QUAND J` LIS DES COPIES D`ELEVES, CA M`DONNE
Contents
1. Par une belle apr s midi du mois de mars 85 un professeur de Fran ais tait convi rendre compte des d mar ches d apprentissage de l criture qu il avait exp riment es dans ses classes compte rendu destination d un groupe en formation qui avait d j consacr un certain temps de cette journ e l des changes de ce genre Il fit circuler des copies d l ves qui furent lues et comment es Vers 16H30 ce jour l alors qu il rangeait ses affaires tout en continuant une discussion anim e et n anmoins p dagogique avec son voisin de table il vit s approcher de lui la forma trice qui avec force gentillesses et pr cautions oratoires lui demanda s il pouvait lui confier les quelques copies si int ressantes qui avaient servi d exemples au compte rendu de l apr s midi Certes il n y voyait aucun inconv nient si cela pouvait lui tre utile mais il d sirait les r cup rer Un peu plus tard encore C tait d j le mois de mai La fin de l ann e ap prochait mais l Ecole Normale les stages battaient encore leur plein Dans ce stage l s il me souvient se trouvaient pour deux longues semaines professeurs de coll ge et institu teurs tous issus d un m me secteur g ographique travailler entre autres choses car deux semaines c est long l va luation de l crit J avais propos mes coll gues formateurs de consacrer une s ance l analyse de copies d l v2. jet propos duquel on ne peut tre que correcteur v rifiant l ad quation ou la distance au mod le id al Le but ici est de constituer le texte de l l ve en objet lire 2 Ces annotations feed back peuvent se transformer en consignes de travail D une interpr tation de lecture je peux passer un souhait d am lioration d autant plus souhaitable ici que comme on le disait au d but de cet article l appren tissage de l criture passe par la r criture Il s agit donc d engager l l ve refaire ne pas se contenter de son pre mier jet Le point de vue de lecteur ne suffit pas Il faut passer une injonction Beaucoup de ces annotations PRESCRIP TIVES peuvent s appuyer sur des interpr tations EXPLICATIVES Par exemple Je ne comprends pas quel est le mobile qui fait agir les opposants de Kogo Peux tu d velopper ton texte ou Dans ton texte seul Kogo est transform par l argent Ce n est pas le cas de ses ennemis Peux tu le justifier D une mani re g n rale on peut constater que beaucoup d in terventions sur les textes d l ves se r duisent la consi gne D veloppe C est en effet une des caract ristiques de ces textes de fonctionner l elliptique au r sum l an nonce et non la narration proprement parler Encore faut il pr ciser l l ve o et comment dans quelle perspective il convient de d velopper 3 De ces annotations prescriptives il faut aussi voir
3. lieux communs et clich s sur la fonction du comique et la mani re de faire rire gags laborieux mauvais sket ches Inutile d accabler Zidi il n est ici que le r alisateur des Sous dou s et autres produits du m me type et l on sait qu il peut faire mieux Au lieu de rester devant la t l sortez et allez voir Association de malfaiteurs Ce Zidi i f 4 est bien pr f rable Jacques Siclier O C F C pour tous teurs qui font rire et les engage Il sait que pour emporter la d cision il faut que la critique Soit bonne Il eut gain de cause avec une m re p dago une telle prestation argumentative ne pouvait que s duire Version s rieuse de l anecdote familiale Tu veux convaincre tes parents de te laisser regarder un film dont pourtant la critique n est vraiment pas bonne R cris la de mani re leur faire croire que c est un grand film L exercice demande peu pr s les m mes comp tences que Les F es Il s agit ici de remplacer une valorisation n gative par une valorisation positive Certes l intention est tr s clairement argumentative mais n y a t il pas aussi de l ar gumentatif dans le conte Ne s agit il pas d amener le lec teur tirer la morale de l histoire et pas n importe laquel le 32 Cependant il s agit non de compl ter les blancs d un texte mais de le r crire les difficult s sont donc plus comple xes et se situent trois niveaux au moins D ab
4. Press de produire une formule il propose ET ON SAIT QU IL SAIT FAIRE MIEUX ET ON SAIT QU IL NE POUVAIT PAS FAIRE MIEUX Ce niveau l englobe bien s r les niveaux lexical et syntaxi que mais peut amener se poser la question de choix plus glo baux gardera t on l allusion au dernier film de zidi Com ment reformulera t on l allusion initiale aux Ripoux C est aussi ce niveau l que se pose la question de l origine du texte de la prise en compte de son destina taire M tout content de son exploit discursif a remplac le nom de l auguste critique par le sien propre
5. Puis il jeta des miliards et des miliards de pieces d or et tout les gens les attrap ent avec joie Mais 11 y en amp qui sont contre kogo alors il sse reunir et fai sait des guerres et des guerres Et alors en plein millieux de l apr s midi trois heures il faisait noire comme a minuit et ce qui etait contre kogo avait tr s peur et voyait la lune Il croyait que c etait la fin du monde Alors Ils cessent la guer res puis le jour se leva Alors ils ob issent tous a kogo car ils croient que c est kogo qui peut fair la fin du monde Mais seul kogo savait que c etait une clips c est dire la lune qui passe devant le soleil Et il y avait la paix sur terre a tous jamais conclusion c est un pauvre casseur de pierre qui est devenu riche Je n eus jamais me repentir de ce choix Depuis la copie de Vincent a cum de nombreux stages de nombreux groupes de PEGC en formation Elle a toujours passionn les groupes son propos se sont empaill s un certain nombre de coll gues avec elle j eus souvent mati re de brillantes synth ses ou de grandes d monstrations o le tableau noir se couvre de mots et de fl ches dont je sors g n ralement pui s e mais heureuse c est une copie qui marche 2 O LE LECTEUR EST PRIE DE PRENDRE AVEC ATTENTION CONNAIS SANCE DU DISCOURS INTRODUCTIF A LA LECTURE APPROFONDIE DE LA COPIE DE VINCENT Ayant choisi de faire travailler des stagiaires pen dant trois heures
6. ROIS DU GAG EM Ce que j en pense Apr s Les ri Film fran ais de Claude Zidi 1985 Sous titrage Antiope Gaetan Robert Wellson Michel Serrault Paul Martin G rard Jugnot l Fran ois Leroux Thierry Lhermitte Jacqueline Macha M ril Alexandra Mathilda May Georges Co luche Ren Didier Kaminka Robert Maurice Baquet Jean Pierre Doris Jac queline Carole Jacquinot Le r alisateur TV Georges Bell r L animateur des C sars Pierre Tchernia et eux m mes Phi lippe Noiret Claude Brasseur Pierre Richard Fiche technique Sc nario Claude Zidi Michel Fabre Didier Kaminka Dialogues Didier Kaminka Images Jean Jacques Tarb s D cors Daniel Heitz Montage Nicole Saunier Musique Vladimir Cosma Critique parue dans T l rama 1836 Dur e annonc e 90 mn Le genre Film comique L histoire Star comique de la t l vi sion Ga tan s aper oit que sa cote est en baisse I en accuse Robert et Jean ses deux gagmen essouffl s et pouss par son secr taire Ren essaie d en trouver de plus jeunes Dans un petit th tre de banlieue il remarque Paul Martin et Fran ois Leroux deux ac poux qui lui valut un beau succ s critique et public et marquait chez lui une ambition nouvelle Claude Zidi nous a fait retomber de haut Mis part quelques num ros d ailleurs outr s de Michel Serrault Les rois du gag n est pas un film dr le sc nario inver t br
7. ce pouvoir pour r aliser son dessein installer la paix sur terre dessein pour lequel il aura be soin d une seconde modalit apr s le pouvoir le savoir 17 C est par la ruse savante ne pas r v ler que l obscurit sou daine n est que l effet d une clipse de soleil qu il vient bout de ses opposants et r alise son vouloir faire 16 L outil incontournable pour ces analyses est le livre de J M Adam Le texte narratif 1985 Nathan somme des tudes sur le r cit Plus court on trouve aussi du m me auteur Le r cit 1984 Que sais je n 2149 PUF Les notions soulign es renvoient aux pages suivantes du premier ouvrage mod le quinaire p 57 s quence p 36 triade p 26 preuve qualifiante et modalit s p 82 les instances dans l nonciation p 178 On peut aussi consulter avec profit le livre de J L Dumortier et F Plazanet Pour lire le r cit 1985 De Boek amp Duculot 17 D j le pouvoir entra nait un certain savoir non scientifique voir la r p tition kogo savait d j que Donc kogo savait que tout le monde tait sa disposition gt Ce m me lecteur pourra observer au niveau de la NARRATION 18 que les s quences se suivent dans un d roulement chrono logique lin aire le temps de l histoire n est en rien per turb par le temps de la narration Pas d anticipation pas de flash back Ce n est pas tr s original mais il n y a rien redire c est l ordre
8. criture comment on ne peut crire sans avoir lu et comment l criture renvoie sans cesse d autres lectures plus cibl es o l on cherche r ponse aux probl mes rencontr s c Les probl mes o l on peut raisonnablement interve venir en fonction de l hypoth se mise en a le plan de la fiction VUE D ENSEMBLE Le correcteur contrairement d ancestrales habitu des n a pas s effaroucher de corriger des l ments qui traditionnellement appartiennent cette partie de l criture que l on consid re comme strictement individuelle intoucha ble l invention D une part nos l ves ne sont pas je pen se des crivains suffisamment aguerris pour se formaliser de propositions visant remanier l histoire qu ils ont labor e d autre part les l ves du moins les plus jeunes ou gale ment ceux dont le rapport l crit est le plus difficultueux ne produisent pas des histoires si bien form es si int res santes lire qu il soit inutile de les retoucher Enfin il est pour eux bien plus passionnant d envisager la r critu re sous la forme d une r laboration d histoire que sous l es p ce d un toilettage orthographique syntaxique et lexical Les finalit s du travail sont bien plus motivantes s il s a git de rendre l histoire plus int ressante que s il s agit de rendre le texte plus conforme aux normes de la lisibilit Dans le premier cas j cris pour un lecteur ventuellement
9. donc que solliciter les avis n a encore t test Je ne critiques propositions de modification de tous les lecteurs qui seront tent s par l ex p rience Mais vu de mon fauteuil le deuxieme me semble plus facile que le premier il cerne un seul des probl mes ici sous 1l angle de la qualification et engage peu d criture Le pre mier est plus complexe il n cessite de faire des choix fic tionnels en fonction desquels vont se faire les op rations de r criture qui peuvent tre drastiques La planification est semble t il plus importante que dans le deuxi me exercice Ce type de d marche en d croch je fais l hypoth se qu elle peut permettre l l ve de mieux cerner la nature d une contrainte fictionnelle Elle peut bien s r tre relay e par toute une s rie d observations de textes qui mettent en vidence le rapport troit entre la caract risation des per sonnages et les actions dans lesquelles ils sont engag s 27 D Je voudrais pour finir revenir sur le probl me des anno tations pour pointer deux choses l Jl a d j t fait allusion au changement de statut du texte d l ve du professeur correcteur dans une strat gie d enseignement qui place au centre non pas la transmission des connaissances mais les d marches d apprentissage du cot de l apprenant Ce changement est perceptible entre autres au ni veau des annotations port es sur les copies au lieu de sanc tionne
10. en r ponse des avis des propositions d j formul es dans le second cas j cris pour me faire bien voir du prof et parfois la distance est si grande entre ce que je sais que d sire le prof et ce que je sais tre capable de faire que le jeu n en vaut m me pas la chandelle Ce faisant d ailleurs le prof change de statut De correc teur il devient lecteur De juge impartial objectif et imper sonnel il devient partenaire d un acte perp tr en collabora tion il met un avis personnel subjectif en courant le risque de para tre partial l l ve en r ponse un crit lui aussi personnel et marqu de subjectivit La correction des copies devient ainsi un des lieux de dialogue p dagogique avec ce que cela suppose d impliquant et d interpersonnel Ce la dit le risque de partialit peut et doit tre r duit par une relativisation des prises de position personnelles Ce n est plus la voix de la justice qui parle c est une voix parmi d autres ce n est qu une voix Et l annotation devient alors proposition relativis e toujours par le droit laiss l l ve d en faire ce que bon lui semble Nous reviendrons l dessus plus bas POUR ALLER MAINTENANT DANS LE DETAIL Ainsi sur la copie de Vincent nous avons rep r deux dysfonctionnements importants au niveau de la fiction l inad quation entre la caract risation du h ros pau vre envieux et le programme d actions que d roule
11. l histoire le h ros fait le bien de l humanit la gestion difficile d actants distincts du h ros les opposants trop rapidement introduits et l adjuvant qui dispara t Quelles strat gies mettre en uvre pour aider Vin cent am liorer son texte sur ces deux points Deux strat gies sont notre disposition qui ne sont pas je pense exclusives l une de l autre des interventions directes sur la copie de Vincent du genre Dans le conte Kogo est envieux L est il toujours dans ton texte ou bien Qui sont les ennemis de Kogo Pourquoi sont ils oppos s lui Depuis quand ou bien Que devient dans ton texte l ange gardien etc Ces ques tions sont plut t la marque de l activit du lecteur correcteur que des consignes de r criture Mais elles sont l amorce du travail d am lioration des exercices sp cifiques propos s l l ve ind pen damment de son texte et ciblant la m me difficult technique J en propose ici deux exemples u bre LE SOLDAT Voici Le brouillon d un texte qui raconte un pisode de L histoire d un soldat Lis e I y a des choses qui ne vont pas souligne les et essaie de n onine ce texte Tu peux ajouter enlever modifier des phrases des grou pes de mots des mots i Tou tis ofdat a a wee Aci e Noua Vaes hre ces dot dm M ablm l chaga Aun am de 4e nemde a mel C tait ume bin belk ve T emba dam ume p
12. les limites l arbitraire d abord si l on respecte le jeu la lecture que je produis m me si je est le prof n est qu une lecture en ce sens qu elle est la lecture d un individu avec ses normes sa culture etc Si elle doit tre personnelle et subjective elle peut vite aussi para tre partiale Pour pallier ce risque il me semble qu il n y a qu un rem de relativiser son importance laisser l l ve une marge de ma n uvre Non pas donc intervenir sur le mode de l imp ratif ca t gorique Il faudrait il aurait fallu mais sur le mode de la proposition Tu pourrais ventuellement en lais sant explicitement l l ve le choix entre plusieurs options de r criture l unicit ensuite en effet proposer une consi gne de r criture c est se retrouver dans la d pendance impli cite un mod le de texte auquel il faudrait que le texte de l l ve se conforme Or l objectif n est pas celui l Il est de d velopper en l l ve scripteur des capacit s de lecture distanci e sur son propre texte de prise de d cision et de mise en uvre de r criture Rien ne prouve pour ce faire que la consigne unique soit op ratoire Au contraire renvoyer l l ve une ou deux ou trois hypoth ses d interpr ta tion sur son texte et lui demander si c est cela qu il a vou lu signifier s il pr f re choisir une des hypoth ses et re travailler son texte pour qu elle s y inscrive explicitement en
13. ou de tout ce qu ils sont cens s savoir faire le texte d l ve est au centre d un processus moyen pour le prof d valuer l efficacit de son enseignement et de programmer les d mar ches d apprentissage mettre en uvre moyen pour l l ve de mesurer ses acquis et ce qui lui reste acqu rir le texte d l ve est un maillon d un d roulement qui peut tre long et la mesure des apprentissages mener 3 O L ON APPREND A LIRE UN TEXTE D ELEVE ET NON A LE CORRI GER Jouons un peu Soit un lecteur bien NORMATIF et bien NEGATIF 15 13 Sur la question des grilles voir ici m me l article de Maryl ne Constant et le travail de Caroline Masseron amp Marie Christine Riedlin Objectifs laboration et limites des grilles d valuation Prati ques n 44 1984 14 Voir B Delforce Conception de l valuation du texte et de l appren tissage la logique contrast e de deux syst mes de r f rence Bulletin du CERTEIC n 7 1986 15 Ces cat gories et les suivantes sont reformul es partir de l article d j cit de J F Halt dans Pratiques n 44 1984 Analysant les an notations il oppose les nonces verdictifs du genre Mal dit in correct les nonc s injonctifs Mettez l imparfait refaire le para graphe et les nonc s explicatifs les plus rares Vous utilisez le pr sent mais jusqu ici votre r cit tait au pass J utilise quant moi normatif pour verdictif
14. phrase est tout fait bien vu les r cits contes ou autres se terminent tr s g n rale ment par une conclusion deux niveaux la fin de l histoire qui est proprement parler la r solution de la dynamique d ac tions et ce qu on appelle sanction ou valuation 22 o l on tire la conclusion de l histoire du point de vue du h ros Ce que fait tres exactement Vincent 21 Par exemple La fianc e blanche et la fianc e noire La vraie fian c e dans Contes pour les enfants et les parents J amp W Grimm Vol 3 L Ecole des Loisirs 22 Voir dans Michel Fayol Le r cit et sa construction 1985 Delachaux amp Niestl la fr quence de cette tape dans des sch mas de r cits d o rigine et de structure diff rents La question didactique qui se pose ici est celle du ciblage pr cis du genre sur lequel on fait travailler les l ves La cat gorie texte narratif est tellement vaste englobe des textes finalement tellement diff rents que pour construire des apprentissages il conviendrait de pr ciser quel sous genre va fonctionner comme texte de r f rence ici par exemple le conte merveilleux qui l vidence utilise des r gles sp cifiques qui ne seront pas celles du r cit fantastique de la nouvelle r aliste du texte de science fiction du r cit au tobiographique etc 23 J ai gard pour la fin deux probl mes dont le lec teur nor
15. Le don de a f e B Un jour qu elle tait cette fontaine il vint elle une pauvre femme qui la pria de lui donner boire Oui d ma bonne m re dit cette A fille et rin ant aus sit t sa cruche elle puisa de l eau l endroit le plus de la fontaine et la lui pr senta La bonne femme ayant bu lui dit Vous tes si A si A et si A ls que je ne puis m emp cher de vous faire un don car c tait une f e qui avait pris la forme d une pauvre femme de village pour voir jusqu o irait N de cette jeune fille Je vous donne our don oursuivit la f e u chaque arole P P que vous direz il vous sortira de la bouche eo 06 0 o 6 bd 6 68 O 0 o b lG 6 drh 6 Tl P e106 0 8 06 59 10 6 0 6 D 0 0 B 80 8 0 0 9 0 e 0 26 OONO 9 0 29 Lorsque cette A fille arriva au logis sa m re la gronda de revenir si tard de la fontaine Je vous de mande pardon ma m re dit cette A fille d avoir tard si longtemps et en disant ces mots il lui sortit de La bouche aise its 8 Y DES OS 6 LS ESTDUR 5 SU 2 Cao mu LE MOSS Que vois je l dit sa m re tout tonn e je crois qu il lui sort de la bouche sat a e momies 6 Sn ss 5 E UEa H o s D o vient cela ma fille La A enfant lui ra conta tout ce qui lui tait arriv C Elle prit le plus beau Flacon d argent qui f t dans le lo gis Ell
16. QUAND J LIS DES COPIES D ELEVES CA M DONNE DES IDEES D EXERCICES Isabelle DELCAMBRE Centre de Formation des PEGC LILLE 1 O L ON DECOUVRE QU UNE COPIE D ELEVE A PEUT AVOIR LA VIE LONGUE Par un beau matin bien enneig de janvier 85 il arriva que des l ves groupe Moyens Faibles ensemble X ni veau 6 Coll ge Saint P se virent proposer comme sujet de r daction Ecrivez la suite de ce texte LE CASSEUR DE PIERRES conte japonais Il y a tr s tr s longtemps vivait au Japon un pauvre casseur de pierres du nom de Kogo Son m tier tait bien fatigant mais il n tait pourtant pas plaindre il tait jeune et fort et il mangeait tous les jours sa faim Malheureusement Kogo tait n envieux Lui pauvre coo lie condamn casser les pierres il r vait de devenir un da mio c est dire un de ces riches seigneurs qu il vo yait parfois passer sur les routes dans un luxueux qui page entour de nombreux serviteurs Et chaque jour il priait son ange gardien que son r ve s accomplisse Il priait avec tant de foi et son d sir tait si vif que l ange gardien d cida d aller plaider sa cause aupr s du Tr s Haut Et son plus grand tonnement le Ma tre de toutes choses lui donna le pouvoir de satisfaire tous les d sirs de Kogo 1 1 Extrait de Jacques Gabalda et Ren Beaulieu Dis raconte Une his toire pour chaque jour Hachette Quelque temps plus tard
17. al et qui exemplifie la loi du conte Les bons r compens s et les m chants punis 25 24 Voir l analyse de P Rodriguez La parole des f es Litt rature n 63 oct 1986 25 Voir l article du m me nom de C Br mond dans S miotique narrative et textuelle Larousse 1973 cit par P Rodriguez REVENONS A VINCENT et repr sentons nous ce gar on de 6 me qui sans le savoir peut tre bien on demande d crire cette histoire finalement fort sombre il n y a pas d issue possi ble Qui est pauvre le restera Dans quel conflit de valeurs on le place lui qui a cette repr sentation si positive d une histoire o tout est possible l individu pourvu qu il fasse un bon usage de la richesse pourvu qu il vise les valeurs po sitives de la paix universelle et qu il mette son savoir au service de ces valeurs Il avait envie d crire une histoire la Zorro Peut on s tonner qu il n ait pas lu que Ko go tait envieux J en arrive dire qu au lieu de consid rer cette non lecture comme un manque de savoir chez Vincent un d faut corriger il faudrait ici l interpr ter comme une trace de son projet d criture il fait de envieux un traitement local au ni veau de la premi re s quence et non global au niveau du tex te et de sa signification culturelle L encore conflit didactique comment faire comprendre cela Vincent Le faut il Quelles pr cautions prendre pour ne pas casser au nom du re
18. au ve u benage a A e rempart demanda Ja chambar lao moam due E a page A d nice le peu ve qua dwat une AA b stts Ciasta Remnant qu un ALU qu braus pokut Ent d arqut eut do yiu botn ag muduta l m dat peranan z lu nemplacer M we De kmdemah US OUR da belin bots et des vifent Cout Pout lgan b Vali dew Lo ko peaux deux ne ai gnun Voici maintenant La suite du texte Tu fais Le m me travail TA Mau ok joye a j ladt Au apcha de y he ha Stat jamais em Valune de pew do de Paine Voter ie Les Cocher et ES Deautsup d aum nt CA qua uit Oo beau Te Aaval ar ex pinen abia AR at dua de A avon ghal B Bia y 6 108 GE peu de pemk p Mainl mant I etait su ce a ayak d beaux beavuwvp d 1 et avec cfa de amis Mas umnhe fou Je jou Y do ppa beau cap dl ar gout NAMA jamar LM REV on uh heau Amalim p9 ME Ju Neia ue deux neuh la belle chambre gu a habitut 3 Pallut La y 2 PARNER a la pau un petit fou Ana b Tu cris La fin de cet pisode en utilisant ces groupes de mots I faut conserver L ondne dans Lequel ifs sont donn s cirer lui m me ses bottes Par ailleurs 404 amis Sa mansarde tait si mis rable Tu utilises La troisi me phrase comme derni re phrase du texte que tu vas crire Il s agit d un texte rebricol partir d un conte d Andersen Le briquet Il a t r crit pour produire des invraisemblan ces des incoh rences ent
19. bric et de broc qu est ce que c est que cette conclusion ainsi marqu e d tach e comme si on se trouvait face un expos d monstratif un compte rendu d exp rience Ind pendamment de cet effet malheureux cette phrase finale n est pas une conclusion elle n a rien voir avec l histoire qui se termine bien par Et il y avait la paix sur terre tout jamais C est redondant a n ajoute rien c est maladroit A supprimer donc mon lec teur je l esp re ni normatif ni prescriptif ME sue NL saa observera comment ON PASSE FACILEMENT DU NORMATIF NEGATIF ce n est pas bien au PRESCRIPTIF A supprimer deux conduites essentiellement sommatives De m me est ce qu on trouve de l explicatif dans un texte mer veilleux 19 NDLR tiens voil qu on entend parler de genre c est la premiere fois Et ces quelques stances la gloire de Kogo qui imitent maladroitement un hymne po ti que 20 que font elles dans un conte Voil bien une mac doine de genres litt raires incompatibles Certes Le probl me est que ce lecteur se laisse emporter par des opi nions rapides et toutes faites excusons le c est le propre de la NORME d instituer en r gle g n rale non questionn e vidente partag e par tous des v rit s partielles des bri bes de savoir des repr sentations commodes er 19 Cela sent son plagiat de Tintin et le Temple du Soleil 20 moins que cela ne reprenne to
20. brouil lons 6 torchons illisibles signes de d sinvolture ou de d sint r t Le stylo effaceur le blanc machine font rage dans les classes plut t du blanc qu un trop plein de bleu ou de noir Autre strat gie les l ves d tournent de leur usage commun les parenth ses c est plus propre qu une rature 7 L crit doit avant tout etre propre 8 Ensuite peut tre peut on lui trou ver d autres qualit s L petite concession aux regards horrifi s de mon auditoire je ne suis pas pr te faire une apologie de la salet non L crit propre c est important Mais au terme du processus d criture non comme pr alable absolu Nous devons la Morale r appara t triomphante apprendre nos l ves faire des ra tures barrer pour r crire nous devons leur apprendre ne pas se contenter des premiers mots premi res phrases jet es sur un papier nous devons leur apprendre que l criture commen ce quand on re lit ce qu on vient d crire pour y porter un 5 ou supr me insolence mais tout syst me l exception fait la r gle dont les brouillons eux m mes deviennent objet de culte 6 Quelques rares voix s l vent pour dire le contraire ainsi J P Astolfi montre l importance des traces provisoires et des r cri tures dans les apprentissages scientifiques Les langages et l la boration de la pens e scientifique Le Fran ais Aujourd hui n 74 1986 7 Exem
21. d autres peu vent tre amen s faire l ves de la classe d autres clas ses lectorat ext rieur au coll ge etc et les effets que ces lectures peuvent produire sur les scripteurs 30 Je me suis surtout plac e dans une perspective d valuation formative il faudrait aussi voquer les probl mes institu tionnels de l valuation la note par exemple J ai travaill sur un crit ponctuel les probl mes risquent de diff rer si l on se situe dans le cadre d une criture lon gue J ai parl enfin de mon point de vue de formateur en me d lec tant d analyses de d tail en allant jusqu au bout de certai nes hypoth ses en faisant comme si j avais tout mon temps J entends d ici tous les coll gues qui all gueront la charge des paquets de copies le peu de temps 5mn 10 mn qu ils peuvent accorder chaque copie la lassitude des textes tous semblables la peine d chiffrer les graphies informes le 29 Car la norme se retrouve aussi au niveau du fictionnel je peux in volontairement utiliser le pouvoir que me confere mon statut de prof pour faire comme si mon imaginaire devait tre partag par tous 30 Voir ce sujet l article de J M Privat et M C Vinson Habitat vertical et habitus lectural Pratiques n 52 D cembre 1986 ras le bol d une orthographe qui oblit re le texte le rend illisible la naus e de ce travail peu gratifiant et ventuel lement per u comme inutile 31 Certe
22. e ne fut pas plut t arriv e la fontaine qu elle vit sortir du bois une Dame magnifiquement v tue qui vint lui de mander boire Est ce que je suis ici venue lui dit cette A N ou N A A Justement j ai apport un Flacon ner boire Madame J en suis voulez Vous n tes gu re f bien puisque vous tes si don qu chaque parole que vous bouche D abord que sa m re l aper ut elle lui cria H ma fille Eh bien ma m re A en jetant que vois je l 7 pour vous donner boire d argent tout expr s pour don d avis buvez m me si vous A reprit la F e Eh A je vous donne pour direz il vous sortira de la hauo U lui r pondit Ce deuxi me exercice vise travailler sp cifiquement la caract risation A partir du conte de Perrault Les F es trou et recompos il s agit donc d attribuer aux deux filles un caract re contrast en utilisant la liste d adjectifs et substantifs propos e La 2 me tape vise caract risation une s quence mauvaise Ici cintement possible pour ne pas fournir trop d indices la bonne fille le programme d actions est donn attribuer en fonction de cette l autre la le plus suc il faut donc op rer un choix puis inventer le don de la f e qui rendra plus explicite ncore la valeur positive ou n gative de chacun des personnages Aucun de ces exercices peux
23. e part une repr senta tion des op rations qu il aura accomplir pour produire cet crit L intervient l valuation formative avant l criture 10 Ainsi quand on travaille le dialogue on enseigne les signes typogra phiques les verbes placer en incise mais travaille t on la fonc tion du dialogue dans un r cit la diff rence de parole selon les personnages 11 Mon fid le lecteur se reportera aux exemples que j analyse dans Et si l valuation tait cause d chec en fran ais para tre dans Innovations n 5 6 1987 12 Voir ce que J F Halt dit de la situation de communication propre la r daction dans Pour changer l crire Pratiques n 29 1981 ou en cours de travail elle va pr ciser les crit res qui se ront utilis s pour l valuation finale pour la correction cette laboration des crit res est contractuelle elle tient compte des connaissances qu ont les l ves sur les textes et de leurs repr sentations elle met en cause les m mes outils que pour la lecture des textes elle est r cursive tout pro gr s des l ves toute nouvelle connaissance modifie la formu lation des crit res la grille tablie 13 La place de cette valuation dans le processus d criture et non la fin comme l valuation sommative provoque une modification de la place traditionnellement attribu e aux textes d l ve 14 loin d tre la manifestation finale de tout ce qu ils ont appris
24. entissages par occultation 9 Lecture et criture sont diversement imbriqu s la lecture est pr sente dans le cours m me de l criture elle as sure une fonction d autor gulation au fur et mesure que l on crit elle contr le pas pas que l crit ne s carte pas trop du projet d ensemble Pour un exemple didactique d un travail au niveau de la planification d ensemble dont fait partie la repr sentation du lec teur potentiel voir ci apr s l article de B Daunay et M Lusetti Figurez vous et pour un apport plus th orique se reporter M Charolles 1986 L analyse des processus r dactionnels aspects linguistiques psychologiques et didactiques Pratiques n 49 C est cette lecture l qui provoque les ratures les corrections la lecture s op re apr s coup une fois le point final pos elle juge alors de l effet d ensemble du sens global Elle tente d valuer la pertinence de l effet produit par rapport au projet d criture Elle n cessite une d centration un changement de point de vue que peut m opposer mon lecteur potentiel Que va t il penser de cela etc D une certaine mani re cette lecture peut voquer ce que J Ricardou Ecrire en classe Pratiques n 20 1978 appelait lectu re de scrutation par opposition la lecture retrouvailles C est cette lecture l qui peut engager des modifications d importan ce suppression ajouts d veloppements d placements etc d
25. es l ob jectif tant de rep rer ce que les l ves avaient su faire ce qu ils n avaient pas su faire Bref d utiliser une lecture et non une correction de textes d l ves pour laborer un certain nombre d exercices qui puissent apporter des rem des permettre de d velopper des comp tences narratives embryonnai res etc En cons quence de quoi cette d marche se donnait pour but ga lement de jeter les bases de notions sur l valuation forma tive L accord s tant fait sur cette proposition je me plongeai dans les copies d l ves que j avais r cup r es au mois de janvier pr c dent c tait tout gain d un stage l autre les documents circulaient Une lecture rapide me fit vite rep rer la copie de Vincent que je choisis je dois bien le dire au pif Alors kogo demanda son desir au tr s Haut Puis le tr s Haut accepta le desir de kogo Deux secondes plus tard un carosse arrive avec six cheveaux le carosse etait en or kogo monta dans le carosse et partait pour sont r ve Et les cheveux le ram ne dans un ch teau en rubis kogo savait d j qu il tait Riche et le plus grand seigneur de la terre Touts le monde l appel maitre au soleil levant ou maitre de la terre ou m me de l univers Donc kogo savait que touts le monde tait a sa dis position n jour 1il disait a tout 1e monde entrer arr ter la condanation mort arr ter la tortu re et les guerres vous tes tous mes amis
26. et prescriptif pour injfonctif il dira de la copie de Vincent s il l observe au niveau du CODE de la LANGUE du STYLE que les accords sujet verbe ne sont pas r alis s que le syst me temporel n est pas coh rent trop de passages du pass au pr sent que les connecteurs sont la fois trop nombreux et pas assez diversifi s qu il y a des r p titions que la ponctuation et les majuscules sont anarchiques et peut tre bien d autres choses encore Imaginons maintenant un lecteur tout aussi NORMATIF mais POSI TIF et observant le texte de Vincent au niveau de la FICTION il dira que Vincent sait inventer une histoire qu il ma trise la structure quinaire du r cit 16 Partant d un tat initial qui lui est impos il d roule son histoire jusqu un tat fi nal qui est bien l inverse de l tat initial un pauvre casseur de pierres qui est devenu riche il sait galement met tre en uvre des s quences narratives coh rentes tant au niveau des unit s de lieu temps personne qu au niveau de leur struc ture triadique de la dynamique des actions d clenchement ac tion sanction cons quence Ainsi il commence son r cit par une preuve qualifiante o le d sir re oit satisfaction l ar gent qui lui m me conf re le pouvoir au h ros il savait d j qu il tait riche et le plus grand seigneur de la terre il le poursuit par une seconde s quence Un jour il disait o le h ros met en uvre
27. gage le scripteur affiner son projet d criture et non pas endosser le projet d criture du prof 28 Ainsi pour Vincent la question est cruciale pr f rera t il en deuxi me version remodeler son h ros aux canons du conte ou maintenir son h ros positif lav de son vice par le pouvoir r dempteur du savoir Je disais plus haut quel point cela ne me semble pas tre un point secondaire Il y va il me sem ble d un certain investissement personnel dans l criture qu on ne peut luder d s lors que l on fait produire 28 Voir ce propos les r flexions et propositions d Yves Reuter dans l am lioration de texte Bulletin du CERTEIC n 7 1986 du fictionnel des l ves on ne peut ignorer que jouent dans le fictionnel des objets imaginaires sur lesquels il peut tre d licat d intervenir de mani re massive directive et normative 29 De m me sur la question de l ange rien n oblige le garder comme actant tout au long du r cit On peut laisser Vincent le choix entre le r introduire ou justifier sa liquidation Ce qui est s r c est qu il faut que le texte en fasse quelque chose explicitement C est sur la nature du quelque chose qu il y a le choix Nous voil au bout de notre p riple travers une co pie d l ve Restent je pense beaucoup de probl mes en sus pens j ai surtout trait le rapport prof l ve travers une copie il faudrait aussi voquer les lectures que
28. inven tes galement la fin de la phrase signal e par des J1 tait une fois une veuve qui avait deux filles l a n e lui ressemblait si fort d humeur et de visage que qui la voyait voyait la m re La m re et la fille taient toutes deux si A et si E _______ qu on sagatonu pins rames amp SNS La cadette qui tait le vrai portrait de son P re pour PU N Jet pour N tait avec cela une des plus filles qu on e t su voir Comme on aime naturellement son semblable cette m re tait folle de sa fille a n e et en m me temps avait une aversion effroyable pour la cadette Liste des adjectifs et des noms N aimable amabilite beau beaute bon bont brutal brutalit complatsant complaisance d sagr able doux douceur fret fiert grand grandeur hatssable hautain honn te honn tet laid faideun maladroit maladresse malheureux malheur malhonnete malhonn tet Mauvais na x naivet obligeant cb igeance orguett eux ornquetl patient patience pr cieux propre propret riche richesse sale salet stupide stupidit v g vilain IT Voici maintenant deux pisodes B et C o L on voit L une puis L autre fille aller puiser de L eau La gon taine Tu dois choisir Lequel nous parle de l aine e quel nous parle de a cadette Comme dans L exercice I tu compl tes avec Les adjectifs et Les noms qui Le conviennent tu dois aussi tnventen
29. ion de longue haleine Je suis s re en tout cas que de telles modifications valent plus le coup que le radotage longueur d ann e de r gles que tout le monde conna t et que personne ne pense appliquer b Tout autres sont les probl mes qui tiennent la m connaissance m me partielle du genre dans lequel l l ve tait cens se placer pour produire son texte Ainsi chez Vincent le probl me de la conclusion et la perception pas tr s claire d une des lois du merveilleux qui exclut par exemple l explicatif La rem diation implique ici un travail qui peut tre long et complexe de typologisation des textes o l on s efforce de clarifier ce qui diff rencie un conte fantastique d un conte merveilleux d un conte philosophique et ce faisant de construire quelques notions un peu abstraites sur le genre nar ratif que l on vise la morale l tre et le para tre etc En chemin on peut aussi poursuivre des acquisitions linguis tiques ce peut tre l occasion de faire observer le syst me temporel des contes la pr sence et avec quelle signification du pr sent dans un syst me au pass etc Ce peut tre ga lement l occasion d aller voir dans des textes pr cis comment se g re un changement de point de vue comment s introduisent des opposants comment jouent les relations h ros adjuvant C est ici en tout cas que sont le plus perceptibles les in t ractions constantes entre lecture et
30. le plus fr quent dans le conte merveil leux Le rythme au contraire va forcer le lecteur tre plus cri tique La dur e est mal rendue combien de temps durent les guerres Tout donne l impression d tre trait de la m me ma ni re de se d rouler dans un temps abstrait sans paisseur Autre formulation tout donne l impression d tre r sum Ils faisaient des guerres et des guerres La r p tition est bien impuissante ici rendre la dur e De m me et l il est pr t basculer dans le NEGATIF la pers pective narrative est bien maladroite l instance narrateur bien que non actualis e explicitement semble se focaliser tan t t sur le h ros c est le cas g n ral le lecteur est mis au courant des faits et gestes des paroles des pens es int rieu res et des projets du personnage tant t sur d autres ceux qui taient contre Kogo ceux l bien pauvrement trait s Et le lecteur de se demander quels sont leurs mobiles depuis quand et cause de quoi et comment et avec quels projets pr cis ment etc etc Il a envie de demander Un petit changement de point de vue ici s v p une petite s quence en d croch voire m me en d croch temporel avec un retour en ar ri re du genre Depuis longtemps il y avait des gens qui sup portaient mal l omnipuissance de Kogo Stop Le lecteur nor matif se transforme alors en lecteur PRESCRIPTIF on verra plus loin comment se fait ce glis
31. matif attend peut tre depuis le d but qu ils viennent sur le tapis le premier au niveau de la fiction concerne le h ros lui m me Les trois paragraphes donn s comme cadre initial fournissent un certain nombre de renseignements sur la CARACTERISATION du h ros il est pauvre mais jeune et fort Son m tier est fatiguant mais suffit assurer sa subsistance Malheureusement Kogo tait n envieux Et c est ce caract re inn qui va tre un des moteurs de l histoire Malheureusement Vincent oublie ce caract re ou il ne le traite que sous l esp ce du d sir Son d sir tait si vif dit le texte source Le Tr s Haut accepta le d sir de Kogo encha ne Vincent Une fois ce d sir combl le caract re envieux de Kogo dispara t Il n a t trait par Vincent que dans les limites de la pre mi re s quence narrative au niveau de l preuve qualifiante Est ce qu on peut consid rer comme m incite le faire mon lecteur normatif qu il y a l d faut de lecture de la part de Vincent Peut tre je dirais plut t manque de connaissance de l uni vers du conte merveilleux 23 Pour une pr sentation des principaux travaux sur les contes populaires voir Mich le Simonsen Le conte populaire fran ais 1981 Que sais je n 1906 NOUVELLE PETITE PAUSE ANALYSE DU CONTE En effet dans le conte la caract risation des per sonnages au plan de l tre est pr sent e comme un ordre essen tiel une nature q
32. ns les copies d l ves les endroits o elles sont concentr es sont vraisemblablement ceux qui ont pos le plus de probl mes de conception aux l ves Ainsi l hypoth se que l on peut tre amen faire est la suivante s il n y a pas transfert direct des appren tissages m talinguistiques dans l activit d criture part bien s r ceux qui sont automatis s peut tre que l interven tion d autres niveaux niveau de la fiction par exemple peut par ricochet avoir des effets au plan linguistique 26 Par ailleurs la question du linguistique dans les copies d l ves demande au prof une certaine r vision d habitudes ances a aIl 26 Sur cette hypoth se voir ici m me l article de M P Vanseveren et dans le d sormais c l bre n 44 de Pratiques la fin de l article non moins c l bre de J F Halt trales de correction si l on cesse de consid rer l crit des l ves comme devant tre parfait au premier jet si l on cesse de placer cet crit dans une relation univoque ma tre l ves la question du linguistique se pose autrement L am lioration de texte risque de provoquer chez l l ve un autre regard sur son texte qui peut entra ner des corrections locales des pro cessus de co valuation des textes qui sont d j des formes de socialisation des crits peuvent rendre galement perceptibles pour les l ves les n cessit s linguistiques Tout cela est de toute fa on une op rat
33. on au jour de leur naissance au royaume des Auteurs 4 Or une r fle xion un peu mat rialiste j abr ge ici de longs d veloppements 3 B Delforce analyse ce que les discours d l ves lors du retour des copies r velent de la relation d enseignement apprentissage et de la fonction de l valuation Les l ves face aux devoirs et aux copies corrig es bavardage inutile r actions ab rrantes ou discours r v lateurs Bulletin du CERTEIC n 7 1986 Centre de Recherche en Technique d Expression Information et Communication Universit de Lille III 4 Le lecteur fid le peut se reporter aux analyses que je d veloppe sur les repr sentations de l criture et du texte qui sont l uvre dans la production crite Une d marche d am lioration de texte en Forma tion Continue Mode d emploi Bulletin du CERTEIC N 7 1986 j qui ne sauraient que nuire l quilibre d ensemble de mon dis cours va vite nous faire r introduire le travail au centre m me de l criture Loin d tre le premier jet sur le papier d u ne inspiration d origine sacr e l Ecriture est le fruit d un travail dont les ratures les brouillons les d coupes les re fontes sont des signes aussi honteusement cach s que n cessai res Hors du Panth on des Auteurs Imprim s dont on nous fait croire qu ils ne raturent pas 5 toute criture passe par une r criture Or l Ecole enseigne l horreur de la rature la honte des
34. on et n y verrait que du feu Le m me ph nom ne se passe vers la fin du texte dans la phrase Alors ils cessent la querre alors ils ob issent Kogo car ils croient le pr sent de narration contamine ensui te la fin de la phrase Autre est le cas de trois phrases au pr sent deux rel vent d un point de vue fort ext rieur l his toire point de vue d un narrateur qui interromp pour faire une annonce g rer son r cit qui m me de mani re implicite a l air de s adresser directement au lecteur ainsi Mais il y en a qui sont contre Kogo La phrase semble en d calage par rapport au r cit C est une information que le narrateur donne au lecteur en dehors du d roulement chronologique comme si elle n tait pas narrativis e de m me la phrase de conclusion donn e apr s en dehors de l histoire C est plus une morale qu une conclusion nous y reviendrons plus loin le pr sent s impose dernier cas c est dire la lune qui passe devant le soleil L encore pr sent de v rit g n rale dirait Gr vis se o le jeune scripteur change de TYPE DE TEXTE et emprunte le temps d une parenth se un ton didactique et explicatif qui recourt bien videmment au pr sent Le lecteur EXPLICATIF va alors avoir fort faire avec le lecteur NORMATIF PRESCRIPTIF qui pourrait lui opposer A quoi sert de comprendre Ce qui importe c est ici de si gnifier l l ve qu il crit un texte de
35. ord le niveau lexical il peut suffire dans certains con textes de remplacer les l x mes n gatifs par leurs contraires Exemple C Zidi nous a fait REMONTER TRES HAUT 33 quelques num ros d ailleurs GENIAUX EST UN FILM TRES DROLE M s en tire y compris en utilisant une d suffixation du gen re SCENARIO VERTEBRE ou une application m canique de l an tonymie lieux RECHERCHES gags TRES MARRANTS BONS sket ches r alisateur des SUR DOUES Ensuite un niveau phrastique qui demande de prendre en compte des ph nom nes syntaxiques REGARDEZ LES ROIS DU GAG ET NE SORTEZ PAS POUR VOIR ASSOCIATION DE MALFAITEURS CE ZIDI LA EST BIEN MOINS PREFERABLE Enfin un niveau discursif qui demande une gestion globale du texte et de l intention de communication en r crivant la phrase 2 par exemple de cette mani re Gr ce quelques num ros g niaux de Les rois du gag est un film tr s dr le de m me la phrase 3 apr s l num ration qui pr c de ACCABLER ZIDI SERAIT INCOMPREHENSIBLE IL EST ICI LE REALISATEUR DES SUR DOUES et autres produits u m me type et l on sait qu il peut faire mieux Interrog sur le maintien hypoth tique de cette derni re partie de phrase M r pond ca t goriquement ben oui parce que tellement il est bon re 32 Voir ce propos J M Adam Le texte narratif op CIT 33 Les caract res gras sont des citations de M
36. ple pris C Garcia N 25 p 66 Pratiques n 51 1986 8 et conforme aux normes scolaires de mise en page passer deux carreaux aller la ligne tirer un trait pour marquer la nouvelle marge pas ser une ligne avant la conclusion etc souvent dict es en d but d an n e comme conditions sine qua non de la confection d une r daction regard distanci critique valuateur 9 Apprendre aux l ves se relire chacun sait que c est impos sible Ils ne veulent pas c est fastidieux pour eux d s que c est crit c est fini Certes ils n ont pas tort un peu d introspection que diable C est dur d crire On est bien content quand le point final est pos et on a bien tendance se dire que a ira comme a Par ailleurs quel int r t s il s agit de v rifier l alignement des virgules les cohor tes de s et ent la respectabilit des adjectifs et la r gu larit des temps verbaux Donc s il ne le font pas spontan ment on peut penser que c est parce que c est dur Si c est dur on peut peut tre les y aider non Et c est l que j arrive la pi ce ma tresse de l difice L enseignement de l criture est avant tout un enseignement de la r criture et un des outils de cet enseignement c est l valuation La difficult est d op rer pour l valuation la meme conversion que pour l criture l enseignement traditionnel qui ne met gu re en uvre des processus d appr
37. pporter que des rem diations normatives supprimer corriger r viser le syst me des temps avoir un bon vocabulaire etc Autant dire que pour une bonne partie de nos l ves ce langa ge est rang au rayon des sanctions et brimades habituelles et qu il n a aucune efficacit quant l am lioration de l crit C est la sempiternelle ritournelle des corrections de C F bien pomponn es pour le jour de l inspection o l on pr sente pour la ni me fois aux l ves une phrase o il faut employer le pass simple Les l ves connaissent la chanson et la r pon se par c ur depuis le temps qu on la leur chante Il n empe che qu en situation d criture autonome la difficult se pose et qu ils ne sauront ni la r soudre ni m me la voir peut tre Le probl me qui se pose ici est celui du transfert des apprentissages m talinguistiques mis en situation d ob servateurs critiques sur une production crite les l ves voient tr s clair ils connaissent m me bien souvent les r pon ses et le prof a vite l impression que puisqu il les connais sent s ils ne les appliquent pas tout seuls c est qu ils se moquent de lui En fait dans la production l l ve l adulte aussi est centr sur des t ches de planification qui occul tent les probl mes de mise en mots ce sont deux rapports diff rents l crit D o ce que l on peut observer souvent au niveau de la r partition des erreurs orthographiques da
38. r censurer au nom d un mod le de texte que le prof a en t te elles peuvent prendre comme donn es de r f rence la production de l l ve et engager avec lui un dialogue dont le but est de l amener un regard un peu distanci sur son crit des choix de signification des op rations de r criture Le prof est alors plus un lecteur qu un correcteur son role 27 Pour cette perspective de travail je renvoie M Constant et T Vanlemmans Contes toujours tu m int resses dans Recherches n 3 sept 1985 et surtout la Grille permettant de cerner rapi dement les probl mes rencontr s par les l ves dans l criture lon gue de contes en vue de l am lioration est de renvoyer un feed back autant POSITIF que NEGATIF l auteur du texte Il peut travers les annotations rendre clair ce r le en utilisant syst matiquement des entr es du genre je ne comprends pas fe voudrais en savoir plus je comprends que est ce bien cela que tu as voulu dire Formules d valuation qui peuvent d ailleurs tr s bien tre donn es aux l ves de la classe dans des processus de co va luation Ces formules visent essentiellement rendre clair pour les l ves les effets de lecture que son texte peut produire inscrire donc ce texte dans un circuit ouvert o un va et vient est possible entre une criture et une lecture On le voit c est bien loin de l crit parfait d s le premier
39. re caract risation de personnage et programme d actions Dans le ler passage le soldat devenu inopin ment riche ne se comporte pas d une mani re attendue d autre part ce pe tit texte propose une contradiction dans le 3 me paragraphe il ne pouvait pas le remplacer M me le lendemain il se procura de belles bottes L l ve doit donc faire des choix s mantiques qui l am neront soit justifier les invrai semblances du texte en les d veloppant soit les supprimer en faisant des choix de r criture le soldat est devenu ri che subitement mais il ne veut pas le montrer et continue se comporter comme avant ou il tale sa richesse aux yeux de tous Dans le 2 me passage on est en pr sence de varia tions autour du rapport l argent le soldat de par ses comportements peut tre dit d pensier pingre g n reux co nome Il s agit de mettre un peu d ordre dans tout cela La derni re tape consiste tirer les conclusions des choix fictionnels faits auparavant Le texte support de l exercice est volontairement manuscrit et ratur on peut faire l hypoth se que cela aide ra l l ve raturer lui m me r crire L crit imprim est un tel tabou LES FEES I Voici le d but d un conte Compl te le texte en choi sissant dans la liste ci dessous les adjectifs ou les noms qui selon toi pourraient convenir pour d crire les deux filles il faudra accorder les adjectifs Tu
40. s Il n tait pas dans mon propos d riger comme mod le la lecture lente et de plaisir que j ai pu mener sur la copie de Vincent La correction de copies a ses exigences de rapidi t et d efficacit pour le correcteur avant m me l l ve r cepteur Cependant je vais oser maintenir que lire les copies d l ves sans avoir de crayon rouge en main en m effor ant de porter sur ces textes un regard de lecteur attentif aux si gnifications d ensemble plus qu aux dys fonctionnements de d tail et me donnant comme t che de formuler une ou deux propo sitions de r criture seulement a ne doit pas exc der le temps que je mettrais souligner toutes les erreurs orthogra phiques porter en marge les signes cabalistiques de mon co de de correction faire une rapide pause avant de porter la note et l appr ciation g n rale et puis a risque de chan ger tellement de choses pour moi pour les l ves pour mon enseignement et pour leur apprentissage que le jeu en vaut peut tre le coup 31 Voir B Delforce Les professeurs face la correction des copies changer les images pour changer les usages Bulletin du CERTEIC n 7 1986 ANNEXE 2 DERNIERE MINUTE Mardi 10 mars M 11 ans veut convaincre ses parents de le laisser regarder le soir la t l un film comique Il entre prend alors une r criture voix haute du petit article fort Critique qui pr sente le film dans T l rama LES
41. s variations n a d autre fonction en fait que d orienter l enseignement apprentissage Si l on ne veut pas tomber dans l aporie de l valuation sommative valuer comme en situation d examen tout au long de l ann e tout acte d valuation a des effets en retour et sur l enseignement le point de vue du prof et sur l apprentissage le point de vue de l l ve L valuation devient alors une prise d information sur ce que l l ve sait ne sait pas faire a n a pas retenu ou compris de mon ensei gnement Cette prise d information est bien s r tout sauf statique C est elle qui va me permettre et de r orienter si besoin mon enseignement et de proposer l l ve des d mar ches d apprentissage qui correspondent aussi finement que pos sible ses besoins En toute modestie Car l apprentissage est chose complexe et le p dagogue ne peut jamais tre s r ni de la pertinence de ses hypoth ses ni de l efficacit de ses interventions Ainsi apr s lecture de la copie de Vincent il m appara t que des interventions peuvent se faire mais des niveaux diff rents D un point de vue ici fort practico didactique je d finirais ces niveaux en fonction d hypoth tique efficiences a Je commencerai par les probl mes sur lesquels mon avis on ne peut rien directement l emploi des temps les connecteurs l orthographe tous les probl mes de surface On n y peut rien c est dire qu on ne peut y a
42. sement De m me la POSITION ENONCIATIVE est flottante on passe du r cit au discours majoritairement le syst me temporel du r cit Pass simple Imparfait domine mais de nombreux pr sents interviennent Est ce seulement une question de ma trise lin om 18 Au sens de G Genette in Figures III 1972 Seuil p 71 sqq Les no tions de temps et de dur e y sont explicit es guistique comme le lecteur normatif n gatif incitait le croire Un lecteur EXPLICATIF ni positif ni n gatif il cherche comprendre et faire comprendre l l ve dirait n est ce pas aussi d une variation de la position noncia tive o le jeune scripteur est pr t endosser tous les r les celui du h ros dans la dur e comme dans l instant celui du narrateur hors de l histoire qui commente explique et tient compte du lecteur potentiel Ainsi d s le premier paragraphe et la premi re s quence le syst me install est celui du r cit mais trois pr sents vien nent le casser un carosse arrive Kogo monte dans le ca rosse Et les chevaux le ram nent dans un chateau On constate que ces pr sents jalonnent une sous S quence de trois actions qui illustre l accomplissement du d sir de Kogo et qu ils alternent avec des imparfaits descriptifs Ils quiva lent donc strictement des pass s simples Si le contexte tait plus d velopp un bon lecteur de r cits les prendrait pour des pr sents de narrati
43. spect d un genre litt raire un inves tissement manifeste dans l criture d un individu qui injec te dans son texte ses repr sentations du monde ses valeurs a Le deuxi me probl me toujours au niveau de la fic tion saute aux yeux du lecteur averti qu est le correcteur de copies que devient dans le texte de Vincent l ange gar dien qui interc de pour Kogo aupr s du Tr s Haut Cette DIS PARITION D UN ACTANT est elle encore la preuve d une non lec ture de la consigne que repr sente le texte source L hypoth se que je formule ici est celle d une difficult technique crire l histoire d un personnage du point de vue de ce per sonnage c est relativement simple Nous avons vu d j plus haut que Vincent avait des probl mes traiter le point de vue des opposants son h ros Avec l ange gardien le probl me est encore plus compliqu l ange est un adjuvant au h ros une sorte de double dont la n cessit est d autant moins per ue par Vincent que l envie et le d sir de Kogo sont r solus d s la premi re s quence Cela dit l apprentissage est faire tant notionnellement d couvrir le r le fonctionnel de l adjuvant dans des textes de conte que techniquement comment g rer deux voire trois fils narratifs concurrentiels l histoire du h ros celle de ses opposants celle de son adjuvant 4 O L ON S ORIENTE VERS QUELQUES PROPOSITIONS PEDAGOGIQUES La lecture qui pr c de dans toutes se
44. sur une copie d l ve j encours le risque de provoquer des r actions des coll gues du genre Ca n est pas r aliste de penser qu on peut faire a sur toutes les co pies C est bien une pratique de prof d Ecole Normale Ca ne connait rien au terrain Je pense g n ralement pouvoir viter ce danger en prenant les devants et la pr cau tion de pr senter le travail comme une exp rimentation de la boratoire qui n a pas grand chose voir avec la corv e quo tidienne de la correction de copies mais qui peut tre int ressante dans une d marche de formation o justement on peut prendre du temps pour observer finement et aller aussi loin que possible dans la compr hension des comportements d l ves Je poursuis ordinairement en d veloppant l id e qu il est par ticuli rement difficile de corriger l expression crite En effet quel niveau intervenir Doit on se contenter de re lever les erreurs de langue en choisissant de laisser l cart du stylo rouge tout ce qui rel ve de l invention des id es de la fiction 2 Si l on observe des dysfontionne 0 2 D pouillant des annotations de copies d l ves J F Halt montre que les annotations portent significativement plus sur la forme que sur le fond L annotation des copies vari t ou base du dialogue p dagogique Pratiques n 44 1984 Mais cette pratique dominante doit elle avoir force de loi Etre l gitim e ments au ni
45. u travail d criture attend de l l ve un premier jet qui soit d j un produit fini consid re qu en crivant il fait la preuve de ce qu il sait d j ou ne sait pas en cons quen ce de quoi il n a pas grand chose d autre apprendre que de respecter les exigences de pr sentation 10 et d affiner certains traits d expression ou de style utilisation du mot juste faire la chasse aux marques d oralit Le reste est suppos acquis L valuation qui sanctionne ces productions est une valuation sommative chaque fois elle fait apr s coup le bilan de ce que l l ve n a pas su faire elle globalise l en semble des capacit s requises pour produire de l crit et lais se dans le flou les crit res que le correcteur met en uvre pour annoter noter 11 Les ann es passent et s il y a appren tissage progr s il faut croire que c est par d autres che mins que ceux de l cole Si au contraire on consid re qu un apprentissage de l criture est possible alors il s agit d valuer ce que l l ve sait ne sait pas faire et par rapport cette valuation diagnostique proposer des d marches d apprentissage qui ciblent non pas la globalit de l criture mais telle ou telle op ra tion pr cise Par ailleurs l autre postulat est que pour crire un sujet doit avoir une repr sentation nette du desti nataire et de la fonction de son crit donc une intention de communication d une part 12 et d autr
46. ui ne saurait conna tre de modification C est un v ritable contrat de lecture garanti d entr e de jeu par la parole du narrateur 24 Ici Kogo est envieux carac t re constant qui r git toute l histoire du personnage voir en annexe le conte int gral Le plan de l tre n exclut pas le plan du para tre qui met en jeu des attributs susceptibles de changement 24 Kogo passe de l tat de pauvre celui de riche c est son statut social qui change non sa nature Comme par ailleurs ces caract risations sont associ es des valeurs positives o n gatives le but du conte est d arriver faire se correspondre l tre et le para tre le manque ini tial reposant sur une disjonction entre les valeurs positives ou n gatives de chacun des deux plans Autrement dit tre bon et pauvre comme tre mauvais et riche est une situation de d s quilibre non parce qu est mis en cause l ordre social existant mais parce que se voit menac le discours justifiant cet ordre et que l on pourrait noncer les riches le sont car ils sont bons et par quelque c t les pauvres doivent bien tre coupables pour tre dans un tel tat 24a Ainsi le conte installe une galit pour Kogo entre son tre et son para tre tous deux n gatifs il est pauvre et envieux Si son statut social para tre change il y a d s quilibre de valeurs entre les deux plans qui ne peut se r soudre que dans un retour l quilibre initi
47. ut simplement un refrain issu du der nier dessin anim ou feuilleton japonais diffus la t l vision Petit voyage travers les contes Si l on observe les contes tr s vite on trouve par exemple chez Perrault des bouts rim s dans les moralit s par exemple qui nous rappellent trangement par l emploi du pr sent la conclusion de Vincent De m me chez les fr res Grimm de petites chansons incantatoi res jouent parfois le r le d objet magique 21 Sur le probleme de l explication didactique l clip se il est plus difficile de r torquer en effet le conte installe le merveilleux comme loi naturelle De m me que dans le fantastique les ph nom nes qui peuvent sembler invraisem blables par rapport une exp rience commune du monde ne doi vent pas tre expliqu s Le monde du conte merveilleux est r gi par des lois d une autre nature Voir La Belle au Bois Dormant tous ces grands arbres ces ronces et ces pines s cart rent d eux m mes version Perrault sans aucune explication ration nelle Sur ce point Vincent fait glisser le conte merveilleux vers le conte philosophique ce qui lui importe c est de mon trer que le savoir est encore plus fort que l argent ou le pou voir politique Quant la conclusion certes le marquage formel est ici d plac Encore qu il suffirait de remplacer le mot con clusion par morale et le tour est jou Par ailleurs le r le fonctionnel de cette derni re
48. veau de la narration ou re ia structure du r cit peut on traiter ces importants probl mes techniques de manie re plus efficace que par les traditionnelles annotations por tant sur la longueur respective des parties les fins en queue de poisson les brusques changements dans le syst me des temps ou des pronoms les ruptures logiqu s Le probl me essentiel est comment tre efficace Comment faire pour que les l ves lisent les annotations les prennent en compte les mettent en application Comment faire pour mo biliser les l ves sur autre chose que la note qu ils vivent comme un verdict irr m diable le salaire de leur travail no te qui occulte le vouloir mieux faire qui r duit n ant tout le d licat travail d criture en surimpression que le profes seur s chine faire sur les textes des l ves 3 A ce moment l j engage une strat gie de la table rase la difficult corriger les crits d l ves ne tient elle pas plus fondamentalement la difficult d enseigner l criture Tout acteur prof et l ve du syst me d ensei gnement vit sous le poids de normes de mod les litt raires et culturels le plus souvent implicites dont un des effets majeurs concernant l criture est de faire penser que cela ne s enseigne pas que ceux qui Ecrivent y sont autoris s de part leur G nie l inspiration qui les habite la Supr me Connais sance du monde et des hommes qu ils ont re ue en d
Download Pdf Manuals
Related Search