Scan vers Sun PDF (Image 600dpi)
Contents
1. Des tudes de terrain men es dans les secteurs aux densit s informationnelles du travail les plus lev es 14 confirment ces relations statistiques tout en pr cisant les logiques sous jacentes Ainsi des tudes effectu es dans la chimie LINHART 1978 DE TERSSAC 1978 montrent comment la m morisation des informations portant sur l tat des installations et des produits sur la r cup ration d incidents ou sur les perturbations du syst me technique contribuent tendre les savoirs pratiques que les op rateurs acqui rent par l exp rience renouvel e des situations de travail Il en r sulte un largissement de leur auto nomie dans l organisation des proc dures de travail et dans le traitement des incidents et parfois de leur autonomie vis vis des prescriptions dans la mesure o les savoirs pratiques les conduisent contourner les consignes labor es sur la base de savoirs th ori ques De m me dans les activit s d assemblage complexe comportant de longues s ries d op rations successives comme on peut en observer dans l a ro nautique VALEYRE 1997a la m morisation de mul tiples informations relatives aux modes op ratoires aux r f rences de pi ces et composants ou aux proc dures de contr le de la qualit donne une latitude discr tionnaire dans l ex cution du travail dans la mesure o elle permet une appropriation des savoirs contenus dans les prescriptions Mais surtout sur la base d2. Les formes d autonomie proc durale dans le travail industriel Disparit s sectorielles et d terminants organisationnels cognitifs et marchands Antoine VALEYRE autonomie proc durale champ privi l gi d observation des ergonomes et sociologues du travail peut elle se mesurer dans des grandes enqu tes quantitatives L auteur propose ici de construire des indicateurs de cette autono mie permettant par une analyse multifactoriel le de comparer les diff rents secteurs indus triels partir des r sultats de l enqu te Conditions de Travail de 1991 Il fait ressortir des profils contrast s des diff rents secteurs partir du contenu cognitif v nementiel et coo p ratif du travail des responsabilit s technico conomiques et de la pression du march Il avance une double hypoth se Les mutations de l organisation du travail joueraient dans le sens d un renforcement des disparit s sectorielles entre les secteurs travail qualifi et non r p ti tif et les autres Mais dans le m me temps cer taines formes de ces mutations entra nent aussi des volutions contradictoires dans certaines industries Les innovations organisationnelles r centes que mettent en uvre de nombreuses entreprises indus trielles contribuent le plus souvent au d veloppement de l autonomie des salari s dans leur travail Cette CEE Centre d Etudes de l Emploi et LATTS Laboratoire Techniques Te
3. Elles montrent comment dans des activit s o le traitement des dys fonctionnements et plus g n ralement la ma trise d v nements impr vus ou suscit s deviennent pr pond rants la coop ration dans le travail entre des professionnels interd pendants constitue une condi tion d terminante de l efficacit productive notam ment par les changes d informations et de savoirs qu elle autorise autour des probl mes rencontr s Les interd pendances entre formes d autonomie proc durale et sens des responsabilit s technico conomiques dans le travail Le d veloppement de l autonomie proc durale des salari s s accompagne en g n ral d un plus grand sens des responsabilit s vis vis des objectifs tech niques et conomiques poursuivis par leur unit de production Cette dynamique est renforc e par les politiques de ressources humaines engag es par de nombreuses entreprises depuis une dizaine d ann es pour accro tre l autonomie l initiative et la responsa bilit de leur personnel Certaines branches comme la m tallurgie int grent l autonomie et la responsabi lit comme des crit res centraux des classifications crit res classants Elles leur donne ainsi une recon naissance sociale dans l espace conventionnel des relations professionnelles qui se traduit en particu lier par leur influence sur la d termination des niveaux de salaire de base Si la mise en uvre des objectifs de d veloppement de l autonom
4. contraintes mais aussi comme des outils cognitifs au service d une plus grande autonomie pro c durale Une autonomie vis vis des prescriptions plus importante sous la pression du march Dans l ensemble les contraintes que les salari s des diff rents secteurs rencontrent dans leur travail ne s opposent pas n cessairement leur autonomie proc durale l exception toutefois de celles qui sont les plus li es aux formes d organisation tayloriennes comme on l a constat pour les contraintes automati ques sur les rythmes de travail C est notamment le cas des contraintes marchandes Pourtant la pression du march en tendant se renforcer avec les transforma tions des formes de la concurrence avec les exigences de qualit des produits et de r activit face la deman de ou avec le d veloppement de la sous traitance et en tendant remonter en amont jusqu au c ur de la production avec le d veloppement des flux tendus contribue fortement l intensification du travail indus triel C ZARD et VINCK 1996 GOLLAC et VOLKOFF 1996 Mesur e par des variables comme la fr quence des contacts avec les clients les contraintes de la demande sur les rythmes de travail ou de fa on plus indirecte le manque de temps pour r aliser correcte ment son travail la pression qu exerce la demande des clients sur le travail ne pr sente pas de lien statistique ment significatif avec l autonomie proc durale globale dans les di
5. interpr tation dans la mesure o elle se fonde d une part sur des modes d enregistrement des donn es qui ne sont pas totalement stables puisqu ils rel vent de deux enqu tes en partie distinctes ce qui introduit des diff rences de contexte dans les r ponses une m me question et d autre part sur des r ponses sensibles dans le temps aux effets des multi ples processus sociaux d objectivation des conditions de travail C ZARD DUSSERT et GOLLAC 1991 GOLLAC 1994 TRAVAIL ET EMPLOI N 76 rend plus imp ratives et moins susceptibles d tre contourn es Tr s diverses selon les industries les volutions de chacune des formes d autonomie pro c durale sont li es leurs niveaux Elles tendent donc renforcer les disparit s sectorielles Elles sont symptomatiques de la diversit des formes d organi sation du travail qui pr dominent dans les industries et de leurs transformations r centes LINHART 1994 Ainsi l autonomie proc durale tend plut t se d ve lopper dans les secteurs de travail peu r p titif tr s qualifi contenu informationnel coop ratif et v nementiel lev comme les industries de biens d quipement professionnel les industries de pro cess m tallurgiques et verri res ou l imprimerie presse et dition Son augmentation est r v latrice de l mergence de nouvelles formes d organisation o les dimensions communicationnelles et v nemen tielles du travail deviennent d
6. le fond sur la planification des actions que dans les organisations de structure plus organi que qui d cloisonnent et int grent les fonctions aplatissent les organigrammes d centralisent les pouvoirs de d cision et privil gient les syst mes de contr le sur les performances FRANCFORT OSTY SAINSAULIEU et UHALDE 1995 MINTZBERG 1982 De fa on troitement li e elle est moins lev e dans les entreprises o dominent des formes tayloriennes d organisation du travail que dans celles o mergent des formes post tayloriennes Ainsi on rel ve une autonomie de champ et une autonomie face aux inci dents plus fortes dans les tablissements qui mettent en place des quipes pluridisciplinaires de projet ou des cercles de qualit ou qui suppriment des niveaux hi rarchiques et qui par ailleurs d veloppent des modes de contr le du travail plus fond s sur l valua tion individuelle et le contr le des performances et moins sur le contr le de la r alisation du travail COUTROT 1995 L analyse statistique confirme l influence qu exer cent les formes d organisation sur l autonomie proc durale dans le travail On en trouve l illustration avec le clivage entre caract ristiques d organisation taylo rienne et post taylorienne qu op re le premier axe de l analyse factorielle 8 selon les niveaux d autono mie proc durale des salari s cf graphique 1 A nsi le p le des faibles niveaux d autonomie est associ d
7. leur m tier ou de leur qualification COMBESSIE ef alii 1989 En outre l agr gation des donn es au niveau sectoriel contribue r duire et neutraliser en grande partie les disparit s li es la subjectivit des perceptions des salari s et par l m me renforcer la consistance des indicateurs d autonomie proc durale L in gal d veloppement de l autonomie proc durale dans les industries Dans ses diff rentes formes appr hend es par les indicateurs statistiques qui viennent d tre d finis l autonomie proc durale dans le travail est presque aussi r pandue dans l industrie que dans l ensemble des activit s conomiques Les salari s du champ industriel tudi sont 75 d clarer disposer d autonomie de champ dans leur travail 48 pour l autonomie vis vis des prescriptions 60 pour l autonomie face aux incidents et 57 pour l autono mie face aux d lais alors que les proportions sont respectivement de 80 49 65 et 63 pour l ensemble des salari s Mais au sein de l industrie on observe de fortes disparit s d autonomie proc du rale entre secteurs L autonomie de champ varie de 49 91 l autonomie vis vis des prescriptions de 24 58 l autonomie face aux incidents de 36 75 et l autonomie face aux d lais de 36 69 cf tableau 1 Les disparit s sectorielles de l autonomie proc du rale dans le travail peuvent tre repr sent es de fa on synth tique l aide d un
8. r gle tout en favorisant simultan ment leur autono mie de champ BLAN 1994 29 Graphique 1 Premier plan factoriel de l analyse des formes sectorielles d autonomie proc durale projection des variables L gende Variables principales taux Al Autonomie de champ A2 Autonomie vis vis des prescriptions A3 Autonomie face aux incidents A4 Autonomie face aux d lais Variables suppl mentaires taux A Autonomie proc durale globale R Travail r p titif Ca Travail en cadences lev es PI Travail la cha ne H3 Encadrement cadres et prof interm d QO Qualification ouvri re Co Coop ration dans le travail E1 Interruption de t che en cas d impr vu E2 Inad quation informationnelle R1 Responsabilit vis vis de la qualit R2 Responsabilit vis vis des co ts R3 Responsabilit vis vis de la s curit R4 Responsabilit vis vis des sanctions Inf Densit informationnelle C1 Contraintes automatiques de rythme C2 Autres contraintes techniques de rythme C3 Contraintes de normes sur les rythmes C4 Contraintes marchandes de rythme CS Contraintes hi rarchiques de rythme C6 Contraintes horizontales de rythme CC Contacts avec les clients MT Manque de temps F2 1 1 1 1 A a S f6 dl inf R2 AT F1 R4 MT QO Ft lt Co R 20 43 _ i AIF c5 4 K M Paea en aaa a Graphique 2 Pre
9. s des al as techniques ou organisa tionnels Une telle r gulation est donc symptomati que d une certaine autonomie face aux incidents et vis vis des prescriptions dans un contexte de faible autonomie face aux d lais L facteurs organisationnels cognitifs et marchands des disparit s sectorielles d autonomie proc durale L autonomie proc durale dont disposent et que prennent les salari s dans leur travail varie consid rablement selon les secteurs d activit industrielle qu elle se manifeste dans le choix des proc dures de travail dans le traitement des incidents dans la modification des d lais ou dans la libert prise avec les prescriptions Ces disparit s rel vent de nom breux facteurs Elles d pendent en premier lieu des formes d organisation l uvre dans les diff rentes industries Elles r sultent galement du contenu cognitif et informationnel du travail et des pressions marchandes qui s exercent sur le travail Une autonomie proc durale croissante avec le contenu coop ratif et v nementiel du travail L autonomie proc durale des salari s d pend de la structure d organisation de leur entreprise Elle pr sente en g n ral un moindre d veloppement dans les organisations de structure m caniste caract ris es par une division importante du travail une s paration 32 marqu e des fonctions de longues lignes hi rarchi ques une centralisation verticale forte et un syst me de contr
10. 1987 et 1991 elles diminuent simultan ment dans certaines industries comme celles du cuir et chaussu re du papier et carton de la parachimie et pharma cie de l automobile ou du bois et meuble Quant l autonomie vis vis des prescriptions elle d cro t dans la grande majorit des secteurs pendant cette p riode en raison notamment des progr s dans la formalisation des proc dures de travail ce qui les 15 L analyse statistique de l volution de l autonomie pro c durale dans le travail et donc de ses disparit s sectorielles n est pas possible partir des seuls r sultats des enqu tes Con ditions de Travail car les questions relatives l autonomie n y ont t introduites que dans la version de 1991 Elle n cessite l utilisation des r sultats de l enqu te TOTTO de 1987 qui pose avec le m me libell les trois questions relatives l autonomie de champ l autonomie vis vis des prescriptions et l autono mie face aux incidents La comparaison des r sultats de ces deux enqu tes montre une nette augmentation des disparit s sectorielles d autonomie proc durale sous toutes ses formes entre 1987 et 1991 Mesur es par les coefficients de variation non pond r s ces disparit s passent en effet de 11 5 13 1 pour l autonomie de champ de 12 2 17 3 pour l autonomie vis vis des prescriptions et de 14 9 15 5 pour l autonomie face aux incidents Cette comparaison appelle toutefois une grande prudence d
11. ation du Travail TOTTO permet galement la construction d indicateurs d autonomie analogues ceux de l enqu te Conditions de Tra vail Le choix de cette derni re comme source de donn es est fait afin de pouvoir introduire des variables relatives au contenu cognitif coop ratif et v nementiel du travail ou au sens des responsabilit s des salari s afin d analyser leurs relations avec les variables d autonomie ce que ne permet pas l enqu te TOTTO Par contre ce choix n autorise pas l tude des relations entre autonomie et communication dans le travail contraire ment l enqu te TOTTO qui a servi de support de nombreu ses tudes statistiques qui apportent des clairages approfondis sur la question DE CONINCK 1991 GoLLAC 1989 26 L objet de l article consiste donc analyser les dis parit s sectorielles des formes d autonomie proc du rale dans le travail industriel et leurs d terminants organisationnels cognitifs et marchands La premi re partie se propose d approfondir la notion d autono mie proc durale afin de disposer d un cadre de r f rence pour interpr ter les diff rents indicateurs d autonomie utilis s Elle pr sente ensuite les princi pales disparit s qui s observent entre les activit s industrielles selon les niveaux et les formes d auto nomie proc durale de leurs salari s La seconde par tie est consacr e l analyse de l influence sur ces disparit s sectorielles de caract ris
12. autonomie qu ils d veloppent en r action ou en r sistance aux r gles prescrites La premi re appro che courante dans les travaux relevant de la th orie des organisations d finit l autonomie proc durale en terme de latitude discr tionnaire ou de marge de man uvre l gitime laiss e aux salari s par les sch mas d ex cution et les prescriptions de travail MARCH et SIMON 1979 MINTZBERG 1982 Elle caract rise les postes ou les unit s de travail ind pen damment des salari s qui les occupent Il s agit donc d une autonomie d l gu e li e au degr de d centra lisation des pouvoirs de d cision op rationnelle dans les organisations Si cette approche est utile pour d finir l tendue du champ de l autonomie dont dis posent les salari s dans leurs proc dures de travail TRAVAIL ET EMPLOI N 76 de nombreux travaux d ergonomie ou de sociologie du travail en ont montr les limites en mettant en vi dence les diff rences parfois profondes entre le tra vail r el et le travail prescrit qui conduisent les sala ri s d ex cution mettre en uvre des r gles et des savoirs pratiques distincts de ceux qui leur sont transmis par les r gles prescrites afin de r aliser plus efficacement leur travail ou de manifester leur r sis tance aux normes qui leur sont impos es BERNOUX MOTTE et SAGLIO 1973 DANIELLOU LAVILLE et TEIGER 1983 LINHART 1991 Cette approche de l autonomie proc durale en ter mes
13. blesse de l autonomie vis vis des prescrip tions au regard des autres formes d autonomie Il concerne des industries de process comme l industrie des m taux ferreux ou la chimie et un moindre degr la parachimie et pharmacie comme le mon trent leurs positions excentr es dans le quart nord est du plan factoriel On trouve l illustration de telles configurations dans des tudes de terrain r alis es dans la chimie DE TERSSAC 1978 ou dans la sid rurgie ZARIFIAN 1993 Dans ces deux cas le haut niveau de formalisation des prescriptions et leur caract re imp ratif li aux process l uvre tendent TRAVAIL ET EMPLOI N 76 RE RS A AS HS Autonomie proc durale taux en de vis vis des face aux inci cs d globale p prescriptions dents moyenne 36 3 limiter l autonomie des ouvriers vis vis des pres criptions Et dans le m me temps ils disposent d une autonomie importante face aux incidents dans leurs activit s de correction de r gulation ou de pr ven tion des d rives et des dysfonctionnements et d une grande libert de choix des proc dures de travail dans leurs activit s de surveillance de diagnostic ou d intervention Les proc dures d assurance qualit tendent renforcer ce type de distorsion comme par exemple dans des ateliers de chimie fine o elles r duisent l autonomie des op rateurs vis vis des prescriptions en les obligeant ne plus d roger la
14. d autonomie conquise par rapport aux r gles prescrites recouvre elle m me plusieurs formes Elle peut s exprimer en opposition avec les r gles prescri tes comme dans le cas des pratiques de freinage Elle peut aussi se manifester en compl mentarit avec les r gles prescrites par la prise d initiatives destin es pallier leurs lacunes DE TERSSAC 1992 Elle peut enfin s exercer dans des rapports d adaptation ou de recomposition avec les r gles prescrites partir de modifications de leurs modes de combinaison VALEYRE 1997a Distinctes ces diff rentes formes d autonomie proc durale qui s expriment dans les r gulations autonomes mises en uvre par les sala ri s ne sont pas n cessairement incompatibles entre elles ni d ailleurs avec l autonomie de champ qui leur est d l gu e dans le cadre de la r gulation de contr le op r e par l organisation D ailleurs lorsque s ta blissent des compromis entre r gulations autonomes des ex cutants et r gulations de contr le des pres cripteurs dans le cadre de r gulations conjointes REYNAUD 1988 l autonomie proc durale conquise par les salari s largit et transforme celle que leur d l gue l organisation Pr cisons enfin que quelle que soit son tendue l autonomie proc durale des salari s sous ses diff rentes formes demeure toujours encadr e par des r gles de contr le Elle reste donc une autonomie dans l h t ronomie Il en r sulte qu elle peut perdr
15. e tout son sens et se transformer en source de p nibili t si elle s exerce sous de trop fortes contraintes tem porelles DANIELLOU LAVILLE et TEIGER 1983 GOLLAC et VOLKOFF 1996 Construction et interpr tation d indicateurs statistiques d autonomie proc durale dans le travail Quatre indicateurs repr sentatifs de diff rentes formes d autonomie proc durale dans le travail peu vent tre d finis partir de l enqu te Conditions de Travail de 1991 Le premier indicateur porte sur l autonomie de champ des salari s Il caract rise les marges de liber t dont ils disposent dans les mani res de proc der pour atteindre les objectifs que leur fixent leurs sup rieurs hi rarchiques 3 Il caract rise l autono mie proc durale de champ dans la mesure o il expri me plus l autonomie d l gu e par la hi rarchie que l autonomie conquise par les salari s Mais il en TRAVAIL ET EMPLOI N 76 donne une repr sentation particuli re dans la mesure o il la d finit exclusivement par rapport l encadre ment Sans prendre en compte d autres voies possi bles de transmission des instructions de travail par les services des m thodes par exemple Le second indicateur porte sur l autonomie des salari s vis vis des prescriptions de travail Cette autonomie se manifeste lorsqu ils sont amen s ne pas respecter strictement les instructions de travail qu il s agisse d ordres de consignes ou de modes o
16. e analyse en composantes principales des diff rentes formes d autonomie dans les activit s industrielles 7 Le premier facteur de l analyse s interpr te comme une mesure d ensemble du niveau d autonomie proc durale Etroitement li chacun des quatre indicateurs d autonomie eux 28 m mes fortement corr l s entre eux il se confond presque totalement avec l indicateur d autonomie proc durale globale que constitue la moyenne des quatre indicateurs d autonomie tudi s cf gra phique 1 Il en r sulte que le premier axe factoriel permet d ordonner les industries selon leur niveau g n ral d autonomie proc durale cf graphique 2 selon une hi rarchisation analogue celle qu op re l indicateur d autonomie proc durale globale cf tableau 1 Aux niveaux lev s d autonomie proc du rale dans les industries de biens d quipement dominante professionnelle comme la construction navale et a ronautique les industries lectriques et lectroniques et la m canique dans les industries de process comme celles des m taux non ferreux et fer reux ainsi que dans l imprimerie presse et dition s opposent des niveaux relativement bas dans la plu part des industries de biens de consommation cou rante ou d quipement des m nages notamment le cuir et chaussure l automobile le textile et habille ment le bois et meuble la viande et lait et les pro duits agro alimentaires divers ainsi que dans les industries du ca
17. e cette m morisation l activit cognitive d interpr tation des instructions de travail et des informations techniques qu elle mobilise conduit l laboration de savoirs pratiques relatifs aux modes d application et d encha fnement des s ries de pres criptions Elle est donc constitutive d une certaine autonomie dans les proc dures de travail qui sans n cessairement s opposer aux prescriptions l men taires tend en modifier les modes de combinaison afin d obtenir une plus grande efficacit productive et un desserrement de la pression temporelle qui p se sur le travail Ainsi les informations contenues dans 13 L indicateur de densit informationnelle du travail mesure la fr quence des situations de travail appelant la m mo risation simultan e de nombreuses informations 14 La densit informationnelle du travail atteint des niveaux lev s dans trois types de secteurs les industries de process notamment la chimie en raison de leur haut degr d automatisation les industries de biens d quipement domi nante professionnelle notamment la construction navale et a ronautique du fait de la complexit des produits et des proc d s enfin l imprimerie presse et dition compte tenu de la nature m me du produit concern 34 les prescriptions d s lors que les salari s se les approprient et tout particuli rement lorsqu ils sont associ s leur laboration n op rent plus seulement comme des
18. e condi tionnement et aux effets contradictoires qui en r sul tent pour l volution de l autonomie proc durale de l ensemble de leurs salari s 16 La comparaison des enqu tes Conditions de Travail de 1984 et de 1991 montre une extension du travail r p titif dans la plupart des industries les taux passant de 31 39 en moyenne l exception des industries des m taux ferreux et du verre Cette extension est la plus forte dans les industries o l autonomie proc durale diminue comme celles du cuir et chaussure du bois et meuble de l automobile et du papier et carton mais aussi dans les industries des mat riaux de cons truction et des biens alimentaires divers La progression du tra vail la cha ne passant de 7 6 8 9 en moyenne concerne galement une majorit de secteurs Elle est particuli rement importante dans l industrie de la viande et lait avec un quasi doublement des taux de 15 3 28 5 et dans une moindre mesure dans l industrie du caoutchouc et plastique 35 TRAVAIL ET EMPLOI N 76
19. es caract ristiques d organisation taylorienne du tra vail comme le travail r p titif le travail en cadences lev es le travail la cha ne ou le travail soumis de fortes contraintes automatiques de rythme De fa on li e les secteurs les plus concern s disposent de for tes proportions de personnels d ex cution 9 et de faibles taux de qualification ouvri re 10 A l oppos le p le des niveaux lev s d auto nomie proc durale est en relation troite avec les caract ristiques des nouvelles formes d organisation 8 Les relations entre les diff rentes formes d autonomie proc durale et les caract ristiques d organisation du travail de contenu du travail ou de pression temporelle sur le travail sont mises en vidence partir de la projection de ces caract risti ques comme variables suppl mentaires dans les plans factoriels des formes d autonomie proc durale dans les secteurs indus triels cf graphiques 1 et 3 Ces diff rentes caract ristiques sont d finies partir de l enqu te Conditions de Travail de 1991 Leur d finition pr cise est donn e dans VALEYRE 1997b 9 Le taux de personnels d ex cution n est pas repr sent dans le plan factoriel S il l tait il figurerait l oppos du taux d encadrement repr sent par la variable H3 10 Relevons toutefois que l autonomie vis vis des pres criptions fait figure d exception par son absence de lien statisti quement significatif avec la q
20. et c de la question Pour faire votre travail avez vous la possibilit de faire varier les d lais fix s a oui b non c sans objet pas de d lai 27 d autonomie traduit tout autant une opposition aux r gles prescrites lorsque les modifications de d lais sont d cid es par le salari seul qu un compromis avec ces r gles dans le cadre d une r gulation con jointe lorsque les modifications r sultent d une n go ciation avec les prescripteurs L interpr tation de ces indicateurs d autonomie proc durale doit galement tenir compte de leur mode d laboration Comme le soulignent ses con cepteurs l enqu te Conditions de Travail refl te les attitudes des salari s l gard de leur travail tout autant que leurs situations effectives de travail VOLKOFE et MOLINI 1982 Les perceptions de l autonomie dans le travail qu expriment les salari s comportent donc une part in luctable de subjectivit qui renvoie notamment leur appr ciation globale de la vie au travail ou leur histoire professionnelle Cependant cette part demeure limit e la fois parce que les questions relatives l autonomie se rappor tent des situations de travail r el relativement pr ci ses et parce que les r ponses des salari s r sultent de multiples processus sociaux d objectivation de leurs conditions de travail GOLLAC 1994 par exemple en tendant se r f rer des situations typiques repr sentatives de
21. ff rents secteurs ni avec la plupart de ses formes cf graphiques 1 et 3 La seule exception est constitu e par la relation positive qui s tablit avec l autonomie vis vis des prescriptions cf gra phique 3 Ce lien entre pression marchande et autono mie d opposition aux r gles prescrites r sulte des ten sions qui s instaurent entre les exigences de satisfac tion rapide des demandes des clients et les obligations de respect des prescriptions de travail L urgence des r ponses la pression du march conduit ainsi une prise de libert avec les r gles prescrites On en trouve la confirmation dans des tudes de terrain r alis es dans les secteurs les plus soumis aux contraintes du march comme le b timent ou la presse CHABAUD et DE TERSSAC 1987 ers un renforcement des disparit s sectorielles d autonomie proc durale Les transformations organisationnelles que d ve loppent de nombreuses entreprises industrielles et qui se traduisent notamment par le d cloisonnement des services sp cialis s par fonctions par la consti tution d quipes transversales par le d coupage des activit s par familles de produits ou par march s par l all gement des structures hi rarchiques ou par la tension des flux dans l organisation de la production TRAVAIL ET EMPLOI N 76 ne jouent pas dans le sens d une r duction des carts sectoriels d autonomie proc durale dans le travail En effet les innovations organisa
22. ie et des res ponsabilit s des salari s ne se r alise pas sans diffi cult notamment aupr s des ouvriers en raison de l inertie de longues habitudes de travail d ex cution sans initiative ou faute de reconnaissance sociale suf 11 Deux indicateurs du contenu v nementiel du travail sont distingu s Le premier le taux d interruption impr vue de t che est mesur par la fr quence des abandons de la t che en cours pour en effectuer une autre non pr vue Le second le taux d inad quation informationnelle correspond la fr quence des probl mes d information ou de documentation qui viennent contrarier la r alisation correcte du travail TRAVAIL ET EMPLOI N 76 fisante LE GOFF 1996 elle se traduit malgr tout dans les faits L analyse factorielle atteste la force des liens qui s tablissent entre l autonomie proc durale des sala ri s des diff rents secteurs et leur sens des responsa bilit s technico conomiques Elle permet en outre d en pr ciser les modalit s 12 cf graphiques 1 et 3 Les relations les plus troites s observent entre les indicateurs technico conomiques de responsabi lit relatifs aux co ts ou la qualit et les indica teurs d autonomie de champ ou d autonomie face aux incidents De fait en favorisant une implication vis vis des objectifs de qualit de co ts ou de d lais ces deux formes d autonomie contribuent une prise de responsabilit technico cono
23. industriels tudi s En outre 22 variables suppl mentaires caract risant l organisa tion et le contenu du travail sont projet es dans l espace des fac teurs Le premier axe factoriel de l analyse qui contribue 80 7 de la variance totale repr sente le niveau g n ral d autonomie proc durale Le second axe qui contribue 9 5 de la variance oppose l autonomie vis vis des prescriptions ou face aux d lais et l autonomie de champ ou face aux inci dents Le troisi me axe qui contribue 8 5 de la variance oppose quant lui l autonomie face aux d lais et l autonomie vis vis des prescriptions TRAVAIL ET EMPLOI N 76 Tableau 1 Niveaux et formes d autonomie proc durale dans les secteurs industriels Secteurs d activit industrielle M taux non ferreux 91 4 Naval et a ronautique Imprimerie presse et dition lectrique et lectronique M canique M taux ferreux Parachimie et pharmacie B timent Chimie Verre Fonderie et travail des m taux Papier et carton Mat riaux de construction Viande et lait Bois et meuble Agro alimentaires divers Caoutchouc et plastique Textile et habillement Automobile Cuir et chaussure 48 7 Source Enqu te Conditions de Travail de 1991 DaRES 1993 Champ salari s des secteurs de l industrie hors nergie et du b timent Un second type de distorsion beaucoup plus mar qu que le pr c dent se caract rise au contraire par la fai
24. informations dans les op rations de production VELTZ 1986 Les volutions conomi ques et organisationnelles r centes notamment la diversification des produits l am lioration continue des produits et des proc d s le d veloppement du contr le int gr ou la diminution des cycles de pro duction renforcent cette tendance l l vation du contenu informationnel du travail de production Les activit s cognitives d velopp es dans le travail industriel avec la m morisation l interpr tation le 12 Les indicateurs de sens des responsabilit s des salari s dans leur travail sont d finis partir de la perception des con s quences d erreurs importantes dans le travail Quatre types de responsabilit s sont distingu s selon qu ils se rapportent la qualit des produits aux co ts de l entreprise la s curit ou aux sanctions encourues 33 traitement ou le contr le des informations associ es la production rendent le travail plus complexe et ouvrent de nouvelles marges d autonomie dans le tra vail L influence du contenu cognitif du travail sur l autonomie des salari s est attest e par les relations troites qui s tablissent entre la densit information nelle du travail 13 et les diff rentes formes d auto nomie proc durale dans le travail et tout particuli rement l autonomie de champ et l autonomie face aux incidents comme le met en vidence l analyse facto rielle cf graphiques 1 et 3
25. mier plan factoriel de l analyse des formes sectorielles d autonomie proc durale projection des secteurs L gende Lait Viande et lait Alim Agro alimentaires divers Fer M taux ferreux NFer M taux non ferreux MCSst Mat riaux de construction Verr Verre 30 Chim Chimie Pharm Parachimie et pharmacie TM t Fonderie et travail des m taux M ca M canique Elec Electrique et lectronique Auto Automobile A ro Naval et a ronautique Text Textile et habillement Cuir Cuir et chaussure Bois Bois et meuble Papi Papier et carton Impr Imprimerie presse et dition Plas Caoutchouc et plastique Bat B timent TRAVAIL ET EMPLOI N 76 TUDES Graphique 3 Plan des deuxi me et troisi me facteurs de l analyse des formes sectorielles d autonomie proc durale projection des variables F3 A4 R3 H3 QO C2 ef R2 nf 3 A1 R1 A3 F2 ef _C4 a P1 A2 C6 MT Graphique 4 Plan des deuxi me et troisi me facteurs de l analyse des formes sectorielles d autonomie proc durale projection des secteurs F3 0 8 18 Chim 1 Phar Fer Papi Alim NF De A ro ee 9 uir Plas MGCst F2 M ca Bois Ta Jext Auto a B t _ lec JMtt Jmpr ea Verr TRAVAIL ET EMPLOI N 76 31 k 3 i H i i H Enfin un troisi me type de distorsion to
26. mique qui porte non seulement sur le fonctionnement du syst me techni que de production mais aussi sur les rapports de ce fonctionnement avec les performances conomiques qu il permet d atteindre ZARIFIAN 1993 Des tudes de terrain men es dans la sid rurgie ZARIFIAN 1983 confirment le haut niveau des responsabilit s technico conomiques atteint dans une industrie o les degr s d autonomie de champ et face aux inci dents sont particuli rement lev s cf tableau 1 L influence des autres formes d autonomie sur le sens des responsabilit s technico conomiques est moins forte notamment lorsqu elle porte sur la qua lit La perception des enjeux de la qualit incite pro bablement restreindre les prises de libert par rap port aux prescriptions et aux d lais Quant aux relations entre les formes d autonomie proc durale et les autres types de responsabilit elles se manifes tent de fa on moins marqu e dans le cas des respon sabilit s vis vis de la s curit et s av rent inexis tantes lorsqu il s agit de responsabilit s face aux risques de sanctions ce qui n est gu re surprenant car leur d finition en n gatif les rend peu sensibles l implication des salari s Une autonomie proc durale li e au contenu cognitif du travail L informatisation et l automatisation de la produc tion qui se d veloppent dans de nombreux secteurs depuis une vingtaine d ann es conduisent une forte int gration d
27. nt adop ter une approche multiforme des disparit s sectoriel les de l autonomie dans le travail sous peine d tre tr s r ducteur Mais il est bien vident qu il n est pas possible faute d informations disponibles de dresser un panorama complet de ces formes d autonomie dans les diff rentes secteurs d activit s indus trielles 1 L enqu te Conditions de Travail de 1991 DARES 1993 sur laquelle se fonde cette tude cons titue l une des rares sources de donn es statistiques permettant une repr sentation multiforme de l autonomie 2 L utilisation de cette source conduit toutefois restreindre presque exclusivement le champ des formes d autonomie tudi es celui des formes d autonomie dont disposent ou que mettent en uvre les salari s dans les proc dures de leur travail r el 1 Le champ de l tude est constitu par les secteurs de l industrie hors nergie et du b timent Il se compose des vingt secteurs d activit s d finis selon la NAP 40 Les secteurs de l nergie ne sont pas pris en compte dans l tude Les industries charbonni res et p troli res en sont exclues pour des raisons de repr sentativit statistique compte tenu de la faiblesse de leurs effectifs au regard du taux de sondage de l enqu te Quant au secteur de l lectricit du gaz et de l eau sa forte composante d activit de distribution le rend peu comparable avec les autres secteurs industriels 2 L enqu te Techniques et Organis
28. omie de champ est construit sur la base des r ponses positives la modalit b de la question Les indications donn es par vos sup rieurs hi rarchiques vous disent ce qu il faut faire En g n ral est ce que a ils vous disent aussi comment faire le travail b ils vous indiquent plut t l objectif du travail mais vous choisissez vous m me la fa on d y arriver 4 L indicateur d autonomie vis vis des prescriptions est labor partir des r ponses positives aux modalit s b et c de la question Vous recevez des ordres des consignes des modes d emploi Pour faire votre travail correctement est ce que a vous appliquez stricte ment les consignes b dans certains cas vous faites autrement c la plupart du temps vous faites autrement d sans objet pas d ordre pas de consigne pas de mode d emploi 5 L indicateur d autonomie face aux incidents est fond sur les r ponses positives aux modalit s a et b de la question Quand au cours de votre travail il se produit quelque chose d anormal est ce que a la plupart du temps vous r glez personnellement l incident b vous r glez personnellement l incident mais dans des cas bien pr cis pr vus d avance c vous faites g n ralement appel d autres un sup rieur un coll gue un service sp cialis 6 L indicateur d autonomie face aux d lais est d fini par les r ponses positives aux modalit s a
29. outchouc et plastique Les disparit s sectorielles selon les formes d autonomie proc durale Les disparit s sectorielles de niveau tant pour l essen tiel prises en compte par le premier facteur de l analyse les autres facteurs distinguent les industries selon les for mes d autonomie proc durale qui y pr dominent comme le met en vidence le plan des deuxi me et troisi me fac teurs cf graphiques 3 et 4 Dans l ensemble les dispari t s sectorielles selon les formes d autonomie proc durale dans le travail sont relativement restreintes Ainsi une majorit d industries se caract rise par des configurations quilibr es des diff rentes formes d autonomie corres pondant des positions centrales dans le plan factoriel Trois types de configurations plus contrast es se dessi nent dans les autres industries Un premier type de distorsion entre formes d autono mie proc durale caract rise des industries comme celles du b timent de la construction lectrique et lectronique de la fonderie et du travail des m taux ou de la viande et du lait Comme l indiquent leurs positions dans le quart sud ouest du plan factoriel elles se distinguent par des niveaux lev s d autonomie vis vis des prescriptions comparativement aux autres formes d autonomie 7 Il s agit d une analyse en composantes principales cen tr e norm e des quatre indicateurs d autonomie choisis comme variables principales dans les vingt secteurs
30. p ratoires 4 Contrairement l indicateur pr c dent il traduit une autonomie que les salari s d ve loppent dans un rapport d opposition ou d adaptation avec les r gles prescrites Le troisi me indicateur porte sur l autonomie des salari s face aux incidents Il exprime les prises d initiative dans le traitement des incidents Il mesure l autonomie dont font preuve les salari s pour r gler eux m mes les incidents qui surviennent dans leur travail sans faire appel leurs sup rieurs hi rarchi ques leurs coll gues ou des sp cialistes 5 Comme l indicateur pr c dent il manifeste une autonomie qui se d veloppe plut t en r action aux prescriptions de travail Mais contrairement lui il repr sente une forme d autonomie qui n entre pas en opposition avec les r gles prescrites mais qui vient plut t les prolonger en palliant leurs insuffisances dans le traitement des dysfonctionnements Enfin le quatri me indicateur porte sur l autono mie des salari s face aux d lais Il mesure l autono mie dont ils disposent dans la possibilit de faire varier la r gle prescrite que constituent les d lais fix s 6 I1 exprime une influence qui porte sur les proc dures de travail par l interm diaire des contrain tes de d lais mais aussi sur les r sultats du travail par les cons quences des modifications de d lais sur les quantit s et les qualit s des produits Cette forme 3 L indicateur d auton
31. rritoires et Soci t s TRAVAIL ET EMPLOI N 76 influence est particuli rement nette lorsque les chan gements organisationnels reposent sur des principes de transversalit et de d centralisation comme le d cloisonnement des services sp cialis s par fonc tion l all gement des structures hi rarchiques la constitution d quipes polyvalentes ou le d veloppe ment de l ing nierie simultan e A l oppos certaines transformations organisationnelles actuelles n lar gissent pas la latitude discr tionnaire dont disposent les salari s comme par exemple l organisation de la production en flux tendus Ces diff rentes innova tions organisationnelles ne concernent pas toutes les entreprises et ne se diffusent pas avec la m me inten sit dans tous les secteurs d activit industrielle On peut donc se demander si elles ne viennent pas ren forcer des diff rences sectorielles anciennes dans la mesure o les changements les plus propices l auto nomie se r alisent plus ais ment l o l autonomie est d j d velopp e Li e aux nouvelles formes d organisation du travail l autonomie dans le travail trouve de fait un meilleur terrain de diffusion dans les industries automatis es que dans les secteurs d indus tries de biens de consommation de masse o perdu rent voire se renforcent des formes tayloriennes parfois assouplies d organisation du travail Cet article se propose donc d tudier les disparit s de l au
32. terminantes pour l effi cacit productive A l oppos l autonomie proc du rale tend diminuer dans des industries de biens destin s aux m nages comme le cuir et chaussure le bois et meuble ou l automobile et des industries de biens interm diaires comme le papier et carton ou le caoutchouc et plastique toutes caract ris es par un travail r p titif peu qualifi contenu information nel coop ratif et v nementiel limit La forte exten sion du travail r p titif ou du travail la cha ne dans ces secteurs 16 y traduit une progression des for mes tayloriennes d organisation du travail souvent infl chies sous le mode d un taylorisme flexible BOYER et DURAND 1993 par le d veloppement de la polyvalence et de la tension des flux pour mieux r agir face la demande Toutefois tous les secteurs ne se rattachent pas ces deux types oppos s de dynamique d autonomie proc durale Ainsi l autono mie proc durale d cro t en d pit de niveaux lev s et de contextes de travail plut t favorables dans des industries comme la chimie et la parachimie et phar macie et r ciproquement elle augmente dans les industries agro alimentaires malgr un faible niveau des conditions moins propices et notamment une forte progression du travail la cha ne De telles vo lutions tiennent probablement l importance des dif f renciations organisationnelles dans ces secteurs notamment entre unit s de process et unit s d
33. tionnelles les plus favorables au d veloppement de l autonomie se dif fusent plut t dans les industries o les salari s dispo sent d j d une certaine latitude discr tionnaire Ain si des changements comme la cr ation d quipes pluridisciplinaires autour de projets d quipes auto nomes de cercles de qualit ou de groupes de r solu tion de probl mes ou comme la suppression d che lons hi rarchiques qui s accompagnent d une plus grande autonomie de champ et d une plus grande autonomie face aux incidents concernent principale ment les industries de biens d quipement profes sionnel ou de process et beaucoup moins les indus tries de biens de consommation ou agro alimentaires COUTROT 1995 A l oppos des changements peu porteurs d autonomie comme la mise en uvre de m thodes d organisation de la production en juste temps s implantent surtout dans les industries de biens de consommation Il en r sulte que les muta tions organisationnelles r centes tendent plut t accentuer les disparit s sectorielles d autonomie pro c durale dans le travail 15 La progression de l autonomie de champ et de l autonomie face aux incidents que l on observe dans l industrie comme dans l ensemble de l conomie AQUAIN BU et VINCK 1994 CEZARD DUSSERT et GOLLAC 1991 recouvre des situations sectorielles tr s contrast es De fait si ces deux formes d auto nomie progressent dans la majorit des secteurs entre
34. tiques d ordre organisationnel comme le contenu coop ratif ou v nementiel du travail d ordre cognitif comme le contenu informationnel du travail et d ordre cono mique comme la pression marchande qui s exerce sur le travail Enfin la troisi me partie s interroge en conclusion sur les perspectives d volution de l auto nomie proc durale dans les diff rentes industries Si les tudes monographiques permettent de mener des analyses plus approfondies sur les proces sus l uvre dans les dynamiques d autonomie pro c durale dans le travail les tudes statistiques offrent la possibilit de les situer dans un cadre plus large et de pr ciser leur domaine de repr sentativit A nsi dans la mesure o cela est possible cet article se pro pose de confronter les sp cificit s sectorielles mises en vidence par l analyse statistique avec les r sultats d tudes de terrain selon une d marche d tayage r ciproque entre approches quantitatives et qualitati ves qui est pr conis e par les concepteurs de l en qu te Conditions de Travail VOLKOFF et MOLINI 1982 L disparit s sectorielles de l autonomie proc durale dans le travail industriel La notion d autonomie proc durale des salari s dans leur travail recouvre de multiples acceptions et rel ve d approches th oriques diff rentes Une dis tinction doit tout d abord tre faite entre l autonomie qui est d l gu e aux salari s par l organisation et l
35. tonomie au travail des salari s dans les diff rentes activit s industrielles L autonomie dans le tra vail est une notion trop composite pour n tre appr hend e que de fa on g n rale Elle se diff rencie tout 25 d abord selon les champs dans lesquels elle se manifeste Elle prend des formes multiples selon qu elle se d finit par l influence des salari s sur les proc dures de travail en termes de modes ou de temps op ratoires par leur influence sur les r sultats du travail en termes de quantit ou de qualit des pro duits ou par leur ind pendance l gard de l enca drement dans le choix des affectations de postes ou des horaires de travail et dans la libert de mouve ment et de parole DUBOIS ef alii 1976 Dans chacun de ces champs l autonomie dans le travail se diff rencie par ailleurs en fonction des principes qui en sous tendent les modes d exercice Une distinction fondamentale s op re entre l autonomie qui est d l gu e aux salari s dans le cadre de la d centralisation des pouvoirs de d cision op rationnelle forme pr conis e par de nombreuses entreprises s engageant dans des innovations organisationnelles et les diff rentes formes d autonomie que les salari s d ex cu tion mettent en uvre en s opposant aux r gles pres crites en les adaptant ou en les compl tant sur la base des carts entre le travail r el et le travail pres crit Ces multiples diff renciations conduise
36. ualification ouvri re Cette singularit tient au fait que les ouvriers non qualifi s tout autant que les autres mettent en uvre des r gulations autono mes qui entrent en opposition avec les r gles prescrites comme le montrent de nombreux travaux d ergonomie ou de sociologie du travail r alis s dans des ateliers d OS d industries de s rie BERNOUX MOTTE et SAGLIO 1973 DURAND 1978 LINHART 1991 TEIGER et alii 1974 TRAVAIL ET EMPLOI N 76 mergentes dans lesquelles les dimensions communi cationnelles et v nementielles tendent prendre une place centrale dans le travail VELTZ et ZARIFIAN 1993 On observe en effet que les indicateurs des diff rentes formes d autonomie proc durale pr sen tent de fortes corr lations positives et par voie de cons quence de fortes proximit s dans le premier plan factoriel cf graphique 1 d une part avec l indi cateur de coop ration dans le travail et d autre part avec les deux indicateurs du contenu v nementiel du travail 11 que forment le taux d interruption impr vue de t che et le taux d inad quation informa tionnelle Des tudes monographiques men es dans des industries de process comme la sid rurgie ou la chimie o les contenus coop ratifs et v nementiels du travail sont particuli rement denses confirment l troitesse de ces relations et tout particuli rement en ce qui concerne l autonomie face aux incidents DE TERSSAC 1992 ZARIFIAN 1983
37. ut aussi important r sulte de l opposition entre le niveau relativement bas de l autonomie face aux d lais et les niveaux relativement lev s des autres formes d autonomie notamment de l autonomie face aux incidents Elle se manifeste dans l imprimerie presse et dition et l industrie du verre comme le montrent leurs positions excentr es dans le quart sud est du plan factoriel Un exemple tr s repr sentatif de cette situation est fournie par une tude r alis e dans la presse et plus particuli rement dans des ateliers de composition CHABAUD et DE Terssac 1987 Le caract re p rissable du produit impose en effet le res pect de but es temporelles incontournables pour sor tir les journaux temps Il en r sulte que les salari s sont soumis des contraintes de d lais relativement fortes et difficiles modifier Mais parall lement cette obligation de production se traduit par la mise en uvre d une r gulation autonome des allures de travail En situation normale les clavistes ajustent leur rythme de travail en fonction d une norme impli cite de rendement qui est nettement inf rieure la norme prescrite mais qui leur permet d atteindre la production attendue par leurs responsables Cette norme implicite est reconnue tacitement par l enca drement qui ne la sanctionne pas car les clavistes acc l rent leur allure de travail au del m me des cadences prescrites lorsqu elles doivent faire face des retards li
Download Pdf Manuals
Related Search