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1. tre int gr es dans l analyse pour rendre compte de la production de sens par le sujet de son parcours Demazi re et Dubar 1997 99 6 Il est bien clair que nous analysons des formes de r cits et non des individus Le passage pour une m me personne d une forme une autre de r cits est tout fait envisageable dans une perspec tive dynamique de trajectoires NPS vol 15 n 1 La vie quotidienne des sans emploi 185 et elles y opposent des identit s pour soi g n ralement ancr es sur un projet professionnel ou de vie relativement pr cis La diff rence principale entre ces deux grandes formes de r cits concerne in fine la l gitimit de l action publique et de l ordre social pour les prestataires Dans la forme de la d saffiliation sociale les trajectoires de vie des personnes peuvent tre tr s contrast es mais l univers de croyances partag est relativement homog ne Le r cit de Djemil nous sert ici de r f rence Djemil 25 ans vit en France chez ses parents Il est prestataire du RMI depuis un an Il n a pas de projet professionnel particulier et ne sait pas quoi faire dans la vie S il est inquiet pour son avenir il ne sait pas comment s y prendre et se sent coinc Pour lui le RMI c est un peu d argent de poche parce qu il est log et nourri par ses parents Par comparaison Marie H l ne 35 ans vit seule Montr al Elle a eu de s rieux probl mes de2. DEMAZI RE Didier et Claude DUBAR 1997 Analyser les entretiens biographiques L exemple de r cits d insertion Paris Nathan 350 pages DESMARAIS Danielle et Paul GRELL sous la direction de 1986 Les r cits de vie Th orie m thode et trajectoires types Montr al Saint Martin 180 pages DUBAR Claude 1996 La socialisation Construction des identit s sociales et profession nelles Paris Armand Collin 255 pages DUFOUR Pascale 2000 Citoyennet et hors travail la construction politique d un nouvel espace social Th se de Doctorat D partement de science politique Universit de Montr al 398 feuillets EME Bernard et Jean Louis LAVILLE sous la direction de 1994 Coh sion sociale et emploi Paris Descl e de Brouwer 285 pages ESPING ANDERSEN G sta 1999 Social Foundations of Postindustrial Economies Oxford Oxford University Press 207 pages FRASER Nancy 1998 Penser la justice sociale entre redistribution et revendications identitaires Politique et soci t s vol 17 n 3 9 36 GROVER Chris et John STEWART 1999 Market Workfare Social Security Social Regulation and Competitiveness in the 1990s Journal of Social Policy vol 28 n 1 73 06 KLEIN Jean Louis et Beno t L VESQUE sous la direction de 1995 Contre l exclusion Repenser l conomie Actes du troisi me colloque de l Association d conomie politique Qu bec Presses de l Universit du Qu bec
3. LABERGE Danielle et Shirley ROY 1994 Pr sentation Marginalit s et exclusions sociales des lieux et des formes Cahiers de recherche sociologique vol 22 5 10 MACDONALD Robert 1994 Fiddly Jobs Undeclared Working and the Something for Nothing Society Work Employment and Society vol 8 n 4 510 530 MERRIEN Fran ois Xavier sous la direction de 1994 Face la pauvret l Occident et les pauvres hier et aujourd hui Paris L Atelier 269 pages PAUGAM Serge 1993 La soci t fran aise et ses pauvres Paris Presses universitaires de France 317 pages PRZEWORSKI Alan et Henri TEUNE 1970 The Logic of Comparative Social Inquiry New York Wiley Interscience 153 pages SCHNAPPER Dominique 1981 L preuve du ch mage Paris Gallimard 273 pages SHRAGGE ric et Marc Andr DENIGER 1997 Workfare in Qu bec dans SHRAGGE ric sous la direction de Workfare Ideology for a New Under Class Toronto Garamond Press 59 83 ST AMAND N r e et Mich le K RISIT 1998 Pauvret et nouvelles solidarit s Repenser l intervention sociale Montr al Saint Martin 160 pages WUEHL Simon 1994 Quelle politique d insertion pour quel ch mage Esprit n 207 29 54 NPS vol 15 n 1
4. mal dans sa t te il n y a pas grand chose que les autres peuvent faire pour t aider La d saffiliation s exprime d avantage par le manque d ancrage social dans la vie quotidienne par rapport au travail et l environnement de proxi mit et le fait de mal vivre cette situation que par une absence de liens sociaux 7 La r sistance politique des sans emploi est l ensemble des actes mat riels ou id ologiques traduit par des repr sentations sociales de la r alit qui entre en conflit avec les normes dominantes lois et valeurs qui r gissent la vie sociale Ces actes sont accomplis au nom d une thique politique et ils ont pour cons quence voulue ou non la remise en cause partielle ou globale du syst me dominant Voir Dufour 2000 chapitre VI NPS vol 15 n 1 186 Hors th me La deuxi me forme de r cits la forme de l assimilation appara t plus complexe La logique d identification aux cat gories officielles s exprime par l int riorisation du statut de ch meur particuli rement en France dans les r cits des jeunes dipl m s la recherche d un premier emploi Les discours ne v hiculent pas de culpabilit par rapport la situation de prestataire per ue comme normale parce que partag e par un ensemble de personnes L individu se consid re essentiellement en recherche d emploi le temps sans emploi tant tout entier consacr cette t che Dans ce
5. sein de cette litt rature le pauvre est un exclu victime de forces sociales et de d terminismes qui le d passent L univers de r f rence est celui d un monde bipolaire o la fracture sociale s pare les in des out Dans ce sch ma l exclu appara t cras par le poids de la vie il a de la diffi cult concevoir des projets c est une personne humili e d faite apathique Les concepts explicatifs utilis s font appel aux notions de pr carit de vuln rabilit de ghetto sation et d isolement des personnes Laberge et Roy 1994 Une position analytique apparent e consiste non plus s int resser aux attributs de la pauvret mais analyser les processus qui y conduisent Dans cette perspective s laborent des figures complexes de disqualification Paugam 1993 de d sinsertion De Gaulejac et al 1994 ou de d saf filiation sociale Castel 1995 Dans tous les cas c est le processus de chute sociale qui est au c ur de l analyse Aut s 1995 le pr suppos th orique commun tant que le lien social comme l ment de sens entre des individus et entre l individu et l Etat se dissout se d lie On peut se demander si ce processus de d liaison sociale n est pas de mani re concomitante un processus de construction reconstruction d autres formes de liens sociaux Le pauvre serait aussi un acteur dot de ressources qui a ventuellement des projets qui est inscrit dans un espace
6. social local le quartier ou la commune dans lequel il peut recr er du lien social Eme et Laville 1994 Klein et L vesque 1995 Ce sont alors les poten tialit s de changement social que rev tent les situations de sans emploi de pauvret et de ch mage de marginalit qui sont mises de l avant En poussant l extr me la repr sentation v hicul e par ce genre de recherche on aboutit l image paradoxale du ch meur heureux la pointe de l innovation sociale Comme le souligne Simon Wuhl 1994 il est difficile et m me dangereux de faire porter le poids de l innovation et de la recherche d alternatives des personnes qui n ont g n ralement qu une envie celle d acc der au syst me qui les rejette Cependant consid rer l espace dans lequel vivent les personnes sans emploi en lui m me et pour lui m me peut nous fournir des indices de reconstructions en cours Barel 1990 En cela l absence d emploi la pauvret ou l exclusion ne sont pas uniquement l absence de quelque chose une chose qui serait d finie par une norme d int gration plus ou moins id alis e mais galement un facteur de changement social Castel 1996 Sans nier l existence de processus de chutes sociales nous proposons de consid rer la capacit d adaptation des personnes sans emploi en pr supposant qu on ne peut pas vivre longtemps avec une identit d finie uni quement par la n gative l absence de travail m me si l
7. sont de r els leviers de changement social m me si ces exp riences restent fragiles En revanche si la r sistance se construit uniquement partir d une implication un niveau informel ou non relay e par des groupes plus institutionnalis s elle ne permet pas d avoir le sentiment d une emprise directe sur le r el Les femmes montr alaises se construisent un espace de survie et innovent au niveau des pratiques sociales locales mais elles n ont pas seules les capacit s de se construire une citoyennet alternative en dehors du salariat tradi tionnel Elles ont une place sociale locale construite en r action la n cessit mais non un projet de vie bas sur une valorisation th oris e des relations non marchandes Au total la forme de r sistance la soci t est compos e de trois univers distincts de croyances un discours d opposition marqu par le refus de l int gration sociale propos e un discours d investissement communautaire marqu par la priorit donn e aux relations sociales et un discours d enga gement social qui seul vise express ment le changement social Dans les trois cas pourtant on peut consid rer la r sistance exprim e comme une prise de position proprement politique DE LA R SISTANCE QUOTIDIENNE COMME ACTE POLITIQUE LA PERMANENCE DES SITUATIONS IND PENDAMMENT DU CONTEXTE NATIONAL ET INSTITUTIONNEL L espace des sans emploi existe comme terrain de lutte et d inno
8. un march existant ou un march cr er noter que dans d autres r cits la r appropriation de l action publique ne concerne pas tant la prestation comme aide financi re comme dans le r cit d Olivier mais la repr sentation dominante de ce que repr sente le temps de bien tre Dans le r cit de Dolor s m re de famille seule le temps sans emploi est un temps plein qui trouve sa l gitimit dans la trajectoire de vie le choix de s occuper de ses enfants et qui n est pas directement reli la perception d un mauvais fonctionnement de l intervention de l tat ou du syst me Il peut galement tre per u et v cu comme un temps de repos entre deux petits boulots prouvants ou encore un temps pour se retrouver apr s un chec professionnel ou personnel La deuxi me forme de r sistance la r sistance la soci t s exprime par le conflit ouvert l engagement social et la mobilisation ou encore par le d veloppement d un discours virulent d opposition au syst me Dans les r cits de Dialila et Thierry parents de deux enfants l opposition s exprime par rapport l offre d insertion du RMI formul e par l assistante sociale charg e du dossier familial Les rapports avec l assistante apparaissent extr mement tendus celle ci ayant d j enclench la suspension de l alloca tion quelques ann es auparavant De m me au moment de l entrevue Dialila et Thierry viennent de signer u
9. I eruUua wWww erudit org Article La vie quotidienne des sans emploi des formes communes de r sistance au del des fronti res Pascale Dufour Nouvelles pratiques sociales vol 15 n 1 2002 p 180 194 Pour citer cet article utiliser l information suivante URI http id erudit org iderudit 008268ar DOI 10 7202 008268ar Note les r gles d criture des r f rences bibliographiques peuvent varier selon les diff rents domaines du savoir Ce document est prot g par la loi sur le droit d auteur L utilisation des services d rudit y compris la reproduction est assujettie sa politique d utilisation que vous pouvez consulter l URI https apropos erudit org fr usagers politique dutilisation rudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif compos de l Universit de Montr al l Universit Laval et l Universit du Qu bec Montr al II a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche rudit offre des services d dition num rique de documents scientifiques depuis 1998 Pour communiquer avec les responsables d rudit info erudit org Document t l charg le 16 novembre 2015 06 33 La vie quotidienne des sans emploi des formes communes de r sistance au del des fronti res Pascale DUFOUR Institute of Political Economy Carleton University partir d entrevues men es au Qu bec et en France cet article analyse les processus de construction et
10. ISPOSITIF DE RECHERCHE Vingt cinq personnes ont t rencontr es Montr al au mois de novembre et au mois de d cembre 1996 et vingt six dans la r gion grenobloise en France au mois de mars et au mois d avril 1997 Le choix de la population s est fait selon le principe de la m thode boule de neige o des entrevues ant rieures sugg rent les r pondants ult rieurs Bourdieu 1993 Macdonald 1994 Le principe de saturation a d termin le nombre d entrevues Binet et Sh rif 1992 Nous avons galement privil gi la recherche syst matique de cas n gatifs qui contredisent le mod le provisoirement satur Desmarais et Grell 1986 afin de r soudre le probl me de la repr sentativit de l chantillon Les personnes rencontr es au Qu bec habitaient la ville de Montr al et taient toutes prestataires de la s curit du revenu Les per sonnes rencontr es en France habitaient la r gion grenobloise et b n ficiaient du revenu minimum d insertion RMI Sur le total 39 r pondants avaient entre 25 et 35 ans 6 entre 18 et 25 ans et 6 entre 35 et 43 ans2 Il s agit majoritairement de jeunes adultes cens s tre un point tournant de leur vie en ce qui concerne leur identit professionnelle 1 Les entrevues ont t effectu es avant la mise en uvre de la r forme du syst me de s curit du revenu au Qu bec Cependant certaines mesures de restriction avaient d j t instaur es notamment
11. ar la d fense d un projet de vie qui n est pas forc ment en conformit avec les attentes du syst me politique auquel on appartient Dans le r cit d Olivier la diffi cult faire accepter son projet de vie par les agents administratifs est latente Olivier a 26 ans Il n a jamais vraiment manqu d emploi et pourtant il a souvent t consid r du point de vue administratif comme un sans emploi Alternant travail au noir et de fr quents voyages en Europe ce n est que r cemment que son inscription l aide sociale s est stabilis e Ce changement de statut correspond des changements survenus dans sa vie Mari depuis quelques mois il apprend vivre avec un enfant de quatre ans et tente de monter sa propre association pour ventuellement en vivre Ses relations avec les institutions sont complexes Il a toujours su tirer parti de toutes les possi bilit s offertes par les institutions que ce soit pour apprendre ou pour augmenter le montant de son ch que et en m me temps il entretient une relation de principe avec son agent qu il trouve absolument inutile du point de vue de la r alisation de son projet Dans d autres r cits partageant le m me univers de croyances le rapport aux institutions et la l gitimit de l tat vont s exprimer sur un mode diff rent Le r cit de Michel entre compl tement en collision avec la cat gorisation NPS vol 15 n 1 188 Hors th me officielle de
12. ce que devrait tre un prestataire Il consid re le RMI comme le salaire qui lui est attribu en change de sa contribution la soci t travers ses peintures Le RMI devient un d le minimum octroy par un tat et une soci t qui ne sait pas reconna tre autrement ses artistes Le r cit d Olivier est lui plus ambigu cet gard il a tendance rejeter ou au moins s rieusement mettre en doute l id e selon laquelle le bien tre social serait un salaire pour les artistes faute de mieux et en m me temps il utilise la prestation comme un moyen de mener bien son projet d artisan Dans tous les cas la l gitimit et la finalit de l action de l tat sont red finies dans les r cits des personnes Ce travail de distanciation par rapport au discours officiel peut se faire partir d un sentiment fort d injustice ou simplement d autonomisation de ses aspirations individuelles Olivier Cette forme de r sistance se caract rise par un univers de croyances construit autour d une repr sentation id ale du travail et une r appropriation de l intervention de l tat Relativement individuelle elle peut conduire des alliances strat giques avec d autres figures de r sistance parfois dans une action collective ponc tuelle coop rative de travail ou association de d fense des droits mais plus long terme ces r sistants nourrissent tous l espoir de se faire une place personnelle sur
13. consid ration Ainsi la plupart des travaux examinant les populations exclues ou marginalis es ne prennent pas en compte la situation de subordination qui est intrins que celle de sans emploi Les analyses pro posent alors des r sultats o ce sont les variables sociologiques ge statut marital niveau d ducation sexe ou les types de trajectoires biographiques qui expliquent les processus de chute sociale Ces recherches nous apportent videmment une connaissance n cessaire et louable L image pr sent e n en est pas moins tronqu e Il ressort en effet de notre analyse que le conflit existe On peut m me avancer qu il est recherch parce qu il est source de reconstruction identitaire les situations individuelles les plus incon fortables tant celles o le conflit est absent Le conflit existe par rapport l action de l tat et s exprime g n ralement mais pas obligatoirement travers l agent administratif mais aussi par rapport au fonctionnement actuel 9 Selon les termes employ s par Grover et Stewart 1999 pour d signer les nouvelles politiques d activation de la main d uvre le travail obligatoire en change de la prestation ou les mesures fiscales d incitation au travail NPS vol 15 n 1 La vie quotidienne des sans emploi 193 du march du travail L indignit de la subordination un patron ou un petit boulot et celle li e la position de prestataire sont
14. ctuellement non couvert L implication ATD lui a galement permis de prendre du recul L univers de croyances d Anne Marie s organise autour de principes thiques sup rieurs le d sint ressement je veux faire du social vraiment humain pas sur le fric sinon je serais pas mieux que les foyers la lutte aux injustices et l action sociale Son engagement social est clair si pour elle le travail c est la vie comme pour l artiste il ne s agit pas de faire uniquement ce qu on aime mais aussi d aider les autres et d avoir un impact sur la soci t Alors que l aspect mat riel est souvent rejet dans son r cit la reconnaissance sociale de ses capacit s NPS vol 15 n 1 190 Hors th me professionnelles appara t vitale Elle veut absolument r ussir son examen d aide soignante qu elle a d j pass sans succ s trois fois pour tre reconnue pour ses comp tences et non parce qu elle est connue localement Pour d autres personnes rencontr es l implication dans la communaut locale se fait un niveau beaucoup plus informel Dans ces r cits il n y a pas de croyances exprim es quant la n cessit de s impliquer avec d autres pour faire changer les choses Ils s organisent plus autour du plaisir d aider les autres ou du fait que les gens aiment le monde Ce type de discours peut d ailleurs accompagner un projet de vie proche des formes de non r sistance en termes d int grati
15. de reconstruction identitaire de personnes sans emploi L espace social dans lequel vivent les jeunes adultes rencontr s n est pas un espace homog ne Cependant il est possible de rep rer des communaut s de croyances o les personnes partagent une situation et un univers de croyances avec d autres sans emploi Au total quatre grandes formes de r cits ont t rep r es ind pendamment de la soci t consid r e c t des figures plus connues de sans emploi d saffili s on trouve des r cits de r sistances quotidiennes qui correspondent de v ritables actes politiques This paper analyses identity building processes in case of unem ployed people in Quebec and France It is based on qualitative interviews with social assistance recipients Even if homogeneity does not exist in the social space where people lived it is possible to find some shared universe of beliefs between some forms of speeches Four types of narration have been identified in the two societies Aside the most known figure of the des affiliated we have found some day to day resistance discourses which correspond to real political acts La vie quotidienne des sans emploi 181 La majorit des recherches traitant de la vie quotidienne des sans emploi le font du point de vue des obstacles rencontr s et des difficult s prouv es par les personnes dans leur rapport l emploi la sph re priv e et aux institu tions publiques Au
16. ec 11 14 Selon l ge Moins 25 30 ans 30 35 ans 35 ans de 25 ans et plus France 2 11 9 4 Qu bec 4 7 12 2 Selon le statut C libataire Monoparental Couple Couple avec enfants sans enfant France 12 6 4 3 Qu bec 10 8 4 3 Selon la dur e au sein du dispositif Moins de De 1 Plus de Sans droit 1 an 2 ans 2 ans France 6 8 10 2 Qu bec 2 11 12 3 L conomie mixte d signe la combinaison d entreprises priv es et d entreprises publiques dans l conomie fran aise NPS vol 15 n 1 184 Hors th me L analyse privil gi e ne cherche pas faire un traitement quantitatif des entrevues mais un traitement qualitatif sur deux axes un axe th matique pr d termin le rapport au travail le rapport aux institutions publiques et le rapport la sph re priv e construit partir des pratiques individuelles rapport es et un axe de la rationalisation des discours retrac travers des configurations d argumentation Demazi re et Dubar 1997 Le croisement de ces deux axes d analyse nous a conduit identifier quatre formes parti culi res de r cits LES FORMES DE R SISTANCE ET DE NON RESISTANCE QUOTIDIENNES Dans toutes les entrevues la conscience de la position de subordination des personnes par rapport l administration publique ou au reste de la soci t est pr sente Mais cette conscience ne signifie pas pour autant acceptation ou inaction de la part des prestataires L analyse des prati
17. es BAREL Yves 1990 L int gration le sens et le lien social dans FABRE Christine AUT S Michel et Jacques ELOY Agir sur le lien social en Europe Paris APASSE 41 54 BINET Lise et Teresa SH RIF 1992 Les r cits de vie Mode d emploi Revue canadienne de service social vol 9 n 2 183 260 BOURDIEU Pierre sous la direction de 1993 La mis re du monde Paris Le Seuil 1460 pages CASTEL Robert 1995 Les m tamorphoses de la question sociale Une chronique du salariat Paris Presses universitaires de France 813 pages CASTEL Robert 1996 Les marginaux dans l histoire dans PAUGAM Serge sous la direction de L exclusion L Etat des savoirs Paris La D couverte 32 41 CONSEIL DE L EMPLOI DES REVENUS ET DE LA COH SION SOCIALE CERC 2001 Acc s l emploi et protection sociale Rapport au premier ministre Paris La Documen tation fran aise 133 pages DE GAULEJAC et al 1994 La lutte des places Insertion et d sinsertion Marseille Hommes et perspectives coll Re connaissances 286 pages 10 Pour reprendre les deux paradigmes de justice con us par Nancy Fraser 1998 NPS vol 15 n 1 194 Hors th me DEMAZI RE Didier 1995 Le ch mage de longue dur e Paris Presses universitaires de France 127 pages DEMAZI RE Didier et Claude DUBAR 1996 R cits d insertion et mondes socio professionnels Travail et Emploi n 69 55 68
18. es acteurs ne sont NPS vol 15 n 1 182 Hors th me pas les seuls ma tres bord Demazi re et Dubar 1996 Schnapper 1981 Nous avons choisi de travailler sur les r cits de personnes sans emploi dans deux pays le Qu bec et la France du point de vue de la construction de formes identitaires Dubar 1996 L objectif g n ral est de v rifier que des espaces sociaux autonomes de construction reconstruction identitaire existent et de d terminer dans quelle mesure ils sont diff rents d un pays l autre Apr s avoir pr cis le dispositif de recherche nous verrons que l espace social dans lequel vivent les sans emploi n est pas un espace homo g ne on y trouve une multitude de croyances et de pratiques tr s diff rentes Cependant cet espace n est pas non plus anomique travers les r cits des 52 personnes rencontr es il est possible de rep rer des communaut s de croyances o les personnes non seulement partagent un univers de croyances Dubar 1996 mais ont le sentiment de partager une situation avec d autres sans emploi Au total quatre grandes formes de r cits ont t rep r es ind pendamment de la soci t consid r e c t des formes plus classiques de discours qui correspondent aux figures connues des sans emploi d saffili s ou en grande difficult on trouve des formes de r sistances quotidiennes qui correspondent de v ritables actes politiques LE D
19. es par semaine l organisation domestique courses repas achats m nage en groupe ou individuellement et le reste du temps est pass avec les enfants les amis ou les b n voles des groupes commu nautaires Ces femmes tr s actives sont l aise dans une logique de b n volat mais compl tement d munies dans une logique marchande d employeur employ Certaines d entre elles sous la pression de leur agent finissent par accepter une formation ou un retour aux tudes mais le monde du travail ne constitue pas leur r f rence identitaire premi re En situation de pauvret ces femmes m res souvent c libataires ou divorc es se sont construit un univers o la r f rence premi re est celle de l engagement dans la communaut locale Ici le travail salari n est pas la valeur centrale et omnipotente de l existence M me s il n est pas rejet en tant que tel il ne fait pas partie de l univers des personnes NPS vol 15 n 1 La vie quotidienne des sans emploi 191 Si ce retrait dans la sph re communautaire plus contraint que choisi s appuie sur une implication sociale dans un groupe avant des liens avec les institutions dominantes conflictuels ou de coop ration il peut conduire au changement social En cela il repr sente une action politique directe L tude r cente de St Amand et K risit 1998 montre d ailleurs que certaines des exp riences communautaires comme les cuisines collectives
20. le guide d positaire de la planche de salut Dans ces univers il n y a pas de remise en cause de la l gitimit de l action de l tat m me si les jeunes dipl m s reconnaissent l inefficacit de cette action Dans les deux autres formes de r cits en revanche on note une v ritable r sistance l action publique ou plus g n ralement la soci t La forme de r sistance l action publique a pour objectif ultime la reconnaissance sociale des autres pour ce qu on est Cette volont d int gration la soci t passe par un rapport conflictuel l action de l Etat g n ralement non valoris Cette r sistance implique le refus de consid rer le temps sans emploi comme une p riode de recherche d emploi de non activit Le travail est ici plus qu une activit c est un choix de vie une passion laquelle il est n cessaire de se consacrer pleinement L objectif de cette forme de r sistance est de sortir de l aide gouvernementale pour vivre de mani re autonome de son art ou de son m tier M me si dans aucun r cit la situation de b n ficiaire est une situation durable et enviable il appara t que l aide financi re est per ue comme un minimum qui permet de ne pas l cher prise Ce sch ma n est pas tr s loign de celui des formes de non r sistance dans la mesure o l objectif est aussi l int gration aux normes dominantes Cependant l atteinte de cette int gration passe p
21. les sources princi pales de r sistances rencontr es Ainsi comme le supposent certains auteurs Shragge et Deniger 1997 on peut all guer l existence d une r sistance l offre d insertion Cependant les formes de r sistances ne peuvent s expli quer partir d une analyse en termes de classe sociale Ce qui est d nonc par les personnes sans emploi rencontr es concerne l exploitation l exclu sion conomique et la pauvret mais aussi le d ni de reconnaissance identitaire et le non respect de la diff rence En d autres termes la domination culturelle est autant combattue que la domination conomiquel Pour parler en termes w b riens les formes de r sistances des prestataires ne se situent pas uniquement dans une logique de lutte de classes ni dans une logique unique de lutte de statuts sociaux Il s agit v ritablement d une lutte des places De Gaulejac et al 1994 certains choisissant les lieux les formes et la nature de ces places Cette tension entre d une part la dimension de la redistri bution des richesses et d autre part la dimension de la reconnaissance identitaire constitue le fondement thique des formes de r sistance politique Bibliographie AUT S Michel 1995 Gen se d une nouvelle question sociale Lien social et poli tiques RIAC vol 74 n 34 43 48 BADIE Bertrand et Guy HERMET 1990 Politique compar e Paris Presses universitaires de France 404 pag
22. lors qu ailleurs le processus de recons truction sociale concerne avant tout la personne et sa capacit fonction ner en dehors des paradis artificiels Le temps sans emploi n est pas per u comme un passage plus ou moins oblig un sas ou un transit mais un temps pr sent dont la fin n est pas pr d termin e Enfin la logique de la reconstruction professionnelle se trouve dans les r cits o les prestataires sont en train de suivre une formation ou un stage Parfois le projet co ncide avec les aspirations de la personne et est m me l l ment d clencheur du processus de reconstruction parfois le stage ou l exp rience de travail co ncide avec la remont e de la personne qui avait touch le fond et lui permet de se r orienter au niveau professionnel Dans ces univers de croyances de la non r sistance les institutions du march et de l tat sont des lieux incontournables et non remis en cause dans leur 8 Le temps t r f re au moment de l entrevue le temps pr sent pour ces personnes NPS vol 15 n 1 La vie quotidienne des sans emploi 187 fonctionnement Les r cits ne font pas r f rence une injustice la situation pr sente est accept e soit comme une fatalit soit comme un processus devenu normal parce que partag par plusieurs Les repr sentations des institutions passent par la relation avec l agent ou les responsables des stages ou formations celui ci pouvant repr senter
23. n contrat d insertion qui pr voit la recherche d un contrat emploi solidarit CES mais qui ne semble pas correspondre une volont de leur part Si aux yeux des institutions ils ne font rien de leur point de vue beaucoup de choses sont effectu es dans une journ e que NPS vol 15 n 1 La vie quotidienne des sans emploi 189 ce soit la recherche de nourriture Dialila ou le fait de gagner sa cro te Thierry Dans le discours de Thierry la l gitimation de la situation et du rapport avec l assistante sociale passe par l affirmation de son autonomie et la diff renciation de ce qu il est par rapport au statut d assist Les demandes de l assistante sociale faire un CES sont rejet es au nom d une ambition sup rieure et de la capacit faire autre chose tout seul La vie est men e en marge du syst me sans respecter les r gles impos es le RMI est une couverture On note galement une forte ambivalence entre d un c t le refus de l int gration propos e par l assistante interlocutrice principale et de l autre la volont chez Djalila d avoir son truc soi Dans cet univers de croyances il n y a pas de volont explicite de changement social Pourtant la diff rence de la forme de r sistance pr c dente la volont d int gration et de reconnaissance sociales n est pas le moteur prin cipal de l action Dans le r cit de Thierry et Dijalila c est
24. on sociale et de rapports aux institutions Cependant lunivers de croyances construit est en porte faux avec le monde du travail marchand Dans les quartiers de l est de la ville de Montr al des r seaux de femmes se cr ent sur la base de la d brouillardise quotidienne recherche de nourriture de v tements pour les enfants par exemple Ces r seaux se transforment peu peu en un v ritable syst me d conomie solidaire fonctionnant un niveau local en lien ou non avec d autres orga nismes plus institutionnalis s Bas e sur l change mutuel de services la r ciprocit garder les enfants faire des courses et le don cette conomie solidaire permet non seulement l am lioration de la vie mat rielle mais ga lement la r alisation d activit s qui individuellement seraient impossibles Par exemple organiser des repas collectifs faire des go ters pour les enfants organiser des sorties culturelles ou des loisirs entre voisines se partager le travail pour ce qui est des commissions ou de la recherche de v tements afin de b n ficier des meilleurs prix Ces femmes sont g n ralement impliqu es b n volement dans une ou plusieurs associations de quartier et sont tr s actives dans les coles de leurs enfants l oppos de l image d isolement social elles n ont g n ralement jamais travaill ou n ont occup que des petites jobs et ne cherchent pas d emploi Elles consacrent en moyenne vingt heur
25. plus l opposition au syst me qui pr side au cours de la vie les v nements biographiques relat s n tant pas pos s au nom de principes sup rieurs comme une repr sentation id ale du travail ou la volont d un engagement social La dimension collective de la r sistance la soci t fait r f rence deux ph nom nes bien distincts une action collective formelle et conscientis e visant express ment le changement social et une action collective informelle conduisant au changement social mais n tant pas int gr e comme finalit dans les r cits des personnes Le premier aspect est li l apparition de nouveaux groupes comme ceux de d fense des ch meurs qui d veloppent la fois des activit s visant d fendre des droits notamment le droit au travail et des actions qui ont pour but de modifier le statut social des sans emploi Le travail de terrain r alis n avait pas pour objectif premier d tudier ces regroupements de personnes sans emploi N anmoins pour certaines des personnes rencontr es l action collective avait un sens un niveau formel ou informel Pour Anne Marie 41 ans la rencontre avec ATD Quart Monde a t la lumi re au bout du tunnel lui permettant de reprendre go t la vie Avec un m decin de l organisme elles ont le projet d ouvrir un centre d accueil d urgence qui permettrait de r pondre un besoin v cu par Anne Marie plusieurs fois au cours de sa vie a
26. pour les m res de familles monoparentales 2 Pour plus de pr cision voir l encadr 1 NPS vol 15 ne 1 La vie quotidienne des sans emploi 183 Dans le langage de Przeworski et Teune nous utilisons le Most Different System Design 1970 qui consiste choisir deux ensembles structurellement distincts afin de montrer la similitude des relations qui existent entre les variables ind pendamment du contexte structurel Badie et Hermet 1990 En effet en France et au Qu bec les structures politiques province au sein d un tat f d ral d un c t tat centralis de l autre conomiques conomie de march lib rale au Qu bec conomie mixte en France et cultu relles culture nord am ricaine culture europ enne apparaissent fortement contrast es Merrien 1994 Esping Andersen 1999 De plus la forme concr te du ch mage varie d un continent l autre en Am rique du Nord le risque de ch mage est lev mais sa dur e est courte alors qu en Europe le risque de ch mage est moindre mais sa dur e est longue CERC 2001 Si en d pit de ces diff rences les r sultats s av rent identiques la m thode compar e permettra de conclure que malgr la soci t de r f rence la situation de sans emploi conduit la construction de formes identitaires similaires ENCADR 1 Le profil g n ral des personnes rencontr es Selon le sexe Hommes Femmes France 14 12 Qu b
27. ques quotidiennes des sans emploi relat es dans les r cits nous a permis de r pertorier six types de d brouillardise et de non d brouillardise sociales le type isol assimil militant aspirant militant d brouillard et rebelle4 chacun de ces types correspondent des univers de croyances qui sont autant de mani res de rationaliser les situations individuelles M me si la conscience des limites de l autonomie et le sentiment d impuissance face aux situations individuelles sont tr s pr sents dans les r cits tous les discours mettent en valeur le je diff renci des autres Chaque entrevue cr e ainsi un univers de croyances sp cifique Il est n anmoins possible de rep rer des entrevues typiques auxquelles d autres r cits correspondent galement Au total on trouve d un c t les formes de non r sistance la forme de la d saffiliation sociale et la forme de l assimilation et de l autre deux formes de r sistance la forme de la r sistance la soci t et la forme de la r sistance l action publique Dans ces derni res les identit s attribu es sont rejet es par les personnes 4 Pour une pr sentation d taill e des types voir Dufour 2000 chapitre V 5 Les univers de croyances sont L ensemble des propositions associ es aux cat gories cl s des r cits et qui sont tenus pour vrai compte tenu des analyses logiques les plus l mentaires Celles ci doivent
28. raient que les personnes sans emploi se plient sans contestation aux r gles de la contre partie des programmes sociaux et qu ils acceptent de jouer le jeu du chercheur d emploi On peut imaginer qu terme de telles attitudes ont un impact sur le fonctionnement du syst me lui m me notamment travers le chan gement des repr sentations dominantes force de n gociations interindivi duelles Demazi re 1995 D autre part par agr gation de comportements les sacrifices li s aux choix n gatifs de rester sans emploi plut t que d tre travailleur exploit peuvent avoir un impact social global faisant autant entrave au principe du workfare ou des in work benefits qu au fonctionnement d une conomie bas salaire sans protection sociale En elles m mes ces r sistances n am nent pas d alternative directe mais elles permettent la remise en cause des repr sentations sociales dominantes du ch meur de l assist social et du travailleur Ces ph nom nes mergents n annoncent ni la fin du travail ni celle de l exclusion Cependant l id e que ceux qui sont consid r s comme atomis s et anomis s ceux qui sont d sign s des populations en grandes difficult s pr sentant de s v res contraintes l emploi ceux qu il faut tout prix ins rer et remettre au travail sont aussi des citoyens au sens plein du terme qui r sistent politiquement Ce fait l est peut tre une r alit prendre en
29. s r cits appara t le sentiment d tre des cas part diff rents des autres prestataires du RMI avec lesquels personne et notamment les institutions ne sait trop quoi faire On note la fois un processus d identification un groupe qui vit une situation semblable celui des jeunes dipl m s qui recherchent un emploi et un pro cessus de diff renciation des autres prestataires Les r cits o prime une logique de reconstruction sociale construisent eux un univers de croyances distinct L int riorisation du discours des agents concerne la n cessit de se reprendre en main en termes de fonction nement social et non d int gration professionnelle Les personnes tentent de r gler un probl me de d pendance drogue alcool m dicaments et apprennent se d brouiller seules Elles ont conscience d voluer au temps t dans un environnement ultra prot g tout en ayant le sentiment d avoir besoin de cet environnement pour se reconstruire Les r cits sont tr s ax s sur le pr sent et la relation avec les agents ou les personnes qui super visent les stages est primordiale elle peut aller jusqu au sentiment de d pen dance L univers de croyances se construit en rupture avec le pass et autour du sentiment de renaissance que cette rupture procure Dans certains r cits la r habilitation est individuelle mais galement sociale c est aussi aux veux des autres que je me r habilite a
30. vations sociales et politiques Il conna t aujourd hui une institutionnalisation de plus en plus raffin e dans les deux soci t s qui prennent des directions diff rentes Cependant les personnes sans emploi d veloppent elles des formes de non r sistance et de r sistance identiques en France et au Qu bec Le rapport l absence d emploi par les contraintes qu il pose appara t plus d terminant que la structure institutionnelle dans laquelle il s exprime Ainsi le travail r alis ne permet pas de qualifier la situation des personnes prestataires des plus difficiles au Qu bec parce que la stigmatisation attach e au fait d tre sur le BS est plus forte ni des plus faciles en France parce que les possibi lit s d insertion sociale sont plus largement ouvertes L invariance des formes de r cits montre l inverse que la marginalisation sociale et conomique induit des pratiques quotidiennes et des univers de croyances semblables NPS vol 15 n 1 192 Hors th me Par ailleurs par l affirmation verbale de leurs droits politiques et sociaux fondamentaux et par le refus de cautionner une conomie qui fonctionne gr ce la marchandisation des hommes les formes de r sistance l action publique et la soci t emp chent en partie l autoreproduction du syst me Certains comportements microsociologiques et micro conomiques qui nous ont t rapport s ne correspondent pas aux normes qui voud
31. violence conjugale avec son ex conjoint Depuis quelques mois elle a un nouveau logement et tente de passer autre chose Si du point de vue factuel ces deux r cits n ont aucun point commun ils partagent une repr sentation du temps des sans emploi L absence de projet professionnel se trouve li e de grandes difficult s se projeter dans l avenir Cette situation o le futur semble bouch ou incertain et le pr sent peu enviable est v cue de mani re tr s inqui tante Cependant ce manque de satisfaction par rapport la situation pr sente ne se traduit pas par une animosit particu li re l gard des institutions L absence de rep res identitaires accompagne le sentiment tr s fort de ne pas avoir de contr le sur sa vie et surtout de ne pas savoir comment obtenir ce contr le Il est int ressant de noter que Djemil suit une formation abandonn e deux ans auparavant Comme pour Marie H l ne qui termine un programme communautaire dans une cuisine collective cette mise en activit ne signifie pas pour autant le bout du tunnel mais plut t le fait de faire quelque chose ou de se lever le matin Il est galement important de souligner que la d saffiliation comme figure ne signifie pas forc ment l absence de relations sociales Djemil vit au sein de sa famille a des amis mais se sent seul avec ses probl mes Il me dira d ailleurs au cours de l entrevue que quand on est comme a
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