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premiere partie regard philosophique

1. Rappelons m urs communautaires costumes indiff renci s qui nient les ges et r v lent en particulier la non distinction de l enfance 4 Bachmann C op cit p 88 On peut constater que les foyers Hmitent le nombre des naissances et restreignent la place de l enfant Loin d tre la seule cons quence du contr le des naissances cet tat de fait a davantage voir avec les modes de vie le co t de l enfant Ibid p 89 celui que nous voquions tout l heure L enfant adul mascotte de ses parents habill chez B netton fait r ver mille avenirs L enfant mignon se pr te au jeu des modes et croit tre un enfant moderne quand il est objet de consommation La question qui se pose est celle du d calage entre les op rations m diatiques du type t l thon qui mettent l enfant handicap en avant au d triment de visions plus fucides L cole elle m me croit elle chapper cette attention douteuse Ne l a t on pas accus e apr s les remises en cause p dagogiques des ann es 681 de fabriquer de l enfant roi Si on s occupe de l enfant la place de l enfant tend paradoxalement d cro tre C est comme une n gation de l enfance L enfant roi dit G rard Mendel n est qu un b b prolong ind ment un enfant g t On ne le comble de tant de bienfaits que pour mieux le paralyser le maintenir en tat de d pendance 2 L enfant peut tre combl de nourriture de Jouets d
2. En France mais aussi dans maints pays d Europe et aux USA se d veloppent des asiles coles des tablissements m dicaux et p dagogiques des classes sp ciales Ce mouvement semble d buter en Prusse en 1834 mais se trouvera surtout g n ralis partir de 1930 sous l action des associations de parents d enfants handicap s En France il faudra attendre 1950 pour qu une loi soit dict e sur le contr le des tablissements priv s pour mineurs avec la prise en charge de plus en plus r pandue des frais de s jour par les collectivit s publiques 3 John Langdon Down se r clame des travaux de Darwin Dans cette th orie les irisomiques autrefois appel s mongoliens sont des mongols typiques Down donnera son nom au syndrome qui sera par la suite nomm trisomie 21 3 1 2 De la d signation la s gr gation ou l aporie de l esprit positif Toute logique pouss e ses extr mes court son effondrement Si les XIX et XX si cles constituent l apog e de l esprit positif la soci t va bient t se trouver confront e une impasse Plusieurs facteurs peuvent tre avanc s pour expliquer cette situation la fi vre classificatoire la s gr gation a d sillusion fa mont e de l eug nisme et le scientisme appliqu la s lection sociale Scientisme est ici entendu au sens p joratif du terme c est dire caract ris par une attitude intellectuelle rigide qui pr tend r soudre ies probl
3. conomique les classes de perfectionnement viteront que les enfants anormaux accueillis se retrouvent fa charge de a soci t puisque l ducation qu ils recevront les transformera en futurs travailleurs donc en valeurs sociales le second est la protection future que ces classes assureront finalement dans la soci t Au S nat la Droite est le seul groupe contre la loi Se mobilisent contre le projet les grands conservateurs certains notables r publicains gardiens de la sagesse financi re et du r alisme face l utopie g n reuse et la philanthropie des hommes de gauche gt Le fait que la Commission Bourgeois h site quant la l Les crit res d ducabilit de perfectibilit ne sont pas aussi vidents d finir par les commissions m dico p dagogiques charg es du recrutement C est l qu intervient la commande faite Alfred Binet de son fameux instrument l Echelle M trique d Intelligence 2 Binet A Les enfants anormaux guide pour l admission des enfants anormaux dans les classes de perfectionnement 3 Pour Jacqueline Gatteaux Mennecier cette poque reste dans la mouvance d un darwinisme social qui interpr te les injustices conomiques en termes d in galit s naturelles et s vite ainsi l lucidation des rapports sociaux Ibid p 32 Vial M Les enfants anormaux op cit p 142 L auteur nous fait remarquer que les th mes de la Gauche d aujourd hui int gration non mar
4. aux processus d orientation des comportement sociaux l Elle tablit une vision commune au groupe social ou culturel La r alit et le poids des repr sentations sociales sont perceptibles sur la sc ne publique comme dans la sph re priv e Celles ci transparaissent travers les dispositions et les attitudes analysables tant dans les comportements observables que symboliques iconographie costumes Si les repr sentations ont une histoire et une g ographie elles naissent un moment donn dans tel lieu plut t qu ailleurs leur impr gnation est souvent tenace alimente les mentalit s et d termine des comportements qui se pensent vite l gitimes Tout ce qui semble aller de soit les habitudes ducatives comme les certitudes m ritent ce propos d tre d cod es l interface du psychologique et du social de l individuel et du collectif du conscient et de l inconscient la repr sentation sociale constitue un ph nom ne agissant en soci t Qu ils Ie veuillent ou non l imaginaire habite les hommes et leurs relations Il n y a pas d v nement d action sans imagerie mentale Que les repr sentations soient conscientes ou inconscientes n est pas l le fond du probl me ce qu il est essentiel de prendre en compte c est qu elles constituent un fait social avec lequel il faut travailler Dans la rencontre parents professionnels par exemple nous avons d j fait remarquer ailleurs2 que le non dit est souvent par
5. r clame que les personnes handicap es soient volontaires pour d passer leur handicap Cette exigence repose sur trois pr alables constitu s par l int gration de trois ruptures avec les sch mas ant rieurs la rupture entre d ficience et aptitudes la rupture avec l id e selon laquelle les personnes handicap es sont responsables de ieur sort la rupture avec les pratiques d enfermement et de s gr gation psychologique L int gration des personnes handicap es repose sur leur volont de ne pas se r fugier derri re leur sort en d autres termes sur leur aptitude morale d passer leur handicap 2 L histoire du handicap rassemble finalement la probl matique du traitement social de l alt rit Il appara t que l alt rit r side moins dans les facteurs intrins ques la d ficience que dans des facteurs sociaux Actuellement le handicap devient la maladie de la ks civilisation le fl au social sp cifique notre soci t 3 L anormal aujourd hui est celui qui il manque une place Une difficult subsiste elle r side dans l laboration de droits particuliers dont le sens reste ambigu reconna tre ainsi les m mes droits fondamentaux pour tous et en m me temps d signer une cat gorie particuli re l Qu est ce qu un handicap v sinon un homme la sensibilit approfondie la volont tendue de d passer son handicap ibid p 185 Pour Ebersold 5 la soci t attend des qual
6. s embarrasser des m diations sociales lentes et co teuses Les effets sociaux en cha ne de ce que Zaki La di appelle une d sinterm diation sociale sont consid rables en particulier pourquoi entretenir un r seau d coles publiques quand l acc s au CD Rom rend tout individu prescripteur de son propre savoir Ainsi l utopie de la communication le concept de relativisme culturel et l loge de la pr servation du soi si pr sents notre poque convergent ils vers un tre tourn sur lui m me ie d veloppement du soi et non l panouissement du nous vers la valorisation du soi imm diat au d triment du nous projet Le je thique celui de Ha dignit s accommode mal du soi quand il s exacerbe tout comme e nous thique celui de la responsabilit ne peut tol rer le on de l indiff renciation S1 notre ignorance et nos convictions nous ont emp ch de d finir l homme d une mani re totale et d finitive au moins avons nous pu cerner sa fragilit et sa vuln rabilit constitutives de son rapport in vitable l autre Quelle qu en soit la cause plus l autre appara t diff rent et moins l homme risque d tre dispos par sympathie naturelle prendre fait et cause pour lui L homme contemporain pose en pr alable la question de la dignit de tout tre II affirme que chacun la poss de irr ductible et inali nable Il d nonce par cons que
7. 3 in Les enfants anormaux op cit 4 Les effectifs accueillis dans l enseignement sp cial seront en constante progression de 1958 1975 ls repr sentent trois cent mille enfants en 1975 F aurait il un nombre aussi important d enfants inadapt s handicap s o le seuil de tol rance dens l enseignement l mentaire n est il pas irop vite atteint s interroge Roca J ibid p 299 Comme l crit Roca J La conception qui tait faite de la constante du QI dans les ann es 60 70 a entra n le ph nom ne bien connu d imbrication accroissement des effectifs des structures d accueils des personnels sp cialis s ibid p 311 6 L histoire de la psychologie scolaire a ses vicissitudes N e en 1945 elle ne verra son statut et son activit d finis que dans ja circulaire Lebettre en 1960 Pour des raisons d opportunit s la psychologie scolaire est rattach e au secteur de l enfance inadapt e n l mentaire vers 11 12 ans justifie la cr ation d un dispositif nouveau A partir de cette date les enfants les plus performants peuvent acc der en SES Section d Enseignement Sp cialis en coll ge Les enfants accueillis ont un QI compris entre 65 et 80 L effectif des SES ne fera que cro tre de sa cr ation 19791 Outre qu elle se heurte des positions affectives et id ologiques des pol miques conomiques et politiques la question autour de l int gration s gr gation r clame objectivit et engagem
8. Beaucoup plus qu une simple volont de clarifier on assiste cette p riode une v ritable passion classificatoire car c est de la classification que doivent d pendre les mesures individuelles et g n rales prendre dans le but de gu rir ou de pr venir les anomalies 6 Les r unions m dicales p dagogiques philanthropiques nationales et internationales d battent et produisent des cat gorisations toujours renouvel es mais les nomenclatures avanc es sont en g n ral de v ritables fourre tout Si la d signation de l enfance anormale se fait riche d une prolif ration de termes la valeur s mantique de la notion devient de plus en plus fluctuante quand ce n est pas incompr hensible des termes apparemment distincts peuvent recouvrir des r alit s identiques comme un m me terme d signer des r alit s diff rentes La d finition extensive du champ m me de l enfance anormale varie selon les auteurs A l num ration cat gorielle qui comprend au d part les aveugles les sourds muets les idiots les arri r s certains ajoutent l enfant soumis au r gime p nitentiaire dans les diff rentes contr es du monde les durs d oreille les b gues et les divers d fauts de prononciation bredouillement bl sit les estropi s les incurables les pileptiques non ali n s les paralytiques les idiots g teux les pileptiques les ali n s les imb ciles et les arri r s Les i
9. Les sentiments sans tre eux m mes structur s s organisent structuralement en s intellectualisant Fran oise Dolto quant elle insiste en affirmant que c est l affectivit qui donne un sens l intelligence de tous les humains L homme est d abord un tre dont le d sir constitue l lan vital fondamental qui conditionne son d veloppement Ce grandir voluer cet allant devenant dirait Fran oise Dolto appartiennent aux forces vives du sujet et sont Lacan D Le stade du miroir comme formateur de la fonction du je Ecrits I Paris Seuil 1966 pp 89 97 2 Comme le note fort justement J F Lyotard r cemment d c d x L inhumain Causerie sur le temps en largissant le propos D nu de parole incapable de la station droite h sitant sur les objets de son int r t inapte au calcul de ses b n fices insensible la commune raison l enfant est minemment l humain parce que sa d tresse annonce et promeut les possibles 3 Resweber J P Les p dagogies nouvelles Paris PUF 1995 4 me dition p 3 Cit par Amado G L affectivit chez l enfant Paris PUF Collection Padeia p 48 Dolto F La cause des enfants Paris Robert Laffont p 139 naturellement investies par lui si des tendances r gressives ne viennent contrarier ce dynamisme premier Mais ce d veloppement du moi de cet go l dont la solidit l amplitude la pl nitude procureron
10. des devoirs et fonde une dignit ne pas tre un animal c est r sister aux conduites instinctuelles aux passions mais c est aussi rendre possible une soci t en effet alors que les animaux du fait d une reproduction l identique ne peuvent tre solidaires que dans l espace l homme lui est galement solidaire dans le temps et peut donc voluer par les liens symboliques qu il entretient avec ceux qui l ont pr c d et les hens imaginaires qu il cr avec ceux qui lui succ deront La capacit laborer une r flexion logique et comprendre le monde v hicul e par la parole d une infinie richesse autre sp cificit humaine cette aptitude se lier aux autres du fait de sa nature mais aussi gr ce sa culture vont lui permettre de ma triser son destin dans une soci t elle m me ma tris e par lui Mais la raison quand elle devient principe supr me explication h g monique de l activit humaine peut conduire de dangereuses positions Ainsi surprend t on Diderot oser une affirmation qui peut conduire des actes peu raisonnables Celui qui ne veuf pas raisonner renon ant sa qualit d homme doit tre trait comme un tre d natur Cette raison qui chez Platon doit conduire vivre dans une Cit id alis e o l homme de raison est ins parable de l homme citoyen cette raison ne peut concevoir que des citoyens 1 Aporie non pas au sens d impasse mais de questio
11. et tout de suite Il est donc compr hensible que tout p dagogue ait succomb succombe ou succombera la tentation d agir dans l urgence Cette attitude in luctable dans le quotidien et largement partag e dans les activit s humaines si elle caract rise partiellement la responsabilit propre du p dagogue ne peut tre pour autant privil gi e et encore moins encens e le culte de l urgence est certes celui de l engagement de l implication mais c est aussi celui du r sultat du pragmatisme de l imm diatet bref de l efficacit lev e au rang de valeur supr me L loge de l urgence se fait toujours au d triment de celui de la priorit c est dire du choix c est la dictature possible de la r ponse oblig e la force de l vidence qui s impose face la question qui se cherche qui d range qui fait dissensus questions qu te querelle filles du m me verbe latin pour reprendre ici une expression d Andr De Peretti Ainsi si dans le libre exercice de sa capacit choisir parmi les priorit s qui s offrent lui le p dagogue accepte de surseoir pour un temps de se d gager de l oppression du r el de r sister l appel de la souffrance et permet alors la question pos e par la situation p dagogique de continuer vivre dans le cas contraire la r ponse est la mort de la question 1 Perdre du temps dit encore Jean Fran ois Matt i2 signifie d abord que l ducation ne doit pas
12. qui manque l int grit reconnue la race humaine L expiation par exposition ne vaut que pour ce qui menace la norme de l esp ce humano sociale explique Stiker H J op cit p 45 2 Stiker H J renvoie ici la lecture du livre de Girard R La violence et le Sacr ed Grasset et Fasquelles 1972 Il s agit d une violence li au d sir mim tique et ordonnant le sacrifice rituel d une victime 3 ibid 4 ibid p 33 5 ibid p 32 ibid p 35 7 Stiker H J emprunte ce terme la s mantique de Greimas F d signe un certain pian qui rend possible la coh rence d un propos l isotopie garantit le caract re homog ne d un discours d un message d une phrase Il est constitu par des traits minimaux qui sont permanents Par exemple si je dis c est une grosse l le ce qui va donner de la coh rence gr ce des traits que l on va trouver ici dans le contexte c est l isotopie intellectualit car on ne d signe pas ainsi une t te physiquement grosse ou alors c est l isotopie physiologique qui assure l homog n it ibid p 35 Dans l pist mologie psychanalytique on parlerait de signifiant f d rateur US et ce qui est d viant La seconde est un plan biologique et permet les distinctions corps sains corps malades bien form s mal form s normaux monstrueux naturels d viants Les deux isotopies se croisent et forment un syst me coh rent celui de f int gre et du situable
13. Ce qu une soci t d nomme naturel est une donn e culturelle relative Dans ce syst me la naturalit est l int grit la naturalit n tant pas le fait d tre int gre mais int grable La Gr ce Antique montre une premi re br che dans la pens e magique et summaturell en laborant un m lange de mythes religieux et de concepts nouveaux en voie de d veloppement dans l observation d hommes porteurs de diff rences visibles L approche de l atteinte mentale s effectue selon des th ories o s entrem lent th ologie d monologie et d couvertes fond es sur l observation empirique Hippocrate dans ses recherches sur l pilepsie tente des explications en invoquant des causes naturelles sans s en r f rer aux caprices des Dieux La maladie dite sacr e n est pas dans mon opinion plus divine ou plus sacr e que d autres maladies mais poss de une cause naturelle et son origine suppos e divine est due l inexp rience de l homme et son merveillement devant son caract re particulier Ce n est que tardivement que la suppression des nouveau n s recevra une explication pragmatique en dehors de l interpr tation surnatureile Ainsi S n que crivait Rome Nous assommons les chiens enrag s nous touffons les nouveau n s mal constitu s les enfants s ils sont n s d biles ou anormaux nous les noyons Ce n est pas la col re ma s la raison qui nous incite s parer des parties sain
14. est agr g de philosophie neuropsychiatre et psychologue Ses travaux ont permis de saisir l interaction complexe chez l homme du biologique et du social 3 Marlieu P La socialisation in Trait de psychologie de l enfant Tome 5 pr f re autonomie et socialisation sont deux facettes d un m me projet et appartiennent une dynamique conjointel Eduquer c est enseigner ce qui unit ou quand l ducation introduit au nous Pourquoi vaut il mieux privil gier la science et non l astrologie une langue plut t qu un diaiecte parce que cela est plus facile Parce que cela sondages l appui int resse davantage l opinion Certes non car dans cette hypoth se nous aboutirions l inverse du but recherch Introniser le petit d homme dans une communaut la plus large possible et de fa on durable voil ce qui vaut aussi la peine d enseigner les cr ateurs de l cole r publicaine ne s y sont pas tromp s la fin du si cle dernier en lui confiant le soin de rassembler tous les fran ais par l enseignement d une langue qui cette poque tait loin d tre commune Aujourd hui o l unification des fran ais des diff rentes provinces n est plus la pr occupation principale l enseignement des dialectes des langues r gionales n est plus per u comme un risque subversif d clatement mais comme une possible richesse suppl mentaire ce renversement qui a mis un si cle pour s accomplir peut s expliqu
15. l homme et non Dieu Mais l homme prouv n est cependant pas r prouv 3 Le rejet social est en rapport avec la port e de l interdit sacral C est la signification religieuse de l infirmit qui voue celui qui en est porteur une forme pr cise et limit e d exclusion L exclusion prononc e est rituelle Ainsi deux mouvements parcourent le juda sme de l Ancien Testament l un d ordre sacral qui fait de l infirme la victime missaire il est cuituellement impur l autre d ordre social permet de situer l infirme dans la soci t 11 n est pas pour autant sacrifiable On peut dire sans presque de paradoxe que la non int gration cultuelle est en fait la condition de la non exclusion culturelle 36 L interdit cultuel et rituel dont sont frapp s les infirmes les innocente dans le m me temps et le probl me se trouve comme rabattu sur une thique de la responsabilit sociale Les deux mouvements peuvent tre analys s comme des plans de pens e ou isotopies La premi re est un plan religieux et consiste s parer le divin du profane installer la distinction entre nature et culture d finir ce qui est naturel l L exposition est l abandon de l enfant dans un endroit isol Aux dieux de d cider ce qu it adviendra Cette pratique tait courante dans le monde greco romain Pr cisons que ce sont uniquement les enfants infirmes qui sont expos s c est dire ceux pr sentant une malformation cong nitale ceux
16. le de son propre travail et en contre partie celui ci apporte son concours ses conceptions scientifiques au projet politique ibid p 201 2 Ce sch ma du conseil sup rieur sera repris en 1947 3 Chauvi res ML Peut on parler de contr le social propos de Enfance inadapt e h ritage de Vichy Sociologie du Sud Est n 28 29 avril septembre 1981 pp 155 156 4 Il comprend les d ficients sensoriels physiques mentaux d linquants abandonn s orphelins enfance malheureuse mis rable victimes irr guli res dangereuses 5 Heuyer et ses collaborateurs ont jou un r le essentiel dans le conseil central de l enfance d ficiente et en danger moral 6 Selon Zaffran J L int gration s olaire des handicap s Paris L Harmattan 1997 de la m me fa on pour tousl A Ia lib ration le vocable inadapt deviendra pertinent d une prise en charge institutionnelle2 Henri Wallon labore la p dagogie dite sp ciale partir de son approche de l enfant arri r Aid es par la politique qui tend favoriser les uvres priv es les associations de parents s investissent massivement dans la cr ation d tablissements Cette m me ann e naissent les ARSEAS et voit le d veloppement du secteur priv des IMP et IMPRO sont construits et avec eux appara t la profession d ducateur A l cole c est le retard scolaire les redoublements les troubles du comportement qui deviennent les principaux crit res
17. nonc e Mais notre affirmation selon laquelle cette responsabilit s ancre dans le ici et maintenant m me lorsqu elle est d inspiration religieuse doit tre compl t e car si elle concerne le hic la responsabilit contemporaine ne se limite pas au nunc Aujourd hui elle porte sur l avenir de l humanit humanit per ue son tour comme fragile tant les nouveaux pouvoirs qu elle s octroie peuvent la menacerl ainsi pour Hans Jonas l authentique objectif du principe de responsabilit c est ta survie de l humanit Autrement dit ce qui nous distingue radicalement des positions ant rieures est que notre regard se d cale de l ternit vers le temps ce temps r el qui lui devient accessible puisque vuln rable ce n est plus l ternit qui compte mais c est le temps qui nous est compt Non seulement l thique repose sur l exp rience d autrui ce qui impose la mise distance de toute violence mais celle ci se fait incommensurablement plus large puisque je suis responsable non seulement de l autre partout mais galement de l autre qui va advenir L homme ne constitue m me pas le dernier mot rench rit Kostas AxelosZ plus que de l homme il y va du monde Le jeu qui traverse l homme fait de lui le fragment parlant le partenaire du jeu du monde Comme nous venons de le voir le renouvellement contemporain de la r flexion thique passe par le principe de r alit c est du r el dans son essence doulo
18. pas une repr sentation tr s active chez les p dagogues classiques elle s affirme en revanche de plus en plus avec les th oriciens de l Education Nouvelle Cette repr sentation porte en elle un dynamisme volutif incontestable Elle commence a introduire un questionnement sur le r le de l enfant dans l ici t maintenant Il s agit de s int resser ce qu il est l dans la situation de rep rer le sens et le poids de ses agissements Il s agit surtout comme le sugg re Andrea Canevaro de cesser de commettre l erreur d interpr ter les gestes de l enfant travers les seules conventions sociales les classer en bons ou mauvais pour s interdire de les comprendre ou plus exactement de les entendre Une forme de paresse particuli rement confortable est de cataloguer les enfants pour ne pas avoir d chiffrer les relations qu ils vivent mais de disposer d s le d part d une palette de jugements correspondant des attentes pr cises et engendrant pr cis ment ce qu on attend de lui Un regard ducatif et une attention p dagogique qui cherchent d abord classer dans des cat gories sociales conventionnelles interdisent l enfant d agir de mani re personnelle 4 l Les travaux de Jean Piaget 1896 1980 portent sur le d veloppement de la pens e et du langage chez l enfant et sur l pist mologie g n tique 2 Comme l exprimait Guy Avanzini dans un cours l Universit Lyon I
19. rapeutique Car si ces pratiques sont indignes et condamnables la souffrance des pratiquants qui n en comprennent pas l interdiction est aussi digne d int r t pour le th rapeute que celle de la victime 2 Les exp riences in humaines de ce si cle nous incitent la modestie reste que si notre culture est imparfaite une de ses qualit s essentielles est qu elle ne l ignore pas et cette ouverture constitue une des cl s des volutions possibles 3 Ces invariants sont rechercher du c t des langues aucune langue n est intraduisible des lois scientifiques qui ne peuvent pas ne pas tre des Droits de l Homme ce qui est tol rable par tous Les psychologies ravivent l ternel d bat de la raison et de la passion Penser homme dans son unicit et sa diversit est un immense acquis mais si cette richesse repose sur des diff rences des contrastes voire des contradictions sur quoi d faut de s lectionner et donc de r duire faut il insister les pulsions prouv es ou les comportements observables ou encore les processus mentaux suppos s Quels types d l ments faut il privil gier les l ments internes au sujet ou externes celui ci Doit on en privil gier certains et au nom de quoi ou tudier leurs inter relations l braniement des certitudes par la r volution copernicienne quant la place centrale de Fhomme dans l univers Freud va ajouter celui que g n re une nouvelle repr sentation
20. re de la sociologie moderne s est sp cifiquement pench sur la sociologie de la famille qu il a su pr senter comme un r el tudier Il a r pertori les divers types familiaux et montr que ceux du pass permettent d expliquer la famille moderne Si Emile Durkheim consid re d embl e la famille comme un fait social Isaac Joseph et Philippe Fritsch souhaiteraient aller plus loin en s interrogeant sur le comment s est construit ce r el social qu est la famille partir des repr sentations l dification de la famille in Recherches Disciplines domicile n 28 Fontenay sous bois 1977 p 220 objet social explicable dans un rapport historico conomico social Pour les ethnologues et les interactionnistes l on ne peut se d gager facilement des repr sentations et le moins dommageable est de travailler avec elles Les repr sentations sont ainsi en quelque sorte une r alit symbolique qui fait partie du r el L histoire et l anthropologie sont l pour montrer la relativit des repr sentations et la relation qu elles entretiennent avec les institutions et les formes d organisation sociales Des formes de pens es dit Max Weber flottent dans la t te des hommes d apr s quoi ils orientent leurs activit s 1 Pour expliciter ce concept polys mique la th orie en psychologie sociale fait un d tour par la psychologie de l enfant Les travaux de Jean Piaget y font en effet r f rence La repr sentation d si
21. riorit et ne peuvent s adapter au milieu social 4 En 1904 la Commission Bourgeois opte d lib r ment pour le crit re d inadaptabilit scolaire J est une cat gorie d enfants qui jusqu ici l obligation scolaire n a pas t appliqu e ce sont des sujets qui soit au point de vue physique soit au point de vue intellectuel et moral ne se trouvent pas dans les conditions normales pour recevoir l enseignement commun Ces enfants qui ne peuvent tre suffisamment instruits l cole publique par des proc d s p dagogiques l Vial M Enfants anormaux Les mots la fin du XIX si cle et de XX si cle in Revue Alter Handicap i tation nts pour une histoire Publication r alis e gr ce au concours de la Fondation de France CTNERHI Septembre 1996 pp 35 69 2 Voisin J m decin de la Salp tri re Classification et Assistance des enfants dits anormaux intellectuels in Revue mensuelle des maladies de l enfance 1906 p 562 3 Philippe s et Paul Boncour G respectivement chef des travaux au laboratoire de psychologie physiologie de la Sorbonne et m decin l cole de pr servation et de redressement moral Fh ophil Roussel in Les anomalies mentales chez les coliers Paris Alcan dition 1935 p 92 4 Levoz A et Demoor J respectivement avocat et professeur l Universit de Bruxelles m decin inspecteur de l enseignement sp cial Bruxelles secr taire g n ral
22. s et leurs camarades de toqu s La Commission Bourgeois distingue quant elle Jes imb ciles moraux sujets atteints de perversion des instincts des enfants affect s d incoh rence de caract re d un manque d quilibre mental leur rendant insupportable la discipline g n rale et n cessitant absolument leur loignement de l cole publique Un d bat oppose ceux qui veulent inclure les sourds et les aveugles parmi les anormaux ceux qui dans le monde des sourds notamment refusent une telle assimilation Quelques rares auteurs pr f reraient voir r duire la notion d anormaux aux seuls anormaux intellectuels Pour les uns tous les anormaux intellectuels sont d sign s sous le terme idiots Voisin alors que pour les autres le vocable g n ral est imb ciles d biles Blin enfants n vropathes Stadelmann d g n r s Magnan phr nasth niques Sancte de Sanctis faibles d esprit anormaux arri r s Jaquin retardataires Apert etc 8 L anormalit intellectuelle quel que soit son degr est identifi e soit sous le terme d idiot soit sous celui d arri r Idiot peut aussi d signer la cat gorie des plus atteints arri r s celle des moins atteints La notion de d bilit est elle aussi fluctuante 1 Vial M Enfants anormaux les mots la fin du XIX si cle et au d but du XX in Revue ALTER septembre 1996 op cit 2 Colin m decin chef des asiles d
23. s de s lection sociale pr tendument scientifiques car en m me temps que les classes s ouvrent aux d ficients l gers elles servent d argument pour refuser toute ducation aux plus d munis C est l la crainte de D sir Magloire Bourneville et la raison du combat qu il engage contre Alfred Binet Le m decin souhaitait la cr ation des classes sp ciales pour qu elles accueillent des enfants de l asile suffisamment am lior s pour tre rendus leur famille et tous les cas ne n cessitant pas un suivi m dical constant Les classes ne recevront pas les d ficients mentaux de JI s agit l d une critique socio politique L ambiguit des tests est la norme implicite laquelle ils renvoient 2 Il y avait 8 classes en 1909 25 en 1914 une centaine en 1930 et 274 en 1944 3 La loi de 1909 est consid r e par les uns comme une loi de progr s qui s inscrit dans la suite logique des lois Ferry sur l obligation par l Etat d assurer l instruction de tous les enfants de six treize ans et par les autres comme une loi s gr gative car elle institutionnalise dans le syst me scolaire le rejet des enfants qui ne correspondent pas aux normes impos es Sont pr sents des personnages capitaux comme Bourgeois Baguer Strauss Bresson Gasquet Bourneville Binet La rivalit engag e ne peut se r duire une simple rivalit professionnelle M decins sp cialistes de l enfance anormale enseignants sont divis s Reste que le
24. sous la pression des associations Les organismes internationaux officialisent leur tour le terme qui devient d s lors objet de recherche De plus en pius d organismes de f d rations l adoptent dans leur titre Dans le m me temps disparaissent peu peu des termes per us comme trop stigmatisants d bile infirme sourd l et stigmatiser le manque U s agit pour Henri Jacques Stiker d un glissement de sens Nous avons d pass en effet l id e de handicap en terme turfiste pourtant les dictionnaires de 1920 1930 continuent de ne mentionner que le sens sportif et turfiste 2 ibid p 138 3 Les pr jug s qu il d nonce taient l uvre bien avant d s l mergence en fait du mouvement de r adaptation 4 in Corps infirmes et Soci t s op cit pl62 Ibid p 141 143 6 Certaines vont int grer le vocable dans leur nom telle l APATH Association Pour Adultes et Jeunes Handicap s 1962 7 Tels le Comit national fran ais de liaison pour la r adaptation des handicap s 1962 la F d ration nationale des accident s du travail et handicap s 1985 ex F d ration nationale des mutil s du travail invalide mutil A handicap t le dictionnaire Quillet en 1965 donne la d finition suivante diminu physiquement la suite d un accident d une maladie avant laiss une impotence fonctionnelle d un membre paralysie amputation partielle d un organe s
25. 3 L enfant au centre de la relation Etet famille Dialogue n 73 1981 op cit p 6 4 Canevaro A op cit p 17 1 2 2 L actualit des repr sentations de l enfance un d calage inqui tant Revenons pour un temps la th se d velopp e par Philippe Ari s pour mieux cerner les cons quences qu imposent les repr sentations sur les attitudes envers l enfant sur la place t le r le qui lui sont reconnus Pour l historien d s le XVII si cle les deux sentiments de l enfance qu il avait pu d gager dans le pass p n trent les relations intrafamiliales et organisent la vie quotidienne celui h rit du temps du mignotage celui consacr par les ducateurs dans le projet ducatif Comme nous le pr cisions pr c demment du premier sentiment d pendent des attitudes d exaltation enthousiaste pour ce qu est l enfant objet d amour d amusement mais aussi enfant roi omnipotent qui n a que le souci de jouir et d exercer sa toute puissance sur un adulte d lib r ment conquis Du second sentiment provient l ambition de faire grandir l enfant d lever son me afin qu elle participe au projet d une soci t en pleine volution On peut se demander comment ces deux sentiments ont pu s articuler quand ils apparaissent en r el d calage induisant forc ment des attitudes ducatives peu compatibles a priori Si l un est davantage le fait des familles quand l autre appartient aux ducateurs leur coexistence
26. En continuit avec les conceptions de Freud l tre humain n est pas autonome mais aussi en rupture avec elles ce n est pas tant l histoire interne du sujet qui compte que le contexte de son d veloppement des psychologues vont d velopper une th orisation comportementale Les processus psychiques tant inaccessibles l homme ne peut tre appr hend que dans ses comportements observables eux m mes r f r s des causes tangibles Il n existe pas de pr tendue autonomie intrins que d termin par son environnement l homme ne peut devenir libre car on ne renonce pas cet id al que pour autant qu il sera en mesur de modifier ce qui le d termine c est l o s ancreront sa libert sa responsabilit 2 Dans les ann es 60 se distinguant de la psychanalyse tout autant que du comportementalisme le courant de la psychologie cognitive va s attacher l tude des processus mentaux qui caract risent l homme Au carrefour des apports contemporains des neuro sciences de la linguistique de l anthropologie et des approches philosophiques et psychologies nouvelles et cependant dans la tradition des grandes interrogations sur la repr sentation mentale le savoir des philosophes grecs de ceux des Lumi res ou de Kant ce courant a de nombreuses applications dans des domaines aussi vari s que l ergonomie la p dagogie ou la psychoth rapie mais il choue d finir l homme cherchant seulernent mais ce seulement n e
27. Jean Marc Itard m decin s r de la curabilit de Victor le sauvage de l Aveyron tente de d montrer son ducabilit et ouvre ainsi les traces de la prise en charge ducative des d ficients mentaux Victor est le premier inadapt mental avoir fait l objet d une teile attention Le mouvement fait boule de neige Peu peu impr gn s de ia conviction de la n cessit morale de l ducation des arri r s des grands noms attach s la m decine et l enseignement favorisent la construction d un syst me p dagogique et d un mat riel adapt s Jean Pierre Falret ali niste r alise la Salp tri re le premier regroupement d enfant idiots Jacques Etienne Belhomme crit un essai sur l idiotie et ouvre des perspectives d ducation institutionnelle des idiots F lix Voisin participe l humanisation de Bic tre D sir Magloire Bourneville en tant que m decin applique la m thode anatomo clinique Proche des probl mes quotidiens de l ducation et fervent admirateur d Edouard Seguin il met au point une m thode m dico p dagogique Maria Montessori se voue l ducation des arri r s et met en pratique les proc d s qu elle a vu appliquer Bic tre Elle cr l Rappelons que c est la loi du 30 juin 1838 qui r glemente les internements prot ge les malades et corollairement la soci t Pour Stanislas Tomkiewicz cette loi a permis la r introduction officielle de la psychiatrie dans le champ du crime
28. LUNAR publie sa revue Sauvegarde de l Enfance Entre 1952 et 1954 le m canisme d euph misation perdure on parle de protection de l enfance plus que de rel gation Le danger que l enfance pourrait repr senter est contrebalanc par les repr sentations de ce qu elle a pu subir durant la guerre Dans fa logique d une construction progressive et affirm e des structures sp ciales on comptabiiise en 1954 onze coles nationales de perfectionnement Les enseignants sont form s au Centre National de P dagogie 1 Par la mise en place du prix de journ e 2 in Roca J op cit p 205 3 L id e d une indispensable intervention d ducation et de protection est renforc e par la conviction confirm e par les enqu tes sociologiques que ces enfants ne trouvent pas dans leur milieu familial l quilibre et la s curit n cessaires leur d veloppement 4 Aujourd hui inadapt n a aucune valeur d ordre m dical C est l expression enfance malade qu adoptent m decins et p diatres et p dopsychiatres tels que Ren Diatkine et Serge Lebovici L UNAR deviendra AFSEA en 1965 6 Robert Lafon est catholique et attach aux valeurs traditionnelles Sp ciale par des p dopsychiatres et des repr sentants de l Education nationale En 1955 une nouvelle classification est tablie par le Minist re de la Sant adopt e par les psychiatres et les m decins scolaires Deux formes de d ficiences mentales sont disti
29. Si l ducation populaire tait aussi longue qu l mentaire dans son contenu c est qu il s agissait en premier ressort de modeler le comportement de l enfant afin qu il devienne un tableau vivant des prescriptions scolaires enfant image susceptible d difier autour de lui l ordre nouveau d une soci t polic e 4 Dans cette strat gie de regroupement rapt premier qui le retient loin de son milieu l enfant jouait un r le d otage puisque de sa pr sence et de sa bonne conduite d pendaient des secours accord s aux parents Il tait per u comme un levier d int gration et de socialisation des familles celui par qui gr ce qui la famille peut se constituer et se fixer comme 1 La Bruy re 1645 1696 Les caract res Paris Hachette ed Servois Rebelliau 1898 chap XI p 307 308 2 Comme le souligne Isaac Joseph et Philippe Fritsch pour appr hender la sociologie de la famille encore faut il postuler qu elle existe effectivement comme r el tudier C est partir d Emile Durkheim vers 1888 que va se d velopper un processus de naturalisation de la famille qui a abouti concevoir celle ci comme une esp ce sociale 3 Querrien A L cole primaire 1975 Rapport CERFI Recherches n 23 L enseignement p 13 L ducation morale ne peut passer que par la discipline 4 Joseph 1 et Fritsch Ph Di n 28 novembre 1977 p 45 5 op cit p 40 6 L Histoire se r p terait elle Un d
30. ali n s in LEROY 1903 p 8 3 Roubinovitch JF m decin en chef de l hospice de Bic tre in Ali n s et anormaux Statisti an ormaux Paris Alcan 1910 p 140 Baguer G instituteur et directeur de l Institut d partemental des sourds muets d Asni res in Bulletin de la Soci t libre pour l tude psychologique de l enfant p 180 Bourneville D M m decin de la section des enfants nerveux et arri r s de Bic tre in Recherches cliniques et th rapeutiques sur l pilepsie l hyst rie et l idiotie Progr s m dical Paris 1887 Tome VIL p XV 6 Chazal E m decin interne du bureau d hygi ne de Lyon Les anormaux psychiques Paris Lyon A Maloine 1907 p 18 7 Note pour un projet de statistique des enfants anormaux manuscrit 1904 Coll INRP Dossier 3 7 03 37367 p 2 8 Decroly O Classification des anormaux 1905 op cit p 23 dans certains cas elle est g n rique dans d autres elle repr sente les anormaux intellectuels les moins touch s parfois au contraire les enfants d asiles gravement arri r s ou le terme est r serv exclusivement aux adultes Les expressions se recouvrent ou prennent des sens vari s Les r dacteurs des textes officiels suppriment le terme anormaux pour parier d sormais des arri r s Les arri r s sont les sujets qui sans pouvoir tre class s dans la cat gorie des anormaux m dicaux sont en tat de d bilit mentale ne poss
31. autre doit passer par un double mouvement critique L autre pour la pens e occidentale est con u comme totalit comme concept devant unifier synth tiser Cette totalisation d rape immanquablement en totalitarisme sauf consid rer l thique comme une plong e dans la relation inter subjective non synth tisable pr cis ment irr ductible exp rience o la conscience de soi relation abstraite de soi soi est aussi relation avec l autre rencontre avec l autrel Cette rencontre de l Autre m taphoris e par le Visage de l autre cette rencontre avec le visage de l autre introduit irr m diablement ma responsabilit L thique est envisag e comme une exp rience irr ductible de la rencontre et de la responsabilit Citant Dosto esvski dans Les fr res Karamazov Nous sommes tous coupables de tout et de tous devant tous et moi plus que les autres Emmanuel L vinas plaide pour l homme qui n est tre qu en tant qu il se sait responsable d autrui la responsabilit tant initialement un pour autrui Mais cette responsabilit totale qui r pond de tous les autres et de tout chez les autres m me de leur responsabilit 2 n entra ne t elle pas qu autrui est galement responsable mon gard Peut tre poursuit Emmanuel L vinas mais c est son affaire Je suis responsable d autrui sans attendre la r ciproque dut il m en co ter la vie C est pr cis ment dans la mesure o entre
32. autrui et moi la relation n est pas r ciproque que je suis suj tion autrui et je suis sujet essentiellement en ce sens C est moi qui supporte tout 3 Or que nous apprend notre si cle que nous ne sachions d j lors de la rencontre avec autrui autrui dont le visage nous conduit cette responsabilit totale sans r ciprocit Que l homme est fragile vuln rable faible Cette fragilit n est plus dans son rapport id al avec les dieux mais l homme Fest r ellement ici et maintenant cause de ses semblables jamais l homme n a t expos ce point lui m me et cette rencontre avec ce visage l De Koninck Th C est uniquement en prouvant ma propre humanit que j ai acc s celle des autres l angoisse ou la joie d autrui chapperont qui n aurait pas connu ces sentiments Qui n a pas aim ne comprend rien l amour op cit page 78 2 L vinas E Ethique et infini Paris Fayard 1982 3 L vinas E op cit p 95 4 On peut y voir une explication possible de la la cisation des soci t s Phumanisation du divin la sacralisation de l humain en seraient les corollaires vuln rable et sacr m impose un interdit l interdit de la violence Dans cette thique de la transcendance religieuse Emmanuel L vinas r affirme le Tu ne tueras point mais cette fois c est dans le monde tel qu il est ici bas et dans l irr ductible exp rience inter subjective que la maxime est
33. conscience morale qui b n ficie d une ant riorit de droit et de fait sur toute ducation morale 2 celle ci ne pouvant avoir comme fonction que d carter les influences sociales n cessairement n fastes afin de permettre au sujet de se d velopper naturellement Cet homme d nafur mais socialis dans le Contrat c est l homme citoyen non plus domin par la Cit mais au fondement m me de l autorit politique L homme est n libre et partout il est dans les fers d plorait le philosophe du Contrat Social ses cha nes sont nombreuses et m taphorisent tant t la religion tant t la soci t ici a raison l la passion au point que Nietzsche cent ans plus tard d noncera toute forme de culture et de morale comme entrave la valeur supr me le d passement de soi L homme transitoire entre la b te et le surhomme doit tre d pass Pour Marx c est la soci t issue du mode de production capitaliste qu il convient de d passer car l individu libre ne peut se d velopper que dans une communaut humaine le Communisme o toute ali nation sociale et politique est abolie L homme prom th en de Marx se d finit par le travail qui ayant permis la nature d assouvir ses besoins l mentaires g n re en m me temps le d veloppement des facult s proprement humaines celles qui en font un tre social Plus pr s de nous E Tei il nous faut anticiper une position thique essen
34. d biles ducables dans des services ouverts au sein des asiles 2 On parle aujourd hui de d ficients physiques 3 Les coles de plein air rel vent du minist re de l instruction publique ne pas confondre avec les pr ventorium qui d pendent du minist re de l Hygi ne Sellierl se bat pour une d mocratisation de la Sant Il essaie de mettre sur pied la coordination des institutions publiques et priv es Il aborde la question du d veloppement de l hygi ne mentale des enfants anormaux et des pr dispos s mentaux Pour lutter contre l ventuelle exploitation de l anormalit il cr e l Inspection g n rale de l enfance dont le r le est le contr le permanent des institutions Jean Zay ministre de l Instruction Publique menant de son c t une politique dynamique tudie la question de la formation des ma tres2 La charte de l enfance d ficiente 3 tablit la rationalisation du d pistage du recrutement des structures et des prises en charge financi res L influence m dicale est nettement marqu e A la Conception d enfant arri r assimil un enfant plus jeunet commence se superposer celle d enfant malade Des consultations de neuropsychiatrie infantile et des commissions m dico p dagogiques constituent le support logistique du d pistage des enfants Les classes de perfectionnement pour enfants arri r s scolaires ou d biles intellectuels ducables prennent d so
35. dans un comportement observable ressemblent une trange manipulation pour ne pas dire dressage o les r ponses deviennent des r flexes et l l ve une machine La p dagogie par objectifs a avou volontiers ses d buts sa parent avec l enseignement programm et les th ses de Skinner Dans le triangle didactique la repr sentation du sujet enseign s av re productrice de sens Elle est autant d pendante de l tat des sciences humaines que des st r otypes qui ont cours un moment donn 4 Elle peut s appuyer tant sur la biologie que la psychologie la sociologie l ethnologie Elle d termine fortement l attitude ducative de l enseignant qui adoptera vis vis de l enfant des styles in galement pressifs ou confiants 5 On ne peut pas ne pas voquer par ailleurs les travaux de R A Rosenthal et L Jacobson qui d montrent combien a repr sentation que les enseignants ont de leurs l ves influence leur notation Les pr jug s et jugements initiaux s av rent tenir lieu de d crets L effet Pygmalion 7 est ce processus psychique par lequel l image suppos e fait force de loi quelles que soient les r sistances du r el L influence des repr sentations joue jusqu la valorisation ou d valorisation de l image de soi des enfants Des repr sentations souples celles qui concevraient par exemple l enfant dans son autonomie ont plus de chance de susciter une l Ji s agit du rapport entre
36. de handicap physique Dans les ann es 50 le mot devient un terme juridique in Corps infirmes et soci t s op cit p 152 Tels Victor Hugo Guy de Maupassant Emile Zola Andr Gide Alphonse Daudet Henri Jacques Stiker a rassembl quelques uns des passages de ces auteurs o figurent les mots handicap et handicap voir article du CTNERHI sus cit ot d signer l infirmit 1 Il faudra attendre 1957 pour que le mot soit officiellement utilis par la terminologie juridique fran aise dans la loi sur le reclassement des travailleurs handicap s du 23 novembre qui les d finit ainsi Toute personne dont les possibilit s d acqu rir ou de conserver un emploi sont effectivement r duites par suite d une insuffisance ou d une diminution de ses capacit s physiques ou mentales Si les personnes handicap es ont d sormais les m mes droits et les m mes possibilit s que les autres normaux c est pour qu il n y ait plus de situations anormales Pour eux les droits sont dits prononc s Sortis du sort commun il faut en m me temps affirmer qu ils y restent mais c est leur donner un statut c est dire galement en jouant sur les mots les statufier Les infirmes de toutes sortes sont tablis en tant que cat gories r int grer donc r adapter Paradoxalement ils sont d sign s pour dispara tre ils sont dits pour tre tus La loi du 10 Juillet 1975 dite loi en faveur des personnes
37. de civils traumatis s psychiques La soci t doit se faire une fois de plus assurantielle et pr voir le retour par le reclassement la r ducation et la r adaptation dans l conomique et le social Les deux types de r ponses donn es sont les pensions et le reclassement professionnel Tous les invalides sont ainsi accueillis dans le m me mouvement d aide de soutien et de r paration afin que tous r int grent la communaut normale des Hommes Cependant le glissement de l assistance la r adaptation ne trahit il pas quelque part une obsession du conforme par peur de ce qui justement ne l est pas Les mesures et les actions en direction des citoyens diminu s tendent effacer selon Henri Jacques Stiker la diff rence qui est la leur et non les tablir conomiquement et socialement au m me rang 2 Le v u de la soci t travers les modes de traitement de l invalidit qu elle privil gie n est il pas finalement d effacer fa diff rence de rendre identique sans rendre gal de nourrir davantage le sch me de l identit plus que celui d galit de diffuser en quelque sorte plus une culture identitaire qu une culture galitaire Ainsi partir de 1914 une nouvelle ambition totalitaire appara t incompressible c est l ambition de r adaptation Il s agit d une nouvelle mani re culturelle et sociale d aborder l infirmit La vis e r adaptative produit des intentions et des pratiques multiples dont les nom
38. de ia Soci t protectrice de l enfance anormale in L ducation donner aux enfants indisciplin s Premier congr s international d ducation et de protection de l enfant dans sa famille Li ge 18 20 septembre 1905 Section II enfants ancrmaux Rapport Namur A Godenne 1905 pp 109 116 p 109 ordinairement employ s pour les l ves dou s de tous leur sens et dou s d une intelligence moyenne sont d sign s sous le nom g n rique d enfants anormauxl c t des divergences d ordre tiologique des oppositions apparaissent quant la d fimtion du champ d tude Selon les chercheurs l anormalit est oppos e ou assimil e la maladie L anomalie et la pathologie sont cependant bien distinctes Les enfants anormaux et arri r s sont des enfants dont l cole ordinaire et l h pital ne veulent pas l cole les trouve trop peu normaux l h pital ne les trouve pas assez malades crivent Alfred Binet et Th odore Simon tandis que d autres soutiennent que les anormaux sont avant tout des malades 4 Parfois les ripostes sont violentes Si beaucoup des enfants tudi s par Binet et Th Simon ne sont pas malades c est que ce ne sont pas des vrais anormaux L arri r simple celui qui se rapproche de l enfant normal n a t il pas droit au m me titre que ce dernier mais dans des conditions diff rentes parce que c est un malade l ducation et l instruction gt
39. de la personne renfor ant le mouvement de doute quant la toute puissance de l homme Pour reprendre une formulation lapidaire de Georges Amadol avec Freud au commencement est l affectivit ult rieurement l affectivit demeure Le reste tourne autour En mettant en lumi re l aspect informationnel des faits psychiques en saisissant les v nements comme des signes en affirmant l importance de l inconscient Freud apporte un regard radicalement neuf sur l homme en particulier cela implique Qu il n y a pas de diff rence de nature entre le normal et le pathologique ni de fronti re radicale entre les deux chez l individu normal il y a une plasticit des tendances qui permet au sujet de circuler d un mode symptomatique un autre alors que chez l individu malade il y a perte de cette mobilit Or situer la d finition de l Homme en dehors du clivage normal pathologique est fondamental c est d j reconna tre aux malades mentaux leur appartenance au monde des humains ce qui n a pas toujours t le cas Pour Freud l homme est d abord un tre de d sir dont la pl nitude ne peut tre atteinte que lorsque le mode d organisation qu adopte le sujet son moi lui permet de faire face de fa on satisfaisante aux pressions des exigences internes et externes pour atteindre ce but le moi du sujet se d veloppe en tant que r sultante de trois s ries de facteurs les facteurs h r ditaires les
40. de la th se de l unit de l esp ce humaine et donc de ses limites comment distinguer l homme de l animal L humanit a t elle une origine unique Quels sont alors les invariants qui la caract risent Les d couvertes dues aux grands voyageurs du XVI me si cle avaient r anim e d bat enlis depuis longtemps dans des r cits plus ou moins fantastiques issus de l imagination plus que de l observation Aujourd hui ce sont les scientifiques et en particulier ceux des disciplines tourn es vers la connaissance intime de l homme qui jouent ce r le de grands voyageurs et les questions pos es par la bio thique nous sautent au visage Ceux qui taient per u hier comme des cas limites d humanit les sauvages les indiens les barbares les esclaves ont t remplac s par d autres cas per us eux aussi comme limites l embryon est il une personne Et le patient plong dans un coma irr versible Et l enfant handicap mental profond Les sciences et les techniques dans leur formidable d veloppement ont ouvert la bo te de Pandore et les soci t s tremblent sous le d ferlement des questions sans r ponses l homme peut il sans danger pour l humanit tre engendr autrement que par la rencontre sexuelle d un homme et d une femme Que serait une soci t issue de b b s prouvette ou d embryons congel s Pire encore peut on cloner2 les humains et imaginer ainsi des copies humaines parfaitement sembla
41. de sa m re in L enfant et la morale Challaye F Nouvelle encyclop die p dagogique Paris PUF 1941 p 21 Fenelon 1651 1715 appartient au courant de la pens e libre qui va de Rabelais Rousseau en passant par Montaigne 4 Erasme 1467 1536 Eloge de la folie Paris Gosselin 1843 p 194 Rabelais 1494 1553 Notons que Montaigne 1533 1592 appartient au m me courant de pens e Ces auteurs influenceront Locke 1632 1704 et Rousseau 1712 1778 6 in Quelques rl tion Traduction fran aise Paris Hachette 1882 chapitre VII 881 pp 110 111 Nous ne sommes pas loin ici des pens es de Fran oise Dolto Cette repr sentation de Fenfant nous semble d terminante en ce qu elle l inscrit comme acteur dans le dialogue et non comme sujet passif auquel il tait jusque l r duit r paresseux volages timides intemp rants menteurs dissimul s ils rient et pleurent facilement ils ont des joies immod r es et des afflictions am res sur de tr s petits sujets ils ne veulent point souffrir de mal ef aiment en faire ils sont d j des hommes 1 C est partir du XVI et du XVII si cle que le sentiment de l enfance affieure dans le milieu familial du moins au niveau des couches sup rieures de Ia soci t La repr sentation de l enfant est li e au commerce agr able qu on peut avoir avec lui On peut la rep rer travers l apparition du costume qui le distingue des adultes Philippe Ar s y voit
42. des conomies en renon ant d finitivement aux efforts ducatifs et th rapeutiques inutilement d ploy s puisque scientifiquement condamn s 1 L interpr tation simpliste qui se r pand dans l opinion publique est que l h r dit domine l volution humaine et prime sur tous les facteurs biologiques environnementaux sociologiques 2 Michelet A et Woodill G op cit p 135 Pour les deux auteurs c est dans cette ambiance de r gression humanitaire que va s laborer la m thode des tests qui avait pour objectif essentiel de constater un d ficit 3 Andr Michelet et Woodill ne disent pas autre chose lorsqu ils crivent Les th ories de la transmission h r ditaire ont entrav les fentatives d ducation des handicap s et amen leur s gr gation Ces th ories reposent dans leur ensemble sur des travaux pseudo scientifiques ou sur des interpr tations fronqu es de donn es exp rimentales alimentant certaines id ologies ibid p 133 ibid p 56 5 Aux USA en particulier o la loi de 1891 sur l immigration exclut zous les idiots les personnes folles les pauvres et toute personne susceptible d tre la charge de la soci t les personnes souffrant d une maladie repoussante o contagieuse celles condamn es pour un crime ou lotl autre acte infamant ou d lictueux comprenant une turpitude morale les polygames Une autre loi interdira le mariage entre d biles Le climat scolaire du d but du si
43. des activit s qui permettent de r pondre la satisfaction de ses besoins 3 Neill A 1883 1973 est le cr ateur de la fameuse cole de Summerhill dont le fonctionnement est bas sur le self governement 4 Freinet C 1896 1966 est l origine de la cr ation des techniques de travail individualis 5 Cousinet R 1881 1973 a anim le mouvement de l cole nouvelle fran aise 6 Montessori M 1870 1952 a t l origine m decin T La p dagogie de John Dewey 1859 1952 se r sume en 4 th ses l ducation est un processus par lequel la communaut transmet ses enfants ses acquis l cole est une institution sociale o l enfant y exerce ses comp tences sociales la m thode p dagogique doit suivre le d veloppement des capacit s de l enfant 8 Tillich L est n en 1926 sa notori t s est surtout r pandue dans les ann es 70 lorsque l cole s est trouv e l objet de tr s vives contestations m me psychologie de l enfant Jean Piagetl son tour en sera un fervent d fenseur Il faut que l ducation sorte l enfant de son gocentrisme intellectuel et moral pour l ouvrir aux dimensions de l univers L enfant est acteur de son savoir acteur dans son environnement Pour Henri Wallon l enfant est virtuellement social d s l origine Ce sont les r ponses du milieu qui aident l enfant construire progressivement son rapport au monde et son syst me de relations elles vont l aider passer d un stade d ind
44. devant amener un examen m dico psychologique Les enfants rep r s pour leur difficult s scolaires et leurs comportements antisociaux sont consid r s comme des malades ou comme porteurs d une lourde h r dit familiale et ou biologique qui justifie de ce fait l intervention du m decin la prise en charge scolaire se trouvant rel gu e au second ordre Effectu e par la Fondation fran aise avec Alexis Carrel la premi re enqu te sur l enfance fran aise au XX si cle para t en 1944 Elle a pour but d valuer le nombre de sujets mentalement d ficients et socialement r cup rables de d terminer par ailleurs la valeur mentale du capital humain repr sent par les enfants de six quatorze ans L valuation d montre que 12 d enfants ont un QI inf rieur la moyenne Cependant le d ficit mental para t s accentuer avec l ge le lieu d habitation et la profession des parents et n a donc rien voir avec un d ficit cong nital et d finitif C est l la premi re entaille l id e d irr versibilit A partir de cette p riode Sant Ecole Justice et familles collaborent dans le d pistage des enfants qui rel veraient d une attention particuli re Ce souci de rep rage qui est d abord souci de protection va peu peu entra ner la multiplication de structures d tablissements d associations d ob diences diverses Rappelons que FOVE uvre des Villages d Enfants association loi 1901
45. dictive accord es au QI justifient la multiplication des orientations Sous pr texte de pr vention on n attend pas l chec au cours pr paratoire pour diriger l enfant en classe de perfectionnement Pourtant le Ministre Fouchet note cette date Les enfants inadapt s doivent tre scolaris s dans des conditions voisines de celles dont b n ficient les enfants normaux en vitant de les s parer de leur milieu naturel familial et scolaire Un fichier d partemental des enfants inadapt s est institu en 1965 Il doit tre mis jour par les psychologues scolaires qui du coup seront identifi s des pourvoyeurs de classes sp ciales 0 Jusqu en 1966 l issue de la classe de perfectionnement est l cole nationale de perfectionnement La prolongation de la scolarit jusqu 16 ans et l obligation de tous les l ves de quitter l cole ILa formation a d but en 1947 En Juillet 50 para t le premier num ro des Cahiers de l enfance inadapt e 2 A l poque on assiste une mise l cart syst matique du recrutement des classes de perfectionnement des enfants dont le quotient intellectuel est inf rieur 70 Ceux ci sont dirig s vers les internats type IMP Les choses ne vont pas rester en l tat Notons que l arr t du 12 ao t 1964 relatif aux classes de perfectionnement pour d biles mentaux fixe le recrutement de ces classes pour des enfants pr sentant un QI compris dans la zone 50 70
46. en tout cas la d monstration qu en font Odette Lescaret et Carole Philip dans une recherche longitudinale entreprise sur l int gration scolairel Leurs propos concernent surtout l influence des repr sentations des parents sur la valorisation de l image de soi des enfants Une reconnaissance et une acceptation de l enfant par les parents comme un sujet ayant droit la parole capable de jugement et de respect des r gles favorisent le d veloppement d une image de soi positive On peut supposer que les choses se jouent sur le m me mode l cole et d veloppent selon soit une logique de la soumission soit une logique de l autonomie Ce qui appara t d terminant c est la capacit de l adulte mettre l enfant en position de sujet ayant ia parole Lors de l int gration scolaire d un enfant handicap les m mes questions se posent d autant qu elles sont compliqu es par celles relatives au handicap aux relations avec la famille et les partenaires Le handicap de l enfant int gr n est pas sans introduire malaise et interrogations La gangue imaginaire qui enveloppe les discours et les attitudes d dramarise camoufle transmue les signes de plomb de la maladie mentale dit Lucien Kohk2 L int gration solaire suppose au moins la rencontre effective entre un enfant des enfants une famille des familles l cole et ses enseignants Chacun peut il y prendre sa place Dans la r alit de cette situation qui commande une gestio
47. existent entre les hommes Travaux de Linn sur les races la distinction radicale est celle qui existe entre l homme et les animaux Travaux de Buffon qui veut poser les fondements d une science nouvelle la science de l homme Cet homme ce n est plus Dieu qui l explique Caract ris par des propri t s excluant la tentation th ologique Ie langage la pens e la technique la vie en soci t il ob it des d finitions caract re scientifique mat rialiste Son histoire devient celle de la civilisation concept qui se d veloppe pour expliquer ce qui s pare les races humaines L volution passe par les trois stades que sont la sauvagerie la barbarie la civilisation Cette unicit du genre humain permet d envisager un vaste projet penser l homme dans sa globalit et dans sa diversit Il fut concr tis par l Lecomte J op cit p 20 2 D j la d couverte par Christophe Colomb en 1492 de populations jusqu ici totalement ignor es constitua une interrogation anthropologique sans pr c dent pour l ensemble du monde occidental en 1550 la c l bre controverse de Valladolid est un exemple de la mani re dont ces questions taient pos es avant cette deuxi me grande vague d exploration 3 Weinberg A Origine de l anthropologie et anthropologie des origines in Sciences humaines 1996 n 64 p 26 a la cr ation d une soci t savante pluridisciplinaire dirions nous aujourd hui favoris
48. fait tomber les cha nes des ali n s Il distingue les fous curables relevant donc d un traitement et les oligophr nes vis vis desquels il se d clare impuissant Cette distinction est importante car avec elle s affirme l id e de soin et de gu rison potentielle De ses essais d tiquetages d aucuns diront Pinel lib re les fous de leurs cha nes pour mieux les maintenir dans l espace du discours Avec la R volution on sort progressivement de l re du devoir religieux pour p n trer dans l re des Droits de l homme La Convention vote un d cret qui pr cise que fout homme a droit sa subsistance par le travail s il est valide par les secours gratuits s il est hors d tat de travailler Peu peu entre 1800 et 1850 para t une litt rature abondante sur l idiotie Cette p riode devient caract ristique de l acharnement m dical o s entrem lent connaissances objectives mythologie ancienne et magie Les traitements envisag s tiennent peu compte de la douleur qui est m me attribu e une valeur r demptrice Le peu d efficacit des th rapeutiques ordinaires chez les malades mentaux autorise essayer des moyens extraordinaires d autant plus qu est admise la facilit avec laquelle ces sortes de malades souffrent les rem des les plus violents des doses tr s lev es sans tre affect s Contention physique coups immersion incision sont pratiques courantes Les diagnostics
49. gorie distincte la fin du XIX si cle et au d but du XX si cle quand ils ne sont pas dans les hospices ces enfants sont d laiss s Leur int gration au cadre de l enfance anormale ne semble pas avoir t de soi 1 Colin2 en 1900 distingue trois cat gories d abord les idiots et les imb ciles ensuite les nerveux attaques convulsives les pileptiques les hyst riques enfin les d s quilibr s atteints de d g n rescence physique et mentale les d biles les sujets bizarres aux id es d lirantes et aux obsessions Roubinovitch3 en 1910 inclut dans la liste les ali n s Gustave Baguer r clame en 1902 des classes sp ciales pour es enfants qui ne sont ni normaux ni ali n s ni idiots 4 instables et indisciplin s vicieux pervers enfants difficiles et d linquants font ils partie des anormaux ou des malades D sir Magloire Bourneville voque en 1887 la cr ation d un service destin au redressement physique moral et intellectuel de ceite cat gorie d enfants que administrativement on appelle les enfants indisciplin s et qui pour quelques m decins ef pour nous sont des enfants malades atteints de l sions nerveuses plus ou mains profondes ou de d g n rescence imb ciles arri r s instables impulsifs etc Selon E Chazal les instables sont ces enfants que leurs parents qualifient de nerveux leurs ma tres d indisciplin
50. id ologique est ce vouloir de fusion de confusion c est un indice important d un lent glissement vers une soci t de moins en moins plurielle de plus en plus gel e l Cette vis e r adaptative conna tra un essor formidable la fin de la Deuxi me guerre mondiale lorsque la S curit Sociale deviendra le financeur de toute mesure favorisant la r int gration des individus touch s C est dans le d but du XX si cle que l usage du mot handicap s tend et se renverse on passe progressivement de la limitation des aptitudes des meilleurs chevaux la d signation des incapacit s humaines Ce glissement s mantique n est pas insignifiant au contraire L adoption de termes issus du sport correspond un moment historique o l ensemble des infirmit s change de visage et de significafion 2 La repr sentation de la diff rence s exprime d sormais non plus en termes de fatalit comme pouvait l induire par exemple le mot infirmit mais en termes de r gulation sociale possible Il traduit finalement un m canisme inconscient qui produit a fiction d un jeu social galitaire i o les dotations initiaies des participants sont in gales Le handicap doit retrouver ses chances des chances gales m me celles des autres 3 Le sens originel du mot handicap peut d ailleurs laisser penser l imaginaire collectif que les chances sont galis es puisque d ficiences et incapacit s se v
51. l ducation sp ciale s labore dans un contexte de forte mortalit infantile qui catalyse l urgence du sauvetage des intelligences le danger et la charge que repr sentent ces enfants pour la soci t l Une enqu te nationale en 1927 rel ve que 1 des anormaux perfectibl s sont d nombr s alors qu il en existerait 3 non scolaris s ou cach s dans leur famille Comment se structure le paysage de l enfance au cours du XX si cle 3 2 1 Le quadrillage de l enfance Le quadrillage de l enfance commenc au XIX si cle avec l obligation scolaire mais aussi la s gr gation voqu e par Michelle Perrot2 se complexifie mais non sans lenteur et h sitations Hier abandonn e l initiative priv e et aux associations caritatives l enfance va devenir progressivement l objet d attention soutenue de la part de l Etat La planification passe par l organisation d institutions et la d finition de modalit s de prise en charge sp cifiques qui vise s rier contr ler des fins p dagogiques m dicales orthop diques Elle suppose la d nomination de plus en plus fine des populations concern es Les vocables adopt s viennent en g n ral du m dical mais le champ lexical volue aussi avec le contexte politico social des diff rentes p riodes Il n est pas inint ressant de suivre pas pas cette longue marche vers une ma trise de plus en plus affirm e de l enfance Entre 1920 et 1935 la question de l enfance anor
52. les fils historiques de ce concept Usant d une m taphore Henri Jacques Stiker compare le probl me du handicap un morceau de poterie d couvert dans une fouille qui permettrait d apporter des indications importantes sur la culture dont 1l est le vestige Plut t que d tudier l objet handicap en soi analysons le rapport que la soci t entretient avec lui au cours des si cles puisque c est bien ce rapport qui finalement int resse au sens o c est par lui que peuvent se r v ler les signes d une volutionl Depuis le d but de l humanit l homme se trouve confront au probl me de l int gration ou de la non int gration et tente de le r soudre Il est int ressant de r fl chir partir de lui pour tenter de comprendre de quelle mani re les soci t s ont int gr la diff rence dans leurs repr sentations du monde Chacune s est construit peu ou prou un syst me de pens e susceptible de r soudre son rapport l anormalit pour un temps du moins avant une d stabilisation entra nant une nouvelle construction L approche anthropologique para t ici int ressante au sens o elle utilise les diff rentes sciences qui tudient l homme l ethnologie la sociologie la psychologie L anthropologie historique relie l volution consid r e sa r sonance sociale et aux comportements qu elle a engendr s Claude L vi Strauss nous invite envisager le rapport la diff rence comme un d termin culturel donc comme
53. marginalit verrue sociale est contr l encadr Pour r duire la mendicit Foucault M Histoire de la folie l ge classique Paris UGE 1964 2 Comme l crit Michel Foucault l H pital G n ral n est pas un tablissement de soins L H pital G n ral cr e par l dit du 27 avril 1656 va servir de structure semi juridique o seront intern s tous les pauvres valides ou invalides malades ou convalescents curables ou incurables Ces h pitaux vont tre ouverts dans toute la France et dureront jusqu la r volution et le vagabondage en 1789 la Constituante place l assistance comme un devoir social Dans cette logique on assiste un transfert de la responsabilit sociale la m decine c est la m decine qui d sormais a charge de r guler la d viance Au milieu du XVII si cle le grand renfermement arbitraire du si cle pr c dent r gresse Si criminels ali n s et insens s restent le plus souvent confondus certaines cat gories d inadapt s sociaux commencent tre distingu s des d ficients mentaux C est vers 1790 que le m decin ali niste appara t dans l univers de la maladie mentale et dirige l asile Bic tre n en est pas moins la fois hospice H tel Dieu pensionnat maison de force et de correction Le fou est per u comme susceptible d tre soign 2 l oppos des arri r s et idiots qui vont tre class s part et exclus de tout traitement Ainsi Philippe Pinel
54. me de charit sont venus s entrelacer d autres sch mes issus des v nements qui ont travaill les poques la la cisation des institutions la lutte des classes exploit es le d veloppement conomique et technique Ces nouveaux sch mes ont pour nom volontarisme solidarit lib ralisme En soulignant le caract re minemment social du handicap Serge Ebersold d montre comment s en trouve d termin e une forme de traitement qui condamnant la s gr gation d hier se centre exclusivement sur les risques d exclusionl En rupture avec la conception pass e selon laquelle l infirmit et plus pr cis ment la d ficience tait li e la pauvret le handicap n est plus l apanage d une classe sociale Les derni res statistiques tendraient laisser accroire qu il n existe aucune relation causale entre classes populaires et d ficiences Le handicap deviendrait il un ph nom ne galitaire Y aurait il une galit sociale face la d ficience Si une telle perspective interpelle le r le des conditions sociales dans la survenance d une affection incapacitante e champ du handicap n appara t pas un univers homog ne 3 De plus la diff rence des logiques pr sidant la prise en charge des handicap s fait que les d ficiences ne plus rien voir avec les peurs magico religieuses des soci t s ancestrales Elles ne structurent plus une mentalit collective Elles sont intersubjectives La r organisat
55. mouvement irr sistible vers un monde toujours meilleur Or notre si cle a d pass en horreur certaines poques lointaines d crites pourtant comme terriblement inhumain s Le d veloppement de pratiques ducationnelles int gratives ne risque t il pas de perdre toute justification s il entra ne pour les enfants concern s une confrontation accrue avec ce monde Il cette soci t l cette cole l cette fanmille l Peut on valoriser l int gration dans une soci t qui ne produirait plus de valeurs Ou plus pr cis ment quelles valeurs privil gier pour rendre cr dible une telle d marche Devant l effondrement des grandes th ories explicatives des syst mes de pens e cios qui tous se sont fourvoy s dans leur pr tention vouloir tre non seulement intelligence du monde mais galement ma trise du monde nous chercherons naviguer entre les cueils la recherche de quelques balises Meirieu P Le choix d duquer Paris ESF 1991 p 12 2 La finalit est entendre comme le pourquoi du pourquoi elle est te premier maillon de la cha ne du sch ma qui conduit l action finalit but objectifs moyens valuation 3 Quant aux enfants en grande difficult il s agit crit Charles Gardou d offrir aux enfants handicap s une ducation qui les aide forger des armes susceptibles de neutraliser les risques d exclusion dans une soci t soumise au jeu de la performante et de la com
56. n 19 90 Universit de Caen 1990 p 66 Di ensuite sa propre m thode ducative ax e sur l ducation sensorielle Pour elle la science ne r pond pas sa mission la question des insuffisants est beaucoup plus p dagogique que m dicale 5 Pr conisant l isolement et des soins strictement m dicaux pour les grands handicap s mentaux Ovide Decroly sa suite met au point une m thode de r ducation active et globale pour les enfants arri r s c est dire non massivement d ficitaires Gr ce aux recherches de ces pr curseurs s engage au moins pour partie dans la population une v ritable prise de conscience du sort d plorable dans lequel sont maintenus les handicap s Port s en quelque sorte par les avanc es scientifiques le fou devient objet de soin et l idiot celui d une prise en Charge ducative Le XIX si cle est domin par trois pr tentions qui s intriquent dans un seul et m me vaste projet de contr le et d assistance c est un si cle qui veut duquer c est l heure des grandes lois scolaires un si cle qui veut relever par la moralisation et la technique un si cle qui assiste par l hospitalisation et l institution protectrice Cette p riode est caract ris e par sa fi vre orthop dique partout on cherche redresser relever mettre droit Il faut tirer par le haut et vers le correct En France en Europe aux USA galement s tend un large mouvement qui aboutit la cr ation
57. probl mes mais pour apprendre s en poser d autres des probl mes d hommel 2 1 DE L ETHIQUE A L EDUCATION IMPERATIFS ET APPLICATIONS Prenons position l ducation est le fait humain par excellence en tant qu elle est d veloppement du d j l comme chez d autres tres vivants en ce sens l homme ne vaut rien de plus que le non homme mais surtout en tant qu elle est vis e de d passement de ce d j l caract ristique exclusivement humaine L homme disait Kant n est ce qu il est que par l ducation D ailleurs ajoute Guy Avanzini Ce n est pas un luxe un plus mais une n cessit il ne peut s en passer sauf risquer de ne pas survivre ou tre irr versiblement perturb par des carences 2 La d couverte des enfants sauvages rappelle et confirme que le petit d homme non duqu par l homme n a plus rien d humain que sa nature humaine se r duit bien peu de choses 3 Certes les connaissances r centes ont consid rablement largi la vision que l homme a de ses potentialit s mais Les conqu tes de l humanit tout ce qui fait la culture humaine le langage la pens e les sentiments les techniques les sciences les arts la morale tout cela se transmet par l ducation Le potentiel et la plasticit de l homme pourtant incommensurables ne sont rien s ils ne s actualisent pas dans une soci t d hommes si donc il y a une nature humaine elle ne peut se concev
58. pulsions internes du sujet et la r alit externe Cette approche novatrice de Freud est tout autant le produit des concepts nouvellement d velopp s son poque que source m me de nombreux concepts qui aideront l mergence de nouvelles repr sentations de la personne humaine En effet Freud n est ni l inventeur ni le propri taire de la notion d inconscient son poque l id e d une vie mentale inconsciente est admise par la plupart des philosophes elle est d j implicitement pr sente au d but du XVIEl me si cle chez Gottfried Wilhelm Leibniz qui distinguait la perception de la conscience ou aperception en expliquant que chez l homme de petites perceptions sont continuellement en action sans qu il s en aper oive On la retrouve notamment chez Schopenhauer comme un attribut de la volont et chez Theodor Lipps au d but du XX me si cle au sujet duquel Freud reconnaissait qu i faut comme l a dit Lipps voir dans l inconscient le fond de 1 Amado G L affectivit chez l enfant Paris PUF 1974 pp 75 76 2 Theodor Lipps 1851 1914 tait professeur de psychologie Munich toute vie psychique l Ainsi pour Thierry Bonfanti La notion d inconscient a relativis les pr tentions rationalistes du si cle des Lumi res en donnant droit de cit aux forces pulsionnelles les plus irrationnelles Elle a ainsi ouvert la voie une meilleure connaissance des complexit s de l me humaine
59. put vient de proposer de diminuer les allocations familiales des familles dont les enfants ont commis des actes d linquants Il s agit toujours d acculturer certaines familles marginalis es socialement Fontenay sous Bois Recherches cellule de base du corps social C est le d but d une repr sentation de la famille comme creuset de normalisation Dans la soci t proc dures de contr le dispositifs disciplinaires r glements coercitifs disciplines insidieuses police des m urs contribuent son dification Derri re la scolarisation s impose l id e d une moralisation des familles Pour Isaac Joseph et Philippe Fritschl c est donner l enfance apr s le statut d otage un r le de missionnaire car les coles n taient point tablies seulement pour les enfants mais encore pour instruire par eux leurs parents 2 Peut tre li l apparition d une positivit religieuse thique et rationnelle n en tout cas d une source ext rieur la famille se forme un autre sentiment de l enfance qui inspirera toute l ducation jusqu au XX si cle et ce dans toutes les couches sociales L attachement l enfance et sa particularit ne s exprime plus par l amusement la badinerie mais par l int r t psychologique et le souci moral Les attitudes d attendrissement engendrent dial ctiquement des refus de mignotage L enfant est l pour se parfaire car il est d abord inach vement Se
60. r sistance la culture si elle peut certes en limiter l acc s fonde la libert du sujet c est parce qu au del de l exigence l ducation ne peut pas tout qu universalit et singularit peuvent se rejoindre que l homme n en finit pas de devenir un homme Entre le petit d homme pr occup de son soi ou plut t tourn vers son quant soi et le petit d homme intronis qui peut pr tendre dire nous il ne faut pas choisir on n duque l enfant ni pour qu il le reste ni pour le r duire une fonction sociale fusse t elle id alis e comme celle du citoyen ou celle du travailleur Dialectiser accomplissement de soi et intronisation sociale culturelle marier thique et ducation telle nous para t tre la t che de l ducateur La posture du je n est pas concevable sans l antagonisme du nous et r ciproquement Quand on demande Olivier Reboul ce qui vaut la peine d tre enseign il r pond ce qui unit et ce qui lib re Lib rer le corps l intellect la cr ativit et l autre face de l autonomie lib rer des entraves l adh sion l insertion l panouissement dans une communaut humaine la plus large possible Ainsi plus que de marier thique et ducation s agit il de promouvoir une ducation qui ne se con oit m me pas sans r f rence aux valeurs thiques des valeurs si fortes qu elles peuvent justifier des sacrifices mais dont rien ne justifie le sacril ge Si le sacr se reconn
61. r sultat de cette querelle fut que chacun chercha de son C t la science de la r ducation Cette rivalit perdure encore plus ou moins obscur ment aujourd hui 5 Vial ML Les enfants anormaux aux origines de l ducation sp cialis e 1882 1909 Paris Colin 1990 p 106 Derni re la question quels anormaux se profilent deux autres pour quelles institutions et pour quels personnels Pour Monique Vial Binet fente de casser le monopole des institutions sp cialis es en cherchant d poss der les ali nistes de leur statut de seuls d positaires d un savoir reconnu sur les anormalit s p 108 6 in Alter et CRTS n 19 ibid p 74 D sir Magloire Bourneville dont Alfred Binet d montre l in ducabilit avec son test mentall Malgr toute la sympathie que nous prouvons pour ces pauvres tres envers qui la nature a t si cruelle nous ne pouvons songer leur accorder les bienfaits de l instruction 2 L enjeu qui se joue autour de l enseignement sp cial n est pas que d ordre scientifique m dical et p dagogique Des forces politiques sont l uvre dans le d bat Contrairement aux id es traditionnellement admises les classes de perfectionnement n ont pas t port es par la bourgeoisie au pouvoir elles ne sont pas une production id ologique de droite La loi est pr sent e et discut e au parlement comme une loi de gauche Les d fenseurs de l ducation sp ciale appa
62. sacrifier aux usages aux habitudes et aux pratiques du moment et plus loin perdre du temps signifie au fond gagner l homme en le laissant devenir ce qu il est S ur jumelle de l urgence la pr cipitation p dagogique ne fait pas bon m nage avec les fins de l ducation si comme l crit Philippe Meirieu le p dagogue est un ducateur qui se donne pour fin l mancipation des personnes qui lui sont confi es la formation progressive de leur capacit d cider elles m mes de leur propre histoire et qui pr tend y l Andr Green raconte que lors de sa premi re rencontre avec Wilfred R Bion autre psychanalyste de renom il lui fit d couvrir cette phrase de Maurice Blanchot qu aussit t W R Bion adopta Lhopital M L insoutenable capacit de penser Givors Journ e d tude novembre 1995 2 Matt i JF in Le Dossier du CLERSE D cembre 1994 parvenir par la m diation d apprentissages d termin s tout ce qui concourt la dignit du petit d homme en devenir demande du temps beaucoup de temps Aussi posons nous que la n cessit de l urgence des moyens ne s impose qu d faut quand celle de la priorit des finalit s est exigible d s lors que l on vise l mergence du sujet humain qu il soit handicap ou non la vis e est identique m me si certaines difficult s rencontr es sont renforc es et ou sp cifiques 3 Nous ne pouvons pas chapper ce devoir d lucidation car toute pr
63. se mettre d accord sur ce qui permet l tre de devenir Autre c est dire sujet de lui m me Surgit alors une autre question qui marque la paradoxalit initiale de la pens e thique contemporaine L thique est appel e et de plus en plus la rescousse pour clairer l homme dans ses conduites ici bas au moment m me o les conditions de g n ralisation voire d universalisation sont d faillantes L thique est en quelque sorte interpell e au moment m me o paradoxalement tout semble l annuler Le vide thique qui pour reprendre une expression de Hans Jonas s accouple au plus grand des pouvoirs la mort des id ologies tant de fois nonc e et le statut de l individu go ste lev au rang de valeur supr me si souvent d plor toute cette argumentation de fin de si cle confine l antienne ressass e comme une sorte d thique du d sespoir Ainsi se d velopperait cette nouvelle qu te axiologique sur fond d impuissance trouver les conditions de son laboration Cette thique Kirkyacharian J J Journ es d tude Ethique et handicap CREAI Rh ne Alpes F vrier 1997 2 De Koninck Th De la dignit humaine Paris PUF 1995 p 159 3 Meirieu P Le choix d duquer op cit p 11 4 ibid p 12 5 Russ J La pens e thique contemporaine Paris PUF 1995 6 cf par exemple les derniers ouvrages de Gilles Lipovesky 7 Pour Gilles Lipovesky dans un monde individuali
64. sorte d thique de compromis o nous n attendons pas de l autre sacrifice et bienveillance mais respect accru de l existence 13 Quand on cherche l homme dans la litt rature thique d aujourd hui on trouve d abord l Autre l autre avec ou sans majuscule autrui ke prochain la r flexion sur l homme passe d sormais par l alt rit Pourtant dans 1 Du grec scandalon pierre d achoppement 2 Stiker H J Culture bris e culture na tre Paris Aubier Montaigne 1979 page 10 3 Lipovesky G Le cr puscule du devoir page 290 une enqu te r cente sur les valeurs des fran ais une tendance lourde appara t l autre en g n ral est suspect ou plus exactement et nous y reviendrons quand nous aborderons la question des personnes handicap es il y aurait un rejet croissant des gens rep rables par leur plus grande ali rit gens motionnellement instables ayant un casier judiciaire alcooliques familles nombreuses extr mistes efc Emmanuel L vinas occupe une place incontest e dans cette r flexion aussi marquante que l inexplicable calvaire des martyrs du national socialisme auxquels il d die d ailleurs l un de ses ouvrages tant sa pens e a t model e par cet impensable Depuis Auschwitz nous savons que l homme c est aussi celui que l on peut pi tiner jusqu l effacement que l on peut r duire un mat riau une denr e une fum e et m me rien Pour lui penser l tre et l
65. viter ies int grismes mais qui peut aujourd hui leur donner une le on st les glises en d pit de leur discours ont souvent t plut t du c t des fastes du Pouvoir que du c t du respect d chacun dans ce qu il a de plus humble force est de reconna tre que leurs vis es affich es sont du c t de la reconnaissance de homme comme tre d amour envers Dieu certes mais aussi envers son prochain comme tre capable de respect envers lut et les autres comme tre poss dant une dignit propre et inali nable Aucune religion ne traite de l homme tel qu il est puisqu il s agit toujours d un autre que l homme mais les religions contribuent la connaissance de l homme par un apport inestimable la recherche de sa d finition thique L opposition Nature et Culture ne peut elle s av rer une aporiel f conde Si les religions s int ressent l homme dans ses rapports avec Dieu c est dire en tant qu tre d termin par une histoire qui n est pas la sienne et le d passe les philosophies s attachent plut t le d finir en lui m me pour lui m me bien que le principe de transcendance ne soit pas toujours cart et cr e ainsi des ponts de sens avec les approches religieuses Les philosophes de la Gr ce Antique mais galement ceux du Si cle des Lumi res se font apologues de l homme rationnel par opposition l animal qui iui n est pas dou de raison Cette position cr
66. 2 t Comte A 1798 1857 Le syst me de politique positive Paris Librairie positiviste 4 dition 1912 tome 1 p 91 5 Spencer H 1820 1903 cit par Challaye F in L enfant et la morale op cit p 49 Cette appr ciation p jorative encourage Spencer insister sur la n cessit de l ducation 6 Durkheim E 1858 1917 pense que c est la soci t qui va faire de l enfant un tre moral et social L ducation cr e dans l homme un tre nouveau cit par Challaye F in L enfant et la morale ibid p 52 7 Freud S 1856 1939 8 Cit par Joseph L et Fritsch Ph op cit p 218 La familiarit avec l enfant n abolit pas la famille au contraire elle met un terme la mise en sc ne familiale quoi s accrochent conservateurs et traditionalistes l Tout au long de l ouvrage d Ernest Legouv Z les enfants apparaissent comme des sujets au sens plein du terme susceptibles de poser des questions vraies Dans ce contexte l enfant est non seulement objet d amour mais il prend de l importance et devient interlocuteur raisonnable qui juge autant qu il peut juger C est une repr sentation de l enfant ducateur qui fait jour ici l enfant dans son innocence inquisitoriale interpelle p re et m re sur leur r le Les enfants occupent aujourd hui une place beaucoup plus grande dans la famille on vit avec eux on vit pour eux soit redoublement de pr voyance et de tendresse soit faibl
67. Ce relativisme culturel sorte de r surgence sophiste dont le postulat fondateur semble garantir la non mergence de positions h g moniques peut aboutir cependant justifier des pratiques inhumaines au nom de la relativit et de l gale dignit ainsi comme le d nonce Olivier Reboul l excision des filles voire l anthropophagie auraient la m me valeur que l galit le respect des droits de l homme Dans les ann es 80 on voit merger une critique radicale de cette relativit quand elle devient un relativisme culturel ind passablie par la mise en vidence non d une culture qui serait meilleure que les autresi mais de comportements culturels universels qui composeraient une sorte de noyau commun autour duquel graviteraient des comportements sp cifiques 3 Il y aurait donc la fois unit et diversit de l tre humain et place pour penser l humanit en termes de trajectoire universelle crois e et recrois e par des cheminements individualis s c est dire en terme de rencontres pr d termin es et surtout de rencontres possibles l Il s agit l d une position de principe que nous partageons ne pas prendre parti dans ces situations rel ve de l intol rable Au nom de Finterdit de violence ces pratiques doivent tre condamn es Mais l instar de Tobie Nathan on peut admettre de ne pas juger l espace d un instant quand il s agit par exemple de chercher comprendre dans un but th
68. Magloire Bourneville Dans son z le Ce sont les ali nistes qui sont l origine du projet des classes sp ciales La question de l enfance anormale est n e dans le mieu m dical et scientifique 2 Michelet A et Woodill G op cit p 235 La p dagogie exp rimentale introduit l id al de la ma trise et de la mesure Comme le disent pr c demment les auteurs p 138 On mesure on met en statistique on extrapole propos de tous les ph nom nes de l esprit consid r s jusque l impond rables 3 Notons que la notion de d bilit tait d j pr sente chez Itard qui parlait en 1838 de l sion des fonctions intellectuelles 4 Jacqueline Roca in Alter et CRTS n 19 op cit p 71 5 Les enfants anormaux guide pour l admission dans les classes de perfectionnement Paris Armand Colin r dition 1978 Toulouse Privat o s lectionner ces enfants le c l bre psychologue n a pu emp cher la soci t de ne s int resser finalement qu aux valeurs r cup rables au m pris des plus faibles Les tests d intelligence seront bient t accus s d tre entach s de d terminations sociales et par cons quent inaptes objectiver les capacit s intellectuelles Moins que la m thode elle m me c est son usage qui conduira aux pires aberrations Les classes sp ciales ont vu le jour le 15 avril 1909 apr s deux longues et laborieuses ann es de n gociations dans un climat de tensions de contradic
69. PREMIERE PARTIE REGARD PHILOSOPHIQUE Il s agit de reconna tre que l autre nous est pr cieux dans la mesure o il nous est dissemblable Albert Jacquard CHAPITRE I LA REALITE DE LA REALITE De toutes les illusions la plus p rilleuse consiste penser qu il n existe qu une seule r alit Paul Watzlawick Combien il est difficile de refuser d embrasser inconditionnellement une seule d finition de la r alit d oser jeter sur le monde un regard diff rent 2 Nous r agissons autrui nous voyons les choses les comprenons travers notre activit mentale qui les construit ou les d construit selon les lieux les moments et les motions Celles ci s av rent n tre finalement qu une repr sentation subjective et fuyante Notre besoin l gitime de s curit et de cause Nous pr f rons nos certitudes aux changements et au nouveau Au del des automatismes professionnels sociaux et culturels nous peinons voir le r el tel qu il est et ne l apercevons qu travers le prisme des chapelets d habitudes de r flexes et de st r otypes Si l homme n est pas un automate s il peut tre pr sent en tant que raison raisonnante ce n est que par un effort sur lui m me L homme peut refuser une conscience endormie et trouver l quilibre dans le mouvement La r volution n est pas d abord conomique elle se situe au niveau de l homme elle est ducative et culturelle L homme doit savoir ce q
70. T L inconscient d hier et d aujourd hui in Sciences Humaines n 52 Juillet 1995 p 19 2 Burrhus Frederic Skinner psychologue am ricain sp cialiste du conditionnement et de l apprentissage et consid r comme le p re de l enseign ment programm ira jusqu crire A l Homme en tant qu homme nous disons sans h siter bon d barras i d veloppe des aptitudes au langage si certains oiseaux comptent si les soci t s animales sont galement structur es par des cl tures yl des rapports hi rarchiques et si chez l homme cet animal qui s ignore m me le choix du partenaire sexuel ou des qualit s morales telles que l altruisme ne sont qu au service d un programme irr ductible et pr d termin de survie quelle pourrait tre la cl de la nature humaine L observation de la nature on vient de le voir peut remettre en cause la notion m me d homme en tant qu tre radicalement diff rent des autres esp ces mais l tude de l homme et de sa culture peut aussi aboutir la mort du sujet dont les pens es et les actions sont d termin es par des structures universelles les mythes la parent etc et l id e m me de l homme en fin de compte comme concept contingent appel dispara tre Mais ce sujet cet insupportable enfant g t dont parle Claude L vi Strauss enfant g t qui a trop longtemps occup la sc ne philosophique et emp ch tout travail s rieux en r cl
71. a t dans le sacrifice et le sacril ge alors l humanit est sacr e pour l homme et cette humanit est universelle ou elle n est pas Reboul O op cit p 21 2 A l instar de l ducation la m decine doit affirmer qu elle ne peut pas tout sauf cautionner la naissance r cente du mythe de l enfant parfait Pour Lucien S ve le mythe de l enfant parfait devient la limite le mythe de l enfant de synth se de l enfant artificiel de l enfant command sur catalogue de l enfant produit de laboratoire Les parents marqu s par ce mythe r fl chissent ils suffisamment sur le fait que la libert de l individu la libert de l enfant par rapport aux parents tiennent d abord son impr visibilit pr cis ment S ve L Ma triser la science Mouv Ance N 4 Avril 1992 2 1 1 Enseigner ce qui unit ce qui lib re Freud a appel hilflosigkeit l incapacit primitive de l enfant se venir en aide lui m me se d velopper sans assistance Pour nommer cet tat Winnicott utilise le concept de double d pendance parce qu au d but non seulement l enfant est totalement d pendant mais en plus il ne sait pas encore qu il est d pendant Petit petit selon Jacques Lacan l infans passe du registre du besoin celui du d sir et devient capable de distinguer les notions d int rieur et d ext rieur de moi et de l autre de sujet et d objet lorsqu il peut s identifier une image globalis e e
72. adoxalement ce qui r v le le mieux la tension entre des repr sentations incompatibles Le non dit fait son uvre partout dans toute situation de relation l cole dans l exp rience d int gration scolaire a fortiori Un champ de forces vari es parfois tourment es et confuses exerce ses effets dans l espace de rencontre y cr e des fortifications ou creuse des impasses chacun l accepte le subit le conjure sa mani re selon son approche ses moyens ses d fenses L inconscient crit Didier Anzieu produit partout et toujours ses effets contre lesquels les hommes ne cessent de se d fendre ce lieu oblig de communication et d changes qu impose l int gration scolaire o s crivent en creux les attentes les convictions et les craintes de chacun il n y a pas que rationalit et logique Nous postulons d embl e que tout ne se joue pas sur la sc ne du conscient d aucuns voient supputent et projettent quand d autres proposent une certaine fa on de fonctionner l imaginent ou s y d robent 1 1 2 du c t de l cole de l apprentissage et de l int gration scolaire L cole est l objet de lois de r gles d informations mais elle l est aussi de jugements d espoirs de d ceptions et d opinions partisanes qui p trissent des positions diff rentes son encontre Elle a souvent figure d un ailleurs autoritaire ob issant des r gles ext rieures et strictes L cole est un univers fronta
73. affective interviennent dans l alchimie des repr sentations Celles ci sont toujours des produits de constructions originales la traduction des relations complexes r elles et imaginaires objectives et symboliques que le sujet entretient avec l objet 8 La repr sentation devient sociale partir du moment o elle est partag e par un groupe d individus qu elle est produite et engendr e collectivement et comme le dit Serge Moscovici quand sa fonction contribue 1 Weber M cit in Sociologie contemporaine op cit p 67 2 Piaget J La formation du symbole chez l enfant Paris Delachaux et Niestl 1976 1 dition 1945 3 Perron R sous la direction de Les repr sentations de soi Toulouse Privat 1991 p 14 4 L image mentale est le support de l activit p dagogique au sens o il n y a pas d apprentissage sans repr sentations On peut analyser les repr sentations comme tant la fois des productions cognitives quel raisonnement quelle logique et comme productions sociales quelles d t rminations sociales quel sens Voir Raynal F et Rieunier A Petit vocabulaire de P dagogie l intention des enseignants Abidjan IPNETP 1991 p 198 6 ibid T Brouat J P ssentations et handicap v clarification des con et des m thodes CTNEREHE n hors s rie 1990 p 23 8 Abric J C Jeux conflits et repr sentations sociales th se de doctorat d tat Aix en Provence 1976 p 106
74. alit contemporaine o la compulsion de r adaptation est ce point l uvre qu elle r duit bien souvent le sujet l tat d objet traiter Nous sommes ainsi ramen s notre propos introductif toute pratique ducationnelle implique toujours cette vision du type d homme de soci t de valeurs promouvoir Aussi est il n cessaire d aborder l volution des paradigmes l uvre car l histoire de notre mentalit contemporaine depuis l aube de 1 humanit contribue clairer les comportements individuels et les politiques sociales l gard des enfants pas comme les autres Nous partons d une r flexion sur ies repr sentations au plus pr s de nos pr occupations l enfant l cole nous largissons notre propos la 1 Bonjour P Lapeyre M op cit p 23 2 Meirieu P Le choix d duquer op cit 3 Bonjour P Lapeyre ML op cit p 23 question de la d finition de l Homme avant d aborder celle de l individu rencontrant une situation de handicap 2 2 DEFINIR L HOMME A LA RECHERCHE D UNE IMPOSSIBLE MAIS NECESSAIRE DEFINITION 2 2 1 L clairage de la th ologie et des sciences humaines Si les hommes ont cherch de tout temps d finir l Homme force est de constater que le d bat pris nouveau une importance consid rable ces derni res d cennies Les interrogations d autrefois avaient forg des r ponses autour d un noyau f cond celui
75. amant une attention exclusive loin de se laisser d finir par des tentatives de r int gration dans la nature ou dans la culture et qui n aboutissent qu le dissoudre le sujet rena t chaque fois et se fait totalit bio psycho sociologique pour Edgar Morin qui rejette toute d finition qui fasse de l homme une entit soif supra animale soit strictement animale car pour lui il est vident que l homme est un tre culturel par nature parce qu il est un tre naturel par culture 2 2 2 2 Qu est ce que l homme ou l in vitable interrogation thique S1 ces approches plurielles ont aid d signer voire liminer quelques fausses questions et quelques pseudo questions restent les vraies questions et parmi elles une qui fonde notre interrogation mais peut on d finir l homme 73 Ou mieux peut on d finir l homme autrement que comme tre de complexit et tre paradoxal Etre de complexit parce que cette entit bio psycho sociologique ne peut tre r duite aucune de ses composantes pas plus que caract ris e par une seule de ses relations dialectiques tre paradoxal parce qu il ne se d finit peut tre qu en tant qu il est sans cesse au del de lui m me objet d finit par son infinitude qui le fait sujet c est dire libert D s lors si une r flexion sur l homme ne peut sans dommages ni s en tenir aux faits mi s appuyer sur la transcendance si une telle r fle
76. ans fin 4 La lot du 30 juin 1975 aid e par une autre loi promulgu e le m me jour relative aux institutions sociales ou m dico sociales garantit les droits des personnes handicap es en mati re d ducation de travail et d autonomie sociale On glisse incidemment avec elle de la notion de bonne uvre celle de technicit de celle d assistance conomique et m dicale celles de r adaptation et de r insertion Si ia soci t contemporaine a pour souci de pr venir les exclusions c est parce que les populations concern es par les textes de lois sont avant tout consid r es comme des exclues qu il importe d int grer Les orientations politiques se focalisent sur la recherche de solutions ordonn e pallier les situations marginales L int gration scolaire qui recherche le maintien au plus proche du cadre de vie en est un exemple Le handicap est d s lors appr hend moins par son origine que par ses cons quences la marginalisation Il l Roca J op cit p 292 2 Comme nous l avons d j vu Monique Vial et Jacqueline Roca d montrent le contraire L enseignement sp cial est sous la double h g monie des psychologues et des communistes Georges Heuyer Henri Wallon Ren Zazzo sont des hommes de Gauche 3 Pour Michelet A et Woodill g op cit p 79 la conscience collective a encore se d barrasser d arguments sp cieux Dune part le d ni de la d bilit mentale
77. ant les changes entre naturalistes philosophes m decins historiens explorateurs Bien que la plupart d entre eux se r clame d un m me courant de pens e l id ologie comme science des id es de leur naissance de leur formation de leur r le la Soci t pour l observation de l homme n e en 1799 s teindra d s 1805 min e par des querelles internes Mais l anthropologie n a cess de se d velopper autour de la probl matique centrale de l unit et de la diversit de l tre humain sans fournir ce jour une r ponse d finitive la question De physique il s agissait alors de hi rarchuiser les races humaines par des mensurations l anthropologie se fit culturelle et au d but du XX me si cle gr ce l apport d Auguste Comte les civilisations taient hi rarchis es selon que la pens e humaine l uvre ressortit a magie la religion ou la science Le XX me si cle r agit ces conceptions hi rarchiques Toutes peuvent conduire des d rives potentiellement dangereuses pour l individu l exclusion na t non des distinctions entre les hommes mais de leur hi rarchisation En posant comme irr ductible la relativit des cultures entre elles toutes sont consid rer en gale estime le d veloppement techmique du monde occidental est remarquable et digne d int r t mais pas plus que la spiritualit orientale ou que ta complexit sociale des Arborig nes d Australie
78. atique en la mati re implique toujours et in luctablement une vision plus ou ki moins judicieuse justifi e ou justifiable d un type d homme ef de soci t promouvoir une conception des valeurs et de la destin e de l tre humain s4 Les incidences d une telle question ont des retomb es tr s concr tes dans l enseignement g n ral donner la priorit la technologie plut t qu Thistoire par exemple c est prendre parti hi rarchiser les valeurs qui sous tendent ces disciplines dans notre domaine sp cifique mettre l accent sur la singularit du parcours scolaire de chaque enfant plut t que mettre au point des parcours types garantissant ies meilleures performances pour tout colier c est parler de l enfant l cole et pas seulement de l enfant en tant qu l ve car l enfant ne se r duit pas sa fonction d l ve fusse t elle exaltante et humanisante Et si poursuit Guy Avanzini la philosophie de l ducation est tout simplement l explication argument e de ce qui est implicitement l uvre dans l activit correspondante en largissant le d bat au del de l approche philosophique que vaudrait une quelconque pratique p dagogique sans l clairage des syst mes explicatifs qui jalonnent l histoire de l humanit Cette histoire de l humanit beaucoup sans doute la souhaiteraient lisible sans ambigu t et surtout marqu e de progr s humains indiscutables dans un
79. aux enfants nerveux retard s et instables oo imiter Riche de tous les possibles l enfance est caract ris e par une soif d apprendre et de grandir L enfance a pour but de reculer le plus loin possible ce moment o l tre perdant son aptitude devenir se fige se fixe d finitivement dans sa forme comme le morceau de fer que le forgeron a laiss refroidir 2 Le philosophe Alain parlera son tour de ce mouvement naturel de cro tre Cette repr sentation de l enfant mu par son allant devenant est encore aujourd hui ch re aux psychanalystes et stimule les avanc es th rapeutiques D Alexander Neill avec sa p dagogie libertaire C lestin Freinet4 qui d nonce de son c t la survalorisation des conduites ludiques et les illusions libertaires car ce n est pas le jeu qui est naturel chez l enfant c est le travail i y a des divergences quant ce que serait le bien de l enfant mais il y aussi une similitude dans l intention il s agit pour les deux ducateurs d ajuster pour l enfant un environnement au del de tout moralisme et disciplinarisation mutilants De Roger Cousinet qui d nonce les dangers d une cole qui refoule toute vie sociale dans fa classe et oublie de donner aux enfants des m thodes qui leur permettraient de r aliser eux m mes leurs apprentissages Maria Montessori qui pr tend que l enfant lance l adulte un appel inconditionnel apprends m
80. bles Le non initi d couvre brutalement la faveur de la naissance de Dolly la brebis britannique clon e que d une part nombreux sont les pays qui ont d j l gif r sur cette question depuis le d but des ann es 90 et d autre part que les positions juridiques 1 Marcel Conche fait cette r flexion am re le consensus g n ral et verbal sur le respect d tout homme et les droits de l Homme recouvre le d sordre profond des esprits puisqu on ne s entend pas par exemple sur la question de savoir si l avortement est un crime ou une action moralement innocente quoique regrettable ou une 2 On entend p par cloner les humains toute intervention ayant pour but de cr er un tre humain g n tiquement identique un autre tre humain vivant ou mort 3 Encore que comme le souligne Lucien S ve clonage et identit parfaite sont deux probl mes diff rents H a t r pandu dans l opinion l id e que l on pouvait cloner l tre humain Nous savons bien que les g nes jouent ici un r le organisateur mais pourquoi deux jumeaux vrais g n tiquement semblables ne sont ils pas organiquement et psychiquementt identiques Il y a comme le dirait Ren Zazzo le scandale de la diff rence entre les jumeaux vrais Lucien S ve Ma triser la science in Mouv Ance op cit adopt es sont tr s diff rentes les unes des autres dans des pays dont les cultures sont r put es proches Au momen
81. chaque femme faible d esprit est une prostitu e potentielle Ainsi au moment m me o la science est capable d expliquer et de formuler des diagnostics paradoxalement par la science elle m me ou du moins en son nom d biles mentaux pauvres criminels pileptiques fous faibles de temp rament des sens malform s cong nitaux sont nouveau rel gu s dans une m me cat gorie indiff renci e pour subir un v ritable raz de mar e de l eug nisme La science n explique pas tout et n a pas de r ponses pour tout telle 1 C est en fait surtout partir des ann es 60 que ces classes tendront devenir des lieux de rel gation d enfants probl mes et fauteurs de troubles 2 La cr ation des classes de perfectionnement n a au d part qu un caract re facultatif L article 1 de la loi de 1909 est formul en ces termes Sur la demande des communes et des d partements peuvent tre cr es pour les enfants arri r s des deux sexes des classes de perfectionnement annex es aux coles l mentaires publiques des coles autonomes de perfectionnement qui pourront comprendre un demi internat ou un internat Un projet initi par le d put radical Paul Strauss en 1908 puis un autre projet de loi en 1929 insisteront pour substituer l obligation au caract re facultatif Sans faire l objet d une loi celle ci sera quand m me tablie en 1936 3 Les cr ations sont dues en g n ral l initiative locale l action
82. cle est agit de questionnements Etudiant la litt rature p dagogique de 1879 1904 Monique Vial montre que les enseignants sont pr occup s par les probl mes li s l obligation scolaire qui cr e une situation de droit et rend difficile l exclusion scolaire d enfants dont le comportement perturbe les classes Le d bat des ma tres se focalise sur le couple ducation r pression Est envisag e la possibilit de cr ation d institutions mi chemin entre l cole et la prison des coles de r forme dont la fonction disciplinaire permettrait la contention des l ves d viants Un tei projet ne fait cependant pas l unanimit La cr ation de classes sp ciales ne partira d ailleurs pas des probl mes que rencontrent les ma tres Avec D sir Magloire Bourneville c est l id e d une institution mi chemin entre l cole et l asile qui va se trouver pos e et d battue au sein de la commission Bourgeois Les pol miques qui se cristallisent autour de la cr ation des classes sp ciales sont d j une illustration du malaise o se condensent les contradictions de l esprit politique et scientifique de l poque Le d veloppement de la p dagogie exp rimentale permet de concevoir l espoir d une p dagogie strictement objective capable de s adapter parfaitement aux besoins de l enfant quel qu il soit Ces nouveaux savants qui savaient tout en rapportant l esprit des donn es mesurables et mesur es critiquaient acerbement
83. d tablissements multiples g n ralement d initiatives priv es En 1900 aucune politique nationale n existe encore ni pour soutenir l action priv e ni pour entretenir les services publics L ducation des enfants d ficients mentaux est loin de faire l unanimit au contraire Des pol miques opposent ceux qui veulent pr server le droit l ducation ceux qui le mettent en doute ceux qui r clament dans ia soci t assistance et soins dignes de la philosophie humaniste ceux qui pr conisent l id ologie de fa s lection sociale Ces derniers puisent leurs arguments des nouvelles m thodes d examen qui d veloppent l id e de normes Le concept d homme moyen d crit par Alphonse Qu telet comme la personne id ale pour pertinent qu il soit va servir conforter des th ories aux accents eug niques plus que douteux Dans des th ories reposant sur des travaux pseudo scientifiques plus ou moins recevables tout cart est traduit comme ressortissant de la pathologie La caution de la science fait oublier les interpr tations tronqu es de certaines donn es exp rimentales John Langdon Down par exemple en 1866 invente une classification ethnique des arrt r s fond e sur l aspect pr dominant des signes d g n ratifs de leur physionomie Dans les derni res d cennies de ce si cle le droit d assistance proclam lors de la R volution de 1789 est r affirm On voit un regain de l Assistance publique
84. dans le pr sent Besoins actuels sensations et mouvements occupent tout le champ de sa conscience troite Johann Heinrich Pestalozzi reprend le th me de la bont naturelle de l enfance et propose une ducation faite de bienveillance et de bont continueZ Friedisch Fr bel dans son sillage souhaiterait que l enfant nous apparaisse toujours comme un gage vivant de la pr sence de la bont et de l amour de Dieu 3 Il propose une ducation religieuse et loue les vertus ducatives du jeu C est lui qui est d ailleurs l origine des jardins d enfants A la m me poque Auguste Comte soutient qu il existe d s l enfance c t des instincts go stes certains instincts sympathiques dont la pr dominance sur les impulsions go stes constituera la moralit Sa repr sentation de la nature de l enfant est plut t favorable comparer avec celle d Herbert Spencer convaincu que c est une grave erreur de croire que tous les enfants sont n s bons ou celle d Emile Durkheim qui d cr te l enfant asocial et go ste ou de Sigmund Freud qui le traite de pervers polymorphe la seule recherche du plaisir de la volupt en dehors de la satisfaction La pr occupation d Auguste Comte est l instauration d une ducation positive qui appuy e sur l usage de la raison d veloppe la sociabilit Dans la deuxi me moiti du XIX si cle Emile Durkheim fait para tre son tude Introductio
85. de l enthousiasme pour le progr s que connaissait son poque de la foi en la science en bref du positivisme comtien comme ach vement ultime d une soci t au fa te de son volution Les trois tats hi rarchis s de soci t s qu il d crit sont heuristiques Les deux premiers ordres la soci t primitive ou tribale et la soci t traditionnelle ou religieuse se sont construits de l antiquit la fin du XVF si cle le dernier ordre est n au d but du XVII si cle pour trouver sa pleine expression aux XTX et XX si cles cr ant la soci t scientifique agnostique et positive L aube de l histoire humaine pourrait s intituler superstition et exclusion Dans les soci t s archa ques que d crit le premier tat comtien le handicap ou plus pr cis ment l infirmit Z est un mal fice envoy par les dieux un signe qui indique que ceux ci sont en col re vis vis de la soci t Le probl me se pose surtout pour les malformations cong nitales qui entra nent une v ritable terreur C est pour cela qu on expose les enfants n s difformes qu on les 1 Ii nous para t pertinent d utiliser la doctrine positiviste Celle ci se trouve justement pr valente au temps des grandes lois scolaires fondatrices 2 La notion d infirmit l poque ne couvre pas tout le champ de ce que nous appelons aujourd hui handicap Les aveugles les sourds et les d biles parce qu ils ne mettent pas en cause la conformit ne sont pas
86. de l indiscipline une pathologisation des difficult s scolaires Jesquelles am nent une construction du concept d arri ration dans les repr sentations scolaires Tout est pr t pour que la notion prenne d s lors un aspect mythique Le concept d arri ration proc de d une v ritable construction id ologique puisqu il recouvre une r alit autre que celle laquelle il renvoie th oriquement gt il est une laboration pseudo scientifique qui r v le les ambitions d une classe sociale sous l all geance des valeurs bourgeoises Derri re la pseudo harmonie des discours sur la finalit des classes sp ciales ne peut on lire des r f rences la prophylaxie morale et des pr tentions faire uvre de pr vention de la criminalit juv nile Moins que le perfectionnement de l arri r il s agirait davantage d un souci de moralisation de ma trise des d bordements de rel gation Le concept de d bilit 6 v ritable construction id ologique dont l aspect mythique se confirme ne servirait il pas masquer le v ritable r le social des classes de perfectionnement pendant cette p riode La r ponse que Jacqueline Gatteaux Mennecter apporte cette question est positive et d montre que les classes sp ciales sont l expression dulcor e et r duite d une strat gie de contention au niveau macro social 7 En regroupant les enfants per us comme d viants en assurant par rapport l cole ordinaire un
87. de la perversion des sociopatlues Elle est par ailleurs profond ment humaniste et humanitaire puisqu elle remplace la guillotine par l h pital psychiatrique vie in Historique des classifications en sant mentale Handicaps et inadaptation Les classifications de la sant mentale Actes du s minaire du jeudi 6 d cembre 1990 Les Cahiers du CTNERHIL n 57 janvier mars 1992 p 8 Notons que cette loi est aujourd hui abrog e par celle du 27 juin 1990 qui cependant lui ressemble en de nombreux points sauf sur la question de la Commission d partementale de contr le des hospitalisations Comme le font remarquer Michelet A et Woodill G tous ces hommes sont unis par le m me id al philosophique le saint simonisme pr curseur du socialisme Dans cet id al soci tal est reconnu tous le droit l instruction 3 Edouard Seguin est consid r aujourd hui comme un pr curseur de la neuro psychologie et de la r ducation psycho motrice Cit par Michelet A et Woodill G op cit p 193 gt Reste que cette uvre n est que le fait d une minorit agissante D apr s Roca F D sir Magloire Bourneville m decin ali niste Bic tre est un des pionniers militant pour la cr ation de l enseignement sp cial Comme l auteur le fait remarquer a question de l enfance anormale des coles est n e dans le milieu m dical et scientifique in Classer les assist s 1880 1914 Revue Alter et CRTS
88. de personnalit s m dicales o d associations militant en faveur des anormaux L initiative de l Etat ne se d veloppera qu apr s la seconde guerre mondiale On comptabilise 100 classes en 1930 275 entre 1942 et 1944 En revanche l effectif est multipli par cinq apr s la lib ration 4 Michelet A et Woodill G rendent avec regret Binet A responsable d une d gradation de la valeur du diagnostic et d une estimation p jorative des possibilit s des arri r s et des pouvoirs de la r ducation Vayer P Roncin Ch op cit p 29 est la terrible d sillusion du positivisme Science sans conscience n est que ruine de l me disait d j Rabelais Ses limites sont celles qu imposent l intelligence du c ur et l amour de l humanit 3 2 LA SOCIETE ORTHOPEDIQUE Au moment o na t le mouvement en faveur de P enfance anormale la soci t est prouv e par des gr ves des attentats et ia mont e du socialisme Les classes dominantes per oivent la n cessit de r formes sociales en profondeur Le solidarisme doctrine qui anime des r publicains radicaux comme L on Bourgeois reprend le principe du droit l assistance issu de la R volution Les notions de dette sociale et de quasi contrat qui lient tous les membres d une communaut justifient des projets tels que ceux de la protection et de l ducation de l enfance o se condensent les devoirs d aide et d assistance Par ailleurs Le souci de
89. dent qu une intelligence ou qu une responsabilit aft nu es ne leur permettant pas d acqu rir l cole commune et par des m thodes ordinaires d enseignement la moyenne d instruction que re oivent les autres l ves 1 D aucuns pr f rent utiliser les d signations institutionnelles pour clarifier leur diagnostic ainsi es anormaux d hospice et les anormaux d cole sont des expressions qui en exprimant clairement la diff rence de destination signalent le degr de pathoiogie S il est n cessaire de d signer pour comprendre la fi vre classificatorre dont s est empar e l aube du XX si cle justifie toutes les incoh rences L exacerbation du vocabulaire confine au non sens Que les progressions en mati re de diagnostic et de traitement soient incontestables n emp che pas l errance L extension la g n ralisation guettent toute d couverte au m pris de leur perversion Parfois des cat gorisations masquent peine les parts de subjectif de fantasmes sociaux ou d attachement id ologique L eug nisme s impose incidemment Sous les titres limination des anormaux et prohibition du mariage des anormaux Richet prend pour cible de son exasp ration scientifique apr s les races inf rieures les culs de jatte les becs de li vre les pieds bots les polydactvyies les hydroc phales les idiots les sourds muets les rachitiques les cr tins ou encore les pileptiques alcooli
90. des premiers ali nistes sont bas s sur les sympt mes organiques donn es morphologiques aspect et volume du cerveau mesures de la bo te cr nienne Cette approche sera vite consid r e comme insuffisante L illusion d un diagnostic simple et s r commence s effriter L asile au XIX si cle n est qu un parc qui assure gu re plus qu une survie mais l Selon La Rochefoucauld Liancourt cit par Stiker H J op cit p 116 2 Comme l crivent Michelet A et Woodill G Ze traitement replace le fou en face de la raison ef tente d op rer sa gu rison op cit p 32 La psychiatrie naissante est l origine d une r volution mentale incontestable puisque c est par elle que commence tre reconnu le droit aux soins accorder toute personne humaine 34 L homme en d mence est priv des biens dont il jouissait autrefois c est un riche devenu pauvre L idiot a toujours t dans l infortune et la mis re Esquirol cit par Michelet A et Woodill G ibid p 102 Notons que pendant tr s longtemps la folie a t consid r e comme une perversion du sens moral de l homme aussi tait it impossible de concevoir que l enfant puisse tre ali n l exception de quelques cas d imb cillit et d idiotie cong nitales Bemer P et Luccioni H Aper u historique sur les mises en ordre des maladies mentales De l int r t de la nosologie Confrontations psychiatri n 24 1984 Convention
91. dgets technologiques ou se d voyer en redoutables sectarismes si le sens la vis e vers lesquels on veut tendre ne sont pas indiqu s explicitement Ainsi l ducateur est il passeur et bricoleur Il est passeur parce qu il aide l enfant passer de l emprise des sens l panouissement de la sensualit et de la sensibilit passer du syncr tisme trompeur originel l intelligence ouverte au monde passer de l gocentrisme r ducteur l individuation et l aptitude la rencontre cl s du bien tre personnel et du bonheur de vivre avec les autres Il est aussi bricoleur infatigable parce qu il fait un tout avec des petits riens sans cesse recommenc s il veut r ussir atteindre presque f inatteignable en faisant dialoguer l infini la vis e qui met en mouvement et la r alit r sistante qui la supporte La question du mieux pour Fenfant pr cise ainsi ses contours Quelle que soit la position de l acteur la place d o il parle son projet avec l enfant devrait toujours rester ordonn promouvoir l humain en lui et son intronisation dans l ordre socialt Mais ce mieux pour l enfant est il une entit universelle et d finie autrement que ce qui est le mieux que le moins bon et le mieux parmi tout ce qui est bon 2 Sans l inqui tude thique cette notion paradoxale ne risque t elle pas de se r sumer la traduction simpliste des isotopies sociale et m dicale qui structurent la ment
92. du 19 mars 1793 6 Morel et Quetel cit par Michelet A et Woodill G ibid p 197 T Cette polarisation sur ces l ments ne permit d ailleurs pas une volution du diagnostic Ii faudra attendre les progr s de la neurologie au XX si cle pour appr hender la complexit du cerveau tt permet la soci t de cacher et de r guler la mis re La loi de 18381 vient r gir cet espace en articulant une logique m dicale et une logique sociale partir de 1845 les interventions th rapeutiques se diversifient travers l action d hommes de renom et d exp rience qui int grent la dimension psychologique et basent leur diagnostic sur le constat du d ficit mental des idiots Certains proposent le recours une classification d apr s les capacit s verbales quand d autres s int ressent la constitution physiologique Edouard Seguin m le les deux approches l explication physiologique du fonctionnement du syst me nerveux sup rieur et celle du syst me de relations L esprit scientifique stimule ses recherches et impose des concepts essentiels comme le soin et l ducabilit If utilise le bilan monographique Instituteur avant d tre m decin sa pr occupation est surtout d ordre ducatif Il construit une p dagogie pour enfants idiots centr e sur l activit et l ducation de la volont Si l on veut savoir s ils sont incurables on doit se donner la peine d essayer de les gu rir 4 Juste avant lui
93. du 9 avril 1898 qui d finit les droits des travailleurs et les responsabilit s en cas d accident du travail La loi marque le point de d part du concept d obligation sociale qui un demi si cle plus tard constituera le socle du principe de S curit Sociale La philosophie sociale est d sormais celle de la responsabilit de l assurance de la compensation de la r paration et du rattrapage Le grand imp ratif devient de normaliser Cette nouvelle donne sociale place la question des infirmit s au centre des d bats sociaux H ne s agit plus d affirmer un principe juridique et th orique d galit galit des droits comme l avait fait la R volution fran aise la suite des Lumi res mais de tenter une galisation des chances de mettre en route des proc dures des pratiques discriminatoires de correction d adaptation des d tours plus ou moins longs pour un retour dans la normalit sociale l L autre raison d terminante dans le passage d une soci t d assistance une soci t orthop dique est rattacher l h catombe de la premi re guerre mondiale Dans le d but des ann es 20 c est dire la fin de la Grande Guerre une question cruciale se pose que faire des milliers de rescap s de la Grande Tuerie il y avait surtout des mutil s des membres qui avaient besoin d orth ses ou de proth ses pour compenser autant que faire se peut leurs d faillances corporelles mais aussi beaucoup de militaires et
94. e fonction d ordre aseptisant et rel gatoire les classes sp ciales assument un r le social et id ologique m me si les finalit s de ces classes sont officiellement de soustraire les enfants aux dangers de la rue et de leur permettre de s inscrire dans la vie Gatteaux Mennecier J La d bilit l g re une construction id ologique Paris CNRS ADAGP 1990 2 L indiscipline est la non adh sion aux mod les culturels et comportementaux propos s par l institution En de des normes on parle des poids morts au del des perturbateurs L indiscipline constitue une menace pour l ordre tabli 3 Gatteaux Mennecier J op cit p 56 ibid p 61 ibid p 120 6 La notion de d bilit se d veloppe institutionnellement apr s la deuxi me guerre mondiale T Gatteaux Mennecier J op cit p 112 active la fin de leur scolarit l Cependant les mesures timor es de la l gislation en vigueurZ et l insuffisance de moyens mis en uvre n enfra nent qu un lent d veloppement des classes de l enseignement sp cial de 1910 1935 Les tests qui servent assurer leur recrutement ne sont pas neutres non plus Dans le pragmatisme industriel du d but du XX si cle force est de reconna tre qu ils sont l outil privil gi de s lection sociale quand ce n est pas de rel gation voire d limination 4 Monique Vial parle de production de l enfance anormale car en d pit des conseils et des
95. e poque cette repr sentation de l enfant qu il faut d fendre et duquer revient dans toutes les th matiques politiques On est loin alors des vistons du petit sauvage civiliser o se condensaient des traditions de m fiance et de brutalit Rompant avec les r f rences militaires on d veloppe des techniques fond es sur la raison sur la responsabilisation de l enfant et sur un investissement collectif 2 Si la fin de ann es 50 une nouvelle configuration de l enfance appara t il semble que ce soit davantage l expression d une tension socio politique l enfant hier victime prot ger et duquer devient l enfant lib rer du joug de l autorit Avec le d veloppement des sciences sociales les interrogations sur enfant se l in Evolution de la conception de l enfance Communaut s ducatives Paris n 68 juin 1989 pp 85 92 Christian Bachmann tait professeur d universit Paris VI 2 Bachmann C op cit p 86 complexifient L enfant est reconnu capable de contester voire de se r volter Des critiques de la famille comme structure de pouvoir revendiquent la lib ration de l enfant et son droit de s approprier sa vie et son destin Une place veut tre faite l enfant on attend tout des enfants mais trangement on jait en sorte qu ils demeurent totalement d pendants 2 Il y a l un paradoxe inqui tant que peut expliquer la dialectique d crite par Philippe Ari s celle ci joue
96. e La r flexion m dicale de type scientifique y fait son entr e On assiste d s lors une recherche des causes et des origines de l infirmit dans une optique naturaliste et non morale Il s agit d sormais de rendre compte de ce que l on observe Quand les atteintes mentales taient indistinctes des infirmit s et de l indigence le diagnostic reposait essentiellement sur des donn es irrationnelles Progressivement 1l va parvenir s en d gager Depuis Philippe Pinel Le souci de d crire et d expliquer les carences mentales se pr cise et s acc l re l Tentons de retracer bri vement les tapes entre le d but du XVII et le XX si cle afin d apercevoir par quels arguments diff renci s s laborent progressivement la pens e diagnostique et ses cons quences sur la prise en charge des handicap s Analysons par ailleurs ce qu ii en est du mouvement de la soci t autour d elle Comment la soci t se structure t elle sous l influence des grands penseurs Comment envisage t elle son rapport au handicap Quel regard jette t elle sur ia diff rence quand la science lui fait repousser les fantasmatisations divines et les pr somptions m taphysiques En 1672 Thomas Willis donne le premier un diagnostic de la d bilit mentale dans son ouvrage De anima brutorum Il distingue maladie et arri ration mentale Notons que vers 1750 le terme handicap n est toujours pas utilis au sens actuel du terme mais est empl
97. e caresses sans tre pour autant reconnu et respect pour ce qu il est Il se r duit un bien de consommation affective ou encore peut il se trouver tre enjeu de pouvoir pour la soci t et pour l Etat enfant pourvoyeur conomique d fenseur futur de la nation ou h ritier culturel La soci t enti re peut d river et encore l heure d aujourd hui vers ce pu rocentrisme aussi ambigu que dangereux N est ce pas partir du sentiment de mignotage que l cole se transforme parfois dans les mentalit s en supermarch culturel o la famille exige d y trouver les produits propres nourrir ses ch rubins selon le r gime qui lui para t sa convenance N assiste t on pas l heure actuelle un embo tement de repr sentations qui s articulent entre elles pour mieux imposer les lois d une soci t consum riste Dans ce flou repr sentationnel l cole c de aux lois de la s duction Elle se fait service quand elle devrait s affirmer institution La notion de service est le credo de cette fin de XX si cle qui justifie toutes les exigences toutes les informations sur tout la transparence En pareille occurrence comment l cole peut elle r sister et maintenir le seul projet qui pourtant la l gitime dans l ordre de l ducation du petit d homme Peut elie rester coh rente face aux enjeux qu elle doit assumer en particulier dans le cas de l int gration scolaire des enfants handicap s Le sentime
98. e et a des r sonances p joratives 2 L utilisation du terme handicap ne fait d ailleurs pas l unanimit Romain Liberman lui reproche d tre un concept unificateur et r ducteur dont le contenu reste vague et confus et recouvre des r alit s cliniques diff rentes in Handicap et maladie mentale Paris PUF Que sais je n 2434 1991 p 35 notamment 3 Rappelons que du rapport Bloch La n sortira la loi du 10 juillet 1975 Les mots utilis s condensent toute la probl matique handicap handicap le flou de la population ainsi d sign e l intrication troite entre d ficience l infirmit identifi e sous l aspect l sionnel incapacit l aspect fonctionnel rapport aux performances moyennes qui servent de comparaison et d savantage l inadaptation vue sous l aspect social les difficult s vivre parmi les autres le r le du milieu social accessibilisation ou non accessibilisation ot qui constituent pour eux des handicaps c est dire des faiblesses des servitudes particuli res par rapport la normale celle ci tant d finie comme la moyenne des capacit s et des chances de la plupart des individus vivant dans la m me soci t Ce sont ces handicaps qu on s applique de plus en plus identifier viter faire dispara tre ou temp rer compenser enfin par des r parations l inadaptation peut tre due autant l tat de la soci t qu celui de l individu et c est alors le mili
99. ement vers d autres issues La d signation ne pourrait elle tre coupure et lien la fois Paradoxalement pour l heure mais le mouvement de l int gration scolaire qui branle notre fin de XX si cle ne tenterait if pas d en soutenir la gageure Gardons ceci l tat d hypoth se pour la suite de notre recherche i marginal L inspiration d Edouard Seguin qui stimulait l action ducative va peu peu s essouffler Malgr les efforts engag s face aux enfants handicap s l valuation reste timor e une faible minorit d entre eux seulement acc de l ind pendance les am liorations sont rares les rythmes de d veloppement et d acquisition lents les gu risons al atoires Apr s l espoir et l illusion sourd une d ception quant aux croyances en l ducabilit Les probl mes de l ducation et de la r insertion sociale apparaissent finalement beaucoup plus complexes que la foi en la science et la ferveur morale ne le laissaient pr sumer A la fin du XIX si cle la science se tourne de plus en plus vers un diagnostic fond sur la d g n rescence Avec la publication en 1859 des travaux de Charles Darwin De l origine des esp ces par voie de s lection naturelie s enracine la conviction de la transmission g n tique des d ficitsl Du darwinisme sont extraits des arguments sp cieux pour illustrer le risque social encouru On s interroge sur les cons quences que devra subir la civilisation si la croissance du n
100. emeure l acteur principal de sa propre structuration n est pas sans incidence sur a conception des pratiques p dagogiques en g n ral l int gration scolaire en particulier qui peut d s lors tre appr hend e comme un processus mettant en jeu beaucoup plus d interactants qu on eut pu imagin C est cette conception que Jo l Zaffran fait r f rence lorsqu il invite concevoir l int gration scolaire dans toutes ses dimensions sociales pas seulement comme une affaire de contrat entre adultes mais comme un authentique travail social dans ce laboratoire social selon expression de l auteur qu est l cole S il existe une forte tendance d crire l enfant comme ayant une tol rance naturelle et _ une acceptation passive du handicap dans sa classe cette repr sentation est erron e et ne prend pas en compte le dynamisme de la situation La pr occupation sociologique de Jo l Zaffran favorise la mise en vidence de la multiplicit des modalit s d interactions entre l ves ordinaires et l ves handicap s Le chercheur utilise des grilles de lecture permettant l identification et la diff renciation des comportements de comp tition attaque fuite d fense d isolement et de coop ration approche aide soutien attachement Contrairement aux pr jug s du ma tre l enfant int gr est au centre d une activit intense d attraction de r pulsion et d indiff rence Jo l Zaffran utilise le concept de r gionalisati
101. en s commettre des d lits et ceux jug s anormaux en raison d une insuffisance ou maladie mentale qui les a conduits aux d lits Pour les premiers un placement en institution est envisag tandis que les autres sont consid r s comme devant tre soign s et duqu s Les classes de perfectionnement pourraient dans leur cas tre envisag es mais comme le d nonce en 1936 le psychiatre Heuyer p re fondateur de la neuropsychiatrie l insuffisance de l quipement ducatif en mati re de l enfance anormale ne permet pas une r ponse aux besoins Si de nombreuses associations caritatives pr occup es de l enfance se d veloppent dans le premier quart du XX si cle l Etat maintient son contr le et garde un droit de regard sur tout ce qui est entrepris Etablissements publics et priv s qui voient le jour rel vent du minist re de la Sant publique La p riode du front populaire se caract rise par une prise de conscience aigu des droits sociaux Le gouvernement socialiste de L on Blum cherche am liorer la qualit de vie de tous et extraire la qualit d ordre de bien tre de s curit et de justice Les questions de l enfance et de l adolescence rel vent des minist res de la Sant et de l Instruction publiques Le ministre de la Sant publique Henri l Roca J fait remarquer que ces enjeux et conflits d appropriation perdurent encore en 1930 les ali nistes tenteront de reprendre les enfants
102. en comme inexistant En d crivant l enfance comme essentiellement corrompue par le p ch le Moyen ge interpr te sa situation comme un mal une insuffisance une indigence La mentalit jud o chr tiennel v hicule une image de l enfance comme celle d une nature mauvaise incline aux mauvais penchants qu il s agit d duquer par la contrainte la violence t la discipline La verge est l instrument charg d expurger le diable des mes enfantines corrompues2 Son maniement est uvre de charit Ainsi donc quand l enfant est acteur c est sous le signe du p ch ali n qu il est par sa nature originelle Si pour F nelon l id e du p ch originel est ind niable les enfants restent cependant des cr atures de Dieu qui peuvent tre sauv es par la gr ce Aussi pr che t il pour eux une ducation qui suive et aide la nature Erasme tablit un parall ie entre l enfant et la folie L enfance est l ge le plus heureux et le plus attrayant tout le monde le sait D o vient que nous aimons caresser les enfants les presser entre nos bras et qu ils attendrissent jusqu au soldat ennemi C est que la bienfaisante nature leur a donn le charme de la folie afin qu ils fassent oublier leur ma tres les peines de leur ducation et qu ils gagnent d avance leur c ur 4 La figure qui merge du propos d Erasme pr sente un certain int r t l enfant tout petit et radoteur qu il soit a un certain pouv
103. ensoriel demi surdit diminution notable de la vision etc Le terme handicap d signe un champ complexe divers et g n rique2 englobant toutes les situations possibles provenant d une d ficience quelconque Qu il couvre un champ si large a sans doute quelque chose voir avec les contraintes d ordres l gislatif et administratif l unification permettant une plus grande souplesse dans l applications des lois la reconnaissance des droits l attribution des allocations l orientation institutionnelle En 1967 Fran ois Bloch Lain r dige un Rapport au Premier Ministre intitul Etude du probl me g n ral de l inadaptation des personnes handicap es dans lequel il tente de d finir le handicap en le reliant aux deux notions de d ficience et d inadaptation Il parle de commodit pour regrouper motiver et orienter les mesures qui sont prendre Concernant l inadaptation au sens large il propose un ensemble de m sures juridiques administratives conomiques et sociales La deuxi me partie du rapport est r flexive et philosophique Elle s interroge sur les droits des handicap s les responsabilit s de l Etat les rapports puissance publique initiatives priv es autant de questions cruciales dans cette d cennie et dont les r ponses d termineront la structure de la soci t de demain Ce texte ayant contribu sans conteste fixer les notions et pr parer la loi de 1975 une partie m rite d tre
104. ent thique Si elle a fait couler beaucoup d encre le probl me n appara t pas r solu Il semble qu il appartienne l enjeu des ann es venir Entre 1971 et 1975 le VI plan tudie un programme finalis de pr vention p rinatale avec deux id es forces la pr vention et la coordination des actions On passe progressivement du principe d assistance celui de responsabilit On peut dire qu partir de 197 le quadrillage de l enfance est tiss Les initiatives de l Etat et celles du secteur priv constituent un maillage peu pr s complet de l enfance o les orientations des uns compl tent les engagements des autres Le dispositif institutionnel couvre peu ou prou l ensemble des besoins D sormais les textes r glementaires diff rencient quatre grands secteurs institutionnels dont peuvent relever les enfants selon leur profilt L cole ordinaire re oit le tout venant des l ves qui compose la zone normale de la population normale tant d finie comme la moyenne des capacit s et des chances de la plupart des individus dans la m me soci t 5 Dans les sections sp cialis es de l Education nationale sont accueillis les enfants pr sentant un QI sup rieur 50 et une lenteur des apprentissages D autres Classes d Int gration Scolaire CLIS accueillent depuis 1991 des enfants pr sentant un handicap mental moteur auditif ou visuel Le secteur sanitaire secteur de psychiatrie infan
105. eption sociologique des repr sentations tend d montrer que le vrai n existe pas Le r el objectif n existe pas en dehors de nos construits Ce sont les repr sentations mentales qui expliquent et prescrivent le mode d emploi pour nous conduire en soci t Quand Emile Durkheim crit qu il importe de traiter les faits sociaux comme des choses6 il consid re les repr sentations comme un l Karl Marx partage ces id es platoniciennes La v rit consiste s loigner des repr sentations des opinions Il importe d acc der une v rit plus vraie que ce qu on voit 2 D finies par Gaston Bouthoul comme corps de principes de croyances et de connaissances suffisamment stables Nos comportements seraient consid r s comme les manifestations tangibles de notre mentalit Notre mentalit est un condens int rioris de la vie sociale in Les mentalit s Paris Que sais je n 545 PUF 1952 pp 14 et 32 3 Hors acception p jorative au sens de syst me d id es devenu objet de croyance Ibid p 18 4 Les repr sentations individuelles sont pour Emile Durkheim des id es alors que les repr sentations collectives sont des concepts 5 Bailly A Les repr sentations en g ographie in Encyclop die de G ographie Economica 1992 pp 371 385 6 Il faut attribuer Emile Durkheim la th orisation sociologique des repr sentations entendues comme pr jug s opinions habitus Notons que ce p
106. eptionnel 2 Au ch timent se substitue la r ducation Tout un dispositif de services sociaux sp cialis s d l gu s la libert surveill e va se mettre progressivement en place La fonction d ducateur de l ducation surveill e est cr e en m me temps que des Centres Les enfants accueillis sont en g n ral d intelligence normale mais ont un parcours scolaire chaotique li un v cu socio familial perturb De ces prises en charge de plus en plus soplustiqu es merge une question non n gligeable le probl me de l enfance inadapt e rel ve t il du m dical du m dico social ou de l ducatif Il faut savoir que de la r ponse donn e d pendent les modes de prises en charge et le sort de l enfance d ficiente C est d abord la Sant qui h ritera de ce secteurt En 1947 PUNAR l Union Nationale d s Associations R gionales de sauvegarde de l enfance et de l adolescence s difie EHe prend une telle importance dans la gestion de l enfance inadapt e que d aucuns la qualifieront d Etat dans l Etat Elle rel ve de la tutelle du minist re de la Sant publique qui subventionne et contr le Son pr sident Robert Lafon value quarante ou cinquante mille enfants inadapt s en France trente mille seraient r ins rer dans la population active un quart est r int grable un autre quart peut s ins rer seuls avec plus ou moins de difficult s les quinze mille autres doivent tre pris en charge
107. er par le fait que _ l cole a r ussi tenir ensemble m moire et long terme m moire qui permet une soci t de garder son identit long terme car l ducation st elle agit surtout chez l enfant ne le concerne pas en tant qu enfant appel le rester mais en tant qu homme qui va advenir Ici se rejoignent connaissances empiriques t th oriques accumul es au cours des si cles postulats thiques affirm s et politiques scolaires d cid es l colier contemporain doit tre duqu pour lui m me et dans le souci de l autre chaque terme renfor ant l autre dans une circularit nourrir sans cesse comme garantie de son humanit Cette exigence d affiliation dont nous avons remarqu qu elle tait aussi indispensable l enfant que l exigence de diff renciation invite une p dagogie int grative mais peut la limite conduire l assimilation par l endoctrinement c est ce danger qui fait dire Alain Touraine qu il faut abandonner ce terme d int gration pour le remplacer par celui de reconnaissance de l autre 2 1 2 Quand l ducation donne du sens Toute pragmatique ducationneile suppose des connaissances sur l homme les plus objectiv es possibles d faut d tre objectives et des positions sur l Homme les plus affirm es possibles d faut d tre indiscutables mais on ne peut d duire les pratiques ni de ces connaissances ni de ces positions prises Il nous para t perti
108. erpr ter par exemple ces situations de co pr sence adultes enfants face ia communication t l visuelle Ne rappellent eiles pas les habitus m di vales o indiff rents aux ges les uns tentent de grandir sous le vrac des informations quand les autres r gressent Les enfants participent la vie collective comme s ils pouvaient tout entendre et tout voir Il n y a plus rien qu ils ne puissent savoir ne serait ce qu en regardant la t l vision Le monde des m dias tend ainsi dissoudre la notion m me d enfant Que dire de ces moments o l enfant abandonn par les contingences familiales tra ne dans les rues des heures durant invente seul une socialit pr matur e la clef de son logis pendue autour du cou attendant que son heure vienne quand ses parents rentreront pour redevenir nouveau un enfant Mais dans l attente que faire Et c est souvent parce qu il se croit oblig d tre grand parce qu il n a pas de lui m me une repr sentation d enfant qu il se donne des d fis des autorisations qui peuvent vite devenir d linquantes Le mignotage est lui aussi au go t des tendances les plus actuelles l enfant public cible et objet de consommation ne lasse pas les publicitaires Il a pris peu peu dans les familles une importance que n avait pas l Exemple des travaux de G rard Mendel cf_Pour d coloniser l enfant Paris PBP 1971 et ceux issus du mouvement d antipsychiatrie 2 Mendel G ibid p 236
109. es celles qui peuvent les corrompre 4 La deuxi me tape de la civilisation s difie autour de la morale et de l int gration Bien que fassimilation personne d ficiente possession diabolique perdure encore longtemps en 1692 plusieurs d biles mentales figuraient parmi les sorci res de Salem le IV si cle commence tre t moin d une nouvelle attitude devant le mal et la souffrance C est cette p riode que l infanticide se trouve d finitivement condamn La perspective jud o chr tienne qui p n tre les si cles m di vaux modifie leurs mentalit s et Les fait entrer dans le second tat comtien Le Nouveau Testament condamne le prolongement des m urs grecques et introduit une rupture radicale dans l appr hension de l infirmit Le message implicite de la Bible est que les personnes handicap es ont besoin de gu rison J sus a rencontr beaucoup de malades et d impotents Il invite son banquet es estropi s les aveugles et les boiteux Il pr che heureux les pauvres d esprits car le Royaume des Cieux est eux Si J sus va vers ceux qui jusque l taient frapp s d interdit il s agit l de beaucoup plus qu une uvre sociale J sus fait uvre de d construction de la mentalit religieuse 0 En se comportant ainsi il coupe le lien qui existait entre l infirmit 1 Michelet A et Woodill G Le handicap dit mental le fait social le diagnostic le traitement Paris Delacha
110. esse et rel chement d autorit on s occupe plus de leur sant on surveille plus leur ducation on songe leur bien tre on coute plus leur opinion Ils sont presque devenus des personnages principaux de la maison et un homme d esprit caract risait ce fait par un seul mot il disait Messieurs les enfants 3 Durant le XIX et le d but du XX si cle la repr sentation v hicul e dans la soci t a aussi des aspects sombres La situation d enfance est davantage assimil e un mal une insuffisance une indigence Sans doute Le poids de la mentalit jud o chr tienne r ussit elle toujours entretenir cette vision d une nature mauvaise contre l enthousiasme de certains ducateurs L origine du vice pr te multiples interpr tations est il tnh rent l enfance d faut de sa constitution ou de son ducation Pour le Docteur Robin l enfant n a pas de d faut il est mal lev ou malade y4 A cette p riode l ducation trouve ses valeurs absolues dans l ob issance et la soumission dussent elles passer par la duret et l insensibilit C est le temps pas lointain de l humiliation et de la main mise sur l autonomie de l enfant au nom d id aux de rectitude morale d l vation de l esprit et de l me C est le temps pas lointain du bien fond et de la n cessit des ch timents corporels encore de nos jours officiellement dans les coles anglaises bas bruit mais plus fr quemment qu on ne cr
111. et de prendre position dans l ici et maintenant d clairer les r gles de conduite acceptabies pour tout tre humain En ce sens et c est le premier paradoxe en tant qu elle est ce qui permet de d construire les r gles de conduite de chacun ou celles qui fondent les d ontologies elle est ant riorit tout autant que vis e Au del des normes qu il faudra bien certes tre capable de traduire en r gles pr sumons que l homme est l tre et le seul capable de s interroger sur la finalit de ses actes ou selon la remarque de Thomas De Koninck vrai dire l tre humain se d finit sans doute le mieux comme un tre questionnant 2 Cette interrogation le place d embl e devant la question de l Autre car l existence de l Autre chaque fois que j agis et au sens propre des mots fait question 3 Entre indiff rence et indignation devant ce que je fais ce que je lui fais il y a toujours 1 Autre en miroir formant ou d formant L thique naquit justement un jour de l indignation r v l e par la rencontre du je et de l Autre De la religion l thique ainsi entendue la question se d place de l autre qu l homme l autre en tant qu homme et cet Autre va devenir la r f rence oblig e est ce que je permets l Autre d tre face moi voire contre moi un sujet Telle est pour nous la question thique fondamentale 4 Suffirait il pour fonder une d finition universelle de l homme de
112. eu qui est inadapt Le climat intellectuel et social des ann es 70 se caract rise par le refus libertaire de toutes structures bureaucratiques familiales ou s gr gatives quelles qu elies soient Les institutions sont remises en question Les discours id o politiques opposent l int gration la s gr gation Le mot d int gration est issue d une argumentation qui pr ne la fin l arr t de toute discrimination l gard des handicap s L Dans cette logique l inadaptation est ni e contre toute vidence Les th ses labor es par la critique sociologique laissent supposer que les dispositifs institu s et s gr gatifs sont des productions d une politique de droite2 Toute action qui ne repose pas sur une int gration sociale totale est consid r e comme une s gr gation En Italie ce dernier mouvement aboutit la loi tremblement de terre en 1977 qui supprime la plupart des institutions sp ciales Ce souffle int grationniste a eu le m rite d avoir fait comprendre la notion de d bilit mentale par la conscience publique elle n est plus objet de peur comme pendant la p riode th ologique ni de piti comme dans la p riode m taphysique ni de classement d finitif comme dans la p riode positive Elle est aujourd hui question ouverte poser se poser entre l analyse rationnelle et l interrogation thique pour favoriser le sort des hommes d sh rit s et ne pas s encha ner dans un recommencement s
113. eut l gitimer les attitudes les plus autarciques et go stes cette position morale est tout aussi intenable que de se consid rer comme seul propri taire de valeurs indiscutables Une telle tol rance devient m me lorsqu elle est sans contre poids une simple indiff rence une sorte de d mission Peut tre nous faut il accepter au moins un universel de l esprit humain la r gle morale qui fait obligation l gard d autrui et ce ind pendamment des variations culturelles car fonctionnant comme un a priori un point aveugle de la pens e l a priori fondateur Pr alable sans lequel toute action toute communication avec autrui sont impensables et ce dans toute soci t fut elle qualifi e de sauvage Fa priori n est pas d ductible de la connaissance puisqu aucun tat des lieux ne peut rendre compte du tu dois Non d ductible et galement non n gociable car 1l ne souffre pas de compromis sauf perdre son caract re de principe la maxime thique est logiquement premi re Puisqu 1il faut toujours agir comme on souhaite que les autres agissent autrui est en tant que tel la source de l obligation Mais aujourd hui cette logique kantienne ne se heurte t elle pas ce que Gilles Lipovesky appelle ie cr puscule du devoir Cette maxime premi re fonctionne t elle encore dans notre soci t qualifi e parfois de post moraliste d h doniste d individualiste Ne sommes nous pas davantage dans une
114. ginalisation non exclusion sont ceux que soutenaient le catholicisme social et la droite traditionnelle en 1900 oo d finition du recrutement des classes sp ciales n est pas sans significations Au del des pr occupations corporatistes celles des m decins soucieux des handicap s d asile et celles des psycho p dagogues soucieux de rep rer la d viance l cole la substitution de la notion d arri ration d asile celle d arri ration d cole n est pas sans incidence la sym trie terminologique n tant pas neutre id ologiquement En passant de l asile l cole la notion d arri ration garde les appuis de l argumentation scientifique en masquant sa r f rence l indisciplineZ Le signe visible de l arri ration devient la d viance Le concept d arri ration va tre int rioris par les enseignants qui attribueront ce concept les manifestations qui les d rangent dans la vie scolaire quotidienne m me si celles ci n ont rien voir avec une inf riorit intellectuelle 3 En fait par ce glissement c est l indiscipline scolaire qui tend devenir le soubassement de l arri ration Moins que l aspect intellectuel c est l aspect moral qui retient l attention Peu peu l indiscipline la perturbation la d viance deviennent sous le masque de l arri ration la v ritable cible d un discours pathologico p dagogique aux couleurs progressistes On passe en quelque sorte de l anormalisation
115. gne ce que l vocation donne revoir de la perception dans l espace psychique interne en l absence actuelle de l objet voqu Chez les cognitivistes4 elle s entend au sens de conception et est consid r e comme une tape mentale dans un processus individuel de maturation Les repr sentations sont des substituts de la r alit des constructions intellectuelles momentan es qui servent donner sens une situation en utilisant les connaissances stock es en m moire pour attribuer une signification d ensemble aux l ments issus de l analyse perceptive Marcel Postic voque un sch ma cognitif qui trie s lectionne interpr te et oriente les comportements Celui ci qui est une entit certains gards permanente est susceptible de conna tre des remaniements plus ou moins durables sa propri t g n rale est d tre la base fonctionnelle des conduites Serge Moscovici montre notamment comment la repr sentation sociale n est pas le pur reflet du monde ext rieur mais une activit de construction dans une d marche de signification au sein d une hi rarchie de valeurs Le social transforme une connaissance en repr sentation et cette repr sentation transforme le social Jean Pierre Brouat ne dit pas autre chose lorsqu il crit Les repr sentations peuvent tre consid r es comme des produits sociaux et comme structurant des rapports sociaux 7 Poids social pr jug s culturels informations histoire
116. guerre la conqu te de la libert et cette liste ne pr tend pas l exhaustivit Malgr la difficult de la t che les hommes ont mobilis les moyens d laboration qu ils ont ma tris s si cle apr s si cle dans une qu te d autant plus incoercible et exaltante qu elle est sens e r pondre l angoisse terrifiante d avoir s affronter au Depuis la plupart des pays cit s se sont ralli s l interdiction Le 12 janvier 1998 l instar de 18 autres pays la France a sign le protocole additionnel la Convention du Conseil de l Europe des Droits de l Homme et de la bio m decine qui interdit le clonage o vide de ses origines de son destin bref de son identit Les religions les philosophies les sciences humaines ont t et sont convoqu es cet endroit voquons les dans leur historicit avant de d gager les contours des r ponses contemporaines Un des regards possibles et dont l origine se confond vraisemblablement avec celle de l homme est celui de la religion ou plut t des religions car ce regard offre lui m me de multiples approches int ressantes voquer De l homme transpos des soci t s traditionnelles l homme du salut du jud o christianisme les religions postulent un autre que l homme qui le pr c de le transcende et donne sens sa vie pr sente par l attribution d une place au sein du monde ainsi qu sa vie future par l affirmation d une destin e ultime Selo
117. handicap es en couvrant toutes les inadaptations reli es une d ficience sous le m me terme de handicap commet selon Henri Jacques Stiker un geste d indistinction de dilution dont on peut craindre qu il engendre un mouvement d oubli social En effet cette loi comme ses amendements et d crets d application successifs ne conforte t efle pas une politique d int gration qui risque fort de devenir une int gration de la conformit de la normalisation et finalement de la disparition et de l oubli La pr occupation actuelle ax e sur la r adaptation la soci t telle qu elle est et polaris e sur le comme les autres ne risque t elle pas d entra ner un nivellement social La volont d int grer surgit dans notre soci t occidentale de l incapacit du tissu social laisser le handicap y vivre Sur fond de diff rences reconnues c est le fantasme d homog n isation qui hante et trahit la peur de la pluralit dont l cole est loin d tre pargn e Le diff rent est enferm dans le commun Dans notre soci t entreprenante et techniquement efficace essentiellement active conqu rante la diff rence est gomm e la soci t nivelante est pos e comme un ordre unidimensionnel de caract re thico conomique dans lequel tout doit se r soudre partir des ann es 60 le mot handicap au sens m dico social para t d finitivement admis Il semble qu il se soit impos
118. happent l Selon l expression de Charles Gardou lors d une intervention aupr s des enseignants sp cialis s du CAPSAIS de Lyon le 16 d cembre 1992 2 Michelet A et Woodill G op cit 3 Michelet A et Woodill G ibid 4 Ce jeu a t interpr t comme symbolisant l id ologie lib rale tout comme la main invisible du march la main dans le chapeau annule les diff rences originelles de statut entre les participants et les redistribue selon le hasard du d roulement du jeu SComp titivit parit hasard sont les trois principaux aspects signifiants de ce jeu hand in cap Pour Henri Jacques Stiker deux de ces traits subsisteront dans la suite lors de l apparition du vocable dans le champ des situations humaines comp titivit et parit voir article Handicap handicap in Handicap et inadaptation fragments pour une histoire notions et acteurs Publication r alis e gr ce la Fondation de France sous la direction de Stiker H J Vial ML et Barral C ALTER Paris septembre 1996 pp 15 34 Jans cette logique le XVT si cle va se d barrasser des id es de justice divine de o commerce d moniaque ou de mal diction L atmosph re intellectuelle se transforme Les grands si cies de la science de la philosophie et de la litt rature pr lude du si cle des Lumi res et de son aventure encyclop dique sont caract ristiques d un nouveau mode de pens e qui ouvre une autre re culturell
119. i devraient l aider s int grer aux normes du groupe Est ce dire que le deuxi me sentiment de l enfance dont parle Philippe Ari s bien qu il se soit l origine affirm l cole peut selon les circonstances cesser de la questionner Nombreux sont ceux pourtant qui alertent et cherchent r affirmer l cole comme une institution r publicaine dont la fonction principale n est pas de satisfaire chacun mais de cr er le lien social et pr parer l exercice d une citoyennet Si l cole pr occup e des apprentissages met l enfant au c ur de son projet ce n est pas par puerocentrisme mais bien plut t pour que celui ci acc de aux savoirs hors les exigences politico conomiques qu il d veloppe sa citoyennet hors les d bats politico id ologiques qu il soit pr t pour tre membre d une d mocratie qui ne peut s exercer que dans le respect de l autre et des d cisions prises en commun C est cette cole qui nous int resse et avec elle le d veloppement du sentiment de l enfance qui donne l avenir l espoir d une soci t meilleure Cette cole peut elle s affirmer malgr les courants qui l agitent et minent ses assises C est l que l int gration scolaire nous semble un bon r v lateur de ses capacit s r sister Quand l enfant prend la parole Comment maintenir la place de l enfant dans notre soci t et celles des enfants les plus excius Qu en est il du droit l galit l avenir l inse
120. i va contribuer orienter l action humaine du nous vers l accomplissement du je vers le bonheur entendu la fois comme vis e commune et comme horizon d un pluralisme irr ductible La justice devient cette vertu qui s incarne en chacun de nous dans un sentiment et une attitude dans la soci t dans ses r gles et ses institutions vertu individuelle et sociale si l on peut dire capable la fois de garantir la durabilit des instances responsables des individus vuln rables et la capacit des individus assumer la pr carit des organisations Mais nous l avons d j soulign Paul Ricoeur participe au r alisme des positions contemporaines Il constate que le bien et le mal croissent ensemble dans l Histoire et non l un au b n fice ou au d triment de l autrel Le conflit est constitutif de l tre humain intrins quement et socialement Que faut il donc pour que ce conflit in luctable reste vivable pour tout un chacun sinon une r gle de r ciprocit N exerce pas le pouvoir sur autrui de fa on telle que tu le laisses sans pouvoir sur toi Cette maxime suppose une capacit partag e celle de traiter autrui comme soi m me et soi m me comme autrui et compl tant ce souci de l autre cette sol citude le respect comme r gle de r ciprocit Les imp ratifs n cessaires et insuffisants consistent ils en ce que l homme soit juste respectueux de lui et des autres De la m me fa on qu une positio
121. ience intellectuelle ne seront r ellement distingu es et class es qu au XIX si cle bigarr e disparate imparfaite et bariol e l moins qu ils ne soient cach s au fond des logis familiaux ou qu ils ne soient touff s enfants dans les lits conjugaux Entre le XIV et le XVE si cle les pid mies et les famines augmentent le nombre de mendiants et pauvres infortun s Si la d ficience et la folie s taient d barrass es peu peu de l id e de mal diction divine elles vont se conjuguer bient t avec celle d oisivet et d indigence La soci t tendue par la peur nuance ses positions concernant la charit Les gens de la marge sont per us d abord comme des inutiles et bient t comme nuisibles A la notion de charit va succ der celle de s curit 2 La mendicit et l oisivet sont interpr t es comme source de tous les d sordres et sont condamn es Une l gislation se met progressivement en place La soci t distingue les ayants droit l aum ne des simulateurs Au XVI un examen discrimine les b n ficiaires de l assistance Ceux ci sont d sormais porteurs d une croix rouge et jaune cette poque l identification est une marque sociale en partie li e la peur d tre flou comme garantie de s curit La troisi me p riode avec le d veloppement des sciences est omnubil e de d signation Au XTV si cle du flou conceptuel qu ils t moignaient dans la p riode
122. ieux et les poques Tentons de brosser grands traits les diff rents tableaux Mais avant i convient de s armer d un outil de lecture susceptible de faciliter le d cryptage des v nements Peut tre n est il pas sans int r t d emprunter Auguste Comte initiateur du mouvement positiviste dans le milieu du XIX si cle sa distinction entre les trois stades de d veloppement de l humanit 3 1 HANDICAP ET HISTOIRE 3 1 1 Evolution du regard port travers les trois tats comtiens Dans sa loi des trois tats Auguste Comte diff rencie en premier lieu le stade th ologique durant lequel les ph nom nes sont expliqu s en faisant appel au surnaturel c est dire aux g nies aux dieux etc C est le stade de la superstition Lui succ de le stade m taphysique qui tente de r fl chir rationnellement Si la m taphysique s int resse au surnaturel c est en tant qu elle pr tend par une connaissance raisonn e atteindre les principes premiers des sciences physiques et morales C est le stade de l abstraction un mode de pens e interm diaire entre le th ologique et le positif Enfin l exp rience de la science et de la m thode exp rimentale ouvre le stade adulte positif durant lequel on ne se r f re qu l observation des faits et l analyse de ieurs relations N y est tenu pour vrai que ce qui peut tre d montr Auguste Comte est n en 1798 et mort en 1857 Il n a pu pousser sa prospective au del
123. ion du champ du handicap autour de la gestion des exclusions ne signifie pas pour autant que le nouveau mode de gestion de l alt rit s organise autour d un processus d int gration H y a encore loin de la coupe aux l vres Si lint gration suppose une reconnaissance r elle de l alt rit alors notre soci t actuelle est pour l instant plus normative qu int grationniste 2 Contrairement ce que notre soci t d mocratique volu e et scientifique voudrait nous faire accroire il existe encore aujourd hui des In galit s face la d ficience reposant sur l appartenance sociale des individus Les luder privil gier les facteurs neutres ef objectiv s m dicalement et juridiquement garantis tels que l origine et le type de d ficience se r f rer au cadre institutionnel de prise en charge participe d une d marche vacuant les facteurs sociaux intervenant dans la survenance d une d ficience et occultent de ce fait les conditions sociale de production de d ficiences Ebersold p 228 3 Ebersold 5 ibid p 243 sont pas toutes reconnues au m me degr de l gitimit Le handicap dit mental vit un rejet bien plus grand de la part des non handicap s que le handicap physique Cette hi rarchisation de l alt rit est en lien avec l impression de danger que catalyse encore certaines atteintes Le traitement social de la d ficience s appuie d sormais sur un nouveau support id ologique la soci t
124. istinction moi autres le nourrisson qui vit en v ritable symbiose avec son entourage au stade de personnalit polyvalente individu e et socialis e partir de six ans C est l que l ducation prend tout son sens comme activit universelle et n cessaire ordonn e rendre autrui capable de recherche autonome de ce qui est per u comme son bien Un sujet qui ne b n ficierait pas d une ducation ne serait pas un sujet dont la libert serait sauvegard e mais dont l humanit serait en p ril 2 S agissant de l identification de l enfant acteur les analyses interactionnistes pr tent de leur c t l enfant un r le et une responsabilit d un ordre un peu diff rent Ce n est plus pr cis ment de l enfant acteur de son savoir dont il est question mais de l enfant acteur de sa destin e l enfant par son comportement ses inclinations ses plaintes et m me son sympt me est capable de se sentir investi d une mission prendre lui m me le pouvoir et tre acteur L enfant se vif non pas d une fa on consciente et organis e bien s r mais il se vit tout de m me comme charg d une mission Ce que les parents ne s autorisent pas mettre en acte et qui provient de leurs d sirs refoul s l enfant l agit 3 C est alors non plus l enfant enjeu mais bien plut t l enfant en jeu c est dire jouant un certain jeu dans la dynamique relationnelle Si l enfant acteur de son enfance et dans son environnement n est
125. it s morales de l individu handicap Un bon handicap aujourd hui serait celui qui ne serait m dans le refus du handicap refus d assumer sa d ficience ni dans l accommodation r sign e pas de v ritable d sir d autonomie et d int gration mais serait dans l acceptation dynamique volont de d passement 2 ibid p 186 3 ibid p 66
126. l l opposition la plus violente se jouant au niveau du savoir celui ci vient l Moscovici S La psychana ni n public Paris PUF 2 dition 1976 p 75 Serge Moscovici a repris en 1961 le concept de repr sentation sociale qui depuis Emile Durkheim avait connu une certaine clipse en sciences sociales 2 Bonjour P et Lapeyre ML op cit pp 62 65 7 Avant m me de s enkyster dans la probl matique du handicap des repr sentations agissent au su et l insu des acteurs Les attitudes en t moignent qui exprimeraient d apr s Michel Gilly l aspect le plus affectif de la repr sentation Pour cet auteur l attitude traduit la r action motionnelle envers l objet in Ma tre l ve r les institutionnels et repr sentations Paris PUF 1980 p 31 4 Anzieu D Le groupe et l inconscient Paris Dunod 1981 p 7 d ailleurs et non de l enfant il est une v rit en soi apprendre et non prouver v rit laquelle il faut se soumettre 1 Si l cole est le th tre o va se d rouler le passage du statut de l enfant celui d l ve selon efle sera per ue comme maison de redressement terre d exil lieu de vie maison de Ia culture agence de rencontres L cole est elle un espace initiatique o ce qui est en jeu est la tentative de cr ation d un univers partag ou est ce un espace pr construit sur le savoir du ma tre L cole peut elle tre un monde d ouverture et de partage Laisse
127. l ne fait l objet d aucune convention internationale ni d aucune loi il sous entend en fait tous les autres droits Comme dirait Janusz Korzack le droit au respect est juridiquement non d finissable mais transcendant comme l amour 2 Notons que sous la Monarchie l autorit parentale tait puissance parentale c est dire autorit absolue de droit divin 3 La l gislation de 1975 a cr e un juge aux affaires matrimoniales Seuls les poux ont droit la parole M me si les juges s efforcent d op rer la dichotomie entre le conflit des parents et l int r t des enfants ces derniers n ont pas de place ni de repr sentants alors que leur int r t peut tre tout fait divergent 4 La variabilit du d sir et la suggestibilit de l enfant rendent redoutables les t ches des juges de tutelle qui doivent trancher sur les droits de garde et de visites lors de la s paration ou du divorce des parents oo utilis s comme instruments l Ceux ci restent encore bien des gards enjeu de pouvoir dans ces situations Dans les sciences sociales l incapable mineur dont parle la l gislation est oppos l enfant actant part enti re qui garde le pouvoir de se conformer o non aux r gles pos es par la communaut et qui s affirme consciemment face aux autres sujets L enfant acteur est apte s adapter r gler son comportement en termes d attente d anticipation de strat gie 2 supposer que l enfant reste et d
128. l origine de la cr ation de nombreux tablissements d accueil de l enfance pour les enfants pr sentant des signes de d ficience physique accus s s institue cette m me ann e L OVE offre une ducation familiale scolaire et m dicale dispens e par du personnel de l enseignement et de la r ducation fourni par l Education nationale Les CEMEA Centres d Entra nement aux M thodes Actives proposent toute une palette d activit s p ri 1 C est cette articulation entre l conomique et le social qui sera justement remis en question dans les ann es 1970 o d adaptation ne peut plus tre envisag e par rapport au monde du travail A contexte conomique diff rent autres valeurs autre logique 2 Au d part seule la Sant utilise l expression enfance inadapt e L Education nationale n en fera usage que vers 1960 tel le CAEI Certificat d Aptitude l Enfance Inadapt e se substitue au CAEA Certificat d Aptitude l Enfance Anormale Association r gionale de Sauvegarde de l enfant et de l adolescent D apr s Roca J cette association serait une survivance de Vichy La pr sidence des ARSEA est assur e soit par des juristes soit par des m decins tous issus en g n ral du mouvement le catholicisme social Les ARSEA obtiennent leurs ressources de subventions accord es par le service de la coordination qui contr le troitement leurs activit s Elles seront transform es en CREAI centres r gionaux de l e
129. la il faut soutenir deux principes en m me temps celui de la justice politique et celu de la justice sociale La justice politique cr e des libert s de base expression ligibilit etc gales pour tous et m ne la notion de citoyennet l et la justice sociale qui tenant compte des in galit s in luctables accepte ces derni res si d une part elles sont pr f rables des in galit s plus grandes et si d autre part elles sont pr f rables une r partition galitaire d s lors que le point de vue des plus d favoris s est consid r comme prioritaire Fid le sa posture critique typique prenant acte du reste que laisse la r ponse la question en terme de relation autrui et de respect de l autre Ricoeur nous entra ne rebondir sur une nouvelle interrogation celle de la citoyennet et celle de l quit La bio thique nous engage sur la voie qui interroge la dignit de l homme travers la citoyennet et l quit La question de l euthanasie mais aussi celle du suicide sont l pour rappeler que si je suis responsable d autrui si cette responsabilit suppose citoyennet et quit pour s exercer moi et moi seul peux dire le sens de ma vie Me respecter c est donc respecter mon consentement et non faire de la vie en soi un principe directeur contrairement aux tentations biocratiques L auto d termination du sujet son autonomie se mesure au degr du respect d autrui l gard d
130. la nature des perfections qu elle s av re ne pas toujours assumer Pour lui l enfant est un tre part prot ger des contaminations de la soci t IL parle d un pr ceptorat et Emile est lev l abri du monde attendant que sonne pour lui l heure de la raison et de l apprendre C est la m me repr sentation que l on 1 Joseph L et Fritsch Ph ibid La d couverte de l enfant comme enjeu et pivot d une strat gie d acculturation des familles populaires est m me bien ant rieure elle est sans doute le fait de Luther qui fait para tre en 1524 un Libellus de instituendis pueris destin mettre en place un programme d ducation populaire 2 Vie de Charles D mia cit par Isaac Joseph et Philippe Fritsch op cit p 38 3 Si les enfants entendaient raison ils n auraient pas besoin d tre lev s cit in_Tra t de P dagogie Jacques Frangne Evreux Nathan Afrique 1977 p 275 op cit p 278 5q Tout est bien sortant des mains de l Auteur des choses tout d g n re entre les mains de l homme in L Emile ou de l ducation Paris Quillet 1928 p 1 Ce retrouve chez Fran ois Challayel celle d un enfant insouciant la limite inoffensif L enfant un petit animal ou en tout cas un petit sauvage vivant en pleine nature et que la soci t n a pas transform un minuscule individu pr occup uniquement de lui m me Le trait le plus caract ristique de son tre intime c est qu il vit
131. le signe d une attention nouvelle qui rend compte que l enfance correspond d sormais un ge pr cis de la vie Un sentiment nouveau de l enfance est apparu o l enfant devient par sa na vet sa gentillesse sa dr lerie une source d amusement et de d tente ce qu on pourrait appeler le mignofage Le mignotage est cette attention tendre accord e la candeur enfantine qui t moigne autant de tendresse que de reconnaissance d une existence attachante et singuli re Ce changement radical de sensibilit parentale p n trera peu peu tous les milieux sociaux Soucieux de m urs polic es et raisonnables des moralistes hommes d Eglise ou de robe d noncent partir du X VIE si cle ces pratiques idol tres qui laissent aux enfants faire ce qu ils veulent et les rendent mal lev s Dans les derni res ann es du XVII si cle un v ritable processus de domestication s engage L enfermement des enfants dans les petites coles a constitu un rem de pour les retirer des rues et occuper le mieux possible leur temps uvre de charit autant que de police Les petites coles sont des p pini res des acad mies de la perfection des pauvres enfants Les repr sentations de l cole sont aussi celles de lieux de mise en quarantaine centres de r ducation appareil de r tention o l instruction n est pas l enjeu v ritable machines de guerre dirig es contre les r sidus du corps social
132. les sont sans s paration sans s gr gation mais sans traitement particulier non plus Les atteintes mentales sont indistinctes des infirmit s et de l indigence Les infirmes ne sont plus un probl me social grave tout au plus font ils partie des pauvres Comme eux ils sont maintenus dans un tat sociologiquement et ontologiquement diff rent Difformes et diminu s parviennent se m ler l ensemble de cette soci t d alors 1 Au sens d orga isateur psychique en r f rence aux travaux de Ka s R et d Anzieu D pour qui tout groupe toute soci t a fortiori poss de son organisation mentale L organisateur op re pour structurer la pens e Tout se passe au plan groupal l instar de ce qui se joue dans le d veloppement ontologique de la psych individuelle avec ses organisateurs fondamentaux l angoisse de l tranger le sourire le non de Spitz La psych groupale poss de ses propres organisateurs 2 in Corps infirmes et Soci t s ibid p 39 3 Comme l analyse Stiker H J Dieu nous envoie maladie et infirmit comme une preuve d un c t comme une occasion d exercer nolre vertu supr me la charit d un autre comme le signe de sa pr sence d un troisi me 4 Pour Michelet A et Woodill G op cit p 23 l aum ne tait bien davantage qu un acte social il tait un acte de foi Dans le pauvre l infirme ou l anormal se trouve l image de J sus Christ 5 Maladie mentale et d fic
133. les tenants des m thodes p rim es ef donnaient la nouvelle g n ration des directives p dagogiques sans se rendre compte que l essentiel de la pens e humaine leur chappait 2 C est ainsi que certains chercheurs soutiendront le d fi de mesurer l intelligence La m thode des tests est n e qui s affirmera comme moyen d valuation cens assurer le d pistage pr coce des d ficiences mentales Alfred Binet cr e un test psychologique pour la s lection des candidats aux classes de perfectionnement destin es aux enfants dits arri r s perfectibles Ses travaux s revendiquent de ia m thode exp rimentale c est ce qui le conduit entrer dans l cole Convaincu d tre objectif il explique les carts de performances entre les l ves en voquant la d bilit Dans son approche c est le comportement qui d termine a distinction entre normalit et anormalit Le terme anormal est appliqu fout enfant ne pouvant profiter de la mesure moyenne de l enseignement donn par des m thodes communes c est dire l enfant en situation d chec scolaire 4 Aussi affirme t il A coup s r l idiot est pour l hospice le d bile est pour l cole Reste l imb cile au sujet duquel on peut h siter Ses positions ne font pas l unanimit Le test est cens d celer les l ves inaptes l enseignement ordinaire mais ces nouveaux anormaux n ont rien voir avec ceux dont parlait D sir
134. lgam e la maladie et au handicap mental L idiot n inspire que d go t et doit tre s questr Durant l poque du grand renf rmernent la soci t ne cherche aucun moyen de r ducation ou de reclassement quel qu ii soit Au fur et mesure qu elle s organise et qu elle se d cide regarder ses fous d un il plus favorable elle vient les d crire et les exclure dans le m me temps Le si cle des Lumi res est travers d un grand mouvement que gouverne la raison loin des g nies des dieux ou autres abstractions m taphysiques c est la lutte contre l obscurantisme La science se substitue in luctablement la religion ou du moins d stabilise fortement son pouvoir explicatif Pour Auguste Comte il ne pouvait en tre autrement Une soci t ne peut fonder son ordre social sur des superstitions ou des abstractions L humanit en devenir atteint donc ce troisi me tat organique ultime scientifique et positif stade adulte o l homme mature et raisonnable ne se r f re qu l observation des faits et l analyse de leurs relations ne tient d sormais pour vrai que ce que sa raison explique et d montre C est vers 1770 que l on assiste la mont e d un nouveau pouvoir le pouvoir m dical mais aussi son ambition corollaire quasi totalitaire Cette date constitue le rep re de cette mergence qui dominera les deux si cles suivants On voit se r pandre partout dans les campagnes des m decins indemnis s
135. lir un r le dans le processus d int gration d un enfant handicap Quelle repr sentation serait l origine de cette sorte de scotomisation des aspects en particulier n gatifs des actions des l ves ordinaires Se peut il l Lescaret O Philip C Psychologie et Education n 16 Mars 1994 pp 63 79 2 Kohk L L un stitution Paris Masson 1979 p 29 3 Selon l expression de Pierre Verges pour signifier leur bivalence cognitive et sociale in Repr sentations et handicap vers une clarification des concepts et des m thodes Les Cahiers du CTNERHI n hors s rie diffusion PUF 1990 p 231 4 S agissant de l interpr tation des comportements des l ves ordinaires Jo l Zaffran ne rel ve dans le dit des enseignants qu une faible discrimination des rapports sociaux avec l enfant handicap concernant son acceptation ou son rejet que ceux ci ne remplissent aucun r le social vis vis de l enfant diff rent dans cette micro soci t qu est l cole L enfant est il rep r comme passif ou actif enjeu ou en jeu actant ou act Ne peut il tre consid r comme acteur ou si non pourquoi Est il possible comme le pr conisent Isaac Jacob et Philippe Fritsch de remonter vers les entrelacs des discours et des pratiques d institutions et de dispositifs et de proc dures pour cerner dans l imaginaire social le r el de l enfance capable d expliciter les attitudes actuelles son encontre En tentant de sai
136. lque certitude la question Qu est ce que l Homme ni les religions ni tes philosophies ne semblent pouvoir r pondre Mais elles nous clairent n est ce pas leur raison d tre Tant que l aporie est f conde tout danger d obscurantisme h g monique et triomphant n est il pas cart Du c t des sciences humaines peut on chapper l homme composite Comme le souligne Jacques Lecomtel analys par les sciences humaines l tre humain se r v le aussi composite que lorsque les philosophes l observent Pour rendre compte de cette diversit s entrechoquent des notions aussi vari es que pulsions ef strat gie individualisme et culture rationalit ei conditionnement On peut situer la naissance de l anthropologie au XVIII me si cle au croisement de trois courants convergents Les apports des naturalistes Linn Buffon qui cherchent classer l homme au sein des esp ces naturelles la r flexion des philosophes des Lumi res de Rousseau Kant qui proposent une th orie de la nature humaine et enfin des r cifs et observations issus de la deuxi me grande vague d exploration en Afrique en Am rique et dans le Pacifique De ce gigantesque brassage d id es si loign es l origine na tra peu peu une nouvelle vision de l humaine condition D abord il n existe qu un seul genre humain le sauvage est un tre humain avant d tre un non civilis M me si des diff rences
137. m canismes de d fenses individuels et collectifs de st r otypes enracin s culturellement dans la peur et l ignorance Les empreintes historiques d hier de l exclusion la charit l assistance et l aide sociale et culturelles de la d monologie la culpabilit jud o chr tienne marquent toujours peu ou prou l inconscient collectif L approche actuelle du handicap tente de faire merger une conception de l galit dans la diversit A la science s a lie l thique Progressivernent les id es de droit de r paration sociale de justice distributive s imposent force de protestation En 1971 a D claration des Droits g n raux et particuliers des d ficients mentaux stipule dans ses articles 1 2 et 3 le d ficient mental doit dans toute la mesure du possible jouir des m mes droits que les autres humains Il a droit aux soins m dicaux et aux traitements physiques appropri s ainsi qu l instruction la formation la r adaptation et aux conseils qui l aideront d velopper aux maximum ses capacit s et ses aptitudes Il a droit aussi la s curit conomique un miveau de vie d cent voire dans la mesure de ses possibilit s d accomplir un travail productif ou d exercer toute autre occupation utile On mesure l volution consid rable qui a permis la soci t d accorder des droits toute personne humaine quelles que soient les souffrances qui peuvent la d signer dans sa diff rence Au sch
138. male n est pas consid r e comme une priorit par les instituteurs C est le th me de l cole unique qui occupe plut t le devant de la sc ne scolaire C est par un travail conjoint des sp cialistes et de la hi rarchie de l Instruction publique par une v ritable campagne de publicit que l id e d un enseignement sp cial s est peu peu impos e sans cependant r ussir s y faire accepter sans discussion 3 pr cise Monique Vial expliquant que ces classes moins l origine de la pratique des ma tres et des probl mes pos s par l obligation scolaire rel vent de projets d experts ou de groupes professionnels militants au sein desquels existent l Roca J De la s gr gation l int grati i inadapt s op cit p 35 Z Perrot ML historienne Paris Vil Jussieu Enfance d linquants du XIX si cle Institutions de l enfance Psychiatrie de l enfant XXV 1982 pp 179 206 3 Vial M Les enfants anormaux op cit p 119 d ailleurs des conflits plus ou moins explicites autour de la revendication du secteur de l enfance anormalel L enseignement des aveugles et des sourds muets qui repr sentent approximativement 0 1 de la population peine aussi s organiser Pourtant Jules Ferry avait souhait traiter la question En 1910 la Loi Chautard constitue un projet de cr ation de classes et coles pour cette population et propose le transfert des responsabilit s du minist re de l Int rieur au mini
139. me pos Au del des d coupages institutionnels usuels l essentiel r side dans la qualit de l tayage l adaptation des supports ducatifs et p dagogiques la modulation des mesures de soins la coordination de ces actions concert es permet de d velopper un projet individualis ajust l enfant tout en assurant un travail de guidance parentale de qualit 3 2 2 R alit s et cons quences Entre le XIX et le XX si cle la soci t passe d une attitude de bienfaisance l endroit des infirmes une perspective assurantielle pr occup e de normalisation et de r adaptation Deux raisons paraissent l origine de ce glissement D abord la soci t r alise peu peu les effets destructeurs de L Avec des notions floues comme enfance inadapt e enfance handicap e nombreux sont les pist mologues aujourd hui d noncer une marche vers l ind terminisme conceptuel et institutionnel L expression est de G Netchine Grynberg in De l idiotie au handicap marche vers l ind termination Raison r sente n 65 1982 p 51 2 Bomjour P et Lapeyre ML op cit p21 3 Mis s R Perron R Salbreux R Retards et Troubles de l intelligence de l enfant Paris coll La vie de l enfant ESF 1994 p 8 te l industrialisation travers la multiplication des risqu s et des accidents du travail Nait progressivement la conscience d une responsabilit sociale jusqu la loi
140. mes philosophiques que rencontre la soci t par les seules conclusions de la connaissance scientifique Pour parler du probl me de la d signation et de l aporie de l esprit positif il suffit d aller voir du c t du secteur social de l enfance dite anormale Ce secteur s est mis en place la fin du XEX si cie et au d but du XX si cle et a mobilis l attention de nombreux m decins psychologues enseignants et l gislateurs Cherchant tablir une sorte d tat des lieux de cette r alit de l poque Monique Viall d montre combien peuvent tre diverses voire divergentes les d finitions cens es la d crire Dans le foisonnement d explications et d interpr tations d velopp es aucun consensus ne para t se d gager Les auteurs s en r f rent selon soit des crit res tiologiques soit des arguments d inadaptation la soci t ou fa scolarit plus pr cis ment L anormal intellectuel pr sente t 1l une l sion des facult s intellectuelles Existe t il un faux anormal intellectuel qui serait l enfant renvoy de l cole pour son mauvais caract re 2 L enfant mentalement anormal est il celui qui par infirmit de certains centres nerveux pr sente des troubles du d veloppement intellectuel ou moral qui le rendent incapable de s adapter au milieu dans lequel il vit 3 7 Les anormaux sont ils ceux qui pour une raison quelconque se trouvent dans un tat d inf
141. mis dans la m me cat gorie que les difformes place en quelque sorte hors de l espace social afin qu ils ne contaminent pas l ensemble L exposition n est pas comprise comme une mise mort elle a un aspect sacrificiel d apaisement du courroux divin par la remise de l enfant aux Dieux D une mam re g n rale on peut dire que les infirmes sont comme les prostitu es du c t de l impur ce qui implique l exclusion sans discussion voire l extermination Le texte biblique met jour une violence tr s profonde propos de l infirmit Dans l Ancien Testament nombre d infirmit s tant physiques que mentales sont signal es d couvrant une r alit autant quotidienne que sacr e Analysant la repr sentation sociale du handicap qu elle sugg re Henri Jacques Stiker montre combien tout est pr tabli le rapport l infirmit est dict et d termine un certain ordre social Le juda sme de l Ancien Testament est domin par l interdit rituel et cultuel L infirmit d clar e impuret rend l individu qui en est porteur inapte pr senter des offrandes dans le temple de Dieu Dans les textes du Qmr n et du Coran il est frapp de l interdit de combat et de participation au repas communautaire L infirmit est ainsi situ e Elle sert en quelque sorte s parer ce qui est de Dieu et ce qui tient des hommes le sacr du profane 4 Si celui que le malheur accable porte le poids du p ch le mal est rattacher
142. mises en garde d Alfred Binet et de Th odore Simon l Echelle M trique d Intelligence contribue la recherche de l anormalit y compris lorsqu il n y a pas de sympt me avant m me tout chec et difficult l cole Que la commodit des tests et leur pouvoir de s lection leur assure un essor fulgurant qu ils se r pandent en un quart de si cle dans le monde entier ne garantit pas leur bon usage S1 les notions d Age Mental et de QI restent tr s pr gnantes encore de nos jours c est non sans danger d utilisation abusive Les tests intellectuels ne peuvent donner que des informations sommaires Comme l crivent Andr Michelet et Gary Woodili le QI r sume en deux chiffres le pass le pr sent et l avenir de l homme Que ce r sum soit effectivement u assez bon crit re d adaptation scolaire d nonce Pierre Vayer et Charles Roncin il n est ni un bon moyen de diagnostic ni un bon moyen de pr voir l adaptation Sociale future 5 En ce sens il est dangereux qu il serve de base aux classifications La philosophie positiviste qui influence la m decine organiciste de l poque conduit une impasse Les th ories sur fa d g n rescence vulgaris es et les tudes statistiques souvent d form es construisent des repr sentations du handicap de plus en plus alarmantes Terman universellement connu pour sa version du test de Binet n h site pas crire Tout faible d esprit est au moins un criminel potentiel
143. n la sociologie de la famille En se r f rant au mod le des sciences de fa nature et de la m thode exp rimentale de Claude Bernard il d crit divers types familiaux clan tot mique famille maternelle famille patriarcale famille paternelle famille conjugale etc L tude du pass lui permet d expliquer la famille moderne La famille d aujourd hui est plus complexe parce que les milieux o elle vit sont plus complexes Si la conception durkheimienne de la constitution de la moralit conduit valoriser le r le de l institution scolaire aux d pens de celui de la famille c est parce que la question scolaire est particuli rement vive sous la M R publique Dans les milieux bourgeois la famille devient un microcosme o va se jouer l aventure des temps modernes Le rapprochement enfants parents augur par l abolition de la distance ducative va d finir l univers familial dans un espace priv et prot g Se d veloppe peu peu une familiarit croissante qui devient invite au dialogue l in L enfant et la morale op cit p IX 2 Pour Pestalozzi J h 1746 1827 L individualit de l enfant est sacr e cit par Gabriel Compayr in Les grands ducateurs Pestalozzi et l ducation l mentaire Paris Delagrave 1902 p 20 3 Froebel F 1782 1852 in Nouveau dictionnaire de p dagogie dirig par Ferdinand Buisson Paris Hachette 1918 article Froebel sign par J Guillaume p 69
144. n Mircea Eliadel l homme religieux des soci t s traditionnelies cherche remplacer son histoire v cue par une histoire r elle le temps sacr transposition de l histoire originelle dont il va sans cesse reproduire les actions suppos es Le d bat sur l homme toume court ses contraintes ses souffrances pas plus que ses espoirs ou ses choix ne sont l ordre du jour puisqu il ne se reconna t comme r el que dans la r p tition d une histoire qui n est pas la sienne c est dire qu il n est homme que dans la mesure o il cesse pr cis ment de l tre L homme du Dieu chr tien l homme du salut est lui aussi une cr ature d un autre que l homme mais le lien qui l unit son cr ateur non seulement ne lui interdit pas de vivre sa vie mais lui ordonne de vivre ici bas dans l amour du prochain La porte s ouvre vers des probl matiques de libert humaine car m me si ce dieu reste ma tre de la cr ation et des destin es il n en accorde pas moins l homme une place centrale dans le monde des vivants Certains th ologiens vont jusqu admettre que l homme est dou du libre arbitre du fait m me qu il est dou de raison M me le bouddhisme qui se pr sente comme situ au carrefour de la religion de la science et de l humanisme sagesse pratique dans l icr et maintenant par la recherche de la pl nitude dans la s r nit postule le non homme pour expliquer l homme puisque cet id al ne peut tre at
145. n corporelle n est pas tenable si notre cerveau ne commande pas la fois des muscles qui la cr ent et des muscles antagonistes qui s y opposent le respect de l homme juste l gard d autrui n est rien si la dimension conflictuelle de tout rassemblement humain n est pas tay e par son contraire la dimension consensuell Sauf sombrer nouveau dans le pire des id alismes ce que Paul Ricoeur se garde bien de faire comment imaginer une soci t pens e comme paradoxe consensuel conflictuel Car les totalitarismes du si cle ont d finitivement 2 bien fait comprendre la le on l loge de l in galit rig e en loi supr me tout autant que l loge de l galit lorsqu elle devient totalit l une et l autre aboutissent l abomination L id e de totalit insiste Ricoeur m me quand On retrouve ce r alisme chez Edgar Morin dans les rapports entre science et obscurantisme lorsqu il remarque Nos gains inou s de connaissance se paient en gains inou s d ignorance 2 Nous n en sommes pas certains Ce doute est l origine de cet aphorisme d sabus Ce que l Histoire enseigne aux hommes c est que l Homme n apprend rien de l Histoire il s agit du bonheur voulu par l homme cette id e ne doit toutefois l habiter que comme une promesse inaccomplie cette meilleure volont qui d rape irr m diablement en pire perversion il convient d imposer des garde fous pour ce
146. n de Vladimir Jankelevitch aimerd homme tout court et absolument 2 Prairat E Le pari d ducabilit in Educations Octobre 1995 P 10 dialogal fonde l accord entre les sujets et guide la th orie thique Comment imaginer une activit commumcationnelle sans pr supposer chez l autre impartialit l intelligence la responsabilit En ce sens toute communication n est elle pas normative puisqu elle suppose autrui et mieux elle suppose qu autrui est une personne Le d veloppement du r seau Int rnet fournit l occasion de r interroger cet loge d une communication qui par ce qu elle pr suppose fournirait les fondements d une thique moderne Certes lorsqu elle se fait maxime la communication fonde une communaut humaine par les interdits qui l organisentl mais comme le souligne Zaki La diZ sur les avantages d une communication mondiale instantan e il n est gu re besoin de s appesantir Mais par del la facilit d acc s des r seaux d acteurs ou de savoirs se profile l utopie d une soci t sans m diations S il est vrai que toute communication y compris Internet suppose le consensus d une communaut d individus lui m me rendu possible par les qualit s thiques pr sum es de chacun on voit bien dans cet exemple l insuffisance de la proposition Derri re cet id al de communication ne se cache t 1l pas un id al de soci t dans laquelle les lois du march n auraient plus
147. n sans r ponse parfaits c est dire sains de corps et d esprit et malheur ceux qui ne le sont pas l S loignant des d bats interminables sur le statut de la raison mais aussi concernant l empreinte originelle d la religion l humanisme de la Renaissance va soutenir que l homme est la mesure de toute chose et source autonome des valeurs une poque o Copernic d montre que la terre n est pas le centre de l univers mettant en porte faux toute la construction th ologique cette valorisation de la personne humaine donne toute sa dimension un esprit critique de moins en moins enferm dans jes sch mas totalitaires fussent ils ceux de la Raison A l utopie de l homme rationnel de la Gr ce Antique Pascal au XVII me si cle va opposer l homme duel dou de raison certes mais travaill tout autant par les passions Vision d une tonnante modernit cet homme toujours divis et contraire lui m me illustre longtemps avant Freud notre complexit notre fragilit notre imperfection irr m diables Jean Jacques Rousseau va envisager le statut de l tre humain travers ce que nous appelons aujourd hui les relations sociales D voy par la n cessit de la division sociale du travail pour faire face aux rigueurs de la nature l homme originel postule Jean Jacques Rousseau est un homme naturellement bon Cette affirmation de l existence d une inclinaison naturelle du c ur vers le bien suppose une
148. n sp cifique de l espace social les attitudes des uns et des autres sont encore et toujours d pendantes de ces formes de connaissances que sont les repr sentations Distinctes du savoir scientifique ces interpr tations socio logiques 5 participent l explicitation des processus relationnels l uvre R fl chir sur tes repr sentations de l enfance de l cole de la famille c est postuler que des facteurs explicatifs peuvent tre mis en vidence partir d elles et donner du sens aux places et aux r les de chacun Remarquant que les discours des enseignants occultent compl tement la place et le r le des l ves ordinaires dans la r alit int grative Jo l Zaffran cherche une explication du c t des repr sentations de l enfance Quand l adulte agit vis vis de l enfant de telle ou telle fa on quelles id es orientent son attitude L hypoth se selon laquelle une certaine repr sentation de l enfance serait l origine de certaines positions omissions voire errements m rite d tre travaill e Ne peut on supputer l existence d une cin matographie mentale concernant l enfance qui selon les p riodes historiques et les lieux donne du sens aux rapports que l on observe entre enfants et adultes au r le et la place de l enfant dans la soci t et plus pr cis ment l cole On peut se demander par exemple pourquoi les adultes ont tendance n gliger que les l ves ordinaires puissent remp
149. ndre est une rupture par rapport des pr jug s des repr sentations ant rieures 6 Selon l expression de Paul Watzlawick L illusion quantitative a une force extraordinaire dans la mythologie p dagogique p dagogique nous avons pu souligner les risques de d rives pouvant menacer dangereusement la r alit p dagogique D abord la d rive d miurgique quand l enseignant prend trop de place qu il oublie que c est en premier lieu l enfant qui s apprend pour reprendre une expression de Jean Marie Besse Ensuite la d rive psychologique avec l illusion applicationniste qui pr tendrait d duire une p dagogie des m thodes de la seule tude de la psychologie de l enfant Quelquefois l obsession p dagogiste valorise ce point l attention port e au sujet apprenant qu elle en finit dit on par nier dans sa d marche tout contenu Cette n buleuse p dagogique g n reuse a surtout domin les ann es 1968 plus souvent comme discours d ailleurs que comme r elle pratique p dagogique D autres fois c est la polarisation sur le programmatique qui compromet l quilibre par la surench re accord e au savoir Si la rationalisation de l apprentissage par le d coupage taxonomique des proc dures d apprentissage est sans nul doute indispensable l apprentissage se voit r duit au couple objectif valuation ind finiment multipli La volont de contr ler chaque phase de l acquisition le souci d incarner chaque objectif
150. nent de dialectiser les fondements de l ducation autour de la notion polys mique de sens l ducation c est ce qui rend sensible ce qui donne du sens et ce qui indique le sens la direction l Hoffinans Gosset M A Apprendre l autonomie apprendre la socialisation Lyon Chronique Sociale 1994 2 Voir notre chapitre 3 dans cette partie p 159 L ducation rend sensible dans Ia doubl acception du d veloppement des sens et de la sensibilit de chacun tre sensible au monde des choses au monde des autres ainsi qu son propre monde int rieur cette dimension psychoaffective et sociale est au c ur m me de la sp cificit humaine Mais cette sensibilit peut tre maintenue l tat de sensations ou s exacerber en sensiblerie si elle n est pas tay e par la raison les connaissances les outils cognitifs sont l pour cr er des liens des ponts pour donner un sens une intelligence des choses une compr hension du monde d gag e des affects individuels des illusions perceptives et des ph nom nes ali nants in luctables engendr s par la dynamique du groupe humain Or quoi bon aider le petit d homme d velopper son potentiel d tre sensible et rationnel s il n est pas en m me temps raisonnable L affinement des perceptions la subtilit des sensibilit s la richesse et la rigueur de la rationalit pour n cessaires qu elles sotent ne sont que des moyens qui peuvent s appauvrir en simples ga
151. nfance et de l adolescence inadapt es en 1960 4 Notons que la politique g n rale pour la jeunesse inadapt e a surtout pour but de favoriser les uvres priv es 5 Roca J remarque que la transformation du champ de l enfance inadapt e sans cesse red fini et largi entra ne la naissance de professions nouvelles 6 D apr s les r sultats dans la population inf rieure 7 ans 2 3 des enfants seraient consid r s comme d ficients A 11 ans le pourcentage atteint 15 ducatives stages colonies de vacances Des centres m dico scolaires des maisons d enfants Caract re sanitaire et social pour les enfants victimes de la guerre voient galement le jour L institutionnalisation de la S curit sociale permet le financement et l dification d instituts m dico p dagogiques m dico sociaux Les associations de parents d enfants inadapt s sont bien s r tr s pr sentes dans cette dynamique et pourvoyeuses de nombreux projets Le discours sur l enfance anormale s euph mise on parle d sormais davantage en terme de protection que de r pression L ordonnance du 20 f vrier 1945 se substitue la loi de 1912 Etay e par de nombreux textes d application et d adaptation elle fait sortir les mineurs du droit p nal D sormais ils ne pourront faire l objet que de mesures de protection d ducation ou de r forme en vertu d un r gime d irresponsabilit p nale qui n est susceptible de d rogation qu titre exc
152. nfirmes moteurs figurent dans les 1 Commission Bourgeois Note pour un projet de statistique des enfants anormaux manuscrit 1904 Coll INRP Dossier 3 7 03 37367 p L 2 Binet A et Simon Th respectivement Directeur du laboratoire de psychologie de la Sorbonne et m decin ali niste h pitaux de Perray Vaucluse Saint Anne etc in Les enfants anormaux Guide pour l admission des enfants anormaux dans les classes de perfectionnement Paris Colin nouvelle dition 1934 pp 6 10 3 Paul Boncour G Compte rendu critique de l ouvrage de A Binet et Th Simon L du Paris 1908 pp 138 142 4 R gis E m decin professeur de psychiatrie la Facult de m decine de Bordeaux Les classes d anormaux Bordeaux Rapport m dico p dagogique Bordeaux G Delmas 1909 pp 7 42 p 25 Jacquin G ancien chef de clinique psychiatrique de l Universit de Lyon De l assistance et de l ducation des enfants arri r s Bordeaux G Gounouillou 1903 p 15 6 Decroly O Directeur de l Institut d enseignement sp cial Uccle Stalle Belgique Classification des anormaux PF section ILE enfants anormaux Rapports Namur Godenne 190 p 17 7 RPC 1899 n Imars pp 1 2 8 Drouot E professeur de sourds muets Du r le de l instituteur primaire dans l ducation des enfants anormaux in RPC 1899 n 2 avril pp 78 100 p 82 98 i classifications mais ne sont pas identifi s comme cat
153. ngu es les d ficiences m dicales ou m dico psychologiques et les d ficiences socio pathologiques Les premi res repr sentent la quasi totalit des d ficients La d bilit moyenne est fix e entre 50 et 65 elle rel ve d une prise en charge IMP Pour les secondes QI quivalents on note des profils diff rents enfants immigr s classes populaires sous prol tariat La d bilit l g re est situ e 70 et au dessus elle d finit une zone d intervention propre l Education nationale Ainsi la population accueillie dans les structures sp cialis es de l Education nationale est d sormais bien circonscrite et r duite2 Les enfants pris en charge par le priv ne sont pas les m mes dont s occupe l cole En 1959 sont d couvertes les irr gufarit s chromosomiques et les facteurs risques dans la manifestation des arri rations sont isol s La trisomie 21 explique la maladie d couverte par Down en 1866 Dans les ann es 60 on value une proportion de 5 6 d inadapt s par classe d ge Se poursuit une extension qualitative et quantitative du secteur de l enseignement sp cial Cependant si le nombre de class s augmente la raison semble de nature pist mologique la psychologie s imposant de plus en plus comme science objective et fiable l ducation sp cialis e doit vraisemblablement son expansion l effectif croissant d enfants s lectionn s par les tests La constance et la valeur pr
154. nt comme barbare toute position susceptible d aboutir un rejet d une partie de l humanit Ne faut il pas se m fier alors des cat gories abstraites invent es pour d signer mais qui frappent souvent d anath mes les tres r els transform s d s lors en exclus Notre recherche s ouvre pr sent sur la question du handicap qui fait exploser dans le r el la diff rence l cf Paul Ricoeur l interdit de tuer l autre de le nier l interdit de la manipulation et l interdit du mensonge 2 La di Z Les nouvelles utopies de l ego in Lib ration du 12 03 96 p 6 CHAPITRE H L HOMME DIFFERENT Grande est notre faute si la mis re de nos pauvres d coule non pas des lois naturelles mais de nos institutions Charles Darwin Voyage d un naturaliste autour du monde L histoire du handicap est d autant plus d licate qu on ne trouve pas dans le pass les distinctions repr sentatives qui sont les n tres aujourd hui Ce que nous appelons normal ou anormal notre poque r sonne diff remment dans les soci t s ant rieures voire n a aucune signification L objet handicap est en effet r cent et les risques d anachronisme sont grands pour qui voudrait remonter le temps et appliquer au pass la grille de lecture du pr sent Cette notion ne se d gage pas ais ment des notions plus g n rales d infirmit d oisivet de pauvret Il n est pas pour autant satisfaisant de renoncer retrouver
155. nt de mignotage ne risque t il pas de se substituer incidemment au projet ducatif quand celui ci para t si compromis pour l enfant int gr Nous avons voqu ailleurs le danger des fausses int grations celles qui transforme l enfant handicap en enfant mascotte l enfant psychotique ou autiste est accept dans la classe non comm un objef p dagogique mais pour satisfaire le penchant du milieu scolaire manifester sa tol rance au nom de valeurs particuli rement m diatis es Il n y apprend rien et plus grave son tat personnel s aggrave L institution est confuse dans son projet pas tr s s re avec ce qu elle veut entreprendre et l int gration sert autant nourrir ses lans humanitaires qu alimenter un d sir inconscient de contestation l enfant 1 Une certaine adulation vis vis des productions enfantines faisait rejeter alors toute r f rence possible aux mod les 2 Mendel G op cit p 236 3 Voir Meirieu Ph et Guiraud M Y L cole ou la guerre civile Paris ESF 1997 Cet ouvrage est un v ritable plaidoyer pour une cole obligatoire r ellement ducatrice de ses membres 4 Bonjour P et Lapeyre ML op cit p 150 Hochmann J R flexion sur int gration scolaire des enfants pr sentant des troubles de la personnalit de neur iatrie de l l adolescence n 7 juillet 1987 p 205 malade est alors pouss aux passages l acte par ceux l m me qu
156. oi agir seul il y a opposition sur les m thodes pour l un il s agirait de capter le dynamisme du groupe quand pour l autre une p dagogie scientifique se construit essentiellement sur des proc d s didactiques sensoriels mais il y a la m me conviction l importance de l action volontaire de l enfant la prise au s rieux de son activit Entre John Dewey pour qui l cole est une institution sociale fondamentale au sens o elle est le lieu o l enfant apprend vivre en soci t est un lieu de vie et pas seulement de pr paration la vie et Ivan Ilfich qui conclut de son c t l incapacit de l cole d assurer une instruction il y a divergence de perception mais congru ence id ologique aussi au sens o l objet d ducation reste le m me avec ou sans institution il s agit bien toujours pour l enfant de s approprier un savoir et d exercer ses activit s sociales L Ecole active l Education nouvelle portent la m me philosophie de l enfance la l Ce qui fait d un tre un enfant ce n est pas le fait qu il ignore c est le fait qu il d sire savoir qu il tend devenir davantage cit in Trait de P dagogie op cit p 279 2 Clapar de 1873 1940 Psychologie de l enfant et P dagogie exp rimentale in Psychologie et Education J Leif et P Juif Edouard Clapar de tente d appliquer la psychologie l ducation et r clame une cole sur mesure o l enfant n effectue que
157. oient pallier par des th rapies et des formations compensatrices Le choix du mot n est pas fortuit Quand une soci t adopte un vocabulaire c est qu elle y reconna t une ad quation entre ses cadres mentaux et les objets qu elle d signe A l instar des pr tentions de la r adaptation la d finition du handicap induit l id e d galisation des comp tences L image furfiste de course correspond tout fait celle du handicap ayant rattraper rejoindre le groupe normal et normalis 4 On trouve sous la plume d crivains du XIX et XX si cles le mot handicap appliqu aux situations humaines Apr s 1945 l emploi du vocable se g n ralise dans les revues et les journaux L il sert l ibid p 133 2 Stiker H J op cit p 16 Le vocabulaire issu du turf et du sport prend un relief saisissent permettant la Jois de d signer l infirimit comme un obstacle impos ma s socialis et comme indiquant la course faire et rejoindre et par cons quent la volont d galisation entre des situations disparates mais qu un l ment tiers toutes les techniques et dispositifs peut contribuer rendre comparables La course de chevaux ou le sport avec ce qu ils comportent de comp tition d entrainement d galisafion de performance deviennent une s mantique laquelle on peut se r f rer in Publication CTNEREHL sept 96 op cit p 32 3 En 1940 appara t pour la premi re fois l expression
158. oir d agissements m me si celui ci n est en grande partie que s duction tendre Erasme pr conise une ducation lib rale insistant sur l efficacit de la douceur il condamne tout emploi de la violence Le naturalisme de Rabelais la m me p riode pr ne aussi le respect des dispositions naturelles de l enfant et tisse de lui une image faite de Joie et de vertu Si John Locke s oppose aux ch timents corporels son id e de l enfance est moins optimiste Derri re la candeur enfantine Locke voit son go sme Cependant les enfants sont capables d entendre raison ils entendent raison d s qu ils savent parler et ils aiment tre traiter en cr atures raisonnables plus t t qu on ne l imagine 9 Dans la tradition religieuse chr tienne l enfant est raisonnable d s sept ans ge consid r comme d but de la responsabilit morale La repr sentation des enfants commence int grer jugement et responsabilit ce qui n emp che pas La Bruy re de les voir hautains d daigneux col res envieux curieux int ress s 1 Notons cependant que dans l Evangile selon Saint Matthieu il est crit S vous ne devenez comme des enfants vous ne rentrerez jamais dans le Royaume des Cieux XVII 3 Il semble bien qu l origine l insouciance la joie et la tendresse soutenaient la repr sentation de l enfance que l glise a retenue avec une vidente ambivalence 2 Le diable prend l me du petit enfant dans le ventre
159. oir en dehors de la culture Ainsi pour Olivier Reboul if y a bien donc une nature Reboul O La philosophie de l ducation Paris PUF 1990 2 Avanzini G in Le Dossier du CLERSE op cit 3 Tragique rappel aussi celui de la folie de Louis II de Bavi re Souhaitant prouver que la connaissance de la langue maternelle tait inn e il ordonna le rapt de quelques nourrissons qu il fit enfermer dans des pi ces o ne pouvait leur parvenir aucune sollicitation externe Ils ne recevaient que le nourriture indispensable leur survie Son hypoth se ne put tre valid e ou infirm e puisque les enfants dans teur grande majorit moururent avant humaine qui consiste pr cis ment en la possibilit d apprendre l En ce sens l homme est tout pour l homme car le nouveau n du XXI me si cle sera identique celui de la pr histoire tre homme c est apprendre le devenir Entre le petit homme et le petit d homme il ny a pas qu une lettre d cart il y a la culture humaine toute l humanit Mais l homme tout pour l homme est un concept qui peut mener la justification de tous les dressages de toutes les dominations a disparition de l individu dans sa singularit insister sur la culture comme marque distinctive et ind l bile de la nature humaine ne signifie pas ne doit pas signifier pour autant que tout doit tre possible avec elle Car le d j l r siste tout autant qu il aspire l intromisation et cette
160. oit en France partout dans le monde dans l isoloir familial Vers l enfant acteur Les th oriciens du XX si cle vont s efforcer de d gager l ducation de l obsession du disciplinaire qui pr valait jusque l Critiquant l cole traditionnelle 1ls se situent peu ou prou dans la filiation du mouvement de l Education nouvelle dont les id es ressortissent une philosophie de l enfance qui respecte sa nature psychologique et ses besoins fondamentaux Eduqu er l enfant c est prendre au s rieux ce qu il est dans ses aspects singuliers Edouard Clapar de au d but du XX si cle insiste sur le fait que l enfance sert Jouer et l Legouv E Les P res et les Enfants au XIX si cle Enfance et Adolescence Paris Hetzel 16 dition p 201 L auteur parle d actes de situations p dagogiques de self gouvernement Il serait en quelque sorte l anc tre de l cole des parents 2 ibid 3 ibid p 2 Comme l crivent Isaac Joseph et Philippe Fritsch le p dagogisme dans la famille bourgeoise moderne n est pas un placage r cent une discipline qui lui aurait t ext rieure un moment de son histoire La famille bourgeoise se constitue sur cet objet l l ducation d un enfant et ses pulsations sont celles que les frajeis scolaires instituent pr sence contact attente veille op cit p 136 4 in L enfant sans d faut Paris Flammarion 1930 p 279 Le Docteur Robin est m decin chef de l Assistance
161. ombre des idiots continue suivre une courbe exponentielle Tous les moyens y compris la d formation des faits furent utilis s jusqu aujourd hui au service de cette id ologie 2 Pour l opinion publique affirmer la transmission h r ditaire des tares c est nier l utilit de poursuivre la recherche de diagnostics ainsi que tout effort d ducation Ce d terminisme scientifique des d ficits sert finalement d argument une demande de mise l cart des d ficients mentaux afin qu ils ne risquent pas de provoquer une d gradation de la race A partir des ann es 1880 les d ficients mentaux ne sont plus l objet d aucune sympathie Jis ont cess d tre consid r s comme des innocents et des malchanceux quelque peu ducables et susceptibles de rendre des services Ils sont devenus des ind sirables et consid r s comme un danger Avec la crainte des cons quences pour la soci t de voir a libre circulation des handicap s mentaux se diffusent incidemment une morale eug nique et une id ologie de s lection sociale Pour la s curit des personnes et le repos des familles les idiots doivent tre enferm s C est nouveau le grand renfermement dans des conditions plus ou moins tol rables Pour les repr sentants de l Assistance Publique les idiots sont incurables sont des non valeurs sociales absolues qui ne justifient aucun sacrifice financier Ils voquent d atileurs la possibilit de faire
162. on des comportements de Erving Goffman pour montrer comment dans une classe les modes de vivre des l ves ordinaires avec leur camarade handicap d pendent troitement des situations et de leur contexte Les premiers peuvent par exemple profiter de l absence du ma tre pour t moigner leur agressivit aux seconds Il appara t entre autre que les situations informelles participent davantage aux processus de socialisation Ainsi les enfants sont autant que les aduites des agents socialisateurs Ils poss dent la facult d action sociale dans la reconnaissance du handicap et l assignation d un statut particulier ce qu une autre repr sentation de l enfant n aurait pu laisser imaginer Toute int gration scolaire se d roule sur la base d un partage entre la complicit l entraide l insulte l humiliation et l exclusion 4 Si les rapports quotidiens contribuent fabriquer le handicap dans un bricolage p rmanent ne pas en tenir compte c est abandonner l implicite au non dit au dessous de table ce qui pourrait constituer une richesse de socialisation de civisme et par l une affirmation r elle de l humanit et l identit de chacun l in L enfant instrument de pouvoir en cas de divorce Dialogue n 73 3 trimestre 1981 p 55 2 Van Meter K sous la direction de in La sociologie Larousse collection Textes essentiels 1992 3 Les th ses de Jo l Zaffran nous paraissent d une extr me richesse N
163. on imagine qu en d barrassant le handicap de ses tiquettes il retrouvera son statut d individu normal D autre part la survalorisation du handicap les handicap s mentaux sont des tres hors du commun ils nous apprennent vivre ils sont porteurs de message On retrouve l des r sonances proches de l esprit m taphysique L analyse n est pas fausse Le d fi est bien d en sortir 4 Ibid p 79 s agit d une volution de la probl matique du traitement social de l alt rit la pr occupation de pr vention des inadaptations rep r e dans les ann es 70 se substitue la pr vention des exclusions l intention de r ducation r gresse au profit de l intention d insertion sociale Les discours en t moignent Le langage de l exclusion ne met pas l accent sur la faiblesse d un sujet ou d un groupe mais d signe un processus social de rejet qu il appartient la soci t de prendre en compte Il s inscrit dans un processus id ologique visant masquer les principes qui r gissent les in galit s sociales l Les conditions sont elles aujourd hui r unies pour que la soci t porte un autre regard sur les personnes handicap es La nouvelle th matique de l exclusion li e l approche du handicap accompagne la disparition des barri res qui s paraient jusque l le monde des valides de ceux qui ne le sont pas L galit des chances que d non ait Henri Jacques Stiker dans la s miotique du handicap es
164. organogen se psychogen se sociogen se La d nomination d une population contribue structurer le d coupage institutionnel et d finir les modalit s d action Le parcours d un enfant dans es structures socio m dico scolaires peut correspondre aujourd hui des logiques multiples voire oppos es dont la continuit et la coh rence ne sont pas garanties a priori Par exemple un tablissement cens recevoir des d biles profonds accueille aussi des enfants psychotiques La prise en charge ducative oblit re la psychose et ses exigences th rapeutiques La bureaucratisation la g n ralisation et la syst matisation n offrent aucune assurance au contraire Le quadrillage de l enfance aussi labor soit il n vacue pas la difficult diagnostique et avec lui l interrogation thique Le geste social ne peut se l gitimer dans une seule consciencieuse et diligente subordination Sans l inqui tude thique n cessaire sa d finition le mieux de l enfant risque bien de se r sumer la traduction simpliste des isotopies sociale et m dicale qui structurent la mentalit contemporaine o la compulsion de r adaptation est ce point l uvre qu elle r duit bien souvent le sujet l tat d objet traiter2 Il n existe pas de r ponse toute faite Celle ci est inventer contruire au singulier dans un t tonnement qui tente de prendre en compte autant que faire se peut la complexit du probl
165. ous les d velopperons plus pr cis ment dans la partie clinique de notre travail notamment celle relative la question socio p dagogique de l int gration scolaire 4 ibid p 125 Jo l Zaffran distingue ce qui se passe sur la table et sous la table Le sur la table concerne tout ce qui est expos au regard du ma tre quand te sous la table renvoie au cach au dissimul CHAPITRE H PROJET EDUCATIF ET REFLEXION SUR L HOMME L enfant qui ne peut seul et dans l imm diat assumer son r le io d l ve n est pas seulement un l ve handicap en difficult en retard l cart 4 en opposition active et d rangeante ou en inhibition paralysante D ficient de naissance la suite d une maladie ou d un accident en difficult du fait de moyens intellectuels ou culturels limit s ou de conflits internes trop envahissants il est d abord un tre souffrant Il souffre et confront son entourage sa souffrance ses parents qui vont vivre comme ils le pourront l cart avec un enfant peu ou prou id alis l enseignant mis en difficult lui aussi voire en chec Aux antipodes de l Enfant id alis ou de l enfant de la moyenne de toutes ces figures d sincarn es de l enfant si propices aux lucubrations les plus sophistiqu es ou aux simplismes les plus r ducteurs le p dagogue doit faire avec cet enfant l avec cet enfant l ici et maintenant c est dire dans cette classe l
166. oy pour les comp titions de chevaux La premi re distinction entre l imb cile et l idiot appara t en 1765 dans le Dictionnaire Raisonn Des Sciences A cette m me p riode la grande uvre de Valentin Ha y 1745 1822 a consid rablement am lior a situation des aveugles en introduisant des pr occupations ducatives et r ducatives action poursuivie plus tard par Louis Braiile 1809 1852 parall lement l Abb de l Ep e 1712 1789 s engage dans l ducation des sourds Ces mouvements d institutionnalisation augur s par ces pr curseurs n ont rien voir avec un d sir de voir l infirme int grer la vie sociale Il s agit d un projet plus humaniste et moral que social Cette vis e accompagne un renversement de la probl matique de la d viance de la difformit et de la monstruosit qui sortent d sormais d lib r ment du projet de Dieu Le XVII si cle est pr occup de normalit l Michelet A et Wood l G op cit p 90 Ce mouvement ira croissant m lant th ories empiriques et recherches objectives traitement magique et prise en charge scientifique I aboutira la constitution de la science du diagnostic de la d bilit mentale En corrigeant la valeur initiale des chevaux le handicap permet que le gain ou la perte ne soient pas imputables qu la chance Pour Henri Jacques Stiker appara t l un nouveau trait s mantique qu il conviendra de retenir pour la compr hension du vocable handicap ap
167. p tition Bonjour P Lapeyre M op cit p 11 t Avanzini G Le Dossier du Clerse op cit 5 ibid Celle en premier lieu de l unicit de l homme lorsque l on cherche le d finir par rapport au non homme c est le droit la ressemblance puisque s il y a bien sp cificit humaine celle ci n ouvre t elle pas la possibilit de d finir une humanit porteuse de qualit s et donc de droits et de devoirs universels Puis celle de l h t rog n it de l humanit c est dire le droit la diff rence car la possibilit d unir tous les tres humains ne suppose t elle pas la reconnaissance et de la sp cificit de l Homme et de la singularit de chaque homme Enfin celle de la reconnaissance pour chaque tre de la dignit humaine puisque chacun est unique l humanit ne peut se passer de personne tout tre humain n est il donc pas la fois un l ment de cette dignit partag e entre tous et lut seul toute la dignit du monde C est lalt rit qui fonde la reconnaissance de l Autre comme la fois semblable et diff rent ce prochain dont parle Paul Ricoeur la fois proche et lointain Nous convoquerons notamment philosophie th ologie thique pour oser cette navigation pleine d emb ches mais nous n oublierons pas qu il s agit de l enfant l enfant bless dans sa chair et ou dans sa dignit et que chaque enfant quel qu il soit n est pas l cole pour recevoir la solution de ses
168. par l administration royale le corps m dical est n porteur du grand r ve de soigner et ce faisant vecteur de la norme sociale d finie travers les normes de la vie et de la sant Les grands travaux scientifiques et m dicaux portent au premier plan de la soci t la m decine et les m decins S il ne s agit pas encore de soigner la raison commande d identifier de classer nous sommes l heure des premi res nosographies inspir es des classifications botaniques Henri Jacques Stiker parle d un vaste mouvement de biologisation de ia pens e Des classifications naissent les distinctions entre incurables et curables in ducables et ducables intimidables et inintimidables Les mots construisent peu peu des diff rences nouvelles comme pour renforcer les fronti res Progressivement avec le Si cle des Lumi res puis la R volution plus obscur ment ensuite l enfermement des infirmes va voluer vers des quadrillages sociaux de plus en plus labor s sp cialis s d sign s et l gitim s par la raison presque naturalis s Si dans la soci t religieuse la personne handicap e tait admise comme portant les souffrances divines dans celle o se met triompher le rationnel cette vision s vacue de fait L ge classique impose cette c sure tr s forte et irr versible la soci t cesse de se r f rer l au del pour s ordonner sur de nouvelles bases D sormais tout ce qui est d sordre tout ce qui est
169. pe Ari s a montr que le d veloppement du sentiment de l enfance est all de pair avec le d veloppement d un regard scolaire et disciplinaire Celui ci n existait pas dans la soci t m di vale L auteur entend par l qu il n y avait pas de conscience de la particularit enfantine S il y avait des enfants l enfance n tait pas reconnue proprement parlerZ Elle tait tr s vite assimil e la soci t adulte Cette assimilation se traduisait par un accueil indiff renci au sein de la communaut Les enfants toujours m l s aux adultes se pr paraient tr s t t remplir les m mes t ches qu eux Le b b ne provoquait pas l attention qu il mobilise aujourd hui Dans un contexte de forte mortalit infantile sa survie improbable restait aux l Selon l expression de Michel Voyelle in Histoire et repr sentations Sciences Humaines n 27 avril 1993 p27 2 Ari s Ph La vie familiale sous F Ancien R gime et plus particuli rement le chapitre Les deux sentiments de l enfance Paris Plon 1975 3 Le nourrisson est n avec la psychanalyse et c est surtout Fran oise Dolto qui lui a pr t une identit et un langage mains de Dieu tant qu il n avait pas atteint l ge o il serait suffisamment solide pour prendre place dans la soci t adulte Cette non reconnaissance de l enfance est quand m me une repr sentation au sens o c est une conception qui d finit l enfant ou bien comme adulte ou bi
170. pliqu au champ m dico social c est le trait pond ration pond ration entre avantage et d savantage en revanche le trait hasard dispara t Notons qu en 1827 le mot traverse la manche on parle de course handicap En 1854 le substantif se fait verbe mais ne concerne toujours pas les personnes marqu es par la diff rence 3 Les id es principales de r ducation d aujourd hui sont incluses dans les institutions de Valentin Ha y et de l Abb de l Ep e affirmer que l infirme peut acc der aux m mes biens que les valides inventer des techniques et des p dagogies pour ce faire fonder des institutions sp cialis es pour le permettre Notons par ailleurs au passage que c est la R volution fran aise que l on doit l id e de l aide domicile qui n a certes pas t appliqu e ce moment mais la l gislation l avait d j pr vue peut tre comme pendant l institutionnalisation l homme est un tre qui doit tre normal et celui qui ne l est pas rappelle malgr lui l existence de cette fronti re entre deux mondes d sormais radicalement s par s Les infirmes deviennent des probl mes traiter d o la th se de Michel Foucaultl sur le grand renfermement toutes infirmit s comprises dans l h pital g n ral cr par Louis XIV L internement y est envisag moins par souci de gu rison que pour condamner l oisivet et l indigenceZ Dans cette fi vre s gr gative la pauvret est ama
171. pr c dente les mots qui disent la diff rence vont voluer progressivement dans leur pr cision et leur nombre au fur et mesure des recherches diagnostiques Notons pour l heure qu on ne trouve pas d embl e les distinctions entre handicap mental maladie mentale handicap physique etc qui sont les n tres aujourd hui L apparition du mot m me de handicap dans le champ m dico social rel ve de I histoire contemporaine et a t introduit pour supplanter d autres vocables devenus trop connot s Les origines s mantiques de ce terme m ritent d tre rep r es Elles s enracinent dans le XVI si cle Handicap vient de l anglais hand in the cap Il appartient au domaine du jeu c est un jeu de hasard qui consiste mettre des objets ou leur symbole dans un chapeau et les redistribuer par un tirage al atoire le r sultat n est pas pr visible partir des dotations initiales des personnes la main dans le chapeau d cide seule de la nouvelle r partition On peut d j rep rer dans cette tymologie des traits de signification qui rendront compte de la s mantique du mot handicap plus tard L histoire du diagnostic entendu comme d signation scientifique et celle des interventions th rapeutiques sont r v latrices du t tonnement de la pens e humaine et plus particuli rement des efforts qu op re la raison pour parvenir la ma trise des ph nom nes qui au d part lui c
172. prendre 2 L enfant est confront dans le groupe deux exigences oppos es d une part une exigence d affiliation au groupe dans son ensemble l enfant assimile son cas celui des autres et s identifie au groupe dans sa totalit individus int r ts aspirations d autre part une exigence de diff renciation il ne peut v ritablement entrer dans la structure du group qu en y prenant une place et un r le d termin s Ainsi l enfant exp rimente t 11 dans le groupe un double mouvement d agr gation et d individuation t ce faisant se socialise et s autonomise C est par la m diation des relations interpersonnelles dans le groupe que le sujet construit dans une dialectique d identification et d individuation d lib r e les structures de sa personnalit et la conscience de soi sans lesquelles il ny a pas de socialisation de type humain et donc non plus d institution pas de milieu social 3 M me si l autre de la socialisation ne recouvre pas l Autre de l thique le second tant fondateur et vis e quand le premier est instrument du processus de d veloppement 1l est clair d sormais que lib rer un enfant c est tout autant fui offrir la possibilit de s autonomiser que de se socialiser ou si l on l Ego entendu comme la traduction usuelle en anglais et en am ricain du terme freudien Ich et qui signifie en fran ais aussi bien moi que je 2 Amado G op cit p 64 Henri Wallon 1879 1962
173. ques d g n r s neurasth niques criminels d biles laids d form s Peu peu la s gr gation se conjugue avec l esprit scientifique comme elle l avait fait auparavant avec les superstitions hier par le truchement des courroux divins l par celui de la raison cat gorielle le souci de l identification et de la distinction comme si la d signation en pointant la diff rence marquait de fait et irr m diablement la coupure Si l enfance a une histoire n est ce pas celle de sa progressive s gr gation Pour soigner duquer corriger philanthropes hommes de loi et m decins en viennent se substituer aux families d linquantes en prenant comme objet de sollicrtudes l enfant pauvre l enfant rebelle La diversit des formes d interventions finit par constituer l enfance en v ritable champ d action avec ses fronti res et ses cat gories de plus en plus fines L enthousiasme qui a anim les pionniers de l ducation sp ciale dans la fin du XTX si cle peut tre parce qu il se trouve insuffisamment soutenu par l ensemble de la soci t perd son pouvoir de conviction et se fait 1 Commission Bourgeois op cit p 2 2 Richet prix Nobel de m decine membre de l Institut Professeur de physiologie l Universit de Paris La s lection humaine Paris Alcan 1919 p 138 3 La question est bien d ailleurs aujourd hui de savoir si cette logique est ce point incontournable si elle ne peut s laborer autr
174. qui n h site pas parler d imp rialisme m dical les m decins b n ficient d une sorte de contrat qui leur permet d intervenir dans l espace social C est eux que les pouvoirs publics s adressent Lorsqu ils ne sont pas des hommes politiques ils sont dans l antichambre du pouvoir et jouent l La politique sociale de Henri Sellier s inscrit dans la ligne trac e par les radicaux tels que Paul Strauss et L on Bourgeois Le gouvernement de Vichy ne remettra pas en question cette formation mais en fera l apanage de la Droite 3 Mise au point par une commission d tude o si gent des grands noms comme Wallon psychologue Prudhommeau instituteur sp cialis Roca J s interroge cependant l heure actuelle sommes nous bien certains de nous tre lib r s de cette conception op cit p 124 Retenons en 1934 en Su de la d couverte de Folling qui r ussit isoler l oligophr nie ph nyle puruvique Sa d tection la naissance permet gr ce un r gime alimentaire sp cial d viter l apparition d une arri ration mentale profonde En 1937 sont d couvertes les sulfamides essentielles dans la lutte contre les maladies infectieuses En 1940 sont rep r es les enc phalopathies par troubles inn s du m tabolisme le r le de conseillers avertis Un nouveau gouvernement est mis en place en 1937 avec Camille Chautemps I permet Ia cr ation du Conseil sup rieur de protection de l enfance cha
175. rapport e d autant qu aucune autre d finition officielle du handicap ne sera donn e par la suite Lors du d bat parlementaire concernant la loi le Ministre de la Sant Simone Veil face la question sur la d finition des personnes handicap es a simplement r pondu les personnes qui sont reconnues comme telles par les commissions ad hoc charge pour les commissions de se r f rer aux d finitions existantes Sont inadapt s la soci t dont ils font partie les enfanis les adolescents et les adultes qui pour des raisons diverses plus ou moins graves prouvent des difficult s plus ou moins grandes tre et agir comme les autres L inadaptation ainsi d finie de fa on tr s large est un ph nom ne aux limites incertaines qui englobe des cas disparates D une part ces enfants ef ces adultes sont des degr s divers sous des formes diverses des infirmes au sens le plus tendu et c est leurs infirmit s potentielles ou effectives qu il convient d apporter des soins pr ventifs ou curatifs D autre part la gravit absolue de leur mal s ajoute une gravit relative qui d pend du milieu dans lequel ils vivent On dit qu ils sont handicap s parce qu ils subissent par suite de leur tat physique mental caract riel ou de leur situation sociale des troubles 1 Remarquons que le mot handicap est le plus souvent employ comme adjectif Sa substantivation est rar
176. renvoie aux enfants et adolescents abandonn s orphelins criminels d ficients en danger moral ou d linquants L approche envisag e est globale et dominante m dico psychiatrique La logique adaptative d velopp e sous Vichy et donnant naissance ce grand secteur de l enfance inadapt e a puis sa l gitimit dans une id ologie o le travail ioi sacr e et principale valeur de R demption a pu prendre toute une signification r adaptative6 Cette conviction se trouve d autant plus vive qu elle est stimul e dans un climat conomique d expansion qui n interdit nullement la caution du r el puisque le travail peut remplir effectivement sa fonction de grand int grateur gr gati JTA ducation des enfants inadapt s op cit p 130 Analysant les ant c dants historiques d un tel tat de fait Jacqueline Roca rappelle qu en 1896 le ministre de l Instruction publique s est adress Bourneville En 1904 ce sont Bourneville Binet et Simon qui sont charg s d effectuer les classifications des anormaux en 1936 le docteur Robin pr sentera le programme en faveur de l enfance d ficiente La force de persuasion et d ing rence du m dical dans l espace public est importante comme s il existait une convergence entre les exigences de l id ologie politique et celles de la technologie m dicale et une connivence d int r t r ciproque L Etat apporte son soutien au groupe m dical en lui accordant l autonomie et le contr
177. rg de la coordination de tous les services de l enfance2 Si la m fiance caract rise l pisode vichyssois c est parce que la politique scolaire consiste en de v ritables mesures d assainissement un remodelage de l cole et une mise au pas des personnels Dans ce contexte le secteur de l enfance n appara t pas une priorit Pourtant c est la guerre de 1939 1945 et ses cons quences sur le plan int rieur l occupation et le r gime de Vichy que l on doit la mutation d cisive des mentalit s en mati re d enfances inassimilables3 D une logique d viction et de s gr gation les ann es 40 voluent vers une logique de protection et d adaptation Cette derni re option est plus f d ratrice que les pr c dentes le terme officialis est enfance inadapt e Le conseil technique de l enfance d ficiente et en danger moral crit en 1943 est inadapt un enfant que l insuffisance de ses aptitudes ou les d fauts de son caract re mettent en conflit prolong avec la r alit et les exigences de l entourage conformes l ge et au milieu social du jeune Ce conseil tablit le statut de cette population et fournit les techniques et les m thodes requises pour le d pistage l observation et son reclassement dans la vie sociale Le crit re utilis est celui d adaptabilit terme propos par Daniel Lagache qui r dig ra une nomenclature et un classement des jeunes inadapt s 4 Cette expression
178. rice du sujet contemporain est aussi la cons quence de la fin des grands r cits comme le disait Tean Fran ois Lyotard r cemment d c d Alain Touraine dit aussi que Depuis qu il n y a plus de grand r cit collectif et mancipateur la grande affaire c est de faire de sa vie personnelle un r cit une histoire de vie L homme se veut responsable mais prend le risque de se d couvrir nu et seul Dignit est pris ici au sens thique le plus lev tel qu on le trouve dans la D claration universelle des droits de l homme la dignit inh rente tous les membres de la famille humaine et teurs droits gaux inali nables Cette dignit de l homme est affirm e comme un pr alable et ne saurait tre li e aucun attribut de l homme sauf risquer de cr er des situations de perte de dignit ce qui transforme alors in luctablement cette dimension fondatrice en moyen dangereux de distinguer ce qui est digne de ce qui ne l est pas pratique ducationnelle renvoyait une clarification des paradigmes qui la sous tendent Affirmation audacieuse voire imprudente car dessiner les contours du sujet humain ne peut tre entrepris qu avec une immense humilit Affirmation n cessaire afin que tout dispositif didactique toute technique p dagogique aussi ing meux solent ils ne c dent la tentation de quitter leur place de moyens Prol gom nes indispensables ces l ments de clarification sont susceptibles d esq
179. rmais un caract re obligatoire Des instituts m dico p dagogiques sont pr vus pour les enfants d ficients du caract re ducables Les enfants d ficients irr cup rables sont adress s des services annex s aux h pitaux psychiatriques ou dans des tablissements d hospitalisation Mais les mesures sociales adopt es par le front populaire seront trop co teuses les mentalit s insuffisamment pr tes pour permettre au gouvernement de subsister au del de 1937 Dans un contexte socio conomique difficile il subit l hostilit des conservateurs de droite tandis qu au sein de la population se d veloppe la haine de l ouvrier La premi re association de parents d enfants anormaux l aide r ducative est cr e par Madame Bayard L expression enfance d ficiente est adopt e cette p riode Henriette Hopper psychiatre la d finit ainsi un tre d ficient est un tre dont le d veloppement ne s effectue pas la cadence normale et dont l ducation ne peut tre r alis e par des moyens ordinaires dans la famille ou l cole La p riode de l entre deux guerres est marqu e par les progr s de la m decine et plus particuli rement ce qui concerne l tiologie de a pathologie infantile et de la d ficience intellectuelle Ces progr s accroissent la responsabilit et le prestige des m decins Ils sont d j depuis longtemps pr sents sur l chiquier social Pour Jacqueline Roca
180. rtiennent au mouvement r publicain qui soutient comme valeurs id ologiques essentielles au del du souci galitaire et d mocratique la lib ration par l instruction et le maintien de l ordre et du rendement conomique par la moralisation des peuples Avec la domination conomique et culturelle de la classe bourgeoise sur le milieu ouvrier la mis re est interpr t e comme relevant du fatalisme g n tique On parle de morbidit sociale comme si la pauvret tait g n tiquement transmissible Le milieu d favoris devient symbolique d une h r dit pathologique Les probl mes sociaux alcoolisme syphilis repr sentent dans l univers mental la principale tiologie des d ficiences mentales Dans cet tat d esprit nombreux sont ceux qui assimilent intentions socio prophylactiques domestication et moralisation des classes sauvages C est d sormais une optique pr ventive qui va l gitimer linterventionnisme m dical dont l hygi nisation et l instruction seront les instruments plus efficaces pour combattre la d ch ance prol tarienne que les techniques curatives 4 L cole est le lieu privil gi o peut s exercer la moralisation par l inculcation des r gles de conduites Tout comportement qui ne s inscrit pas d embl e dans l ensemble de ces r gles est alors m dicalis Les Classes de Perfectionnement sont d fendues comme mesure de progr s Deux arguments sont avanc s le premier est leur utilit
181. rtion C est une autre repr sentation de l enfance que la Convention des Droits de l enfant fait r f rence Prot ger entendre tels sont les premiers axes qui signalent que l enfant est un homme en devenir que la d fense des Droits de l homme demain passe par la reconnaissance et le respect des droits de l enfant aujourd hui La d fense de l enfant repose sur une id e simple il est une personne et sa parole doit tre entenduel Pourtant paradoxalement enfant tymologiquement vient du mot infans en latin et qui signifie qui ne parle pas Cette tymologie n est pas insignifiante Si l on se r f re aux d finitions que donne la loi l enfant est consid r en effet comme un incapable mineur soumis l autorit parentale 2 un incapable sans parole donc Officiellement les enfants n ont pas la parole m me dans la l gislation relative la question du divorce Si la tendance actuelle tend prendre en compte leur r alit psychoaffective leur parole ne peut tre entendue L coute doit passer par la m diation d enqu tes sociales ou de consultations sp cialis es caract re m dico psychologique Les enfants dit Pierre Barbet n ayant ni parole autonome ni en l tat des textes moyen d en avoir une il ne faut pas s tonner qu ils soient l Le droit au respect implique que l on postule et qu on respecte la subjectivit de l enfant Il est un droit non contractuel non officiel au sens o i
182. s Actualit p dagogique 1969 Avril p 21 1 1 REPRESENTATIONS ET ECOLE 1 1 4 A la recherche d une d finition fonctionnelle il y a encore bien des lunes mortes ou p les ou obscures au firmament de la raison Marcel Mauss Chez les philosophes les repr sentations seraient les apparences plus ou moins trompeuses qui opacifient l appr hension du r el Un m me objet peut tre source d une infinit de repr sentations Par l all gorie de la Caverne Platon invite s en d gager La philosophie veut d livrer l homme des apparences afin qu il acc de une r alit sup rieurel Les sciences humaines ont investi par la suite la notion de repr sentation mais dans une acception diff rente Ces images sont saisies comme constituant un univers mental qui taye traduit et donne sens toute perception que son objet soit de nature sociale culturelle ou individuelle Emmanuel Kant aurait provoqu une v ritable r volution dans les th ories de la connaissance en affirmant que a r alit en soi nous est inaccessible car nos pens es sont enferm es dans des cadres mentaux dont elles sont prisonni res Mentalit si id ologies th ories jugements pr construits repr sentations mentales individuelles ou collectives transforment notre vision du monde Comprendre ce qui nous entoure c est en fait percevoir travers des syst mes mentaux de r f rence permettant une traduction de la r alit La conc
183. s des domaines proches des n tres peut on lire de l humain dans les actes de violence l cole notamment Peut on lire de fhumain dans le d voilement de plus en plus fr quent des pratiques incestueuses et p dophiliques Peut on lire de l humain dans certains comportements l gard des personnes handicap es Qu est ce que l homme et que serait une soci t capable de bannir tout jamais toutes ces humiliations inflig es l autre Enfin sur l plan politique la soci t fran aise d aujourd hui est mise au pied du mur face la mont e des intol rances des exclusions des anath mes Le fascisme r de s expose et m me plastronne et sa perversit est telle qu il peut cro tre d autant plus qu il n est pas combattu tout en croissant un peu plus chaque fois qu on ie combat L humaine condition et les conditions de l humain constituent un d bat qui n a jamais cess d exister IE est vraisemblable que depuis les origines les hommes aient cherch distinguer l humanit des autres esp ces recherch ce que Montaigne appelait l humaine condition Cette qu te de la nature humaine aboutit une liste impressionnante de crit res distinctifs dont l ampleur d montre du coup que le crit re distinctif n existe pas Ainsi a t on cherch d montrer que le crit re d terminant tait la conscience la religion la vie en soci t le travail la technique la morale la raison le fangage la
184. s par les soci t s pour r soudre leur rapport l anormalit nous avons pu prendre conscience des bouleversements successifs des modes de vivre ensemble Charles Gardou pr cise par ailleurs que la relation avec la personne handicap e continue d veiller au niveau le plus profond de la conscience un ressenti de panique face l inconnu de menace personnelle d une atteinte semblable de crainte d ali ner sa libert dans le contact Ces peurs fonctionnent comme ne introjection des caract ristiques pr t es la personne handicap e sa diff rence ses incapacit s corporelles ou mentales la permanence de ses difficult s ses contraintes de vie tous ces traits agissent comme une menace Sur notre propre int grit corporelle et entravent la libert de choix dans nos comportements y4 l Ebersold S H importe moins d assurer les moyens favorisant le d veloppement des aptitudes que de d finir des solutions permettent de pallier les situations marginales ibid p 32 2 bersold S op cit p 54 3 ibid p 59 4in Sciences de l Education et Recherches sur les handicaps Sciences de l ducation r ultiples sous la direction de Guy Avanzini Paris Peter Lang 1992 p 79 Ces peurs intimes dont parte Charles Gardou n ont Cependant la notion de handicap a profond ment modifi le regard sur la personne pas comme les autres La soci t commence abattre ces barri res constitu es de
185. s r sonnent avec l id e de r paration et ouvrent sur un monde conomique et social nouveau relevant d une volont ax e sur la performance et la normalisation r ducation reclassement r insertion r int gration voire r habilitation L ensemble des actions m dicales th rapeutiques sociales et professionnelles s organise autour de cette notion Remplacer compenser r tablir constituent l objectif principal Dans la l gisiation l Stiker H J Handicap Handicap in Handicap et inadaptation fragments pour une histoire notions et acteurs Publication r alis e gr ce au concours de la Fondation de France CTNEREIT Sept 1996 p 30 2 ibid p 155 3 Communication de Stiker H J le 12 janvier 1995 Pourquoi le handicap fait il loi Collogue Alter Les associations et l Etat dans la construction sociale du handicap au XX si cle janvier 1995 Marly Le Roy f naissante la notion de r adaptation se substitue celle d assistance Les pauvres les mutil s les diminu s de toutes sortes doivent tre r int gr s A l inverse du moyen ge le handicap est reconnu comme tel mais c est pour mieux l oublier La r adaptation c est l apparition d une culture qui essaie d achever le geste de l identification l identit geste pour faire dispara tre l infirme et toute carence pour l assimiler le noyer le dissoudre dans l unique tout social Plus grave plus souterrain qu une strat gie
186. sir travers l histoire et la sociologie ces invariants qui n ont cess de varier l lumi re devrait tre un peu faite sur cette r alit processueile qu est l int gration scolaire 1 2 REPRESENTATIONS ET ENFANCE L tude historique des conceptions ducatives et des objectifs poursuivis travers l ducation devrait nous renseigner sur les diff rents types de relations qui lient l enfant l cole et la soci t Les th oriciens de l ducation sont loin d tre d accord sur une repr sentation commune de l enfant La comparaison de leur doctrine conduit poser un certain nombre de questions L enfant est il naturellement bon comme l affirme Jean Jacques Rousseau ou instinctivement pervers comme le pr sente Sigmund Freud ou est il moralement ni bon ni mauvais comme l estime Emmanuel Kant L enfant est il le sauvage de Herbert Spencer l tre asocial d Emile Durkheim Est il go ste et raisonnable comme l affirme John Locke ou sa nature contient elle des m langes d go sme et d altruisme comme le pense Auguste Comte L on doit bien comprendre que du choix des r ponses chacune de ces questions s orientent des attitudes ducatives diff rentes selon les cas D une repr sentation de l enfance d pend un projet d ducation sp cifique 1 2 1 Du projet ducatif l enfant acteur Notons tout d abord que les philosophes de l Antiquit Classique ne s int ressent gu re l enfance Philip
187. st re de Instruction publique Pour des raisons budg taires le projet est accept puis rel gu En 1924 une nouvelle proposition de loi tente de relancer le d bat en vain L enseignement des aveugles et des sourds muets est laiss l initiative des institutions priv es L enseignement des enfants d biles physiques 2 suit une progression moins chaotique D j la fin du XIX si cle voit l organisation d coles de plein air l initiative de m decins d hommes politiques et d associations Leur objectif s inscrit dans un mouvement de lutte antituberculeuse d assainissement d hygi nation et de m dicalisation des enfants des classes populaires Il s agit autant d viter l volution du mal chez les enfants tuberculeux que de pr venir les risques d closion de ja maladie dans les populations risques enfants vivant dans des milieux insalubres des grandes villes En 1906 l initiative de l instituteur Lemonnier est cr e la Ligue pour l ducation en plein air La premi re cole verra le jour en 1907 Vernay pr s de Lyon D autres classes vont appara tre et en 1922 l orgamsation m dico p dagogique sera d finitivement tablie C est entre 1944 et 1960 que le dispositif prendra toute son expansion La loi du 22 juillet 1912 fixe le statut de l enfance d linquante Sont distingu s les enfants reconnus normaux mais qu une ducation familiale pernicieuse ou qu une situation d abandon a am
188. st il pas d j l indice d une d mesure en comprendre le fonctionnement Oubli e quelque peu par ceux qui privil gient les processus mentaux OU par ceux qui au contraire ne Jurent que par l environnement la dialectique individu soci t est l objet propre du questionnement sociologique Les sociologues n ont pas toujours vit l h sitation pist mologique st rilisante en opposant l homme acteur individuel l homme individu situ mais leurs approches enrichissent le d bat sur l homme et ouvrent une dialectique l homme n est il pas un tre qui peut aussi d terminer ce par quoi il est d termin un tre qui agit tout autant qu il est agi Le d bat est loin d tre clos et les approches sociologiques ne peuvent elles seules pr tendre r pondre toutes les questions Plus r cents les observations et les concepts thologiques vont la fois brouiller les cartes et contribuer claircir le d bat La d finition de l homme en opposition avec l ammal se d robe car l espoir d y parvenir s estompe en m me temps que les fronti res labor es avec tant de pers v rance L tude assidue avec des techniques de plus en plus sophistiqu es des comportements individuels et en groupe des animaux va relativiser radicalement serait on tent de dire toute tentative d tablir une quelconque exclusivit des conduites humaines Si des singes se reconnaissent dans un miroir si telle esp ce animale l Bonfanti
189. ste d senchant sans foi collective mobilisatrice nous assistons l largissement social du dissensus thique i dont on attend tout se voit d savou e aussit t convoqu e et sa primaut n est affirm e que pour mieux en montrer l impossible av nement A l aube du XXI me si cle ces paradoxes seront ils source de cr ativit ou tomberont ils au rang des contradictions st riles L homme aurait 11 vraiment renonc vouloir marier thique hic et nunc et infini Ainsi l thique occupe t elle une place inconfortable entre tentation relativiste ou universalisante vis e ou imp ratif pr alable secouriste attendue mais sans moyens d accueil Apr s Auschwitz impossible de penser comme avant regardant l homme nous ne voyons plus la m me personne que jadis Et notre g n ration celle qui a encore le nez dans cet absolu scandale au sens tymologiquel pour la pens e humaine a h rit pour longtemps d une m fiance absolue pour tout syst me d explication pr tendant ou pouvant pr tendre une coh rence absolue Au bout de tout syst me insiste Henri Jacques Stiker de toute coh rence trop bien fuite de toute pens e pr tention d finitive les portes d une prison attendent 2 On peut y voir la raison du succ s grandissant de la tol rance qui d une position impliquant une sorte de condescendance voire de m pris se voit propuls e au rang de valeur supr me Or on sait bien que tout tol rer p
190. sur l attitude archa que et sur les deux sentiments de l enfance et se r v le d une actualit tonnante Ne peut on lire notre soci t contemporaine comme plong e dans une contradiction troublante s agissant du regard port sur l enfant La troisi me configuration pr sent e par Christian Bachmann confirme l ambigu t de la place laiss e au petit d homme dans notre soci t moderne au fur et mesure de sa complexification Vers les ann es 1975 la mutation de la soci t avec l effondrement du nombre des mariages la baisse du taux de natalit modifie en effet la place de l enfant Si celui ci est reconnu comme un objet rare et pr cieux sa repr sentation n en est pas moins ambivalente ador exalt l enfant est aussi per u comme un g neur car dans la soci t narcissique et individualiste il devient un frein l panouissement personnel et conjugal obstacle au bonheur et la r alisation professionnelle L enfant dans notre soci t n est pas la place que la fantasmatique sociale lui accorde 4 On assiste ainsi un r tr cissement de la place de l enfant dans la famille L enfant dans nos soci t s tend dispara tre en tant qu ge de vie Ce qui faisait la sp cificit de l enfance dans les ann es 30 voire m me au d but des ann es 60 cette sp cificit tend se diluer L action des moyens modernes de communication tend consacrer davantage encore cette dilution Comment int
191. t l enfant une assise narcissique un sentiment de s curit ce narcissisme l n est pas constitutif de l humain en dehors de sa rencontre avec l autre l autre comme vis e comme valeur et l autre comme tre social Pour l instant retenons qu duquer un tre passe par la volont de le lib rer de ses propres entraves en lui permettant d tre la fois lui m me et hors de lui m me Quand l ducation introduit au je l individu peut se reconna tre en l autre sans se perdre en lui S1 l homme ne peut se d finir sans cette r f rence constitutive l ego au point que l on puisse parler d un ego en qu te d assise narcissique il ne peut toutefois pas se r duire lui El est tout autant alter ego sujet tourn vers l ext rieur en qu te d changes et d acculturation impr gn du souci de l autre L tre humain ne peut tre compris sans que ne soit port un regard sur sa relation l autre et ici les connaissances sur lui rejoignent les principes thiques qu il se donne ind pendamment d elles p Henri Wallon a particuli rement tudi l influence qu exerce sur l enfant le milieu social pour tui fes motions et r actions affectives doivent tre comprises partir de leur substratum biologique et l int rieur du milieu social le groupe est indispensable l enfant non seulement pour son apprentissage social mais pour le d veloppement de sa personnalit et pour la conscience qu il peut en
192. t les distinctions nonc es ne se rep rent pas avec autant de clart Quel traitement social envisager par exemple pour un enfant trisomique agit carenc affectif et issu d un milieu d ficitaire Entre l chec scolaire et la d ficience entre la d ficience et les troubles psychiques entre les troubles psychiques et les organisations caract rielles r actionnelles il est tr s difficile de marquer des lignes de d marcation Facteurs sociaux facteurs psychologiques facteurs organiques s intriquent et dessinent des personnes singuli res susceptibles d voluer vers des avenirs diff renci s tude du probl me g n rale de l inadaptation des personnes handicap es Rapport au Premier Ministre Ea documentation fran aise 1967 IMPRO et IR intervient pour ceux chez qui une d ficience ou des troubles du comportement sont manifestes A parcourir le lent cheminement des complexes l gislatifs et des mouvements institutionnels et scientifiques des imp ratifs pragmatiques aux prises avec les d pressions id ologiques politiques et sociales force est de constater que la prise en compte des besoins sp cifiques de l enfance et l organisation de sa prise en charge ne se sont pas affirm es sans mai sans illusions ni perversion aussi Les courants psychog n tiques sociog n tiques s ils ont apport des enseignements pr cieux ont d velopp aussi parfois des th ses r ductrices imposant des choix impossibles entre
193. t 2 Axelos K Eduquer loin du conformisme et de la m diocrit in Le Monde de l ducation Avril 1993 3 C est dans l homme dans sa raison et dans sa libert qui constituent sa dignit qu il faut fonder les principes du respect de l autre et non dans une divinit Luc Ferry op cit page 59 dans la cr ation puis dans la gestion de l Universit de Nanterre C est sans doute la raison pour laquelle il va s attacher particuli rement saisir l articulation entre la pr occupation t l ologique le bon et le juste et le souci d ontologique le bon et le l gal l rapport de soi soi le rapport de soi autrui sont compl t s par un troisi me rapport essentiel celui aux tiers institu s Loin d une conception individualiste et privative de l thique Paul Ricoeur continue une tradition philosophique qui voit le sentiment du respect de la chose publique comme lieu possible du bonheur certaines conditions En effet si certes je suis responsable d autrui de tout et de tous ce je n a de sens que dans la pluralit de ses positions possibles je c est aussi tu c est aussi nous Et ce nous s incarne dans des institutions or de m me que l homme se montre pour ce qu il est c est dire vuln rable les institutions elles aussi ont d montr leurs faiblesses radicales puisqu Auschwitz est aussi bien l impens de l homme que celui de la soci t Dans ces conditions c est la Justice qu
194. t elle des espaces suffisants entre enseignants et enseign s pour que chacun puisse jouer sa partie sans interdire celle de l autre Les repr sentations ont ceci de caract ristique qu elles peuvent tre aussi dynamog nes que iatrog nes introduire le changement ou verrouiller tous les possibies Ainsi la mani re dont l enseignant con oit l acte d apprendre d termine fondamentalement son enseignement H n y a pas affirme Andrea Canevaro d objectivit dans nos convictions ducatives celles ci renvoient notre conception du monde et de la soci t Nous avions montr en 19943 comment nombre de repr sentations les concernant aussi solides et r pandues soient elles s av raient profond ment injustifi es inadapt es et paralysantes condamnant d embl e innovations et exp rimentations nouvelles et maintenaient corollairement l immobilisme Quatre repr sentations nous taient apparues particuli rement pr gnantes la croyance en la fin arit de l apprentissage qui nie la dialectique du savoir que et du savoir comment celle en une progression lin aire du simple au plus complexe qui a gouvern tr s largement la p dagogie contemporaine celle en la tabula rasa o l enfant est per u comme une page blanche qu il faut imprimer la croyance enfin en la r p tition du m me quand l illusion du toujours plus de la m me chose 6 s impose comme seule rem diation Nous avons pu d montrer que ces qua
195. t o Dolly est n e 4 positions avaient t adopt es quant la cr ation de clones humains si l Allemagne l Espagne ie Danemark et F Australie avaient opt pour l interdiction quand le moratoire tait retenu par l Italie l Argentine et le Canada la France et le Royaume Uni mettaient le sujet en d bat En effet dans notre pays la Loi du 29 juillet 1994 relative au respect du corps humain ne mentionnait pas explicitement le clonage le Comit National d Ethique avait donc t saisi par le Pr sident de la R publique La libert quant elle tait reconnue aux USA au Japon en Chine en Roumanie et en Isra l A noter toutefois que cette libert r sultait le plus souvent soit d un vide juridique soit d une l gislation insuffisante et que des pressions se sont multipli es pour que cette position volue 1 Aujourd hui la m decine ne se contente plus de traiter la maladie Elle intervient directement sur les processus de la vie il en va ainsi notamment des procr ations artificielles des transplantations d organes des th rapies g niques Si les questions pos es par l extension illimit e semble t il de la ma trise des techniques m dicales occupent le devant de la sc ne m diatique le d bat sur la sp cificit humaine a envahi bien d autres champs et contraint les soci t s l aussi sinon r pondre aux questions au moins les placer au centre de leurs pr occupations Pour rester dan
196. t peut tre justement une chance qui se dessine pour qu au del de l irr ductibilit de sa d ficience la personne handicap e soit reconnue dans son identit Par ailleurs la marginalit hier attribu e l infirme en devenant exclusion redonne la soci t sa part de responsabilit On passe d une n gation de l infirmit une n gation de la diff rence au profit de l affirmation d une part de responsabilit de la soci t dans les situations rencontr es par les handicap s 2 Si avec la notion d inadaptation la soci t polarisait son regard sur l individu son manque sa gravit absolue avec fa notion de handicap la gravit se relativise la s gr gation n est pas le seul fait de l individu atteint elle l est aussi de l environnement L exclusion de l infirmit ne peut plus tre consid r e comme l gitime 3 Au d but de ce long parcours historique nous nous pr occupions de savoir comment la soci t int grait la diff rence dans sa repr sentation du monde comment elle r solvait le probl me de l int gration et de la non int gration Nous avons pu voir que les conditions de possibilit des diff rents traitements sociaux de l infirmit relevaient tant du contexte culturel des repr sentations sociales des ressentis individuels que des approches th oriques des donn es conomiques structurelles et l gislatives En reconstruisant travers les poques les syst mes de pens e labor
197. t unifi e de lui m me moment jubilatoire c est en effet sur cette identification primordiale qu il advient sa condition de sujet 1 Ainsi l enfant du d sir est d abord enfant du besoin emp tr dans ses affects incapable pour l instant de leur donner sens Ce n est pas la marque d un d faut humain mais la signature de ce qui fait l humain 2 Pour Jean Paul Sartre l affectivit constitue l tre de la r alit humaine c est dire qu il est constitutif pour notre r alit humaine d tre r alit humaine affective Cette reconnaissance relativement tardive de l affectivit entendue comme l ensemble des tats motionnels sentimentaux et passionnels et comme l un des pr alables absolus toute compr hension du petit d homme cette reconnaissance inspire les pratiques ducationnelles contemporaines au point que Jean Paul Resweber puisse crire on entend par p dagogies nouvelles les th ories et les pratiques p dagogiques qui au lieu de s imposer de l ext rieur l enfant vont se d velopper partir de ses besoins de ses d sirs et de ses possibilit s d expression 3 Cette affectivit qui ne peut pas n pas tre est la base non seulement des comportements mais galement de l intelligence Piaget met en parall le les stades de d veloppement intellectuel et affectif et per oit l activit comme nerg tique de la conduite pouvant avoir un r le acc l rateur ou perturbateur
198. teint qu au bout de plusieurs vies Ainsi quelle que soit l importance que les religions accordent a la place de l homme dans l univers que celle ci soit proche de la contrainte ou du libre arbitre toutes ont recours une figure transcendentale pour donner un sens l existence La question semble bien tre celle de la marge de man uvre accord e au cours de son existence ici bas de sa libert possible dans un monde r ellement et ou suppos contraignant car d termin avant et ailleurs H semble aujourd hui que les religions soient victimes en France d un triple processus collectif d rosionZ individualisation d abord chacun se voulant ia r f rence en derni re instance de son jugement relativisation ensuite qui consiste prendre en consid ration des points de vue tr s diff rents et g n re une tendance au l Cit par Jacques Lecomte Regards multiples sur l tre humain Sciences Humaines 1996 n 64 ao t septembre p 18 2 Riffaut H Les valeurs des Fran ais Paris PUF 1997 cit par Louis Chauvel in Revue Sciences Humaines n 39 Mai 1997 m tissage des croyances pragmatisme enfin qui entra ne un d sint r t croissant pour le ciel des id es et des dogmes Notre propos ici n est pas de nous situer dans le d bat ternel entre utilit et futiht de la foi religieuse mais de nous interroger sur ce qu elle apporte dans la connaissance de l homme Si les religions n ont pas toujours su
199. tielle l homme est un tout et si pour des raisons de commodit d analyse il est in luctable d en chercher les caract ristiques posons qu il est inadmussible de r duire un individu humain un groupe fut ce t 1l celui des lites une cat gorie f t ce t elle celle des vertueux ou un seul caract re f t ce t il celui pour les croyants d avoir une me L oublier pousse Platon Diderot et bien d autres justifier d exclure tels ou tels humains de l humanit En dignit la g om trie variable est toujours fatale celui qui en est victime Quant ceux qui ne sont pas sains de corps on des laissera mourir Citation attribu e Platon Knibielhler Y La morale de l histoire in Autrement n 93 octobre 1987 2 Meirieu P Le choix d duquer op cit page 144 mais l instar de celui de l humanisme de la Renaissance l homme condamn tre libre du courant existentialiste devient responsable et lui seul de tout ce qu il fait puisqu aucune raison objective ne peut justifier son existence que ni Dieu ni la Nature humaine ne sauraient se d montrer Ainsi l homme des philosophes n existe pas ou plut t n existe que pluriel Homme rationnel duel d natur transitoire prom th en ou condamn tre libre Approches multiples contradictoires les tentatives philosophiques ne nous permettent pas de stabiliser une repr sentation avec que
200. tions et d affrontements L adh sion est loin d tre g n rale Corps m dical et Instruction publique s affrontent au sem de la commission qui les a r unist Dans les luttes engag es peuvent se rep rer effets de chapelle mandarinats et querelles d attribution La question budg taire n est pas n gligeable et habite la plupart des critiques quel co t aura le projet La loi ne va t elle pas entra ner l Etat dans un gouffre financier Monique Vial parle de joute savante o derri re les conflits d cole se profilent des rivalit s entre les hommes et travers des probl mes de carri re les int r ts conomiques Pour Jacqueline Roca il y a aussi au del de cette rivalit la conqu te d un march conomique le march de l enfance anormale Le d bat oscille entre une argumentation centr e sur la n cessit d une instruction des enfants arri r s d asile et leur int gration dans les coles et une autre qui pr ne la primaut d une instruction r serv e aux enfants arri r s d coie et leur exclusion du syst me ordinaire Sans doute est ce ce qui explique que d aucuns lisent fa cr ation de ces classes sp ciales comme une volont d int grer des enfants vou s jusque l l asile quand d autres l aper oivent au contraire comme signe avant coureur d une fi vre s gr gative et d autres enfin comme une fa on de refuser toute assistance ducative aux enfants les plus atteints par des proc d
201. to juv nile h pitaux de jour CMP s occupe des enfants pr sentant des troubles psychiques Le secteur social et la justice foyers de l enfance maisons d enfants caract re social foyers pour inadapt s sociaux centres ducatifs et p dagogiques accueille les cas sociaux Le secteur m dico social IMP l Roca J note qu en 1975 76 14 9 de l effectif total des SES sont de nationalit trang re Ce pourcentage st nettement sup rieur celui qu on trouve dans la population totale 2 C est l toute la difficult Notre propre d marche ducative vise int grer les handicap s mentaux dans la soci t mais sans ignorer la complexit de la progression n cessaire et les limites individuelles Lambert J L cit par Michelet A et Woodill G op cit p 267 La charge sociale affective m dicale et financi res des handicaps justifie une politique de pr vention Les progr s conceptuels et techniques de la biologie permettent aujourd hui un rep rage pr coce 3 des enfants sont atteints d une malformation cong nitale dont un tiers d un accident pendant la grossesse rub ole toxoplasmose tox mie gravidique un autre tiers d une maladie h r ditaire le dernier tiers d une aberration chromosomique 4 Rappelons comme nous le faisions dans notre ouvrage que cette cat gorisation aussi rationnelle qu elle puisse para tre n emp che pas les erreurs d aiguillage Dans la r ali
202. tre ducable au potentiel dont on ne conna t pas les limites pourvu qu il s actualise dans les conditions socialis es optimales est lui m me jamais fini tout autant que fin pour lui m me Insistons last but not the least sur cet aspect tant il est fondamental pour tout ducateur Si Alain faisait d j remarquer qu en toute logique l on ne peut presque pas instruire sans supposer toute l intelligence possible dans un marmot il revient Philippe Meirieu d avoir soulign qu au del d un pr suppos logique cette affirmation de l ducabilit est la postulation thique qui fonde le devoir infini d duquer 2 Certes ce principe risque de n tre qu une coquille vide s il n est soutenu par la conviction de ma propre responsabilit ducative mais il ne souffre aucune r serve la moindre exception la plus petite restriction le met mal et l an antit Aussi notre r flexion sur la dignit de l Homme et notre questionnement sur l homme ducable se rejoignent ils pour ouvrir un autre d bat le d veloppement sans limites semble t il des techniques et des r seaux de communication ne constitue t 11 pas lui aussi un des fondements thiques de l homme contemporain Il est tentant de s appuyer sur un paradigme de la pens e contemporaine celui du langage et de la communication Le langage suppose un ensemble d individus dialoguant entre eux et donc un consensus le principe l Pour reprendre une expressio
203. tre repr sentations taient en grande partie l origine de la paralysie de la r novation p dagogique obstacle aussi l imagination puisqu elles ferment la r flexion sur l activit didactique et avec elle l laboration des projets d int gration scolaire des enfants handicap s d marche qui ne saurait effectivement s op rer sans un minimum de remises en questions Contre ces verrouillages id ationnels que sont parfois les repr sentations nous avons propos nous m mes une repr sentation syst mique de la situation p dagogique susceptible de permettre de r soudre un certain nombre de probl mes Empruntant Jean Houssaye son friangle l Robert Jaulin L enfant enjeu de pouvoir in Di e n 73 3 trimestre 1981 p 27 2 Canevaro A Enfants perdus enfants exclus Paris ESF 1992 p 86 Bonjour P et Lapeyre M op cit pp 108 115 Malgr la reconnaissance de ses effets n gatifs cette croyance perdure plus ou moins dans les pr conscients p dagogiques Le dogme des pr requis peut tre avanc ici comme exemple Construit partir d une lecture charismatique des travaux de Jean Piaget et de ses l ves et d une volont d en d duire et d en g n raliser une praxis il a transform la p dagogie en p dagogie attentiste 5 Quand l enseignement devrait consister aider l enfant passer d une repr sentation d j existante une autre un peu moins fausse car comme le dit Bachelard appre
204. trois l ments le savoir l enseignant et l apprenant auxquels on fait correspondre les trois missions de l cole duquer former qualifier qui s affirment dans une approche plurielle philosophie de l cole conception de l homme voir Houssaye J 1988 2 L objet d apprentissage devenant par polarisation abusive l enfant lui m me 3 Ce danger menace d autant plus la prise en charge ducative des enfants psychiquement perturb s La m thode Doman qui rel ve de cette illusion a t fortement condamn e et finalement interdite aux USA Elle violentait l enfant et n aboutissait qu la construction d un faux self aussi fragile qu ahi nant 4 Avanzini G Les sci l ducation Toulouse Privat 1976 p 114 5 ibid p 114 6 Rosenthal R A et Jacobson L Pygmalion l cole Paris Casterman 1971 1 En r f rence au mythe de Pygmalion Pygmalion tait roi et sculpteur en le de Chypre Indign de la conduite des femmes de son le qui se livraient la prostitution dans le temple d Aphrodite il se voua au c libat Mais pour venger cette insulte la f minit la d esse lui inspira une uvre admirable la statue d ivoire d une femme extr mement belle et gracieuse Galat e dont Pygmalion tomba amoureux fou malgr lui Pygmalion se d sesp rait que sa femme ne puisse r pondre son amour A force de la d sirer il finit pourtant par l animer de son souffle et lui donna la vie n image de soi positive C est
205. u L anormalit la diff rence hier li es au p ch se trouvent d s lors d pendre de lui et seulement de lui de la mani re dont il les traite S impose une autre structuration mentale o le principe de charit est avanc comme organisateur puisqu il impose une coh rence toute d pendante de la seule responsabilit individuelle Ainsi l Evangile introduit il une coupure dans Phistoire des mentalit s et un tout autre r gime pour l infirme Sa dignit son droit tout partager de la vie religieuse et sociale sont d sormais reconnus En cassant l inferdit le texte de l Evangile remet l int gration du malheureux entre les mains de la conscience thique et spirituelle 2 Les personnes handicap es vont conna tre en acqu rant un statut diff rent une nouvelle forme d int gration Elles constituent le moyen pour chacun de se racheter de ses p ch s elles sont ceux par qui on fait son salut si on leur vient en aide3 Au Moyen Age se cr ent des institutions de charit confi es l Eglise pendant que s instaurent une morale et une pratique l aum ne Le groupe int gre les sujets pas comme les autres La solidarit joue ici un r le primordial Si les personnes handicap es ne sont ni soign es ni consid r es comme normales elles se trouvent rarement exclues et toujours spirituellement int gr es Dieu ayant cr Le monde comme il est ies personnes handicap es sont accept es telles qu el
206. u consentement de celui ci le respect de la vie devant n cessairement prendre en compte la qualit de la vie telle qu elle se donne la personne Si donc en fin de compte c est la dignit de la personne qui doit guider le m decin le biologiste notamment c est parce qu l instar de la position kantienne la personne est consid r e comme une fin en soi Cette dignit humaine peut valoir plus que la vie puisque certains tres pr f rent mourir plut t que de la perdre Consid r e comme fin en soi elle donne dans ce cas la personne tfa possibilit de d cider de la fin de soi La dignit et l ducabilit ne peuvent ils tre pens s comme postulats fondateurs de l interdit de violence Nous avons affirm que toute l Pour Sa d Bouamama la r apparition du d bat sur la citoyennet r v le un double ph nom ne la mise en vidence d un cart dangereux pour la d mocratie entre droits formels et droits r els et une tentative de l gitimer un nouveau statut de citoyen passif en faisant de la citoyennet un imp ratif moral et non plus un droit politique Bouamama S Exclusion et citoyennet in revue Educations Octobre 1995 p 16 2 cf John Rawls qui d non ant le lib ralisme favorable aux plus entreprenants et le socialisme niant les in galit s estime que les in galit s sont admissibles si organis es l avantage de chacun elles b n ficient d abord aux plus mal dot s 3 Cette position fondat
207. u il est et tre conscient de la r alit disait Jean Bercy montrant combien il est loin d tre naturel pour l homme d affronter par la pens e ce qui l entoure Selon les repr sentations que l on se fait de l ducation la culture les causes du succ s ou de l chec scolaire le r le des ma tres tel jugera l cole adapt e sa fonction tei autre en totale inad quation tel d fendra sa qualit int grative tel autre fustigera cet appareil s lection qui produit de l exclusion Il nous para t n cessaire d examiner cette question au regard de notre probl matique Quelles sont les repr sentations de l enfant de l cole de la famille susceptibles de teinter de noir ou de blanc les relations Et d abord que sont au juste les repr sentations comment interviennent elles dans l appr hension de la r alit en quoi sont elles d terminantes dans son appr ciation Nous nous proposons dans un premier temps d claircir la question g n rale des repr sentations et dans un second temps de nous pencher pr cis ment sur certaines d entre elles 1 En empruntant le titre de l ouvrage de Paul Watzlawick nous voulons d montrer notre tour que la r alit est loin d tre le reflet de v rit s objectives et ternelles in La r alit de la r alit confusion d sinformation communication Paris Seuil 1979 2 Watzlawick P ibid p 9 5 Bercy Z L expression humaine dans ses divers aspect
208. uisser le sujet humain dans sa sp cificit irr ductible et de l approcher dans le champ de l ducation A l aube du troisi me mill naire l Homme n est plus cet animal raisonnable ou d une mani re plus pr cise mammif re bimane station verticale dou d intelligence et de langage articul de notre Larousse de 1939 El ment d un tout le genre humain l tre est lui seul tout hologramme biologique psychologique sociologique qui ne peut s appr hender que de fa on complexe et singuli re Solidaire des autres tres dans l esp ce 1l l est sp cifiquement dans le temps gr ce la culture qui l a intronis et qu il contribue son tour de faire voluer Etre de passion tout autant que de raison ego tout autant qu alter ego produit et acteur de son histoire tant t sujet tant t assujetti domestique oblig et affranchi possible il poss de deux forces incommensurables le d sir d atteindre l inatteignable et sa capacit pouvoir s interroger sur ses actes Cet tre singulier ne peut le devenir ni le rester sans les autres On le r ve totalement responsable de lui m me et des autres dans un souci de cet autre qui ne peut avoir de limites Sa rencontre avec l Autre qu il aime un point c est tout sans quatenus l dans la reconnaissance de leur vun rabilit r ciproque cette rencontre est structur e par l interdit de violence qu elle soit individuelle ou socialis e Enfin cet
209. ule l ducation peut l aider se construire et devenir homme Si l enfant est toujours reconnu comme ayant une existence propre il devient d sormais source d un projet ducatif L imp ratif est d sormais de l aider s lever au besoin en le prot geant contre lui m me Pour Philippe Ari s il faut lt Voir l le d but d un sentiment s rieux et authentique de l enfance La psychologie enfantine est l ordre du jour pour mieux conna tre p n trer rectifier la mentalit des enfants et adapter les m thodes d ducation L attitude de curiosit psychologique appara t comme un compl ment de pr venance morale l int rieur d une attitude plus globale de d veloppement des potentialit s enfantines Pour Jean Jacques Rousseau l enfant est enfant avant d tre homme il n est pas en demeure de raisonner L enfance a ses mani res de voir de penser et de sentir L orientation ducative doit la respecter dans ce qu elle a de sp cifique et tenir compte des possibilit s r elles L enfance est un passage oblig une tape fonctionnelle dans un lent processus de d veloppement Cette conception est l origine de la cr ation et de la diffusion de la p dagogie moderne et active Si elle a r ussi impr gner peu ou prou le monde de l ducation il n est pas s r que sa compr hension ait d velopp les attendus qu elle aurait pu laisser sugg rer Jean Jacques Rousseau est un id aliste qui pr te
210. un mod le capable de livrer quelque chose du sens du handicap et de la structure sociale elle m me Il est pertinent de l C est ainsi qu Henri Jacques Stiker approche le probl me dans son ouvrage op cit et qu il parviendra par une s ruotique des diff rentes cultures reconstituer les univers mentaux qui ont pr sid au rapport entre la soci t et l infirmit C est cet auteur que l on doit le plus bel ouvrage exhaustif de l histoire du handicap des attitudes collectives culturelles et politiques le concernant Corps infirmes et Soci t s raconte comment travers les grandes p riodes de l histoire les corps infirmes sont per us par es soci t s comment celles ci ont plus ou moins tol r les insuffisances et les malformations voir nouvelle dition Paris Dunod 1997 p 176 se poser la question philosophique des conditions de possibilit des diff rents traitements sociaux de l infirmit travers l histoire Une soci t ne se r v le t elle pas dans la mani re dont elle traite a pr sence des personnes en difficult Evoquer la question du contexte historique et la mettre en dialectique avec celle du regard port sur la personne handicap e c est postuler qu il existe une relation troite entre l un et l autre l un influen ant l autre et r ciproquement La prise en compte de la personne handicap e par le groupe social les modes de vivre ensemble varient en effet selon les l
211. ureuse et tragique qu il faut partir pour fonder une position tenable L Holocauste le d sastre cologique qui s installe bas bruit dans notre monde ach vent le temps des visions d r alisantes du r el l immanence rejoint la transcendance le soyez heureux il n y a rien esp rer ce regard lucide sur ce monde ci seul univers possible rejoint la responsabilit de soi m me vis vis d autrui pour tous et jamais L homme met en actes sa condition inter subjective par le respect de l interdit de violence l gard de tous y compris des g n rations futures c est dire qu il est tre de tension entre une thique de conviction qui se veut perp tuellement critique des moyens au nom des fins et une thique de responsabilit qui s oblige valuer les cons quences des positions prises et des actions engag es en leur nom l instar d Emmanuel L vinas Paul Ricoeur part de l exp rience v cue du mal il fut prisonnier de guerre pendant 4 ans mais il se caract rise surtout par son engagement politique auteur engag non seulement au sens O 1l a pris des positions claires et courageuses dans les d bats qui ont secou notre si cle l affaire Sacco et Vanzetti la guerre d Espagne Munich la guerre d Alg rie mais galement dans la mesure o il s est impliqu personnellement l La multiplication r cente des comit s d thique constitue sans doute une r ponse institutionnelle ce sentiment angoissan
212. ux Niestl 1993 p 84 3 ibid p 85 ibid p 13 ibid p 17 Signalons que le Coran aussi invite la soci t assumer ses responsabilit s vis vis des arri r s mentaux et des faibles en r clamant leur endroit sollicitude et affection 6 in Corps infirmes et Soci t s op cit p 37 et la faute individuelle il brise l interdit et avec lui le sacr de l Ancien Testament Le Dieu que loue le Nouveau Testament exclut seulement le c ur mauvais et le mai qui vient du dedans tout d pend d sormais du c ur de l homme Ce sont les hommes qui d limitent pr sent les zones du pur et de l impur Le mal n est pas dans les souillures ext rieures mais dans la conduite que l on a vis vis d autrui Puret et impuret se d couvrent dans les relations Quand les liens d amour sont l le pur est l quand les liens d amour sont d grad s impur advient Quand les liens sont tiss s de compassion et de sollicitude le religieux est l quand les liens se corrompent le religieux s efface Il n y a d autre sacr que la relation l autre amour de l autre amour d sint ress qui unit dans la fraternit J sus fait dispara tre le religieux au profit de l thique toute la responsabilit incombe l homme Avec l Evangile c est tout le syst me social qui va se trouver d stabilis voire d truit dans sa coh rence Dans son rapport l infirmit l homme se trouve confront une prise de conscience aig
213. va cependant travailler d s le XVII si cle un accueil bien singulier de l enfant Avec le souci nouveau de l hygi ne et de la sant physique l enfant va peu peu tre reconnu dans sa pr sence et son existence nue Aim choy mais aussi investi des d sirs de r alisations familiales l enfant du XIX et XX si cle est l objet de toutes les attentes et devient petit petit un personnage central Jusqu au XVII si cle les enfants portaient les espoirs d ascension sociale de leurs parents Le m rite personnel de l enfant tait compl tement inexistant au regard de l importance de l h ritage Est ce toujours vrai aujourd hui Christian Bachmann rep re trois repr sentations de l enfance qui se sont affirm es et succ d es depuis les ann es 1940 jusqu au ann es 1980 La premi re appara t la lib ration et constitue une configuration o l enfant est consid r comme une victime prot ger Par del les souvenirs de la guerre la vision d un monde humaniste la prise de conscience de la responsabilit de la soci t vis vis de l enfance et de son avenir mobilisent une attention particuli re et r clament que soient imagin es des r ponses ses besoins qui vont s exprimer travers l organisation de mouvements de jeunesse et la multiplication des cr ations d tablissements Les associations vont travailler un projet de socialisation d mocratique et de solidarit par rapport l enfant cett
214. xion ne peut davantage s exon rer du principe de r alit ou de la n cessit t l ologique la question ne se ram ne t elle pas chercher ce vers quoi tend notre tre Cette tension vers un objet objet auquel nous sommes attach s par toutes nos fibres mais qui se d robe comme Par exemple les oiseaux en chantant d limitent leur espace te chant cl ture leur territoire 2 Morin E Le paradigme perdu la nature humaine Paris Seuil 1973 3 cf cette r flexion de Luc Ferry lors d un d bat avec Fran ois Laruelle Si l on accepte que le propre de l homme r side dans le fait de ne pas avoir de propre que la nature de l homme est de ne pas avoir d nature que la d finition de l homme est de ne pas avoir de d finition que l homme n est rien au d part la diff rence de l animal qui est quelque chose puisqu il a un instinct un code 4 T l ologie discours sur les fins tude de la finalit le temps se d robe qui est aussi illimit que le monde lui m me 1 cet objet en tant qu il exc de toute d termination ne peut on l appeler libert Ce d sir sp cifiquement humain de tendre vers l inaccessible cr e une tension n est ce pas celle ci qui porte anthropologiquement la condition humaine Si objet d une t l ologie l thique est d abord une vis e un horizon qui recule au fur et mesure que l on s en rapproche elle se veut aussi m ta morale qui perm

premiere partie regard philosophique

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