Festival du nouveau cinéma : univers incertains et fantômes
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1. Avant la cl ture de l v nement il fait bon s aventurer dans des territoires moins conventionnels o le cin ma contemporain fait preuve d audace o la retenue est per ue comme une mauvaise habitude C est dans limpr visible section Temps z ro cin mas en mutation que l appellation nouveau cin ma prend tout son sens Propositions de retour pour une seconde ann e d routantes et immersion dans des univers incertains composent un menu o le meilleur c toie le pire Attardons nous toutefois sur de r jouissantes trouvailles Comme entr e en mati re rappelons que depuis une quinzaine d ann es le continent asiatique repr sente une v ritable manne pour le cin phile friand de cin ma novateur Les programmateurs de Temps z ro l ont compris depuis longtemps Leur section regorge de nouveaut s rep ch es dans des festivals concentrant leurs efforts sur le cin ma d Asie Pas tonnant que deux films japonais pour le moins inqui tants retiennent l attention The Late Bloomer du jeune prodige issu de l Umiversit d Osaka Go Shibata s int resse au quotidien d une personne s v rement handicap e Loin d tre un symbole de la vertu Sumida an occupe son temps boire comme un trou regarder des films pornos et assister des spectacles de musique hardcore L arriv e de la jolie b n vole Nobuko fera naitre chez ce dernier des d sirs qui vu son tat ne pourront tre combl s V ritable spirale infernale is2. tats Unis l invite le rejoindre Inca pable de faire face ses responsabilit s Tonik pour sa part cohabite dans une maison en d cr pitude avec une tante boh me Et Dasha m re de famille monoparentale s amourache d un homme mari qui lui joue le grand jeu se refusant toutefois se s parer de sa femme Un v nement aux cons quences f cheu ses dans la vie de cette derni re viendra souder la relation entre les deux autres personnages Si dans Keane la perte de l enfant est au c ur du d sastre les deux bambins de Something Like Hapiness pourraient tre entre les pattes d un malade que leur VOLUME 24 NUM RO 1 29 V NEMENT Festival du nouveau cinema Something Like Hapiness de Bohdan Slama m re en proie une grave d pression ne s en formaliserait pas Mais ils sont bel et bien pr sents aupr s de maman et les sc nes o ils gravitent autour des personnages adultes apparaissent comme les plus accomplies criantes de v rit Nullement indis pos s par les l ments techniques d un tournage et par les diff rents com diens qui assureront tour tour le r le de parents ces deux jeunes enfants sont d un naturel d sarmant D ailleurs la force de Slama semble r sider dans sa direction d acteur Mention galement la cam ra qui filme chacune des situations avec le souci de soutenir le d roulement du r cit Dans les moments opportuns on amorce en cours de sc ne de l gers mouvements de
3. philes montr alais offrir le meilleur des festivals de Cannes de Venise et de Toronto en ajoutant ici et l des uvres prim es Rotterdam Locarno ou San Sebastian C est donc avec enthou siasme que nous nous sommes immerg s dans ce 34 cours inten sif annuel de cin ma contemporain Dix jours coup s du monde t moins privil gi s des al as de notre poque mis en sc ne et en image par des artistes se distanciant du divertissement culturel ambiant qui nous afflige le reste de l ann e Bouff e d air frais Les lumi res de la salle de projection s teignent et c est dans l obscurit compl te que ressurgissent les fant mes du pass venant hanter les films de plusieurs auteurs Dans A Perfect Day des Libanais Khalil Joreige et Joana Hadjithomas ils prennent la forme d un p re disparu il y a 15 ans lors de la guerre civile Beyrouth Devant l insistance de son fils Malek Claudia la m re finit par rendre les armes et entreprend contrec ur les d mar ches afin d officialiser la disparition de l poux Toutefois par sa paperasse ou ses effets personnels parpill s dans les recoins de la maison le disparu continue de hanter les lieux Se pose alors une question cruciale comment oublier l s souvenirs sans ris quer d effacer une partie de soi C est autour de ce dilemme que s articule ce film au traitement minimaliste t moignant par l entre mise des personnages principaux d une fracture qui subsiste entre d
4. rudi wWww erudit org Article Festival du nouveau cin ma univers incertains et fant mes du pass St phane Defoy Cin Bulles vol 24 n 1 2006 p 28 33 Pour citer cet article utiliser l information suivante http id erudit org iderudit 33634ac Note les r gles d criture des r f rences bibliographiques peuvent varier selon les diff rents domaines du savoir Ce document est prot g par la loi sur le droit d auteur L utilisation des services d rudit y compris la reproduction est assujettie sa politique d utilisation que vous pouvez consulter l URI https apropos erudlit org fr usagers politique dutilisation rudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif compos de l Universit de Montr al l Universit Laval et l Universit du Qu bec Montr al Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche rudit offre des services d dition num rique de documents scientifiques depuis 1998 Pour communiquer avec les responsables d rudit info erudit org Document t l charg le 16 novembre 2015 07 40 Festival du nouveau cin ma Malgr une ann e de turbulences li e au dossier des grands festivals montr alais les organisateurs du Festival du nouveau cin ma FNC ont d montr une fois de plus la pertinence de leur v nement Loin des primeurs tout prix le FNC garde le cap sur une strat gie qui fait sa renomm e aupr s des cin
5. cam ra qui permettent de cadrer les visages pour saisir l ampleur des bouleversements int rieurs Ainsi le r alisa teur tch que propose partir d observations pertinentes une uvre sinc re mais convenue sur les th mes cul s de la recher che du bonheur et des amours stationnaires Dans le tr s attendu Three Times programm dans la section fourre tout du festival Pr sentation sp ciale de l esth te la wanais Hou Hsiao Hsien Good Men Good Women Millennium Mambo les jeux de l amour cheminent aussi pas de tortue Le cin phile devra faire preuve d une grande indul gence pour estimer sa juste valeur cette uvre d une r elle beaut plastique et d une incontestable ma trise sur le plan formel Three Times renferme trois films racontant la m me histoire un homme et une femme prouvent des sentiments l un pour l autre Cependant chaque r cit s inscrit une poque pr cise le premier le temps des amours en 1966 le second le temps de la libert en 1911 pendant l occupation japonaise et le dernier 30 a VOLUME 24 NUMERO 1 Haze de Shinya Tsukamot le temps de la jeunesse Taipei en 2005 Chaque segment pos s de sa propre entit tout en respectant scrupuleusement les codes et les comportements relatifs aux m urs sentimentales de chacune des poques De plus le r alisateur ta wanais adopte pour chaque p riode un style pr cis afin de suivre les amorces amoureuses Dans le premier
6. d auteur d Europe de l Est cheminant loin des cartes postales Apr s un interminable pr ambule dans un bar o trois personnages se racontent des mensonges imint ressants Four nous am ne dans un lieu recul o de curieuses vieilles Russes s adonnent des rituels inqui tants Le tout atteindra son apog e par le biais d une sorte de c r monie orgiaque o s entrem lent graisse de porc seins fl tris et vodka volont Et dehors on entend sans cesse japper des chiens errants comme pour annoncer la fin du monde noter qu un travail extraordinaire a t fait en ce qui a trait aux sons d ambiance Il est clair que Four exerce une fascination tant sa proposition est d routante Malgr tout cent fois on veut quitter la salle Un soup on de lin arit aurait permis de susciter un minimum d int r t force d incongruit on finit par d cro cher Reste le jappement incessant de ces chiens perdus annon ant un malheur venir Troublant mais difficile apprivoiser Un mot en terminant sur la fr quentation du Festival ton namment les salles taient plus bond es que lors de l dition pr c dente Il est r confortant de savoir qu il y a bel et bien un public pour estimer des uvres plus rigoureuses qui malheu reusement trouvent de moins en moins d crans dans le circuit des salles de cin ma au Qu bec Ainsi un happeninge comme le Festival du nouveau cin ma accro t sa valeur nos yeux Dix jours co
7. nous racontant des histoires simples servies par des acteurs non professionnels Cette fois le r le principal revient Juan Villegas qui dans la vie occupe l emploi de gardien d un stationnement aux abords de la maison de production de Sorin Ainsi le cin aste argentin ne cherche pas de faux semblants en assumant pleinement la carte de la sinc rit Avec son magnifique visage rond comme la lune et son sourire d enfant en constante d couverte son principal acteur s expose la cam ra avec une transparence et une franchise impossibles trouver chez un com dien professionnel Bomb n le chien est somme toute constitu de morceaux de v rit qui s inscrivent dans l infortun contexte de l apr s crise conomique en Argentine laquelle le film fait cho dans sa pre mi re moiti Cependant Sor n refuse de sombrer dans l apitoie ment et par le fait m me greffe son histoire des portes de sortie qui permettent ses personnages de r ver d un avenir meilleur Sans Jamais forcer la note le r alisateur argentin res pecte les r gles l mentaires d un cin ma qui rend hommage aux gens humbles et authentiques CINESULLES Retour la froideur humide et la gadoue jusqu aux genoux avec Four cet trange objet du Russe Ilya Kurzhanovsky Le film traverse un univers insolite compos de machinerie lourde et d une multitude de chiens abandonn s d ambulant dans des paysages d un ennui mortel Bienvenue dans le cin ma
8. r sumer ce film inclassable qui gravite autour d un homme travaillant dans un mus e d histoire naturelle qui occupe ses soir es nourrir des insectes rares les entomologistes vont prendre leur pied dans son appartement pour ensuite les exposer son travail patant r ve hallucin peupl de papillons de nuit de scarab es et autres animaux invert br s Nuit noire alterne entre le r ve inquiet et la r alit cauchemardesque o se c toient le temps d une sc ne ou deux des individus tout aussi louches les uns que les autres Dans ce mauvais r ve l imagerie d bor dante les souvenirs d enfance hantent des esprits traqu s par la peur Exp rience unique Nuit noire s av re une orgie visuelle exploitant tous les atouts de la haute d finition De plus un tra vall colossal a t r alis lors de l talonnage num rique o le mariage des contrastes et des couleurs suscite l admiration Un seul mode d emploi possible afin d appr cier sa juste valeur ce cadavre exquis mettre au placard la logique et se laisser porter par ce d lire obscur mais contr l Petit d tour canin Force est d admettre que cette ann e les films propos s dans le cadre du FNC taient en parfaite harmonie avec la temp rature du mois d octobre grisaille g n ralis e avec de tr s rares perc es de soleil Que faire lorsque la nature humaine est mal en point et empreinte de perfidie On peut toujours trouver refuge et affection
9. aupr s du plus fid le ami de l homme Loin du malheur et de la fourberie AIl About My Dog et Bomb n le chien s attardent aux bonheurs que procure la pr sence de nos amis canins Le premier une s rie de vignettes o les diff rents chiens attirent leurs lots de tendresse et de caresses est l uvre d un collectif japonais regroupant sept signatures AI About My Dog m lange travers ses sketches des genres multiples tels la romance le drame et la com die musicale De plus de mignon nes animations servent de liens entre les diff rentes sayn tes la mani re nippone les couleurs criardes ressortent l cran et offrent ainsi des tableaux vivifiants Croisement entre Lassie et Le Vagabond du Japon All About My Dog expose avec humour Nuit notre d Olivier Smolcders 32 VOLUME 24 NUM RO 1 CINESULLES Bomb n le chien de Carlos Sorin les liens affectifs qui unissent les individus leur animal de compagnie Un film inoffensif sans malice parfois larmoyant ou rose bonbon qui s efface rapidement de nos m moires une fois la projection termin e Au hasard des rencontres un quinquag naire sans emploi h rite d un chien de race un dogue argentin qui deviendra en quelque sorte son porte bonheur Empreint d une bont voire d une na vet rafra chissante Bomb n le chien s articule autour de relations humaines conviviales Carlos Sor n poursuit dans la veine de son film pr c dent Historias Minimas
10. caract riel de fils qui souhaite r gler ses comptes avant que ce vieillard en phase terminale tr passe Comme dans ses uvres ant rieures les plus fortes la cam ra vid o entre les mains de Morin se transforme en arme dange reuse et les protagonistes film s passent un mauvais quart d heure Cette fois c est le p re mourant dans un centre hos pitalier qui subit un v ritable proc s d intention sans m me pouvoir plaider sa cause victime sans parole comme dans Le N g pr c dent film du r alisateur Les mots sont incisifs les formulations d vastatrices un v ritable petit bijou de cruaut Morin nous lance la figure sans que l on puisse d tourner le regard des images troublantes appuy es par des propos virulents circonscrits dans un huis clos touffant l action se limite la chambre d h pital Par l entremise de ce conte de la folie ordi naire le cin aste expose nouveau son immense talent de provocateur En revanche la derni re partie du film vient g cher la sauce et d samorce tout le malaise tabli dans les 80 premi res minutes Le r alisateur nous sert la pirouette cul e du malade mental qui a tout invent partir de son imaginaire d traqu Une finale b cl e extr mement d cevante Dommage Robert Morin demeure tout de m me essentiel dans notre paysage cin matographique loin du consensus et des recettes prouv es Dans Keane de l Am ricain Lodge Kerrigan les fant mes se trans
11. etrouve coinc pour des raisons qu il ne conna t pas cela vous rappelle un certain Oldboy dans un espace horriblement restreint Haze dure peine 50 minutes Il s agit de la version longue d un court m trage command par les organisateurs du Festival de Jeonju en Cor e du Sud Muni d une cam ra num rique et d un syst me d clairage limit le r alisateur japonais impose un climat suffo cant souhait Tsukamoto a de graves ennuis et ses inlassables efforts pour se glisser entre les parois des murs qui l maintien nent prisonnier semblent si reintants que l on finit par se laisser prendre au jeu et par forcer avec ce bougre de personnage Haze repr sente une exp rience singuli re qui se vit d une mani re visc rale Un m lange r ussi de malaises pouss s leur limite au travers de situations Insens es Il s agit galement d une intrigue qui d montre que les valeurs humaines resurgissent lorsque l individu se retrouve en mode survie Cin ma extr me d con setller aux claustrophobes et ceux qui ont les films gore en horreur L univers aux contours impr cis dans lequel baigne Nuit noire du Belge Olivier Smolders n est pas plus rassurant Par son r cit fragment o tous les morceaux sont impossibles recoller Nuit noire s apparente aux meilleurs films de David Lynch Eraser head Lost Highway ainsi qu au Kafka de Steven Soderbergh par sa d mesure incorpor e dans un monde parfois asphyxiant Difficile de
12. eux g n rations celle des parents frapp s de plein fouet par un conflit arm la fin des ann es 1980 ce jour au Liban on compte 17 000 personnes dont les corps n ont jamais t retrouv s et de leurs enfants qui tentent de faire leur place dans une r gion du monde o r gne encore l instabilit politique Les cin astes captent des silences r v lateurs et des regards perdus venant renforcer l impression que de la premi re la derni re image le temps est en suspension dans l attente de jours meil leurs A Perfect Day est un film d atmosph re faussement rel 28 E VOLUME 24 NUM RO 1 Univers incertains et fant mes du pass ST PHANE DEFOY ch qui malheureusement souffre d un manque de rythme plu sieurs tapes de son d roulement Malgr les longueurs qui demeurent en concordance avec l tat latent des situations les r alisateurs ont su insuffler l ensemble de la d marche une ambiance singuli re qui laiss un sentiment diffus longtemps apr s que l on ait visionn le film Un long m trage existentia liste o les vivants se meuvent comme des spectres et o les morts n ont jamais t aussi pr sents Dans Petit Pow Pow No l du compatriote Robert Morin Requiem pour un beau sans c ur Le N g le fant me sous la repr sentation l aussi de la figure paternelle est encore vivant mais il a d j un pied dans la tombe Depuis trop long temps il hante l esprit de son
13. mutent en d mons int rieurs venus assaillir un homme incapable CINESULLES Kaana de Lodge Kerrigan de se remettre de la disparition de sa fillette Inlassablement William Keane arpente les lieux de la trag die une gare d auto bus o une foule empress e reste indiff rente la douleur incon tr l e d un homme bris Cam ra l paule s interdisant de filmer son anti h ros plus bas que la hauteur du buste il n existe aucune porte de sortie possible nous sommes confront s aux compor tements obsessionnels et aux manies excessives d un tre en chute libre Kerrigan s inscrit dans la d marche de plus en plus r pandue du cin ma v rit la mani re des cin astes belges Jean Pierre et Luc Dardenne L Enfant Le Fils le r alisateur new yorkais utilise les d cors et la lumi re naturelle afin d aug menter le r alisme des situations voqu es L approche est r sa lument celle du documentaire recherche approfondie avant l cri ture du sc nario et traitement rigoureux qui vite les cueils d une certaine forme de mani risme propre des sujets du domaine social La premi re partie du film suffocante souhait s av re un v ritable cauchemar cyclique o les d bordements motifs du personnage apparaissent d mesur s puisqu ils se manifestent dans un environnement froid et impassible Alors que le r cit risque de tourner sur lui m me et de sombrer dans la redite l arriv e d une jeune femme et de sa
14. petite fille apporte une toute nouvelle dimension l uvre L homme meurtri sem ble vouloir retrouver un quilibre apparent mais l instabilit du d but n est jamais bien loin En d finitive Lodge Kerrigan rem porte son pari celui de maintenir le spectateur sur un fil tout en le gardant dans le doute permanent Confront cet individu instable nul ne peut pr dire ses intentions ni l instant fatidique CINESULLES o un geste de sa part risque de compromettre jamais son des tin Un film trouble qui repose sur la performance poustouflante de Damian Lewis acteur britannique jusque l inconnu en Am rique Toutes sections de l v nement confondues Keane repr sente le film le plus m morable de cette 34 dition du FNC Autre fiction sans esbroufe qui situe son action l int rieur d un r alisme social commun aux gens ordinaires Something Like Hapiness est arriv Montr al avec le premier prix du plus r cent Festival de San Sebastian Il est reparti du FNC avec rien de moins que la Louve d or Ce drame sentimental sur fond de sacrifice et d amour contenu semble toucher les jurys de par le monde Le film du Tch que Bohdan Slama Wild Bees s em ploie essentiellement mettre en relief le cheminement de trois amis d enfance arrivant la crois e des chemins Monika demeure chez des parents us s par une relation de couple monotone dans l attente que son petit ami parti la recherche d une vie meilleure aux
15. sue de frustrations latentes qui trouveront leur point culminant travers une impossible relation amoureuse le film de Shibata sombre mi parcours dans une violence sid rante mise en image avec beaucoup de style et d ing niosit Une fois de plus le parti pris esth tique propre aux productions ind pendantes nippones se refl te dans un exercice de style jouissif o les multiples pro c d s ralentis acc l r s arr ts sur image etc sont au service d un talent d bordant tant incapable de cerner les motifs et les intentions de ce personnage trouble jou par un v ritable handi cap devant de surcro t communiquer par le biais d une esp ce de portable qui traduit avec une voix m tallique ce qui a t tap sur le clavier The Late Bloomer maintient tout comme Keane son spectateur dans un tat d incertitude totale Sorte de Taxi Driver en chaise roulante le film du cin aste japonais se veut une r ponse trash toutes ces productions Forrest Gump Rain Man Awakenings Le Huiti me Jour qui profitent du gentil d ficient de service afin de faire serrer les c urs Pour amateurs de cin ma d concertant seulement Three Times de Hou Hsiao Hsien CINESULLES VOLUME 24 NUM RO 1 m 31 V NEMENT Festival du nouveau cin ma Pas plus reposante la derni re trouvaille du g nial Shinya Tsuka moto auteur du cauchemardesque et hallucinant Tetsuo son r veil un homme incarn par Tsukamoto se r
16. tiers de magnifiques panorami ques souvent dans le sens contraire des mouvements passent d un personnage l autre tout en s assurant de capter des regards qui r v lent des int r ts marqu s Dans le second morceau inter minable par moments l intrigue se limite un seul d cor l int rieur d une maison d poque Par l entremise de travellings clas siques le spectateur passe d une pi ce l autre pour saisir quelques manifestations diffuses d un amour impossible Finalement pour la derni re partie la plus riche cantonn e notre poque les visages sont plus pr s du cadre l approche plus intimiste et les d placements multiples Avec un minimum de dialogues et des extraits musicaux qui s ins rent merveille chacune des poques Three Times dicte sa langueur magn tisante Avec le recul on saisit que chaque tableau s anime la mani re d une danse o se meuvent les tres aim s Trois superbes chor gra phies qui captent avec l gance les mouvements du d sir et immortalisent les souvenirs en fuite Hou Hsiao Hsien a eu l ing mosit de travailler avec les deux m mes com diens dans les trois r cits sugg rant ainsi que chaque nouveau tableau est une r ponse au pr c dent Chang Chen et Shu Qi forment un duo enivrant Dans son ensemble Three Times par le biais de ces gestes propres l amour offre une radiographie d une rare splen deur de notre si cle pass CINESULLES Temps z ro
17. up s du monde on vous dit m VOLUME 24 NUM RO 33
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