Responsabilité sociale environnementale des entreprises : entre
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1. nergie nucl aire et identit nationale apr s la Seconde Guerre mondiale Paris La D couverte JASPER J 1990 Nuclear Politics Energy and the State in the United States Sweden and France Princeton Princeton University Press LEISS W 1996 Three Phases in the Evolution of Risk Communication Practice The ANNALS of the American Academy of Political and Social Science vol 545 n 1 p 85 94 LORDON F 2003 Et la vertu sauvera le monde Paris Raisons d agir LUHMANN N 1993 Risk A Sociological Theory Berlin de Gruyter MASSARD GUILBAUD G 2002 De la part du milieu l histoire de l environnement Le Mouvement social n 200 juillet septembre p 64 72 MASSARD GUILBAUD G 1999 La r gulation des nuisances industrielles urbaines 1800 1940 Vingti me si cle Revue d histoire n 64 num ro sp cial Villes en crise octobre d cembre p 53 65 MELUCCI A 1978 Soci t en changement et nouveaux mouvements sociaux Sociologie et soci t X 2 p 37 53 OFFE C 1984 Contradictions of the Welfare State John Keane ed Cambridge The MIT Press OFFE C 1997 Les d mocraties modernes l preuve Paris L Harmattan PIRIOU O LENEL P 2007 Entre engagement prise de risques et pragmatisme le cas de la mise en uvre d un dispositif de concertation publique dans une zone Seveso 2 communication au Colloque Risques industriels Sc2. n goci le texte 18 On se r f re ici notamment aux accords sign s EDF janvier 2005 et chez Rhodia f vrier 2005 reconduit en 2008 Cette question a d autant plus de pertinence que en pratique la th matique des risques industriels environnementaux est un domaine r serv des directions d entreprise ou d usine domaine r serv que ne lui dispute pas ou bien qu aborde de mani re marginale le syndicalisme Ainsi sur le terrain le probl me de la pollution n est pas un objet de n gociation collective ou m me un th me trait en d tail dans les instances de repr sentation du personnel CHSCT ou Comit d entreprise m me si rarement des entreprises ont pu mettre en place des groupes de travail sur l environnement De mani re compl mentaire le risque industriel de catastrophe est laiss au ressort de la direction si on s en tient l examen de la mani re dont sont trait s les incidents et accidents Cependant une telle situation appara t paradoxale En effet si d un c t les risques environnementaux sont du domaine r serv des directions de l autre ces derni res visent obtenir le soutien des organisations syndicales d s que survient un incident accident afin de tenir une position uniforme vis vis de l ext rieur de l usine surtout dans les instances de concertation o les organisations syndicales ont une place attribu e On peut alors consid rer analytiquement qu
3. ou l industrie nucl aire car interrogeant son existence m me On peut alors affirmer que la notion de RSEE est une affirmation politique des entreprises dans une confrontation sociale qu elle est susceptible de faire voluer mais qui la d passe largement 2 Tableau tir d un document de l Institut pour une Culture de la s curit industrielle 10 Bibliographie ACQUIER A AGGERI F 2008 Une g n alogie de la pens e manag riale sur la RSE n 180 p 131 157 ANDURAND R 1996 Saga des secr tariats permanents de pr vention des probl mes industriels Paris ditions Pr ventique BERNHARDT C MASSARD GUILBAUD G 2002 Le D mon moderne La pollution dans les soci t s urbaines et industrielles d Europe The modern Demon Pollution in Urban and Industrial European Societies Clermont Ferrand Presses universitaires Blaise Pascal BLONDIAUX L 2005 L id e de d mocratie participative enjeux impens s et questions r currentes in BACQUE REY et SINTOMER dir Gestion de proximit et d mocratie participative La D couverte p 119 137 BODET C LAMARCHE T 2007 La Responsabilit sociale des entreprises comme innovation institutionnelle Une lecture r gulationniste Revue de la R gulation Capitalisme institution pouvoirs n 1 http regulation revues org BOURG D et Boy D 2005 Conf rences de citoyens mode d emploi Paris Editions Charles L opold Mayer CHAS
4. le changement se dessinant est une reconfiguration des rapports politiques des entreprises aussi bien aux salari s qu l tat et l opinion publique plut t qu une reconfiguration fondamentale des fa ons de produire II 1 Limite des transformations productives Dans le mouvement de mondialisation de la production les industries risques ont une caract ristique qui les sp cifie de mani re surprenante Alors que de nombreuses industries process se sont relocalis es sid rurgie lourde par exemple l volution des activit s chimiques et nucl aires r pond des d terminants qui leur sont propres o Une adaptation localis e des pratiques Ainsi la production d nergie nucl aire civile est au moins ce stade tr s localis e Plus explici tement dans la mesure o le transport d lectricit a un co t mon taire ainsi qu une d perdition ner g tique lev s c est la distance moyenne entre la centrale nucl aire et la zone de fourniture d lec tricit qui appara t comme le crit re de choix de la localisation s ajoutant d autres aspects g ogra phiques disponibilit d eau de refroidissement dans certains cas ou sociaux capacit de surmonter les contestations locales Du coup la strat gie adopt e par les producteurs d lectricit est de produire au plus pr s des zones desservir rendant sans objet au moins ce jour une politique de d loca lisation susceptibl
5. dossiers industriels Dans le domaine nucl aire une loi de juin 2006 Transparence et s ret nucl aires syst matise la cr ation de Commissions Locales d Information autour des sites nucl aires 8 Sur ce point voir Andurand 1996 Cette nouvelle dimension proc durale marque une inflexion significative dans les relations entre sph re civique tat et industries La mise en place obligatoire des nouveaux comit s cr s autour des usines Seveso de par son caract re contraignant rompt avec la contingence des instances ant rieures dont le fonctionnement d pendait de dispositions locales concr tement de la bonne volont des indus triels ou des bonnes relations entre ces derniers et l administration Suraud 2007 Dans le nucl aire civil la possibilit offerte un CHSCT d tre auditionn par une Commission locale d informa tion repr sente un cart marquant par rapport un mode de relations professionnelles ant rieures o les directions de centrale nucl aire avaient fait de la s ret nucl aire un domaine r serv donc troi tement contr l un principe accept en pratique par les organisations syndicales Ces derni res sont donc de plus en plus tendues entre leurs dimensions professionnelles qui les confinent dans l usine et l entreprise Chaskiel 2007 et leur revendication de transparence qui les invite se territorialiser et donc se d tacher de l usine Cette t
6. entre prises vis vis de l tat Cette th matique r v le au contraire la pr gnance croissante de l tat et de la sph re civique dans le fa onnage des activit s industrielles D s lors la tension entre autonomisation et politisation de la production pousse les entreprises adopter des positions offensives sur le terrain de la th matique environnementale On peut interpr ter ainsi l affichage d une Responsabilit sociale environnementale des entreprises RSEE qui a par ailleurs voir avec le d passement du rapport salarial fordiste Postel Rousseau et Sobel 2006 Cet affichage comporte sur le court terme une dimension l gitimante ayant aussi voir avec l ordre du discours Lordon 2003 Cependant ce discours n est pas creux dans la mesure o face la contesta tion des risques les entreprises se voient dans l obligation de justifier publiquement leur mode de trai tement des risques environnementaux L expression de RSEE comme cat gorie de pens e centralisant un ensemble plastique de prati ques r formatrices r pondant la pression publique a pour enjeu de reformuler et de rendre coh ren tes entre elles les pratiques des entreprises vis vis non seulement de l opinion publique mettant en cause le type de fonctionnement des usines mais aussi de l tat pour peser sur les arbitrages tatico administratifs entre les revendications environnementales et les r quisits de la sph
7. faibles 1 Arr t MEED du 29 septembre 2005 Classes de probabilit d occurrence de tr s peu probable probable Sc narios jug s acceptables D sastreux Sc narios jug s tol rables zone ALARP FIGURE 1 2 Exemple de matrice probabilit gravit Sc narios jug s non acceptables Classes de gravit des cons quences 20 Cependant la mise en avant de l id e de risque acceptable parfois rig e en culture du risque se heurte une asym trie dans les modes d appr ciation des d cisions risqu es selon qu on se place du c t de la d cision prise par le syst me entreprises et Etat ou bien de celui de l exposition aux cons quences de cette d cision contest e par la sph re civique Autrement dit le calcul probabiliste est l apanage du d cideur alors la question du danger des cons quences d un v nement int resse directement les groupes civiques C est pourquoi la rationalisation du risque se heurte une contes tation Du point de vue de l tat la concertation publique constitue un mode de gestion paradoxal de cette tension et de cette asym trie D un c t on peut voir dans la mise en place des dispositifs de concer tation une exigence vis vis des entreprises de r pondre globalement aux demandes associatives De l autre le fonctionnement effectif des dispositifs de concertation interpelle les conditions de fonction nement et de d veloppe
8. 05 La concertation publique sur les risques industriels s inscrit dans cette perspective en rev tant une sp cificit surtout depuis la multiplication des Secr tariats permanents pour la pr vention des pollu tions industrielles SPPPI dont le premier cr est celui de Fos Berre Bouches du Rh ne en 1971 Ces structures de concertation ont pour objectif affich de faire accepter par l ensemble des parties prenantes les activit s industrielles risques en invoquant l information le dialogue et la concer tation y compris dans le conflit comme des moyens de trouver des solutions aux probl mes jug s les plus aigus Ces instances ont alors pour vis e une meilleure connaissance donc une meilleure expertise des sources et des causes des pollutions d origine industrielle Cependant ces dispositifs ne d bouchent pas sur un contr le troit des pratiques des entreprises en mati re de risques d accident majeur Elles conduisent des volutions dans le domaine des pollutions et des nuisances dont le niveau est abaiss mais pas une r duction du potentiel de catastrophe qui chappe largement aux discussions Si les pollutions et nuisances sont d tectables de l ext rieur des usines il n en va pas de m me des risques de catastrophe majeure stricto sensu dont le contr le n cessite d entrer au c ur m me de l espace de production De ce point de vue le contr le citoyen op r par la concertat
9. 1970 L tat fran ais limite ainsi les possibilit s laiss es aux municipalit s de s opposer l implantation des usines depuis un d cret de 1810 et les inspecteurs charg s depuis 1917 de contr ler le fonctionnement des installations sont d pourvus de moyens voire de comp tences pour rivaliser avec les grosses entreprises Massard Guilbaud 1999 Dans une dyna mique de croissance industrielle tr s fortement soutenue apr s 1945 tant par la droite gaulliste que pour d autres raisons par le mouvement communiste les nuisances et les dangers industriels sont enfouis dans le progr s conomique et technique Dans les ann es 1970 la privatisation du m contentement succ de la publicisation Gilbert 2003 de la th matique des risques qui traduit ce qu on peut appeler un d sint ressement du probl me des pollutions et dangers e Le d sint ressement de la contestation L un des vecteurs du d placement de la contestation en France et dans de nombreux pays indus trialis s est le d veloppement d une politique nucl aire d tat qui engendre un fort mouvement d opposition Cette opposition est plus diversifi e que suppos et le terme anti nucl aire appara t trompeur pour rendre compte des divers motifs de contestation qui peuvent tre locales pas d im plantation ici cologiques risques accidentels et traitement des d chets ou g n rales refus de l ordre r pressif n
10. Dans la mesure o la contestation environnementale est marqu e par des revendications non mar chandables Offe 1997 les pratiques traditionnelles des entreprises apparaissent inadapt es que ce soit la n gociation collective les modalit s de gestion de la concurrence les arrangements avec l tat De m me les relations publiques ou la communication se sont av r es inefficaces pour tein dre la contestation Dans cette perspective la notion de parties prenantes g n ralement invoqu e pour largir le cercle des acteurs conomiques traditionnels ceux du risque non seulement s av re dot e d in compl tude Dupuis 2008 mais aussi et surtout occulte l asym trie entre d cisions fonctionnelles et revendications civiques Par cons quent aucun arrangement ne peut tre envisag par les entreprises avec les composantes de l espace public qui mettrait dans la balance l arr t des centrales nucl aires et une baisse de la consommation d lectricit par les m nages Luhmann 1993 Offe 1997 Comme la repr sentation des groupes de l espace civique tire sa l gitimit non d une forme proc durale une lection ou une d signation administrative qui limiterait et le nombre et la diversit des structures mais de la validit et de l cho des exigences pr sent es le type de m diation sociale qui peut s installer entre les entreprises et les groupes associatifs environnementali
11. KIEL P 2007 Syndicalisme et risques industriels Avant et apr s la catastrophe de lusine AZF de Toulouse septembre 2001 Sociologie du travail n 49 p 180 194 CORBIN A 1983 Le miasme et la jonquille L odorat et l imaginaire social XvVIn xIX si cles Paris Aubier Montaigne DAUMAS J C MIOCHE P 2004 Histoire des entreprises et environnement une fronti re pour la recher che Entreprise et histoire p 69 88 DELAUNAY J MEADOWS D L RANDERS J BEHRENS W 1972 Halte la croissance Enqu te pour le Club de Rome rapport sur les limites de la croissance Paris Fayard DuruIs J C 2008 La RSE de la gouvernance de la firme la gouvernance de r seau Revue fran aise de gestion n 180 p 159 175 GILBERT C 2003 La fabrique de Risques Cahiers internationaux de sociologie janvier juin vol CXIV p 55 72 GUILLERME A LEFORT A C et JIGAUDON G 2004 Dangereux insalubres et incommodes paysages industriels en banlieue parisienne XIX XX si cles Paris Champ Vallon HABERMAS J 1987 Th orie de l agir communicationnel Paris Fayard HABERMAS J 1997 Droit et d mocratie Entre faits et normes Paris Gallimard HALFMANN J JAPP K P 1993 Modern Social Movements as active risks observers a system theoretical approach to collective action Social Science Information n 32 3 p 427 446 HECHT G 2004 Le rayonnement de la France
12. Responsabilit sociale environnementale des entreprises entre autonomisation et politisation de la production Patrick CHASKIEL Marie Gabrielle SURAUD 115 rte de Narbonne 31077 Toulouse cedex 4 chaskiel lerass iut tise3 fr marie gabrielle suraud iut tlse3 fr Si l id e de RSE peut renvoyer aux probl mes du rapport salarial ou de la concurrence marchande la question environnementale se pose dans des termes sp cifiques On peut consid rer que la manifestation d une response bilit environnementale vise desserrer la contrainte politique que font peser tant l tat que l opinion publique sur la production produits et mani res de produire En ce sens la r f rence une responsabilit environne mentale peut tre interpr t e comme le r sultat d une tension entre d une part la tentative de lib raliser la th matique environnementale et d autre part l accroissement de la contestation et de la pression tatique Even if the notion of CSR generally refers to the very problems of wage relations and market competition the environmental question must be raised differently We can consider that the manifestation of a corporate responsibility aims at releasing political constraint put on production by State and public opinion Therefore to refer to an environmental responsibility may be analysed as a dimension of a tension between on one side an attempt to liberalize environmental theme and on the other s
13. ations se joue une confrontation entre int r ts priv s En effet les plaignants ou p titionnaires sont g n ralement soit des industriels eux m mes souvent responsables de pollu tions mais soucieux de maintenir leur activit propre par exemple de brasserie quand l eau est mena c e soit des propri taires immobiliers subissant une d valuation de leur bien en raison des dangers ou une d gradation de leur environnement imm diat en raison des nuisances Pour l essentiel cette contestation est priv e au sens o des personnes ais es ont les moyens de peser la fois sur les pou voirs publics et sur des municipalit s capables de relayer leurs r clamations Pour l essentiel encore les ouvriers pourtant expos s aux pollutions dans leur cadre de travail ou de vie famille incluse ne revendiquent pas dans ce domaine au moins jusqu aux ann es 1970 voire bien apr s En d autres termes les risques environnementaux sont une affaire qui met aux prises les entre prises les notables et l tat Par cons quent les institutions traditionnelles de l conomie et du droit suffisent pour trancher les litiges entre int r ts particuliers industriels ou immobiliers On peut alors affirmer non pas que les menaces physiques des risques environnementaux puissent tre r gul es mais que les tensions sociales engendr es par les activit s industrielles sont ma tris es par l volution de la r glementation jusqu aux ann es
14. e d viter la contestation civique L industrie chimique de son c t n a pas men une politique de relocalisation massive de ses activit s les plus lourdes et a au contraire tent de pr server les sites existants En effet la r gle mentation fran aise et europ enne de m me que la contestation environnementale ont depuis long temps durci les conditions d implantation de nouvelles unit s au point qu aucun nouveau site ris ques n est envisageable ce qui perp tue une tradition de concentration g ographique des zones industrielles Du coup les entreprises de la chimie au sens large sont prises dans la tension entre les contraintes administratives et les marges de man uvre restreintes en termes de mobilit des instal lations Ces marges de man uvre sont limit es de par le co t croissant des transports navires double coque et assurances anti catastrophe la perte technologique li e la contrefa on d usines sur le con tinent asiatique les d lais n cessaires pour mettre en route une nouvelle installation le tour de main non ais ment transf rable avec les installations surtout quand les certifications sont draconiennes activit spatiale ou pharmaceutique l harmonisation des r glementations administratives dans l Union Europ enne mais aussi la contestation qui tend gagner des zones en voie de d mocratisa tion m me tr s progressive Europe de l Est ou Chine P
15. e les accords collectifs RSE ont pour enjeu de cons truire une alliance autour et partir de la tradition industrielle Offe 1984 Les accords RSE enre gistrent l id e de politisation de la production puisqu ils poussent les organisations syndicales abor der des th mes n entrant pas imm diatement dans la probl matique historique du salariat Du coup peut tre ouverte du point de vue des entreprises la perspective de d placer les probl mes pos s dans l espace public Il s agit de passer des questions abord es en terme de danger celles des enjeux conomiques et ainsi de trouver un compromis raisonnable entre les deux facettes des risques industriels l conomique comme ressource et l environnement comme probl me e la rationalisation du risque acceptable Face une sph re civique d tach e par construction des calculs conomiques et tourn e vers la d finition de normes environnementales les entreprises ont r introduire la dimension mon taire marchande et salariale dans le d bat public On interpr tera la r f rence une Responsabilit Sociale comme la porte d entr e de cette r introduction Le probl me est de mettre en avant une approche qui soit socio conomiquement rationalisable pour tre discutable Dans le domaine des risques industriels la rationalit conomique prend la forme d un raisonne ment du type aussi bas que possible Ainsi la s curit i
16. e n est simplement pas configur e pour prendre le pouvoir c est dire qu elle n a pas comme crit re d valuation strat gique le probl me de son audience lectorale et de ses chances de gouverner Au contraire ce qui caract rise la dynamique de l espace public contes tataire est l existence d un flux de communications aliment par des groupements qui ne sont pas organis s sur le mod le pyramidal des partis ou des syndicats La diversit et la multiplicit des groupes associatifs revendiquant sur contre les risques environnementaux est compens e par la cons truction de r seaux se centrant sur une revendication unifi e non au nucl aire r duction des risques face au pouvoir politique fonctionnel l tat et ses administrations et aux entreprises Du coup les instances de m diation historiquement tablies que ce soit entre les entreprises et les salari s dans l entreprise la branche ou l interprofessionnel ou bien entre les entreprises et l tat via l administration et une s rie de comit s de divers types sont d nu es d efficacit quand il s agit de r pondre aux nouvelles contestations En ce sens quand elle merge l id e de RSE est un reflet de l insuffisance d une approche banalis e de la contestation environnementale En effet les entreprises ont cru possible de r pondre la contestation des risques industriels en int grant le probl me environnemental dans
17. elier elle influe n gative ment sur les r sultats financiers provoquant des tensions sp cifiques au sein des directions d entre prise entre industriels et financiers ou entre industriels eux m mes selon qu est privil gi e une approche commerciale ou une approche technique Le recours la sous traitance a certes all g la charge de maintenance tout en d responsabilisant socialement les entreprises donneuses d ordres Th baud Mony 2007 notamment en leur permettant de s affranchir du poids syndical pour r duire les d lais d arr t de tranche comme c est le cas dans le nucl aire civil Cependant la sous traitance ne concerne pas le fonctionnement des process eux m mes Dans ces conditions compte tenu des limites pos es tant sur le plan de la flexibilit des installa tions que sur celui du co t de la s curit les entreprises se trouvent confront es un autre enjeu convaincre de l acceptabilit du risque II 2 Un risque socialement raisonnable L id e de RSEE peut tre interpr t e comme la tentative de mobiliser salari s et organisations syn dicales vis vis des critiques port es par l espace public civique et dans le m me temps de reprendre la main d une certaine fa on dans la concertation Des relations professionnelles in dites La signature avec des repr sentations syndicales variables comit de groupe ou f d rations syndi cales internationales d accords col
18. environnemental Cette r f rence la RSE est une bifurcation qu on doit relier avec l institutionnalisation de la concertation publique sur les d cisions industrielles dans le cadre de ce qu on appelle couramment d mocratie participative ou encore depuis le Grenelle de l environnement 2007 d mocratie cologique Alors qu est affich e par ses tenants ou ses adversaires la th se d une pouss e lib rale dans l conomie la concertation sur les risques environnementaux s av re mettre en cause l autono mie des entreprises dans la mesure o elle complexifie le processus de d cision industrielle en ouvrant le d roulement de ce dernier un contr le par l opinion publique e Un contr le civique potentiellement accru Depuis quelques ann es en Europe et en Am rique du Nord une issue au d ficit de l gitimit des formes politiques conventionnelles largement repr sent par l mergence des nouvelles contestations se dessine autour d une red finition des conditions de participation des simples citoyens la vie politique Le d sint ressement et le durcissement de la contestation poussent l tat instituer des formes d expression civique sur la politique publique d am nagement du territoire L institutionnali sation de dispositifs de concertation publique impliquant formellement des citoyens a conduit une transformation de l action tatico administrative Blondiaux 20
19. ide the increase of protest and state pressure La contestation cologiste environnementale est d sormais bien install e qu il s agisse de la mise en cause des pollutions ou des dangers technologiques notamment nucl aires Cette contestation s est largement d velopp e autour des sites industriels le cas ch ant en d bordant des fronti res nationales Elle a provoqu des d cisions gouvernementales in dites comme celle apr s la catastro phe de l usine AZF de Toulouse de fermer des ateliers risques alors que leur fonctionnement n avait pas de lien direct avec la catastrophe et qu aucune justification de rentabilit n avait pu tre invoqu e Suraud 2007 Une telle d cision r v le la sensibilit particuli rement forte de l opinion publique et de la sph re politique conventionnelle la th matique des risques industriels D s lors la mont e et la diversit de la contestation environnementale ont plac les entreprises et l tat au sens du syst me politico administratif devant une situation nouvelle Historiquement tourn s vers le traitement des probl mes de reproduction du rapport salarial et de r gulation de la concurrence marchande les entreprises et l tat se sont vus interpell s de plus en plus radicalement sur leurs d cisions dans le domaine de l environnement par des groupes contestataires vis vis des quels il est apparu qu ils taient d munis d exp rience
20. iences humaines et sociales Toulouse 6 7 d cembre p 309 318 11 POSTEL N ROUSSEAU S SOBEL R 2006 La Responsabilit sociale et environnementale des entreprises une reconfiguration du rapport salarial fordiste Congr s RIODD Organisations et d veloppement durable dialogues interdisciplinaires Paris 7 et 8 d cembre Rosanvallon P 1998 Le peuple introuvable Histoire de la repr sentation d mocratique en France Gallimard SURAUD M G 2007 La catastrophe d AZF De la concertation la contestation Paris La Documentation fran aise THEBAUD MONY A 2007 Travailler peut nuire gravement votre sant Paris La D couverte TOURAINE A WIEVIORKA M DUBET F 1984 Le mouvement ouvrier Paris Fayard WILLIOT J P 1997 Le risque industriel et sa difficile pr vention au XTX si cle les premiers usines gaz Entreprises et histoire n 17 p 23 35 12
21. ion sur des d cisions engendrant des risques industriels se situe sur un autre plan que celui des d cisions relatives l am nagement du territoire dont les enjeux s av rent plus facile ment rep rables Dans le premier cas est suppos un acc s aux dossiers industriels c est dire une lev e au moins partielle des clauses de confidentialit conomique En d autres termes compar e d autres th matiques suscitant des controverses incin rateurs nanotechnologies par exemple celle des risques industriels de catastrophe a la particularit de mettre en relation la contestation vis vis non seulement de l tat mais aussi de la sph re industrielle qui est moins sensible que l tat aux probl mes de l gitimation C est pourquoi la pression civique sur l industrie passe n cessairement par une pression sur l tat La crise sociale survenue Toulouse apr s la catastrophe d AZF a largement clair cet aspect tant pour les usines chimiques de type Seveso que pour le nucl aire civil et elle a conduit les pou voirs publics reconsid rer de fa on globale les modalit s de prise en compte des risques industriels La r glementation s est ainsi renforc e avec la cr ation des Comit s locaux d information et de con certation autour des tablissements industriels Seveso dans le cadre de la loi Bachelot Narquin juillet 2003 qui ouvre plus largement l acc s des groupes associatifs aux
22. lectifs consacr s la RSE est une curiosit D une part cette signature ne correspond aucune demande syndicale elle n est le r sultat d aucune n gociation r gulant une confrontation et elle rel ve d une initiative directe des directions de groupe D autre part le contenu de ces accords s av re d pourvu de source de tensions aucune opposition ne pouvant s exprimer sur l am lioration par exemple de la transparence des performances environnemen tales des entreprises du dialogue social avec les salari s ou les riverains La question se pose alors de comprendre pourquoi les directions de groupes d veloppent la machi nerie des accords collectifs sur des sujets aussi peu conflictuels alors m me que des chartes d en treprise ou toute autre formule pourraient faire l affaire En d autres termes pourquoi les directions patronales cherchent elles inclure les organisations syndicales dans un domaine l environnement qui rel ve de leur propre gestion et que le syndicalisme a en partie d laiss 15 Depuis 1987 surtout la constructibilit des zones jouxtant une usine risques est soumise des interdictions partielles 16 Cette d finition pratique et pertinente est tir e de discussions avec des industriels elle recouvre des dispositifs de d tection capteurs de redondance double confinement etc 17 Entretien avec un secr taire de comit de groupe europ en ayant
23. leurs relations publiques puis dans ce qu elles ont appel leur communication Dans un premier temps et dans un contexte o beaucoup de riverains sont encore ouvriers des usines les politiques de relations publiques propos de l environnement ont surtout et passivement consist r pondre l injonction gouvernementale r glementaire europ enne de fournir des donn es sur les rejets Leiss 1996 Pour l essentiel les industries et les salari s inter pr tent cependant la pollution comme un signe d activit et d emploi Cette pratique appara t de port e limit e puisque partir des ann es 1980 les entreprises ont cherch convaincre le public destinataire associations de militants cologistes ou de riverains de moins en moins d pendants des usines du bien fond et de la valeur des informations fournies ainsi que des d cisions d investissement dans des installations risques Dans cette perspective ont t mis Le r seau sortir du nucl aire comprend huit cents associations partis et syndicats en place les basiques des relations publiques comme des journ es portes ouvertes visant montrer les usines le plus souvent nettoy es et mises en ordre pour la circonstance M me si ces basiques perdurent leur efficacit s av re faible puisque nouveau est apparue avec la RSE une nou velle d marche volontaire d ouverture vers le public et de traitement du probl me
24. ment des industries risques La concertation publique peut certes aider les entreprises et l tat canaliser les revendications associatives mais elle fournit aussi ces derni res mati res se renforcer travers l acc s des informations sur le fonctionnement productif D s lors la rationalisation du risque acceptable ne peut luder la tension entre le caract re auto nomiste du fonctionnement des usines et la dimension publique des risques De ce point de vue c est donc bien un nouveau rapport la politique qui se dessine travers la r f rence la RSEE Conclusion En invitant les entreprises tenir des positions sur l environnement l id e de RSEE appara t com me un r sultat de la divergence entre une tendance g n rale l autonomisation des structures de la production vis vis des contraintes tatiques et une tendance la publicisation des risques environne mentaux La dynamique engendr e par cette tension appara t largement incontr l e par les entreprises et le recours la notion de RSEE constitue une r ponse ce d ficit de contr le Cependant dans le domaine des risques industriels de catastrophe l id e de RSEE ne peut suppl er les lacunes dues l absence d un nouveau paradigme productif r duisant le danger la source un paradigme d ailleurs susceptible de d stabiliser l industrie chimique car lui incorporant des dimensions non chimiques biotechnologies
25. ncertation publique l affichage des mesures de s curit ne p se pas autant qu une r duction du potentiel de destruction En effet la multiplication des dispositifs de s curit ne peut jamais garantir qu un accident ne d borde pas des enceintes fonci res de l usine et donc que ses effets ne puissent pas atteindre les zones habit es environnantes On peut expliquer ainsi la radicalit du conflit sur le nucl aire qui ne laisse gu re de place des positions m dianes jouant sur la configuration la taille par exemple des installations Dans le cas de la chimie ou p trochimie la possibilit que des espaces connexes l usine y compris une route longeant une usine puissent tre atteints par un accident est source de tensions et engendre des cons quences di rectes sur l urbanisation Dans la mesure o la r glementation impose d valuer des zones suscep bles d tre affect es par une catastrophe en vue de s lectionner donc de limiter les implantations d quipements collectifs ou de r sidences dans ces zones le niveau des risques est un enjeu de politique urbaine qui d passe largement le seul aspect de la s curit La seconde cons quence tient ce qu il y a une tension vidente entre s curit et valorisation financi re D s lors que la s curit a une dimension productivement non efficiente puisqu elle repr sente fout ce qui pourrait tre retir sans abaisser la performance d un at
26. ndustrielle recourt elle formellement des m thodes comme celle dite de l ALARP As Low As Reasonably Practicable pour valuer les co ts maxima d un accroissement du niveau de s curit De m me la radioprotection nucl aire utilise t elle la m thode dite de ALARA As Low As Reasonably Achievable pour valuer le niveau des doses raisonnablement acceptables pour les salari s compte tenu des co ts engendr s par la recherche d un abaissement de ce niveau Officiellement une matrice de ma trise des risques matrice de criticit vient formaliser le prin cipe du risque raisonnable et conduit alors celui du risque acceptable comme crit re de d cision En effet alors que la th matique des risques industriels am ne mettre en vidence de facto l ventua lit de catastrophes l enjeu pour les entreprises est de mettre en balance cette possibilit avec la faible probabilit de survenue de tels v nements catastrophiques Dans la d finition canonique du risque comme combinaison d une probabilit d occurrence et des cons quences d une catastrophe la proba bilisation a pour objet de fa onner le d bat en rationalisant le risque travers une analyse de type co ts b n fices Les analyses de risques effectu es par les entreprises incluent explicitement une matrice r glementaire probabilit gravit qui offre des sc narios l gitimant la distinction entre risques lev s et risques
27. ormations class es confidentielles sur le plan conomique Suraud 2007 Le processus d ouverture publique des dossiers est ainsi all au del de ce qu impose la r glementation Dans le nucl aire civil le niveau de contr le exerc par l Autorit de S ret Nucl aire s est accru d s la fin des ann es 1990 et m me s il s agit essentiellement du probl me de respect des proc dures cette d marche refl te nettement la fin d une phase d arrangement entre gens du m me monde c est dire au sein du syst me Par cons quent cette tendance l institutionnalisation de la concertation publique conduit poser les conditions d une publicisation de probl mes qui ont longtemps t trait s de mani re discr te par les industriels et l administration d tat La mise en place des instances de concertation pourrait donc cr er des tensions l o il n y en avait pas ou paradoxalement accro tre celles qui existaient d j Or ces tensions en mettant en avant de mani re privil gi e la th matique de la sauvegarde de l environ nement ont eu pour effet de marginaliser les enjeux conomiques de l industrie Le th me de la RSEE peut ainsi tre interpr t comme un retour de et vers la rationalisation conomique du risque IL De la production aux risques sociaux de la production La nouvelle donne contestataire et institutionnelle a un effet majeur elle introduit un d
28. our toutes ces raisons les industries chimi ques ou p trochimiques ont certes d localis des productions mais bien moins syst matiquement que la sid rurgie surtout de base et elles tentent de conserver des sites qui r pondent aux classifications r glementaires en termes de risques Mais ceci implique des adaptations qui apparaissent en pra tique mesur es Sous les contraintes administratives europ ennes ou nationales qui imposent une inflexion des mani res de produire il s agit alors de faire face la contestation et aux r glementations qui s em pilent 12 Entretiens avec des industriels 13 C est explicitement la strat gie de groupements de communes Dunkerque ou Lacq par exemple D un point de vue historique voir Massard Guilbaud 2002 14 Pour ne prendre qu un exemple la fabrication d un comburant pour les boosters de la fus e Ariane qui s effectue Toulouse a t tent e aux tats Unis et en Chine sans r sultat satisfaisant Or la r duction du potentiel de destruction le danger est loin d tre spontan e car elle suppose une nouvelle mani re de concevoir la production notamment en diminuant les stocks de produits dangereux Du coup les modifications des entreprises portent principalement sur la s curit des ins tallations viter l accident et contenir les effets de ce dernier Ceci a deux cons quences La premi re tient ce que dans les instances de co
29. que environne mentale d bordant le probl me de la gestion du d ficit suppos des ressources disponibles long ter me voqu par le rapport du Club de Rome Delaunay et al 1972 Les enjeux conomiques menace sur la croissance se transforment rapidement en enjeux cologiques menace sur la plan te surtout avec la multiplication d accidents chimique Seveso en 1976 nucl aire Three Mile Island en 1979 et de catastrophes Feyzin en 1966 mar es noires des ann es 1960 et 1970 Bhopal en 1984 et Tcher nobyl en 1986 La M de en 1992 AZF en 2001 Ces enjeux cologiques deviennent des enjeux politi ques quand sont interrog es les d cisions industrielles valid es par l tat et aussi quand surgissent des tensions sociales entre mouvement ouvrier et mouvements cologistes Touraine Dubet Wie viorka 1984 1 2 Une phase d innovation et ses effets inattendus Face la pression de l opinion publique les pratiques d entreprises et de l tat innovent dans les relations avec la sph re publique Elles ne s en trouvent pas moins confront es une perte de ma trise de la dynamique du syst me e L chec de la communication d entreprise classique L absence d expression unique de la contestation visible travers la multiplicit des groupes qui la constitue ne contredit pas la tendance universaliste des demandes Puisque la contestation sort des voies politiques conventionnelles ell
30. ransformation r glementaire traduit un double mouvement Elle repr sente un d placement des enjeux effectifs de la concertation publique En imposant aux entreprises d ouvrir au moins par tiellement des dossiers traditionnellement confidentiels la concertation cr e une fen tre travers laquelle les fa ons de produire peuvent tre observ es et questionn es en d tail par les groupes asso ciatifs ce qui impose aux industries de justifier leurs choix techniques La tendance l autonomie de la sph re conomique marqu e par la privatisation extensive des structures du capital est ici con trecarr e puisque le mode de fonctionnement des entreprises et plus seulement leurs effets environ nementaux hors usine sont de plus en plus surveill s tant par l tat que par les groupes civiques Certes la r glementation et les proc dures qu elle organise ne suffisent pas par elles m mes bou leverser les pratiques de terrain Cependant un second mouvement renforce le premier une prise de distance du syst me tatico administratif vis vis du syst me conomique La catastrophe de lusine AZF a mis au jour la mani re dont l administration a lev son niveau d exigence vis vis des usines du site chimique demandant leur red marrage La pression civique qui ne s est pas d mentie durant plusieurs mois a pouss la DRIRE faire en sorte que dans les dossiers industriels soit minimis le volume des inf
31. re productive En d autres termes la notion de RSEE vise redonner aux entreprises la ma trise de leur dynamique in dustrielle Elle a ind niablement pour objet un changement de mode de gouvernance Dupuis 2008 La r f rence la RSEE est donc la fois une reconnaissance du caract re politique de la produc tion ef une tentative strat gique de desserrer la contrainte tatique environnementale prenant en consi d ration la contestation L enjeu de la notion de RSEE est alors double faire bouger les pratiques des entreprises la dynamique industrielle doit tre du ressort des entreprises pour faire bouger les rela tions de ces derni res avec l tat et l opinion publique dans le processus de m diation que constitue la concertation publique Pour tayer ce point de vue on s appuiera sur une s rie de recherches men es sur les risques indus triels de catastrophe Ces recherches ont permis de mettre en vidence en quoi la contestation des risques s est fondamentalement modifi e dans le temps et a surpris les entreprises puis en quoi le renouvellement des pratiques d entreprise est largement tendu vers la reconfiguration des rapports sociaux internes et externes des entreprises 1 Pour l essentiel et en ce qui concerne l environnement les Directions r gionales de la recherche de l industrie et de l envi ronnement DRIRE mais aussi l Inspection du travail et les services sanitaire
32. roit de regard public sur le fonctionnement des installations industrielles regard qui est susceptible d en redessiner certains aspects Les interventions syndicales dans les Commissions Locales d Information ont historiquement relev de d marches initi es personnellement de publicisation des probl mes au sein des centrales d marches plus ou moins bien reconnues par la structure syndicale d appartenance Entretien avec des syndicalistes membres de CLI 10 Ils sont de plus en plus p nibles pour ne pas dire autre chose entretien avec un industriel du nucl aire lors d une observation in situ 11 Selon une expression d un industriel en fonction dans les ann es 1980 Pour les entreprises le probl me est alors de g rer la tension entre cette entr e de l opinion publi que au sein m me des usines et une tradition d opacit des organisations productives L opacit entre tenue par les entreprises a t voire est encore le fruit d une strat gie visant les prot ger vis vis de tout il ext rieur y compris celui de l administration privil giant pour reprendre une expression revenant couramment et constamment dans les usines le lavage du linge sale en famille une fa mille largie aux syndicats et aux salari s Cependant l institutionnalisation de la concertation publique interroge tr s concr tement cette opacit organisationnelle On peut alors montrer que ce stade
33. s et sociaux Pour une g n alogie de la notion de RSE Acquier et Aggeri 2008 3 Men es dans le cadre de la Fondation pour une Culture de la s curit industrielle Foncsi et du minist re de l cologie de l nergie du D veloppement durable et de 1 Am nagement du territoire programme Risques D cisions Territoires I La politisation de la production la responsabilit des entreprises M me si les travaux des historiens fran ais sur l environnement ne se sont gu re multipli s Massard Guilbaud 2002 Daumas et Mioche 2004 ceux dont on dispose montrent clairement que l industrie a t tr s t t confront e une contestation de ses pollutions et dangers Corbin 1983 Williot 1997 Guillerme Lefort et Jigaudon 2004 issue de notables d fendant leurs int r ts priv s Le recours fr quent aux tribunaux pour g rer les litiges a conduit l tat assurer la protection des en treprises face aux plaintes d pos es aupr s des tribunaux Williot in Massard Guilbaud et Bernhardt 2002 p 273 288 1 1 Une phase de d responsabilisation des entreprises Alors que la production industrielle se d veloppe dans un laissez faire cologique peu mis en cause jusqu au d but du XX si cle l implantation des usines naus abondes et polluantes suscite tr s rapide ment des plaintes et des p titions manant des riverains o La privatisation de la question environnementale travers ces r clam
34. stes ne peut tre pens travers les cat gories d analyse s appliquant la concurrence marchande ou au rapport salarial L institutionnalisation de la concertation publique comme nouvelle modalit de m diation socia le traduit la tension croissante li e cette asym trie du risque En s instituant travers une exten sion de la r glementation ad hoc et la multiplication de dispositifs locaux la concertation sur les risques industriels bouscule la situation ant rieure marqu e par des rapports privil gi s voire exclu sifs entre les entreprises et l tat par l interm diaire des services administratifs de contr le Cette exclusivit est rendue de moins en moins tenable en raison de la pression civique qui s tend surtout quand elle est accrue par son cho dans les m dias de masse On soutiendra donc la th se selon laquelle la mont e de la th matique des risques environnemen taux incite les entreprises reconfigurer leur rapport la politique une reconfiguration tendue entre la recherche d une autonomisation croissante vis vis de l tat et la politisation de la production exerc e par la contestation Luhmann 1993 Melucci 1978 Offe 1997 qui trouve un relais dans l Etat La th matique des risques industriels et environnementale en g n ral laisse donc appara tre une tendance allant contre courant de la tendance g n rale l autonomisation de l conomie et des
35. ucl aire Par cons quent loin d tre compr hensible partir de cat gories psychologiques angoisses craintes ou comme une expression de la tradition rurale contre la modernit m me si les centrales nucl aires sont g n ralement construites la campagne la contestation du nucl aire civil est fonda 4 Bien entendu ceci n implique pas que la r glementation n ait pas en partie chapp ses objectifs fondamentaux 5 Voir notamment et parmi d autres Jaspers 1990 Hecht 2004 Cette vari t ressort notamment d une enqu te en cours sur une centrale nucl aire mentalement anti technocratique Halfmann et Japp 1993 Elle s attaque tant au mode de prise de d cision discr tionnaire qu l id e que la science et la technique sont la condition pour prendre un terme ordinaire du progr s Face des mouvements non conventionnels car ils ne sont pas orient s vers l exercice du pouvoir politique fonctionnel les institutions historiquement construites pour traiter des conflits du rapport salarial au sens large ou entre int r ts marchands y compris sur les nuisances ne suffisent plus On peut consid rer que la contestation politique du nucl aire est marqu e par son d sint ressement c est dire un d tachement vis vis des int r ts particuliers professionnels d fendre Ce principe de d sint ressement exprime le renouvellement et la mont e en universalit de la th mati
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