Solipsisme et sacrifice: fondement et effondrement de l`éthique
Contents
1. dans Gesammelte Werke 1 1990 p 373 trad fr V rit et m thode Paris Seuil 1996 p 390 11 H G GADAMER Le probl me de la compr hension de soi dans Langage et v rit Paris Gallimard 1995 p 143 12 Jacques BOUVERESSE Witigenstein la rime et la raison Paris Minuit 1973 p 123 13 L WITTGENSTENN Investigations philosophiques Paris Gallimard 1961 195 154 SOLIPSISME ET SACRIFICE Autrement dit celle ci est vraie mais seulement l int rieur d un seul jeu de lan gage Mais il y a plusieurs jeux de langage d o la th se que les mots ne tirent pas leur signification de leur r f rence mais de leur usage de leur application dans une forme de vie Augustin n utilise qu un seul exemple Wittgenstein veut dire qu il pourrait y en avoir d autres En fait les probl mes de philosophie proviennent de cette unilat ra lit Wittgenstein parle d une di te unilat rale Une cause principale des maladies philosophiques di te unilat rale on ne nourrit sa pens e que par un seul genre d exemple Alors le travail philosophique comme th rapie sera de fournir d autres exemples d autres usages C est la m thode de Wittgenstein multiplier les exem ples Pas tant pour les r duire car il ne s agit aucunement de les multiplier pour en suite les comparer et en extraire un d nominateur commun ou une essence On multi plie les exemples pour augmenter la polys2. pour leur redonner un sens par le langage de sorte qu ils redeviennent un support pour une autre exp rience non manipul e la cr ativit L thique et la maladie sont intimement li es de sorte qu avec la sant comme mise en uvre de la cr ativit s effondre l thique L thique perd son fondement En donnant la possibilit de la sant aux humains nous liminons les probl mes thi ques Il ne reste plus qu f ter notre plein panouissement dans la joie qui est pure manifestation de soi sans arri re pens e Dans un monde de pl nitude il n y a pas de place pour la dualit la lutte la schizophr nie et la parano a Il y a seulement l v nement de notre tre sacrifi sur l autel des offrandes faites la musique qui nous enveloppe partir de notre propre manifestation Si Nietzsche un si cle auparavant a d clar la mort de Dieu succ dant la mort de l art affirm par Hegel maintenant nous annon ons la mort de l thique pour redonner l thique sa vocation premi re la mise en uvre de la cr ativit ou de l lan vital Pour ce faire il faudra se d sin 32 Nietzsche nous a bien montr que la morale est une construction des faibles pour les faibles 159 JACQUES QUINTIN toxiquer du langage Wittgenstein de la civilisation Freud de la culture Nietzsche Adorno Foucault Deleuze Et le chemin le plus court sera de ne rien faire de mettre un frein l
3. dans cette poursuite XXIII 510 550 Par cons quent si honorer les dieux n entra ne pas n cessairement le succ s l acte d honorer n en est pas moins la condi tion de possibilit Donc d une part les humains doivent honorer les dieux et d autre part ils doi vent poser l action L humain propose et les dieux disposent En fait c est l occasion des actions humaines que les divinit s interviennent Avant de passer l action ils honorent les dieux en leur adressant la parole car il faut aussi savoir que les humains discutent et beaucoup En fait pr s de la moiti de cette uvre si riche en actions est consacr e des dialogues et des discours L loquence grecque est d j l D s le premier chant Chrys s discute avec Agamemnon Agamemnon et Achille n gocient Au chant dix Agamemnon envoie une ambassade chez Achille M me avant de s attaquer les humains se donnent la parole Le roi consulte d ail leurs les autres en des conseils restreints ou des assembl es dans lesquels il s expli que et sollicite les avis il est donc clair que le ma tre entretenait au moins un dialogue avec ceux qui il commandait Auparavant Zeus intervient pour interdire aux dieux de se m ler de la guerre Ainsi les dieux comme les hommes forment une assembl e prennent la parole discutent entre eux Nous avons montr comment dans l Antiquit grecque plus pr cis ment durant la
4. la Gr ce archa que la prosp rit comme toute possession est un don des dieux tre vertueux comme tre dou c est tre port par une divinit C est se tenir en dieu Dans cette posture l humain fait l exp rience de l enthousiasme Pour obte nir du succ s il faut agir selon les diff rentes divinit s Zeus pour le soleil et la pluie D m ter pour une bonne r colte Dionysos pour le raisin et le vin Ainsi pour parvenir un success story il faut agir prier porter son attention la divinit et sacrifier donner de notre temps Le h ros hom rique est celui qui sait gagner la faveur des dieux et se laisser porter par leurs puissances respectives II LE DIALOGUE COMME COUTE CHEZ GADAMER Chez Hom re on ne fait pas la guerre ou on ne s arrache pas les dieux d une fa on m thodique et planifi e Nous sommes loin d une guerre qui serait g r e scienti fiquement Au contraire chaque coup d p e chaque blessure chaque geste est com ment lors d un dialogue avec son adversaire et avec les dieux ce qui rend la guerre humaine malgr les atrocit s commises Ce dialogue cr e un espace commun l int rieur duquel est possible le combat Et il n y a pas de combat hors de cet espace commun qui est le dialogue Les limites du combat deviennent les limites de la voix humaine On pourrait affirmer que le dialogue fait partie du processus de guerre de la m me fa on que le dialogue entre le p
5. mie Il s agit de faire voir autrement D exemple en exemple nous percevons la multiplicit des usages et de ce fait nous liminons les hypostases C est l erreur de la philosophie de faire des hypostases avec seulement un aspect de la r alit avec seulement un exemple C est ce que Heideg ger appellera faire de l onto th ologie c est dire prendre un aspect de la r alit et en faire une r alit supr me qui pourrait rendre compte de la totalit et de ce fait oublier l arri re fond partir duquel il est possible de penser et qu on obnubile en posant des raisons La confusion ou l erreur provient de l apparence uniforme des mots de l identit entre les mots et les choses Dans le contexte d une philosophie qui fonde la signifi cation sur l usage il en va autrement La jonction entre les mots et les choses n est pas si claire 6 Le malentendu Missverst ndnis provient de la croyance une corr lation parfaite entre les mots et les choses entre le langage et le monde le pr jug Vorurteil de la puret cristalline 7 Le travail philosophique devient une recherche grammaticale sur les malentendus concernant l usage des mots Par recherche gram maticale il faut entendre une description de ce qui organise le jeu c est exhiber le syst me de r gles qui forme le jeu Le travail philosophique est une activit de d composition d analyse Wittgenstein emploie le mot Zerlegen signi
6. Article Solipsisme et sacrifice fondement et effondrement de l thique Jacques Quintin Laval th ologique et philosophique vol 60 n 1 2004 p 149 162 Pour citer cet article utiliser l information suivante URI http id erudit org iderudit 009479ar DOI 10 7202 009479ar Note les r gles d criture des r f rences bibliographiques peuvent varier selon les diff rents domaines du savoir Ce document est prot g par la loi sur le droit d auteur L utilisation des services d rudit y compris la reproduction est assujettie sa politique d utilisation que vous pouvez consulter l URI https apropos erudit org fr usagers politique dutilisation rudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif compos de l Universit de Montr al l Universit Laval et l Universit du Qu bec Montr al II a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche rudit offre des services d dition num rique de documents scientifiques depuis 1998 Pour communiquer avec les responsables d rudit info erudit org Document t l charg le 16 novembre 2015 07 52 Laval th ologique et philosophique 60 1 f vrier 2004 149 162 SOLIPSISME ET SACRIFICE FONDEMENT ET EFFONDREMENT DE L THIQUE Jacques Quintin Facult de th ologie d thique et de philosophie Universit de Sherbrooke R SUM En liant le mal et l incompr hension l identit du sujet et l thique nous vo
7. GENSTEIN Si nous sommes port s par le langage comment se fait il alors qu on ne se com prend pas ou encore que le langage nous emp che de comprendre Wittgenstein ap porte une r ponse Nous cr ons de la confusion de l incompr hension lorsque nous mettons dans le langage ce qui n y est pas Une phrase ne me semble trange que lorsqu on imagine pour elle un jeu de langage diff rent de celui dans lequel nous l employons effectivement Bref ne plus s y reconna tre cr e l illusion de probl mes r soudre probl mes qui deviendront par la suite des probl mes de philosophie ou d thique Si les probl mes de philosophie ou d thique sont une maladie paradoxalement c est la philosophie en tant que th rapie qui nous sortira de la confusion de Pincom pr hension La philosophie nous sort de la philosophie Elle nous gu rit de l thique Dans la th orie classique du langage illustr e par Augustin et le Tractatus les mots tirent leur signification de leur r f rence une chose Tandis que dans la th orie du second Wittgenstein les mots tirent leurs significations de leurs usages dans diff rents contextes li s diff rentes formes de vie Jamais du moins dans les nvestiga tions philosophiques Wittgenstein n affirme que la th orie classique du langage est fausse Celle ci repr sente seulement un aspect du langage l aspect le plus simple 10 H G GADAMER Wahrheit und Methode
8. ON Il y a une corr lation troite entre l thique et l anthropologie entre l image de soi et le solipsisme Plus que jamais il faut sacrifier notre pens e dans le feu de l origine Ce n est que de nos cendres que nous rena trons Apr s tout notre v rit est de mourir petit feu pour vivre pleinement N est ce pas la teneur de l id e que l humain est une fin en soi c est dire le commencement d une rencontre la ren contre de soi m me L humain qui est davantage une exp rience vivre qu un pro bl me r soudre l exp rience de l impr visibilit de l agir du sentir et du dire qui fait de nous des tres ouverts au risque d tre autrement partir de l attention que nous portons son expression et l expression d autrui Au risque d tre surpris par sa propre expression et de celle de l autre Au risque de l oubli de soi au profit du jeu de l expression Bref Hom re Wittgenstein Heidegger et Gadamer pour ne nommer que ceux l nous donnent une le on de pens e porter son attention sur la pens e pour cesser de penser saisissant ainsi que la pens e est offerte qui sait l accueillir Cela demande beaucoup plus qu une m thode Cela engage une mani re de vivre une mani re d habiter le monde Le Je n est pas le r cit le sentir ni l agir Le Je ne fait qu accompagner et t moigner des dieux et du langage qui jouent en nous sans 33 Nous pourrions ajo
9. Si on dit chaque chose sa place on peut aussi affirmer que chaque jeu poss de sa place sa propre l gitimit liminer les probl mes de philosophie c est instaurer la paix l harmonie entre les diff rents jeux de langage Cette prolif ration des jeux fait que chaque jeu se justifie lui m me sans gard pour une ext riorit quelconque En montrant les r gles de cha que jeu Wittgenstein propose de laisser chaque jeu tel qu il est de sorte que chaque jeu demeure sur ses positions Pour comprendre un jeu il faut pour reprendre une terminologie heidegg rienne mettre en uvre un laisser tre Gelassenheit IV L THIQUE L homme moderne sera celui qui saura comprendre les diff rents jeux de langage pour les utiliser selon les circonstances Pour chaque situation existe un jeu de lan gage sinon il faut en cr er un autre de la m me fa on que les dieux grecs engendrent d autres dieux d s qu un besoin se fait sentir Pour comprendre et pouvoir utiliser un jeu de langage il faut consacrer du temps de la m me fa on que pour comprendre une situation il faut y porter son attention Si nous donnons du temps aux divinit s c est pour les influencer en notre faveur Notre attention eux se transforme en une attention envers nous Donner du temps aux divinit s comme autrui fait de nous des amis qui dialoguent Ainsi l amiti devient un change d attention dans lequel on se pr te du temps Malh
10. a stimulation permanente associ e la soif de performance de prendre tout son temps et de se rendre disponible l ennui jusqu ce que le vent s l ve en nous Ce n est qu ce moment que nous serons port s par l agir le sentir et le dire po tiques On cherche faire avec l thique ce que l on fait avec la mati re d couvrir des lois pour les reproduire volont Nous serions ce point ali n s de notre tre que nous ne saurions plus agir spontan ment Il nous faudrait un mode d emploi pour savoir comment vivre comment dialoguer comment communiquer comment couter les autres comme si cela n tait pas naturel Autant chez Hom re nous n avons pas apprendre la pr sence des dieux autant chez Wittgenstein et Gadamer nous n avons pas acqu rir le langage ou le dialogue car les dieux comme le langage sont une partie de nous m mes Nous sommes le langage Nous sommes fonci rement des thiques dans la mesure o nous portons en nous l lan de la cr ation et l lan la cr ation Chez Hom re les dieux ne se donnent jamais en dehors d un contexte singulier Chez Wittgenstein et Gadamer le langage est toujours contextualis Nous sommes bien loin de ceux qui voudraient reproduire le ph nom ne de l thique en dehors de son contexte naturel Si de nos jours l thique prend autant de place c est que nous assistons un appauvrissement de l exp rience de soi CONCLUSI
11. ait plut t dire qu il s advientf et cela tra vers la compr hension de l Autre Certes un chemin tr s long mais le plus court pour devenir soi m me 36 H G GADAMER Le probl me de la compr hension de soi p 142 162
12. are le chant XIII 721 764 Mais pour recevoir d un dieu il faut lui sacrifier quelque chose il faut lui ob ir I 200 230 car de soi m me nul ne saurait obtenir ces qualit s ces glorieux pr sents des dieux I 32 73 La panoplie des sacrifices couvre un ventail de pratiques qui incluent le ser ment le sang des agneaux les libations de vin pur les mains serr es IV 123 166 le chant la danse I 450 492 les parfums des pri res agr ables IX 472 515 Ce pendant il est bien entendu que jamais les dieux ne donnent tout la fois aux hom mes IV 296 339 de m me qu ils ne sanctionnent pas aussit t les serments IV 123 166 et de plus ils peuvent les tromper IL 1 30 par exemple avec un songe pernicieux Et il ne faudrait pas croire non plus que Zeus accomplit toutes les pens es des hommes XVIII 324 360 Ce qu il faut savoir c est qu au d part tous les hommes l ches ou braves poss dent une destin e attribu e par Zeus VI 333 375 et laquelle aucun homme n chappe VI 468 512 Cependant les hommes en sacrifiant aux dieux peuvent adoucir leur sort comme on peut adoucir le sort des morts par le feu VII 375 418 Quoique les dieux soient de loin sup rieurs aux humains les humains peuvent fl chir leurs sentiments en les priant IX 472 515 Ces sentiments ne sont pas accord s pour la vie Au contraire ils doivent tre m rit s par les pri res les sacrifices Les
13. atient et le m decin appartient au processus du traitements Dans un dialogue comme l entend Gadamer il ne s agit pas seulement d enten dre parler les uns des autres mais d tre l coute les uns des autres Il s agit d tre l coute de ce qui demeure incompr hensible unverst ndlich et de ce qui vient nous d ranger nous troubler Cet v nement dialogique met en uvre la v rit La v rit est le r sultat d un acte de comprendre et d interpr ter en commun Gada mer parle d une fusion d horizons Le dialogue n a rien d un change d infor mation Au contraire il est la condition qui permet qu on nous parle qu on nous questionne Il permet le jeu de la question et de la r ponse Le dialogue permet qu on soit saisi poss d par le langage Dans V rit et m thode Gadamer dira tre en 5 Il faudrait ajouter que ce temps est un temps attentif 6 H G GADAMER Behandlung und Gespr ch dans ber die Verborgenheit der Gesundheit Frankfurt am Main Suhrkamp 1993 p 160 162 7 C DUTT Herm neutique Esth tique Philosophie pratique Dialogue avec Hans Georg Gadamer Saint Laurent Fides 1998 p 22 8 H G GADAMER Hermeneutik und Psychiatrie dans ber die Verborgenheit der Gesundheit p 205 9 H G GADAMER ber den Beitrag der Dichtkunst bei der Suche nach Wahrheit dans Gesammelte Werke 8 T bingen J C B Mohr Pa
14. causalit de r el de nature chez Aristote ne sont pas les m mes que chez Einstein De l l impossibilit de comparer deux paradigmes et l illusion 157 JACQUES QUINTIN d un progr s qui pourrait avoir lieu entre les deux Il en va de m me pour chaque jeu de langage Les r gles d un jeu trouvent leur validit seulement l int rieur de ce jeu Bref il faut proc der cas par cas sinon on cr e un probl me insoluble l int rieur de chaque jeu il n y a pas de probl me Tout va de soi ou presque Le probl me na t de la confrontation de deux jeux dans la mesure o un jeu veut s imposer un autre dans la mesure o un jeu lit le jeu de l autre partir de son propre jeu Alors s installe l incompr hension de part et d autre ce qui ne peut qu entra ner un profond malaise la violence et le mal Le travail philosophique sera justement de permettre le passage d un jeu l autre c est dire d accepter la discontinuit Car chaque jeu poss de ses limites chaque jeu est marqu par la finitude Le philosophe transgresse ces limites en montrant les limites de chaque jeu Il montre le potentiel infini de cr a tion dans la mesure o rien ne nous limite un usage particulier Ce qui assure le passage d un jeu un autre c est notre pouvoir de compr hension fond sur notre capacit d analyse C est notre pouvoir d imagination Il y a une coexistence parfaite entre des jeux
15. e propos nous nous servirons d Hom re de Gadamer et de Wittgenstein Le rapprochement entre ces trois figures exemplaires de la pens e occi dentale peut para tre superficiel mais ce que nous visons dans cette tentative est une organisation symbolique ou une identit structurelle C est comme si ces penseurs utilisaient une m me grammaire I LE SENS DU SACRIFICE CHEZ HOM RE OU L COUTE DES DIEUX D j Hom re avait soulign l importance du sacrifice pour attirer la faveur des dieux ou l arbitraire des puissances de la nature Dans l Jliade la figure d Aga memnon repr sente le solipsisme dans la mesure o Agamemnon tient davantage son propre plaisir qu l int r t de tous car il a c d son c ur orgueilleux et des sentiments malheureux IX 77 122 De sorte que le solipsisme na t du mal de la d sunion Ainsi du mal ne peut na tre que le mal XVI 110 113 L incompr hension ne peut entra ner qu une autre incompr hension cet gard le solipsisme tel que nous sommes habitu s de le penser partir de Descartes n a rien voir avec la pure pr sence soi sinon que la pure pr sence soi chez Descartes s tablit partir d une coupure radicale du corps du monde et d autrui 150 SOLIPSISME ET SACRIFICE Bri vement le r cit de l liade se d roule comme suit Chrys s tait venu aux vaisseaux des Ach ens pour d livrer sa fille Chrys is captive d Agamemnon Ce
16. eur usage quotidien De sorte que le travail philosophique n interf re pas avec l usage quotidien du langage Il laisse les choses telles qu elles sont Il ne fait que d crire car il n y a rien de cach On n a pas corriger les propositions comme voulait le faire le Wittgenstein du Tractatus on veut simplement les comprendre Il ne s agit pas de savoir ce que racontent ou d peignent les proposi tions mais ce qu elles font quoi elles servent 20 Ibid 111 21 Ibid 599 22 Ibid 128 23 Ibid 124 24 Ibid 126 25 Ibid 194 26 Ibid 255 27 Ibid 123 28 Ibid 309 29 Ibid 116 30 Ibid 124 156 SOLIPSISME ET SACRIFICE Dans ce travail de philosophie il y a une asc se ou une th rapie une discipline qu on s impose contre l illusion de toute fixation du jeu de langage cette fixation qui se transforme en obsession qui fait qu un aspect de la r alit devient un absolu Au trement dit la pr tention expliquer d couvrir fonder est productrice d illusions Il s agit de r futer toute forme d hypostase de certitude d abstraction d univocit de d finition Wittgenstein veut mettre en valeur le monde infini des connexions possibles Une bonne th rapie c est faire l conomie d une loi constituante c est par cons quent changer notre style de penser de sorte qu un travail philosophique de vient un mode de vie qui nous
17. eureusement aujourd hui on ne s accorde plus de temps Tout va si vite qu on en devient distrait inattentif On ne prend plus le temps d couter M me en m decine on n a plus besoin d ausculter d tre attentif son malade Les appareils m dicaux le font pour nous Le m decin devient distrait c est dire d tach de son malade de sorte que celui ci devient abstrait quelque chose qu on a soustrait par la pens e un ensemble un r seau de signification un monde En agissant ainsi 31 Ibid 133 158 SOLIPSISME ET SACRIFICE comme l a bien vu Foucault on enferme la personne on cr e l isolement l asile ou l h pital pour en extraire le mal le malade et pour en faire un objet d tude Tant le malade que le m decin en devenant inattentif l un l autre l int rieur d un temps compress deviennent des tres d munis de langage par cons quent des tres la d rive vou s l incompr hension au lieu d tre port s par un jeu de langage ouvert sur leur finitude Ainsi si la m decine soul ve des probl mes thiques ou philosophi ques c est que plus personne ne s y reconna t L thique tire son origine d une relation pathologique avec le monde les autres et soi m me Au fondement de l thique il y a une maladie Au corps pathologique se greffe un corps pens comme un objet l agir pathologique se montre la violence face aux choses et aux h
18. fiant la dissolution le d membrement Avec le travail de l analyse nous comprenons que nommer c est poser une tiquette une chose Par l Wittgenstein montre clairement l ext riorit des mots face aux choses leur caract re non symbiotique Les choses comme les mots conservent leur alt rit leur tranget Cette d composition n est pas la qu te d une essence qui expliquerait tout L id e de la qu te d un mot magique d une pierre philosophale ou d un fondement sur le quel on pourrait s appuyer et s assoupir revient plusieurs reprises chez Witt 14 Ibid 593 15 Ibid 598 16 Ibid 11 17 Ibid 108 18 Jbid 90 19 Jbid 15 155 JACQUES QUINTIN genstein et de fa on n gative Wittgenstein s oppose toute forme de qu te d une profondeur d une conclusion d une th se d une fondation de quelque chose qui serait cach D ailleurs c est ce caract re de profondeur qui donne illusion qui cr e des probl mes de fausse interpr tation Faire de la philosophie d une fa on pathologique c est poser une interpr tation sur ce que l on ne comprend pas Ainsi un probl me philosophique est un probl me issu d une fausse interpr tation Il n y a pas de probl me il n y a que nous qui ne comprenons pas D s lors la philosophie traitera une question comme une maladie tant donn qu un probl me philosophique est un pr
19. humains doivent s duire les dieux se faire aimer d eux tout comme Chrys s l avait fait En raison du caract re changeant des sentiments il a t possible pour Hector d attirer l attention de Zeus par des sacrifices plus plaisants X 33 75 Apr s tout Hector tait le plus cher aux dieux des humains car il ne n gligeait pas les offrandes agr ables XXIV 45 75 151 JACQUES QUINTIN Ainsi dans toute entreprise pour obtenir du succ s il faut l aide des divinit s car elles seules accordent le triomphe ne serait ce que pour le sommeil VII 482 Sans le support des dieux les projets humains sont coup s la racine XVI 114 125 car toujours l esprit de Zeus est plus fort que celui d un homme XVI 657 700 XX 240 247 Le passage suivant est tr s explicite ce sont les Troyens que Zeus le p re secourt en personne Tous leurs traits portent quel que soit le lanceur bon ou mauvais Zeus toujours les dirige droit Les n tres pour la m me cause tombent tous vainement terre XVII 625 650 Autant pour la victoire que pour l chec pour le bon sens que l garement ce sont les divinit s qui portent la respon sabilit XIX 71 111 XIX 400 Les humains ne sont pas coupables Ils sont seu lement responsables d honorer ou pas les divinit s les nobles gens et les h ros Mais il e t d adresser aux immortels des pri res ainsi il ne serait pas arriv le dernier
20. i qui nous pr occupe mais le mal dans son v cu ce qu il fait de nous et des autres En ce sens le mal n est pas une substance mais un type de relation La question est la suivante comment le mal s ins re t 1l dans notre vie Com ment se fait il qu il y a de l incompr hension dans notre vie entre les humains et cela jusqu au point o nous ne comprenons plus qui nous sommes Ainsi la ques tion du mal au sens d incompr hension se greffe celle de l identit du sujet Il y a une parent tr s troite entre l anthropologie philosophique et l thique un pro bl me de compr hension de soi se greffe un probl me d thique la question du mal il faut entendre la question de l incompr hension la ques tion de la souffrance et de la non reconnaissance Comme plusieurs philosophes l ont dit auparavant les personnes ne choisissent pas le mal l incompr hension et la souf 149 JACQUES QUINTIN france en soi Francis Hutcheson et Joseph Butler expliquent que les gens poursuivent leur propre int r t ou ce quoi ils s identifient ce en quoi ils croient et cela au d triment des int r ts d autrui provoquant ainsi la souffrance c est dire un profond malaise Cette qu te de l int r t personnel nous la nommons le mal du solipsisme Et ce mal n a rien de radical pour parler comme Hannah Arendt L incompr hension est quelque chose de tout fait banal c est quelque ch
21. la en fait certes une voix transform e mais qui son tour nous transforme Devant l embarras du choix qui s impose nous dans notre soci t pluraliste et de consommation il est de plus en plus imp rieux d entendre cette voix unique En tendre cette voix suffit pour nous d sencombrer de notre volont et pour reconna tre quelque chose de plus grand que soi C est ce sens de la transcendance qui fait de l exp rience humaine une exp rience d int gration dans laquelle se fusionnent les oppos s comme diff rents horizons Nous ne nous appartenons pas Nous faisons partie int grante d un Autre que soi Nous avons dit que la contemplation de l Autre ne nous laisse pas indiff rents Ainsi avec la reconnaissance de l Autre s effectue la r alisation de soi ce soi toujours en recherche de soi toujours diff r e en raison de notre souci d entendre cet appel En ce sens l thique devient une occasion de se rappeler que quelque chose nous appelle Bref la meilleure fa on d tre en relation avec cet Autre c est de pouvoir en t moigner c est de pouvoir l accompagner dans son plein panouissement c est de le laisser advenir et tre Cet accord des voix rel ve de l ordre du symbole o uBolov en tant que signe de reconnaissance pour un rapprochement contraire au d sordre qui inspire l envie 61 amp BoAoc Comme le remarque Gadamer Le soi que nous sommes ne se poss de pas lui m me On pourr
22. lui ci refusa de lui rendre sa libert malgr l norme ran on que Chrys s lui offrait Alors Chrys s pria le roi Apollon d utiliser ses traits pour faire payer aux Danaens leur of fense Et c est ce qu il fit Pendant neuf jours s abattirent les fl ches du dieu Le dixi me jour Achille intervint et battit mort Hector le chef des Troyens En consid rant seulement son int r t personnel Agamemnon ne respecte pas les r gles du jeu de la guerre et par cons quent fait outrage Chrys s appr ci des dieux c est dire honor des immortels eux m mes IX 77 122 justement parce que celui ci a sacrifi pour le dieu maintes cuisses grasses de taureaux et de ch vres I 30 72 Par cons quent son v u fut exauc Ainsi il est bon de donner des offrandes et r guli res aux immortels XXIV 420 450 Il en ira ainsi pour tous les hommes S ils veulent obtenir du succ s ils devront gagner les dieux en les apaisant I 72 112 par des chants et des danses I 450 472 en faisant des c r monies sacr es I 130 153 car toutes les qualit s exceptionnelles que les humains poss dent et qui leur donnent du succ s ils les re oivent d un dieu Si tu es fort un dieu sans doute te l a donn 1 160 190 Ajax puisqu un dieu t a donn la taille la force et la sagesse VII 287 295 Bref les dieux distribuent les qualit s pour l action guerri re la danse la cith
23. mme un quilibriste Il poss de l art de se maintenir en quilibre partir de presque rien Le philosophe se maintient tou jours proximit du vide de la chute pour ne pas dire du n ant mais sans jamais tomber Il est celui qui marche sur des pas de sorte qu on peut affirmer que dans cet exercice on reconna t que pour avancer d une part il faut quitter un pas sur lequel on s appuyait et d autre part d poser le pied sur un autre pas d o le fait que la cr ation s appuie toujours sur quelque chose Cependant il faut ajouter qu il faut du vide de l espace un espace de jeu entre les pas pour que puisse s effectuer le transfert de poids ce qui permet d affirmer qu il y a creatio ex nihilo Il y a un probl me de philosophie lorsqu on tente de comparer deux exemples diff rents ou deux cas diff rents C est m conna tre que chaque cas poss de ses pro pres r gles son propre jeu de langage Par cons quent on ne peut pas passer d un jeu un autre jeu sans cr er un conflit un probl me Il y a une incommensurabilit entre les jeux de langage ce qui les rend intraduisibles Pour passer d un jeu un autre jeu il faut un saut Il n y a pas de continuit Chaque jeu est valide seulement l int rieur de son propre paradigme et comme l a soulign Thomas Kuhn d une part chaque paradigme est incomparable et d autre part il n y a pas de progr s entre les paradig mes Les notions de
24. obl me dans lequel on ne se re conna t pas le but de la philosophie sera de montrer le chemin qui nous conduit hors d une impasse Wittgenstein utilise l image d une bouteille servant pi ger les mouches Un probl me philosophique est un probl me issu de la confusion d un jeu de langage avec un autre jeu de langage ou de la consid ration qu il y a un seul jeu de langage l gitime ou de la pr somption qu un jeu de langage puisse tre analogue un autre Au contraire il n y a pas de r gles qui nous permettraient de d terminer l usage d un mot dans tous les contextes possibles Chaque usage est singulier On pourrait dire dans un langage kantien dans le contexte du jugement r fl chissant que c est le cas particulier qui appelle sa r gle La pr sence d un probl me philosophique est symptomatique d une incompr hension de la logique du langage Cette logique du jeu de langage ne revient pas jouer avec un r f rentiel mais faire l conomie d un tel r f rentiel et en exhiber plut t les r gles d usage C est une description qui permet de faire voir comment cela fonctionne de sorte qu il n y a pas d ajout de nouvelles informations mais un r assemblage de ce que l on conna t d j Le travail philosophique est un doute jet sur la monos mie Un mot est il tou jours utilis d une seule mani re L effet de ce travail est de ramener les mots de leur usage m taphysique l
25. ose qui va de soi et qui demeure irr fl chi Le mal du solipsisme ou le malaise de l incompr hension est le mal ou le diable 1 amp Boloc c est dire ce qui d sunit ce qui brise la r ciprocit Le solipsisme est l exp rience limit e soi m me l exp rience coup e du temps et du monde Cette exp rience en est une de malheur de malchance et d incompr hension La compr hension laisse entendre que nous sommes pris par le monde par le sens par ce qui nous porte tandis que l incompr hension marque le contraire dans la mesure o nous ne sommes pas pris o nous ne sommes pas poss d s par le monde Bref pour com prendre il faut tre poss d tre pris par l Autre Ici avec la notion de l Autre il faut entendre Autrui mais aussi toute forme d alt rit qui vient nous d centrer L Autre est un appel qui interpelle notre existence notre transcendance notre tre toujours appel vers un ailleurs Entendre ce qui nous interpelle c est accepter de se mettre sous influence Nous devenons anim s par une passion Quelque chose nous ensorcelle Mais pour entendre cet appel il faut faire le sacrifice de soi Ainsi la question n est pas tant de savoir comment le mal est possible en regard d un Dieu omnipr sent omniconscient aimant et parfaitement bon mais comment on peut diminuer les risques de la souffrance due l incompr hension pour plus de bonheur et de succ s Pour illustrer notr
26. p riode archa que l humain est la merci des influences ext rieures L humain est un tre qui s aligne sur les puissances de la nature sur les divinit s Plus il s aligne sur ces puissances plus il re oit d eux de sorte que tout b n fice est proportionnel la qualit du temps consacr aux puissances divines Devenir vertueux c est la fois consacrer du temps aux divinit s et la fois tre support par les divinit s en raison de notre sacrifice Pour avoir du succ s dans une activit donn e il faut choisir telle divinit ou se donner telle divinit Bref la vertu croit avec l attention que l on porte aux dieux tandis qu avec l inattention et la distraction nous arrive le malheur 1 l agir des humains il faudrait aussi ajouter le sentir des humains On n a qu penser la col re d Achille Collette ESTIN Une chanson de gestes Notre histoire 165 avril 1999 p 15 Jacqueline de ROMILLY Hom re Paris PUF coll Que sais je 1985 p 56 Ibid p 95 AUN 152 SOLIPSISME ET SACRIFICE Nous retrouvons une similitude de pens e avec Heidegger lorsque celui ci d signe le Dasein inauthentique partir de la notion de das Man montrant que ce Dasein est port par la distraction par la publicit par l opinion de sorte qu il vit au gr du hasard et du vent et non selon le destin le rapport soi diff r en raison de la tempo ralit Dans
27. r introduire un ca dre mental th ologique mais une alt rit intrins que au monde qui dans son jeu de r ciprocit d amour et de haine de piti et de crainte se corrige et se d place Il y a toujours une transcendance mais une transcendance horizontale et non verticale de sorte que le centre n est pas en haut mais dans un milieu mobile favorisant une cr a tivit immanente Avec la r flexivit une nouvelle compr hension de soi merge une compr hension qui nous transforme sans nous assujettir une norme ou une loi Au contraire cette nouvelle compr hension de soi nous pr serve pour parler avec Spinoza dans notre tre sans toutefois r ifier notre tre Donc l thique n est pas un tribunal qui juge la vie mais un exercice de vie un art de vivre ce qui en fait une esth tique une r ceptivit de l existence Alors comme le dit Deleuze C est peut tre l le secret faire exister non pas juger Que l existence d sire se retirer dans l oubli nous devons acquiescer C est la respecter et la soutenir dans son mouvement Ceci n est pas un meurtre mais la r ception de la mort dans son appara tre qui tr s souvent prend la forme de la maladie Face l existence qui se retire nous devons nous aussi nous effacer Il en va de notre sant L thique devient une mani re que l tre humain se donne pour s habiter et se conna tre Elle est la reconnaissance d un manque inh
28. rent l tre humain qui prend la forme d une exploration d un appel Ce manque dans lequel s entend l appel de vient une source d inspiration qui brise la cl ture du sujet Dans le langage quelque chose nous appelle Encore faut il pouvoir l entendre Cela n est possible qu partir d un sacrifice d une d centration du Moi purement subjectif Hegel Que cela soit chez Hom re Gadamer ou Wittgenstein le fondement exerce un effet de d centre 34 H RACLITE DK 22 B 2 trad Jean Paul Dumont dans Les pr socratiques Paris Gallimard coll Biblio th que de la Pl iade 1988 p 146 35 Gilles DELEUZE Critique et clinique Paris Minuit 1992 p 169 161 JACQUES QUINTIN ment D centr notre rapport envers l Autre n en est plus un de ma trise mais d accompagnement de partage L tre humain puisqu il est celui qui entend est la mesure de toute chose D s lors cette voix de l Autre n est pas l Autre comme un tout Autre ali n de nous Cette voix est int gr e la r alit humaine Entendre cette voix c est se conna tre soi m me un peu plus Plus qu une voix divine ou langagi re c est une voix anthro pologique une voix humanis e Cette voix n est pas pure Elle est d termin e et m diatis e par l interpr tation humaine Cette voix ne nous est pas si trang re car elle n existe pas ind pendamment de notre r ception de notre interpr tation Ce
29. transforme Le travail philosophique est une activit transformante Nous sommes bien loin de Descartes pour qui la qu te de la v rit est sans relation avec l humain Pour Wittgenstein il s agit d effectuer un travail de cri tique en refusant l illusion d injecter une seule v rit Il s agit plut t de se mettre en situation de t moin o on ne fait que d crire En tant que t moin le philosophe cesse de vouloir tout contr ler En acceptant le flux de la vie le philosophe abandonne et accepte le caract re impr visible de l existence L asc se que Wittgenstein nous pro pose est en fin de compte de n entendre et de n affirmer rien de plus que ce que le langage dit Ainsi le philosophe ne lutte plus contre le monde il ne cr e plus de dua lit car il fait un avec le monde avec le jeu de langage Il est lui m me en tant que sujet un effet de jeu de langage On n a pas lutter en s arrachant du quotidien pour le transcender pour penser juger et choisir Toutes ces activit s se font spontan ment l int rieur des diff rents jeux de langage Nous n avons qu regarder en tant que spectateur de sorte que le philosophe n est pas celui qui pense mais celui qui ob serve Le philosophe qui cherche la perfection accepte qu il soit toujours dans l incer titude dans le d s quilibre Mais ce d s quilibre n a rien de n gatif car m me en d s quilibre le philosophe ne tombe pas Il est co
30. ul Siebeck 1993 p 71 153 JACQUES QUINTIN dialogue signifie se mettre sous la conduite du sujet que visent les interlocuteurs cet gard comprendre consiste saisir ce qui nous saisit le langage avec tout ce qu il v hicule de tradition et de pr jug s Cependant tre saisi par le jeu dialectique du dialogue n a rien de totalitaire ou de passif car nous sommes participants partir de notre contribution cr er du sens Le dialogue comme le jeu l exemple de l art et de l histoire impose ses r gles sans pourtant emp cher les participants innover Dans le jeu du dialogue nous trouvons des paroles qui attrapent pour ainsi dire notre propre penser Depuis Hom re et jusqu Gadamer nous sommes confront s la question phi losophique par excellence celle qui cherche l essence de la pens e Autrement dit qui pense Sans conteste un sujet mais un sujet travers chez Hom re par des dieux qui parlent aux humains chez Gadamer par le dialogue qui est la situation primitive du langage Bref ce qui pense en nous c est le langage Comme le remarque Bouve resse propos de Wittgenstein nous pourrions remplacer le Je pense par un Cela pense Cela nous m ne la pens e qu a d velopp e le second Wittgenstein o celui ci d montre que le langage tire sa signification de l usage ou encore du contexte dans lequel il s ins re II L INCOMPR HENSION CHEZ WITT
31. ulons mon trer les limites de l autonomie pure L humain baigne dans des influences ext rieures de sorte qu il est toujours pris dans un dialogue soit transcendant soit immanent ou encore ext rieur L humain est l tre qui est t moin de ces forces Il est un tre attentif un tre ouvert l alt rit un tre l coute de ce qui le porte la cr ativit ABSTRACT By linking evil and misunderstanding the identity of the subject and ethics we intend to bring out the limits of pure autonomy Human beings are affected by external influences on all sides so much so that they are invariably involved in dialogues which are either transcen dent internal or external Humans are aware of those forces They are awake open to other ness all attentive to what carries them through creativity L a question de l origine du mal est une question inh rente l tre humain qu on peut faire remonter tr s loin dans l histoire de la pens e tant philosophique que religieuse ou mythologique et cela dans toutes les cultures Pourquoi le mal plut t que le bien Il ne s agira pas pour nous de r pondre au pourquoi du mal mais plut t au comment du mal dans la mesure o nous ne sommes pas conduits par le principe de raison qui consiste trouver un fondement ultime au mal mais par un principe ph nom nologique qui favorise davantage l tude d un ph nom ne tel qu il nous appara t Ce n est pas le mal en so
32. umains Au sentir pathologique il y a un d sir impossible un d sir irr solu Et au dire pathologique nous nous retrouvons avec un dire qui n a rien dire un dire qui se r p te ferm sur lui m me sans alt rit sans ouverture sur le dialogue L thique est venue au monde car nous sommes profond ment malades Parce qu on a peur de mourir de sacrifier son go t on s dimente son identit on lui enl ve sa dynamique son mouvement vers l inconnu vers sa destin e devenir soi m me c est dire porteur d avenir un porte parole quelqu un qui pr te sa voix ce qui nous transporte comme Jon dans le dialogue de Platon Ainsi il s agit de se laisser porter par cette exp rience entendue comme une m taphore comme une ex tase Comme l indique Heidegger l humain est port par le langage ce qui fait de lui le berger de l tre car le langage est la demeure de l tre Mais encore faut il que celui ci n entreprenne pas une relation technologique avec le monde pour imposer ses propres repr sentations Il faut redonner une voix la n cessit comme l ont pens H raclite Spinoza et Hegel en refusant la cage de fer de Weber en affaiblissant la pens e technoscientifique pour activer une pens e rem moratrice po tique o il ne s agit plus de reconstituer une r alit toute faite mais d ouvrir les tres et les choses au dialogue de la r ciprocit en donnant voix leur alt rit
33. uter Ma tre Eckhart 160 SOLIPSISME ET SACRIFICE nous jouer comme des pantins car c est nous qui disons oui au jeu du ravissement au jeu du r cit du sentir de l agir et du corps tre pris par cum prendere est l essence m me du comprendre Et Gadamer l avait bien vu C est tout le contraire du malentendu et de l incompr hension Com prendre c est se laisser envahir par l tonnement qui nous appelle penser une pen s e philosophique qui cherche le vrai sa propre origine D s lors la libert de choix n a rien voir avec l imposition de sa volont La libert c est se rendre disponible pour tre choisi C est cultiver l oubli de soi pour qu advienne en soi une humanit plus grande de telle sorte que nous puissions reconna tre que notre soi est un v ne ment de l coute pratiqu e dans le silence Silence que l on retrouve entre deux dis cours c est dire m me le dialogue Par cons quent l thique en tant que mani re d habiter le monde n a rien d un instrument qui viendrait consolider nos prises de positions ou nos droits Au contraire l thique souligne une perte de soi L thique n est pas une activit de la conscience mais une mise en uvre de l advenir de la v rit plus vraie que le r el Malheureusement comme l a dit H raclite il y a encore des hommes qui vivent comme avec une pens e en propre Notre propos n est pas de
Download Pdf Manuals
Related Search