Télécharger l`article
Contents
1. tre confront s au monde professionnel des concepteurs B guin 2010 L action en clinique de l activit dans l instance de pilotage et son retentissement au sein de l organisation du travail reste une question ouverte tant du point de vue de son efficacit long terme par la mise en place de r elles transformations du travail et des effets sur la sant que du point de vue de sa formalisation th orique D autres recherches interventions sont en cours de d veloppement Le choix d exposer ce qui a permis de d velopper l activit des op rateurs et des commanditaires concepteurs et managers le temps de l intervention laisse encore en suspens certaines questions notamment sur la p rennit de ces d veloppements produits apr s l intervention et de leurs effets pour la sant long terme Apr s l intervention notre travail co construit doit trouver d autres garanties et tre r invent par les acteurs de l entreprise Nous retenons deux temps forts de la fin d intervention qui tracent de potentielles transformations de la situation de travail des op rateurs la proposition d un op rateur int rimaire de continuer l analyse en direct avec ses coll gues et la d cision du comit de pilotage d inviter des op rateurs lors des rencontres avec le client pour un nouveau contrat La proposition d un des op rateurs est significative de l exp rience que les op rateurs ont acquise en fais2. une derni re phase afin de synth tiser des l ments d analyse du travail et de constituer un montage vid o de quelques situations de travail ayant fait l objet d analyse suivies des dialogues en auto confrontations crois es ce montage tant destin d abord l ensemble de leurs coll gues puis aux membres du comit de pilotage S ances en AC simples S ances en AC crois es S ances pr paratoires aux s ances d auto confrontations AC D c janv 2010 R alisation des films ances pr paratoires constitution de groupes d op rateurs volontaires Wril nov 2009 Observations et entretiens Figure 1 D roulement chronologique de la co analyse avec les op rateurs Figure 1 Operators co analysis chronology La co analyse telle qu elle est con ue ici propose l op rateur un dialogue diff r sur les conflits r els de l activit afin de d couvrir la palette de ses diff rentes mani res de faire et de celles de ses coll gues Ce dialogue diff r reprend des r flexions plus ou moins partag es en cours d activit ordinaire par les op rateurs Il institue une comparaison syst matique des mani res de faire pour les transformer en objet de pens e pr parant de nouvelles actions possibles L activit de l un se r fl chit alors dans l activit de l autre Le temps de l analyse n est qu un temps sp cifique pour une transformation de l exp rien
3. d engager un travail de co analyse avec les op rateurs autour des questions de sant de gestes professionnels et de l organisation du travail L objectif principal que nous avions tabli avec l entreprise a t de cr er un cadre d analyse du travail favorisant la sant des op rateurs partir de questions tant sur la conception que sur la mise en production La mani re dont on construit le cadre de l intervention en clinique de l activit Clot 2008a fait souvent l objet de recherches du c t de la co analyse avec les professionnels sur lesquels porte directement la question de m tier de sant etc Mais les recherches s ouvrent du c t des professionnels de l entreprise qui nous font intervenir ceux que nous nommons commanditaires ex membres de direction concepteurs CHSCT etc Pr cis ment lorsqu on intervient on cr e avec les commanditaires une instance de pilotage constitu e de personnes de l encadrement de la direction op rationnelle ou de services fonctionnels La constitution d un comit de pilotage permet ainsi de rassembler des membres de l entreprise qui sont plus ou moins porteuses de la commande et ou plus ou moins concern es par cette commande M me si le travail dans l intervention aupr s de ces commanditaires est une pr occupation aussi importante que le travail de co analyse avec les professionnels sa formalisation du point de vue de la recherche n en est qu
4. est l un des crit res que nous retenons comme le signe de nouveaux d veloppements favorables la sant regard e comme production possible d un nouveau pouvoir d agir Clot 2008a Cette extension du rayonnement de l activit se trouve attest e dans les dialogues sur les conflits d activit des op rateurs lorsqu ils deviennent l objet m me de discussion entre concepteurs et managers Les concepteurs ont ainsi fait l exp rience d tre affect s par le travail des op rateurs et s autorisent alors devenir eux m mes demandeurs d une analyse de leur propre m tier de concepteur Cependant la question de la p rennit des effets de l intervention est loin d tre r gl e et nous n en sommes qu l exploration et l inventaire de ses conditions dans notre recherche 4 Trois conditions cliniques de l intervention objet de recherche A partir de ces r sultats d intervention nous proposons une lecture analytique des conditions ayant favoris les d veloppements relev s pr c demment Dans notre recherche la question de la transformation est fondamentale Un des points centraux du travail de recherche sur l intervention repose sur les questions suivantes que cherche t on transformer Que transforme t on r ellement Ces questionnements viennent enrichir la mani re dont les inattendus et les obstacles que nous rencontrons dans l intervention peuvent devenir leur tour d autres moyens
5. est s r que physiquement on a pas tous les m mes bras rires c est pas tout le monde qui est comme S on dirait qu il prend une feuille voil Mais c est vrai que sur les mani res de prendre et de tout a Je comprends on a des tailles diff rentes on essaie de faire des postes ergonomiques et tout mais moi je pense que sur les chemins de contr le les trucs comme a a doit tre hyper carr Il y a ici dans l instance de pilotage une poursuite de la discussion entre op rateurs puis avec un chef d quipe sur la question des proc dures et de la formation des nouveaux arriv s La mani re dont les op rateurs et les chefs continuent d velopper le d bat sur leur travail devient un moyen d adresser leurs conflits d activit non plus seulement aux gens du m tier mais galement aux concepteurs et dirigeants Cet change connait un destin favorable car dans la suite de la r union des discussions entre membres de l encadrement op rationnel et fonctionnel ont lieu Chacun tente en partant de sa fonction dans l entreprise conception achat commerce RH etc de poursuivre plusieurs pistes Pour nous en tant qu intervenant l objectif n est pas de trancher la question mais plut t d accompagner le d veloppement de ce dialogue de ses protagonistes comme de ses objets afin d identifier de nouvelles fa ons de concevoir le travail et de le r aliser sans contourner le r el et les probl mes q
6. ses d buts C est pourquoi nous tenterons ici d interroger tant le travail de co analyse avec les professionnels que celui engag en comit de pilotage o il est question de faire des choix de transformations des Activit s Volume 10 num ro 2 230 y Quillerou Grivot E amp Clot Y ach ntes Clinique de l activit l EPRECIC CT ONTATIT en psychologie du travail 4 situations de travail des op rateurs plus ou moins long terme Cette entreprise de logistique automobile est le dernier maillon de la chaine de sous traitance et repr sente pour le constructeur automobile situ quelques kilom tres un Magasin Avanc Fournisseur MAF mis sa disposition par les quipementiers dans un flux dit synchrone Le travail de montage et d assemblage de pare chocs automobiles se r alise non pas la cha ne comme chez la plupart des constructeurs automobiles mais au sein d un lot de production Ce principe de production permet une flexibilit diff rents niveaux espace disponible nombre de machines nombre d op rateurs avec exigence de polyvalence tous les postes d placement manuel du produit assur par les op rateurs etc La conception des moyens de travail est r partie entre son client quipementier qui con oit les machines les conteneurs d arriv e le constructeur qui con oit les conteneurs finaux adapt s sa propre utilisation et l entreprise de logistique qui adap
7. te de travail avec l ensemble du collectif d analyse pour tester les diff rentes mani res de porter le pare chocs l encyclage Les destins possibles de l activit de chaque op rateur d pendent tant du collectif de travail que de l op rateur lui m me avant d tre d termin s par les managers et dirigeants Exp rimenter ce dispositif de co analyse am ne les op rateurs prendre conscience de la fonction du collectif dans leur propre activit Puis leur participation au dernier comit de pilotage est l occasion pour eux de d couvrir comment leur place en tant que collectif d op rateurs peut se transformer au sein m me de l entreprise Ainsi ils ont fait l exp rience alors qu ils n taient qu int rimaires pour la plupart de la fonction qu a pu prendre le collectif pour eux m mes et pour l entreprise Quillerou Grivot 2011 C est pourquoi nous avons cherch instituer un cadre de pilotage de l intervention o il a t question de d battre de la conception et sur les choix faire partir du travail r flexif des op rateurs non pas comme contrainte mais comme ressource dans l activit des concepteurs Mais cette dimension de l intervention reste explorer tant du point de vue th orique que m thodologique En effet de nombreuses questions se posent sur l activit des concepteurs en comit de pilotage comme sur celle de l activit des op rateurs quand ils sont amen s
8. Clinique de l activit HEC PONG qT en psychologie du travail v rit de engagement de l intervenante sur sa d marche et ses hypoth ses concernant leur travail la sant et le collectif peut permettre alors aux op rateurs en retour de s engager authentiquement dans des dialogues sur leur travail o le difficile dire l emporte sur le d j dit Ainsi la pr sence assidue de l intervenante dans la situation de travail n est pas envisag e comme une mani re de se faire oublier durant les observations mais au contraire d utiliser sa pr sence comme un outil m thodologique pour inciter les op rateurs a s observer eux m mes Simonet Caroly amp Clot 2011 Notre objectif tait de favoriser les changes sur le travail et les gestes professionnels pr cis d abord par notre interm diaire puis entre eux afin de garantir des possibilit s de d veloppement de l activit de chacun C est par ce processus que le travail de la demande s est jou Ce travail authentique r alis par les op rateurs devait alors entrer en r sonance avec l activit des concepteurs Lors du comit de pilotage nous pensons que la diffusion du montage vid o en tant que pr sence diff r e des changes authentiques des op rateurs sur les dilemmes de leur activit professionnelle fait appara tre les op rateurs comme comptables et responsables dans le vif de l change Ce d placement provoqu a ensuite plac l
9. alors pris un air blas et se sont mis dans la foul e refaire la production de toute urgence L intervenante d cide ensuite de partager son motion avec les op rateurs quant la situation et son tonnement face leurs r actions Ils se sont tonn s en retour de cet prouv et se sont mis en d battre entre eux en questionnant alors la valeur m me de l objet mat riel travaill le pare chocs partir de ce moment l on a observ des changements dans les changes avec l intervenante et entre eux ils se sont mis parler plus ais ment du pare chocs Des discussions sur le ton de l humour ont eu lieu par la suite autour de cet objet taimes pas quand a choque le pare chocs ou a te choque que le pare chocs choque expressions adress es alternativement tant l intervenante qu aux coll gues ou encore des discussions autour des mod les ou couleurs qu ils pr f rent c est mon bleu tu fais attention oui les bleus c est mes pr f r s dit une op ratrice son coll gue saisissant le pare chocs de couleur bleu qu elle venait de contr ler Des moments comme celui ci o l affect prouv devient un moyen de transport de l change entre intervenant et op rateurs ont t saisis par eux comme un moyen indirect de se rapprocher de l objet travaill plus librement que ne l autorise le genre de discours convenu dans l atelier Ce qui est aussi l occasion d
10. de parler pour de vrai de son travail de ses points aveugles de ses angles morts c est dire aussi de ce qu on cherche faire sans y parvenir Au d but de l intervention ce qui est classique leur travail n tait pas bien compliqu d apr s les op rateurs et ils faisaient tous pareils Il nous fallait alors d passer ce discours convenu qui les emp chait de penser autrement leur travail source de manifestations pathologiques Clot amp Fernandez 2005 Les interactions r p t es de l intervenante avec les op rateurs en face face deux ou en groupe avec une pr sence assidue du d but la fin de poste pendant plusieurs mois a permis de tenir un registre original o les op rateurs ont eu la possibilit de sortir du silence leurs difficult s leurs doutes leurs interrogations sur leur travail Il a t question de pouvoir discuter du travail comme ils n avaient encore jamais os en parler en r v lant des dimensions insoup onn es d eux m mes En effet notre mani re de pr senter notre d marche et notre discours d cal par rapport au discours hygi niste sur la sant habituellement entendu et int gr par les op rateurs dans le milieu automobile ont laiss entrevoir que d autres fa ons de consid rer son travail et sa sant semblaient possibles La Activit s Volume 10 num ro 2 239 Quillerou Grivot E amp Clot Y aci vites
11. du travail Le d veloppement de l activit se fait en sortant des enveloppes ou elle a aussi trouv momentan ment se stabiliser 4 3 tonnements et affects l activit transf rentielle Dans ce cadre favorisant l engagement de chacun dans un dialogue authentique sur le travail et centr sur les d saccords un autre processus parait tre en jeu la place des tonnements et des affects dans l analyse comme ressource pour d velopper sa propre activit Les tonnements de l intervenante lors des observations de la situation de travail ne sont pas ici pris au premier degr comme objet de recherche mais comme moyen de provoquer la r flexion sur le travail chez les op rateurs Non sans rapport avec la pratique clinique de l ergonomie et m me en s y comparant le clinicien de l activit fait de sa pr sence un moyen de d naturaliser la situation en inversant le statut de l observateur Autrement dit en intriguant l observ sur ce que l observateur cherche voir de son activit il cherche d velopper l observation de l observ sur sa propre activit Clot amp Fernandez 2005 Dans cette perspective le questionnement fait place l expression de certains tonnements car il s agit moins de questionner pour obtenir une r ponse d finitive que d ouvrir le champ des questions possibles pour l observ lui m me Simonet et al 2011 p 113 Nous avons cherch m
12. en invitant des op rateurs ayant r alis la co analyse et leurs chefs d quipes Ainsi le d placement qu op rent les membres du comit de pilotage grace au travail accompli par les op rateurs permet de faire migrer la discussion de Activit s Volume 10 num ro 2 235 y Quillerou Grivot E amp Clot Y ach ntes Clinique de l activit perec onan en psychologie du travail 4 ces membres sur les gestes pr cis du travail quotidien des op rateurs sujet qui leur tait encore tranger Nous retenons d ailleurs un moment pr cis des dialogues lors de lavant dernier comit de pilotage o la directrice du site prend la parole pour commenter le montage vid o de la co analyse pr sent e on voit qu il y a eu du travail et c est super int ressant de voir qu au final les gens ils ont diff rentes techniques entre ce qu on avait pr vu sur les modes op ratoires les chemins de contr le etc Que finalement les gens ne font pas pareil mais le r sultat au final est qu on a un r sultat final en termes de qualit clients qui est vraiment bon A la fin de la r union elle proposera ses coll gues concepteurs une autre alternative de travail et de n gociation avec le client je me dis aussi des fois est ce que a vaut pas le coup de proposer au client qu on souhaite faire avec les gens qui ont con u les machines un retour d exp rience avec les op rateurs Et nous on leur propose a en le
13. fa on de contr ler il faut n cessairement un cadre de confiance mais aussi qu elle accepte de pouvoir penser son activit autrement Le fait que l op ratrice mette finalement en discussion le probl me de l expertise de C face la pr sence d int rimaires d stabilise d abord sa mani re de penser son travail et certainement son activit concr te de travail par la suite Mais apr s cette s ance ces deux op ratrices reprendront s rieusement l analyse de ce dilemme entre vitesse et transmission du savoir faire avec leur hi rarchie de proximit C est pourquoi le risque qu elles prennent en r interrogeant leur propre activit concr te doit tre repris son compte par le collectif d op rateurs d abord puis dans l organisation du travail ensuite pour tenter de r soudre ce conflit Cette controverse notamment sur l arriv e r guli re de nouveaux int rimaires a de surcroit t une des pr occupations de la directrice et de la responsable des ressources humaines la fin de l intervention C est au moyen de la controverse entre autres que le cadre de la co analyse devient ressource psychologique et sociale pour le collectif d op rateurs Cette pr occupation d une recherche constante de la controverse durant l intervention n a Activit s Volume 10 num ro 2 241 y Quillerou Grivot E amp Clot Y ach ntes Clinique de l activit recne en psychologie du travail pas que d
14. pour une intervention clinique de l activit Kostulski et al 2011 Ainsi partir d une intervention men e durant trois ans chez ce logisticien automobile nous cherchons contribuer au d bat sur la place et la posture de l intervenant clinicien de l activit On ne se focalise pas uniquement sur l analyse du travail que nous produisons mais sur la mani re dont cette analyse a laquelle les professionnels participent sert de moyen pour ces m mes professionnels d alimenter les instances du m tier Clot 2008a dans l objectif de revitaliser le travail et son organisation Apr s ces actions aupr s de cette entreprise nous pouvons d sormais tenter d analyser ce qui a pu se produire pour que cette dynamique se r alise tant chez les op rateurs que chez les membres de l instance de pilotage En revenant sur le cadre de l intervention qu il fallait tenir et inventer dans le cours de l action les conditions ayant t favorables au d veloppement de l activit des Activit s Volume 10 num ro 2 238 y Quillerou Grivot E amp Clot Y ach ntes Clinique de l activit reee cronan en psychologie du travail 4 professionnels seront davantage formalis es En partant des acquis de l approche clinique de l activit et la formalisation de rep res m thodologiques pour mener bien une co analyse du travail Duboscq 2009 nous envisageons de proposer une formalisation des actions de l intervenan
15. ro 2 229 e z Quillerou Grivot E amp Clot Y ach ntes Clinique de l activit uuas mrar en psychologie du travail grand groupe industriel Cette intervention fait suite une commande manant du responsable projets Ce dernier souhaitait tre mieux inform sur les risques de Troubles Musculo Squelettiques TMS des op rateurs de montage et sur les possibilit s d action des concepteurs sur la pr vention de ces risques lors de la mise en place de nouveaux projets Dans un premier temps des l ments concernant la commande le travail d op rateurs de montage de pare chocs et la vie de l intervention seront pr sent s Dans un second temps le dispositif m thodologique et certains des principaux r sultats de cette intervention seront pr cis s Enfin trois conditions cliniques seront identifi es comme favorisant le d veloppement de l activit des op rateurs du collectif d op rateurs et permettant d agir sur l organisation du travail Nous analyserons ainsi cette intervention travers des l ments pr cis concernant le dispositif dont se saisit le clinicien de l activit pour tenter d agir sur le travail Nous proposerons une formalisation des enjeux m thodologiques et cliniques au cours de l intervention Bien entendu ces propositions ne repr sentent pas un mode d emploi mais plut t une r flexion sur notre posture clinique dans l action dans le quotidien de l intervention Il s agi
16. travail c ur Pour en finir avec les risques psychosociaux Paris La D couverte Cahiers libres Clot Y Fa ta D Fernandez G amp Scheller L 2000 Les entretiens en auto confrontation crois e une m thode en clinique de l activit Pistes 2 1 Clot Y amp Fernandez G 2005 Analyse psychologique du mouvement apport la compr hension des TMS TMS Activit s 2 2 69 78 http www activites org v2n2 fernandez pdf Daniellou F amp Martin C 2007 La formalisation de l intervention en ergonomie des contextes et des rencontres Education Permanente n 170 2007 1 63 75 Deleuze G 1981 Spinoza Philosophie pratique Paris ditions de Minuit Detchessahar M 2011 Sant au travail Quand le management n est pas le probl me mais la solution Revue fran aise de gestion 5 214 89 105 Devereux G 1980 De l angoisse la m thode dans les sciences du comportement Paris Flammarion Duboscq J 2009 D veloppement de la s curit et activit s m diatisantes Le cas du travail de gros euvre sur les chantiers de b timent Th se de doctorat en psychologie Paris CNAM Ferreras I 2012 Gouverner le capitalisme Paris PUF Hubault F amp Bourgeois F 2004 Disputes sur l ergonomie de la t che et de l activit ou la finalit de l ergonomie en question Activit s 1 1 34 53 Activit s Volume 10 num ro 2 246 Quillerou Grivot E amp Clot Y aci v
17. vrai d signation vid o je commence toujours gauche C ouais moi aussi je commence toujours gauche mais tu vois tu finis par le plastron on a l impression que tu las m me pas regard en fait rires alors que moi je vais commencer geste blanc sur le c t et je vais reprendre enfin non je sais plus C est I on regardera C ouais a fait pas du tout la m me impression Dans cet extrait l op ratrice C d couvre que son coll gue S ne mobilise pas le m me mode op ratoire alors m me qu ils travaillent quotidiennement dans la m me quipe L observation pr cise des gestes de son coll gue partir de la vid o la perturbe et l emp che momentan ment d expliquer en quoi la fa on de faire de son coll gue est diff rente de la sienne Du coup elle finit par ne plus comprendre comment elle m me s organise pour contr ler le pare chocs Ce moment de d couverte des diff rences subtiles mais essentielles entre eux concernant un geste pr cis de leur travail les renvoie l immensit du r el de l activit et leur permet de se d tacher de la proc dure le temps de l analyse pour y revenir plus tard Ce point a t d ailleurs d battu entre op rateurs apr s les auto confrontations crois es pour prendre la d cision de rendre visibles ou non leurs diff rences gestuelles lors du comit de pilotage Il a t question de proposer un montage vid o montrant une pa
18. activites LOT ss teal POH CCC ONIGT Trois conditions pour une clinique de l activit en psychologie du travail le cas d une intervention dans une entreprise de logistique automobile Edwige Quillerou Grivot Laboratoire Organisation Changement et Pr vention Homme au Travail Institut National de Recherche et de S curit 1 rue du Morvan 54200 Vandoeuvre les Nancy edwige quillerou inrs fr Yves Clot Equipe Psychologie du travail et Clinique de l activit Centre de Recherche pour le Travail et le D veloppement Conservatoire National des Arts et M tiers 41 rue Gay Lussac 75005 Paris yves clot cnam fr ABSTRACT Three conditions in Activity Clinic in Work Psychology an Intervention in the Car Industry This paper is based on an intervention conducted in the Activity Clinic perspective in a subcontractor company in the car industry The Activity Clinic methodology has been used with bumper assembly operators to support the development of activity and health at work This paper analyzes the conditions which allowed the activity clinician s attempts to overcome organizational obstacles and to transform them into new resources for the work development of the operators We emphasize the necessity for clinical work both with the operators in the form of work co analysis and with designers and managers of the firm in the steering committee It is necessary to maximize opportunities for the development of the act
19. alisation et enfin poser les limites des effets produits 3 De la fonction psychologique du collectif d op rateurs sa fonction sociale dans l entreprise Notre perspective a pour objet d action et de recherche le d veloppement de l activit Clot 2008b Elle vise seconder l action de transformation de l activit et remettre le m tier en mouvement au sein des collectifs de travail jusqu la transformation de la t che L activit n est donc pas seulement un objet d tude mais un instrument clinique d cisif Intervenants et professionnels travaillent ensemble pour prendre soin du m tier et de l organisation du travail Clot 1999 Clot Fa ta Fernandez amp Scheller 2000 Scheller 2001 Une analyse situ e de l activit de travail subjective et collective men e avec des op rateurs volontaires est un premier pas essentiel pour questionner les prescriptions et l organisation du travail de l entreprise Face aux questions de sant des op rateurs cette intervention avait pour pr occupation centrale la question suivante comment faire diffuser d placer les probl mes soulev s par la co analyse du travail diff rents niveaux dans l entreprise Le travail de co analyse avec les op rateurs comme celui en comit de pilotage font l objet de la m me attention clinique 3 1 Organiser la confrontation entre op rateurs Dans cette premi re phase de l intervention nous nous
20. anisation du travail malgr l incertitude que laissent toujours nos actions face la complexit de l activit humaine et des organisations du travail En partant du travail en intervention et des effets produits nous proposons trois conditions cliniques qui ont sembl fondamentales pour permettre des d veloppements de l activit et un retentissement plus large au sein de l organisation Ces trois conditions renvoient l authenticit du dialogue sur le travail l engagement dans la controverse le transfert des tonnements et affects Cette proposition de formalisation au del de la m thode permet d alimenter le d bat autour du mod le de la transformation li une approche clinique de l activit MOTS CLES comit de pilotage sant co analyse du travail intervention collectif du travail automobile d veloppement de l activit REFERENCEMENT Quillerou Grivot E amp Clot Y 2013 Trois conditions pour une clinique de l activit en psychologie du travail le cas d une intervention dans une entreprise de logistique automobile Activit s 10 2 229 248 http www activites org v10n2 v10n2 pdf Article soumis le 3 janvier 2012 accept pour publication le15 janvier 2013 Activit s Volume 10 num ro 2 248
21. ant davantage autorit dans leur travail Ils sont mieux plac s pour d fendre leur m tier aupr s de leur hi rarchie en raison du fait qu ils s y sont d abord Activit s Volume 10 num ro 2 245 Quillerou Grivot E amp Clot Y aci wies Clinique de l activit Hee TONIC Ie en psychologie du travail attaqu s entre eux La d cision d organiser le travail du comit de pilotage tient sans doute aux n cessit s de faire place 4 une exigence marqu e dans des travaux de plus en plus nombreux l institution d une instance de ce genre dans l entreprise permet d instruire la controverse sur les crit res du travail de qualit entre tous les partenaires sociaux op rateurs dirigeants et concepteurs Clot 2010 Ferreras 2012 Petit Dugu amp Daniellou 2011 Segrestin amp Hatchuel 2012 Ce type d approche qui met en rapport les recherches en psychologie du travail et les recherches en sciences de gestion pour favoriser un travail d organisation conjoint sans oblit rer les conflits Bertrand amp Stimec 2011 Detchessahar 2011 de Terssac 2002 exp rimente une modification du syst me des relations professionnelles Mais il nous loigne aussi des illusions qui ont ciment le courant des relations humaines en psychologie industrielle depuis l exp rience Hawthorne Illouz 2006 Mayo 1945 Il m riterait d tre syst matiquement exp riment et valu Nous y voyons l une quest
22. ce v cue et s diment e en instrument pour vivre de nouvelles exp riences Clot 2008a p 148 Dans ce cadre les op rateurs ont ainsi cherch comparer leur activit r elle Activit s Volume 10 num ro 2 233 Quillerou Grivot E amp Clot Y aci vibes Clinique de l activit tiai TOMI qT en psychologie du travail d celer les contrastes entre eux pour mieux modifier leurs propres fa ons de faire C est par ce processus que l op rateur peut commencer entrevoir les diff rentes possibilit s qu offre le collectif pour son activit individuelle C est pourquoi la centration sur l activit concr te et les gestes quotidiens de travail font l objet de pr occupation premi re pour la co analyse du travail En s ance d auto confrontation crois e les op rateurs peuvent re d couvrir dans leur activit des conflits irr solus qu il est n cessaire de remettre en question pour pouvoir continuer travailler sans compromettre leur sant voire m me et on suppose l un moyen de d passer ces conflits concevoir d autres alternatives possibles en situation de travail Ce questionnement autour d alternatives possibles se r alise par la mise distance avec ses propres gestes professionnels d une part et par le regard du coll gue d autre part Afin de montrer la fonction des dialogues sur un geste professionnel pr cis nous proposons ci dessous un court extrait d une auto confrontati
23. du travail Responsable Projets Je voudrais rebondir sur ce point l car moi il y a une question qu on avait d j voqu e la derni re fois mais qui m interpelle c est moi avec la casquette projet les fiches de poste d finissent un moyen ben d finissent une proc dure un fonctionnement on commence par le c t gauche on fait a et ainsi de suite et on se rend compte par rapport ce qu on vient de voir et ce que vous voquez au del il y a des petits des grands des moyens et ainsi de suite il y a quand m me des fa ons diff rentes de fonctionner entre individus et moi je voulais profiter justement parce que c est pas Jorc ment toujours le cas de vous les op rateurs couter vous qu on avait vu sur l cran il y quelques minutes vous pensez quoi de ses manuels de ses instructions qu on vous am ne un peu toute faite et quelque part vous interpr tez vous qu est ce que vous en pensez de a Op rateur S on va dire que c est une base comment eux ils veulent qu on fonctionne mais apr s avec les crit res des personnes qu on a ici a peut marcher et avec d autres a peut pas marcher Apr s c est l l interpr tation qu il faut avoir il faudrait mettre en commun comme on a dit l pour voir la mani re de faire on va dire parce qu entre moi et C on a pas la m me fa on et c est on va dire c est la m me chose en fait Responsable produc
24. e que toi regard vers C C y a peut tre a A mais pointage vers vid o il est vrai qu un nouveau regard vers Co qui te voit contr ler comme a geste de balancement de la main c est foutu C oui oui c est foutu C c est clair A le mec il contr le pas le PC il suit son mouvement et il contr le rien Parce que l il y a eu quand m me des heures de C bon apr s je les forme pas comme a non plus rires A j esp re oui mais ils te voient c est toujours le m me haussement des paules c est pareil tu peux former d une fa on en disant regardes la proc dure c est comme a comme a mais ils te voient avant attends la proc dure c est quoi la proc dure elle elle le fait pourquoi pas moi c est a le probl me J ai vu des jeunes contr ler tr s vite plus dans l quipe SA quand j tais pass e qui contr laient tr s vite j tais surprise Jai dit euh a fait longtemps que tes l a fait 15 jours d accord Je vais pas dire qu il contr lait aussi vite que toi mais presque Donc voil a me ben R entre autres quand tu venais m aider que SA n tais pas l inaudible main devant la bouche et baisse de ton bon c est vrai que 35 secondes la prescription c est trop long mais ils vont dire tac tac tu regardes l Pour accepter que l op ratrice A tienne ce discours sur sa
25. es aspects techniques comme le montrent les travaux de Roger 2007 avec les enseignants En effet lors de l analyse du travail les professionnels peuvent tre envahis d tonnements d inqui tudes de doutes parfois m me de culpabilit face la confrontation avec soi m me ou avec son coll gue L intervenant doit alors redoubler d attention sur le cadre dialogique qu il met en place Le dispositif provoque un processus de d liaison reliaison qui s op re entre les 4 dimensions du m tier transpersonnelle personnelle interpersonnelle et impersonnelle Clot 2008a Bien que d stabilisant puisqu il vient en rupture d quilibres parfois ch rement acquis le contexte dialogique de l intervention consiste faire migrer une motion une pens e une intuition personnelle mise par tel professionnel sur le registre transpersonnel du collectif de travail pour mettre le genre professionnel au travail Clot 2008a Ce processus n exon re donc pas chaque professionnel de sa responsabilit propre et peut lui donner au contraire une disponibilit psychique nouvelle pour ressaisir son engagement Prendre le risque de la confrontation permet de revitaliser le m tier en s y attaquant en devenant l interlocuteur du sur destinataire qu il repr sente alors pour l activit de chacun Le collectif devient alors plus apte s expliquer avec le registre impersonnel au demeurant indispensable de l organisation
26. es concepteurs et dirigeants dans une zone de d veloppement potentiel de leur activit propre et provoqu le dialogue entre eux 4 2 S engager dans la controverse L engagement dans la co analyse suppose galement de pouvoir d velopper les d saccords avec les coll gues op rateurs afin de pouvoir discuter sur les mani res possibles ou non de r gler les conflits d activit que chaque op rateur traverse dans son m tier Ainsi il est n cessaire pour les op rateurs de provoquer et de supporter la controverse avec ses coll gues La controverse est d apr s Litim 2006 une activit o l on cherche convaincre l autre ce qui est distinguer de deux autres formes de dialogue la dispute et la discussion En effet l objectif des s ances de travail sp cifiquement instrument e en auto confrontation crois e est de chercher convaincre son coll gue que sa mani re de faire vaut le coup et l oblige argumenter son point de vue C est pourquoi lauto confrontation crois e est indispensable au processus de co analyse car en auto confrontation simple l op rateur est seul avec l intervenant Ce dernier n tant pas du m tier n prouve pas les conflits de l activit comme un op rateur peut les vivre et peut plus difficilement contre balancer les arguments de l op rateur propos de ses mani res de r aliser son travail partir des vid os Malgr tout l int r t de la c
27. estes sans pour autant en exclure leur importance comment peut on travailler autrement en conception comment int grer le travail des op rateurs dans le processus de n gociation avec le client en reprenant les mots du commanditaire Au cours des r unions du comit de pilotage les discussions se sont orient es sur la mani re dont il serait possible de mettre en place des instances d analyse du travail a diff rents niveaux dans l entreprise pour faire progresser leur organisation du travail au quotidien Ce processus de transformation de la commande a pu tre possible gr ce aux ressources d ploy es du c t des op rateurs dans un premier temps lors de la co analyse du travail puis du c t des concepteurs d cideurs lors des r unions de pilotage Le cadre d intervention a donc t co construit 4 travers deux instances constitu es sp cialement pour le temps de l intervention un collectif d op rateurs et un comit de pilotage Dans cette intervention nous avons aussi pu faire l exp rience que les dialogues centr s sur l analyse des gestes professionnels des op rateurs se sont av r s porteurs de nouvelles perspectives tant pour le travail quotidien de production que pour le travail de conception des lignes de production Cette premi re description de l intervention nous am ne maintenant analyser pr cis ment les r els d veloppements qui ont pu se produire en proposer une form
28. ettre jour nos tonnements comme moyen de co analyser le travail des op rateurs et pour les utiliser dans le milieu de travail lors des interactions avec les op rateurs Les tonnements de l intervenant ne prennent pas leur source seulement dans les connaissances et des hypoth ses scientifiques Il peut tre galement affect par ce qu il observe ou ce qu il ressent en situation de travail Nous proposons alors d tudier la mani re dont les affects de l intervenante ont parfois t non pas un obstacle mais une ressource pour l action Les affects peuvent ainsi devenir des instruments de travail dans l intervention tant ceux des professionnels que de l intervenant Pr cis ment les affects peuvent devenir moteurs s ils ne sont ni n glig s ni maquill s pour s abriter derri re la m thode Dans le cas o nous acceptons d tre d stabilis s d rang s par les affects ressentis durant le travail clinique dans l entreprise alors il nous faut trouver un moyen pour que ces affects largissent tant le pouvoir d agir des professionnels de l entreprise que celui de l intervenant la mani re de Spinoza on peut soutenir que l effort pour augmenter le pouvoir d agir n est pas s parable d un effort pour porter au maximum le pouvoir d tre affect Clot 2008a p 26 et suivantes Deleuze 1981 Deux moments de l intervention sont ici analys s afin de mieux comprendre le processus par leque
29. ganisation que r alisent les salari s pour r ussir travailler correctement dans la dur e Clot 2010 p 103 Reste prendre la mesure des transformations que l intervention peut produire qui n cessite un engagement continu de chacun dans l entreprise Ce travail de suivi Va pouvoir se poursuivre Une intervention aupr s des chefs d quipe est actuellement en cours et certains concepteurs m thodes et tudes ont r cemment t demandeurs d une analyse de leur propre m tier Mais nous n chappons pas la question des limites de notre action alors m me que nous sommes seulement des intervenants ext rieurs La dynamique d un collectif de professionnels est travers e par des checs des r ussites des joies des peines qui peuvent tre aussi vecteurs de sant quand ces professionnels tiennent le cap de la prise d initiatives sur leur travail comme ont pu en faire la preuve ces op rateurs int rimaires et ce malgr les conditions d favorables sa construction Nous retenons un moment pr cis des auto confrontations crois es o un op rateur int rimaire propose l intervenante face son coll gue embauch en CDI de trouver d autres moyens de faire l analyse du travail Il cherche d velopper le cadre de co analyse de pallier les difficult s qu il ressent avec seulement la vid o comme support d analyse Il propose alors l intervenante de le faire en direct en situation concr
30. ge de mettre en place des instances de dialogues sur les probl mes concrets du quotidien rien n est jou d avance En effet lors des controverses sur le contr le du pare chocs identifi es pr c demment il se r alise seulement une lev e partielle du d ni install quant au conflit de crit res sur la qualit du travail et de la relation au client Malgr et peut tre en raison m me des d placements produits dans les dialogues entre op rateurs et concepteurs il p se des incertitudes sur la p rennit des instances d laboration de nouveaux compromis dynamiques sur le travail Durant l intervention nous distinguons finalement deux temps qui signalent pour reprendre la conceptualisation de Vygotski une migration fonctionnelle Vygotski 2003 ouvrant sur le d veloppement de la fonction du collectif le temps de la co analyse o les op rateurs ont fait l exp rience de la fonction psychologique du collectif comme ressource pour l activit individuelle le temps de l instance de pilotage o le collectif des op rateurs a pris une autre place dans l entreprise et a assur une fonction sociale nouvelle dans l organisation place qui m rite d tre regard e comme une ressource pour cette derni re Le collectif de travail assume donc en cours d action une double fonction psychologique et sociale Et ce nomadisme fonctionnel Clot 2008a Kostulski amp Clot 2007 Vygotski 2003
31. ial Problems of an Industrial Civilization Andover Harvard University Petit J Dugu B amp Daniellou F 2011 L intervention ergonomique sur les risques psychosociaux dans les organisations enjeux th oriques et m thodologoiques Le Travail Humain 74 4 391 409 Quillerou Grivot E 2011 Fonction psychologique et sociale du collectif pour la sant au travail le cas d op rateurs de montage automobile Th se de doctorat en psychologie Paris CNAM Roger J L 2007 Refaire son m tier Essai de clinique de l activit Toulouse Eres Sannino A 2012 Dialectique et intervention en th orie de l activit In Y Clot Ed Vygotski maintenant pp 213 237 Paris La Dispute Scheller L 2001 L exp rience du travail dans le cadre dialogique Travailler 6 avril 2001 71 88 Scheller L 2010 Transformations organisationnelles conflits g n rationnels clinique de l activit le cas d un atelier industriel Activit s 7 1 62 74 http www activites org v7n1 v7n1 pdf Segrestin B amp Hatchuel A 2012 Refonder l entreprise Paris Seuil Simonet P Caroly S amp Clot Y 2011 M thodes d observation de l activit de travail et pr vention durable des TMS action et discussion interdisciplinaire entre clinique de l activit et ergonomie Activit s 8 1 104 128 http www activites org v8n1 v8n1 pdf Terssac de G 2002 Le travail aventure collective Toulo
32. identifier pour eux les pr occupations r elles de l intervenant autour du travail bien fait C est donc travers la possibilit de mobiliser les affects prouv s au cours de cet v nement potentiellement banalis que les op rateurs parlent finalement non sans humour des fa ons de prendre soin du pare chocs Il faut prendre toute la mesure de cette donn e clinique C est en effet l une des modalit s sous laquelle peut s op rer ce qu on peut appeler un transfert sur la m thode propos e en clinique de l activit dialogue et confrontation sur la qualit du travail ele circulation des affects comme moyen de transport de I analyse du travail jusqu l appropriation de la m thode dialogique invite l intervenant soigner cette activit transf rentielle Son maniement d borde comme le montre cet exemple l espace temps de l autoconfrontation Il transite aussi par une conception clinique de l observation directe en situation Ces moments saisir font ventuellement et momentan ment perdre chacun sa contenance tant pour les op rateurs que pour l intervenant mais ils paraissent fournir un moyen puissant pour faire parler le m tier dans des organisations qui ne s y pr tent gu re Une autre situation permet galement d tayer le r le des affects dans l intervention Durant l organisation et la mise en place des s ances d analyse avec les op rateurs ga
33. in des quipes d op rateurs pourraient se mettre en place dans la structure organisationnelle Mais ces op rateurs ont fait l exp rience que le collectif n est jamais donn d embl e il est toujours cr er et maintenir Bournel Bosson 2010 p 228 M me si les d veloppements de l activit et des relations professionnelles entre op rateurs expos s ci dessus sont significatifs durant cette co analyse tant donn la pr carit de leur statut dans l emploi ces d veloppements restent fragiles et insuffisants s ils ne sont pas relay s par les dirigeants et concepteurs de l entreprise 3 2 Organiser la confrontation entre op rateurs et concepteurs En parall le de ce travail men avec les op rateurs un comit de pilotage a donc t mis en place durant l intervention Des r unions de travail ont t programm es diff rents moments cl s de l intervention Figure 2 une premi re r union de constitution du comit et de n gociation des conditions d intervention une deuxi me r union pour faire un point sur l avanc e de l analyse et engager les discussions autour de la sant la pr vention et les proc dures une troisi me r union de restitution du travail de co analyse sous forme d un montage vid o construit avec les op rateurs et de n gociation pour l invitation des op rateurs pour une derni re r union enfin une derni re r union non pr vue au d part afi
34. ion laquelle doit se mesurer la clinique de l activit en psychologie du travail C est peut tre aussi un probl me auquel tous les intervenants dans les organisations sont maintenant confront s BIBLIOGRAPHIE Bakhtine M 1978 Esth tique et th orie du roman Paris Gallimard B guin P 2007 Dialogisme et conception des syst mes de travail In Y Clot amp K Kostulski Dialogue activit d veloppement Psychologie de l interaction n 23 24 pp 169 198 Paris L Harmattan B guin P 2010 Conduite de projet et fabrication collective du travail une approche d veloppementale HDR en ergonomie Universit Victor Segalen Bordeaux 2 Bertrand T amp Stimec S 2011 Sant au travail Voyage au pays du Lean Management Revue francaise de gestion 5 214 127 144 Bournel Bosson M 2010 Analyse du travail et revitalisation du collectif In Y Clot amp D Lhuilier Eds Agir en clinique du travail pp 225 236 Toulouse Eres Clot Y 1999 La fonction psychologique du travail Paris PUF Clot Y 2005 Une intensification du travail peut elle en cacher une autre In P Askenasy D Cartron F De Coninck amp M Gollac Eds Organisation et intensit du travail pp 313 317 Toulouse Octar s Clot Y 2008a Travail et pouvoir d agir Paris PUF Clot Y 2008b La recherche fondamentale de terrain une troisi me voie Education Permanente n 177 4 Clot Y 2010 Le
35. ites Clinique de l activit HET FUME Ie en psychologie du travail http www activites org v1n1 vollnum1 book pdf Iouz E 2006 Les sentiments du capitalisme Paris Seuil Kostulski K 2010 Quelles connaissances pour l action en clinique du travail Une contribution la question des rapports entre les actions de transformation et la production de connaissances en clinique du travail In Y Clot amp D Lhuilier Eds Agir en clinique du travail pp 27 38 Toulouse Eres Kostulski K amp Clot Y 2007 Interaction et migration fonctionnelle un d veloppement en autoconfrontation crois e Psychologie de l interaction n 23 24 73 108 Kostulski K Clot Y Litim M amp Plateau S 2011 L horizon incertain de la transformation en clinique de l activite une intervention dans le champ de l ducation surveill e Activit s 8 1 129 145 http www activites org v8n1 v8n1 pdf Lacomblez M 2007 Le eux elles est il de mise en ergologie Article pour le s minaire T ches du Pr sent 10 et 11 mars 2007 Aix en Provence Litim M 2006 Les histoires racont es au travail M tier et activit dans un service de g riatrie Th se de doctorat en psychologie Paris CNAM Litim M 2012 Les m thodes indirectes l preuve de la pratique questions d intervention In Y Clot Ed Vygotski maintenant pp 165 175 Paris La Dispute Mayo E 1945 The Soc
36. itions sont li es l action de l intervenant et repr sentent un objectif sous jacent celui d une reprise en main du dispositif par les acteurs de l entreprise op rateurs comme concepteurs Pour chacune de ces trois conditions nous proposons une d finition et une analyse pour tenter de mieux cerner ce qui a plut t favoris l installation de ce cadre d analyse si difficile construire La g n ralisation dans l entreprise d une co analyse du travail pour progresser en mati re d organisation du travail par le d veloppement d un travail d organisation d lib r est au c ur de nos pr occupations 4 1 L authenticit du dialogue sur le travail Pour rechercher un authentique travail sur leur travail une v rit du rapport dialogique qui ne triche pas avec le r el de l activit Clot 2008a p 209 et suivantes il est n cessaire de clarifier la m thodologie ses enjeux et ses objectifs Il est alors question d changer propos de notre propre m tier d intervenant et de notre conception dialogique du travail de l activit et de la sant Les op rateurs peuvent ainsi se projeter et imaginer ce que pourrait signifier pour eux analyser le travail en l occurrence leur propre travail Le cadre de confiance s est construit entre autres par la cr ation d un espace de dialogues au quotidien avec la pr sence r guli re de l intervenant dans l atelier o il est possible
37. ivity of the operators and simultaneously for the transformation of the organizational work despite the uncertainty of our actions in relation to the complexities of human activity and work organization On the basis of this analysis we propose three conditions which seem fundamental to support development of the activity and to spread this analysis throughout the organization These three conditions are authenticity of the work dialogue engagement into controversy transfers of surprises and affective transfers This paper helps helps fuel the debate on the transformation model relating to an Activity Clinic perspective KEYWORDS steering committee health work co analysis intervention work collective car industry development of activity 1 Introduction L objectif de cet article est la fois ambitieux et modeste puisqu il s agit de poursuivre la r flexion d j engag e par les chercheurs en clinique de l activit sur la formalisation de l intervention et des conditions favorisant le d veloppement de l activit et du m tier Duboscq 2009 Kostulsk Clot amp Litim 2011 Litim 2012 Sannino 2012 Scheller 2010 Nous souhaitons apporter quelques rep res au regard des exp riences d interventions d une clinique de l activit en psychologie du travail et sp cialement travers une intervention men e entre 2008 et 2011 chez un logisticien automobile appartenant un Activit s Volume 10 num
38. l ce que nous appelons le pouvoir d tre affect peut ouvrir sur le d veloppement d autres possibilit s d agir possibilit s souvent insoup onn es aussi bien par les professionnels que par l intervenant Activit s Volume 10 num ro 2 242 Quillerou Grivot E amp Clot Y aci vibes Clinique de l activit Hee CITOMTE qT en psychologie du travail La phase d observations permet de vivre quotidiennement aupr s des op rateurs afin d installer durablement la co analyse Notre premier instrument de travail est de provoquer des tonnements sur notre fa on de questionner leur travail Pr cis ment lors d une p riode o l entreprise connaissait une production intense et une augmentation croissante du nombre d int rimaires dans les quipes un moment particuli rement d stabilisant pour l intervenante a eu lieu Au cours d une journ e de production le chauffeur transportant les pare chocs jusque chez le constructeur tait absent et remplac par un autre Ce dernier tait connu par les op rateurs comme tant brutal et ne prenant pas soin des pare chocs lors du chargement dans le camion En fin de journ e de production il a r alis une mauvaise manipulation et a renvers un chariot complet de pare chocs ce moment pr cis l intervenante a ressenti un haut le c ur Ce malaise s est amplifi tant donn les r actions du chef d quipe et des op rateurs ces derniers ont
39. n de convier les op rateurs la discussion sur la poursuite de ce travail Cette derni re r union a permis alors d engager une r flexion collective sur l laboration d une d marche d int gration des op rateurs dans les projets de conception de l entreprise Mars Juin Oct D c 2009 2010 2010 2010 q re 2 me 3eme 4 me reunion nenem r union r union gt constitution gt avancement gt retour sur gt invitation de 5 du copil de la co analyse les d cisions op rateurs et des prendre chefs d quipe Figure 2 Chronologie des s ances de travail en comit de pilotage Figure 2 Steering committee work sessions chronology Au fil des r unions du comit de pilotage de plus en plus de personnes tant au niveau op rationnel que fonctionnel service qualit tudes commerce etc ont t invit es ou ont demand y assister Ce qui peut appara tre d abord comme un risque de dispersion du travail engag s est r v l au contraire un moyen de diffuser les questionnements abord s avec pr cision et sans d tour sur les alternatives possibles notamment avec des membres de la direction locale et nationale Dans cette instance de pilotage nous retenons deux r sultats importants l appel une nouvelle commande sur le travail des chefs d quipe qui eux m mes souhaitaient s engager dans une r flexion sur leur m tier puis la d cision d organiser une autre r union de pilotage
40. nier utilise ainsi ses affects pour seconder le travail sur les diff rents registres du m tier et leurs conflits du point de vue des op rateurs et du point de vue des commanditaires les premiers ne s autorisant parfois plus faire parler le m tier dans ce qu il a de plus personnel et transpersonnel les autres s tant parfois affranchis de leur fonction propre sur le registre impersonnel de l activit consid r e 5 Discussion vers quel mod le de la transformation en clinique de l activit Partir d une intervention permet de mieux saisir les enjeux m thodologiques et surtout cliniques Il para t important de rendre compte de nos mani res d intervenir afin d engager un dialogue entre sp cialistes de l intervention en sant travail une n cessit tant pour les praticiens que pour les chercheurs comme le rappellent F Hubault et F Bourgeois 2004 En cherchant analyser les conditions cliniques favorisant le d veloppement du pouvoir d agir sur les situations de travail par les op rateurs d abord puis par les membres du comit de pilotage ensuite nous souhaitions contribuer la formalisation de nos actions et permettre ainsi de d velopper l efficacit de nos interventions venir D abord une question pour l action c est aussi une question pour la recherche Comme G Devereux le note une science du comportement authentique existera quand ceux qui la pratiquent se rendront compte q
41. nir malgr tout le cadre de l intervention aupr s de ces int rimaires afin de mener une r flexion sur le m tier et la sant La m thodologie de co analyse du travail a t d ploy e en plusieurs phases Figure 1 une premi re phase d observations papier crayon afin d amener les op rateurs percevoir leurs mani res de faire intra et interindividuelles souvent non conscientis es exemple de verbatim en d but d intervention mais c est facile ce qu on fait on fait tous pareil notre travail c est la fiche de poste et susciter des demandes pour r aliser une analyse du travail une deuxi me phase pour d buter le travail d analyse hors situation de travail quotidienne avec une r union de pr paration et de constitution du groupe d analyse pour d terminer ensemble les situations de travail qui feront l objet d analyse une troisi me phase d observations avec cam ra pour constituer des outils d analyse concernant 4 situations de travail ou gestes professionnels retenus par le groupe le port du pare chocs l encyclage le contr le du pare chocs en d but de ligne le montage deux op rateurs sur le m me pare chocs le r approvisionnement des pi ces une quatri me phase pour les s ances en auto confrontations simples puis en auto confrontations crois es pour concr tiser la confrontation entre pairs propos de gestes professionnels pr cis
42. nt a doit tre fait la lettre apr s petit petit la personne va nous voir comment nous on fait et elle inconsciemment elle va faire comme nous et au bout du compte a marchera aussi bien que ce qui est demand et a de savoir s il y a possibilit si malgr les fiches de poste essayez d avoir des petits changements comme a des petites solutions Op rateur J ou de le faire en partenariat avec un op rateur Op rateur S voil par exemple Directrice si chacun fait diff remment il faut revoir la fiche de poste Chef d quipe N Moi je pense le contraire moi j ai 2 formateurs de nuit on doit avoir une base commune parce que chez certains j ai d j remarqu c est pas m chant mais si on les laisse travailler de la fa on dont il le pense il pense d une certaine mani re et ils sont pas toujours dans le vrai parce que quand on est pris dans le travail et ben on a pas un regard objectif toujours sur ce qu on fait et justement je trouve qu on arrive vite tout et n importe quoi Moi j essaie surtout de fuir a et de garder parce que je pense que le chemin il est bien fait dans le sens o on commence par le plastron c est la zone principale et si on commence par les c t s et que le plastron n est pas bon ben le pare chocs on peut l ter Donc je pense qu on gagne vachement de temps Apr s les gens un moment donn on l apprend pas de la m me fa on c
43. on crois e retranscrite entre une op ratrice C un op rateur S et l intervenante I sur la mani re de contr ler le pare chocs en d but de ligne au moment o ils regardent les images vid o de S en train de contr ler un pare chocs Pour pr cision il s agit d une confrontation entre deux op rateurs reconnus comme experts du contr le au sein de leur quipe Avant le travail de co analyse les changes entre ces deux op rateurs taient devenus quasi impossibles face aux d saccords qu ils ne parvenaient ni mettre en commun ni laborer Cependant au cours de leur engagement dans l analyse de leur travail ils ont finalement accept de se confronter l un l autre par la m diation de leur geste Voici un extrait de cette auto confrontation crois e I et les endroits de contr le le chemin de contr le est le m me C non non on contr le pas pareil en chuchotant S non I c est dire S on va pas commencer au m me endroit on va peut tre pas passer par les m mes C tas plus tendance pointage du doigt vers S puis vers vid o avec regard vers vid o par Jinir par le plastron S ouais C alors que moi je finis par le S ouais moi je commence par le c t geste blanc c t gauche ouais I toujours le m me c t C c est c est diff rent regard vers vid o S humm non a peut changer l c est
44. ons tant avec l intervenante qu avec leurs coll gues Activit s Volume 10 num ro 2 240 y Quillerou Grivot E amp Clot Y ach ntes Clinique de l activit perec ronan en psychologie du travail 4 pare chocs Le dilemme repose essentiellement sur le fait qu il faut aller suffisamment vite pour tre en synchronisation avec la production des autres et respecter la proc dure de contr le exigeant 35 secondes de contr le L op ratrice C experte au contr le pour sa rapidit et son efficacit toute preuve est dans un premier temps d stabilis e de se voir contr ler aussi vite la vid o en auto confrontation simple Puis durant lauto confrontation crois e avec sa coll gue A qui remarque aussi sa rapidit l op ratrice C est affect e par les remarques de A lui faisant part d abord de son scepticisme sur sa mani re de contr ler moi je trouve que t axes pas assez sur le plastron regard vers C Apr s c est peut tre que tas peut tre ton coup d il qui fait que mais c est vrai que tu prends pas quand m me le L op ratrice A finit pourtant par noncer un probl me majeur dans leur activit quotidienne avec la pr sence quotidienne de nouveaux int rimaires A clac clac c est toujours tac tac les pattes oui c est que moi je vais faire le geste quand m me moins rapide C est peut tre aussi que regard vers I je me sens peut tre moins s curis
45. ontre fortuite avec la directrice du site nous a permis d mettre l hypoth se suivante notre mani re de d placer le probl me de l int rim dans un autre contexte l avait sans doute amplifi en rendant visibles d autres cons quences que celles que l organisation a apprises g rer affectant leur tour l activit des dirigeants et concepteurs et sans doute leurs changes notre adresse la directrice du site formule alors les choses ainsi vous avez vu on a recrut a va tre bien pour votre tude La question de l int rim n a plus t seulement le probl me de l intervenante des quipes d op rateurs et de leur hi rarchie de proximit mais elle s est trouv e charg e de significations nouvelles pour les dirigeants au moins dans ces circonstances La prudence exige de ne pas faire d imputations causales simplistes dans ce genre d interactions Disons simplement que l engagement dans notre intervention au nom de la qualit de notre propre travail a pu s ajouter aux motifs de la d cision prise Le but de l intervention a t d exp rimenter la fonction du collectif dans l activit quotidienne de travail Mais comme nous avons pu le constater la dynamique mise jour est imputable une technique de co analyse se pr tant d lib r ment aux transports des affects auxquels l intervenant doit non seulement tre attentif mais veille les enrichir Ce der
46. ontroverse pour le d veloppement de l activit elle doit se faire dans un cadre r gl et serein Installer la controverse entre professionnels est sensible pour l intervenant et souvent difficile supporter pour les professionnels pour plusieurs raisons parce que les conflits d activit ne sont pas d abord toujours conscients que les relations interpersonnelles exercent une influence constante et que mettre a nu ses difficult s dans le travail perturbe sa propre activit Kostulski 2010 Ainsi notre intervention installe un cadre qui rend d abord plus vuln rable puisqu elle n cessite de se risquer mettre jour les d saccords avec autrui mais aussi avec soi m me propos de l activit C est pourquoi l intervenant psychologue doit redoubler de vigilance clinique pour installer ce cadre propice supporter les d plaisirs de la confrontation d o peut sortir le plaisir de la d couverte par le dialogue D apr s nos recherches la controverse semble tre une condition favorable au d veloppement de l activit Afin d argumenter ce propos nous prendrons l exemple d un dilemme non r solu pour les op rateurs qui a fait l objet d analyse le temps de contr le du A ce propos les notes prises par l intervenante taient utilis es dans les interactions avec les op rateurs Ces derniers pouvaient lire les notes pendant les observations afin de pouvoir s en saisir dans les discussi
47. rantir la pr sence des int rimaires du d but la fin du processus d analyse est devenu impossible Face aux d parts de plusieurs int rimaires investis pleinement dans le travail de r flexion nous avons d abord ressenti des affects de col re puis de r signation devant le fait de ne plus pouvoir installer un travail clinique sur le travail Afin de ne pas C est peut tre la d finition m me de l affect dans l activit au del de l motion qui n est jamais que son instrument ext rieur Clot 2008a p 8 L affect est le d phasage vital qui surgit entre les attendus habituels du sujet ses organisateurs pr con us qu ils soient corporels cognitifs ou subjectifs et les inattendus de l activit en cours Article para tre Activit s Volume 10 num ro 2 243 e z Quillerou Grivot E amp Clot Y ach ntes Clinique de l activit l EPRETIC CUT ONTOTR en psychologie du travail refermer le cercle de notre activit sur ces affects mais plut t de tenter de l ouvrir gr ce eux nous avons pris la d cision de faire part au commanditaire de notre inqui tude sur la qualit de notre travail d intervention dans de telles conditions Quelque temps plus tard nous avons appris que des recrutements en CDI de plusieurs op rateurs int rimaires de la cellule pare chocs taient en cours Dans un premier temps et par prudence nous n avons pas fait le lien avec notre intervention Mais une renc
48. rtie du film de montage des pare chocs suivie de dialogues controvers s entre op rateurs manifestant ainsi par le biais de leurs propres voix leur prise d initiatives sur les gestes professionnels la complexit et la richesse de leur m tier Cet extrait de dialogue ci dessus a finalement t retenu par les op rateurs et nous m mes dans Activit s Volume 10 num ro 2 234 m Quillerou Grivot E amp Clot Y ach Dies Clinique de l activit perte CIELO TTC en psychologie du travail le montage final destination des membres du comit de pilotage Le travail clinique avec les op rateurs est un moyen de d velopper leur propre activit au cours du temps qui donne des possibilit s d agir sur soi et les autres L intervenante soumet aux op rateurs un questionnement qu elle m me se pose comment allez vous continuer ce travail r alis ensemble Pensez la suite quoi a va vous servir questions auxquelles il n existe pas de r ponses garanties d avance mais qui pourraient leur ouvrir d autres possibilit s d agir dans le travail quotidien partir notamment de ressources collectives jouant une fonction psychologique majeure pour la sant Bien entendu ce travail de co analyse n est pas suffisant et ne se r v le pas comme la solution tous les probl mes De plus nous ne sommes pas encore en capacit de d terminer si la poursuite et le maintien d une co analyse du travail au se
49. sommes efforc s de construire une analyse construite avec une dizaine d op rateurs majoritairement int rimaires Le travail collectif des op rateurs pour r aliser la production est une injonction qui se trouve simultan ment emp ch e par le recours massif l int rim et un important turn over ex chaque semaine entre au minimum un nouvel int rimaire dans une quipe de 12 15 op rateurs Nous avons ainsi d couvert un milieu de travail o apparaissaient des probl mes de sant restants n anmoins tabous par la peur de perdre son emploi avec d importants conflits interpersonnels entre op rateurs Face ces difficult s naissantes dans l entreprise il a t propos d accompagner la restauration d un collectif de travail malgr un contexte plut t d favorable La difficult majeure de cette intervention repose sur les possibilit s d une r flexion sur le travail avec majoritairement des int rimaires pr cis ment 6 Activit s Volume 10 num ro 2 232 e w Quillerou Grivot E amp Clot Y ach ntes Clinique de l activit perre HCL FOMTTE en psychologie du travail int rimaires sur les 10 op rateurs volontaires Tout au long de ce travail d intervention une question a constamment t pr sente notre esprit est ce possible d intervenir malgr Vinstabilit du groupe d op rateurs et l exigence temporelle de notre m thodologie Face ces difficult s nous avons tent de te
50. t de surcroit Nous pensons que cette recherche d alternatives doit se faire tant du c t des op rateurs que du c t des concepteurs impliqu s dans le travail des op rateurs Nous nous effor ons alors de proposer un cadre qui puisse interroger indirectement diff rents niveaux hi rarchiques et diff rents m tiers au sein de l entreprise en passant toujours par le travail quotidien des op rateurs afin de contribuer la sant de chacun C est pourquoi l analyse des conflits d activit fait galement l objet de discussion entre concepteurs et managers concernant les choix de conception et d organisation du travail envisager l issue de l intervention la dimension prescriptive du travail des op rateurs comme l activit des commanditaires concepteurs et ou managers Activit s Volume 10 num ro 2 231 e z Quillerou Grivot E amp Clot Y ach ntes Clinique de l activit rerrererec POnrg ml en psychologie du travail font partie int grante de notre analyse Ainsi concepteurs et managers peuvent a leur tour d couvrir d autres voies possibles dans le travail et son organisation quotidienne puis faire des choix de transformations du travail partir des analyses r alis es sur le travail Nous avons d ailleurs remarqu que progressivement les dialogues au sein de l instance de pilotage de l intervention se r orientaient vers d autres pr occupations que celles de la biom canique des g
51. t de comprendre les leviers de notre propre action et d identifier les questions nouvelles auxquelles nous devons nous confronter dans l action puis de reprendre les questions th oriques qu elles impliquent Durant l intervention les inattendus les obstacles les remaniements contribuent clairer les situations que nous rencontrons Ils sont d ailleurs au c ur de la m thodologie clinique de l activit en psychologie du travail Ainsi l analyse des conditions participant au d veloppement de l activit des collectifs et de l organisation du travail nous permet d instruire la question des voies possibles du d veloppement d un m tier et de la sant au travail 2 L intervention chez un logisticien automobile L apparition de restrictions m dicales et d arr ts maladies pour des douleurs au niveau des lombaires des membres sup rieurs et parfois m me des membres inf rieurs est l origine d une demande faite l INRS par une entreprise de logistique automobile Le responsable projets de cette entreprise nous a adress la question suivante partir de combien de gestes les op rateurs vont ils avoir des TMS ce moment pr cis de notre intervention l entreprise nous faisait part de sa volont d int grer des connaissances sur la pr vention des risques professionnels d s la conception de nouveaux projets partir d un premier bilan des conditions de travail nous leur avions propos
52. t et de celles des professionnels afin de mieux saisir les enjeux pour l intervention et l intervenant En partant du principe qu il importe de nous m fier des vidences pour rep rer ce qui semble de Pordre du d tail et rel ve en fait du r v lateur Lacomblez 2007 p 2 nous tentons de formaliser quelques rep res cliniques Il s agit alors de montrer en quoi notre orientation g n rale va au del des m thodes en ce qu elle suppose une mani re de se situer face la complexit du r el et une mani re d tre et d agir avec les autres en respectant les mondes professionnels B guin 2007 p 378 Ainsi le rep rage des conditions cliniques qui accompagnent la technique m thodologique nous apporte des pistes de recherche suppl mentaires sur le d veloppement de l activit des collectifs de travail et de leur fonction dans l organisation du travail Cette tentative de formalisation ne repr sente en aucun cas une synth se des conditions que requiert un travail clinique de l activit en psychologie du travail mais pr sente quelques rep res qui semblent jouer un r le dans l action Trois conditions du travail clinique font l objet d int r t au regard de cette intervention en particulier mais galement travers l exp rience d autres interventions l authenticit du dialogue sur le travail la recherche de la controverse et la place laiss e aux tonnements et aux affects Ces cond
53. te la disposition spatiale n cessaire et qui tente d engager des actions correctives sur les machines les supports de stocks tampons et les postes de contr le des pare chocs Les op rateurs r alisent le montage et l assemblage de composants de pare chocs automobiles On observe un cumul d exigences li es des d lais rigides risque d arr ts de cha ne chez le constructeur avec p nalit financi re une grande diversit des produits combinaison d options pi ces d aspect n cessitant de nombreux crit res de qualit et d esth tisme etc aux imp ratifs de r activit aux al as et la flexibilit polyvalence tous les postes apprentissage sur le montage de nouveaux mod les de nouvelles machines turn over important d int rimaires etc Cette description des multiples exigences du travail ne suffit pas comprendre le travail et ses enjeux Hubault amp Bourgeois 2004 L intensification est un ph nom ne complexe Volkoff 2008 et ambivalent Clot 2005 qui ne peut se r sumer aux exigences de la t che et aux conditions de travail elle n cessite d aborder les ressources que les op rateurs d veloppent afin de r pondre ces exigences tout en pr servant leur sant Cette question des ressources a guid l intervention plus pr cis ment quelles peuvent tre ces ressources Comment cr er de nouvelles ressources dans cette forme de configuration organisationnelle Ces ques
54. tion Est ce qu on peut dire que le r sultat est le m me au final Op rateur S Voil le r sultat on peut se baser sur les classeurs mais on a du mal respecter la lettre Op ratrice C Ce serait plus dans le sens qu il faudrait pas imposer le chemin plus je pense dans le sens on va dire identifier chaque partie du pare chocs le plastron les arr tes la cross je veux dire que les pare chocs sont tous faits de la m me mani re ils ont tous un plastron des cross des grilles donc apr s je pense que pour l op rateur le fait d avoir lui dire ben voil tas le plastron t as le plastron contr ler tas la cross les Activit s Volume 10 num ro 2 236 y Quillerou Grivot E amp Clot Y ach ntes Clinique de l activit perec onan en psychologie du travail 4 arr tes bon lui simplifier la t che quoi entre guillemets en disant il y a tel point tel point contr ler t as tous ses points contr ler apr s tu t arranges pour le faire dans le sens o tu le sens le mieux pour toi que a laisse la personne libre du chemin qu elle doit prendre et ce qu elle a regarder Directrice c est plut t donner une mission en disant voil t as a a a contr ler et c est vous qui la mani re de Op ratrice C voil comme a a reste Op rateur S peut tre les d buts non les formations on montre comme
55. tions font plus g n ralement l objet d interrogations m thodologiques en clinique de l activit Scheller 2010 Dans ce cadre th orique les ressources que l on cherche d velopper sont abord es au travers des conflits ou des dilemmes de l activit de travail que vit chacun des professionnels Les conflits de l activit sont envisag s comme une dynamique propre l activit humaine o chacun est confront une r alit qui l oblige constamment remettre en question ses pr requis Ces conflits peuvent tre une source de d veloppement pour transformer la situation de travail ou au contraire devenir un obstacle s ils ne parviennent pas tre r investis dans le travail Dans l intervention pr sent e ici une co analyse du travail des op rateurs est propos e afin d instruire cette question des conflits dans leur activit de travail C est particuli rement par la confrontation de leurs gestes professionnels quotidiens ceux des autres coll gues Clot amp Fernandez 2005 que nous parvenons la fois comprendre les conflits d activit sous jacents et trouver des possibilit s de transformation de ces conflits d activit concernant les situations de travail qui posent probl me La co r flexion men e avec les op rateurs est guid e par la recherche d alternatives pour une transformation du travail qui puisse soutenir le d veloppement de l activit des op rateurs et de leur san
56. u il pose Ainsi au sein du comit de pilotage les op rateurs pr sents pr par s en amont par ce travail collectif d analyse font davantage autorit dans leur travail et du coup augmentent leur l gitimit dans le travail des concepteurs et des managers Faire autorit dans le travail n est pas l quivalent d avoir le pouvoir sur le travail ni m me de poss der le pouvoir de d cider bien s r mais permet de r instruire le processus de d cision Cette pr occupation entre en cho avec les travaux en ergonomie sur la conduite de projet Daniellou amp Martin 2007 et notamment ceux de B guin 2010 qui portent sur la rencontre de mondes professionnels o des professionnels de diff rents m tiers doivent cr er une forme commune de dialogue pour concevoir ensemble un projet Les d placements qui se produisent tout au long de cette intervention entre les op rateurs et Activit s Volume 10 num ro 2 237 e z Quillerou Grivot E amp Clot Y ach ntes Clinique de l activit l OPRETIC CUT ONTOTR en psychologie du travail les concepteurs transforment alors le dispositif m me de notre intervention et conduisent installer cette dynamique d analyse du travail diff rents niveaux dans l entreprise pour y trouver quotidiennement des solutions exp rimenter en mati re de qualit du travail comme en mati re de sant Cependant malgr une volont clairement nonc e par le comit de pilota
57. u une science r aliste de l humanit ne peut tre cr e que par les hommes qui sont le plus conscients de leur propre humanit pr cis ment lorsqu ils la mettent le plus totalement l uvre dans leur travail scientifique Devereux 1980 pp 20 21 Nous pouvons pauler cette position pist mologique par le propos de M Bakhtine Dans les sciences humaines l exactitude consiste surmonter l alt rit de ce qui est autre sans le transformer en quelque chose qui est soi Bakhtine 1978 p 392 Le travail clinique expos ici est un moyen de d velopper l activit des professionnels La centration sur l activit concr te est essentielle et passe par l analyse pr cise et sans d tour des gestes quotidiens de travail C est l objet de pr occupation majeure pour l analyse du travail que nous menons Il y a aussi un d calage certain mais n cessaire que nous devons mettre en tension entre le d veloppement des personnes du collectif et de l organisation du Activit s Volume 10 num ro 2 244 y Quillerou Grivot E amp Clot Y ach ntes Clinique de l activit pereici onan en psychologie du travail 4 travail Cette intervention montre comment des responsables de l entreprise sont parvenus a envisager diff remment les probl mes de sant en s interrogeant sur leur conception des changements sur la fa on de les mener en s affranchissant de l indispensable travail d or
58. ur disant ben voil on vous a fait un certain nombre de remarques mais maintenant on en a d autres avec l exp rience et et c est aussi l occasion de repasser ben voil des messages en disant ben voil on a besoin d op rateurs enfin avec les recherches que vous faites ben voil les gens ils ont besoin de pas avoir toujours le la les m mes rythmes de pouvoir faire les op rations sur un autre puis je pense que a peut tre constructif dans les autres projets quoi Un autre moment de l intervention en comit de pilotage peut faire l objet d analyse Lors de la derni re r union de l instance de pilotage cinq des dix op rateurs volontaires ont t invit s s exprimer devant l incertitude des membres du comit de pilotage pour am liorer leur fa on de concevoir le travail des op rateurs Lors d un change pr cis juste apr s la diffusion du montage vid o le responsable projet commanditaire principal un op rateur S le responsable de production une op ratrice C un op rateur J la directrice et un chef d quipe dialoguent sur la proc dure concernant le chemin de contr le visuel du pare chocs qui pr voit un parcours pr cis du haut ce qu ils nomment le plastron aux c t s du pare chocs Voici l extrait de cet change Nous citons l ensemble de l change car sa longueur m me est significative de l engagement des diff rents interlocuteurs sur l objet r el
59. use Octar s Vygotski L 2003 Conscience inconscient motions Paris La Dispute Volkoff S 2008 L intensification du travail disperse les probl mes de sant In G de Terssac C St Martin amp C Thebault Eds La pr carit une relation entre travail organisation et sant pp 29 40 Toulouse Octar s RESUME L objectif de cet article est de proposer partir d une intervention chez un logisticien automobile l analyse de conditions favorisant le d veloppement de l activit du m tier et de la sant au travail Le cadre de l intervention en clinique de l activit et sa m thodologie d ploy s aupr s d op rateurs de montage de pare chocs nous am nent tenter une formalisation de l action du clinicien de l activit qui cherche transformer les obstacles organisationnels en nouvelles ressources pour le d veloppement du m tier d op rateurs Nous insistons sur la n cessit d un travail clinique tant avec les op rateurs par le biais d une co analyse du travail qu avec les concepteurs et d cideurs de l entreprise en comit de pilotage Cette double vis e de la recherche intervention permet ainsi de maximiser les possibilit s de d veloppement de Activit s Volume 10 num ro 2 247 e z Quillerou Grivot E amp Clot Y ach ntes Clinique de l activit rere onrgme en psychologie du travail 4 l activit des op rateurs et de transformations de l org
Download Pdf Manuals
Related Search