La Nuit du 4 août
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1. faire par crainte ce que lon devrait faire par le seul principe de charit La pr occupation fiscale est explicite la concordance et la pr cision des t moignages suffiraient nous mon trer que ces maux ne sont pas imaginaires Et c est une grande partie du royaume qui a t touch e dans les derni res ann es ou les derniers mois Ainsi en Flan dre la r gion de Wervicq sur la Lys pays du lin et du colza Ce qu il y a de plus indispensable c est de venir au secours des cultivateurs que plusieurs mauvaises r col tes surtout en lin le d rangement des saisons la gr le et autres accidens notamment la gel e du dernier hyver ont r duit un tat critique Cet hyver rigoureux dont nous sortons 4 peine a fait p rir si g n ralement tous les colsats ressource pr tieuse des cultivateurs de la Flandre Wallonne et Mari time qu il ne s en r coltera point ass s pour en perp tuer Pesp ce s il ne se trouvoit des graines de r serve La disgr ce n est pas moins sensible dans ce pays de culture intensive et sp culative D abord il faudra remplacer ces colsats gel s par des grains de mars orges avoines etc qui m riront beaucoup plus tard d s lors retardement dans la jouis sance Ce second ensemencement exigera tant en labours qu en semence une nouvelle mise c est dire double frais de culture pour n esp rer au mieux aller qu une r colte moins pr tieuse Ces no2. tre pris pour ce qu il est une reconstitution d outre Thermidor destin e en l an IV compl ter la s rie du journal tra vail d histoire d j plus de six ans apr s l v nement que d autres suivront incorporant peu peu la p te la masse des t moignages des correspondances et des m moires des d put s pr sents jusqu la remarquable 11 La violence et l unanimit tude que Patrick Kessel a finalement consacr e a la nuit memorable Aux origines du jacobinisme Autour du proc s verbal de l v nement ce court volume propose surtout il est vrai un choix de docu ments propres clairer certains des probl mes qu il pose comment les partisans les plus d termin s du statu quo social peuvent ils passer en quelques heures de la r sistance au mouvement et parfois afficher peu apr s la s r nit du marquis de Ferri res Comment apr s une telle victoire les paysans fran ais ont ils d se battre encore si souvent contre l injustice et l oppression S agissant d une commotion qui pratiquement donne naissance au jacobinisme dont on a pu dire qu il cons tituait dans la France contemporaine I id ologie non religieuse dominante ces pages s efforcent d ana lyser non pas un av nement ou une r v lation mais un processus de court terme du printemps l automne 1789 Car il faut dire le surgissement de principes qui devaient tre nonc s quelques jours apr s la face du
3. m mo rable historique Pour qu ils aient cette forte impression de destin suffit il qu ils soient surpris et beaucoup peut tre ont pr vu ce qui arrive ou Pont 13 La violence et l unanimit pr par ne faut il pas qu ils prouvent l irr versible Pour les politiques qu ils sont tous plus ou moins cela veut dire qu on vient de r aliser un compromis durable Compromis tardif qui n intervient qu la lueur des ch teaux incendi s et vise imposer un nouvel quilibre aux campagnes soulev es par la lutte des classes Le grand jeu de la nuit du 4 ao t fut plus impos que m dit et les complots et les man uvres de l avant veille paraissent d risoires c t du nouveau droit social improvis au c ur de l t Pourtant on va le voir l assaut men par les plus mis rables se d veloppait apr s plusieurs mois d une crise profonde le grand royaume agricole se trouvait en mal mortel de valeurs mobiliser pour restaurer sa circulation et son cr dit Mais l approche des moissons les Ferri res et beaucoup d autres qui n avaient pas toujours des ch teaux n ont ils pas entrevu dans les transformations rendues in vitables les voies d une nouvelle exploitation tranquille Les moissons rentr es ne pouvait on conser ver la semence des privil ges 1 Les communautes ont fait des demandes La seance du soir du 4 ao t ne s ouvre vraiment que lorsque le vicomte de Noa
4. monde dans la D claration des droits de l homme et du citoyen et leurs chos lib rateurs Il faut dire aussi la fraternit qui ne peut tre qu en partie jou e de Peffu sion de ces heures l objet facile d une histoire iro nique tous les acteurs ont port t moignage et elles inspirent encore Bailly au seuil de la mort les accents de l l gie Beaux moments qu tes vous devenus Mais jusqu quel point le saut accompli par les ac teurs du 4 ao t fut il p rilleux La question suppose que sorti de l assembl e et des archives parlementaires on voque au moins les positions que l volution des derni res d cennies ou l histoire plus r cente offraient Pavance des uns et au repli des autres Ne trouve t on pas l effet des calculs les plus divers et les plus contradictoires dans la s rie m me des arr t s des 4 11 ao t dont la coh rence logique va peut tre cesser de nous tre une vidence au dernier quart du xx si 12 cle En quoi la suppression des annates vers es la cour pontificale et celle du droit exclusif de chasser ou de tenir une garenne d coulent elles du m me principe Passons sur la cons quence d une philosophie qui abolit les privileges et les confond dans le droit commun de tous les Frangais en r servant les droits des com diens des juifs et des protestants en se gardant long temps de prononcer sur le statut des Frangaises et l mancipation des
5. qu elle abolissait interposant devant lui le miroir infranchissable o la France bour geoise n a cess de se contempler depuis bient t deux si cles C est le sort de tout v nement vraiment fon dateur aussi longtemps qu il est n cessaire la justi fication du pr sent de baigner dans une clart litt rale ment aveuglante Et le 4 ao t est bien pire dans sa bru tale unanimit nous savons maintenant qui d fendait la Bastille et qui Pa prise mais cette nuit l Versailles la noblesse fait l abandon de ses droits f odaux l initiative du vicomte de Noailles et du duc d Aiguillon un des plus riches parmi les d tenteurs de ces droits On les acclame et bient t chacun se d pouille de ses privil ges on les abolit tous Embrassades et pleurs de joie tous sont apparemment du m me c t jusqu au roi proclam restaurateur de la libert fran aise jus qu Dieu qu on honore d un Te Deum Le blanc du 4 ao t N y a t il donc que des vainqueurs r unis soudain dans l vidence de nouveaux principes On pourrait le croire lire le proc s verbal officiel de la s ance les six secr taires de l Assembl e devenue nationale dres 10 saient tour tour minutes de tout ce qui se disait et se passait dans la salle des Menus Plaisirs ils r unissaient les pi ces annexes les commis du troisi me bureau reco piaient et corrigeaient les preuves du proc s verbal confi Baudouin
6. tion des serfs dans quelques provinces la peine des pau vres colons m nagers manouvriers leur hantise de la soudure le triple fardeau des imp ts royaux de la dime et des droits seigneuriaux Mais il nous faut dis tinguer dans les plaintes les lamentations qu inspire la peine de toute une vie ce qui vient de se passer en France et ce qu on attend Les subsistances Sire disent les habitants de Nouan sur Loire la mis re des campagnes est parvenue au comble tant par Yinfemperie des saisons que par les impositions de tou tes esp ces dont elles se trouvent surcharg es et c est en particulier la triste situation de cette paroisse La st rilit du sol la disette des grains les malheurs du temps la chert du pain l augmentation des gages des domestiques ont r duit les habitants de cette paroisse une telle mis re qu ils peuvent peine se procurer le 18 n cessaire et cependant ils n en supportent pas moins les m mes taux de taille et d impositions A tous ces malheurs il faut ajouter les maux qu a produits la gr le cette ann e qui a ravag une partie des bl s et des vignes d un autre c t la r colte des bi s a produit peine la semence par rapport aux pluies continuelles du printemps de Pann e 1788 qui n ont pas permis l ensemencement des terres 3 Plaintes de laboureurs qui emploient des salari s sur un sol ingrat Loin de la Sologne aux confins de la Beauce les habitants de B
7. esclaves dans les colonies Mais tait il si clair qu on pr tendit abattre du m me mou vement barri res sociales et fronti res provinciales Un compromis Au del des calculs les plus subtils il nous faut pr ci ser ce qui devant l histoire a donn la duret du dia mant ce conglom rat de r formes ce qui permet cette improvisation politique d atteindre une notori t universelle ce qui rend compte de l exceptionnelle r us site de ce vrai tour de gibeci re Pour imposer toute une nation et combien de g n rations l image de l homog n it et de l unit nationales il fallait une d cision quelque chose comme une grande invention qui sans tre simplement verbale se fit dans l ordre des mots Cette nuit l n a t elle pas consacr la pro pri t par d finition exclusive de la terre n a t elle pas transform cette base la plus solide de l exploi tation des hommes devenue la seule forme avouable du privil ge en la plus inattaquable des violences Si le 4 ao t fut en effet selon le mot de Rivarol la Saint Barth lemy des propri t s il n est pas sans int r t de savoir si les propri taires y tinrent l emploi des protes tants ou celui des catholiques Ce millier d hommes enferm dans une grande salle de Versailles pose manifestement pour l histoire n atten dant pas deux heures du matin pour d cider que la s ance sera immortelle la nuit glorieuse
8. eau restent les pauvres de Marsay pour quelques vieillards et quelques enfants les dix boisseaux de grain que l ex marquis fera dispenser chaque semaine au plus dur de Phiver Pour lui les semences de nouvelles moissons puis la vigne les noyers les bois que le r gisseur s occu pera de vendre No l le travail de ses m tayers et de ses fermiers des journaliers qu il convoquera au besoin et le respect de tous ces paysans qui savent bien que la noblesse se transmettra comme autrefois par tra dition et que le pouvoir s h rite avec la terre Les Ferrieres et leurs pairs ne percevront plus de cens ou de champart leurs tenanciers ne leur porteront plus de chapons ou d ufs aux Rogations du moins n y seront ils 7 La violence et Punanimit plus contraints en principe On badigeonnera de chaux dans la chapelle les armes de la famille Et apres Il faut pourtant reconna tre que l id e d une abolition des droits feodaux pour avoir t voqu e depuis de nombreuses ann es tait loin jusqu la r union des Etats G n raux de susciter un enthousiasme unanime En 1776 P F Boncerf juriste entr au service de Tur got s tait avis de d montrer les inconv niens des droits f odaux et de convaincre les seigneurs fran ais qu ils ne pouvaient que gagner vendre leurs vassaux et tenanciers les droits qu ils d tenaient sur leurs terres en raison de leur domaine direct on d signait ainsi par opposi
9. guier avocat du roi avait dress le r quisitoire Nous ne pouvons que g mir ici publiquement sur l esp ce de fr n sie qui semble agiter ces esprits turbu lents que lamour de la libert et de l ind pendance porte aux plus grands exc s et qui leur fait envisager le bonheur dans la subversion de toutes les r gles de tous les principes et dans l an antissement m me des lois qui ont assur jusqu pr sent les propri t s Le syst me qu on veut accr diter est encore plus dangereux par les cons quences qui peuvent en r sulter de la part des habitants de la campagne que l auteur semble vouloir ameuter contre les seigneurs particuliers dont ils rel vent Mais n est il pas sensible que cette multitude assembl e dans les diff rents ch teaux de chaque sei gneur particulier apr s avoir demand cette suppression et offert le rachat chauff e alors par les maximes qu on leur aura d bit es voudra peut tre exiger ce qu on ne voudra pas leur accorder Aussi la cour condamnait elle la brochure comme injurieuse aux lois et coutumes de la France aux droits sacr s et inali nables de la couronne et au droit des propri t s des particuliers et comme tendante 4 bran ler toute la constitution de la monarchie en soulevant tous les vassaux contre leurs seigneurs et contre le roi m me en leur pr sentant tous les droits f odaux et domaniaux comme autant d usurpations de vexations et de viole
10. illes oppose les veux des communaut s aux pr occupations des membres de l Assembl e leur id e de la chose publique Il est pourtant remarquable que cette nuit la les paroisses de France n aient parl que par sa bouche et celle de d put s plus ou moins fid les leurs mandats On peut donc l gitimement se demander ce qu ils expri ment ce qu ils retiennent de leurs demandes Qu ils se prennent alors les couter il ny a l aucun myst re l incendie des ch teaux la destruction des archives sei gneuriales une s rie de r voltes prolong es dans un mouvement panique tendu fin juillet l ensemble du royaume contraignent les plus sourds Reste savoir si les premiers r les reviennent aux plus attentifs ou aux plus habiles interpr ter le message des campagnes dans le sens qui leur convient Qu on d truise en effet les derni res traces du ser vage alors qu en Franche Comt o elles subsistaient les ruines des ch teaux fument encore voil qui est clair Mais est ce dans la grande rumeur des derniers jours que les d put s aux Etats G n raux ont entendu les deux maitres mots dont le rejet va faire le 4 ao t f odalit et privil ges Noailles ram ne l attention de l Assembl e sur les cahiers qui ont t r dig s dans tout le royaume au d but du printemps Ceux des bailliages et des s n chauss es constituaient les mandats des d pu t s et sont arriv s Versailles dans leur
11. imprimeur de l Assembl e Tant de monde entassant et cousant l archive il en faut moins pour penser que cette nuit toute parlementaire est plus qu aucune grande journ e r volutionnaire facile reconstituer et conna tre Mais rien ne sonne curieu sement comme le compte rendu sorti des presses de M Baudouin 42 pages d o tout conflit semble absent suite de discours indirects et anonymes Et dans la s rie C des Archives nationales entre deux liasses de notes pour la r daction du proc s verbal du 23 juil let au 3 ao t depuis le 5 ao t jusqu au 20 on ne trouve rien des mat riaux dont Fr teau secr taire responsable de la s ance a fait ces pages aseptis es Dans une lettre crite le 7 un ami du Poitou le marquis de Fer ri res disait clairement leur mode d emploi Madame de Ferri res vous communiquera les pro c s verbaux de l Assembl e Nationale lisez les Mes sieurs de Mirebeau qui influent le plus sur le peuple ils y verront qu elle recommande la paix Ce compte rendu dont tout laisse penser qu il fut encore plus labor m dit retouch que les arr t s dits des 4 11 ao t est pourtant la source archivistique initiale pour qui veut conna tre le d roulement de la s ance La nuit qu on nous a cont e de Michelet Jaur s et Lavisse doit plus au r cit contenu dans le premier volume du Moniteur qui a l avantage de donner les noms de la plupart des orateurs mais doit
12. nces galement odieuses et ridicules et en leur sugg rant les pr tendus moyens de les abolir qui sont aussi contraires au respect d au roi et 4 ses minis tres qu a la tranquillit du royaume 3 Si le Parlement de Paris n tait pas toute la nation si de 1776 1789 bien des choses ont pu changer le style de cet autodaf suffit nous montrer tout le che min qui restait parcourir jusqu la nuit du 4 ao t et la profondeur du bouleversement qu elle repr senta A l entr e de l t 1789 bien d autres pensaient encore 9 La violence et_l unanimit comme les magistrats parisiens que tout se tenait dans Pedifice social et politique francais et que les plus beaux calculs ne valaient rien devant le spectre de l insurrec tion paysanne Aussi n allons nous pas minimiser l v nement et laisser penser qu on ne d truit que ce qui est en ruine Souvent pr te risquer comme la guerre et comme au jeu capable parfois de compter et de tirer le meilleur parti de Pin vitable l aristocratie francaise ne br lait pourtant pas d innover et dans sa masse elle ne pouvait composer que sous la menace La difficult commence vraiment lorsque l histoire s efforce de pr ciser d o est venu l branlement et comment les coups ont pu tre port s On sait bien que ces r volutions compliquent tout en pr tendant couper court La s ance du 4 ao t contribua beaucoup des siner l Ancien R gime
13. oisgasson pr cisent Depuis environ six ans la paroisse n a fait que de tr s petites r coltes et lan pass la gr le en a perdu les trois quarts d o il est ais de conclure qu il n y a dans cette paroisse aucun habitant qui soit son aise les trois quarts ne subsistent qu force de travail les autres sont r duits 4 la plus grande mis re Et Br vainville non loin de la Dans des temps aussi f cheux que ceux que nous prouvons depuis plusieurs ann es deux ou trois r col tes de bl s noirs il s agit de la maladie cryptogamique que nous avons essuy es la plupart de nos terres point ensemenc es en 87 par l occasion des pluies continuelles et qui pire est bien de la manque dans les semences de 88 par rapport la s cheresse et l extr me rigueur du froid excessif que nous avons prouv durant l hiver dernier sont bien des motifs pour engager le gouvernement 4 mod rer nos mis res en diminuant les imp ts dont nous sommes accabl s La gr le la rouille du ble la mortalit des bestiaux et autres fl aux qu il plait 4 la Providence de nous en voyer nous mettent dans Pimpossibilit de pourvoir tous les imp ts dont nous sommes surcharg s Le grand nombre des pauvres que la mis re et la chert des grains obligent de mendier nous assi gent de toutes parts et n ont d autres recours que chez les laboureurs ce qui 19 Les communaut s ont fait des demandes oblige souvent
14. pr sent par Jean Pierre Hirsch Jean Pierre Hirsch est maitre assistant l Universit de Lille III Ses recherches portent essentiellement sur le commerce les milieux d affaires et l tat en France entre 1750 et 1850 Tous droits de traduction de reproduction et d adaptation r serv s pour tous pays Editions Gallimard Julliard 1978 Extrait de la publication La violence et Punanimit Tout cela dans le fond ma ch re amie n est qu absurde car on n emp chera pas que chacun ne soit le fils de son p re Dans une lettre sa femme du 22 juin 1790 le marquis de Ferri res d put de la noblesse de Saumur commente ainsi le d cret rendu le 19 par l Assemblee Constituante abolition de la noblesse h r ditaire des titres des armoiries et des livr es Le flegme du marquis est alors remarquable comme sa prudence Il pense que ces d cisions a tout prendre n ajoutent pas grand chose celles de la nuit du 4 ao t pr c dent et sur tout ce qui vient de se pro duire en moins d un an il jette ce regard plut t serein que resigne En ao t 1789 ses lettres trahissaient plus d motion mais un souci d j primait tous les autres vendre la r colte faire de l argent et le serrer dans quel que endroit s r Ce qui fut fait En juin 1790 un nou veau bl ach ve de m rir mais Vessentiel est de d p cher la r colte encore A croire qu il ne s est rien passe Reste le chat
15. rivil ges INTERTYPO Ne 6035 Collection d inedits au format de poche AL Extrait de la publication
16. s bagages Mais les cahiers du Tiers Etat r sumaient en principe la masse des textes que dans une consultation extraordi naire on avait demand de produire chaque paroisse et la plus petite communaut de m tiers 17 Les communaut s ont fait des demandes Aussi est ce d abord cette source que nous devons recourir avant d voquer les cahiers de bailliages et les centaines de brochures parues depuis le moment l t 1788 o comme le dit Tocqueville la constitu tion du pays fut mise au concours 1 On ne peut accor der une confiance illimit e ces quarante mille cahiers r dig s videmment par les hommes qui avaient signe et moyen du pouvoir le privil ge d crire un de ceux que la nuit du 4 ao t 1789 n a pas abolis Tout ce que nous connaissons des circonstances de leur r daction nous conduit pourtant penser que si ce peuple d illet tr s n a pas crit il a dict dans une large mesure Et surtout s il s av re que ces cahiers ne nous parlent gu re le langage et l esprit du 4 ao t est ce Pescamo tage des greffiers des lieutenants de bailliages des cur s ou des marguilliers qu il faut l imputer Pr cisons la fin de cet hiver 88 89 le discours des paroisses de France est poignant pour beaucoup de poss dants il tait mena ant Les t moignages sont innombrables sur la mis re les millions de mendiants qui parcourent les routes et les chemins la dure condi
17. tion au domaine utile droit de jouis sance reconnu tout propri taire d un fonds cette sorte de sup riorit de droit minent qui permettait au sei gneur de pr lever bon an mal an une part du travail agricole et de ses fruits Jusqu pr sent les seigneurs ont t dupes de I habi tude il est difficile de concevoir comment ils ont n glig de convertir leurs directes en propri t s fonci res Je suppose quelques parties de cens montant douze livres le seigneur n en tire dans sa r gie ou dans son bail que neuf livres au plus Si le seigneur re oit le rachat de ces rentes au denier soixante il en aura 720 livres qui au denier vingt lui produiraient 36 livres qui font quatre fois le net de la rente f odale La somme de 720 livres plac e en fonds produirait le triple du cens Plus de frais de perception le d gagement d un capi tal valu soixante fois le cens cette redevance reco gnitive bien d pr ci e que le paysan versait plus ou moins ponctuellement chaque ann e son seigneur le placement de ce capital 5 Tout le monde appa remment n entrait pas dans ce calcul all chant et il se trouva par exemple au Parlement de Paris assez de pro pri taires de seigneuries et de bons esprits pour r sister la tentation et d cider que la brochure de Boncerf devait tre lac r e et br l e au pied du grand escalier 8 du Palais par l ex cuteur de la haute justice S
18. une stagnation presque g n rale du commerce des grains enfin la vilit du prix qui en tait devenue la suite avaient apr s une longue discussion et un exa men approfondi de cette question si longtemps contro vers e fait adopter cette d termination On ne peut nier que dans le premier moment elle avait produit de grands avantages aussit t qu elle avait t publique le commerce s tait livr des sp culations immenses et il les avait suivies avec beaucoup d activit s l agriculture encourag e par la loi et par la facilit des d bouch s avait fait de nouveaux progr s L orage du 13 juillet 1788 commen a donner quel ques regrets cet gard il avait port la d solation dans les campagnes il avait ravag les r coltes d un grand nombre de provinces notamment de celles qui 21 Les communaut s ont fait des demandes La nuit du 4 ao t est au coeur de notre m moire histcrique Versailles la France unanime consacre dans les embrassades et les pleurs l abandon des privil ges Deux si cles apr s la nuit m morable nous impose encore l image de l unit et de l homog n it nationales Jean Pierre Hirsch retrace ici les moments et la logique d une improvisation politique promise une notori t universelle Cempromis g nial l invention du 4 ao t fonde un ordre politique Dans les mots seulement La moisson rentr e ne pouvait on garder la semence des p
19. uveaux grains occuperont plus longtemps la terre qui de ce chef ne pourra recevoir ces labours restaurans qui devoient la mettre en tat de produire une seconde r colte Alors il faudra Iui donner cette fertilit 4 force d engrais pr tieux ce qui pouvoit se faire plus conomiquement par des labours 20 La conjoncture et les m t ores En Flandre comme ailleurs on attribue souvent la responsabilit de ces malheurs aux trafics des n gociants en bles et en particulier aux exportations autorisees par la declaration du 17 juin 1787 L intendant Esman gart appel en janvier 1791 se justifier aupres des administrateurs du district de Lille devait faire sur l ensemble du sujet une mise au point tr s clairante M Esmangart ne sera pas moins empress de satis faire au desir que MM les administrateurs du dis trict de Lille ont t moign de savoir quelle a t la vraie cause de la disette et de la chert de 1789 Ce fut par la d claration du 17 juin 1787 rendue sur Pavis de l Assembl e des Notables et enregistr e dans toutes les Cours que l exportation des grains l tranger prohib e jusqu ce moment devint permise par tous les ports et par toutes les sorties du royaume Les motifs de cette d cision taient naturels et confor mes aux principes d une bonne administration Trois r coltes successivement abondantes d immenses appro visionnements dans les provinces de grande culture
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