Thierry Goguel d`Allondans
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1. Devenir ce que nous sommes Voil un pari anthropologique qui nous met entre autres au d fi de nous d partir des effets de nos environnements Le 1 avril et ce n est pas un poisson j ai t mis un autre d fi pas tr s loign du premier par deux tudiants en master de l Universit de Strasbourg qui ambitionnent d tre possiblement demain Conseiller principal d ducation CPE Ils effectuent actuellement un stage aupr s d un Cpe dans un tablissement scolaire class en zone d ducation prioritaire le Coll ge Solignac dans une banlieue strasbourgeoise le Neuhof Il para trait que ce coll ge d tiendrait au niveau national le triste record pour ses l ves des familles les plus pauvres avec un taux de ch mage et un recours aux minimas sociaux lev s Elsa et Guillaume mes tudiants avaient organis durant toute la semaine des activit s ducatives centr es sur la diff rence notamment le handicap Les petits normopathes avaient ainsi jou une partie de basket avec une quipe d Handisport dont les joueurs sont en fauteuil roulants Les valides ont pris symboliquement une racl e ce qui semblerait avoir mis leurs pendules une heure certaine Le vendredi apr s midi avant un gros go ter pris en commun entre adultes et enfants des d bats furent organis s pour les coll giens de pe par groupes d une trentaine chaque fois durant 45 minutes Que2. Pour citer cet article GOGUEL D ALLONDANS T Quelques l ments anthropologiques pour une compr hension des adolescents du 21 me si cle Journal des socio anthropologues de l adolescence et de la jeunesse Revue en ligne Date de publication janvier 2012 http anthropoado com le journal des socio anthropologues de l adolescence et de la jeunesse textes en ligne Quelques l ments anthropologiques Pour une compr hension de l adolescent du 21 si cle Thierry Goguel d Allondans La vie secr te des cam l ons Il y a quelques ann es d j pour une recherche sur les sexualit s adolescentes j avais forg une m taphore pour l adolescence postmoderne celle du cam l on Je connaissais bien s r la magnifique m taphore du homard con ue en son temps par Fran oise Dolto Celle ci lui avait permis d insister sur la fragilit Dolto 1989 psychique cet ge de la vie L enfant crivait elle se d fait de sa carapace soudain troite pour en acqu rir une autre Entre les deux il est vuln rable agressif ou repli sur lui m me Je trouvais int ressant de la compl ter par une image qui insisterait elle sur la fragilit sociale ce stade du d veloppement Le cam l on est un petit mammif re reptilien qui a comme m canisme de d fense la capacit de se fondre dans le paysage L adolescent d aujourd hui a cette fabuleuse capacit celle d
3. M dans Blais M C Gauchet M Ottavi D Pour une philosophie politique de l ducation Paris Bayard 2002 Godelier M La production des Grands Hommes Paris Fayard 1982 Goguel d Allondans T Les sexualit s initiatiques La r volution sexuelle n a pas eu lieu Paris Belin Nouveaux Mondes 2005 Kadar I Avril bris Paris Fayard 1982 Mead M M urs et sexualit en Oc anie Paris Plon Terre Humaine 1963 6 Invit le 13 f vrier 2009 l mission Les 4 v rit s sur France 2 cette question est pos e au publicitaire Jacques S gu la L image ostentatoire du pr sident ce c t bling bling de Nicolas Sarkozy est elle une erreur de communication R ponse C est une erreur journalistique Comment peut on reprocher un pr sident d avoir une Rolex Enfin tout le monde a une Rolex Si cinquante ans on n a pas une Rolex on a quand m me rat sa vie 7 L anthropologue David Le Breton le d veloppe amplement dans l ensemble de son uvre 6 Rimbaud A Lettre Georges Izambard 13 mai 1871
4. atives de ses a n s L encore pour utiliser une m taphore il y a bien du mal tordre ce qui a t patiemment forg et bien plus remettre droit ce qui a t tordu Je connais la difficult des assistants familiaux qui accueillent de jeunes enfants qui ont t abus s sexuellement la caresse pourtant indispensable n est plus innocente presque 4 Arthur Rimbaud Lettre Georges Izambard 13 mai 1871 4 impossible D une certaine mani re l adolescence en occident se vit comme une remise en cause de l ducation re ue elle permet aussi au sujet en construction de percevoir ce qui tient et ce qui l che 4 Phomme s inscrit au niveau de son cercle restreint dans une g n alogie au niveau de son groupe largi dans une cosmogonie il est tributaire d un pass de racines qui le constituent pour le pire ou le meilleur un patrimoine un h ritage r els et ou symboliques Certains psychiatres ont fait remonter trois g n rations la gen se d une psychose Pour le pire encore on peut songer aux narrations blouissantes d Isma l Kadar 1982 sur les vengeances interg n rationnelles dans les hauts plateaux d Albanie Ou l int r t renouvel aujourd hui des sciences humaines pour les secrets de famille 5 Heureusement nos vies individuelles ne sont pas totalement conditionn es ni routini res et nous connaissons quelques impond rables Les v nements qu ils soien
5. c Donald en sirotant un Coca Cola Vancouver comme Vladivostok Zanzibar comme Vienne En apparence seulement car si quelques nantis r vent d un mod le unique en mati res d conomie de pr f rence un ultra capitalisme de politique de pr f rence calqu sur quelques d mocraties occidentales on imagine sans trop de difficult s les carts encore bien tangibles entre des enfants vivant Kandahar Syrte Gaza P kin T h ran Chicago Bombay Oslo ou Kinshasa Des carts qui s accentuent encore plus entre les villes et les campagnes entre les riches et les pauvres On peut concevoir tout aussi ais ment comment se tracent les voies et les destins et quel point il est pour un individu bien malais souvent p rilleux parfois extr mement dangereux de s carter du chemin de s extraire de sa condition premi re d aspirer tre autre 2 Voir ce sujet Cultures amp Soci t s Sciences de l Homme Vie plus longue mode d emploi dossier coordonn par Christian Heslon Paris T ra dre n 19 juillet 2011 3 La difficult est g n ralement plus accrue si cet individu est de sexe f minin 3 devenir soi Il y a quelques pr dispositions glaner d s demain richesse et pouvoir pour ce gar on n aujourd hui dans une famille de grands patrons d industrie Neuilly sur Seine Mais le m me n aurait il pas eu quelque l gitimit quelque fiert te
6. de para tre ce que suis ou mes difficult s d exister cf l mergence des maladies psychosomatiques Plus tonnant des enfants adopt s en grandissant ressemblent de plus en plus leurs parents adoptifs pourtant tr s diff rents physiquement parfois de leurs parents biologiques Aujourd hui l identit se manifeste aussi dans les interactions de genre On pense la premi re phrase du Deuxi me Sexe de Simone de Beauvoir 1949 On ne na t pas femme on le devient qui pourrait s tendre aujourd hui bien des devenir On souhaite tous les adolescents du 21 si cle la clairvoyance du jeune Arthur 1871 Maintenant je m encrapule le plus possible Pourquoi Je veux tre po te et je travaille me rendre voyant vous ne comprendrez pas du tout et je ne saurais presque vous expliquer Il s agit d arriver l inconnu par le d r glement de fous les sens Les souffrances sont normes mais il faut tre fort tre n po te et je me suis reconnu po te Ce n est pas du tout ma faute C est faux de dire Je pense On devrait dire On me pense Pardon du jeu de mots Je est un autre Tant pis pour le bois qui se trouve violon et nargue aux inconscients qui ergotent sur ce qu ils ignorent tout fait Bibliographie De Beauvoir S Le Deuxi me Sexe Paris Gallimard 1949 Dolto F Paroles pour adolescents ou le complexe du homard Paris Hatier 1989 Gauchet
7. e s adapter parfaitement au temps pr sent De fait il est et il fait le temps pr sent comme le souligne tr s justement Marcel Gauchet lorsqu il met l hypoth se que l adolescence est devenue le mod le soci tal dominant Gauchet 2002 L ado est le seul prescripteur possible de tendances et les publicitaires ne s y trompent pas L enfant n a pas encore cette capacit d adaptation ce pouvoir du cam l on il est trop d pendant de ses parents ou de ses ducateurs le plus fr quemment il s inqui te de leur absence de l inconnu Les adultes que nous sommes en principe ont perdu les facult s du cam l on ils sont parfois d passer par les nouveaut s Leurs responsabilit s les obligent g n ralement circonscrire leurs choix voire m me leurs curiosit s L adolescent est donc tel un super h ros en capacit d tre en phase avec le monde pr sent au point parfois de nourrir l illusion de pouvoir le fa onner son image Ce c t cam l on a des aspects forts positifs il aiguise chez le sujet son imagination sa cr ativit sa curiosit son app tit de connaissances mais rec le galement bien des dangers la plupart des conduites risque des jeunes peuvent tre lues comme des effets cam l on Pour exemple la vitesse lev e au rang de valeur cardinale dans nos soci t s hypermodernes est aussi en France la premi re cause de mortalit des 15 24 ans
8. ik lorsque l on est nomade ou lorsque l on est s dentaire forgeron ou p cheur lorsqu on vit dans un ch teau Hollywood ou dans une favela pr s de Rio 2 Ce qui me semble totalement abscons peut pour une autre culture que la mienne se r v ler fondamental vital simplement normal par exemple la polygamie chez certains peuples africains De nombreux ethnocentrismes occidentaux ont mis mal bien des peuples lorsque des forces coloniales ont voulu radiquer des pratiques qu ils jugeaient de leur point de vue inconvenantes On peut citer ici exemple de l homosexualit initiatique des baruyas tudi s par Maurice Godelier 1982 et les stratag mes utilis s surtout par les so schocked missionnaires anglicans pour supprimer purement et simplement tous ces rites Or tout le quotidien est fa onn par la culture et pour des esprits obtus tout donc peut tre malentendus d s la premi re salutation ou pire conflits ad vitam aeternam Les guerres les plus pouvantables se l gitiment souvent dans des discours qui articulent le politique et le religieux l ennemi pr figurant videmment l axe du Mal et son propre Dieu reconnaissant tout aussi videmment les siens c est dire les bons 3 L ducation est une premi re repr sentation du Monde puisque le petit Homme va imm diatement percevoir ce qui pour son groupe est bien ou mal ce qui rel ve de sa classe d ge et ce qui caract rise les pr rog
9. les mauvais sorts Tout est r uni pour baliser le chemin toute d viance devrait alors s expliquer Il y a et la sociologie les tudie l envi des d terminismes socioculturels Mais la marge de man uvre se situe dans les jeux l cart et le mouvement entre l individu et le collectif l identit personnelle et l identit sociale la tradition et la modernit D un point de vue plus psychologique l identit se construit dans l alchimie subtile l quilibre entre le Moi le a et le Surmoi Freud le nouage du R el de l Imaginaire et du Symbolique Lacan Nos soci t s du paradoxe nous somment tout la fois de nous fondre dans la masse pour la paix des m nages et d affirmer nos diff rences pour une plus value de reconnaissance Le Coming Out des jeunes homosexuels en est un exemple criant Les papiers d identit ne suffisent plus Des objets de 5 Et tout le courant de l interactionnisme symbolique va l explorer 5 classe viennent parfois comme la montre Rolex avant cinquante ans marquer une distinction presque comme une d coration Mais c est aujourd hui le corps qui vient signifier une identit fleur de peau Les marquages corporels des plus insignifiants aux plus extr mes viennent dire sans mots un peu de mes affiliations de ma singularit Parfois mon corps vient dire ma place mon insu dans les fa ons de se mouvoir comme dans celles
10. lques rares mamans avaient r pondu l invitation faite aux parents d y participer Mon challenge animer ces rencontres Occasion pour moi de rencontrer ces pr adolescents c est dire des gar ons et des filles qui ont quitt les balbutiements de la petite enfance mais qui ne sont pas encore pris dans les rets de la pubert Bref une classe d ge avec ses codes et ses rituels sp cifiques Parmi les petits outils pr par s par mes soins pour faciliter des changes j avais le questionnaire d une enqu te r alis e r cemment aupr s de coll giens par des coll gues belges Le protocole comprenait 35 questions ferm es on y r pond que par l affirmative ou la n gative toutes construites sur le mod le Pourrais tu tre ami avec En Belgique les enfants ont r pondu par crit et anonymement Pour ma part il ne s agissait pas a priori de v rifier une hypoth se mais simplement d avoir un support des d bats C est la raison pour laquelle j ai pos les questions oralement l ensemble de l assistance Le r sultat tonnant me taraude encore aujourd hui Tous les groupes sans exception ont r pondu Oui 33 items Affirmations souvent assorties de bien s r M sieur bin c est s r M sieur regardez autour de vous M sieur c est clair Histoire de me dire que pour eux ces questions ne se posaient m me pas Ainsi estimaient ils si
11. mple et naturel d tre ami avec quelqu un d une autre couleur de peau quelqu un d une autre religion me signalant d ailleurs que c tait les r alit s de leur groupe classe une personne handicap e on peut supposer qu il y avait aussi l un effet b n fique de la semaine pass e sur cette th matique avec des intervenants parfois eux m mes handicap s etc Mais de mani re toute aussi unanime ces jeunes ont r pondu imm diatement non deux questions juste ces deux l Il me faut ajouter que les questions n ont pas suscit plus que les autres de r flexion pr alable Par contre les r ponses taient bien moins banalis es et bien plut t empreintes d une violence mal contenue a va pas la t te M sieur putain non Les deux amis impossibles sont donc l homosexuel et le juif En passant le juif n est pas identifi une religion il est juste l ennemi d sign Voil comment ces coll giens peut tre un peu plus les gar ons que les filles la parole des premiers crasant parfois le silence des secondes sont lev s dans une conception imb cile c est dire tymologiquement b cl e de la virilit et du genre dans des haines aussi tenaces qu irrationnelles d une alt rit m connue Combien faudra t il de g n rations pour 1 Expression du psychiatre et psychanalyste Jean Oury apaiser de telles ten
12. nir toute l conomie parall le de son quartier populaire s il tait n dans une famille originaire de Colombie et affili au cartel de Medellin Peut tre m me que ses parents colombiens auraient t plus aimants plus pr sents plus attentionn s voire m me plus catholiques que de riches parents Neuill ens Nous sommes construits et nous passons parfois une vie enti re nous d construire Rimbaud 17 ans l avait d j compris lorsqu il crit avec une rare clairvoyance son professeur Georges Izambard C est faux de dire Je pense On devrait dire On me pense Nous sommes conditionn s au moins par six mouvements car il ne s agit pas de r alit s statiques mais de processus qui avancent inexorablement les environnements les cultures les ducations les histoires les v nements les rencontres Tr s rapidement quelques exemples sur ces six asp rit s 1 Margaret Mead 1963 lors de son ethnographie en Oc anie d couvre que les environnements y compris g ographiques et conomiques colorent les id aux sociaux Leurs conditions r elles d existence qu elle tudie avec rigueur expliquent ainsi les id aux sociaux guerriers pour les mundugumors de solidarit pour les arapeshs ambigus sur les rapports de genre pour les chambulis On ne se construit pas socialement de la m me mani re lorsqu on est bushman dans le d sert du Kalahari que lorsqu on est inuit au Nunav
13. sions arriver un vivre ensemble avec tous et non 33 sur 35 Il en aura fallu au moins deux pour cicatriser en Alsace zone fronti re les plaies profondes laiss es par la deuxi me guerre mondiale rendre possibles des amiti s et des changes franco allemands alors qu il suffit au propre comme au figur de franchir un pont entre deux rives Le corps est affect comme par exemple dans son incapacit de se mettre en mouvement autant que l esprit par ces marques faites par les ducations les morales les politiques et les cultures l un et l autre suintent des motions habilement ou implicitement parfaitement distill es Il faut alors d autres rencontres d autres mod les vivre expression de Fran oise Dolto pour d signer les ducateurs entendus au sens large des parents aux professionnels d autres figures y comprise celle du juif homosexuel pour bousculer l tabli cr er le n cessaire d sordre pr alable au d blaiement Ce d blayage permet alors d entrevoir des horizons cach s jusque l et d s lors des chemins engageants et des libert s possibles c t des autres mondes il y a aussi les autres natures de l Homme Il y aurait quelque int r t revisiter et s int resser aux classes d ge leurs bornes et leurs limites leurs effacements parfois L adolescence a sans aucun doute largement contribu par l envahissement du champ aux bro
14. t individuels grandes joies grandes peines ou collectifs on peut penser ici aux actuelles r volutions dans le monde arabe nous colorent singuli rement Les voyages l apprentissage des langues par exemple peuvent faire v nement que l on songe l engagement dans une exp dition humanitaire et nous ouvrir des horizons nous d loger de quelque certitude acquise nous permettre de penser autrement de redonner sens des valeurs de s rier nos priorit s 6 De m me des rencontres essentielles jalonnent une existence humaine les ma tres les amis les amants Les adolescents en grande difficult qui m interpellent et que j accompagne depuis de nombreuses ann es me l ont prouv c est une vraie rencontre qu elle qu en soit la forme qui interrompt la spirale infernale rien d autres Le vivre ensemble se nourrit aussi d une position anthropologique l change des femmes Il ne s agit videmment pas d une apologie du prox n tisme mais de la capacit rencontrer l autre jusque dans l alliance et qu ainsi soient possibles les amours entre une isra lienne et un palestinien un protestant et une catholique une chinoise et un tib tain Ici ou l des f es se penchent sur le berceau et attribuent des dons ailleurs des anc tres des esprits jettent de bons augures sur le nouveau n d autres rites dans d autres contr es encore permettent d viter de contrer
15. uillages pour ne pas dire aux brouillards des tapes de l existence humaine Il y a quelques ann es dans le cadre d enqu tes sur les conduites risque des jeunes et un moment donn plus pr cis ment sur les tentatives de suicide l adolescence j avais rencontr un beau jeune homme tr s intelligent hospitalis la suite d une ingestion massive de m dicaments Ce gar on m avait surpris par une forme inhabituelle de d sesp rance qui se traduisait par un inint r t total pour toutes choses m me celles les plus usit es par sa classe d ge Je l avais un peu pouss dans ses retranchements en l invitant me dire ce qu il souhaiterait le plus ardemment Il avait fini par formuler une demande moins que ce ne soit oser un d sir Trouvez moi un adulte qui me donne un peu envie d en devenir un Qui suis je sinon des milliers d autres l heure d une mondialisation galopante effrayante m me pour bon nombre la question des identit s reste extr mement sensible au c ur pourrait on dire du vivre ensemble comme un point nodal de ce qui fonderait somme toute notre Humanit En apparence cette fr n sie consum riste du global et du mondial rode les diff rences clone les sujets d un bout l autre de notre plan te m mes modes m mes musiques m mes films m mes technologies m mes habits m mes nourritures Lady Gaga en boucle dans quelque M
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