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Devant les curieux qui s`intéressent à la «symbiose

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1. Dujardin qu il exaltait dans son courrier comme novateur d importance supr me dans l histoire litt raire On peut imaginer le bonheur du romancier fran ais tomb dans l oubli lorsqu il a lu la lettre flatteuse de Larbaud Comme souvent dans sa carri re Valery Larbaud s empressait d exprimer son admira tion pour cette nouvelle technique de narration dans un article paru dans La Revue Europ enne il y oppose r cit d mod et monologue int rieur et affirme que dans tr s peu de temps tout livre d expression psychologique lyrique devra conna tre la forme du monologue int rieur afin d viter l aspect ancien Il s agit en effet d un genre de dialogue nouveau o l crivain se lib re de la mention traditionnelle des interlo cuteurs au d but des r pliques La toute premi re r f rence de Larbaud est l crivain grec Lucien de Samosate Loukianos Ier si cle admir par les modernes tels que Fontenelle et Diderot La technique du monologue int rieur devient l ment essentiel du style larbaldien il lui pr te une allure saccad e souvent entrecoup e de retirences de points de suspension de haltes Cependant nous ne par tageons pas l avis de certains critiques qui trouvent ce proc d narratif de marque tout fait italienne Certes le langage larbaldien est un mod le de la transparence de l id e ainsi que de la clart de expression N anmoins nous trouvons que l influence
2. et d acheter un horaire Il saute sur le quai Et si on prend la fin la toute derni re page du texte on entend Lucas se parler sous forme d une repr sentation parfaite et r aliste de l tat entre la veille et le r ve Les syntagmes et les phrases entrecoup s rendent parfaitement l atmosph re du moment o l on s endort id e reste inachev e on en commence peut tre une autre sans avoir ter min la pr c dente et sans aucun lien logique D un moment l autre la conscience cesse d exercer son contr le sur nos id es et nos mots on voltige sur les confins de la r alit et des r ves jusqu ce qu on tombe dans l oc an des images oniriques LE MONOLOGUE INTERIEUR UNE TECHNIQUE DE L INTROSPECTION 187 En ce qui concerne la pr dilection de l auteur pour le monologue int rieur il faut savoir que cette nouvelle technique de narration est Parmature d Uhsses de James Joyce pour qui Larbaud portait une pro fonde sympathie en tant qu homme priv et crivain aussi Or Amants heureux amants est d di l crivain irlandais que Larbaud pense de voir remercier pour le nouveau proc d narratif La loyale rectification de Joyce a appris Larbaud que l auteur irlandais n a fait que s inspirer lui m me d une uvre parue en revue en 1887 le roman en question dont l auteur tait Edouard Dujardin avait comme titre Les Lauriers sont coupes Larbaud enthousiasm a vite crit
3. regard vers la fen tre reprend son r cit Et encore O tait il donc du rouleau des souvenirs Ah il allait revoir la premi re crise rue Berthollet deux jours avant le d part La r trospection tant un mot cl de cette technique de narra tion non seulement le mode de nous faire voir la r alit est une carac t ristique propre du monologue int rieur mais aussi le style que nous allons nommer mode d emploi et qui consiste 4 intercaler dans le texte entre parenth ses de courtes phrases semblables aux notes qu on fait dans son carnet en deux secondes afin de retenir une id e impor tante Dans le texte de Larbaud cela appara t comme un dialogue du protagoniste monologuant avec soi m me Pour emp cher que le monologue tombe dans la monotonie Larbaud se sert parfois du d doublement du personnage de Lucas qui s apostrophe se pose des questions et se donne des conseils tout comme s il discutait avec un ami confident Aussi la syntaxe renforce cette id e de l identit en qu te d une phrase l autre je devient il et le contraire Les indices de la personne les r f rences la personne du narrateur se changent et varient la premi re et la troisi me personne du singulier Le train m me semble sur le point de s arr ter On entre en gare de Salerne Senta quanti minuti si ferma qui Bene Grazie J ai le temps d al ler au buffet prendre un panier
4. Verbum Analecta Neolatina VIII 1 pp 183 187 DOI 10 1556 Verb 8 2006 1 14 LE MONOLOGUE INTERIEUR UNE TECHNIQUE DE L INTROSPECTION ANDR S D SFALVI T TH Universit de Pannonie Veszpr m D partement d Etudes Frangaises Var utca 39 H 8200 Veszpr m Hongrie desfalvi almos vein hu Abstract Stream of consciousness is the manifestation of verbality in writing Through the narrative technique of stream of consciousness the writer has the opportunity to use the a very personal tone This study examines three short stories by Valery Larbaud the French writer and translator which are characterized by this unique symbiosis of verbality and orality This narrative technique is mainly suitable for the depiction of feelings and thoughts and not the narration of events Its striking structural feature is the incoherent composition of sentences Larbaud attributed great significance to narration carried out with the technique of stream of consciousness The heroes of the three Larbaud short stories which are in the scope of this study have emotional problems to solve The main topic of their audible thinking is the problem of faith fulness and the spiritual and physical distances between man and woman Journey through time and space often gives the impression of a film script the narrator depicts past and imaginary future in incoherent structured sentences which resemble the form of snapshots Keywords Valery Larbaud stream of c
5. ans un genre litt raire pr cis Sont ils des bauches de romans ou bien des romans condens s Les trois textes la limite de la nouvelle de l essai et du r cit auto biographique sont reli s entre eux par la communaut d inspiration et de ton par le souci de l auteur pr cis par Larbaud m me Beaut mon beau souci il y reprend un vers de Malherbe annonce la pr occupation de poursuivre Pamour plut t que la femme celle ci n tant que le moyen d atteindre le sentiment Un autre secret du bonheur est la poursuite du d sir toujours renouvel car les d sirs puis s ne font que transformer la nostalgie en tristesse accablante Amants heureux amants et Mon plus secret conseil se rapprochent plus troitement par leur propre forme ils sont deux longs mono logues alors que dans Beaut mon beau souci se succ dent les discours dialogu s et la narration la premi re personne du singulier Nous nous penchons maintenant sur le texte intitul Mon plus secret conseil afin de pouvoir examiner de plus pr s la technique de narration qu est le monologue int rieur et que Valery Larbaud a adopt e pour une partie consid rable de son uvre La nouvelle en question se pr sente en tant qu un seul voyage en train du jeune Lucas Letheil un voyage dans l espace mais surtout dans le temps Elle est l histoire d une fuite et en m me temps elle prouve nettement le go t de Larbaud pour
6. ante l auteur va souvent renoncer la phrase bien construite du roman traditionnel pour des propositions el liptiques Un besoin int rieur de Larbaud s accomplit alors travers le choix conscient d une technique narrative Certes le monologue int rieur se pr te merveille l analyse des sentiments mais il convient moins la description des actions Dans le cas de Valery Larbaud le m canisme de la nouvelle technique s observe avant tout dans le domaine secret de l auteur dans les trois nouvelles publi es aux ditions de la Nouvelle Revue Fran aise en 1923 qui sont en fait les trois pisodes de sa vie La premi re nouvelle intitul e Amants heureux amants est po nyme du recueil et nous fait conna tre le jeune Felice Francia qui con temple au petit matin les corps endormis de sa ma tresse et d une amie de celle ci Il songe aux premiers temps de sa liaison avec Inga et pense Pavenir qu il voudra conna tre sans elle Le r cit se pr sente sous la forme d une longue r flexion du jeune homme ce que ses relations avec les femmes signifient pour lui La deuxi me nouvelle a comme titre Mon plus secret conseil C est Phistoire admirable du jeune Lucas Letheil fuyant sa ma tresse qu il a eu l imprudence d emmener avec lui en voyage en Italie Apr s une rencontre avec Ir ne jeune fille respectable qu il veut pouser Lucas est profond ment g n de la pr sence d Isabelle q
7. de l Italie sur criture de Valery Larbaud ne peut pas se r sumer uniquement et avant tout dans l influence du style m me si dans les uvres inspiration italienne de Larbaud Lettre d Italie Une journ e Le vain travail de voir divers pays etc la technique du monologue int rieur r appara t en harmonie avec d autres types de la narration et contribue ainsi former une sorte de Cahier italien refl tant l me italienne de Valery Larbaud 2 To James Joyce my friend and the only begetter of the forme I have adopted in this piece of writing gt Voir les notes d Alen faites par Larbaud in op cit 765 Cf La conclusion de O Ruggiero Valery Larbaud et l Italie Paris Nizet 1963
8. la modernit dans l art dans le sens o elle annonce certains proc d s sc niques des grands cin astes tel un Antonioni par exemple Certains passages voquent le sc nario d un film l tat primitif d un cadre qui va s clore dans la succession d images sur l cran mais qui n est sous forme crite que croquis indications du metteur en sc ne en marge du sc nario je veux me lier cette d licieuse colonne la forme 1V Larbaud uvres compl tes Paris Gallimard 1958 1237 186 ANDRAS DESFALVI TOTH vue de c t comme dans la danse le beau flanc le pas suspendu un bras lev Ralentissement aiguillage a coups plusieurs voies une grande gare d file buffet Ah c est a Potenza Gr ce la technique du monologue int rieur tout va se subordon ner la cam ra du protagoniste lieu et temps n existent qu tra vers son objectif Il nous fait voir et percevoir la r alit dans un as pect particulier notamment dans celui de l homme d u de son amour pour une femme Isabelle mais en m me temps impatient devant la promesse du futur amour avec Ir ne Les sauts dans la narration des v nements sont sans fin le pr sent de la narration et le pass m diter s entrem lent tout comme le pr sent et lavenir imaginer in venter Et ainsi je sortais de ces pens es de cette retraite comme un conteur qui apr s avoir jet un
9. onsciousness Italy introspection camera Devant les curieux qui s int ressent la symbiose de l oralit et du langage crit dans les productions litt raires s ouvre un domain celui du monologue int rieur pour lequel certains auteurs ont une pr dilection particuli re Il ne s agit certainement pas d un choix purement esth tique ind pendant des dispositions psychiques de ces auteurs L exis tence du monologue int rieur appartenant par sa forme au langage crit mais en m me temps troitement li l expression verbale des 1585 079X 20 00 Akad miai Kiad Budapest 2006 184 ANDRAS DESFALVI TOTH id es est assur e par l trange ambigu t g n tique qui forme le sujet de cette pr sente tude L auteur dont l uvre nous sert de texte de r f rence est ami d An dr Gide et de Saint John Perse et fait partie du groupe des auteurs qui lancent la Nouvelle Revue Fran aise s agit bien de Valery Larbaud qui dans son journal intime de 1904 1912 adopte cette nouvelle tech nique lui permettant de suivre de tr s pr s la vie int rieure de son h ros Le ton confidentiel introspectif qui caract rise cette technique refl te l eflort de l auteur de transcrire les m andres de la qu te spirituelle du personnage ainsi que le go t de Larbaud pour les romans d introspec tion sans intrigue Du nouveau chemin du romancier r sulte une cons quence syntaxique impressionn
10. u il pense ramener son matri Beaut mon beau souci troisi me r cit en question met en sc ne Marc Fournier jeune Fran ais qui entretient Chelsea un m nage tenu par Edith Crosland veuve et m re de Queenie adolescente D abord amant de la m re Marc tombe amoureux de la fille et se trouve ainsi dans une bourgade du Tendre qui s appelle Possession Paisible Ega lement par cette derni re allusion nette que fait Larbaud sur le mod le LE MONOLOGUE INTERIEUR UNE TECHNIQUE DE L INTROSPECTION 185 exemplaire de la litt rature d introspection a savoir la Cle de Mlle de Scud ry le champ est bien d limit travers l histoire des trois mariages de marin se d voilent le regard et la pr sence m me de Va lery Larbaud qui se donne l art d aimer et d tre aim On retrouve dans ces textes son gout pour la femme pour la diversit de la femme et aussi pour le d paysement Notre auteur n a jamais cach son id e concernant les femmes qui sont pour lui comme les villes il faut d m nager pour en poss der de nouvelles mais avec le fort sentiment de la nostalgie pour les pr c dentes Robert Mallet qui annote les nou velles dans l dition de la Biblioth que de la Pl iade r sume les trois r cits sous le titre fictif Valery Larbaud ou le touriste du c ur Ef fectivement on doit attribuer peu d importance au fait que les r cits en question sont difficilement classables d

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