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Brochure Enfant face aux medias

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1. tale le signifi ou au niveau de l image physique picturale filmique ces tentatives ont au mieux donn des taxinomies fort utiles mais elles n ont jamais r ussi d finir une nature intrins que et une organisation interne de l ima ge et de fait jamais il n y aura de n cessit pour lire une image de commencer par le haut par la gauche par le centre ou par un point quel conque plut t que par une tentative de saisie du tout C est vraisemblablement de ce caract re non articul que vient le pouvoir de suspens que pos s de l image par rapport au texte une seule image peut mettre en question un tr s dense r seau de sens et de significations d ment orga nis s dans du texte C est d ailleurs ainsi que proc de l motion esth tique que surgisse une image ou un encha nement d images sid rant et voil que sont suspendues les repr sentations auparavant organis es dans un texte Nous voici par une simple image contraints de refaire un autre texte qui tienne compte de la perturba tion ressentie et l int gre Il ne s agit videmment pas de pr tendre traduire litt ralement une image dans un texte mais il s agit de r parer la d chi rure effectu e dans le tissu du texte par ce que Barthes propos de la photographie appelait le punctum issu de l image Barthes entendait jus tement par punctum ce qui traverse fouette z bre ce qui m attire ou me blesse dans une
2. un film qui a choisi de le voir une heure donn e et qui en principe l a regard depuis le d but c est dire dans la position de porter un jugement esth tique ou moral La victime de l irruption des images violentes dans le quotidien et en premier lieu l enfant a toutes les chances de ne pas enta mer ce que les psychanalystes nomment les pro cessus secondaires les op rations de pens e qui comme le disait en effet Aristote permettent de dominer le malaise et l affect Il est possible alors que la repr sentation ait des effets analogues un traumatisme r el La violence gratuite existe bien dans les m dias elle y coexiste avec la violence justifi e qui peut cependant tre assimil e la premi re dans _16 la mesure o elle n est pas int gr e une d marche d information ou dans une pens e cri tique Elles collaborent toutes deux un effet de saturation du temps et de l affect Simplement plus qu une autre la violence gratuite laquelle il faut adjoindre plus largement la violence spec tacle contribue former une culture de la vio lence Pensons par exemple la s rie Scream mentionn e dans le rapport de Blandine Kriegel qui a eu un grand succ s aupr s des adoles cents et qui figurait m me dans des rituels de sociabilit en m me temps qu elle a t mise en cause dans un certain nombre d affaires judi ciaires criminelles L argument des adolesce
3. appli quent aux enfants entre 0 et 3 ans Cf Recherche Comparative Euro p enne Children and young people in a changing media environment dit par Sonia Livingstone et Moira Bovill Erlbaum ed Mahwah N J et Londres 2001 _ 44 donner satisfaction chacun mais au prix d vi ter tout d bat et toute discussion familiale C est une d mocratie sans discours ni discussions Cette extension virtuelle de la famille permise par le troisi me parent a t peu per ue par les sciences sociales Elle avait pourtant t parfai tement rep r e d s les d buts du r gne de la t l vision par la litt rature En 1953 dans un sai sissant roman d anticipation intitul Fahrenheit 451 l auteur am ricain Ray Bradbury montrait plusieurs aspects du probl me dont on n a sou vent retenu qu un seul une soci t o la t l vi sion a pris la place du livre Un film r alis par Fran ois Truffaut en 1966 en a t tir reprenant le th me principal du livre l action se situe dans un futur proche la soci t ne tol re plus l exis tence des livres Jug s dangereux ils sont offi ciellement consid r s comme emp chant les gens d tre panouis Les pompiers n teignent plus les feux ils d busquent les lecteurs r cu p rent les ouvrages illicites et allument des auto daf s Le h ros du r cit Montag appartient l une des ces brigades Citoyen z l il effectue son travail sans
4. de ce discours qui fait alterner la parole du pro fesseur et celle de l l ve On comprend dans ces conditions que l cole ne soit pas au bout de ses peines Au terme de ce cheminement o l on a cherch sortir des sentiers battus et rebattus sur les rap ports violence la t l violence des jeunes le tableau de l impact de la t l vision sur la sociali sation et la subjectivation para t particuli rement lourd Sur fond de familles d sinstitutionalis es sont ent s des surgeons de familles virtuelles constitu es comme simulacre Ces simulacres servent constituer des parts d audience fid li s es vendues sur le march Les clercs sont des saisis de la production des biens culturels et de lPanthropo facture des sujets Le Ospirituel est pris en charge par des industries culturelles qui n en ont pas les moyens Des apprentis sorciers apparaissent cherchant au profit de ces muta tions reconfigurer les subjectivit s La trans mission du don de parole que toutes les soci t s avaient toujours su reconduire n est plus galement assur e au sein des populations Cet 78 allant de soi devenant probl matique se solde par l apparition d acteurs sociaux d sempar s Il appara t des sujets mal install s dans le dis cours inaptes entrer dans le fil de la parole et distinguer la fiction de la r alit L cole se trou ve confront e une t che impossible Quant aux con
5. e par une famille virtuelle incessamment renouvel e une nouvelle communaut immense et volatile amen e par la t l vision Ce que le roman avait saisi d s 1953 c est que les t l spectateurs d sertant les anciens rapports sociaux r els se mettaient tous appartenir une m me famille en ayant soudain les m mes oncles raconteurs d histoires dr les les m mes tantes gouailleuses les m mes cou sins d voilant leurs vies Et de fait si l on consid re les tr s nombreux talk show et autres missions de divertissement que proposent aujourd hui nos cha nes g n ralistes c est toute une galerie de portraits de famille qu on y trouve du timide imp nitent au h bleur incorrigible en passant par le r leur patent l ex militant recycl en paillettes le prof idiot l colo de la bonne bouffe le cynique un peu gaulois la blonde p tu lante anatomie renforc e l ternelle idole des jeunes le crooner du 3 ge la porno star en d fenseur de droits de l homme le gay dans toutes ses d clinaisons le handicap rigolo la drag queen tout terrain le penseur attitr le beur tchatcheur le d fenseur des bonnes causes per dues d avance et m me le psychanalyste plein de sous entendus freudo lacaniens Soit une cinquantaine de personnes circulant sans cesse _47 d une cha ne l autre et valant de l or derri re lesquels courent les hommes politiques en mal d
6. que la seule cat gorie qui l heure actuelle puisse tre consid r e comme telle ce sont les enfants Les enfants peuvent en effet tre consi d r s comme d favoris s car sous les dehors d une grande sollicitude notre soci t entretient sa c cit et veut ignorer les conditions dans lesquelles les enfants sont amen s faire l exp rience du monde _ 38 T l vision socialisation subjectivation Le r le du troisi me parent Dany Robert Dufour On a vu r cemment l occasion du d bat pro voqu par le rapport Kriegel combien la ques tion des rapports entre l usage de la t l vision et augmentation de la violence chez les jeunes tait difficile saisir D un c t les auteurs du rapport tendaient voir dans la baisse de l inhi bition et de la culpabilit l acquisition de st r o types l excitation limitation pure et simple un effet direct de la violence la t l vision sur les enfants et sur les jeunes adultes Aussi pr coni saient ils de mieux contr ler la diffusion d ima ges violentes De l autre c t les d tracteurs voyaient en ces recommandations une r surgen ce de l ancien autoritarisme des ann es 1950 et en appelaient promouvoir le r le ducateur des images Un psychanalyste pouvait ainsi d clarer que l ducation aux images consiste d abord dans le fait de devenir plus intelligent plus heureux et plus responsable et d
7. tous les jours dans le salon de Mildred dont l am bition la plus significative est de pouvoir se payer un jour un quatri me mur cran pour am liorer la vie de famille ce qui d range un peu Montag la r flexion n y avait il pas un mur entre Mildred et lui Et au sens litt ral pas seulement un mur mais trois ce jour Et ruineux en plus Et les oncles les tantes les cousins les ni ces les neveux qui vivaient dans ces murs ce ramas sis de singes baragouineurs qui ne disaient rien de rien et le disaient tue t te D s le d but il avait vu en eux des esp ces de parents Comment va l oncle Louis aujourd hui Qui Et tante Maude La vie avec une vraie famille s tant estomp e il ne reste Mildred que cette autre famille Remettons nous au travail dit calmement Montag Mildred lan a un coup de pied dans un livre Les livres ne sont pas des gens Tu as beau lire _ 46 je ne vois personne autour de moi Il contempla le salon mort et gris comme les eaux d un oc an qui pourraient bouillonner de vie s ils allumaient le soleil lectronique Ma famille au moins ce sont des gens dit Mildred Ils me racontent des trucs je ris ils rient La force du roman est d avoir su tr s t t r v ler ce trait cependant que la famille r elle avec ses anciens rapports de place disparaissait lente ment dans les limbes de l histoire elle se trouvait remplac
8. vaut l argument selon lequel la repr sentation de la violence n est pas la violence r elle et qu elle peut tre cr dit e d innocuit par nature Cer tes les deux choses ne sont pas quivalentes sans que la diff rence tourne forc ment l avan tage de la violence repr sent e proprement parler la violence est irrepr sen table non symbolisable C est ce que montre la tr s grande difficult faire des reportages objectifs sur des situations de catastrophe de guerre etc o presque automatiquement la r a lit dont on veut rendre compte chappe au v cu pour se transformer en fiction Quelle que soit la justification de ce spectacle la violence m dia tique consiste dans cette habitude de la violence dans le fait de l apprivoiser en quelque sorte dans l univers domestique C est tout l int r t de la notion d exposition la violence r cemment forg e pour penser l immersion de l enfant dans la violence fictive Parler d exposition la violen ce permet de prendre des distances par rapport la notion d exemple ou d incitation comme si le pouvoir des repr sentations tait direct Cette 13 notion invite plut t r fl chir aux nouvelles conditions d ducation des jeunes leur fr quentation r guli re d une violence sp cifique d une violence refl t e dans le miroir des m dias Le temps pass devant la t l vision est un fac teur de cette exposition qui
9. circuit Voil pourquoi elle ne peut produire que des sujets mal install s dans le discours c est dire des sujets malhabiles dans l usage d ictique des rep res symboliques de personne d espace et de temps C est cela qui me semble cr er la dif f rence quant au destin ventuellement violent des enfants de la t l Ceux qui auront t peu pr s bien install dans le discours dont les rep res symboliques auront t fix s pourront prendre en charge les images venues de la t l vision Pour peu qu on le leur demande ils seront capables de retranscrire ces images en discours lls seront aptes ce que Jakobson appelait dans un texte de 1959 On translation la tra duction inters miotique soit ce type de traduc tion qui implique non le passage d une langue une autre mais la transposition d un syst me s miotique un autre Cette capacit est vi demment d cisive quant la possibilit d chap per un destin violent En effet tant qu un sujet peut mettre en discours il ne passe g n rale ment pas l acte il ne franchit pas la barri re fatale qui conduit immanquablement du rapport de sens au rapport de force Si ses rep res dans 36 Roman JAKOBSON Aspects linguistiques de la traduction in Essais de Linguistique g n rale MINUIT PARIS 1963 p 78 et sq _75 le discours sont pos s alors il peut accueillir de l image fut elle hyperviolente et aller e
10. connaissance de ces messages Quand les enfants sont convi s d finir la mort ce qui leur est difficile ils le font _24 par la mort violente Ils essaient aussi d exp ri menter dans des jeux de mort ne plus respi rer etc Etant donn les proportions prises par ces jeux dans l actualit r cente on peut saluer l la perspicacit de Liliane Lur at Elle note encore la disparition de la dimension moti ve et aussi de l interrogation m taphysique et suppose que bien que les r ponses fournies soient d fectueuses la plupart du temps l appel aux films est un essai de comblement de ce vide et un substitut au c r monial Cette recherche montre d une mani re particuli rement claire que les jeunes sont la recherche d une ducation intellectuelle et morale de r ponses aux ques tions fondamentales de l existence ou du moins des moyens de les symboliser D ailleurs si les th ories pr c demment voqu es n abordent pas frontalement cette question elles montrent n anmoins que les jeunes demandent une du cation qu ils ne trouvent pas toujours dans la famille ou dans l cole et que le d faut d interlo cuteurs adultes les renvoie la t l vision Vision erron e du monde social ducation implicite subjectivit flottante morale rebours consti tuent diff rents visages de cette r alit nouvelle qu est l ducation solitaire de l enfant ou en tout cas d une duca
11. cours des poques diff rentes n avaient aucune influence sur le d veloppement de l individu Personne n a jamais pu d finir avec certitude en quoi consistait cette influence mais m me les h r ditaristes extr mes sont amen s s interroger sur l insertion des qualit s biologiques dans un milieu donn Or aujour d hui la pr tention des m dias l innocence repose bien sur cette n gation de l impr gnation par l environnement C est pourquoi il est urgent de s interroger sur les conditions r elles de l du cation et sur le mode de vie des enfants ainsi que sur les besoins ducatifs que l on peut raisonna blement supposer en vue de leur d veloppement la premi re t che tant de se d barrasser du mirage de leur autonomie Il est trop facile de supposer qu ils peuvent g rer eux m mes le rapport aux m dias de leur pr ter des facult s de r silience l image de certaines r actions la maltraitance Est il besoin de preuves pour affirmer que les jeunes sont pr cocement immer g s dans des repr sentations violentes angois 37 santes et incertaines quant leur rapport la r alit et que cela constitue en d pit des d n gations une part notable de leur ducation Dans ces conditions comment ne pas approuver Karl Popper lorsqu il d clare Il faut que nous regardions autour de nous en nous demandant qui sont les underdogs d favoris s Je soutiens
12. d ducation et de transmission de savoir Son but tait de rendre l l ve capable de ma triser son environnement iconique et m diatique selon la terminologie p dagogique 98 Ce choix a encore inspir la publication par le Minist re de l Education du document p dago gique T l vision mode d emploi Dans le m me esprit que le CLEMI il cherche montrer com ment a marche comment c est fait en privil giant ses sujets comme le sport ou la t l r alit Si par ailleurs la t l vision ducative progresse comme en t moigne le succ s de la Cinqui me il faut s en f liciter Les succ s ne doivent cependant pas dissimuler que nous sommes de toute fa on entr s dans une nouvelle phase o in luctablement est mise en avant la notion de protection de l enfant face aux m dias D velopper l activit et la res ponsabilit de l l ve est un objectif notoirement insuffisant dans le contexte que nous connais sons o les t l spectateurs sont trop jeunes les programmes trop foisonnants o les horaires d missions sont anarchiques Et que peut vou loir dire l esprit critique deux ou trois ans Il peut tre juste et utile d accompagner l enfant pour l aider prendre de la distance de s infor mer etc Cependant par principe l adulte du cateur ne peut se reposer sur la confiance qu il place en la nature de l enfant et postuler la capa cit de ce dernier d
13. dans ce contexte d un surplus de pulsion sans tabou C est ainsi que l on veut la voir selon un mod le implicite et que les m dias la pr sentent comme un id al qui r pond la revendication de l immaturit adulte C est la litt rature qui permet le mieux d tayer ces suppositions certains po tes ou romanciers loin de la th orisation conflictuelle du probl me des affects des instincts voire de la morale qui occupe la fin du XIXe si cle et le d but du XXE ont t des annonciateurs de ces changements Trois exemples diff rents mais tous topiques permettront de saisir cette forme de l immaturit dans son mergence Nul mieux que Witold Gombrowicz n a su d crire la fascination trouble d adultes m rs pour les 33 corps jeunes et rotis s dans la Pornographie Dans ce roman sans quivalent le narrateur est pervers l atmosph re irrespirable pendant la derni re guerre deux hommes se retrouvent la messe qui leur appara t tout coup comme une pantomime Leur attention est alors capt e par deux jeunes gens qu ils d voieront et ils r alise ront leur voyeurisme concernant la sexualit et il faut le souligner la violence jusqu au bout Ils les poussent en effet mettre en sc ne la sexua lit et le crime Leurs id aux disparaissent leur engagement politique Dans une pr face o il se cite lui m me Gombrowicz d clare La Jeunesse m apparut comme la valeur la plus ha
14. effet ne prouve a priori que les enfants prennent tous la fiction pour la r alit D ailleurs 26 Cleveland Evans professeur de psychologie l universit Bellevue Nebraska USA vient de rep rer le ph nom ne de plus en plus de b b s am ricains sont baptis s avec des noms de marques aux tats Unis L oreal Chevy pour Chevrolet Armani Timberlands Chanel Le ph nom ne toucherait environ 5 des b b s am ri cains n s en 2003 Voir http colleges surfwax com files Bellevue_ University html noter que nous avons eu en France le cas de la petite Renaud pr nomm e M gane 27 Wendy Josephson Television Violence A Review of the Effects on Children of Different Ages Patrimoine canadien 1995 _ 63 les temps anciens n taient pas exempts de vio lences ind finiment racont es aux enfants Il ne faut donc pas c der quelque forme d ang lis me que ce soit en pensant que tout tait exempt de violence avant la t l les contes narr s par les suppos es gentilles grand m res d autrefois contenaient un lot respectable d horribles his toires d ogres d voreurs d enfants qui n ont litt ralement rien envier aux images de violence dif fus es d aujourd hui Qu on se souvienne de l histoire particuli rement gore de Saint Nicolas avec ses corps d enfants d coup s en morceaux et mis au saloir n a t elle pas donn la fameuse f te du 6 d cembre o les enfants d autrefois prenaient
15. image Le punctum tant ce qui point sur fond 29 Cf R BARTHES La chambre claire Paris Gallimard Seuil 1980 30 Cf Ibid p 43 et 69 et sq 69 de stadium lequel r f re au corps classique d in formations qui rend l image accessible C est un exc s r f rant ce qui sort de l image Je ne dis bien s r pas qu il s agit de trouver LE texte qui correspond ce punctum de l image mais ce qu il faut c est UN texte qui vienne suturer la d perdition apparue dans les r seaux de sens un texte qui n exclut pas un autre voire d autres textes L image devient ainsi situable dans un rapport d avant ou d apr s texte de pr texte en tout cas gr ce auquel elle acquiert la possibilit de figurer ce qu on ne peut pas dire Hormis l image esth tique punctiforme il exis te un autre type d image non articul e au texte une image int rieure au sujet celle l soit ce que l on appelle depuis Freud le phantasme qui peut relever de la repr sentation inconsciente Ces images peuvent en effet tre inconscientes au sens o Freud l entendait en distinguant la repr sentation inconsciente qui est la repr sen tation de chose seule autrement dit le signifi de la repr sentation consciente qui comprend la repr sentation de chose Ile signifi plus la repr sentation de mot aff rente le signi fiant Le phantasme renvoie donc des ima ges erra
16. les r seaux commerciaux Lorsqu un producteur de films pornographiques d clare que la soci t se sexualise et que la sexualit est une belle chose et donc que la pornographie est diffusable grande chelle ces propos sous tendent que l enfant peut s adapter la soci t telle qu elle est partager la 32 vie des adultes lls r v lent aussi que ses desti nataires d sirent tre d culpabilis s et confort dans le d sir de spectacles non censur s acces sibles objets d une consommation familiale en quelque sorte Invoquer la lib ration des m urs et de la sexualit pour expliquer cette r alit ne suffit pas Il ne convient pas non plus d assimiler cette attitude l ancien libertinage d invoquer la philosophie picurienne ou d invoquer la d gra dation de la moralit Les jugements de valeur qui en d couleraient dissimuleraient ce fait de la nouvelle immaturit adulte dont les cons quences ne se laissent pas voir seulement dans la vie professionnelle ou dans le changement des id aux mais concernent le domaine du fantasme et de l affectivit Pour la caract riser la nouvelle immaturit adul te accompagne le rejet du contr le des pulsions d un rotisme qui r duit le r le du corps tre un support des instincts et d une fascination pour leur expression suppos e spontan e et naturelle La jeunesse valeur oppos e l immobilisme adulte se voit gratifi e
17. liques Ces rep res sont constitu s de signi fiants sp ciaux des d ictiques comme je ici maintenant I s agit de signes vides non r f rentiels par rapport la r alit des purs signifiants toujours disponibles qui devien nent pleins d s qu un locuteur les emploie dans une instance de discours On y trouve des indicateurs de personne de personne subjecti ve je tu et non subjective il des indi cateurs spatiaux ce ceci cela ici et des indicateurs temporels maintenant aujourd hui hier Gr ce ces indica teurs le locuteur s auto indexe comme celui qui parle fixant du m me coup un o et un quand il parle Ce processus signe l installation du sujet parlant dans la sc ne nonciative partir de laquelle le monde ext rieur devient repr sentable dans le discours L acc s la symbolisation passe donc par l usage de ces rep res de per sonnes je tu il de temps ce qui est pr sent co pr sent ou absent et d espace l ici et l ailleurs Cet acc s lunivers symbolique est fondamen tal il renvoie la capacit essentielle qui dis tingue l homme des animaux celle de pouvoir parler en se d signant soi m me comme sujet 32 Commerce verbal lui m me ins r dans un grand commerce orga nique changes de regards se voir voir tre vu par l autre changes vocaux entendre tr
18. permanent d s leur plus jeune ge ce serait certes d j grave mais on pourrait toujours r pondre comme on ne manque d ailleurs pas de le faire qu il suffirait de mettre en place une v ritable ducation l image pour former l enfant pouvoir r sister cette influence comme toute autre Or le pro bl me d passe de loin la question d une duca tion critique En effet derri re la publicit des tination des jeunes et tr s jeunes il existe une vis e autrement plus radicale qui ne se laisse plus d crire en termes d objectifs commerciaux mais en terme de reconfiguration des subjectivi t s Ce n est plus seulement le d sir de l objet qui est constamment suscit c est l tre m me du sujet qui est vis Les plus avis s des publicitaires ont en effet par faitement compris quel parti ils pouvaient tirer de l effondrement post moderne de la famille clas sique et quelle strat gie de substitution de rep res ils pouvaient alors jouer Il s agit tout simplement de s engouffrer je cite dans la fragilit de la famille et de l autorit pour installer des marques nouveaux rep res L op ration a lair de se d rouler de fa on satis faisante si l on consid re les nombres de jeunes y compris pauvres marqu s c est dire d ment estampill s du logo des grandes marques et les exhibant cr nement On pourrait m me imaginer mieux donner directement des noms de mar 25 Bro
19. permet pas de rep rer la fa on dont se met tent alors fonctionner dans ce syst me go gr gaire les processus d individuation Car en d pit de la gr garisation des consciences pro duite par le sentiment d appartenir une m me famille virtuelle il se met en place des m ca nismes d individuation nouveaux et paradoxaux On serait cet gard en droit d attendre de la psychanalyse si toutefois elle s int ressait aux processus actuels de subjectivation et leur d voiement quelques lumi res cet gard Mais comme cela tarde il faut bien que d autres s y mettent Il s y d couvre pourtant des choses passion nantes et tr s intrigantes Notamment que la modalit d individuation fondamentale qui pr vaut dans la famille c est a construction de soi par les autres L incroyable besoin de vouloir devenir c l bre qui saisit les jeunes gens serait aujourd hui interroger en ce sens Il se mesure par exemple la fa on dont nombre d adoles cents courent derri re une apparition t l visuelle Star Academy par exemple qui leur permettrait enfin de croire qu ils sont bien l puisque qu ils ont t choisis pour que d autres les voient l cran Ce besoin s accorde au fond un fan 20 distinguer de l individualisation Je d finis l individuation comme ce qui permet de se compter pour un dans le troupeau Alors que l individualisation implique la sortie du t
20. pour instituer les sujets la simple n cessit commerciale de contr le des parts de march n est toutefois pas sans effet sur les consciences Bernard Stiegler y insiste le fait que les m mes gens regardent tous les jours les m mes mis sions conduit n cessairement ce que leurs consciences finissent par partager de plus en plus de r tentions secondaires identiques des souvenirs et donc par s lectionner les m mes r tentions primaires ce qui renvoie au pr sent de la perception Stiegler parle ici d une syn chronisation des consciences et d une ext nuation de leur diachronie c est dire d une perte de leur singularit Ce d ficit de diachronie entra ne selon Stiegler une perte d estime de soi qui est l origine de la mis re symbolique actuel le par laquelle s expliquerait selon lui autant l acte d sesp r d un Richard Durn que le vote du 21 avril 2002 ayant qualifi un Le Pen pour le second tour de l lection pr sidentielle 19 Ibid p 42 56 Il n est pas non plus sans engendrer en d pit du maigre soutien quotidien qu elle apporte une v ritable d tresse de fond de chacun laiss lui m me je n insiste pas on a assez dit que notre poque n tait plus r pressive mais d pressive Il me semble cependant que si elle met bien en vidence les points de rupture et les moments de possibles passages l acte l analyse de Stiegler ne
21. que cette information incompl te et inad quate des institutions et des lois tant du point de vue de la connaissance des autres pays que du point de vue des institutions fran aises s tend aux points de rep re moraux Beaucoup de jeunes habit s par un certain tat d esprit anxieux et pessimiste sont persuad s que la violence est le mode normal de r solution des conflits et que l on ne peut rien changer cet tat de choses Plus grave sans doute est l insensibilisation l autre et sa d shumanisation engendr e par exemple par le principe d limi nation l uvre notamment dans les matrices fictionnelles am ricaines C est d ailleurs le m me principe qui est l uvre dans une mis sion comme le maillon faible Ceci rejoint en partie les analyses de George Gerbner lorsqu il d clare L exposition aux m dias satur s de violence cultive un sentiment excessif d ins cu rit et de m fiance et une angoisse face au monde tel qu il est pr sent par la t l vision De surcro t ce sentiment de vuln rabilit et de d pendance p se surtout sur les femmes et les minorit s La violence m diatique c l bre la force et ouvre la voie la r pression George 922 Gerbner ajoute que ces m canismes sont d au tant plus g n ralis s qu ils sont favoris s par une logique conomique dans un marketing mondia lis les produits m diatiques violents sont bon march et facil
22. quelque avance sur No l La violence existe depuis toujours et il faut bien que l enfant apprenne la symboliser Toutefois s il est vrai qu il existait jadis des r cits de violence adress s aux enfants celle ci tait essentiellement racont e Ce qui fait intervenir deux diff rences cruciales la grand m re en m diatisant l horreur l int grait dans le circuit nonciatif et la rendait en quelque sorte acceptable lunivers de l ogre dans le conte tait clairement imaginaire il obligeait l enfant penser cet uni vers comme un autre monde celui de la fiction alors que l univers des feuilletons actuels avec rixes violences viols et meurtres sans distan ce avec le monde r el est tr s r aliste de sorte que ces deux mondes peuvent ais ment tre confondus dans l esprit de l enfant Cette diff rence entre la violence montr e actuel lement et la violence racont e d alors ne prou vent cependant pas que tous les enfants actuels ayant chambre avec vue sur t l succombent n cessairement la violence C est pourquoi il faut reprendre l analyse sur de nouvelles bases 64 Pour avancer vraiment il faut commencer par carter sans appel l explication scientifique en vogue aujourd hui seuls franchiraient le pas fatal de la violence ceux qui y seraient g n tiquement pr dispos s Cette explication pr sente deux inconv nients majeurs elle renvoie ces jeunes gens leur nature
23. r side dans la quan tit des messages per us et qui aboutit l ins tauration d une culture de la violence L exposition la violence Les enfants passent en moyenne deux heures quinze devant la t l vision par enfant et par jour ce qui justifie le recours fr quent la notion de flux pour voquer le contenu de la t l vision Ce chiffre est en diminution par rapport aux ann es pr c dentes mais il ne faut pas s en f li citer trop vite En effet ceci est d l augmenta tion du temps pass devant les jeux vid o Il faut souligner que cette dur e est sup rieure celle de n importe quelle autre activit telle que le sport Le temps pass devant la t l vision ne doit pas tre mentionn sans son usage autour de trois ans et demi 17 des enfants voient la t l vision le matin ils sont 50 s ils habitent en ban lieue On ne sait rien de l emploi du temps des enfants en garderie Le premier effet de ce temps pass devant la t l vision est d emp cher d autres activit s Par ailleurs les enfants sont n cessairement confront s alors un grand nombre de mes sages violents ou pornographiques et d autant plus si l on prend en compte les jeux vid o Le rapport du CIEM estimait 943 par mois le nombre des missions contenant ces messages sans tenir compte des dessins anim s qui ne _ 14 sont pas toujours exempts de reproche C est pr cis ment pour d crire ce
24. seul instrument qui permette de garder les enfants tranquilles sans s en occuper mais il faut va luer tous les effets de cette v ritable mutation anthropologique On s en tient le plus souvent la d nonciation des deux effets imm diats induits par l usage de la t l vision chez les jeunes et les tout jeunes le dressage pr coce la consommation et l incita tion la violence Reprenons donc bri vement ces deux questions toujours rencontr es avant de poser le probl me autrement La consommation On dit avec quelque raison que la place consid rable prise par la publicit la t l vision consti tue une v ritable exhortation la monoculture de la marchandise C est indubitablement vrai mais 23 Cette seconde partie reprend en les d veloppant sensiblement cer tains points du second chapitre de mon dernier ouvrage D R DUFOUR L art de r duire les t tes Deno l Paris 2008 24 Selon le rapport The Kids Market Package Facts New York 1998 un enfant am ricain voit en moyenne 40 000 spots de publicit par an Le pouvoir d achat des kids am ricains est valu pr s de 30 milliards de dollars sans compter l influence qu ils ont sur les achats de leurs parents estim s pr s de 400 milliards de dollars par an _61 cette remarque ne me semble pas aller au fond des choses S il n existait que cette tentative d influence continue sur les individus pour les transformer en consommateur
25. symbolique Cette relativisation de la gravit de l acte violent a t accrue par la sociologie de Norbert Elias dont le concept de seuil de violence l gitime a trouv un cho dans le monde ducatif chaque soci t laborerait ses normes de tol rance la violence la perception d une violence excessive en tant alors d pendante Ce point de vue qui met en avant en avant la relativit des normes selon les cultures peut conduire dissoudre en quelque sorte l acte violent dans son contexte culturel Une autre explication qui concerne sur tout les flamb es de violences collectives r side dans l assimilation de cette violence la r volte politique une forme de lutte des classes Il faut inclure dans cette cat gorie la sociologie bour dieusienne et son usage du concept de violen ce symbolique qui a pour effet de gommer la diff rence entre violence proprement dite violen ce physique et les conflits de nature institution nelle ou psychologique Ceci a pour effet de l gi timer l attitude violente au nom de l expression de la r volte Ces approches ont en commun de supposer une certaine rationalit de l attitude violente M me si celle ci est consid r e comme inad quate pour rem dier une situation d oppression ou l in justice sociale ces facteurs sont quand m me une cl de compr hension de l attitude violente ils permettent de lui donner du sens Or il sem blerait qu
26. L enfant face aux m dias Quelle responsabilit sociale et familiale Dominique Ottavi Dany Robert Dufour Temps d Arr t Une collection de textes courts dans le domaine de la petite enfance Une invitation marquer une pause dans la course du quotidien partager des lectures en quipe prolonger la r flexion par d autres textes Les textes de Dominique Ottavi et Dany Robert Dufour ont t publi s dans une premi re version dans la revue Le D bat de novembre d cembre 2004 intitul e L enfant probl me L ensem ble des articles de ce num ro 132 nous para t susceptibles d int resser les professionnels en contact avec les enfants et leurs familles Fruit de la collaboration entre plusieurs administrations Administration g n rale de l enseignement et de la recherche scientifique Direction g n rale de l aide la jeunesse Direction g n rale de la sant et ONE la collection Temps d Arr t est di t e par la Coordination de l Aide aux Victimes de Maltraitance Chaque livret est dit 10 000 exemplaires et diffus gratuite ment aupr s des institutions de la Communaut fran aise actives dans le domaine de l enfance et de la jeunesse Les textes sont galement disponibles sur le site Internet www yapaka be Comit de pilotage Jacqueline Bourdouxhe Nathalie Ferrard G rard Hansen Fran oise Hoornaert Roger Lonfils Cindy Russo Reine Vander Linden Nicole Vanopdenbosch Laeti
27. alogies des rites des obligations des savoirs des rapports sociaux mais c est aussi et avant tout transmettre un don de parole C est faire passer d une g n ration l autre l aptitude humaine parler de sorte que le destinataire du r cit puisse son tour s identifier comme soi et situer les autres autour de lui avant lui et apr s lui partir de ce point Il faut en effet instituer le sujet parlant si cette anthropo facture n a pas lieu la fonction symbolique n est tout simple ment pas transmise Pour l essentiel l acc s la symbolisation s op re depuis toujours par la simple mise en oeuvre de la plus vieille activit de l homme le discours oral de face face De la sorte on se transmet le don de parole sans m me s en rendre compte il s agit d un prodige aussi invisible que celui de ces gens de la secte du Ph nix 1952 dont parle Borges dans Fictions qui se transmettaient de g n ration en g n ration un secret sans s en apercevoir Or il se pourrait qu avec la t l vision on ne sache soudain plus transmettre ce don En simplifiant grandement on pourrait dire qu au bout d un certain temps de commerce avec ses 712 parents o le r le de la verbalisation est essen tiel puisque l enfant se trouve parl dans le discours des parents d s avant sa naissance le petit d homme acquiert en r pondant cette interpellation un ensemble de rep res symbo
28. ans des actes dont la seule finalit iden tifiable est la d gradation de l autre Il faut ajou ter qu il s agit d une violence en quelque sorte immature dans la mesure o elle n est pas reli e la recherche ou la conservation d un pouvoir ni une situation de guerre Les m dias peuvent pr tendre tre par nature trangers ce ph nom ne puisqu ils ne diffusent que du spectacle Il est cependant remarquable que la teneur des messages diffus s fait cho cette nouvelle barbarie ceux qui portent atteinte la dignit et l int grit physique de la per sonne humaine sont l gion et beaucoup d entre 12 eux ne semblent avoir que ce seul but Dans sa tentative pour d finir la violence t l visuelle le rapport du CIEM inclut dans cette cat gorie les repr sentations de meurtres et d actes sadiques bien entendu ou la repr sentation de cadavres d ex cutions etc qui ne sont pas justifi s par la n cessit de l information Il faut y ajouter une grande partie des missions pornographiques Mais s y ajoutent aussi les cas o l atteinte la dignit passe par l humiliation comme dans la t l r alit II faut aussi tenir compte dans lap pr ciation de la violence des messages de la sti mulation nerveuse produite par le rythme et le type d images propos s par des missions r pu t es innocentes comme des dessins anim s qui agissent corporellement sur certains sujets Que
29. audience On trouve d sormais ses cousins ses oncles et ses tantes en zappant et en plus ils sont dr les ou du moins suppos s tels Ce que les histoires de famille les petites et les grandes les dr les et les tragiques n apportent plus c est d sormais la famille de la t l vision qui est appel e y pourvoir C est elle qui console les esseul s et anime les groupes en manque de verve Haut les c urs Mets nous la famille dit Mildred Allez vas y Amusons nous arr te de pleurer on va se faire une petite f te Non seulement la t l fournit une famille mais elle constitue ceux qui la regardent comme une grande famille Une grande famille o les gens apprennent se conna tre au double sens de se conna tre les uns les autres et de se conna tre eux m mes Le temps est ainsi venu o dans une multitude de programmes d expression de soi chacun se confie tous dans un id al de transparence o l on ne peut plus rien se cacher De sorte que l in d cence n est plus ce qu elle tait elle consiste pr sent cacher quelque chose de son intimi t comme une crivaine star du petit cran l af firmait il y a peu Le ciment de cette grande famille c est la sinc rit sur laquelle chacun est jug Peu importe que X et Y d fendent des positions contraires ils auront raison tous les deux pourvus qu ils paraissent sinc res c est dire sinc res avec eux m
30. chure distribu e au colloque de l Institute for International Research les 26 et 27 f vrier 2002 Paris ayant pour th me Adoptez une communication cibl e pour toucher l enfant au c ur de son univers 62 ques aux enfants comme cela commence se voir aux tats Unis Les marques fonctionnant comme nouveaux rep res nous sommes l au c ur d une op ration de reconfiguration in dite des subjectivit s qu aucune simple ducation limage ne saurait endiguer tout simplement parce qu elle arriverait de toute fa on bien trop tard lorsque le mal aurait d j t fait La violence C est l un probl me tr s complexe dont on ne peut rendre compte par des simplifications abu sives Partons de cette donn e vers 11 ans Penfant moyen aura vu environ 100 000 actes de violence la t l vision et aura assist quelque 12 000 meurtres Doit on cependant d duire de cette donn e lourde que l enfant charg de tant d images violentes est condamn d charger cette violence dans le r el Contrai rement aux apparences la r ponse est non Il sera en effet toujours possible de trouver face toutes les corr lations statistiques que l on construira quelques contre exemples ruinant toute certitude On pourra ainsi d couvrir des enfants de la t l ayant assist des milliers de pillages viols et meurtres sur le petit cran doux comme des agneaux dans la vie de tous les jours Rien en
31. citement con ue comme un r gime politique naturel La socialisation assur e princi palement par le groupe des pairs serait alors sim plement accompagn e par l adulte r duit tre une personne ressource La mani re dont partir de l les adultes peu vent se repr senter leur responsabilit ducative d termine une conception de l ducation aux m dias qui passe aux yeux de beaucoup d du cateurs et de parents pour une solution id ale Elle concilie en effet la riposte l influence des m dias et l ducation l autonomie con ue comme un but plus g n ral de l ducation Accompagnement pr ventif et ducation aux m dias semblent naturellement pouvoir tre assur s par l cole et cette nouvelle pr rogative de l institution a d j toute une histoire derri re elle Dans les ann es soixante l ge d or de la t l vision scolaire la t l vision apparaissait comme un moyen nouveau de transmettre des connaissances une alternative au livre au manuel On r vait alors d ducation par les m dias Une inflexion a lieu dans les ann es soixante dix lorsque appara t le projet d duquer aux m dias ceux ci commen ant menacer le projet de l cole L op ration jeune t l specta teur actif illustre cette tendance inspir e de la p dagogie Freinet cette op ration esp rait en stimulant l activit de l l ve transformer l attitu de de t l spectateur en moyen
32. cul e de l criture du langage des signes g n re du signifi et n a donc de sens qu tre mis au regard d une capacit imaginante propre l esp ce Mais l image n est pas que simple reflet du texte elle poss de son efficace propre et elle est puis sante elle peut tout simplement suspendre le texte Elle d tient ce pouvoir pour une bonne rai son l image n est pas articul e au sens o l on dit du texte qu il est articul On pourrait m me d nombrer en les cumulant un peu la diable quatre niveaux d articulation signifiante du texte le niveau de l unit l mentaire de l ordre du son renvoyant au phon me le niveau s miotique de la signification qui fait intervenir le morph me le niveau de la signifiance qui fait intervenir la phrase ce que Benveniste appelait le s man tique pour le distinguer du s miotique le niveau mythologique qui renvoie au r cit et fait intervenir ce que L vi Strauss a isol sous le nom de myth me unit minimale du r cit 28 Ce dont rend compte la phonologie structurale il existe un nombre fini de phon mes dans une langue donn e et chacun est d fini par les traits diff rentiels qu il entretient avec les autres 68 Mais si le texte est minemment articul toutes les tentatives que l on a pu faire au niveau de l image pour lui donner le m me statut ont chou Que ce soit au niveau de l image men
33. dans un troupeau virtuel incessamment men vers des sources providentielles pleines de sir nes et de na ades suppose en effet un go sme hypertrophi pr sent comme accomplissement d mocratique sois toujours plus toi m me en participant tou jours plus la famille avec nous tu seras au centre du syst me Avec cet go sme gr 17 Bernard STIEGLER Aimer s aimer nous aimer du 11 septembre au 21 avril Galil e Paris 2003 p 30 18 Alexis de TOCQUEVILLE De la d mocratie en Am rique 1840 uvres Il Gallimard Biblioth que de la Pl iade Paris 1991 cf Quelle esp ce de despotisme les nations d mocratiques ont craindre p 840 _55 gaire nous sommes sans doute devant un type d agr gat assez nouveau qu il conviendrait d in ventorier d autant plus vite que sa d termination go ste lui interdit jamais se d couvrir lui m me en tre collectif Pour le fixer je proposerais de l pingler du nom de formation go gr gaire On aura compris je pense que les anciennes et g niales analyses du Freud de Psychologie col lective et analyse du moi propos des foules conventionnelles et du Sartre de Critique de la raison dialectique propos de la conformit s rielle se transformant en groupe en fusion ne me semblent absolument plus suffire pour rendre compte de ce nouveau type d agr gat Si l industrie culturelle ne sait probablement que faire
34. dernier suscite horreur ou jouissance Dans C est dire Leiris explique qu en marge de son engagement anti colonialis te et de son travail d ethnologue qui repr sen tent en quelque sorte le versant rationnel de cette critique de la civilisation occidentale il a prouv une fascination pour le primitif et l expression de la sexualit du corps dans d autres cultures Il reconna t que son regard sur l Autre ce moment tait porteur d illusion d termin qu il tait par un d sir de voir se renouveler le monde occidental Par quel fil invisible ces crits sont ils reli s Ils relatent la confrontation de personnages r els ou fictifs l exp rience de p riodes noires de l Histoire colonialisme guerres europ ennes Shoah qui en ont tir un doute radical concer nant les institutions glise Universit cole Loin d exprimer une r volte sous forme de contestation ou de projet ils se replient en quelque sorte dans l immanence de leurs mo tions et se retrouvent confront s une sexualit qui occupe la place laiss e vide par les autres id aux Des h ros n gatifs y d font les liens du corps de la pulsion et de la culture tendent abolir ce qui rel ve de la discipline et des tech niques du corps pour rechercher l intensit de pulsions plut t barbares que naturelles leur limi te est la transformation de l autre en corps iner te mort Cet id al engendre n cessairement un
35. e famille ne peut pas tre pay de retour car ceux ci tant virtuels ne peu vent qu tre parfaitement indiff rents son sort Sauf videmment si celui ci devient m dia tisable Dans ce cas des surd monstrations d amour seront donn es l autre comme pour faire oublier la non r ciprocit fondamentale du m dium De l s ensuivent une autre question et une nou velle r ponse Pourquoi y a t il donc lieu de faire toute cette d pense en technologie des cam ras des techniciens des grilles de programmes des satellites des r seaux etc et en investisse ments divers financiers libidinaux etc si c est pour ne pas faire vraiment exister les sujets qui regardent la t l vision en y passant tant de temps La famille serait elle le r gne du pur divertissement pascalien autrefois concentr sur le roi et aujourd hui tendue chacun La r ponse est ailleurs Si ce n est pas l existen ce subjective de l autre qui pr occupe cette famille c est parce que rien ne pr occupe cette famille dans la mesure o elle n est elle m me qu un leurre Une invention comme dans L invention de Morel ce roman du grand ami de Borg s Bioy Casar s o des images d habitants sont projet es destination de visiteurs dans 50 un paysage vide Un pur simulacre susceptible comme tel aussi que Lucr ce l analysait d j le livre quatri me De Natura rerum de produir
36. e Le premier date de1995 il a t remis au Conseil Sup rieur de l Audiovisuel par Sophie Jehel et Divina Frau Meig Dans la continuit du pr c dent un second rapport sur l environnement m diatique des jeunes de z ro dix huit ans a t demand en 2002 par S gol ne Royal au Comit Inter associatif Enfants et M dias CIEM que transmettons nous nos enfants II pr conisait une structuration de la soci t civile une meilleure organisation et coop ration des consommateurs pouvoirs publics associations et des m dias eux m mes en vue d une modifi cation de la place des m dias dans l ducation II exprimait aussi le v u d une r valuation du service public et augmentation des missions ducatives des missions sur l analyse des m dias comme arr t sur image de France 5 des missions o des jeunes s expriment une r flexion sur les horaires de programmation de ces missions etc L ducation aux m dias l am lioration de la formation des enseignants figuraient aussi sur la liste c t de mesures por tant sur le signalement des missions l harmo nisation de la classification appliqu e aux films projet s en salle et de la classification appliqu e la t l vision et la modification des comit s de visionnage En 2003 la Mission d valuation d analyse et de propositions relative aux repr sentations vio lentes la t l vision dans son rapport La vio l
37. e c est justement ce qui rend ces ana lyses inad quates aujourd hui la violence chez les jeunes se manifeste sans que l on puisse lui assigner un sens s its La prise de conscience d un changement remon te en France aux ann es quatre vingt et aux tats Unis aux ann es soixante dix L ouvrage de Judith Lazar La violence des jeunes dresse une liste de faits qui manifestent ce changement de nature de la violence Outre l abaissement de l ge des auteurs de violences elle note par exemple la banalisation du racket et du vandalis me l apparition de jeux autodestructeurs ou agressifs tel le jeu dit du CRS qui consiste frapper une victime choisie au hasard dans une cour de r cr ation Cet inventaire apporte un enseignement d importance la violence des jeunes s exerce principalement contre des jeunes qu ils soient agress s physiquement ou dans leurs biens et leur cadre de vie Beaucoup de ces comportements rel vent de la barbarie au sens pr cis que lui donne Corn lius Castoriadis des formes d avilissement de l tre humain qui font voler en clats les rapports institu s par la civili sation entre les hommes La victime de l acte barbare n est pas seulement alors l individu qui le subit l autre victime est l acquis historique repr sent par une forme d organisation une ins titution des formes r gul es de rapports interin dividuels Une micro barbarie semble l uvre d
38. e ce type d missions L article du Monde du 13 mars 2004 intitul Le succ s de la t l r alit dans les pays arabes provoque la col re des islamistes confirme ainsi l extraordi naire popularit des programmes de t l r alit sur les cha nes satellitaires arabes et r v le qu l occasion de Star Academy LBC une importante cha ne satellitaire d origine libanaise diffus e dans tous les pays arabes aurait enregistr pr s de 70 millions sic d appels surtax s provenant des 22 pays arabes se demander devant ce chiffre faire r ver nos directeurs de pro grammes si la Star Academy ne permettrait pas la constitution d une nouvelle Oumma nation musulmane Cette perspective semble avoir en tout cas suffisamment affol les islamistes du Golfe puisqu force de manifestations ils ont r ussi faire arr ter au bout d une semaine Al Ra s le Loft Story bahre nien 60 La t l vision et l acc s au discours Un rappel pour commencer les chiffres que j ai donn s en note propos de la multiplication des postes de la t l vision dans les foyers chaque enfant sa t l concernent les enfants de 0 3 ans C est dire que la t l vision introduit une nouveaut anthropologique consid rable d sor mais les petits d homme se retrouvent tr s sou vent devant l cran avant m me de parler Certes on peut ais ment comprendre pourquoi c est le
39. e des sensations chez celui qui les per oit Ces inventions ces simulacres sont en fait produits par une industrie culturelle qui comme toute industrie cherche avant tout d gager des profits La famille et toute sa soupe affective que les t l spectateurs boivent jusqu la lie c est dire jusqu aux missions poubelle n est en fait qu un leurre un leurre derri re lequel se cache la seule r alit consistante l audience une audience fid lis e par le simulacre qui se mesure se d coupe en parts afin de pouvoir se vendre et de s acheter sur le March des indus tries culturelles S il restait un esprit assez na f pour croire que la qualit des missions entre en ligne de compte dans la programmation il risque fort de d chanter d s la premi re investigation En fait seule compte l audience car c est uni quement cela qui influe sur les affaires s rieuses le prix des espaces publicitaires Qu on ne voie dans ce propos nul mauvais proc s je me contente de r p ter la r gle que le directeur des programmes de TF1 enseignant Dauphine et la Sorbonne a nonc l usage des apprentis programmateurs Il est inutile d augmenter les co ts pour provoquer un programme meilleur que celui qu on diffuse si vous avez d j la meilleure audience Je n pilogue pas chacun conna t aujourd hui les propos tristement c l bres par leur cynisme cru tenus l origine en peti
40. e entendu par l autre changes de mati res corporelles sein f ces 33 Sur ces points voir E BENVENISTE Probl mes de linguistique g n rale Paris Gallimard 1966 chap V 34 Rappelons que temps et espace sont les cat gories a priori de la sen sibilit chez Kant constitutives du rapport au monde c est dire de l vidence partir de laquelle le sujet s installe comme tel _73 parlant et en s adressant ses cong n res par tir de ce point en leur envoyant des signes sup pos s repr senter quelque chose je dis bien suppos s car rien n indique que ces signes r f rent bien des choses ou des faits r els L homme ne se prive pas en effet d inventer ce qu il appelle la r alit La fonction symbolique peut d s lors se repr senter tr s simplement pour y acc der il faut et il suffit de faire sien et d int grer un syst me o je pr sent parle tu co pr sent propos de il absent c est dire ce qui est re pr senter J y insiste donc ce syst me garantissant l acc s la fonction symbolique et de l certaine int grit psychique minimale s acquiert essentielle ment par le truchement du discours les parents les proches parlent l enfant s adressent lui et progressivement se met en place la fonction symbolique Ainsi se transmet de g n ration en g n ration le don de parole l aptitude humaine parler de sorte que celu
41. e les th o ries qui ont tent de rendre compte avec rigueur de cette influence sont inutiles elles ne perdent rien tre replac es dans un questionnement plus large sur les caract ristiques de la culture contemporaine o s ins rent les probl mes de l ducation Un autre changement qui ne para t pas directement connect aux probl mes de la violence et des m dias doit tre pris en compte le remaniement du rapport entre les ges de la vie et l apparition d une immaturit adulte Entre l hypoth se d une totale innocuit du loi sir qu ils repr sentent et l hypoth se oppos e d une influence directe sur les comportements n y a t il pas de place pour une interrogation sur un rapport entre jeunesse et violence institu par notre culture et r fract par les m dias Pour tablir de fa on objective une relation entre m dias et violence l administration a r guli re ment recouru des rapports sur l influence de la violence t l visuelle Chaque rapport repr sente h las en m me temps qu une somme impres sionnante d informations une nouvelle occasion pour ses d tracteurs de d noncer l insuffisance des preuves l incertitude des conclusions Pour s en tenir aux exemples les plus r cents depuis une dizaine d ann es trois rapports ont t suscit s par le probl me de la violence m diatique Tous trois pr conisent des mesures visant corriger ou contr ler cette influenc
42. e renvoie souvent la publicit commerciale il salit il g ne l adulte etc laissent penser que l enfant est en fait d valoris voire objet d un certain rejet et que l enfant moderne de la soci t pu rocen tr e est en train de dispara tre sous nos yeux Pour Jean Jacques Rousseau par exemple le respect de l enfant et de son d veloppement principe qui a donn lieu de nombreux contre sens impliquait une vigilance de tous les ins tants un effort permanent d ajustement ses capacit s r elles Le plus dangereux intervalle de la vie humaine est celui de la naissance l ge de douze ans Il faudrait que les enfants ne fissent rien de leur me jusqu ce qu elle e t toutes ses facult s car il est impossible qu elle aper oive le flambeau que vous lui pr sentez tandis qu elle est aveugle et qu elle suive dans l immense plaine des id es une route que la rai son y trace si l g rement pour les meilleurs yeux Les instaurateurs de l cole r publicaine pensaient au fond la m me chose quand ils concevaient l cole comme un lieu adapt la sp cificit de l enfant L on assiste aujourd hui un brouillage des ges de la vie tel que les conditions ne sont plus r unies pour assurer la p rennit des positions _31 respectives d enfant et d adulte Il est demand au premier de s assumer lui m me et de n tre pas un fardeau m me si cette demande
43. e se d fendre Un paradoxe est inh rent au projet de l ducation aux m dias en chargeant l institution scolaire de r gler le pro bl me du rapport de l enfant la t l vision on accepte implicitement de laisser d river cette derni re Alors il faut se souvenir de l avertisse ment de L o Strauss lorsqu il d clare que dans le domaine de l esprit le fait d adopter une pos ture d fensive ressemble au fait de reconna tre sa d faite 29 Une culture de l immaturit La probl matique de la protection de l enfance ne ferait elle pas retour alors m me que non seulement la pens e ducative mais encore l ensemble de la culture dans son rapport l en fance a suivi un chemin inverse d truisant le statuts r ciproques de l enfant et de l adulte Les tentatives d sesp r es de maintenir les conditions d une ducation ne se heurteraient elles pas une incapacit plus globale de notre culture le faire Une telle supposition invite d centrer compl tement le point de vue diriger l attention moins vers le probl me du rapport de la jeunesse aux m dias que vers le monde adul te qui lui propose cet environnement Un premier constat s impose au sujet de ce monde en d pit des avertissements r p t s et des efforts p da gogiques effectu s l exposition de l enfant la violence est globalement accept e par l opinion comme le sont les justifications des respon sables des
44. e vivre en paix avec l ensemble de leur environnement audiovisuel celui des jeunes Et pour y parvenir l ducation aux images doit donner la parole aux 2 Dany Robert Dufour est professeur en Sciences de l ducation Paris 8 directeur de programme au Coll ge International de Philosophie Dernier ouvrage paru On ach ve bien les hommes Deno l Paris 2005 3 Rapport command par M Aillagon ministre de la Culture et remis le 14 novembre 2002 par la philosophe Blandine Kriegel la suite d une s rie d auditions de personnalit s comp tentes disponible sur http www culture fr culture actualites communiq aillagon rapportBK pdf 39 enfants se mettre leur coute les inviter don ner du sens aux images qu ils voient et les inciter cr er les leurs et l auteur d voquer ici des missions comme Loft Story De telles divergences entre personnes inform es incitent penser que la question m riterait d tre pos e autrement Et de fait tant qu on essaiera de d montrer qu il existe un lien direct entre la perception de la violence la t l vision et la violence r elle des adolescents on rencontrera quelqu un pour r pliquer que l enfant ne confond pas la fiction et la r alit et encore un autre pour s merveiller des possibilit s p dagogiques de l instrument En bref il y aura toujours un socio logue pour consid rer le monde comme tant r gi par des lois simples de physique s
45. ement exportables la violence n a pas besoin de sous titrage la r cente t l r alit se caract rise elle aussi par son moindre co t Paradoxalement cette situation peut mener consid rer que sous couvert de libre change il existe une redoutable censure sur la production et une entrave la cr ation Si le pacte social est menac par la promotion de l agressivit il convient de militer pour une prise de conscience du corps social des parents des diffuseurs m mes C est l attitude de Karl Popper et James Condry auteurs de La t l vision un danger pour la d mocratie 1993 lorsqu ils d noncent le syst me de valeur v hicul par le flux t l visuel autant que par certaines missions en particulier et montrent qu il entre en contra diction tant avec les objectifs officiels de l cole qu avec ce qui est demand au citoyen d une soci t d mocratique L ouvrage r clame le contr le de la t l vision par l tat ce qui consti tue bien entendu son aspect le plus provocateur et le plus discut Au reproche de sombrer dans l autoritarisme les auteurs r pondent que l aban don de l ducation menace plus s rement la d mocratie et la libert que ne peut le faire le contr le de la t l vision 23 Angoisse de l enfant modification de la subjectivit Bien avant que le probl me ne se pr sente avec le visage de la violence Liliane Lur at a pressen ti que cette influence
46. ence la t l vision a t plus loin en insistant sur l intervention de l Etat et sur l articulation entre contr le et d mocratie Parmi ses proposi tions on retrouve l id e de r organiser les com 7 missions de classification en y faisant figurer des repr sentants des droits des enfants le renforce ment des missions du CSA l am lioration de la quantit et de la qualit des missions duca tives assortie d exigences concernant les heures de programmation ou encore l ducation aux m dias Il se distingue par l importance qu il accorde la r flexion sur la violence sexuelle et la pornographie dont la place n a cess de cro tre dans les programmes il recommande le double cryptage de la pornographie l interdiction de faire figurer les cha nes pornographiques dans les bouquets d abonnements la cr ation d ins tances nouvelles telles qu une commission d valuation de la violence des comit s de contact consultatif avec les associations Enfin y est mise l id e d une charte de d ontologie des cha nes t l vis es et d une information aux parents concernant les risques de certaines missions En face de ces diverses propositions le discours des producteurs diffuseurs annonceurs et d un grand nombre de t l spectateurs ou utilisateurs des m dias est toujours le m me ils invoquent l interdit d interdire l autonomie des citoyens et m me des enfants la distinction de
47. est en m me temps le meilleur ami de la famille pour les vrais parents constitue en somme le vecteur qui permet d abouter aux restes de la famille r elle une nouvelle famille virtuelle De sorte que se trouvent consid rablement modifi s les contours de ce qu on appelle aujourd hui la famille Cette extension virtuelle de la famille s est d autant mieux facilement impos e que la propagation des postes de t l vision s est r pandue dans tout l espace priv en plus du poste tr nant au centre du foyer dans le salon comme il y a une g n ration on en trouve d sormais jusque dans les chambres des enfants La d mocratie faisant de chacun fut il enfant infans un sujet autonome s est donc immisc e dans l espace familial par le biais de la t l vision en annihilant les anciens rituels familiaux Par exemple il n y a seulement qu une g n ration il fallait bien supposer une sorte de tribunal fami lial certes plus ou moins d sinvolte mais tenu d entendre les parties et les arguments en cause avant de juger et de d cider ventuellement l emporte pi ce du programme qu il tait bon de choisir et qui pouvait le regarder Aujourd hui la t l vision dans chaque chambre permet de 8 En Europe entre 1 3 et 2 3 des enfants ont d sormais la t l vision dans leur chambre selon les pays et les milieux sociaux pr s de 75 dans les milieux d favoris s en Angleterre noter que ces chiffres s
48. est sou vent pr sent e sous l aspect de la d fense des droits de l enfant et de son autonomie L adulte en revanche est volontiers immature Jean Pierre Boutinet a pu intituler un ouvrage r cent l immaturit de la vie adulte qui montre l en tr e en crise des id aux de responsabilit et de stabilit caract ristiques d une vision tradition nelle de la vie adulte fissur e d s les ann es soixante Cette crise se manifeste dans les consciences par un rejet de ce qui est achev et immobile ce qui implique le d sir de rester jeune Allant plus loin Jean Pierre Boutinet utilise le terme d escamotage pour caract riser le sort fait l id al adulte au profit d une jeunesse n ot ne conserver le plus longtemps possible et d une vieillesse sereine anticiper le moment venu Ce ph nom ne est corr l aux transfor mations du monde du travail qui ont d stabilis les anciennes positions sociales ou encore au d veloppement technologique qui donne facile ment l individu adulte un sentiment d inadapta tion et le transforme en ternel apprenant Mais ne doit on pas ajouter que le rapport adul te la sexualit et la violence est lui aussi affec t par cette crise L attirance pour le spectacle de la violence de la pornographie et de la per version est d abord un ph nom ne adulte l ad jectif adulte est d ailleurs utilis pour classer ces produits dans
49. foyers proximit Mais c est assez souvent tant donn l allongement de la dur e de vie la coexistence possible de quatre g n rations C est parfois aussi tant donn la fr quence des divorces et des recompositions gt plusieurs familles intriqu es et clat es en plusieurs foyers autonomes entre lesquels les enfants circulent C est enfin dans un nombre important de cas une famille r duite la portion congrue soit ce qu on appelle la famille monoparentale Je ne m attarde pas ces traits sachant qu ils ont d j t tudi s Ce que j en retiens c est l indivi dualisation la privatisation et la pluralisa tion de la famille issues de la d sarticulation in dite des liens de conjugalit et des liens de filiation Certains auteurs voquent m me une d sinstitutionnalisation de la famille qui serait rattacher la chute des relations d autorit dans la famille et la mont e de relations d ga lit Ce ph nom ne serait mettre en relation avec l galisation rep r e d s Tocqueville des conditions de vie et des droits des individus d mocratiques qui conduit ceux ci se voir gaux en toute circonstance Homme femme p re m re parent enfant ces grandes diff ren ces autrefois instituantes de r les sp cifiques et de relations de dominance s estompent aujour d hui en affaiblissant du m me pas les structures familiales classiques Si la famille ne fo
50. gation en suivant l id e qu il y a probablement autant d ali nation d couvrir dans les nouvelles famil les virtuelles d aujourd hui que dans les familles oedipiennes d autrefois Celles ci furent d cou vertes comme le foyer privil gi de formations des diff rentes formes de n vrose celles l devraient tre consid r es comme porteuses de nouvelles formes de subjectivation incertaine 21 Le caract re de ces personnalit s semble bien tre l absence de jeu dans l identification comme celui qui est permis par l inversion de la gauche et de la droite On n observe aucun d sordre en surface et souvent une grande continuit discursive Mais d s qu un trauma tisme vient branler l difice ce n est pas un sympt me qui se manifeste comme chez le n vros mais le d lire le plus d brid 22 Avec un peu de malice on pourrait dire que les puissantes reconfi gurations subjectives produites par une t l vou e ce type d missions devraient logiquement inciter les responsables occi dentaux d sireux d imposer la d mocratie de march aux popula tions islamiques r calcitrantes diffuser beaucoup plus d mis sions du type Big Brother plut t que de se livrer aux tr s co teuses et tr s al atoires op rations d envoi et d utilisation de nom breuses troupes comme en Irak L op ration semble avoir d autant plus de chances de r ussir que ces populations paraissent forte ment demandeuses d
51. i qui l on s adresse puisse son tour s identifier dans le temps maintenant dans l espace ici comme soi je et partir de ces rep res convoquer dans son discours le reste du monde C est cette essentielle transmission g n ration nelle du bien humain le plus pr cieux entre tous le discours que la t l vision peut ventuellement mettre en p ril Pourquoi Parce que sa grande diff rence avec le discours de face face c est qu elle fonctionne comme m dium non adress Cependant qu elle mime sans cesse le discours adress elle n interpelle pas et elle n oblige pas r pondre Elle chappe ainsi l obligation sym 35 Dans D R DUFOUR Les myst res de la trinit Gallimard Paris 1990 je propose de consid rer ce triangle je tu et il comme la configura tion de base de la symbolisation _74 bolique fondamentale de la r ciprocit tablis sant que quand l un a parl l autre doit lui r pon dre Combien voit on d ailleurs de t l visions allum es dans les foyers qui parlent toute seu les Et ce n est pas le tapez 1 pour Loanna qui me semble avoir r tabli le minimum d inter activit s n cessaires La t l reste fondamenta lement un m dium non adress M me si elle ne cesse de solliciter parfois jusqu au harc lement les t l spectateurs cette interpellation reste tout fait rh torique puisqu il n y a pas de voie de voix de retour dans le
52. id o c est de dire que cela ne lui ressemble pas En bref il ne se reconna t pas Il ne rencontre pas cette intime adh sion de soi soi autoris e par la confusion de la droite et de la gauche comme dans le miroir Ce sont les autres qui le reconnaissent Dans ce stade du miroir audiovisuel tant recherch aujourd hui on peut donc dire que ce sont les autres qui me disent me dictent qui et ce que je suis Je me vois la cam ra comme les autres me voient Je me vois comme un autre parmi d autres un autre que je dois g rer de fa on finalement impersonnelle comme si c tait moi Si chaque technologie apporte sa perversion propre il me semble qu on n a pas assez abord les troubles dans la constitution subjective que l usage de la t l vision en famille permet On devrait cependant car tant donn l extension de ce m dium il s ensuit de s rieuses cons quences pour le lien social dont nous n avons probablement jusqu aujourd hui encore per u 59 que des pr mices En tout cas les personnalit s as if ou comme si produites par cette famille autrefois rep r es par H l ne Deutsch qui int ressaient d ailleurs beaucoup Lacan aujourd hui d nomm es psychoses blanches psychoses froides ou tats limite sem blent promises un bel avenir Ceci ne constitue bien s r qu un premier rep ra ge Il y aurait conduire plus loin l investi
53. ille vir tuelle venue s adjoindre la pr c dente Pour prendre la v ritable mesure de la famille aujour d hui dans la formation de l enfant et de l adoles cent il faudrait tenir compte de ce que des tudes nord am ricaines appellent depuis long temps d j le troisi me parent la t l vision Il ne me semble pas qu on devrait aujourd hui consid rer cette expression comme une simple 7 L expression figure d ailleurs dans le Rapport remis Monsieur le Pr sident du S nat le 26 juin 2002 par la commission d enqu te sur La d linquance des mineurs cr e en vertu d une r solution adop t e par le S nat le 12 f vrier 2002 Pr sident M Jean Pierre SCHOS TECK Rapporteur M Jean Claude CARLE La t l vision a p n tr un tel point la vie des familles et joue un tel r le dans le quotidien des enfants qu on peut sans exag rer parler de troisi me parent pour la d signer Chapitre Il 1 La famille une institution rel gu e partie d Les m dias On peut trouver ce rapport sur http www senat fr rap r01 340 1 r01 340 10 html 43 m taphore tant ce troisi me parent occupe sou vent une place plus importante que les deux pre miers Or ce nouveau parent am ne avec lui dans l espace d sormais d sinstitutionnalis de l ancienne famille sa propre famille qui pour tre virtuelle nen est pas moins envahissante Ce troisi me parent pour les enfants qui
54. iolence des jeunes en tant que ph nom ne per u et th oris par des adultes Il faut s interro ger aussi sur la nature de la violence t l visuelle et sur les analyses qui tentent d clairer son influence sur les comportements Ceci afin de sortir du cadre restrictif impos par cette notion d influence qui suppose un face face de l en fant et des m dias Ainsi entre l enfant et les messages qu il re oit se trouve une attente des adultes qui souhaitent que l enfant soit autonome et apprenne g rer lui m me sa consommation m diatique comme ses motions Cette repr sentation doit tre interrog e Enfin au del de cette d finition de l enfant autonome le probl me central ne serait il pas la d finition m me de la jeunesse que notre soci t promeut travers les diff rents m dias dans la mesure o elle l associe un certain rapport au corps et la violence La r alit de la violence des jeunes L augmentation de la violence des jeunes a long temps t minimis e voire d ni e Cette d n gation a laiss r cemment la place une impor tante mise en sc ne m diatique qui a culmin lors de la derni re campagne pr sidentielle Cette amplification emp che de voir ce qui est v ritablement important le fait que les explica tions traditionnelles de la d linquance s av rent aujourd hui inad quates pour rendre compte des caract ristiques propres la violence contempo
55. ivit humaine Je crois donc qu il faut associer deux proposi tions Ce n est pas l existence subjective de l indivi du mais des parts de march qui pr occupent cette industrie culturelle Il est cependant probable que le fait d avoir d sormais vivre dans cette famille ne soit pas sans effet sur les modalit s de subjectivation Il est cet gard remarquable de constater qu il existait jusqu r cemment une conomie des biens mat riels et une conomie des biens spiri tuels La premi re visait la production de riches ses et la seconde l institution des personnes Chacune de ces deux conomies avait ses lois et ses corps de m tiers propres ici des entrepreneurs pour produire selon les lois du March des biens mat riels et l des clercs religieux ou la cs pour produire selon des valeurs transcendantes trans cendantales ou morales des biens spirituels Or 15 Je pose ici une diff rence entre une conomie des biens mat riels et une conomie des personnes reprise du livre de Fan ois FLA HAULT Pourquoi limiter l expansion du capitalisme Descartes amp Cie Paris 2003 53 nous assistons avec la fantastique mont e en puissance de ces industries culturelles un ajuste ment des lois de l institution des personnes sur les lois du March L industrie culturelle ayant pris la rel ve des clercs ceux ci intellectuels profes seurs pr cepteurs litt rateurs b
56. l enfant face au remue m nage de la s paration conjugale Genevi ve Monnoye avec la partici pation de B n dicte Gennart Philippe Kinoo Patricia Laloire Fran oise Mulkay Ga lle Renault 82 para tre De la honte qui tue la honte qui sauve Serge Tisseron L avenir de la haine Jean Pierre Lebrun puis s mais disponibles sur www yapaka be 83 84
57. la t l vision sur les enfants et les adolescents il me semble donc indispensable de passer d un niveau d analyse purement sociologique un discours susceptible de prendre en compte la psycho socio s miog n se des sujets parlants Il s agit en somme de faire l hypoth se que la transmission du don de parole dans l esp ce puisse tre alt r e par le fait que les petits d homme se retrouvent brusquement devant l cran s adressant tous et personne en par ticulier avant m me de parler 66 Les rapports texte image Fahrenheit 451 montrait une soci t o la t l vi sion avait pris toute la place au d triment des livres Or il faut se garder de tout jugement h tif tout simplement parce que l autodaf des livres l o il existe la t l vision n est probablement pas in luctable II vaut mieux donc se d placer vers la vraie question pos e par Fahrenheit 451 qui me semble un peu plus subtile Derri re l op position du livre et de la t l vision le vrai probl me ce sont en fait les relations entre le texte et l image Consid rons donc ce rapport Tout d abord notons que l exposition massive l image t l visuelle d route le sens s culaire des rapports texte image Avant l envahissement des rapports g n rationnels par la t l vision il exis tait bien s r des images mais l initiation la pra tique symbolique partait du texte partir de quoi taient inf r es de
58. la violence r elle et de la violence fictive En cons quence les associations et les commissaires qui en appellent l thique sont soup onn s de vouloir faire r gner un nouvel ordre moral Il faut souli gner que le caract re labile des crit res permet tant de juger de la nocivit des m dias l absen ce de preuve de leur influence sont aussi en amont l origine de l inefficacit de la loi exis tante Par exemple la Directive Europ enne T l vision sans fronti res stipule que les Etats doivent prendre des mesures appropri es pour viter les programmes susceptibles de nuire gravement l panouissement physique mental ou moral des mineurs De son c t le Code p nal pr cise que doit tre puni d emprisonne ment et d amende le fait de fabriquer de trans porter de diffuser par quelque moyen que ce soit et quel qu en soit le support un message carac t re violent ou pornographique ou de nature porter gravement atteinte la dignit humaine soit de faire commerce d un tel message Mais en l absence d atteinte physique l individu on peut contester le pr judice subi par les jeunes t l spectateurs et se pr valoir de la libert d ex pression elle aussi pr vue par la loi pour diffuser ces messages Nous nous trouvons ainsi devant un v ritable blocage Face cette paralysie il faut reprendre les l ments du probl me commencer par la v
59. ligne du pro gramme veut envisager la maltraitance comme issue de situa tions de souffrance et de difficult plut t que de malveillance ou de perversion D s lors elle poursuit comme objectifs de redonner confiance aux parents les encourager les inviter s appuyer sur la famille les amis et leur rappeler que si n ces saire des professionnels sont leur disposition pour les couter les aider dans leur r le de parents Les parents sont galement invit s appr hender le d calage qu il peut exister entre leur monde et celui de leurs enfants En prendre conscience marquer un temps d arr t trouver des mani res de prendre du recul et de partager ses questions est d j une premi re tape pour viter de basculer vers une situa tion de maltraitance La th matique est chaque fois reprise dans son contexte et s ap puie sur la confiance dans les intervenants et dans les adultes charg s du bien tre de l enfant Plut t que de se focaliser sur la maltraitance il s agit de promouvoir la bienveillance la construction du lien au sein de la famille et dans l espace social tissage permanent o chacun parent professionnel ou citoyen a un r le jouer Ce livret ainsi que tous les documents du programme sont dis ponibles sur le site Internet yapaka be 8t Temps d Arr t Une collection de textes courts dans le domaine de la petite enfance Une invitation marquer une pau
60. m dias C est peut tre alors sur les mentalit s adultes davantage que sur celles des jeunes qu il faudrait s interroger Les m dias ne r v leraient ils pas en fait une certaine norme inavou e une image de la jeunesse de ce qu el le est et de ce qui est cens lui convenir N inviteraient ils pas implicitement les jeunes se conformer ce mod le Au lieu de consid rer les m dias comme cause d un certain nombre d effets les m dias eux m mes peuvent tre consid r s comme les effets d une cause plus profonde comme des r v lateurs de mentalit s Si l on consid re que les m dias peuvent refl ter des valeurs majori taires du monde adulte la culture contempo raine vue travers ce filtre appara t comme une culture de l immaturit 30 On peut l appr hender tout d abord travers une curieuse contradiction d une part l enfant est tr s valoris dans le discours de la soci t contemporaine par exemple dans le discours p dagogique et la notion controvers e d enfant au centre de l cole Les adultes semblent alors investis d une responsabilit maximale qui peut mener l hyper protection comme le mon trent certaines affaires de p dophilie Cependant d autre indices comme la tol rance envers l ex position la violence une certaine indiff rence envers les conditions r elles de l ducation ou encore l image n gative de l enfant qu
61. mes Le temps du soup on critique et de la mise en question de tout id al de transparence est r volu longueur d missions les secrets de famille les mieux gard s sont tous vent s aucun ne r siste aux grands d ballages Sous le soleil de Big Brother 48 chacun doit tout dire tous M me les adoles cents et les jeunes adultes en passent par l maintenant par le confessionnal de Loft Story ou de Star Academy La nouveaut de ces mis sions qui nous rapproche encore de Fahrenheit 451 o les murs parlants sont interactifs c est que cette famille le t l spectateur peut d sor mais la composer son gr par exemple en tapant 1 s il veut se soutenir Loanna ou 2 s il veut loigner lodie On pourrait se demander apr s tout pourquoi pas cette virtualisation des rapports familiaux N est ce pas l le cours m me de l histoire qui fait que tout volue De sorte qu il n y aurait aucune raison de porter un jugement d pr ciatif sur la p riode actuelle surtout si c est pour mieux valoriser celle qui n existe plus D ailleurs le temps o l on touffait dans les familles r elles n est pas si loin Le fameux famille je vous hais de Gide repris par les tudiants de 68 ne remonte qu une ou deux g n rations En ce sens ne faut il pas mieux une famille virtuelle qu une vraie famille sachant que quand on en est vraiment fatigu il suffit de tourner le bouton san
62. miroir classique je m identifie moi m me l erreur pr s de la gauche et de la droite Si je me rendais compte que le type en face de moi l ve son bras gauche l o moi je l ve mon bras droit je ne le prendrais pas pour moi et c en serait fini de l adh sion intime de moi moi prouv e au miroir Pour que ce type soit moi il faut donc que je ne sache rien des espa ces orient s et que je m lange all grement la gauche et la droite Dans le stade du miroir clas sique je suis en somme fa onn sur une erreur une erreur n cessaire qui comme le dit Lacan _ 58 dans Le stade du miroir inscrit toute la vie dans une ligne de fiction De l vient probable ment le fait que je ne pourrai jamais tout dire sur moi puisqu au fond de la certitude qui me constitue comme tel il y a une erreur Quant la cam ra on aura probablement remar qu qu elle n inverse pas la gauche et la droite sinon on verrait l envers les titres des romans que pr sentent Guillaume Durand dans les mis sions litt raires Si donc tout bon miroir inverse la gauche et la droite alors qu aucune cam ra ne le fait comment fais je pour me reconna tre dans mon intimit lorsque je passe de regardant regard de devant le poste dans le poste La r ponse est simple ce n est pas moi qui me reconna t ce sont les autres On sait en effet que la r action initiale de quelqu un qui se voit pour la premi re fois en v
63. n qui manifes te une in galit dans les conditions de travail Or ce ne sont pas les professeurs ni les moyens qui font la diff rence c est avant tout la violence qui y r gne l atmosph re de violence plut t Cette violence n est pas toujours physique elle peut tre verbale virtuelle feinte ou r sider dans des comportements que l on qualifie d incivils Ces comportements r v lent un changement essentiel les signes de la violence un style vio lent sont devenus la norme des rapports sociaux 1 Dominique Ottavi est ma tre de conf rences en Sciences de l ducation l Universit de Paris 8 elle a notamment publi avec Marie Claude Blais et Marcel Gauchet Pour une philosophie politique de l ducation six questions d aujourd hui Paris Bayard 2002 Dans quelle mesure la t l vision et les m dias en g n ral en sont ils responsables Cette question est g n ralement abord e partir de la probl matique de la preuve on cherche tablir des certitudes concernant cette influence Or cette approche fait obstacle la prise en compte d un fait majeur le bouleversement des conditions de l ducation de l enfance et de la jeunesse donc les m dias sont un l ment L environnement ducatif de l enfant est le v ritable probl me que n gligent les d bats qui s puisent dans les arguments contradictoires au sujet du r le des m dias Ceci ne revient pas dire qu
64. nctionne plus selon une distribution n cessaire de r les marqu s elle tend alors en effet se d sinstitu 6 Par exemple cf L ROUSSEL La famille incertaine Odile Jacob Paris 1992 et I THERY Couple filiation et parent aujourd hui Le droit face aux mutations de la vie priv e Odile Jacob La Documentation fran aise Paris 1998 _42 tionnaliser ce qui n implique pas la disparition de la famille mais sa banalisation de groupe struc tur par des p les et des r les la famille devient un simple groupement fonctionnel d int r ts conomico affectifs chacun peut vaquer ses occupations propres sans qu il s ensuive des droits et des devoirs sp cifiques pour personne Ce qui se solde par la fin des rituels familiaux classiques et par la fin de l organisation hi rar chis e de l espace temps familial De fa on pra tique cela signifie par exemple que chacun p re m re ou enfants ira grappiller dans le r fri g rateur de quoi se sustenter aux heures o il lui faudra apaiser sa faim avant de retourner dans sa chambre devant la t l ou la vid o sans en pas ser par le rituel commun du repas Ces aspects sont d j connus mais ce qui l est moins ce sont les modifications introduites par l usage de la t l vision dans cet espace La t l vision change en effet les contours de la famille en affaiblissant encore le r le d j r duit de la famille r elle et en cr ant une sorte de fam
65. ne r sidait pas tant dans l incitation ou la transmission de contenus contestables que dans la perturbation d aspects fondamentaux de l ducation dans la transfor mation de l int riorit m me de l enfant Ses entretiens avec des l ves d cole primaire mon trent leur d sarroi devant des notions aussi fon damentales que par exemple la vie et la mort Les entretiens font appara tre qu il y a confusion entre mort passag re des dessins anim s et des jeux et mort r elle dans un contexte social de silence des adultes ce sujet et de refoulement de la mort Ils montrent aussi qu il y a facilement confusion de l information et de la fiction quand les enfants ne connaissent pas le contenu de l in formation S ils sont concern s pays d origine exp rience ils font la diff rence Par ailleurs les enfants parlent facilement du spectacle de la mort et de la violence et en redemandent Ils m morisent des s quences violentes non reli es un contexte Liliane Lur at note le contraste entre l excitation motionnelle et l absence de compassion pour elle ces repr sentations ne conduisent pas l ducation du sentiment Il se d gage de ces entretiens l id e surprenante de degr s dans la mort tr s mort bless s cit s parmi les morts blessure maladie m lang es avec la mort parce que rang e aussi du c t de h pital une absence de certitudes qui per met de d nier la valeur de
66. nt l appareil psychique L image externe deviendra alors une sorte de branchement plus ou moins about aux images internes aux phan tasmes souvent des images de toute puissance ou de toute impuissance qui hantent l appareil psychique Des phantasmes dont la clef est d rob e celui l m me qui en est le porteur Ces images peuvent donc assaillir celui qui les per oit sans se fixer ni s encha ner dans un pro cessus cumulatif ma trisable et g n rer des bouts de s quences hallucin es Elles ne peu vent en somme que revenir de fa on r p titive pour placer le sujet sous leur d pendance D une part elles ne peuvent pas tre objectiv es ce qui 11 signifie qu elles n ouvrent pas sur une proc dure d bouchant sur un savoir d autre part elles investissent toute image ext rieure qui leur est donn e de sorte qu elles se constituent en une sorte d cran c est le cas de le dire qui s inter pose entre le sujet et la r alit qui lui parvient Le pronostic est imparable toute vie sociale en tant que n cessairement m diatis e par le dis cours sera difficile ces enfants de la t l commencer par l cole N tant pas vraiment entrer dans le discours ils ne pourront que tr s difficilement prendre leur place dans le fil du dis cours qui distribue chacun a sa place C est pourtant beaucoup de ces enfants que l cole a pour t che aujourd hui de faire rentrer dans le fil
67. ntes conscientes ou inconscientes qui hantent l appareil psychique La caract ristique de ces images est qu elles ont perdu leur arrima ge un texte qui d s lors ne peut plus figurer que comme texte perdu ou censur on se souvient de la d finition de Lacan qui utilisait un terme connotant le texte pour d finir le refoule ment comme ce chapitre censur de mon his toire Comme le texte de ce phantasme est 31 FREUD L Inconscient 1915 in uvres Compl tes XIII PUF Paris 1988 p 234 et sq 70 d rob celui l m me qui en est le porteur ces images reviennent au sujet de fa on r p titive ou intrusive sans se fixer ni s encha ner dans un processus cumulatif Et toute image ext rieure peut alors venir entretenir le phantasme en s aboutant compulsivement lui dans des s quences sans texte Il n est qu une seule issue pour chapper au trouage du punctum ou la d liaison du phan tasme c est de retrouver le texte qui lui corres pond Le texte du phantasme on tente souvent depuis Freud de le retrouver dans ce dispositif discursif tr s sp cial qui s appelle la cure analy tique Et le texte de l image esth tique qui comme punctum avait suspendu les r seaux de signification on tente de le retrouver dans les processus critiques qui interrogent l image de l image il s agit d induire du texte et partir de l de produire toutes sortes de va et vien
68. nts en faveur de l innocuit de cette s rie est qu ils savent ce qu ils voient et qu ils ont la distance critique n cessaire Il n en reste pas moins que se complaire au spectacle r p titif de la pers cu tion de l h ro ne par des monstres en l absence peu pr s totale de sc nario r v le la participa tion une culture qui ne repose m me plus sur l attrait de la transgression puisque les person nages semblent plut t voluer dans l univers de l acte gratuit On peut par ailleurs se demander s il est l gitime d assimiler exposition la violence et exposition la pornographie cette derni re contrairement la premi re vise le plaisir et n a pas pour but la destruction de l autre moins qu elle ne soit s v rement sadomasochiste Rappelons tout d abord que la pornographie est devenue industrielle depuis que Canal a com menc l int grer dans ses programmes en 1984 Un long chemin a t parcouru en peu de temps jusqu la cr ation de cha nes pornogra phiques Contrairement ce que beaucoup croient l acc s la pornographie est facile Denise Stagnara mentionne une tude selon _17 laquelle sur 1324 l ves de coll ge interrog s d une moyenne d ge de 11 ans et 6 mois 52 des filles et 76 des gar ons ont d j vu un film porno Il y a aussi les cassettes dont la circulation est incontr lable et le commerce peu r glement on y a acc s a
69. ociale et pour tablir un rapport entre une cause la vio lence la t l et un effet la violence r elle Et il y aura toujours un p dagogue ou un psycho logue pour d montrer les possibles vertus forma trices de tel ou tel m dium Et pendant qu on argumentera en vain ceux qui d fendent la liber t de diffuser ce que bon leur semble au nom des suppos s go ts du public pourront continuer leur besogne Cette impasse ne d montre au fond qu une chose que la sociologie et la psychologie voire la psychanalyse sont sauf rares exceptions tr s en retard par rapport ce qu il faudrait entre prendre pour penser les effets r els de la t l vi sion sur l enfant et l adolescent Ce n est pourtant pas l une question anecdo tique Depuis cinquante ans que la t l vision 4 Serge TISSERON Rapport Kriegel violence mensonges et poli tique Le Monde Diplomatique Janvier 2001 40 tend constamment son empire dans le monde ce sont les conditions m mes de la socialisation et de la subjectivation qui se trouvent profond ment chang es Transform es m me sans que la sociologie et que la psychologie et la psycha nalyse aient l air de s en tre avis es C est ce retard que nous allons essayer dans cet article non pas de combler la t che serait trop norme mais de r sorber un tant soit peu J aborderai pour ce faire deux aspects que je juge d autant plus importants qu ils
70. onnent du viol l inhibition avec sid ration devant l amour en passant par l irresponsabilit 18 Les analyses de la violence t l visuelle Il faut donc mettre r solument de c t toute dis cussion sur la justification esth tique des mis sions et m me sur leur teneur morale Si dans l absolu tout sans exception peut contribuer la r flexion et la formation de la personne ces discussions ne peuvent qu entra ner dans des querelles byzantines L effet en est de laisser toute latitude aux arguments de ceux qui pr nent l innocuit voire le caract re ducatif de la vio lence et de la pornographie alors que se bana lisent les messages qui font appara tre l tre humain comme une chose au service du caprice pervers d un autre qui le domine Au lieu de sp culer sur les avantages ou inconv nients de la programmation il faut tirer toutes les cons quences de l apparition de la notion d exposi tion la violence Son premier m rite est de d signer le temps pass par les enfants devant la t l vision recevoir des messages con us par l industrie du spectacle comme un changement majeur dans leur vie Au del elle met en vi dence le profond changement intervenu dans l environnement ducatif de l enfant contempo rain ce dernier renvoy aux m dias pour s ins truire et se former y trouve une image de lui m me associ e la violence et la perversion Plut
71. ons l tude quand le Proviseur entra premi re phra se de Madame Bovary il ne viendra pas l id e d aucun lecteur sens de se demander si les per sonnages taient alors bien dans l tude et si le Proviseur y entrait vraiment Il acceptera d em 76 bl e le monde cr m me s il sait que ce dernier n a jamais vraiment exist Ce qui ne veut pas dire que l auteur fait ce qu il veut dans la fiction par exemple il ne peut changer sa guise le nom des personnages il est tenu d observer les lois du monde fut il imaginaire qu il a cr C est cela la fiction un r gime particulier de discours r f rentiel se d veloppant l int rieur du dis cours d bo t par rapport lui Si le sujet n est pas bien fix dans ses rep res symboliques cette sc ne nonciative n existe pas et il ne peut donc rien y convoquer pas plus un monde indiqu qu un monde fictionn dans et par le discours Ce sujet ne pourra alors pas atteindre au second r gime de signification parce que ce second r gime n existe que comme cas particulier du premier Le probl me est donc que si les rep res symbo liques ne sont pas fix s ceux qui permettent d entrer en discours je n acc de pas cette r a lit discursive seconde et je ne per ois pas n cessairement la fiction comme fiction Ce qui me parviendra ce seront alors des images ext rieures qui viendront se fixer sur les images qui hante
72. ou non et que la discussion avec parents souvent pr conis e par les psycho th rapeutes pour pr venir les effets n fastes des m dias si elle introduit une variation ne change pas fondamentalement le probl me Sans vouloir entrer dans le domaine de l explica tion psychologique les auteurs de l enqu te consid rent les conclusions suivantes comme des faits il y a baisse de la culpabilit tendance l imitation l adoption de st r otypes excita tion r action imm diate Ces tendances aug mentent en fonction de la dur e d exposition la t l vision Bien entendu les preuves appor t es par ces travaux ont t contest es d abord au nom du fait que les crit res de s lection des tudes prises en compte ne seraient pas valables Ensuite on peut toujours affirmer qu une corr lation n est pas une relation de cause effet _ 21 Que transmettent les m dias Un autre type d analyse s int resse aux m dias en tant que moyens de transmission de connais sances et de valeurs Il appara t aujourd hui que de nombreux enfants connaissent mieux l institu tion scolaire des tats Unis que celle de la France parce qu ils en ont entendu parler dans des films ou des s ries et surtout ils n ont pas conscience de cette distorsion La fameuse du cation civique restaur e dans le syst me scolaire fran ais depuis 1985 est ainsi efficacement mise mal Il est permis de penser
73. profonde qui serait tar e ce qui ne doit pas beaucoup les aider acc der un jour la responsabilit subjective de leurs actes et elle permet que tout continue comme pr c demment puisqu elle laisse entendre que ce n est nullement le m dium qui est en cause mais certains de ses spectateurs qui devraient prendre leur dose de psychotrope avant l usage Pour sortir de cette impasse faussement scienti fique je propose donc ce d placement mes yeux capital c est bien le m dium qui est en cause mais ce n est pas tant le contenu des images qui incitent la violence que le m dium lui m me quoi qu il diffuse carter la fausse explication par la g n tique ne suffit donc pas il faut en plus en finir avec l id e simpliste parce que m caniste que l enfant imite n cessaire ment ce qu il voit la t l ce que pr supposent presque toutes les tudes sociologiques et en venir une formulation un peu plus exigeante du probl me qui mette en cause le m dium lui m me Pourquoi Parce qu il est n cessaire de conjecturer que l exposition pr matur e et conti nue l image t l visuelle peut ob rer les condi tions de transmission du don de parole de g n ration en g n ration et d individus en individus dans l esp ce Il faut donc prendre en compte les possibles effets perturbateurs de l introduction d une nouvelle technique de communication l m me o pr dominait depuis la nuit des temp
74. pt d industrie culturelle Adorno qui a d velop p une analyse critique de la Kulturindustrie conservant une grande actualit Voir par exemple Theodor W ADORNO Philosophie de la nouvelle musique 1962 Gallimard Paris 1985 p 15 17 _54 tements individuels Dire que nous vivons dans une soci t individualiste est un mensonge patent un leurre extraordinairement faux Nous vivons dans une soci t troupeau comme le comprit et l anticipa Nietzsche Le vrai nom de cette famille serait donc aussi impronon able soit il un troupeau qu il ne s agirait plus que de conduire l o l on veut qu il aille s abreuver et se nourrir c est dire vers des sources claire ment d sign es Je pr cise au passage que la notion de troupeau se trouve d j chez Tocqueville lorsque celui ci indique que la pas sion d mocratique de l galit peut r duire chaque nation n tre plus qu un troupeau d ani maux timides et industrieux d livr s du trouble de penser 5 Il y aurait certainement beaucoup discuter sur l existence ou non d un individualisme contem porain dans nos soci t s mais pour d samorcer sans tarder quelques possibles malentendus il me semble n cessaire de souligner que parler d une soci t troupeau n est nullement incom patible avec le d ploiement d une culture de l go sme rig en r gle de vie comme Stiegler en convient du reste Cette vie
75. raine De m me des th ories plus r centes r v lent une progression dans la sophistication des mani res d luder le probl me plut t qu elles ne l clairent v ritablement D s la fin du XIXe si cle des psychologues ont th oris la crise d adolescence moment in vi table de conflit avec l autorit La psychanalyse a contribu tayer cette notion en soulignant l aspect structurant du conflit psychique lors de la sortie de l enfance violence normale donc malgr des exc s consid r s comme patholo giques Par ailleurs les travaux de l cole socio logique de Chicago d s le d but du XXE si cle ont inaugur les recherches sur les bandes de jeunes lls ont mis en vidence que des facteurs tels que l inadaptation des immigrants les carences ducatives le d s uvrement en milieu urbain engendrent des liens de socialisation parall les et des conduites d linquantes Ce type de recherche a t prolong par la psycho logie sociale telle que celle de Kurt Lewin ou Didier Anzieu en France lorsqu ils ont tent de comprendre comment l attitude individuelle tait modifi e par l appartenance un groupe 410 Ces explications anciennes ont t supplant es r cemment par une autre qui consid re la violence comme une r ponse la violence de l institution scolaire Ce dernier point de vue conduit l gitimer la violence en tant que refus de la contrainte ou de la violence
76. ranchant du discours d mocratique volontiers utilis e par les acteurs des m dias En effet la g n ralisation d un usage impr cis de cette notion en facilite la manipulation Dans le syst me ducatif et dans les instructions officielles de l ducation nationale par exemple l autonomie est sans cesse mise en avant Cependant malgr des sources th oriques pr cises auxquelles on ne se r f re d ailleurs pas toujours explicitement elle demeure une notion floue car elle renvoie la fois la philosophie politique et la psychologie Le mot m me d au tonomie est pourvu d un sens redoutablement syncr tique Une premi re d finition est sans cesse r activ e celle de l autonomie d un sujet moral et rationnel 26 d un point de vue moral l autonomie renvoie tout d abord la notion kantienne de capacit de s imposer soi m me des r gles de conduite l autonomie du vouloir consistant pr f rer lap plication de principes l int r t personnel imm diat D un point de vue intellectuel l autonomie dans le m me cadre de r f rence est une capa cit d ind pendance et de rigueur dans le juge ment en particulier vis vis de la croyance et des pr jug s Cette notion s articule celle d au tonomie du sujet politique de citoyen clair le sujet ainsi constitu peut devenir citoyen de la d mocratie exercer sa responsabilit dans un cadre collectif participer a
77. rapport troubl au d sir la jeunesse et aux ges de la vie puisqu il nie le temps et toute forme d institution du rapport l autre On peut 35 dire avec Lacan que au del de cette vapora tion de tout rep re culturel il y a l instauration d une morale rebours et d un imp ratif cat go rique dont la prescription peut tre d finie comme l inverse de toute norme h rit e et de toute r f rence un bien f t ce m me le bon heur ou l int r t de l acteur de cette anti morale Ce th me montant depuis la deuxi me guerre mondiale a t r percut par les m dias qui lui ont donn une r sonance exceptionnelle Sans doute peut on identifier quelques rep res sur le chemin qui a conduit la culture de l immaturit du cercle troit de la litt rature jusqu au loisir de masse dans les ann es soixante dix la mode du porno chic est contemporaine du d veloppe ment du march des cassettes vid o le succ s de films tels que l Empire des sens s inscrit dans une tendance la banalisation de sc nes tr s violentes avant que la t l vision n int gre des programmes pornographiques et que l Internet ach ve d en rendre la diffusion incontr lable Cependant en amont des barri res qui dispa raissent et des interdits qui se dissolvent il faut supposer la disparition de l id al adulte garant de ces limites Vraisemblablement les jeunes qui se reconnais sent dans les messages violents de
78. ref tous ceux qui avaient souci de la formation individuelle de leurs prot g s font d sormais figure de dino saures de la culture C est d sormais l industrie culturelle qui est directement en charge de la production des biens spirituels et de l anthropo facture des individus sans qu au demeurant elle sache vraiment comment faire Ce qui donne entre autres effets la famille t l visuelle Or la moindre prise en consid ration de cette famille geste indispensable si l on veut vrai ment d crire et penser notre monde permet de d velopper une puissante interrogation len contre de toutes les analyses qui pr sentent notre poque comme fondamentalement indivi dualiste Je pense entre autres celle de l ex ministre philosophe Luc Ferry dans le livre bilan qui inspirait son action Lettre tous ceux qui aiment l cole voir par exemple le chapitre 2 significativement intitul Les racines du mal une pouss e individualiste qui met l cole en dif ficult Or l existence de cette nouvelle famil le o baigne d sormais l enfant n incite nulle ment parler de pouss e individualiste C est d ailleurs l avis de Bernard Stiegler qui dans un vif et r cent petit livre propos de la t l vision et de la mis re symbolique indique que l audiovi suel engendre des comportements gr gaires et non contrairement une l gende des compor 16 On doit le conce
79. roupeau et l av nement d un sujet autonome 57 tastique souci de conformit puisque je ne peux devenir c l bre et rallier les suffrages qu en pr sentant aux autres le maximum de traits d identi fication avec eux En ce sens les jeunes stars d aujourd hui sont celles qui ressemblent le plus ce que veut la famille c est dire la foule Je rappelle ici pour m moire au cas o on l au rait d j oubli que nagu re on ne pouvait deve nir c l bre qu en pr sentant un trait distinctif sin gulier savoir faire au moins une chose que per sonne ou presque ne savait faire Aujourd hui c en est fini de ce principe d individualisation qui me faisait tre par moi m me ce que d autres ne pouvaient tre et qui impliquait une asc se une formation des strat gies et des apprentissages D sormais je suis c l bre lorsque je r ponds au plus proche et au plus vite de ce que les autres veulent de moi Je peux alors chapper la d prime en tant pass de l autre c t de la famille du c t des regard s La grande preuve d individuation constituante aujourd hui fait appel ce que je pourrais appe ler un stade du miroir t l visuel L encore il me semble que les psychanalystes devraient r fl chir la question puisque ce nouveau stade met en jeu par rapport l ancien un m canisme spatial et visuel diff rent et original On sait que dans le stade du
80. rtante est celle de Johnson et alii 2002 qui a suivi 707 familles pendant 17 ans 1975 1993 elles ont t choisies par tirage al atoire dans l Etat de New York avec tirage al atoire des participants Le but de l en qu te tait de savoir si les violents regardent les missions violentes ou si les missions violentes produisent des individus violents Un certain nombre de facteurs ont t contr l s parmi les quels la pauvret le niveau scolaire des parents la n gligence vis vis de l enfant un quartier peu s r apparaissent comme corr l s avec 20 heures pass es devant la t l vision Sachant que 60 des programmes ont une dose de violence qu il y a de 3 5 actes violents par heure pour les adultes et de 20 25 dans les programmes pour enfants on a tent en mesurant les heures consacr es la t l vision d valuer l influence de ces images L enqu te fait appara tre que la consommation de t l vision 14 ans explique les agressions subs quentes agressions avec blessures vols avec arme si l exposition est inf rieure 1h on constate 5 7 d actes agres sifs si elle est gale ou sup rieure 3h par jour on monte 25 8 Il appara t que le profil per sonnel avoir commis des agressions avant ne suffit pas expliquer l augmentation corr l e la consommation t l visuelle L enqu te conclut galement que la qualit du programme n influe pas violence gratuite
81. s crans adoptent l image du miroir que nous leur ten dons une image construite qui est une apologie de l immaturit A la recherche de mod les ou au moins de significations ils trouvent dans l envi ronnement que leur a m nag la soci t des adultes une apologie du non sens de l irrespon sabilit de la pulsion et non du plaisir des pres criptions qui confinent l interdiction de penser Les m dias leur renvoient comme un id al l im maturit d finie par la litt rature du XXE si cle nature r duite aux pulsions refuge dans l instinct devant la d route de l Histoire existence par 36 l motion le sexe la r duction de l autre la chose du fantasme quitte accepter l ventua lit d tre soi m me un jour une chose pour les autres La d valorisation de l autre s effectue volontiers par les apparences et le langage de la prostitution Nous n avons pas de certitudes sur la mani re dont agissent les repr sentations sur le psychis me mais nous en avons sur ce qui constitue en grande partie l environnement ducatif de l en fant et du jeune aujourd hui Dans une situation d appauvrissement de l exp rience de confine ment dans un univers domestique par ailleurs d sert physiquement ou symboliquement l en fant est soumis la violence fictive A t on jamais pens que le milieu les circonstances ou l environnement pour num rer des termes qui ont eu
82. s quences sociales et politiques on com mence les voir appara tre Je pense qu il est temps de ne plus se masquer l ampleur des questions pos es et de com prendre qu il en va d un peu plus que de faire passer une loi au Parlement visant am liorer la signal tique des missions 79 _ 80 Prenons le temps de travailler ensemble La pr vention de la maltraitance est essentiellement men e au quotidien par les intervenants En appui la Cellule de coordina tion de l aide aux victimes de maltraitance a pour mission de soutenir ce travail deux niveaux D une part un programme l attention des professionnels propose des publications livrets Temps d arr t conf rences formations pluridisciplinaires et mise disposition d outils magazine Yapaka D autre part des actions de sensibilisation visent le grand public campagne Yapaka spots tv et radio magazine autocollants carte postale livre pour enfant L ensemble de ce programme de pr vention de la maltraitance est le fruit de la collaboration entre plusieurs administrations Administration g n rale de l enseignement et de la recherche scientifique Direction G n rale de l Aide la jeunesse Direction g n rale de la sant et ONE Diverses associations Ligue des familles services de sant mentale planning familiaux y par ticipent galement pour l un ou l autre aspect Se refusant aux messages d exclusion toute la
83. s avoir comme autrefois tuer le p re On peut faire deux r ponses cette objection La premi re pourrait s appuyer sur une remarque 10 Le fait que ces missions soient d sign es par leurs promoteurs m mes comme appartenant au type Big Brother indique combien la virulente critique politique pr sente dans le roman de Orwell 1984 est d sormais d ni e le roman lui aussi satur de t l crans est crit cinq ans avant Fahrenheit 451 En m me temps que le niveau de d sin volture ou de cynisme atteint vis vis de toute r f rence litt raire la reprise du nom implique ouvertement une vis e familialiste voire hyper familialiste puisque cette t l nous convoque d embl e comme tant tous fr res sous son regard bien s r 11 Du m me ordre et entre bien d autres exemples possibles cette forte phrase que Henri Michaux fit figurer comme clause de son testament J exh r de tous les membres de ma famille Cf Jean Pierre MAR TIN Henri Michaux Gallimard Paris 2003 p 13 _ 49 que Montag adresse sa femme Est ce que ta famille taime taime vraiment t aime de tout son c ur et de toute son me Millie Il sentit les yeux de sa femme qui se plissaient lentement fix s sur sa nuque En voil une question idiote Question ressentie comme idiote par Mildred parce que sans r ponse pour elle De fait la question ouvre un gouffre Celui qui aime les per sonnages de cett
84. s images J entends par texte des nonc s oraux parole ordinaire contes ver sions de mythes ou l gendes aussi bien que des nonc s consign s dans une criture texte saint feuilletons romans Ce primat du texte peut ais ment se concevoir partir de certaines situations simples Par exemple l audition d un conteur ou la lecture d un roman d clenchent une activit psychique au cours de laquelle lau diteur ou le lecteur cr e des images mentales dont il devient en quelque sorte le premier spec tateur Je ne veux s rement pas dire cependant que tous les auditeurs ou que tous les lecteurs voient les m mes images comme la t l Chacun voit en son for int rieur dans une conscience singuli re non synchronique dirait probable ment Stiegler On voit donc en lisant un texte ou en entendant un quelconque propos mais il est souligner qu on voit ce qu aucune image ne 67 peut vraiment montrer Comment en effet rendre par une image le cours impr visible d une phrase de Proust Comment rendre dans une image l usage concomitant d un imparfait et d un pass simple La fiction produite par le texte est en somme irr ductible toute image Cette disposition la fiction et la fabulation doit videmment tre pens e dans une anthropologie g n rale c est une disposition de l esp ce L usa ge du signifiant constitutif du symbolique qu il s agisse de la phonation arti
85. s la technique naturelle comme on dit langue natu relle du discours oral de face face Je suppo se en somme que l inondation de l espace infan _ 65 tile par ce robinet constamment ouvert d o coule un flux ininterrompu d images et de sons n est pas sans effets consid rables sur la forma tion du futur sujet parlant Nous allons voir com ment cela peut produire des sujets mal install s dans le discours Et en allant sans d lai la fin de mon raisonnement avant de reprendre au pas pas je dirais qu un sujet mal install dans le discours a toutes les chances de se pr senter comme un sujet inapte jouer de toutes les sub tilit s de la mise en discours et de se trouver tr s vite contraint d en passer au rapport physique de force pour obvier aux difficult s qu il prouve dans l dification verbale du rapport de sens Il me semble que seule cette hypoth se permet de comprendre que certains enfants de la t l peuvent chapper un destin violent cependant que d autres y succombent fatalement La diff rence entre les deux tenant au fait que les pre miers sont install s dans le discours cependant que les seconds n ont eu que l image t l visuel le pour acc der la symbolisation Il est donc temps de consid rer la question des possibles d rangements s miotiques produits par l exposition massive l image t l visuelle Pour r pondre cette question des effets de
86. se dans la course du quotidien partager des lectures en quipe prolonger la r flexion par d autres textes D j paru L aide aux enfants victimes de maltraitance Guide l usage des intervenants aupr s des enfants et adolescents Collectif Avatars et d sarrois de l enfant roi Laurence Gavarini Jean Pierre Lebrun et Fran oise Petitot Confidentialit et secret professionnel enjeux pour une soci t d mocratique Edwige Barth lemi Claire Meersseman et Jean Fran ois Servais Pr venir les troubles de la relation autour de la naissance Reine Vander Linden et Luc Roegiers Proc s Dutroux Penser l motion Vincent Magos dir Handicap et maltraitance Nadine Clerebaut V ronique Poncelet et Violaine Van Cutsem Malaise dans la protection de l enfance La violence des interve nants Catherine Marneffe Maltraitance et cultures Ali Aouattah Georges Devereux Christian Dubois Kouakou Kouassi Patrick Lurquin Vincent Magos Marie Rose Moro Le d linquant sexuel enjeux cliniques et soci taux Francis Martens Andr Ciavaldini Roland Coutanceau Lo c Wacqant Ces d sirs qui nous font honte D sirer souhaiter agir le risque de la confusion Serge Tisseron Engagement d cision et acte dans le travail avec les familles Yves Cartuyvels Fran oise Collin Jean Pierre Lebrun Jean De Munck Jean Paul Mugnier Marie Jean Sauret Le professionnel les parents et
87. se poser de question Jusqu au jour o il croise Clarisse une jeune institutrice amoureuse des livres qui le fait douter de sa fonction II n en faudra pas davantage pour que Montag prenne go t au fruit d fendu de la lectu re et cherche le contact avec les Hommes Livres cf le fameux Je suis La R publique de Platon qui vivent dans les marges de la soci t en m morisant tous les grands livres Si l on a bien per u la question du rapport t l livre pos e par ce r cit j y reviendrai d ailleurs plus loin on n a peu pris en compte la seconde 9 Ray BRADBURY Fahrenheit 451 Deno l Paris 1966 _ 45 question d cisive qu il abordait la t l vision comme nouvelle famille Cet aspect est cepen dant tr s pr sent partir du grand r le donn dans le r cit l pouse de Montag Mildred Linda dans le film est compl tement assujettie au syst me de la vie aseptis e et obligatoirement heureuse instaur e par le Gouvernement Elle consomme autant de pilules et comprim s qu il en faut pour viter toute anxi t Et surtout elle vit avec la t l vision qui se trouve dans toutes les pi ces du foyer et qui couvre toute la surface du mur le r cit a un peu d avance sur notre techno logie mais nous avons d j des crans plats de plus en plus grands Ces murs parlants repr sentent ce qu elle appelle sa famille Les per sonnages virtuels de cette famille vivent donc
88. sont peu pr s toujours pass s sous silence la question des transformations produites dans la famille par la t l vision question d autant plus l gitime que celle ci est avant tout un m dium domestique et le probl me des d r glements dans l acc s au symbolique produits par l image t l visuelle La famille Qu est ce qu une famille aujourd hui La r pon se qui s impose est qu on ne sait plus tr s bien vrai dire on sait ce qu elle n est plus ce n est plus la famille suppos ment largie d autre 5 Sur la place actuelle de la t l vision aupr s des enfants je ne citerai qu une tude tant les chiffres concordent entre eux Il s agit d une tude r alis e pour l UNESCO par Jo Groebel o l on peut lire ceci les enfants du monde passent en moyenne trois heures par jour devant le petit cran ce qui repr sente au moins 50 plus de temps consacr ce m dium qu toute autre activit parascolaire y compris les devoirs passer du temps avec la famille des amis ou lire Ce chiffre d j consid rable n est pourtant qu une moyenne pr s d un tiers des enfants regardent la t l vision 4 heures par jour ou plus Jo GROEBEL The UNESCO Global Study on Media Violence in Children and Media Violence UNESCO Stockholm 1998 _A1 fois avec son cort ge de grands parents d on cles de tantes de ni ces et de cousins vivant ventuellement sous le m me toit ou dans des
89. supportables de la famille r elle de nagu re pour nous soumettre aux rapports marchands purs et durs qui structu rent en sous main cette nouvelle famille Est ce dire que les choses soient analysables en termes de complot ou de prise de pouvoir des multinationales sur les esprits Je ne le crois pas Que la culture puisse repr senter un mar ch conqu rir est une chose logique au 13 Les Dirigeants face au changement ditions du Huiti me Jour Paris 2004 Pr face de Ernest Antoine Seilli re pr sident des patrons fran ais r unis dans le Mouvement des Entreprises de France MEDEF p 92 14 Voir ce sujet le r cent num ro 37 de la revue Herm s consacr e L audience CNRS ditions 2004 52 demeurant que les puissances qui veulent y parvenir aient vocation faire face aux obliga tions qui s imposent dans ce champ en est une tout autre Autrement dit il se pourrait bien qu avec la d sinstitutionnalisation de la famille suivant de pr s l affaiblissement g n ral des formes onto th ologico politiques cf la sortie de la religion selon Marcel Gauchet d un c t et l extension du March de nouveaux secteurs de l autre la formation des personnes ne soit plus r ellement assur e II me semble qu en ce domaine crucial on ne sait gu re que faire et on improvise ce qui revient miser beaucoup trop peut tre sur l extraordinaire plasticit de la sub ject
90. t comit par M Patrick Le Lay pr sident de TF1 qui confirmait ses pairs grands patrons comme lui que Nos missions ont pour voca tion de rendre le cerveau du t l spectateur dis 12 Cf Laurent FONNET La programmation d une cha ne de t l vision Editions Dixit DESS Communication audiovisuelle Universit Paris Paris 2008 _51 ponible c est dire de le divertir de le d tendre pour le pr parer entre deux messages Ce que nous vendons Coca Cola c est du temps de cerveau humain disponible Rien n est plus diffi cile que d obtenir cette disponibilit gt C est donc bien cela qu il faut lucider la fa on pr cise dont est obtenue cette disponibilit Or s il n existe aucune autre activit sociale qui soit plus valu e que la consommation t l visuelle ces mesures ne disent quasiment rien sur la subjectivit de ces publics C est pourquoi il convient d inventorier cette vaste zone d ombre o de l nergie psychique est capt e pour tre convertie en audience Je forme donc ici l hypo th se que ce qui permet cette audience de se constituer comme fid le s explique par le fonc tionnement de la t l comme famille virtuelle de substitution En somme toute consid ration ang lique qui ferait valoir une irr sistible volution des rapports humains tendant d eux m mes leur virtualisa tion il faut r pondre que nous avons perdu les rapports d autorit parfois in
91. t entre les deux mondes h t rog nes du texte et de l image Du moins si l on veut que l image conduise vers autre chose qu son pur et simple investissement par le phantasme cette autre chose tant dans les deux cas du phantasme et de l image esth tique un savoir du moins quelque chose qui chappe la compulsion pour s adjoindre un processus discursif cumulatif Je me permets ici de faire remarquer destination de ceux qui en appellent constamment une ducation de l image que cette ducation ne peut fondamentalement consister pour l tre parlant qu en une ducation au discours Certes il faudra bien que ce discours soit capable de se donner comme objet la question de l image mais rien de cela ne saurait se faire sans que le privi l ge du discours soit tabli _71 La fonction symbolique Ce rapport texte image tant pos encha nons sur la question de la fonction symbolique com ment se transmet elle et s acquiert elle L encore on retrouve le primat du texte puisque c est essentiellement par le truchement du dis cours qui charrie avec lui tout un univers imagi naire que cette fonction se transmet On sait en effet combien la transmission de r cits fut de tout temps un moyen utilis par la g n ration des parents pour la formation de la g n ration venir Transmettre un r cit c est en effet transmettre des contenus des croyances des noms propres des g n
92. t que de chercher des preuves d une influence suppos e il convient alors de mesurer les cons quences de ce fait et la port e de ce changement Loin de d valoriser les diff rentes th ories qui se sont efforc d expliquer l impact des m dias sur l ducation une telle perspective permet d en d gager les acquis Ces th ories peuvent tre ordonn es suivant leur niveau d analyse allant d une interrogation sur les _ 19 causes de la violence jusqu l hypoth se de remaniements psychologiques affectant le sujet Violence et m dias une corr lation Entrant de plain pied dans la probl matique de la preuve les m ta analyses effectu es aux Etats Unis ont tabli une corr lation entre la consommation des m dias et les comporte ments violents sugg rant ainsi un rapport de causalit entre les deux choses Un syst me de quantification des tudes existantes s lection n es avec des crit res de validit scientifiques tels que la publication dans des revues comit de lecture il faut noter que ces crit res cartent la plupart des travaux fran ais permet de mettre en relief qu un grand nombre d auteurs d agres sions sont des spectateurs r guliers d missions caract re violent Ces m ta analyses montrent que 3500 tudes tablissent cette corr lation Par ailleurs des tudes longitudinales effec tu es sur des populations parviennent au m me r sultat La plus impo
93. t revenir de l image au discours Ce va et vient peut m me tre ludique et formateur il suffira de faire rentrer dans le discours et son syst me d adresses ce m dium impersonnel Gageons qu on y r ussira d autant mieux que le programme est labor autrement dit qu il appelle l interpr tation La fiction Nous sommes maintenant en mesure de savoir si l enfant de la t l peut confondre ou non la fiction avec la r alit Cela d pend du fait que les rep res symboliques de temps de personne et d espace ont t fix s ou non S ils Pont t alors il existe un dispositif s miotique je ici maintenant qui permet d tablir une sc ne de l nonciation sur laquelle on peut convoquer par ses nonc s le reste du monde Sur cette sc ne je pourrais repr senter tout ou partie du monde r el ou imaginaire La fiction n est en effet qu un des deux modes possibles de l existence de ce monde convoqu En effet soit il sera r ellement convoqu par des signes indiciels des indices au sens quasi policier du terme ou mieux au sens de Peirce lorsque le signe est l indice d un objet dans le monde Soit il sera convoqu par des signes anaphoriques lesquels ne renvoient pas indiciellement au monde mais au discours lui m me On parlera dans ce dernier cas non pas de r alit s ext rieures mais de r alit s internes au discours cr es par r f rence au discours lui m me Ainsi si je lis Nous ti
94. tia Lambert Dominique Werbrouck Coordination Vincent Magos assist de Diane Huppert Philippe Jadin et Claire Anne Sevrin Avec le soutien de la Ministre de la Sant de l Enfance et de l Aide la jeunesse de la Commu naut fran aise diteur responsable Henry Ingberg Minist re de la Communaut fran aise 44 boulevard L opold II 1080 Bruxelles Novembre 2005 2 Sommaire Enfance et violence le miroir des m dias Vers une culture de l immaturit Dominique Ottavi 5 T l vision socialisation subjectivation Le r le du troisi me parent Dany Robert Dufour 39 Enfance et violence le miroir des m dias Vers une culture de l immaturit Dominique Ottavi Il est difficile aujourd hui de parler de l cole sans voquer presque automatiquement le probl me de la violence le syntagme de la violence des jeunes est entr dans le langage courant m me s il est porteur de g n ralisations abusives La pol mique est proche lorsqu on essaie de savoir quelle r alit cet usage recouvre les jeunes sont ils plus violents qu auparavant ou s agit il d un fantasme s curitaire des adultes Ce type de pol mique emp che de voir qu une pr occu pation diffuse peine s exprimer La reconnais sance du fait est implicite dans la pratique offi cielle du classement des tablissements sco laires par le minist re de l ducatio
95. tion o le rapport direct avec les adultes que ce soit dans l univers priv ou les institutions a reflu au profit des moyens de communication mi chemin entre l argumentation psycholo gique et l analyse politique des effets de la vio lence m diatique Dany Robert Dufour a r cem ment explor l hypoth se d une modification de la subjectivit li e la place des m dias dans ducation du jeune enfant en insistant sur la privation de la parole humaine et de l change avec l adulte qui r sulte notamment de l aban don de l enfant la t l vision Si cette derni re 25 v hicule le langage oral il s agit d un langage non adress d connect de la relation autrui Cette situation expliquerait en partie la multiplication des sujets l identit flottante constat e par les psychiatres Cette r alit chappe le plus souvent l atten tion en particulier parce que les id aux ducatifs modernes et l h donisme de la culture contem poraine conspirent pour renvoyer l enfant la responsabilit de son d veloppement le recours l autonomie de l enfant s av re alors une illu sion qui justifie le renoncement ducatif Et en d pit de ses bonnes intentions on peut craindre que l ducation aux m dias ne constitue une ver sion plus acceptable de cette illusion de l auto nomie de l enfant La fausse solution de l autonomie L autonomie est une arme double t
96. tte situation que Sophie Jehel et Divina Frau Meig dans les Ecrans de la violence ont propos la notion d exposition la violence De m me que l on parle d exposition aux rayons ultraviolets ou la radioactivit ou encore d exposition un risque elles estiment qu il est fond de parler d expo sition pour d crire cette mise en pr sence de l enfant et de la violence alors m me que le risque est inconscient et que le danger est virtuel La m taphore sugg re l id e de passivit de force naturelle et de danger inaper u Elle s accom pagne de la notion de maltraitance audio visuelle qui renvoie la souffrance inflig e l enfant quand bien m me comme c est souvent le cas dans la maltraitance cette souffrance ne s accompagne pas de plainte voire est d sir e Si le temps est un facteur d exposition la vio lence c est en raison de la quantit de messages violents qu il permet de recevoir le chercheur am ricain George Gerbner a mis en vidence l abondance des images violentes la t l vision diffus es toute heure et m me dans les mis sions explicitement destin es aux enfants dans une approche qui privil gie l appr ciation quanti tative par rapport l analyse du contenu des missions On pourrait contester ce choix de mettre l cart l intention des messages le sens de la repr sen tation de la violence est il quivalent de montrer une ex cution po
97. u d bat public s infor mer capacit s d finies dans les objectifs de l ducation scolaire Enfin l autonomie au sens psychologique d signe plut t l mancipation par rapport aux adultes la m re en premier lieu Ce sens s arti cule aussi l id e r pandue par la psychologie g n tique selon laquelle l enfant construit lui m me son savoir par son d veloppement inter ne et par ses interactions avec l environnement C est cela qui a donn lieu l affirmation de l enfant acteur de ses apprentissages par exemple L enfant est aussi r put tre par son d veloppement cr ateur des r gles de la conduite individuelle et sociale ce qui donne lieu des pratiques de discussion et n gociation contrat etc en vue d laborer des r gles aux quelles il para t alors moins difficile d ob ir car elles ne s imposent pas de l ext rieur L association non th oris e de ces diverses conceptions engendre une id ologie plus qu une doctrine On a en fait l impression que l autono mie est moins un id al philosophique et politique qu un mythe celui d une continuit entre le d ve loppement spontan de l enfant d veloppement 27 psychologique et interactions avec l environne ment et une vie sociale consid r e comme naturelle La fameuse socialisation des pro grammes de l cole se prolongerait dans la d mocratie ensuite La d mocratie serait elle alors impli
98. ur en d noncer l injustice et de montrer un crime dans une fiction On peut ima giner suivant ces arguments que le d bat se d place vers la question de la repr sentation l gitime de la violence ou des crit res esth tiques qui permettent de distinguer la repr sen tation l gitime Enfin l argument qui revient le 15 plus souvent en particulier chez les acteurs des m dias pour maintenir le droit absolu de dif fuser n importe quel message est celui de la Catharsis Aristote d j dans la Po tique n avait il pas dit que la repr sentation lib re de l affect Ces arguments sont prendre au s rieux en particulier on n a jamais fini lorsqu on value une uvre d art de d cliner les raisons de son efficacit cathartique et l esth tique kantienne nous a appris que ces discussions n taient jamais closes C est pourquoi toute dis cussion sur la violence des m dias qui se dirige dans cette direction aboutit la paralysie du rai sonnement partir de l les sp culations sur le caract re l gitime ou cathartique du spectacle de la violen ce ne doivent pas remettre en cause la notion d exposition aux messages violents L enfant ou m me l adulte qui tombe gt sur une sc ne por nographique ou sur la repr sentation d un crime en appuyant sur un bouton voire en lan ant un jeu vid o est surpris et mal laise Il n est pas dans la situation par exemple du spectateur d
99. ussi en quelques clics sur Internet en partant de portails tout fait s rieux faut ajouter qu il y a une volution de la pornographie et que les historiettes qui lui ser vaient traditionnellement de pr texte dans les films disparaissent de plus en plus au profit de la repr sentation directe de l acte Ceci am ne faire l hypoth se que la repr sentation de la sexualit chez les jeunes est marqu e par cette omnipr sence de la pornographie et que cette derni re effectue pour une part leur initiation L un des sympt mes pourrait en tre l invasion du langage jeune le langage que les jeunes utilisent entre eux par des expressions porno graphiques chose que l adulte est enclin inter pr ter trop spontan ment comme de la simple vulgarit La banalisation d une certaine obsc ni t fait en effet cho aux observations de psycho logues qui d plorent chez leurs jeunes patients une assimilation de la sexualit des perfor mances la croyance que ses manifestations sont forc ment extraordinaires que les pr misses d actes sexuels sont superflus Si les acteurs des m dias ont souvent tendance pr tendre le contraire et vanter les avantages initiatiques de cette lib ralisation de la pornogra phie l avis de nombreux sp cialistes de l enfan ce est plut t que ce genre d initiation produit une repr sentation d voy e de la sexualit Elle sus citerait des comportements qui s chel
100. ute de la vie Mais cette valeur a une particu larit invent e sans doute par le diable tant jeunesse elle se tient au dessous du niveau de toute valeur Et plus loin L homme veut tre jeune Lolita le c l bre roman de Vladimir Nabokov refl te galement cette fascination pour l rotis me de l immaturit pour la pulsion dans un tat primitif qui outrepasse en tout cas les limites inculqu es par l ducation lroniquement le h ros de ce roman se trouve tre un professeur On assiste une subversion des r les respectifs de chacun dont le sens ne se limite pas une lib ration ou un rejet d une ducation trop compass e Au cours du roman la morale se dissout mais aussi la culture et ses secours au profit d une fuite en avant du personnage entra n vers une forme de b tise Nabokov met en sc ne des individus en d route deux faiblesses le professeur ne croit plus la civilisation qu il enseigne Lolita est d j une enfant des m dias qui cultive la s duction sans strat gie et s effor ce de ressembler aux images des magazines _34 Michel Leiris dans L ge d homme exprime le rejet dans son adolescence de l cole de la morale et de la religion Il en r sulte un sentiment de vide plus que de libert reflux vers le corps et la sexualit L attention du sujet telle qu elle est d crite par le narrateur est alors capt e par son moi physique que ce

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