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L`économie sociale au Québec et au Canada

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1. ENCADR 2 L conomie sociale au Qu bec en 2005 Composantes Nombre d organisations Nombre d employ s Mutuelles 39 4 875 Coop ratives 2 795 82 586 Associations marchandes 3 941 45 080 Associations non marchandes 8 000 35 000 TOTAL 14 775 167 541 Sources Minist re du d veloppement conomique innovation et exportation MDEIE 2007 9 et 16 Vaillancourt et al 2004 L vesque 2007 47 48 Jett 2008 2 et para tre en 2009 Chantier de l conomie sociale 2003 6 D Amours 2006 20 Voir aussi Favreau 2008 85 8 T faut mentionner aussi la participation du Fonds de solidarit de la FTQ depuis 1993 la capitalisation des 86 SOLIDES Soci t s locales d investissement et de d veloppement de l emploi des fonds r gionaux de d veloppement auxquels contribuent divers paliers de pouvoirs publics dont le gouvernement du Qu bec Sur les divers fonds de capital de risque et le r le des SOLIDES en particulier voir aussi Favreau 2008 48 50 Mendell et Rouzier 2006 Bourque et al 2007 At the beginning of 2003 RISQ represented a 10 3 million venture capital fund devoted strictly to social economy organizations of which 60 comes from the Quebec government RISQ has invested more than 8 3 million at the end of June 2005 7 4 million in capitalization and 930 486 in technical assistance Mendell et Rouzier 2006 3 ENCADR 3 La Fiducie du Chantier de l
2. conomie sociale non marchande Il est alors possible de faire le constat que du c t de ces associations il y a plusieurs r seaux sectoriels et r gionaux qui regroupent diverses sous composantes sp cifiques Au Qu bec donc les acteurs de l conomie sociale disposent d une diversit de regroupements nationaux sectoriels r gionaux et parfois locaux pour se r seauter se reconna tre se faire reconna tre se faire entendre dans le d bat public faire des repr sentations aupr s des pouvoirs publics et leurs alli s dans la soci t civile et n gocier avec eux Cette diversit de dispositifs implique l occasion des tensions voire des conflits l int rieur m me de la grande famille de l conomie sociale au Qu bec Mais elle peut aussi tre vue comme un signe de dynamisme et un indicateur de croissance 3 6 2 Le r seautage avec le Canada anglais Au cours des dix derni res ann es le r seautage entre les acteurs qu b cois de l conomie sociale et le reste du Canada s est tiss de diverses mani res et gr ce la contribution de divers acteurs Nous faisons r f rence aux contacts entre acteurs qu b cois et canadiens de composantes de l conomie sociale et aux contacts entre les acteurs des mouvements sociaux des milieux de la recherche et des repr sentants de partis politiques f d raux notamment avec le PLC de l poque de Paul Martin 2004 2006 Sur le plan du r seautage l ann
3. partir de probl matiques et de questions de recherche sp cifiques en arrivent construire des d finitions distinctes L vesque et Mendell 1999 L important est que les d finitions apport es par les chercheurs soient claires justifi es et rigoureuses 25 de constituer un tableau d ensemble qui respecte les param tres de notre d finition large et inclusive C est ce qui nous a amen inclure les 8000 associations qui font partie de l conomie sociale non marchande et n utilisent pas de main d uvre salari e Toutefois la d finition large et inclusive de l conomie sociale est loin d tre partag e par tout le monde Dans les milieux gouvernementaux dans la soci t civile dans les mouvements sociaux dans les organisations de l conomie sociale et les milieux de la recherche plusieurs s y opposent mais souvent sans s expliquer Le gouvernement du Qu bec lui m me qui avait pourtant souscrit la d finition large et inclusive au Sommet d octobre 1996 a vite pris ses distances avec elle dans sa mani re de faire le suivi des dossiers touchant l conomie sociale dans l appareil gouvernemental Comme l a bien expliqu Martine D Amours 1999 et 2002 le gouvernement du Qu bec a fragment l institutionnalisation de l conomie sociale Il administre s par ment ses politiques et ses programmes sur les coop ratives dans le minist re du D veloppement conomique de l Innovation e
4. conomique d organismes et entreprises non marchandes ne joue pas seulement dans le cas des organismes communautaires Elle est de mise aussi dans le cas des tablissements publics comme les h pitaux les centres locaux d emploi les centres jeunesse etc qui font partie de l conomie publique tout en devant se financer partir des subventions publiques En quoi un Centre d h bergement et de soins de longue dur e CHSLD qui aurait le statut d tablissement priv but lucratif devrait tre consid r comme plus conomique qu un CHSLD qui aurait le statut d tablissement public videmment lorsqu on dit qu un CHSLD joue un r le conomique sur un territoire local on n est pas en train de le r duire cette seule dimension conomique Il en est de m me lorsqu on dit qu un organisme communautaire appartient objectivement l conomie sociale Dans une perspective d conomie substantive dans laquelle l encastrement embeddedness de l conomique dans le social est reconnu l entrepreneuriat des leaders se manifeste non seulement dans l utilisation de ressources marchandes comme la vente de produits et de services sur le march mais aussi dans les initiatives qui mettent contribution d autres types de ressources comme les ressources non marchandes les subventions et des ressources non financi res comme le don inh rent au travail b n vole Laville et al 2005 9 12 Apr s tout l
5. r former mais remplacer le syst me capitaliste Autrement dit en conformit avec la tradition socialiste marxiste le concept de transformation du capitalisme chez Loxley semble viser non pas un capitalisme autre mais autre chose que le capitalisme La distinction faite par Loxley entre les deux approches de l conomie sociale rel ve de la litt rature canadienne anglaise Mais si je m y int resse c est parce qu elle illustre une fa on de voir qui est pr sente non seulement au Canada anglais aussi dans les d bats qu b cois et m me internationaux sur l conomie sociale Toutefois elle ne repr sente pas la vision th orique et politique dominante l int rieur de la grande famille de l conomie sociale au Qu bec Dans la tradition qu b coise de l conomie sociale des 15 derni res ann es un nombre significatif de leaders de praticiens et de chercheurs ont travaill ensemble diverses reprises pour conceptualiser d une fa on originale leur fa on de pratiquer et de voir les rapports entre l conomie sociale et la transformation de la soci t Ces d marches th oriques men es entre autres partir du CRISES depuis la fin des ann es 1980 ont permis de d velopper ce qu on Je dis semble viser pour bien sugg rer que mon interpr tation de la pens e de Loxley n est pas tranch e et que sur le point cibl cette pens e semble en transition Dans Vaillancourt 2008b pre
6. En wen tenant quelques l ments essentiels je rappelle que e la troisi me configuration dominante dans laquelle s inscrit l conomie sociale de 1930 1960 se caract rise par la valorisation d un corporatisme social fond sur la doctrine sociale de l glise catholique et sur un nationalisme traditionnel jouxt un anti tatisme virulent Au passage disons que la question nationale constitue au fil des d cennies une dimension centrale qui perdure dans diverses configurations de l conomie sociale au Qu bec L conomie sociale est vue comme un levier pour favoriser l panouissement socio conomique et socioculturel de la nation qu b coise Mais avant 1960 le nationalisme dominant est traditionnel et m fiant face l tat Il se m fie non seulement de l tat f d ral en raison de sa position contre la centralisation mais aussi de l tat provincial qu b cois en raison de sa position anti tatiste Certes l anti tatisme visc ral constituait la faiblesse majeure du projet corporatiste et nationaliste traditionnel 51 Paradoxalement cette faiblesse pouvait impliquer un envers positif en laissant de la place la participation des acteurs de la soci t civile et du march dans le d veloppement e la quatri me configuration dominante merge au cours des ann es 1960 1990 Elle se caract rise par l affirmation d un nationalisme conomique moderne qui demeure critique face aux
7. conomie et l emploi Jett L vesque et Vaillancourt 2001 Vaillancourt et Tremblay 2002 Kearney 2004 Vaillancourt et al 2004 Vaillancourt 2006 Cette d finition a t r affirm e dans le rapport final du Comit directeur du projet de coop ration franco qu b cois en conomie sociale et solidaire 2002 Elle est large et inclusive dans la mesure o elle fait de la place non seulement aux mutuelles aux coop ratives et aux associations qui ont des activit s marchandes en vendant ou en tarifant les biens ou services produits mais aussi c est l que le b t blesse souvent des associations qui offrent gratuitement les biens et services produits et dont le financement est assur par des dons et des subventions Ces associations sont souvent appel es organismes communautaires au Qu bec Comme nous l avons mentionn plus haut voir la partie 1 5 et l encadr 2 il n est pas facile de comptabiliser le nombre d associations qualifi es de non marchandes tout en retenant seulement celles qui ont recours une main d uvre salari e N anmoins il nous est apparu n cessaire quitte devoir faire certaines estimations ayant trait aux associations non marchandes 38 L absence de consensus sur la d finition de l conomie sociale peut surprendre et d cevoir dans certains milieux Mais cette situation est normale jusqu un certain point En recherche il est normal par exemple que les chercheurs
8. 1 Au Qu bec comme dans le reste du Canada les quipes de recherche universitaires engag es dans la recherche sur l conomie sociale sont multidisciplinaires La participation des disciplines scientifiques est cependant in gale Paradoxalement on trouve une faible 2 3 3 6 42 participation de chercheurs appartenant des d partements conomie et de science politique Par contre on note une forte pr sence de chercheurs provenant des d partements de sociologie de travail social de g ographie de sciences administratives et d tudes urbaines L vesque 2005 7 Un grand nombre de chercheurs engag s dans des recherches sur l conomie sociale au Qu bec ont fait le choix de faire des recherches en partenariat de fa on plus ou moins serr e et sym trique avec des acteurs socio conomiques et parfois sociopolitiques engag s sur le terrain dans le d veloppement et le soutien des pratiques de l conomie sociale La tradition de la recherche action faisant appel des coop rations troites entre chercheurs gestionnaires et praticiens existait d j dans des lieux comme le CIRIEC Canada le Centre de gestion des coop ratives de HEC et l Institut de recherche et d ducation pour les coop ratives et les mutuelles de l Universit de Sherbrooke IRECUS au cours des ann es 1970 et 1980 Cette tradition a continu d tre valoris e et mise en application dans des lieux comme le CRISES le LARE
9. GROUPE DE TRAVAIL SUR L CONOMIE SOCIALE GT S 1996 Osons la solidarit Rapport du GTES pr sent au Sommet sur l Economie et l Emploi octobre 1996 GUAY Lorraine sous la direction de 1997 Du n olib ralisme l conomie solidaire Le combat des femmes Actes du deuxi me s minaire international sur l conomie solidaire tenu Montr al les 10 11 et 12 juin 1996 Montr al juin 1997 116 p HALL Michael H et al 2004 Cornerstones of Community Highlights of the National Survey of Nonprofit and Voluntary Organizations Ottawa Statistics Canada Canadian Centre for Philanthropy and seven partners No 61 533 XPE 82 p JETT Christian 2008 Les organismes communautaires et la transformation de l tat providence Trois d cennies de coconstruction des politiques publiques dans le domaine de la sant et des services sociaux Qu bec Presses de l Universit du Qu bec 442 p JETT Christian 2009 Le d veloppement des organismes communautaires Annuaire du Qu bec 2009 Montr al Fides para tre JETT Christian L VESQUE Beno t MAGER Lucie et Yves VAILLANCOURT 2000 conomie sociale et transformation de l tat providence dans le domaine de la sant et du bien tre Une recension des crits 1990 2000 Qu bec Presses de l Universit du Qu bec 202 p JETT Christian L VESQUE Beno t et Yves VAILLANCOURT 2001 The Social Economy and the Future of Health a
10. L VESQUE Beno t 2007 Un si cle et demi d conomie sociale au Qu bec plusieurs configurations en pr sence 1850 2007 copublication CRISES ENAP ARUC ES Montr al 80 p www crises uqgam ca L VESQUE Beno t 2008a Aper u des relations internationales de l conomie sociale au Qu bec sur plus d un si cle et demi 1840 2008 texte soumis au printemps 2008 Globe revue internationale d tudes qu b coises 18 p L VESQUE Beno t 2008b Le CIRIEC Canada 1966 2006 Quarante ans de partenariat en recherche sur les entreprises publiques et d conomie sociale version pr liminaire Montr al UQAM CRISES ao t 2008 119 p L VESQUE Beno t et Margie MENDELL 1999 l ments th oriques et empiriques pour le d bat et la recherche Lien social et Politiques no 41 105 118 L VESQUE Beno t MALO Marie Claire et Jean Pierre GIRARD 1999 L ancienne et la nouvelle conomie sociale in DEFOURNY Jacques DEVELTE RE Patrick et B n dicte FONTENEAU sous la direction de 1999 L conomie sociale au Nord et au Sud Paris Bruxelles De Boeck Universit 159 178 L VESQUE Beno t et William A NINACS 2000 The Social Economy in Canada The Quebec Experience in SHRAGGE Eric and Jean Marc FONTAN sous la direction de 2000 Social Economy International Debates and Perspectives Montr al Black Rose Books 130 158 L VESQUE Beno t BOURQUE Gilles L et ric FORGUES
11. coconstruites avec la participation des acteurs du march et de la soci t civile et s appuyaient sur des innovations sociales et conomiques 36 ayant merg dans les ann es ant rieures L vesque 2007 2008 Favreau 2008 Mendell et Rouzier 2006 Comeau ef al 2001 Vaillancourt et Tremblay 2002 Vaillancourt 2003 2008b Nous pensons ici aux politiques publiques qui ont permis en une dizaine d ann es de d velopper e un programme semi public d assurance m dicaments lanc en 1997 e des centaines de nouveaux Centres de la petite enfance CPE cr s au cours des ann es 1997 2007 pour permettre au r seau des CPE d accueillir 200 000 enfants de moins de six ans e une centaine d entreprises d conomie sociale en aide domestique dans le domaine des services domicile e un r seau de 111 Centres locaux de d veloppement CLD dont la forme de gouvernance en mati re de d veloppement local s inspirait de la formule novatrice des CDEC et des CDC en regroupant dans un m me conseil d administration des leaders d organismes communautaires aux c t s d lus municipaux e des centaines de coop ratives et d OSBL d habitation capables d offrir 20 000 nouvelles unit s de logement des personnes socialement vuln rables e une politique de d veloppement de la main d uvre qui valorise sur les plans national qu b cois et r gional la participation des partenaires du march du trav
12. conomie sociale CAPITALISATION DE D PART 52 8 millions e Gouvernement f d ral 22 8 millions e Gouvernement du Qu bec 10 millions e Fonds de solidarit FTQ 12 millions Fondaction CSN 8 millions MODE DE GOUVERNANCE un conseil d administration de neuf membres 4 membres nomm s par le Chantier de l conomie sociale 1 membre nomm par le Conseil qu b cois de la coop ration et de la mutualit 1 membre nomm par le gouvernement f d ral 1 membre nomm par le gouvernement du Qu bec 1 membre nomm par le Fonds de solidarit du Qu bec 1 membre nomm par Fondaction de la CSN Source C S 2006b K L vesque 2006 et Fiducie du Chantier de l conomie sociale 2007 Enfin la fin de la cinqui me p riode de 2003 2008 certains changements ont affect la reconnaissance de l conomie sociale et l appui fourni par les gouvernements L arriv e du gouvernement de Jean Charest Qu bec en 2003 puis celles Ottawa du gouvernement de Paul Martin en d cembre 2003 et du gouvernement de Stephen Harper en janvier 2006 ont toutes eu des cons quences sur l conomie sociale qu b coise et son volution voir la partie 3 4 2 Les liens entre l conomie sociale et la social d mocratie contraste entre l h ritage qu b cois et l h ritage canadien Comme ce texte est le seul qui porte sur le Qu bec dans un ouvrage consacr l conomi
13. e L vis en 1900 par Alphonse Desjardins lui m me membre de la SC SM Mais le Mouvement des caisses populaires commencera essaimer partir des ann es 1910 avec l appui explicite de l glise catholique En 1920 sur les 160 caisses 140 d entre elles avaient un pr tre comme dirigeant et 116 comme pr sident de la caisse dit Beno t L vesque 2008 5 en s appuyant sur un texte de Pierre Poulin Ainsi l conomie sociale qui merge dans cette configuration dominante mise sur le patronage des autorit s sociales L vesque 2008a 3 13 Les ann es 1930 1960 l conomie sociale inscrite dans le projet corporatiste La configuration dominante de cette p riode se situe dans le prolongement de la pr c dente Pour r pondre aux probl mes de la crise conomique et freiner la contagion des id es et des mouvements anticapitalistes qui proviennent du reste du Canada notamment des provinces de l Ouest les lites traditionnelles regroup es dans un premier temps en mars 1933 autour des J suites de l cole sociale populaire SP lancent un programme de restauration sociale ESP 1934 En fait le programme de restauration sociale est labor en deux tapes La premi re renvoie une journ e d tude qui a lieu le 9 mars 1933 et donne naissance au programme no 1 de l SP Lors de cette journ e l accent est mis sur les dimensions doctrinales et morales et les personnes ressources
14. ils entretenaient avec les acteurs du CED au Qu bec et avec le Chantier de l conomie sociale L arriv e du gouvernement conservateur de Harper demeure un coup dur pour l conomie sociale N anmoins certains changements g n r s par la politique de Martin pourraient conserver des effets positifs dans la soci t civile Dor navant au Canada comme au Qu bec un nombre croissant de personnes actives dans les coop ratives les associations et les mutuelles de m me que leurs alli s dans les mouvements sociaux et les universit s se reconnaissent dans le label de l conomie sociale Cela cr e de meilleures conditions pour la sensibilisation aupr s d autres d cideurs et partis politiques non seulement sur la sc ne f d rale mais aussi sur les sc nes provinciales territoriales et municipales Sur la sc ne f d rale par exemple les promoteurs de l conomie sociale ne devraient pas attendre au lendemain d une lection pour sensibiliser des personnes influentes dans le PLC le NPD et le Bloc qu b cois l apport possible de l conomie sociale au renouvellement des politiques publiques 3 6 3 Le r seautage international Depuis plusieurs d cennies les acteurs qu b cois de l conomie sociale se sont engag s dans le r seautage avec des partenaires dans d autres pays du Nord et du Sud Au cours des 15 derni res ann es ce r seautage n a fait que s intensifier Il en r sulte que les Qu b cois
15. rer attrayante dans le nouveau mill naire doit se d douaner d un certain nombre de limites qui sont apparues lorsqu elle a t au pouvoir au Nord comme au Sud ces 25 derni res ann es Autrement dit elle a besoin de se renouveler D o l importance de prendre en compte le d bat sur la refondation de la social d mocratie qui a surgi en France depuis les lections pr sidentielles du printemps 2007 Plus pr s de nous au Qu bec et au Canada le travail de refondation de la social d mocratie s impose aussi Il implique entre autres un retour critique sur les travers historiques de la tradition CCF NPD telle qu elle s est exprim e dans les partis politiques et les mouvements sociaux au Canada et au Qu bec Ces travers renvoient principalement la centralisation l int r t g n ral sur le plan conomique et social rel ve d Ottawa et de l tat f d ral et l fatisation les bonnes politiques publiques sont construites uniquement par l tat et ses experts Autrement dit si le poids du projet corporatiste a constitu un facteur qui a frein historiquement la p n tration des id es du CCF au cours de la p riode 3 cela ne veut pas dire que Cette r ticence actuelle de la gauche s identifier la social d mocratie m a frapp lors de la lecture de Douze contributions pour un renouvellement de la gauche au Qu bec publi es r cemment dans L avenir est gauche dirig par Pierre Moute
16. ressaient qu l conomie sociale marchande 26 organismes communautaires sont d abord des r alit s politiques sociales et culturelles Dans la culture organisationnelle du mouvement communautaire notamment dans les g n rations issues des ann es 1970 et 1980 le mot conomie fait parfois probl me parce qu il est associ symboliquement une forme de coop ration avec l conomie de march et le capitalisme Le fait de s identifier l conomie qu elle soit sociale ou pas est vu comme un refus de la rupture avec le capitalisme Comme le mentionne Nancy Neamtan Some community organizations felt that redefining themselves as economic actors was equivalent to selling their souls 2004 30 Il y a aussi certains chercheurs qui excluent de l conomie sociale les associations non marchandes Plusieurs le font sans s expliquer D autres s expliquent C est le cas de Louis Favreau 2008 Je ne suis pas d accord avec lui sur ce point N anmoins j appr cie qu il prenne la peine de communiquer son argumentaire ce qui permet d en d battre Comment r sumer l argument de Favreau Au d part Favreau se penche sur les entreprises collectives qui appartiennent au domaine de la coop ration et de l conomie sociale Ce faisant il annonce qu il s int resse particuli rement la famille coop rative qui cohabite avec deux autres familles celle des mutuelles et celle des associations En parl
17. 2001 La nouvelle sociologie conomique Originalit et tendances nouvelles Paris Descl e de Brouwer 268 p L VESQUE Beno t et Margie MENDELL 2005 The Social Economy Diverse Approaches and Practices Journal of Rural Cooperation vol 33 no 1 22 45 L VESQUE Georges Henri 1983 Souvenances 1 Entretiens avec Simon Jutras Montr al La Presse 373 p L VESQUE Kathleen 2006 Pr s de 53 millions pour d velopper l conomie sociale Le Devoir 23 novembre LOXLEY John 2007 Transforming or Reforming capitalism Halifax Fernwood Publishing 160 p LOXLEY John et Dan SIMPSON 2007 Government Policies toward Community Economic Development CED and the Social Economy in Quebec and Manitoba a Report prepared for the Canadian CED Network April 2007 Amended October 2007 48 p MENDELL Marguerite et Ralph ROUZIER 2006 Some initiatives that enabled the institutionalization of Quebec s social economy civil society s crucial role and the 58 State s essential role June 22 2004 version updated December 6 Montreal Concordia University 13 p MINIST RE DU D VELOPPEMENT CONOMIQUE INNOVATION ET EXPORTATION MDEIE 2007 Coop ratives du Qu bec Donn es statistiques dition 2007 Qu bec MDEE 58 p MOUTERDE Pierre sous la direction de 2008 L avenir est gauche Douze contributions pour un renouvellement de la gauche au Qu bec Montr al Ecosoci t 176 p NADEAU
18. 2008 marquent le d but d une nouvelle p riode Quelles ont t les politiques de ces divers gouvernements f d raux au sujet de la reconnaissance de l conomie sociale D 2 3 Pendant les 10 ann es des gouvernements majoritaires du PLC dirig s par Jean Chr tien de 1993 2003 le concept d conomie sociale n tait pas utilis dans le discours et les politiques publiques Cela ne veut pas dire qu il n y avait pas en continuit avec des initiatives prises sous les gouvernements ant rieurs des politiques et des mesures pour reconna tre certaines composantes sp cifiques de l conomie sociale notamment les coop ratives et les associations anciennes et nouvelles comme les organismes de charit et le d veloppement conomique communautaire DEC En 1999 le gouvernement de Chr tien a lanc le Voluntary Sector Initiatives VSD Il y consacre un budget de 94 millions de dollars pour une p riode de cinq ans 1999 2004 Le VSI visait la reconnaissance de la composante associative de l conomie sociale notamment le volet non marchand des associations Mais sur le plan du discours du VSI le lien avec l conomie sociale n tait pas fait comme c est souvent le cas dans la US Legacy du tiers secteur ou du Non Profit Sector Evers et Laville 2004 Vaillancourt 2006 Pendant les 26 mois des deux gouvernements de Martin l conomie sociale occupe une place importante dans le discours of
19. CCQ 10 septembre 18 p CONSEIL QU B COIS DE LA COOP RATION ET DE LA MUTUALIT CQCM 2007 Rapport d activit s 2006 La coop ration des valeurs transmettre Qu bec CQCM 30 p CONSEIL DU STATUT DE LA FEMME CSF 1996 L conomie sociale et les femmes garder l il ouvert Qu bec CSF 37 p CONSEIL DU STATUT DE LA FEMME CSF sous la direction de 1996 conomie sociale une tour de Babel Gazette des femmes vol 19 no 4 nov d c 1997 dossier de 22 pages sur l conomie sociale CORBEIL Christine DESCARRIES Francine et Elsa GALERAND sous la direction de 2002 Actes du colloque L conomie sociale du point de vue des femmes Montr al UQAM Cahiers du LAREPPS no 02 02 138 p D AMOURS Martine 1999 Proc s d institutionnalisation de l conomie sociale au Qu bec Montr al UQAM Cahiers du LAREPPS no 99 05 45 p D AMOURS Martine 2002 conomie sociale et d veloppement de l emploi au Qu bec des risques d une d rive conomiciste Revue de l Universit de Moncton Vol 33 nos 1 2 71 100 55 D AMOURS Martine 2006 L conomie sociale au Qu bec Cadre th orique histoire r alit s et d fis Montr al Editions Saint Martin 150 p DANIEL Jean 2008 Lib ral disent ils Le Nouvel observateur no 2273 du 29 mai au 4 juin 20 21 DEFOURNY Jacques et Luis MONZON CAMPOS sous la direction de 1992 conomie sociale Entre conom
20. EE lost tels sens to A soso ccdosesst006 5000000600 R f rences smilinanninitann num tinnntnntnbiduduannidininimnatinun53 Introduction Je me souviens qu la fin des ann es 1990 Nancy Neamtan dans ses interventions publiques aimait dire que un peu la mani re de Monsieur Jourdain qui faisait de la prose sans le savoir elle avait pendant longtemps fait de l conomie sociale sans le savoir En parlant ainsi cette leader bien connue de l conomie sociale exprimait une opinion partag e par plusieurs M me si de facto l conomie sociale existe au Qu bec depuis plus d un si cle et demi cela fait moins de 20 ans qu on y fait r f rence explicitement dans les d bats publics Comme nous l avons document dans une recension des crits Jett et al 2000 c est partir de 1995 que le concept d conomie sociale a commenc tre utilis par un nombre significatif de praticiens de d cideurs et de chercheurs Jusqu ce moment l l expression tait rarement utilis e Les Qu b cois faisaient de l conomie sociale mais sans le savoir Dans le pass j ai souvent crit des textes sur l conomie sociale Mais gr ce ce texte c est la premi re fois que j ai l occasion de r diger un chapitre sur l conomie sociale au Qu bec qui para tra en anglais dans un livre sur l conomie sociale au Canada destin un lectorat principalement anglophone Cet l ment de contexte
21. Michel 2008 La nouvelle pr sidence veut redonner le pouvoir aux caisses Forces no 154 30 34 NEAMTAN Nancy 2003 Social and Solidarity Economy in North America The Quebec Experience conomie et Solidarit s edition sp ciale 2003 184 189 NEAMTAN Nancy 2004 The Political Imperative Civil Society amp the Politics of Empowerment Making Waves vol 15 no 1 26 30 PELLETIER Michel et Yves VAILLANCOURT 1975 Les politiques sociales et les travailleurs Cahier Il Les ann es 30 Montr al 424 p PETITCLERC Martin 2007 Nous prot geons l infortune Les origines populaires de l conomie sociale au Qu bec Montr al VLB PIOTTE Jean Marc 1998 Du combat au partenariat Interventions critiques sur le syndicalisme qu b cois Montr al Nota Bene 273 p PIOTTE Jean Marc 2008 Un certain espoir Montr al ditions Logiques 184 p PROULX Jean BOURQUE Denis et S bastien SAVARD 2007 The Government Third Sector Interface in Qu bec Voluntas International Journal of Voluntary and Nonprofit Organizations Vol 18 no 3 septembre 293 307 SALAM FALL Abdou FAVREAU Louis et G rald LAROSE sous la direction de 2004 Le Sud et le Nord dans la mondialisation Quelles alternatives Le renouvellement des mod les de d veloppement Qu bec PUQ et Karthala 385 p SCOTT Frank R 1986 A New Endeavour Selected Political Essays Letters and Addresses Toronto Unive
22. ann es 1930 est indissociable de celle d un collectif d intellectuels progressistes qui s appelait League for Social Reconstruction LSR et dont les principaux leaders provenaient de l Universit de Toronto et de l Universit McGill Dans le groupe de Montr al on trouvait King Gordon professeur au Christian Ethics at United Theological College Montr al Horn in Scott 1986 xvi xix Pelletier et Vaillancourt 1975 70 Dans son ouvrage sur les catholiques et le socialisme canadien qui traite en fait des rapports entre les catholiques et la social d mocratie Gregory Baum a bien document le fait que pendant les ann es 1930 et 1940 il y avait aussi des catholiques qui avaient des engagements de type social d mocrate Mais ils repr sentaient une exception Baum 1980 77 Le programme de la CCF tait tr s centralisateur et tatiste Il trahissait un manque de sensibilit par rapport la question nationale qu b coise Le manifeste de Regina pr conisait des changements constitutionnels du BNA Act pour renforcer les pouvoirs de l tat f d ral pour la conduite de l conomie CCF 1933 partie 9 En outre le manifeste misait beaucoup sur une National Planning Commission consisting of a small body of economists engineers and statisticians assisted by an appropriate technical staff Ibid partie 1 le projet social d mocrate tait tr s influent la fois dans le Parlement f d ral dans quelques l
23. cette poque le CIRIEC Canada favorisait une alliance entre des universitaires et des dirigeants d entreprises int ress s aux entreprises coop ratives et publiques L vesque 2008b En 1977 peu de temps apr s l arriv e du PQ au pouvoir Qu bec avec l accord de la premi re quipe de direction anglophone une direction plus francophone et interuniversitaire prend la direction du CIRIEC Canada Le si ge social de la revue d m nage l cole des Hautes tudes commerciales HEC La revue d abord connue sous le nom de Revue du CIRIEC S appelle Coop ratives et d veloppement en 1983 et enfin conomie et solidarit s en 1995 Beno t L vesque a t tr s li l volution du CIRIEC Canada partir de 1979 Voici comment il voyait son r le partir de 1978 le CIRIEC Canada devient exclusivement francophone et se donne les coop ratives comme objet principal de recherche Il prend alors provisoirement Les ententes initiales entre le Chantier de l conomie sociale et le gouvernement f d ral pr voyaient au d part sous le gouvernement Martin une contribution financi re de 28 5 millions de dollars de D veloppement conomique Canada Par la suite sous le gouvernement Harper la participation f d rale a t maintenue mais ramen e 22 8 millions de dollars Voir l encadr 3 Chantier de l conomie sociale 2006a 2006b K L vesque 2006 Lermer entrevoyait que l arriv e d
24. coop ratives Dans le Manifeste de Regina adopt au congr s de 1933 et qui servira de programme la CCF jusqu en 1956 la formule coop rative est promue quelques reprises Dans la partie 4 du Manifeste consacr e l agriculture il est question de l encouragement of producers and consumers co operatives CCF 1933 5 Dans la partie 6 la formule coop rative est encourag e de mani re plus large and such co operative organization can be extended into wholesale distribution and into manufacturing Co operative enterprises should be assisted by the state through appropriate legislation and through the provision of adequate credit facilities CCF 1933 partie 6 Je n ai pas l intention ici de poursuivre davantage l analyse de la place de l conomie sociale dans l histoire des partis et gouvernements de la tradition CCF NPD sur la sc ne f d rale ou provinciale au Canada partir des ann es 1930 Mais on comprend ici l importance de tenir compte de l existence d une configuration social d mocrate dans laquelle s inscrivait l conomie sociale au Canada anglais en m me temps qu il y avait une conomie sociale inscrite dans une configuration corporatiste au Qu bec On peut effectivement parler d une configuration social d mocrate qui constituait la configuration dominante pour l conomie sociale au Canada puisque Sur le plan des id es l histoire du CCF pendant les
25. d mocrates sans le savoir et sont convi s travailler au renouvellement de la social d mocratie pour que cette derni re contribue davantage au d veloppement de la soci t Ces constats m ritent d tre document s et approfondis En effet j mets l hypoth se que parmi les configurations dominantes qui s offrent l conomie sociale actuellement celle qui pouserait les traits d une social d mocratie renouvel e serait la plus appropri e et la plus prometteuse pour l actualisation du plein potentiel de l conomie sociale Je m explique 2 1 Pendant la p riode 3 la social d mocratie est d nigr e sur sa droite Revenons sur la p riode corporatiste qui au Qu bec constitue un courant dominant pendant les ann es 1930 1960 C est une p riode que j ai examin e de pr s au cours des ann es 1970 et 1980 lorsque Jj ai travaill sur l histoire qu b coise et canadienne des politiques sociales des ann es 1930 1960 Pelletier et Vaillancourt 1975 Vaillancourt 1988 Les propos de L vesque sur les configurations dominantes notamment les trois derni res m ont incit retourner 2 Pour clairer le sens de mes propos sur l conomie sociale et la social d mocratie il importe m me superficiellement d attirer l attention sur quelques caract ristiques de la social d mocratie telle qu incarn e par exemple dans la tradition travailliste au Royaume Uni ou dans les pays scandi
26. de l am nagement durable de l environnement etc n est pas toujours bien compris dans l ensemble du mouvement syndical Surtout lorsque ces pratiques syndicales innovatrices par exemple le d veloppement des fonds syndicaux de capital de risque de la FTQ et de la CSN sont critiqu es Lorsque je fais r f rence des f ministes qui ont t d ues de la tournure des v nements la suite de la marche Du Pain et des Roses en ce qui a trait aux femmes et l conomie sociale et qui ont maintenu une distance critique face l conomie sociale je pense entre autres Fran oise David qui a jou un r le important dans la direction la marche Elle est aujourd hui l une des deux porte paroles du parti politique de gauche Qu bec Solidaire Or dans un texte r cent Fran oise David a tenu des propos fort constructifs concernant l conomie sociale Des milliers de projets conomiques mergent au Qu bec sous le vocable d conomie sociale et solidaire Ailleurs je l ai vu au Mali au P rou au Nicaragua ces projets permettent des communaut s de reprendre vie des jeunes d entrer sur la march du travail des femmes de commencer prendre la parole Au Qu bec des coop ratives sont n es dans divers domaines agriculture famille culture environnement etc Les personnes engag es dans ces projets cherchent mettre au monde une nouvelle conomie plus humaine plus juste plus galitaire et
27. e 2003 appara t comme un point tournant Jusqu en 2003 l exp rience qu b coise de l conomie sociale tait connue et suscitait l int r t dans une grande diversit de milieux progressistes au Canada anglais Mais la plupart du temps cette exp rience tait vue comme pertinente pour le Qu bec mais abstraite pour le reste du Canada Avant 2004 le concept d conomie sociale n est pas utilis dans le discours du gouvernement f d ral m me si certains hauts fonctionnaires f d raux sentant venir le nouveau gouvernement Martin et connaissant l int r t de Paul Martin pour l conomie sociale prennent des initiatives pour s approprier et valoriser le concept Par contre ce concept est connu mais est peu utilis par des leaders canadiens des composantes objectives de l conomie sociale actifs dans le Non Au cours de l automne 2002 et de l hiver et du printemps 2003 j ai fait une tourn e de conf rences sur l conomie sociale et le tiers secteur dans toutes les provinces canadiennes sauf l le du Prince Edward en m appuyant sur certaines conclusions d un ouvrage collectif que nous venions de publier sur The Social Economy and Health and Welfare in Four Canadian Provinces Vaillancourt et Tremblay 2002 Ces conf rences et les discussions qui s y rattachaient m ont permis de constater que l exp rience de l conomie sociale au Qu bec suscitait beaucoup d int r t Mais une interrogatio
28. et 1980 Autrement dit les perspectives social d mocrates ont trouv un contexte propice pour s manciper dans un premier temps pendant les ann es 1960 et dans un deuxi me temps depuis les ann es 1990 Au cours des 20 derni res ann es on a vu au Qu bec comme ailleurs des socialistes marxistes des g n rations anciennes revenir la social d mocratie et des progressistes des nouvelles g n rations y venir tout court Toutefois cela ne veut pas dire que les social d mocrates d aujourd hui ont tous eu l occasion de s assumer en tant que tels Ni de r fl chir sur ce que veut dire tre social d mocrates aujourd hui apr s avoir t clairement anticapitalistes ou socialistes de tendance marxiste hier Cela ne veut pas dire non plus que les progressistes d aujourd hui qui ont t accultur s politiquement dans les ann es 1970 et 1980 ont eu l occasion de faire le point et de mettre jour leur coffre outils pour analyser et transformer la r alit Cela signifie que plusieurs progressistes au Qu bec comme dans le reste du Canada sont engag es dans des d marches de transition sur ces questions Or ces d marches peuvent influencer consid rablement les fa ons de voir l conomie sociale notamment ses limites et ses potentialit s dans la soci t capitaliste actuelle Pour bien suivre la r flexion propos e ici il faut revenir explicitement une question qui tait au c ur des d bats da
29. et RQRP S 2007 Dans son ouvrage r cent Favreau a attir l attention sur des cueils possibles Favreau 2008 238 240 L exp rience qu b coise de recherche partenariale sur l conomie sociale a constitu un point de r f rence partir de 2003 pour certains acteurs de la soci t civile et de la soci t politique au Canada au moment o Paul Martin s appr tait prendre le pouvoir Ottawa On peut parler d une contribution qu b coise au d veloppement du dispositif de recherche partenariale sur P S dans l ensemble du Canada si on consid re par exemple les demandes du Chantier de l S adress es au gouvernement Martin la valorisation de la recherche dans le plan Martin et la proposition de L vesque et Mendell 2005 au CRSH dans laquelle ils sugg raient d encourager la recherche partenariale sur l conomie sociale dans six r gions du Canada Le r seautage des acteurs de P S La capacit de r seautage constitue un autre trait original du mouvement de l conomie sociale au Qu bec Il est int ressant cet gard de voir comment les acteurs qu b cois de l conomie 43 sociale se r seautent d abord entre eux au Qu bec puis avec leurs coll gues ailleurs du Canada et enfin avec d autres acteurs de l conomie sociale sur le plan international 3 6 1 Le r seautage l int rieur du Qu bec En 2005 Louis Favreau a lanc un pav dans la mare en publiant un texte d r
30. exigence de viabilit conomique dont parle Favreau ne doit elle pas tre respect e dans toutes les entreprises et organisations qu elles soient marchandes ou non marchandes Par cons quent elle ne se limite pas l conomie sociale marchande La pr occupation de d velopper tout prix des activit s marchandes ne risque t elle pas d aller de pair avec l oubli ou la banalisation des objectifs sociaux de l conomie sociale et solidaire comme on le voit par exemple dans le dossier des entreprise d conomie sociale en aide domestique dans le contexte qu b cois actuel force d tre incit es cultiver leur c t entrepreneurial dans une perspective troitement financi re les entreprises d conomie sociale ne risquent elles pas de secondariser les conditions de travail d centes de leurs employ s de malmener les demandes de participation des usagers et communaut s locales concern s de n gliger les activit s de formation des parties prenantes et de perdre de vue 28 l objectif de favoriser l galit entre les hommes et les femmes L enjeu n est pas de faire ressortir une quelconque sup riorit de l conomie sociale non marchande sur l conomie sociale marchande ou vice versa L enjeu est de mettre en lumi re leur indispensable compl mentarit dans une perspective d conomie plurielle 3 2 L conomie sociale en tension entre l tat et les mouvements sociaux Nous avons eu l oc
31. expliqu que la position adopt e lors de cette journ e non sans h sitations et nuances de la part du p re Georges Henri L vesque conf rencier invit sur ce sujet avait t une condamnation Par la suite cette position a t endoss e par Monseigneur Georges Gauthier archev que de Montr al en 1934 et par le cardinal Villeneuve archev que de Qu bec en 1938 la grande d ception de leaders de la CCF comme J S Woodsworth et Frank R Scott lettre de Scott Woodsworth le 30 novembre 1938 dans Scott 1986 39 40 On peut m me aller plus loin en ajoutant que le courant corporatiste qui pr vaut au Qu bec notamment dans les ann es 1930 et 1940 tait oppos non seulement au communisme et la social d mocratie mais aussi la d mocratie lib rale et au keyn sianisme per us comme anglo protestants et non adapt s la culture canadienne fran aise et catholique qui dominait dans la province de Qu bec C est ce qui explique la critique que les intellectuels corporatistes qu b cois ont adress e aux rapports Beveridge et Marsh sur les politiques sociales pendant la Deuxi me Guerre Cette opposition est r affirm e dans les ann es 1950 par des intellectuels corporatistes comme Fran ois Albert Angers des H C qui explique la p n tration des id es des rapports Beveridge et Marsh dans le Parti lib ral du Canada et la CCF comme tant la manifestation de l infiltration des intellectuels socialistes
32. formule des coop ratives agricoles la diff rence de la configuration dominante cette configuration met en sc ne une conomie sociale plus conservatrice et subordonn e l influence des lites cl ricales Sur le plan de ses contacts internationaux cette configuration s inscrit dans des r seaux qui v hiculent la vision conservatrice de l conomie sociale propre l cole fran aise et catholique de Fr d ric Le Play qui se d marque d autres coles d orientation plus la que et socialiste 12 Les ann es 1900 1930 l conomie sociale patronn e Au cours de cette p riode la configuration dominante de l conomie sociale devient h g monis e par les lites traditionnelles li es l glise catholique non seulement en milieu rural mais aussi en milieu urbain On assiste une mont e des grandes mutuelles mais le mouvement mutualiste a perdu l autonomie qu il affichait dans la p riode pr c dente l endroit des lites traditionnelles L influence de l cole fran aise de l conomie sociale de Le Play et de la doctrine sociale de l glise catholique s accro t Elle est relay e au Qu bec partir de la Soci t canadienne de l conomie sociale de Montr al SC SM fond e en 1888 et de l cole sociale populaire SP des j suites cr e en 1911 Les coop ratives agricoles demeurent importantes en milieu rural La premi re caisse populaire d pargne et de cr dit est fond
33. initiatives de l tat f d ral mais se diff rencie du nationalisme traditionnel en valorisant l intervention de l tat qu b cois dans le d veloppement conomique et social et en faisant la promotion d un vigoureux secteur public Au cours de cette p riode l conomie sociale est parfois partag e entre l affirmation de son autonomie et la recherche d une alliance avec l tat et le dispositif public tatique pour contribuer au d veloppement conomique social et durable Pendant ces 30 ann es on assiste une volution rapide des courants id ologiques et politiques qui ont de l ascendant dans la soci t qu b coise notamment dans les mouvements sociaux On observe au cours des ann es 1960 dans les mouvements sociaux et les milieux int ress s l conomie sociale un essor des perspectives social d mocrates Puis on assiste l essor des perspectives socialistes marxistes au cours des ann es 1970 Les ann es 1980 sont marqu es par la crise de l tat providence et des finances publiques de m me que par l essoufflement des projets de soci t d orientation marxiste Quant l conomie sociale elle semble cohabiter plus facilement avec la social d mocratie qu avec les approches socialistes marxistes e la cinqui me configuration dominante des ann es 1990 et 2000 se caract rise par la recherche et l obtention d une certaine reconnaissance de l conomie sociale et solidaire par les
34. l conomie sociale au cours des derni res ann es C est le cas du mouvement cologique de certaines communaut s autochtones et composantes du mouvement communautaire dans le domaine du logement social du d veloppement local et r gional de la culture des communications du tourisme et du loisir Par contre dans d autres mouvements sociaux les points de vue sur l conomie sociale sont diversifi s C est le cas dans le mouvement des femmes et dans le mouvement syndical o certaines composantes demeurent ti des ou r ticentes 29 Dans le mouvement des femmes tel que mentionn ci dessus voir partie 3 1 une certaine amertume perdure depuis 1996 D un c t les femmes et des f ministes assument des r les importants dans le d veloppement de plusieurs fili res de l conomie sociale par exemple dans le d veloppement des CPE Neamtan dans Corbeil Descarries et Galerand 2002 Toutefois certaines f ministes ont gard leurs distances et consid rent insuffisante la r ponse gouvernementale aux revendications de la marche Du Pain et des Roses de 1995 Corbeil Descarries et Galerand 2002 Guay 1997 Gazette des femmes 1997 En d pit du caract re th oriquement inclusif de la d finition officielle propos e par le C S et retenue par le gouvernement ces f ministes ont consid r que les politiques adopt es par le gouvernement ne les incluaient pas autant qu elles le souhaitaient Elles ont souvent critiqu
35. mocratique sans recourir la violence Elle pr conisait l tatisation ou la nationalisation de certains moyens de production mais pas de tous la diff rence de partis socialistes de tradition social d mocrate provenant d autres pays europ ens notamment de la France et la Belgique la CCF influenc e par la tradition travailliste enracin e au Royaume Uni n entretenait pas des rapports conflictuels avec le christianisme l La CCF au cours des d cennies 1930 1940 et 1950 renvoie un parti politique sur la sc ne f d rale et des partis politiques provinciaux En 1961 le nom de ce parti a t remplac par celui de Nouveau parti d mocratique NPD T faut reconna tre toutefois que le premier programme de la CCF le Regina Manifesto tait tr s marxisant D s le deuxi me paragraphe du manifeste l objectif suivant est formul We aim to replace the present capitalist system with its inherent injustice and inhumanity by a social order from which the dominantion and exploitation of one class by another will be eliminated in which economic planning will supersede unregulated private enterprise and competition CCF 1933 1 En outre le dernier paragraphe du manifeste commence ainsi No CCF Government will rest content until it has eradicated capitalism 1933 8 Toutefois le programme demeure social d mocrate plut t que socialiste au sens fort dans la mesure o il pr conise la soc
36. organismes communautaires et le r seau public continuit et rupture conomie et solidarit s vol 36 no 2 13 29 BOURQUE Gilles L L VESQUE Beno t MENDELL Marguerite DE SERRES Andr e HANIN Fr d ric ROUZIER Ralph LAURIAULT Alissa ZERDANI Tassidit et R gis MILOT 2007 Portrait de la finance socialement responsable au Qu bec Montr al Fondaction CSN pour la coop ration et l emploi mai 7 p CENTRE INTERDISCIPLINAIRE DE RECHERCHE ET D INFORMATION SUR LES ENTREPRISES COLLECTIVES CIRIEC CANADA 1998 Appel pour une conomie sociale et solidaire Montr al CIRIEC Canada mai 10 p CHANTIER DE L CONOMIE SOCIALE C S 2001 De nouveau nous osons Document de positionnement strat gique Montr al Chantier de l conomie sociale 30 p CHANTIER DE L CONOMIE SOCIALE C S 2003 L conomie sociale en mouvement Montr al Chantier de l conomie sociale novembre CHANTIER DE L CONOMIE SOCIALE C S en collaboration avec The Canadian Community Economic Development Network CCEDNet et l Alliance de recherche universit s communaut s en conomie sociale ARUC S 2005 Social Economy and Community Economic Development in Canada Next Steps for Public Policy Montr al Chantier de l conomie sociale 21 septembre 95 p 54 CHANTIER DE L CONOMIE SOCIALE C S 2006a 52 8 million to develop the social economy Launch of the Chantier de l conomie sociale Trust News Re
37. par la suite l oubli de certaines revendications rappel es entre autres dans le rapport du Comit d orientation et de concertation sur l conomie sociale COC S 1996 Ces demandes avaient t reprises et entendues au Sommet de l automne 1996 Mais dans certains secteurs comme dans celui des entreprises d conomie sociale en aide domestique il faut bien constater avec le recul que ces revendications ont t peu mises en application Pour s en rendre compte il suffit d examiner en 2008 les conditions de travail des 6000 pr pos es l aide domestique des femmes 90 Vaillancourt Aubry et Jett 2003 Jett Aubry et Vaillancourt 2005 Jett Vaillancourt et Leclerc para tre en 2008 l int rieur du mouvement syndical et du mouvement communautaire des composantes importantes travaillent au quotidien en solidarit avec les organisations de l conomie sociale Mais il y a d autres composantes qui ne soutiennent toujours pas le virage conomique effectu par une partie significative du mouvement syndical et du mouvement communautaire des ann es 1980 et 1990 Favreau et L vesque 1996 Le fait que des organismes communautaires comme les CDEC et les CDC en alliance avec des composantes sectorielles et territoriales du mouvement syndical s engagent dans les communaut s locales et les r gions pour faire de la revitalisation industrielle du d veloppement local de la cr ation de l emploi
38. par rapport cette d finition par la suite Par exemple dans les portraits de l conomie sociale qu il a confectionn s ces derni res ann es le C S a souvent oubli de comptabiliser les composantes non marchandes voir C S 2001 5 1 Les cinq configurations dominantes dans l histoire de l conomie sociale au Qu bec L vesque 2007 2008 Pour rendre compte de l histoire de l conomie sociale au Qu bec j ai choisi de partir d une contribution d un chercheur qui s y int resse depuis longtemps Beno t L vesque Je r f rerai en particulier deux r cents textes dans lesquels il propose une interpr tation originale d un si cle et demi d histoire de l conomie sociale au Qu bec L vesque 2007 et 2008 Il y distingue cinq configurations dominantes de l conomie sociale Jaime bien ce concept de configurations dominantes D une part il permet de revenir sur l histoire de l conomie sociale moins avec l objectif de faire un portrait quantitatif de cette derni re qu avec celui de cerner les relations dynamiques de l conomie sociale avec d autres l ments de son environnement sociohistorique les mouvements sociaux l tat le march les glises les r seaux internationaux etc D autre part en s int ressant aux configurations dominantes de l conomie sociale pendant une p riode historique donn e on reconna t qu il y a aussi au m me moment des conf
39. porteuse d espoir pour ceux et celles qui y participent L conomie sociale et solidaire n est pas exempte d erreurs et de faux pas Mais on aurait tort d y voir seulement une conomie reposant sur du cheap labor David dans Mouterde 2008 72 41 I faut rappeler que les f ministes avaient beaucoup investi dans ce comit qui a jou un r le de m diation entre la soci t civile et l tat qu b cois de l t 1995 au printemps 1996 Dans le rapport Entre l espoir et le doute rendu public en mai 1996 le COC S s tait fait le d fenseur d une vision de l conomie sociale qui visait la cr ation d emplois stables et de qualit et le d veloppement de biens et services d utilit collective permettant de r pondre des besoins sociaux de la communaut locale et r gionale par l utilisation de ressources du milieu COC S 1996 2 30 par des intellectuels de la gauche traditionnelle qui consid rent qu elles s apparentent un passage du combat au partenariat voir Piotte 1998 3 3 Pour transformer ou r former le capitalisme Paradoxalement au Qu bec comme ailleurs les forces progressistes int ress es la transformation de la soci t sont divis es face l conomie sociale Cette situation pr vaut notamment depuis la reconnaissance de l conomie sociale par les pouvoirs publics en 1996 D un c t la perc e de l conomie sociale et ses avanc es au cours
40. repr sentants syndicaux pr sents au sommet ont insist pour que les nouveaux emplois cr s par l conomie sociale soient des emplois durables et de qualit qui ne se substitueraient pas ceux du secteur public dans les services domicile par exemple 1 5 2 Apr s les deux Sommets de 1996 Au cours des d cennies 1990 et 2000 le soutien apport l conomie sociale par l tat qu b cois dans le prolongement des sommets de 1996 s exprime de deux mani res Premi rement par l adoption de politiques publiques sectorielles qui conf rent une pr f rence ou l exclusivit l conomie sociale dans la mise en uvre de certains domaines de politiques publiques C est ce qui se passe par exemple e dans le domaine de la politique sociale familiale Le choix de recourir principalement aux Centres de la petite enfance CPE but non lucratif pour la cr ation de 150 000 nouvelles places en dix ans pour les enfants de moins de six ans L vesque 2007 53 54 Vaillancourt et Tremblay 2002 Vaillancourt 2003 l illustre bien e dans le domaine du logement social La politique d Acc sLogis donne la pr f rence aux coop ratives et aux OSBL d habitation pour la cr ation de 20 000 nouvelles places entre 1997 et 2007 L vesque 2007 53 54 Bouchard et Hudon 2005 Vaillancourt et Ducharme 2001 Vaillancourt 2008a et 2008b 1 Dans cette partie du texte sur l volution de l conomie sociale apr s
41. riode de nationalisme conomique Au cours des ann es 1960 les perspectives social d mocrates font une perc e importante au Qu bec en particulier pendant la deuxi me moiti de la d cennie Cette perc e se fait sentir dans des formations politiques nouvelles comme le RIN Rassemblement pour l ind pendance nationale et le PQ Mais la diff rence du NPD le PQ ne sera pas nettement un parti social d mocrate Il sera plut t un parti dans lequel on trouve une tendance social d mocrate qui cohabite avec d autres tendances plus centristes et conservatrices Toutefois la perc e de la social d mocratie se fera sentir plus nettement dans les mouvements sociaux et dans la soci t civile par exemple dans les comit s de citoyens des ann es 1963 1970 et dans le mouvement syndical qui se radicalise partir de 1966 Donc la deuxi me moiti des ann es 1960 repr sente une p riode intense de consolidation de la mouvance social d mocrate dans la soci t qu b coise Mais au cours des ann es 1970 et d une partie des ann es 1980 tel que mentionn plus haut cf partie 1 4 la radicalisation des id ologies et des projets socio conomiques et sociopolitiques se poursuit avec l engouement d une portion importante des progressistes l endroit du marxisme vu comme instrument d analyse et d action L appropriation du marxisme se r alise grande vitesse dans une grande diversit de milieux notamment dans les mouve
42. sociale au Qu bec en cinq configurations dominantes Beno t L vesque 2007 2008 au fil d un si cle et demi d histoire Il s attarde ici davantage sur les trois derni res configurations qui touchent les ann es 1930 2008 Dans la deuxi me partie en se r f rant aux trois derni res tapes de la p riodisation de L vesque l auteur compare l h ritage historique qu b cois avec l h ritage canadien anglais dans le domaine de l conomie sociale Il formule quelques r flexions sur le rendez vous qu b cois manqu avec la social d mocratie L auteur propose que l inscription de l conomie sociale dans une configuration social d mocrate se pr sente comme un sc nario prometteur pour un meilleur apport de l conomie sociale au d veloppement conomique et social de la soci t condition toutefois que le projet social d mocrate soit renouvel c est dire moins attach la centralisation et l tatisme que ce que l on observe dans la social d mocratie traditionnelle celle du NPD canadien par exemple Enfin dans la troisi me partie l auteur examine six enjeux sp cifiques ayant trait l conomie sociale au Qu bec Les choix faits par l conomie sociale en r f rence ces enjeux conf rent au mouvement qu b cois de l conomie sociale une part importante de sa sp cificit Les six enjeux retenus ont trait a aux implications des d bats en cours en lien avec la d finition
43. sont connus et souvent appr ci s pour leur participation la promotion de l conomie sociale et solidaire sur le plan international L essor remarquable du r seautage international auquel participe l conomie sociale qu b coise ces derni res ann es s explique par un certain nombre d atouts pr cieux dont elle dispose Il importe de rappeler quelques uns de ces atouts en mettant en lumi re leur contribution au r seautage international cf encadr 3 7 Il est possible de noter une diff rence pour l conomie sociale entre le changement de gouvernement survenu au Qu bec en 2003 et celui survenu au f d ral en 2006 Au Qu bec le nouveau gouvernement Charest a t oblig de s inscrire davantage en continuit avec les politiques favorables l conomie sociale du gouvernement ant rieur dans la mesure o la p riode de soutien gouvernemental l conomie sociale s est tendue sur huit ans Au f d ral la p riode de soutien du gouvernement Martin l conomie sociale s est tendue sur une p riode de 26 mois seulement 47 ENCADR 4 Outils qu b cois de promotion de l conomie sociale sur le plan international DID D veloppement international Desjardins cr en 1970 SOCODEVI Soci t de coop ration pour le d veloppement international cr e en 1985 et li e au CQCM UPA DI Union des producteurs agricoles D veloppement international cr e en 1993 GESQ Gr
44. un nouveau gouvernement du PQ amenait une conjoncture plus favorable au d veloppement des coop ratives et de la recherche sur ces derni res ce moment il consid rait qu une nouvelle direction du CIRIEC Canada plus enracin e dans la soci t qu b coise pourrait plus facilement permettre au CIRIEC Canada de tirer parti des nouvelles possibilit s offertes par la conjoncture L vesque 2008b 40 ses distances par rapport au CIRIEC International au profit de l Universit coop rative internationale UCI cr e en 1977 par Henri Desroche L vesque 2008a 10 Cette distanciation du CIRIEC international dure jusqu en 1985 partir de ce moment le CIRIEC Canada resserre nouveau ses liens avec le CIRIEC international de m me qu avec la revue Annales de l conomie publique sociale et coop rative Au cours des ann es 1990 et 2000 il largit son objet d tude Dor navant il s int resse non seulement aux coop ratives mais aussi l conomie sociale et l conomie publique Il devient un lieu dynamique de concertation entre les acteurs de l conomie sociale des entreprises publiques et les chercheurs universitaires L vesque 2008b Il se pr sente comme un outil qui contribue au r seautage de l ensemble des forces vives de l conomie sociale entre elles et cela m me dans les moments o les tensions entre les composantes internes de l conomie sociale deviendront plus sensibles voir pa
45. une configuration social d mocrate En somme la chance pour l conomie sociale qu b coise d entrer dans un dialogue ouvert et f cond avec la social d mocratie est r apparue depuis le milieu des ann es 1980 Les conditions pour une rencontre entre l conomie sociale et la social d mocratie au Qu bec taient plus favorables pendant les ann es 1960 Mais avant et apr s cette d cennie elle s est but e des conditions moins propices Ce fut le cas de 1930 1960 lorsque les id es nationalistes traditionnelles et corporatistes freinaient la possibilit de s int resser la social d mocratie Puis au cours des ann es 1970 1985 lorsque la mont e des id es marxistes et l ninistes dans les mouvements sociaux et les milieux de gauche freinaient la 52 possibilit de s int resser la social d mocratie et en m me temps l conomie sociale Au Canada anglais la possibilit d une rencontre entre la social d mocratie et l conomie sociale surgi plus rapidement et fortement qu au Qu bec en raison du poids de la tradition CCF NPD partir des ann es 1930 Objectivement il y a eu une inscription de l conomie sociale dans une configuration social d mocrate au Canada anglais dans la mesure o de facto les organisations sociales et politiques de la tradition CCF NPD ont toujours eu un pr jug favorable l endroit des coop ratives Mais subjectivement cette rencontre entre la social d mocra
46. Laboratoire de recherche sur les pratiques et les politiques sociales CAHIERS DU LAREPPS No 08 07 L conomie sociale au Qu bec et au Canada configurations historiques et enjeux actuels par Yves Vaillancourt COPUBLICATION Alliance de recherche Universit s communaut s en conomie sociale ARUC ES et Centre de recherche sur les innovations sociales CRISES cole de travail social Universit du Qu bec Montr al LAREPPS UQ M octobre 2008 Yves Vaillancourt titulaire d un doctorat en science politique a t professeur l cole de travail social de l UQAM de 1976 2006 Professeur associ l cole de travail social depuis septembre 2006 il est chercheur au Laboratoire de recherche sur les pratiques et les politiques sociales LAREPPS l ARUC en conomie sociale et au CRISES Membre du comit sur les politiques publiques du National Hub en conomie sociale au Canada il est aussi membre du r seau Cr ation de richesse en contexte de pr carit CRCP Yves Vaillancourt nourrit de nombreux changes avec l Argentine et Ha ti Fondateur de la revue Nouvelles Pratiques sociales NPS il a publi plus de 150 articles et une quinzaine de livres dont Les politiques sociales au Qu bec 1940 1960 Presses de l Universit de Montr al 1988 Social Economy Health and Welfare in Four Canadian Provinces Fernwood 2002 et L conomie sociale dans les services domicile Presses d
47. PPS la CRDC etc dans les ann es 1990 Elle a t resserr e encore davantage avec la formule des quipes de recherche en partenariat rod e au Conseil qu b cois de recherche sociale CQRS partir de 1992 puis avec la formule des ARUC promue par le CRSH partir de 1999 Les informations fournies plus haut sur les dispositifs de recherche sur l conomie sociale permettent de constater que pas moins de quatre ou cinq ARUC ayant directement ou indirectement l conomie sociale comme objet d tude existent actuellement au Qu bec Ce dynamisme de la recherche partenariale en conomie sociale n est pas un hasard Elle r v le que les chercheurs depuis plusieurs d cennies avaient accumul une expertise qu il a t possible de mettre contribution dans des projets d ARUC sp cifiques lorsque la formule des ARUC a t lanc e mesure qu elle est exp riment e la formule de la recherche en partenariat permet ceux qui la pratique de mieux cerner sa nature ses conditions ses possibilit s ses difficult s et ses cueils La recherche en partenariat s apparente une nouvelle forme de coconstruction dans la production et la diffusion des connaissances Cette coconstruction laquelle participent des acteurs universitaires et des acteurs de la communaut ne va pas sans tensions Elle implique des n gociations entre deux types de pratiques Chantier de l conomie sociale 2005 23 Vaillancourt 2007 ARUC S
48. Parizeau et de Lucien Bouchard Jett et al 2000 Jett 2008 partir de l automne 1996 le gouvernement du Qu bec franchit une autre tape importante sur le plan de la reconnaissance de l ensemble de l conomie sociale et de ses diverses composantes La conjoncture politique est alors marqu e par la poursuite f brile du d ficit z ro et des compressions des d penses publiques qui ont des effets pervers dans certains domaines notamment dans celui de la sant et des services sociaux Vaillancourt Aubry et Jett 2003 chap 2 Dans les milieux progressistes l poque et dans les ann es qui ont suivi plusieurs ont eu de la difficult voir les politiques du gouvernement du PQ autrement que comme des politiques n olib rales Boivin et Fortier 1998 Piotte 1998 G linas dans Mouterde 2008 53 55 Nous ne partageons pas ce type d interpr tation Sans nier que certains l ments du discours gouvernemental et des politiques socio conomiques de l poque s inscrivaient dans une orientation n olib rale par exemple les discours et politiques sur la fiscalit nous consid rons plus nettement encore avec le recul du temps que plusieurs des initiatives prises par le gouvernement de Lucien Bouchard taient des innovations structurantes qui allaient davantage dans la direction de la social d mocratie que du n olib ralisme Plusieurs de ces initiatives et politiques publiques l origine du moins ont t
49. ail provenant du patronat des syndicats et des organismes communautaires d insertion au travail Neamtan 2004 26 27 Cette liste n est pas exhaustive Les initiatives qu elle comprend sont demeur es limit es et parfois ambigu s certains gards Mais elles ont t souvent lanc es et d velopp es par le gouvernement du Qu bec au moment o les gouvernements provinciaux au Canada venaient de se faire couper les vivres la suite de la restructuration du gouvernement f d ral au milieu des ann es 1990 En outre la diff rence des politiques n olib rales plusieurs des initiatives mentionn es visent structurer l offre plut t que la demande en octroyant la pr f rence ou l exclusivit l offre provenant des organismes de l conomie sociale ce qui constitue un trait sp cifique du mod le qu b cois des CPE par exemple Vaillancourt et Th riault 2008 Depuis le retour des lib raux de Jean Charest au printemps 2003 on a assist un recul Les politiques impuls es par les pr c dents gouvernements du PQ pour reconna tre l conomie sociale et soutenir son d veloppement n ont pas toutes t abandonn es Mais dans plusieurs cas elles ont t substantiellement infl chies et fragilis es Comme si le gouvernement Charest surtout ses d buts reprochait aux programmes qui soutenaient directement ou indirectement l conomie sociale de constituer un h ritage politique du PQ Cons quemment p
50. and organizations stemming from collective entrepreneurship organized around the following principles and operating rules 1 the purpose of a social economy enterprise is to serve its members or the community rather than to simply make profits 2 it operates at arm s length from the state 3 it promotes a democratic management process involving all users and or workers Avant 1995 certains chercheurs qu b cois utilisaient l occasion le concept d conomie sociale Par exemple Beno t L vesque et Marie Claire Malo ont produit au d but des ann es 1990 un chapitre sur l conomie sociale au Qu bec qui a t publi dans un ouvrage collectif du CIRIEC international sur l conomie sociale et le tiers secteur L vesque et Malo dans Defourny et Monzon Campos 1992 D ailleurs est ce qu on ne pourrait pas dire qu au Canada anglais jusqu plus r cemment encore on faisait aussi de l conomie sociale sans le savoir through its statutes and the way it does business 4 it defends the primacy of individuals and work over capital in the distribution of its surpluses and revenues 5 it bases its activities on the principles of participation and individual and collective empowerment The social economy therefore encompasses all cooperative and mutual movements and associations The social economy can be developed in all sectors that meet the needs of the people and the community C S 2005 17 Comme d autres d
51. angeant sur ce qu il appelait les regroupements nationaux d conomie sociale au Qu bec Ce texte a d rang parce que ce moment l la fa on de voir la plus r pandue dans les milieux de l conomie sociale l int rieur et l ext rieur du Qu bec accr ditait la repr sentation voulant que le Chantier de l conomie sociale soit le seul regroupement national au sens provincial qu b cois qui cherchait f d rer et repr senter l ensemble des composantes de l conomie sociale au Qu bec Par son texte Favreau a voulu secouer cette mani re de voir Il a contest l image voulant que le Chantier soit le r seau des r seaux En parlant des regroupements nationaux de l conomie sociale au pluriel dans son texte de 2005 et d autres textes ult rieurs 2006 2008 Favreau a attir l attention sur le fait qu il y a au moins deux grands regroupements nationaux d conomie sociale au Qu bec le Chantier de l conomie sociale C S qui repr sente principalement des associations mais aussi des coop ratives appartenant principalement aux nouvelles g n rations et le Conseil qu b cois de la coop ration et de la mutualit COCM qui repr sente la grande majorit des coop ratives Que penser de la th se de Favreau sur les deux regroupements nationaux mon avis elle a au d but d rang et cr des tensions au sein m me de la grande famille de l conomie sociale Mais ave
52. ans la m me veine produites au fils des ans par le C S cette d finition met l accent sur les valeurs la d mocratie l autonomie l empowerment et puise dans des apports th oriques issus de la Belgique Elle repr sente un id al type au sens de Weber soit un id al poursuivre constamment m me s il n est jamais atteint en totalit Elle mise sur la conjugaison d objectifs indissociablement conomiques et sociaux Nous la qualifions de large et inclusive dans la mesure o elle inclut non seulement des entreprises mais aussi des organisations et des activit s Autrement dit cette d finition fait de la place non seulement des composantes marchandes c est dire des entreprises qui vendent des biens et des services sur le march mais aussi des composante non marchandes qui se financent partir de subventions des pouvoirs publics et de dons de la philanthropie priv e et offrent gratuitement leurs produits et services Vaillancourt et al 2004 Vaillancourt 2006 Comme nous le verrons plus loin partie 1 5 et encadr 2 cette d finition large et inclusive nous permet d avancer que l conomie sociale au Qu bec compte pr sentement 14 775 organisations et entreprises dont 8000 organismes communautaires ou associations non marchandes ce qui repr sente 167 541 emplois Depuis 1996 ce type de d finition a souvent t repris par le C S et par un certain nombre de ses partenaires
53. ant d entreprises collectives Favreau annonce son souci de tenir compte de la dimension entrepreneuriale la diff rence d autres auteurs dont nous sommes il ne se soucie pas de parler d entreprises et d organisations pour rappeler que dans la grande famille de l conomie sociale il n y a pas seulement des entreprises mais aussi des organisations comme les organisations communautaires Dans la m me veine lorsqu il parle des associations qui font partie de l conomie sociale Favreau rappelle souvent qu il s agit d associations ayant des activit s conomiques 2008 18 En s exprimant ainsi il fait r f rence des associations qui vont chercher un pourcentage significatif de leurs ressources financi res en provenance de la vente de produits et ou de services 2008 93 note 9 En outre pour lui ce pourcentage significatif devrait tre fix plus clairement puisque certains vont se satisfaire de 10 tandis que d autres pourraient avancer qu il faut par exemple 50 des ressources O mettre la limite entre 10 et 50 de revenus propres Favreau ne tranche pas mais 1l semble pencher du c t du 50 Si c est le cas on comprend que les CPE ne feraient plus partie de l conomie sociale puisque seulement 15 de leurs revenus proviennent des usagers sept dollars par jour par enfant et 85 de l tat qu b cois Pour fonder sa position Favreau fait appel deux argum
54. arxisme vu comme instrument d analyse fait une perc e significative dans les mouvements sociaux syndical communautaire tudiant f ministe et dans certains milieux progressistes d di s la recherche l information et la formation Puis partir des ann es 1973 et 1974 le marxisme a de l influence en tant qu instrument pour guider l action transformatrice dans la soci t On assiste l mergence et la mont e des groupes politiques marxistes et l ninistes de diverses tendances staliniens mao stes trotskystes etc ainsi qu des d bats sur la fameuse ligne juste pour faire la r volution Les groupes d extr me gauche auront de l influence dans les mouvements syndical associatif coop ratif f ministe et tudiant de m me que dans les c geps les universit s et les organisations chr tiennes progressistes partir des ann es 1980 cette mont e de l extr me gauche s essouffle et s effrite dans un contexte marqu par la nette victoire du Non au r f rendum de 1980 et surtout par la crise de l tat providence et des finances publiques qui s intensifie partir de 1981 1982 Ces nouveaux clivages id ologiques et politiques entra nent une foule de conflits et de luttes st riles non seulement dans les mouvements sociaux mais aussi dans les composantes coop ratives et associatives de l conomie sociale pendant les ann es 1970 et une partie des ann es 1980 Ainsi le Co
55. atif avec la participation du Mouvement Desjardins L vesque 2007 25 28 e ambivalence du mouvement coop ratif et associatif vis vis de l tat et du nouveau nationalisme conomique Deux dynamiques socio conomiques sont pr sentes pendant les ann es 1980 d abord celle dominante de la coop ration inscrite dans le nationalisme conomique puis celle de l mergence de coop ratives qui contestent le nationalisme conomique au nom d une d mocratisation de l conomie L vesque 2008a 8 e valorisation du secteur public dans plusieurs domaines de la vie collective notamment dans les politiques sociales et l ducation e autonomisation de l tat et de la soci t civile par rapport l glise la cisation d confessionnalisation 10 Ce courant continue d impr gner un certain nombre d institutions d organisations et de revues comme Relations jusqu en 1968 et L Action nationale e recherche de concertation avec l tat de la part d une partie des coop ratives et des associations Des segments croissants du monde coop ratif et associatif revendiquent un appui de l tat qu b cois pour soutenir le d veloppement local l emploi et les services de proximit Favreau et L vesque 1996 Certains l ments r sument l volution de l conomie sociale dans cette configuration e la croissance remarquable du Mouvement Desjardins laquelle l tat qu b cois fournit
56. c le temps il se pourrait qu elle ait contribu la dynamisation de l conomie sociale en aidant notamment le CQCM et un nombre croissant de ses coop ratives membres s identifier plus nettement l conomie sociale Entre 1996 et 2005 le CCQ CQCM avait eu de la difficult se situer clairement vis vis du concept d conomie sociale et de la volont du Chantier de l conomie sociale de rassembler sous sa houlette toutes les composantes de l conomie sociale Tout en ayant particip la d marche de l Appel pour l conomie sociale et solidaire en 1998 CIRIEC Canada 1998 le CCQ CQCM a mis du temps avant de se reconna tre comme faisant lui m me partie de la grande famille de l conomie sociale et m me d utiliser le concept Le mot conomie sociale par exemple n est pas souvent utilis dans des textes importants comme le Plan d ensemble 2004 2007 CCQ 2004a et le Rapport annuel de 2006 CQCM 2007 Mais dans ce dernier rapport le CQCM se r clame de la banni re de l conomie sociale en mentionnant le fait qu il a pris avec ses membres plus de 25 engagements dans le cadre du Sommet de l conomie sociale et solidaire qui se tenait en novembre 2006 CQCM 2007 10 De son c t pendant les premi res ann es de son existence pendant que le CCQ CQCM h sitait s identifier l conomie sociale le C S pouvait ais ment se voir et tre vu comme le r seau qui regroupait
57. casion de le mentionner plus haut cf partie 1 5 l originalit de l conomie sociale au Qu bec provient du fait qu elle fait l objet notamment depuis 1996 d une certaine reconnaissance qui provient la fois de l tat et de la soci t civile Cette reconnaissance peut para tre fragile et incompl te Elle a constamment besoin d tre r affirm e et consolid e Comme le rappelle souvent Nancy Neamtan la lutte pour la reconnaissance de l conomie sociale n est jamais termin e Pour les acteurs concern s la route suivre involves expending considerable efforts to have our existence and right to exist recognized Neamtan 2003 188 N anmoins un fait demeure cette reconnaissance existe Elle peut compter sur un certain nombre de politiques publiques sectorielles et territoriales C S 2005 Comment expliquer cette reconnaissance de l conomie sociale au Qu bec S agit 1l d un cadeau de l tat Ou bien d une conqu te des mouvements sociaux alli s aux acteurs de l conomie sociale La reconnaissance de l conomie sociale s apparente un compromis institutionnalis La politique publique de reconnaissance de l conomie sociale au cours des ann es 1990 et 2000 n a pas t construite par l tat tout seul Elle a t coconstruite partir d une coop ration entre les acteurs de la soci t politique et de la soci t civile Chantier de l conomie sociale 2005 19 Vail
58. ci t civile Selon le moment et le territoire pris en consid ration ces interactions peuvent prendre la forme de dialogue de sourds de conflits de coop rations de coop rations conflictuelles Elles peuvent aussi l occasion donner lieu ce que nous appelons de la coconstruction de politiques publiques L vesque 2007 61 et 69 Vaillancourt 2008a et 2008b Au Qu bec comme dans l ensemble du Canada le r le de l tat et des gouvernements ou des pouvoirs publics dans la reconnaissance ou la non reconnaissance de l conomie sociale peut tre examin sur le plan local ou municipal sur le plan provincial ou national qu b cois et sur le plan national canadien Dans cette rubrique nous nous pencherons sur le r le du gouvernement du Qu bec et du gouvernement f d ral 3 4 1 Les gouvernements Qu bec Nous avons analys la reconnaissance de l conomie sociale faite par le gouvernement du Qu bec depuis le Sommet sur l conomie et l Emploi de 1996 voir partie 1 5 Il nous reste cerner davantage l volution de cette reconnaissance au cours des ann es 1990 et 2000 en tenant compte de la succession des gouvernements et de la vie des partis politiques qui ont particip au pouvoir depuis 1985 Le r le des pouvoirs municipaux dans la reconnaissance de l conomie sociale est fort important par exemple dans le d veloppement des coop ratives et OBNL d habitation Mais nous disposons d
59. ciale et les probl mes constitutionnels Annexe no 3 du rapport de la Commission Royale d Enqu te sur les Probl mes Constitutionnels Qu bec Province de Qu bec Volumes 1 et II 393 p 13 annexes totalisant 145 p ALLIANCE DE RECHERCHE UNIVERSIT S COMMUNAUT S EN CONOMIE SOCIALE ARUC S et R SEAU QU B COIS DE RECHERCHE PARTENARIALE EN CONOMIE SOCIALE RQRP S 2007 La recherche partenariale le mod le de l ARUC S et du RORP S Montr al ARUC S et RQRP S UQAM 24 p AUBRY Fran ois et Jean CHAREST 1995 D velopper l conomie solidaire l ments d orientation Document d pos au Conseil conf d ral de la CSN les 13 14 et 15 septembre 1995 Montr al CSN 50 p BAUM Gregory 1980 Catholics and Canadian Socialism Political Thought in the Thirties and Forties Toronto James Lorimer B LANGER Paul R et Beno t L VESQUE 1991 La th orie de la r gulation du rapport salarial au rapport de consommation Un point de vue sociologique Cahiers de recherche sociologique no 17 17 51 BOIVIN Louise et Mark FORTIER sous la direction de 1998 L conomie sociale L avenir d une illusion Montr al Fides 232 p BOUCHARD Marie J et Marcellin HUDON 2005 Le logement coop ratif et associatif comme innovation sociale manant de la soci t civile Montr al UQAM Chaire de recherche en conomie sociale no C 2005 01 avril 19 p BOURQUE Denis 2005 Interfaces entre les
60. connues et soutenues financi rement par l tat qu b cois Quant aux autres chiffres de l encadr 2 ils sont plus conventionnels et tir s de sources bien identifi es e les fonds de travailleurs et autres outils financiers Parmi ces fonds il y a d abord le Fonds de solidarit de la FTQ cr en 1983 et sp cialis dans le maintien et la cr ation d emploi par l investissement dans les PME Il y a aussi FondAction pour la coop ration et l emploi de la CSN cr en 1996 et sp cialis dans des investissements qui favorisent la participation des travailleurs et le d veloppement durable L vesque n h site pas identifier ces deux fonds syndicaux de capital de risque comme des entreprises d conomie sociale et des innovations sociales r ussies 2007 45 En 2006 le Fonds de solidarit comptait 573 086 actionnaires et des actifs de 6 6 milliards de dollars dont trois milliards de dollars taient investis dans 1681 entreprises qu b coises 2007 45 De son c t galement en 2006 FondAction comptait 64 000 actionnaires et 442 millions de dollars d actifs 2007 46 En outre les deux fonds syndicaux avec les gouvernements du Canada et du Qu bec participent la capitalisation totale de la nouvelle Fiducie du Chantier de l conomie sociale voir encadr 3 Pour compl ter la liste des outils financiers il faudrait ajouter le R seau d investissement social du Qu bec RISQ
61. dans la mesure o la vision des coop ratives qu il pr conisait depuis 1936 s inscrivait dans une configuration plus progressiste en mergence D o la distinction que L vesque fait dans ses m moires entre ses opinions sur la CCF dans les ann es 1933 1936 1983 227 et 229 et ses opinions nouvelles par la suite 7 Nous pensons l cole des Hautes tudes commerciales H C la facult des sciences sociales de l Universit de Montr al aux revues L Action nationale et Relations l Association catholique de la jeunesse canadienne fran aise ACJC la Soci t Saint Jean Baptiste l Union catholique des cultivateurs UCC la Conf d ration des travailleurs catholiques du Canada CTCC d avant 1946 etc Voir Pelletier et Vaillancourt 1975 103 111 8 Les dirigeants et les id es de l ALN seront courtis s et r cup r s par Maurice Duplessis au moment des lections provinciales de 1936 Mais une fois lu premier ministre Duplessis s organisera pour laisser dans la marge les personnes et les revendications de l ALN qui symbolisaient le plus le changement Pelletier et Vaillancourt 1975 143 167 s oppose au communisme et au socialisme tant sous sa forme marxiste que sous sa forme social d mocrate ou travailliste mise sur un nationalisme de conservation fond sur la sp cificit canadienne fran aise et catholique de la soci t qu b coise laquelle se distingue nettemen
62. dans les universit s et le fonctionnarisme Angers 1955 178 179 Il est int ressant de constater que la vision de l conomie sociale et du christianisme social qui ressort dans la configuration corporatiste dominante pendant la troisi me p riode au Qu bec est plus conservatrice que celle qui la m me p riode cohabite avec la configuration social d mocrate dans le Canada anglais C est notamment le cas dans les provinces de l Ouest o les glises protestantes sont associ es troitement l histoire de la CCF Au Qu bec la vision 8 Le parti CCF par exemple a t au pouvoir en Saskatchewan de 1944 1961 Voir ce sujet les trois articles publi s contre le rapport Marsh par le p re mile Bouvier un conomiste j suite tr s repr sentatif de la perspective corporatiste dans la revue Relations dans les num ros d avril juin et septembre 1943 Voir nos commentaires dans Vaillancourt 1988 126 128 30 Or Angers tait un ardent promoteur de la coop ration et du corporatisme Avec d autres intellectuels catholiques appartenant au m me courant dont mile Bouvier Richard Ar s Esdras Minville il aimait l conomie sociale mais condition qu elle demeure inscrite dans une configuration conservatrice marqu e au coin de l anti tatisme 20 corporatiste conna t son apog e au cours des ann es 1930 1945 Au cours des ann es 1945 1960 sa domination s effrite graduelle
63. de l conomie sociale b au fait que la reconnaissance de l conomie sociale par l tat qu b cois est une r ponse partielle des demandes issues de la soci t civile et des mouvements sociaux c aux liens entre l conomie sociale et la transformation de la soci t d aux rapports entre l conomie sociale et les gouvernements Qu bec et Ottawa e aux relations entre l conomie sociale la recherche et les universit s f au r seautage des acteurs qu b cois de l conomie sociale entre eux avec le Canada anglais et avec leurs partenaires dans d autres pays et continents Table des mati res Avant PrOp S Estonian tente au ee onue lus tas tite cn ass t ns sse neo sant tan irene se oieee esssS Introduction sein ei mini nid a na n a a a a a cesse 1 Les cinq configurations dominantes dans l histoire de l conomie sociale au Qu bec L vesque 2007 2008 essesseesoesocsscesoesocsscesoesoossccsoesocssccssescossoessessses J 1 1 Les ann es 1840 1900 les soci t s de secours mutuel une conomie sociale autonome face aux lites traditionnelles 3 1 2 Les ann es 1900 1930 l conomie sociale patronn e s ssesesssesseesseessee 4 1 3 Les ann es 1930 1960 l conomie sociale inscrite dans le projet CODOMAUSL AR Re sn en Rs ee 4 1 4 Les ann es 1960 1990 l conomie sociale inscrite dans le nationalisme CONOMIQUE sereine nt in ati ti
64. des ann es 1970 1985 Elle ne fait pas r f rence toute forme de marxisme Une perspective qui aurait une articulation plus harmonieuse entre le marxisme et l conomie sociale reste d velopper 22 En somme les social d mocrates sur la d fensive en raison de la radicalisation marxiste au cours des d cennies 1970 et 1980 se trouvent maintenant dans une conjoncture plus favorable leur mancipation En outre plusieurs de ceux qui s identifiaient au socialisme marxiste au cours des d cennies ant rieures se sont distanc s formellement ou informellement de ces positions pour se rabattre de facto sur la social d mocratie Enfin pour les jeunes g n rations qui se sont conscientis es partir des nouvelles luttes dans les champs de l altermondialisation du d veloppement durable des finances solidaires du commerce quitable la social d mocratie devenait un courant plus attractif que dans les d cennies 1970 et 1980 Pourtant nombre de progressistes continuent de se montrer r ticents l id e de s identifier la social d mocratie La cinqui me configuration de L vesque fait donc place la possibilit d une inscription de l conomie sociale au sein d un projet de soci t social d mocrate ce qui n tait pas possible dans les deux p riodes et configurations ant rieures Toutefois sans tre aussi discr dit e que le mod le socialiste de type marxiste la social d mocratie pour s av
65. des derni res ann es ont t rendues possibles gr ce l engagement d une partie importante de la gauche De l autre il faut le reconna tre une autre partie de la gauche attach e des positions plus traditionnelles est demeur e m fiante ou attentiste devant l essor de l conomie sociale Cette ambivalence m rite un examen plus approfondi notre avis l explication des positions diversifi es de la gauche vis vis de l conomie sociale a quelque chose voir avec les r flexions faites dans la partie 2 sur l h ritage historique de la social d mocratie qui pr vaut au Qu bec Th oriquement l conomie sociale devrait s inscrire de fa on harmonieuse dans une matrice social d mocrate Historiquement toutefois au Qu bec ce sc nario ne s est pas mat rialis aussi facilement qu au Canada anglais Toutefois depuis une douzaine d ann es on assiste un dialogue plus f cond entre l conomie sociale et la social d mocratie En somme au cours des 75 derni res ann es la gauche qu b coise n a pas eu la possibilit de vivre longtemps et consciemment l exp rience de la social d mocratie Dans les mouvements sociaux les milieux intellectuels et politiques de gauche en particulier la social d mocratie a t clips e ou marginalis e par le courant corporatiste et nationaliste traditionnels avant les ann es 1960 et par les courants marxistes structuralistes pendant les ann es 1970
66. dire de 1930 1960 En effet pendant que la configuration corporatiste dominait au Qu bec dans certaines autres r gions du Canada notamment dans les provinces de l Ouest la configuration dominante tait social d mocrate ou socialiste la mani re travailliste L ann e 1933 n est pas seulement celle o ont t lanc s au Qu bec les programmes 1 et 2 de restauration sociale de l SP en contexte de crise conomique C est aussi l ann e pendant laquelle dans le m me contexte de crise conomique a t rendu public dans l Ouest canadien le Manifeste de Regina la rampe de lancement d un nouveau parti social d mocrate canadien qui prit le nom de Co operative Commonwealth Federation CCF la diff rence du Parti communiste du Canada qui existait depuis les ann es 1920 et qui sans faire de perc e dans le Parlement du Canada avait r ussi pendant les ann es 1930 et 1940 accro tre consid rablement son influence dans le mouvement syndical dans les comit s de ch meurs dans les collectifs pour la paix etc la CCF n tait pas un parti socialiste de type marxiste qui pr conisait l abolition de tous les moyens de production C tait un parti socialiste de la famille travailliste ou plus pr cis ment un parti social d mocrate qui acceptait l conomie de march tout en pr conisant une forte r gulation de l tat dans le d veloppement conomique et social La CCF misait sur le changement d
67. e l Universit du Qu bec 2003 D p t l gal Biblioth que et Archives nationales du Qu bec 2008 D p t l gal Biblioth que et Archives Canada 2008 ISSN 1490 8069 Avant propos En janvier 2008 j ai t invit par le professeur J J McMurtry coordonnateur du programme Business and Society de l Universit York Toronto produire un texte sur l conomie sociale au Qu bec Ce texte tait destin devenir un chapitre dans un livre produit sous sa direction Perspective on Canada s Social Economy et publi par Emond Mongomery Publications de Toronto J ai accept cette invitation et me suis mis la t che dans les mois qui ont suivi l t 2008 je me suis retrouv avec une version de 27 000 mots alors que l diteur attendait une version de 15 000 mots J ai d cid alors de faire deux textes distincts une version courte qui serait traduite en anglais pour le livre et une version int grale qui serait publi e en fran ais comme working paper Je suis heureux gr ce ce cahier de recherche de rendre publique la version int grale de mon texte en fran ais parce qu elle pr sente la partie 3 du texte laquelle je suis tr s attach partie que j ai d r sumer pour le chapitre du livre de McMurtry Yves Vaillancourt R sum Le texte qui suit est structur en trois parties principales Dans la premi re l auteur synth tise la p riodisation de l conomie
68. e sociale au Canada il m appara t int ressant en tenant compte de la contribution de Beno t L vesque sur les cinq configurations dominantes de l conomie sociale de partager quelques r flexions sur les contrastes entre la tradition qu b coise et la tradition canadienne Je le ferai en me concentrant davantage sur les trois derni res configurations qui couvrent ensemble plus de 75 ann es d histoire de 1930 2008 Or lorsque je r fl chis sur les configurations dans lesquelles s est inscrite l conomie sociale au Qu bec depuis les ann es 1930 et que je tente de cerner quelques diff rences avec ce qui s est pass dans le Canada anglais je constate avec tonnement que a rencontre entre l conomie sociale et la social d mocratie est un ph nom ne historique plus r cent au Qu bec que dans le reste du Canada Si je me r f re aux trois derni res des cinq configurations dominantes de L vesque je constate que la social d mocratie a eu de la difficult prendre historiquement racine au Qu bec parce qu elle a t d nigr e sur sa droite pendant la troisi me p riode de 1930 1960 et sur sa gauche pendant la quatri me p riode 1960 1990 En fait c est au cours de la p riode actuelle la cinqui me que la social d mocratie a trouv un terreau plus fertile au Qu bec pour s manciper m me si ces derni res ann es plusieurs Qu b cois et Canadiens anglais sont devenus ou redevenus social
69. e C est ce qui s est pass depuis 1997 avec le d veloppement de 712 Centres locaux de d veloppement CLD qui soutiennent le d veloppement conomique et social dans les grandes villes et les Municipalit s r gionales de comt MRC la grandeur du Qu bec Comeau et al 2001 Favreau 2008 53 58 Les CLD sont dot s d un Fonds de d veloppement des entreprises de l conomie sociale FDE S D autres outils d accompagnement de l conomie sociale peuvent tre mentionn s dont les Carrefours jeunesse emploi CJE les Services sp cialis s de main d uvre SEMO et plusieurs dispositifs financiers En outre en plus des outils collectifs que l tat qu b cois s est donn s il faut mentionner un outil important qui rel ve de l tat f d ral Il s agit des 67 Soci t s d aide au d veloppement des communaut s SADC qui interviennent dans le domaine du d veloppement local en milieu rural au Qu bec on en compte 268 au Canada Les SADC ont offert du soutien 473 organismes qu b cois d conomie sociale au cours des derni res ann es Favreau 2008 51 54 Dans une synth se de l tat de situation de l conomie sociale la fin de la p riode 5 L vesque identifie quatre grandes composantes 2007 43 48 e les mutuelles au nombre de 39 dont les deux plus importantes sont SSQ Groupe financier et La Capitale e les coop ratives au nombre de 2834 r parties dans une quarantaine de sec
70. e peu d tudes empiriques pour le documenter Pour limiter notre propos nous nous en tenons aux partis politiques qui ont exerc le pouvoir dans les gouvernements majoritaires ou qui ont partag le pouvoir jusqu un certain point dans les gouvernements minoritaires Cela nous am ne n gliger des formations politiques plus loign es du pouvoir comme Qu bec Solidaire et le parti Vert m me si leurs positions sur l conomie sociale peuvent s av rer int ressantes comme en t moignent les propos de Fran oise David de Qu bec solidaire dans Mouterde 2008 72 35 e de d cembre 1985 l automne 1994 gouvernements majoritaires du PLQ dirig s successivement par Robert Bourassa 1985 1993 et Daniel Johnson 1993 1994 e de l automne 1994 au printemps 2003 gouvernements majoritaires du PQ dirig s successivement par Jacques Parizeau 1994 1995 Lucien Bouchard janvier 1996 mars 2001 et Bernard Landry mars 2001 avril 2003 e du printemps 2003 2007 gouvernement majoritaire du PLQ dirig par Jean Charest e de 2007 gouvernement minoritaire du PLQ dirig par Jean Charest et opposition officielle de l Action d mocratique du Qu bec ADQ dirig e par Mario Dumont et une deuxi me opposition du PQ dirig e par Pauline Marois De fa on g n rale nous pouvons affirmer que l conomie sociale a t plus fortement reconnue et appuy e par les gouvernements du PQ que par ceux du PLQ Mais c
71. e sans le savoir pendant plusieurs d cennies le moment o on s est aper u subjectivement qu on en faisait est arriv plus t t au Qu bec qu ailleurs au Canada Vers 1995 au Qu bec En d cembre 2003 au Canada lorsque Paul Martin a remplac Jean Chr tien la t te du gouvernement du PLC Toutefois les diff rences entre l conomie sociale au Qu bec et au Canada mergent plus nettement lorsqu on examine les configurations ou les contextes sociohistoriques dans lesquelles elle s est inscrite divers moments de l histoire dans les deux soci t s Il importe de s int resser aux configurations dominantes parce que l enjeu prioriser renvoie moins la quantit d conomie sociale qu on trouve dans une soci t qu au type de relations qui s instaurent entre l conomie sociale l tat le march les mouvements sociaux la soci t civile les id ologies les glises les changes internationaux etc C est ce qui explique le choix que j ai fait de consacrer la premi re partie de mon texte aux cinq configurations dominantes dans lesquelles l conomie sociale s est inscrite historiquement au cours des 160 derni res ann es J ai accord une attention plus grande aux trois derni res configurations qui se sont succ d es au cours des 75 derni res ann es en tenant compte de travaux r cents de Beno t L vesque et en mettant l occasion mon grain de sel partir de mes travaux
72. ec leurs semblables dans le reste du Canada et sur le plan international 3 1 Sur la d finition de l conomie sociale Depuis les sommets socio conomiques de 1996 dans nos d bats qu b cois et canadiens la question de la d finition souvent n glig e et boud e est devenue incontournable Cette question nous rattrape souvent au moment o on s y attend le moins C est ainsi que plusieurs personnes au Qu bec comme dans le reste du Canada au cours des derni res ann es ont pens qu il tait possible de s int resser au portrait de l conomie sociale dans l ensemble du Qu bec ou du Canada dans un secteur ou sur un territoire sans avoir besoin au pr alable de faire du travail th orique sur sa d finition Mais ces personnes se sont vite but es des d sillusions Elles ont d couvert par l exp rience que la t che de faire des portraits de l conomie sociale paraissait facile au point de d part mais devenait souvent p rilleuse Elles ont fini par revenir la t che de d finir l conomie sociale non sans avoir tent d abord de l viter Or la d finition de l conomie sociale ne fait pas l objet d un consensus pas plus au Qu bec qu ailleurs En ce qui nous concerne comme nous l avons indiqu d s l introduction nous sommes demeur s attach s la d finition large et inclusive propos e par le Groupe de travail sur l conomie sociale GT S 1996 et retenue au Sommet sur l
73. ectivement dans le label de l conomie sociale son arriv e au pouvoir en d cembre 2003 le premier ministre Paul Martin ne tarde pas donner des signaux clairs l effet qu il est int ress promouvoir l conomie sociale comme nous l avons mentionn plus haut cf partie 3 4 Ce virage politique du gouvernement f d ral n tait pas improvis Il avait t pr par plusieurs ann es auparavant par les liens qu avaient d velopp s Paul Martin et Nancy Neamtan partir de leurs enracinements de longue date sur le territoire du Sud Ouest de Montr al l un comme d put l autre comme leader du RESO Neamtan 2004 26 Cela signifie que l exp rience de l conomie sociale et du Chantier de l conomie sociale tait connue par Paul Martin avant son arriv e au pouvoir Ainsi au cours des ann es 2004 et 2005 l appui donn par les deux gouvernements de Paul Martin l conomie sociale change de mani re importante la conjoncture politique sur la sc ne canadienne m me si cette orientation ne devait durer que 26 mois En effet la politique du gouvernement f d ral favorable l conomie sociale sera d savou e et en partie d truite par le nouveau gouvernement minoritaire de Stephen Harper qui arrive au pouvoir le 26 janvier 2006 Voir partie 3 4 et Vaillancourt et Th riault 2008 N anmoins cette politique conservera certains effets structurants dans la soci t civile canadienne m
74. effet la reconnaissance de l SS d range dans la mesure o elle provoque l clatement des cadres d analyse binaires port s depuis des d cennies ne voir que l tat et le march Dans son analyse de la configuration dominante de la p riode 1990 2008 L vesque identifie 1996 comme un moment charni re pour la reconnaissance de l SS au Qu bec Il fait r f rence alors aux d cisions prises lors des deux sommets socio conomiques organis s par le nouveau gouvernement du Parti qu b cois PQ dirig par Lucien Bouchard partir de janvier 1996 Dans le prolongement de textes ant rieurs L vesque Malo et Girard 1999 L vesque et Mendel 1999 2005 il fait ressortir que la pr paration lointaine des deux sommets de 1996 tout autant que leur r alisation ne sont pas le r sultat d une quelconque d marche corporatiste moderne ll Cette repr sentation craintive et n gative de l conomie sociale perdurera pendant longtemps au sein d une partie de la gauche traditionnelle comme en t moignent certains crits Piotte 1998 Boivin et Fortier 1998 Avec le temps certains ont fini par modifier leur position Ainsi dans son dernier livre Jean Marc Piotte 2008 a fait un virage significatif il met des propos plus constructifs sur l conomie sociale et sa possible contribution la transformation de la soci t dans laquelle le gouvernement serait demeur l otage de quelques groupes d int r t Es
75. eillesse des incendies etc Ces soci t s se d veloppent la mani re d un mouvement social autonome vis vis de l influence des lites traditionnelles canadiennes fran aises et catholiques Cette autonomie se manifeste aussi par rapport l tat qui n intervient pas dans les politiques sociales Elles sont ant rieures aux syndicats mais lorsque les Chevaliers du travail conna ftront leur apog e pendant les ann es 5 La cotisation sociale se distingue de la prime des compagnies d assurance la prime est fix e en fonction du risque encouru Dans la logique commerciale plus le risque est lev celui du ch mage par exemple plus la prime de l assur est lev e Par contre dans une soci t mutuelle la cotisation est fix e en tenant compte de la capacit de payer du collectif des personnes assur es qui se solidarisent en mutualisant le risque Historiquement la formule des cotisations sociales dans les mutuelles a montr la voie aux programmes d assurance sociale obligatoire et publique qui se sont d velopp s avec l av nement des politiques sociales du Welfare State Ainsi le mouvement mutualiste a montr historiquement la voie suivre l tat social Favreau 2008 24 25 1880 ils en feront la promotion tout autant que celle des coop ratives de production et de distribution L vesque 2007 5 6 la m me poque en milieu rural on trouve une autre configuration domin e qui met en valeur la
76. ence Horizons vol 8 no 2 7 15 FAVREAU Louis 2008 Entreprises collectives Les enjeux sociopolitiques et territoriaux de la coop ration et de l conomie sociale Qu bec Presses de l Universit du Qu bec 334 p FAVREAU Louis et Beno t L VESQUE 1996 D veloppement conomique communautaire conomie sociale et intervention Qu bec Presses de l Universit du Qu bec 230 p FAVREAU Louis LACHAPELLE Ren et G rald LAROSE 2003 Social Movements Social and Solidarity Economy Democracy and Development The Key Aspects of an Equitable Globalization conomie et Solidarit s dition sp ciale 4 15 FAVREAU Louis et Abdou SALAM FALL sous la direction de 2007 L Afrique qui se refait Initiatives socio conomiques des communaut s et d veloppement en Afrique noire Qu bec Presses de l Universit du Qu bec 393 p FIDUCIE DU CHANTIER DE L CONOMIE SOCIALE 2007 Rapport annuel 2007 Montr al Fiducie du Chantier de l conomie sociale 8 p 56 FONTAN Jean Marc et Eric SHRAGGE 2000 Tendencies Tensions and Visions in the Social Economy in SHRAGGE Eric and Jean Marc FONTAN sous la direction de 2000 Social Economy International Debates and Perspectives Montr al Black Rose Books 1 15 GIRARD Jean Pierre 2005 Le d veloppement r cent des coop ratives dans le domaine sociosanitaire au Qu bec une lecture conomie et solidarit s vol 36 no 2 89 106
77. ents 2000 100 105 D une part il rappelle que subjectivement les intervenants du mouvement communautaire ne se reconnaissent pas dans l conomie sociale D autre part il d voile le crit re objectif qui lui permet de d terminer si une association appartient l conomie sociale ou pas Ce crit re c est l exigence de viabilit conomique 2008 101 la lumi re de ce crit re plusieurs organismes communautaires sont rapidement exclus En effet la mission ou la logique premi re des associations de d fense de droits et de services est la mobilisation pour la justice sociale et le service la communaut locale qu elles desservent en se voyant confier la plupart du temps un financement de l tat pour la mission de service public qu elles remplissent Donc pour Favreau l identit de ces associations non marchandes est d abord sociopolitique et secondairement socio conomique 2008 101 Bizarrement apr s avoir exprim les raisons qui fondent ses r ticences Favreau semble se r tracter Il dit la limite on peut parler d conomie sociale non marchande 2008 102 Mais le c ur n y est pas Je r pondrai Favreau en trois points k 27 D abord l argument voulant que les organismes communautaires ne se reconnaissent pas subjectivement dans l conomie sociale fait r fl chir mais ne fait pas le poids Si cet argument valait pour les organisme
78. es apports de l cole fran aise de la r gulation de la sociologie europ enne des mouvements sociaux et de la th orie des grandeurs Elle a permis de d velopper de nouveaux outils th oriques et m thodologiques qui permettent d tudier les transformations dans la soci t en regard du pass et du futur D o l int r t des tudes sur les innovations sociales susceptibles d avoir des effets structurants sur des transformations sociales de plus grande ampleur et de plus grande port e Ces approches novatrices ont eu des retomb es la fois sur les plans micro m so et macro voir Klein et Harrisson 2007 Vue partir de notre fen tre qu b coise la distinction de Loxley entre r forme et transformation nous fournit l occasion d ajouter un commentaire Dans le d veloppement r cent de l conomie sociale au Qu bec les acteurs et chercheurs de notre courant tout comme ceux qui s inscrivent dans le courant de Loxley au Canada anglais s int ressent vivement aux transformations profondes qui peuvent surgir Mais la diff rence de Loxley et de ceux qui s en r clament les transformations auxquelles nous nous int ressons ne sont pas oblig es de passer court ou moyen terme par une rupture avec le capitalisme ou l conomie de march Dans ce contexte les mots r formes et r formistes ne sont plus charg s d une connotation p jorative comme ils l taient il y a 25 ou 30 ans dans les milie
79. ette affirmation ne signifie pas que l appui du PQ a toujours t clair et sans ambigu t ni que le PLQ n a pas reconnu et appuy l conomie sociale jusqu un certain point par exemple lors de la c l bration du dixi me anniversaire du Sommet de 1996 en novembre 2006 En somme en raison de la vigilance et de la vitalit des mouvements sociaux et de la soci t civile au Qu bec on peut dire que la reconnaissance de l conomie sociale au cours de la p riode consid r e a pu tre maintenue ind pendamment des changements de gouvernement En outre ce n est pas parce que l conomie sociale dans son ensemble a connu un moment charni re en 1996 sous le gouvernement p quiste de Lucien Bouchard que certaines de ces composantes n ont pas commenc tre reconnues par des gouvernements ant rieurs C est le cas de la reconnaissance des coop ratives laquelle ont contribu avant 1996 divers gouvernements et partis politiques pendant plusieurs d cennies C est le cas aussi pour la reconnaissance des organismes communautaires c d les associations non marchandes qui a franchi une tape importante en 1990 dans le domaine de la sant et des services sociaux au temps du ministre Marc Yvan C t sous le gouvernement lib ral de Robert Bourassa Cette politique de reconnaissance a t largie par la suite l ensemble des organismes communautaires sous les gouvernements p quistes de Jacques
80. ficiel et dans les engagements budg taires Deux initiatives de politiques publiques ont eu des implications concr tes pour l essor de l conomie sociale En premier lieu il y a le programme du Early Learning and Child Care ELCC qui est annonc en 2004 et lanc dans le budget de f vrier 2005 Le gouvernement y engage cinq milliards de dollars en cinq ans Il s agit d un programme de partage de co ts qui veut respecter les comp tences des provinces tout en sp cifiant que la source d inspiration est le mod le qu b cois des CPE qui conf re une place privil gi e l conomie sociale En deuxi me lieu il y a le programme annonc dans le budget de 2004 pour soutenir sp cifiquement l conomie sociale pendant cinq ans Budget consacr 132 millions de dollars Dans cette enveloppe il y a des mesures pour soutenir des initiatives d conomie sociale dans diverses r gions du Canada Il y a aussi un volet de 15 millions de dollars pour soutenir la recherche en partenariat sur l conomie sociale au Canada Cette enveloppe d di e la recherche sera transf r e pour des fins de gestion au Conseil de recherches en sciences humaines du Canada CRSH Vaillancourt et Th riault 2008 Le nouveau gouvernement conservateur de Stephen Harper arriv au pouvoir en janvier 2006 n utilise pas le concept d conomie sociale dans son vocabulaire ni dans ses politiques publiques Il ne se sent pas li par les engagements du gouve
81. gislatures provinciales des provinces des Prairies et de l Ouest canadien dans les mouvements sociaux urbains et ruraux et dans plusieurs institutions et organisations de la soci t civile au Canada L influence social d mocrate sur la sc ne canadienne se maintiendra d ailleurs avec le remplacement des partis CCF par des partis NDP partir de 1961 Revenons maintenant aux liens et aux diff rences entre la configuration corporatiste d conomie sociale qui domine au Qu bec et la configuration social d mocrate d conomie sociale qui domine dans le reste du Canada Dans les crits sur la configuration corporatiste on a souvent mis en relief que cette configuration voulait contrer la p n tration des id es et projets communistes ou socialistes de type marxiste dans la soci t qu b coise caract ris e l poque comme canadienne fran aise et catholique Il faut ajouter que la position des lites qu b coises de l poque n tait pas seulement anticommuniste et antisocialiste d all geance marxiste Elle tait aussi fortement anti social d mocrate comme en t moigne la position catholique adopt e l poque contre la doctrine de la CCF J ai mentionn plus haut cf partie 1 3 comment la premi re journ e d tude organis e par les j suites sociaux de l SP en mars 1933 avait t convoqu e dans le but de d finir une position que les catholiques devaient adopter l endroit de la CCF Or j ai
82. ialisation des principal means of production and distribution et non pas de tous les moyens de production 1933 2 Le Regina Manifesto prenait l engagement suivant We do not believe in change by violence CCF 1933 2 Dans ses m moires Georges Henri L vesque qui a v cu en France et en Belgique au d but des ann es 1930 reconna t qu en 1933 au moment o il affirmait qu un catholique ne pouvait pas adh rer la doctrine CCF il n tait pas conscient des diff rences entre la tradition socialiste fran aise et belge d une part et la tradition travailliste en Angleterre et la tradition social d mocrate des pays scandinaves d autre part Cela am ne L vesque dire Durant mon s jour de formation en Europe mes connaissances pratiques du socialisme ont surtout port pour ne pas dire uniquement sur les socialismes belge et fran ais tous deux farouchement anticl ricaux et antireligieux Il n est donc pas tonnant que j prouve face au parti socialiste de chez nous c d la CCF des craintes graves et m me de l agressivit Il est vrai que le British Labour Party d Angleterre qui logeait officiellement l enseigne socialiste se r v lait selon la mentalit anglo saxonne beaucoup moins doctrinaire ou radical que ses confr res continentaux et que concr tement il n avait rien d antireligieux L vesque 1983 231 Parmi les principaux dirigeants Woodsworth Coldwel
83. ialistes au pluriel Favreau 2008 132 134 Il fallait toujours parler du capitalisme et il n y avait qu une alternative Cons quemment l conomie sociale se trouvait alors critiqu e Elle tait le cheval de Troie du capitalisme Favreau 2008 21 22 Pourquoi Parce qu elle faisait miroiter des r formes sans pour autant induire l abolition de la totalit des moyens de production n1 l limination des principes de l conomie de march 2 3 Pendant la p riode 5 la social d mocratie revient l ordre du jour De 1990 2008 on assiste au retour du balancier en ce qui a trait la social d mocratie La chute du mur de Berlin en 1989 symbolise les difficult s de la construction du socialisme r el inspir de la tradition marxiste et l niniste Dans les pays du Nord comme du Sud au Qu bec comme dans le reste du Canada dans les milieux intellectuels dans les mouvements sociaux et dans les partis politiques de gauche sauf du c t de quelques irr ductibles on h site davantage se r clamer du communisme du marxisme du socialisme de type marxiste voire de l anticapitalisme puisque ces tiquettes sont devenues orphelines de mod les historiques inspirants 3 Ma critique de la difficult du marxisme faire preuve d ouverture vis vis de l conomie sociale s adresse au marxisme structuraliste et intransigeant que nous avons connu au Qu bec et dans le reste du Canada au cours
84. ie capitaliste et conomie publique The Third Sector Cooperative Mutual and Nonprofit Organizations Bruxelles CIRIEC et De Boeck Universit 459 p DEFOURNY Jacques DEVELT RE Patrick et B n dicte FONTENEAU sous la direction de 1999 L conomie sociale au Nord et au Sud Paris Bruxelles De Boeck Universit 280 p COLE SOCIALE POPULAIRE sous la direction de 1934 Le programme de Restauration sociale expliqu et comment Montr al ESP nos 239 240 80 p ENJOLRAS Bernard sous la direction de 2008 Gouvernance et int r t g n ral dans les services sociaux et de sant Bruxelles P LE Peter Lang Collection Economie sociale amp Economie publique 266 p ESPING ANDERSEN Gosta 1990 The Three Worlds of Welfare Capitalism Cambridge R U Polity Press 248 p ESPING ANDERSEN Gosta 1999 Les trois mondes de l tat providence Essai sur le capitalisme moderne Paris PUF coll Le lien social 310 p EVERS Adalbert et LAVILLE Jean Louis sous la direction de 2004 The Third Sector in Europe Cheltenham UK Edward Elgar 266 p FAVREAU Louis 2005 Les regroupements nationaux d conomie sociale au Qu bec Essai d analyse politique Gatineau Chaire de recherche du Canada en d veloppement des collectivit s Universit du Qu bec en Outaouais Recherche no 36 mai 37 p Voir wWww uqo ca crdc geris FAVREAU Louis 2006 Social economy and public policy The Quebec experi
85. igurations domin es Le rappel des cinq configurations dominantes identifi es par L vesque vise deux objectifs D une part je me fais l cho d une relecture de l histoire de l conomie sociale au Qu bec que je trouve bien document e bien ficel e et susceptible d offrir un clairage utile aux lecteurs D autre part ce point de r f rence historique permettra la discussion 1 1 Les ann es 1840 1900 les soci t s de secours mutuel une conomie sociale autonome face aux lites traditionnelles Au cours de cette p riode la configuration dominante dans le domaine de l conomie sociale est marqu e par l mergence des soci t s de secours mutuel dans les milieux ouvriers des villes Au cours du 19 si cle pas moins de 253 soci t s de secours mutuel apparaissent dans la soci t qu b coise L vesque 2008 en s appuyant sur les recherches de l historien Martin Petitclerc 2007 avance qu au d but du 20 si cle les soci t s mutualistes regroupent 150 000 soci taires soit environ 35 des hommes adultes des milieux urbains Ces mutuelles promeuvent des valeurs d autonomie de solidarit et d autogestion au sein des couches populaires Elles permettent aux ouvriers et leurs familles qui en sont membres en retour d une cotisation sociale plut t que commerciale de se doter d une protection face aux risques du ch mage de la maladie des accidents de l invalidit de la vi
86. ils de rayonnement international d autres ont lanc SOCODEVI pour fournir de l assistance technique aux projets de d veloppement en Afrique et en Am rique latine et sensibiliser ses membres la coop ration internationale L vesque 2008a Favreau 2008 CQCM 2007 14 De son c t le C S qui existe depuis une douzaine d ann es seulement a su s associer l expertise internationale plus ancienne de certains de ses alli s incorpor s dans son mode de gouvernance par exemple la FTQ et la CSN en plus de d velopper des projets de coop ration strat giques avec certains pays renomm s pour leur expertise en conomie sociale et solidaire par exemple le Br sil la France et la Belgique 2 Le CIRIEC Canada avec ses 40 ans d histoire ses liens avec le CIRIEC international sa valorisation de la recherche en partenariat et sa riche expertise en conomie sociale coop rative et publique a hautement contribu brancher les acteurs qu b cois int ress s 48 l conomie sociale sur des exp riences et des recherches pertinentes en cours dans d autres pays et les mettre en contact avec des vis vis de grande valeur dans plusieurs pays principalement en Europe Le CIRIEC Canada souvent en symbiose th orique avec le CRISES constitue un lieu rassembleur auquel participent la fois le CQCM et le C S de m me qu un grand ventail d acteurs Il a contribu tr s t t roder un m
87. ire qu b coise et de leurs alli s sans oublier des organismes de coop ration internationale qui ont pris des engagements concrets en faveur de l conomie sociale et solidaire ces derni res ann es Le GESQ fait sien le mod le des quatre coll ges d velopp par le CIRIEC Canada Il a jou un r le important dans l organisation de la rencontre de Qu bec l automne 2001 Il a galement contribu la cr ation du R seau intercontinental pour la promotion de l conomie sociale et solidaire RIPESS et l a soutenu dans la pr paration de la Troisi me Rencontre internationale sur la globalisation de la solidarit Dakar en novembre 2005 Le GESQ a deux pr occupations majeures Premi rement il d montre un souci de faire en sorte qu un quilibre soit favoris entre la participation du Sud et celle du Nord dans les rencontres intercontinentales Deuxi mement il cherche ce que la contribution de l conomie sociale et solidaire dans le mouvement altermondialisation s apparente une d marche innovatrice pour r sister et construire Cela veut dire d une part r sister au courant n olib ral en le critiquant et le d non ant et d autre part construire en se pr occupant d avancer des contre propositions concr tes qui misent entre autres sur des pratiques et politiques novatrices en mati re d conomie sociale et solidaire Pensons par exemple des organismes comme D veloppement e
88. l ensemble de l conomie sociale Sans avoir fait un inventaire exhaustif des textes dans lesquels le C S se d finit j ai remarqu qu il se pr sente souvent comme a network of networks et non comme fhe network of networks Par exemple dans un texte dat de 2004 Nancy Neamtan pr sente le chantier de la mani re suivante The Chantier is a network of networks Whose purpose is to promote the social economy It supports new projects encourages consultation between the diverse actors in this sector and ensures that they have representation in the public domain Neamtan 2004 28 44 Cette formulation revient dans d autres textes C S 2005 19 Elle tait correcte en 2004 Elle est en bonne partie correcte encore en 2008 condition que le C S ne se voit plus comme le seul network of networks dans le domaine de l conomie sociale ni comme le regroupement qui assume des fonctions de consultation et de repr sentation de tous les acteurs de l conomie sociale En effet le CQCM est aussi de facto a network of networks pour peu qu on examine son histoire ses membres et ses activit s en r f rence aux coop ratives et aux mutuelles Simard 2004 CCQ 2004a et 2004b CQCM 2007 On peut aussi ajouter qu il y a plus que deux regroupements nationaux d conomie sociale au Qu bec en tenant compte de notre d finition qui inclut les associations ou organismes communautaires qui font partie de l
89. l Douglas Knowles etc et textes fondateurs de la CCF plusieurs taient identifi s au protestantisme progressiste c est dire un christianisme social radical de type Social Gospel Ces r f rences religieuses pouvaient soutenir de la part des chr tiens qui s en r clamaient des engagements sociaux et politiques de type social d mocrate et anticapitaliste Pelletier et Vaillancourt 1975 69 76 Scott 1986 Vaillancourt 1988 75 76 Donc la diff rence du catholicisme social qu b cois le christianisme social principalement protestant mais aussi catholique conceptualis et pratiqu au Canada anglais pendant cette p riode corporatiste tait ouvert la social d mocratie Autrement dit pendant les ann es 1930 en particulier il n y avait pas de probl me doctrinal pour un chr tien d adh rer la CCF au Canada anglais mais il y en avait au Qu bec Ce facteur ne constitue pas la seule explication des difficult s historiques de la tradition CCF NPD au Qu bec Mais c est un facteur qui a frein la mont e de la social d mocratie au cours de la p riode corporatiste Le concept d conomie sociale quant lui n est pas utilis en tant que tel dans le programme de la CCF Par contre la r alit de l conomie sociale est implicitement reconnue et soutenue Comme le sugg re le mot Co operative le premier des c du sigle le parti CCF s int ressait vivement la coop ration et aux
90. la conjoncture r cente pointent les occasions de rencontres plus harmonieuses et explicites entre l conomie sociale et une social d mocratie renouvel e Ce nouveau mod le ou cette nouvelle configuration est en germe dans l volution de la soci t qu b coise depuis les ann es 1990 voir parties 1 5 et 2 3 Mais certaines conditions sont absentes pour que ce mod le s panouisse et s impose davantage face aux mod les corporatistes et n olib raux avec lesquels il cohabite souvent dans l laboration et la mise en uvre des politiques publiques 37 Je fais r f rence ici une fa on de voir des r formes socio conomiques qui misent sur l intervention de l tat sans la participation des acteurs de la soci t civile et du march du travail Vaillancourt 2008b 24 3 Six enjeux cl s Examinons maintenant six enjeux sp cifiques qui permettent de cerner davantage la vision qu b coise de l conomie sociale Je tiendrai ici compte des constats et r flexions historiques pr sent s dans les deux premi res parties Les six enjeux touchent 1 la d finition de l conomie sociale 2 ses rapports avec l tat le march la soci t civile et les mouvements sociaux 3 sa contribution la transformation de la soci t 4 ses relations avec les gouvernements 5 ses interfaces avec la recherche et les universit s 6 le r seautage des acteurs qu b cois de l conomie sociale au Qu bec av
91. lancourt et Favreau 2001 Vaillancourt 2008b Autrement dit la politique publique de reconnaissance a constitu au fil des deux derni res d cennies une r ponse du moins partielle de l tat et du gouvernement du Qu bec des demandes v hicul es dans la soci t civile entre autres par les mouvements sociaux Cette reconnaissance est la fois l affaire de l tat et des pouvoirs publics et celle des acteurs de la soci t civile et du march Toutefois m me si la reconnaissance et le soutien de l tat l conomie sociale ont connu un saut qualitatif important en 1996 cela ne veut aucunement dire que ces acquis politiques devaient perdurer pour une longue p riode comme s ils taient gel s En mati re de politiques publiques y compris celles qui apportent un soutien au d veloppement de l conomie sociale il n y a pas de gains cadenass s pour toujours Les plus belles avanc es ont constamment besoin d tre reconfirm es reconstruites et reconsolid es Cons quemment depuis 1996 l conomie sociale a eu des hauts et des bas au Qu bec comme ailleurs Ces hauts et ces bas s expliquent la fois par l volution des gouvernements et des partis politiques voir partie 3 4 de m me que par celle de la qualit du r seautage entre les acteurs de l conomie sociale voir partie 3 6 et des alliances avec les mouvements sociaux Certains mouvements sociaux se sont rapproch s significativement de
92. le Sommet de l automne 1996 il nous arrive de compl ter l apport de Beno t L vesque par celui d autres chercheurs sans exclure nos propres travaux Cela permet de mettre jour l volution du mouvement de l conomie sociale au Qu bec e dans le domaine des services d aide domestique qui ont permis de 1997 2000 de cr er 101 nouvelles entreprises d conomie sociale en aide domestique EESAD Vaillancourt Aubry et Jett 2003 Jett Aubry et Vaillancourt 2005 Deuxi mement par l adoption de politiques publiques territoriales qui permettent indirectement la reconnaissance et le d veloppement d initiatives d conomie sociale en soutenant le d veloppement d organismes locaux et r gionaux e C est ce qui se passe depuis les ann es 1980 et 1990 Ainsi l tat qu b cois a donn son soutien aux Coop ratives de d veloppement r gional CDR qui aident le d veloppement des coop ratives dans les r gions administratives du Qu bec Elles se sont donn es pour priorit la cr ation d emplois L vesque 2007 33 et 51 Favreau 2008 46 e C est ce qui s est pass au cours des 30 derni res ann es avec l essor des Groupes de ressources techniques GRT qui aident les acteurs de l conomie sociale et de l conomie publique dans le d veloppement de nouveaux projets d habitation se pr valant des programmes provinciaux et f d raux Bouchard et Hudon 2005 Vaillancourt 2008b
93. lease Qu bec 11 janvier 2 p CHANTIER DE L CONOMIE SOCIALE C S 2006b 10 M pour le soutien de l conomie sociale Communiqu de presse Qu bec 13 mars 2 p CLAVETTE Suzanne 2005 Les dessous d Asbestos Qu bec Presses de l Universit Laval 566 p COMEAU Yvan FAVREAU Louis L VESQUE Beno t et Marguerite MENDELL 2001 Emploi conomie sociale d veloppement local Qu bec Presses de l Universit du Qu bec 336 p COMEAU Yvan et Jean Pierre GIRARD 2005 conomie sociale et sant une pr sence m connue des innovations d couvrir conomie et solidarit s vol 36 no 2 1 12 COMIT DIRECTEUR DU PROJET DE COOP RATION FRANCO QU B COIS EN ECONOMIE SOCIALE ET SOLIDAIRE 2001 Rapport final pr sent aux premiers ministres de France et du Qu bec soumis par le Comit directeur le 14 ao t 51 p COMIT D ORIENTATION ET DE CONCERTATION SUR L CONOMIE SOCIALE COCES 1996 Entre l espoir et le doute Rapport du COCES remis Louise Harel le 29 mai Qu bec 87 p annexes COOP RATIVE COMMONWEALTH FEDERATION CCF 1933 The Regina Manifesto First CCF National convention July 19 21 1933 Regina Saskatchewan 8 p www sasknpd com assets file history manifest pdf CONSEIL DE LA COOP RATION DU QU BEC CCQ 2004a Plan d ensemble 2004 2007 Qu bec CCQ CONSEIL DE LA COOP RATION DU QU BEC CCQ 2004b Vers un r el partenariat public coop ratif Qu bec
94. llectif Social Economy dirig par Shragge et Fontan 2000 cette distinction se trouve dans le chapitre th orique sign par Fontan et Shragge Dans ce texte souvent cit au Canada anglais par exemple dans Loxley 2007 les auteurs distinguent deux courants de litt rature qu b coise sur l conomie sociale Le premier est qualifi de reformist le second de radical utopian Fontan et Shragge 2000 7 11 Voici comment Fontan et Shragge d finissent la position r formiste The reformist position is based on social compromise and consensus building within the liberal market place and defines its practice within those limits but adding the extension of democratic participation within the new socially oriented projects This perspective is most clearly articulated by the promotion of a new social contract which uses the social economy as a central tool in combating poverty and exclusion Fontan et Shragge 2000 7 8 Cette caract risation de l approche r formiste met l accent sur la pr conisation des pratiques d conomie sociale qui ne sont pas en rupture avec ce que Fontan et Shragge appellent the liberal market place ce qui renvoie l conomie de march ou au capitalisme en tant que tel la position r formiste Fontan et Shragge opposent la radical utopian perspective qu ils consid rent comme plus attrayante Cette position alternative est d finie ainsi The radical utopian perspective pr
95. m incite traiter le sujet en tablissant un dialogue avec des lecteurs canadiens anglais D o ma pr occupation dans ce texte de faire occasionnellement l aller retour entre le contexte qu b cois et celui qui pr vaut dans le reste du Canada Dans ce texte comme je l ai fait souvent ailleurs j utiliserai le concept d conomie sociale en lui donnant une signification large et inclusive assez proche de celle que l on trouve dans la d finition propos e par le Groupe de travail sur l conomie sociale GT S au Sommet sur l conomie et l Emploi de l automne 1996 GT S 1996 Cette d finition inclusive a aussi t accept e par les partenaires socio conomiques et par le gouvernement du Qu bec En cons quence elle est devenue par la suite une d finition officielle qui a souvent t reprise par le Chantier de l conomie sociale parfois avec de petites variantes 2001 2005 Il vaut la peine d s l introduction de prendre connaissance de ce type de d finition large et inclusive v hicul e entre autres par le Chantier de l conomie sociale C S depuis 1996 et laquelle nous sommes attach Voici un exemple tir d un texte produit l automne 2005 par le C S en collaboration avec le Canadian Community Economic Development Network CCEDNet et l Alliance de recherche universit s communaut s en conomie sociale ARUC S As a whole the social economy refers to the set of activities
96. me apr s son abandon par l tat f d ral La recherche en partenariat sur l conomie sociale dans six r gions du Canada survivra pour une dur e de cinq ans 2006 2010 Le Canadian Social Economy SE HUB et les six Regional Nodes am nag s sur le mod le de la recherche partenariale la suite de suggestions faites par Beno t L vesque et Margie Mendell au CRSH en 2004 ont t sauvegard s Cela signifiait que dans diff rentes r gions du Canada des acteurs socio conomiques impliqu s concr tement dans les diverses composantes de l conomie sociale Non Profit coop ratives CED et autres organismes communautaires s associaient pour une p riode de cinq ann es de 2006 2010 des chercheurs universitaires pour produire diffuser et transf rer des connaissances sur l conomie sociale Cette nouvelle r alit aliment e par la recherche en partenariat sur l conomie sociale a encourag les acteurs des coop ratives et des Non Profit organizations se reconna tre de plus en plus dans l conomie sociale tout comme Cela n emp che pas les acteurs du mouvement coop ratif au Qu bec de cultiver des liens troits avec leurs semblables dans le reste du Canada Par exemple le CQCM se concerte avec le Conseil canadien de la coop ration CCC et la Canadian Co operative Association CQCM 2007 3 et 8 46 les acteurs du CED avaient commenc le faire avant eux en raison des liens privil gi s qu
97. ment mesure que les visions plus lib rales et social d mocrates se frayent un chemin dans la soci t civile et les mouvements sociaux Le d but de la R volution tranquille consacre la fin de la domination de la configuration corporatiste Mais il ne signifie pas pour autant la disparition subite des id es corporatistes Au contraire au cours des ann es 1960 2008 ces derni res continueront impr gner certains domaines de la vie collective 2 2 Pendant la p riode 4 la social d mocratie est d nigr e sur sa gauche S1 la social d mocratie tait critiqu e sur sa droite pendant la troisi me p riode elle ne tarde pas au cours de la quatri me p riode tre critiqu e sur sa gauche Paradoxalement au Qu bec la diff rence de ce qui s est pass dans le reste du Canada et dans d autres pays la social d mocratie n a pas eu la chance d tre choisie v cue et r fl chie de mani re durable par un nombre consid rable de personnes d organisations et de partis politiques Avant la R volution tranquille la perspective social d mocrate tait pr sente dans la soci t qu b coise mais ses avanc es taient frein es en raison de la domination de la configuration corporatiste et nationaliste traditionnelle En somme l influence de la tradition CCEF NPD est demeur e marginale au Qu bec comparativement ce qui s est pass dans le reste du Canada Avec la R volution tranquille commence la p
98. ments sociaux A partir de 1973 surgissent plusieurs nouveaux groupes politiques marxistes qui se concurrencent pour savoir lequel sera le plus r volutionnaire l Par exemple ce courant corporatiste demeure fort la revue Relations jusqu en 1968 Au cours des ann es qui suivent cette revue j suite devient davantage pluraliste et s ouvre des contributions qui sont de facture social d mocrate et m me marxiste et se r clament de la th ologie de la lib ration 3 Suzanne Clavette 2005 505 mentionne l appui octroy en 1957 par certaines figures syndicales progressistes comme G rard Picard Pierre Vadeboncoeur et Michel Chartrand l exp rience du Parti socialiste d mocratique PSD un pendant qu b cois de la CCF 21 voire le plus marxiste l niniste ou mao ste Cette diffusion des fa ons de voir et de faire marxistes et l ninistes ne tarde pas tre accompagn e de fortes inclinaisons au sectarisme et au dogmatisme Cela suscite une vive concurrence entre les diverses tendances socialistes marxistes elles m mes Cela fait na tre surtout ce qui est important pour l conomie sociale des suspicions et des d nonciations de tout ce qui est identifiable la social d mocratie chez une part importante des nouveaux tenants du socialisme de tendance marxiste Ces luttes entre tenants du marxisme et tenants de la social d mocratie s viront de 1975 1985 Ces luttes laisseront des cicatrices Elles fragili
99. mi re partie j ai fait ressortir comment dans la litt rature br silienne et argentine sur l conomie sociale et solidaire on trouve souvent une distinction entre l conomie sociale vue comme plut t r formiste c d pr te s accommoder du capitalisme et l conomie solidaire vue comme plut t radicale c d pr te rompre avec le capitalisme 4 Pour comprendre ce qui s est pass au cours des 20 derni res ann es il faut souligner que certains lieux de recherche progressistes et bien branch s sur le plan international comme le CRISES Centre de recherche sur les innovations sociales et le CIRIEC Canada ont contribu consid rablement renouveler en profondeur les approches th oriques Dans ces lieux on trouve des chercheurs comme Beno t L vesque Louis Favreau Paul R B langer Margie Mendell Marie Claire Malo Juan Luis Klein Jacques Boucher Marie J Bouchard Yvan Comeau Gilles L Bourque Martine D Amours Christian Jett Omer Chouinard Luc Th riault et Marie No lle Ducharme pour ne nommer que ceux l Ces chercheurs en coop ration avec des praticiens et praticiennes de mouvements sociaux ont t capables en tenant compte de la crise du socialisme r el dans divers pays du Nord et du Sud de faire bouger les cadres d analyse progressistes 33 pourrait appeler sans pr tention une th orie qu b coise des transformations sociales Cette avanc e th orique s est nourrie d
100. mises contribution sont 13 religieux pr tres s culiers et pr lats La deuxi me tape J ajoute une pr cision sur le programme no 1 de l SP et l organisation de la journ e d tude Le programme de cette journ e d tude tait bas sur deux conf rences principales L une par le p re Georges Henri L vesque dominicain qui avait 30 ans Il venait tout juste de rentrer au Canada apr s des tudes en sociologie l Universit catholique de Lille et donnait des cours de philosophie et de th ologie sociale au Coll ge des dominicains Ottawa La conf rence du p re L vesque portait sur le programme du nouveau parti politique socialiste cr dans l Ouest a lieu en septembre 1933 Elle prend la forme d une deuxi me journ e d tude dans laquelle les personnes ressources sont une dizaine de la cs dont l conomiste Esdras Minville de l cole des Hautes tudes commerciale H C L accent est mis sur des dimensions socio conomiques et les pr sentations constitueront par la suite le programme no 2 de l SP Dans les mois qui suivent les programmes 1 et 2 r ussiront rallier un grand nombre d organisations dans la soci t civile Ils permettront m me la naissance d un nouveau parti politique l Action lib rale nationale ALN dirig par Paul Gouin Les id es des deux programmes de l ESP sont au c ur de la configuration corporatiste qui domine la p riode Cette configuratio
101. n corporatiste s appuie explicitement sur la doctrine sociale de l glise dont l encyclique Quadragesimo Anno publi e par Pie XI en 1931 pr conise un projet sociopolitique de corporatisme social qui mise sur les institutions interm diaires pour mieux freiner la n cessit de recourir l intervention de l Etat dans le d veloppement conomique et social ce qui d bouche sur un anti tatisme virulent d nonce les abus du capitalisme dont les monopoles trangers c est dire canadiens anglais et am ricains qui oublient le bien commun d fend le principe de la propri t priv e notamment celle des moyens de production canadien la Cooperative Commonwealth Federation CCF Le but de cette conf rence tait de trancher la question de l adh sion d un catholique pouvait la doctrine de la CCF La deuxi me conf rence a t prononc e par le p re Louis Chagnon j suite Il pr supposait qu un catholique ne pouvait pas adh rer la CCF L objectif de la conf rence du p re Chagnon tait de pr senter une sorte de contre programme de r formes auquel un catholique pourrait adh rer C est cette deuxi me conf rence qui devait donner naissance au programme de restauration sociale fond e sur le projet corporatiste Mais il y a un point int ressant souligner propos de cette journ e d tude de mars 1933 C est que le premier conf rencier le p re L vesque s est montr h
102. n surgissait souvent est ce que cette exp rience qu b coise pourrait avoir des retomb es dans d autres r gions du Canada 45 Profit sector les coop ratives ou le d veloppement conomique communautaire Les personnes impliqu es dans le VSI depuis 1999 cf partie 3 4 avaient de la difficult faire des liens entre leurs pratiques et celles de l conomie sociale au Qu bec part Jack Quarter qui a jou un r le de pr curseur peu de chercheurs utilisent le concept d conomie sociale au Canada anglais Avant 2004 le r seautage entre les acteurs qu b cois de l conomie sociale et le Canada anglais se fait d abord entre les acteurs de l Economic Development CED au Canada anglais et au Qu bec sans doute parce que les personnes impliqu es dans le CED au Canada savent que Nancy Neamtan la PDG du Chantier de l conomie sociale au Qu bec a d abord t impliqu e dans le RESO Regroupement pour la relance conomique et sociale du Sud Ouest de Montr al et dans le r seau qu b cois du CED depuis 1983 Donc la diffusion de l exp rience de l conomie sociale au Qu bec avant 2004 se fait beaucoup partir d une alliance entre le C S et le Canadian CED Network CCEDNet Pendant ce temps le Non Profit Sector et le secteur coop ratif ne sont pas impliqu s dans un type de r seautage quivalent en bonne partie parce que la majorit des acteurs de ces deux secteurs ne se reconnaissent pas subj
103. naves au 20 si cle Pour les personnes organisations sociales partis politiques et gouvernements qui s en r clament la social d mocratie implique 1 des relations privil gi es souvent organiques avec les mouvements sociaux 2 l intervention r gulatrice de l tat pour r aliser le plein emploi une fiscalit progressive et une redistribution des revenus 3 la recherche de l int r t g n ral 4 l acc s de la majorit des citoyens des conditions de vie d centes 5 la participation de la majorit des citoyens la d mocratisation de la soci t Esping Andersen 1990 1999 la diff rence du projet socialiste de type marxiste le projet social d mocrate ne pr conise pas l abolition de l conomie de march ou du syst me capitaliste Il vise plut t sa transformation profonde via entre autres la socialisation ou l tatisation de certains moyens de production strat giques pour l int r t g n ral de la population 17 certains de mes crits apportent ils un clairage sur les rapports entre le Qu bec et le reste du Canada Cela ma amen r fl chir sur les rapports entre l conomie sociale et la social d mocratie et prendre conscience du fait que cette derni re jusqu tout r cemment a t davantage pr sente au Canada anglais qu au Qu bec Par exemple l poque o la configuration corporatiste et nationaliste traditionnelle pr valait au Qu bec c est
104. nc s par le Conseil de la coop ration du Qu bec CCQ et dont les assises nationales furent tenues en 1992 e la cr ation des fonds syndicaux de travailleurs la FTQ en 1983 et la CSN en 1996 z i 14 e la Marche Du Pain et des Roses en mai et juin 1995 Cette marche des femmes a donn lieu une r flexion sur l conomie sociale et la mise sur pied de Comit s r gionaux d conomie sociale L vesque 2008a 11 1 5 1 Les deux Sommets de 1996 L id e de convoquer deux sommets socio conomiques a t lanc e par le nouveau gouvernement du PQ dirig par Lucien Bouchard depuis janvier 1996 Le premier sommet la Conf rence sur le devenir social et conomique du Qu bec r alis en mars 1996 avait deux objectifs tablir un plan pour r aliser l quilibre budg taire ou le d ficit z ro et relancer l emploi Le premier objectif a t atteint des acteurs sont arriv s s entendre pour atteindre le d ficit z ro 12 Sur le sens du concept de coconstruction des politiques publiques voir Vaillancourt 2008b En pr sentant une analyse minutieuse des pr paratifs des sommets de 1996 Beno t L vesque r pond aux analystes qui ont reproch aux sommets de s apparenter soit du corporatisme moderne voir la critique de Lise Bissonnette dans Le Devoir l automne 1996 soit d avoir t rendus possibles par la trahison des directions syndicales qui ont renonc prati
105. nd Welfare in Quebec and Canada Montr al UQAM Cahiers du LAREPPS no 01 04 mai 32 p JETT Christian AUBRY Fran ois et Yves VAILLANCOURT 2005 L conomie sociale dans les services domicile une innovation davantage institutionnelle qu organisationnelle conomie et solidarit s vol 36 no 2 129 151 JETT Christian VAILLANCOURT Yves et Philippe LECLERC 2008 Les arrangements institutionnels concernant les rapports entre l tat et les entreprises d conomie sociale en aide domestique EESAD Montr al UQAM Cahiers du Larepps para tre JULLIARD Jacques 2007 R inventer la gauche Le nouvel observateur no 2219 semaine du 17 mai 2007 20 21 KLEIN Juan Luis et Denis HARRISSON sous la direction de 2007 L innovation sociale Emergence et effets sur la transformation des soci t s Qu bec Presses de l Universit du Qu bec 465 p LAVILLE Jean Louis sous la direction de 1994 L conomie solidaire Une perspective internationale Paris Descl e de Brouwer 336 p 57 LAVILLE Jean Louis MAGNEN Jean Philippe DE FRAN A FILHO Genauto C et Alzira MEDEIROS sous la direction de 2005 Action publique et conomie solidaire Une perspective internationale Paris Er s 414 p L VESQUE Beno t 2004 Le mod le qu b cois et le d veloppement r gional et local vers le n olib ralisme et la fin du mod le qu b cois Montr al CRISES no ET0405 mai 2004 40 p
106. nomie sociale cesse d tre r duite un mode d emploi conservateur comme c tait le cas pendant l ge d or de la configuration corporatiste Elle redevient plurielle 1 4 Les ann es 1960 1990 l conomie sociale inscrite dans le nationalisme conomique Au cours des ann es 1960 et 1970 le courant corporatiste et nationaliste traditionnel a cess d tre dominant mais sans dispara tre pour autant Une nouvelle configuration dominante merge et tend aussi marquer l volution de l conomie sociale qui baigne d sormais dans un environnement marqu par un plus grand pluralisme sur le plan des id es et des valeurs La nouvelle configuration qui merge et domine au cours de la p riode est marqu e d apr s L vesque 2007 et 2008a par les traits suivants e mont e d un nouveau nationalisme moderne qui s exprime sur les plans non seulement culturel et social mais aussi conomique et politique dans les milieux urbains autant que ruraux e valorisation de l intervention de l tat dans le d veloppement social et conomique qui entra ne quelques nationalisations Hydro Qu bec et la cr ation de plusieurs soci t s d tat dont la Soci t g n rale de financement SGF en 1963 et la Soci t de d veloppement coop ratif SDC en 1967 Ces soci t s agiront la mani re de soci t s mixtes o s op re un maillage entre le capital tatique le capital priv et le capital coop r
107. nouvel e qui se distingue de la social d mocratie traditionnelle Autrement dit le courant principal de l conomie sociale au Qu bec n a pas la pr tention de viser le remplacement du capitalisme Nous pensons que les progressistes d aujourd hui doivent faire preuve de retenue et apprendre ne pas trop parler du capitalisme au singulier comme cela se faisait souvent dans les ann es 1970 et 1980 Nous consid rons qu il faut plut t parler des 7 Par exemple dans un article sur la th orie de la r gulation souvent cit au Qu bec et ailleurs Paul R B langer et Beno t L vesque 1991 ont t capables d s le d but des ann es 1990 non seulement de d gager une synth se robuste et p n trante des principaux crits de l cole fran aise de la r gulation mais aussi d enrichir cette th orie en s appuyant sur des exp rimentations et des recherches qu b coises B langer et L vesque ont ainsi favoris une appropriation qu b coise de l cole r gulationniste Leur apport se caract rise par le souci de d passer l conomicisme et la capacit de s int resser non seulement aux rapports sociaux de production mais aussi aux rapports sociaux de consommation qui s instaurent entre les citoyens et l tat dans les politiques publiques de type providentialiste 34 capitalismes et des alternatives au pluriel Favreau 2005 et 2008 125 126 132 134 Agir autrement ce serait oublier que nous vivons dans
108. ns les mouvements sociaux et les milieux de gauche au cours des ann es 1970 Lire cet gard le texte de Fran oise David de Qu bec Solidaire dans Mouterde 2007 64 80 la lecture de ce texte on peut d duire que Qu bec Solidaire se d finit comme une formation politique de type social d mocrate Mais on reste sur l impression que l auteure a de la difficult assumer cette identit formellement 31 et 1980 Quelle est la diff rence entre la voie socialiste de type marxiste et la voie social d mocrate par rapport au capitalisme La r ponse d autrefois aujourd hui d mod e ou refoul e c tait que la voie socialiste marxiste implique une rupture avec le capitalisme tandis que la voie social d mocrate se contente de le r former Pour tablir la diff rence on disait que la social d mocratie tait r formiste tandis que le socialisme marxiste tait r volutionnaire De plus du point de vue du socialisme marxiste tre social d mocrate ou r formiste tait tr s p joratif Dans les ann es 2000 l environnement dans lequel se poursuivent les d bats entre progressistes a chang voir parties 1 5 et 2 3 Le vocabulaire a chang aussi Cons quemment la distinction entre r forme et r volution est rarement utilis e du moins de mani re formelle Cela ne veut pas dire qu elle n est pas l occasion en filigrane dans certains d bats sur l conomie sociale Par exemple dans le livre co
109. nseil de la coop ration du Qu bec CCQ n chappe pas ces remises en question L vesque 2008a 8 Dans ce contexte une partie des forces progressistes tend se m fier de l conomie sociale et la traiter avec une certaine suspicion Certains finissent m me par d noncer les coop ratives en leur reprochant d tre une nuisance pour l av nement du socialisme 1 5 Les ann es 1990 2008 la reconnaissance de l conomie sociale et solidaire La configuration dominante de cette p riode se caract rise par une reconnaissance plus formelle de l conomie sociale et solidaire SS Cette reconnaissance mane la fois de la soci t civile et de la soci t politique Elle est partag e par les diverses composantes coop ratives mutuelles et associatives et par les diverses g n rations anciennes et nouvelles Mais cela ne veut pas dire que tous les acteurs qui appartiennent objectivement l conomie sociale se reconnaissent subjectivement dans le concept d conomie sociale Gr ce cette reconnaissance l conomie sociale se diversifie Dynamique et plurielle elle conna t des avanc es significatives Cela occasionne des heurts des tensions et des conflits Ces tensions surgissent entre diverses composantes ou familles de l SS qui se concurrencent Elles surgissent aussi entre la grande famille de P SS d une part et les acteurs de l conomie publique et de l conomie priv e En
110. nt expliquer cette volution en dents de scie du c t de l tat f d ral Voici quelques pistes 3 5 Les liens avec la recherche et les universit s Aujourd hui comme hier de nombreux liens existent entre les acteurs socio conomiques de l conomie sociale et la recherche men e tant t l int rieur tant t l ext rieur de l universit Nous mettrons ici l accent sur ce qui s est pass depuis la fin des ann es 1960 sur le plan de la recherche Nous le ferons en identifiant d abord les dispositifs utilis s Puis nous nous pencherons sur certaines caract ristiques de ces activit s de recherche notamment sur le fait qu elles misent souvent sur un partenariat original entre la communaut et l universit Nous n avons pas l intention d tre exhaustif en ce qui a trait l identification des dispositifs de recherche soutenant l conomie sociale Notre objectif est plut t d illustrer l originalit de la recherche dans ce domaine Quelques infrastructures de recherche sont anciennes et souvent centr es sur les coop ratives e le Centre interdisciplinaire de recherche et d information sur les entreprises collectives CIRIEC Canada est lanc en 1966 l Universit Sir George William qui deviendra l Universit Concordia en 1974 l initiative d Arthur Lermer directeur du d partement d conomie Ce dernier est second par son coll gue Georges Davidovic partir de 1968
111. nternationales ayant trait l conomie sociale et aux politiques publiques Ces productions sont apparues entre 1992 et aujourd hui c est dire entre l ann e de la sortie de l ouvrage incontournable sur l conomie sociale et le tiers secteur dirig par Defourny et Monzon Campos 1992 et l ann e de la sortie d un livre sur la gouvernance dans les services sociosanitaires dirig par Enjolras 2008 Le cheminement et l apport du CIRIEC Canada se r fl tent aussi dans la publication de la revue conomie et Solidarit s ces contacts internationaux qui transitaient par le CIRIEC les chercheurs du CRISES et d autres dispositifs de recherche mentionn s dans la partie 3 5 pouvaient faire b n ficier les r seaux qu b cois d conomie sociale de contacts avec des chercheurs trangers int ress s des projets de recherche comparatifs avec le Qu bec C est ce qui s est pass au cours des ann es 1970 et 1980 avec Henri Desroche et Claude Vienney L vesque 2008b au cours des ann es 1990 avec Jean Louis Laville et d autres tenants de l conomie solidaire en France et depuis la fin des ann es 1990 avec des leaders latino am ricains et africains du courant intercontinental de l conomie sociale et solidaire 4 Pour comprendre la sp cificit de la participation de l conomie sociale qu b coise des r seaux intercontinentaux d conomie sociale et solidaire il faut rappeler la forte pa
112. od le de r seautage international qui mise sur l tablissement d changes la fois bilat raux et crois s avec des acteurs appartenant quatre coll ges sp cifiques tant au Qu bec que dans d autres pays Ce sont le coll ge des op rateurs de l conomie sociale celui des d cideurs publics celui des mouvements sociaux notamment le mouvement syndical et celui des chercheurs L vesque 2008a Ce mod le des quatre coll ges a t utilis pour planifier le projet d ARUC en conomie sociale en 1999 et mis en application dans le Projet de coop ration franco qu b coise sur l conomie sociale et solidaire appuy par les premiers ministres qu b cois et fran ais Lucien Bouchard et Lionel Jospin en d cembre 1998 et r alis de 1999 2001 Comit directeur du Projet de coop ration franco qu b coise sur l conomie sociale et solidaire 2001 3 Anim pendant une bonne partie des ann es 1980 et 1990 par Beno t L vesque qui cumulait les fonctions de pr sident du CIRIEC Canada et directeur du CRISES le CIRIEC a agi la mani re d un fiduciaire pour faciliter la participation de dizaines de chercheurs qu b cois des projets de recherche internationaux sur l conomie sociale dans une perspective d conomie plurielle C est gr ce au CIRIEC Canada qu on a vu appara tre au cours des 15 derni res ann es diverses contributions qu b coises de qualit dans plusieurs publications i
113. omotes the social economy as an alternative form of socio economic development that breaks with the liberal economy It suggests new model of society in witch the liberal market economy will be replaced by a socially oriented economy Fontan et Shragge 2000 8 Cette deuxi me position est celle que les auteurs pr f rent Dans cette perspective l conomie sociale permet une rupture avec l conomie lib rale et implique un remplacement de cette conomie lib rale de march par a socially oriented economy Pour illustrer davantage cette approche Fontan et Shragge r f rent des exp rimentations qui sont influenc es par la anarchist thought et font des emprunts aux pratiques cologistes f ministes et de d veloppement local 2000 8 Sans le dire formellement ils semblent accorder leur deuxi me approche une capacit de rompre avec le capitalisme Dans un ouvrage r cent John Loxley un conomiste de gauche de l Universit du Manitoba tr s li au mouvement canadien du Community Economic Development CED s int resse la question du sens des transformations sociales auxquelles peut contribuer l conomie sociale Pour illustrer la position r formiste qu ils critiquent Fontan et Shragge citent un article de Vaillancourt et L vesque publi dans Nouvelles pratiques sociales vol 9 no 1 printemps 1996 32 Pour Loxley la question est la suivante Transforming or Reforming Capitalism Loxle
114. on SUFA and Beyond Montr al Institut de recherche sur les politiques publiques 157 195 VAILLANCOURT Yves 2006 Le tiers secteur au Canada un lieu de rencontre entre la tradition am ricaine et la tradition europ enne Canadian Review of Social Policy Revue canadienne de politique sociale no 56 23 39 VAILLANCOURT Yves 2007 Democratizing knowledge The experience of University Community Research Partnerships in Carold Institute 2007 Building Local and Global Democracy Toronto The Carold Institute 63 79 www carold ca VAILLANCOURT Yves avec la collaboration de Philippe LECLERC 2008a Note de recherche sur l apport de l conomie sociale dans la coproduction et la coconstruction des politiques publiques Montr al UQAM Cahiers du LAREPPS no 08 01 en copublication avec le CRISES et l ARUC ISDC janvier 32 p www larepps ugam ca VAILLANCOURT Yves 2008b Social Economy in the co construction of public policy Occasional Papers Serie Canadian Social Economy HUB University of Victoria Victoria 2008 30 p VAILLANCOURT Yves et Louis FAVREAU 2001 Le mod le qu b cois d conomie sociale et solidaire RECMA Revue internationale de l conomie sociale no 281 juillet 2001 69 83 VAILLANCOURT Yves et Marie No lle DUCHARME en collaboration avec Robert COHEN ROY Claude et Christian JETT 2001 Social Housing A Key Component of Social Policies in Transformation The Q
115. ong de son histoire le CRISES manifeste son int r t pour des recherches sur les coop ratives et les associations sans n gliger le th me de la d mocratisation dans les entreprises priv es et publiques et celui de la contribution des mouvements sociaux et de l conomie sociale la transformation de la soci t Le CRISES joue le r le d incubateur pour laborer un nouveau paradigme progressiste voire un nouveau mod le de d veloppement local social conomique international et durable qui offre une alternative non seulement au paradigme n olib ral mais aussi au paradigme social tatiste auquel une partie de la gauche traditionnelle demeure attach e Favreau 2008 243 244 Au cours des ann es 1990 et 2000 plusieurs nouveaux dispositifs de recherche s ajoutent aux plus anciens qui continuent d exister Parmi eux mentionnons e le Laboratoire de recherche sur les pratiques et les politiques sociales LAREPPS cr en 1992 et l quipe de recherche partenariale Economie sociale sant et bien tre ESSBE 41 cr e en 1997 qui s int ressent l apport de l conomie sociale dans la transformation de l Etat providence et des politiques sociales Favreau 2008 249 250 e la Chaire de recherche du Canada en d veloppement des collectivit s CRDC de l UQO La CRDC mise sur pied en 2002 existait depuis 1995 sous le nom de Chaire de recherche en d veloppement communautaire Louis Favreau en es
116. onnalit des coop ratives L vesque 2007 18 21 2008 6 7 Ce choix a g n r des divisions au sein de la famille coop rative comme le fait ressortir Beno t L vesque En 1942 la F d ration des caisses populaires se retire du CSC en raison de l opposition de l Union r gionale de Montr al qui craignait une ing rence ext rieure et qui s opposait au principe de la non confessionnalit Ce conflit qui s intensifie en 1945 r v lait deux conceptions diff rentes de la coop ration du nationalisme et de la place de la religion dans l conomie Pour l cole des sciences sociales de Qu bec la coop ration repr sente une fin en elle m me en raison de ses r gles alors que pour les tenants du corporatisme plus ancr s ce moment l dans la r gion de Montr al elle est un moyen en vue d une mancipation collective L vesque 2008a 7 Ces divisions entre tendances l int rieur de la grande famille de l conomie sociale ne se manifestent pas seulement en r f rence des enjeux internes la soci t qu b coise Elles se manifestent aussi dans les d bats sur les liens privil gier avec les acteurs de l conomie sociale dans le reste du Canada et dans d autres pays Par exemple avec la mont e des coop ratives qui sont proches d un parti politique social d mocrate comme la Cooperative Commonwealth Federation CCF en Saskatchewan on se demande si les regroupements de coop ratives au Q
117. oupe d conomie solidaire du Qu bec cr en 2001 Fonds de solidarit de la FTQ F d ration des travailleurs du Qu bec cr en 1983 CIRIEC Canada cr en 1966 Caisse d conomie solidaire Desjardins cr e en 1971 Les organismes de coop ration internationale qui priorisent la promotion de l conomie sociale dans les pays du Sud D veloppement et Paix le CECI Centre d ducation et de coop ration internationale SUCO OXFAM Alternatives etc Fonds Solidarit Sud cr par D veloppement et Paix en 2007 Source L vesque 2008 et Favreau 2008 115 117 206 218 1 Au d part les deux grands regroupements nationaux d conomie sociale le COCM et le C S disposent eux m mes d une tradition de r seautage international qu ils continuent cultiver et qui a fait appara tre au fil des ans un impressionnant coffre outils voir encadr 4 En outre certaines organisations membres ou alli es du CQCM et du C S disposent d un riche capital d exp riences sur le plan du r seautage international D un c t le CCQ CQMQ a eu l occasion au fil d une histoire de pr s de 70 ans de d velopper plusieurs projets et liens internationaux notamment avec l Alliance coop rative internationale ACI Quelques mutuelles et coop ratives dont le Mouvement Desjardins avec sa Soci t de d veloppement international Desjardins SDID d s les ann es 1970 ont d velopp leurs propres out
118. our se d marquer il fallait que les lib raux se distancent et se d sint ressent de l conomie sociale Mais dans ce domaine comme dans d autres la vigilance de la soci t civile a permis d emp cher le pire comme on l a vu entre autres dans les dossiers des CPE et du logement social Depuis l arriv e du gouvernement minoritaire de Charest au printemps 2007 pour se d marquer de l ADQ sur sa droite le PLQ de Charest se d porte un peu plus vers le centre et se rapproche du PQ ce qui est moins nocif pour la reconnaissance de l conomie sociale 5 Cela veut dire que si le gouvernement du PLQ de Jean Charest redevenait majoritaire il serait tent d aller de nouveau vers la droite 37 L o le recul de l conomie sociale dans le gouvernement Charest s est fait le plus sentir c est par l introduction de nouvelles politiques sur le plan de la gouvernance Ces changements ont affect entre autres les politiques sur le d veloppement local et r gional et celles sur les structures locales et r gionales pr sidant l organisation des services de sant et des services sociaux L vesque 2004 12 17 Favreau 2008 57 58 Jett 2008 370 377 Dans un cas comme dans l autre on observe un passage plus net de la d centralisation la d concentration en ce qui a trait au type de rapports entre les organismes publics en r gion comme les Agences r gionales de sant et services sociaux ARSSS e
119. ping Andersen 1990 1999 mais le fruit d une coconstruction d mocratique L vesque 2007 57 Vaillancourt 2008b Cette coconstruction a t rendue possible gr ce la participation des lus politiques et d une diversit d acteurs du monde du travail syndicats et organisations patronales et de la soci t civile organismes communautaires universit s glises etc Gr ce aussi la d lib ration qui a eu lieu entre ces divers acteurs socio conomiques et sociopolitiques Elle a permis d en arriver des d cisions de politiques publiques qui ont pris la forme de compromis institutionnalis s allant dans le sens de l int r t g n ral L vesque insiste sur la pr paration des sommets au cours des ann es 1990 Cela l am ne identifier une s rie d initiatives qui manaient de la soci t civile et interpellaient divers pouvoirs publics notamment l Etat qu b cois Voici quelques unes des initiatives e le Forum pour l emploi du d but des ann es 1990 e le colloque sur l action communautaire organis par la Corporation de d veloppement communautaire de Victoriaville en 1986 e le colloque sur le d veloppement conomique communautaire de 1989 organis par le Programme conomique de Pointe St Charles qui deviendra plus tard le RESO e les Etats g n raux des communaut s rurales en 1991 qui donneront naissance Solidarit rurale e les tats g n raux de la coop ration la
120. pouvoirs publics notamment par l tat qu b cois C est la configuration qui pr vaut actuellement Elle co ncide avec une r inscription de l conomie sociale dans un projet social d mocrate qui tend avec difficult se renouveler D autres acteurs sociopolitiques et socio conomiques s int ressent aussi l conomie sociale Ils souhaitent l inscrire l int rieur d autres configurations moins prometteuses Dans une configuration n olib rale o l conomie sociale est asservie au march ou dans une configuration social tatiste o l conomie sociale est instrumentalis e par l tat et le secteur public ou encore une configuration corporatiste moderne dans laquelle la participation de l tat est recherch e mais en complicit avec celle de certains acteurs socio conomiques comme les syndicats et les organisations patronales Le courant dominant du mouvement de l conomie sociale au Qu bec favorise une configuration d mocratique et solidaire s harmonisant avec un projet de social d mocratie renouvel e Dans la deuxi me partie du texte j ai introduit une discussion critique en comparant les configurations qui dominent au Qu bec et celles qui dominent dans le reste du Canada depuis les ann es 1930 Cela m a permis de mettre en vidence le fait que l conomie sociale qu b coise pendant longtemps a eu plus de difficult que l conomie sociale au Canada anglais s inscrire dans
121. que avance le chiffre approximatif de 10 000 associations et laissent de c t celles qui n emploient pas de main d uvre salari e Ce faisant il garde ses distances D abord vis vis de l estimation g n reuse de l enqu te nationale d Imagine Canada qui a comptabilis 46 000 organismes but non lucratif et b n voles au Qu bec sur un total de 161 000 au Canada Hall et al 2004 Ensuite vis vis de l estimation conservatrice du C S qui comptait seulement 2461 OBNL dans un document de 2001 C S 2001 5 et seulement 3941 dans un document de 2003 C S 2003 6 Pour arriver 10 000 associations L vesque ne se contente pas de compter les associations qui vendent ou tarifent les biens et services produits comme les CPE qui demandent sept dollars par jour par enfant En coh rence avec la d finition inclusive de l conomie sociale qu il a souvent d fendue L vesque et Mendell 2005 il recense aussi des associations qui offrent gratuitement leurs services dont plusieurs qui quilibrent leurs budgets gr ce des dons de fondations et des subventions de Centraide et des pouvoirs publics notamment de l tat qu b cois L vesque 2007 47 48 Tout en la modifiant la hausse nous avons tenu compte de l estimation de 10 000 associations de L vesque dans l encadr 2 sur l conomie sociale au Qu bec en 2005 17 Dans l encadr 2 le chiffre de 10 000 associations r sulte de l addition de 4000 as
122. quer un syndicalisme de combat voir la critique de Jean Marc Piotte 1998 257 269 14 propos de la marche Du Pain et des Roses voir Lorraine Guay 1997 et Martine D Amours 2006 Cette marche a t d cisive pour l insertion dans le d bat public du concept d conomie sociale associ des infrastructures sociales pour cr er des emplois pour les femmes Elle a constitu un v nement majeur qui a interpell fortement le gouvernement p quiste de Jacques Parizeau Ce dernier a r agi en cr ant un groupe de travail compos de fonctionnaires et de militantes du mouvement des femmes Ce groupe a remis en mai 1996 son rapport Entre l espoir et le doute COCES 1996 Entre la marche du printemps 1995 et le sommet socio conomique de l automne 1996 la question de l conomie sociale est d battue l int rieur des mouvements sociaux ce qui a donn lieu la production de plusieurs documents de travail Aubry et Charest 1995 CSF 1996 l int rieur d un d lai de quatre ans Le deuxi me objectif l emploi fut report au deuxi me sommet pr vu pour l automne C est dans le cadre de ce premier sommet qu ont t cr s des groupes de travail pour pr parer le deuxi me sommet sur le th me de l emploi Parmi ces groupes de travail il y avait le Groupe de travail sur l conomie sociale GTES pr sid par Nancy Neamtan 2003 une leader du d veloppement conomique communautaire dans le
123. rde 2007 De fait la position politique de la majorit des auteurs qui ont contribu ce livre rel ve objectivement de la social d mocratie Mais subjectivement ces m mes auteurs n osent pas se d clarer social d mocrates La grande majorit de ces auteurs se d marquent du n olib ralisme ou du capitalisme n olib ral Certains dont Jacques B G linas reprochent au PQ de n avoir jamais t social d mocrate et de s tre loign encore davantage de la social d mocratie au temps de Lucien Bouchard et de Bernard Landry Jacques G linas et Fran oise David reprochent Pauline Marois d avoir lanc l id e de moderniser la social d mocratie Ces formulations et d autres semblables donnent comprendre que ces personnalit s de gauche se d finissent implicitement comme tant social d mocrates Mais on note un malaise qui emp che une partie de la gauche qu b coise d aujourd hui assumer son appartenance au monde de la social d mocratie 35 Contentons nous de mentionner les difficult s des gouvernements social d mocrates en France de 1981 1995 au temps du pr sident Mitterrand au Chili de 2000 2008 au temps des pr sidents socialistes Lagos et Bachelet au Br sil depuis l lection du gouvernement du Parti des travailleurs de Lula en 2003 Mentionnons aussi les difficult s au Canada des pisodes de gouvernements provinciaux NPD de Bob Rae en Ontario au d but des ann es 1990 et de Ga
124. restructuration avec l aide de l tat e l apparition d un nouveau militantisme conomique du c t des syndicats et des organismes communautaires Ce militantisme s exprime dans le d veloppement local et r gional et dans les luttes pour la cr ation et le maintien de l emploi Il se manifeste aussi dans la cr ation du Fonds de solidarit de la FTQ en 1983 dans l essor des Corporations de d veloppement conomique communautaire CDEC et des Corporations de d veloppement communautaire CDC Dans la mesure o elle s tend sur 30 ann es marqu es de rapides transformations sociales cette p riode n est pas homog ne certains gards Cons quemment l identification de sous p riodes pourrait s av rer n cessaire pour mieux cerner ce qui se passe au d but dans les ann es 1960 ou la fin de la p riode dans les ann es 1980 Par exemple l tat providence est en d veloppement rapide pendant les d cennies 1960 et 1970 mais en crise et transformation partir des ann es 1980 En outre sur le plan du d veloppement des id ologies dans les mouvements sociaux en particulier les id es social d mocrates mergent nettement dans l espace public pendant la deuxi me moiti des ann es 1960 Mais au cours des ann es 1970 le clivage entre la social d mocratie et le socialisme marxiste devient important pour comprendre l volution des d bats dans les mouvements sociaux Dans un premier temps le m
125. rnement Martin C est ainsi qu il a r sili les engagements pris avec les provinces qui avaient sign une entente dans le cadre 5 Les deux gouvernements minoritaires qui se sont succ d au f d ral soit le deuxi me gouvernement lib ral de Martin et le gouvernement conservateur de Harper ont signifi dans une certaine mesure une participation complexe au pouvoir d un total de cinq partis politiques Cela inclut le NPD le Bloc qu b cois et les Verts en plus du PLC et du PCC En cons quence le VSI a t vu subjectivement de l int rieur comme de l ext rieur comme n ayant pas de lien avec l conomie sociale Pourtant objectivement elle en avait Certains ont commenc le comprendre apr s son d mant lement en 2004 39 du programme Early Learning and Child Care ELCC sur les garderies sauf pour ce qui concerne les deux premi res ann es En ce qui a trait au programme sp cifique de cinq ans sur l conomie sociale le gouvernement Harper a fait marche arri re Toutefois la partie de 15 millions de dollars pour la recherche partenariale a t sauv e dans la mesure o l enveloppe budg taire a t transf r e au CRSH Pour le reste les sommes pr vues pour des projets de d veloppement en conomie sociale dans diverses r gions du Canada sont retenues l exception d une somme pr vue pour la Fiducie du Chantier de l conomie sociale au Qu bec Mendell et Rouzier 2006 Comme
126. rsity of Toronto Press 144 p SIMARD H l ne 2004 The co operative movement of Quebec A Dynamic and Diversified Movement Qu bec Conseil de la coop ration du Qu bec document Powerpoint 28 p SHRAGGE Eric and Jean Marc FONTAN 2000 Social Economy International Debates and Perspectives Montr al Black Rose Books 196 p STATISTICS CANADA en collaboration avec huit organizations canadiennes 2004 Force vitale de la collectivit Faits saillants de l Enqu te nationale aupr s des organismes but non lucrative et b n voles Ottawa Ministre de l industrie 82 p TH RIAULT Luc JETT Christian MATHIEU R jean et Yves VAILLANCOURT 2001 Social Housing with Community Support A Study of the FOHM Experience Ottawa Caledon Institute of Social Policy mars 2001 33 p www caledoninst org 59 ULYSSE Pierre Joseph et Fr d ric LESEMANN 2007 Lutte contre la pauvret territorialit et d veloppement social int gr Le cas de Trois Rivi res Qu bec Presses de l Universit du Qu bec coll Probl mes sociaux et intervention sociale 154 p VAILLANCOURT Yves 1988 L volution des politiques sociales au Qu bec 1940 1960 Montr al Presses de l Universit de Montr al 513 p VAILLANCOURT Yves 2003 The Quebec Model in Social Policy and its interface with Canada s Social Union in FORTIN Sarah NO L Alain ET France ST HILAIRE sous la direction de Forging the Canadian Social Uni
127. rticipation qu b coise aux rencontres internationales sur la globalisation de la solidarit qui ont eu lieu successivement Lima au P rou en 1997 Qu bec en 2001 58 Comme le si ge social du CIRIEC international est situ Li ge en Belgique le r seautage favoris par le CIRIEC Canada a permis de d velopper des liens particuli rement constructifs et troits entre les parties prenantes de l conomie sociale au Qu bec et en Belgique Le r seautage avec le courant de recherche sur l conomie solidaire en France explique la pr sence de plusieurs contributions qu b coises dans l ouvrage dirig par Laville sur l conomie solidaire dans une perspective internationale Laville 1994 49 Dakar au S n gal en 2005 la quatri me rencontre aura lieu au Luxembourg en 2009 Favreau Lachapelle et Larose 2003 10 15 Salam Fall et Favreau 2007 Salam Fall Favreau et Larose 2004 L vesque 2008a Favreau 2008 217 218 Il faut tenir compte aussi de la cr ation l occasion de la rencontre de Qu bec en 2001 du Groupe d conomie solidaire du Qu bec G SQ qui se pr sente comme un outil qu b cois de r seautage international pour l ensemble des composantes et courants de l conomie sociale et solidaire C est un autre r seau de r seaux qui comprend le CQCM et le C S parmi ses membres Il soutient et accompagne la participation des acteurs de l conomie sociale et solida
128. rtie 3 6 e l Institut de recherche et d enseignement pour les coop ratives de l Universit de Sherbrooke IRECUS mis sur pied en 1967 gr ce la collaboration du Conseil qu b cois de la coop ration et de la mutualit CQCM Favreau 2008 257 258 e le Centre d tude Desjardins en gestion des coop ratives de l cole des HEC cr en 1975 gr ce au soutien du mouvement coop ratif Favreau 2008 253 254 e la Chaire en coop ration Guy Bernier de l UQAM lanc e en 1986 Favreau 2008 252 253 e partir de 1986 sous la direction de Beno t L vesque et Paul R B langer on assiste l mergence du Centre de recherche sur les innovations sociales CRISES Au cours des ann es 1990 et 2000 ce centre de recherche interuniversitaire et interdisciplinaire a eu sur le plan th orique une influence consid rable sur la majorit des dispositifs de recherche qui s int ressent l conomie sociale et sur un certain nombre de leaders et d intervenants socio conomiques attir s par sa vision J ai mentionn plus haut l apport original et substantiel du CRISES au renouvellement des cadres th oriques de gauche voir partie 3 3 Le CRISES recrute des membres dans diverses universit s Universit du Qu bec en Outaouais UQO HEC Universit Laval Universit du Qu bec Rimouski UQAR Universit Concordia Universit de Sherbrooke Institut national de recherche scientifique INRS etc Tout au l
129. ry Doer au Manitoba depuis la fin des ann es 1990 36 Il est possible de suivre ces d bats sur la refondation du Parti socialiste fran ais dans diverses publications progressistes fran aises notamment dans Le Nouvel Observateur Dans cette revue hebdomadaire Jean Daniel et Jacques Julliard sont revenus plusieurs reprises depuis deux ans sur l id e que le parti socialiste en France devait lever l ambigu t qui consiste se r clamer officiellement d une rupture avec le capitalisme alors que dans la r alit et cela tr s clairement depuis le virage de 1983 cette formation politique se r clame de la social d mocratie au sens o elle ne pr tend pas rompre avec l conomie de march la diff rence de ce que veut faire par ailleurs un projet socialiste de type marxiste voir Daniel 2008 20 21 Julliard 2007 23 les d fauts du CCF de l poque notamment sa propension la centralisation et l tatisation n ont pas contribu aussi faire ses malheurs au Qu bec Cette r flexion critique sur les limites de la centralisation et de l tatisme s impose en r f rence la tradition CCF NPD au Canada et au Qu bec mais aussi en r f rence aux visions social d mocrates v hicul es depuis la R volution tranquille dans certaines parties des mouvements sociaux qu b cois et dans des politiques publiques mises de l avant par le gouvernement du Qu bec dirig par le PLQ ou le PQ Au Qu bec dans
130. s communautaires il faudrait l appliquer bien d autres organismes et entreprises qui ne se voient pas subjectivement comme faisant partie de l conomie sociale tout en en faisant objectivement partie C est le cas par exemple pour un nombre significatif de coop ratives qui il y a quelques ann es ne se voyaient pas comme faisant partie objectivement de l conomie sociale mais qui consid rent maintenant en faire partie En outre en affirmant que les associations non marchandes font partie de la grande famille de l conomie sociale on n est pas en train de dire que ces associations ont une identit principalement conomique On reconna t que l identit premi re de ces associations provient de leurs caract ristiques d abord sociales culturelles politiques etc Toutefois on a le droit d ajouter en faisant appel une vision substantive de l conomie que ces organisations ont aussi une identit conomique Avec les dizaines de milliers d emplois et centaines de millions de dollars de chiffre d affaires qu elles repr sentent ces associations non marchandes n ont elles pas aussi une signification conomique importante Cela est particuli rement vrai dans une soci t comme la soci t qu b coise o leur nombre et leur poids sociohistorique sont plus lev s que dans le reste du Canada Hall et al 2004 L vesque 2007 47 48 Jett 2008 De toute mani re cette reconnaissance de la dimension
131. s publiques C est ce qui fait dire Favreau La cohabitation de l conomie sociale avec l tat continue Elle a cependant en bonne partie chang de sens Elle va aujourd hui dans une autre direction celle de la valorisation des acteurs conomiques priv s les PPP c est dire les partenariats public priv la tentative de privatisation des OBNL celle du recadrage des CPE 2008 180 3 4 2 Les gouvernements Ottawa Passons maintenant la reconnaissance de l conomie sociale relevant de l tat f d ral en reprenant succinctement des l ments d un texte plus approfondi Vaillancourt et Th riault 2008 Pour suivre l volution de ce qui s est pass du c t des gouvernements f d raux partons de l volution des gouvernements depuis 1993 e Jean Chr tien a t la t te de plusieurs gouvernements majoritaires du PLC pendant 10 ans soit de 1993 d cembre 2003 e puis la suite du d part volontaire de Chr tien Paul Martin a t lu chef du PLC et dirig deux gouvernements lib raux l int rieur d une courte p riode de 26 mois Le premier gouvernement de Martin tait majoritaire de d cembre 2003 l automne 2005 Le deuxi me la suite des lections de l automne 2005 tait minoritaire et s est termin en Janvier 2006 38 e de janvier 2006 octobre 2008 Stephen Harper dirige un gouvernement minoritaire du PCC e les lections du 14 octobre
132. sane 7 1 5 Les ann es 1990 2008 la reconnaissance de l conomie sociale et Solidar En ee TD une NT At TR Te a Tn 9 1 5 1 Les deux Sommets de 1996 10 1 5 2 Apr s les deux Sommets de 1996 11 Les liens entre l conomie sociale et la social d mocratie contraste entre l h ritage qu b cois et l h ritage CANAdiIEN ses L 2 1 Pendant la p riode 3 la social d mocratie est d nigr e sur sa droite 16 2 2 Pendant la p riode 4 la social d mocratie est d nigr e sur sa gauche 20 2 3 Pendant la p riode 5 la social d mocratie revient l ordre du jour 21 i j 24 Sie enjeux QE L 2 RER ES RE ae s sosi ekoe ob soto so os stios siss seas eetas siie Rs 3 1 Sur la d finition de l conomie sociale ss nds nn nt 24 3 2 L conomie sociale en tension entre l tat et les mouvements sociaux 28 3 3 Pour transformer ou r former le capitalisme 7 30 3 4 Les relations avec les gouvernements s sssesssesssssesssessresssresseeeseressseesseese 34 3 4 1 Les gouvernements OH DE st tel asaitsldie 34 3 4 2 Les gouvernements ONE RE dde Re 37 3 5 Les liens avec la recherche et les universit s soessssesssessersseresereesseessees 39 3 6 Le r seautage des acteurs de P S ie 42 3 6 1 Le r seautage l int rieur du Qu bec 43 3 6 2 Le r seautage avec le Canada anglais ss 44 3 6 3 Le r seautage international SI TRE M a na re RP 46 OALE EO a OEA teste
133. seront les alliances qui auraient d se d velopper davantage entre la gauche du PQ et celle des mouvements sociaux au moment o le gouvernement du PQ du premier mandat 1976 1981 mettait de l avant plusieurs r formes d orientation social d mocrate Cette difficult de nouer des alliances a t particuli rement tangible au moment du r f rendum de 1980 Pour l conomie sociale les implications de ce qui pr c de sont consid rables En effet l engouement pour le marxisme voire le marxisme l ninisme et le stalinisme touche aussi plusieurs organisations de l conomie sociale par exemple les associations coop ratives d conomie familiale ACEF les garderies les banques alimentaires etc En somme la cohabitation entre le marxisme de l poque et l conomie sociale ne se vit pas aussi simplement que celle qui peut s am nager entre la social d mocratie et l conomie sociale Autant l conomie sociale peut s inscrire ais ment dans une vision social d mocrate autant elle a de la difficult le faire dans une vision socialiste ou anticapitaliste marxiste travers e par le dogmatisme qui fleurissait la fin des ann es 1970 non seulement au Qu bec mais dans plusieurs r gions du Canada et dans d autres pays du Nord et du Sud Pourquoi en est il ainsi C est qu avec le marxisme structuraliste de l poque il tait impossible de parler du capitalisme au pluriel et encore moins des alternatives soc
134. sitant et tr s nuanc face la CCF Il a fini par conclure qu un catholique ne pouvait pas adh rer la CCF Toutefois comme il le raconte dans ses m moires L vesque 1983 222 238 il l a fait un peu reculons comme s il ne voulait pas d plaire aux j suites de l SP qui avaient organis la journ e et lui avaient en quelque sorte pass une commande SP 1934 1 3 Pelletier et Vaillancourt 1975 129 136 Dans les ann es qui ont suivi notamment partir de 1938 lorsqu il s est retrouv pour une p riode de 25 ans professeur de sciences sociales et plus tard doyen de la Facult des sciences sociales l Universit Laval Georges Henri L vesque a modifi ses positions concernant la CCF comme il l explique clairement dans ses m moires L vesque 1983 222 238 Il s est distanc graduellement des positions corporatistes et nationalistes traditionnelles des j suites de l SP D o la position controvers e qu il devait prendre et d fendre dans les ann es 1940 et 1950 sur la non confessionnalit des coop ratives Autrement dit la vision des coop ratives et de l conomie sociale v hicul e par le p re G H L vesque partir de 1936 est distincte de celle qu il avait d fendue lors de la journ e d tude de l SP de mars 1933 Donc G H L vesque faisait partie de la configuration dominante corporatiste en 1933 mais n en faisait plus partie partir du milieu des ann es 1930
135. sociations marchandes et de 6000 associations non marchandes sont exclues celles qui ne font pas appel de la main d uvre salari e De notre c t tout en faisant n tre l enlignement g n ral de L vesque nous consid rons que son estimation de 6000 associations non marchandes demeure trop conservatrice Nous pr f rons travailler avec l hypoth se d un minimum de 8000 associations non marchandes ce qui nous donne un total de 12 000 associations en additionnant les marchandes et les non marchandes et en excluant tout comme L vesque celles qui ne font pas appel de la main d uvre salari e Le chiffre de 8000 associations non marchandes est sup rieur celui de 4000 que nous avions avanc ant rieurement Vaillancourt et al 2004 317 et qui avait t repris par D Amours 2006 20 Il est sup rieur aussi celui de 6000 avanc par L vesque Pour avancer le chiffre approximatif de 8000 associations non marchandes et de 35 000 emplois nous tenons compte des chiffres avanc s par Christian Jett 2008 2 et para tre en 2009 Ce dernier en s en tenant uniquement aux associations non marchandes financ es par l tat qu b cois en arrive identifier 5000 associations repr sentant 22 000 emplois quivalent temps plein ces 5000 associations et 22 000 emplois nous estimons qu il est raisonnable d ajouter un minimum de 3000 associations non marchandes repr sentant 13 000 emplois qui ne sont pas re
136. son apport en modifiant la l gislation sur les coop ratives et en autorisant la cr ation de nouveaux outils pour faciliter la participation de Desjardins au d veloppement conomique dont la Soci t d investissement Desjardins SID L vesque 2007 26 28 e mergence partir de 1965 du mouvement des Associations coop ratives d conomie familiale ACEF et partir des ann es 1970 du mouvement des garderies but non lucratif e le d veloppement partir des ann es 1970 d associations et de coop ratives dans le domaine de la culture et des moyens de communication exemple les radios communautaires e essor des coop ratives d habitation et de politiques de l tat qu b cois pour les soutenir e l mancipation de la formule des caisses d conomie qui est ajust e aux besoins des syndicats ouvriers et repr sente un mod le alternatif par rapport celui des caisses populaires de cr dit coll es au territoire paroissial L vesque 2007 20 21 e la reconnaissance et le soutien financier par l tat qu b cois partir de la fin des ann es 1970 des organismes communautaires et b n voles qui s occupent des personnes g es des femmes des jeunes etc Jett 2008 e les difficult s impos es par la crise des ann es 1980 plusieurs coop ratives D o les faillites des P cheurs unis et des Magasins CO OP L vesque 2007 31 32 D autres coop ratives s en sortent en optant pour la
137. sud ouest de Montr al Le GTES tait original par sa composition et les attentes qu il suscitait en lien avec la pr paration du sommet sur l conomie et l Emploi pr vu pour la fin d octobre 1996 Ce groupe de travail tait compos de repr sentants de l conomie sociale incluant le monde de la coop ration du milieu communautaire du secteur public et du secteur priv Apr s six mois de travail il a produit le document Osons la solidarit GTES 1996 Ce document allait constituer une r f rence importante sur l conomie sociale pendant le sommet de l automne Il proposait la fois une d finition inclusive de l conomie sociale et un plan de d veloppement de l conomie sociale dans une vingtaine de secteurs notamment dans les domaines des services de proximit du d veloppement local du logement social et de l insertion au travail L vesque 2008a 11 l occasion de ce sommet sur l conomie et l Emploi s est nou ce que L vesque appelle un compromis fondateur autour d une d finition inclusive de l conomie sociale 2008 11 Les enlignements propos s par le GTES 1996 ont t bien re us par les participants et ont marqu substantiellement les d cisions prises lors du sommet Cela ne veut pas dire que l ouverture exprim e l endroit de l conomie sociale par certains participants ne fut pas accompagn e de l expression de certaines craintes et r serves Par exemple les
138. sur le terrain et dans la recherche Mais cela ne veut pas dire qu elle est toujours assum e de fa on coh rente Ni qu elle fait consensus parmi les acteurs les d cideurs et les chercheurs N anmoins elle constitue un bon point de r f rence voir partie 3 1 et nous servira ici de fil conducteur Ce texte est structur en trois parties principales Dans la premi re je reprends mon compte la p riodisation de l conomie sociale en cinq configurations qu a propos r cemment Beno t L vesque 2007 2008 Ces configurations se sont relay es au cours d un si cle et demi d histoire Dans la deuxi me en me r f rant aux trois derni res configurations dominantes je compare l h ritage historique qu b cois avec l h ritage canadien anglais dans le domaine de l conomie sociale ce qui m am ne formuler quelques r flexions sur le rendez vous manqu des Qu b cois avec la social d mocratie Dans la troisi me partie du texte enfin j examine six enjeux sp cifiques ayant trait l conomie sociale au Qu bec Ce recensement de l conomie sociale ne comptabilise pas pour le moment les organisations et entreprises qui n ont pas recours une main d uvre salari e Le fait que le Chantier de l conomie sociale C S et d autres acteurs gouvernementaux et sociaux se soient r clam s de cette d finition n implique cependant pas qu ils aient toujours agi de fa on coh rente
139. t Paix le Centre d information et de coop ration internationale CECI l Association qu b coise des organismes de coop ration internationale AQOCT Alternatives etc 50 Conclusion J ai r dig ce texte pour un lectorat canadien ce qui fait son originalit J ai voulu y faire ressortir les diff rences et similitudes entre l conomie sociale au Qu bec et au Canada anglais Je pouvais ainsi arriver mieux d gager la sp cificit de l histoire r cente et de la r alit actuelle de l conomie sociale au Qu bec Le point de similitude principal qui ressort d une comparaison entre l conomie sociale au Qu bec et dans les autres provinces du Canada c est le fait qu objectivement elle existe depuis longtemps dans les deux soci t s Si Beno t L vesque 2007 a pu parler d au moins un si cle et demi d conomie sociale au Qu bec je pense bien que des sp cialistes de l histoire de l conomie sociale au Canada pourraient faire des affirmations assez semblables en r f rence ce qui s est pass dans les autres provinces Les diff rences entre l conomie sociale au Qu bec et ailleurs au Canada commencent merger lorsqu on tient compte des perceptions subjectives et du moment o le concept d conomie sociale a commenc appara tre dans les d bats publics au Qu bec et dans les autres provinces du Canada M me si au Qu bec comme au Canada on a fait de l conomie social
140. t de la sp cificit anglo saxonne et protestante de la soci t canadienne anglaise Angers 1955 176 179 370 373 et enfin valorise l conomie sociale sous la forme de mutuelles de coop ratives de producteurs et de consommateurs et d associations caritatives mais condition que ces initiatives d conomie sociale respectent les balises du projet corporatiste nationaliste et catholique Cette p riode est marqu e par un essor exceptionnel du mouvement coop ratif non seulement dans l agriculture l pargne et le cr dit mais aussi dans de nouveaux secteurs comme la consommation les p cheries l habitation l lectricit le t l phone et le monde tudiant Toutefois les avanc es de l conomie sociale de l poque ne se font pas sans heurts Elles cohabitent avec des tensions et des conflits entre tendances C est au cours de cette p riode en 1939 que le p re Georges Henri L vesque alors doyen de la facult des sciences sociales de l Universit Laval fonde le Conseil sup rieur de la coop ration CSC L vesque 2008a 6 l anc tre de l actuel Conseil qu b cois de la coop ration et de la mutualit CQCM Le CSC de l poque repr sentait une tendance plus la que ce qui tait en contradiction avec le caract re confessionnel catholique qui impr gnait fortement la configuration dominante Cela s est s exprim dans le manifeste du CSC qui pr nait la non confessi
141. t des Exportations MD IE les organismes communautaires autonomes dans le minist re de l Emploi et de la Solidarit sociale les CPE dans un autre et les autres initiatives d conomie sociale approuv es au Sommet dans d autres lieux de l appareil gouvernemental Une telle fragmentation rend difficile la recension de ce qui est sou l tiquette conomie sociale l int rieur de l appareil gouvernemental qu b cois Rapidement on a vu merger des repr sentations qui sugg raient que les organismes communautaires ne faisaient pas partie de l conomie sociale De son c t le gouvernement f d ral qui s est int ress l conomie sociale partir de 2004 a eu tendance tout comme le gouvernement du Qu bec r tr cir la d finition de l conomie sociale en la ramenant au marchand On constate aussi cette tendance dans les mouvements sociaux dans les milieux de l conomie sociale et dans les milieux de la recherche Dans le mouvement des femmes certaines dirigeantes et militantes sont am res devant les formes d institutionnalisation de l conomie sociale qui ont t retenues par le gouvernement du Qu bec et ent rin es par le Chantier de l conomie sociale apr s 1996 Leur amertume provient de ce que le mouvement des femmes qui avait t l origine de la reconnaissance de l conomie sociale s est senti largu au moment de l adoption des politiques publiques destin es so
142. t le titulaire La CRDC a fait de multiples travaux sur l apport de l conomie sociale dans le d veloppement local et r gional dans les pays du Sud comme du Nord Favreau 2008 254 255 e l Alliance de recherche universit s communaut s en conomie sociale ARUC S est lanc e en janvier 2000 pour une p riode d exp rimentation de trois ans 2000 2002 Elle fait partie de la premi re g n ration des ARUC soutenues par le CRSH Dirig e au d part par Beno t L vesque de l UQAM et Nancy Neamtan du Chantier de l conomie sociale elle regroupe cinq partenaires principaux et une trentaine de partenaires sectoriels Elle mobilise une trentaine de professeurs chercheurs dans diverses universit s UQAM Universit Concordia UQO Universit du Qu bec Chicoutimi UQAC UQAR etc Apr s une p riode de transition en 2003 l ARUC S a t reconfirm e plus nettement pour une p riode de cinq ans de 2004 2009 sous la direction de Jean Marc Fontan et de Nancy Neamtan Favreau 2008 244 245 e la Chaire de recherche du Canada en conomie sociale cr e en 2003 Marie J Bouchard en est la titulaire e Alliance de recherche universit s communaut s Innovation sociale et d veloppement des communaut s ARUC ISDC cr e en 2006 sous la direction de Lucie Fr chette de PUQO Cette ARUC compte trois axes de travail d veloppement social d veloppement socio conomique et d veloppement international Favrea
143. t les Conf rences r gionales des lus CR et l tat qu b cois Ce retour la centralisation marque aussi les rapports entre les organismes publics sur le territoire local les CSSS et les CLD et les instances tatiques r gionales Les transformations des formes de gouvernance sont inspir es des principes internationaux du New Public Management NPM Au nom de la th orie classique de l imputabilit tant dans le r seau de la sant et des services sociaux que dans celui du d veloppement r gional et local les repr sentants de l conomie sociale c d des organismes communautaires ont t sortis des conseils d administration des ARSSS des CR des CSSS et des CLD En cons quence ce qui tend changer depuis quelques ann es c est le type de relations qui s instaurent entre les acteurs de l conomie sociale et les acteurs reli s l tat qu b cois sur les plans national qu b cois r gional et local On assiste un retour la primaut des relations unidirectionnelles du haut vers le bas Dans un tel environnement de politiques publiques l heure du NPM l conomie sociale existe encore Mais elle tend devenir davantage un instrument qu un partenaire de l tat et du march Bourque 2005 Proulx Bourque et Savard 2007 Jett para tre en 2009 Il n est pas n cessaire d insister dans un tel contexte il y a moins de place pour la coconstruction des politique
144. teurs mais concentr es dans quelques uns dont l agroalimentaire et les services financiers On trouve des coop ratives de solidarit des coop ratives de travail des coop ratives de producteurs et des coop ratives de travailleurs actionnaires Le Mouvement Desjardins repr sente un segment fort important l int rieur de cette composante cf encadr I 18 Voici un commentaire de Mendell et Rouzier 2006 2 au sujet de ce fonds Through this fund the CLDs give grants that rarely exceed or reach 50 000 to social economy organizations The grants are used to cover the start up costs but can also serve for the consolidation of social economy organizations In 2001 the average amount available for the FDE S in 55 CLD out of 111 was 105 065 ENCADR I Le Mouvement Desjardins en chiffres Actif 144 milliards Employ s 40 000 dont 3000 hors Qu bec Nombre de Qu b cois faisant affaire avec Desjardins 5 8 millions Transactions effectu es par pr s de deux millions d utilisateurs 672 millions Source Nadeau 2008 e les associations ayant des activit s conomiques au sens de production de biens et services Apr s avoir voqu la complexit et les emb ches qui rendent difficile la t che de comptabiliser le nombre d associations par exemple la difficult d tablir une fronti re claire entre les associations qui ont des activit s marchandes et celles qui n en ont pas L ves
145. tie et l conomie sociale n a jamais t assum e et r alis e fortement dans les organisations et partis se r clamant de l orientation CCF NPD Ces ann es ci au Canada anglais comme au Qu bec les conditions d une rencontre cr atrice entre l conomie sociale et la social d mocratie pourraient se trouver davantage r unies Mais pour tre f conde tant au Canada qu au Qu bec cette rencontre requiert un effort de r flexion et de refondation allant dans le sens d une social d mocratie renouvel e Cela signifie une social d mocratie soucieuse de r concilier l intervention de l tat avec la participation des acteurs de la soci t civile et du march ce qui dans notre terminologie entra ne des possibilit s de participation de l conomie sociale la coconstruction des politiques publiques Avec la question nationale qu b coise il y a une diff rence qui risque de demeurer longtemps entre une conomie sociale soutenue par l tat au Qu bec et dans le reste du Canada C est qu au Qu bec l tat voire l tat nation c est d abord l tat qu b cois et ensuite seulement l tat f d ral Dans le reste du Canada jusqu maintenant du moins c est le contraire L tat c est d abord l tat f d ral et ensuite les tats provinciaux et territoriaux C est qu au Canada il y a plus d une nation 53 R F RENCES ANGERS Fran ois Albert 1955 La s curit so
146. u 2008 262 e Alliance de recherche universit s communaut s D veloppement territorial et coop ration ARUC DTC cr e en 2007 dirig e par Bruno Jean du Centre de recherche en d veloppement des territoires CRDT et de PUQAR et Marie Jo lle Brassard du CQCM Favreau 2008 245 246 La liste qui pr c de est impressionnante Elle n en demeure pas moins incompl te car elle n incorpore pas plusieurs regroupements de chercheurs qui participent la recherche sur l conomie sociale dont le Centre d tude et de recherche en intervention sociale CERIS l UQO le Groupe de recherche et d intervention r gionale GRIR l UQAC le Groupe de recherche interdisciplinaire sur le d veloppement r gional de l Est du Qu bec GRIDEC l UQAR la nouvelle Chaire en action communautaire de l UQO le Groupe de recherche d information et de d veloppement de l conomie solidaire GRIDES l Universit Laval etc voir Favreau 2008 Il faudrait ajouter aussi les nouvelles quipes de chercheurs en partenariat soutenues par le R seau qu b cois de recherche partenariale en conomie sociale RQRP S l Universit du Qu bec en Abitibi T miscamingue UQAT l Universit du Qu bec Trois Rivi res UQTR l Universit de Sherbrooke et l UQAC Ces dispositifs de recherche anciens et nouveaux pr sentent des caract ristiques importantes qui nous inspirent quelques commentaires
147. u bec peuvent rencontrer des dirigeants de coop ratives en visite au Qu bec L vesque 2008a 7 Ce point n est pas explicit formellement par Beno t L vesque dans ses textes 2007 et 2008a Mais nous avons jug bon de l expliciter pour mieux pr parer certaines r flexions sur la social d mocratie et l conomie sociale que nous mettrons de l avant dans les parties 2 et 3 de ce texte En somme au cours de ces ann es les milieux de l conomie sociale sont un lieu parmi d autres o d importantes luttes id ologiques s expriment dans la soci t qu b coise Le point de vue de Georges Henri L vesque et de l cole des sciences sociales de l Universit Laval plus favorable la s paration de l glise et de l tat et plus ouvert l intervention de l tat dans le d veloppement social tait minoritaire au cours des ann es 1938 1945 Mais apr s la Deuxi me Guerre l h g monie de la configuration corporatiste entre en d clin et perd de l ascendant Ce recul est observable au sein d organisations qui s inscrivaient dans cette configuration auparavant par exemple la Conf d ration des syndicats catholiques du Canada CTCC la F d ration des unions industrielles du Qu bec FUIQ le journal Le Devoir les mouvements d action catholique sp cialis e etc Clavette 2005 chap 15 Vaillancourt 1988 chap 3 On assiste une remont e du pluralisme des id es et des projets L co
148. uebec Experience Ottawa The Caledon Institute of Social Policy September 2001 35 p www caledoninst org VAILLANCOURT Yves et Louise TREMBLAY sous la direction de 2002 Social Economy Health and Welfare in four Canadian Provinces Halifax Fernwood Publishing 173 p VAILLANCOURT Yves AUBRY Fran ois et Christian JETT sous la direction de 2003 L conomie sociale dans les services domicile Qu bec Presses de l Universit du Qu bec 341 p VAILLANCOURT Yves AUBRY Fran ois KEARNEY Muriel TH RIAULT Luc et Louise TREMBLAY 2004 The Contribution of the Social Economy towards Healthy Social Policy Reforms in Canada A Quebec Viewpoint in DENNIS Raphael sous la direction de Social Determinants of Health Canadian Perspectives Toronto Canadian Scholars Press Inc 311 329 VAILLANCOURT Yves et Luc TH RIAULT 2008 Social Economy Social Policy and Federalism in Canada Canadian Social Economy Hub University of Victoria Victoria Occasional Paper no 4 Fall 2008
149. un contexte marqu par l effondrement du mod le socialiste pour les pays du Sud et du Nord Favreau 2008 221 Nous faisons n tre encore aujourd hui la formulation utilis e il y a dix ans dans la conclusion de l Appel pour une conomie sociale et solidaire L conomie sociale n est pas en soi un nouveau projet de soci t Elle en est plut t une composante voire une source d inspiration En effet nous avons la conviction que l ensemble des entreprises et des organisations de l conomie sociale concourent la d finition d un mod le de d veloppement plus ouvert la d mocratie et un v ritable partenariat entre tous les acteurs concern s et qu elles contribuent transformer le syst me de production des services collectifs De ce point de vue entreprises capitalistes et services publics devraient s inspirer des entreprises et organisations d conomie sociale lesquelles ont plusieurs mesures d avance quant aux r gles de fonctionnement d mocratique CIRIEC Canada 1998 7 Dans ce contexte la voie social d mocrate ouvre des perspectives prometteuses mais condition qu elle puisse tre s rieusement renouvel e et compter sur la contribution de l conomie sociale entre autres 34 Les relations avec les gouvernements Nous avons vu voir partie 3 2 que la reconnaissance de l conomie sociale dans la soci t qu b coise tait le fruit d interactions entre l tat et la so
150. utenir l conomie sociale apr s les sommets de 1996 ses yeux c tait comme si ces politiques avaient fait fi de certaines revendications majeures v hicul es par la Marche des femmes de 1995 Guay 1997 D Amours 2002 2006 Kearney et al 2004 Favreau 2008 Dans le mouvement communautaire un nombre significatif d organisations et de leaders ont depuis longtemps manifest des r ticences s identifier l conomie sociale Kearney et al 2004 Deux facteurs principaux expliquent ces r ticences Premi rement pour leur reconnaissance et leurs appuis financiers plusieurs organismes communautaires trouvent qu il est plus avantageux d tre vus par les d cideurs publics comme appartenant l tiquette Organismes communautaires autonomes plut t qu l tiquette conomie sociale Deuxi mement plusieurs acteurs et analystes du mouvement communautaire s objectent ce que le mot conomie soit utilis pour cerner leurs traits identitaires Ils consid rent que les l int rieur du gouvernement f d ral lorsque le gouvernement Martin a reconnu et appuy le d veloppement de l conomie sociale au cours des ann es 2004 et 2005 on a pu remarquer que certaines branches du gouvernement par exemple D veloppement social Canada faisaient de la place l conomie sociale non marchande tandis que d autres par exemple D veloppement conomique Canada ne s int
151. ux de gauche Comme s il fallait choisir entre r forme et r volution Nous nous int ressons des innovations et des r formes socio conomiques qui ont des effets structurants en mati re de transformation sociale Comme nous l avons mentionn plus haut la mouvance principale de l conomie sociale qu b coise laquelle nous appartenons depuis L Appel pour l conomie sociale et solidaire CIRIEC Canada 1998 voit l conomie sociale comme un levier parmi d autres pour favoriser des transformations ou des r formes qui induisent un nouveau mod le de d veloppement Dans une perspective d conomie plurielle L vesque Bourque et Forgues 2001 Favreau 2008 nous pensons que la reconnaissance et la consolidation des pratiques d conomie sociale et de politiques publiques qui les soutiennent permettent aux valeurs de solidarit d empowerment et de r ciprocit propres l conomie sociale de cohabiter avec les valeurs de redistribution et d quit de l conomie publique et avec les valeurs d efficacit de l conomie priv e De cette mani re l conomie sociale peut permettre de transformer le capitalisme sans pour autant nourrir l illusion de le remplacer et de le faire dispara tre Laville ef al 2005 Chantier de l conomie sociale 2005 19 20 L conomie sociale dont il est question ici tend s inscrire de mani re particuli rement novatrice dans une configuration social d mocrate re
152. y 2007 Dans le livre cit Loxley pose cette question en r f rence au CED une composante de l conomie sociale Mais dans un papier plus r cent il la pose en r f rence l ensemble des pratiques d conomie sociale Loxley et Simpson 2007 Dans le prolongement des analyses de Shragge et Fontan Loxley tablit une distinction entre deux approches l int rieur du CED et de l conomie sociale La premi re se contente de r former le capitalisme tandis que la seconde plus radicale veut le transformer L approche r formiste est d finie de la fa on suivante On the one hand there is a predominant view that sees the objective of CED as being that of filling gaps left by the dominant capitalist system Loxley 2007 9 L approche transformatrice est quant elle d finie de la mani re suivante the second view of CED sees it as a possible alternative for organizing both economy and society This vision of CED draws its inspiration from socialist or anarcho syndicalist critiques of capitalism CED should be seen as a viable alternative to the system Along with workers and other forms of cooperatives CED would replace capitalism not just compensate for its deficiencies Loxley 2007 9 10 Cette derni re citation permet de comprendre le sens de l approche transformatrice inspir e de la tradition socialiste de type marxiste et non pas de la tradition social d mocrate elle vise non pas

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