L`économie sociale en Wallonie - ORBi
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1. des raisons suppl mentaires pour pr f rer une approche tr s nuanc e de l conomie sociale et pour inviter des recherches plus approfondies sur ce secteur en mergence 7 Un secteur avec plusieurs interfaces Pour une vision souple et dynamique de l conomie sociale H Desroche 1983 sugg re d imaginer comme dans le sch ma ci apr s quatre interfaces avec d autres secteurs autour du noyau central form par les composantes principales En adaptant cette proposition la r alit wallonne voyons ce que peuvent repr senter ces interfaces Un premier interface met en contact l conomie sociale et le secteur public par l interm diaire de l entreprise coop rative mutualiste ou associative conventionn e avec des services publics condition bien s r que ce conventionnement sauvegarde une autonomie gestionnaire On peut penser ici une partie du secteur hospitalier en particulier aux tablissements g r s par des associations priv es dans le cadre de normes et d enveloppes budg taires fix es par des minist res nationaux ou communautaires On pourrait aussi se demander si les activit s mutualistes li es au r gime obligatoire de la s curit sociale n appartiennent pas cette zone frontali re plut t qu au noyau central de l conomie sociale Un autre interface proche du pr c dent existe entre l conomie sociale et le secteur communal ou communautaire si la gestion de certaines activit s municipales2. alit s ont pourtant t pos s r cemment tant en Wallonie qu au niveau europ en la suite de la France qui n a cess de montrer l exemple en la mati re pendant les ann es 80 l Ex cutif r gional wallon a mis sur pied en 1989 un Conseil wallon de l Economie sociale tandis que la Commission des Communaut s europ ennes cr ait quelques mois plus tard une Division Economie sociale Ce ne sont l que des premiers pas encore timides mais ils contribuent la structuration et la reconnaissance progressive d un troisi me grand secteur En premi re approximation le secteur d conomie sociale ainsi compris rassemble essentiellement les activit s conomiques des organisations coop ratives mutualistes et associatives selon une expression r pandue dans les instances europ ennes Par contre il n inclut pas l conomie dite informelle ou souterraine concept par lequel on d signe en g n ral les activit s qui ne sont pas prises en consid ration par la comptabilit nationale travail en noir commerce non d clar travail domestique activit s ill gales etc On est pourtant loin d avoir partout la m me conception de l conomie sociale En effet si le triptyque coop ratives mutualit s associations correspond en France des statuts juridiques et des pratiques assez faciles rep rer dans d autres pays l identification de l conomie sociale est beaucoup plus complexe Comme de surcro t aucune d f
3. alogies doctrinales et par certaines confusions terminologiques qu il nous faut bri vement voquer Le concept d conomie sociale proprement dit merge la fin du premier tiers du XIX me si cle En 1830 Charles Dunoyer publie Paris un Nouveau trait d conomie sociale et l on sait que dans la m me d cennie un Cours d conomie sociale est profess Louvain En fait comme le dit A Gueslin 1987 p 3 d s ce moment et jusqu la fin du si cle l conomie sociale veut tre ni plus ni moins une autre fa on de faire de l conomie politique Ses d fenseurs sont tous sensibilis s au terrible co t humain de la r volution industrielle et reprochent la science conomique dominante d ignorer la dimension sociale Les manuels d conomie sociale qu ils r digent en r action ajoutent aux chapitres consacr s l conomie pure des d veloppements sur les probl mes sociaux et les moyens de les r soudre Dans cet largissement de l conomie politique plusieurs traditions ou coles de pens e vont se cotoyer En suivant H Desroche 1987 qui s appuye lui m me sur un colloque de 1890 on peut identifier au cours du XIX me si cle une cole socialisante une cole sociale chr tienne r formiste une cole lib rale et une cole solidariste La tradition socialisante commence videmment avec les socialistes utopiques d j voqu s et leurs disciples Mais il faut attendre Constantin Pecqueur 1842 et Fran
4. ois Vidal 1846 pour trouver des r f rences explicites l conomie sociale Tous deux exaltent l association en liaison avec une intervention de l Etat et joueront un r le important dans la r volution de 1848 Plus tard cette tradition sera incarn e en France par Beno t Malon et son Manuel d conomie sociale 1883 ainsi que par Marcel Mauss qui pr ne une conomie de socialisations volontaires En r alit c est seulement jusqu en 1870 que les penseurs du socialisme associationniste auront suffisamment d influence dans le mouvement ouvrier international pour que l on identifie souvent socialisme et conomie sociale Karl Marx lui m me se montrera dans un premier temps favorable la coop ration Mais ses th ses collectivistes vont progressivement l emporter et une partie croissante du mouvement ouvrier niera l conomie sociale une fonction centrale dans le processus de transformation de la soci t Au mieux elle restera comme pour Jean Jaur s et certains socialistes belges en particulier Emile Vandervelde Edouard Anseele et Louis Bertrand un moyen d am liorer la condition des plus pauvres et de les duquer ainsi qu un puissant outil pour rassembler des ressources et organiser la propagande au service du combat politique Le Christianisme social participe lui aussi au d veloppement de l conomie sociale en particulier travers l oeuvre de Fr d ric Le Play qui fonde une Soci t d conomie sociale en 1856 e
5. ratives et qu elle explique en partie au moins leur productivit sup rieure r guli rement constat e dans certaines branches d activit s En ce sens les coop ratives indiquent une voie originale qui concilie l efficacit conomique et une certaine d mocratie dans l entreprise Quant aux coop ratives d usagers notamment celles qui se sont taill es une place au soleil dans les secteurs du cr dit et de l assurance dans la distribution pharmaceutique et dans l agriculture leur principal apport original outre leur r le historique r side aujourd hui dans les mani res dont elles promeuvent leur finalit sociale et le service leurs membres Parfois c est l ensemble de la collectivit qui b n ficie directement ou indirectement de la pr sence des coop ratives par exemple quand leur pratique de la ristourne ou leur soutien des avanc es consum ristes pousse les entreprises concurrentes adopter les m mes comportements quand une partie de leurs exc dents est affect e des oeuvres sociales ou encore lorsqu elles d veloppent de multiples activit s en amont et en aval de la production agricole et contribuent ainsi largement au maintien d une agriculture familiale Enfin dans un contexte de strat gies industrielles et financi res o la primaut du capital subordonne au rendement de celui ci toutes les d cisions essentielles y compris sur la cessation d activit s pourtant viables les coop ratives t moignent d
6. 000 habitants aujourd hui int gr e la ville de Li ge Une carte d taill e et une statistique assez pr cise de la vie associative a pu ainsi tre dress e pour ces entit s Enfin diverses sources de moindre importance ont pour certains champs d activit compl t les deux principales investigations Pour passer de ces informations tr s parcellaires une estimation globale au niveau r gional nous avons suivi deux voies tr s diff rentes avec l intention d en confronter les r sultats Sur base de toutes les informations disponibles pour un maximum d associations la premi re a d abord consist calculer pour neuf secteurs d activit et par association un nombre moyen de travailleurs salari s en quivalents temps plein un budget moyen et un nombre moyen de membres En multipliant ces moyennes par le nombre d associations wallonnes dans chaque secteur estim partir des donn es de l IN S nous avons obtenu une premi re estimation pour l ensemble de la Wallonie La seconde approche a repos quant elle sur les seules enqu tes r alis es Herve et Rocourt les chiffres en termes absolus et non plus moyens obtenus pour ces deux zones ont simplement t projet s l chelle r gionale par une r gle de trois fond e sur le nombre global d habitants d herve et Rocourt et sur celui de la Wallonie Les deux m thodes ont abouti des r sultats tonnament convergents tant pour l emploi que pour le volum
7. 12 pp 9 90 LAMBERT P 1964 La doctrine coop rative 3 me d augment e Les Propagateurs de la coop ration Bruxelles LE NET M et WERQUIN J 1985 Le volontariat aspects sociaux conomiques et politiques en France et dans le monde Notes et tudes documentaires n 4780 Ed La Documentation fran aise LEVESQUE B 1989 Introduction in L autre conomie Une conomie alternative sous la direction de B Levesque A Joyal et O Chouinard Presses de l Universit du Qu bec Sillery MAREE M et SAIVE M A 1983 Economie sociale et renouveau coop ratif Travaux de recherches du CIRIEC 83 07 Li ge PARODI M 1987 Economie sociale et modernit Revue de l conomie sociale n 11 pp 47 58 PASQUIER A 1984 L conomie sociale propositions pour une d finition Revue de l conomie sociale n 1 pp 41 48 REBERIOUX M 1984 Naissance de l conomie sociale Revue de l conomie sociale n 1 pp 9 15 SAIVE M A et TROISFONTAINE C 1987 L conomie sociale en Belgique Travaux de recherches du CIRIEC 87 03 Li ge VIENNEY C 1986 Les activit s les secteurs et les r gles des organisations de l conomie sociale Universit de Paris l
8. IL S l unique source statistique fut un simple recensement des A S B L que l Institut national de Statistique 1990 a r alis partir du Moniteur belge Ce recensement porte seulement sur le nombre d A S B L existant la fin de l ann e 1988 avec une r partition en quelques grands champs d activit et une autre par province Au del de ces informations rien ne permet de savoir quelle proportion de ces associations a une pertinence conomique Si l on ajoute encore le fait que de nombreuses A S B L pr f rent rester en veilleuse plut t que de se dissoudre officiellement lorsqu elles n ont pratiquement plus d activit s sans parler de l importance de nombreuses associations de fait qui elles n apparaissent nulle part on mesure ais ment quel point toute estimation reste grossi re En raison de toutes ces limites nous avons choisi de travailler selon plusieurs axes et r colt d abord un maximum d informations de diverses fa ons Tout d abord un questionnaire portant sur quelques grandeurs significatives de l activit emploi budget nombre de membres etc a t envoy 700 associations r pertori es dans le Bottin social parmi lesquelles pr s d un tiers ont fourni les informations demand es D autre part un recensement exhaustif des A S B L et associations de fait a t op r dans deux zones g ographiquement bien limit es la commune rurale de Herve 15 000 habitants et l ancienne commune de Rocourt 6
9. formulation de ce principe peut para tre vague mais elle a l avantage de couvrir des pratiques tr s vari es au sein des entreprises d conomie sociale r mun ration du capital limit e un certain niveau d int r t r partition de tout ou partie des exc dents entre les travailleurs ou entre les membres usagers sous forme de ristournes mise en r serve pour investissements futurs affectation imm diate par le biais d oeuvres sociales etc En outre elle n emp che pas de reconna tre la n cessit d offrir au capital une r mun ration suffisamment attractive pour permettre par exemple des coop ratives de d velopper leurs fonds propres 6 Les composantes de l conomie sociale wallonne Maintenant que nous avons les crit res cens s permettre l identification du secteur d conomie sociale en Wallonie essayons de voir tr s concr tement quelles cat gories d entreprises r pondent ces crit res En fait il n est pas ais de les citer toutes mais on peut les regrouper en trois grands sous ensembles comme le propose d ailleurs le Conseil wallon de l Economie sociale A l int rieur de ces sous ensembles coop ratif mutualiste et associatif on mettra en vidence les groupes d entreprises les plus significatifs a La composante coop rative On a d j voqu le nombre consid rable de soci t s coop ratives qui ne se r f rent en rien au projet coop ratif En r alit ne font partie de l conomie sociale
10. la pr sence de co ts de transaction entre producteurs et consommateurs ou entre consommateurs peut galement justifier et m me imposer le recours des organisations sans but lucratif Remarquons enfin que de nombreuses associations visent l int r t g n ral et pas seulement l int r t de leurs membres Dans cette mesure comme pour une partie des activit s mutualistes il faut aussi valuer l apport sp cifique de l conomie sociale par comparaison avec une production publique des m mes biens et services 10 L conomie sociale compl ment l action des pouvoirs publics Voyons donc pr sent quels sont les atouts et les limites de l conomie sociale par rapport au secteur public et plus g n ralement l ensemble des interventions conomiques des pouvoirs publics En partant des trois fonctions conomiques classiques de l Etat production redistribution et r gulation E Archambault 1986 montre que l action des pouvoirs publics et celle de l conomie sociale se r v lent plus que jamais compl mentaires tant par les domaines qu elles couvrent que par les populations qu elle visent a La fonction de production En premier lieu l conomie sociale participe largement la production de services d utilit collective surtout dans le chef des associations et des mutualit s au sein des secteurs sanitaire social culturel etc Par rapport la production d un m me service par les pouvoirs publics la producti
11. rattacher l cole lib rale un L on Walras pour l importance qu il accorde aux associations populaires un John Stuart Mill en Angleterre pour son plaidoyer en faveur du d passement du salariat par l association de travailleurs ainsi qu un Hermann Schulze en Allemagne et un Luigi Luzatti en Italie pour leurs r les dans l mergence des coop ratives de cr dit Dans l cole solidariste enfin on trouve Auguste Ott disciple de Buchez qui publie en 1851 puis en 1892 un Trait d conomie sociale et surtout Charles Gide avec l Ecole de N mes Pour Gide l esprit solidariste tend l abolition du capitalisme et du salariat sans sacrifier ni la propri t priv e ni les libert s h rit es de la R volution Dans cette perspective l entraide et l ducation conomique par la coop ration doivent transformer l homme Mais alors que le socialisme associationniste promeut surtout la coop ration de production l Ecole de N mes fait de la coop ration de consommation le centre de la r novation sociale En ce sens elle rejoint les Christian socialists anglais et acclimate en France le mod le de Rochdale Enfin c t de cette branche coop ratiste d inspiration chr tienne A Gueslin 1987 rep re aussi dans le solidarisme une branche la que et r publicaine avec notamment L on Bourgeois qui donnera son inspiration la mutualit fran aise Que peut on retenir de ces classifications doctrinales Tout d abord qu elles sont
12. sport les loisirs non sportifs le tourisme et la protection des sites et monuments et enfin la coop ration au d veloppement Chacun de ces secteurs m riterait de longs d veloppements mais contentons nous ici d num rer quelques exemples d entreprises associatives pour illustrer ce vaste champ de l conomie sociale la Croix jaune et blanche M decins sans Fronti res les entreprises d apprentissage professionnel les ateliers prot g s les centres de formation permanente les t l visions communautaires les foyers culturels les organisations non gouvernementales de coop ration au d veloppement les Magasins du monde Oxfam les associations de soutien l conomie sociale appel es agences conseils par l Ex cutif wallon etc Il ne s agit l que de quelques points dans l norme constellation des associations qui pourraient tre cit es Reconnaissons n anmoins que certains types d entreprises associatives se situent davantage aux fronti res de l conomie sociale qu au coeur de celle ci Par exemple de nombreuses cliniques sous statut d A S B L ne visent pas en tant que telles le profit mais servent d infrastructure pour les activit s parfois tr s lucratives des m decins qui y re oivent leurs patients Dans un tout autre registre les clubs sportifs peuvent tre vus comme prestataires d une activit ducative ou de loisir mais certains d entre eux s apparentent plus de simples associations de rencontre Ce sont l
13. tr s imparfaites il n y a gu re d homog n it au sein des diff rentes coles et entre certaines de celles ci existent des connivences non n gligeables Leur principal m rite cependant est de montrer le pluralisme politico culturel des fondations de l conomie sociale ce qui n est pas sans cons quence pour une approche contemporaine de ce secteur En tout cas c est bien au carrefour de toutes les grandes id ologies du XIX me si cle que s est forg le mod le de l conomie sociale principalement fran ais qui oriente aujourd hui les red couvertes de ce secteur tant au plan wallon qu au niveau europ en 2 Les ambiguit s du concept d conomie sociale A la fin du XIX me si cle on l a dit l conomie sociale garde un sens beaucoup plus large que le secteur aujourd hui vis m me si coop ratives soci t s de secours mutuel et associations y occupent d j une place centrale Et les sources de confusion vont encore s accentuer tout au long du XX me si cle Sur le plan organique d abord la tendance est plut t l clatement du noyau coop ratif et mutualiste issu de l associationnisme La structuration de plus en plus forte de la coop ration en branches sectorielles les difficult s d j voqu es de celle ci avec le mouvement ouvrier ou celles li es aux deux guerres mondiales l institutionnalisation tr s marqu e des mutualit s auxquelles l Etat comme en Belgique ira jusqu confier la gestion de l as
14. une volont de limiter les pr rogatives du capital et sa r mun ration m me si les contingences financi res sont pour elles aussi tr s pr sentes Le statut moins favorable offert au capital constitue souvent aussi la source des principales difficult s ou limites que rencontrent les coop ratives Peu attractives pour les capitaux risque ces derni res doivent se contenter de fonds propres r duits quand elles n ont pas accumul des r serves Cette faiblesse explique leur absence quasi totale dans les secteurs tr s capitalistiques Elle peut galement emp cher ou rendre probl matique l adaptation des coop ratives de profondes mutations technologiques Les probl mes de financement peuvent se r v ler les plus aigus pour les coop ratives de travailleurs En effet le travailleur qui investit son pargne dans son entreprise ne peut diversifier le risque associ ce placement comme le fait le capitaliste qui r partit ses avoirs entre diverses soci t s Aussi n accepte t il d assumer qu un niveau de risque plus limit qui selon la th orie conomique est incompatible avec l efficacit L exp rience montre n anmoins que des solutions peuvent tre imagin es pour att nuer largement ce probl me b Les entreprises mutualistes En ce qui concerne l assurance obligatoire l action mutualiste doit surtout tre valu e par opposition un syst me int gralement g r par les pouvoirs publics C est ce que nous f
15. L ECONOMIE SOCIALE EN WALLONIE SOURCES ET IDENTITE D UN TROISIEME GRAND SECTEUR Jacques DEFOURNY Universit de Li ge et CIRIEC 90 03 Ce texte a servi de base pour le Rapport sur le secteur de l conomie sociale du Conseil Wallon de l Economie Sociale ainsi que pour une communication pr sent e au 9 me Congr s des Economistes belges de Langue fran aise Une partie a galement t publi e dans l dition 1990 de la revue TOUDI du Centre d Etudes Wallonnes Je remercie Fran oise Henrar et Nathalie Pi rard charg es de recherches au CIRIEC ainsi que C cile Janvier pour leur aide dans la collecte de statistiques sur l conomie sociale wallonne Introduction Economie sociale tiers secteur nonprofit sector ces termes sont de plus en plus utilis s depuis une dizaine d ann es et t moignent au del de leurs significations vari es d un int r t croissant pour des activit s conomiques dont l importance ne cesse d augmenter et qui ne rel vent pas des secteurs priv et public traditionnels Mais parce qu elles sont assez h t rog nes et forment une n buleuse aux contours impr cis ces activit s ne se pr tent pas toujours facilement l analyse conomique Pour les m mes raisons sans doute leurs sp cificit s et leur contribution au d veloppement conomique et social ne sont souvent per ues que de mani re superficielle ou parcellaire Des jalons vers une meilleure prise en compte de ces r
16. aire une id e pr cise de l importance quantitative du secteur de l conomie sociale en Wallonie II n existe en effet l heure actuelle aucun relev statistique de ces entreprises au niveau r gional A l chelle nationale on dispose seulement de l une ou l autre estimation tr s grossi re Aussi avons nous essay la demande du Conseil wallon de l Economie sociale de r aliser un premier d brouissaillement avec l aide d autres chercheurs Pour les entreprises qui sont rassembl es au sein de f d rations importantes ou qui sont elles m mes de grande taille des chiffres sont en g n ral disponibles mais ils reposent presque toujours sur une base nationale Nous avons donc d isoler la fraction concernant la r gion wallonne parfois de mani re un peu approximative Les probl mes se sont av r s autrement d licats pour les coop ratives et surtout les associations qui ne sont affili es aucune grande organisation Pour les premi res nous nous sommes fi s quelques estimations ant rieures de la nouvelle coop ration Un questionnaire a aussi t envoy toutes les coop ratives agr es par le Conseil national de la Coop ration mais non membres de la F d ration belge des Coop ratives FEBECOOP ou de la F d ration nationale des Coop ratives chr tiennes F N C C Pour les associations qui ne rel vent ni de l aile francophone de Caritas catholica ni de l Association francophone des Institutions de Sant AF
17. allonie il faudrait adopter cet gard une d marche avant tout pragmatique Plut t que de recommencer un d bat qui risquerait de n apporter rien de neuf nous pourrions d une part nous en tenir d abord une classification simple et commode des associations et d autre part compter sur l exp rience acquise en cette mati re par les fran ais Plus pr cis ment il s agirait d accepter au moins dans un premier temps le classement des associations propos par F Bloch Lain celui ci distingue les associations de prestations les associations d influence et les associations de rencontre Sur cette base on pourrait consid rer que seules les associations de prestations c est dire produisant des biens ou services font clairement partie de l conomie sociale Par ailleurs il s agirait de suivre les recherches fran aises en cours qui visent mettre sur pied en liaison avec l INSEE une statistique de l conomie sociale Les multiples questions qui doivent tre r solues dans cette perspective constitueront une r f rence importante si l on d cide un jour de recenser avec pr cision les entit s de l conomie sociale en Wallonie Les secteurs d activit o sont pr sentes les associations de prestations sont videmment tr s nombreux mais on peut les regrouper en quelques grandes cat gories le secteur de la sant le secteur social en dehors des activit s li es la sant l enseignement et la formation la culture le
18. apports financiers sont faibles Parfois elles souffrent de l incomp tence ou de l incurie de gestionnaires b n voles Quant aux grandes organisations elles sont surtout menac es par les effets pervers de la bureaucratisation notamment quand elles g rent des quipements lourds Enfin pour tout le secteur d conomie sociale il faut reconna tre un risque de gaspillage de fonds publics ou priv s si l usage de ceux ci n est pas suffisamment contr l Ces diff rents risques sont sans doute les plus marqu s quand l conomie sociale est en situation de monopole ou de quasi monopole C est pourquoi il vaut mieux promouvoir des relations de compl mentarit n gociables par voie contractuelle avec l action des pouvoirs publics b La fonction de redistribution L conomie sociale est galement associ e la fonction redistributrice de l Etat A nouveau ce sont principalement les mutualit s et les associations dites humanitaires caritatives ou de bienfaisance qui sont ici concern es Mais toutes les associations de prestations font d une mani re ou d une autre de la redistribution lorsque leurs services sont fournis gratuitement ou un prix inf rieur au co t de production ou encore lorsque les tarifs varient en fonction des revenus des utilisateurs Enfin le b n volat repr sente lui aussi une forme de redistribution en nature dont l importance est souvent tr s sous estim e Toujours selon E Archambault par rapp
19. ciatives dans la Communaut europ enne Editions Delta Bruxelles COMMISSION DES COMMUNAUTES EUROPEENES 1989 Les entreprises de l conomie sociale et la r alisation du march europ en sans fronti res Communication de la Commission au Conseil Bruxelles DEFOURNY J sous la direction de 1988 L entreprise coop rative tradition et renouveau Labor Bruxelles DEFOURNY J 1990 Efficacit conomique et d mocratie coop rative De Boeck Bruxelles et Editions Universitaires Paris DEFOURNY J 1990 L conomie sociale en Wallonie Sources et identit d un troisi me grand secteur Travaux de recherches du CIRIEC 90 03 Li ge DESROCHE H 1983 Pour un trait d conomie sociale Editions CIEM Paris DESROCHE H 1984 Fr d ric Le Play et les courants d conomie sociale au XIX me si cle Revue de l conomie sociale n 2 pp 43 52 DESROCHE H 1987 Mouvement coop ratif et conomie sociale en Europe Revue de l conomie sociale n 11 pp 59 87 DEVILLERS P et SEHES C 1987 Identification d une d finition et d finition d une identit Revue de l conomie sociale n 11 pp 89 103 DREZE J 1976 Some Theory of Labor Management and Participation Econometrica vol 44 n 6 pp 1125 1139 DREZE J 1988 L autogestion et la th orie conomique efficacit financement et emploi in L entreprise coop rative tradition et renouveau sous la dir de J Defou
20. conomie Sociale en 1981 et celle d un organisme de financement l Institut de D veloppement de l Economie Sociale IDES en 1983 Enfin non moins importants sont les instruments d animation qui aident le secteur r fl chir sur sa sp cificit ses difficult s ses perspectives et qui promeuvent la connaissance mutuelle et les synergies entre les diff rentes composantes de l conomie sociale Ainsi la Lettre de l conomie sociale hebdomadaire la Revue des tudes coop ratives mutualistes et associatives et la Revue de l conomie sociale trimestrielles les Semaines d conomie sociale l Universit du Mans annuelles l Association pour le D veloppement de la Documentation sur l Economie Sociale ADDES et le tr s actif Centre des Jeunes Dirigeants de l Economie Sociale CJDES comptent parmi les outils les plus pr cieux pour un d veloppement aussi qualitatif que quantitatif du secteur Mais au fond pour quelles raisons l conomie sociale a t elle r merg de cette fa on Sans pr tendre fournir une explication compl te on peut sans doute retenir quelques hypoth ses avanc es par plusieurs auteurs Tout d abord il est clair qu en plus d une red couverte de caract res communs des objectifs de financement et de repr sentation aupr s de l Etat ont justifi le rassemblement des forces coop ratives mutualistes et associatives Par ailleurs l id e d conomie sociale a aussi permis de jeter des ponts entre
21. d une part la dynamique associative du si cle pass et les organisations qui en sont issues et d autre part les nouvelles exp rimentations conomiques et sociales qui se multiplient depuis deux d cennies nouvelles coop ratives reprises d entreprises d faillantes par leurs travailleurs initiatives conomiques port es par des communaut s locales exp riences de r insertion sociale par l conomique etc en bref ce que l on pourrait appeler la nouvelle conomie sociale Enfin des conditions politiques beaucoup plus favorables la reconnaissance du secteur sont apparues avec la crise de l Etat Providence et la faillite des socialismes centralis s Pendant de longues d cennies la prise en charge du social avait surtout t envisag e et organis e dans le cadre d une intervention croissante des pouvoirs publics Un certain d sengagement de ceux ci et d autre part l impossibilit d une r f rence cr dible aux syst mes socialistes existants ont laiss la fois un vide id ologique et des champs d action o l conomie sociale en fait pr sente depuis longtemps a pu propos sa contribution en tant mieux entendue 4 La recherche d une d finition Nous avons vu que le secteur d conomie sociale tel qu il s affirme aujourd hui est principalement constitu d entreprises coop ratives mutualistes et associatives l nous reste cependant pr ciser les traits communs ces diverses composantes qui au del d objecti
22. e d activit approch par le budget annuel des associations moins de 5 d cart Cependant comme des diff rences plus marqu es sont apparues au sein de certains secteurs nous avons d cid de retenir pour chacun de ceux ci la moyenne des deux estimations Enfin notons qu en ce qui concerne le nombre d associations l I N S recense environ 21 000 A S B L en Wallonie tandis que l extrapolation des r sultats de l enqu te sur Herve et Rocourt donne 23 400 A S B L et associations de fait L ensemble des r sultats sont rassembl s dans le tableau 1 ci apr s Ils montrent que la composante coop rative de l conomie sociale wallonne concerne pr s de 8 500 emplois et un chiffre d affaires de 165 milliards de FB tandis que les mutualit s occupent environ 3 500 personnes et repr sentent 111 milliards de versements aux assur s Quant au poids conomique des associations l approche d crite plus haut d bouche sur un total de 68 000 emplois et sur un budget global estim environ 84 milliards de FB Ces deux derniers chiffres sont videmment prendre avec d importantes r serves mais si surestimation il y a celle ci n est pas tr s importante D s lors s il fallait une estimation tr s synth tique du poids de l conomie sociale en Wallonie on pourrait sans doute avancer le chiffre de 80 000 emplois soit 7 7 de l emploi total dans la r gion En termes de mobilisation des ressources humaines ce serait cependant oublier le t
23. e de l conomie sociale a Finalit de service aux membres ou la collectivit plut t que de profit L expression la plus rigoureuse de la finalit de l conomie sociale consiste probablement dire que cette finalit r side dans l activit m me des entreprises et non dans le profit ou le pouvoir que celles ci procurent Ainsi l activit comme finalit peut repr senter l organisation d un syst me d assurance mutuelle mutualit s la production ou l obtention de biens et services de meilleure qualit ou meilleur prix coop ratives d usagers la cr ation d emplois pour les membres de l entreprise coop ratives de travailleurs un apprentissage professionnel pour des jeunes d favoris s entreprises d apprentissage professionnel ou encore la prestation de divers services au profit des membres ou de populations d termin es associations Mais on a pr f r traduire cette id e de fa on plus compr hensible en insistant sur le fait que l entreprise d conomie sociale est en elle m me par la nature de son activit un service au sens large rendu ses membres ou d autres personnes et non un outil de rapport financier Le profit n cessaire aux entreprises qui ne peuvent compter sur certaines formes de subsidiation est alors un moyen de r aliser ce service et non le mobile principal de l activit b Autonomie de gestion L autonomie de gestion vise principalement distinguer l conomie sociale de la pr
24. e de d tail europ en Dans le secteur agricole environ 60 de la production europ enne est r colt e transform e ou vendue par l interm diaire d une coop rative Les banques coop ratives ou mutualistes collectent pr s de 17 de l pargne globale Pr s de 40 millions de familles europ ennes recourent des mutuelles pour s assurer contre le risque de maladie ou se pr munir contre les al as de la vieillesse On pourrait continuer d aligner les chiffres pour de multiples autres activit s le b timent l imprimerie le tourisme le logement social la formation le secteur m dico social les loisirs etc Tous prouveraient que les entreprises de l conomie sociale sont des acteurs majeurs de la vie conomique et sociale de la Communaut europ enne 9 L conomie sociale compar e au secteur priv traditionnel Quels sont les apports sp cifiques de l conomie sociale dans les conomies occidentales Quelles qualit s propres peut elle faire valoir dans les fonctions qu elle assume Mais d autre part quels sont les probl mes qu elle pose ou qu elle r soud moins bien que les autres formes d organisation conomique Nous allons esquisser quelques r ponses ces questions en comparant d abord les diverses composantes de l conomie sociale aux entreprises priv es traditionnelles a Les coop ratives Par les conditions g n rales de leur activit les coop ratives repr sentent la partie de l conomie social
25. e la plus proche du secteur priv classique D ailleurs leur contribution au d veloppement conomique et social est d abord celle des PME en g n ral mise en valeur des ressources locales cr ations d emplois relativement importantes li es des processus de production plut t laboristiques remaillage d un tissu conomique d chir par les grandes restructurations industrielles etc De la m me fa on on retrouve souvent dans les coop ratives les atouts et les faiblesses des entreprises de petite ou moyenne taille souplesse rapidit et capacit d adaptation mais aussi difficult s de relever certains d fis techniques ou commerciaux qui exigent de gros capitaux ou la dimension internationale Au del des traits communs l ensemble des PME on peut toutefois identifier un certain potentiel propre la composante coop rative de l conomie sociale En premier lieu les coop ratives sont par leurs r gles particuli res tr s bien plac es pour constituer des laboratoires d innovation sociale et de partage du pouvoir Les coop ratives de travailleurs en particulier exp rimentent en g n ral un degr de participation qu on ne trouve gu re dans les autres entreprises Certes la participation du personnel la propri t la gestion et aux r sultats ne comporte pas que des avantages La plupart des tudes indiquent cependant qu une telle participation a le plus souvent des effets positifs sur la performance de ces coop
26. ennent le plus r guli rement C est sur cette base qu a travaill le Conseil Wallon de l Economie Sociale et ses d bats tr s anim s ont t men s en deux temps A la mi 1989 il a d abord adopt une d finition provisoire de l conomie sociale wallonne qu il a soumise la r flexion de diverses instances Quelques mois plus tard il a charg un groupe de travail de la r viser et en mars 1990 une nouvelle formulation tait choisie pour tre propos e officiellement l Ex cutif R gional Wallon Un rapide examen de ces deux tapes permet de comprendre comment a chemin la conception de l conomie sociale en r gion wallonne La d finition retenue titre provisoire tait libell e comme suit L conomie sociale est compos e d activit s conomiques de type associatif fond es sur les valeurs de solidarit d autonomie et de citoyennet Ces activit s sont exerc es par des entreprises commerciales des mutuelles et des associations qui tendent fonctionner selon les principes suivants 1 gestion d mocratique 2 finalit sociale 3 r mun ration limit e du capital et socialisation des b n fices Quelques l ments de cette d finition m ritent d tre pingl s et bri vement comment s Tout d abord on ne stipule pas contrairement une proposition initiale qu il s agit uniquement d activit s conomiques priv es L omission de ce qualificatif est loin d tre anodine C est qu en Belgique de
27. erons dans la section suivante Par comparaison avec le secteur priv c est plut t l assurance libre qu il faut consid rer ici En cette mati re les mutualit s se distinguent des compagnies d assurance traditionnelles sur plusieurs points Tout d abord leurs frais d administration sont sensiblement inf rieurs ce qui leur permet de pratiquer des tarifs moins lev s Cet avantage s explique principalement par l absence d interm diaires pour le d marchage et d une mani re g n rale par la faiblesse des co ts de commercialisation Il faut cependant remarquer que les statuts des mutualit s rendent pratiquement obligatoire pour les affili s une partie de l assurance libre compl mentaire ce qui leur garantit un march consid rable L ampleur du march coupl e l offre de produits moins diff renci s a aussi comme effet de faire jouer davantage la solidarit financi re entre les assur s les personnes risques r duits paient la m me cotisation que les personnes risques lev s alors que les compagnies d assurances proposent plut t des polices et des primes variant selon l importance du risque couvrir On peut encore noter en r gle g n rale des politiques plus familiales dans le chef des mutualit s ainsi qu un recours moins fr quent des mesures d exclusion Enfin les exc dents mutualistes ne donnent lieu aucune appropriation individuelle Ils sont soit mis en r serve soit r investis dans les activit
28. es qui choisissent le statut de soci t coop rative par simple opportunisme La socialisation des b n fices visait plut t les associations qui n ont pas de capital social ainsi que les mutuelles La superposition des deux conditions correspond une exigence nettement plus forte et notre avis exag r e l gard des coop ratives 5 Les crit res retenus pour l conomie sociale en Wallonie Pendant quelques mois le Conseil a laiss les discussions se d canter tout en sollicitant de divers c t s des avis sur sa d finition provisoire Sur cette base il a ensuite charg une commission de remettre l ouvrage sur le m tier et en mars 1990 il a adopt la formulation suivante L conomie sociale se compose d activit s conomiques exerc es par des soci t s principalement coop ratives des mutualit s et des associations dont l thique se traduit par les principes suivants 1 finalit de service aux membres ou la collectivit plut t que de profit 2 autonomie de gestion 3 processus de d cision d mocratique 4 primaut des personnes et du travail sur le capital dans la r partition des revenus Comme le souci de concision n a pas permis d exprimer en une phrase toutes les nuances souhait es nous avons essay de r sumer les principales r flexions qui ont conduit cette d finition Celles ci constituent en quelque sorte un mode d emploi de la d finition En premier lieu soulignons que la concepti
29. ez diff rente Envisageons d abord l assurance libre Celle ci se compose elle m me de l assurance libre petits risques pour ind pendants aussi appel e assurance libre suppl mentaire A L S ainsi que de l assurance libre compl mentaire A L C laquelle souscrivent 90 des assur s sociaux et qui offre divers services non pr vus par le r gime obligatoire Il existe galement une multitude d activit s m dico sociales g r es directement ou indirectement par les mutualit s maisons de repos de convalescence ou de sant mentale foyers d accueil centres de vacances services de soins domicile ou d aides familiales etc Seule une partie de ces activit s est sp cifiquement li e l assurance libre compl mentaire mais elles s analysent toutes comme cette derni re dans une perspective d conomie sociale En effet tout ce pan de l activit mutualiste r pond largement aux crit res de l conomie sociale y compris en ce qui concerne l autonomie de gestion qui est attest e par la diversit des produits et services offerts L autre volet des activit s mutualistes pose un probl me plus d licat dans la mesure o depuis 1945 les mutualit s belges sont int gr es au syst me de s curit sociale obligatoire Elles apparaissent ainsi au grand public comme des parastataux jouant le r le d interm diaires entre l Institut National d Assurance Maladie Invalidit INAMI et les assur s sociaux N anmoins le Conseil
30. fs conjoncturels justifient leur rassemblement au sein d un m me secteur En d autres termes quels sont les crit res par lesquels on peut d finir l conomie sociale et reconna tre l appartenance d une activit conomique ce secteur En France de nombreuses d finitions de l conomie sociale ont t propos es mais aucune d entre elles ne fait l unanimit Certains en viennent m me penser que la diversit des r alit s d conomie sociale est telle qu aucune approche conceptuelle ne peut pr tendre la fois cerner toute l conomie sociale et n embrasser que l conomie sociale Nous estimons pour notre part qu il n est pas souhaitable d enserrer l conomie sociale dans un carcan doctrinal rigide mais qu il importe n anmoins d identifier le plus clairement possible ce qui la distingue fondamentalement des autres secteurs conomiques Il en va tout simplement de sa cr dibilit Les caract res distinctifs qui sont les plus souvent cit s en France se r f rent en g n ral aux buts poursuivis par les entreprises d conomie sociale ainsi qu leurs modes d organisation et de gestion Ils sont assez souvent exprim s comme suit absence de but lucratif libert d adh sion des membres gestion d mocratique et ind pendance vis vis des pouvoirs publics Il existe certes beaucoup d autres formulations des caract res sens s traduire l essence m me de l conomie sociale mais celle ci reprend les th mes qui revi
31. horticoles des mutuelles d entraide et diverses autres activit s compl tent les services offerts une tr s large part de l agriculture wallonne Enfin ces entreprises d j anciennes et d une certaine taille on peut ajouter environ 200 300 coop ratives dont la plupart ont t mises sur pied dans les quinze derni res ann es et emploient moins de vingt personnes Souvent peu int ress es par l agr ation du Conseil national de la Coop ration elles incarnent cependant un v ritable renouveau coop ratif qui se manifeste un peu partout en Europe Occidentale Nombreuses dans les secteurs traditionnels comme le b timent l imprimerie et l agro alimentaire elles sont aussi tr s pr sentes dans les services mat riels ou intellectuels Notons encore que ces nouvelles coop ratives sont en g n ral des coop ratives de travailleurs plut t que d usagers parce qu elles ont t fond es par des personnes qui voulaient ainsi cr er leur propre emploi b La composante mutualiste En Belgique les mutualit s ont principalement deux types d activit s d une part l encaissement des cotisations et le remboursement des prestations pr vues par le r gime obligatoire de la s curit sociale d autre part la gestion de l assurance libre et des services plus ou moins li s celle ci Selon que l on consid re l une ou l autre de ces activit s la question de l appartenance des mutualit s l conomie sociale se pose de mani re ass
32. inition pr cise et aucun ensemble de crit res d appartenance ne fait encore l unanimit il reste un important travail de clarification et de synth se Au niveau wallon notamment tout en s inscrivant dans le processus qui se manifeste l chelle europ enne il s agit de saisir la diversit des r alit s conomiques pouvant se reconna tre dans un secteur d conomie sociale et de mettre en vidence les traits communs ces r alit s pour fonder et enclencher une v ritable dynamique de troisi me grand secteur Au del des b n fices particuliers que pourraient en attendre les diff rents groupes d entreprises qui composent l conomie sociale l enjeu de ces efforts est bien la reconnaissance d une dynamique entrepreneuriale originale diff rente de la d marche dite capitaliste et de l initiative conomique des pouvoirs publics C est dans cette perspective de discernement progressif que le Conseil Wallon de l Economie Sociale a travaill pour aboutir une d finition du secteur au niveau r gional Nous voquerons bien videmment cette approche sp cifiquement wallonne mais il nous para t tout aussi fondamental de la situer dans le contexte historique et philosophique qui a donn naissance l conomie sociale La modernit de cette derni re s inscrit en effet dans une tentative plus que s culaire de cr er une sph re d activit s conomiques autonomes et efficaces dont les objectifs et les modes de fonctionnement s
33. mposer du moins en fran ais il vaut mieux s y rallier Par contre dans les autres langues de la Communaut Europ enne il est dores et d j manifeste que d autres appellations plus proches des sp cificit s nationales sont souvent pr f r es quand ce n est pas la simple traduction de l expression organisations coop ratives mutualistes et associatives 3 La r affirmation d un troisi me secteur C est au d but des ann es 70 que les mouvements coop ratifs et mutualistes fran ais se rapprochent et red couvrent leurs traits communs Quelques ann es plus tard le mouvement associatif les rejoint et en 1975 un Comit National de Liaison des Activit s Mutualistes Coop ratives et Associatives CNLAMCA voit le jour D s 1978 celui ci suscite Bruxelles un d bat europ en sur l conomie sociale Malgr les difficult s de trouver des termes convenant tous une prise de conscience s bauche dans diff rents pays La reconnaissance par les pouvoirs publics ne tarde gu re puisqu en 1981 une D l gation Interminist rielle l Economie Sociale DIES est mise sur pied par le gouvernement fran ais Par la suite celle ci sera coiff e par un Secr tariat d Etat l conomie sociale que l on retrouve encore aujourd hui dans le gouvernement de M Rocard Parmi de nombreux faits marquant la structuration du secteur citons encore l adoption d une Charte de l conomie sociale en 1980 la cr ation d une Fondation de l E
34. nce et son succ s Il en va d ailleurs de m me lorsque les pouvoirs publics institutionnalisent plus grande chelle des solutions exp riment es au plan associatif Mais quand elles parviennent garder leur sp cificit les entreprises de l conomie sociale ont le grand m rite de reposer par leur thique la question des finalit s de l activit conomique Or l homme moderne per oit de moins en moins ces derni res ballot qu il est par des structures conomiques en perp tuel mouvement et domin es par des capitaux de plus en plus concentr s L conomie sociale ne d tient videmment pas toutes les r ponses cette question du sens mais elle indique un chemin praticable pour une conomie davantage au service de tout l homme et de tous les hommes REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ALLIANCE NATIONALE DES MUTUALITES CHRETIENNES 1986 Economie sociale Rapport de la Commission 6 au Congr s National Bruxelles ANSION G et MARTOU F 1988 Les coop ratives du mouvement ouvrier en Belgique in L entreprise coop rative tradition et renouveau sous la dir de J Defourny Labor Bruxelles pp 123 147 ARCHAMBAULT E 1986 L conomie sociale est elle associ e aux grandes fonctions conomiques des pouvoirs publics Revue des tudes coop ratives mutualistes et associatives n 18 pp 23 43 COMITE ECONOMIQUE ET SOCIAL DES COMMUNAUTES EUROPEENNES 1986 Les organisations coop ratives mutualistes et asso
35. nombreuses initiatives conomiques en faveur des personnes d favoris es sont prises dans le cadre d associations priv es au sein des milieux sociaux chr tiens tandis que des initiatives du m me genre sont plut t r clam es des pouvoirs publics dans les milieux d ob dience socialiste par exemple dans le cadre d associations de droit priv mais sous la tutelle d un pouvoir communal Pour ne pas risquer d opposer ces deux tendances si l une seulement tait reconnue d conomie sociale le Conseil a pr f r rester silencieux sur ce point C est aussi pour cette raison et parce que le financement de nombreuses associations est largement public qu il n a pas repris avec la m me nettet l id e d ind pendance l gard des pouvoirs publics Il parle plut t d autonomie sans fournir d autre pr cision Le crit re sp cifiant une finalit sociale est pour sa part tr s vague et tient m me de la tautologie Mais affirmer l absence de tout but lucratif a sembl trop irr aliste en particulier pour des coop ratives dont la viabilit d pend en grande partie de leur capacit d gager des exc dents Enfin le troisi me crit re avait d abord t formul dans un sens moins restrictif r mun ration limit e du capital et ou socialisation des b n fices La r mun ration limit e du capital reprenait un principe coop ratif classique inscrit dans le droit belge pour reconna tre les vraies coop ratives parmi toutes les entrepris
36. nt des demandes ne pouvant s exprimer en termes mon taires par exemple une demande d alphab tisation ou qui n offrent pas une rentabilit suffisante pour attirer des entreprises orient es vers le profit par exemple le th atre amateur La th orie des NPO montre aussi que celles ci sont particuli rement appropri es pour les activit s o existe une asym trie d information entre producteurs d une part acheteurs et ou usagers d autre part quant aux conditions d achat et de consommation ou quant la nature du produit Ainsi par exemple les donateurs d oeuvres humanitaires sont au sens large les acheteurs de services qu ils font prester au b n fice d autres personnes Mais n tant pas eux m mes les consommateurs ils n ont pas toute l information n cessaire pour contr ler la quantit et la qualit du produit Aussi ne feront ils confiance au producteur que si celui ci n a pas de but lucratif parce qu ils savent qu une entreprise cherchant le profit maximum exploiterait leur situation d inf riorit Le m me raisonnement peut tre tenu pour des situations o les acheteurs consomment eux m mes les biens et services mais ne peuvent valuer l impact marginal de leur participation financi re sur la qualit et la quantit du produit Ainsi en est il souvent des membres d associations vis vis des divers services qui leur sont offerts et qui sont surtout financ s par leurs cotisations Notons encore que selon certains auteurs
37. nt c est dans des soci t s en transition et en particulier lors des grandes mutations du capitalisme que l conomie sociale s est surtout affirm e Aujourd hui l int gration europ enne et le d mant lement des syst mes centralis s l Est cr ent leur tour des conditions qui appellent ce secteur remplir sa double fonction de rattrapage et d anticipation De rattrapage parce que l conomie sociale na t souvent de r actions collectives face aux probl mes que cr ent les transformations du syst me D anticipation dans la mesure o ces r actions annoncent souvent de nouvelles demandes sociales et pr figurent des r ponses plus globales Bien que marqu e par l internationalisation des conomies la vocation du troisi me secteur n en reste pas moins inscrite avant tout dans une dynamique locale ou r gionale Fond e en effet sur l association des personnes l conomie sociale ne traverse pas les fronti res comme le font les soci t s de capitaux L exemple le plus frappant de cette insertion r gionale est sans conteste le complexe coop ratif de Mondragon dans le pays basque espagnol Mais l instar des grandes entreprises de celui ci l conomie sociale doit dans ses formes les plus expos es la concurrence trang re trouver les moyens d une pr sence et d une action au niveau international Le principal cueil qu elle doit alors viter est celui d une banalisation vers laquelle la poussent en g n ral sa croissa
38. oduction de biens et services par les pouvoirs publics Ces derniers manant d lections d mocratiques et tant sens s poursuivre l int r t g n ral on pourrait tre tent de penser que leurs activit s conomiques r pondent aux principaux crit res de l conomie sociale En fait il manque en g n ral celles ci l autonomie qui constitue un ressort essentiel de toute dynamique associative Dans certaines circonstances cependant des initiatives publiques surtout locales peuvent se traduire par la mise sur pied de structures largement autonomes sur le plan juridique et ou financier par exemple une association sans but lucratif cr e par un C P AS Dans de tels cas l appartenance l conomie sociale peut se justifier mais on reviendra plus loin sur cette id e C Processus de d cision d mocratique La d mocratie dans le processus de d cision renvoie au principe central de la coop ration un homme une voix Si on peut consid rer que ce principe est effectivement respect dans les entreprises coop ratives mutualistes et associatives qui ne d passent pas une certaine taille sa pr sence dans les grandes entit s se manifeste plut t au niveau des statuts Il repr sente alors une r gle difficile appliquer mais vers laquelle il faut tendre et dans certains cas une possibilit ultime de recours pour les membres d Primaut des personnes et du travail sur le capital dans la r partition des revenus La
39. oient fond s sur les valeurs de solidarit et de d mocratie Mais comme la gen se et les p r grinations de l conomie sociale sont encore peu connues surtout en dehors de l Hexagone nous allons commencer par en retracer les grandes lignes Nous analyserons ensuite les ambigu t s de la notion m me d conomie sociale ainsi que les modalit s de sa r apparition en France L ensemble de ces l ments nous aidera aussi appr cier son mergence en Wallonie et les contours qui sont en train de s y dessiner pour ce secteur Enfin nous essayerons d valuer sur le plan statistique l importance de l conomie sociale wallonne et de saisir ses r les sp cifiques aux c t s des secteurs priv et public traditionnel 1 Les sources de l conomie sociale Si l conomie sociale semble parvenir sortir de ce no man s land mal d limit entre secteur priv classique et secteur public et affirmer une certaine coh rence c est avant tout parce que ses diff rentes composantes plongent leurs racines dans un m me terreau l associationisme ouvrier du XIX me si cle et les utopies des Robert Owen Henri de Saint Simon Charles Fourier Pierre Joseph Proudhon et autres Philippe Buchez C est en effet dans ce creuset que virent le jour les premi res r alisations coop ratives et mutualistes Il n emp che que l itin raire de l conomie sociale depuis ses sources jusqu ses manifestations contemporaines est marqu par diverses g n
40. on d conomie sociale pr sente plusieurs avantages Ainsi les porteurs de projets font g n ralement preuve de ce sens de l initiative et de cette volont d aboutir qui sont la force des activit s priv es L enracinement dans le milieu local engendre une sensibilit aux besoins nouveaux et rapproche des marginaux souvent rebut s par une d marche de type administratif La rapidit d intervention accro t l efficacit de l conomie sociale tandis que les r gles de la comptabilit publique imposent souvent des rigidit s et des d lais dommageables L utilisation d une main d oeuvre moins rigide et moins ch re ainsi que la capacit de mobiliser du travail b n vole permettent de r duire les co ts de production de fa on substantielle Enfin une partie au moins de l conomie sociale parvient produire autrement dans des unit s de plus petite taille en instaurant des relations personnelles entre producteurs et usagers en impliquant les salari s dans le projet de l organisation etc A c t de ces atouts souvent ind niables la production d conomie sociale comporte aussi selon E Archambault des risques qui sont probablement assez diff rents suivant l chelle des activit s Dans les petites entit s il existe un risque de surexploitation des travailleurs et d atteinte au droit du travail ou au droit syndical Les r alisations peuvent aussi tre trop limit es si les fonds propres la capacit d emprunt ou les autres
41. on de l conomie sociale comme ensemble d activit s proprement conomiques y compris dans le chef des associations doit s entendre au sens le plus classique de l conomie celle ci consiste en l affectation de ressources limit es la satisfaction de besoins pratiquement illimit s ou encore en la production la distribution et la consommation de biens et services Aussi par les moyens qu elles mettent en oeuvre les besoins qu elles rencontrent et les services marchands ou non marchands qu elles fournissent de tr s nombreuses associations sont largement conomiques et participent incontestablement la production de richesses et l accroissement du bien tre g n ral Mais cette vision large et n anmoins rigoureuse de l conomie ne correspond gu re au sens qu on lui donne le plus commun ment et encore moins la d limitation par les lois de 1980 et 1988 des comp tences dites conomiques des R gions par rapport celles des Communaut s La d finition provisoire pr cisait que l conomie sociale regroupe des activit s conomiques de type associatif pour souligner la dynamique de libre entreprise collective qui anime ce secteur et pour rappeler l associationnisme ouvrier du XIX me si cle qui fut le berceau de l conomie sociale Finalement li e au fait que tous les grands types de soci t s commerciales sont des associations de personnes S C et S P R L ou de capitaux S A Le triptyque coop ratives mut
42. onomie sociale les quelques associations d assurance mutuelle qui op rent en Wallonie Elles sont principalement regroup es au sein de l Union des Associations d Assurance mutuelle et au sein de l Association des Caisses communes d Assurance lorsqu elles couvrent sp cifiquement les risques d accidents du travail c La composante associative La d limitation de l conomie sociale est encore bien plus complexe quand on aborde le champ des associations Un premier probl me tient au moule juridique de l association sans but lucratif A S B L celui ci est tr s permissif et peut cacher des activit s visant en fait le profit ainsi que des structures o le pouvoir est tr s concentr Ensuite il faut essayer d isoler parmi les associations celles dont la pertinence conomique est suffisamment marqu e pour justifier leur appartenance au secteur d conomie sociale On a bien dit que le caract re conomique des associations devait tre interpr t dans un sens tr s large mais il faut tout de m me pouvoir identifier cette dimension conomique En France certains ont propos comme indice le paiement d un salaire par l association fut ce pour un travailleur temps partiel D autres avancent plut t l enregistrement de l association par l Administration de la T V A D autres encore estiment que de tels crit res sont trop peu exigeants mais ils n ont gu re de solution alternative offrir Pour notre part nous pensons qu en W
43. oop ratives de travailleurs le d veloppement des entreprises d apprentissage professionnel et les remises au travail par les associations dans le cadre de divers programmes publics cadres sp ciaux temporaires troisi me circuit de travail programme PRIME etc expriment bien la participation de l conomie sociale la d fense de l emploi la cr ation de nouveaux postes de travail ainsi qu la r insertion de jeunes d favoris s ou de ch meurs structurels Les agences conseils de l conomie sociale wallonne contribuent elles aussi au d veloppement de l emploi par leurs activit s d assistance la cr ation d entreprises En revanche il importe de remarquer qu une bonne partie des postes de travail cr s dans les associations et dans une moindre mesure au sein des nouvelles coop ratives ont un caract re fortement atypique faible r mun ration contrats dur e d termin e travail temps partiel En cela l conomie sociale contribue certainement rendre de plus en plus floues les fronti res entre inactivit ch mage et emploi quelle que soit d ailleurs l appr ciation que l on porte sur cette volution La fonction r gulatrice de l conomie sociale peut encore s analyser dans une perspective plus globale Selon C Vienney 1986 elle quivaudrait une proc dure post keyn sienne de sortie de crise l utilisation d organisations de type coop ratif pour inciter certains agents r organiser avec le
44. ort la redistribution publique l action redistributive de l conomie sociale comporte les avantages suivants elle limite les situations d assistance en aidant les individus se prendre en charge eux m mes par son action d information qui recourt de plus en plus des outils m diatiques tr s performants elle mobilise de nouvelles ressources financi res et humaines surtout pour des solidarit s courtes c est dire quand les b n ficiaires sont connus et visibles elle d cloisonne les politiques sociales s adressant une m me personne ou un m me groupe d individus elle parvient enfin pallier dans de tr s brefs d lais des situations de d tresse aig e La redistribution d conomie sociale pr sente pourtant d videntes limites En privil giant les solidarit s courtes elle peut en effet renforcer les in galit s et d boucher sur un certain corporatisme Plus fondamentalement elle reste vou e un r le d appoint par rapport un syst me de pr l vements obligatoires car une redistribution essentiellement volontaire engendrerait une protection sociale plusieurs vitesses c La fonction de r gulation S agissant enfin de la fonction de r gulation des pouvoirs publics c est surtout depuis la crise conomique qu appara t le r le compl mentaire des organisations d conomie sociale Celui ci se manifeste tout particuli rement dans la mise en oeuvre des politiques d emploi Ainsi le renouveau des c
45. que les coop ratives qui r pondent aux crit res d agr ation du Conseil national de la Coop ration et les entreprises qu on peut assimiler ces derni res Il s agit tout d abord des entreprises qui forment les mouvements coop ratifs chr tien et socialiste traditionnels ou qui d pendent du Boerenbond Les plus importantes d entre elles se trouvent dans le secteur de l pargne et du cr dit et dans celui des assurances la COB Coop ration ouvri re belge la CODEP anciennement Coop D p ts et la CERA Centrale des caisses Raiffeisen pour le premier la PS Pr voyance sociale les LAP les Assurances populaires et les ABB Assurances du Boerenbond belge pour le second Quant l EPECE Economie populaire de Ciney elle est la derni re coop rative de consommation dans le commerce de d tail Mais elle est aussi pr sente dans la distribution pharmaceutique aux c t s de plusieurs groupes de pharmacies coop ratives rattach s au mouvement socialiste Maison des Mutualistes Pharmacies du Peuple Pharmacies populaires li geoises la Sauvegarde La Wallonie compte aussi des dizaines de coop ratives agricoles principalement li es la F d ration nationale des Unions professionnelles agricoles ou l Alliance agricole belge Ces entreprises occupent parfois des positions importantes dans le secteur c r alier et surtout dans le secteur laitier actuellement en pleine restructuration Des cri es coop ratives agricoles et
46. ravail b n vole souvent important dans les associations C Janvier 1990 a calcul que les associations de Herve et Rocourt peuvent compter sur l aide de pr s de 5 000 b n voles prestant en moyenne 3 heures par semaine La somme de toutes ces heures de travail b n vole quivaut environ 210 emplois temps plein pour Herve et 75 emplois pour Rocourt soit respectivement 3 2 et 2 0 de la population active Si l on transpose au niveau r gional la moyenne pond r e de ces deux pourcentages savoir 2 8 de la population active on obtient une masse de travail b n vole qui en nombre d heures correspond pr s de 36 000 emplois temps plein Pour cl turer cette approche statistique voquons bri vement l conomie sociale l chelle europ enne En fait les r alit s sont aussi complexes dans la plupart des pays de la Communaut surtout en ce qui concerne la composante associative du secteur Aussi nous nous contenterons de citer titre indicatif quelques uns des chiffres mentionn s dans une r cente communication de la Commission 1989 qui d ailleurs ne s aventure dans aucune estimation pour les activit s des associations Si les coop ratives de consommation une des formes les plus anciennes de la coop ration sont en nette r gression dans plusieurs pays la coop ration de commer ants d taillants s est ce point d velopp e qu elle repr sente aujourd hui pr s de 10 du chiffre d affaires du commerc
47. rny Labor Bruxelles pp 55 70 Economie sociale D bat europ en 1979 Actes du pr colloque de Bruxelles CNLAMCA CIRIEC novembre 1978 Editions CIEM Paris GUESLIN A 1987 L invention de l conomie sociale Economica Paris HATZFELD 1971 Du paup risme la S curit Sociale 1850 1940 Armand Colin Paris HANSMANN H 1980 The Role of Nonprofit Enterprise in The Economics of Nonprofit Institutions Studies in Structure and Policy S Rose Ackerman ed Oxford University Press pp 57 84 HANSMANN H 1987 Economics Theories of Nonprofit Organizations in The Nonprofit Sector a Research Handbook W Powell ed Yale University Press pp 27 42 HENRAR F 1990 Recensement des besoins de l conomie sociale wallonne Document pr paratoire au rapport demand par l Ex cutif r gional wallon au Conseil wallon de l Economie sociale INSTITUT NATIONAL DE STATISTIQUE 1990 Annuaire statistique de la Belgique 1988 tome 108 Minist re des Affaires conomiques Bruxelles JAMES E editor 1989 The Nonprofit Sector in International Perspective Oxford University Press Oxford and New York JANVIER C 1990 Evaluation de l importance conomique du mouvement associatif dans deux communes de la Province de Li ge m moire de licence Universit de Li ge La connaissance des associations 1984 Dossier de la Revue des tudes coop ratives mutualistes et associatives n
48. s Certains traits distinctifs des mutualit s tendent cependant s affaiblir lorsqu on envisage les produits de l assurance compl mentaire r ellement facultative assurance hospitalisation petits risques des ind pendants pargne pr nuptiale etc De m me si la qualit de membre offerte tout assur n est pas sans signification il faut reconna tre qu elle ne d bouche gu re sur une participation effective des affili s c Les associations Les associations qui r pondent aux crit res de l conomie sociale op rent tant t aux c t s de soci t s commerciales par exemple dans la gestion de maisons de repos ou de salles de sport tant t dans des secteurs o elles rencontrent tout au plus l initiative publique par exemple dans les activit s biblioth caires ou dans l h bergement de handicap s Elles peuvent tre constitu es par des personnes physiques ou par des personnes morales comme par exemple les mutualit s dans le domaine m dico social La litt rature conomique essentiellement anglo saxonne sur les nonprofit organizations NPO a r cemment d velopp une vaste r flexion sur les sp cificit s de ces derni res et sur les raisons qui expliquent la production de certains biens et services par des NPO en compl ment voire en lieu et place d entreprises but lucratif En premier lieu et ainsi que le sugg re le bon sens les associations assurent notamment la prise en charge d activit s qui r ponde
49. se fait en coop ration avec une association locale ou avec une communaut de quartier Ici on retrouve notamment la probl matique d j voqu e de certaines associations largement impuls es et financ es par des pouvoirs publics locaux ou par des C P A S Le troisi me interface se situe entre l conomie sociale et le secteur priv traditionnel Lorsque l entreprise priv e organise une participation des travailleurs la propri t la gestion et aux r sultats elle peut s apparenter une entreprise coop rative si ce management participatif est pouss assez loin H Desroche consid re enfin un interface avec le secteur syndical dans la mesure o des entreprises peuvent comme en Allemagne tre cog r es par les syndicats ou m me cr es et g r es par eux seuls comme en Isra l De telles exp riences sont pratiquement inexistantes en Wallonie mais on pourrait placer dans cette zone certaines initiatives syndicales en mati re de formation ou dans d autres domaines comme par exemple le tourisme social Une telle repr sentation g om trie variable de l conomie sociale a l avantage de permettre des adaptations en fonction des volutions socio conomiques et de la diversit des r alit s r gionales ou nationales En ce sens elle nous para t constituer un outil privil gi pour une approche europ enne de ce secteur 8 Une valuation quantitative du secteur Il est particuli rement difficile de se f
50. surance maladie et enfin l explosion du mouvement associatif dans de multiples directions tous ces facteurs jouent en faveur d une distanciation et d une perte de coh sion des activit s coop ratives mutualistes et associatives Sur le plan terminologique ensuite l expression conomie sociale est employ e dans des sens encore plus larges et vari s qu auparavant en particulier comme le dit C Vienney pour d signer des champs d tudes socio conomiques conomie de la sant et de la protection sociale de l ducation et de la formation du travail et de l emploi r le des syndicats dans l conomie etc En d autres termes lorsqu on entreprend l analyse conomique non plus de la production de l change marchand ou des grands agents conomiques classiques les entreprises et l Etat mais plut t de la vie en soci t de l individu et des groupes sociaux on coiffe parfois ces th mes de l appellation g n rale conomie sociale ou social economy chez les anglo saxons Celle ci est alors synonyme d conomie du social Que conclure de tout cela Que peut tre un autre terme eut t plus indiqu lorsqu au cours des ann es 70 en France coop ratives mutualit s et associations ont voulu r affirmer leur parent D aucuns pensent que par exemple l expression conomie associative eut t plus appropri e quoique tr s imparfaite elle aussi De toute fa on puisque conomie sociale semble aujourd hui s i
51. t une revue baptis e L Economie sociale Il a aussi l id e de faire figurer l conomie sociale aux expositions universelles de 1867 1878 et 1889 Le Play approuve le d veloppement des coop ratives dans une vis e r formiste mais non pour une transformation radicale de la soci t Il pr ne surtout les oeuvres de patronage des chefs d industrie Fr d ric Guillaume Raiffeisen peut aussi tre mentionn dans la m me lign e pour ses r alisations pratiques il fonde en Allemagne les premi res caisses rurales de cr dit et devient ainsi le p re du cr dit coop ratif agricole D une mani re g n rale les chr tiens sociaux du XIX me si cle appellent de leurs voeux des corps interm diaires pour lutter contre l isolement de l individu tare du lib ralisme et contre l absorption de l individu dans l Etat pi ge du jacobinisme La valorisation de ces micro structures en m me temps que l affirmation de l autonomie des individus d bouchent sur le concept de subsidiarit qui implique que l instance sup rieure n accapare pas les fonctions que l instance inf rieure plus proche de l usager peut assumer L cole lib rale quant elle est d abord emmen e par Charles Dunoyer puis par Fr d ric Passy Pla ant la libert conomique au dessus de tout et r cusant les ing rences ventuelles de l Etat elle se fonde surtout sur le principe du self help Par ailleurs m me si leurs positions sont loin d tre identiques on peut aussi
52. ualit s associations est quant lui commode pour identifier les structures a priori les plus susceptibles d appartenir au secteur d conomie sociale Mais des soci t s commerciales non coop ratives peuvent galement faire partie de ce dernier si elles en respectent les principes fondamentaux Invers ment beaucoup de soci t s coop ratives choisissent cette forme juridique pour ses seuls avantages administratifs ou financiers et n ont en r alit rien voir avec l conomie sociale Enfin seul l ment vraiment novateur dans la formule introductive l affirmation d une thique propre l conomie sociale se justifie particuli rement une poque o l on red couvre le danger d un d veloppement autonome de certaines disciplines biologie m decine conomie sans r f rence des valeurs et normes soci taires Alors que de nombreux d bats parfois un peu faciles sur l thique des affaires business ethics tendent conf rer au capitalisme une aura de justification morale il faut rappeler que l conomie sociale a toujours inscrit l exigence thique au coeur m me de l conomique en promouvant des pratiques d entreprise qui panouissent la personne et respectent l int r t g n ral C est d ailleurs ce sens thique tr s marqu qui fait de l conomie sociale le seul secteur capable de mobiliser de grandes quantit s de travail b n vole Reprenons pr sent les quatre principes qui traduisent l thiqu
53. urs propres ressources des activit s pertub es permettrait l Etat de s engager prioritairement dans d autres grandes op rations de restructuration industrielle Au del d un contexte de crise certains voient m me dans la mont e de l conomie sociale l expression de nouveaux compromis sociaux Comme l explique notamment B Levesque 1989 l Etat de son c t est pr t soutenir les entreprises d conomie sociale parce que pour certaines activit s elles mettent en oeuvre des ressources qu il ne saurait mobiliser autrement et parce qu il trouve une garantie dans leurs r gles de fonctionnement en particulier l aide ventuellement octroy e ne peut tre accapar e par quelques individus D autre part en contrepartie du transfert de charges les groupes porteurs de ces entreprises n gocient en quelque sorte avec l Etat la reconqu te d un certain pouvoir sur ces activit s Conclusion Les entreprises de l conomie sociale ne disposent d aucun avantage absolu sur les autres formes d organisation conomique Mais sur de nombreux terrains elles ont des atouts et des qualit s auxquelles ne peuvent pr tendre ni les entreprises priv es traditionnelles ni les interventions conomiques des pouvoirs publics En ce sens et en raison de l thique qui rapproche ses composantes pourtant tr s diverses on peut consid rer l conomie sociale comme un troisi me grand secteur dont la contribution est largement originale Historiqueme
54. wallon de l Economie sociale a choisi de les consid rer int gralement dans l conomie sociale et ce pour plusieurs raisons Sur le plan historique tout d abord les mutualit s actuelles sont directement issues des multiples soci t s de secours mutuel cr es pour la plupart au XIX me si cle et qui incarnaient une des formes essentielles de l conomie sociale Ce n est pas un quelconque reniement de leurs principes fondateurs qui a transform ces soci t s initiales Ce sont plut t leurs r ussites probantes qui ont amen l Etat leur confier une mission de service public Dans le large ventail des initiatives mutualistes il faut voir l assurance obligatoire comme la cons cration d une tr s large part de cette action et l assurance compl mentaire comme son prolongement en vue de la couverture de besoins nouveaux Par ailleurs malgr un contr le troit exerc par les pouvoirs publics les mutualit s ont gard jusqu aujourd hui des structures assez d centralis es les unions nationales regroupent des f d rations r gionales qui comptent elles m mes au niveau local de nombreuses soci t s primaires Enfin s il est vrai qu une nouvelle loi doit bient t r duire ce degr de d centralisation elle devrait aussi accro tre la responsabilit et l autonomie de gestion des mutualit s Si l on suit une tude europ enne du Comit conomique et social 1986 on doit encore ajouter dans la composante mutualiste de l c
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