Les rivages portuaires de Montréal et de Québec
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1. ln G OPOLITIQUE URBAINE de lUniversit de Metz Universit Paul Verlaine Metz MOSELLA N 1 4 2006 MOSELLA Tome N 1 4 2006 G OPOLITIQUE URBAINE bente de CegUM recherches g ographie Universit Paul Verlaine Metz LES RIVAGES PORTUAIRES DE MONTR AL ET DE QUEBEC LA LUTTE POUR L APPROPRIATION DES SITES ET AU FLEUVE L once NAUD G ographe Qu bec R SUM Deux philosophies ou deux coles de pens e sont actuellement l uvre dans le monde quant aux principes fondamentaux d am nagement des rivages urbains la premi re peut tre qualifi e d europ enne continentale et l autre d anglo saxonne selon leurs origines respectives L cole anglo saxonne tend proposer des solutions surtout immobili res et priv es la r g n ration des d laiss s portuaires en milieu urbain tandis que l europ enne continentale conserve depuis l Empire romain cette notion que lt la Loi naturelle montre que les choses suivantes appartiennent en commun tout le monde l air l eau courante la mer et par voie de cons quence les rivages de Justinien 530 A D Les cas fortement contrast s de r am nagement des rives urbaines des villes de Montr al et de Qu bec au Canada serviront montrer les cons quences sociales et conomiques des choi2. Roi de France Ordonnance De la Marine 1681 Nous r sumerons ici quelques aspects fondamentaux des concepts et processus qui sous tendent l volution singuli re et contrast e des fa ades maritimes de deux villes de l est de l Am rique du Nord au Canada Montr al la grande m tropole portuaire qu b coise et Qu bec modeste cit administrative situ e en aval capitale nationale du Qu bec Le front d eau urbain n est pas un espace comme les autres mais un seuil qui s ouvre sur deux mondes soumis des r gimes diff rents et oppos s D un c t l l ment liquide o l id e de propri t priv e est inexistante sauf si cet l ment peut tre born par des rives tel est le cas des lacs ou des bassins De l autre c t les rives urbanis es o l espace se r partit entre propri t publique ou priv e usages populaires privil gi s Cette fronti re t nue presque imperceptible qui relie et s pare la fois deux mondes aux logiques distinctes constitue un enjeu conomique social et politique de premi re importance pour une collectivit et fait parfois l objet des luttes sociales et conomiques les plus intenses et les plus dures de la Cit Pour comprendre l volution tumultueuse qui a pr sid l am nagement actuel des rives de Montr al et de Qu bec il faut avant tout r aliser que contrairement ce qui pr vaut dans la plupart des pays occidentaux le Qu bec ne dispose d aucune l gislation
3. depuis vingt ans l troite fa ade fluviale du quartier historique con ue expr s pour pouvoir y disposer h tels condominiums ou autres b timents d pourvus de fonctions maritimes constitue une s rieuse anomalie mesur e Taune des quatre si cles d histoire de la Ville Cette erreur d urbanisme de littoral se verra probablement remani e durant le prochain quart de si cle et fera place des structures riveraines con ues cette fois pour favoriser une vari t d usages et de fonctions commerciales ou pas entre la ville et le fleuve On reviendra ainsi aux fonctions normales et traditionnelles des quais de Qu bec faire vivre le maximum de gens en cr ant de l emploi qu ils ont conserv e durant pr s de quatre si cles jusqu ce que s vissent des architectes r solus liminer les fonctions portuaires maritimes et g n ralement aquatiques devant le quartier historique Soulignons ici la responsabilit crasante de la d funte Soci t immobili re du Canada Vieux Port de Qu bec qui contr la les lieux de 1981 1989 ann e de son abolition De son c t l Administration portuaire aurait tout int r t favoriser un large d bat public portant sur les perspectives de remaritimisation polyvalente des quais devant le Vieux Qu bec Qu bec une remise en question d un certain type de Waterfront am ricain r cemment impos devant la vieille ville ne figure pas encore l ordre du jour Cependant le temp
4. quant l acc s public aux rives et littoraux Selon le Droit qu b cois de l eau le public n a pas acc s aux rives ce droit appartient aux riverains Dans le cas de cette richesse nationale que repr sentent les plans d eau publics c est donc l appareil l gal qu b cois lui m me qui a pour fonction et effet d interdire leur usage par la population En milieu urbain les acc s publics d pendent ainsi du bon vouloir des autorit s ce qui n est pas une garantie d accessibilit aux rives et littoraux Sous le r gime colonial fran ais 1608 1760 on avait pourtant d cr t des mesures l gislatives garantissant le caract re public des rives et par cons quent l acc s et l usage public des plans d eau L Ordonnance de 1681 De la Marine du ministre Jean Baptiste Colbert laquelle d clarait le littoral non aedificandi avait elle m me t pr c d e en Nouvelle France par une mesure l gislative concernant les rivages du fleuve Saint Laurent C est seulement la suite de la Conqu te britannique Guerre de Sept Ans 1755 1762 qui voit l immense Nouvelle France tre r duite une modeste lt Province of Quebec gt que le droit littoral dans ladite Province s alignera peu peu sur les int r ts commerciaux priv s du dix neuvi me si cle industriel c est dire principalement le commerce du bois ainsi que les activit s portuaires En cons quence et en l absence de tout pouvoir l gislatif les administrations
5. ard l am nagement des lieux l invite consommer biens et services dans des boutiques restaurants choppes ou quitter les lieux Le littoral la ville est alors con u comme une surface commerciale en plein air o le consommateur attir sur les lieux par la proximit de l eau remplace le citoyen Dans le genre les cas de Faneuil Hall Boston ainsi que de Harborplace Baltimore sont internationalement les plus connus Quelques villes au Canada par exemple Vancouver Nord Halifax et Qu bec ont h rit elles aussi de ce mod le Dans le cas de Qu bec le choix du march festivalier conduisit une faillite retentissante engouffrant des dizaines de millions de dollars du Tr sor public En remarquable contraste un autre concept de rivage urbain tout aussi am ricain mais davantage soucieux du bien g n ral fini par pr valoir au Qu bec mais Montr al la grande m tropole qu b coise Les principes fondamentaux d am nagement du Vieux Port de Montr al sont analogues ceux que l on retrouve fr quemment dans la r gion du Midwest sur le pourtour des Grands lacs et en particulier Chicago En effet la fa ade lacustre de cette grande ville am ricaine qui a grandi sur les rives du lac Michigan pr sente un contraste frappant avec celles de villes telles Baltimore Boston Halifax et d sormais Qu bec autant de cit s o les int r ts priv s et corporatifs ont limin la quasi totalit de
6. des acc s au fleuve dont ils avaient joui sous l administration coloniale fran aise Au fur et mesure que se construisirent des quais priv s les espaces o pouvaient toucher terre les bateaux et embarcations du public devinrent plus rares au d savantage des petits navigateurs et des habitants C est en vain que les lus du quartier Saint Roch d plor rent le fait que des espaces riverains publics taient ainsi accapar s au profit de particuliers novembre 1821 Ils pri rent le Gouverneur anglais de mettre fin ces empi tements de sorte que la population conserve le peu d espace de gr ve encore libre Rien n y fit et les quais priv s recouvrirent ventuellement tous les rivages de la ville jusque l rest s d acc s public et accessibles tous 3 R VEIL CITOYEN Vers le milieu des ann es 80 apr s plusieurs ann es d activisme immobilier et un prodigieux gaspillage de fonds publics tout l avenir du secteur riverain de Qu bec semblait d j coul dans le b ton privatisation du site construction d difices bureaux ou de condominiums sur les quais acc s et usages publics r duits leur plus simple expression c est dire au seul droit de marcher sur des quais trottoirs simples d ambulatoires enserr s entre des b timents d un c t et un fleuve inaccessible de l autre Progressivement de 1986 1989 les critiques se firent de plus en plus nombreuses et document es Des p titions circul rent
7. df NAUD L 2000 Visions contrast es les rivages de Montr al et de Qu bec au Canada Discours au Forum de 2000 Nice L avenir des villes est il sur leurs rivages gt ligne Qu bec 27p www cmquebec qc ca documents gd_memoires2 m4_1_lonce_ naud_copy1 pdf 12 NAUD L 2003 Vers un r examen fondamental de l organisation de l espace et de la gestion de la ressource en eau l interface ville et fleuve Qu bec Discours l cole d Architecture de l Universit Laval En ligne Qu bec 12 www cmquebec qc ca documents gd_memoires2 m4_2 naud_copy1 pdf NAUD L 2004 D mocratie et rivages d Am rique Allocution au premier congr s qu b cois de tourisme nautique En ligne Gasp Qu bec 10p www gensdebaignade org DiscoursdeGaspe_2004 pdf RUDDEL D T 1991 Qu bec 1765 1832 L volution d une ville coloniale extrait Mus e canadien des Civilisations En ligne Ottawa 304p www gensdebaignade org DavidThieryRUDDEL pdf VERMEERSCH L 1997 La reconversion des zones portuaires dans les centres villes nord am ricains de 1950 nos jours 255p Th se de doctorat de l universit de Paris IV Sorbonne WALTERS J 1990 lt After the Festival Is Over gt Governing Washington ao t 1990 26 34
8. ensdebaignade org Quebec_villebalneaireilyadeuxcentsans pdf BRUN 1969 Histoire du droit qu b cois de l eau 1663 1969 tude r alis e pour la Commission d tude des probl mes juridiques de l eau Gouvernement du Qu bec 1969 45 COMIT CONSULTATIF VIEUX PORT DE MONTR AL 1986 Rapport final Montr al 161p COMIT CONSULTATIF SUR L AVENIR DE LA POINTE CARCY 1989 Demain Rapport En ligne Qu bec 124p www quebec2008portquebec ca fr rapport1989 pdf GUSKIND R PEIRCE N 1988 lt Faltering Festivals gt National Journal 9 17 1988 2307 2311 MAGNANI 1991 Le Port de G nes patrimoine histoire et civilisation gt GB Projetti Osservatorio waterfront portuali n 8 9 novembre 1981 G nes MORI L 1993 Introduction historique de l volution des ports de Montr al et de Toronto Rapport de recherche Plan Construction et Architecture Universit Paris XII vol 4 pp 255 283 NAUD L 1995 lt Fleuves mode d emploi grand public gt cod cision Montr al En ligne www eausecours org public Eau_ Dossiers _thematiques baignade a002 htm NAUD L 1994 Qu bec red veloppement urbain centre historique et potentiel maritime En ligne Qu bec 15p www gensdebaignade org Conference_Avenir QuartierHistorique _1994 pdf NAUD L 1995 Des quais en d ficit d imaginaire gt En ligne Qu bec Continuit n 64 1995 pp 19 20 www gensdebaignade org Continuite p
9. ion lorsque la cit portuaire est galement capitale nationale comme c est le cas Qu bec Qu bec le front de mer de la ville basse qui avait conserv depuis quatre si cles son allure europ enne s est vu transformer depuis trente ans en un pitoyable pastiche de waterfront am ricain de type Boston ou Baltimore ceci face un quartier historique qui se targue de figurer au Patrimoine mondial de l UNESCO En Europe une telle d rive conceptuelle qui d figure la fa ade maritime d un quartier historique list au Patrimoine mondial de l UNESCO susciterait de vigoureuses condamnations Si le gouvernement croate agissait de la sorte entre Dubrovnik dont la g ographie n est pas sans rappeler celle de Qu bec et la mer Adriatique les milieux internationaux du patrimoine parleraient de d t rioration d un ensemble urbain d int r t mondial Pour comprendre la situation actuelle une perspective historique s impose En effet les r sidants de Qu bec n ont pas toujours t priv s d acc s au fleuve comme c est actuellement le cas titre de sujets du Roi de France ils jouissaient d un acc s direct et gratuit aux rivages de leur ville Apr s la conqu te de la Nouvelle France par l Angleterre 1759 presque tous les acc s publics au fleuve furent graduellement limin s les derniers vers 1835 Vers 1800 selon un crivain du temps Philippe Aubert de Gasp lt La population m le de la cit de Qu bec
10. leuve Qu bec bien au contraire l envahissement des lieux par des corporations tatiques a repris de plus belle au cours des derni res ann es cole de Marine gare maritime etc Au fur et mesure que dispara t l espace public sur les rives du quartier historique la fr quentation des lieux diminue Le simple couloir encore accessible aux milliers de r sidants ainsi qu aux millions de touristes se r tr cit graduellement pour devenir un troit d ambulatoire o les visiteurs et usagers n ont que deux choix se d placer sans arr t ou quitter les lieux Qui plus est de 10 nouvelles exigences de s curit quant aux grands navires de croisi res rendront les lieux encore plus difficiles d acc s dans l avenir Un espace qui disposait du potentiel pour devenir une des plus remarquables promenades riveraines au monde face une ville acropole elle m me class e Patrimoine mondial par l UNESCO aura t dilapid faute de responsables p n tr s d une vision d envergure comme celle que poss daient certains gouverneurs coloniaux britanniques au dix neuvi me si cle par exemple Lord Durham ou Frederick Temple marquis de Dufferin qui donn rent Qu bec une des plus remarquables terrasses d observation de tout l Empire britannique ouvrage d art qui concourt depuis cette poque la fortune touristique de la cit CONCLUSION L histoire maritime de Qu bec nous apprend que la plate forme massive qui d figure
11. n y cartait pour de bon toute vell it de privatiser une quelconque portion de territoire en d cr tant une vocation g n rale de lieu public et de r cr ation On y tablissait ensuite huit principes directeurs lesquels devinrent une v ritable bible pour la Soci t f d rale en charge de l am nagement des lieux Parmi ces derniers mentionnons la compl mentarit et la non concurrence des nouvelles fonctions urbaines littorales avec les quartiers environnants notamment le centre ville l accessibilit libre et ais e tout le territoire en tout temps le maintien de la propri t publique des lieux le contr le des pouvoirs publics sur l am nagement 7 Pr cis ment au cours de cette m me p riode 1978 1986 qui vit le gouvernement du Canada consulter la population montr alaise plusieurs reprises et donc savoir parfaitement que la population d sirait par dessus tout garder largement ouvertes et accessibles les rives de la m tropole qu b coise on vit ce m me gouvernement f d ral canadien galement propri taire des quais du Vieux Qu bec riger cet endroit la h te et sans aucune consultation publique une succession de b timents administratifs commerciaux ou r sidentiels dans le style architectural commun aux Waterfronts de la c te Est am ricaine le tout occupant largement un espace cr tout expr s par remplissage dans le fleuve entre la vieille cit et le plan d eau On aurait voulu interdi
12. nt retenus Le secteur doit demeurer un espace public L endroit est un port maritime et cette fonction doit pr valoir L am nagement doit respecter le caract re historique et mettre en valeur le patrimoine architectural On doit sauvegarder la libert du champ visuel en direction du fleuve et en direction de la ville On doit int grer tout projet l environnement naturel et urbain La rentabilit conomique du site tient un ensemble de facteurs qu on ne peut ramener simplement la valeur marchande ou au rendement fiscal du terrain Le Comit consultatif recommanda express ment de ne plus rien faire qui puisse g ner les activit s portuaires rendre le site moins accessible au public ou d pr cier les difices patrimoniaux fallait surtout ne plus jamais obstruer le panorama unique qui se pr sente aux promeneurs Dans une remarque assassine le Comit d plora qu Qu bec dans le secteur riverain l immobilier a pour ainsi dire confisqu la notion m me de d veloppement comme s il n existait pas d autres fa ons d am nager l espace Montr al les le ons de d mocratie littorale apprises au cours des deux derni res d cennies n ont pas t oubli es par le gouvernement canadien Par cons quent les futures g n rations de Montr alais jouiront de vastes espaces publics qui s tendent entre le quartier historique de leur ville et le f
13. publiques n gligent les questions relatives l am nagement des littoraux dans perspective d acc s et d usages publics Au Qu bec l am nagement des rives milieu urbain n est donc pas le produit d un effet b n fique de lois d int r t g n ral mais r sulte plut t d un rapport de forces entre associations citoyennes d une part et int r ts priv s ou corporatifs d autre part 1 MONTR AL ET QU BEC DEUX CONCEPTS CONTRADICTOIRES Deux univers conceptuels tous deux am ricains et par ailleurs diam tralement oppos s ont exerc jusqu ici une influence sur les esprits au Qu bec en mati re d am nagement des fronts d eau urbains Le premier pr vaut sur la c te Est des tats Unis par exemple Boston et Baltimore Le deuxi me s observe dans la r gion des Grands lacs par exemple Buffalo Chicago Green Bay Milwaukee ainsi que sur la c te ouest du Pacifique travers le monde l image caricaturale du waterfront am ricain correspond celui qui a vu le jour durant les ann es soixante sur la c te Est am ricaine On y retrouve un environnement presque enti rement b ti des immeubles r sidentiels des tours bureaux des restaurants des marinas voire des march s festivaliers voit peu d espaces ouverts et publics hormis d troits d ambulatoires qui ne sont souvent que des quais devenus trottoirs Le visiteur est forc de se d placer sans cesse et cela n est pas l effet d un has
14. quelques exceptions pr s savait la mar e tait haute durant la belle saison les gr ves taient couvertes de baigneurs depuis le quai de la Reine jusqu aux quais construits r cemment sur la rivi re Saint Charles Quant nous enfants nous passions une partie de la journ e dans l eau comme de petits canards Deux si cles plus tard quiconque touche l eau du fleuve ou ose se baigner au centre ville de Qu bec pose un geste passible dun maximum de 500 dollars d amende de deux mois de prison Que s est il donc pass Au cours des deux derniers si cles en Am rique en Europe et ailleurs dans le monde bon nombre de villes portuaires qui avaient r ussi maintenir des acc s publics aux rives furent alors incapables de pr server des berges plages ou plans inclin s accessibles gratuitement et r pondant aux besoins de la population Ce fut souvent le cas lorsque l poque de la R volution industrielle les ports en pleine expansion accapar rent tout l espace public disponible au bord de l eau Bien involontairement les int r ts portuaires n en priv rent pas moins des populations enti res de tout contact ou commerce avec l eau cela pour des g n rations Ce ph nom ne connut cependant de glorieuses exceptions telles Portsmouth en Angleterre C est donc au cours de la premi re moiti du 19 si cle que la construction de quais commerciaux d poss da peu peu les habitants de Qu bec
15. re sciemment toute relation organique entre le quartier historique et le fleuve qu on aurait pas agi autrement Ce qu il faut garder l esprit c est qu une comp tition politique fondamentale oppose le Qu bec et le Canada les deux niveaux de gouvernement aspirant la repr sentation politique exclusive des Qu b cois Une telle situation entra ne des cons quences en mati re d urbanisme et d am nagement du territoire Gestionnaire traditionnel de nombreux rivages urbains strat giques compte tenu de leur potentiel portuaire international domaine de juridiction f d rale le Gouvernement f d ral s y comporte plus souvent qu autrement comme s il s agissait d enclaves coloniales ou de Concessions analogues celles arrach es la Chine au temps la guerre de 1839 1842 c est dire de propri t s dont l am nagement et le contr le ne sauraient tre influenc s par des chefs coutumiers provenant de la ville indig ne ou par des administrations provinciales ou r gionales De leur c t les pouvoirs locaux et r gionaux acceptent avec habitude et fatalisme les diktats du premier officier f d ral venu sans se rendre compte qu ils auraient cent fois les moyens par une gestion appropri e du territoire qu eux m mes contr lent et qui enveloppe le port de tous c t s de forcer l administration portuaire comprendre qu elle doit tenir compte de l int r t de la ville dans son ensemble encore de la nat
16. regroupant plus de quinze mille signatures Une sexag naire d termin e Mme Marcelle D O Farrell monta la garde sur les quais de la ville pendant plusieurs saisons estivales et devint une figure l gendaire de la r sistance citoyenne face aux app tits priv s corporatifs Le tout fut largement m diatis par une Coalition pour 9 la sauvegarde du Vieux Port forte de plusieurs dizaines d associations citoyennes Le gouvernement du Canada finit par consentir mettre sur pied un Comit consultatif ind pendant charg de le conseiller sur l avenir du littoral et surtout de tenir des audiences publiques Tout comme Montr al le Comit consultatif sur l avenir de la Pointe Carcy suscita un vif int r t et de nombreuses repr sentations de personnes et groupes int ress s Publi en d cembre 1989 le Rapport du comit s inspirait largement des concepts d int r t public d velopp s Montr al On condamna proprement l approche pr conisant des projets immobiliers lourds en rives laquelle avaient jusque l tenu mordicus la fois le gouvernement f d ral du Canada l administration municipale et l Autorit portuaire Le gouvernement du Qu bec demeura absent des d bats m me si l enjeu n tait rien de moins que l acc s public aux rives du c ur historique de sa propre capitale Le Comit consultatif rendit compte fid lement du sentiment public g n ral Tout comme Montr al six principes directeurs fure
17. s espaces d gag s en rives et par voie de cons quence la plupart des usages populaires accessibles la population 2 MONTR AL ET QU BEC DES D CISIONS PRISES DANS LA CAPITALE F D RALE OTTAWA Au Canada l administration la gestion et le contr le des grands ports rel ve du gouvernement de la F d ration Les principaux rivages urbano portuaires du Qu bec compris celui de la Capitale Qu bec chappent ainsi toute juridiction de l tat provincial Dans les cas de Montr al et de Qu bec les rives urbaines actuelles sont donc essentiellement le r sultat de d cisions prises Ottawa capitale f d rale du Canada durant les d cennies 1970 et 1980 Dans le cas de Montr al le concept initial du Gouvernement f d ral lequel pr conisait une pl thore de b timents en bordure du fleuve et misa it avant tout sur l immobilier fut rejet La question de l am nagement du rivage se transforma v ritable saga et provoqua une participation du public absolument remarquable D bats discussions confrontations dur rent pr s de dix ans de 1977 1986 Elles mirent aux prises d un c t le Gouvernement f d ral canadien ainsi que les firmes d architectes dont ce dernier avait retenu les services de l autre la grande majorit des groupes de citoyens consult s des architectes et urbanistes ind pendants ainsi que les autorit s municipales montr alaises Alors que le Gouvernement f d ral pr coni
18. s viendra o l on s apercevra qu une erreur fondamentale a t commise quand on a choisi d liminer le caract re europ en de la fa ade fluviale de Qu bec pour y riger en lieu et place une architecture clinquante inspir e d endroits tels Daytona Beach cela devant la ville la plus fran aise d Am rique effet ce mod le de front d eau am ricain typique de la c te Est des tats Unis confisque le domaine public riverain au profit d int r ts priv s ou corporatifs fait office d pouvantail pour le tourisme de qualit nullement int ress pareil Dysneyland en Qu bec et enfin s implante au d triment de l usage des lieux par les armateurs maritimes qu b cois ainsi que par l ensemble de la population qu elle soit utilisatrice directe du fleuve ou seulement spectatrice int ress e de l animation sur le plan d eau 11 Qu bec l interface Ville et Port retrouvera un jour son allure europ enne et gr ce des structures riveraines r pondant aux besoins du 21 si cle des activit s portuaires aquatiques nautiques baln aires reprendront pied devant l ancien quartier du port Cela se fera tout en r pondant mieux autrement et ailleurs aux besoins en infrastructures portuaires des mastodontes flottants de croisi res qui fr quentent de plus en plus les cit s portuaires historiques telles Qu bec BIBLIOGRAPHIE BOUCHARD 5 1999 Qu bec ville baln aire il a deux cents ans En ligne Qu bec 11 www g
19. sait des immeubles bureaux une foire commerciale des habitations de luxe le tout sur fond de privatisation des lieux l immense majorit de la population ainsi que les experts ind pendants tenait mordicus garder le lieu public rejetait les vocations r sidentielles les difices bureaux les commerces favorisait des espaces ouverts et d gag s ainsi que l accessibilit physique et visuelle au fleuve La Mairie fit savoir qu elle favorisait plut t la mise en place d un parc dot d am nagements l gers on ne voulait pas voir l immobilier lourd imposer sa pr sence au bord de l eau Cette derni re option l emporta enfin au terme de plusieurs consultations publiques et maints rebondissements socio politiques Selon M Pierre mond Pr sident directeur de la Soci t du Vieux Port de Montr al Plusieurs membres de la communaut montr alaise doutaient de la pertinence d importer au Qu bec une approche de mise en valeur typiquement am ricaine V ritable symbole en lui m me le geste de consulter la population correspondait affirmer que le territoire du Vieux Port appartient la collectivit C tait aussi reconna tre l ampleur des enjeux en cause et la l gitimit de la participation de tous une activit de planification d essence strat gique pour Montr al et sa r gion Le rapport final du Comit consultatif 1986 trancha un d bat qui opposait depuis longtemps deux visions contradictoires O
20. x auxquels sont confront s les responsables civiques concern s Mots cl s Interface ville port front d eau urbain am nagement et urbanisme espace public espace priv participation citoyenne et luttes urbaines RESUME Two distinct schools of thought are presently at work worldwide the planning of urban shorelines the Continental European and the Anglo Saxon The Anglo Saxon school tends to propose solutions for the regeneration of the waterfront that are almost exclusively based on private real estate development Meanwhile the Continental European school still draws from the old Roman legal framework according to which it is natural law that the following should be held in common for all mankind the air running water the sea and consequently the shoreline of the sea Justinian Code 529 A D The contrasted examples of Montr al and Qu bec in Canada both port cities located on the mighty St Lawrence River are useful to assess the social and economic consequences deriving from the choices made by the relevant authorities Keywords City port interface urban waterfront regional and urban planning public spaces private spaces citizen participation and urban struggles 4 Faisons d fense toutes personnes de b tir sur les rivages de la mer d y planter aucun pieux ni de faire aucun ouvrages peine de d molition des ouvrages de confiscation des mat riaux et d amende arbitraire Louis XIV
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