00 HUBERMAN.book
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1. Bien que les crit res de qualit des r sultats qualitatifs puissent diff rer sensible ment des crit res traditionnels comme l ont soulign Lincoln et Guba 1985 1990 Wolcott 1992 et d autres auteurs le probl me g n ral demeure voir chapitre 10 Bien que de nombreux chercheurs doctorants qui luttent avec leur th se ou chercheurs exp riment s travaillent seuls sur leur projet et ne retiennent qu une seule tude de cas le travail qualitatif devient plus complexe De plus en plus d tudes multi sites multi m thodes ont lieu A G Smith amp Louis 1982 Elles peuvent combi ner des techniques d investigation qualitatives et quantitatives Rossman amp Wilson 1984 mises en uvre par une quipe de recherche qui travaille avec des m thodes de collecte et d analyse des donn es comparables Herriot amp Firestone 1983 Yin 1984 Mais c est au del de ces questions que r side le probl me crucial de l analyse qualitative Comme l un de nous l a crit La difficult la plus s rieuse et la plus centrale de l utilisation des donn es qualitatives vient du fait que les m thodes d analyse ne sont pas clairement formul es Pour les don n es quantitatives il existe des conventions pr cises que le chercheur peut utiliser Mais l analyste confront une banque de donn es qualitatives dispose de tr s peu de garde fous pour viter les interpr tations hasardeuses sans parler2. CHAPITRE 1 INTRODUCTION Ce livre a t crit pour r pondre un besoin auquel sont confront s tous les cher cheurs en sciences humaines En un mot le probl me est le suivant comment peut on tablir des conclusions fiables partir de donn es qualitatives Quelles m thodes d analyse peut on utiliser qui soient la fois pratiques communicables et objectives bref scientifiques dans le meilleur sens du terme 1 Probl matique de base Les donn es qualitatives qui se pr sentent sous forme de mots plut t que de chiffres ont toujours t la base de certaines sciences sociales notamment l anthropologie l histoire et les sciences politiques N anmoins au cours des dix derni res ann es de plus en plus de chercheurs pour lesquels le quantitatif est traditionnellement pr pond rant psychologie sociologie linguistique fonction publique tude des organisations sant urbanisme recherche p dagogique tudes sur la famille valuation de projets analyse de strat gies se sont orient s vers un paradigme plus qualitatif Comme l a observ L M Smith 1992b les termes d ethnographie de m thodes empiriques d observation participante d tude de cas de m thodes naturalistes et d valuation r active sont pratiquement devenues synonymes Les donn es qualitatives sont s duisantes Elles permettent des descriptions et des explications riches et solidement fond es de pro
3. tions entre variables des sch mas des th mes des diff rences distinctes entre des sous groupes et des s quences communes e Isoler ces sch mas et ces processus points communs et diff rences et les r appliquer sur le terrain de recherche lors de la vague suivante de collecte de donn es e laborer graduellement une courte s rie de g n ralisations qui recouvre les r gularit s dis cern es dans la base de donn es e Confronter ces g n ralisations un corps de connaissances formalis es sous la forme de construits ou de th ories Nous reviendrons sur des caract ristiques r currentes telles que celles ci lors que nous rendrons compte de la diversit souhaitable d approches analytiques aujour d hui utilis es 5 Maintenant en revanche nous devons revenir un pas en arri re pour 5 Le raisonnement analytique d crit ici est probablement plus proche des m thodes ethnographi ques dans la mesure o il se prolonge par des travaux li s la th orie enracin e Il passe d une inf rence inductive une autre en recueillant les donn es de fa on s lective en les comparant et en les opposant la recherche de mod les ou de r gularit s en recherchant plus de donn es pour renforcer ou qualifier ces groupes mergents puis en tirant graduellement des inf rences partir des liens ta blis avec d autres nouveaux segments et la s rie cumulative de conceptualisations Pour une tude approfondie et pratiqu
4. un grand nombre de probl mes m thodologiques qu il nous faut r soudre que nous r solvons mal et que par cons quent nous tendons occulter lorsque nous rendons compte des pairs Mais votre solution n est pas la seule ni la derni re qui se pr sentera Il nous faut admettre que nous t tonnons tous vous y compris La qu te se poursuit Lors de notre tude aupr s des chercheurs qualitatifs nous leur demandions de parler de domaines encore flous ou surprenants Un des chercheurs 16 Introduction r pondit Tout est flou et surprenant toutefois une m thodologie am lior e accro t l assurance du chercheur un niveau bien plus significatif et fournit une base bien plus certaine bien que non absolue pour l action Ce livre a t crit afin de partager les incertitudes du questionnement quant l exp rimentation au dialogue et l apprentissage que requiert toute bonne analyse qualitative Nous restons profond ment convaincus que des m thodes concr tes et communicables doivent appartenir tous Cette derni re d cennie nous avons d cou vert que pr ciser et d velopper les m thodes d analyse sur de nouveaux projets a des effets tr s b n fiques notre assurance dans la qualit des r sultats s est accrue la cr dibilit de notre recherche de notre pratique envers nos publics institutionnels a t rehauss e Nous esp rons que notre exp rience sera utile nos coll
5. en comprendre le fonctionnement de la mettre en pratique et surtout de l adapter au cours de travaux ult rieurs Nous privil gions aussi un certain pragmatisme M me si nous exposons notre position pist mologique dans la section 1 4 ci dessous nous croyons peut tre moins na vement que ne pourrait le penser le lecteur premi re vue que toute m thode qui marche qui permet de parvenir des conclusions claires v rifiables et reproductibles partir d un ensemble de donn es qualitatives est bonne prendre quels que soient ses ant c dents Ces m thodes sont simples et faciles mettre en uvre Elles ne demandent pas une formation pouss e ou l acquisition d un vocabulaire de sp cialit Nous pouvons ajouter que le processus de cr ation de m thodes d analyse et d utilisation ou d adap tation de m thodes d autres chercheurs s est av r plaisant et productif Le message fondamental de ce livre n est pas qu il faut appliquer scrupuleuse ment les m thodes sugg r es mais que la cr ation la v rification et la r vision de m thodes d analyse pratiques et efficaces doivent tre pour les chercheurs qualitatifs une priorit absolue L esprit de cette qu te est bien rendu par une r flexion p n trante d un sociolo gue europ en W Hutmacher communication personnelle 1983 sur notre travail lors de la 1 dition Je pense que vous avez apport une solution exhaustive
6. Ils sont tous con us pour rassembler de l information et l organiser sous une forme compacte imm diatement accessible qui permet l ana lyste d embrasser d un coup d oeil la situation et soit d en tirer des conclusions justi f es soit de passer une tape suivante d analyse si besoin est Encore une fois il faut bien retenir que comme pour la condensation des don n es la r alisation et l utilisation de formats de pr sentation n existent pas ind pen damment de l analyse elles en font partie Concevoir les libell s des lignes et des colonnes d une matrice destin e recevoir des donn es qualitatives puis d cider de la forme et du contenu des entr es constituent deux activit s analytiques Ce sont ga lement notons le des activit s de condensation des donn es Le dicton Dis moi qui tu hantes pourrait devenir Dis moi ce que tu pr sentes je te dirai ce que tu sais Dans ce livre nous pr conisons des modes de pr sentation beaucoup plus syst matiques puissants et nous conseillons vivement d aborder leur laboration et leur utilisation dans une optique plus inventive r fl chie et it rative 6 3 LABORATION V RIFICATION DES CONCLUSIONS L laboration et la v rification des conclusions forment le troisi me courant de l acti vit analytique D s le d but de la collecte des donn es l analyste qualitatif commence d cider du sens des choses il note
7. d en expliquer les lois voir Dreitzel 1970 Selon eux les processus sociaux sont des ph nom nes ph m res et mouvants sans existence ind pendante des interpr tations et des descriptions qu en font les acteurs sociaux Parfois il semble que les arguments en concurrence souvent pol miques des diff rentes coles de pens e sur la fa on de conduire une recherche qualitative absor bent plus d nergie que la recherche en tant que telle Nous adh rons la remarque de George Homan 1949 qui affirme que les personnes qui crivent sur la m thodologie oublient souvent qu il s agit l d un domaine strat gique et non moral p 330 En tant que chercheurs qualitatifs nous croyons devoir continuer partager notre savoir faire c est dire les m thodes explicites et syst matiques que nous utili sons pour tirer des conclusions et les tester rigoureusement Nous avons besoin de m thodes cr dibles valides et r plicables dans des termes qualitatifs C est ce besoin que ce livre se propose de r pondre 14 Introduction 2 Nature de l ouvrage Ce livre est un ouvrage de r f rence ax sur la pratique et destin tous les chercheurs exploitant des donn es qualitatives Son objectif est de partager l tat de l art actuel en mati re de m thodes qualitatives Il s inspire de notre exp rience et de celle de nom breux coll gues relative l laboration au test et l utilisation
8. de l histoire du cas il est possible de d passer les formules br ves du quoi et du combien pour s investir dans les questions du comment et du pourquoi les choses surviennent de telle et telle fa on voire de r aliser une tude causale des v nements qui survien nent dans un contexte sp cifique Et la flexibilit inh rente aux tudes qualitatives les temps et les m thodes de collecte des donn es peuvent tre modifi s en cours d tude renforce la conviction pour le chercheur qu une compr hension r elle du ph nom ne a t atteinte 28 Introduction Les donn es qualitatives et l attention port e l exp rience v cue des person nes sont fondamentalement adapt es la localisation des significations que les indivi dus ont des v nements des processus et des structures de leur vie leurs perceptions hypoth ses pr jug s suppositions Van Maanen 1977 Elles permet tent de connecter ces significations au monde social qui les environne Nous mettons trois autres remarques en faveur de la force des donn es qualita tives sur lesquelles nous reviendrons plus tard Les chercheurs les ont souvent pr co nis es en affirmant qu elles constituaient la meilleure strat gie de d couverte et d exploration d un nouveau domaine de d veloppement d hypoth ses Nous ajoutons et soulignons leur fort potentiel de test d hypoth ses par leur capacit v rifier de
9. de la pr sentation de conclu sions douteuses ou fausses des publics de scientifiques ou de d cideurs Comment pou vons nous tre s rs qu une d couverte heureuse ind niable solide n est pas en fait erron e Miles 1979 p 591 Probl matique de base 13 Depuis 1979 il est utile de le souligner le savoir faire partag en mati re d ana lyse qualitative a progress Par exemple les matrices et les diagrammes en r seaux ne sont plus rares Et bien que la ph nom nologie ait t appel e une m thode sans technique ses utilisateurs ont commenc expliquer leurs proc dures Kvale 1988 Melnick amp Beaudry 1990 Pearsol 1985 Les m thodes de la th orie enracin e dans les faits sont plus concr tement d crites Strauss amp Corbin 1990 et la devise de la Cultural Anthropology Methods Newsletter est les m thodes nous appartiennent tous L tude de Sieber qui en 1976 avait r v l que sept manuels r put s traitant de m thodes de recherche sur le terrain consacraient moins de 5 10 de leurs pages l analyse est d sormais obsol te De r cents travaux ont depuis examin les probl mes d analyse des donn es de fa on bien plus s rieuse Bernard 1988 Bogdan amp Bir ken 1992 Goetz amp LeCompte 1984 Merriam 1988 Patton 1990 Smith amp Manning 1982 Spradley 1979 Werner amp Schoepfle 1987a 1987b Le probl me de la co
10. de m thodes d analyse des donn es qualitatives Un accent fort est mis sur les modes de pr sentation des don n es tels les matrices les diagrammes les graphiques ou les tableaux qui ignorent les limites du texte narratif Chaque m thode de pr sentation et d analyse des donn es est d crite et illustr e en d tail elle est assortie de suggestions pratiques pour l utilisateur 2 1 PUBLICS Cet ouvrage est destin aux chercheurs praticiens de tous domaines dont les travaux en recherche pure ou appliqu e exigent la confrontation avec une analyse de donn es qualitatives Une partie importante de ce public est constitu e par le chercheur d butant tudiant de troisi me cycle ou membre junior d une quipe de recherche qui tra vaille avec des donn es qualitatives Nous avons rencontr de nombreux tudiants engag s dans une th se ou un projet de recherche qualitative et qui se sentent d pass s ou mal form s En pensant eux nous employons un langage accessible et encoura geant et nous proposons des conseils pour utiliser le livre dans le cadre d enseigne ments centr s sur les m thodes qualitatives Notre troisi me public est constitu par les sp cialistes et gestionnaires qui uti lisent quotidiennement des informations d ordre qualitatif dans leur travail et qui ont besoin de m thodes pratiques pour en faire le meilleur usage De nombreux exemples cit s dans ce livre proviennent de nos recherc
11. la qualit des conclusions M me si nous doutons des canons postpositivistes nous restons responsables de la rationalit et de la fiabilit de nos m thodes Nous pouvons tre confront s un risque de formalisation lorsque nous dis s quons et r assemblons les proc dures analytiques utilis es par les chercheurs qualitatifs toutefois ce risque n est pas trop intense En ce moment il semble que nous nous trouvons dans un champ partiellement explor et vivant loign d une st ri lit canonique Il nous semble clair que la recherche rel ve davantage d un savoir faire que d une adh sion servile des r gles m thodologiques Aucune tude ne se con forme exactement une m thodologie standart tout le monde demande au chercheur d am nager la m thodologie en fonction des particularit s du contexte cf Mishler 1990 Pour le moins nous avons besoin de d couvrir ce que font r ellement les cher cheurs qualitatifs lorsqu ils recueillent et analysent des donn es du terrain 3 2 Si toutes ces diff rentes tiquettes pist mologiques vous semblent bien absconses nous vous sugg rons de vous rapporter aux d bats clairs et argument s pr sent s par Guba 1990 dans les col lections Sage 3 Mishler 1990 a une perspective articul e et pragmatique du chercheur scientifique en tant qu homme de l art plus que de logicien La comp tence d pend plus d une formation d apprentis sage d une prati
12. le Lebenswelt de l informant de capturer l essence d un compte rendu ce qui est constant dans la vie d une personne en d pit de ses multiples variations Cette approche ne conduit pas des lois universelles mais plut t une compr hension pratique des significa tions et des actions Des interpr tativistes de tous bords affirment galement que les chercheurs ne sont pas plus d tach s de leurs objets d tude que leurs informants Les chercheurs argumentent ils ont leur propre compr hension leurs propres convictions leurs pro pres orientations conceptuelles Ils sont de m me membres d une culture particuli re un moment de l histoire sp cifique Ainsi seront ils ind niablement affect s par ce qu ils entendent et observent sur le terrain souvent de fa on difficile noter Une La diversit des tudes qualitatives 23 entrevue sera un acte co labor par les deux parties non un recueil d information r alis par une des deux parties Observez le probl me analytique si les chercheurs ont recours peu d instruments pr tablis il sera difficile de s parer l information externe de leur propre contribution lors du d codage et de l encodage des mots des informants Les chercheurs qualitatifs en s miotique en d constructivisme en criticisme esth tique en ethnom thodologie et en herm neutique ont souvent poursuivi cette ligne g n rale d invest
13. les gens font dans la vie courante Ce sens est le plus souvent d couvert en tant pr sent sur le terrain et en observant avec attention les gens en leur demandant pourquoi ils font ce qu ils font en raison de cet int r t pour le sens social impr gn dans le concret dans les agissements des individus les chercheurs qualitatifs sont r ticents voir des attributs de l agissement extraits de la sc ne de l action sociale et sortis de leur contexte p 58 Nous avons voulu pr senter nos biais de fa on explicite non pas pour persuader quiconque de leur vertu sup rieure ou de leur caract re raisonnable Comme Howe 1988 nous nous m fions des arguments pist mologiques abstraits qui ne sont pas reli s de fa on op rationnelle aux pratiques de recherche utilis es pour accro tre la connaissance un niveau op rationnel il devient de plus en plus difficile de trouver des m thodologues solidement camp s dans une posture pist mologique particuli re le long d un continuum st r otyp allant du relativisme au post positivisme En effet nombre de postpositivistes utilisent des d marches naturalistes et ph nom nolo giques Dans le m me temps un nombre croissant d ethnographes interpr tativistes 1 Nous aimons la fa on dont Phillips 1990 aborde cette id e Il remarque que les chercheurs sont pleinement capables d enqu ter sur des croyances et d autres formes de cognition
14. poing et grima ant comme s il tait en col re est un substitut concep tuel de l exp rience directe des ressentis et des perceptions d une personne Le traitement des notes de terrain est en soi probl matique Comme le souligne Atkinson 1992 il s agit de textes construits par le chercheur partir d observations et d interactions Ce qui peut tre g n r en tant que donn es est influenc par ce que l ethnographe peut consid rer comme int ressant crire et lire De la m me fa on la retranscription d enregistrements peut tre r alis e de diff rentes mani res et aboutir des textes sensiblement distincts 6 Nous avons trouv plusieurs traitements d images visuelles tr s utiles Harper 1989 sugg re que de telles donn es soient utilis es de diff rentes mani res un mode descriptif et scientifique un mode narratif un mode r flexif o les individus r agissent des images d eux m mes et de leur environnement ou un mode ph nom nologique approfondissant les pens es personnelles du cher cheur Ball et Smith 1992 discutent encore partir de photographies et nous rappellent qu elles sont automatiquement plus r alistes que les mots qu elles sont minemment sujettes interpr tation et l gende qu elles d pendent du contexte et peuvent tre mises en sc ne ou fauss es La nature des donn es qualitatives 27 Par ailleurs les fa
15. principales conserver Les anthropologistes sociaux s int ressent aux r gularit s comportementales de situations quotidiennes utilisation de langage artefacts rituels relations Ces r gula rit s sont souvent exprim es en tant que mod les ou langages ou r gles et elles tendent fournir les clefs inf rentielles de la culture ou de la soci t l tude Comme le dit Van Maanen 1979 la premi re t che analytique est de d couvrir et d expliquer les fa ons dont les gens dans un contexte de travail particulier en vien nent comprendre leur situation quotidienne en rendre compte agir sur elle ou au moins la g rer Ce d voilement et cette explicitation se fondent normalement sur des observations successives et sur des entretiens qui sont revus de fa on analytique pour guider le nouveau d placement sur le terrain d tude Au final de nombreux anthropologistes sociaux se pr occupent de la gen se ou du raffinement de la th orie Ils peuvent commencer par une infrastructure concep tuelle et l appliquer sur un terrain pour la tester la raffiner ou la qualifier La majeure partie de la th orie inter culturelle au niveau de la socialisation l art d tre parent et les liens de parent est issue d une recherche empirique men e dans une vari t de domaines diff rents Les chercheurs en r cits de vie th orie enracin e psychologie cologique tu des narr
16. s cette derni re d cennie En deuxi me lieu nous avons constitu un chantillon de chercheurs qualitatifs par effet boule de neige et leur avons envoy un guide d entretien informel en leur demandant les m thodes d analyse des donn es qualitatives qu ils utilisent en les invitant nous fournir des exemples sp cifiques des preuves et des suggestions De nombreuses id es mises par ces 126 coll gues ont t reprises Ce livre se consacre la conduite de l analyse de donn es Les questions de protocole de recherche et de recueil des donn es ne sont trait es que dans la mesure o elles portent sur une dimension de l analyse et nous n abordons que tr s peu les pro bl mes d acc s aux sites et de mise en confiance des informateurs De nombreux autres chercheurs l ont d j fait maintes reprises et avec succ s et nous citons leurs travaux au fur et mesure de nos d veloppements Nous avons adopt une d marche aussi directe et concr te que possible avec un souci constant du lecteur et la volont d tre un guide bien inform sur un terrain acci dent Bien que dans chaque chapitre nous essayions de fournir une structure intellec tuelle coh rente pour des m thodes sp cifiques nous pr sentons toujours dans le d tail un exemple concret avec des donn es r elles Pour chacune des m thodes propos es nous proposons des illustrations sp cifiques assez d taill es pour permettre au lecteur d
17. DES D ANALYSE LES TRAITS PARTAG S tant donn ces diff rentes approches est il possible d identifier quelques caract risti ques r currentes au sein des diff rents styles d analyse qualitative premi re vue il se peut qu il existe plusieurs couples inconciliables par exemple la qu te de rela tions l gitimes anthropologie sociale et la recherche d essences qui peuvent ne 4 Ilse peut que le lecteur ait not que nous avons laiss de c t une des approches les plus linguisti quement orient es de l analyse qualitative par exemple l ethnoscience l analyse de discours l ana lyse de contenu avec d autres approches r centes des fronti res pist mologiques ph nom no graphie Nous sugg rons des lectures sur ce point plusieurs reprises La diversit des tudes qualitatives 25 pas transcender les individus et qui se pr tent d elles m mes des interpr tations multiples et contraignantes ph nom nologie Cependant plusieurs pratiques analytiques peuvent tre utilis es par diff rents types de recherches qualitatives Voici une s rie assez classique d avanc es analytiques organis es en s quence e _ Attribuer des codes une s rie de notes de terrain tir es de l observation ou des entretiens e Noter des r flexions ou autres remarques dans les marges e S lectionner et passer au crible ces mat riels pour identifier des phrases similaires des rela
18. Nous pouvons enqu ter sur les croyances d une soci t sur la fa on dont elles sont apparues et leurs effets et sur le statut des preuves apport es pour appuyer la v racit des croyances Nous pouvons appr hender ces ph nom nes de fa on correcte ou incorrecte nous pouvons d crire des croyances correctement ou incorrectement nous pouvons avoir raison ou faire des erreurs sur leurs origines ou leurs effets Ceci ne tient ni au fait que la construction sociale de la r alit de l enqu te scientifique devient impossible ni que nous ayons besoin de devenir relativiste p 41 18 Introduction ont recours des canevas de recherche pr tablis et une instrumentation pr structu r e en particulier lorsqu ils m nent des tudes de cas multi sites Peu de postpositivis tes contestent aujourd hui la validit et le poids explicatif des donn es subjectives peu de ph nom nologues pratiquent encore une herm neutique pure Les tenants de l inte raction symbolique s attachent d couvrir les d terminismes sociaux 2 Au cours de d bats pist mologiques il est tentant de recourir aux deux positions extr mes Dans la pratique de la recherche empirique nous pensons que tous postpositivistes inter pr tativistes tenants de l interaction symbolique sont plus proches du centre d un continuum pist mologique avec des chevauchements multiples Par ailleurs les limites entre les pist mologies s
19. SES D E 8 289 Investigation naturaliste Ph nom nologie r flective Recherche heuristique Connaissance du champ Figure 1 2 Panorama graphique des types de recherche qualitative Tesch 1990 22 Introduction e Une t che importante est d expliquer la fa on dont les personnes dans des contextes particuliers comprennent progressivement rendent compte agissent et sinon g rent leurs situations quotidiennes e De nombreuses interpr tations de ces mat riels sont possibles mais plusieurs ont plus de force pour des raisons th oriques ou de validit interne e Relativement peu d instrumentation standardis e est utilis e au d part Le cher cheur est essentiellement l outil principal de l tude e La majeure partie de l analyse est r alis e l aide de mots Les mots peuvent tre assembl s regroup s ou r partis dans des segments s miotiques Ils peuvent tre organis s de fa on permettre au chercheur de contraster de comparer d analyser et d tablir des mod les Telles sont les caract ristiques r currentes essentielles des tudes naturalistes toutefois configur es et utilis es diff remment dans chaque tradition de recherche particuli re Examinons trois d entre elles de fa on illustrative l interpr tativisme l anthropologie sociale et la recherche action intervention Nous soulignons les diff rences ana
20. atives ainsi qu au sein d un large champ d tudes appliqu es enseignement 24 Introduction sant tudes sur la famille valuation de projets adoptent cette ligne g n rale Cette perspective a document une grande partie de notre travail bien que avec les analystes d tudes de cas par exemple Yin 1991 nous ayons gravit autour de questions de recherche bien plus codifi es de proc dures de collecte de donn es plus standardis es et l aide d outils d analyse plus syst matiques C LA RECHERCHE ACTION INTERVENTION Dans ce champ une action collective est entam e dans un contexte social Les protago nistes peuvent rechercher une quipe de chercheurs accoutum s ce type d action et d sireux d accompagner le processus en temps r el voir Shensul amp Schensul 1992 Cet accompagnement prend l une des deux formes suivantes r flexivit lorsque la recherche reste dans un positionnement de mise en questionnement ou dialec tique lorsque les chercheurs et les acteurs locaux ont une interpr tation contradic toire des donn es Envisag e comme une strat gie globale visant des changements institu tionnels la recherche action se pratique depuis les ann es 1920 Whyte 1991 Les chercheurs qui b n ficient d une aide locale con oivent les grandes lignes d une exp rience de terrain par exemple la modification des d cors d une caf t ria institutionnelle
21. cessus ancr s dans un contexte local Avec les donn es qualitatives on peut respecter la dimension temporelle valuer la causalit locale et formuler des explications f condes De plus les donn es quali tatives sont davantage susceptibles de mener d heureuses trouvailles et de nou velles int grations th oriques elles permettent aux chercheurs de d passer leurs a priori et leurs cadres conceptuels initiaux Enfin les d couvertes dues aux tudes qua litatives rev tent un caract re d ind niabilit Les mots particuli rement lorsqu ils s organisent en un r cit poss dent un je ne sais quoi de concret d vocateur ou de 12 Introduction significatif qui s av re souvent bien plus convaincant pour le lecteur qu il soit cher cheur d cideur ou praticien que des pages de chiffres Depuis la premi re dition de cet ouvrage Miles et Huberman 1984 le d ve loppement des investigations qualitatives a t ph nom nal Le nombre d ouvrages d articles de papiers de recherche collig s pour cette deuxi me dition a plus que tri pl par rapport la premi re Le d bat sur les questions pist mologiques sous jacentes s est vigoureusement poursuivi Guba 1990 Il existe d sormais des manuels complets Denzin amp Lincoln 1994 LeCompte Millroy amp Preissle 1992 des s ries publi es par Sage sur les m thodes de recherche qualitatives plus de 24 volumes de nouvelles re
22. dans nos modes de pr sen tation La priorit est de comprendre ce qu ils peuvent vous apporter 8 Les estimations du temps requis pour tel ou tel mode de pr sentation sont d finies de fa on tr s large Ne vous inqui tez pas s il vous faut beaucoup moins ou beaucoup plus de temps que pr vu 7 Parmi les modes d enseignement des m thodes qualitatives que nous avons trouv s particuli rement utiles citons les r flexions pouss es de Strauss 1988 et son livre paru en 1987 le num ro sp cial de la revue Anthropology and Education Quaterly vol 14 n 3 1983 qui comprend des arti cles tr s utiles de Bogdan Hall et Lofland amp Lofland Ely Anzul Friedman Garner et Steinmetz 1991 Ce num ro pr sente de nombreux exemples d taill s et vivants de travaux d tudiants ainsi que l tude de Webb et Glesne 1992 qui retrace l enqu te men e aupr s de 75 enseignants en m tho des qualitatives et synth tise les probl mes caract ristiques rencontr s par les tudiants Certains th mes sont r currents les enseignements fond s sur un travail empirique sont essentiels la seule fa on d apprendre analyser est de le faire un encouragement mutuel fort parmi les tudiants est crucial tout comme l est la relation de collaboration enseignant tudiant Les effectifs des groupes doivent tre faibles moins de 15 personnes et l enseignement doit pouvoir se d rouler sur un semestre enfin une r fl
23. e de cette approche g n rale voir Wolcott 1994 qui distingue trois op rations majeures la description rendre compte de ce qui se passe ici en incluant les mots des r pondants l analyse montrer comment les choses fonctionnent en identifiant syst mati quement des facteurs et des relations clefs et l interpr tation cr er du sens partir de significations contextualis es que peut on tirer de tout Ces trois op rations sont requises avec un quili brage qui est fonction de l tude en cours Notre propre approche est parfois plus d ductive elle peut commencer avec une s rie orient e de relations ou de construits et tirer de celle ci un syst me de codification pr visionnel qui est ensuite appliqu aux notes de terrain intitiales des donn es condens es dans des modes de pr sentation sys t matiques sont utilis es pour faciliter l laboration des conclusions elles sont enrichies et test es par un nouveau cycle de donn es de la s quence suivante La majeure partie de la recherche ph nom nologique s arr te au moment de la g n ralisation et n essaie pas vraiment de se connecter des s ries de construits ou une s rie de lois universelles Quel ques m thodes ph nom nologiques tels que le cercle herm neutique utilis pour l interpr tation des textes se concentrent plus sur l interpr tation que sur le gain d une connaissance empirique ferme de faits sociaux ou
24. e matrice compl t e On y consacre en g n ral 30 minutes au plus 3 Comparaison des productions de chaque individu ou paire l aide d un r tro projecteur ou de grandes feuilles de papier g n ralisations suggestions 4 Si dans la deuxi me tape on n a pas travaill avec des donn es r elles provenant des recherches en cours ou en projet des participants il faut pr voir une p riode o chacun Mode d emploi de l ouvrage 35 applique la m thode ses propres travaux Le responsable de l atelier doit rester la disposition des participants pour les aider si besoin est Les m mes principes g n raux s appliquent pour une utilisation du livre dans le cadre d un enseignement semestriel m me si son examen est la fois plus approfondi et moins intense Les exercices interm diaires se focalisant sur les t ches de recherche en tant que telles critiqu es au fur et mesure sont particuli rement productifs Une documentation personnelle active et r fl chie travers un journal de bord est ga lement profitable voir galement chapitre 10 section 4 B TUDIANTS ET CHERCHEURS D BUTANTS Nous donnons quelques conseils tout en gardant l esprit que ces personnes travaillent souvent seules habituellement sur un cas unique et peuvent douter de la qualit de leur tude th se ou autre recherche Voici les conseils que nous leur adressons 1 Ce livre vous aide analyser les donn es A
25. ent Ce livre peut galement tre utilis dans le cadre d enseignements intensifs Pour un atelier de formation de trois jours avec un maximum de 25 participants la d marche la plus rentable est de commencer par un examen approfondi des quatre sec tions du chapitre 2 puis de travailler la codification des donn es au chapitre 4 et enfin d examiner plus fond plusieurs modes de pr sentation l un apr s l autre d finis dans les chapitres 5 8 On citera les modes de pr sentation partiellement ordonn s chro nologiques et conceptuels du chapitre 5 le diagramme causal au chapitre 6 les m ta matrices ordonn es et la matrice pr dicteurs r sultats ordonn e par sites aux chapitres 7 et 8 En ce qui concerne le chapitre 10 sur les tactiques d laboration v rification des conclusions l exp rience nous a enseign qu un rapide tour d horizon de ces tactiques est plus utile d s lors que les participants ont exp riment directement plusieurs phases de l analyse Pour chaque m thode nous avons op r de la fa on suivante en faisant tra vailler les tudiants individuellement ou par paires 1 Pr sentation orale de la m thode et ou lecture pour clarifier les principaux aspects conceptuels abord s dans la section 2 Un bref exercice par exemple laborer un cadre conceptuel tablir une partie du plan de codage concevoir une matrice tracer un diagramme v nements tats interpr ter un
26. es est tra ditionnellement le texte narratif Comme nous le verrons plus loin un texte sous la forme disons de 3600 pages de notes de terrain est extr mement difficile manipu ler Il est dispers plus s quentiel que simultan peu structur et terriblement volumi neux Dans ces circonstances le chercheur qualitatif court le risque de tirer des conclusions trop h tives partiales et sans fondement L homme est peu arm pour trai 30 Introduction ter de grandes quantit s d informations la tendance cognitive est de r duire une infor mation complexe en Gestalts s lectives et simplifi es ou en configurations faciles comprendre De la m me fa on une information frappante par exemple un v nement peu ordinaire va sauter aux yeux la page 124 apr s un long passage ennuyeux et prendre ainsi une importance d mesur e Les pages 109 123 sont brusquement occult es et les crit res d importance et de s lection peuvent n tre jamais remis en question On peut donc dire que le texte narratif d passe les capacit s humaines de traitement de l information Faust 1982 et encourage le penchant la sch matisation Au cours de nos travaux nous avons acquis la conviction que de meilleurs for mats de pr sentation sont essentiels pour aboutir une analyse qualitative valable Les formats que l on trouvera dans ce livre comprennent toutes sortes de matrices graphi ques diagrammes et tableaux
27. et l importance du subjectif du ph nom nologi que du rendre signifiant comme tant au centre de la vie sociale Notre but est d enregistrer et de transcender ces processus en construisant des th ories qui rendent compte d un monde r el la fois limit et perceptuel et de tester ces th ories dans nos disciplines respectives Nos tests n utilisent pas des lois de port e g n rale ou la logique d ductive inh rente au positivisme classique Nos explications sont davantage issues de la fa on dont des structures diff rentes ont produit les v nements observ s Nous essayons de rendre compte des v nements plut t que de nous limiter d crire leur d roulement Nous recherchons un processus individuel ou social un m canisme une structure matricielle des v nements que l on peut saisir afin de fournir une description de la causalit qui r git les forces en pr sence Le r alisme transcendental appelle la fois une explication causale et des preu ves pour montrer que chaque entit ou v nement est un exemple de cette explication Ainsi nous avons besoin non seulement d une structure explicative mais aussi d une compr hension idiosyncrasique de la configuration en pr sence C est une des raisons qui nous conduit favoriser des m thodes d tude plus inductives Comme le dit Erickson 1977 les faits sociaux sont impr gn s d action sociale et le sens social est constitu par ce que
28. exion personnelle aliment e par la lecture de revues et une critique mutuelle sur les travaux men s sont tr s importantes 36 Introduction 9 L ennemi le plus redoutable pour votre apprentissage est l inqui tude envahissante que vous ne faites pas ce qu il faudrait faire le travail de th se a tendance encou rager ceci Mais tout probl me analytique peut tre utilement abord de bien des fa ons Faire preuve de cr ativit trouver sa solution personnelle pour r soudre un probl me est bien des gards la meilleure des positions Plusieurs des m thodes les plus int ressantes pr sent es dans ce livre ont t cr es par des tudiants et des cher cheurs d butants C EXPERTS EN RESSOURCES HUMAINES ET GESTIONNAIRES Les formats d ateliers pr c demment pr sent s ont t utilis s par des consultants en organisation qui souhaitaient am liorer leur traitement des donn es qualitatives lors du diagnostic organisationnel Les participants ont int r t travailler en paires ou en peti tes quipes lors de la r alisation d une tude de cas de consultation compl te ils analy sent une banque de donn es collect es aupr s des clients et g n rent des interventions d actions La plupart des conseils destin s aux chercheurs confirm s peut galement servir ce public
29. gens aux objets et aux situations Berg 1989 Nous avons une exp rience brute qui est ensuite convertie en mots son visage a rougi il est en col re ou en nombres six ont vot oui quatre non le thermom tre indique 23 degr s Dans ce livre nous mettons l accent sur les donn es qui existent sous la forme de mots c est dire le langage sous la forme de texte narratif les donn es qualitati ves peuvent tre constitu es d images immobiles ou mobiles mais nous ne traiterons pas ces diff rentes formes 6 Les mots se fondent sur l observation sur des entretiens ou des documents ou comme le dit Wolcott 1992 observer questionner ou examiner Le chercheur m ne traditionnellement ces activit s de collecte des donn es immerg dans un envi ronnement local pour une longue p riode de temps Enfin ces donn es ne sont pas habituellement imm diatement accessibles l analyse mais ont besoin d tre pr alablement trait es Les notes de terrain l tat brut doivent tre corrig es mises en forme tap es les enregistrements doivent tre transcrits et corrig s 5 2 QUELQUES FONDEMENTS Mais tout n est pas si simple Les mots que nous attachons aux exp riences empiriques sont in vitablement fa onn s par notre savoir conceptuel implicite De fait comme le sugg re Counelis 1991 la description crite la donn e crite d un individu mena ant du
30. gues comme la leur le fut pour nous 3 Notre position Que les chercheurs rendent manifestes leurs pr f rences nous para t tre un rem de salutaire Prendre connaissance de la mani re dont un chercheur agence les l ments du monde social afin de nous en donner un compte rendu cr dible nous m ne la pleine connaissance de notre interlocuteur travers l change conversationnel Si un critique d appartenance r aliste un tenant de l interaction symbolique et un ph nom nologue social sollicitent notre attention nous avons besoin de conna tre leur chemine ment intellectuel Chacun aura une vision divergente de la r alit de ce qui peut tre connu et de la fa on de restituer fid lement ces faits sociaux Lors de la premi re dition de cet ouvrage nous nous pr sentions en tant que r alistes Huberman amp Miles 1985 Tel est toujours le cas Toutefois le terme r aliste est devenu polys mique Nous nous situons dans la lign e du r alisme transcendantal Bhaskar 1978 1989 Harr amp Secord 1973 Manicas amp Secord 1982 Ceci signifie que nous croyons que les ph nom nes sociaux existent non seule ment dans les esprits mais aussi dans le monde r el et que des relations l gitimes et raisonnablement stables peuvent y tre d couvertes Le caract re l gitime de ces relations vient des r gularit s et des s quences qui lient les ph nom nes entre eux De ces mod les nous pouv
31. hes et de celles d autres chercheurs dans le domaine de l enseignement Nous incluons ga lement des exemples issus d autres domaines sant publique anthropologie socio logie psychologie formation en gestion science politique fonction publique valuation de projet documentation tudes organisationnelles criminologie commu nication informatique tude de la famille analyse de strat gies pour souligner que les m thodes sont g n riques et non limit es un domaine sp cifique Plusieurs des m thodes rapport es ici ont t d velopp es dans le cadre d tu des de cas multi sites men es par une quipe de recherche Mais le lecteur ne doit pas tre d courag s il travaille seul a si son tude de cas est unique b ou s il se con centre sur un niveau individuel ou de groupe c Ce livre contient de nombreux exem ples pertinents accompagn s de suggestions pr cises pour vous 2 2 D MARCHE D ENSEMBLE Ce livre est un recueil de nouvelles m thodes Nous ne le consid rons pas comme un ouvrage de compilation et de synth se exhaustif Nous nous sommes plut t efforc s de rassembler de mani re coh rente un ensemble d outils efficaces d encourager leur uti lisation et surtout leur d veloppement leur mise l preuve et leur perfectionnement Nature de l ouvrage 15 Nos sources ont deux origines En premier lieu nous avons rassembl et syn th tis de nombreux travaux publi
32. igation chacun bien s r avec ses accentuations et ses variations particuli res B L ANTHROPOLOGIE SOCIALE La m thodologie premi re dans ce terrain l ethnographie reste proche du profil natu raliste que nous venons de d crire contact approfondi avec une communaut donn e attention port e des v nements mondains et de la vie courante et pour les v ne ments plus rares participation directe ou indirecte aux activit s locales avec un soin particulier apport la description des particularit s locales accent mis sur les pers pectives des individus et leur perception et interpr tation de leur environnement peu d instrumentation pr structur e et souvent une utilisation plus large de cassettes audio et vid o de films et d observation structur e que dans d autres traditions de recherche D un point de vue analytique quelques points m ritent d tre soulign s Tout d abord les m thodes ethnographiques tendent vers le descriptif La t che de l ana lyste est de colliger de multiples sources de donn es enregistrements artefacts jour naux de bord puis de les condenser avec une pr occupation l g rement moindre pour la signification th orique ou conceptuelle de ces observations Bien entendu des choix analytiques sont continuellement op r s lorsque l on choisit ce qu il faut retenir met tre en lumi re rapporter en premier et en dernier lieu ce qu il faut inter relier les id es
33. iques puis de les discuter et d entreprendre directement la plani fication des prochaines tapes du projet en r visant les m thodes d crites ou en cr ant de nouvelles m thodes Les chapitres 2 et 3 sont particuli rement utiles lors du d veloppement de propositions de recherche ainsi que lors des phases de conception et de d marrage du projet 5 Conseil en recherche Ce livre peut tre utilis par des personnes qui ont un r le de conseil ou de consultant dans le d marrage et la poursuite de projets de recherche Si l on part du principe que le probl me est bien identifi un con seiller en recherche peut travailler avec un client selon des modalit s de r solu tion de probl me ou selon des modalit s directes de formation voir ci dessous pour faciliter la conception int grale du projet et faire face aux probl mes ini tiaux ENSEIGNANTS DE M THODES DE RECHERCHE Certains coll gues ont utilis ce livre comme ouvrage de base d autres comme livre compl mentaire Dans les deux cas nous conseillons vivement aux enseignants d impliquer leurs tudiants dans un projet empirique d laboration de canevas de recherche de collecte et d analyse de donn es Plusieurs de nos lecteurs ont galement 34 Introduction affirm qu enseignants et tudiants doivent conduire le travail analytique ensemble en tant que coll gues Le livre ne sera pas utile aux enseignements m thodologiques qui traitent de fa o
34. its descriptifs que nous consid rons de premi re main le nombre d arrestations dans un commissariat pour reprendre l exemple de Van Maanen 1983b sont tr s rapidement pr sent s travers les interpr tations et explications des personnes tudi es l officier de police l che bottes en fait trop et travers la propre conception au deuxi me degr du chercheur sur ce qui se passe les interpr tations des interpr tations par exemple il faut positionner la chasse gard e de l officier de garde au centre de la r flexion L influence des valeurs du chercheur n est pas non plus minime ce qu une personne pense du caract re juste ou injuste des arrestations par exemple Pour l exprimer diff remment les donn es qualitatives concernent moins des comportements que des actions qui comportent des intentions des significations et qui ont des cons quences Certaines actions sont relativement d nu es d arri re pen s es d autres ont l intention strat gique de g rer les impressions ce qui rel ve de la fa on dont les gens chercheurs y compris veulent tre per us De plus ces actions interviennent toujours dans des situations sp cifiques au sein d un contexte social et historique qui influence en profondeur la fa on dont elles sont interpr t es la fois par les acteurs internes et par le chercheur en tant qu obser vateur externe Ainsi l apparente simplicit des donn es qualita
35. la restructuration des t ches et du personnel d un navire Les don n es sont collig es et communiqu es aux acteurs pour validation et mettre en place l tape suivante des op rations On remarquera que cette approche incorpore certaines des caract ristiques des tudes naturalistes observation participante int r t port aux pr occupations des participants attention forte port e aux donn es descriptives pen dant les phases initiales instrumentation non standardis e perspective holiste recher che de th mes ou de mod les sous jacents Ces points rel vent galement d une recherche action intervention Oja amp Smulyan 1989 o les chercheurs agissent conjointement avec les participants d s le d but de l action Le but est de transformer l environnement social travers un proces sus d investigation critique pour agir sur le monde plut t que de devoir le subir Cette approche se retrouve dans des domaines tels que l ethnographie critique Thomas 1993 et la science de l action Argyris Putman amp Smith 1985 Les points cibles de l analyse mettent en relief des construits th oriques li s l action envisag s dans une perspective de rem diation de m me qu ils engendrent une mancipation intellectuelle dans la mesure o ils permettent des id es re ues de r v ler leur carac t re syst matique et ainsi de d tecter les structures invisibles mais opprimantes 4 4 3 M THO
36. les r gularit s les patterns les explications les configurations possibles les flux de causalit et les propositions Le chercheur comp tent garde un esprit ouvert et critique Il ne sarr te pas ces conclusions Toute fois elles sont toujours l d abord vagues et informes puis de plus en plus explicites et enracin es pour reprendre l expression classique de Glaser et Strauss 1967 Les conclusions finales peuvent n appara tre qu une fois la collecte de donn es termi n e en fonction du volume de notes de terrain des m thodes utilis es pour le codage le stockage et le recouvrement du degr de sophistication du chercheur et des exigen ces du commanditaire mais elles ont souvent t pressenties depuis le d but m me lorsque le chercheur d clare avoir proc d inductivement tablir des conclusions notre avis n est pas tout Les conclusions sont ga lement v rifi es au fur et mesure du travail de l analyste Cette v rification peut tre aussi br ve qu une arri re pens e fugitive traversant l esprit de l analyste lors de la r daction accompagn e d un retour rapide aux notes de terrain ou bien elle peut tre Notre conception de l analyse qualitative 31 rigoureuse et labor e tay e par de longues discussions entre coll gues visant d ve lopper un consensus intersubjectif ou par un travail approfondi de reproduction d un r sultat dan
37. lytiques qui les distinguent 4 2 TROIS APPROCHES DE L ANALYSE DES DONN ES QUALITATIVES L INTERPR TATIVISME Ce courant d investigation a une longue histoire intellectuelle La th se de Dilthey 1911 1977 qui affirmait que l action et le discours humains ne peuvent tre analys s l aide de m thodes issues des sciences physiques et naturelles constituait sa perspec tive conceptuelle d finissante L activit humaine tait vue comme un texte comme une collection de symboles exprimant des niveaux de signification Comment interpr ter un tel texte Pour Dilthey et les ph nom nologues cette approche m ne une compr hension en profondeur une empathie ou une inves tigation de l int rieur avec le sujet l tude Pour les interactionistes sociaux linter pr tation vient travers la compr hension d actions de groupes et d interactions Dans les deux cas il y a interpr tation in vitable de significations r alis e tant par les acteurs sociaux que par le chercheur Les ph nom nologues travaillent fr quemment avec des retranscriptions d entretiens mais ils sont pr cautionneux souvent suspicieux lorsqu il s agit de con denser le mat riel Ils n ont pas recours par exemple la codification mais font l hypo th se que des lectures continues des diff rentes sources et que la vigilance apport e par le chercheur sur ses propres pr conceptions permettent d atteindre
38. n g n rale des m thodologies qualitatives sans fournir d outils concrets sur la fa on de proc der Des donn es r elles sont indispensables ici Dans nos cours nous avons g n ralement proc d de la fa on suivante Chapitre 2 avant la collecte de donn es un accent fort est mis sur l laboration du cadre conceptuel les questions de recherche et l chantillonnage Chapitre 3 le fa onnement du projet technique et organisationnel Chapitre 4 l analyse pendant la collecte de donn es Chapitres 5 et 6 l analyse intra site Chapitre 10 l laboration des conclusions et les tactiques de v rification Chapitres 7 et 8 l analyse multi sites Chapitre 9 la construction et l utilisation des matrices Chapitre 11 les probl mes d thique Chapitre 12 les rapports d tude Chapitre 13 vue d ensemble synth se Un coll gue nous a dit avoir d but son enseignement par une discussion de la section F du chapitre 1 Notre conception de l analyse des donn es qualitatives Il a ensuite demand aux tudiants de tirer des r sultats d un corpus de donn es existan tes comme indiqu dans notre ouvrage Innovation Up Close Huberman amp Miles 1984 en travaillant tout d abord avec les id es d velopp es aux chapitres 5 et 6 puis en utilisant les chapitres 7 et 8 Ceci fait il encourage les tudiants r aliser des tudes rapides par eux m mes et analyser les donn es qui en r sult
39. naturels Toutefois le but est de construire une argumentation coh rente dot e d une validit interne forte une argumentation dot e de r f rents th oriques issus de faits empiriques sous forme de textes de perceptions et d actes sociaux Ce processus implique souvent des lectures r p t es et des condensations la recherche de r gularit s et d essences avec cette empathie et la familiarit parfois soutenues par un dialogue approfondi avec les informants des interpr tations plus larges souvent fond es de faits sociaux suppl mentaires peuvent tre entreprises Le d fi analytique pour les chercheurs qualitatifs trouve des descriptions coh rentes et des explica tions qui incluent encore toutes les informations manquantes les incoh rences et les contradictions inh rentes la vie personnelle et sociale Le risque est de forcer la logique l ordre et la plausibilit qui constituent la th orie labor e partir de la nature accident e parfois harsardeuse de la vie sociale Cependant sans th orie nous pouvons nous retrouver avec pour seules conclusions des descriptions peu clairantes ou banales 26 Introduction nous poser la question suivante quels types de donn es sommes nous confront s dans les tudes qualitatives 5 La nature des donn es qualitatives 5 1 G N RALIT S Dans une certaine mesure toutes les donn es sont qualitatives elles correspondent aux essences des
40. nfiance que l on peut avoir dans les r sultats n a pas pour autant disparu Pour l exprimer clairement il nous manque encore une banque de m thodes explicites laquelle nous pourrions nous r f rer Il nous faut continuer de travailler l tablissement de canons reconnus dans l analyse des donn es qualitatives dans le sens de r gles de base accept es par tous pour tablir des conclusions et en v rifier la solidit De nombreux chercheurs qualitatifs consid rent encore l analyse comme un art et mettent l accent sur une approche intuitive Ils nous parlent de classifications et de mod les d gag s du fatras des donn es de terrain l aide de m thodes pr sum es irr ductibles voire incommunicables On ne voit pas vraiment comment un chercheur partir de 3600 pages de notes de terrain est parvenu ses conclusions finales tout maill es qu elles soient de citations vocatrices D autres chercheurs h sitent se pencher sur des probl mes d analyse parce qu ils estiment qu il est impossible de d terminer sans quivoque la validit des r sul tats Becker 1958 Bruyn 1966 Lofland 1971 Wolcott 1992 D autres cher cheurs d orientation ph nom nologique interpr tativiste et constructiviste vont plus loin consid rant que le monde ext rieur n a pas en soi de r alit sociale et qu il est donc inutile d laborer un ensemble solide de canons m thodologiques pour tenter
41. notre sens condensation des donn es ne veut pas dire n cessairement quantification Les donn es qualitatives peuvent tre condens es et transform es de multiples fa ons par simple s lection par le r sum ou la paraphrase par int gration dans une configuration plus large etc Il est parfois int ressant de con vertir les donn es en chiffres ou en degr s d intensit par exemple l analyste d cide que le site tudi poss de un degr de centralisation administrative lev ou moyen mais ce n est pas toujours judicieux M me lorsque la quantification appa ra t comme une bonne strat gie analytique nous conseillons au chercheur de conserver ensemble les mots et les chiffres qui en d rivent pour la suite de l analyse Ainsi les donn es ne sont jamais coup es de leur contexte 6 2 PR SENTATION DES DONN ES Le second courant majeur de l activit analytique est la pr sentation des donn es Pour nous un format de pr sentation signifie un assemblage organis d informations qui permet de tirer des conclusions et de passer l action Les formats que l on trouve dans la vie courante vont de la jauge d essence l cran d ordinateur en passant par le journal leur lecture nous permet de comprendre une situation et de faire quelque chose nouvelle analyse ou action qui soit bas sur cette compr hension La forme la plus fr quente de pr sentation pour des donn es qualitativ
42. ons tirer des construits qui sous tendent la vie individuelle et sociale Le fait que la plupart des construits sont invisibles l il nu ne les rend pas pour autant invalides Apr s tout nous sommes tous environn s de m canismes r gis par des lois physiques dont nous sommes dans le meilleur des cas peine conscients Les relations humaines et les soci t s ont des particularit s qui rendent com plexe mais non impossible l application d une approche r aliste vis e compr hensive la diff rence des chercheurs en physique nous devons faire face des institutions des structures des pratiques et des conventions que les individus reprodui sent et transforment Les significations et les intentions humaines sont labor es l int rieur des infrastructures de ces structures sociales structures invisibles mais nonobstant bien r elles En d autres termes les ph nom nes sociaux tels le langage les d cisions les conflits et les hi rarchies existent objectivement dans le monde et exercent de fortes influences sur les activit s humaines parce que les gens les d clinent Notre position 17 dans leur vie quotidienne Des choses qui sont crues deviennent r elles et peuvent tre tudi es Nous rejoignons ici les interpr tativistes lorsqu ils affirment que la connais sance est un produit historique et social et que les faits viennent nous charg s de th orie Nous affirmons l existence
43. ont devenues plus floues Des perspectives actuelles comme celles du pragmatisme et du courant de l interaction symbolique ont des qualit s qui rel vent autant de l interpr tativisme que du post positivisme Des d marches telles que la n tre qui suppriment la th orie de la corres pondance une connaissance objective directe des formes et qui comprend un sens ph nom nologique sont difficiles positionner Certains chercheurs Pitman amp Maxwell 1992 ont avanc que les m thodes r alistes et interpr tativistes tendent construire des arguments coh rents qui relient des affirmations th oriques des faits mesur s ind pendamment D autres chercheurs Lee 1991 ont voulu montrer que cha que perspective ajoute un niveau de compr hension qui ne rentre pas n cessairement en contradiction avec les autres une compr hension subjective une compr hension inter pr tativiste telle que celle qui est pr sent e par le chercheur une compr hension posi tiviste des propositions th oriques sur les r gles de la logique formelle Les paradigmes mis en uvre pour conduire une recherche sociale semblent nous chapper et un nombre croissant de chercheurs voient le monde avec des yeux plus cum niques et pragmatiques Notre point de vue est que le partage intensifi de nos savoir faire est essentiel et qu il est possible de d velopper des crit res pratiques applicables par diff rentes perspectives pour juger de
44. qualitative quantitative Le lecteur d sireux d explorer ces efforts de classification pourra se r f rer ces travaux pour mieux les tudier Mais aussi complets et clarifiants que soient ces fichiers et taxinomies ils s av rent fondamentalement incommensurables dans la fa on dont sont d finis la fois les diff rents courants qualitatifs et les crit res utilis s pour les distinguer Un blocage intellectuel appara t d s que l on essaie de passer des uns aux autres De plus de telles taxonomies peuvent tr s vite devenir obsol tes Par exemple alors que le courant interpr tativiste gagne en importance des recherches quali tatives sont conduites en histoire litt rature et journalisme et des historiens utilisent des vid os des enregistrements des entrevues et des statistiques pour compl ter les sources de donn es traditionnelles 20 Introduction 4 1 CARACT RISTIQUES R CURRENTES DE LA RECHERCHE QUALITATIVE Ces caract ristiques sont elles communes l ensemble des recherches qualitatives Essayons d tablir une liste en comprenant bien que quelques exemples seront laiss s en suspens Nous soulignons avec Wolcott 1982 la nature naturaliste de la plupart des recherches qualitatives m me si le terme a lui aussi subi un profond change ment de signification En combinant plusieurs de ces crit res de d finition avec plu sieurs des n tres nous pouvons sugg rer quelques caract ri
45. que continue et d une connaissance contextuelle fond e sur l exp rience de m tho des sp cifiques applicables un ph nom ne int ressant que d une logique de d couverte abstraite et de l application de r gles formelles p 435 La diversit des tudes qualitatives 19 Les lecteurs de ce recueil de nouvelles m thodes les trouveront ordonn es et relativement bien formalis es De nombreux coll gues pr f rent des voyages d tendus et intuitifs au milieu de leurs donn es et nous leur souhaitons bonne route Notre choix est celui de la m ticulosit et de la minutie non pas seulement parce que cela nous arrange mais parce que de vagues descriptions sont de peu d int r t pratique pour autrui Notons toutefois que plusieurs techniques dans ce livre demandent une r flexion m taphorique des repr sentations figuratives voire des associations libres Et la structuration g n rale du texte autorise l utilisation de certaines techniques et la mise l cart d autres techniques Nous vous conseillons de regarder au del d un for malisme apparent et de rechercher ce qui vous sera utile pour votre propre travail 4 La diversit des tudes qualitatives La recherche qualitative peut tre conduite de mille et une mani res certaines recher ches b n ficiant d une longue tradition Leur rendre justice toutes est impossible Notre objectif est ici de savoir ce que diff rents types de reche
46. rches qualitatives ont nous enseigner sur la fa on d analyser les donn es s il est possible d identifier plu sieurs pratiques et th mes communs Nous pourrions tout d abord observer plusieurs efforts conduits pour organiser la diversit des approches qualitatives Wolcott 1992 dessine un arbre litt ral figure 1 1 de presque deux douzaines de strat gies organis es en fonction des styles de recueil de donn es privil gi s Sa classification est articul e autour des m thodes Tesch 1990 dont l arbre est g n r par voie informatique figure 1 2 identi fie 27 types de recherches qualitatives partir de trois questions essentielles quelles sont les caract ristiques du langage utilis Est il possible de d couvrir des r gularit s dans l exp rience humaine Est il possible de comprendre la signification d un texte ou d une action Ce sont l de larges familles d objectifs de recherche La taxonomie de Jacob 1987 s lectionne cinq grandes traditions de recherche qualitatives la psychologie cologique l ethnographie holiste l ethnographie de la communication l anthropologie cognitive et l interactionnisme symbolique en utili sant des dimensions qui comprennent des hypoth ses sur la nature humaine et la soci t des effets de zoom le contenu examin quel niveau de syst me social et la m thodologie canevas de recherche recueil des donn es et analyse
47. rrain notre avis la condensation des donn es s op re continuellement dans toutes les phases d un projet orientation qualitative En fait avant m me le recueil effectif des donn es voir figure 1 1 celles ci subissent une condensation anticip e lorsque le chercheur d cide souvent sans en tre pleine ment conscient quel cadre conceptuel quels sites quelles questions de recherche quels modes de collecte de donn es il va choisir Au fur et mesure de la collecte des donn es d autres phases de condensation apparaissent r sum s codage rep rage de th mes regroupements divisions r dactions de m mos Le processus de condensa tion transformation des donn es se poursuit galement apr s le travail sur le terrain jusqu l ach vement du rapport final On ne peut pas dissocier la condensation des donn es de l analyse Elle en fait partie Quand le chercheur d cide des blocs de donn es coder de ceux extraire des configurations patterns qui vont int grer tel ou tel bloc et de la fa on dont les v nements se sont encha n s il proc de des choix analytiques La condensation est une forme d analyse qui consiste laguer trier distinguer rejeter et organiser les donn es de telle sorte qu on puisse en tirer des conclusions finales et les v rifier Comme le souligne Tesch 1990 on peut aussi le voir comme une condensation de donn es Soyons clairs
48. s pr dictions sp cifiques Enfin les donn es qualitatives sont utiles lorsque le chercheur a besoin de compl ter valider expliquer clairer ou r interpr ter des donn es quanti tatives collig es sur le m me terrain Les forces des donn es qualitatives reposent essentiellement sur la comp tence du chercheur exerc e lors de leur analyse Mais qu entendons nous par analyse 6 Notre conception de l analyse qualitative Notre conception d ensemble de l analyse qualitative est traduite dans la figure 1 3 Nous consid rons que l analyse se compose de trois flux concourant d activit s con densation des donn es pr sentation des donn es et laboration v rification des con clusions Nous approfondirons chacun de ces th mes tout au long de ce livre Pour le moment nous nous bornerons quelques remarques d ordre g n ral P riode de recueil de donn es cl CONDENSATION DES DONN ES Anticip e Pendant Apr s PR SENTATION DES DONN ES ANALYSE Pendant Apr s LABORATION V RIFICATION DES DONN ES e Pendant Apr s Figure 1 3 Composantes de l analyse des donn es mod le de flux Notre conception de l analyse qualitative 29 6 1 LA CONDENSATION DES DONN ES La condensation des donn es renvoie l ensemble des processus de s lection centra tion simplification abstraction et transformation des donn es brutes figurant dans les transcriptions des notes de te
49. s nous ont dit l avoir utilis de diff rentes fa ons 1 Exploration Ce livre offre une grande vari t de mat riel aussi un lecteur se contentant de le feuilleter au hasard peut il fort bien y trouver mati re r flexion 2 R solution de probl mes Toute personne ouvrant ce livre a en t te des pro bl mes plus ou moins bien d finis touchant l analyse de donn es qualitatives L index con u pour favoriser la r solution des probl mes d analyse facilite l acc s aux sections correspondantes du livre La table des mati res peut ga lement tre utilis e dans ce sens 3 Lecture exhaustive Certains lecteurs pr f rent progresser chapitre apr s chapi tre de la premi re la derni re ligne Ce livre est organis de fa on permettre une telle lecture Quelques uns de ces lecteurs nous ont dit avoir trouv pr f ra ble de sauter directement de la premi re partie du chapitre 5 analyse intra site au chapitre 9 matrices puis de revenir au chapitre 6 analyse explicative intra site avant d aborder l analyse multi sites chapitres 7 et 8 et le reste du livre 4 Application directe l intention des lecteurs participant un projet de recher che qualitative en cours nous avons trouv utile de demander aux membres de l quipe de lire les sections portant sur les tapes venir de l analyse par exemple la formulation des questions de recherche la codification ou les matri ces chronolog
50. s titres tels que construction de la matrice entr e des donn es et analyse des donn es e Variantes Autres approches utilisant le m me principe de base Si les travaux d autres cher cheurs sont pertinents il en est fait mention Suggestions Quelques commentaires rapides sur l utilisation de la m thode et quelques trucs pour l exploiter au mieux e Temps requis Estimations approximatives d pendant naturellement de l objet d tude du savoir faire du chercheur des questions de recherche pos es du nombre de sites etc L ouvrage traite galement certaines m thodes annexes d crites plus bri ve ment qui peuvent tre utilis es conjointement la m thode principale dont il est ques tion Mode d emploi de l ouvrage 33 7 3 CONSEILS AUX LECTEURS Pr juger de ce qu un lecteur doit faire d un livre donn est pr somptueux d plac ou les deux Comme quelqu un l a fait remarquer un livre est essentiellement une pr sentation acc s al atoire activ e par un simple regard de l utilisateur Les auteurs n ont aucun contr le sur ce que les lecteurs vont faire de leur ouvrage Nous mettons pourtant plusieurs conseils aux diff rents types de lecteurs forts d une exp rience d velopp e l issue de la premi re dition par nous et par d autres personnes Chercheurs exp riment s Ce livre est un recueil de nouvelles m thodes Plu sieurs coll gue
51. s un autre ensemble de donn es En bref les significations qui se d gagent des donn es doivent tre test es quant leur plausibilit leur solidit leur confirmabilit en un mot leur validit Sinon on se retrouve avec des r cits int res sants dont on ignore la v racit et l utilit Nous avons pr sent ces trois courants condensation des donn es pr sentation des donn es et laboration v rification des conclusions comme parall les s entrela ant avant pendant et apr s la collecte des donn es pour constituer cette entit appe l e analyse Les trois courants peuvent galement tre repr sent s comme dans la figure 1 4 L les trois types d activit analytique et l activit m me de la collecte des donn es forment un processus cyclique et interactif Le chercheur se d place constam ment entre ces quatre p les pendant la collecte des donn es puis il fait la navette entre condensation pr sentation et laboration v rification des conclusions pendant le reste de l tude Par exemple le codage des donn es condensation des donn es con duit de nouvelles id es sur ce qui devrait figurer dans une matrice pr sentation des donn es L entr e des donn es exige une nouvelle condensation mesure que la matrice est compl t e se d gagent des conclusions pr liminaires qui leur tour entra nent la d cision par exemple d ajouter une colonne cette matrice po
52. sions qui peuvent tre revus avec les informants mais qui devraient tre maintenus dans leur formulation d origine tout au long de l tude L int r t de la recherche r side dans les caract ristiques du langage en tant que culture en tant que communication 2 g 5g D ae g 25 9 SE 2 goe 2 25 D _ S520 g Ee 5 CEE 2 w S FH 3 2 zoga 5 5 c T Z u L amp 8 D 55 5 8 sS 5 me ns 5 Q Da Q S D gS coge E 55 o2 eo 5 E BE S esse 2 9 L Da SLoEZ es a 2 guo TE S g a 2 SD SS8wS D 9 g door 5 s 2D Re E ES 5S oS 8 5 5 2 o 2 D Ro SS Q oS o 2 5 v o 5 ke sq ia DT 9 2 LE 8 ne ta S ES g Z 2 e 5 A2 SL o a D S Be 2 3 2 c D Eni o Q e TD 5 0 pad x lt S s fs S r2 5 D E 5 W Z0 9 5 Le lt Se g gE S g a S5 5 gt 3 D DE CE DD y g E s S58 r a S w 2 0 me E S a 0 Le E a 2 D a wW 2 Ece A to 5 25 DS D SE a 2a 8 vs 22 a oO 9 D D S 8 a S w2 x ne o So ST op 2 2S S lt 3 c o5 E oD c og 5 sS DBoe o 8 2 T e o Q 2 zE szos 2 a o5 25 azos z 5 D 3 D ca D Z lt co 6 amp IS e l O O 55 25 Se T 5 52 6 g 29 5 f 2 2 3 ES AE o Eg D o amp Eo 3S o 5 S TEL EES fo S A 2 po 2 oE amp sa D E e to 29E lt 5 0 SL 8
53. stiques r currentes de la recherche naturaliste DES 2 RD SA NS IEN amp C4 tude de A la communaut A Ethno graphie d observation interactives Vi ur 7 Cd Strat gies j lt ZA d observation SaS p R cit de vie Z Critiqu non interactives enen toi CR Les M YL isson trat gie Philosophie d archivage DER NS Analyse de Recherche men e incognito Figure 1 1 Strat gies qualitatives en recherche dans le champ ducatif Wolcott 1992 La diversit des tudes qualitatives 21 La recherche qualitative se conduit par un contact prolong et ou intense avec un terrain ou une situation de vie Ces situations sont par d finition banales ou normales elles refl tent la vie d individus de groupes de soci t s et d organisa tions au quotidien Le r le du chercheur est d atteindre une compr hension holiste syst mique globale int gr e du contexte de l tude sa logique ses arrangements ses r gles implicites et explicites Le chercheur essaie de capter des donn es sur les perceptions d acteurs locaux de l int rieur l aide d un processus d attention approfondie de compr hension empathique Verstehen et de pr conceptions mises en suspens ou entre parenth ses sur les sujets abord s la lecture des mat riels collig s le chercheur peut isoler certains th mes et expres
54. tative en tant que processus de fa on beaucoup plus syst matique qu on ne l a fait jusqu ici ceci non seulement dans l objectif de pouvoir faire 1 audit de toute entreprise ana lytique mais aussi dans un objectif d apprentissage En tant que chercheurs qualitatifs il nous faut comprendre plus clairement ce qui se passe quand nous analysons des don n es afin de pouvoir mettre au point des m thodes plus g n ralement reproductibles 7 Mode d emploi de l ouvrage 7 1 REMARQUES G N RALES Ce livre respecte plus ou moins l ordre chronologique des tapes d une recherche qua litative de l laboration initiale d un canevas de recherche la r daction du r cit final Pour une vue d ensemble rapide de cette s quence le lecteur peut se reporter au chapitre 13 et la table des mati res 7 2 LE FORMAT DE M THODES SP CIFIQUES Ce recueil de m thodes a t con u pour tre un guide aussi pratique que possible Chaque m thode est pr sent e de la mani re suivante e Nom de la m thode Probl me d analyse Le probl me le besoin ou la difficult rencontr s par l analyste qualitatif pour les quels la m thode propos e constitue une bonne solution Br ve description Nature et fonctionnement de la m thode e Illustration Un mini cas pr sentant plus en d tail la fa on dont la m thode est d velopp e et mise en pratique Habituellement cette section comprend divers sou
55. tives masque une r elle com plexit qui requiert beaucoup de soin et d attention de la part du chercheur 5 3 LA FORCE DES DONN ES QUALITATIVES Quels crit res retenir pour d finir des donn es qualitatives correctement collect es Un premier crit re est qu elles se concentrent sur des v nements qui surviennent natu rellement et des v nements ordinaires qui surviennent dans des contextes naturels afin de pouvoir vraiment saisir ce qui se passe au quotidien dans la vie r elle Cette confiance en soi est renforc e par un ancrage de proximit par le fait que les donn es ont t collect es dans le voisinage imm diat d une situation sp cifique plut t que par courrier ou par t l phone L accent est mis sur un cas sp cifique un ph nom ne pr cis et contextualis Les influences du contexte local ne sont pas ignor es bien au contraire Il est assur ment possible de comprendre des questions latentes sous jacentes ou peu videntes Une autre caract ristique des donn es qualitatives est leur richesse et leur caract re englobant avec un potentiel fort de d cryptage de la complexit de telles donn es produisent des descriptions denses et p n trantes nich es dans un contexte r el et qui ont une r sonance de v rit ayant un fort impact sur le lecteur De plus comme ces donn es sont le plus souvent collect es sur une p riode longue elles ont une forte puissance explicative des processus et
56. ur v rifier la conclusion Collecte des donn es Pr sentation des donn es Condensation des donn es Conclusions laboration V rification Figure 1 4 Composantes de l analyse des donn es mod le interactif Dans ce sens l analyse de donn es qualitatives est une entreprise continue et it rative Les probl mes de condensation des donn es de pr sentation et d labora tion v rification des conclusions se pr sentent successivement au fil de l analyse Mais ces probl mes ne sont jamais totalement dissoci s Un tel processus n est en r alit pas plus complexe du point de vue conceptuel que les modes d analyse utilis s par les chercheurs quantitatifs Eux aussi doivent se pr occuper de condensation de donn es calcul de la moyenne de l cart type des valeurs d indices de pr sentation tables de corr lation diagrammes de r gression et 32 Introduction d laboration v rification des conclusions seuils de signification diff rences entre groupe exp rimental et groupe contr le Mais ces op rations sont r alis es l aide de m thodes famili res clairement d finies r gies par des canons et g n ralement plus s quentielles qu it ratives ou cycliques Les chercheurs qualitatifs par contre se trou vent dans une position plus mouvante et plus novatrice Notre position implique qu il est n cessaire de documenter l analyse quali
57. vues Qualitative Studies in ducation Qualitative Health Research des lettres de nouvelles Cultural Anthropology Methods des forums annuels Ethnogra phy in Education Research Forum Qualitative Research in Education Conference des forums de discussion sur internet QUIL des colloques internationaux sur les logiciels d analyse des donn es qualitatives et des groupes de travail sp cialis s dans le qualitatif au sein des associations professionnelles les plus importantes Toutefois dans ce d bordement d activit il nous faut rester conscients de questions fondamentales qui n ont pas disparu Ces questions concernent l intensit du travail fournir au niveau de la collecte des donn es et son caract re extensif sur plu sieurs mois ou plusieurs ann es le volume fr quemment trop lev des donn es la forte probabilit de biais introduits par le chercheur le temps exig par le traitement et la codification des donn es la pertinence de l chantillonnage lorsque seul un petit nombre de cas peut tre s lectionn la g n ralisation des r sultats la cr dibilit et la qualit des conclusions et leur utilit pour le monde de la d cision et de l action D un point de vue traditionaliste la fiabilit et la validit des r sultats issus d un travail qualitatif peuvent tre s rieusement contest es Dawson 1979 1982 Ginsberg 1990 Kirk amp Miller 1986 Kvale 1989a LeCompte amp Goetz 1982
58. yez recours d autres livres pour une introduction la m thode par exemple Bogdan amp Biklen 1992 Glesne amp Peshkin 1992 LeCompte amp Preissle en collaboration avec Tesch 1993 Lofland amp Lofland 1984 2 Prenez garde de ne pas vous laisser submerger par l immensit du projet Regardez le passage sur la vue d ensemble figure 13 1 au chapitre 13 lisez le chapitre 1 section F passez en revue les id es expos es sur les modes de pr sentation au chapitre 9 Rappelez vous que le livre est organis dans une s quence chronologique approxima tive 3 Lisez les passages consacr s aux conseils et suggestions de chaque chapitre 4 Apprenez en faisant Votre propre tude l tat de projet ou en cours doit vous servir de vecteur et vous devez lui appliquer les suggestions contenues dans chaque chapitre Alors que vous lisez le livre r digez vos propres conclusions partir des modes de pr sentation propos s et comparez les avec celles d amis ou de coll gues 5 Compensez le probl me du travail en solitaire en demandant une personne de jouer le r le de l ami critique qui r agit votre travail tout au long de l tude 6 Tenez un journal de bord et reportez y les difficult s que vous rencontrez Cette tacti que facilitera votre apprentissage et vous sera utile lorsque vous r digerez les r sultats de votre tude 7 Ne vous inqui tez pas des termes jargon que nous utilisons
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