environnement de la CEE une recherche se met en place partir d un r seau d coles primaires et de coll ges pilotes Dix neuf coles normales servent de laboratoires d id es Giolitto amp Clary 1994 lors d une exp rimentation de 1973 1982 qui permet de constituer un corpus notionnel relatif l ducation environnementale De 1982 1985 la Direction des coles du Minist re de l ducation nationale coordonne des recherches actions permettant d laborer de nouveaux outils ainsi qu une typologie de situations probl mes Les chercheurs fran ais participent diff rents programmes de recherche nationaux mais galement internationaux avec le programme ENSI dans les ann es 1990 o l aspect de la formation des enseignants est abord Clary 2000 Les recherches fran aises alors centr es sur l apprenant et l cole vont s largir dans les ann es 1990 comme l ducation environnementale en dehors de l cole Giolitto 1994 Certaines s inscrivent dans le courant de la c
37. besoin de la science si elle veut se mettre sur le chemin du comprendre etil faudra qu elle puise dans le corpus empirique qu elle accumule pour le soumettre la 66 Penser l ducation 2005 contre preuve de l herm neutique des exp riences quotidiennes Cette t che est prioritaire et c est elle laquelle il s attelle dans son cours de Sorbonne La lecture des notes des auditeurs montre que Merleau Ponty a con u son enseignement principalement comme une discussion avec un certain nombre de th ories issues des sciences humaines l exception de la sociologie qui fera l objet d un dialogue ult rieur qui pr sentent la caract ristique de porter de l int r t des probl mes que la philosophie classique c est dire issue du dualisme cart sien dans la cat gorisation de Merleau Ponty vite scrupuleusement Mais cet int r t ne justifie pas lui seul que l on porte spontan ment leur cr dit d avoir r solu ces probl mes pour avoir construit des explications Cette prise en compte des sciences humaines et il nous para t important d insister sur ce point est une d marche sp cifique la pens e de Merleau Ponty Elle se d marque de l attitude husserlienne o elle puise cependant son origine il ne s agit pas de reconqu rir une position transcendantale somme toute gologique Elle se s pare nettement d une critique marxiste des conditions de production de l id ologie de la science comme chez Canguilhem
38. braux Sur un plan ph nom nologique leur proximit leur est conf r e par le projet ou geste d intentionnalit que se donne la conscience au moment de la perception Thierry Artur rappelle d ailleurs fort justement que selon la ph nom nologie conna tre c est s clater vers L intentionnalit marque donc l instant o la conscience prouve le monde comme ce qui n est pas elle et pourtant comme ce qui lui permet de se structurer et de se laisser habiter par le sens Le monde n est pas dans la conscience et celle ci a besoin de s clater vers l objet les choses les tres et d en d voiler les richesses de sens qui restaient jusqu alors en retrait Artur 1992 p 58 C est la raison pour laquelle le dialogue p dagogique doit se jouer d s le niveau perceptif afin de favoriser chez l l ve l installation du projet d vocation J ai indiqu les diff rentes formes que peut prendre ce projet en pr sence de l crit orient vers le signifiant projet de d signation ou vers le signifi projet de compr hension ainsi que la nature des diff rents contenus mentaux partir desquels il s incarne Gat 1998 Cette d couverte a n cessairement des retomb es p dagogiques Averti de la possibilit de cette disposition mentale en pr sence de l crit le p dagogue doit participer cet lan Car le projet dont il est question est bien de l ordre d un lan vers l avenir Il s inscrit dans une temporalit qui se tempo
39. cela appartient leur essence une intention ils visent quelque chose ils se rapportent de telle ou telle mani re un obijet Cette approche des ph nom nes cognitifs a particuli rement influenc la psychologie contemporaine Pour Pierre Vermersch 1999 pp 7 18 il convient d articuler un point de vue externe comportemental public avec un point de vue subjectif intime et priv qui rel ve d un autre niveau d analyse que celui qui est habituellement tudi dans les sciences cognitives lesquelles visent mod liser des processus de fonctionnement en privil giant plut t un niveau subpersonnel ou computationnel Le niveau ph nom nologique est donc le niveau de ce qui appara t au sujet et l objet d tude particulier relevant typiquement de ce niveau est l exp rience subjective conscientisable et verbalisable Du point de vue propre de la gestion mentale la question essentielle et permanente qui se pose est la suivante avec quel type de projet l apprenant appr hende t il la t che qui lui est assign e et dans quelle mesure les conduites que l on observe ne sont elles pas directement li es aux projets de sens qui les habitent Ce concept de projet de sens est aujourd hui au c ur de la pens e d Antoine de La Garanderie et en constitue probablement l intuition la plus int ressante pour rendre compte de la dynamique des activit s mentales ou plus pr cis ment de la dynamique des gestes mentaux qui sont l
40. de Kant qui incita Pestalozzi r diger sa philosophie l entreprise donna naissance aux Recherches 2 Pestalozzi reprend en effet les principes p dagogiques de l Emile le respect de l enfance et de son d veloppement le primat de l exp rience concr te des choses dans l ducation l importance accord e l ducation physique l ducation par le plaisir et dans la joie 3 Mes recherches op cit page 98 Ibid page 97 5 Ibid page 98 99 Michel So tard 1981 page 267 L id e d un tat de nature jamais perdu est bien s r d origine rousseauiste Mais alors que pour le philosophe genevois il n est qu une hypoth se m thodologique en revanche pour le p dagogue suisse il semble tre une r alit m me vanescente 7 Mes recherches op cit respectivement page 136 et 135 Ibid page 109 Pour plus de d tails sur cette question on consultera M So tard 1981 pages 265 274 La distinction de ces trois tats constitue le c ur des Recherches On se reportera donc galement l dition comment e de M So tard op cit Voir M So tard Pestalozzi in Quinze p dagogues op cit pages 42 et 43 3 P Pomp e 1882 page 202 203 Pestalozzi ne consid rait pas l instruction comme un but mais comme un moyen ce qu il voulait avant tout c tait la culture de l homme Selon Pestalozzi le savoir livr lui m me est nuisible car loin de rapprocher les hommes il l
41. de l autre il a pr server sa libert individuelle naturelle en d pit des normes sociales qui la contraignent 1 2 2 l instruction et l ducation 1 Primat de l ducation sur l instruction Si l on veut bien comprendre les principes g n raux de l ducation propres Pestalozzi il ne faut pas oublier que son but principal est de former l homme dans sa totalit et pas seulement de lui fournir des connaissances m me les plus n cessaires et les plus utiles Ainsi l instruction n est elle pas poursuivie pour elle m me mais elle est plut t l instrument de cette finalit ducative Si Pestalozzi s est int ress aux enfants les plus mis rables et les plus d munis ceux dont il a pris le parti de s occuper concr tement ce n est pas seulement parce qu il d sirait sauver ces enfants l mais c est aussi parce que plus g n ralement par le projet d une ducation int grale il voulait participer l entreprise de 91 Penser l ducation 2005 r g n ration de l humanit dont l instruction l mentaire tait un des moyens C est en effet le constat de la mis re intellectuelle et morale du peuple laquelle il veut rem dier qui lui fait concevoir un enseignement l mentaire dispens tous d s la prime enfance et quelle que soit l origine sociale des enfants concern s comme l indiquent ces propos de P Pomp e Il fallait que les principes g n raux de l ducation fussent absolument i
42. de l instinct rappelle t il Mais la perception humaine proc de de m me cette diff rence pr s que c est l action humaine qui en structure et oriente le contenu Et toute tentative pour expliquer par analogie cette structuration comme manifestation nerg tique inconsciente de tendances ou de besoins impersonnels n appara t que comme une reconstruction abstraite sans pouvoir descriptif sur la r alit Merleau Ponty rejette ce dualisme fondamental des th ories ducatives classiques qui oppose des forces inconscientes sociales ou individuelles un sujet qu il s agit de fa onner gr ce au jeu des premi res en s lectionnant si possible leur force leur direction et leur point d impact Il y a deux mouvements sans relation de causalit sans subordination hi rarchique de l un l autre par lequel l Etre se creuse pour accueillir la vie qui s y installe C est l id e de l unit m lodique que Merleau Ponty reprend Kurt Goldstein 39 Il y a des unit s m lodiques des ensembles significatifs v cus d une mani re indivise comme p les d action et noyaux de connaissance La connaissance primitive n est pas comme le r sultat d un processus nerg tique o les tendances les besoins viendraient donner un sujet pensant impartial les consignes qu il ex cutera docilement La perception a pour objet primitif non pas le solide inorganis mais les actions d autres sujets humains L unit
43. de ses th ses utilitaristes 1 Enfin sauf en ce qui concerne Rousseau Pestalozzi s est maintenu relativement l cart de la culture fran aise Cependant sa notori t grandissante ainsi que sa sympathie envers la R volution Fran aise du moins ses d buts firent qu il fut lev par la L gislative en 1792 au rang de citoyen d honneur de la France M ais apr s la R volution sous Napol on ler Pestalozzi fut presque oubli et la France officielle fit peu de cas de sa m thode d ducation ne connut donc que quelques fervents admirateurs comme le philosophe Maine de Biran 88 Penser l ducation 2005 l crivain r publicain M arc Antoine Jullien ou encore Roger De Guimps qui fut son l ve avant de resurgir sous le minist re de Jules Ferry la faveur des doctrinaires de la r forme p dagogique de la fin du XIX si cle 1 LES PRINCIPES G N RAUX DE LA PEN S E DE PESTALO ZZI Bien que Pestalozzi ait clairement affirm la fois par ses paroles et par ses actes sa volont de ne s occuper que de la mise en pratique de ses conceptions ducatives et p dagogiques il appara t que l on ne peut dissocier cette pratique des id es qui la portent et la gouvernent Ce sont donc les l ments principaux de la philosophie pestalozzienne de l ducation que nous nous efforcerons de d gager avant d aborder les aspects de la m thode l mentaire en elle m me Nous exposerons dans u
44. diff rentes strat gies pouvant venir en aide aux enseignants lors de conflits parents enseignants Etre comp tent dans une discipline signifie t il tre plus connaissant Sorin initie une double r flexion sur la construction des connaissances et le d veloppement des comp tences en contexte scolaire Elle esquisse un mod le de comp tence litt raire pouvant tre d velopp au primaire et au secondaire Enfin Plessis B lair s interroge sur la faiblesse de formation des ma tres dans l enseignement de la communication orale et propose quelques pistes pour am liorer la situation La derni re partie porte sur le contexte de la formation des adultes et des enseignants Pinte aborde la notion de validation des acquis de l exp rience et montre comment ce principe peut redonner du sens au concept d ducation permanente en constituant un formidable moyen de motivation et de mise en confiance des adultes en formation continue Heslon interroge l influence effective des comp tences par rapport celui des r seaux familiaux dans l insertion socioprofessionnelle Plessis Belair montre que l actuel programme de formation la didactique de la communication orale vise le d veloppement de macro comp tences et favorise une approche plus int gr e qu auparavant ce qui permettrait d une part de mettre un terme la parcellisation des savoirs et d autre part d amener les l ves une meilleure compr hension de la
45. dire par l que ces ouvrages ne sont en aucun cas cens s tre confondus avec les abr g s les pr cis ou les manuels contenant les rudiments d un savoir d finitivement fig Nous devons supposer que les livres l mentaires de Pestalozzi restent ouverts sur l exp rience commune des publics auxquels ils s adressent par l abondance des exercices qui s y trouvent ou qu ils sugg rent et surtout par le fait qu ils soient susceptibles d tre r vis s 2 2 Les principes de la m thode l mentaire Nous nous bornerons la consid ration des deux grands principes de la M thode de Pestalozzi constitutifs de l l mentarit Il s agit de l intuition et du principe de simplicit Nous trouvons ces deux principes voqu s de la mani re suivante au sein du canevas de la m thode d enseignement g n rale et psychologique constituant le contenu de la Cinqui me Lettre de Comment Gertrude instruit ses enfants chaque perception sensible ou intuition profond ment imprim e dans l esprit humain et rendue ineffa able s encha ne tr s facilement et presque notre insu toute une s rie de notions secondaires plus ou moins proches de cette perception Et La perception la plus complexe est galement constitu e d l ments simples d s lors que tu les as en mains la chose la plus compliqu e te devient simple 101 Penser l ducation 2005 2 2 1 Le principe de l intuition De Marc Antoine Jullien Michel
46. goci e et leur participation active aux planifications diverses perp tuent la dynamique d engagement Ils ont particip la construction du dispositif ils participent sa mise en uvre 5 3 L thique de la restitution Pr cisons tout d abord que la phase de restitution comme les pr c dentes est sujette n gociation et peut aller d un simple expos un dispositif de formation structur partir des apports de la recherche voir MARCEL 2003 pour une pr sentation d un de ces dispositifs BERGIER 2000 d finit la posture de restitution suspensive qui pr conise de garder la restitution comme une question ouverte c est dire ajustable en fonction des contextes sociaux et institutionnels Cet ajustement se fera en fonction des cons quences de la restitution en s attachant essayer de les anticiper tout en sachant qu on ne pourra pas les ma triser Nous rapprocherons notre posture de cette d finition en raison principalement du statut de l enseignant dans nos travaux N ous faisons en sorte que le statut de l enseignant au sein du dispositif de recherche soit conforme l enseignant du proc s de recherche en tant que vis e du projet de connaissance c est dire dans les deux cas un sujet susceptible d tre tour tour et simultan ment agent acteur et auteur de ses pratiques La restitution suspensive permet aux enseignants de s approprier la phase de restitution comme ils se sont appropri s les pr
47. implique un quilibre entre les capacit s de production de l cosyst me la d mographie et l conomie Sa dimension est la fois cologique sociale et culturelle Le maintien de la biodiversit l adaptation des activit s humaines notamment conomiques aux ressources de la plan te et sa capacit pour les renouveler ne constituent qu un des fondements du d veloppement durable Ses deux autres volets parfois occult s sont social et culturel il promeut d une part l galit des chances entre les hommes comme l acc s aux conditions de base nourriture sant ducation pour vivre et assurer leur bien tre la possibilit d exercer leurs droits fondamentaux et de participer la prise de d cision dans leurs pays et dans la communaut internationale et d autre part la pr servation et le d veloppement de la diversit culturelle tout en assurant la libert intellectuelle et l thique Les politiques de d veloppement durable et d ducation l environnement rel vent g n ralement de trois niveaux les instances internationales ONU UNESCO prennent des r solutions l OCDE et la Commission europ enne donnent un cadre g n ral en faisant des recommandations les tats membres de l Union Europ enne mettent librement en place des actions dans le cadre des orientations d finies par les deux autres niveaux En 2002 les Nations Unies ont confi l UNESCO la responsabilit de la promotion de la d cennie
48. l enfant des connaissances et que je n ai pas dit un mot des moyens de lui procurer des savoir faire dans la mesure o ce ne sont pas seulement les savoir faire des mati res enseign es mais o ce sont cependant des savoir faire dont l homme a besoin pour parvenir la satisfaction int rieure de son tre et qui ne se limitent absolument pas aux quelques mati res que la nature de l enseignement m a forc de toucher Je ne dois pas laisser subsister cette lacune Du savoir sans savoir faire c est peut tre le pr sent le plus redoutable qu un g nie malfaisant ait fait notre g n ration Le savoir faire ne concernera donc pas seulement le domaine de l enseignement scolaire mais galement celui de l enseignement technique et professionnel Ainsi en plus des apprentissages de base lire crire et compter les enfants devront ils apprendre travailler de leurs mains D s l exp rience malheureuse du Neuhof Pestalozzi tait convaincu que la pratique d un m tier tait d abord et aussi un gage d autonomie non 93 Penser l ducation 2005 seulement dans le registre social et professionnel mais encore dans celui de l humanit De l chez lui la conception selon laquelle le travail m me le plus humble loin d tre le signe ext rieur de l esclavage est plut t une valeur des plus hautes dans la mesure o gr ce lui l homme constitue son humanit dans son existence subjective int rieure ind pendant
49. l enseignement en affirmant qu il doit tre gouvern par la consid ration de ces trois principes l mentaires La cons quence est que par la conscience de l unit de la forme et du nom d un objet la connaissance que j en ai devient une connaissance d termin e que par la connaissance progressive de toutes ses autres qualit s elle devient en moi une connaissance claire et que par la conscience du lien qui unit toutes ses caract ristiques elle devient une connaissance distincte Nous l aurons compris le savoir l mentaire rel ve davantage de la construction intellectuelle que de la donation sensible m me s il s agit comme c est le cas ici de coller au plus pr s de l exp rience sensible du sujet Ce qui fait que l l ment formalis n est donc jamais le simple en soi mais est en revanche du simplifi fruit d une laboration intellectuelle 2 2 3 Le principe de simplification Un autre principe propre la M thode l mentaire est celui que nous appelons le principe de simplification Ce principe se d cline en deux types d activit s la simplification des m thodes d enseignement proprement dite et la simplicit relative la relation ducative entre l enseignant et l enseign 110 Penser l ducation 2005 1 La simplification La volont de simplification est souvent exprim e sous la plume de Pestalozzi En guise d illustration nous citerons deux passages l un extrait de la Lettre de Sta
50. l existence comme conscience la science entend substituer l existence comme chose Contre l opacit de la conscience Watson oppose des m canismes physiologiquement explicables Or cette dualit est intenable parce que ces deux perspectives sont solidaires et se renvoient l une l autre sans pouvoir prendre en compte le probl me de l origine de ce qui permet le surgissement du sens dans l existence Pour l une comme pour l autre perspective la constitution du sens est un processus analogique par lequel un sujet transf re une unit issue de sa propre exp rience soit dans une int riorit suppos e pour la philosophie classique soit dans une cha ne de causes et d effets pour le behaviorisme C est dans un premier temps le concept de comportement qui permet Merleau Ponty de d passer cette dualit le comportement en tant qu il a une structure ne prend place dans aucun de ces deux ordres l en soi et le pour soi il devient la projection hors de l organisme d une possibilit qui lui est int rieure Cette premi re approche reste tributaire de Hegel mais d j on per oit ce qui va permettre Merleau Ponty de s en affranchir l impossibilit de viser un absolu et que le Sens se donne la fin dans la visibilit accomplie de l Esprit Si comme le rappelle M erleau Ponty une conscience est selon Hegel un trou dans l Etre c est parce qu elle est pure n gativit qui garantit que par son travail sur
51. le monde elle se supprimera elle m me comme ext riorit Mais la conscience seule peut le dire Si l on observe un comportement structur ce qui appara t plut t et c est le m rite de l approche scientifique de nous le restituer c est tout autre chose nous n avons encore ici qu un creux Dire qu un comportement creuse l Etre ou plus pr cis ment qu il l Etre se creuse l endroit o apparaissent les comportements c est affirmer l impossibilit d un universel victorieux et d un av nement du Sens Chaque comportement porte le paradoxe d tre une singularit impr visible mais qui reste compr hensible s il est structur La compr hensivit est l exp rience que nous faisons d une opacit r siduelle l interpr tation par laquelle la parfaite transparence du sens nous chappe jamais Mais la compr hensivit est la garantie que ce n est pas notre regard qui creuse l Etre pour y ins rer le comportement II ne servirait rien de dire que c est nous spectateurs qui r unissons par la pens e les l ments de la situation auquel le comportement s adresse pour en faire un sens il ne servirait rien non plus de dire que le comportement est conscient et qu il nous r v le comme son envers un tre pour soi cach derri re le corps visible Le creusement de l Etre est un ph nom ne structur dont nous saisissons d embl e l unit il n est ni la projection de notre propre int riorit ni
52. m me si la fin 65 Penser l ducation 2005 pr matur e de son uvre en a interdit le recueil comme question Elle pourrait s noncer ainsi Comment commen ons nous habiter comment nous ins rons nous dans l Etre R pondre cette question suppose de s attaquer une double t che II faut d abord d gager une aire propre l investigation philosophique S il n y a pas de science du commencement cependant la philosophie trouve dans l instant du commencement ses plus s res vidences Aussi s agira t il d effectuer un travail d explication avec les sciences de l homme t che dont nous pensons que Merleau Ponty a t le plus grand instigateur Elle commence l o son urgence se manifeste avec la plus grande clart dans le cours qu il professa la Sorbonne de 1949 1952 en P dagogie et Psychologie de l enfant La seconde t che est l exploration elle m me du domaine une fois que se trouve d gag l horizon de la recherche l insertion dans l Etre est un partage cr atif du Sens et sa remise en jeu permanente L ducation de l enfant devient la clef interpr tative de notre relation l Etre Nous proposons de reprendre d abord chacune de ces t ches b Le d gagement d un acc s l exp rience du monde Heidegger avait montr l origine m taphysique d une rupture radicale entre expliquer et comprendre la science s organise partir d un r gionnement de l tant d cid par la m taphy
53. morale et physique ses diff rents degr s Cette complexit du savoir l mentaire se r v le en effet par ce que nous avons appel un conflit des origines l l mentaire r side t il dans les simples intuitions sensibles ou bien dans les formes id ales qui les structurent en l occurrence la forme le nombre et le nom Nous connaissons la r ponse de Pestalozzi si la forme le nombre et le nom sont les l ments fondamentaux de la connaissance ils sont du m me coup les l ments fondamentaux de l enseignement Par cons quent ils constituent la forme m me du savoir l mentaire sa mati re tant constitu e par les sensations De plus la complexit de l l mentaire se redouble si nous consid rons le fait qu il se rapporte galement la fois au principe de simplification par lequel nous obtenons les l ments des connaissances et celui de simplicit par lequel l ducateur ou l enseignant manifeste justement le souci de simplification des mati res et des m thodes Au del de sa pluralit et de sa complexit ce qui constituera la coh rence du savoir l mentaire r sidera dans le fait qu il joue un r le unificateur entre la nature la psychologie et la p dagogie Il vaut donc comme principe Par cons quent la n cessit de l l mentaire ainsi compris ne peut se r duire la contingence du simple rudimentaire NOTES 1 Les rudiments scolaires correspondent ainsi ce qu Octave Gr ard
54. nologique Plus pr cis ment je voudrais livrer ici quelques l ments de r flexion sur l int r t et les limites d une ph nom nologie des actes de connaissance pour la p dagogie Penser l ducation 2005 Auparavant et comme j ai pu l crire dans un article ant rieur abordant cette probl matique je rappellerai qu il convient sur ce terrain d viter deux cueils A D une part nous souhaitons r sister la confusion des genres La d marche philosophique a sa propre logique et se d ploie dans un champ pist mologique bien circonscrit Si l auteur de la gestion mentale se r clame de cet h ritage ce qu atteste d ailleurs sa formation initiale l ensemble de ses propositions th oriques et p dagogiques r unies sous le concept g n rique de gestion mentale est inscrire selon nous dans un champ diff rent Celui ci a pour objet l tude du fonctionnement mental du sujet aux prises avec des situations d apprentissages diversifi es au sens large du terme et pour finalit s des pr occupations d ordre ducatif orient es vers le d veloppement de l autonomie et de la libert de la personne La gestion mentale n est donc pas une philosophie appliqu e de m me que la ph nom nologie dont elle se r clame n est pas une psychologie de la vie mentale qui s ignore N ous voudrions montrer travers cet article qu il n y a pas d identit de nature entre ces deux d marches mais seulement et ce n est d j pas ri
55. nous venons de citer constituerait la r gle de l l mentarisation la seconde la r gle de l ordre puisque Pestalozzi conseille Range ensuite dans ton esprit toutes les choses qui font partie d un m me ensemble selon l ordre o elles se trouvent en fait dans la nature subordonne dans ta repr sentation tous les l ments secondaires aux choses essentielles Dans les trois autres pr ceptes de sa m thode d enseignement l auteur demande que les impressions sensibles soient davantage stimul es et mises en vidence que les effets de la nature physique soient consid r s comme absolument n cessaires et enfin que les r sultats de l ducation et de l enseignement comme n cessit physique conservent toujours en eux m mes la marque de la libert et de l ind pendance Ibid Dixi me Lettre op cit page 183 184 2 Ibid page 180 3 M So tard souligne le fait que le mot Kunst a un sens tr s large pour Pestalozzi puisqu il poss de plusieurs significations celle du pouvoir de l homme K nnen celle d artifice Verk nstelung de technique et d ducation Voir 2001 page 25 Voir M So tard 1981 page 414 et suivantes C est sans doute parce nul mieux que Pestalozzi a montr la n cessit de la m thode intuitive qu il en est devenu l embl me Voir Daniel Hameline 2002 page 26 5 Comment Gertrude Deuxi me Lettre op cit page 83 Ibid Troisi me Lettre op cit page 98
56. par le caract re des connaissances qui le constituent et qui sont en permanence en instance de r futation En r sum et en suivant les propositions de Karl POPPER nous retiendrons la distinction entre processus cognitifs et r sultats de la connaissance en reconnaissant aux seconds la sp cificit de s manciper des premiers 2 NOS RECHERCHES SUR LES PRATIQUES EN SEIG NAN TES Avant d amorcer une r flexion pist mologique plus approfondie sur les trois composantes du proc s de recherche il est n cessaire de pr senter bri vement le cadre de nos travaux qui fourniront la mati re cette r flexion Notre travail sur les pratiques enseignantes s appuie d abord sur le concept de contextualisation MARCEL 2002 a et b que nous pourrions d finir bri vement par la centration sur les interrelations entre l enseignant agissant et les contextes de ses pratiques Une analyse socio historique du travail de l enseignant du primaire en France MARCEL 2005 c a mis en vidence le d veloppement de pratiques professionnelles hors de la classe principalement marqu es par leurs dimensions collectives qu elles soient formalis es au niveau de l quipe p dagogique ou en partenariat voir MARCEL 2004 b ou informelles durant les temps interstitiels voir MARCEL 2002 c Nous avons donc d fini un cadre g n ral pour l tude de ce travail enseignant le Syst me des Pratiques Professionnelles de l Enseignant du Primaire
57. peut se prendre selon deux niveaux celui propre l ordre rationnel des raisons selon la perspective cart sienne ou bien celui correspondant l ordre psychologique du d veloppement des id es selon le point de vue empiriste Pestalozzi prend le second parti 7 Comment Gertrude Deuxi me Lettre op cit page 80 8 Ibid Troisi me Lettre op cit page 97 Ibid page 103 5 Ibid Deuxi me Lettre op cit page 86 Une note de M So tard nous indique que l ab c daire ou syllabaire paru Berne en 1801 sous le titre M thode pour apprendre peler et lire La table de calcul n est que l bauche de la M thode d observation des rapports num riques 1803 04 1 Ibid Premi re Lettre op cit page 63 7 Ibid page 60 3 Ibid page 72 Ibid Cinqui me Lettre respectivement pages 113 et 114 amp M A Jullien L ducation doit employer partout la m thode intuitive elle donne l intuition ou la vue claire et distincte de tout ce qu elle apprend Cit par J Helmchen op cit page 105 A Pinloche L intuition est le principe supr me de l instruction le fondement absolu de toute connaissance Op cit page 125 M So tard L exp rience sensible ou Anschauung est le principe fondamental de la M thode O p cit page 412 amp Comment Gertrude Neuvi me Lettre op cit page 171 Pinloche 1902 page 125 8 Pinloche ibid respectivement pages
58. ph nom nes humains qui se concentrent sur des sentiments des compr hensions et des significations Le doute et l ambigu t doivent tre rejet s et l objectivit affirm e Ainsi en termes de recherches il y a une volont d am liorer continuellement ces m thodes qui permettent des ph nom nes sociaux d tre directement observ s d crits et mesur s traduction de l auteur d apr s Williams 1996 la fin des ann es 1990 la tradition quantitativiste et le positivisme orientent encore la recherche en ducation l environnement N anmoins progressivement depuis les ann es 1990 la recherche en ducation environnementale commence int grer des m thodologies plus subjectives et interpr tatives Les donn es quantitatives sont alors 40 Penser l ducation 2005 pr sent es comme l tape pr liminaire de l enqu te permettant de formuler des hypoth ses de recherche dans des directions qui m ritent une attention plus qualitative comme les donn es cognitives affectives ou comportementales Par exemple Hungerford et Volk 1990 vont montrer qu il y aurait trois principales cat gories de variables qui favoriseraient le comportement responsable pour l environnement les variables d entr e de niveau comme la sensibilit environnementale de propri t comme l investissement personnel et des variables d habilitation comme la formulation des strat gies d action partir de connaissances et de comp tences
59. pour l ducation en vue du d veloppement durable 2005 2014 et l laboration d un projet de programme d application international Ce programme devrait proposer aux gouvernements des moyens de promouvoir et d am liorer l int gration de l ducation en vue du d veloppement durable dans leurs politiques strat gies et plans ducatifs En 2003 la France a mis en place une strat gie nationale de d veloppement durable II s agit entre autres de renforcer le lien entre cole et soci t civile pour permettre au futur citoyen d acqu rir une culture structur e et raisonn e en mati re d environnement et de d veloppement durable et d en faire un acteur responsable de notre soci t La r alisation de cet objectif passe par de nouvelles approches p dagogiques en milieu scolaire et en dehors de celui ci par la cr ation d outils nouveaux ainsi que par le d roulement de manifestations destin es r fl chir la mise en place et la g n ralisation d une r elle d marche d ducation et de formation l environnement et au d veloppement durable partir de septembre 2004 les nouvelles d marches ducatives en ducation l environnement vers le d veloppement durable qui avaient t exp riment es en 2003 sont g n ralis es dans l ensemble des tablissements scolaires du primaire et du secondaire Les recherches en ducation environnementale remontent en France aux ann es 1970 avec une tude intitul e initiation
60. que Kant dans ses R flexions sur l ducation affirmait Il est de la plus haute importance que les enfants apprennent travailler 4 Le Chant du Cygne 1947 page 163 Lettre de Stans op cit page 46 2 R De Guimps op cit page 521 Lettre de Stans op cit page 45 Dans Le Chant du Cygne Pestalozzi revient longuement sur le r le de la m re voir op cit pages 19sq et 282sq Pinloche 1902 page 94 Comme nous l avons d j dit Pestalozzi bien avant la psychanalyse a compris le r le positif des affects maternels dans l ducation Mais il n en a pas saisi pour autant l ambivalence li e aux m canismes affectifs inconscients par laquelle la relation la m re peut tre ali nante et non seulement lib ratrice comme il l estimait Cela veut il dire qu il y a chez Pestalozzi un culte de la m re un peu excessif ob rant sa conception de l ducation Il n est pas s r que ce soit le cas car ses conceptions voluant il a fini par accorder au p re une place importante dans l ducation des enfants Sur cette question on se reportera M So tard 1981 pages 384 387 Mais toujours est il que pour Pestalozzi la famille joue un r le fondateur pour l ducation et l instruction Pinloche 1902 page 70 Ibid page 95 Ibid page 104 5 M thode th orique et pratique de Pestalozzi pour l ducation et l instruction l mentaire publi e en fran ais par lui m m
61. quipes Les principaux th mes de recherche identifi s sont relatifs l enseignement scolaire mise en application de l ducation environnementale dans les programmes d veloppement des ressources formations initiale et continue des enseignants tude des pratiques et des repr sentations de l environnement chez les l ves valuation des connaissances des l ves sur les enjeux environnementaux internationaux Viennent ensuite par ordre d croissant des recherches sur les r sultats globaux de l ducation l environnement la culture les m dias et l environnement les technologies de l information et l ducation environnementale les politiques environnementales nationales d ducation l action environnementale participative avec des enfants l enseignement des controverses environnementales etc L ad quation de chaque approche th orique aux diff rentes situations de terrain n a pas encore t clairement d finie explicit e et valu e qu il s agisse de recherches philosophiques Jickling 1991 d tudes narratives Gough 1991 de recherches historiques et interpr tatives Greenall 1987 d tudes de cas Monroe Kaplan 1988 ou de recherche actions Muhlebach Robottom 1990 Certains auteurs comme Palmer 1988 sugg rent de travailler davantage sur la compr hension du r le des exp riences 45 Penser l ducation 2005 esth tiques et spirituelles dans le d veloppement de la conscience environ
62. r p tent les jugements qu ils portent ne signifient pas que leurs propos soient vrais la fois quitables justes et fond s positivement ce sont simplement des constructions de la r alit labor es par les acteurs elles deviennent vraies parce qu elles se transforment en pratiques Ces pratiques et ces repr sentations culturelles sociales politiques cologiques conomiques etc seraient comprendre territorialiser et interculturaliser Cela supposerait la reconnaissance des r les qu ont les cultures populaires et familiales au sens large dans la construction du savoir et des pratiques sociales il est en effet plus facile de s appuyer sur ce que l on sait d j pour assimiler d autres connaissances Il faudrait donc commencer par enseigner ce qui fait partie de l environnement quotidien de l l ve ce dernier devant apprendre se l approprier l assimiler et le comprendre de fa on active mais aussi lui enseigner ce qui le concerne directement en tant que citoyen d aujourd hui et de demain Le but serait de rendre les l ves des acteurs capables de contribuer par leurs pratiques citoyennes et conscientes l dification d un espace socialement souhaitable conomiquement et cologiquement durable s agirait donc d une forme d apprentissage permanent de la vie en soci t qui permettrait de valoriser l image de soi de d velopper la curiosit et la sensibilit environnementale et interculturell
63. sa question sans r ponse que puis je apprendre Le merveilleux qui est la dimension par laquelle l enfant exp rimente l incompl tude du sens ouvre la possibilit de l insertion de sa propre histoire dans la sph re de la communaut humaine Une fois de plus une erreur syst matique que Piaget d crit comme l animisme enfantin se d couvre r v ler la v rit de notre insertion dans le monde Au contraire de la pr c dente qui postulait l objectivit de la pens e celle ci repose sur un d ficit herm neutique initial et conduit l enfant mettre en sc ne des acteurs dont les actions semblent compr hensibles la nature ne peut tre saisie d abord que comme la mise en sc ne n cessaire un drame humain Mais faisons nous autre chose lorsque devenus adultes nous essayons de donner un sens l histoire de notre vie C est ici que la r p tition endigue le 80 Penser l ducation 2005 recommencement et que notre insertion dans l tre social tend pouser la Forme de vie gr ce laquelle il nous est donn d interpr ter le monde humain La question de savoir par exemple si le drame sexuel agressif d crit par la psychanalyse d termine les rapports sociaux ult rieurs ou si l inverse ce sont ces rapports dans une institution donn e qui l engendrent est une question sans pertinence qui tente de r instaurer une causalit objective et ce faisant barre l acc s la compr hension de l Etre
64. saut dans le cercle herm neutique non pas contemplation pure mais reprise par chacun selon ce qu il peut des actes d autrui Une science de l homme qui se d marque du positivisme ne peut tre que communication avec une mani re d tre 2 Ainsi interpr te t il la psychologie de la forme chez K hler comme la tentative de constituer une science descriptive qui int gre d autres relations vraies que les relations mesurables qui ne pense plus que les savoirs s obtiennent par d composition des ensembles de donn es empiriques mais par la compr hension de ce qu ils signifient pour ceux qui les poss dent c est dire par le pari qu ils peuvent faire sens Cette d finition lui permet de mettre 68 Penser l ducation 2005 distance la psychologie piag tienne par ses h sitations entre un primat radical de l exp rience en vue d chapper l inn isme et une mise en avant de la structure dans les sch mes de r quilibration dans les sauts entre les stades du d veloppement Le rapport de M erleau Ponty la psychanalyse est une question difficile mais la frange de discussion qu il ouvre avec elle se centre cependant sur un double foyer d un c t l tude de la corpor it comme concept largi de la sexualit de la premi re topique freudienne de l autre c t la r flexion autour de la th matique du drame social comme largissement du complexe familial qui permet l abandon du primat de l
65. son collaborateur Berthoud apporta Pestalozzi pour la confection d un ab c daire et d une table de calcul La Troisi me Lettre quant elle mentionne l ABC de la perception sensible ainsi que le Livre des M res 1803 Dans la Premi re Lettre Pestalozzi expose sa th orie des livres l mentaires Tout d abord ils doivent contenir les premiers l ments des connaissances c est dire l essentiel de ce qui rel ve de la m thode intuitive connaissances math matiques exp rimentales et langagi res nous verrons plus loin pourquoi il en est ainsi Ils doivent partir des l ments les plus simples des connaissances humaines ils doivent imprimer profond ment chez les enfants les formes essentielles de toutes choses ils doivent d velopper en eux de bonne heure et nettement la premi re conscience des rapports num riques ils doivent leur donner pour l ensemble de ce dont ils ont pris conscience et de ce qu ils apprennent par exp rience les mots et le langage appropri s il faut enfin qu ils suffisent partout amplement faire gravir les premiers degr s de cette chelle de connaissances par laquelle la nature nous conduit tout pouvoir et toute force Selon Pestalozzi ces l ments les formes des choses les rapports num riques les mots sont essentiels donc sont les v ritables l ments car ils sont conformes notre nature d tres sentants pensants et parlants En effet notre
66. son corpscomme une puissance indivise et de deviner la jambe fant me vaguement impliqu e en lui C est l apprendre qui signe la diff rence parfois mal comprise entre le corps habituel et le corps actuel loin de d placer ou de restaurer une dualit la diff rence entre ces deux couches explicite en quoi tout projet d action s appuie n cessairement sur une pr compr hension du monde dans lequel il se d ploie c est dire du sens qui le structure Le projet interroge un membre disparu et ouvre une r gion de silence le dialogue est rompu le sens est perdu c est de la m me mani re que nous vitons d abord d interroger un ami disparu pour n avoir pas percevoir ce silence Nous entrevoyons ici la mise en place du th me essentiel par lequel Merleau Ponty choisira l abord de la question de l Etre le recommencement Tout apprentissage r interroge en permanence le corps et le pousse dans l Etre mais la r ponse n est jamais identique l exp rience l habitude la croissance la maladie la d ficience et la vieillesse brisent les savoirs qui semblaient les plus stables et contraignent une qu te sans cesse renouvel e du sens de notre insertion dans l Etre Aucun recommencement ne peut tre r p tition c La perte du monde Le trouble fondamental chez Schn selon Merleau Ponty r side dans la perte de la communication avec le monde des significations Le malade peut d crire pr cis ment les impre
67. sous mes sens leur tre immuable et invariable plut t que leur tat changeant ou leurs propri t s Elles sont l inverse des sources d erreur et d illusion pour moi dans la mesure o leurs manifestations font tomber sous mes sens leurs propri t s accidentelles plut t que leur essence Nous constatons donc que le savoir l mentaire ainsi compris poss de un enracinement sensible 105 Penser l ducation 2005 et affectif conform ment aux options empiristes de notre p dagogue Mais il ne s y r duit pas pour autant dans la mesure o est en m me temps la condition de son d passement vers le domaine intellectuel des abstractions comme nous allons le constater dans les paragraphes suivants 3 Des choses aux mots Renversant totalement la m thode habituelle d instruction faisant commencer l apprentissage par l enseignement des d finitions de mots Pestalozzi ne fait intervenir ces derni res qu apr s que l enfant ait puis tout l art de l observation et de la description des choses D crire avant de d finir et bien voir c est dire observer avant de d crire tel semble tre le grand principe p dagogique qui commande la m thode l mentaire Bien percevoir d abord c est dire bien voir et bien entendre comme l indique ce passage extrait de L onard et Gertrude 1781 87 cit par J Guillaume pour son article du Dictionnaire de P dagogie consacr Pestalozzi Le passage suivant r sume nettem
68. toutes les parties du corps Trois principes fondamentaux de la p dagogie de Pestalozzi se d gagent donc partir de ces analyses l esprit le c ur et le corps Mais sans doute tributaire d une interpr tation par trop intellectualiste de la doctrine du p dagogue A Pinloche ne semble pas avoir suffisamment insist sur l ducation de la main dont nous avons pourtant rappel l importance propos du travail manuel Beaucoup plus tard il reviendra M So tard la t che de clarifier davantage les choses en pr cisant que la logique de l ducation l mentaire reposait sur trois principes formant une triade la t te Kopf le c ur Herz et la main Hand correspondant ces trois formes d activit fondamentales conna tre Kennen vouloir Wollen pouvoir K nnen Pestalozzi avait d j lui m me formul ces principes structurant sa m thode l mentaire Les l ments de cette m thode sont ceux m mes du vouloir du pouvoir et du savoir M So tard attire notre attention sur le fait qu il s agit ici moins de la description de trois facult s humaines que de trois points de vue pris sur lui Celui du pouvoir qu il a de se d gager des impressions confuses pour acc der aux concepts clairs celui de l aptitude qu il se forge de mettre en uvre sa volont libre pour d velopper le meilleur de lui m me celui des moyens techniques qu il se donne dans l intention de se faire uvre de soi m me 5 Ce sera
69. velopper d s l m me chez lui une force dans la facult de r fl chir et de se livrer tout entier ce qu il fait qui doit influer sur le reste de sa vie 10 C est ainsi que l enfant apprendra observer anschauen les diff rents tats de la mati re ses transformations de l un l autre ainsi que les diff rents effets produits chaque stade et au cours de ces processus A Pinloche nous donnant quelques exemples de notions intuitives l mentaires nous dit que l enfant qui les a acquises poss de en m me temps les l ments des sciences Tout enfant qui a appris observer avec une exactitude l mentaire par exemple les diff rents tats de l eau en repos ou en mouvement et ses transformations en ros e pluie brume vapeur givre gr le etc puis ses effets et l action qu elle exerce dans tous ces tats sur d autres objets naturels et s exprimer l dessus avec nettet poss de en lui m me les l ments des notions p dagogiques de physique sur tous ces objets 1 Par cons quent la notion pestalozienne de savoir l mentaire ne saurait tre ramen e un empirisme na f d apr s lequel l intuition sensible en question se r duirait aux impressions sensibles les plus imm diates Comme nous l avons vu un peu plus haut l Anschauung int gre le pouvoir intellectuel d abstraction par laquelle la m thode l mentaire intuitive est m me de nous fournir le moyen de constituer un savoir 11
70. vers un scientisme aggrav r sultat d une prise totale d une autonomie qu elles n ont pu ma triser Nous avons propos par ailleurs les bases d un dialogue entre la philosophie et les sciences de l ducation possible d s que la premi re abandonne la prescriptivit ill gitime qui la caract rise parfois et que les secondes renoncent leur pr tention rendre compte de la totalit de l exp rience ducative Mais l aporie que l on remarque est tr s loign e d tre une mal diction de l poque comme l imaginent parfois certains textes nostalgiques N ous pensons qu elle r sulte plut t de l oubli dans laquelle la philosophie se trouve d une perspective qui a t la sienne et qu elle s est refus investir parce qu elle y perdait son h g monie disciplinaire Cette perspective a t ouverte par Rousseau que Claude Levi Strauss consid re comme le v ritable fondateur des sciences humaines c est ce nouveau regard port sur l homme qui fait de la p dagogie une d marche mancipatrice Rousseau d gage l horizon ontologique de l ducation la sp cificit de l enfant c est la v rit du surgissement de l humain et la t che de la p dagogie devient d accompagner et d tayer cette gen se d un autrui nouveau Elle devient scientifique en redevenant philosophique et chappe sa t che traditionnelle de recension des routines magistrales La r ception de l uvre p dagogique de Rousseau avait pu prendre de
71. voque l intuition et la M thode intuitive caract ristique de la M thode l mentaire Par cons quent l intuition tant au principe de la connaissance elle se situera donc naturellement au principe de l enseignement de cette connaissance Les propos de Pestalozzi sont assez loquents ce sujet II n y a pas d autre rem de possible que de tourner le dos aux tendances superficielles lacunaires et charlatanesques de notre enseignement populaire et de reconna tre que l intuition sensible est le fondement absolu de toute connaissance ou en d autres termes que toute connaissance doit venir de l intuition sensible et doit pouvoir tre ramen e elle C est donc l intuition qui devra gouverner la nouvelle m thode g n rale d enseignement qui sera connue sous l appellation de m thode intuitive 2 2 2 La m thode intuitive 1 Rationalit de la m thode intuitive La m thode intuitive appara tra d abord comme tant en conformit avec le d veloppement naturel de l esprit Autrement dit le principe de la connaissance comme la m thode de son enseignement s appuient tous deux sur les m canismes psychologiques de la pens e Il suffit donc d en rep rer l conomie de leur organisation pour fonder rationnellement et scientifiquement toute la p dagogie Je cherchai donc d couvrir les lois auxquelles l esprit humain en vertu de sa nature propre est soumis dans son d veloppement Je savais qu elles devaient tr
72. 2 l mentaire structur 4 Intuition et jugement Nous avons d j mentionn comment Pestalozzi r solvait la contradiction entre d un c t l exigence de suivre la marche de la nature et de l autre la n cessit de recourir un artifice la M thode afin de s y conformer le plus fid lement possible par la distinction op r e entre d une part l intuition Anschauung et de l autre de l art de l intuition Anchauungkunst Pestalozzi commence en effet sa Dixi me Lettre ou Lette Gessner de 107 Penser l ducation 2005 la mani re suivante Ainsi l intuition sensible pour autant qu elle est consid r e comme le point de d part de l enseignement doit tre distingu e de l art de la perception qui est constitu par l tude des rapports entre toutes les formes 1 Cela veut dire que la voie intuitive suivie par la m thode l mentaire ne saurait se contenter des simples premi res impressions sensibles toujours confuses car non distingu es L exp rience concr te des choses est donc bien constitu e par ces impressions primitives brutes mais elle ne s y ram ne pas car elle a besoin d tre inform e par un art Kunst dont les instruments sont constitu s par les grands concepts fondamentaux re us comme l ments de la connaissance Pour Pestalozzi les concepts de l art de l intuition nous l avons vu sont la forme le nombre et le nom Le premier cours du Livre des M res n est pas au
73. 3 3 Pour reprendre l expression utilis e par M So tard dans son introduction son dition de la Lettre de Stans Lettre de Stans op cit page 52 5 Cit par M So tard 1981 page 590 3 M So tard souligne que la conception originale de Pestalozzi contre les syst mes traditionnels d ducation a le m rite de ruiner la racine les pr tentions d un savoir humain tabli en fait sur le silence des moins savants lbid page 416 37 Pestalozzi M thode th orique et pratique op cit page 39 Comment Gertrude Deuxi me Lettre op cit page 80 3 Pour plus de d tails se reporter Pinloche 1902 pages 114 121 On consultera galement avec profit M So tard 1981 au chapitre Volksbildung et Menschenbildung page 574 et suivantes L affirmation selon laquelle la nature serait ducatrice n a d ailleurs gu re de sens puisque le probl me de l ducation appara t dans l cart existant entre le domaine de la nature et celui de la culture Cela n est pas tonnant car le projet m me de suivre la nature est d j en lui m me un artifice 2 G Compayr Pestalozzi dans la pratique est souvent infid le ses maximes th oriques L ap tre de l intuition et de l ducation de la nature ne laisse point agir suffisamment les lois naturelles et c est des r gles fort artificielles qu il asservit l intuition L adversaire de l instruction livresque et du bavardage scolaire choua
74. 9 puis Berthoud Burgdorf 1799 1804 et enfin Yverdon 1805 1825 qu il d cida d engager son exp rimentation ducative Pestalozzi tout comme Basedow forgea donc le projet de donner des mains la grande Id e de l Emile Nous entrevoyons l de quoi alimenter notre r flexion sur la notion de savoir l mentaire tant entendu qu avec Pestalozzi ce dernier chappe la double r duction qui en fait soit un ensemble de simples rudiments soit un unique principe pist mologique Mais avant d entrer dans le d tail de la m thode l mentaire du p dagogue suisse nous jugeons opportun d exposer auparavant quelques g n ralit s se rapportant sa doctrine Notons tout d abord que c est par la mise en pratique de ses vues ducatives autrement dit c est en tant que p dagogue que Pestalozzi s est non seulement pr occup de la petite enfance mais encore est devenu le pr curseur de la psychologie de l enfant Par ailleurs Pestalozzi peut tre galement consid r comme tant un des promoteurs de l ducation populaire moderne par le fait qu il proposa un programme d instruction l mentaire destin dispenser aux enfants les connaissances pr alables suffisantes pour leur faciliter le progr s ult rieur de leur culture individuelle Nous ajouterons que Pestalozzi subit l influence du philanthropinisme qui selon A Pinloche lui avait pr par le terrain m me s il s est progressivement cart
75. Environmental Education Problem Solving and Some Humility Please in Simmons D Knapp C Young C eds Setting the Agenda for the 1990s 19 conf rence de la NAAEE Troy OH NAAEE KU MURDIJIAN D 2001 2002 La p dagogie de l environnement pour lutter contre les conduites risques in Le partenariat en Education Relative l Environnement Education Relative l Environnement Regards Recherches R flexions vol 3 Poitiers IFREE Arlon Fondation Universitaire Luxembourgeoise 143 154 LUCAS AM 1979 Environment and Environmental Education Conceptual Issues and Curriculum Interpretations Kew Victoria Australia International Press and Publications LIWOSKI M Hisinger J F 1992 The Effect of Field based Instruction on Students Understandings of Ecological Concepts Journal of Environment Education 23 1 19 23 MEUNIER O 2001 Formation maintenance et organisation du travail dans les entreprises en Afrique subsaharienne L Harmattan coll ducations et soci t s 411 p MEUNIER O 2004 Vers une didactique de l ducation l interculturalit et au d veloppement durable approches internationales Actes de la 7 biennale de l ducation et de la formation D bats sur les recherches et les innovations Lyon 14 au 17 avril 2004 MEUNIER O Freitas M Culturas t cnicas educa o e ambiente uma abordagem hist rica do desenvolvimento sustent vel para tre MILLAR R
76. PENSER L DUCATION PHILOSOPHIE DE L DUCATION ET HISTOIRE DES ID ES P DAGOGIQUES N 17 Juin 2005 Coordination scientifique de la revue Jean HOU SSAYE Professeur en Sciences de l ducation Universit de Rouen Assistance technique et scientifique Lo c CHALMEL Universit de Rouen Marie Fran oise Du FRESME Universit de Rouen Choix des articles Chaque projet d article est examin par un comit de lecture compos de trois universitaires Il doit tre organis selon trois parties un r sum une liste de mots cl s un texte Les projets doivent tre adress s Jean Houssaye UFR de Psychologie Sociologie et Sciences de l ducation Laboratoire Civiic B P 108 76821 MonT Saint AIGNAN Cedex avec une disquette informatique jointe Adh sion la revue comme universit partenaire Les universit s ou tablissements d enseignement sup rieur souhaitant participer au d veloppement de cette revue sont invit s adresser leur demande J Houssaye Universit de Rouen Pour tout renseignement compl mentaire vous pouvez joindre Lo c Chalmel ou Marie Fran oise Du FRESME au 02 35 14 64 38 Impression Groupe M orault imp Lecerf Rouen O ffset N imp 1695 D p t l gal 1 semestre 2005 PENSER L DUCATION PHILO SO PHIE DE L DUCATION ET HISTOIRE DES ID ES P DAGOGIQUES Sommaire N 17 Juin 2005 Int r t et limites d une ph nom nologie des actes de connaissance po
77. SPPEP qui envisage chaque cat gorie de pratiques professionnelles en interrelations avec les autres MARCEL 2004 a et e 2005 b Nous retrouvons le concept de contextualisation ciblant ici plus particuli rement une dimension du contexte celle de l cole entendue comme espace de pratiques voir MARCEL 2005 f 24 Penser l ducation 2005 Nos recherches portent donc sur les interrelations entre les pratiques individuelles de l enseignant dans sa classe et les pratiques collectives de l quipe p dagogique hors de la classe Les pratiques individuelles et collectives de l enseignant du primaire sont des mani res d exercer un m tier c est dire qu elles permettent simultan ment d apprendre tre son m tier et d apprendre faire son m tier Cette approche sociocognitive de l exercice professionnel cible les savoirs professionnels en distinguant quatre cat gories ceux relevant de la prise en charge des t ches professionnelles et ceux relevant de la socialisation professionnelle d clin s dans chaque cas au niveau individuel et au niveau collectif MARCEL 2005 a Elle les tudie au travers des pratiques enseignantes en situation en relation avec le contexte sociohistorique de leurs actualisations en s attachant particuli rement aux processus de mobilisation de construction de capitalisation et de diffusion de ces savoirs professionnels Au niveau m thodologique nos travaux s appuient sur le prin
78. SSAGE ET L INSERTIO N DANS L ETRE a L nigme contre le probl me La r flexion philosophique peut elle aller plus loin L interpr tation du d ficit n est possible que pour des observateurs sains arm s de comp tences herm neutiques intactes par rapport leur propre exp rience et celle r duite d autrui M ais comment comprendre l enfant si l on abandonne cette repr sentation classique dont Rousseau nous a d livr s d un tre d ficient On a dit un peu rapidement qu il n y avait pas d enfant philosophe Peut tre le contraire est il vrai tous les enfants sont philosophes parce qu ils se situent exactement dans le surgissement du sens dans la construction sans garantie des significations autre que la pr sence donn e d un environnement humain Mais y a t il une philosophie qui puisse d crire et recueillir cette philosophie originaire Ce sera la question majeure de toute l uvre de Merleau Ponty qui supposera que l on sorte au dehors l o le langage se forme o les visions s arrachent aux choses o l Etre se creuse La m thode de Merleau Ponty est pr sent e sous forme d nigme Il ne s agit plus on l a soulign de r solution de probl mes dans laquelle l inconnu est saisi par comparaison avec le connu La solution est dans l nigme comme le chat du r bus est cach dans le feuillage de l arbre mais pour l atteindre il faut s y plonger c est dire s y perdre et ne plus pouvoir expliquer C e
79. So tard en passant par Alexandre Pinloche partout est r affirm le fait que l intuition constitue le principe m me de la M thode l mentaire Pestalozzi en fait donc le principe supr me de l enseignement J ai tabli le principe le plus lev de l enseignement dans la reconnaissance de l intuition sensible comme le fondement absolu de toute connaissance La M thode l mentaire d instruction et d ducation se pr sente donc d abord comme relevant de la m thode intuitive d apr s laquelle l apprentissage doit s enraciner dans l exp rience sensible et v cue de l enfant partir du moment o nous d finissons avec Pinloche l intuition de la mani re suivante L intuition sensible consid r e en elle m me n est autre chose que le fait qui se produit lorsque les objets ext rieurs tant plac s devant nos sens nous sentons s veiller la conscience de l impression que ceux ci en prouvent Ainsi le seul fait de faire entendre des sons l enfant et la conscience qu il a de l impression produite sur son ou e par ces sons constituent pour lui une intuition aussi bien que la simple pr sentation des objets devant ses yeux et la conscience qu il a de l impression produite sur sa vue par ces objets Ce parti pris p dagogique est lui m me justifi par les pr suppos s philosophiques de Pestalozzi stipulant que la forme de la connaissance se structure comme nous l avons vu selon les trois l ments fondamentau
80. TUT DE LA CONNAISSANCE du paradigme l pist mologie constructiviste Si un paradigme peut tre tr s bri vement d fini comme une mani re socio historiquement dat e de penser le r el l pist mologie qui s en inspire va se focaliser sur les conditions de productions de connaissances scientifiques sur ce r el Le tableau du paragraphe pr c dent s est attach montrer que le constructivisme est un nouvel esprit scientifique et qu il ne saurait donc se d finir sur l axe symbolique 22 Penser l ducation 2005 mat rialisme id alisme 5 C est donc un paradigme qui se d finit d abord par un principe gnos ologique selon lequel la connaissance est une repr sentation de l exp rience cognitive Cette ins parabilit de la connaissance et de la repr sentation entendues dans leur distinguable activit l exp rience intentionnelle du sujet connaissant et la construction t tonnante du sujet repr sentant la connaissance constituent sans doute l hypoth se fondatrice forte sur laquelle se d finissent aujourd hui les connaissances enseignables scientifiques et communes que l gitiment les pist mologies constructivistes 7 Ce principe se traduit au travers des deux hypoth ses ph nom nologique et t l ologique qui dans ce paradigme fondent le statut de la connaissance et structurent sa proposition pist mologique L hypoth se ph nom nologique pose qu il n y a pas de connaissance en deho
81. Vattimo replace la perspective de Merleau Ponty dans une lumi re nouvelle Mais tout cependant tait clarifi depuis l essai Le philosophe et la sociologie quand il crivait le philosophe professionnel n est pas disqualifi pour r interpr ter des faits qu il n a pas lui m me observ si ces faits disent autre chose et plus que ce que le savant y a vu C est cette requalification de la philosophie en tant qu herm neutique de l exp rience du d veloppement et de la structuration que nous proposons d examiner d sormais Les deux ouvrages clefs que sont La structure du comportement 1942 et La ph nom nologie de la perception 1945 d gagent avec une audace qui surprit et dont la pr face d Alphonse de Waelhens rend bien compte cette r interpr tation de la position de la philosophie La diff rence d accentuation entre ces deux textes est pour nous celle de la double t che dont nous avons pos l hypoth se et dont nous avons suivi le fil directeur la Structure est bien ce d gagement d un espace de discussion avec la science et la Ph nom nologie une herm neutique de l insertion dans l Etre 69 Penser l ducation 2005 Il LE CREU SEMENT DE L ETRE a M taphores de l existence La question de l existence est le centre de la discussion qu ouvre La Structure du comportement En effet la science par ses travaux empiriques semble nous livrer un envers de la r flexion de la philosophie classique
82. a pas dans l esprit de l Aufkl rung qui domine son poque En effet d une part selon lui la maitrise encyclop dique des savoirs scientifiques et techniques s av re incapable d assurer la formation morale de l homme tout comme son bonheur D autre part Pestalozzi n envisage pas uvrer uniquement pour l accomplissement de l humanit en g n ral son id al n est pas universaliste dans ce sens l car c est plut t l accomplissement de l individu dans sa singularit qu il recherche En ce sens il n est pas philosophe mais plut t ducateur C est pourquoi le savoir sans tre n glig pour autant n est pas absolument primordial dans l ordre des priorit s ducatives 2 LA M THODE L MENTAIRE Nous allons aborder maintenant la M thode l mentaire en elle m me en tant qu elle procure le moyen de constituer un savoir l mentaire indispensable Nous passerons en revue ce qui nous appara t comme tant ses deux grands principes l intuition et la volont de simplification ses principaux caract res son organicit et son universalit Mais auparavant il convient de nous interroger sur l existence ou non d une m thodologie chez Pestalozzi 97 Penser l ducation 2005 2 1 M thodologie 2 1 1 Empirisme ou exp rimentation Parce que Pestalozzi est un praticien avant tout parce qu il a lui m me soulign la primaut de la pratique sur la th orie suffit il de dire qu Yverdon resta une simp
83. acun la maitrise de ces processus En ce sens elle s inscrit me semble t il dans un paradigme psycho p dagogique orient vers l ducabilit cognitive Plus pr cis ment cette approche que j ai abondamment exploit e dans le cadre de mes recherches sur le lire crire Gat 1998 1999 2002 propose l enseignant une intelligibilit de l acte d apprendre lui permettant d avoir prise sur sa pratique p dagogique diff rents niveaux du syst me scolaire tout en prenant en compte les concepts et les outils didactiques que n cessite l enseignement des diff rentes disciplines Certes il convient de rappeler la filiation d Antoine de La Garanderie avec la pens e du psychologue Alfred Binet notamment sur la question de l introspection et de l ducabilit de l intelligence ce qui d ailleurs lui donne galement son ancrage dans une certaine tradition de la psychologie fran aise O n sait le r le d terminant donn par Antoine de La Garanderie l introspection m thode combien controvers e dans certains milieux de la recherche et dont cet auteur ne cesse de d fendre et d illustrer la scientificit La Garanderie 1989 Sans doute est ce le recours l introspection qui singularise son approche au regard des autres galement soucieuse d ducabilit cognitive Toutefois si la r f rence Binet le conforte dans cette m thodologie d tude des processus mentaux il convient de bien marquer les niveaux de continuit et
84. ait l mergence du Moi le geste d autrui le parent qui mordille le doigt de l enfant n acc de une signification que lorsqu il rencontre une sensation d j pr sente mais non identifi e qui peut orienter la m choire de l enfant vers la morsure C est le geste d autrui qui permet l enfant de s interpr ter comme sujet capable de mordre Mais ce geste n est pas simplement visible puisqu il produit une sensation corporelle propre Il y a donc une intercorpor it primitive par laquelle l intersubjectivit devient possible Cette intercorpor it avant les corps avant les sujets personnels est un visage de l Etre elle devra pour Merleau Ponty tre reconstitu e par une communaut pour chaque apprentissage entre ce corps ph nom nal et celui d autrui tel que je le vois du dehors il existe une relation interne qui fait appara tre autrui comme l ach vement du syst me Le corps d autrui n est pas un objet du monde c est un comportement par lequel je vais interpr ter ces intentions confuses qui sont en moi comme pouvant se structurer comme des comportements Si l imitation du comportement d autrui est la source principale de l apprentissage humain c est parce qu elle est le prolongement dans l acte de voir de cette intercorpor it primitive Voir c est avoir distance d clare L il et l esprit 77 Penser l ducation 2005 c Le monde des outils Une communaut humaine fa onne le donn nature
85. alog in The Paradigm dia log Newbury Park California Sage HEWSON M Hamlyn D 1983 The Influence of Intellectual Environment on Conception of Heat communication pr sent e la rencontre annuelle de l American Educational Research Association Montreal Q uebec HILLCOAT J 1996 Action Research in William M ed Understanding Geographical and Environment Education London Cassell HINES J Hungerford H Tomera A 1993 Analysis and synthesis of Research on Responsible 59 Penser l ducation 2005 Environmental Behaviour A meta analysis Journal of environmental Education 18 2 1 8 p 7 HUNGERFORD H Peyton R Wilkie R 1980 Goals for Curriculum Development in Environmental Education Journal of Environmental Education 2 42 47 HUNGERFORD H Peyton R Wilkie R 1983 Editorial Yes EE Does Have a Definition and Structure Journal of Environmental Education 14 1 2 HUNGERFORD H Sia A Tomera A 1985 Selected Predicators of Responible Environmental Behaviour An Analysis Journal of Environmental Education 17 2 31 40 HUNGERFORD H Volk T 1990 Changing Learner Behaviour Through Environmental Education communication pr par e pour la table ronde sur l environnement et l ducation Conf rence mondiale de l ducation pour tous U NESCO UNICEF Jomtien Thailand mars 1990 in Journal of Environmental Education 21 3 8 21 JICKLING B 1991
86. alozzi arriv un certain stade de son exp rience apr s la r daction des Recherches ait ressenti la n cessit d une th orisation de sa m thode et qu il se soit mis en qu te d une philosophie de son ducation d un Discours de la M thode formulant certainement le cogito de la p dagogie moderne Le sentiment de cette n cessit ne nous surprendra pas dans la mesure o la pratique p dagogique ne peut se passer du discours r flexif th orique qu elle fait sur elle m me Mais le p dagogue suisse reconnaissant son manque de comp tences pour ce genre d exercice ainsi que son absence de go t pour la chose th orique laissera celui qui fut son ami Niederer le soin de se charger de la mise en uvre de la justification th orique de la M thode l mentaire Pestalozzi n est donc pas un th oricien la mani re des philosophes il ne cherche pas construire un syst me d ducation complet et achev o chaque l ment renvoie tous les autres et la totalit par une sorte de n cessit organique interne Mais cela n emp che pas pour autant la pr sence au sein de sa pens e de profondes pr occupations th oriques et philosophiques g n rales les Recherches en t moignent mais aussi une 98 Penser l ducation 2005 r flexion d ordre m thodologique propos de sa M thode l mentaire Cet aspect n avait d ailleurs pas chapp l un des tout premiers admirateurs de Pestalozzi D
87. antes d orientation Le cas de la d cision du passage d un l ve au cours d un Conseil de Cycle l cole primaire Revue Orientation scolaire et professionnelle 33 n 1 p 25 45 MARCEL J F 2004 c Experiencia y formacion profesionales Revista Comunicacion y Pedagogia N 195 Barcelona Espana p 47 52 MARCEL J F 2004 d Recherches contextualis es et pratiques enseignantes In MARCEL J F et RAYOU P Dir Recherches contextualis es en ducation Collection de la Biennale P 13 28 INRP Paris MARCEL J F 2004 e Syst me des pratiques professionnelles et professionnalit de l enseignant Le cas de l enseignant du primaire en France In Ann e de la recherche en Sciences de l ducation ann e 2003 Formation des professeurs et identit p 89 100 Editions L Harmattan Paris MARCEL 2004 f L cole comme espace de pratiques professionnelles et les interactions individualis es dans la classe In Revue Carrefour de l Education n 18 juillet d cembre 2004 p 42 57 MARCEL 2004 g Les IUFM en chantier in Formation et Profession Vol 10 n 2 Bulletin du CRIFPE Universit de Montr al Qu bec p 37 43 MARCEL 2004 h L cole perp tuit in Revue Perspectives Documentaires en Education n 59 2003 p 67 78 MARCEL J F 2005 a Le d veloppement professionnel de l enseignant au travers de l volution de ses pratiques Revue des Sciences de l Education accept para tre
88. artient 1 Mais pour d finir la chose il faudra que je dispose des cat gories intellectuelles de genre et d esp ce Ces cat gories comme toutes les autres sont acquises par induction partir des donn es sensibles au moyen d exercices appropri s propos s par le ma tre ayant pour but de permettre le passage de l empirique au rationnel En exer ant les enfants comme je commen ais alors le faire tracer des lignes des angles et des arcs 106 Penser l ducation 2005 on donne de la consistance aux impressions qu ils re oivent de tout ce qu ils voient et on leur met entre les mains une technique qui doit conduire r solument rendre clair et toujours plus distinct tout ce qui surgit dans le champ de leurs exp riences En effet pour qu il y ait connaissance la seule intuition empirique ou mati re sensible ne suffit pas les cat gories de l entendement en informant c est dire en lui donnant une forme le donn sensible permettent de constituer l exp rience comme telle qu elle soit sensible ou intellectuelle Ainsi la p dagogie l mentaire de l intuition doit elle contribuer la formation de l esprit comme l indique le commentaire de D Chavannes La M thode en s emparant la fois des yeux et des oreilles de l enfant en ne lui pr sentant que des choses qu il peut saisir et comprendre de la mani re la plus claire doit n cessairement fixer son attention au plus haut degr possible et d
89. as l g ret ou incons quence de sa part mais ils manifestent la tension dialectique inh rente sa M thode et peut tre m me toute bonne m thode p dagogique par le fait que d un c t elle soit ouverte et que de l autre elle soit tributaire comme toute m thode d une n cessaire rigidit C est sans doute ce qui la rend fondamentalement perfectible Enfin nous remarquerons que l aveu du caract re ouvert et inachev de la M thode laisse penser que les l ments eux m mes soient eux aussi volutifs et perfectibles Ils se modifient et voluent non en raison de leur caract re pist mologique comme c est le cas dans le rationalisme scientifique o les l ments des sciences d pendent directement des progr s m mes de ces derni res mais du fait de leur enracinement dans l exp rience humaine toujours al atoire mais perfectible puisqu il s agit de se faire uvre de soi m me Conclusion Quels sont les r sultats auxquels nous aboutissons au terme de notre parcours de la doctrine p dagogique de Pestalozzi en ce qui concerne la question du savoir l mentaire Nous dirons tout d abord que la notion de savoir l mentaire chez Pestalozzi peut s entendre selon deux sens diff rents mais compl mentaires soit elle d signe le savoir issu de l intuition empirique lui conf rant d s lors une dimension affective et psychologique soit de nature rationnelle elle d signe les cat gories fondamental
90. ateurs en la mati re qui se fit conna tre par son monumental Livre l mentaire 1770 1774 dans lequel il exposa sa fameuse M thode 5 Son Emile nous dit Pestalozzi malgr sa haute importance est rest un livre ferm et n a pas produit un seul ph nom ne qui ait mis son esprit en vidence Cit par Michel So tard dans son dition des Recherches sur la marche de la Nature dans le d veloppement du genre humain 1994 page 235 5 Selon l expression employ e par Michel So tard dans le chapitre Johann Heinrich Pestalozzi in Jean Houssaye 1994 page 38 Bien s r Rousseau lui disputera ce titre mais la faveur de son contact r el avec l enfance les observations de Pestalozzi seront plus pr cises que celles de son ma tre En effet Louis Meylan Henri Pestalozzi in Jean Ch teau 1961 page 222 souligne que Pestalozzi n a pas manqu de percevoir le r le fondamental de la m re dans l ducation de l enfant id e tr s moderne confirm e par l approche psychanalytique du processus ducatif 8 Selon le propos d A Pinloche dans l Introduction de son Pestalozzi et l ducation populaire moderne 1902 Propos confirm par celui de Peter Stadler dans son article Pestalozzi le p dagogue dans l Histoire in Michel So tard et Christian Jamet 1998 page 44 Pestalozzi Lettre de Stans 1985 page 52 Remarquons au passage que le propos de Pestalozzi est tr s proche de celui de Condorcet qu
91. autions m thodologiques qui s imposent pour faire uvre de scientificit Doit on pour autant y associer le qualificatif de ph nom nologique en invoquant le nom de Husserl qui se m fiait d ailleurs de toute d marche psychologique ou m ta psychologique La probl matique de cet auteur n est elle pas plus d ordre transcendantal que d ordre psychologique Comment concilier l id alisme transcendantal vers lequel culmine toute la pens e de Husserl la recherche d essences pures ou eidos avec le souci du psychologue ou du p dagogue d atteindre l exp rience v cue du sujet dans sa r alit singuli re En d autres termes le sujet de la gestion mentale n est il pas tout simplement le sujet empirique celui que l on peut atteindre et que l on atteint effectivement par l exp rience objective comportementale ou subjective introspective En ce sens l approche d Antoine de La Garanderie rel verait plus de l exp rientiel que du ph nom nologique selon l acception philosophique du terme Et pourtant cet auteur n est il pas aussi la recherche des lois qui r gissent le monde mental de l essence m me des actes de pens e l attention la m morisation la compr hension la r flexion et l imagination cr atrice avec tous les enjeux p dagogiques que comporte une telle recherche Tout en mesurant la complexit d un tel d bat j ai tent d apporter r ponses ces questions Gat 1995 1999 2000 Qu il me soit permis i
92. autre part la proximit de sens entre ses travaux et la ph nom nologie Pourtant ce n est que dix ans apr s la parution des Profils que cette proximit ne sera r v l e sans doute en raison d une pr occupation qui fut d abord p dagogique et en faveur des enseignants il l tait lui m me confront s aux difficult s scolaires de leurs l ves et en manque de moyens M ais je pense qu il convient aussi de souligner l influence d terminante de son fils Thierry galement philosophe de formation et conquis par les enseignements de Fran oise Dastur sp cialiste de Heidegger N y aurait il pas l d ailleurs une double filiation interroger tant est forte l affinit affective et intellectuelle entre les deux hommes Apr s tout l histoire d une recherche est aussi l histoire d un chercheur en chair et en os et il est parfois difficile de d m ler les composantes existentielles d un cheminement intellectuel Il reste que cette r f rence ph nom nologique pose question et peut surprendre le p dagogue non averti n est elle pas invoqu e de fa on artificielle pour donner la gestion mentale une assise scientifique et philosophique qui lui ferait d faut Quelle en est la l gitimit Y aurait il une mani re proprement ph nom nologique de philosopher qui correspond au mode de questionnement d Antoine de la Garanderie Mais n y a t il pas l comme je l voquais en pr ambule un m lange des genres l exp
93. bilit d acquisition de savoirs ult rieurs plus labor s Le savoir l mentaire est donc d une autre nature que le savoir simplement rudimentaire Nous trouvons confirmation des convictions m thodologiques de Pestalozzi par la longue citation qu il fait dans sa Troisi me Lettre de son ami et collaborateur Berthoud puis Yverdon Johann Christoph Buss Ce dernier avoue avoir constat en effet quelle perfection le ma tre arrivait obtenir de ses l ves dans les exercices l mentaires perfection contrastant avec l parpillement et le papillonnage de l enseignement qu il avait lui m me connu dans sa jeunesse L enthousiasme de Buss pour la M thode l mentaire de Pestalozzi transpara t travers ces lignes tout fait optimistes L ensemble de la m thode est un jeu pour quiconque tient en main le fil des premiers l ments celui ci le pr servera d sormais des errements qui rendent p nible la formation des hommes 2 1 3 La composition de livres l mentaires Par ailleurs la composition de livres l mentaires appara t comme tant une suite logique des pr occupations m thodologiques de Pestalozzi En m me temps elle est l expression p dagogique du caract re n cessaire des l ments Dans Comment Gertrude instruit ses enfants il est fait allusion de nombreuses fois aux livres l mentaires compos s par notre p dagogue Par exemple la Deuxi me Lettre voque l aide pr cieuse que Kr si
94. c dentes d tre en fait co constructeurs du dispositif de recherche La restitution des r sultats aux enseignants passe n cessairement par une phase de traduction les enseignants attendent des apports sur leurs pratiques dans leur cole et non des descriptions de processus g n raux organisateurs des pratiques enseignantes Cette traduction passe par la co construction d un espace du particulier de la rencontre possible entre un chercheur qui pr serve la fois son statut symbolique et ses vis es de g n ralisation et des enseignants qui conservent une place reconnue dans le dispositif et sont en mesure d int grer cette contribution la r flexion sous tendant l volution de leurs pratiques Nous pourrions qualifier cet espace de tiers espace en ce sens qu il n est ext rieur ni aux pratiques de recherche rajoutons que les apports de la phase de restitution 33 Penser l ducation 2005 sont r investis dans l interpr tation ni aux pratiques enseignantes mais surtout qu il est co construit par les deux partenaires et travers par leurs finalit s diff rentes 5 LES POINTS D APPUI POUR NOS RECHERCHES En synth se de cet article nous reprendrons les quatre principaux l ments de clarification de l ancrage de nos recherches dans une pist mologie constructiviste Le constructivisme se caract rise d abord par la d finition d un r el construit qui nous invite carter la notion de donn
95. cet auteur Ce ne fut qu en 1990 qu il en fit explicitement mention dans son ouvrage Pour une p dagogie de l intelligence qui porte pr cis ment pour sous titre Ph nom nologie et p dagogie et o il s appuie notamment sur les travaux de Husserl pour tayer ses propositions p dagogiques Cette r f rence th orique conna tra ensuite son plein accomplissement dans Critique de la raison p dagogique paru en 1997 et Comprendre les chemins de la connaissance une p dagogie du sens paru en 2002 Penser l ducation 2005 Auparavant et durant ses tudes l Universit de Rennes Antoine de la Garanderie ne se confronta pas la ph nom nologie Dans sa th se sur Burloud crite au cours des ann es soixante la ph nom nologie est quasiment absente de son discours Pourtant dans les ann es soixante dix en pleine gen se des Profils p dagogiques qui allaient lancer le mouvement p dagogique de la Gestion Mentale l auteur lut avec passion les premi res traductions des uvres de Heidegger De l essence du fondement De l essence de la v rit La lettre sur l H umanisme Temps et tre de m me il tudia quelques grands textes de Husserl notamment les Recherches logiques C est ainsi qu il y eut chez lui une prise de conscience concernant d une part l importance et la f condit des analyses ph nom nologiques sur les questions de la signification de l intuition de la temporalit du pouvoir tre et concernant d
96. ci d en livrer quelques l ments et de les prolonger en les affectant d un caract re provisoire car encore une fois le d bat reste ouvert Comme le rappelle Toussaint Desanti 1994 chez Husserl la ph nom nologie est d finir comme un retour aux sources de l vidence dans laquelle les choses nous sont donn es Sa m thode consiste partir de l tude des v cus de la pens e et de la connaissance tels qu ils sont appr hend s dans l intuition et proc der une description pure de ces v cus Le premier temps de la ph nom nologie husserlienne r side dans la constitution d une science des configurations immanentes de la conscience en dehors de tout psychologisme les conclusions de la psychologie comme science sont affect es des m mes parenth ses Le second temps est caract ris par un approfondissement qui d bouche sur la ph nom nologie transcendantale c est dire l lucidation de la fa on dont la conscience est originairement constituante du sens objectif de tout tre La ph nom nologie s oriente alors effectivement vers un id alisme transcendantal Elle se pr sente pleinement comme th orie du ph nom ne qui est l appara tre de la chose m me Dans l approche d Antoine de La Garanderie le premier temps de la d marche de Husserl pr sente beaucoup plus d int r t que le second Il nous invite rappelons le privil gier une analyse descriptive des v cus de pens e appr hend s dans leur concr tit
97. cipe de la double lecture MARCEL 2002 a et b c est dire l articulation de l tude du contexte pour l enseignant une lecture des pratiques du point de vue de l acteur et du contexte pour l observateur une lecture des pratiques du point de vue de l observateur Ce principe de la double lecture est mobilis aussi bien pour l tude des pratiques individuelles que des pratiques collectives Il n cessite donc deux instrumentations diff rentes les entretiens pour le contexte pour l enseignant ou les enseignants et l observation pour le contexte pour l observateur 3 LA COMPOSANTE HEURISTIQUE Avant de d velopper cette dimension heuristique il est n cessaire de souligner au pr alable l ad quation entre les r f rences th oriques convoqu es et le paradigme constructiviste Nous ne le d velopperons pas ici mais l approche sociocognitive de l exercice professionnel que nous mobilisons s inscrit de mani re tr s pr cise au sein de ce paradigme 3 1 Distinguer les connaissances en jeu Le rattachement une pist mologie constructiviste nous invite distinguer les connaissances en jeu dans le proc s de recherche L hypoth se ph nom nologique propos e la suite de Jean Louis LE MOIGNE et nuanc e l aide de Karl PO PPER pose le principe d une connaissance du r el construite et d un r el non puis par la connaissance que nous en avons Rappelons la comparaison que Karl PO PPER fa
98. cipes du savoir et de l action et qui par cons quent l a maintenu loign d elles Il n y a donc pas de s paration faire entre l exigence de simplification l mentaire des savoirs et des m thodes et l esprit de simplicit qui doit habiter la pratique de l ducateur Selon nous ces deux principes constituent les deux faces de la m thode l mentaire situ e la source du savoir l mentaire Pestalozzi en est l illustration exemplaire 2 3 Les caract res de la m thode l mentaire Notre analyse relative la dimension l mentaire de la M thode de Pestalozzi ne serait pas compl te si nous n en voquions pas les diff rents caract res Nous pouvons en rep rer trois l organicit l universalit et l ouverture L organicit En raison de son l mentarit m me la M thode de Pestalozzi pr sente un aspect organique En effet la M thode est organique dans la mesure o elle se propose de fixer les l ments premiers des savoirs c est dire ceux qui sont d abord saisis par l Anschauung puis constitu s par les cat gories de nombre de forme et de nom de rep rer comment ils s articulent en s encha nant les uns aux autres de les hi rarchiser au sein d une progression gradu e et continue allant du simple au complexe Chaque l ment trouvant sa place au sein de l encha nement naturel des intuitions peut tre per u comme g n rateur de la d couverte des autres Il n est donc pas question d i
99. comme des b tonnets par exemple servant de supports p dagogiques Plus loin dans la Troisi me Lettre Buss avoue ne pas bien comprendre ce que lui disait Pestalozzi lorsqu il lui exposait les l ments en lui disant Les lignes les angles et les arcs voil la base du dessin ajoutant L esprit humain doit ici aussi s lever des perceptions obscures aux notions claires En v rit Pestalozzi ne faisait que lui r v ler la premi re des lois de la nature en vertu de laquelle notre esprit s l ve des perceptions confuses aux notions claires C est fort de ce principe que notre p dagogue entreprend de mettre sous les yeux du tout jeune enfant les choses ou d faut leur repr sentation par des images et diverses illustrations Il avait en vue poursuit Buss de mettre la disposition des enfants d s le berceau une double s rie de figures les unes pr sent es dans le livre pour la premi re enfance les autres l appui de ses formes de mesure Le concret de la m thode intuitive correspond donc une exp rience sensible constitu e Anschauungkunst premier l ment naturel de la connaissance et de l apprentissage et de ce fait garantie d un savoir certain En effet l art de l intuition consiste faire saisir l essentiel au del de l accessoire Toutes les choses qui frappent mes sens ne sont pour moi des moyens d acqu rir des notions justes que dans la mesure o leurs manifestations font tomber
100. connaissance des choses passe 100 Penser l ducation 2005 par la reconnaissance des formes le calcul des mesures et leur traduction par des mots De telle sorte que l on doive parvenir un jour faire de vrais livres d cole et d enseignement capables de satisfaire notre nature et nos besoins 77 Les livres l mentaires constituent donc l expression la plus concr te des pr occupations m thodologiques de Pestalozzi En effet un livre l mentaire est en lui m me une m thode c est dire un artifice Kunst destin prolonger ou parfaire l uvre de la nature Il offre l norme avantage d aller l essentiel de permettre l enseignement de r unir ce qui se trouve parpill dans la nature Les livres d enseignement eux m mes ne doivent tre rien d autre qu un moyen artificiel de rattacher l enseignement dans toutes ses branches ce que la nature fait elle m me dans le d veloppement de celles ci la faveur de toutes les situations et de toutes les circonstances o se trouvent les hommes Ces livres ne doivent tre rien d autre qu un moyen artificiel de pr parer les forces qui sont n cessaires l homme pour utiliser s rement ce que la nature fait elle m me pour son d veloppement dans toutes les mati res d enseignement 7 Cependant la nature n cessairement artificielle de ces instruments que sont les livres l mentaires ne doit pas occulter pour autant leur caract re naturel Nous voulons
101. ctement notre projet mais si nous ne l avons pas not mais gard en m moire c est qu il pouvait aussi relever d une forme de d nonciation en mettant le doigt sur un d ficit dans la prise d information de la part de l enseignante BIBLIO G RAPH IE BARBIER J M dir 2000 L analyse de la singularit de l action PUF Paris BEAUD S et WEBER F 2003 Guide de l enqu te de terrain Editions La D couverte Paris BERGER P et LUCKMANN T 1996 La construction sociale de la r alit Editions Armand Colin Paris BERGIER B 2000 Rep res pour une restitution des r sultats de la recherche en sciences sociales Editions L Harmattan Paris BLANCHARD LAVILLE C 2002 Liens des chercheurs aux praticiens dans l observation des pratiques enseignantes S minaire O PEN Nanterre mars 2002 http xnet2 u paris10 fr pls portal30 docs FO LD ER IN TRAN ET cdr cref open2 seminaires htm BRU M 1998 La validation scientifique des propos et discours sur les pratiques d enseignement In HADJI C et BAILLE J dir Recherche et ducation Vers une nouvelle alliance Editions de Boeck Bruxelles BRU M 2002 Pratiques enseignantes des recherches conforter et d velopper Revue Fran aise de P dagogie p 63 73 N 138 BRU M 2004 Les pratiques enseignantes comme objet de recherche in MARCEL J F D ir Les pratiques enseignantes hors de la classe Editions L Harmattan Paris CLOT Y 1999 La fonct
102. ction lors de la phase d observation la construction des l ments est fortement orient e par le dispositif pr vu C est une vidence lorsque nous utilisons des grilles d observation qui circonscrivent l observation une s rie d l ments rep r s a priori A notre sens ce n est pas vraiment diff rent dans le cadre d une observation ethnographique car m me si la palette des l ments pris en compte est plus large elle reste tributaire du projet de recherche et par l m me focalise l attention de l observateur sur certains l ments au d triment d autres D ailleurs quand des l ments sont hors de propos par rapport la recherche ils ne sont pas toujours inscrits dans le carnet de bord de la m me mani re que quand ils n entrent pas dans la grille lors de la phase de mise en ordre saisie codage traitements statistiques etc des l ments observ s mais aussi cout s s op re une nouvelle construction des l ments empiriques une sorte de 2 me tour dans la s lection et la mise en forme de l information Cet ce dernier stade qu est stabilis le corpus empirique dont va s emparer le chercheur pour proc der ses analyses et ses interpr tations et construire ainsi des connaissances Nous pouvons voir que cette connaissance dont le r sultat pourra tre communiqu est d abord un processus qui a subi moult transformations lors des constructions successives qui ont permis sa prod
103. d invit pour le chercheur qui permet d assumer le fait d tre co constructeur de la situation tudi e et celle de la restitution pens e au sein d un tiers espace l espace du particulier propice la fois gr ce la traduction des r sultats la rencontre et au respect les diff rences Ces choix thiques ont des cons quences m thodologiques car ils invitent privil gier une tude des pratiques enseignantes sur la dur e comme l approche ethnographique et int grer les retours de la phase de restitution au processus d interpr tation NOTES Pour un large balayage de ces travaux voir M U TELESI 1998 et LE MO IGNE 1999 2 Ce tableau est adapt de LE MOIGNE 1999 et nous reprenons la terminologie qu il a utilis e Fig 2 p 116 LE MOIGNE 1999 p 118 LE MOIGNE 1999 p 109 5 LE MOIGNE 1999 p 115 6 LE MOIGNE 1999 p 66 1 LE MOIGNE 1999 p 70 e LE MOIGNE 1999 p 71 LE MOIGNE 1999 p 74 1 LE MOIGNE 1999 p 76 1 Nous pourrions rapidement distinguer la ph nom nologie transcendantale de Edmund HU SSERL qui accorde le primat la conscience sur l existence avec le Moi transcendantal de la ph nom nologie existentielle de Maurice M ERLEAU PO NTY qui accorde le primat l existence sur la conscience voir ce propos DE WAELHENS 1988 2Voir par exemple VENTURINI P AMADE ESCOT C TERRISSE A dir 2002 tudes des pratiques effectives l approche des didactiq
104. de discontinuit par rapport cet h ritage Continuit videmment dans le recours l enqu te introspective dont Binet a d montr la validit sous r serve d indispensables pr cautions m thodologiques que La Garanderie reprend son compte En ce sens il est clair que l auteur de l Etude exp rimentale de l intelligence a trac le sillon o s inscrit l auteur des Profils p dagogiques et que sans ignorer la complexit du cheminement diachronique des id es et l influence d autres chercheurs notamment les ph nom nologues il est l gitime de consid rer qu entre l un et l autre existe une affinit privil gi e qui fonde discerner dans la lecture du premier par le second un facteur d cisif de la pens e de celui ci Avanzini 1996 p 68 Discontinuit dans le passage d une typologie une gestologie dans la mesure o un approfondissement du sens de l apport introspectif permet chez Antoine de La Garanderie de substituer la notion d aptitude dont Binet tait encore prisonnier eu gard au contexte de son poque la notion d habitude ducable et perfectible En t moigne le concept central de geste mental dont l l ve peut acqu rir la ma trise et qui est indissociable de la notion de projet de sens Si cet enracinement psychologique est prendre compte je voudrais dans cet article limiter mon propos l h ritage philosophique dont se r clame le fondateur de la gestion mentale l h ritage ph nom
105. dentiques pour tous les enfants quelle que f t la position dans laquelle ils taient n s et quelle que p t tre leur destin e qu il fallait en cons quence veiller et cultiver dans les enfants des classes inf rieures comme dans les enfants des classes ais es toutes les facult s dont peuvent d pendre la dignit de l homme Il pensait enfin que les principes g n raux devaient prendre leur base sur les lois uniformes et ternelles de la nature humaine et qu ils ne pouvaient reposer solidement sur les circonstances fortuites des conditions sociales qui peuvent se modifier profond ment dans le cours de l existence des hommes Il n y a pas d ordre privil gi qui poss de des droits exclusifs l acquisition des lumi res Les enfants des classes pauvres sont aussi susceptibles d un d veloppement intellectuel que les enfants des classes lev es ont le m me droit naturel recevoir l ducation C est parce que Pestalozzi accorde une importance primordiale l ducation qu il va d velopper le concept d ducation ou de culture populaire Volksbildung Cette notion d signe en effet la formation indispensable tout homme lui permettant d acc der la pleine possession de lui m me par l acquisition d une autonomie morale et intellectuelle ainsi que la ma trise de sa propre condition Mais laissons ici parler Michel So tard dont les propos tout en prolongeant ceux de Pomp e expriment bien la pos
106. e 1826 extrait d un passage reproduit par M So tard in J Houssaye 1995 page 39 5 M So tard Johann Heinrich Pestalozzi in J Houssaye 1994 page 47 2 ber K rperbildung 1807 cit par M So tard 1981 page 361 5 M moire aux amis parisiens sur la nature et le but de la M thode 1802 cit par M So tard ibid M So tard 1981 page 362 5 Cela prouve qu il n y a pas n cessairement contradiction entre l l mentaire et le complexe ou pour le dire autrement que l l mentaire n est pas toujours synonyme de simplicit 5 Cit par M So tard 1981 page 383 5 Pestalozzi On doit chercher atteindre non pas l extension du savoir mais l accomplissement de l individu Cit par M So tard ibid page 526 De m me dans Le Chant du Cygne Pestalozzi affirme La tendance qui est celle de ce monde et qui se ram ne faire porter l attention sur les vertus ducatives de notre existence collective plut t que sur celles de notre existence individuelle est le contre pied de ce que veut la formation l mentaire O p cit page 45 Plus loin dans le m me ouvrage Pestalozzi consacre plusieurs pages la pr s ance de l individuel sur le collectif page 149sq Comme le rappelle avec insistance M So tard dans le titre de son ouvrage magistral consacr au p dagogue suisse 5 Selon les propos de A Philonenko in Kant R flexions sur l ducation Vrin 1967 page 20 amp Voi
107. e Cette d marche mettrait donc les l ves et les enseignants en position de recherche et devrait aboutir une recherche action et amener les l ves devenir de v ritables acteurs de la construction et du d veloppement durable de leur territoire Ainsi en partant du local ou du territoire d appartenance et de ses probl mes sp cifiques il serait plus ais par la suite de le relier aux autres espaces socioculturels dans une perspective comparatiste et interculturelle et enfin l espace monde o le d veloppement durable prendrait vraiment sens Ainsi l ducation au d veloppement durable a peu d effet si elle n inclut pas une ducation l autre Ce qui donne du sens sur les choses et les v nements c est notre sensibilit au monde qui nous entoure et les interactions qui en r sultent certes au niveau du biologique et du social mais galement dans notre rapport au symbolique L espace rel ve de l existentiel et donc de l identit la prise en compte de l exploration des repr sentations des images et des symboles nous permettrait d acc der une p dagogie de l imaginaire et donc une coute sensible du milieu Cottereau 1999 ce qui est trop souvent occult dans les soci t s occidentales Jusqu pr sent le cloisonnement des disciplines ne d bouche pas forc ment sur une prise en compte des valeurs qui sous tendent le d veloppement durable Ce ph nom ne s accro t avec le niveau d tudes et favorise encore
108. e Cf B Timmermans La r solution des probl mes de Descartes Kant Paris PUF 1995 5 Merleau Ponty M Ph nom nologie p 208 5 Cf Szondi P Introduction l herm neutique litt raire trad J Bollack Paris Cerf 1989 pp 19 30 5 Merleau Ponty M Ph nom nologie p 209 Merleau Ponty M Ph nom nologie p 209 amp Merleau Ponty M Ph nom nologie p 228 Merleau Ponty M Ph nom nologie p 229 On rapprochera cette opposition de l interpr tation que fait R Jakobson du couple m taphore m tonymie Essais de linguistique g n rale trad N Ruwet Paris Minuit 1963 tl chap 2 amp Merleau Ponty M Ph nom nologie p 229 amp Merleau Ponty M Ph nom nologie p 195 5 L amour jaloux de Swann devrait d ailleurs tre mis en rapport avec ses autres conduites et peut tre appara trait il alors lui m me comme la manifestation d une structure d existence encore plus g n rale qui serait la personne de Swann Ph nom nologie p 486 amp Merleau Ponty M Ph nom nologie p 191 Merleau Ponty M Le Visible et l Invisible Paris Gallimard 1964 Avertissement de C Lefort en t te du manuscrit de Mars 1959 p 10 amp Freud S Trois essais sur la sexualit infantile trad B Reverchon Jouve Paris Gallimard 1962 Merleau Ponty M Ph nom nologie p 405 7 Merleau Ponty M L il et l esprit Paris Gallimard 1964 p 27 7 Merleau Ponty M Ph nom nologie p 400 7
109. e En tout cas sans tre ducationniste pour autant nous voyons bien qu il se situe bien loin d une perspective instructionniste qui verrait dans la seule possession du savoir le principe de toute ducation et par l m me celui de la libert 2 Primat du savoir faire sur le savoir Nombre de commentateurs n ont pas manqu de signaler que Pestalozzi accordait la sup riorit de la pratique sur la th orie ou bien encore la primaut du savoir faire sur le savoir Mais il faut bien prendre garde de croire que comme nous l avons d j sugg r son point de vue n est qu utilitariste Si Pestalozzi accorde une si grande importance l acquisition des connaissances pratiques li es aux besoins de la vie courante c est d abord parce qu il a bien per u que la ma trise de ces connaissances tait une priorit pour les enfants les plus d munis et c est ensuite aussi parce qu une telle maitrise participe de la formation de l homme en son entier En effet une ducation int grale ne saurait sacrifier la part de la main dans le processus de formation Bildung de l individu 7 Les lignes suivantes extraites de la Douzi me Lettre de Comment Gertrude nous montrent l importance prise par les savoir faire au sein de l ducation e m aper ois que dans toutes les lettres que je t ai adress es jusqu ici Pestalozzi s adresse ici son ami Gessner j ai seulement examin le premier terme de la question comment donner
110. e ph nom nologique dont il ne privil gie d ailleurs qu une des approches Le lien qu elle tablit entre connaissance et cognition gagnerait tre nuanc en convoquant pour ce faire les travaux de Karl PO PPER 1998 qui envisage un Univers constitu de trois mondes le Monde 1 le monde physique biologique et mat riel le Monde 2 le monde psychologique celui des pens es et des connaissances subjectives 23 Penser l ducation 2005 le Monde 3 le monde des productions de l esprit humain celui des pens es et des connaissances objectives partir du rep rage du Monde 2 et du Monde 3 il distingue le processus de construction de la connaissance de son r sultat et il d fend que une fois produite la connaissance s mancipe de son cr ateur et de son processus de cr ation Elle acc de une autonomie sur laquelle repose l existence du Monde 3 En revanche il convient de ne pas envisager ce Monde 3 comme ind pendant de l activit humaine et ce pour deux raisons D une part parce que c est l activit de cr ation qui fait na tre ce Monde et parce que d autre part elle le fait voluer au gr des conjectures et des r futations Rappelons que pour Karl POPPER toute connaissance scientifique est provisoire et que les nouvelles connaissances ne sont que des approximations meilleures que les pr c dentes Ce Monde 3 n a rien de d finitif m me pas de statique ou de fig il pr serve un tat dynamique de
111. e des d terminations de ce monde R duire le travail manuel sa seule dimension technique est donc commettre une erreur Pestalozzi en est tellement convaincu que dans Le Chant du Cygne son testament p dagogique il affirme encore la chose suivante Les enfants ne se contentent pas de saisir par l intellect le fond des choses en mati re d art appliqu aux objets leur aptitude industrieuse efficacement stimul e par la formation l mentaire les pousse d une force irr sistible pour peu qu ils en aient l occasion mettre la main aux travaux d art dont leur esprit a p n tr le sens 1 2 3 La m thode intuitive Le recours la m thode intuitive comme m thode privil gi e d ducation et d instruction et qui aura tant de succ s au sein des conceptions de l enseignement dans toute l Europe du XIXe si cle ne nous tonnera pas dans la mesure o l intuition Anschauung est consid r e comme fondement de toute connaissance Relativement l enseignement la m thode intuitive ou m thode sensible se caract rise par le fait qu elle respecte une progression gradu e allant du concret sensible l abstrait du simple au complexe du facile au plus difficile Nous remarquerons que cet enracinement dans le concret est en parfaite continuit avec le principe d une ducation l mentaire par entre autres le travail manuel Pestalozzi est en effet convaincu qu il est important que les enfants qu on enseigne pre
112. e et l ducation l environnement in Le partenariat en ducation relative 57 Penser l ducation 2005 l environnement Education Relative l Environnement Regards Recherches R flexions vol 3 Ifr e O RE Universit du Qu bec Montr al Fondation Universitaire Luxembourgeoise 63 82 BIDOU J E 2003 Education l environnement ou acculturation in Environnements cultures et d veloppement Education Relative l Environnement Regards Recherches R flexions vol 4 Arlon Fondation Universitaire Luxembourgeoise 13 32 BONHOURE G Hagnerelle M 2003 L ducation relative l environnement et au d veloppement durable Un tat des lieux Des perspectives et des propositions pour un plan d action Rapport Monsieur le ministre de la jeunesse de l ducation nationale et de la recherche Monsieur le ministre d l gu l enseignement scolaire avril 2003 BOUILLIER OUDOT M H 2003 Concepts et pratiques d am nagement en espace rural une analyse des programmes fran ais de formation des techniciens en gestion et protection de la nature in Environnements cultures et d veloppement Education Relative l Environnement Regards Recherches R flexions vol 4 Arlon Fondation Universitaire Luxembourgeoise 129 146 BRODY M M 1990 1991 Understanding of Pollution Among 4th 8th and 11th Grade Students Journal of Environmental Education 22 1 24 33 BRODY M M Koch H 1989 1990 An Asse
113. e humaine y installa des s jours C est la critique qu il adresse la fois Durkheim et Freud rendue possible cette p riode par la th orie du fait social total chez Mauss en ce qui concerne la sociologie par la d substantialisation de l inconscient chez Politzer et la th orie de l Imaginaire chez Lacan relativement la psychanalyse 3 Goldstein K La structure de l organisme trad E Burckardt amp J Kuntz Paris Gallimard 1951 Merleau Ponty M La structure p 178 Merleau Ponty ibid note p 179 180 Merleau Ponty M Psychologie p 91 Merleau Ponty M Ph nom nologie p 97 83 Penser l ducation 2005 Merleau Ponty M ibid p 96 Merleau Ponty M ibid p 96 Merleau Ponty M ibid p 154 Merleau Ponty M L il et l esprit Paris Gallimard 1964 p 60 Merleau Ponty M ibid p 207 Merleau Ponty M ibid p 225 5 Merleau Ponty M ibid p 208 5 Platon M non 80 e 81 cd 5 Cf Aubenque P Le probl me de l Etre chez Aristote Paris 1972 PUF 3 Aristote Premiers Analytiques 11 21 67a trad Tricot Paris Vrin 1970 p 302 Seconds Analytiques 1 71a trad Tricot Paris Vrin 1970 p 5 Aubenque P op cit p 446 5 Merleau Ponty M Ph nom nologie p 208 5 Merleau Ponty M Ph nom nologie p 208 II a en vue ici la d marche cart sienne de r solution de probl mes la mise en quation la z t tique de Vi t
114. e l id e qu une probl matique rigoureuse et fix e au d part pourrait r sister la rencontre avec le terrain La probl matique est une construction qui ne se limite pas la phase initiale celle qui pr c de la phase empirique Il est d ailleurs pr f rable de parler de la probl matisation comme un processus continu qui va devoir se m tisser avoir composer avec les diff rentes finalit s en jeu La probl matisation est un projet toujours en devenir pr serv en volution par les dynamiques des finalit s c toy es Dans le cadre de nos travaux cette volution de la probl matisation a t maintes fois rep rable aussi bien lors des entretiens lorsque l enseignant va convoquer un motif parce que inattendu ou lorsqu il va faire tat de pr occupations non envisag es que lors de l observation quand une phrase un geste un incident ne concernant pas directement nos pr occupations d observateur va ouvrir de nouvelles perspectives De la m me mani re l analyse des donn es empiriques et leurs interpr tations vont infl chir la probl matisation Nous sommes tout fait l dans une conception active de la construction de connaissances ou au moins une partie du chemin se fait en marchant 5 II ne faudrait toutefois pas laisser croire que c est l opportunisme qui structure la probl matisation le cap est fix mais il n a rien du point fixe on sait vers o l on va la m thode est arr t e mais ell
115. e les m mes que celles de la nature physique sensible et j avais la certitude de trouver en elles le fil qui me servirait tracer le canevas 103 Penser l ducation 2005 d une m thode d enseignement psychologique g n rale Remarquons que lorsque Pestalozzi parle de Iois il ne s agit pas de faire uvre de science positive au sens o il se ferait exp rimentateur et th oricien c est dire psychologue dans le sens pist mologique du terme En fait pour lui il s agit partir de l observation minutieuse du m canisme naturel psychologique d appropriation des connaissances de s adonner une activit de classement des impressions sensibles afin de les ordonner dans une progression didactique gradu e du simple au complexe bref il s agit de faire ce que nous appellerions une l mentarisation des connaissances constitutives du savoir l mentaire Apprends donc d abord classer tes impressions sensibles et poss der parfaitement le simple avant de progresser vers le compliqu Cherche tablir pour chaque mati re une gradation de la connaissance dans laquelle chaque notion nouvelle n est qu un ajout l ger presque imperceptible des connaissances ult rieures profond ment ancr es et rendues ineffa ables Point de positivisme donc chez Pestalozzi mais simplement des conseils de m thode destin s faire advenir la libert dans le sujet partir du respect de l ordre naturel du d veloppe
116. e n est pas ferm e les hypoth ses sont pos es mais elles sont volutives Chaque recherche n est d ailleurs qu une tape et la probl matisation se prolonge dans la recherche qui suit 27 Penser l ducation 2005 Au passage il est int ressant de constater que le paradigme constructiviste s il taie nos proc s de recherche prouve des difficult s certaines investir la sph re de l criture scientifique Les r gles de pr sentation d un article et de recevabilit par un comit de lecture s accommodent mal avec ce caract re volutif de la probl matisation de mani re g n rale il est demand que la probl matique soit pos e au d part ce qui incite les auteurs pr senter l tat final de leur probl matisation et d obtenir par l m me un gain de coh rence Remarquons toutefois qu une forme d criture scientifique semble chapper cette r ification il s agit des notes de synth se pour l Habilitation Diriger des Recherches HDR certainement cause de leur sp cificit qui est de rendre compte d un parcours de recherche et l volution n est pas ici occult e elle est l inverse valoris e 3 3 La question de la validation Dans le paragraphe pr c dent nous avons montr le caract re volutif de la probl matisation et nous pouvons pour partie reprendre un raisonnement analogue propos de la construction des connaissances L pist mologie constructiviste nous permet toutefo
117. e philosophie en me glissant dans la mani re d exister de cette pens e Il y a donc soit chez celui qui coute ou lit soit chez celui qui parle ou crit une pens e dans la parole que l intellectualisme ne soup onne pas 60 11 Toute initiation est ainsi une d subjectivation ce que Merleau Ponty nomme un enchantement Dans l apprendre nous ne commentons pas en marge la parole de celui qui enseigne fiction intellectualiste sans pertinence Mais nous sommes habit s par un texte qui s ins re en nous comme une vidence n cessaire M ais cette prise de possession n exc de pas le moment charnel de l coute ou de la lecture et le reflux de la pl nitude des significations nous met alors peut tre sur le chemin du penser l insertion dans la pens e d autrui nous a rendu visible la source ce creusement de l Etre par lequel nous allons poursuivre notre propre insertion et nous mettre penser C est ce que l aphasique vrai ne sait plus faire La transcendantalit du langage lui chappe ses questions sont st r otyp s comme celles qu il pose chaque jour ses enfants quand ils reviennent de classe 5 parce que simplement il ne sait plus ce que c est qu apprendre Schn n prouve plus le besoin de parler de la m me mani re qu il est 75 Penser l ducation 2005 devenu insensible l rotisme et l exp rience sexuelle toute dimension cr ative de son agir est d finitivement perdue Cette im
118. e qui s enracine dans une exp rience v cue Comme l indique La Garanderie dans son dernier ouvrage 2004 p 9 Le savoir est un avoir la connaissance c est de l tre qui s accro t Le savoir se place la connaissance se vit Si la p dagogie oublie de s interroger sur la nature de ces actes de connaissance c est quelle les tient pour vidents C est donc ici qu il manque une ph nom nologie La p dagogie se tiendrait dans l attitude naturelle qui consiste croire que la connaissance va de soi il n y a pas de doute avoir sur la question de la connaissance il y a respecter des r gles de maturation des principes psychologiques se r f rer des d terminants sociologiques ou des raisons plus ou moins th ologiques il y a ceux qui sont dou s et ceux qui sont inaptes Ou bien encore il importe de s attacher une didactique des disciplines pour trouver la bonne m thode qui convient Pour le reste cela rel ve de l vidence qu y a t il expliquer concernant le geste d attention le geste de m morisation le geste de compr hension C est ainsi par exemple que chez beaucoup d enseignants pour tre attentif il suffit de se concentrer de ne pas se laisser distraire etc Or ce qui est hors de doute pour l attitude naturelle devient probl matique et douteux pour la ph nom nologie Si l intention de la p dagogie est de rendre possible l apprentissage d un savoir le p dagogue doit donc s interroger sur cet
119. e qui va des l ments les plus simples aux plus complexes Je cherchai par tous les moyens simplifier le plus possible les d buts de la lecture et du calcul et trouver les formes qui devaient conduire l enfant avec le plus grand tact psychologique du premier pas au second graduellement et sans lacunes puis sur la base du second parfaitement assimil rapidement et s rement au troisi me et au quatri me pas 120 Dans la mesure o la nature est suppos e suivre les voies les plus directes et les plus simples dans la mesure aussi o l ducation se veut naturelle le retour aux l ments de base de tout apprentissage s av re par cons quent une n cessit Les premiers l ments une fois assimil s par l l ve le ma tre en dispensera d autres plus labor s tout en veillant ce qu ils soient bien adapt s au niveau et aux forces de l enfant II y a donc n cessairement dans les impressions qui doivent tre transmises l enfant par l enseignement une gradation suivre dont le d but et la progression doivent suivre exactement pas pas le d but et la progression des forces de l enfant d velopper Le ma tre devra donc diviser les l ments de tout enseignement selon le degr de progression des forces de l enfant Le principe du retour aux l ments commande donc de 111 Penser l ducation 2005 commencer par les choses les plus simples assimiler et partir de l suivre une progr
120. e second l tat social et le troisi me l tat moral et je saisis alors l homme sous ces trois points de vue diff rents Pestalozzi en tait arriv en effet la conclusion selon laquelle l individu pouvait se repr senter le monde de trois mani res diff rentes et qu en cons quence il poss dait en lui m me trois sortes de v rit s J ai donc en moi m me une v rit animale c est dire que j ai en moi m me une force de consid rer toutes les choses de ce monde comme un animal existant pour moi m me J ai une v rit sociale c est dire que j ai une force de consid rer toutes les choses de ce monde comme une cr ature existant en contrat et en convention avec mes semblables J ai une v rit morale c est dire que j ai une force de saisir toutes les choses de ce monde 90 Penser l ducation 2005 ind pendamment de mes besoins animaux et de mes relations sociales compl tement du seul point de vue par lequel elles contribuent mon ennoblissement int rieur L tat de nature correspond donc notre suppos tat originel L tat de nature au vrai sens du mot est le degr le plus lev d absence de corruption animale L homme dans cet tat est un pur enfant de son instinct qui le conduit simplement et innocemment toute jouissance sensible Nous ne pouvons donc en avoir aucune exp rience directe la limite il n existe qu l instant o l enfant vient au monde mais peine pos
121. e sur les pratiques enseignantes l explicitation des conditions de validation des connaissances nonc es n est pas v ritablement habituelle m me si certains auteurs ont fortement attir l attention sur ce point BRU 1998 2002 et si ces derniers temps nous pouvons la retrouver en filigrane du d bat sur la g n ralisation des r sultats 1 qui sert en fait masquer la querelle serpent de mer entre les approches qualitatives et les approches quantitatives Elle nous semblerait pourtant n cessaire car l association des mots cl s recherche et pratiques enseignantes recouvre une diversit de pratiques sociales fort diff rentes certains sont en recherche d autres font de la recherche parmi ces derniers certains font de la recherche pour les pratiques enseignantes et d autres sur ces m mes pratiques S il n est pas dans notre propos d tablir des hi rarchies ou de surench rir sur les anath mes que se lancent ces diff rentes cat gories de chercheurs il serait beaucoup plus simple que chaque nonc revendiquant le statut de scientifique soit accompagn de l explicitation des conditions de sa production Deux difficult s tr s diff rentes ne sont pas occulter d une part le calibrage des articles scientifiques offre rarement suffisamment d espace pour d velopper ce point et d autres part cette strat gie d lucidation est sous tendue par l adh sion au principe gnos ologique du constructiv
122. e terrain o se d ploie sa pratique Nous retrouvons l le caract re n cessairement indissociable et solidaire des registres pist mologique et prax ologique Une question demeure cependant comment concilier une attitude descriptive qui accueille la disposition mentale du sujet et se met l coute de son projet de sens avec une posture p dagogique n cessairement tourn e vers un objectif d acquisition pour l l ve l acquisition d un savoir pos e en ext riorit et qui d une certaine mani re lui est encore tranger savoir lire ne se r duit ni l identification du code ni l inf rence d un sens partir du contexte O n voit l se profiler d un point de vue p dagogique toute l ambigu t d une r f rence ph nom nologique au projet de sens de l l ve dans l apprentissage Si l on reste sur l exemple de la lecture il s agit bien de faire un lecteur partir d un non lecteur de faire acc der le sujet une comp tence nouvelle pos e en ext riorit comme mod le et comme fin devenir lecteur Et si pour l apprenant eu gard son projet le sens de la lecture ne correspond pas n cessairement la lecture d un sens Gat 1998 p 196 la compr hension en tant qu laboration d un sens exprim au moyen de l crit n en est pas moins la finalit de la lecture promouvoir et c est ce niveau de comp tence que le p dagogue doit hisser l l ve Plus g n ralement et quelles que soient le
123. echerche finalit s comp tences etc du contexte social opportunit contrat de recherche moyens etc et bien s r du proc s de recherche 28 Penser l ducation 2005 Comme la probl matisation la validation est un processus continu qui accompagne l ensemble du proc s de recherche De la m me mani re elle est pens e d s le d part mais elle aussi va se m tisser de par sa confrontation aux contraintes de l empirie Elle va en permanence faire l objet d une n gociation entre le souhaitable et le possible et contraindre le chercheur fixer un seuil de recevabilit qui est directement tributaire des finalit s de ce chercheur mais n est pas non plus sans lien avec la dimension d ontologique Quoi qu il en soit l pist mologie constructiviste valorise un processus de validation longtemps rest la face cach e du proc s de recherche En mettant ce processus au jour elle invite le chercheur une analyse de sa propre production de connaissances et elle positionne le destinataire en partenaire sinon du proc s de recherche tout au moins de l utilisation des connaissances produites Nous retrouvons ici la d finition que donne Jean Marie BARBIER 2000 de cette pist mologie Cette approche consistera pour l essentiel consid rer la d marche de production de connaissance sur les actions elles m mes comme une action susceptible d tre analys e avec les m mes outils p 26 Dans le cadre de la recherch
124. elle rel ve principalement du symbolique et de ce fait permet de stimuler les rapprochements et les changes entre les diff rents acteurs de milieux et de cultures diff rents Si dans l imaginaire elle rassemble dans le r el elle se d cline selon les valeurs les pratiques et les diff rentes mani res de se repr senter ou de concevoir le monde Elle se veut plurielle et multir f rentielle Par ailleurs la traduction fran aise du sustainable development en d veloppement durable peut pr ter confusion la durabilit est loin d tre une valeur premi re chez de nombreuses populations la soutenabilit serait davantage partag e m me si la nature du d veloppement reste tr s discut e et discutable selon les milieux sociaux conomiques ou culturels Le d veloppement durable se pr sente avant tout comme une question de choix des groupes socioculturels qui se partagent un territoire Pour des raisons pouvant tre conomiques id ologiques culturelles cologiques politiques historiques certains vont d cider de s investir dans un tel d veloppement Les objectifs peuvent tre divers et diff rents ou parfois se recouper pr server la diversit et les ressources naturelles cr er ou renforcer des solidarit s d velopper des changes am liorer ou diversifier les productions traditionnelles valoriser des savoirs et des techniques ou des pratiques culturelles Certains groupes vont tre moteurs pou
125. ement l intention des enseignants Dans le cadre du XI contrat de Plan tat R gion 1994 1999 l Institut de formation et de recherche en ducation l environnement IFR E est cr avec pour mission de 49 Penser l ducation 2005 d velopper la recherche en ducation environnementale notamment dans l valuation Il devient co producteur de la revue francophone ducation relative l environnement regards recherches et r flexions M Clary 2004 rel ve qu en France la recherche en ducation environnementale est plus le fait d individus que des institutions Ainsi le LAMCEEP laboratoire approches multir f rentielles cliniques de l exp rience et ducation permanente de Tours a cr le Groupe de recherche sur l co formation en 1992 II vise r introduire l importance des rapports sensibles et des couplages vitaux avec l environnement Pineau et al 1992 Cottereau 1994 2001 Barbier Pineau 2001 Bachelart 2002 D autres chercheurs comme Yves Girault de l cole doctorale du Mus um national d Histoire naturelle vont orienter une partie de leurs travaux vers la m diation mus ale des th mes environnementaux En France les recherches en ducation environnementale rel vent essentiellement des approches interpr tatives et des recherches action qui visent associer une perspective r flexive l ducation et la formation La France serait donc dans le sillage de la recherche francoph
126. en une ind niable et f conde filiation D autre part la mise jour des pr suppos s philosophiques de la gestion mentale ne doit pas appara tre comme une pi ce livr e au dossier de la d fense Loin de clore le d bat sur le bien fond de cette approche cette proc dure a au contraire pour ambition d ouvrir la discussion sur des bases plus claires En d autres termes et quoiqu il en soit des nombreuses convergences de vue que nous entretenons avec Antoine de La Garanderie nous voudrions viter l cueil d une apologie d guis e de son approche qui se servirait d une position philosophique a priori incontestable parce que philosophique Dans notre esprit cette position que nous voudrions clairement noncer et dont il s agit de prendre la mesure non seulement donne sens aux propositions de la gestion mentale mais les relativise car d autres positions pourraient tre prises bon droit et sur un plan rationnel tout aussi discutables Ainsi que nous l indiquions dans un travail ant rieur loin de nous entra ner vers le doute et la perplexit cette relativit nous para t au contraire une vertu essentielle du travail de recherche En d limitant clairement l espace o se d ploie son adh sion elle pr munit en m me temps le chercheur contre toute d rive dogmatique Gat 1995 p 126 Quoiqu implicite et indirecte dans ses premiers ouvrages la r f rence la ph nom nologie s est av r e plut t tardive chez
127. ence dans l abord des ph nom nes de surgissement et de constitution Ainsi le dualisme cart sien n est il plus pertinent ni non plus l opposition des philosophies de l esprit aux sciences humaines C est pourquoi le point de d part choisi par Merleau Ponty est bien l tude de ce ph nom ne du membre fant me chez les amput s dont l explication chappe la physiologie et dont 72 Penser l ducation 2005 l interpr tation se refuse la philosophie de la conscience Ce qui en nous refuse la mutilation et la d ficience c est un Je engag dans un certain monde physique et internumain qui continue de se tendre vers son monde en d pit des d ficiences ou des amputations Cette tension est le propre d un apprendre pur qui ne peut ni agir ni recevoir des informations du monde en retour qui ne conna t plus que lui m me comme effort sans cho Il faut comprendre alors que c est cette tension inaper ue par la conscience et ignor e par l observation scientifique qui lie le Je son monde non comme lan volontaire d un sujet ni comme familiarit imm diate d un monde de la vie mais comme revendication tre dans ce monde creus pour recevoir le Je creus par le Je pour y habiter Ce que laisse appara tre l apprendre pur du membre fant me est la r ciprocit de l appel de l Etre et de l lan tre dans le processus d insertion dans l Etre il suffit au sujet d avoir sa disposition une perception de
128. ent l id e que Pestalozzi se fait d une bonne m thode l mentaire Tout en s occupant du c ur des enfants le lieutenant s occupait aussi de leur t te il voulait que ce qu il y entrait f t aussi clair et visible que la pleine lune au ciel Avant tout il enseignait aux enfants bien voir et bien entendre et exer ait en eux le bon sens naturel qui existe dans chaque homme Pour faire voir il ne sert rien de d crire la nuit et de peindre la couleur noire de ses t n bres c est seulement en allumant la lumi re que tu pourras montrer ce que c tait que la nuit c est seulement en enlevant la cataracte que tu feras comprendre l aveugle ce qu tait la c cit Bien voir et bien entendre est le premier pas vers la sagesse de la vie et le calcul est le fil conducteur qui nous pr serve de l erreur dans la recherche de la v rit Mais bien percevoir ne suffit pas pour que la formation soit compl te il faut prolonger l ducation de la perception par celle de la description afin de parvenir la d finition de la chose progressant ainsi des choses aux mots Avant de d finir il est essentiel de savoir d crire De ce qu une chose est parfaitement claire pour moi il ne s ensuit pas que je puisse la d finir je puis la d crire que je puis dire exactement comment elle est faite mais pas ce qu elle est je ne connais que l objet l individu mais je ne puis indiquer le genre ni l esp ce auxquels il app
129. entaire se divise naturellement en ducation morale en ducation intellectuelle et en ducation physique qui se fondent respectivement 102 Penser l ducation 2005 sur le vouloir le savoir et le pouvoir et en constituent leur tour la base L harmonie des trois principes savoir vouloir et pouvoir gouvernant toute la philosophie de l ducation de Pestalozzi se pr sente en effet comme tant le signe de la conformit avec la nature humaine Cependant nous ne pouvons nous contenter de la d finition que Pinloche donne de l intuition car elle para t pr sent insuffisante pour traduire la complexit de la pens e du p dagogue suisse Il revient Michel So tard le m rite d avoir apport toutes les pr cisions n cessaires la compr hension du concept d Anschauung En effet nous dit il selon Pestalozzi le processus de connaissance se d veloppe partir de la triple source de l intelligence de la sensibilit et de la relation qui s tablit entre la situation ext rieure physique du sujet et sa facult de conna tre Pouvoir d abstraction d une part capacit d int gration sensible de l autre enracinement du processus dans la situation particuli re de chacun L Anschauung ou perception intuition sensible se rapporte donc simultan ment ces trois capacit s gouvernant l conomie de l laboration de la connaissance C est donc l ensemble de ce processus qu il faut avoir l esprit lorsque l on
130. entations des uns et des autres tout en les confrontant les mettant en dialectique selon les situations La question du d veloppement durable nous renvoie n cessairement la production scientifique et technologique donc la place et la responsabilit des chercheurs et des enseignants car la production scientifique n est pas seulement production d un monde travers les multiples objets et repr sentations qui en d coulent Le d veloppement durable pourra donc acqu rir un r el statut quand il introduira une r elle ambivalence dans notre mani re de consid rer la production de connaissances quand il permettra d introduire du d bat sur les priorit s et les enjeux de la connaissance 3 2 ducation interculturalit et d veloppement durable L ducation commencer par l enseignement du primaire au sup rieur est peut tre le lieu privil gi pour favoriser le changement des mentalit s des pratiques et repr sentations 54 Penser l ducation 2005 relatives au d veloppement durable et l interculturalit L interculturalit et le d veloppement durable sont fortement li s le respect d autrui ne peut tre s par de celui de l environnement L cole repr sente le lieu privil gi des apprentissages vivre ensemble Ainsi l ducation au d veloppement durable aurait pour objectif de reconstruire le r seau de liens d appartenance et de responsabilit s entre les acteurs sociaux les groupes sociocult
131. es pour lui substituer celle d l ments empiriques construits en rep rant les diff rentes phases successives et en interrelations de construction de ces l ments En suivant il s agit de renoncer l tude des pratiques enseignantes effectives pour ne pas entretenir la confusion entre le r el des pratiques et la connaissance de ces pratiques Cette construction du r el est videmment tributaire du point de vue et des acteurs concern s Ainsi il conviendra de diff rencier clairement le r el du point de vue du chercheur et le r el du point de vue de l enseignant Plus pr cis ment nous distinguerons la fois les connaissances des enseignants sur leurs pratiques des connaissances du chercheur sur ces m mes pratiques qui sont d ailleurs construites partir d un double corpus de connaissances secondes et les diff rentes finalit s des diff rents acteurs lors des diff rentes phases constitutives du proc s de recherche Au niveau m thodologique cela se traduit par la mobilisation du principe de double lecture et par l articulation aussi bien pour les pratiques enseignantes individuelles que collectives une lecture du contexte pour l enseignant avec une lecture du contexte pour l observateur Le constructivisme ne permet pas d envisager un proc s de recherche rigoureusement planifi d s le d part qu il suffirait ensuite d appliquer Ce proc s se construit lui aussi de mani re progressi
132. es de l entendement nombre forme nom structurant notre perception et notre compr hension du monde Par ailleurs la notion de savoir l mentaire est indissociable de celle de m thode l mentaire intuitive dans la mesure o le savoir l mentaire est un produit de son exercice et non un pur donn d ja l En effet il est obtenu essentiellement et originellement par la d marche empirique et m me existentielle suivant l ordre psychologique du d veloppement des id es d un sujet singulier C est d ailleurs cette primaut qui fait passer au second plan la d marche intellectuelle d ob dience cart sienne proc dant universellement selon l ordre des raisons De plus la M thode l mentaire de 117 Penser l ducation 2005 Pestalozzi constitue t elle le prototype de la fameuse m thode intuitive qui aura le succ s que l on sait chez certains des r formateurs de l Ecole Primaire la fin du XIXe si cle dont la caract ristique est de suivre partir de l intuition sensible une progression gradu e du concret vers l abstrait du simple au complexe du facile au plus difficile Il s agit en somme d aller des choses aux mots plus pr cis ment d atteindre les mots par les choses conform ment aux m canismes psychologiques r put s naturels Nous dirons ensuite que le savoir l mentaire chez Pestalozzi est complexe puisqu il recouvre toutes les dimensions de la formation humaine intellectuelle esth tique
133. es divise Le savoir l mentaire chappera cet inconv nient dans la mesure o principe d unit il donne sens non seulement au savoir lui m me mais encore l activit humaine en g n ral Roger De Guimps dit ceci 1874 page 520 En consacrant sa vie la r forme de l ducation l mentaire Pestalozzi ne voulait pas seulement tarir les sources de la mis re des individus il voulait encore corriger des vices qui minaient l tat social europ en et qui mena aient la civilisation d une funeste catastrophe Cette id e se fait jour dans la plupart de ses ouvrages 32 Pomp e op cit page 201 II tait arriv la conviction que pour parvenir tarir la mis re du peuple dans sa source il fallait cultiver d s l enfance les facult s physiques intellectuelles et morales de l homme Voir galement De Guimps op cit page 509 3 Pomp e op cit pages 220 et 221 M So tard 1981 pages 581 et 582 Sur la notion de Volksbildung on se reportera aux pages 565 et suivantes 3 Pinloche Pestalozzi op cit page 62 L Meylan op cit page 212 7 Nous verrons plus loin que la main ou le faire est un principe essentiel de l ducation l mentaire Comment Gertrude Douzi me Lettre op cit page 200 3 M So tard 1981 page 168 Sur la place du travail dans l ducation on lira avec profit les pages 120 Penser l ducation 2005 158 169 D autre part on se souvient
134. ession gradu e la port e de l enfant Dans la Deuxi me Lettre du Comment Gertrude Pestalozzi rapporte ce propos l exp rience men e par Kr si Il observa d abord que le principe qui consiste commencer par la notion la plus simple porter celle ci jusqu la perfection avant d aller plus loin puis progresser pas pas en se contentant toujours d ajouter une petite connaissance ce que l enfant sait d j parfaitement ce principe remarqua t il sans produire proprement parler chez l enfant d s les premiers instants de l tude un sentiment de sa capacit et une conscience de ses forces maintient cependant vivant en lui ce premier t moignage de sa force naturelle encore intacte 13 Finalement ce que semble dire Pestalozzi par la bouche de Kr si c est que ce qui importe le plus faire passer aupr s de l enfant c est moins la transmission des connaissances elle m me que le sentiment de sa capacit et la conscience de ses forces c est dire finalement les moyens psychologiques de son autonomisation intellectuelle et morale Cela veut dire deux choses d abord que l enseignement disciplinaire est toujours en m me temps une ducation qui se veut int grale il n y a pas de coupure entre instruction et ducation la premi re est l instrument de la seconde Ensuite que la notion de savoir l mentaire est comprise par Pestalozzi avant tout dans son enracinement psychologique Ceci
135. est tout fait patent au sein de ces propos rapport s par J Guillaume e cherche psychologiser l ducation Il s agit de soumettre les formes de tout enseignement aux lois ternelles selon lesquelles l esprit humain s l ve des intuitions sensibles aux id es claires J ai cherch simplifier conform ment ces lois les l ments de toutes les connaissances humaines et les disposer en s ries psychologiquement ordonn es 15 Le principe de la psychologisation de l ducation observant une gradation allant du simple au complexe appara t donc comme ce qui convient le mieux l tude car il respecte l ordre de la nature elle m me Range dans ton esprit toutes les choses qui font partie d un m me ensemble selon l ordre o elles se trouvent en fait dans la nature nous conseille Pestalozzi Recourir l l mentation des savoirs appara trait donc comme une n cessit dans la mesure o l ordre psychologique d acquisition des connaissances du plus facile au plus difficile correspondrait l ordre naturel dont l organisation proc de du simple au complexe C est pourquoi Pestalozzi peut affirmer Consid re tous les effets de la nature physique comme absolument n cessaires et reconnais dans cette n cessit le r sultat de l art avec lequel elle r unit de fa on quilibr e les l ments apparemment h t rog nes de sa mati re pour accomplir son uvre et fais 112 Penser l ducation 2005
136. et 130 1 Daniel Hameline exprime bien la pens e de Pestalozzi lorsqu il affirme Les choses sont bien l d abord avant que les mots ne viennent Mais le r le de l instruction c est de faire en sorte que les choses trouvent opportun ment les mots pour tre dites 2002 page 94 C est ce qui emp che Pestalozzi d adh rer compl tement au sensualisme d un Condillac Pour lui les cat gories de l esprit sont irr ductibles aux sensations il y a ind pendance des choses et des mots mais les deux doivent tre harmonis s dans l enseignement D Hameline synth tise au mieux la conception pestalozienne en poursuivant Sans les choses les mots ne sont que flatus vocis Sans les mots les choses ne sont que des occasions de ressentir non de comprendre De son c t M So tard rappelle que les moyens mis en uvre par le p dagogue de Stans sont ici la r flexion la conceptualisation et l id alisation le tout dans une d marche qui proc de derechef par interrogations sur les situations v cues plut t que par des le ons 2001 page 76 9 Comment Gertrude Dixi me Lettre op cit page 177 8 Comment Gertrude Dixi me Lettre op cit page 179 Ibid Troisi me Lettre op cit page 100 Ibid Dixi me Lettre op cit page 179 1 Ibid page 191 2 G Compayr 1904 page 61 3 A Pinloche 1902 page 134 Pinloche utilise le terme aperception n ologisme cr par Leibniz pour sign
137. ettant en relation avec le d veloppement durable mais les aspects culturels pris en consid ration ne d passent rarement le territoire local ou national Nous allons pr senter par une approche historique les principaux courants de pens e de la recherche relative l ducation environnementale puis examiner son volution en France dans le contexte de la mondialisation et enfin aborder une r flexion sur la dimension critique du d veloppement durable et de son enseignement I PIST MO LOGIE DE LA RECHERCHE EN DUCATION ENVIRONNEMENTALE 1 1 Epist mologie g n tique et constructivisme dialectique Le paradigme de la recherche quantitativiste a domin le champ de l ducation environnementale qui s est d velopp aux tats Unis dans les ann es 1970 et 1980 notamment travers le Journal of Environmental Education Ce sont les chercheurs de l University of Southern Illinois Hungerford Peyton Wilkie 1980 1983 Hungerford Volk 1990 qui ont influenc les chercheurs et les programmes de recherche en Australie en Europe et en Asie Ainsi Fensham 1978 Lucas 1979 ou Stapp 1980 ont d velopp des approches quantitatives et des mod les pour la recherche exp rimentale dans ce domaine Le paradigme du positivisme occultait une grande partie des donn es une distinction doit tre faite entre les ph nom nes qui peuvent tre soigneusement observ s exactement enregistr s et classifi s et ces interpr tations des
138. fonctionnalit des discours oraux et crits L ensemble se termine sur une postface originale de M Fabre Ces diff rents articles permettent d apporter des l ments de r ponse une s rie de questions fondamentales dans le domaine de lenseignement par comp tences comment l cole peutelle assumer sa responsabilit de soutien au d veloppement de l enfant quand une logique conomique devient de plus en plus pr gnante Quel est le r le des savoirs dans la construction des comp tences Ou encore comment soutenir concr tement les enseignants et les parents dans les diff rentes t ches nouvelles qui leur incombent Nous pouvons cependant RECENSION observer qu aucun article ne se propose de rappeler les diff rentes d finitions du concept de comp tence m me si certains auteurs se sont succinctement pr t s au jeu dans leurs textes D autre part nous pensons quil serait int ressant de mener une analyse sur la mani re dont les programmes par comp tences sont v cus par les l ves Si l on s interroge essentiellement sur leurs capacit s cognitives et m tacognitives il serait aussi pertinent de se pencher sur des aspects dordre motionnel et affectif Le texte de N Sorin ouvre la voie en ce sens Quant Fabre dans la postface mentionnant les trois types de savoirs d velopp s par Reboul il nous livre des pistes pour faciliter l appr hension des savoir que savoir comment et savoir pourquo
139. ge invers e L hypoth se de Merleau Ponty semble tre la suivante les processus par lesquels se perdent les constructions majeures r alis es dans l enfance que sont le langage le rapport au monde des choses son propre corps la temporalit et dont la science nous fournit une description empirique rigoureuse ne ram nent pas le sujet un avant une sorte d tat infantile mais un hors monde partiel Nous ne pourrions rien dire ni comprendre d un hors monde radical mais du fait m me qu il s agit d une r gion du monde limit e qui se d truit nous pouvons comprendre par les liens qui restent comment le sujet perd un mode de relation ce qui l entoure comment ainsi il d sapprend le monde En effet l aphasique est encore capable d entendre et d agir et d autres sujets dont l activit est d ficiente peuvent voquer ce qu ils vivent Ainsi par la constitution d une interpr tation du d sapprendre on ne sera pas loign de comprendre l apprendre du monde par l enfant Nous avons choisi d isoler trois figures bien connues que Merleau Ponty analyse dans la Ph nom nologie de la Perception celle du membre f nt me le trouble de Schn enfin la figure de l aphasique b Un pur apprentissage La strat gie de la Ph nom nologie est l image sp culaire de celle que d ployait la Structure quand elle questionnait les sciences humaines il s agit ici de montrer l insuffisance des philosophies de la consci
140. gressivit dans le processus d acquisition des connaissances Il s agit en effet pour le p dagogue de ramener tous les moyens de la connaissance aux premiers l ments de chaque branche de connaissance et de ne jamais rattacher qu un petit ajout aux premiers l ments de chaque branche de mani re obtenir une progression sans lacune vers de nouvelles acquisitions allant toujours plus loin Dans toute esp ce d apprentissage la connaissance des l ments s av re donc fondamentale non seulement parce qu ils constituent les premiers commencements des savoirs mais encore parce que encha n s logiquement les uns aux autres ils sont des principes d unit l unification du des savoir s est permis par l encha nement des connaissances l mentaires Ainsi gr ce ces derni res s offre ceux qui les poss dent la possibilit d en acqu rir de nouveaux et de progresser par soi m me En ramenant mes enfants aux premiers l ments des connaissances humaines ainsi que ma patiente obstination les maintenir sur ces l ments l on pose ainsi chez les enfants les fondements de connaissances et de progr s ult rieurs Par cons quent sans tre fond a priori sur les principes des sciences le savoir l mentaire n en conserve pas moins chez Pestalozzi une dimension rationnelle vidente dans la mesure o les l ments en question constituent galement les conditions de 99 Penser l ducation 2004 possi
141. guilhem G Id ologie et rationalit Paris Vrin 2 dition 1988 5 Merleau Ponty M ibid p 9 6 Merleau Ponty M ibid p 432 Merleau Ponty M ibid p 433 Merleau Ponty M Signes p 21 Merleau Ponty M Le m taphysique dans l homme Sens et Non sens Paris N agel 1966 p 163 2 Merleau Ponty M ibid p 163 2 Merleau Ponty M ibid p 163 2 Merleau Ponty M ibid p 163 3 K hler W L intelligence des singes sup rieurs Paris CEPL 1972 Merleau Ponty M Sens et Non sens p 147 5 Merleau Ponty M Psychologie p 93 96 Lacan J Les complexes familiaux Paris Navarin 1984 7 Merleau Ponty M Psychologie p 111 23 Joas H La cr ativit de l agir trad P Rusch Paris Cerf 1999 p 192 Vattimo G Ethique de l interpr tation chap 3 trad J Rolland Paris La D couverte 1991 Merleau Ponty M Eloge de la philosophie Paris Gallimard 1953 p 119 31 Merleau Ponty M La structure du comportement Paris Puf 1972 32 Merleau Ponty M La ph nom nologie de la perception Paris Gallimard 1945 3 Merleau Ponty M La structure p 136 Merleau Ponty M ibid p 136 3 Merleau Ponty M ibid p 136 Merleau Ponty M ibid p 136 3 Un biographe de Merleau Ponty pourrait peut tre le r f rer la d couverte qu il fit peut tre tant enfant des grottes creus es par la mer dans la falaise calcaire de la c te rochelaise et dans laquelle une vi
142. h nom nologie et p dagogie Paris Le Centurion LA GARANDERIE A de 1997 Critique de la raison p dagogique Paris Nathan Rep res P dagogiques LA GARANDERIE A de 2002 Comprendre les chemins de la connaissance Une p dagogie du sens Lyon Chroniques sociales LA GARANDERIE A de 2004 Plaisir de conna tre Bonheur d tre Une p dagogie de l accompagnement Lyon Chroniques Sociales MARITAIN J 1932 Distinguer pour unir ou les degr s du savoir Paris Descl e de Brouwer 3 me d RICO EUR P 1950 Philosophie de la volont Ed Aubier RO CHEIX J Y 2000 Lev Vygotsky aujourd hui Les Cahiers de l ISP n 33 SARTRE J P 1947 Situation 1 Paris Gallimard TOU SSAIN T DESANTI J 1994 Introduction la ph nom nologie Paris Gallimard VERMERSCH P 1999 Pour une psychologie ph nom nologique Psychologie Fran aise n 44 1 pp 7 18 18 Recherches sur les pratiques enseignantes contribution leur inscription au sein d une pist mologie constructiviste Jean Fran ois MARCEL GPE CREFI Universit de Toulouse II le Mirail Cet article interroge les r percussions au sein des recherches au quotidien d un ancrage de ces recherches au sein d une pist mologie constructiviste Dans un premier temps sont rappel s les principes qui structurent le paradigme constructiviste et leurs prolongements au niveau d une pist mologie de la recherche en ducation L auteur
143. hes et l ducation l environnement et au d veloppement durable pourrait peut tre favoriser cette r volution n cessaire notre survie commune NOTES Docteur en anthropologie ing nieur de recherche l Institut national de recherche p dagogique veille scientifique membre du laboratoire d anthropologie historique politique et technique de l Universit Paris VIII et du laboratoire d anthropologie et d ethnologie sur l Amazonie de l Institut national de recherche en Amazonie IN PA Manaus Br sil 2 Pour les diff rents types de recherche quantitative voir notamment M arcinkowski T A Contextual Review of the Quantitative Paradigm in EE Research communication pr sent au symposium Constesting Paradigms in Environmental Education Research Annual Conference of the North American Association for Environmental Education San Antonio Texas U SA 1990 BIBLIO GRAPHIE BACHELART D 2002 Berger transhumant en formation pour une tradition d avenir Paris L Harmattan BARBIER R PIN EAU G 2001 Les eaux coformatrices Paris L Harmattan BEAUCHAMP A 1993 Introduction l thique de l environnement Montr al Editions Pauline BENNET S 1996 Discourse Analysis A Method for Deconstruction in William M ed Understanding Geographical and Environment Education London Cassell BIDOU J E 2001 2002 Quel partenariat avec l expert R flexions sur l aide l approche participativ
144. i relatifs aux programmes par comp tences Une belle ambition concr tiser Professeur Pourtois J P et B Dernonty Universit de M ons H ainaut Belgique 131 PENSER L DUCATION Abonnez vous 2 num ros par an LE CHOIX ENTRE 4 FORMULES O Abonnement 2005 N 17 et 18 France et tranger port compris 39 Euros O Abonnement 2004 N 15 et 16 France et tranger port compris 39 Euros O Abonnement 2005 4 num ros au choix 1 2 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 France et tranger port compris 80 Euros Offre promotionnelle Abonnement 2005 num ros restants 1 2 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 France et tranger port compris 174 Euros soit 39 Euros 9 Euros le num ro suppl mentaire Vente au num ro Attention n 3 puis France et tranger port compris 26 Euros Nom Organisme Adresse compl te T l Fax Paiement O Par ch que bancaire c Par ch que postal O A r ception d une facture A L ORDRE DE L AGENCE CO MPTABLE DE L UNIVERSIT DE ROUEN Renvoyer le formulaire l adresse suivante UNIVERSIT DE ROUEN UFR DE PSYCHOLOGIE SOCIOLOGIE ET SCIENCES DE L DUCATION Laboratoire CIVIIC Revue Penser l Education B P 108 76821 MONT SAINT AIGNAN CEDEX T l 02 35 14 64 38 E mail civiic univ rouen fr
145. i re responsable par rapport l environnement par le biais de strat gies comportementales d interposition ce comportement environnemental ou cologiste ayant longtemps t identifi comme l objectif final de l ducation environnementale Hungerford Sia Tomera 1985 1 2 Les approches interpr tatives et le constructivisme Le constructivisme est un courant de pens e qui s est constitu en opposition au courant empiriste Alors que le positivisme consid re que l individu n a aucun poids sur le r el le constructivisme d fend l id e selon laquelle l individu est tout fait central dans la construction du r el 41 Penser l ducation 2005 Le monde de la r alit v cue et les significations des situations sp cifiques qui constituent l objet g n ral de la recherche sont pens s comme construits par les acteurs sociaux les acteurs singuliers des moments particuliers avec des repr sentations en dehors des v nements et des ph nom nes s inscrivant dans la dur e par des processus prolong s et complexes d interaction sociale impliquant l histoire la langue et l action Traduction de l auteur d apr s Schwandt 1994 Le monde subjectif de l exp rience humaine est central et il n est plus possible d affirmer que les th ories du comportement humain puissent tre syst matis es et g n ralis es Les chercheurs dans la tradition interpr tative affirment que le comportement humain est trop multip
146. i peut tre consid r lui aussi l origine de l ducation populaire Voir ce sujet Pinloche 1889 page 533 Mais dans le m me ouvrage page 511 l auteur nous apprend que les nouvelles doctrines p dagogiques dont surtout celle de Pestalozzi finirent par remplacer celles des philanthropinistes 1 Selon J rgen Helmchen contrairement aux philanthropinistes allemands qui restaient dans une logique utilitariste et qui il avait tout au d but de sa carri re emprunt le mod le p dagogique et industriel du Neuhof le d veloppement des connaissances depuis l l mentaire jusqu la formation g n rale n est pas pour Pestalozzi r gi par quelque fa onnage ext rieur que ce soit La M thode vient de l int rieur du plus intime du sujet m me Le sens de la M thode Pestalozzi in Michel So tard et Christian Jamet op cit page 112 2 Voir P Stadler op cit page 45 8 Ibid Voir galement M So tard 1981 pages 387 et 406 Daniel H ameline 2002 page 33 dit de ce dernier qu il fut le v ritable disciple de Pestalozzi 5 M me si Pestalozzi affirme tre compl tement perdu pour la philosophie pure Comment Gertrude instruit ses enfants Sixi me Lettre traduction de M So tard 1985 page 117 1 Le terme Anschauung prend n anmoins chez Pestalozzi un sens plus pr cis puisqu elle se rattache sa conception de l ducation C est pourquoi les commentateurs actuels s efforcent de coller a
147. ification La Garanderie 1990 pp 112 113 Sur l analyse des v cus de pens e ou cogitata Antoine de La Garanderie se rallierait donc plus volontiers la tradition r aliste et thomiste de Jacques Maritain qui indique 12 Penser l ducation 2005 C est ainsi que dans le nouvel id alisme transcendantal de E Husserl le v rifi prend de fait la place du vrai ce qui est vrai est ce qui est pr sent par une synth se de confirmation v rifiante comme si v rifier tait autre chose que reconnaitre pour vrai en sorte que d finir la v rit par la v rification est un non sens Corr lativement H usserl tient l instar de Descartes l vidence pour un caract re de l objet de pens e cogitatum pris comme s par de la chose au lieu qu elle provient de la chose elle m me ens intelligibile selon qu elle est objectiv e dans l esprit comme objet de jugement Maritain 1932 p 171 En d autres termes l intelligible est en puissance dans les choses et s actualise dans l esprit Evoquer consiste rendre pr sent le monde en soi Par le geste de l vocation l intuition de sens n est pas un pur produit de l esprit id alisme transcendantal r duction au je pense elle a un fondement dans les choses Faute d une exp rience sensible il n est point d intelligibilit possible D s lors comme l indique Jacques M aritain la v rit n est pas de l ordre du v rifiable mais bien d une conformit
148. ifier sans doute qu il n y a pas de perception pure que toute perception est un acte de conscience 4 Comment Gertrude Sixi me Lettre op cit page 121 5 Aucune des autres qualit s des choses ne peut tre envisag e comme l ment premier de la connaissance humaine nous dit il la m me page 6 Ibid pages 121 et 122 7 Ibid page 122 Nous remarquerons l accent cart sien des propos de Pestalozzi II n y a rien d tonnant cela l obsession de la M thode r unit les deux hommes Lette de Stans op cit page 54 Comment Gertrude Deuxi me Lettre op cit page 82 2 Ibid Premi re Lettre op cit page 58 2 M So tard Johann Heinrich Pestalozzi op cit page 46 2 Comment Gertrude Premi re Lettre op cit page 60 3 Ibid Deuxi me Lettre op cit page 84 Comme le dit M So tard II s agira moins pour l enfant de savoir que de s initier savoir 1981 page 371 5 J Guillaume 1882 page 2311b Comment Gertrude Quatri me Lettre op cit page 111 7 Ibid 28 Voir ibid Premi re Lettre op cit page 70 2 Ibid Troisi me Lettre op cit page 99 Ibid Sixi me Lettre op cit page 118 124 Penser l ducation 2005 31 Pour plus de d tails on se reportera la Septi me Lettre Pour un expos du fondement psychologique de l enseignement on consultera galement Pinloche 1902 page 134 Lettre de Stans op cit page 5
149. il se corrompt si bien que nous n en conservons que le souvenir nostalgique Pas plus que l tat naturel l tat moral profond ment imprim dans le c ur de l homme irr ductible aux deux autres Aucun homme ne peut sentir pour moi que je suis moral L homme en tant que cr ature sociale a aussi peu besoin de moralit qu il en est capable en tant qu tre animal ne peut tre l objet d une exp rience pure car nous ne pouvons l prouver ind pendamment de notre animalit tat naturel et notre sociabilit tat social L tat social quant lui appara t comme une n cessit li e la survie puisque l tat de nature est jamais impossible retrouver L tat social est dans son essence une poursuite de la guerre de tous contre tous qui commence dans la corruption de l tat de nature et ne fait que changer de forme dans l tat social Mais l tre humain est il condamn n avoir le choix qu entre la nostalgie r sultant de la corruption de l tat naturel et le d sespoir caus par l artifice des r gles sociales Pestalozzi r sout la contradiction en d veloppant une conception de la nature humaine comprise comme capacit se faire une uvre de soi m me gr ce l entreprise ducative L ducation appara t donc comme tant la r ponse apport e au conflit entre nature et soci t le conflit provenant du fait que d un c t l homme n est plus un simple produit de la nature et que
150. in Buisson F Dictionnaire de P dagogie Paris Hachette HAMELINE D 2002 L ducation dans le miroir du temps d LEP Lausanne HELMCHEN J 1998 Le sens de la M thode Pestalozzi in So tard M et Jamet C dir Le p dagogue et la modernit Actes du colloque d Angers 9 11 juillet 1996 l occasion du 250 anniversaire de la naissance de Pestalozzi Berne Peter Lang MEYLAN L 1961 Henri Pestalozzi in CHTEAU J Les grands p dagogues Paris PUF 1 d 1956 NIQUE C et LELI VRE C 1993 La R publique n duquera plus La fin du mythe Ferry Paris Plon PESTALO ZZ1 J H 1994 Mes Recherches sur la marche de la nature dans le d veloppement du genre humain 1797 trad par M So tard Lausanne Payot PESTALOZZI J H 1985 Lettre de Stans 1799 trad par M So tard ditions du Centre de documentation et de recherche Pestalozzi Yverdon les Bains PESTALO ZZI J H 1985 Comment Gertrude instruit ses enfants 1799 1804 trad de M So tard ditions Castella Albeuve PESTALO ZZI J H 1947 Le Chant du Cygne 1826 trad par L Van Vassenhove ditions de La Baconni re Boudry Neuch tel PINLOCHE A 1889 La r forme de l ducation en Allemagne au dix huiti me si cle Basedow et le philanthropinisme Paris Armand Colin PINLOCHE A 1902 Pestalozzi et l ducation populaire moderne Paris Alcan PO MP E P 1882 Etudes sur la vie et les travaux p dagogiques de J H Pestalo
151. ion psychologique du travail PUF Paris DE WAELHENS A 1988 Ph nom nologie Encyclopaedia Universalis Corpus 14 p 427 429 Edition 1988 FOUREZ G 1994 Constructivisme et justification thique In Revue des sciences de l ducation XX n 1 pp 157 174 1994 HATCHUEL F 2004 Le sujet dans l approche clinique In MARCEL J F et RAYOU P Recherches contextualis es en ducation INRP Collection Biennale p 99 107 LE MOIGNE J L 1999 Les pist mologies constructivistes PUF Paris 1 re dition 1995 MARCEL J F 2002a Le concept de contextualisation un instrument pour l tude des pratiques enseignantes Revue Fran aise de P dagogie n 138 p 103 114 MARCEL J F 2002b La connaissance de l action et des pratiques enseignantes In MARCEL J F Ed Les sciences de l ducation des recherches une discipline Editions L Harmattan p 79 112 MARCEL J F 2002c Approche ethnographique des pratiques enseignantes durant les temps interstitiels Revue Spirale n 30 p 103 120 36 Penser l ducation 2005 MARCEL J F 2003 De l cole maternelle l Universit in Analysons nos pratiques Cahiers P dagogiques n 416 septembre 2003 p 40 43 MARCEL J F 2004a Le syst me des pratiques professionnelles de l enseignant de maternelle In MARCEL J F dir Les pratiques enseignantes hors de la classe Editions L Harmattan Paris MARCEL J F 2004 b Pratiques enseign
152. ions d enseignement afin de les expliciter et les caract riser Cela suppose Gowin 1981 Gowin Novack 1984 Driver 1989 Millar 1989 que ces enfants connaissent d j beaucoup de choses avant de rentrer l cole et que l enseignement soit un processus de r ducation une reconstruction de ce qu ils savent d j et une valuation de ces connaissances dans de nouveaux mod les Cela a donn lieu de nombreuses tudes Driver Erickson 1983 Hewson Hamlyn 1983 Shipstone Rhoneck Jung Karrqvist Dupin Joshua Licht 1989 visant sonder la compr hension des l ves des exp riences scientifiques qui sont effectu es en classe leur interpr tation des principes scientifiques qui les sous tendent mais aussi discuter des d finitions et des distinctions entre une vari t de constructions qui ont t utilis es pour encadrer les r sultats de telles tudes qu il s agisse des concepts des pr notions des conceptions alternatives na ves etc Les entretiens ouverts sont alors utilis s par les chercheurs pour donner aux l ves le maximum de libert dans l expression de leurs r ponses D apr s l analyse des textes constructivistes de Robertson 1994 l environnement est appr hend comme une construction sociale et non pas une r alit s par e de nous m mes Le constructivisme devient pr pond rant la fin des ann es 1980 et au d but des ann es 1990 Robertson 1994 1 3 La tradition crit
153. ique dans la recherche Le courant critique se situe entre le positivisme et le courant interpr tatif II va essayer de montrer que le paradigme interpr tatif ne tient pas compte du fait que nos visions subjectives sont la fois int rieurement construites et influenc es par les forces sociales les individus ou les groupes sociaux ne peuvent tre appr hend s s par ment de leur contexte social Fien Hillcoat 1996 L approche critique a t consid r e comme une enqu te id ologiquement orient e Carr Kemmis 1983 Guba 1990 Green 1990 Elle vise la justice sociale et son intention se veut mancipatrice pour transformer les pratiques ducatives travers la critique id ologique Le paradigme critique est la seule m thodologie de recherche qui a pour objectif de transformer le paradigme social dominant Ce type d investigation encourage les enseignants adopter une position de 43 Penser l ducation 2005 recherche vers leurs propres activit s environnementales d ducation Elle peut favoriser la mise en place de collaboration entre les l ves les enseignants et les communaut s locales pour d boucher sur de v ritables projets de d veloppement durable Cette approche remet en cause la p dagogie traditionnelle disciplinaire et implique des modifications dans les programmes d enseignement et de formation des enseignants Les techniques d enqu te de la tradition critique rel vent principalement de l analyse de d
154. is de franchir deux paliers suppl mentaires Tout d abord la connaissance est envisag e comme un r cit dont le dernier mot n est jamais crit le Monde 3 d crit par POPPER II s agit d un r cit crit plusieurs mains o chaque co auteur aura fait sien en le transformant ce qui pr c de sa contribution pour pouvoir l laborer Chaque nouvelle connaissance est la fois une il s agit d une construction relevant d une interaction singuli re entre un chercheur et son objet de recherche et universelle dans le sens o elle va s manciper et prendre une place dans ce r cit provisoire et le transformera Nous retrouvons sans difficult la proposition piag tienne de mobilisation des m thodes psycho g n tique et historico critique appliqu es ici la connaissance Un second palier peut tre franchi partir de ce que Jean Louis LE MOIGNE appelle la faisabilit projective et l accent qui est mis sur la question de la validation de la connaissance En substituant la qu te d une v rit objective validit universelle une v rit scientifique provisoire il s av re n cessaire pour l pist mologie constructiviste d en expliciter les conditions de validation Ces conditions de validation rel vent simultan ment de plusieurs niveaux du contexte scientifique de production l tat du r cit scientifique ce moment l du contexte du chercheur histoire personnelle parcours scientifique quipe de r
155. iscours Bennet 1996 qui vise d construire les id es pr con ues le mat riel didactique et les pratiques p dagogiques existantes mais aussi de la recherche active Hillcoat 1996 et de l ethnographie critique William 1996 Cette recherche active mancipatrice est effectu e par les participants afin d am liorer la rationalit et la justesse de leurs propres pratiques ainsi que les situations dans lesquelles les pratiques sont effectu es Tesch 1996 Selon Cohen et Manion 1989 traduction de l auteur la recherche active socialement critique est en situation elle permet de diagnostiquer un probl me dans un contexte sp cifique et d essayer de le r soudre dans ce contexte Elle pr ne g n ralement la collaboration les quipes de chercheurs et de praticiens travaillent ensemble sur un projet ce sont les membres de l quipe qui participent directement ou indirectement mettre en application la recherche et elle est individuelle et valuative des modifications participatives sont valu es sans interruption dans une situation continue Selon Hillcoat 1996 la recherche critique implique la validation de son contexte sp cifique pour que le chercheur puisse carter ses interpr tations dues sa polarisation personnelle II d crit quatre moyens de validation de la recherche utiliser au moins deux m thodes de recueil des donn es faire participer les acteurs sociaux en leur montrant les r sultats des cherche
156. isme et ne semble pas pouvoir tre adopt e par les tenants d une v rit absolue qui pourrait y voir une relativisation subversive de leurs r sultats 29 Penser l ducation 2005 4 LA COMPOSANTE M THODOLOGIQUE 4 1 La construction d l ments empiriques Dans la recherche sur les pratiques enseignantes la terminologie de donn es est souvent mobilis e pour nommer les l ments empiriques en France on parle plut t de recueil de donn es et au Qu bec de collecte ou de cueillette des donn es Dans tous les cas le mot donn es renvoie la fois un r el et l op ration de pr l vement d informations sur ce r el totalement objectifs Ce mot n est pas compatible avec l pist mologie constructiviste pour laquelle nous retiendrons construction d l ments empiriques Cela nous invite pr ciser les diff rents niveaux de construction auxquels nous sommes confront s dans nos recherches lors de la phase d entretien a posteriori l enseignant construit des connaissances sur ces pratiques pour les noncer l interviewer en r pondant ses questions M me si le contenu est fortement r f r aux connaissances mobilis es par l enseignant dans le cours de ses pratiques nous serions tent de parler ici de co construction d l ments empiriques car les finalit s de l interviewer traduites par les questions qu il pose sont loin de fournir une contribution n gligeable cette constru
157. it entre les th ories scientifiques et les filets de p cheurs m me si les mailles de ces filets peuvent tre de plus en plus petites il se trouvera toujours des poissons suffisamment minuscules pour passer au travers 25 Penser l ducation 2005 Cela permet d abord de remettre en cause une expression tr s fr quente au sujet des pratiques enseignantes il s agit du qualificatif d effectives M me s il s agit ici d abord de d marquer cette approche d une centration sur les pratiques d clar es il n en demeure pas moins que pr tendre tudier les pratiques effectives s appuie sur l implicite d un r el objectif que la recherche permettrait de d voiler En ce qui nous concerne nous nous bornons revendiquer l tude des pratiques enseignantes en assumant la distinction entre le r el et la connaissance du r el Un autre niveau de distinction nous para t plus important en ce sens qu il ne porte pas sur une querelle lexicale il s agit de la distinction entre la connaissance de l enseignant et la connaissance du chercheur Reprenons tout d abord la distinction op r e par Alfred SCH TZ 1987 entre la connaissance ordinaire celle des acteurs et la connaissance savante celle des chercheurs Pour cet auteur la connaissance savante s labore partir de la connaissance ordinaire l aide de la m thodologie de recherche Dans ce prolongement nous pouvons d ores et d j distinguer clairement la connai
158. it faire un contresens regrettable que d imaginer une hi rarchie entre ces trois facult s c est d ailleurs sans doute pourquoi M So tard parle de points de vue car ces trois l ments s impliquent mutuellement et sont troitement imbriqu s comme le confirment ces propos de Pestalozzi lui m me Le d veloppement du c ur va tre un moyen m me de d velopper aussi l esprit celui de l esprit de d velopper galement le corps et inversement 5 Par cons quent il ne faudrait pas croire que savoir vouloir et pouvoir ou t te c ur et main constituent chacun pris part des l ments du savoir l mentaire Ce serait l trahir la M thode en radiquant ce qu il y a justement d l mentaire dans cette forme de savoir Mais lorsque nous posons la question qu est ce que la formation l mentaire intellectuelle prise isol ment qu est ce que la formation l mentaire physique prise isol ment qu est ce que la formation l mentaire morale prise isol ment et o conduit chacune d elles nous voyons ceci elle cesse justement d tre l mentaire du fait qu elle est prise isol ment et elle conduit en cessant de l tre pr cis ment l o conduit et doit 96 Penser l ducation 2005 toujours conduire toute ducation unilat rale et routini re d s lors qu elle n est pas l mentaire c est dire d s lors qu il lui manque le fondement d un accord g n ral et pur avec la nature humaine et l auto
159. it lui m me dans un nouveau verbalisme Il disait que ce n est ni dans la for t ni dans la prairie qu il faut conduire l enfant pour lui apprendre conna tre les arbres et les plantes Et il en donnait cette raison que dans la for t et dans la prairie les arbres et les herbes sont confondus les esp ces v g tales m l es O p cit pages 70 76 78 M So tard 1981 page 346 Pestalozzi dira de sa M thode qu elle est un pouvoir non un savoir Cit par M So tard in Mes Recherches op cit page 215 Extraits cit s par M So tard 1981 page 356 Le Chant du Cygne op cit page 40 Voir galement page 44 M So tard cite encore Pestalozzi affirmant que sa m thode est l art de la position fortuite vis vis de chaque individu 2001 page 104 Remarquons cependant que l ordre psychologique ne supprime pas pour autant l ordre rationnel des id es car pendant que le sujet raisonne ou calcule etc il raisonne ou calcule etc effectivement les lois de la logique restent en elles m mes ind passables BIBLIO GRAPHIE CHAVANNES D A 1805 Expos de la m thode l mentaire de H Pestalozzi Paris Levrault Schoell DE GUIMPS R 1874 Histoire de Pestalozzi de sa pens e et de son uvre Lausanne d G Bridel GR ARD O 1887 Education et instruction Paris Hachette 2e d 1889 125 Penser l ducation 2005 GUILLAUME 1882 Pestalozzi
160. ition de Pestalozzi La formation l mentaire se veut ainsi populaire non pas au sens o elle serait r serv e aux classes inf rieures tandis que le lieu naturel de formation des classes sup rieures serait le monde des sciences et de la culture mais en ce que par elle le pauvre comme le riche le fils d intellectuel comme la fille de paysan l enfant d ouvrier comme l enfant d industriel chacun doit acc der au pouvoir de ma triser sa propre condition et se mettre ainsi en position de s orienter dans le sens qui soit le plus conforme possible sa nature profonde Toutefois m me si Pestalozzi prend le parti de se consacrer en priorit aux enfants des pauvres et aux parias de la soci t sa position n est pas populiste pour autant Les extraits des deux textes que nous venons de rapporter nous montrent bien que les vues du p dagogue sont tout fait ambitieuses du fait de leur dimension universaliste Mais ne nous 92 Penser l ducation 2005 y trompons pas l universalit en question ici n est pas celle concernant l homme abstrait mais celle dont est porteur tout tre singulier en tant qu il a accomplir sa v ritable nature c est dire gr ce l ducation Erziehung devenir ce qu il est en v rit II n y a donc pas chez Pestalozzi d valorisation de l instruction au profit de vues uniquement ducationnistes mais l instruction reste simplement un instrument indispensable une ducation g n ral
161. l ments premiers 1 2 LES PRINCIPES DE L DUCATION 1 2 1 Nature soci t et ducation Les principes de l ducation selon Pestalozzi s appuient sur la conception kantienne d apr s laquelle l homme ne s humanisant que par l ducation cette derni re devient une n cessit absolue L in vitable n cessit de l ducation ressort parfaitement de cette formule extraite des Recherches sur la marche de la Nature dans le d veloppement du genre humain 1797 r sumant toute sa philosophie Autant je vis bient t que les circonstances font l homme autant je vis tout aussit t que l homme fait les circonstances il a en lui m me une force de les orienter diversement selon sa volont M ais Pestalozzi sous l influence de la pens e de J J Rousseau d veloppe ses conceptions en les fondant sur un ensemble de consid rations anthropologiques dont la principale est la distinction op r e entre les trois tats de l humanit suivants l tat de nature Naturstand l tat moral sittlicher Zurstand et l tat social gesellschaftlicher Zurstand Que suis je lorsque le monde tombe sous les yeux de mon d sir animal sans consid ration de l tat social Q ue suis je lorsque le monde tombe sous les yeux de mon d sir animal en prenant en compte cet tat Q ue suis je lorsque le monde tombe sous les yeux du seul point de vue de mon ennoblissement int rieur Je tins donc pour vrai que le premier tat est l tat de nature l
162. l Environnement Regards Recherches R flexions vol 2 Fondation Universitaire Luxembourgeoise Universit du Qu bec Montr al 219 228 CLARY M 2004 Recherche et formation en EEDD in actes du colloque ducation l environnement pour un d veloppement durable sous presse COHEN L MANION L 1989 Research Methods in Education London Routledge Comit interminist riel pour le d veloppement durable 2003 Strat gie nationale de d veloppement durable 3 juin 2003 COTTEREAU D 1994 A l cole des l ments Ecoformation et classes de mer Lyon Chronique sociale 58 Penser l ducation 2005 COTTEREAU D 1999 Chemins de l imaginaire P dagogie de l imaginaire et ducation l environnement Editions de Babio 75 p COTTEREAU D 2001 Formation entre terre et mer Paris L Harmattan DELEAGE J P Souchon C 1993 L ducation pour l environnement et son insertion dans l enseignement secondaire Paris IIPE U N ESCO DRIVER R ERICKSON G 1983 Theories in Action Some Theorical and Empirical Issues in the Study of Students Conceptual Frameworks in Science Studies in Science Education 10 37 60 DRIVER R 1987 Changing Conceptions Adolescent Development and School Science International Seminar King s College London 1987 DRIVER R 1989 Students Conceptions and the Learning of Science International Journal of Science Education 481 490 FENSHAM P 1978 Stockhol
163. l en d posant dans les choses les sch mes des gestes qu elle organise et s lectionne en vue de leur efficacit Ce sont les outils qui dirigent et hi rarchisent les gestes humains qui les manipulent Ils ne peuvent tre d embl e saisis par l enfant parce qu ils renvoient un corps duqu Mieux encore que le comportement d autrui le monde culturel sera l espace v ritable de l apprentissage Dans ce monde il y a d abord un retrait ou un effacement de l autre dans le monde culturel chacun de ces objets porte en creux la marque de l action humaine laquelle il sert Chacun met une atmosph re d humanit qui peut tre tr s peu d termin e s il ne s agit que de quelques traces de pas sur le sable ou tr s d termin e si je visite de fond en comble une maison r cemment vacu e On n a pas remarqu suffisamment sans doute le caract re original de cette analyse de Merleau Ponty tr s loign e du Lebenswelt husserlien ou du practico inerte de Sartre La v ritable question est bien la suivante comment je puis avoir l exp rience de mon propre monde culturel de ma civilisation Le raisonnement analogique que constitue la pens e classique monologique suppose toujours cette observation questionnante d une conscience r flexive qui croise les intentions d autrui avec les siennes propres Cette perspective est erron e pour M erleau Ponty La r ponse est port e par le creusement de l Etre qui se r alise d
164. l environnement conflits de repr sentations autour du projet de valorisation mus ographique d un territoire in Environnements cultures et d veloppement Education Relative l Environnement Regards Recherches R flexions vol 4 Arlon Fondation Universitaire Luxembourgeoise 171 178 SAUV L 1997 nouvelle dition Pour une ducation relative l environnement Montr al Editions Gu rin SAUV L 1998 1999 Un patrimoine de recherche en construction in Bilan enjeux et perspectives de la recherche en Education Relative l Environnement Education Relative l Environnement Regards Recherches R flexions vol 1 Arlon Fondation Universitaire Luxembourgeoise 7 12 SHIPSTONE D M Rhoneck C V Jung W Karrqvist C Dupin J J Joshua S Licht P 1989 A Study of Students Understanding of Electricity in Five European Countries International Journal of Science Education 10 303 316 SCHWANDT T A 1994 Constructivist Interpretivist Approaches to Human Inquiry in Denzin N K LINCOLN Y S eds Handbook of Qualitative Research London Sage SNIVELY G J 1986 Sea of Image A Study of the Relationships Amongst Students Orientations Beliefs and Science Instruction Th se de doctorat University of British Columbia Vancouver BC Canada SOUCHON C 1998 1999 Une certaine recherche en ducation relative l environnement la poursuite d une utopie in in Bilan enjeux et
165. latante les signes distinctifs principaux de la classe laquelle ils appartiennent ces objets seront par l singuli rement propres lui faire sauter aux yeux l essence de l objet par opposition ses caract res accidentels 1 Il faut donc une M thode qui permette de passer des intuitions brutes aux notions simples de nombre de forme et de nom cat gories fondamentales de la pens e selon Pestalozzi la nature elle seule ne peut tre institutrice l art Kunst du p dagogue peut y parvenir Les explications fournies par G Compayr sont clairantes ce sujet Qu on ne s imagine pas d ailleurs que Pestalozzi s en remette aux intuitions naturelles telles que les sens et la conscience nous les offrent dans leur complexit et leur crudit I faut qu elles m rissent gr ce une lente analyse Il s agit de conduire l enfant des intuitions confuses des perceptions nettes Lettre Gessner Qu est ce dire sinon que l ducation de la nature ne suffit point que l intuition primitive a besoin d tre clair e analys e qu il y a enfin un art de l intuition Et cet art consistera organiser une s rie d exercices m thodiquement combin s qui seront tout tour propos s l attention de l enfant 2 Nous avons vu que ces exercices m thodiquement combin s pouvaient consister en la pr sentation d s le berceau sous les yeux de l enfant d objets p dagogiques divers destin s l
166. le exp rience sans m thode fruit d un t tonnement empirique aveugle reproche d ailleurs fait par Niederer compagnon puis adversaire de Pestalozzi mais contest par Fichte Il est vrai que comme le dit M So tard Yverdon a fini par devenir le laboratoire p dagogique de l Europe o r gnait une activit incessante d exp rimentation une r flexion toujours en mouvement sur la M thode et ses fondements o les approches positives se m lent aux consid rations philosophiques un va et vient de parents de visiteurs et de curieux dans un tablissement dont il suffit de pousser la porte pour d couvrir une fourmili re o les enfants travaillent ici par groupes sur des exercices de math matiques se constituent l en classe pour apprendre la lecture tandis que d autres pratiquent la gymnastique l mentaire dans une salle ou cultivent leur lopin de terre dans le jardin du ch teau Il est vrai galement que Pestalozzi a souvent insist sur le fait que sa M thode n tait pas stabilis e que ce qui la caract risait c tait qu elle tait justement en volution Ce qui laisserait donc supposer chez lui une absence de m thodologie c est dire d une r flexion th orique sur la m thode en question Toutefois le t tonnement exp rimental ne doit pas laisser pr juger d une absence de r flexion d ordre th orique propos de l application de la M thode l mentaire bien au contraire Il semble que Pest
167. le et complexe d crire par des g n ralisations et des th ories Ils maintiennent que le comportement humain rel ve de situations singuli res et que n importe quelle tentative visant syst matiser le comportement humain provoquerait une connaissance inachev e et incertaine Fien J Hillcoat 1996 Dans l approche interpr tative le chercheur suppose que les actions de l homme ne peuvent tre comprises que par rapport aux significations par lesquelles les acteurs sociaux rendent ces actions intelligibles L appr hension de la r alit sociale ne se fonde plus sur l abstraction de variables d hypoth ses et d op rations statistiques les actions ne peuvent tre comprises qu en termes de signification la recherche interpr tative ayant pour objet l explication de ces actions et significations Robottom H art 1993 Elle consid re que les principes et les th mes peuvent tre transf rables et non pas copiables ou g n ralisables Elle favorise les tudes de cas les observations participantes les entretiens semi directifs les analyses de discours dans l enseignement vise savoir comment les l ves et les enseignants comprennent pensent et utilisent les concepts environnementaux quelles exp riences en d coulent etc Certains chercheurs pr f rent utiliser le terme de constructivisme celui d interpr tivisme pour les investigations qui se veulent essentiellement qualitatives Un certain nombre de recherches pub
168. li es Brody 1990 1991 Brody Koch 1989 1990 Liwoski Hisinger 1992 Wals 1992 principalement dans le Journal of Environmental Education ont t identifi es comme constructivistes par Robertson 1994 Les l ves sont alors consid r s comme de v ritables acteurs de la recherche puisqu ils abordent chaque situation avec un faisceau complexe d id es de croyances de valeurs et d motions tandis que le r le du chercheur se limite tre un d clencheur potentiel entre ces engagements cognitifs existants et la nouvelle information qui d termine comment l l ve r pondra aux propositions de l enseignant Snively 1986 Ainsi la vision constructiviste de la science est avant tout une construction soigneusement v rifi e dans nos tentatives de repr senter le monde nous construisons des entit s th oriques qui prennent leur tour une r alit 42 Penser l ducation 2005 Driver 1987 Ici le terme de construction montre bien que ces cat gories existent dans une pens e singuli re parce qu elles ont t construites ou encadr es dans la signification en tant qu entit s discr tes ce qui permet d organiser des exp riences en cat gories Cherrylholmes 1988 partir des travaux de Piaget et d Ausubel l un des principaux objectifs du constructivisme dans l ducation scientifique a t d tudier les connaissances existantes des enfants en bas ge que ces derniers seraient en mesure d apporter aux situat
169. lles ont abandonn es et dont le sens est d finitivement perdu M ais peu importe cette perte tant que l enfant conserve son pouvoir de questionner et de reconstruire des significations NOTES Moreau D La philosophie et les sciences de l ducation d un conflit des facult s une entente intercompr hensive Communication au Colloque international de Dijon organis par A M Drouin Hans D cembre 2003 Parution des actes 2005 2 L vi strauss C Anthropologie structurale deux chapitre 2 p 45 56 Paris Plon 1973 3 Merleau Ponty M Les Aventures de la dialectique chapitre 1 la crise de l entendement Paris Gallimard 1955 Merleau Ponty M ibid p 18 5 Merleau Ponty M ibid p 42 6 Merleau Ponty M Signes Pr face p 20 Paris Gallimard 1960 1 Heidegger M Sein und Zeit T bingen Max Niemeyer 1964 Etre et Temps trad F Vezin Paris Gallimard 1986 82 Penser l ducation 2005 8 Merleau Ponty M Signes p 21 Merleau Ponty M ibid p 9 Heidegger M Sein und Zeit 57 1 Cf Moreau D Heidegger et la question de l thique la construction d un interdit in Horizons Philosophiques vol 14 n 2 Printemps 2004 p 3 4 La question de l acc s des enfants au philosopher pour autant est une question l gitime Cf les travaux actuels de Michel Tozzi Universit de Montpellier 3 3 Merleau Ponty M Psychologie et p dagogie de l enfant Paris Verdier 2001 4 Can
170. ls ont t r alis s des projets de recherche actions avec une d termination d objectifs pr alablement d finis et une valuation des tapes successives et des r sultats finaux La participation des l ves et l adoption d une perspective de recherche chez les enseignants sur leurs propres activit s et programmes d enseignement ont permis de d velopper des recherches actives dans le domaine de l ducation environnementale L objectif final du projet ENSI tait d largir ce r seau aux autres tablissements scolaires et d amener les d cideurs des politiques ducatives de chaque pays donner l ducation l environnement et au d veloppement durable une place plus cons quente dans les programmes scolaires du primaire et du secondaire Ainsi de nombreuses tudes de cas r sultant de recherches actives ont pu tre effectu es en examinant notamment les rapports entre les politiques ducatives la formation professionnelle et les initiatives relevant de l ducation environnementale La m thodologie utilis e a consist travailler partir d entretiens de cahiers de pr paration d enseignants du mat riel didactique afin de pr parer des tudes de cas Des propositions pour changer les contenus des programmes traditionnels ont t effectu es par la suite Des probl mes de formations des enseignants la recherche active ont t r v l s Posch 1988 notamment un manque d appui et de formation et des difficult s
171. lternatives et interculturelles qu il favorise la mise en place de solidarit s de citoyennet et de responsabilit s individuelles et collectives qui lui sont intrins ques t moignent d une volont universelle de changer le monde d aujourd hui pour sauver celui de demain en y instituant un d veloppement ma tris solidaire et soutenable Nous vivons dans un monde profond ment divis et donc incertain Le d veloppement durable avec ses multiples sources et origines se voudrait une mani re de surmonter ces divisions ou tout du moins un moyen tendant vers la r duction de ces tensions Ce serait 53 Penser l ducation 2005 un moyen de r concilier le local et le plan taire la nature la fois comme ressource et comme syst me le temps court des besoins imm diats et le temps long des g n rations Il pourrait avoir des effets parce qu il nous oblige relier des probl mes s par s et plus profond ment nous justifier dans plusieurs registres en se r f rant plusieurs chelles et plusieurs soci t s Il se pr sente comme une sorte d heuristique politique dont nous ne savons pas comment nous en servir C est une notion ambigu car il met en cause le d veloppement et le l gitime questionne la science et appelle d autres technologies Le d veloppement durable qui cherche penser ici et l bas aujourd hui et demain se pr sente comme une m thode de r flexion et de justification de choix Ce qui pe
172. m lodique parce qu elle rompt avec le dualisme classique permet alors de requalifier la psychologie en ce qu elle apporte d j plus que du mat riel empirique Dans la note de la page 179 Merleau Ponty interroge cette non comp tence dans laquelle la philosophie assigne la psychologie faute d acc der une structure de la conscience elle 71 Penser l ducation 2005 ne pourrait en traiter que les contenus C est une forme plus subtile cette fois du m me dualisme Merleau Ponty d fend au contraire l id e d une souche commune la gen se psychologique et la gen se transcendantale la premi re est incompl te et pose des probl mes transcendantaux que prend en charge la seconde sans les voir constitu s Aucune g n alogie n est donc envisageable il faudra donc construire une autre d marche et abandonner l horizon de la constitution de la conscience UNETH ORIE DU D SAPPRENDRE a Le probl me herm neutique La p dagogie dit M erleau Ponty n est que la description de l image que l adulte se fait de l enfant et elle ne montre autre chose que la fa on dont l adulte construit des rapports l enfant Q uant l autre versant domaine de la psychologie s il voit les choses du c t de l enfant il ne regarde qu avec les yeux de la science Nous ne pourrons jamais avoir acc s un partage compr hensif de l insertion dans l Etre que vit l enfant Mais nous pouvons recourir son ima
173. m thode d ducation destin e exclusivement aux m res Pestalozzi consid re en effet la famille comme tant le milieu primordial de l ducation la premi re institution bien avant l cole devoir contribuer la r alisation de l humanit dans l individu Le savoir l mentaire acquerra donc avec Pestalozzi un nouveau caract re il sera maternel Cela veut dire qu il se voit dot d une dimension affective originelle L exp rience de l Anschauung passerait donc d abord par l affectivit selon Pestalozzi 2 T te c ur main Lorsque A Pinloche expose dans son ouvrage consacr Pestalozzi les trois fins de l ducation il retient les trois choses suivantes fixer l attention former le jugement ennoblir le c ur Un peu plus loin il d finit l ducation l mentaire en disant qu elle n est rien d autre que le d veloppement et l ducation des aptitudes et des facult s de l homme en conformit avec la nature c est dire les aptitudes et facult s du c ur 95 Penser l ducation 2005 humain de l esprit humain et du savoir humain d une mani re conforme la nature U n peu plus loin encore le commentateur fran ais ajoute que l ducation l mentaire s adresse comme le fait la m re l tre humain tout entier Q uand elle s occupe de former le c ur l esprit ou le corps elle exerce et fait agir galement tous les sentiments du c ur ou toutes les facult s de l esprit ou
174. m to Tsbilissi the Evolution of Environmental Education Prospects 8 4 446 455 FIEN J HILLCOAT J 1996 The Critical Tradition in Research in Geographical and Environmental Education Research in Williams M ed Understanding Geographical and Environmental Education London Cassell GIOLITTO P 1982 P dagogie de l environnement Paris PUF GIOLITTO P 1997 L ducation l environnement dans l Union Europ enne Commission europ enne CECA CE CEEA Bruxelles Luxembourg GIOLITTO P Clary M 1994 Eduquer l environnement Paris Hachette Education GIORDAN A SOUCHON C 1992 Une ducation pour l environnement Nice Z Editions GOUGH N 1991 Narrative and Nature Unsustainable Fictions in Environmental Education Australian Journal of Environmental Education 7 31 42 GOWIN D B 1981 Educating Ithaca Cornell University Press GOWIN D B Novack J D 1984 Learning How to Learn Cambridge Cambridge U niversity Press GREEN J 1990 Multiple Perspectives Issues and Directions communication la Conference on Multidisciplinary Perspectives on Literacy Research National Conference on Research in English Chicago GREENALL A 1987 A Political History of Environmental Education in Australia Snakes and Ladders in Robottom I ed Environmental Education Practice and Possibility Geelong Victoria Deakin University Press GUBA E G 1990 The Alternative Paradigm Di
175. me premier La difficult rencontr e pour r pondre cette question est due au fait que nous sommes confront s ici un conflit des origines En effet soit nous reconnaissons dans l exp rience sensible la v ritable l mentarit les donn es des sens tant premi res selon les principes d une philosophie sensualiste et impressionniste soit nous consid rons les id es simples comme tant les v ritables l ments du savoir selon les principes de l empirisme et du rationalisme Cette difficult n a pas chapp Pestalozzi qui crit Pourquoi toutes les qualit s des choses qui nous sont connues par nos cinq sens ne sont elles pas galement des l ments premiers de notre connaissance au m me titre que le nombre la forme et le nom Nous savons que Pestalozzi r sout cette difficult en refusant de consid rer les qualit s sensibles des objets comme l ments premiers pour ne retenir que la trilogie fondamentale forme nombre et nom En effet selon lui les qualit s sensibles des objets n tant pas communes tous les autres ou si l on pr f re n tant pas universelles elles ne peuvent donc tre consid r es comme les l ments du savoir En revanche toutes les autres propri t s des choses que nous percevons par nos cinq sens se rattachent imm diatement aux trois principes l mentaires de la connaissance humaine En p dagogue convaincu Pestalozzi en tire imm diatement une cons quence pour
176. ment des repr sentations et des id es L ensemble de ces pr ceptes conditionnera donc la structure du livre l mentaire qu est le Livre des M res Les connaissances sensibles dont la nature donne conscience l enfant d s l ge le plus tendre et dont le cercle est infini sont dispos es et concentr es dans mon livre suivant un ordre psychologique et la grande loi de la nature en vertu de laquelle ce qui est rapproch se grave plus profond ment dans l esprit de l enfant que ce qui est loign s y trouve associ un autre principe si important pour l enseignement faire en sorte que l essence des choses produise sur les enfants une impression bien plus forte que leurs accidents 1 La loi de la nature en question n est donc pas le fruit d une approche abstraite des ph nom nes qui d boucherait logiquement sur une formalisation d expression math matique mais celui d un enseignement tir de l observation empirique assidue et minutieuse des comportements humains Toutefois le fait que la pens e de Pestalozzi soit vierge de tout scientisme ou de tout positivisme ne le soustrait pas pour autant au paradoxe selon lequel le recours un artifice en l occurrence la m thode est une n cessit pour respecter l ordre du d veloppement naturel des repr sentations et des id es C est confront ce paradoxe que Pestalozzi est amen distinguer entre intuition Anschauung et art de l intuition Anschauungskunst
177. moins l imbrication de valeurs ou de la 56 Penser l ducation 2005 morale qui rel vent du culturel Nous pouvons cependant constater que l ducation l environnement et au d veloppement durable pr sente des applications dans les diff rents champs disciplinaires et pourrait devenir un biais privil gier pour le d veloppement des apprentissages fondamentaux commencer par les comp tences transversales d ordre intellectuel affectif cognitif communicationnel socioprofessionnel Indira Gandhi a d velopp l id e selon laquelle la pauvret serait la plus grande source de pollution La r duction des in galit s sociales commencer par l radication de la famine et de la mis re mais galement des formes de domination socioculturelles et conomiques serait un pr alable l universalisation du d veloppement durable L chec qui semblerait se dessiner est la mise en place d un d veloppement durable deux vitesses source d exclusion l un dans les pays riches l autre dans les pays pauvres Le premier correspond g n ralement aux valeurs du mod le culturel occidental dominant l autre est une imposition de ce mod le dans des soci t s qui ne partagent g n ralement pas les valeurs de celui ci Si le d veloppement durable vise int grer la solidarit interg n rationnelle cela ne semble pas tre encore le cas de la solidarit interculturelle La prise en compte de l interculturel dans les recherc
178. n psychologique le geste mental Le sujet de la gestion mentale c est d abord le sujet psychologique l ego empirique et les op rations qu il mobilise ont bien statut de r alit mentale On est donc en droit de parler de la r alit mentale des structures de projet de sens Pourtant n y a t il pas lieu de mettre au dessus ou au dehors de toute r alit donc m me mentale les essences elles m mes des choses C est ce qu affirme Husserl L l ve auquel on demande d tre attentif de m moriser de comprendre de r fl chir de d couvrir d inventer est il de ce fait mis en rapport avec l essence de l attention de la 13 Penser l ducation 2005 m morisation de la compr hension etc Ces essences sont selon Husserl irr elles Je me demande s il n y a pas des p dagogues platoniciens qui pensent que les l ves doivent se mettre en communication avant toute op ration mentale avec le monde pur des id es pour y rencontrer les essences d attention de afin de pouvoir ensuite les mettre en uvre leur r alit ne serait ni mat rielle ni mentale mais seulement spirituelle tu n as pas fait attention Tu es donc coupable car tu devais savoir ce qu il faut faire pour cela Pour moi ces essences sont atteintes par l action mentale avec plus ou moins de bonheur En r fl chissant sur les conditions mentales de leur exercice on doit en approcher progressivement l essence ou au moins les formes qu elle peut rev ti
179. n premier temps les principes de la connaissance admis par le p dagogue suisse avant d aborder dans un second temps ceux de l ducation proprement parler 1 1 Les principes de la connaissance La pens e de Pestalozzi comme celle de la plupart des p dagogues r formateurs de son poque s inscrit dans la perspective de l empirisme philosophique affirmant la primaut de l exp rience sensible comme point de d part de la connaissance et de la repr sentation du r el c est le principe de l Anschauung que l on traduit g n ralement par intuition sensible voulant dire par l que la connaissance empirique est non seulement une donn e imm diate de la conscience mais encore le principe de la connaissance Ainsi l ensemble des commentateurs et interpr tes n ont pas manqu de reconna tre en l intuition le principe de la connaissance Par exemple d s 1805 Daniel Chavannes pr sentant la m thode de Pestalozzi dit la chose suivante La base de son instruction l mentaire est l intuition qu il regarde comme le fondement g n ral de nos connaissances Dans les pages suivantes le m me auteur souligne le fait que cette m thode repose sur le d veloppement naturel des facult s de l esprit humain depuis les premi res impressions sensibles jusqu aux id es les plus abstraites Mais si l intuition sensible constitue elle seule l unique origine de nos connaissances il ne faut pas croire pour autant que la connais
180. nants et auraient tendance s y conformer les enseignants de leur c t agiraient diff remment selon leurs attentes envers les l ves Sorin souligne l importance de la forme narrative dans les cultures et les civilisations ainsi que dans nos exp riences de vie Elle explore les enjeux th oriques p dagogiques et didactiques du r cit de fiction dans la construction identitaire ainsi que la responsabilit de l cole cet gard Martineau et Provost montrent que la transmission de l identit nationale a t confi e dans l Ecole r publicaine fran aise l enseignement de l histoire Or la soci t contemporaine peinerait assurer la construction d une identit collective forte et garante de coh sion sociale Les auteurs s interrogent d s lors sur les mani res de construire une identit civique dans le contexte actuel d h t rog n it socioculturelle et de rupture du r gime d historicit propice la vie d mocratique Samson et Toussaint pr nent la mise en 129 RECENSION place d une communaut de transf reurs au sein de l cole afin de faciliter le transfert des connaissances Dans une soci t o sciences et technologies progressent un rythme acc l r une des missions de l ducation est de former des jeunes autonomes et capables de suivre les changements En prenant l exemple de l ducation pour l environnement Lavergne et Toussaint montrent que susciter la r flexivi
181. ne approche p dagogique qui interculturalise les repr sentations devrait alors privil gier le d bat les divergences d opinion Les id es qui surgissent lors de confrontations de diverses approches individuelles sont un moteur la construction de la connaissance D ans le cadre d une ducation au d veloppement durable le travail en groupe serait privil gier dans les processus d acquisition et d appropriation des connaissances L l ve est un tre d termin vivant dans un environnement localis qui a des exp riences et des repr sentations propres II serait int ressant de le comprendre de suivre sa d marche et son comportement en sachant que tout apprentissage surtout quand il concerne les valeurs m le dynamiques sociale individuelle intellectuelle et cognitive L analyse de toute probl matique des connaissances suivant une approche interculturelle permettrait de faire ressortir les diversit s d opinions d appr ciations de valeurs et de comportements Elle mettrait en vidence les l ments moteurs de concordance et de discontinuit les l ments unificateurs qui demandent tre valoris s 55 Penser l ducation 2005 Tout ceci supposerait la prise en compte des repr sentations spatiales car chaque territoire se greffe une identit culturelle de plus en plus plurielle des m urs et coutumes qui conduisent voir les autres d une certaine mani re Ce que les acteurs sociaux disent et ce qu ils
182. nementale des individus Il semblerait que les th matiques de recherche en ducation l environnement prennent non seulement davantage en compte la notion de d veloppement durable et l approche transdisciplinaire mais soient galement de plus en plus tourn es vers les besoins des praticiens et des d cideurs qui ont des t ches un peu plus pragmatiques A titre d illustration citons le projet du CERI Centre pour la Recherche et l Innovation dans l Enseignement men dans le cadre de l OCDE Lanc l initiative de l Autriche le programme ENSI Environment and school initiative du CERI s est d roul en trois tapes successives Giolitto 1997 la premi re 1986 1988 laquelle onze pays ont particip s est achev e par le congr s de Linz Autriche r unissant des enseignants des l ves des experts et des gestionnaires la seconde 1989 1994 laquelle ont particip dix neuf pays s est achev e par le congr s de Brauschweig Allemagne en mars 1994 la troisi me 1995 1996 a t consacr e la formation des enseignants aux programmes scolaires et au travail en r seau Le projet ENSI a permis de d velopper l chelle d une trentaine de pays de l OCDE dont les tats Unis le Japon et l Australie dans des classes de diff rents niveaux des activit s relatives l environnement sur un plan interdisciplinaire Chaque pays a constitu un r seau d tablissements du primaire et du secondaire dans lesque
183. nes Or les sciences humaines qui int grent la temporalit en tant que l horizon sur lequel le sens se construit sont celles qui refusent une puissance cumulative des v nements ou des exp riences parce qu on n en retire que des instantan it s cras es les unes sur les autres Merleau Ponty va privil gier les concepts de Forme de Structure et de D veloppement en tudiant comme on le sait la psychologie gestaltiste la psychanalyse et la psychologie g n tique de Piaget Nous ne pouvons pas ici examiner m thodiquement ces tudes et nous nous bornerons plut t mettre en vidence l espace de discussion esquiss par M erleau Ponty Dans un article qui a pu para tre ambigu il montre que l orientation principale des sciences humaines qu il convoque est m taphysique c est dire qu elle s arrache au positivisme du donn objectif en nous faisant red couvrir une dimension d tre et un type de connaissance que l homme oublie dans l attitude qui lui est naturelle Ce qui fonde cette d marche transnaturelle c est le recours la structure et la compr hension des structures 2 Car une structure est ce qui donne du sens ce qui est d crit et qui invalide la recherche de causes m caniques cach es Elle permet de renoncer l explication au profit de la compr hension qui seule fonde la connaissance de l homme en tant que tel Or le recours la structure dans le d sir de conna tre l homme est toujours le
184. ngerosit o nos successeurs ont s ins rer Parce qu il n y a pas de science de l histoire il faut comprendre cet instant du commencement Mais le philosophe dans sa retraite r flexive ne peut manquer d entra ner les autres parce que dans l obscurit du monde il a appris pour toujours les traiter comme consortes e R p tition et recommencement Or ce moment qui signe l impossibilit de la r p tition ne peut tre qu un moment d apprentissage Dans un passage de la Structure M erleau Ponty ouvrait une porte qu il ne r empruntera pas dans la Ph nom nologie Si la vision est l adh sion l Etre m me il y a cependant des perceptions de l agir d autrui dans lesquelles l enfant ne peut glisser aucune mani re de faire ou d tre qui lui soit propre il y a lieu de remarquer que l enfant ignore l usage de beaucoup d objets m me quand il les a vu manier nous pouvons nous m mes nous rappeler l aspect merveilleux qu avaient les choses quand nous ne savions pas quoi elles servent et l enfant doit voir beaucoup d objets d usage sans les relier aux actions humaines dont elles sont effectivement le point d appui Si la pendule est un hibou c est qu elle est interpr t e comme physionomie faute d tre comprise de mani re stable comme un ustensile Car jamais elle n est per ue sauf dans le d ficit de Schn comme figures couleurs formes Pour l enfant le monde le regarde puisqu il lui renvoie en retour
185. nnent conscience d une exp rience intuitive rattach e des situations concr tes C est ainsi que la bonne p dagogie est celle qui prend en consid ration l int r t de l enfant au lieu de l assommer par un enseignement c dant au verbalisme et au formalisme Ce que Pestalozzi consid rait comme la cause du mal nous dit De Guimps n tait point tant l absence d instruction pour le peuple qu un mode vicieux d enseignement qui endormait les facult s au lieu de les d velopper et dess chait le c ur au lieu de l ennoblir Les propos de l l ve fran ais de Pestalozzi sont d ailleurs confirm s par ceux de son ma tre lorsque ce dernier dit Je crois surtout que le premier ge de la r flexion chez l enfant est profond ment perturb par un enseignement verbeux et inadapt l esprit de l l ve et son environnement ext rieur La m thode intuitive appara t donc comme un bon rempart contre l enseignement verbal et formel alors largement dominant du temps de Pestalozzi 94 Penser l ducation 2005 1 2 4 L ducation l mentaire 1 L ducation de la m re Fid le au principe de l empirisme et celui de l Anschauung Pestalozzi oriente sa recherche des principes de l ducation vers la consid ration du commencement originel en l occurrence celui des d buts de la vie de l individu C est ainsi qu il estime que l ducation l mentaire Elementarbildung c est dire l ducation premi re celle qui fou
186. nomie que donne et peut donner au genre humain chacune de ces trois formes d ducation prises isol ment n est rien moins qu une v ritable autonomie humaine mais le simple semblant la simple charlatanerie d autonomie d un fou de la raison d un fou du c ur et d un fou du corps Ce sera donc la t che de la M thode l mentaire de fournir les moyens d harmoniser ces trois l ments dans le but d une ducation conforme la nature humaine Il y a donc bien chez Pestalozzi le souci affirm d une l mentarit con ue comme principe de l ducation Nous sommes ici comme le dit encore M So tard dans la mise en uvre simultan e des trois d marches permettant l ducateur d atteindre un point central de la personnalit de l duqu Nous constatons donc que la notion de savoir l mentaire se rapporte chez Pestalozzi une dimension galement existentielle puisqu elle int gre la complexit de la r alit humaine Aussi comprenons nous mieux pourquoi la stricte instruction ne peut tre lib ratrice car le savoir cultiv pour lui m me et s par ment des autres dimensions techniques et morales peut corrompre la nature humaine elle m me Or c est toujours le respect de cette derni re qui doit primer Ce n est pas la nature humaine qui doit tre mise en harmonie avec les sciences mais les sciences qui doivent tre mises en harmonie avec la nature humaine C est pourquoi Pestalozzi ne se reconna tr
187. nous invite la m thode ph nom nologique ainsi que le d voilement des structures de projet de sens qui en constitue le fruit sont de nature servir l acte p dagogique Mais nous pointerons galement les limites pist mologiques et prax ologiques de cet emprunt philosophique tant il est vrai que l acte p dagogique ne s puise pas dans cette lecture et comporte sa propre logique qu il conviendra de sp cifier distance des mod les d intelligibilit susceptibles de l inspirer Mots cl s Actes de connaissance activit mentale apprentissage ducabilit cognitive ges tion mentale intentionnalit introspection p dagogie ph nom nologie projet de sens a r flexion qui va suivre prendra pour fil conducteur la pens e du p dagogue fran ais Antoine de la Garanderie Elle s inspire d une lecture critique de ses ouvrages compl t e par un entretien biographique que j ai r alis r cemment avec l auteur et prend appui sur un certain nombre de recherches empiriques que je conduis sur son cr neau depuis plusieurs ann es La communaut ducative m me si elle est parfois partag e sur le bien fond de ses Penser l ducation 2005 propositions s accorde consid rer que le p dagogue Antoine de la Garanderie a initi une approche originale et plut t singuli re centr e sur les processus mentaux conscients ou conscientisables mis en oeuvre dans l activit de connaissance et qui vise donner ch
188. nouveaux programmes Les ouvrages scientifiques ne manquent pas dans ce domaine Toutefois ce livre pr sente l avantage d examiner de fa on critiqu la notion de comp tence en ducation scolaire mais aussi en formation des adultes et des enseignants El ves enseignants formateurs et parents constituent une grande partie des acteurs de terrain concern s par les programmes par comp tences Le r le de chacun est mis en d bat au travers des quinze articles qui constituent cet ouvrage r sultat des changes entre deux quipes interdisciplinaires didacticiens psychologues p dagogues et historiens La premi re qu b coise s est r unie autour de R Toussaint directeur du LERTIE Laboratoire Etudes et recherches transdisciplinaires et interdisciplinaires en ducation la seconde fi francophone est due l initiative de C Xypas dans le cadre du LAREF Laboratoire de recherche en ducation et formation L ouvrage comprend trois parties La premi re examine la notion de comp tence de fa on g n rale Dans l approche par comp tences transversales l enseignant est selon Xypas comp tent par principe et l l ve incomp tent Cette conception fait l conomie d une r flexion sur les interactions professeurs l ves Or le sentiment de comp tence ou d incomp tence de chacun d pendrait des relations r ciproques professeurs l ves les l ves seraient influenc s par les attentes des enseig
189. ns de l entreprise industrielle aux collectivit s locales ont pris l habitude de travestir la notion de d veloppement durable afin d am liorer leur image de marque ces effets de communication sont souvent loign s des pratiques de ces organisations C est 51 Penser l ducation 2005 assez souvent le caract re coercitif de la l gislation de certains pays comme en Europe qui oblige les organisations se conformer certains principes du d veloppement durable g n ralement limit un quilibre dynamique contr l entre cologie et technologie En tant que citoyen de la plan te Terre nous pensons que le d veloppement durable est n cessaire sous peine de l guer aux futures g n rations de s rieux probl mes environnementaux et donc socio conomiques qui d ailleurs existent d j depuis plusieurs d cennies principalement dans les pays pauvres Ce serait une bonne chose si l enthousiasme actuel pour le d veloppement durable pouvait permettre aux pays en voie de d veloppement et aux classes sociales d favoris es d tre respectivement d velopp s et favoris es durablement La signification du d veloppement durable peut tre pens e selon des crit res locaux et une relation entre le local et le global Le d veloppement durable est devenu pour de nombreux citoyens du monde le symbole de l volution des comportements vers un meilleur partage des ressources et davantage de justice sociale Cette vision univers
190. ns et l autre de la Deuxi me Lettre de Comment Gertrude instruit ses enfants Dans le premier texte Pestalozzi nous dit Mon but tait ici de poursuivre si loin la simplification de tous les moyens d enseignement que l homme le plus ordinaire p t tre mis en tat d instruire ses enfants lui m me et de rendre ainsi progressivement les coles superflues pour les premiers l ments Dans le second il voque le but qu il poursuit en recherchant des fondements simples et solides dans toutes les branches de l art et du savoir humains ainsi que son effort pour fortifier en chaque mati re par des moyens simples et g n ralisables la force int rieure de l enfant Au regard de ces deux extraits nous constatons que le souci de simplification est la fois associ la volont de g n ralisation de l instruction conform ment un id al d autodidaxie ainsi qu au d sir de prendre en charge la formation individuelle de l enfant Que ce soit le cas de l homme le plus ordinaire ou bien celui de l enfant la m thodologie reste la m me elle est celle des l ments a Gradation des difficult s et psychologisation de l enseignement La simplification prendra d abord la forme de la gradation des difficult s En effet adapter l enseignement au d veloppement naturel des id es autrement dit l ancrer dans la psychologie c est n cessairement tre amen graduer les difficult s de l apprentissage en respectant l ordr
191. ns vu sont la forme le nombre et le 113 Penser l ducation 2005 nom comme l indique ce passage qui refuse le statut d l ment ce que l on consid re depuis toujours comme tant le savoir le plus l mentaire c est dire la lecture l criture et le calcul J acquis peu peu la conviction que ces mati res d enseignement la lecture l criture le calcul ne peuvent absolument pas tre consid r es comme les l ments de l ducation et de l enseignement mais qu elles doivent au contraire tre subordonn es des points de vue bien plus g n raux sur le sujet Pestalozzi estimait en effet qu avant d apprendre lire l enfant il fallait d abord lui apprendre parler principe l mentaire du nom qu avant de lui apprendre crire il fallait d abord lui apprendre dessiner principe l mentaire de la forme qu avant de lui apprendre dessiner il fallait d abord lui apprendre mesurer principe l mentaire du nombre 2 La simplicit Par ailleurs l exigence de simplicit peut tre consid r e au principe de l enseignement l mentaire En effet il semble que l on ne puisse dissocier la simplification des contenus enseigner l l mentation de la mani re m me de les enseigner Nous voulons dire par l que le fait de mettre les savoirs la port e des d butants en l occurrence des enfants en les rendant plus accessibles gr ce leur simplification ou l menta
192. nsid r s comme l ments premiers Ainsi la notion de savoir l mentaire appara t elle chez Pestalozzi comme tant suffisamment large pour int grer l exp rience existentielle du sujet dans sa dimension psychologique affective et mentale et rationnelle Le pr sent article s efforce d expliciter la notion de savoir l mentaire telle qu elle transpara t au sein de la fameuse m thode l mentaire d ducation de Pestalozzi Mots cl s l ments Intuition M thode l mentaire M thode intuitive Rudiments Savoir l mentaire Simplicit Simplification notion de savoir l mentaire s entend ordinairement selon deux acceptions diff rentes voire oppos es cette notion d signe soit les rudiments c est dire le b a ba les premi res notions des connaissances et des savoirs soit les l ments c est dire les principes des sciences et des techniques Dans le premier cas nous avons affaire soit aux savoirs de base exigibles pour l acquisition de tout savoir ou savoir faire plus tendus soit rapport au contexte scolaire au savoir minimum admissible que tout l ve doit poss der au sortir de l cole dite l mentaire en l occurrence le fameux lire crire compter 1 Dans le second cas la notion de savoir l mentaire doit s entendre soit dans le sens des principes des sciences par exemple les El ments d Euclide soit dans celui des savoirs 87 Penser l ducation 2005 savants
193. nt aux repr sentations qui s appelant les unes les autres veillent le d sir d apprendre dans la mesure o elles font sens pour l l ve Les rubriques permettent de classer analogiquement les repr sentations et par cons quent de mettre de l ordre dans les id es Les id es directrices constituent proprement les l ments des sciences Par ailleurs le t moignage de Buss propos de l enseignement du dessin rapport par la Troisi me Lettre est tout fait clairant l gard de ce que peut signifier r duction aux l ments simples Cherchant les l ments les plus simples auxquels faisait allusion Pestalozzi il nous dit qu il sentit qu il devait en savoir moins que ce qu il savait r ellement et qu il fallait qu il rejette pour ainsi dire d un coup son savoir hors de lui m me pour descendre jusqu aux l ments simples L accession l l mentarit est donc d abord permise par la soumission ce que l on pourrait appeler un principe de simplicit par lequel le savoir doit tre mis entre parenth ses afin de parvenir aux choses m mes dans leur simplicit fondamentale En l occurrence pour l enseignement du dessin il s agira de prendre conscience que les lignes les angles et les arcs sont les l ments premiers partir desquels il faut commencer Mais relativement aux points de vue adopt s parmi tous ceux qui peuvent tre re us comme l ments les plus fondamentaux nous l avo
194. nventer les l ments mais de les red couvrir puisque issus de l intuition sensible ils poss dent un enracinement naturel Les l ments constitutifs de la m thode que j appelle organique g n ratrice sont des principes essentiels invariables et toujours conformes eux m mes dans la marche 115 Penser l ducation 2005 progressive de l instruction et de l ducation depuis le point de d part jusqu au terme dernier Ces l ments comme ceux de la v ritable science humaine ont t retrouv s et ressaisis et non pas invent s comme le sont ceux de tout syst me fictif C est donc cette organicit de la M thode l mentaire qui en assure l efficacit aupr s des personnes de toute condition enfants ou adultes ignorants ou plus instruits elle est la garantie des moyens d une autonomisation que l on soit l ve ou autodidacte L universalit Le caract re universel de la M thode d coule du caract re pr c dent En effet elle permet la fois la possession des principes des connaissances et celle des conditions de possibilit de faire des progr s Pestalozzi reconna t que la f condit de sa m thode tient ce que l on pose ainsi chez les enfants les fondements de connaissances et de progr s ult rieurs qui ne peuvent tre obtenus d aucune autre fa on 1 En m me temps la M thode a une port e g n rale car visant la formation int grale de l homme Menschenbildung elle doit concilie
195. omme des imp ratifs de l apprentissage attention compr hension m morisation r flexion imagination cr atrice Pour une p dagogie de l intelligence 1990 chapitre 4 pp 105 166 6 Paul Ricoeur Philosophie de la volont Ed Aubier 1950 Notamment cet extrait O n verra par contre que tout nous loigne de la fameuse et obscure r duction transcendantale laquelle fait chec selon nous une compr hension v ritable du corps propre t 1 p 7 7 C est moi qui souligne BIBLIO GRAPHIE ARTUR T 1991 La gestion mentale Pour une p dagogie ph nom nologique Sur les recherches d Antoine de La Garanderie in M Sorel dir Questions de pratique L Educabilit cognitive une nouvelle compr hension des conduites d apprentissage Universit Ren Descartes Centre de 17 Penser l ducation 2005 Formation Continue Etude r alis e pour le Minist re du Travail de l Emploi et de la Formation Professionnelle tome 1 ARTUR T 1992 Ph nom nologie et m thode p dagogique Gestion Mentale Revue d tudes et de pratiques sur la vie mentale n 3 Bayard Editions AVANZINI G 1996 Gestion mentale et autres approches p dagogiques in Gestion mentale et recherche de sens Paris Nathan P dagogie BASSIS O 1998 Se construire dans le savoir Paris E S F GAT J P 1995 Gestion mentale et ph nom nologie in C Gardou dir La gestion mentale en questions A propos des travaux d An
196. one et notamment qu b coise La recherche francophone en ERE fort peu publi e jusqu ici appara t plus r cente que la recherche anglophone et semble avoir chapp au courant positiviste behavioriste qui a marqu les productions anglo saxonnes des ann es 70 et 80 La recherche francophone quand elle parvient se structurer d passer la simple description de projets ou le rapport d valuation et qu elle se penche sur la th orisation de l action rejoint davantage les nouvelles tendances r flexives et critiques Mais s il est une caract ristique de la recherche francophone en ERE c est l int r t port la recherche de type interpr tative Plusieurs tudes se penchent sur les conceptions et les repr sentations li es l environnement ou encore sur la pratique de l ERE chez les intervenants Sauv 1998 1999 Politiquement dans le cadre de l laboration d une Strat gie nationale du d veloppement durable il s agit de g n raliser l ducation l environnement dans le milieu scolaire et de poser les bases d une politique nationale d ducation l environnement Comit interminist riel pour le d veloppement durable 2003 M ais ce qui semble inqui tant dans le contexte fran ais c est encore en 2004 l absence de cr ation de postes d enseignant chercheur en ducation environnementale et donc d quipes institutionnellement orient es vers la recherche dans ce domaine La recherche en
197. onnement est en pleine expansion comme en t moignent le nombre et la taille croissants des conf rences internationales commencer par la conf rence annuelle de l association nord am ricaine pour l ducation environnementale N AAEE l augmentation du nombre de journaux scolaires sp cialis s la cr ation de revues scientifiques d di es l ducation l environnement dont la plus influente a longtemps t le Journal of Environmental Education JEE et cela d s 1970 suivi de deux revues australiennes l Australian Journal of Environmental Education en 1985 et l International Research in Geographical and Environmental Education en 1992 d une revue anglaise l Environmental Education Research en 1995 et d une revue canadienne le Canadian Journal of Environmental Education en 1996 puis d une revue francophone Belgique Qu bec ducation relative l environnement regards recherches r flexions Ces six revues mais galement les bulletins professionnels ont permis de diffuser les r sultats des recherches et des pratiques de recherche en mati re d ducation l environnement sur le plan international Les th matiques de recherche se sont par ailleurs diversifi es En Grande Bretagne le National Foundation for Educational Research a recens l ensemble des centres de recherche sur l ducation environnementale du pays et en a compil un annuaire Tomilins Evans 1995 qui pr sente les axes de recherche de ces
198. p rience partag e de la recherche d un horizon transcendant derri re nos pens es ou peut tre en de comme la source d o elles jaillissent C est pourquoi Merleau Ponty ajoute t il subtilement Mais en r alit il faut bien que les enfants aient en quelque fa on raison contre les adultes ou contre Piaget et que les pens es barbares du premier ge demeurent comme un acquis indispensable sous celles de l ge adulte s il doit y avoir pour l adulte un monde unique et intersubjectif 7 Sous cette formulation prudente il n est pas interdit de lire comme nous y incitons le 79 Penser l ducation 2005 moment d cisif de l insertion dans l Etre ce moment d adh sion totale ce qui nous est donn comme pouvoir de comprendre le monde L Etre sauvage suscite les pens es barbares Que nous en reste t il pour nous adultes sinon cet effort de vouloir comprendre ou tout au moins de r duire la m compr hension parce que nous postulons une universalit vers laquelle nos discussions doivent tendre II serait int ressant de d velopper dans un autre cadre cette r f rence que fait ici Merleau Ponty l Esprit Objectif selon Hegel et sa reprise centrale dans l herm neutique philosophique de Gadamer Le monde culturel est un ensemble de monuments o nous convions habiter ceux qui nous succ dent le langage en est le c ur Mais la v ritable question pour Merleau Ponty est ce moment d une extr me da
199. perspectives de la recherche en Education Relative l Environnement Education Relative l Environnement Regards Recherches R flexions vol 1 Arlon Fondation Universitaire Luxembourgeoise 129 134 STAPP W Caduto M Mann L Nowail P 1980 Analysis of Pre service Environmental Education of Teachers in Europe and an Instructional M odel for furthering this Education Journal of Environmental Education 12 2 3 10 TESCH R 1990 Qualitative Research Analysis Types and Software Tools Lewes Falmer TOMLINS B EVANS A eds 1995 Environmental Education Research Centres Directory Slough National Foundation for Educational Research UNESCO 1985 Vers une p dagogie de r solution de probl mes S rie environnementale Programme d ducation relative l environnement Unesco PNUE Paris UNESCO VAN DER MAREN J M 1996 M thodes de recherche pour l ducation Montr al Presses de l Universit de Montr al WALS A 1992 Young Adolescents Perceptions of Environmental Issues Implications for Environmental Education in Urban Settings Australian Journal of Environmental Education 8 45 58 WILLIAMS M 1996 Positivism and the quantitative Tradition in Geographical and Environmental Education Research in Williams M ed Understanding Geographical and Environmental Education London Cassell WILLIAMS M ed 1996 Understanding Geographical and Environment Education London Cassell 61
200. pist mologie en question II nous a donc paru n cessaire 19 Penser l ducation 2005 de pr ciser le positionnement de nos travaux de recherche sur les pratiques enseignantes au sein d une pist mologie constructiviste Cet article n a aucune vell it de d nonciation son objectif se limite une d marche de clarification et se cible sur nos recherches Il vise r pondre deux questions corollaires Comment nos travaux s inscrivent ils dans une pist mologie constructiviste et Comment l pist mologie constructiviste donne t elle forme nos travaux Ainsi une premi re partie s attachera d abord pr senter le paradigme constructiviste puis mettre au jour les fondements de l pist mologie constructiviste A la suite d une br ve pr sentation de nos travaux de recherche portant sur l tude des pratiques enseignantes nous examinerons comment les exigences pist mologiques et les parti pris d une pratique de recherche peuvent sinon se rencontrer tout au moins s inscrire dans des perspectives conciliables Pour ce faire nous analyserons plus attentivement trois composantes du proc s de recherche la composante heuristique concernant les connaissances et les finalit s en jeu ainsi que la question de la validation la composante m thodologique concernant la construction des l ments empiriques et le principe de la double lecture et la composante thique concernant une interrogation sur la relation
201. plut t la m ditation de ce cercle 5 Il n y aura donc pas chez Merleau Ponty de constitution d une herm neutique de l histoire parce qu elle est toujours entreprise au nom de l action politique et que l identit de la pens e et de l action est toujours d mentie par le pr sent Nous avons apprendre une philosophie d autant moins li e par les responsabilit s politiques qu elle a les siennes d autant plus libre d entrer partout qu elle ne se substitue personne qu elle ne joue pas aux passions la politique la vie qu elle ne les refait pas dans l imaginaire mais d voile pr cis ment l Etre que nous habitons Nous ne pouvons pas vis vis de l histoire sauter dans le cercle comme le pr conise Heidegger relativement l herm neutique du Dasein Jamais la temporalit ne permettra au savoir de rattraper nos actions pour en corriger la direction et la r flexivit en thique est une gageure que Weber aussi avait d nonc e en isolant la structure d une thique de la responsabilit nous sommes tenus de r pondre de ce que nous ne pouvons savoir L Etre est l o nous habitons le langage et l histoire sont les media o toute pr sence humaine s articule avec celle des choses sans s y confondre la pens e rencontre les choses en d couvrant leur r sistance M me l action de penser est prise dans la pouss e de l tre 8 Aussi la v ritable question revient elle toujours pour Merleau Ponty
202. possibilit de produire du nouveau M erleau Ponty la fixe dans la distinction de la parole parl e et de la parole parlante Dans la seconde l intention significative se trouve l tat naissant dit il II faut voir ici le commencement du sens qui est le v ritable noyau de l apprentissage La condition humaine peut se d crire comme une interpellation faire surgir du sens partir de sources vers lesquelles nos devanciers nous conduisent Ainsi Merleau Ponty d crit il l exp rience sexuelle une preuve donn e tous et toujours accessible de la condition humaine dans ses moments les plus g n raux d autonomie et de d pendance Le plaisir est cette lib ration hors du sens ou plut t affranchissement vis vis de la qu te d un sens qui n tait que l horizon par lequel le d sir nous leurre d un arri re plan la pure relation autrui ou soi m me autrui que repr sente l exp rience sexuelle C est pourquoi selon Merleau Ponty ne peut elle se projeter que sur le mode d une fausse r p tition tout en tant v cue comme recommencement sauf par Schn comme on l a vu C est la grande d couverte de Freud selon Merleau Ponty qui montre que l enfant est structur d s son entr e dans la vie par cette exp rience et son caract re tragique dans l preuve de la jalousie par laquelle je constitue affectivement autrui et je me structure moi m me comme existence 5 Ill LA COMMUNAUT D APPRENTI
203. pour les enseignants produire de la connaissance th orique partir de leurs pratiques 46 Penser l ducation 2005 Les recherches en ducation l environnement durant les ann es 1990 et les rapports qui en manent t moignent d une orientation pluridisciplinaire et transnationale voire comparative des recherches Les chercheurs et les praticiens sont en mesure de b n ficier d une vision plurinationale voire internationale pour certains assez claire de la recherche ou des pratiques qui en d coulent les premiers se retrouvent dans les conf rences internationales comme celles de la NAAEE les seconds dans des associations comme l Association of Teacher Education in Europe et notamment l Environmental Education Working Group Les instances internationales comme l ONU l UNESCO l OCDE prennent de plus en plus de r solutions et d orientations en faveur de l ducation l environnement qui est par ailleurs int gr e dans une perspective de d veloppement durable C est galement le cas de la Commission europ enne qui joue un r le dynamique dans la promotion de l ducation environnementale en lan ant des appels d offre tout en suivant les recommandations des instances internationales La dimension internationale du d veloppement durable et la reconnaissance interculturelle qu elle sous tend pourraient tre davantage prise en compte dans les recherches venir Il DE L DUCATION ENVIRONNEMENTALE L DUCATION AU
204. pr sente ensuite son cadre de recherche une approche sociocognitive de l exercice professionnel Au travers des pratiques enseignantes tant individuelles que collectives sont tudi s les processus de mobilisation de construction de capitalisation et de diffusion de savoirs professionnels La seconde partie de l article analyse les cons quences du choix d une pist mologie constructiviste pour mettre en uvre ces recherches Elle d veloppe en particulier trois composantes du proc s de recherche la composante heuristique qui concerne les connaissances et les finalit s en jeu et les questions de la validation la composante m thodologique qui porte sur la construction des l ments empiriques et qui s appuie sur le principe de la double lecture et la composante thique qui interroge les relations chercheur enseignants au cours des trois phases de ces collaborations Mots cl s approche heuristique approche sociocognitive constructivisme double lecture pist mologie constructiviste thique du chercheur exercice professionnel pratiques ensei gnantes pratiques individuelles et pratiques collectives savoirs professionnels nscrire ses travaux dans une pist mologie constructiviste recueille de nos jours un tel consensus que cela s apparente un allant de soi A nos yeux ce consensus a tendance masquer des divergences importantes certaines posant m me la question de la compatibilit des travaux avec l
205. quatre vingt je fis mes tudes de philosophie je suivais alors les cours de Fran oise Dastur sur la ph nom nologie Husserl et Heidegger et tous les vendredis soirs au sortir d un cours sur Heidegger et la question du temps je lui lisais mes notes et nous changions deux bonnes heures sur les d couvertes fondamentales de la ph nom nologie J tais alors surpris de la profonde parent entre le souci ontologique de la pens e de Heidegger et les analyses p dagogiques d Antoine de la Garanderie En 1987 je pus disposer de la traduction pirate d Etre et temps de Heidegger par Emmanuel Martineau nous l mes chacun notre tour cette premi re traduction int grale Le geste mental et la p dagogie approche pist mologique et critique para tre 4 Introduite dans Comprendre et imaginer Paris Le Centurion 1987 et davantage d velopp e dans l ouvrage pr c demment cit Pour une p dagogie de l intelligence Paris Le Centurion 1990 cette notion trouve son accomplissement th orique et ses fondements philosophiques les plus explicites dans des ouvrages plus r cents comme L intuition de la perception au concept Paris Bayard Editions 1995 ou encore Critique de la raison p dagogique Paris Nathan 1997 et plus r cemment Comprendre les chemins de la connaissance Une p dagogie du sens Lyon Chroniques Sociales 2002 5 L auteur voque ici les gestes fondamentaux de l intelligence que la p dagogie pose couramment c
206. que l art par lequel tu agis par l enseignement sur ton esp ce l ve pareillement les r sultats qu il vise l tat de n cessit physique Nous constatons donc que la notion de savoir l mentaire chez Pestalozzi cr e le lien entre trois ordres celui de la nature celui de la psychologie et celui de l enseignement En effet d une part la nature est compos e des principes l mentaires organis s entre eux et assurant la coh rence de l ensemble D autre part le d veloppement et la progression des id es suit naturellement un ordre allant des intuitions simples aux id es les plus complexes Enfin l enseignement doit par la m thode ad quate la M thode l mentaire simplifier les proc d s en partant des l ments de la connaissance et progresser graduellement des plus faciles vers les notions les plus difficiles assimiler Le savoir l mentaire a donc un pouvoir unificateur il vaut donc comme principe b Exemples d l ments enseigner Il y a nous nous en doutons bien une pluralit de choses qui peuvent tre consid r es comme constitutives du savoir l mentaire Nous n en donnerons que quelques exemples Ces l ments peuvent tre les l ments des sciences ou encore les l ments de l art mais ils peuvent tre aussi d apr s le philanthrope Fischer auquel Pestalozzi c de sa plume dans la Premi re Lettre des donn es des rubriques ou des id es directrices Les donn es corresponde
207. r Je me suis reproch d avoir dans Pour une p dagogie de l intelligence utilis le qualificatif d irr el propos des essences La Garanderie 1992 pp 35 36 5 Les implications au niveau de la recherche ducationnelle le cas du lire crire Arriv au terme de cette r flexion je voudrais souligner pour conclure avec les r serves qui s imposent ce que j en retiens dans le champ de la recherche en Sciences de l ducation en prenant appui sur la probl matique psycho p dagogique qui m int resse celle de l apprentissage du lire crire L attitude ph nom nologique recommande le retour aux choses m mes S agissant du rapport de l apprenant aux activit s de lecture et d criture cette attitude invite aller aux choses m mes des v cus de conscience des sujets afin de d crire le plus finement possible ce que chacun fait mentalement en pr sence de l crit Sans nier l incidence de facteurs externes li s au d veloppement psychologique de l enfant son histoire personnelle et sociale aux contingences didactiques ou aux al as scolaires de son apprentissage il m appara t n cessaire d aborder le v cu de conscience de l apprenant en dehors de tout pr suppos th or tique ou explicatif afin d y rep rer sa mani re propre de s ouvrir au sens de l crit Ainsi ai je d couvert que c est par le geste d vocation que l apprenant peut se laisser habiter mentalement par le sens de l crit Ce geste d pa
208. r sences muettes des objets naturels ou des tants subsistants comme le dit Heidegger Mais cette signification ne renvoie aucun sens constitu en l absence de l action d autrui Apprendre sera donc 78 Penser l ducation 2005 un travail de r appropriation non pas de l objet qui peut tre manipul de mille fa ons mais du creusement dans l Etre dont il est la marque travers la couche de signification Apprendre se servir d un objet c est apprendre une nouvelle mani re d tre dans le monde plus ou moins structurante suivant le creusement qu il permet celui qui apprend Le monde culturel est ainsi un monde de recommencement dans lequel l enfant tente de redevenir ce que les autres ont t avant lui mais sans y r ussir jamais car la r p tition s av re impossible Relativement aux objets culturels l enfant les trouve autour de lui en naissant comme des a rolithes venus d une autre plan te Il en prend possession il apprend s en servir comme les autres s en servent parce que le sch ma corporel assure la correspondance de ce qu il voit faire et de ce qu il fait et que par l l ustensile se pr cise comme un manipulandum d termin et autrui comme un centre d action humaine Ce qui est vis ici comme sch ma corporel exc de bien videmment le concept de la psychologie g n tique II nous semble bien que cela renvoie au processus d insertion dans l Etre Merleau Ponty ouvre ici ce faisant une nou
209. r M So tard 1981 page 517 4 M So tard Johann Heinrich Pestalozzi in J Houssaye 1994 page 45 amp C est ce que laisse entendre G Compayr 1904 dans son ouvrage consacr au p dagogue suisse 121 Penser l ducation 2005 amp M So tard Johann Heinrich Pestalozzi 1994 page 48 M So tard 1981 page 409 amp Nous trouvons confirmation de ce point de vue par ces propos tenus par M So tard 2001 page 100 L action proprement p dagogique de Pestalozzi aurait elle pu prendre son essor s il n y avait pas eu la r flexion des Recherches qui lui ouvre le chemin en lui donnant un nouvel horizon Il faut alors admettre que l action p dagogique loin de v hiculer son propre sens appelle si elle doit se rendre sens e un autre d elle m me qui est de l ordre de la theoria amp Niederer deviendra ainsi le th oricien attitr de la M thode Pestalozzi par la r daction d un ouvrage magistral ayant pour titre L entreprise ducative de Pestalozzi dans son rapport la culture du temps au nom de l ensemble des ma tres et des aides de Pestalozzi Yverdon 1812 1813 Voir M So tard 1981 page 404 et suivantes Chavannes op cit pages 166 et 167 amp Comment Gertrude Premi re Lettre op cit page 52 amp Pour reprendre le titre d un r cent ouvrage d Edgar Morin 0 Comment Gertrude Deuxi me Lettre op cit page 86 7 La logique de l encha nement l mentaire
210. r des raisons historiques ou conjoncturelles d autres vont suivre ou s inscrire d autres niveaux du d veloppement durable n ayant ni les m mes int r ts ni les m mes pratiques ou repr sentations de celui ci Le consensus se limiterait pr ner un d veloppement r ellement ma tris capable de concilier les besoins des diff rents groupes et la pr servation des quilibres sociaux culturels conomiques 52 Penser l ducation 2005 cologiques dans le court terme mais galement dans le long terme Il ne s agirait donc plus d imiter le mode de croissance qui pr vaut encore fond sur le profit imm diat au b n fice d une minorit Selon les pr ceptes de l Agenda 21 et du Sommet de Rio le monde ne peut tre durable ou soutenable qu une triple condition tre quitable refuser la pauvret et les in galit s tre vivable vivre et non pas survivre et tre viable r pondre aux besoins de toutes les populations de la plan te sans compromettre les besoins futurs En donnant une place centrale la dignit humaine acc s aux biens essentiels respect des droits de l Homme il propose une nouvelle conception de la gouvernance dont les bases sont la pr servation des quilibres la responsabilit et la participation des citoyens aux d cisions concernant le pr sent et le futur Cependant ce changement de la notion m me de d veloppement et donc des modes de production et de r partition des riche
211. r la formation g n rale wissenschaftliche Bildung et la formation professionnelle l ducation de l individu et celle du citoyen l ducation familiale et l ducation publique L ouverture Pour Pestalozzi la M thode l mentaire r pond une n cessit li e la nature m me des choses En effet malgr le fait que la source naturelle de l ducation et de l instruction r side dans l intuition sensible Anschauung cette derni re par laquelle les choses nous sont donn es ne suffit pas elle seule pour parachever et parfaire la formation Bildung de l individu La nature bien qu ayant chez Pestalozzi une valeur paradigmatique relativement l ducation en g n ral ne saurait tre elle seule l ducatrice du genre humain car l tat naturel est d finitivement hors de nous Comme nous l avons d j dit la voie de l intuition a donc besoin d tre compl t e prolong e cultiv e etc par un art de l intuition Anschauungkunst c est dire par une m thode Si bien que nous arrivons ce paradoxe bien connu selon lequel il revient l art de mettre en valeur la nature Mais il y a un risque propre cette entreprise celui d artificialiser outre mesure c est dire celui de voir la m thode devenir elle m me une fin en soi alors qu elle ne doit rester qu un moyen Selon G Compayr Pestalozzi n a pas chapp au pi ge de l artificialit Verk nstelung Le p dagogue n aurait pas en effe
212. ralise partir de l avenir En se mettant en projet le sujet se place dans un futur d vocation qui est d j vocation du futur Cette notion de projet r sonne galement dans la philosophie de Heidegger Ce qui se vit en premier c est le futur le projet L individu est avant tout tre en projet et ne s ins re pas dans une continuit qui le propulserait du pass vers l avenir Artur 1991 p 221 Il s agit d s lors de favoriser chez l l ve l acc s cette temporalit en l exprimant sous la forme vocative qui correspond le mieux ses habitudes mentales verbales ou visuelles C est en d passant le stade formel de l injonction sois attentif r fl chis regarde bien etc pour ouvrir l l ve aux moyens de son projet que l enseignant peut v ritablement jouer un r le dans la conduite de l apprentissage Le r le du p dagogue se d couvre un peu plus offrir ses l ves des possibilit s de projet pour que retentissent en eux leur pouvoir tre et leurs structures mentales Ibid Outre le fait qu elle appuie l argument th orique d un recours la ph nom nologie 15 Penser l ducation 2005 cette derni re citation pr sente galement l int r t d ouvrir sur la pratique p dagogique elle m me Car l enjeu n est pas seulement de d voiler l enracinement philosophique d une certaine conceptualisation de la vie mentale Il est aussi d orienter l action du p dagogue en lui montrant l
213. re lever cette suspicion r currente d espion de la hi rarchie dont nous sommes potentiellement affubl s M ais l apprivoisement ne peut se limiter rassurer les enseignants A l instar du renard pour le Petit Prince il faut faire na tre le d sir d tre apprivois et nous utilisons pour ce faire deux principes la transparence et la n gociation Tout dispositif de recherche a un co t pour les acteurs concern s Dans le cas de nos recherches sur les pratiques enseignantes ce co t englobe la fois des l ments objectifs en termes de temps mobilis en particulier et des l ments subjectifs perturbation du fonctionnement de la classe par la pr sence d un observateur conditions motionnelles de l observ questionnements cons cutifs aux entretiens etc Le principe de transparence est de ne pas nier cet investissement et m me de le pr ciser avec les enseignants Cette discussion d bouche naturellement sur la question de la compensation de cet investissement elle est annonc e comme une contribution la r flexion sur leurs pratiques ce qui nous positionne la fois comme diff rent des enseignants mais suffisamment proche pour permettre un change et l ve les derni res suspicions d valuateur L change s amorce d ailleurs d s cette phase o ce principe de clarification est ensuite relay par celui de n gociation Cela signifie que nous reconnaissons aux enseignants la pos
214. risation t moigne de la volont de se mettre la place de l autre c est dire d une d termination de nature morale prenant la forme de l empathie et de la sollicitude Dans le contexte ducatif cela se traduit par la prise en consid ration du niveau et des capacit s de l enfant ou de l l ve ses pr requis ainsi que ses conceptions initiales afin de le faire progresser le plus possible tant sur le plan intellectuel que moral et physique C est en ce sens qu il faut entendre les expressions telles que se mettre la port e de l enfant marcher au pas de l l ve s adapter l ge et au niveau de l l ve etc que l on rencontre sous la plume des p dagogues et des philosophes de l ducation de l poque Le d sir de faire le plus simple possible en vitant autant que faire se peut l usage d artifices encombrants guidera donc la pratique p dagogique Ce principe de simplicit semble tr s pr sent l esprit de Pestalozzi lorsqu il dit jugeant son exp rience de Stans M oi m me j apprenais avec eux L ensemble de l tablissement reposait sur une telle simplicit et sur une telle absence d artifices que je n aurais pas trouv de ma tre qui n estim t mauvaise ma fa on d enseigner et d apprendre y a en effet chez Pestalozzi une g n rosit qui le pousse vouloir se mettre la port e des enfants les plus d munis mat riellement moralement et intellectuellement Sa p dagogie du c ur
215. ritique sociale visant changer les r alit s environnementales qui posent probl mes Giordan Souchon 1992 Un r seau de recherche action europ en de formateurs de formateurs en ducation environnementale le CIRCEE est cr en 1994 et accompagne les op rations pilotes dans les tablissements scolaires la cr ation d outils p dagogiques la formation continue des enseignants Dans le cadre du programme europ en ENVERS en 1996 les chercheurs s int ressent plus particuli rement la formation des enseignants du primaire L enseignement agricole peut tre consid r en France comme le pionnier de l ducation l environnement dans une perspective de d veloppement durable la r forme p dagogique amorc e depuis 1983 a ouvert les programmes de formation de l enseignement agricole l environnement et au d veloppement durable mais galement avec une relation forte aux territoires Les enseignants sont form s dans le cadre du Plan national de formation en suivant des stages ou des universit s d t Des op rations au niveau d partemental compl tent la formation initiale des enseignants L op ration formation agri environnementale a permis de lancer des exploitations annex es aux lyc es agricoles dans la d marche de plans de d veloppement durable ce qui a favoris l volution des pratiques de formation Certains IUFM Poitiers Grenoble Montpellier Besan on dispensent une formation sp cifique sur l environn
216. rnit les bases du savoir et des valeurs est d abord dispens e par la m re En effet Pestalozzi estime que l ducation et l instruction doivent commencer le plus t t possible En cons quence c est la famille et en particulier la m re par la relation privil gi e qu elle est cens e entretenir avec son enfant qu incombe cette t che La responsabilit de cette charge est d autant plus grande que l ducation donn e l enfant par sa m re est dans tous les sens du terme primordiale Nous voulons dire par l qu elle est premi re c est dire non seulement parce qu elle vient en premier dans l ordre chronologique de l histoire de l enfant mais aussi parce que s adressant galement au tr s jeune enfant elle est au plus pr s de l tat naturel dont elle doit au mieux tirer parti Selon les pr suppos s rousseauistes de Pestalozzi l enfant n a t il pas en effet une propension naturelle vouloir le bien C est donc la m re que revient en premier lieu la charge de maintenir et d velopper chez son enfant cette tendance spontan e De plus comme le point de d part de l ducation l mentaire est celui de la premi re ducation de l enfant par la m re et que cette ducation est cens e tre la plus conforme la nature humaine l ducation l mentaire devra donc continuer par le ma tre l uvre de la m re Ce n est donc pas un hasard si Pestalozzi publia en 1803 sous le titre de Livre des m res une
217. rs de la cognition du sujet et qu en ce sens elle est d abord un processus On ne peut plus d s lors s parer la connaissance de l intelligence ou de la cognition qui la produit et il nous faut entendre la connaissance par le processus qui la forme autant que comme le r sultat de ce processus de formation Elle n est pas r sultat statique elle est processus actif produisant ce r sultat op rateur autant qu op rante p 71 L hypoth se t l ologique s inscrit dans le prolongement de la pr c dente En attribuant au sujet connaissant le r le d cisif dans la construction de la connaissance l hypoth se ph nom nologique oblige en quelque sorte prendre en compte l intentionnalit ou la finalit de ce sujet connaissant Etant donn qu il n y a pas de connaissance sans intentionnalit du sujet cette connaissance se trouve elle aussi finalis e de par les conditions m mes de sa construction En prenant acte du caract re intentionnel et donc finalis et finalisant de l acte cognitif ne devient il pas l gitime d attribuer ce m me caract re la connaissance construite par cet acte ne doit on pas convenir que le ph nom ne mod lis est connu finalis par l action cognitive de sa repr sentation 1 4 LA CONTRIBUTION DE KARL PO PPER La pr sentation de Jean Louis LE MOIGNE reprise dans les paragraphes pr c dents appara t toutefois quelque peu radicale principalement en ce qui concerne l hypoth s
218. s priv Mais elle ne fait alors que recommencer le travail originel du langage avec la r solution de conqu rir et de mettre en circulation non seulement les aspects communs du monde mais jusqu la mani re dont il touche l individu et s introduit dans son exp rience Merleau Ponty a su tr s t t que sa r flexion ne pouvait durablement se rattacher une tradition que le choix de la m ditation sur le surgissement plus que tout autre le conduisait un certain exil de sa pens e M ais c est fort de cette situation singuli re qu il a pu s approcher si pr s de ceux qui commencent le monde les enfants les plasticiens les philosophes et les crivains L illusion d une continuit du mouvement de l esprit est une illusion que la science contribue propager dans son aveuglement Relativement la question de l ducation il nous d livre de l image de l enfant que l intellectualisme classique avait bross e d un poss d gu rir ou d un sauvage civiliser comme pour Durkheim Il semble proche un moment de l interpr tation que le romantisme p dagogique de Jean Paul fit de Rousseau l enfant est un tre d une autre sph re que nous devons accueillir Chaque jour ces tres purs sont envoy s d un monde inconnu et muet sur la terre sauvage Or cet envoi au sens heideggerien c est notre projet L enfant c est Nous qui recommen ons le monde par l interpr tation difficile de conduites ou de traces qu e
219. s situations d apprentissage o il s exerce le dialogue p dagogique est bien confront ce passage n cessaire du projet de sens la constitution de l objet de sens du sens pour soi au sens pour l autre de l intuition propre du sujet la grammaire impersonnelle du savoir Rocheix 2000 p 99 en un mot de la subjectivation l objectivation Une double exigence appara t alors comme une tension paradoxale la consid ration du sujet comme source et la promotion de l objet comme cible Il s agit bien de prendre en compte tout la fois l apprenant comme acteur mental dans son rapport au savoir et le savoir lui m me qui est construire o il a se construire Bassis 1998 et qui se pr sente lui par la m diation du p dagogue comme finalit transcendante Plus largement il s agit de penser et de r aliser ce double passage de l tre au pouvoir tre et du pouvoir tre au devoir tre Une certaine forme de r cup ration sinon de d alt ration de son projet est ce prix et s av re in luctable si l on poursuit des fins p dagogiques Comme le sugg re de La Garanderie lui m me le sens que le sujet se donne en situation d apprentissage n est pas sans faille et ne correspond pas n cessairement au sens qui conviendrait pour atteindre l essence m me de l acte qui lui est prescrit tre attentif m moriser comprendre C est pourquoi l intuition donatrice de sens n est pas purement originaire o
220. sance se r duise aux seules donn es sensibles D autres l ments de nature intellectuelle et symbolique bien que produits par l Anschauung interviennent comme principes de la connaissance Pestalozzi consid re en effet que cette derni re est possible par l exercice de trois facult s ou forces propres l tre humain qui lui permettent de se repr senter la forme et le nombre des objets au moyen du langage 1 La force d observer des objets diff rents selon la forme et de se repr senter leur contenu 2 Celle de s parer ces objets selon le nombre et de se les repr senter distinctement comme unit et comme multiplicit 3 Celle de doubler et de rendre ineffa able au moyen du langage la repr sentation d un objet selon le nombre et la forme Ainsi la forme le nombre et le langage doivent ils tre consid r s comme les 89 Penser l ducation 2005 l ments de tout savoir et de tout savoir faire et par cons quent comme tant les trois moyens l mentaires de l enseignement dans la mesure o la somme de toutes les propri t s ext rieures d un objet se trouvent r unies dans les limites de son contour et dans sa proportion num rique et que la conscience se l approprie au moyen du langage La m thode l mentaire de Pestalozzi reposera donc galement sur ces trois principes fondamentaux de la connaissance et comme nous le verrons plus loin de l enseignement consid r s comme tant les v ritables
221. sibilit de modifier aussi bien le dispositif de recherche que celui de la restitution Cette n gociation est de notre c t born e par deux limites et pourrait d boucher sur le renoncement ce projet que notre dispositif soit en mesure d assumer l op rationnalisation de notre probl matique que la phase de restitution ne soit pas envisag e comme un apport de r ponses ou de solutions directes aux probl mes rencontr s par les enseignants 5 2 l thique de la mise en uvre Dans le prolongement de l apprivoisement qui a marqu la phase de pr paration nous qualifierons notre place dans l cole durant la phase de mise en uvre comme celle d un invit Si l apprivoisement a permis d obtenir une invitation il nous semble important et n cessaire pour la dynamique de la recherche de pr server et d entretenir une proximit relationnelle avec les enseignants 32 Penser l ducation 2005 Ce statut d invit se traduit par une certaine disponibilit ou souplesse pour fixer les rendez vous pour les entretiens ou l ch ancier des observations sp cifiques Sans rien remettre en cause de ce qui a t n goci au pr alable nous rappelons syst matiquement que nous voulons viter de perturber que l important est d abord le fonctionnement de l cole et que nous sommes pr t diff rer si n cessaire Les enseignants sont partie prenante d un dispositif dont la mise en uvre peut galement tre n
222. sique elle d pend d une interpr tation ontologique laquelle elle ne participe pas Ce faisant elle ne peut prendre en compte que ce qui est objectivable dans une repr sentation pour encha ner par la recherche des causes et principes les s ries des repr sentations ce qui est doit tre l devant ce qui ne se laisse pas d montrer objectivement comme tant l devant vorhanden n est pas du tout Par diff rence avec la perspective ontique l analyse ontologique du Dasein suppose dans sa radicalit l effacement de tout r sidu empirique des ph nom nes du Dasein la mort et la conscience morale Or de toute vidence Merleau Ponty se trouve pris dans une difficult redoutable qui reste la n tre Si l on interpr te en effet l enfant comme le vivant qui s installe dans l Etre et qui partant atteste pour nous cette insertion il semble bien que d abord la perspective scientifique manque ce mouvement de l insertion dans l Etre ce n est pas son objet M ais d autre part l embarras s accro t de ce qu une analyse existentiale ne peut tre entreprise il n y a pas de philosophe enfant apte la conduire Nous sommes ainsi formellement dans la situation qui nous met en pr sence de l animalit complexifi e encore du fait que nous sommes dans un pr langage qui n est pas un hors langage radical que ce pr langage nous place face une pr histoire et vice versa Aussi faut il admettre que la philosophie aura
223. ssance de l enseignant de la connaissance du chercheur Mais il convient d aller plus loin la connaissance de l enseignant laquelle nous acc dons gr ce aux entretiens a posteriori est d j une connaissance seconde M me si on peut accepter qu elle ne soit pas ind pendante de la connaissance en action il s agit toutefois d une connaissance construite dans un contexte d entretien C est ce qu Alfred SCH TZ rep re comme le passage des motifs en vue de la situation projet e que l acteur veut r aliser par l action aux motifs parce que qui l a d termin agir comme il le fait mais qu il ne peut saisir qu apr s l action Par cons quent le mat riau partir duquel va s laborer la connaissance scientifique est constitu des traces secondes de la connaissance de l enseignant et des traces de la connaissance de l observateur labor e partir des mat riaux de l observation donc n cessairement secondes de par la saisie et le traitement des l ments empiriques Cela nous am ne distinguer galement l observateur et le chercheur Au final nous pouvons dire que le chercheur construira sa connaissance scientifique dans une interaction structur e bien s r par la m thodologie de recherche avec un objet constitu des connaissances secondes de l enseignant et de l observateur Cette connaissance scientifique se nourrira de l explicite des deux connaissances secondes et s attachera mettre au jo
224. sse le temps de la perception mais il pr suppose un projet qui finalise et oriente sa pens e au moment m me o il per oit On sait que pour Husserl toute activit de conscience se d finit par une vis e de sens Si toute conscience est intentionnelle l objet ne peut prendre sens dans la conscience de l l ve que par une vis e qui la propulse au del d elle m me L l ve auquel on demande de lire ou d crire va mettre en uvre une structure de projet par laquelle il donne sens cette t che Or et c est le point sur lequel nous insistons cette structure pr existe la perception C est bien avant de percevoir qu il convient d tre en situation de projet pour l avance jeter devant soi ce qu on vise capter pour soi Le projet d voquer est 14 Penser l ducation 2005 la condition sine qua non de la constitution de ces repr sentations d termin es que sont les voca tions La Garanderie 1987 p 22 L apprenant doit donc aborder l crit avec le projet de se donner les vocations utiles par exemple sous forme d images visuelles ou par le moyen des mots qui lui permettront d en capter le sens Ces deux moments que constituent la perception et l vocation sont la fois distincts et proches Sur un plan neuro physiologique la perception renvoie la saisie de l information tandis que l vocation rel ve du traitement En cela les deux activit s ne mettent pas en jeu les m mes processus c r
225. sses n a pas eu lieu les modes de production et de consommation continuent nuire l environnement et la sant y compris sur le long terme c est dire souvent quand il est trop tard le traitement des pollutions est privil gi leur pr vention les ressources des g n rations futures sont d j entam es les carts de niveau de vie se sont accentu s les ressources des pays du Sud continuent enrichir avant tout les pays industrialis s etc Dans les pays industrialis s un nombre croissant de consommateurs utilise des r seaux alternatifs aux changes internationaux r gis par les lois du march financier des mati res premi res En soutenant des relations commerciales les plus justes avec les pays en d veloppement ils contribuent ainsi au d veloppement durable C est notamment le cas du commerce quitable qui garantit aux producteurs et leurs familles qui s engagent dans un mode de production respectueux de l environnement un revenu d cent en r duisant notamment les interm diaires Par exemple en 2001 l association europ enne du commerce quitable a permis 800 000 familles de 45 pays du Sud de vivre d cemment de leur production Le d veloppement durable permet ainsi de modifier les conditions d exercice du pouvoir l amenant reconna tre d autres savoirs d autres cultures d autres modes d intervention Son appropriation par les diff rents groupes sociaux et culturels les dynamiques a
226. ssions visuelles et tactiles que lui procure un objet il ne per oit pas imm diatement le stylographe il doit l interpr ter au risque de la m compr hension p 152 Mais ce que perd le malade est pr cis ment ce qui nous est donn et qui ne nous est jamais clairement pr sent cette lisibilit du monde dont le vecteur unique le pont avec l Etre est pour Merleau Ponty la vision contact direct avec les choses Il en est de m me pour l vocation de l absence la dur e du r cit n est jamais transcend e en une temporalit qui en livre une perception globale si on raconte au malade une histoire on constate qu au lieu de 73 Penser l ducation 2005 la saisir comme un ensemble m lodique il ne la retient que comme une s rie de faits qui doivent tre not s un un Le sujet comprend ici parce qu il a le pouvoir de vivre au del de son exp rience imm diate les v nements indiqu s par le r cit Le malade n a devant lui que des data discontinues et foisonnantes et il tente d op rer sur elles une synth se intellectuelle par analogie ou mieux une herm neutique d un inaccessible en soi Schn a perdu la libert parce que le monde ne l accueille plus qu aucun creux de l Etre ne peut l abriter il recommence ind finiment son travail d insertion sans jamais apprendre ni savoir Dans une note de la page 154 se lit l intuition de celui qui deviendra par contraste la figure de celui qui apprend C
227. ssment of 4th 8th and 11th Grade Students Knowledge Related to Marine Science and Natural Resource Issues Journal of Environmental Education 21 2 16 26 BRUXELLE Y 2001 2002 Peut on parler de partenariat apprenant en ducation l environnement in Le partenariat en ducation relative l environnement Education Relative l Environnement Regards Recherches R flexions vol 3 Ifr e ORE Universit du Qu bec Montr al Fondation Universitaire Luxembourgeoise 37 61 CARR W KEM MIS S 1983 Becoming Critical London Falmer CFEE COLLECTIF FRAN AIS POUR L EDUCATION A L ENVIRONNEMENT 2000 Plan national d action pour le d veloppement de l ducation l environnement Montpellier Collectif fran ais pour l ducation l environnement CHERRYLHOLMES C H 1988 Power and Criticism Post Structural Investigations in Education New York Teachers College Press CLARY M 1998 1999 Enjeux de la recherche en formation des ma tres en ducation relative l environnement dans un cadre europ en in Bilan enjeux et perspectives de la recherche en Education Relative l Environnement Education relative l Environnement Regards Recherches R flexions vol 1 Arlon Fondation Universitaire Luxembourgeoise 121 128 CLARY M 2000 L valuation comme vecteur pour la formation en ducation relative l environnement in L valuation en ducation relative l environnement Education Relative
228. st la tr s belle analyse de l endormissement qui en donne la clef 76 Penser l ducation 2005 Je m tends dans mon lit je ferme les yeux j loigne de moi mes projets M ais le pouvoir de ma volont ou de ma conscience s arr te l Comme les fid les dans les myst res dionysiaques invoquent le dieu en mimant les sc nes de sa vie j appelle la visitation du sommeil en imitant le souffle du dormeur et sa posture II y a un moment o le sommeil vient il se pose sur cette imitation de lui m me que je lui proposais je r ussis devenir ce que je feignais d tre cette masse sans regard et presque sans pens es clou e en un point de l espace et qui n est plus au monde que par la vigilance anonyme des sens 6 Si cette vigilance autorise le r veil ce n est pas que les sens sont une porte rest e ouverte sur le monde mais qu ils poussent plut t mon enracinement fondamental dans le monde qui me prot ge de l absence ind finie II va donc s agir pour la philosophie de feindre le sommeil et de d crire cet veil premier au monde que permet la sensation avant tout langage avant toute pens e Soit une sensation de l Etre sauvage comme l indique le plan du Visible et de l Invisible b Intersubjectivit et intercorpor it C est dans la tentative de la cl ture sur soi qu est prouv l inach vement radical de l tre personnel Dans l exp rience de la morsure dans laquelle Freud situ
229. suivant dans lequel Jean Louis LE MOIGNE le pr sente comme une rupture paradigmatique avec la vision traditionnelle de la connaissance polaris e entre mat rialisme et id alisme Conception f s6 Conception de Fondement du Paradigmes Epist mologies Connaissances de la M connaissance la Science contrat social Constructivisme Epist mologies Connaissances Conception Projet de Une thique constructivistes scientifiques et active de la connaissance de faisabilit philosophiques connaissance projective Mat rialisme Epist mologies Connaissances Conception Objet Une thique mat rialistes scientifiques passive de la de de v rit objectives connaissance connaissance objective Id alisme Philosophies Connaissances id alistes philosophiques subjectives A la suite de ce tableau nous pourrions d finir le paradigme constructiviste partir des connaissances en jeu construites vis es et utilis es En effet elles sont caract ris es par leur dimension processuelle la fois par l activit de construction du sujet par leurs inscriptions dans un projet structur par les finalit s du sujet et par leur mode d emploi qui est accompagn du rappel des conditions de validation des connaissances enseignables qu elles produisent C est ce que Jean Louis LE MOIGNE appelle la faisabilit projective 1 3 LES DEUX HYPOTH SES QUI FONDENT LE STA
230. t des l ves sur des probl mes complexes en environnement stimule leur raisonnement permet de d velopper un regard critique sur les effets des interactions activit s de soci t environnement et donne l occasion d arriver une compr hension plus approfondie des sciences en g n ral La deuxi me partie tudie la notion de comp tence en ducation scolaire Pour Perraudeau les comp tences disciplinaires seraient assez facilement identifiables notamment gr ce aux travaux en didactique mais l identification d autres comp tences serait plus d licate ce qui ne signifie pas qu elles soient inexistantes L auteur rel ve que peu de travaux portant sur les l ves du premier degr concernent les notions de comp tences disciplinaires de proc dures de comp tences langagi res d op rations logiques ou de comp tences transversales Selon Gat l entr e dans l crit et l acquisition d un savoir lire par l enfant de 5 7 ans imposent l cole de d velopper des comp tences plurielles un niveau culturel pratiques et finalit s de l crit m talinguistique ma trise du code de l crit et strat gique principales op rations mises en jeu par l activit de lecture elle m me 130 Deslandes pr sente les r sultats d une tude sur les exigences requises chez les enseignants pour rendre plus efficaces les invitations adress es aux parents participer la vie de l cole Elle met en vidence
231. t t tr s fid le ses propres principes en substituant un nouveau verbalisme l ancien Le point de vue de G Compayr serait tout fait justifi si la M thode tait comprise comme un syst me clos et achev par cons quent comme le vecteur d un m thodologisme dogmatique o fin et moyen sont confondus Or tel ne semble point tre le cas M So tard dans la lecture minutieuse qu il fait de l uvre du p dagogue rappelle en effet que dans l esprit de son inventeur la M thode n est jamais achev e qu elle ne cesse pas de s laborer c est dire qu elle reste ouverte Autrement dit la M thode est 116 Penser l ducation 2005 tout le contraire d un dogme d un pensum ou d un br viaire Ce sentiment d inach vement peut tre recherch pour lui m me fut celui de Pestalozzi pendant les ann es de son exp rience puisqu il r p ta la m me chose des ann es d intervalle Ma m thode n est pas achev e 1802 Tout est encore peine sorti de l tat de germe 1806 Elle n est encore que commenc e 1807 Fid le lui m me dans un de ses derniers crits Pestalozzi ira jusqu au bout de la logique de sa M thode en disant O cette Id e celle de la formation l mentaire r side t elle dans la r alit Je r ponds Partout et nulle part Partout dans les t moignages isol s de ses possibilit s d application Nulle part dans sa perfection Ces propos ne sont p
232. te sur le sens de la vue 1 Nous voyons donc comment intuition et jugement sont mis en harmonie par la m thode l mentaire selon le v u de Pestalozzi Percevoir voir et entendre ne suffit donc pas Pour conna tre les choses m me dans leur plus grande simplicit il est donc n cessaire de juger c est dire de comparer s parer classer etc L expression faire voir les choses n est donc pas prendre au pied de la lettre il ne s agit pas seulement d emmener les enfants en promenade pour faire leur ducation sensible et intellectuelle Encore une fois l ducateur ne doit pas tre victime d un empirisme na f N ous nous permettons de citer l appui de nos dires cet extrait emprunt la Dixi me Lettre 108 Penser l ducation 2005 Aussi n est ce pas dans la for t ni dans les prairies que nous laisserons aller l enfant pour qu il apprenne conna tre les arbres et les plantes ni les arbres ni les plantes ne s y trouvent class s dans des s ries qui sont le mieux m me de lui faire percevoir l essence de chaque esp ce et de le pr parer d s la premi re impression re ue de l objet la connaissance g n rale de la classe Pour guider ton enfant par le chemin le plus court jusqu au but de l enseignement savoir l acquisition des notions distinctes tu prendras bien soin de lui mettre d abord sous les yeux dans chaque ordre de connaissances des objets qui portent en eux de fa on visible et c
233. tique nous retiendrons l importance de la prise en compte la fois de l paisseur temporelle et du poids du collectif mais nous largirons cette approche par l objet l aide d une lecture ext rieure au sujet des contextes de l action en situation c est le contexte pour l observateur la suite de ces remarques il para t acceptable de consid rer le principe de double lecture tel que nous le mobilisons dans nos travaux comme compatible avec l pist mologie constructiviste 5 LA COMPOSANTE THIQUE Sans entrer dans une d finition tr s approfondie de l thique nous l appr henderons dans le prolongement de Michel FOUCAULT comme une pratique r fl chie de notre libert de chercheur Cet espace de libert s ouvre partir du moment o les r gles de la d ontologie par ailleurs largement tacites sont devenues muettes et l thique rel ve de ce d bat int rieur auquel se livre le chercheur pour assumer cette libert Notre r flexion porte principalement sur les questions soulev es par les relations chercheur enseignants durant les trois phases de leurs collaborations 31 Penser l ducation 2005 5 1 l thique de la pr paration de la recherche Dans la plupart des recherches que nous menons nous sommes l origine de la demande etil convient de travailler cette demande sur le mode de l apprivoisement Cela signifie qu il faut d abord gagner la confiance des enseignants c est di
234. toine de La Garanderie Rammonville Saint Agne Er s Connaissances de l ducation pp 125 138 GAT J P 1998 Eduquer au sens de l crit Paris Nathan Rep res P dagogiques GAT J P 1999 Gestion mentale et apprentissage du lire crire contributions aux recherches actuelles Cahiers Alfred Binet n 659 660 Er s n 2 3 pp 101 116 GAT J P 1999 Que doit la gestion mentale la ph nom nologie Revue Impacts GAT J P 2000 dir De l ducation intellectuelle h ritage et actualit d un concept Paris L Harmattan Savoir et Formation GAT J P 2002 L observation du lecteur en difficult dans le contexte scolaire Des strat gies de lecture aux structures de projet de sens Lyon Voies Livres V103 GAT J P amp La Garanderie T Le geste mental et la p dagogie approche pist mologique et critique para tre HUSSERL E Ideen traduit de l allemand par Paul Ricoeur Paris Gallimard 1950 HUSSERL E L id e de la ph nom nologie Paris P U F 1985 3 me d LA GARANDERIE A de 1980 Les profils p dagogiques Discerner les aptitudes scolaires Paris Le Centurion LA GARANDERIE de 1987 Comprendre et imaginer Les gestes mentaux et leur mise en uvre Paris Le Centurion LA GARAN DERIE A de 1989 D fense et illustration de l introspection Paris Le Centurion LA GARANDERIE A de 1990 Pour une p dagogie de l intelligence P
235. tre chose qu une tentative pour lever l intuition sensible au niveau d un art pour guider les enfants dans les trois branches l mentaires de leur connaissance la forme le nombre et le mot jusqu la conscience la plus compl te possible de toutes les intuitions sensibles qui constitueront plus tard la base de leur savoir 1 On trouvera dans un autre passage un exemple illustrant bien l articulation entre percept et concept op r e par la m thode intuitive La nature ne donne pas des lignes l enfant elle ne lui donne que des objets on ne doit donc lui pr senter des lignes que pour qu il voie exactement les choses mais les choses ne doivent pas lui tre enlev es pour qu il ne voie que les lignes I ne s agit donc pas d imposer aux enfants que l on instruit des cat gories et des d finitions a priori mais de leur faire prendre conscience de ce qu ils ressentent lorsqu ils prouvent quelque chose c est dire de ce qu ils voient lorsqu ils regardent un objet etc Tout l art du ma tre r side dans la prise de conscience qu il suscite chez ses l ves Le Syllabaire est con u dans le m me esprit que le Livre des M res Le simple fait de produire des sons aux oreilles le simple veil de la conscience des impressions par l interm diaire de l ou e est pour l enfant une perception au m me titre que la simple pr sence des objets devant les yeux et que le simple veil de la conscience par l impression produi
236. u elle se prolonge au del de la petite enfance en agissant ainsi l adulte cr e une d pendance et fait un esclave Conclusion Les r gimes totalitaires remarque Merleau Ponty d truisent rarement les tableaux et pr f rent les dissimuler La coercition r p titive se pr sente toujours comme un recommencement une r volution et parie certainement sur la r p tition des commencements authentiques il y a l une reconnaissance de ce qui leur fait d faut M ais c est s rement dans leur projet d mentiel d duquer les adultes de r duquer toute une nation que leur essence se signe v ritablement Dans son tude sur Machiavel M erleau Ponty remarque que dans l absence d une transcendance quelconque ou de l av nement d une v rit de l histoire un pouvoir politique m me s il na t du conflit et de la lutte doit conduire la participation une situation commune Le pouvoir politique ne peut duquer 81 Penser l ducation 2005 par principe Ceux qui nous permettent d apprendre ne sont pas ceux qui veulent nous faire recommencer mais ceux qui commencent chaque fois nouveau les enfants les artistes les crivains Un peintre ne peut consentir que notre ouverture au monde soit illusoire ou indirecte que ce que nous voyons ne soit pas le monde m me Et la parole de l crivain cr e elle m me un allocutaire qui soit capable de la comprendre et lui impose comme vident un univer
237. u plus pr s de la pens e du p dagogue en traduisant ce terme autrement que par intuition comme l ont fait la plupart de leurs pr decesseurs Par exemple Michel So tard traduit Anscuaung par perception sensible voulant signifier par l le contact le plus brut avec les choses 2001 page 31 J rgen Helmchen pour sa part pr f re l expression perception contemplation op cit page 113 Quant nous par souci de commodit nous conserverons le terme d intuition suivant par l l usage des historiens de l ducation m me si nous savons que ce terme ne traduit pas scrupuleusement la pens e de Pestalozzi 1 Daniel Alexandre Chavannes 1805 pages 5 et 6 Un si cle plus tard G Compayr dans son Pestalozzi et l ducation l mentaire 1904 page 59 souligne le m me trait en disant que l id e 119 Penser l ducation 2005 de l intuition doit tre consid r e comme le point de d part de toute connaissance et par cons quent comme base de toute instruction 8 Chavannes ibid pages 11 et 12 Nous reconnaissons ici le sch ma aristot licien classique arch type de l empirisme d apr s lequel la connaissance progresse de la sensation la science en passant par la m moire l exp rience et l art 1 Comment Gertrude instruit ses enfants Sixi me Lettre op cit page 121 2 Ibid respectivement pages 118 et 121 2 Mes recherches op cit page 87 C est le philosophe Gottlob Fichte disciple
238. u si elle est cens e pouvoir l tre elle peut tre affect e par des 16 Penser l ducation 2005 modes qui la polluent La Garanderie 1990 p 106 107 Toute p dagogie est donc par un certain c t des choses et qu elle le veuille ou non corrective ou orthop dique Le p dagogue en gestion mentale pas plus qu un autre n chappe l exigence prescriptive m me s il s appuie r solument sur une analyse descriptive des actes mentaux tels qu ils sont v cus par le sujet II lui revient donc d assumer cette posture il y a bien un sujet faire advenir partir de l tre qu il a devant lui l exigence ontologique quoique n cessaire est insuffisante en p dagogie un sujet qui ne peut tre d j pr con u en chacun m me s il porte en lui des potentialit s de sens dont tout p dagogue doit s aviser et qui doit aussi advenir travers les objectivations auxquelles il est soumis NOTES 1 Ma tre de conf rences l Universit Catholique de l Ouest Docteur en Sciences de l ducation Chercheur au L A R E F 3 place Andr Leroy BP 10808 49008 Angers cedex 01 E mail jean pierre gate uco fr La th orie de la gestion mentale souffre de nombreux malentendus qui viennent selon nous d une ignorance ou d une incompr hension de ses fondements propres 3 Ainsi Thierry de La Garanderie crit il dans un ouvrage auquel nous collaborons l un et l autre Cette rencontre se prolongea lorsque au cours des ann es
239. uction il faudrait bien s r rajouter la phase d criture de l article 30 Penser l ducation 2005 4 2 Le principe de la double lecture Examinons pr sent comment le principe m thodologique sur lequel repose nos travaux peut s av rer compatible avec une pist mologie constructiviste Rappelons que pour l tude des interrelations de l enseignant et de ses contextes nous articulons une lecture du contexte pour l enseignant et du contexte pour le chercheur c est dire que nous portons notre attention sur les deux p les de ces interrelations Notre objectif est de pouvoir ainsi appr hender la fois la sph re des pratiques conscientis es par l enseignant qui correspond aux connaissances construites par l enseignant sur ses pratiques et la sph re non conscientis e par l enseignant et qui correspond aux connaissances construites par l observateur sur les pratiques de l enseignant en entrant donc par le contexte Notre d marche nous para t retrouver la double lecture pr conis e par Jean PIAGET dans le cadre de l pist mologie g n tique et donc dans la lign e de l pist mologie constructiviste Il ne semble pas n cessaire de d velopper le rapprochement entre contexte pour l enseignant et approche psycho g n tique car nous sommes dans les deux cas dans le cadre de connaissances construites par le sujet dans notre cas par l enseignant sur ses pratiques De l approche historico cri
240. ue a recherche en ducation l environnement est r cente puisqu elle ne remonte qu au d but des ann es 1970 Ce sont les anglo saxons principalement aux tats Unis en Grande Bretagne et en Australie qui vont tre les instigateurs et les protagonistes des diff rents courants de pens e concernant ce qui sera longtemps appel l ducation environnementale Dans les ann es 1990 les recherches en ducation environnementale et les publications qui en manent t moignent d une orientation pluridisciplinaire et transnationale voire comparative des recherches Dans les ann es 2000 l ducation relative l environnement est remobilis e dans un certain nombre de pays membres de l OCDE comme la France autour de la notion de d veloppement durable 39 Penser l ducation 2005 L ducation l environnement et au d veloppement durable peut tre consid r e comme une r ponse des besoins l gitimes qui s inscrivent un moment o la notion de d veloppement durable permet de f d rer des int r ts divers qui ne sont pas toujours coh rents Au nom de l universalisme du d veloppement durable semblent tre occult es des pratiques et des repr sentations de soci t s et de cultures qui n ont pas les m mes capacit s h g moniques que leurs s urs g n ralement situ es dans l h misph re nord Les programmes scolaires des pays dits d velopp s int grent de plus en plus les questions environnementales en les m
241. ue une reconsid ration des rapports complexes entre syst mes cologiques et sociaux Politiquement le d veloppement durable devrait renforcer l id e d une union envers un objectif commun de sauvegarde de la plan te promouvoir le partage quitable et durable d un m me monde Ces arguments ont t explicit s dans le rapport Brundtland et lors de la conf rence de Rio avec une volont de tracer les voies d une r partition plus quitable des richesses Le d veloppement durable serait devenu un r f rentiel de la mobilisation civique dans le cadre d un projet commun pour tous les pays en th orie Dans la pratique c est plut t une situation inverse qui se renforce avec la poursuite d un creusement des in galit s au d triment des pays les plus pauvres et des classes sociales les plus d munies La globalisation des changes accro t la mise en comp tition conomique entre des situations tr s diff rentes au b n fice de la rentabilit conomique court terme et d un renforcement des grandes entreprises multinationales Les politiques mondiales de d veloppement durable du fait qu elles soient soutenues par des institutions engag es dans tous les aspects de la mondialisation sont plut t limit es dans leurs effets Les scientifiques restent partag s sur cette question tant eux m mes d pendant d organisations qui se sont engag es dans un double processus de globalisation conomique et scientifique Les organisatio
242. ues Grenoble La Pens e Sauvage 3 Ce terme est utilis de mani re g n rique et englobe le niveau individuel et le niveau collectif 4 En ce sens notre proposition se diff rencie de celle de SCH TZ pour qui la connaissance savante s labore exclusivement partir de la connaissance ordinaire des acteurs 5 Emprunt Antonio MACHADO Qui est videmment tributaire des conditions de production des dits r sultats 7 Nous rejoignons en partie la r flexion de Fran oise HATCHUEL 2004 p 102 C est pourquoi nous parlons de co construction de sens entre chercheurs et sujets observ s en soulignant que pour nous la notion de co construction n implique pas une sym trie entre les deux partenaires mais au contraire un partage des t ches et des r les diff rents attribu s aux uns et aux autres 35 Penser l ducation 2005 8 Un exemple tr s r cent Nous observions une classe de maternelle en nous int ressant aux relations entre pratiques individuelles et pratiques collectives dans le cadre de la mise en uvre d un projet Une fillette visiblement grincheuse va placer l tiquette avec son pr nom sur le panneau pr vu cet effet mais en la dissimulant derri re celle d un camarade Au moment du regroupement pour l appel l enseignante rectifie la place de l tiquette sans y pr ter attention Quelques minutes plus tard l l ve a vomi et a d rentrer chez elle Cet incident ne concernait pas dire
243. ui inculquer les premiers savoirs l mentaires Au regard de ce qui vient d tre avanc nous pouvons maintenant nous poser la question de savoir ce qu il en est de l l mentarit du savoir En fait l l mentaire se donne voir ici dans toute sa complexit En effet puisque le propre de la M thode l mentaire est de nous faire passer graduellement des perceptions les plus confuses c est dire les impressions sensibles les plus imm diates celles qui sont les plus nettement distingu es c est dire les id es il para t vident qu il y aura plusieurs niveaux d l mentarit Nous pouvons consid rer en effet que les premi res impressions sont l mentaires parce que premi res Mais puisque notre connaissance proc de des aperceptions confuses Verwirrung aux aperceptions nettes Bestimmheit des aperceptions nettes aux aperceptions claires Klarheit et des aperceptions claires aux notions distinctes ou id es Deutlichkeit nous pouvons galement admettre d une fa on g n rale comme 109 Penser l ducation 2005 l mentaires tous les degr s interm diaires de perception depuis les perceptions confuses jusqu aux id es elles m mes tout d pend quel degr on d sire se situer tout d pend de quel point de vue on se place Cependant la question se pose de d terminer quelle forme de savoir est vraiment l mentaire ou non c est dire quel genre de connaissances doit tre consid r com
244. ur la p dagogie Jean Pierre GATE 5 Recherches sur les pratiques enseignantes contribution leur inscription au sein d une pist mologie constructiviste Jean Fran ois MARCEL 19 pist mologie de la recherche et critique de l ducation l environnement Vers un d veloppement durable Olivier MEUNIER 39 L insertion dans l tre la question de l ducation dans la philosophie de Maurice Merleau Ponty Didier MOREAU 63 Pestalozzi etla notion de savoir l mentaire AlainTROUV 87 RECENSION La notion de comp tence en ducation et en formation Fonctions et enjeux R M J TOUSSAINT et C XYPAS sidd 2004 Paris L H armattan Professeur POU RTO IS J P et B DERNONTY 129 Int r t et limites d une ph nom nologie des actes de reconnaissance pour la p dagogie Jean Pierre GAT Docteur en sciences de l ducation Ma tre de conf rences l Universit Catholique de l Ouest Laboratoire de Recherche en Education et Formation Cet article prend appui sur la pens e du p dagogue Antoine de la Garanderie La r f rence la ph nom nologie dont se r clame cet auteur pose question et peut surprendre le p dagogue non averti n y a t il pas l un m lange des genres l exp rience p dagogique ayant son fondement propre la ph nom nologie relevant d une pist mologie radicalement autre Sur la base de ce questionnement l article tente de montrer qu une analyse descriptive des v cus cognitifs laquelle
245. ur une part d implicite des pratiques 3 2 Distinguer les finalit s L hypoth se t l ologique attire notre attention sur la question des finalit s II convient l aussi de proc der une double distinction La premi re concerne la diff rence de 26 Penser l ducation 2005 finalit s de l enseignant qui se situent au niveau de l action et du chercheur qui se situent au niveau de la connaissance sur l action Nous traiterons ce point dans le paragraphe consacr l thique La seconde distinction porte sur les diff rentes finalit s en jeu Dans ses pratiques professionnelles l enseignant poursuit des finalit s en lien plus ou moins direct avec les finalit s de sa fonction institutionnelle La situation d entretien va elle aussi tre finalis e par l enseignant ce qui le conduira transformer les finalit s des pratiques en les non ant rationalisation a posteriori souci de prestance attentes suppos es du chercheur etc Les finalit s du chercheur sont galement pr sentes et pour partie au moins se retrouvent dans sa probl matique Les finalit s de l observateur ne sont pas ind pendantes de celles du chercheur de par le lien entre la probl matique et la partie de la m thodologie que constitue l instrumentation mais elles s en mancipent de par la sp cificit m me de la situation d observation Cette s rie de distinctions est importante en ce sens o elle remet en caus
246. urels et les territoires et rel verait en cela de l ducation fondamentale Int gr e formellement aux curriculums de l enseignement primaire et secondaire elle devrait se constituer comme une approche transversale redonnant du sens aux apprentissages scolaires comme un p le d interaction entre connaissances scolaires et extrascolaires En prenant en compte les individualit s et les repr sentations multiples qu elles d gagent selon leurs trajectoires leurs milieux socioculturels les formes d ducation familiale ou p riscolaire nous levons le voile sur la complexit et la multir f rencialit qui pr existent l acte p dagogique Si le d veloppement durable peut prendre de multiples significations selon les situations socioculturelles et l histoire des diff rents territoires qui composent l espace monde ne pourrait il pas galement favoriser la reconnaissance de cette diversit l int rieur m me d une classe La reconnaissance et le respect des diff rences socioculturelles et le respect de l environnement dans le cadre du d veloppement durable sont intimement li s Le caract re limit et fragile de l environnement naturel implique une reconsid ration des rapports complexes entre syst mes cologiques et sociaux Le concept d interculturalit nous permet de relier ces diff rences tout en les reconnaissant il nous donne acc s galement la transversalit du niveau micro au niveau macro et r ciproquement U
247. urs et en relever leurs r actions valider les exp riences par la th orie existante ou la prolonger et enfin valider les changements de comportements des acteurs si le projet de recherche active a une efficacit mancipatrice 1 4 Les nouvelles tendances La recherche environnementale en ducation s est progressivement d tach e de ses bases positivistes m me si les tudes quantitatives sont encore importantes Les tudes qualitatives sont mont es en puissance dans les ann es 1990 et 2000 mais certaines restent bas es sur des m thodologies qui manquent de rigueur qui posent le probl me de leur fiabilit et donc de leur validit II serait donc envisageable de penser que les m thodologies qualitatives puissent tre am lior es que la base des recherches soit largie et qu une critique sur le r le de la recherche soit d velopp e Comme les recherches internationales avec des partenariats multiples sont croissantes il est probable que les diff rentes conceptions de l environnement et du d veloppement 44 Penser l ducation 2005 durable dans leur relation aux cultures et aux territoires et les liens entre ces derniers et l espace monde soient de plus en plus prises en compte Les rapports entre la recherche empirique et l am lioration des pratiques p dagogiques ou didactiques de l ducation l environnement et au d veloppement durable devraient galement se renforcer La recherche en ducation l envir
248. ut changer avec le d veloppement durable c est en effet notre relation au temps et l espace notre mani re de param trer le monde dans lequel nous vivons Dans la vision qui a longtemps domin dans les soci t s occidentales le temps est lin aire dans un mouvement de progr s incontest Cette conception n est pourtant pas partag e par une grande partie des habitants de la plan te notamment en Asie et chez de nombreuses populations africaines sud am ricaines et oc aniennes L un des effets de la mondialisation est de remettre progressivement en cause cette cosmogonie ethnocentrique Le positivisme a fait son temps y compris chez certains conomistes La science appelle plus de relativit son arrogance est devenue modestie le doute s est install La complexit et la multir f rentialit des pratiques et des repr sentations nous ont permis d acc der plusieurs v rit s ou conceptions du monde certaines se veulent h g moniques mais les effets qu elles produisent ne correspondent pas souvent aux attentes esp r es Entre ceux qui pr nent une vision essentiellement conomique du d veloppement durable et ceux qui veulent lui donner une dimension interculturelle et de r duction des in galit s d autres facteurs et acteurs interagissent et favorisent l mergence d autres mod les du d veloppement durable Ce dernier n est donc pas fig dans le temps et dans l espace il se nourrit des pratiques et des repr s
249. ux directions distinctes suivant l accentuation que l on avait donn e l articulation entre l Emile et le Contrat Social Pour la premi re la question ontologique tait entendue au sens radical et l ducation est l entr e dans un monde d abord pr linguistique pour la seconde orient e par Kant l ducation ne concernait que la gen se de l tre social souvent con u sous la figure du citoyen Dans ce champ restreint elle vise le processus par lequel une conscience constitu e acc de aux concepts scientifiques juridiques et politiques Mais pour autant la question du surgissement m me tait d laiss e car la p dagogie a pour objet l tayage et l accompagnement C est donc bien apr s Rousseau que la r flexion philosophique s emparera nouveau de cette th matique ontologique de l ducation Nous proposons ici de montrer que l uvre de Maurice Merleau Ponty par son projet de penser le commencement originaire s engage dans cette recherche ontologique de l ducation Dans une fid lit cons quente avec la d marche rousseauiste elle renonce l apriorisme philosophique et ouvre une ph nom nologie de l tre enfant qu elle aborde par une discussion d terminante avec les 64 Penser l ducation 2005 sciences humaines selon des modalit s qui nous semblent toujours actuelles De ce point de vue la r flexion de Merleau Ponty doit tre consid r e en ce qu elle nous ouvre un point d acc s radical l Etre
250. ve et volutive Cette dynamique nous conduit d une part envisager la probl matisation comme un projet un processus continu et ajustable tout au long du proc s de recherche et d autre part r habiliter le processus de validation en le consid rant certes comme continu mais surtout en assujettissant la livraison des r sultats la pr sentation de ce processus principe de faisabilit projective Ainsi tout nonc scientifique sur les pratiques enseignantes et toute utilisation de cet nonc ce qui renvoie la socialisation de la recherche pourra se faire en toute connaissance des conditions de sa production Enfin le constructivisme d fend le principe d une d marche de recherche susceptible d tre elle m me objet de recherche partir des cadres qu elle mobilise Dans le cas de nos travaux l enseignant tudi et l enseignant rencontr sont dot s d un statut 34 Penser l ducation 2005 quivalent et le choix du constructivisme contribue donc structurer une thique de la recherche sur le mode du partenariat c est dire d une co construction par l enseignant et le chercheur du dispositif mobilis lors des trois phases de la collaboration Cela se traduit par la phase de pr paration de la recherche pens e sur le mode de l apprivoisement en s appuyant sur les principes de transparence de n gociation et de contractualisation celle de la mise en uvre pens e l aide d une posture
251. velle perspective sur l ducation selon laquelle l enfant assure le recommencement du monde Nous y reviendrons d La g n alogie de l universel et l herm neutique de la culture Le monde des outils est explor dans l absence d autrui L enfant ne sait pas spontan ment reconna tre l usage norm d un instrument peut tre ne l apprendra t il jamais et l instrument deviendra obsol te Rien ne peut garantir que nos successeurs fassent usage de ce que nous tentons de leur transmettre ce que nous pouvons justement souvent ressentir comme un danger qui les guette C est pourquoi il existe une doublure de l intercorpor it qui est le langage et dont les pr d cesseurs ne s absentent jamais pour ceux qui leur succ dent Dans l exp rience premi re du dialogue il se constitue entre autrui et moi un terrain commun ma pens e et la sienne ne font qu un seul tissu mes propos et ceux de l interlocuteur s ins rent dans une op ration commune dont aucun de nous n est le cr ateur Certes l enfant est victime de cette exp rience comme le montre l analyse piag tienne de l gocentrisme dont M erleau Ponty note scrupuleusement les sympt mes Mais cette erreur syst matique n est possible que sur le fond du d voilement d une v rit quant l essence du dialogue essence lui m me du langage Le monde culturel n est pas langage glissement al atoire de significations parses et discontinues est de part en part dialogue ex
252. vu combien elle tait impuissante d chiffrer ce qui est su La th se sophistique dont on trouve l expos dans le M non tait prise au s rieux par Platon qui construisait contre elle la th se de la r miniscence et par Aristote qui d truisit ensemble et la th se et la r miniscence Au del de la simple question sur l origine des savoirs il faut entendre d j comme le montre Aubenque celle du commencement Merleau Ponty exclut la r miniscence et sa version cart sienne le probl me tant de savoir comment selon l apparence la conscience apprend quelque chose la solution ne peut pas consister dire qu elle sait tout par avance La difficult devant laquelle se trouve Merleau Ponty est redoutable L apprentissage par le langage se distingue d un apprentissage sensori moteur par ceci qu il n est pas traduisible par d autres gestes que phonatoires qu en d autres termes ce que l on apprend par la parole est 74 Penser l ducation 2005 former d autres paroles l infini Mon intention vis vis d un objet se r alise dans une manipulation qui butera un moment donn sur la limitation de sa structure physique et qui r pondra la question que la pr sence de l objet me posait La parole ne m impose pas de tel coup d arr t au contraire elle m invite tout moment cette transcendance qui s appelle la pens e C est pourquoi affirme Merleau Ponty la pens e n est en rien comparable
253. x nombre forme et nom Autrement dit l intuition ainsi entendue est la base de toutes les dimensions de l ducation commencer par l ducation intellectuelle Ainsi en va t il de la ma trise de la langue et de l apprentissage de la pens e L tude de la langue maternelle comme de toute autre langue est li e la connaissance acquise par l observation directe ou intuition Si l on admet que l intuition est la base de toutes les connaissances il faut absolument admettre aussi que la justesse de l intuition est le v ritable fondement de tout jugement exact En v rit Pestalozzi soucieux d une formation Bildung int grale pense l ducation sensible et l ducation intellectuelle celle du jugement et de la raison en terme d harmonie o les deux dimensions sont en continuit l une par rapport l autre j ai mis en harmonie l intuition sensible et le jugement le m canisme sensible et la d marche purement intellectuelle Si l on vise l exhaustivit il conviendrait de mentionner l ducation morale l ducation esth tique ainsi que l ducation physique comme l id e en est sugg r e par Pinloche L ducation l mentaire consiste donc favoriser le plus possible la marche de la nature dans le d veloppement de nos facult s autant que peuvent le faire l amour clair l intelligence cultiv e et le sens artistique clair de notre race la page suivante il pr cise L ducation l m
254. zzi Paris D elagrave 1 d 1878 SO TARD M 1981 Pestalozzi ou la naissance de l ducateur Berne Peter Lang SO TARD M 1994 Johann Heinrich Pestalozzi in Houssaye J Quinze p dagogues Leur influence aujourd hui Paris Armand Colin SO TARD M 1995 Johann Heinrich Pestalozzi in Houssaye J Quinze p dagogues Textes choisis Paris Armand Colin SO TARD M 2001 Qu est ce que la p dagogie Le p dagogue au risque de la philosophie Paris ESF STADLER P 1998 Pestalozzi le p dagogue dans l histoire in So tard M et Jamet C dir Le p dagogue et la modernit Actes du colloque d Angers 9 11 juillet 1996 l occasion du 250 anniversaire de la naissance de Pestalozzi Berne Peter Lang 126 RECENSION R MJ TOUSSAINT et C XYPAS sidd 2004 La notion de comp tence en ducation et en formation Fonctions et enjeux Paris L Harmattan Au Qu bec au Canada et en Europe francophone la p dagogie par comp tences s est progressivement impos e Cette r forme p dagogique implique d importantes modifications voire innovations dans la formation professionnelle des enseignants et des formateurs La notion de comp tence ne re oit pourtant pas une adh sion totale des milieux ducatifs et scientifiques qui tant t se m fient de son origine le monde conomique tant t s interrogent sur la transf rabilit des comp tences ou sur les effets de l implantation des

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