Home

Design sous influences

1. autres taient des gens de la nuit Enfin g es d peine trente ans Andr e Putman et un de ses proches Michel Guy pas encore ministre de la Culture participent la vie de la grande bourgeoi sie parisienne dont ils rejettent pourtant les obligations Anim s par les m mes passions la m me curiosit ils sillonnent Paris jour et nuit dans la Mini Austin beige aux vitres noires d Andr e Ils fr quentent Beckett et Ionesco et d couvrent la faune interlope des noctambules On retrouve l influence de ces fr quentations dans de nombreux projets Il y a dans am nagement de lh tel Morgans et le mobilier du bureau de Jack Lang au minist re de la Culture une dualit Nous y d celons la fois le rejet d un ordre tabli et du d corum bourgeois mais aussi toute la stabilit des typologies qui lui sont associ es Par exemple les fauteuils club du si ge d Ebel le 6 Ibid p 16 7 Stephan Gerschel op cit p 36 Am nagement int rieur de l h tel Saint James Club Andr e Putman Paris 1986 Tapis Black Board dessin par Eileen Gray en 1925 r dit par Ecart International en 1978 250 X 230 CM 34 large bureau du d cideur les canap s dispos s autour d une table basse etc Certains diront qu il faut bien se conformer aux attentes des commanditaires Toujours est il qu il nous est difficile de ne pas faire de lien entre sa ma trise des codes et des typologies bourge
2. Mon p re tait artisan Mon p re L influence du cr ateur 1 Des v cus 39 est en train de r parer des voitures Bien qu il lui ait transmis le go t de la belle pi ce rien ne nous indique que sa pr sence puisse transpara tre explicitement dans les formes de ses objets En effet les f es de la boutique de Van Kleef amp Arpels sont bien plus proches des cr atures qu il peignait sur les r servoirs de mobylettes que des machines con ues dans lusine de son p re Ainsi il est n cessaire de relativiser l influence paternelle Elle appara t comme une in fluence diffuse qui correspond davantage une sensibilit et une orientation qu un ascendant et une inspiration formelle Ce point de vue est tay par la relation entre le travail de Victor Prouv et de son fils Jean La production formelle des deux cr ateurs n a rien de commun Le vocabulaire curviligne des cr ations de Victor Prouv n est pas celui qu a adopt Jean Prouv Cependant la place de Victor Prouv au sein de l cole de Nancy tait d j celle d un cr ateur technicien Sa collaboration avec l architecte Art Nouveau Emile Andr en t moigne Alors que ce dernier con oit une gamme de meubles s harmonisant avec ses constructions Victor Prouv est omnipr sent et lui apporte des conseils techniques L influence du travail de Victor sur son fils a donc moins voir avec la forme qu avec la transmission d u
3. 264 tique moulage au sable de la fonte et emboutissage de m tal pour v rifier si cette classification peut se justifier 2 L INJECTION PLASTIQUE Les formes porteuses de stigmates La mise au point de la technique du plastique moul par injection est certainement l apport le plus important de l industrie italienne De nombreuses entreprises transalpines d sireuses de r pondre aux exigences de la culture de masse ont favoris le d veloppement de ce proc d L institut de Montecatini produit en 1957 une salle de bains exp rimentale con ue par Alberto Rosselli Roberto Menghi dessine une s rie de containers en poly thyl ne Pirelli 1958 et la soci t Kartell r alise avec le designer Gino Colombini une s rie d objets pour la maison notamment des pelles poussi res KS 1065 1958 et des contenants alimentaires KS 1032 1957 Dans la seconde partie des ann es 60 les applications de cette technolo gie s tendent aux si ges avec des designers comme Joe Colombo ou B tzner Nous regarderons par la suite l influence de cette technique sur la morphologie des assises Dans un premier temps les cr ations de Colombini nous montrent quel point d s ses d buts ce proc d est orient vers les biens d quipement fabriqu s en grande s rie Il existe pas de proc d de mise en forme qui soit aussi troi tement li aux objets de consommation de masse Il symbolise lui seul l re de la coque le te
4. Index des designers et des architectes 327 EAMES Ray 1912 1988 am ricaine 61 117 119 124 138 139 150 156 169 217 223 EZCT Philippe Morel Jelle Feringa Felix Agid 1999 France Pays Bas 209 FOSTER Norman 1935 anglais 44 50 FORD Henry 1863 1947 am ricain 301 FROG DESIGN Harmut Erslinger 1982 tats Unis 198 FRONT DESIGN Sofia Lagerkvist Charlotte von der Lancken Anna Lindgren Katja S vstr m Su de 80 130 FUKASAWA Natao 1956 japonais 42 86 179 312 FULLER Buckminster 1895 1993 am ricain 101 282 GAMPER Martino italien 128 129 GAUD Antoni 1852 1926 espagnol 82 GEHRY Frank 1929 am ricano canadien 44 GEORGACOPOULOS Alexis 1976 grec 59 GRAUMANS Rody 1968 hollandais 49 GRAY Eileen 1878 1976 irlandaise 31 34 36 108 GRCIC Konstantin 1965 allemand 62 69 82 99 166 179 185 187 193 196 GROPIUS Walter 1883 1969 allemand naturalis am ricain 61 131 GUILD Lurelle 1898 1986 am ricain 284 GUIX Marti 1964 espagnol 53 HABERLI Alfredo 1964 argentino suisse 53 157 HADID Zaha 1950 anglo irakienne 44 50 102 HAYON Jaime 1974 espagnol 53 78 HECHT Sam 1969 anglais 60 HILTON Matthew 1957 anglais 53 HUTTEN Richard 1967 hollandais 48 78 IT Toyo 1941 japonais 45 JEANNERET GRIS Charles douard Le Corbusier 1887 1965 su
5. Portrait de Juliette R camier Jacques Louis David 1800 huile sur toile 1 74 X 2 44 m Mus e du Louvre Paris 72 C est de l imagination et plus pr cis ment de l inspiration dont il est question ici Devons nous nous m fier de nos souvenirs et de leur influence Plus exactement devons nous rester sur nos gardes face notre propre imagination A l inverse est il justifiable pour un designer de s abandonner ses inspirations Pour Tallon la r ponse est claire J ai horreur de l inspiration Je men m fie nor m ment De m me que de la folle du logis l imagination Qwest ce que a vient faire ici Si on a une solution trouver elle ne peut venir que de la mise plat Je mets tout plat autour de moi 3 Aussi paradoxal que cela puisse para tre c est le m me designer qui nous avertit que pour le design la rationalit n est pas la finalit Le jeu la fantaisie l humour et l rotisme ne lui sont pas interdits Il rejoint alors les avertissements d Achille Castiglioni En 1985 dans une interview un grand quotidien national italien le designer af firmait L objectif du designer ne consiste pas id ologiser des souvenirs d form s mais communiquer aux autres des messages de curiosit de divertissement et d affection Une d finition qui fait la jonction entre sa m thode de travail rigoureuse et sa sensi bilit po tique Que nous rejoignions ou r futions l
6. 284 La libert retrouv e Il nous faut largir notre point de vue pour comprendre l apport r el de l emboutissage dans la diffusion du Streamline non plus uni quement dans le domaine des transports mais jusqu infiltrer pres que tous les aspects de la production d objets industriels Plusieurs l ments nous incitent en relativiser la port e Tout d abord en pr tant attention la biographie des designers am ricains de cette p riode nous remarquons que les principaux acteurs ont d but leur carri re comme dessinateur Donald Deskey Lurelle Guild Raymond Loewy ou Norman Bel Geddes tous ont d but leur carri re comme illustrateur de publicit Certes beaucoup notamment Loewy avait une formation d ing nieur mais la vue de leurs esquisses et de leurs carnets de dessins laisse transpara tre un v ritable plaisir dans l exercice du dessin Une d lectation dans le trac de lignes et de volumes qui t moigne de l essence graphique de leur travail Ceci est flagrant dans l automobile mais se retrouve aussi plus grande chelle dans les croquis de proposition d urba nisme de Bel Geddes Il est possible d tablir un pont avec le travail des ann es plus tard de Luigi Colani dont les carnets regorgent de croquis qui trahissent eux aussi un plaisir pictural dans la production d images s duisantes Le mani risme des carrosseries de voitures de la fin des ann es 50 tout autant que les morphologie
7. Andr Leroi Gourhan Le geste et la parole tome1 Technique et langage 1964 Paris Albin Michel p 17 Conclusion 315 vit dans un monde Nous entendons par l que la validit d un dessin comporte des affinit s et des accords plus subtils que ceux qui pr sident l accomplissement des d terminismes biologiques Il nous faut prendre en compte la capacit pour ne pas dire la volont de l homme de refuser lutter s opposer et enfin s autod terminer face sa condition naturelle Depuis qu il a conscience des jeux de l volution les cartes ne sont elles pas fauss es Pour paraphraser Henri Focillon nous pourrions affirmer que les rapports qui unis sent l homme aux formes de son environnement ne sauraient tre pure contingence La contrainte ne r git pas tout La morphologie d un objet peut r sulter d une activit irrationnelle ou inconsciente Nous voyons converger en elle les nergies des civilisations leurs cultures leurs croyances et leurs aspirations D s lors la forme ne peut s envisager comme une masse passive model e sous les coups d influences identifiables et quantifiables dont la tra abilit des ef fets serait vidente Bien qu elle reste le fruit d un consensus est elle pour autant toujours consensuelle Celle ci s apparente un moule creux dans lequel l homme verse tour tour ses esp rances ses besoins ses fantaisies sa sensualit Autant de mati res di
8. D autant que l tat d esprit d alors tait celui d un peuple sorti glorieux de la seconde guerre mondiale Le Streamline doit tre per u comme la c l bration d une victoire de la libert et de la fantaisie de nouveau permise Un streamline europ en Machine caf La cornutta expresso La Pavoni Gio Ponti 1948 286 La technologie moteur ou carburant de l innovation formelle Par cons quent pour avoir une perception r aliste de l influence de l emboutissage sur la naissance et le d veloppement du style Streamline il nous faut garder la mesure des l ments historiques conomiques et technologiques contemporains son apparition Au regard du contexte dans lequel s est d velopp ce proc d sans en minimiser la port e nous pouvons toutefois fortement relativiser son influence Peu d l ments nous permettent de percevoir l embou tissage comme une technologie ayant donn l impulsion n cessaire la diffusion d un nouveau courant esth tique Une opinion plus temp r e nous incite identifier ce proc d comme moyen tech nique qui a particip cr er une conjoncture favorable au d ploie ment de formes libres De plus si cela se v rifie sans contestation dans l automobile nous avons vu que ce constat est moins flagrant dans d autres domaines D une mani re plus g n rale nous pouvons tendre ce question nement d autres proc d s de fabrication En eff
9. Volkswagen et Ferrari Porsche La chaleur du temp rament latin se d tacherait de la froide retenue des men talit s al maniques Les pr occupations concr tent des nordistes divergeraient des inspirations oniriques des sudistes Bref loin de manquer ces poncifs orientent la lecture d une partie de la produc tion europ enne Notre propos n est pas de d finir les traits de ces antagonismes Bien que nous ne cherchions pas opposer le brun au blond et le Compasso d oro au Gute Form nous constatons qu il existe en effet des influences qu il est difficile de nier Les formes issues des ateliers 2 Commentaires de l architecte japonais Toyo Ito sur travail de Kazuyo Sejima ViewOn officina Alessi avril 2007 Cr mier et sucrier collection Fruit Basket Kazuyo Sejima et Ryue Nishizawa Alessi 2008 Dieter Rams dans un magasin de bricolage Celui ci dit admirer l l gante simplicit des outils hardware stores exercice their magic spell on me Everything here fascinates me Les magasins d outillage m ensorcellent Tout ici me fascine Extrait du l ouvrage de Inez Franksen et Fran ois Bukhardt Dieter Rams Berlin Gerhardt Verlag 1980 p 63 46 du Bauhaus puis de l cole d Ulm r sultent des th ories fonctionna listes d velopp es durant cette p riode La morphologie des objets con us par Dieter Rams pour Braun est effectivement r v latrice d une certaine posture d esp
10. l image de marque puisqu Apple est pass des iMac multicolores aux Macbook m talli s s sans se compromettre Si nous revenons une nouvelle fois vers Cassina nous ne pouvons que constater la diversit des critures for melles qui cohabitent dans son catalogue de Piero Lissoni Jean Marie Massaud et d Andrea Branzi Mario Bellini Pourtant si nous observons les marques de groupes comme Seb nous constatons que chacune prend soin de conserver une identit 2 R ponse de Gaetano Pesce Pierre Keller table ronde la Haute Ecole d Art et de Design de Gen ve 26 10 2007 166 propre M me lorsqu ils sont dessin s par les Radi pour Moulinex Jasper Morrison pour Rowenta ou Konstantin Grcic pour Krups les produits n ont rien d interchangeable Tous ob issent au mot d ordre des services marketing viter que les marques ne se cannibalisent l int rieur d un groupe En dehors des noms connus que nous ve nons de citer il en va de m me pour la foule anonyme des desi gners int gr s Tous doivent respecter l identit de la marque pour laquelle ils dessinent G rard Laiz partage cet avis lorsqu il affirme que ce n est pas le designer qui fait l origine des choses ce sont les marques 3 Pour lui l influence des identit s d entreprises va jusqu d passer la notion de territorialit Il n y aurait pas de design ita lien s il n existait pas des marques comme Fiat Alfa Romeo Cappel
11. n est pas s miologue l origine Les italiens n ont pas cette approche Pourtant ils ont Um berto Eco qui s est distingu dans ce do maine Ce quoi il faisait allusion c est l aspect s miologique et sociologique d un projet Jaime citer le sociologue Lefebvre qui disait la chaiset de la chaise En ce moment je suis impliqu dans une fabrication de tramway pour une ville de province et je vois des gens qui sont en train de se torturer pour lui donner une forme avec un mani risme outrancier Si je poussais davantage les choses et je le ferai le moment venu ils vont finir par tenter de revenir aux sources en faisant un faux vieux tram way sur un ch ssis moderne Lorsque Massimo Vignelli parle de la capacit faire des objets tels qu ils de vraient tre c est exactement la chai set de la chaise Un designer qui ne se pose pas ce type de questions est to talement irresponsable Il est ce que les am ricains appellent les captifs desi gners Ce sont les gens qui travaillent Detroit dans l automobile qui se mor dent la queue en travaillant sur de faux probl mes Il y a eu un moment la grande mode de obsolescence programm e Quel culot d avoir invent a C est les catholiques L orgueil humain Je suis Dieu puisque je fais de obsolescence programm e Non seulement je fais aujourd hui mais je fais en sorte qu aujourd hui ne de vienne pas le futur Que ce so
12. nos origines ne se limitent pas la sph re du design Cette discipline elle m me est n e de la ren contre entre des pr occupations issues d autres milieux notamment Th i re Four Seasons Hella Jongerius Nymphenburg 2007 4 8 Pseudo Porta Ettore Sottsass projet en hommage Theo Van Doesburg 1979 Moulin pices en b ne John May Expos au Salon des Arts M nag s de 1952 Moulin poivre Jasper Morrison Alessi 1998 Chaise GF 40 4 David Rowland General Youngstown 1964 Chaise Sim Jasper Morrison Vitra 2004 118 les Arts plastiques l architecture et l ing nierie Les porosit s exis tantes pourront nous clairer sur des similitudes inattendues et des influences quelquefois lointaines L influence du cr ateur 7 Muses et inspirations 119 Superleggera Gio Ponti Cassina 1957 Objet Perdu Philippe Starck Driade 2004 100 Alvar Aalto Artek 1933 FSW Charles et Ray Eames Herman Miller Inc 1946 8 POROSIT DES INFLUENCES Vous m avez dit un jour que de nombreux cr ateurs avaient compt pour vous et que vous placiez en premier nom Shakespeare Monet Conan Doyle Picasso Noureev Chanel Archipenko Maugham Saki Dali Cort zar Diaghilev Escoffier etc Une assembl e plut t clec tique Peter Mayers Raymond Loewy lors d entretiens r alis s en 1978 et 1979 Palm Springs Paris et New York Le
13. CARON Fran ois Les deux R volutions industrielles du XXe si cle Paris Albin Michel 1997 CASTELLS Manuel La soci t en r seaux Paris Fayard 1998 CHASSEGUET SMIREL Janine Pour une psychanalyse de l Art et de la cr ativit Paris Payot collection Science de l Homme 1991 COLES Alex DesignArt Londres Tate Publishing 2005 CONSTANT Caroline Eileen Gray Paris Phaidon 2003 DACHS Sandra sous la direction Charles et Ray Eames Barce lone Ediciones Poligrafa 2007 Pour l dition fran aise Paris di tions du moniteur collection design d architectes 2008 320 DARWIN Charles L origine des esp ces par la s lection naturelle Titre original On the origin of species by Means of Natural Selection Premi re dition London John Murray 1859 Traduction d Edmo nd Barbier en 1876 revue par Daniel Becquemont en 1992 Paris Flammarion 2009 DAUMAS Maurice sous la direction de Histoire G n rale Des Techniques tome 1 Les origines de la civilisation technique Paris PUF 1962 DEBRAY R gis Vie et mort de l image Une histoire du regard en Occident Paris Gallimard collection Biblioth que des id es 1992 DE BURE Gilles Ettore Sottsass Jr Paris ditions du Rivages collection Styles 1987 DEFORGE Yves Technologie et g n tique de l objet industriel Paris Maloine 1985 DELEUZE Gilles PARNET Claire Dialogues Paris Flamma rion 1996 DE ROSNAY Jo l L Ho
14. est la fluidit Lorsque j ai fait la Thalya c est ce que j ai recherch F A A un autre niveau plus subjectif je ressens une proximit entre le des sin de l escalier que vous avez propos pour le concours de la boutique Guer lain sur les Champs Elys es en 2003 et celui que vous avez fait r cemment pour l espace chaussures des Galeries Lafayette Les mains courantes no tamment ont des morphologies qui se rapprochent P J Il subsistait une frustration C est un concours que j avais perdu Ce des sin restait donc dans des cartons J avais envie de r aliser cet escalier et le projet pour les Galeries Lafayette m a donn l occasion de le faire C est juste les es caliers ne sont peut tre pas identiques mais l esprit est le m me Il y a des for mes qu il faut exorciser pour s en lib rer On est tous comme a On voit des cho ses des images des objets qui nous font r agir Il y a plein d exemples comme les facettes les lignes l ombre la lumi re etc Quelqu un fait un truc et a nous fait r agir On a envie de s y essayer 27 1 DES V CUS La part de l exp rience D clarer que les exp riences accumul es tout au long de la vie d un designer peuvent avoir une influence sur les objets qu il cr e peut bien des gards s apparenter enfoncer des portes ouvertes Les historiens de l Art ont largement tudi voire d montr l exis tence des liens troits qui
15. industrie en France du XVIe si cle nos jours Paris Seuil 1998 WUNENBURGER Jean Jacques L imagination Paris PUF col lection Que sais je 1991 INDEX DES DESIGNERS ET DES ARCHITECTES 5 5 DESIGNERS Claire Renard Vincent Baranger Jean S bastien Blanc Anthony Leboss France 80 AALTO Alvar 1898 1976 finlandais 117 119 219 AMBER VAN EVBEN Bruno hollandais 47 48 AND tadao 1941 japonais 44 ANDRASEK Alisa 1974 croate 209 210 ARAD Ron 1951 isra lien 82 96 158 263 ATELIER VAN LIESHOUT 2002 Pays Bas 126 AZAMBOURG Fran ois 1963 fran ais 104 105 160 228 BAAS Maarten 1978 hollandais 49 79 84 116 129 BAKKER Gjis 1942 hollandaise 48 B TZNER Helmut 1928 allemand 265 BEHRENS Peter 1868 1940 allemand 61 BEL GEDDES Norman 1893 1958 am ricain 24 279 282 284 BELLEY Gilles 1977 fran ais 50 BELLINI Mario 1935 italien 165 BERTHIER Marc 1935 fran ais 199 BERTOIA Harry 1915 1978 italien naturalis am ricain 138 139 BEY Jurgen 1965 hollandais 48 125 BILL Max 1908 1994 suisse 49 57 BLUMER Riccardo 1959 italien naturalis suisse 228 326 BOO Bram 1971 belge 83 85 BOONJTE Tord 1968 hollandais 99 116 BOUROULLEC Erwan 1976 fran ais 51 55 84 85 97 100 125 180 182 183 185 226 BOUROULLEC Ronan 1971 fran ais 51 55 84
16. lini Kartell Alessi Ni de design allemand sans AEG Braun Mer cedes Interl bke Et il n y aurait peut tre pas de reconnaissance d un design fran ais sans Renault Seb et les marques du luxe 4 La vocation d une marque est donc d assurer la reconnaissance de son image au del des diff rences nationales des partis pris cr atifs et du vocabulaire formel des designers Parmi les entreprises qui ne mettent pas l accent sur la person nalit des designers l image de Bang amp Olufsen est r v latrice Le programme de la soci t impose une adaptation de la technique l environnement domestique avec un usage simplifi pour l utili sateur L entreprise a tabli ses trois commandements Corporate Identity Components D s lors la morphologie des objets qu un designer proposerait ne peut passer outre ces trois piliers sans ris quer de participer l affaiblissement de l entreprise voire rompre le dialogue qui le relie son commanditaire Pendant longtemps l identit de Bang amp Olufsen a t plac e sous la coupe d un per sonnage qui prolonge l influence de la marque son responsable du style Jakob Jensen Les mod les mis au point d s la fin des ann es 60 pr sentent tous une filiation remarquablement homog ne Il cr e les Beosystem enceinte ampli st r o et le Beogram platine entre 1969 et 1973 Les boutons y sont remplac s par des touches 3 Entretien entre G rard Laiz et G
17. tifiques avec des cr ateurs L implantation de l Ensci Grenoble au sein d un lieu jusqu alors r serv la science peut elle s interpr ter comme un signe pr curseur Enfin nous pouvons nous interroger sur le sens que conserve la notion d cole sp cialis e dans ce mou vement d abolition des fronti res entre disciplines Le design n est il pas une profession g n raliste Les designers ne sont pas des sp cialistes leur expertise ne se limite pas un champ d intervention unique elle est plurielle Les collaborations entre designers et galeries se multiplient D but 2007 Marc Newson a expos la Gagosian Gallery de New York A Londres la Galerie Albion a expos les fr res Campana Autre exemple de collaboration celle de la Galerie Thaddaeus Opac Paris qui a fait travailler Matali Crasset en parall le avec l artiste Peter Halley Il y a galement l exemple singulier d un diteur de meubles britanniques Established amp Sons qui tr s peu de temps apr s sa cr ation a ouvert sa propre galerie pour diffuser les pi ces uniques ou de tr s petites s ries qu il produit en parall le de sa pro duction courante Cet diteur a par ailleurs initi cette ann e un programme Collaboration dont l objectif est de faire travailler un designer avec un cr ateur d un autre champ Pour lancer cette op ration le designer Sebastian Wrong et l artiste Richard Woods ont cr une collection de me
18. tre g n ralis es Les modeleurs ne permettent pas de cr er toutes les formes ou plus exactement ils orientent les ob jets vers une gamme de morph mes pour lesquels ils ont t pens s En effet l un des caract res majeurs du logiciel est d tre un espace fini cern puisque d fini par un texte cod et que les lois qui le r gissent sont nonc es par un programmeur Cette bride fait l objet des principales critiques formul es envers les modeleurs 3D Bien que les am liorations constantes tendent les rapprocher du monde physique les rendre plus r alistes ils p tissent galement de cette comparaison qui met en exergue leurs limites et leur finitude Pour le nouvel utilisateur qui n a pas encore connaissance de l ensemble des fonctions du logiciel les possibilit s paraissent immenses mais avec la ma trise vient la conscience de l tat circonscrit du program me et du champ de libert formelle qu il admet Ainsi la forme de l objet est soumise une double influence ce que l utilisateur sait faire et ce que le logiciel peut faire Autrement dit l aspect d un pro duit mod lis d pend non seulement de l tendu de la ma trise du programme par le designer mais aussi des fonctionnalit s dont ce dernier dispose Les logiciels sont structur s autour de principes math matiques Sans d vier vers des notions de programmations rappelons que les formes mod lis es dans l espace num ri
19. un hommage et d une recon naissance de la qualit du travail r alis Jasper Morrison dont nous avons voqu l insensibilit pour la course la nouveaut a choisi de marcher dans les traces de David Rowland lorsqu il a des sin la chaise Sim en 1999 La chaise empilable GF40 4 valut une m daille d or son cr ateur en 1964 lors de la XIIIe Triennale de Milan Plus de trente ans plus tard la simplicit du dessin reste aux L influence du cr ateur 7 Muses et inspirations 117 yeux de Jasper Morrison l une des meilleures propositions possibles bien que trop lourde et d une ergonomie un peu d pass e Son tra vail consiste donc r actualiser et am liorer ce mod le ancien L influence de la chaise de Rowland sur le travail de ce designer contemporain va plus loin que la simple inspiration puisqu il inscrit volontairement son objet dans un sillon creus par un autre Sa d marche n exprime pas un assujettissement des travaux pass s mais la reconnaissance de leur validit Quand Sylvain Dubuisson dessine Luna Algorithme 1993 nous y lisons galement un hommage un autre mod le de luminaire la silhouette vidente et silencieuse du lampadaire Luminator de Pietro Chiesa Fontana Arte 1933 De m me malgr l innovation apport e par les Eames dans l usage du contre plaqu moul nous pouvons voir dans leur paravents FSW 1946 l influence directe du mod le en lamelle de pin propos des
20. volution Il est tr s difficile de les faire voluer Prenons l exemple de la m duse La morphologie de cet ani mal n a plus volu depuis des millions d ann es Pour a il pointe un bol blanc en c ra mique pos sur son bureau aussi c est presque fig Regardez ce que fait Starck il prend des arch types Son truc c est de dire 26 qu il ne faut plus dessiner d objet Tout a d j t dessin Il va juste chercher les formes o elles sont Miss Sissi et La Marie ont des formes arch typales Son intervention est technique F A Ma s le Fauteuil Richard III P J Oui vous avez raison Il y a une autre dimension dans son travail Le surr alisme et le th tre sont tr s pr sents Pour ce fauteuil il prend un objet dessin deux cent fois il s vide et a de vient un d cor de th tre C est un effet visuel du factice l arri re est creux Je crois qu il n est pas possible lorsqu on est designer d ignorer cela la nouveau t suppose aussi de s int resser avec at tention ce qui a d j t fait F A a nous am ne parler des questions d identit de patte ou de style comme vous voudrez Bien que vous revendiquiez vouloir estomper et gommer le dessin vos cr ations se re connaissent Comment est ce que vous abordez cette question Vous l ludez en pensant que votre identit sera de toute fa on pr sente ou peut tre n y portez vous aucune a
21. 298 299 THUN Matteo 1952 italien 36 UIPKES Inger hollandais 48 ULLMANN Roland 1948 allemand 190 URQUIOLA Patricia 1961 espagnol 117 VERHOEVEN Joep 1979 hollandais 99 VAN SEVEREN Maarten 1956 2005 belge 177 VOLTHER Poul 1923 2001 finlandais 96 WAGNER Otto 1841 1918 autrichien 38 154 WANDERS Marcel 1963 hollandais 48 49 97 99 115 116 WRONG Sebastian 1971 anglais 129 YAMAMOTO Yohji 1943 japonais 81 YANAGI Sori 1915 japonais 42 ZANINI Marco 1954 italien 36 INDEX DES OBJETS ET DES LIEUX 021C concept car Marc Newson Ford Motor Company 1999 178 55 s che cheveux Jean Louis Barrault Moulinex 1975 269 271 100 paravent Alvar Aalto Artek 1933 119 100 MAKE UP vases couvercle Alessandro Mendini Alessi 1992 90 132U chaise Donald Knorr Knoll 1949 96 135 s che cheveux Sicer 1980 270 271 403 voiture Pininfarina Peugeot 1955 21 404 voiture Peugeot 1960 21 646 LEGGERA chaise Gio Ponti Cassina 1952 226 905 s che cheveux Calor 1927 267 2144 luminaire en Perspex Elio Martinelli Martinelli Luce 1960 65 97 3768 locomotive Raymond Loewy Pennsylvania Railroad 1939 280 4334 luminaire Gian Emilio Piero et Ana Monti Kartell 1950 97 167301 aspirateur Kenmore 1939 282 AEG usine de turbines Peter Behrens Frankfort sur
22. 303 305 Les origines La lib ration du technicien L atelier le corporatisme La manufacture le dirigisme La fabrique l esprit d entreprenariat L usine l organisation scientifique du travail La machine au centre du jeu industriel Mondialisation et anachronismes 311 324 331 339 Bibliographie Index des designers et des architectes Index des objets et des lieux Remerciements AVANT PROPOS Au cours d un projet t t ou tard vient le temps de donner forme son intention Il faut alors d cider des traits sous lesquels appa ra tront ses desseins Jusqu o suis je l acteur des choix qui s op rent Quels sont les mouvements sous jacents qui orientent mes d cisions Quelle est ma place dans ce processus Marc Aur le di sait que la libert de l homme commence lorsqu il comprend ce qui d pend de lui ou non Avoir conscience des influences auxquelles je m expose lors du dessin d une forme appara t alors comme un moyen de men affranchir Au sortir d une p riode de formation p tri des r f rences amass es durant des ann es ce m moire peut tre une tentative pour prendre pleinement possession de mes go ts Non pas pour m vader mais au contraire pour prendre pied et m in s rer dans une r alit aux contours flous En ce sens le temps de l criture est aussi l occasion de poser un regard lucide sur les inte ractions l uvre entre mon individualit et mon environnement La d m
23. Ces suites nous renvoient aux gammes et aux rythmes L historien R Wittkover soutient une hypoth se qui relie les nombres la musi calit Selon lui la s rie les rapports palladiens sont calqu s sur ceux de la gamme musicale octave quarte quinte Palladio fait allusion cette similitude dans un m moire de 1567 Les proportions des voix sont harmonie pour les oreilles celles des mesures sont har monie pour les yeux De telles harmonies plaisent souvent beaucoup sans que quiconque sache pourquoi l exception du chercheur de la causalit des choses 4 Ces propos t moignent d une volont qui va au del de la simple r daction de loi math matique et g om trique Elle sous tend la qu te d un ordre sup rieur dont les lois seraient cach es dans chaque l ment de la nature et dans l homme m me Il en r sulterait une harmonie g n rale propice au d veloppement de l me Cela correspond tout fait la mentalit de l homme de la renaissance italienne p tri d humanisme de spiritualit Ainsi la fascination des cr ateurs pour les nombres et les relations math matiques justifie enti rement la place de ce chapitre dans la partie de ce m moire consacr e aux obsessions et l inconscient La qu te d un id al formel d une sonorit parfaite r clame par fois des prescriptions dont la pr cision peut nous tonner titre d exemple nous pouvons mentionner les nombreuses recomman d
24. celle ci de la rationalisation n cessaire l outil physique La mod lisation des formes par ordinateur s extrait des contraintes li es aux proc d s de fabrication conventionnels Le moulage par exemple sur lequel nous reviendrons en d tails dans la derni re partie de ce m moire souffre de lourdes contraintes et interdit la r alisation de nombreux volumes Pour tre d moul e correctement une forme doit viter toute contre d pouille sans quoi elle resterait prison ni re du moule Ce faisant cette technique appauvrit le vocabulaire et limite les possibilit s d expressions formelles Or le programme informatique s affranchit de l ensemble de ces exigences Le volume cr dans l espace du logiciel ne s embarrasse pas de ces obligations mati re et forme y sont dissoci es Comme nous l avons mention n m me la gravit n asservit plus les objets mod lis s Le logiciel lib re le cr ateur de sa servitude face aux lois physiques D s lors le designer a toute latitude pour mener des recherches hors des li mites d chelles ou de pr cisions inh rentes au crayon et au papier ainsi que pour visualiser dans un espace virtuel des volumes r ali s s sans les imp ratifs mat riels de la maquette Par cons quent les logiciels de mod lisation rev tent une double dimension D une part les fonctionnalit s qu ils proposent s attachent simuler des proc d s de mises en forme emprunt es au r el
25. cession viennoise Les pi tements qu il dessine dans les ann es 80 et les motifs g om triques de certains de ses projets architecturaux peuvent voquer le b timent d Otto Wagner pour la caisse d pargne de Vienne Cependant il ne faut pas oublier que ses projets s inscrivent dans un mouvement radical plus large Bien qu il ait une proximit avec l Autriche sa culture reste latine Les activit s du groupe Memphis qu il fonde en 1980 en t moignent Dans un sens plus large il nous est difficile de quantifier lin fluence d un p re sur les r alisations d un cr ateur sans en avoir une connaissance intime En effet comment formuler des hypoth ses qui rel vent de la psychologie lorsque nos informations se limitent celles disponibles dans la litt rature Dans quelle mesure Ettore senior a influenc les formes propos es par Ettore Junior Le pro jet dessin par son p re pour l h pital de Thione n a premi re vue rien de commun avec les cr ations de son fils Cette emprise si elle existe passe par des filtres cr atifs qui la rendent d autant plus difficile discerner De plus notre ambition n est pas d observer le travail d Ettore Sottsass Jr sous un angle psychanalytique mais de regarder les formes qui r sultent de cette influence Nous pouvons faire un lien avec les propos de Patrick Jouin Lors de notre entrevue celui ci a fait abondamment r f rence son p re Mon p re avait une moto
26. cle France Des milliers d ann es s parent cet objet rural fran ais du coffre ci dessous mais ils pr sentent des similitudes techniques Coffre au nom de Mesr Nouvel Empire 1550 1069 avant J C D partement des Antiquit s gyptiennes Mus e du Louvre num ro d inventaire N266 292 mat rialise ce qu il y a de plus anthropien dans l homme Il est la fois le concepteur et le fabricant Celui qui pense et celui qui fait Quelles influences formelles a apport un mode de production cen tr sur l artisanat L atelier le corporatisme Durant plusieurs si cles les artisans ne sont pas sp cialis s dans des domaines pr cis Il semble que leur travail soit organis autour de la ma trise dun mat riau bien plus que par l attribution d un champ de comp tences li une cat gorie objets Dans l tude an thropologique Andr Leroi Gourhan Milieu et technique l auteur insiste sur l absence de mobilier sous sa forme actuelle dans la ma jeure partie du monde pendant une tr s longue p riode Sa forme se limitait le plus souvent des coussins des toffes et des coffres rudi mentaires Les cat gories d artisans sont sch matiquement d finies autour du travail du m tal de la pierre ou du bois Si des exemples de mobilier gyptien comme le coffre de Mesr expos au Louvre nous interpellent par la proximit de leur structure et de leur identit formelle avec des mod l
27. diocre L originalit entre le marteau et l enclume du romantisme in Design amp imitations Paris Medifa Industries Fran aise de l Ameublement 2004 p 90 L influence du cr ateur 6 L originalit la culture de exclusivit 79 d afficher son d calage M lanie Leroy Terquem nous met en garde ce sujet Il suffit de peu on le voit pour que la marque du g nie se d t riore en signe de m diocrit c est l l ambivalence de l ori ginalit terme bic phale qui regarde soit vers la grandeur soit vers la petitesse cet gard le banc Seat on It de Richard Hutten ma t il pas manqu son pari Un imp ratif d exclusivit Cette volont d originalit serait elle en r alit un imp ratif La revendication d un style et d une expression personnelle nous rap pelle les sympt mes de l approche individualiste dont nous avons observ les effets pr c demment 3 La mondialisation des r f rences culturelles et l effritement des particularismes locaux n imposent elles pas aux designers de faire valoir leur diff rence leur origina lit propre En effet l original est aussi celui dont on se souvient C est donc aussi une passerelle vers une notori t acquise moindre frais et peu d efforts En carbonisant les grands classiques du de sign d s la fin de ses tudes Maarten Baas n a t il pas aussi br l les tapes Christophe Pillet souligne l importance de la matura tion
28. est celle des gens qui sont all s le chercher Ils pensaient que c tait une mani re d attirer lat tention non pas sur la perception de la qualit mais sur un nom On prend un nom pour viter d aller plus loin dans l approfondissement Jai d ailleurs appris qu il n est m me pas couturier a c est extraordinaire Ma m re tait dans la couture donc je me suis beaucoup int ress l histoire du costume J ai su que Lacroix est le seul couturier qui ne sait pas ce qu est une robe au sens concret du terme Tous Lagarfeld et autres savent pin gler un tissu sur mannequin Mais lui ne fait que des crobards Le grand patron dans sa Maison c est sa femme a m a beaucoup tonn Jai beaucoup de ca marades dans la couture comme Castel bajac ou autres qui ne sont jamais venus se dire tiens je vais faire des TGV Pour en revenir au fond du probl me ce n est pas de sa faute C est de la faute de ceux qui ont cru que c tait une bonne chose de faire a et qui maintenant sont tr s d us para t il du retour sur inves tissement Il n a m me pas fait les si ges il ne sait pas ce que c est qu un si ge Il a fait des pochades la gouache comme ils faisaient avant la SNCF avant qu on intervienne de mani re tr s s rieuse partir du Corail et propose toute une d marche de rationalisation Il ne faut pas croire que les gens vont prendre le train parce que c est Lacroix Ils l uti
29. est l aluminium coul Le second sert de gar niture Les Eames abandonn rent la coque pour adopter un principe fond sur la tension attribuant une fonction porteuse la mati re suspendue La pi ce de tissu ou de cuir tendue fermement mais avec lasticit entre les montants m talliques assure le confort de l assise en s adaptant peu peu aux formes de l utilisateur Ainsi la morphologie des chaises de Aluminium Group n est pas influen c e par un mat riau dominant mais par la rencontre de propri t s m caniques esth tiques et tactiles compl mentaires Le dessin de l objet ne peut pas se comprendre si les mat riaux qui le compo sent sont observ s isol ment C est leur r union qui donne un sens aux formes de ces si ges devenus des classiques toujours dit s au jourd hui suivant en ce sens l expression bien connue qui veut que le tout soit sup rieur la somme des parties Les si ges sont encore dit s aujourd hui par les soci t s Herman Miller aux tats Unis et Vitra en Europe L influence des outils 6 Les mat riaux 223 L hyperchoix La r gle s culaire qui veut qu chaque fonction et usage corres ponde un mat riau serait elle caduque La r volution industrielle a ouvert l re des mat riaux Il s en est cr plus au cours du si cle pass que durant l ensemble des mill naires qui lont pr c d e Une prolif ration qui met mal les certitudes sur la destin
30. ex pression mais il s expose aussi une multitude de t ches fastidieuses d marchages d veloppement technique administration etc qui d vorent un temps qu il pourrait consacrer des recherches en lien direct avec son m tier notamment des recherches formelles ce jour nous doutons qu il faille voir dans une entreprise commandi taire une bride pour la cr ation de nouvelles morphologies d objets En cela notre point de vue rejoint celui de Martin Szekely Rappe lons tout de m me que ce dernier se consacre d sormais presque exclusivement des travaux de recherches expos s dans des gale ries Comme nous l avons vu pour une entreprise comme Cassina mais il en existe beaucoup d autres un industriel poss de aussi les moyens mat riels de concr tiser des projets ambitieux et exp ri mentaux Les pi ces de Gaetano Pesce en t moignent La pratique du design est par ailleurs difficilement envisageable sans un dialo gue avec le monde industriel Cette discipline n est elle pas n e de ce rapprochement En voulant court circuiter l industrie pour se d gager de toute influence le design ne risque t il pas de renier aussi sa raison d tre 5 Influence et contrainte ont ici des sens identiques 172 Notice d assemblage d un train lectrique locotracteur US Model Power Southern Pacific 1997 NOTE See DETAIL for rigging of cable Front sheave Re 3 LE DESSI
31. fie norm ment De m me que de la folle du logis l imagination Qu est ce que a vient faire ici Si on a une solution trouver elle ne peut pas venir de l imagination elle ne peut venir que de la mise plat Je mets tout plat autour de moi Je ne travaille pas sur une s quence mais sur un champ Plus le champ est grand meilleure la solution sera Ce que j aime c est tre surpris par la forme Par ma propre forme en quelque sorte Ja mais je ne supporterais d avoir une id e au d part que je m efforcerais de confir mer par la suite Comme dans les s ries de l inspecteur Colombo o l on voit le crime au d but Je ne pourrais pas le faire je m ennuierais et il faudrait que je change de m tier Jaime d couvrir la forme F A On en revient ce que disait votre ami Vignelli La forme du pro jet est d j cach e dans le cahier des charges Il s agit de tout mettre plat pour la d couvrir R T Jai pass ma vie d molir des cahiers des charges sinon d molir mes pr c dents cahiers des charges A la SNCF j ai t oppos des normes Il y avait des contraintes que je faisais bouger pour pouvoir avancer Compre nez que le cahier des charges est un minimum c est quelque chose qui doit bouger Ce qui compte c est la qualit du r sultat 251 1 LE MOULAGE Du modelage au moulage Appuyons nous sur ce qui sans une action de fa onnage de mise en forme n a pa
32. raisonn Le mat riau seul reste impuissant face ce d fi R alis e en fr ne massif mais avec des sections r duites au maximum elle ne pesait d j plus que 1 750 kilos Alberto Meda prend le contre pied de Gio Ponti en 1987 Celui ci fait usage d un mat riau la fois nouveau on reux et d une haute technicit paul par les techniciens de la firme Alias il pousse ses limites un assemblage de fibres de carbone et nid d abeilles en Kevlar enrob de r sine poxie Alberto Meda r alise le si ge Light light qui ne p se qu un kilo Il s agit du record absolu ce jour mais avec un prix de fabrication sans commune mesure avec la Superleg gera Bien que la volont de l g ret soit affich e notons que Meda prend la peine d ajouter au dossier deux cornes pour former des accotoirs Ainsi m me lorsque l aspect d un projet est enti rement mis au service d un discours sa morphologie reste le fruit d un com promis Elle porte encore la marque d un consensus 12 Gampiero Bosoni sous la direction de Made in Cassina Milan Sikra 2009 p 62 2 Ibid p 62 21 Raymond Guidot Design techniques et mat riaux Paris Flammarion 2006 p 65 Superleggera Gio Ponti Cassina 1957 Light Light Alberto Meda Alias 1987 Laleggera Riccardo Blumer Alias 1996 Prototype test de la chaise Pack Fran ois Azamboug appel permanent du via 1999 228 Alias pours
33. s actuelles Rams se montre suspi cieux face des images la pr cision trompeuse Selon lui bien que ses dessins puissent avoir t brouillons et intuitifs leur abstrac tion avait l avantage de laisser ouvert le champ des possibles Ses esquisses continuaient d voquer l o les logiciels informatiques obligent sp cifier d terminer et d cider Paradoxalement bien que l ordinateur soit r guli rement montr comme un outil facilitant les retours en arri re et les corrections ne participerait il pas inscrire dans le marbre chaque tape du projet en lui donnant un niveau de pr cision inattendu inadapt et im promptu tr s t t dans les tapes de d veloppement Parce qu ils facilitent la cr ation de formes en dehors de toutes contraintes tan gibles les modeleurs peuvent conduire vers des propositions hasar deuses irr alistes et condamn es rester des images Toutefois le potentiel des outils de prototypages rapides dont nous tudierons les effets tend effacer ce d calage Par ailleurs la souplesse et la flexibilit de ces outils ne sont elles pas aussi propices au d velop pement de morphologies nouvelles 1 Propos de Dieter Rams extraits d un entretien avec Gerrit Terstiege en F vrier 2009 The Making of Design From the First Model to the Final Product Berlin Birkh user 2009 p 9 204 La forme d brid e La prise en charge de la structure par l espace num rique lib re
34. t s comme Tefal Volkswagen ou Alessi mais aussi d diteurs de meubles et de PME aux dimensions r duites Pour ces entreprises le designer doit aussi int grer des notions li es aux savoir faire et aux potentialit s des outils de production disposition La plupart des projets a deux g niteurs son commanditaire pro ducteur et son designer Il existe certains cas particuliers que nous tudierons par la suite Gampiero Bosoni nous rappelle que c est cette rencontre si elle est heureuse qui donne naissance au bon projet et au bon produit La notion d change est donc au centre des rapports qui unissent un designer son client Cela s applique tout autant pour une architecture que pour un objet d usage courant surtout s il est produit industriellement La rencontre sera d autant plus f conde que le projet na tra d une conception et d une rencontre recherch e voulue et v cue avec intensit Plus le dialogue est fort mieux la demande est pr sent e mieux le designer l ve le niveau qualitatif de sa r ponse En ce sens nous pouvons reconna tre au commanditaire le r le de premier concepteur en tant qu il est l ins pirateur d une id e de projet claire Toutefois pour ce qui nous int resse particuli rement ici l in fluence du client sur la morphologie d un projet une d finition pr cise de ses attentes n implique pas forc ment une emprise troite sur sa formalisation finale L histoire
35. un si cle que le design existe sous ce nom l Les designers d aujourd hui ne sont plus des pionniers Comment vous pla cez vous par rapport aux grands desi gners qui ont travaill pour les soci t s qui maintenant ditent vos produits Avez vous des ma tres dont les r ali sations vous servent de jalons des personnes dont le travail vous sert de r f rence Vous sentez vous des proxi mit s avec certains d entre eux 25 P J Mes r f rences vont de la Rome antique aux Ph niciens en passant par les pi ces arch ologiques J essaye tou jours d aborder un projet de la mani re la plus large possible Je fais tout pour ne pas me limiter aux cr ations r centes Mes influences sont gigantesques Pour revenir la notion de pionniers il nous est arriv d avoir la chance d tre parmi les premiers faire quel que chose Lorsque nous avons utilis la st r olithographie nous avons notre mani re pos un jalon Ceux qui ensui te ont fait appel cette technologie ont forc ment d prendre en compte ce que nous avions r alis F A Quelle est votre position par rap port non pas aux cr ateurs mais aux pi ces qui sont devenues des standards avec le temps Sous quelle forme est ce que ces cr ations exercent une influen ce sur ce que vous produisez P J Je comprends standards dans le sens d arch types Il existe des objets qui sont arriv s quasiment au terme de leur
36. 2 Propos recueillis par Christine Colin dans limitation et sa n gation r utilisation appropriation digestion piratage mixage in Design amp imitations op cit p 25 L influence du cr ateur 6 L originalit la culture de exclusivit 93 des formes Demander Ora to s il avait connaissance de la lampe Tubino au moment o il a cr OneLine ne revient en aucun cas placer le luminaire des fr res Castiglioni dans la position de l ob jet authentique l original do manerait une s rie d imitations Cela tout d abord parce que la simplicit de sa typologie rend tout fait possible la re cr ation la r invention Un tel dessin de par sa simplicit a toutes les chances de rejaillir plusieurs endroits et diff rents moments Ensuite nous avons vu qu il existe des g n rations de formes dont personne ne peut s approprier la paternit Des formes arch typales d tourn es par Hella Jongerius aux objets silencieux et supernormaux de Jasper Morrison en passant par les morphologies famili res des produits Starckiens nous compre nons quel point la notion de m tre talon est contestable C est d ailleurs ce m me Castiglioni qui recommandait de la congeniality dans les objets Enfin nous devons accorder Ora to le b n fice du doute Ad mettons que celui ci soit honn te il pourrait s agir d une co ncidence dont nous avons vu qu elle n est pas inenvisageable Dan
37. Castelli le fondateur de Kartell t moigne du fait que d s le d but la forme de la chaise a t influenc e par la volont d utiliser la technique d injection plastique C est parce qu en amont la morphologie du si ge a t dict e par ce proc d que nous pou vons y voir un exemple illustrant clairement les potentiels formels de ce mode de production D tail du profil de pied en S de la chaise Selene Vico Magistretti Artemide 1969 274 Les innovations r centes obtenues par l injection au gaz tendent red finir l esth tique propre ce proc d En effet la possibilit d avoir des formes pleines loigne les objets fabriqu s par cette tech nique de l aspect caissonn des produits pr c dents D sormais il n est plus imp ratif de respecter une faible paisseur et de renfor cer les surfaces les pi ces sont directement con ues en volume Les chaises Air de Jasper Morrison et Thalya de Patrick Jouin se d mar quent des pr c dents objets r alis s par injection Si la rapidit de leur processus de fabrication continue de fasciner leurs cr ateurs ses si ges r alisent une jonction avec une variante technique Pin jection soufflage Bien que ce proc d pr sente des similitudes avec l injection au gaz il est d di la r alisation d objets creux alors que l int rieur de la chaise Air est poreux C est donc un nouveau type d influence appel d finir une nouvelle gamme for
38. Catherine Coley De l atelier aux Ateliers in Jean Prouv La po tique de l objet technique Weilh am Rhein Allemagne Vitra Design ditions 2006 p 123 L influence du cr ateur 3 La formation 67 en butte au m pris ouvertement affich de ses id es et des valeurs qu il d fend Sa note l un des responsables de son d part r v le sa d sillusion face cet chec pour ne pas dire cet exil Ma position volontaire depuis pr s de deux ann es a t d esprit et de devoir d acharnement d fendre la cause et les id es alimenter Nancy tout en n tant pas dupe de l tat d esprit qui y r gne La r alisa tion d glises nomades en Moselle dans la p riode qui suit maurait certainement pas t approuv e par les anciens administrateurs de sa soci t Elles t moignent de son ind pendance retrouv e La rup ture avec Nancy me fait abandonner tout ce que j avais fait jusqu maintenant Je vais donc et vous le savez bien m acharner recommencer sachant parfaitement que j ai une chance sur mille c est le maximum et que les risques que je vais prendre sont grands mais je les prendrai Il nous appartient de scruter les r alisations qui suivent cette p riode pour d tecter des marques de ce nouveau d part Rien n est flagrant tant l volution de son travail est logique presque homog ne La personnalit de Jean Prouv ne se marie cer tainement pas avec la table
39. Cependant en regardant d autres exemples de pi ces moul es nous observons que ce jugement doit tre temp r La vision du moulage comme un simple moyen de reproduction est parcellaire Comme nous l avons vu en facilitant la cr ation de formes aupara vant laborieuses obtenir cette technologie a galement t un vec teur de lib ration D s la Renaissance le c ramiste Bernard Palissy r alise des moulages d animaux de plantes et de coquillages d apr s nature Par la suite les plats r alis s par Jean Charles Avisseau au milieu du XIX me si cle sont parfaitement repr sentatifs de cette mancipation Sa production est pens e comme un tableau dont les acteurs respirent et semblent se mouvoir ce cr ateur revendique s inspirer de la nature vivante ce champ si vaste qui ne se r p te jamais On aboutit donc un paradoxe le moulage fabrication de l identique par excellence s est fait ici au nom de l infini de la nature et de sa non r p tition L influence d un proc d technologique sur la forme des objets peut donc tre multiple Elle est ici autant li e l efficacit de cette technique pour reproduire des formes qu ses qualit s pour capter et rendre fid lement des volumes difficiles concr tiser par d autres moyens Le moulage serait donc une tech nologie la fois l origine de formes nouvelles ma s qui a cr une situation propice leur gel en facilitant la copie La pl
40. Elle na t Kathleen Eileen Moray dans la maison familiale de Browsnwood Enniscorthy comt de Wexford en Irlande le 9 ao t 1878 Sa famille prend le nom de Gray en 1893 apr s que sa m re lady Eveleen Pounden eut h rit d une prairie d un de ses oncles cossais et pris le titre de baronne Gray Cadette de cinq enfants Eileen passe son enfance entre les r sidences familiales 8 Peter Adam Eileen Gray Architect Designer New York Harry N Abrams 1987 L influence du cr ateur 1 Des v cus 35 d Irlande et le quartier chic de Kensington Londres Elle h rite du sens de la d coration de sa m re et de l esprit d ind pendance et d aventure de son p re le peintre James Maclaren Smith qu elle ac compagne dans ses voyages professionnels en Italie La professeur d architecture Caroline Constant nous renseigne sur son ducation Comme beaucoup de jeunes femmes de sa classe sociale elle ne re oit pas d ducation formelle en dehors de quelques tudes in termittentes dans un pensionnat de Dresde et est essentiellement lev e par des gouvernantes Elle se rend pour la premi re fois Paris en 1900 pour accompagner sa m re l Exposition Univer selle La jeune fille qui est d crite ici a tout comme Andr e Putman grandi dans un milieu ais Toutes les deux viennent de fa milles labri du besoin Nous remarquons par ailleurs que les deux femmes ont pass leur vie quelques centaines de m t
41. Forcer le trait La normalit et l imp ratif d originalit Le r emploi comme une n cessit face la saturation L influence des formes pass es est elle une bride cr ative Entre filiation et imitation la copie montr e du doigt 7 Muses et inspirations 98 104 108 115 Quand l originalit s efface devant les tendances g n rales Le facteur obsessionnel Les relations math matiques entre rationalit et soth risme Du d tournement la citation 8 La porosit des influences 120 Le designer ponge l imaginatio et la phantasia du cr ateur 123 Vers une imagerie l atlas des images 126 L interdisciplinarit 9 Les transferts de technologies 134 L exemple des chaises en porte faux et des si ges en fils d acier soud s DEUXI ME PARTIE L INFLUENCE DES OUTILS DE CONCEPTION ET DE CR ATION 143 Entretien avec Martin Szekely 1 L influence des outils des m thodes de travail des modus op randi 149 Un processus rigoureux et raisonn 154 La forme soumise au principe d efficacit 157 La fin des dogmes 158 La sc narisation de la d marche 2 La commande et le commanditaire 162 Le premier des concepteurs 168 Le designer sans commanditaire 3 Le dessin 173 Entre expression personnelle et universalit 179 Le produit d un organe ou le principe de l entonnoir 181 Le dessin comme une fin en soi 183 Une approche symptomatique 4 La maquette 186 Un corps tang
42. Henri Leland le fondateur de Cadillac qui d s 1902 avant Henri Ford a plac la standardisation au centre de sa production Il Henri Leland a t form l interchangeabilit des pi ces chez le fabricant d armes Colt puis la conception des ma chines outils de pr cision chez Brown and Sharpe Lorsqu il se lance dans la construction automobile il se fixe pour objectif de parvenir une extr me pr cision et une standardisation dans l usinage pour qu il soit possible de proc der un change standard de toutes les 17 Simone Weil La condition ouvri re Paris Gallimard 2002 p 313 18 Fran ois Caron Les deux R volutions industrielles du XXe si cle Paris Albin Michel 1997 p 96 302 pi ces de ses mod les Bien que nos observations se concentrent sur le mobilier en bois c est l industrie automobile qui sur ce point nous donne les exemples les plus d monstratifs La complexit des assemblages et le grand nombre de pi ces n cessaires la fabrica tion des voitures n est sans doute pas tranger cela Beaucoup de pi ces m caniques comme les amortisseurs sont d sormais con us pour s adapter diff rents mod les de v hicules Au m me moment est publi un ouvrage dans lequel son auteur Frederick Winslow Taylor pr conise une m thode d organisation scientifique du travail Taylor propose un syst me de production complet pour r soudre un probl me typique de la production di vers
43. Ibid p 66 52 Les sympt mes d une approche individualiste En 2006 le palais de Tokyo a organis une exposition dont le titre tait Notre Histoire Les organisateurs de cet v nement sou ha itaient mettre sur le devant de la sc ne la jeune g n ration des artistes fran ais La m me ann e Milan la France tait repr sen t e par deux expositions Lune au nom explicite Design France sous le label Via l autre La r publique libre du Design au centre culturel fran ais CCF Durant la m me manifestation les designers d Eindhoven r unis sous la banni re MadEindhoven surfaient sur la popularit de l cole du m me nom en rassemblant des travaux l initiative de la municipalit d Eindhoven La notion de territoire d appartenance une entit est clairement affich e sous la forme d un design AOC Tout est fait pour exhiber un d nominateur com mun et pour extirper le nous du n tre Paradoxalement pour Christine Colin rares sont les designers qui parlent de patrie la terre du p re ou de patrimoine lh ritage du p re Le pays n voquerait plus que paysages et paysans la nation issue du natif est s rieusement contest e par le politique ment correct forg par les universit s am ricaines bas sur les no tions de multi culturalit et de diversit culturelle et le mot m me fran ais est lourd d incorrection Le natif qui fait le national ne serait plus le so
44. Les volutions tien nent davantages aux propri t s du mat riau utilis qu au proc d mis en uvre Nous pouvons faire des observations similaires sur le mod le DM 395 en m lamine fabriqu en Angleterre la fin des ann es 40 Ce mod le nous am ne par ailleurs nous interroger sur les liens entre l usage massif d un proc d de fabrication et l adop tion puis la diffusion d un style et de l esth tique qui en d coule Nous analyserons ces relations par la suite lorsque nous d taille rons l influence du d veloppement de la technique de l emboutis sage sur le style Streamline Pour le moment essayons d identifier les influences formelles de l apparition du proc d de moulage plas tique par injection Appuyons nous sur trois mod les d velopp s par des entreprises diff rentes En 1970 Calor commercialise un mod le en poly thy l ne haute densit Cinq ans plus tard Jean Louis Barrault des sine pour Moulinex un s che cheveux en ABS inject et aluminium peint Enfin en 1980 la soci t italienne Sicer met sur le march son mod le 135 dont la coque est enti rement r alis e en ABS Nous constatons l encore que leur forme n est pas porteuse des signes caract ristiques de l injection plastique Nous ne remarquons pas de traits sp cifiques cette technique Cela est surtout flagrant pour le 272 produit d velopp par Sicer Cet objet pourrait tre r alis en r sine ph nolique par moula
45. SZEKELY PROPOS RECUEILLIS LE 16 NOVEMBRE 2009 Fr d ric Alzeari En lisant vos com mentaires sur votre propre travail notamment dans le livre consacr vos r alisations aux ditions Kreo et Images Modernes j ai not un atta chement l histoire des objets leur provenance et leur signification Par exemple pour le verre Perrier vous vous r f rez au gobelet antique pour le pendentif Symbole vous voquez la figure d Herme s pour les plats en verre l aussi vous faites r f rence l Antiquit Je souhaiterais conna tre les raisons de votre attachement ces racines Martin Szekely Concernant le plat c est un objet qui est une membrane une peau qui isole du sol Pour le verre Perrier c est un travail destination d un tr s grand public Jai essay de proposer une r ponse qui soit comprise dans l imm diat Donc la r f rence l Histoire et au gobe let antique est un r f rent qui permet de faire converger les m moires de tous ces gens que l on ne conna t pas Il s agit de questionnement sur le de sign en r gle g n rale Probablement que le design ce n est pas travailler sur le design m me C est dire que je ne prends pas un objet du XVIIIe si cle en 143 disant je vais le redesigner la fa on 2010 Je me pose des questions sur les fondements des objets Que sont les meubles Des prolongements de nos corps n cessiteux Les plats quant eux so
46. Stratoliner Norman Bel Geddes proposa dans le m me temps plusieurs dessins la Pennsylvania Railroad Company mais aucun ne fut r alis R plique de l atelier d Henry Ford dans lequel il construisit sa premi re voiture Ford Museum Greenfield Village Dearborn Michigan USA Locomotive 3768 Pennsylvania Railroad Raymond Loewy 1939 280 comme pr ambule panouissement du style Streamline une jonc tion entre des formes r pondant aux imp ratifs li s aux contraintes a rodynamiques et la volont d exprimer la c l rit d objets l image de l lan progressiste des premi res d cennies du XX me si cle aux Etats Unis Cependant vitons de d river vers une tude du Streamline pour nous concentrer sur ses liens avec l emboutissage Il a t reproch cette technologie d tre une solution de surface troitement im pliqu e dans l arriv e d objets cart ris s contre courant des pr ceptes modernistes En effet non seulement la vitesse impose aux objets en mouvement une surface ext rieure limitant les asp rit s mais la multiplication des objets la m canique complexe incite leurs concepteurs prot ger et masquer leurs composants sous des coques Henry Dreyfuss justifie le recours la coque de la mani re suivante Lorsque l on a organis rationnellement l ensemble des l ments d un objet afin qu il remplisse au mieux la fonction pour laquelle il a t con u
47. aux cycles d inspirations communs Des designers aux expressions h t rog nes se rejoignent autour d affinit s formelles partag es Il existe des tendances dont l influence r ussit r duire la distance qui s pare les travaux de designers aux critures divergentes Les facettes les arborescences ou les r seaux nous fournissent quelques points de convergences Ces derniers par exemple sont aujourd hui sous jacents tant de projets d architecture et de design que nous pour rions presque parler d j d imagerie La critique d Art et historienne du design Elisabeth V drenne en a recens un certain nombre dans un ouvrage sous le titre Tendance r sille A la grille orthogonale de la planification caract ristique du graphisme des ann es 1970 Entretien avec Patrick Jouin p 27 L influence du cr ateur 7 Muses et inspirations 99 succ dent aujourd hui les r seaux triangul s des toitures des centres d art de Metz ou de Saint Etienne ou des projets facett s de Konstan tin Grcic les r seaux fleuris de Tord Boonijte les vues filaires d Arik L vy les r seaux tricot s de Marcel Wanders ou al atoires de Fr d ric Druot et Francis Solers pour le minist re de la Culture ou la fa ade ondulante de la cit de la mode Paris On pourrait gale ment ajouter les r seaux urbains de Fran ois Roche pr sent s no tamment dans le cadre de l exposition l ve heard about Joep Verhoeven quant
48. ce point de vue dichotomique peut il se justifier Dans beaucoup d objets les mat riaux ne combinent il pas la fois des caract ristiques que nous avons qualifi de solidaires tout en par ticipant la perception sensorielle du produit Le luminaire est un domaine o les objectifs structurels de la mati re solidaire se m lent intimement aux aspects motionnels de la mati re fluctuante La lampe Vapeur 2009 d Inga Semp utilise le Tyvek comme abat jour Ce mat riau d velopp par Dupont de Nemours s appa rente une membrane en plastique dont l aspect se rapproche d une feuille de papier non tiss Il est utilis pour la confection de com binaison de protection de housse ou comme cran de sous toiture Ouvrier pulv risant de la r sine polyester sur le feutre du fauteuil Feltri Gaetano Pesce Cassina 1987 232 L influence des outils 6 Les mat riaux 233 pour minimiser les d perditions d nergie Inga Semp fait appel d une part ses propri t s optiques mais galement ses qualit s m caniques La feuille pli e donne forme la lampe et son appa rence duveteuse lui conf re sa dimension vocatrice Nous pour rions citer de nombreux autres exemples dans lesquels les deux no tions se rejoignent Enfin le d veloppement des nanomat riaux tend rendre en core plus floue cette fronti re Ces derniers ne constituent pas proprement parler des mati res nouvelles Danie
49. commun y compris pass affich revendiqu aim Le gu ridon Cumano Zanotta 1979 par exemple est repris d un catalogue d objets anonymes du XIXe si cle Castiglioni affirmait que la r utilisation n est pas limitation Il lib ra t notamment tout un champ qui se trouvait plac sous l interdit de limitation du pass La question sous tendue par ses affirmations est celle de la paterni t des formes En effet la volont du designer de cr er des objets aux formes lib r es de r f rences ant rieures s oppose le fait qu il m volue pas en vase clos Le designer est directement plong dans un environnement dans lequel il est pleinement acteur Il est non seulement l h ritier de l histoire de sa propre discipline mais son imagination est galement impr gn e des formes que son regard croise chaque instant Ainsi nous avons beaucoup de raison d tre pessimiste sur la capacit d un designer se d gager de son propre milieu Par ailleurs cette d marche reviendrait s anesth sier s interdire de r agir et de dialoguer avec son poque Se faisant le designer irait jusqu s opposer l essence m me de sa discipline qui est par nature ouverte sur un contexte et une population La table rase des mouvements radicaux italiens grille orthogonale de 17 Nous notons en r f rence nos pr c dentes remarques sur l tymologie du mot esth tique part l chap 5 Les go ts une approche s
50. cr ateur 2 Les origines g ographiques et culturelles 45 r f rences formelles japonaises Les commentaires de Toyo Ito sur son travail vont dans ce sens Sa fa on de concevoir l architecture ne pr sente aucune continuit historique Aucune h sitation m me inconsciente vis vis des arch types de l histoire Le sens de relation physique avec l espace que l on trouve dans ses projets n est pas assimilable au type de relation exp rimentale dans l archi tecture traditionnelle mais quelque chose qui d pend purement et simplement de formes abstraites spatiales Si le bec verseur peut tre interpr t comme un marqueur formel japonais l ensemble traduit une libert d interpr tation tendue Il nous faut donc privil gier une lecture par bassin d influence plut t que d adopter une vision qui segmente les formes selon des crit res g ographiques De plus si nous d laissons l chelle plan taire pour nous rapprocher de l Europe nous observons d autres re groupements identifiables H ritage commun et particularisme local l int rieur de l Europe la production germanique s oppose par convention au design transalpin La vision selon laquelle l exub ran ce du design italien se diff rencierait de la rigueur allemande est souvent voqu e L automobile notamment fournit aux commenta teurs des occasions de confronter les belles italiennes aux berli nes allemandes Fiat
51. d une entrevue r cente avec Ger rit Terstiege qui fut longtemps r dacteur en chef de la revue Form les Bouroullec lui confiaient nourrir depuis plusieurs ann es une fascination pour les formes croissantes Durant le m me entretien ils affirment avoir eu tr s t t la vision d une grown chair Leurs 12 I est difficile de proposer une traduction fid le de grown chair Notons simplement que le sens de cette formule fait r f rence la croissance v g tale Les extraits de la discussion proviennent du livre publi en anglais de Gerrit Terstiege The making of design From the First Model to the Final Product Berlin Birkh user 2009 p 27 Meuble Tube Pierre Charpin galerie Kreo 2008 Croquis Pierre Charpin 2007 Maquette r alis e par des outils num riques chaise Vegetal Ronan et Erwan Bouroullec Vitra 2008 Croquis de recherche pour la chaise Vegetal Chaise Vegetal Ronan et Erwan Bouroullec Vitra 2008 184 premiers croquis refl tent cette volont Ces esquisses pr liminaires d voilent des ramifications et des embranchements complexes qui partent des pieds puis se m tamorphosent en assise accoudoirs et dossier par des lignes fluides et sinueuses Les premiers dessins ex priment nettement des intentions formelles dans le prolongement des Algues voire des circonvolutions d Hector Guimard ou de Victor Horta Cela nous renvoie d ailleurs nos pr c dentes interr
52. d humour constant qui na t des rappro chements et des d tournements cr s Ce mouvement a contribu faire conna tre plusieurs jeunes designers comme Hella Jongerius Jurgen Bay et Richard Hutten La commode Chest of Drawers de Tejo L influence du cr ateur 2 Les origines g ographiques et culturelles 49 Remy la Knotted Chair de Marcel Wanders et le chandelier Bulb de Rody Graumans sont embl matiques de ce courant De fait si nous revenons aux d finitions nonc es plus haut nous observons qu il n est pas sans fondement de parler d une cole Hol landaise En effet les designers dont nous parlons sont non seu lement tous issus du m me pays mais revendiquent des aspirations communes Pour revenir ce qui nous int resse particuli rement l influence formelle de ce mouvement l h ritage en est moins vi dent Comme les designers se basent principalement sur des d tour nements d objets existants leurs formes varient d une r alisation l autre Bien que les gestes cr atifs se rejoignent les r sultats sont morphologiquement h t roclites Leurs formes d pendent avant tout des objets arch typaux qui sont la base de leur construction Les individualit s qui sont apparues au cours des ann es 2000 ont conserv ces similitudes Les cr ations de Maarten Baas Bertjan Pot et Marcel Wanders dit es par Moooi gardent l humour et la spon tan it comme signe distinctif Un moule partag La
53. dans l closion et l affirmation d un style Un style c est une uvre C est 70 ans de boulot o l on trouve tout et son contraire Je le vois comme la cons quence non comme le r sultat d une vo lont 4 Celui qui n affirme pas sa patte et sa marque parmi les centaines de designers qui courent les publications ne risque t il pas d tre simplement absent voire pire anonyme trop vouloir associer un style un nom et un objet une t te il se pourrait que la notion m me de style s estompe Dans son ouvrage Vie et mort de l image R gis Debray souligne ce ph nom ne Chaque indivi dualit de la cr ation visuelle a d sormais sa r f rence normative propre chacun sa r f rence normative propre chacun son 2 Ibid p 92 3 Part chap 2 L influences des origines g ographiques et culturelles Les sympt mes d une approche individualiste p 52 4 Christophe Pillet au journaliste Pierre Doze pr face du livre portrait qui lui est consacr Pierre Doze sous la direction de Christophe Pillet Paris Pyramid collection Portraits 2004 Plat Nazareth Fernando et Humberto Campana Bernardaud 2008 80 code et que tous les codes se valent Une langue se parle plusieurs ou ce n est pas une langue Le jeu symbolique est un sport d quipe 5 Dans ce cas quelles sont les nouvelles curies d o merge une lan gue commune Nous avons vu qu une nation une r
54. de ce m moire consacr e l influence des origines sociales la fa on dont Andr e Putman convoque ses souvenirs pour nourrir son travail Elle fait appel des objets par fois lointains qu elle transforme et replace dans des contextes dif f rents C est de cette mani re que l image d un samovar aper u au cours d un voyage officiel en Russie o elle accompagnait le ministre de la culture Michel Guy servit d inspiration au service th Polka dessin trente ans plus tard Ce sont parfois dans les d tails que r apparaissent les objets qui l ont marqu e Elle se rem more une bouteille Thermos caboss e pour expliquer la torsion des anneaux de l argenterie Vertigo pour Christofle Elle garde pr cieusement en m moire ces r f rences clectiques qu elle r utilise sous des traits qu il nous serait impossible de d chiffrer sans ses confessions De m me l abbaye de Fontenay o Andr e Putman a pass son enfance devient indissociable de son travail Elle m me avoue que longtemps apr s que ce b timent ait cess d tre une r sidence familiale son souvenir l accompagne et se rattache constamment sa produc tion Evidemment le style d Andr Putman n a rien de roman et en core moins de monacal Cependant l abbaye de Fontenay rec le les Chaise Robert Mallet Stevens 1930 dit par Ecart en 1978 Clo tre de l abbaye de Fontenay 70 g nes communs chacune de ses r alisati
55. de leur sch ma de construction L influence du cr ateur 7 Muses et inspirations 115 Ces dessins illustrent la confiance persistante des designers dans des harmonies math matiques empreintes de mysticisme Du d tournement la citation Le design cannibalise il se nourrit de design Martin Szekely La principale source d inspiration des designers ne serait elle pas le design lui m me Avant m me que celui ci soit une discipli ne reconnue les b nistes et les menuisiers allaient chercher dans les r pertoires d coratifs ant rieurs la mati re de leur inspiration Plus g n ralement l volution d un domaine de cr ation peut elle se faire sans que la somme des recherches accumul es par le temps ne profite aux nouvelles g n rations En peinture les avant gar des du XXe si cle ont largement tir parti des travaux r alis s par les artistes des p riodes pr c dentes De tout temps les peintres ont fait r f rence cit s ou rendus hommage leurs pr d cesseurs travers leurs toiles En architecture l tude et le questionnement des styles pass s et des m thodes de construction ont t l un des moteurs du renouvellement esth tique Dans l ensemble la capa cit des hommes int grer les d couvertes et les avanc es de leurs pr d cesseurs ne d finit elle pas l humanit Cette notion est la base de l id e de progr s et d volution Le design ne semble pas chapper cette r
56. des gens culti v s On appellerait a profession de bouche C est comparable toutes les professions de servitude comme ma tre d h tel ou autres Lorsqu un d corateur travaille devant Madame de Rothschild c est pleurer Ce n est pas quelqu un qui transmet quelque chose Mais finalement je ne peux pas consi d rer que je me sens barbare Quand je dis ce mot c est sur un autre plan Jen tire presque gloire ici d tre un barbare 243 F A Vous avez collabor avec toutes sortes de personnes durant votre car ri re des ing nieurs des dirigeants des commerciaux des chercheurs C est de votre relation avec les ar tistes dont j aimerais parler En par ticulier celle que vous avez eue avec Yves Klein Les informations que j ai trouv es la d crive comme une compli cit pragmatique Vous orientiez l ar tiste vers les techniciens ou les chefs d entreprises capables de lui fournir les conditions mat rielles pour ses exp riences J ai du mal croire que vous vous limitiez quelques conseils pratiques R T Vous savez le design est un m tier dess chant Jai une culture d origine avec une formation technique solide Quand j ai accept de faire le pavillon fran ais d Osaka si je me suis propos c tait pour emp cher les d corateurs de s emparer des id es d artistes comme C sar Klein ou d autres pour les ab tar dir et fabriquer des petites d cos J ai toujours t
57. en forme poss de ses propres marqueurs ses propres influences Cepen dant est il possible d largir nos hypoth ses des ensembles tech niques Nous avons esquiss des rapprochements entre les formes produites par tournage La forme de r volution est une des carac t ristiques r currentes chaque fois que la mati re est mise en rota tion autour d un axe Cela se v rifie ind pendamment du mat riau qu il s agisse de terre de bois ou de m tal Serait il envisageable de proposer un classement des influences formelles par grandes familles techniques cintrage moulage tournage etc L objet de ce m moire n est pas de compl ter ce classement ma s d observer si celui ci est envisageable pour nous permettre une meilleure per ception de l origine des formes Ron Arad r partit les proc d s de mise en formes de la mati re en quatre grandes cat gories Elle peut tre d form e enlev e ajou t e ou d coup e Chacun de ces cas poss derait sa propre logique qui entra ne un certain registre formel Avec des exemples concrets nous tenterons de voir l int rieur d une technologie quelles sont ses influences Nous allons nous int resser au moulage industriel sous plusieurs aspects et avec diff rents mat riaux injection plas Moulage de la statue questre de Louis XIV lev e par la ville de Paris en 1699 et fondue d un seul jet par Jean Balthazar Keller d apr s un mod le de Fran ois Girardon
58. es quisses attrayantes nous renseignent sur une redoutable confusion entre l objet et sa repr sentation Malgr sa polyvalence le dessin ne fait pas le produit Il est certes un outil efficace de repr sentation et de conception qui peut tre 13 Part 1 chapitre 7 Muses et Inspirations p 98 4 In the early developmental stage the two designers did not explore feasibility as much But i twas precisely the technical feasibility which put clear limits on this initial design It soon became obvious that the veined and branching chair could never be die cast and ejected nor was there any way calculating the stability of a completely asymmetrical seat 185 une grande pr cision mais il ne peut tre une caution pour la fai sabilit d une forme Konstantin Grcic nous invite cultiver une certaine m fiance son gard Enfant je dessinais plut t bien et j aimais a Mais d s que j ai commenc tudier le design j ai vo lontairement arr t de faire de jolis dessins des dessins pour le dessin J avais le sentiment que de tels croquis pouvaient nous d tourner de leur r el objectif et propos l information 5 La Vege tal chair souffre grandement de la comparaison entre les premiers croquis et la r alit du projet final ce titre nous ne pouvons que remercier les fr res Bouroullec pour leur d marche p dagogique en ayant choisi de communiquer abondamment des images qui illus trent chaqu
59. es aujourd hui pour mouler le contre plaqu sont encore en grande partie les m mes que celles exp riment es par les Eames C est peut tre dans leurs jouets pour enfants aux for mes d animaux commercialis s dans les ann es 50 que s expriment le plus librement les potentialit s de ce mat riau La technicit apprivois e Alors que la seconde guerre mondiale avait orient les exp ri mentations des Eames vers du mat riel m dical les emp chant de d velopper les prototypes de meubles pr sent s en 1940 au MoMA c est le m me conflit arm qui a favoris lessor des mat riaux plas tiques L effort de guerre a permis d accomplir des progr s substan tiels dans des technologies de pointe qui ont par la suite profit au grand public Le polyester arm de fibre de verre tait utilis par la firme Zenith Plastics pour fabriquer des radars C est la m me entreprise qui a r alis la premi re chaise en mat riau composite pr sent e en 1948 pour l International Competition for Low Cost Furniture Design C tait la premi re fois que le plastique devenait le mat riau principal d un meuble commercialis Les Plastic Chairs et Easy Chairs n ont t produites en s rie que deux ans plus tard l origine les finitions se conformaient l aspect marbr translu cide ou beige de la fibre de verre La gamme fut plus tard enrichie de couleurs primaires Comme le nom du concours le sugg re cette innovation
60. est sur ces racines que repose encore une partie de notre jugement esth tique puisque pour beaucoup de designers le fait que l on puisse les suspecter d imitation revient douter de leur originalit et de leur capacit d passer et s affranchir des uvres qui les ont pr c d s Certains designers se d fendent de pouvoir succomber des in fluences qu ils n auraient pas eux m mes s lectionn es puis reven diqu es Au cours d une interview Ora to s offusque du fait que l on puisse rapprocher l une de ses cr ations de celles d autres de signers aussi reconnues soient elles car il s agit tout de m me des fr res Castiglioni Quand vous avez fait la lampe OneLine pour Artemide 2004 connaissiez vous la Tubino 1950 d Achille et Pier Giacomo Castiglioni dit e par Flos Elle n a rien voir C est vrai ment une pi ce dont je suis persuad qu elle va devenir un classique parce que c est juste une ligne qui remplit toutes les fonctions Elle r invente une typologie et devient d une simplicit vang lique Quelle attitude adopter face cette r action Dans un premier temps comme Ora to n avoue pas s tre ins pir des travaux de Pier Giacomo et Achille Castiglioni nous pour rions le suspecter de vouloir masquer l ombre de la Tubino qui plane sur son projet Mais rappelons nous nos r flexions sur la paternit 19 Part chap 6 Une vision romantique p 78
61. et sa substance nourrissent des liens troits Ne dit on pas lorsqu une chose prend forme qu elle se mat rialise Le chaos initial la soupe de mati re informe des premi res heures du cosmos contenait elle d j potentiellement l ensemble des formes aux structures com plexes qui se sont d velopp es par la suite D s l antiquit Platon et Aristote d battaient autour du couple ins parable que constituent la mati re et la forme Selon Platon la mati re doit tre consid r e comme invariable une base sans d termination chappant au visible et que nous ne pourrions saisir qu travers une forme Cette derni re par opposition la nature immuable de la mati re serait une r alit variable recombinable et instable Il distingue la mati re comme tant un pur potentiel sans 1 Hubert Reeves Poussi res d toiles Paris Seuil 1984 p 13 2 Daniel Kula lodie ternaux Materiology Berlin Birkh user 2009 p 327 L influence des outils 6 Les mat riaux 213 aspect d fini et la forme qui elle est un r sultat le fruit de cette potentialit Pour Aristote l inverse le d miurge aurait dot la ma ti re en son sein d une information capable d agir et d orienter la forme Alors que Platon dissociait la forme de la mati re Aristote les unit de fa on irr ductible La transition vers le monoth isme n a pas remis en cause cette position Elle l a m me renforc e la ma t
62. et il me dit Tu vois ici 3h du matin tu peux acheter une auto de pompier Je lui ai r pondu que c tait tr s int ressant mais pourquoi ache ter une voiture de pompier 3 heures du matin Il mwa dit qu il n y avait pas poser de questions L Am rique c est changer de largent en n importe quoi en un minimum de temps Je dis souvent que je suis un solution neur pas un designer Je vais r soudre un probl me et pas inventer quelque chose Je vais le mettre en quation Si on veut tre designer c est Starck C est pas possible autrement C est dire je suis un g nie Il n y a pas d autres so lutions Starck d ailleurs ne r sout pas les probl mes F A J aimerais vous poser une der ni re question Elle a un rapport direct avec le sujet de mon m moire Comme je vous l ai dit je travaille sur le d terminisme formel Je cherche sa voir d ou vient la mat rialit de l ob jet Pour r sumer comment se fait il qu un objet se mat rialise d une cer taine mani re et pas sous une autre forme Si j essaye de r sumer votre position ce sujet je dirais que pour vous la forme d coule avant tout du processus de cr ation rigoureux Est ce exact R T C est dire que comme je vous disais je ne me d finis pas comme de signer mais comme solutionneur Ce que j aime Cest mettre tout plat J ai horreur de la confusion J ai horreur de l inspiration Je men m
63. extrusion per age ceintrage tournage etc et calculer des propri t s issues du monde mat riel r sistance m canique assemblage etc afin de permettre au designer ou l ing nieur de faire fabriquer les objets qu il con oit Mais d autre part la nature permissive des programmes actuels encourage la mod lisation de formes aux g om tries innovantes la complexit souvent insa isis sable par d autres outils Pour le biologiste fran ais Jo l de Rosnay chercheur au MIT l ordinateur est la machine privil gi e pour in vestir l inintelligible il fournit l entendement humain les moyens Part Ill chap 1 Le moulage p 253 12 MIT Massachusetts Institut of Technology L influence des outils 5 L informatique et les outils num riques 205 d investir ce qui va au del de notre capacit de projection et de discernement Dans L Homme symbiotique 3 l ordinateur se rap proche d autres instruments tels que le t lescope et le microscope L auteur nomme ces outils macroscopes car ils donnent saisir lin visible et permettent de percevoir des chelles commun ment hors d atteinte Le point de vue de Jo l de Rosnay s inscrit dans le pro longement des r flexions du philosophe Pierre L vy qui d s 1987 dans La machine univers 4 voyait dans l ordinateur la r alisation du vieux r ve de l humanit celui d une machine capable de tout calculer qui offrirait la compr hension et la manip
64. fabrication des Caddies utilis s dans les premiers supermarch s Nous pourrions nous interroger sur l influence mutuelle des Eames et de Bertoia qui les a conduits imaginer quelques mois d intervalles et dans un p rim tre g ographique r duit une m me application pour une technologie Sans remettre en question L influence du cr ateur 9 Les transferts de technologies 139 l honn tet des parties il est int ressant d observer qu elles ont t les conditions n cessaires l arriv e de ce nouveau langage formel Il semble clair que l avanc e de la ma trise de ce proc d de fabrica tion est insuffisante pour expliquer la cr ation de ces formes C est autant la capacit de l esprit humain d imaginer des emplois inno vants de techniques connues que leur capacit tisser des liens entre leurs aspirations qui est l origine de ces formes Les proc d s de fabrication bien qu ils largissent le champ du faisable et des possibles ne peuvent tre per us comme l origine d une forme Ils n en sont que le vecteur de d veloppement Certaines de ces re marques se v rifient de mani re flagrante dans le domaine des ma t riaux auxquels nous nous int resserons dans la deuxi me partie de ce m moire Diamond chair Harry Bertoia Knoll 1952 Wire Chair Charles et Ray Eames Herman Miller 1951 L INFLUENCE DES OUTILS DE CONCEPTION ET DE CR ATION ENTRETIEN AVEC MARTIN
65. folklore qui s y rattache Les objets qui composent les int rieurs p kinois new yorkais et parisiens n ont jamais t aussi proches Pour donner quelques exemples ne remarquons nous pas des similitudes entre les produits de Mathew Hilton de Karim Rashid ceux d Alfredo H berli de Patrice Norguet et de Christophe Pillet Ce dernier pr dit d ailleurs l essoufflement de ce mouvement dans lequel beaucoup de designers se sont engouf fr s Tu peux te paumer Particuli rement au regard de la situation 1 Beno t Heilbrunn Quelques marqueurs du design fran ais in Design amp designers fran ais op cit p 46 54 du moment de l puisement de ce style international dans lequel tout le monde s est un peu allong C est une interruption brutale un saut dans le vide Je pense avoir fait mon tour moi avec le n o pop les relectures nostalgiques le mobilier joyeux La place de l entreprise n est peut tre pas ext rieure cela Dans un environne ment mondialis c est elle qui joue le r le de diffuseur des formes et qui propose des millions de personnes des produits identiques Un designer qui dessine un objet destin tre vendu dans une ving taine de pays diff rents a t il d autres alternatives que d adopter un langage universellement compris L entreprise se substitue au national Roger Tallon va plus loin lorsqu il r fute l id e d un design na tional Plut t qu u
66. forme est directement inspir e d un classique du mobilier fran ais le fauteuil m daillon L innovation r side dans le tour de force technique qui consiste r aliser en injection plastique monobloc une forme con ue pour le bois sans en d naturer le dessin Notons que cela soul ve d autres questions quant la coh rence entre la forme d un objet et son ma t riau de fabrication Le t l viseur Jim Nature en bois agglom r et la gamme de mobilier Bubble Club en plastique rotomoul fonction nent sur des principes similaires Notre propos n est pas de juger la l gitimit de cette d marche cr ative Cependant elle se pr sente comme une forme de r ponse face aux imp ratifs d unicit s for melles nonc s auparavant D ailleurs Philippe Starck ne semble pas redouter la contradiction puisqu avec le presse agrume Juicy Salif il s oppose frontalement la d marche que nous venons de d crire Plus r cemment le designer britannique Jasper Morrison d fend travers sa production une r habilitation de l esth tique du quoti dien Sa d marche va contre courant de la pouss e vers une su rench re dans le mani risme formel et la diff renciation tout prix Selon lui l innovation morphologique ne saurait plaider en faveur de la qualit d un objet C est dans son usage sa capacit d int gra tion un environnement et son assimilation l univers de son uti lisateur qu un objet r v le ses
67. fran aises pour contrebalancer le poids des importations n est pas sans points communs avec les objectifs de ces p les Dans tous les cas le dirigisme manufacturier nous donne un aper u de l emprise du syst me productif en place sur la nature des formes Ce mod le a domin la production aussi longtemps qu il se justifiait politiquement La fabrique l esprit d entreprenariat A partir de 1750 louverture vers l innovation a entra n l mer gence d un lib ralisme mod r qui s est install entre le dirigisme colbertiste de l Etat et l initiative de l entreprenariat lib ral Port par des personnages comme Vincent de Gournay Jacques Turgot et Jacques Necker le monde industriel subira une modernisation d ordre id ologique et organisationnel En effet Vincent de Gour nay n gociant et marchand est l auteur de la formule laissez faire les hommes laissez passer les marchandises 6 A ce sujet il ajoute en septembre 1753 Ces deux mots laisser faire et laisser pas ser tant deux sources continuelles d actions seraient donc pour nous deux sources continuelles de richesses De ce fait il remet en cause le r le des manufactures dans les vues de l Etat en privil giant l individualit Au m me moment les initiatives de l horloger Fr d ric Japy pour r duire ses co ts de production t moignent du d veloppe ment de l esprit d entreprise La fabrication de pi ces pour l industrie 16
68. gion ou une ville n est plus une chelle pertinente pour pr tendre former une cole et un style coh rent f Dans ce sens les collectifs de designers comme Droog design 5 5 designers ou Front design peuvent appa ra tre comme les nouvelles entit s capables de s exprimer avec un vocabulaire commun Notons au passage que le collectif est aussi le dernier chelon avant l individu L originalit confront e la mondialisation L industrie de masse a fourni la capacit de dupliquer et diffuser grande chelle les biens de consommation Ce d veloppement a aussi favoris la circulation et la rencontre d objets aux provenances diverses D sormais dans chaque int rieur cohabitent des objets aux origines si vari es qu elles sont depuis longtemps oubli es ou simplement n glig es L alimentation est certainement le domaine dans lequel ce courant s exprime le plus clairement Les vari t s de condiments de fruits et les recettes n ont plus gu re de rapport avec leur lieu et saison de consommation Concernant les objets leur ori gine n est plus la garante de leur originalit l inspiration japonisante des luminaires en papier japonais de Noguchi est devenue secon daire A force d tre copi d form et d clin le lien qui rattacha t cette forme de lampe son territoire d origine s est rompu Claude L vi Strauss s interroge sur la place de l original et de l authentique dans un monde o tout s imit
69. gle tant les designers s inspirent abondamment des cr ations de leurs pairs Aujourd hui certains des designers consid r s comme les plus prolifiques et les plus inventifs s amusent brouiller les pistes en s autorisant puiser leurs r f rences sur des objets produits par d autres Marcel Wanders apr s avoir con u un vase Ming propose aujourd hui du mobilier de style Louis Philippe pour Moooi Twotops table 2005 et pour Cappellini un suppos morphing de style fran ais sous le nom de New Antiques 2005 Pour revenir au chapitre Martin Szekely collectif sous la direction de Martin SZEKELY Paris Images Modernes Kreo 2003 p 162 Paper Chandelier Studio Job Moooi 2005 Table New Antiques Marcel Wanders Cappellini 2005 Smoke Chair Maarten Baas Moooi 2002 116 sur loriginalit nous pouvons nous demander si l interdit de limi tation des styles pass s sous leur forme ornementale serait tomb arr t de la Cour L ornement est un crime est il d sormais caduque Peut tre pas compl tement car les fantaisies hollandaises ne sont tol r es que lorsqu elles apparaissent sous des traits humo ristiques Les r f rences des styles anciens ne sont autoris s que s ils se glissent dans un intervalle infra mince pour reprendre ce terme de Marcel Duchamp entre l imitation et le d tournement ceux qui comme Maarten Baas ou Tord Boonjte s approchent au plus
70. hollandaise du design En France l absence d homog n it peut s expliquer par la di versit des formations existantes C est du moins l avis de G rard Laiz le directeur du Via qui relie la vari t des profils de designers la multitude d coles existantes Selon lui la cr ativit s explique d abord par le nombre et la qualit des coles en France Elles ont une particularit celle d tre tr s diverses en terme de programmes p dagogiques si bien que quelqu un sorti de l Ensci n a rien voir avec quelqu un issu de l Ecole Nationale Sup rieure des Arts D co ratifs Ensad ou de Camondo et encore moins avec celui qui sort des Beaux arts Cela cr e une diversit qui est pour moi une des valeurs identitaires de la France depuis toujours G rard Laiz tablit donc un lien entre les coles et les personnalit s cr atives des designers qui en sont issus Ce serait la personnalit des coles elles m mes qui d teindrait sur les l ves Nous avons vu plus haut que la pluralit de la production des l ves de certaines coles notamment de l Ensci devait nous faire relativiser l importance de cette influence Sur un plan uniquement formel les l ves s inspirent au moins autant les uns des autres que de leurs professeurs Les tics de langage nous viennent toujours de notre entourage De plus ceux ci partagent souvent les m mes lec tures et passent le plus clair de leur temps dans l
71. la notion de standard Regarde ce que fait Starck il prend des arch types Son truc c est de dire qu il ne faut plus des siner d objet Tout a d j t dessin Il va juste chercher les formes o elles sont Son point de vue semble juste la lampe Miss Sissi La chaise Louis Ghost les fauteuils Lord Yo et Richard III sont tous des objets aux formes issues de sch mas arch typaux dont l origine s est dissoute dans le temps D s lors la question de l originalit ne se pose plus d un point de vue formel En effet l enjeu n est plus de proposer de nouvelles morphologies de les inventer les cr er mais de r v ler des formes pr existantes l tat latent dans chacun de nos esprits Comme le dit Patrick Jouin son intervention est tech nique L originalit ne r side plus dans la forme de l objet mais dans ses mat riaux son processus de fabrication ses fonctionnalit s etc 3 Entretien avec Matali Crasset Propos recueillis par Christine Colin ibid p 136 14 Entretien avec Patrick Jouin p 25 Slow White Bo Reudler 2009 Overdose Chair Bram Boo 2009 Lit Sleepless Bram Boo 2009 Lampe Miss Sissi Philippe Starck Flos 1991 Fauteuil Louis Ghost Philippe Starck Kartell 2002 Fauteuil Richard IlI Philippe Starck Baleri 1984 86 La chaise Louis Ghost est un exemple qui illustre clairement cette mani re d aborder la notion d originalit Sa
72. le 132U Donald Knorr Knoll vers 1949 Tom Vac Ron Arad Vitra 1999 DAF chair George Nelson Herman Miller inc 1958 Crop Ross Lovegrove Fasem 1996 Altherr Lievore et Molina Andreu World 2004 Tulip Eero Saarinen Knoll 1955 56 Champagne Erwine et Estelle Laverne Laverne International 1957 Eros Philippe Starck Kartell 1999 Corona EJ65 Poul Volther 1961 Little Tulip Pierre Paulin Artifort 1965 Sunset Christophe Pillet Cappellini 1997 96 L influence du cr ateur 6 L originalit la culture de exclusivit 97 Bubble lamps George Nelson Howard Miller premi res versions en 1949 Taraxacum Achille et Pier Giacomo Castiglioni Flos 1960 Viscontea Achille et Pier Giacomo Castiglioni Flos 1960 Zeppelin Marcel Wanders Flos 2005 Mod le 4334 Gian Emilio Piero et Ana Monti Kartell 1959 Delta Sergio Mazza Artemide 1960 Lampes en Perspex Elio Martinelli vers 1960 165 Lanterne Ronan et Erwan Bouroullec Vitra 2005 7 MUSES ET INSPIRATIONS L originalit s efface devant les tendances g n rales On est tous comme a On voit des choses des images des objets qui nous font r agir Il y a plein d exemples comme les facettes les lignes l ombre la lumi re etc Quelqu un fait un truc et a nous fait r agir On a envie de s y essayer La singularit d un style semble avoir du mal r sister
73. le Main 1910 62 AIR chaise Jasper Morrison Magis 1999 274 ALGUES modules Ronan et Erwan Bouroullec Vitra 2004 100 182 ALOUETTE h licopt re Raymond Loewy Sud Aviation 1957 280 AMPHORE contenant en c ramique anonyme Marseille Il IIle si cle av JC 257 APPARTEMENT DE KARL LAGERFELD am nagement int rieur Andr e Put man Rome Italie 1982 109 332 ANTIBES couverts Jean Puiforcat Puiforcat 1926 114 AXIS horloge Paul Schudel Designum 1991 47 48 B9 OC table Marcel Breuer Thonet 1925 28 138 B27 fauteuil Marcel Breuer Thonet 1928 134 138 BALENCIAGA boutique Andr e Putman Paris 1989 31 BARRI RE DE POLICE installation pour l exposition Ordre syst me et motifs contre le chaos dans le monde Palais Trussardi Milan 2005 100 BEOGRAM platine st r o Jakob Jensen Bang amp Olufsen 1973 166 BEOSYSTEM enceinte ampli st r o Jakob Jensen Bang amp Olufsen 1969 166 BLACK BOARD tapis Eileen Gray cart International 1925 34 BLOW fauteuil Paolo Lomazzi Carla Scolari Donato D Urbino Jonathan De Pas Za notta 1967 228 BOHU C309 a roplane supersonic Luigi Colani 1968 106 BONE CHAIR si ge Joris Laarman 2007 129 BRUSH COUPLE balais et pelle Adrien Rovero DIM 2004 59 BUBBLE CLUB fauteuil et canap Philippe Starck Kartell 2000 86 BUBBLE LAMPS luminaire George Nelson Howard Mi
74. le bloc technique est fix au mur souvent pr sent dans les h tels pour nous focaliser sur ceux beaucoup plus r pandus dont le manche est surmont d un ventilateur et d une r sistance contenue dans un volume allong d o s chappe l air Il est tout d abord n cessaire d avoir un regard sur la forme des s che cheveux avant qu ils ne soient presque tous car n s par des coques de plastique inject Sur le mod le 905 que Calor produit en 1927 chaque partie est clairement identifiable Le manche r alis en bak lite moul e est surmont d une coque de laiton chrom de forme arrondie renfermant le m canisme La surface est perc e de trous d a ration dessinant une toile cinq branches L air est ex puls par un volume cylindrique perpendiculaire au manche Le sch ma formel de l objet permet une lisibilit fonctionnelle efficace Les mat riaux h t rog nes de la coque induisent des m thodes de fabrication diff rentes La poign e de bak lite est moul e sous pres sion tandis que la partie sup rieure est emboutie Cependant nous n observons pas de divergences flagrantes dans le registre formel sous tendu par chacun des proc d s de fabrication Certes la plus grande ductilit de la bak lite offre davantage de subtilit surfa cique notamment avec des facettes et avec l ergot d o sort le fil mais les contraintes demeurent identiques Chacune des parties r pond aux m mes exigences li es
75. les prot ge de l oxydation le chromage Le mou lage s il implique des d terminismes dont nous avons observ les in fluences pr c demment n en reste pas moins un proc d offrant une large libert formelle Ainsi l o l emboutissage trouve ses limites dans la gestion de corps creux et de tailles modestes le moulage permet de relayer le courant d expression streamline et de le diffu ser jusqu l chelle de sali res ou de fourchettes viande Les petits quipements lectrom nagers sont certainement l exemple le plus parlant Alors que Dieter Rams dans ses cr ations pour Braun fait d j appel ABS les mixeurs batteurs broyeurs presse agrumes moulins caf ventilateurs ou fers repasser fabriqu s aux Etats Unis font un usage immod r du m tal Enfin il est n cessaire de garder l esprit le contexte socio co nomique qui a vu l closion du Streamline Si celui ci d bute dans les ann es 30 juste apr s une grave crise conomique il faut attendre la fin de la seconde guerre mondiale pour qu il s affirme r ellement Or m me si le conflit n a pas eu lieu sur le sol des Etats Unis l ef fort de guerre a engendr son lot de privations et d conomie de la p nurie Est il d s lors tonnant que les am ricains aient adh r un style enclin la libert formelle des courbes et des surfaces ar rondies l o le mat riel de guerre exigeait de la rigueur et de la sobri t
76. lignes Vous dessinez bien un cheval parce que vous avez compris comment il marche quelle est sa charpente et quels sont les muscles qui le font bouger Au final tout ceci est tr s logique C est tr s dif ficile de bien dessiner un cheval si on ignore comment il est b ti Il faut com prendre comment a marche Pour moi entre dessiner un cheval et dessiner une pelle tartiner pour Nutella c est peu pr s pareil On doit comprendre la m canique de l objet puis en r soudre l quation Le dessin maide trouver les points puis les relier La chaise sur laquelle vous tes assis Mabelle Cassina au d part c est un probl me sur un type de confort C est une histoire de proportions d accou doirs de hauteurs Quelque part c est la charpente de la chaise Apr s c est un jeu sur le vide F A Au del du dessin Starck dit qu il y a une sorte de jouissance dans le fait d imaginer des formes puis de les voir se concr tiser Bien que l int r t du m tier du designer ne se trouve pas dans ce plaisir go ste partagez vous ce point de vue P J Oui en tout cas Comme un cui sinier vous l avez fait vous avez r ussi votre souffl Vous avez mis une diffi cult dedans en y mettant des corces d oranges C est normal que vous ayiez du plaisir le go ter tout comme sa voir que des gens vont le manger et le trouver d licieux F A a fait maintenant pr s d
77. lui transforme incidemment les mailles d un grillage policier en points de dentelle Joep Verhoeven Barri re de police installation con ue pour l exposition Ordre Syst mes et motifs contre le chaos dans le monde Milan Palais Trussardi Marino 2005 Collection Spylight Matali Crasset Galerie Delle Piane 2005 100 Pourrait on expliquer ce ph nom ne par le fait que la plupart des designers baignent dans des environnements semblables En effet la question n est pas tant de chercher qui est l initiateur du mouvement que d en d celer l origine Pour ce qui est des r seaux le d veloppement de l outil informatique a g n ralis l usage de la mod lisation 3D dans la cr ation et la conception des formes Les maillages surfaciques g n r s par les logiciels de CAO ont sans doute particip l mergence de ce style Plus g n ralement la soci t de l information d crite par le sociologue Manuel Castells est elle m me bas e sur une structure en r seaux dont internet est l pine dorsale A nsi les inspirations communes de designers contempo rains doivent tre per ues comme le r sultat d un environnement dont ils partagent les influences Les regroupements sch matiques que nous avons faits sont aussi les traductions formelles de ph no m nes abstraits Nous comprenons d s lors toute la difficult que nous pourrions rencontrer en voulant retracer la g n alogie d une sour
78. m me un objet l esth tique nouvelle Les logiciels transf rent sur les produits leurs propres r f rents visuels et formels Comme pour des outils mat riels la surface des objets conserve la trace de leur utilisation Lem preinte de ces programmes est d autant plus forte que leur usage est balbutiant et leur potentiel limit Ainsi les objets mod lis s aux premi res heures de la CAO gardent des stigmates qui trahis sent les capacit s r duites des logiciels d alors D s les ann es qua tre vingt certaines agences am ricaines ont commenc int grer la conception assist e par ordinateur dans leur mode de travail commencer par Frogdesign fond e en Allemagne par Hartmut Es slinger en 1969 qui s installera galement en 1982 aux tats Unis pour collaborer avec Apple Computers Au cours de la m me d cen nie ces agences sont rejointes par d autres groupes tels Design Logic ou Technology Design dont les formes de certains de leurs produits t moignent autant d un engouement r cent pour les recherches sur cran d ordinateur que des fonctionnalit s encore restreintes des nouveaux programmes 5 Raymond Guidot Design Techniques et Mat riaux Paris Flammarion 2006 p 65 L influence des outils 5 L informatique et les outils num riques 199 En France Marc Berthier con oit en 1987 un si ge de bureau qu il mod lise enti rement Si l on exclut le secteur automobile il est Pun des premiers
79. moire que la technologie fournit les conditions mat rielles n cessaires l panouissement d un vocabulaire formel Cependant si une m thode de fabrication est un des maillons d terminants dans la gen se d une forme plu sieurs exemples incitent relativiser son r le En 1927 Mart Stam et Ludwig Mies Van Der Rohe pr sentent l exposition du Werkbund une s rie de prototypes de si ge en tube d acier sur le principe du cantilever porte faux Un tube d acier d un seul tenant courb en S s inscrit dans l espace d finissant deux formes continues re li es par un support de toile de cuir ou de contreplaqu pour l as sise Ce principe fut propos par plusieurs cr ateurs Mies Van Der Rohe Mart Stam et Marcel Breuer dans un intervalle de quelques ann es La paternit de cette typologie a donn lieu un combat ju ridique N anmoins il est commun ment accept aujourd hui que L influence du cr ateur 9 Les transferts de technologies 135 Mart Stam fut le premier proposer ce type de si ge lors d un pro jet pour des am nagements int rieurs d velopp s dans le cadre du Weissenhofseidlung en 1927 Sa proposition s ancre dans la pens e moderniste de l poque Elle t moigne d une qu te du d pouille ment et de r duction des pi ces d assemblage D un point de vue strictement formel le principe d une ligne continue se d veloppant dans l espace n est pas une nouveaut D s
80. morph mes peuvent perdurer bien au del de ce qu explique leur existence Alors que les conditions qui avaient permis l clo sion du vocabulaire moderniste dans les ann es 40 se sont dilu es les objets continuent de porter en eux les traces de cette criture De m me bien que la soci t et la technologie que nous connais sons aujourd hui n aient plus grand chose de commun avec les r a lit s de l poque de Colbert nous continuons d tre entour s d ob jets qui puisent dans le registre formel du XVIIe si cle Le dessin de nombreux produits ne se comprend que dans la perspective de leurs parent s ant rieures D un point de vue g n alogique nous pour rions nous interroger sur le sens de ces filiations Des g n rations de formes peuvent elles dispara tre comme s teignent les langues mortes lorsqu elles ne sont plus parl es Certaines morphologies appartenant au pass sont elles enfouies comme des dialectes ou bli s ou restent elles latentes et pr tes ressurgir Derri re ses in terrogations c est leur caract re in dit qui est remis en question Il n y a pas d objet purement actuel Chacun d eux est entour d une nu e d images qui le relie invariablement des r f rences parfois lointaines L existence d un produit pour tre l gitime n a pas be soin d tre une tentative d clusivit 24 Il n y a pas d objet purement actuel Tout objet s entoure d un brouillard d images
81. oppositions sch matiques entre zones g ographiques l chelle mondiale la production occidentale aux r f rences gr co latines se d tachera it des r alisations orientales Sous quels crit res morpho logiques pouvons nous dire qu ils se diff rencient Chaque r gion du monde est associ e un folklore dans lequel les objets prennent part Les lanternes de m tal cisel sont li es au Maghreb tout comme les tapis la Perse et les cabs noirs voquent Londres Avec ces ca ricatures bien souvent d pass es nous prenons conscience que les objets sont aussi la traduction d un savoir faire et d une culture pro pre un lieu Ils sont la fois les t moins et les ambassadeurs des particularit s locales Les formes des th i res traditionnelles illus trent ces propos La forme ramass e des th i res en fonte japonaises et le col sinueux des th i res marocaines sont le fruit d une culture sp cifique ces pays notamment relative la mani re de d guster le th Leurs cr ateurs sont impr gn s d un environnement et d un territoire Plus que le r sultat de l h ritage d une culture ces th i res font partie de la culture elle m me Couverts Symbol David Mellor Walker and Hall 1961 Lampadaire David Mellor Abacus 1955 Enregistreur TP1 Dieter Rams Braun 1959 42 Ainsi nous pouvons lire dans la forme des objets leur provenance pour les associer des zones g ographiqu
82. original de l ouvrage de Svetlana Alpers est Rembrandt s Entreprise The Studio and the Market contrairement la traduction fran aise il montre ainsi Rembrandt en entrepreneur avis Wim Wenders Carnet de notes sur v tements et villes Produit par Ulrich Felsberg 79 minutes 1980 82 l esquiver en consid rant son criture comme le r sultat d une m thode La pr sence de son style ne d pend que de son degr d im plication dans son travail D s lors comment douter de l originalit d un style lorsqu il d coule d un processus cr atif dans lequel le de signer a une place centrale Il affirme ne pas pr ter attention ces questions Un crivain n a pas besoin de s arr ter chaque ligne pour v rifier si la ligne qu il vient d crire est du m me style que la pr c dente C est quelque chose qui vient naturellement C est une histoire de m thode Ce point de vue est partag par le designer munichois Konstantin Grcic qui relie directement la morphologie d un objet sa m thode de conception Celui ci tonne d ailleurs qu une grande part de la formation en design soit tourn e vers la recherche et l affirmation d un style individuel l issue d une conf rence l Ensad en marge d une exposition consacr e son travail au Mus e des Arts D coratifs en 2006 Konstantin Grcic s inqui te qui ces jeunes designers vont ils pouvoir s opposer On ne peut pas s oppo
83. pu observer travers l exemple de la chaise Myto la compl mentarit existante entre les outils num riques et les autres moyens de conception Le foss tech nologique qui semble s parer les maquettes en mat riaux rudimen taires fabriqu es par l quipe de Konstantin Grcic et les mod les in formatiques de calcul de charges r alis s par les ing nieurs de Plank ne permet pas de trancher quant la sup riorit ou l efficacit d un outil par rapport l autre Nous avons vu que chacun d eux poss de des atouts qui lui sont propres Pour la maquette nous avons no tamment insist sur les avantages inh rents au fait de pouvoir vi sualiser concr tement dans l espace les proportions du futur objet Ainsi quelles seraient les qualit s intrins ques des logiciels de CAO Comme mentionn plus haut l origine les programmes de mod lisation informatique ont t d velopp s par des ing nieurs enthou siastes face la puissance de calcul des ordinateurs Les programmes d alors n avaient pas pour finalit la repr sentation de mod les hy perr alistes et encore moins des recherches formelles mais visaient s affranchir de calculs complexes et concevoir des pi ces tech niques avec davantage de rapidit et de flexibilit Rappelons qu il s agissait comme son nom l indique de conception assist e par ordinateur Les dimensions cr atives et esth tiques y taient se condaires si ce n est simplem
84. public C est pour a que je fais bien la diff rence entre le travail sur les plats et le travail sur le verre Perrier Ce sont des implications diff rentes Je me dois si j ai une commande d un client industriel appelons le comme a de faire un objet qui soit un succ s com mercial Si je dis commercial c est parce que cela sous entend qu il y a eu adh sion Quand je m implique dans un pro jet industriel l objectif c est d en faire un best seller Je recherche l adh sion du plus grand nombre F A Ma deuxi me question porte sur l aspect disciplinaire et m thodo logique du design Je me souviens de Roger Tallon me disant que le design c est avant tout une recherche d in formations Pour lui je le cite fide lement L inspiration et l imagina tion n ont rien faire dans l exercice de ce m tier Il se d finit avant tout comme un solutionneur Je souhaite rais conna tre votre point de vue sur ce sujet M S Je dirai cela autrement mais je suis plut t d accord avec Roger Je dis que je men tiens aux faits Je parle vo lontiers de pierres dures Ce sont des l ments tangibles qui sont le th me sur lequel on travaille la culture de cet objet le mat riau la technique que l on emploie et surtout qui il est destin Ceci est peut tre la check list minimum mais videmment elle s agr mente d autres questionnements et d autres r ponses
85. quelque chose dans vous et le monde peut tre nettoy et vous tes la poubelle A moins que cela ne soit l inverse Le coffre fort dans lequel tout le monde pourrait verser quelque chose Et quand vous en avez besoin vous le prenez tout simplement Ou si la corbeille devient un coffre alors les ordures une fois dedans ne peuvent plus ressortir Petit petit tout ce dont nous n avons pas besoin dispara t Ou les ordures prendront elles soudain de la valeur Jurgen Bey Dust 2005 126 L interdisciplinarit L tendue du champ d inspiration des designers estompe les fron ti res qui s parent leur travail des autres disciplines La diversit des images voqu es nous emp che d envisager un design fonctionnant en vase clos avec ses r seaux d influences uniques et ses r f rents exclusifs Selon la critique d Art Paola Antonelli les designers sont les meilleurs ponges au monde Ils peuvent absorber toutes sortes d humeur venant de toutes les directions possibles La propen sion s impr gner des influences externes n est pas cependant une qualit propre au design Beaucoup d autres disciplines partagent cet int r t Dans le large domaine de la culture visuelle aucun art majeur ou mineur traditionnel ou r cent fonctionnel ou purement esth tique n a gard un sentiment d autonomie Les artistes visuels ont cannibalis le design au point que l id e m me de valeur d usage ne peut tre util
86. racines tymologiques du mot carrosserie Dans ce sens la premi re guerre mondiale devrait davantage tre per ue comme un facteur de d veloppement d une organisa tion rationnelle du travail notamment due aux exigences de pr ci sion dans la fabrication d armes de guerre que comme un vecteur d avancement dans la mise au point des proc d s de formage des t les Il semble que ce soit l ouverture du march de l automobile permise par la production de v hicules en grande s rie sur le mo d le du Taylorisme qui ait donn la v ritable impulsion au d velop pement de l emboutissage Cette technique est mise au point sous sa forme actuelle dans les ann es 30 L extension de la production automobile et la recherche d conomie des co ts de production ne permettant plus de consacrer un travail fastidieux la mise en forme des carrosseries La coque le support privil gi de l expression formelle Nous observons que parall lement la diffusion de ce proc d se d veloppe un style aux formes fluides privil giant les surfaces courbes Le Streamline appara t en effet aux Etats Unis au d but 2 World War I gave the world its first glimpse of the awesome capabilities of mass production methods as Henry Ford s production lines became the prototype for other factories producing war materiel In building the highly mobile and military effective French 75 millimeter cannons the Americans refined manufacturing techniques
87. rase 6 Jean Prouv Note Monsieur Baron pour pr ciser mon tat d esprit 13 mars 1955 fonds Jean Prouv ADMM 7 Jean Prouv lettre personnelle J J Baron 23 octobre 1955 fonds Jean Prouv ADMM 4 LE CATALOGUE DES SOUVENIRS Des objets et des lieux qui impriment la r tine Jusqu pr sent chacun des cr ateurs cit s a subi des influences sur lesquelles il n a eu que tr s peu de prise La maladie de Sottsass ou les difficult s industrielles n ont pas t pr vues et encore moins souhait es Pourtant ces v nements ont influ des chelles di verses sur leurs r alisations A nsi quelle ma trise avons nous de nos affinit s formelles Nos influences sont elles s lectives Choi sissons nous nos r f rences en toute libert ou des mouvements in conscients guident ils nos choix Comment r pondre ces interro gations Nous pourrions prendre comme base d tude nos propres attirances esth tiques Toutefois cela r clamerait une fastidieuse enqu te pr liminaire et gocentr e qui nous ferait largement d vier du sujet de ce m moire C est donc en rapprochant des souvenirs relat s par des designers avec leur travail que nous mettrons en lu mi re les filiations et les influences qui orientent leur production Lorsque l on s int resse aux souvenirs c est parfois l anodin et l inattendu qui fournissent les r ponses les plus explicites Dans ce registre Jonathan Olivares se dit
88. rend impossible la perm abilit face aux corps et aux concepts trangers Edgar Morin rappelle d ailleurs qu il ne suffit pas d tre l int rieur d une discipline pour conna tre les probl mes aff rents celle ci 5 Ainsi un concept mineur dans une discipline peut devenir majeur et novateur dans une autre Le terme de design art a t pr sent pour la premi re fois au grand public dans le livre d Alex Coles DesignArt publi Londres en 2005 Dans cet ouvrage il promet louverture prochaine d un dialogue global entre chaque discipline Mais au d but de l ann e 2007 Coles a publi un second volume Design and Art qui est un recueil d essais dans lequel il para t r viser sa position En tr s peu de temps il semble que l interdiscipline ait cess d tre consid r e 13 AC DC Art Contemporain Design Contemporain Gen ve Haute cole d Art et de Design Symposium 26 10 2007 Conf rence de Hal Foster 14 Edgar Morin Sur l interdisciplinarit Texte publi en 1994 dans le Bulletin interactif du Centre international de recherches et d tudes interdisciplinaire et en 2003 dans Les Cahiers de la recherche architecturale et urbaine 15 Ibid 16 Alex Coles DesignArt Londres Tate Publishing 2005 L influence du cr ateur 8 Porosit des influences 133 comme un territoire plein de possibilit s pour tre vue comme un genre probl matique Par cons quent bien que les rapprochem
89. rentes couleurs 7 Markus Zehentbauer entretien avec Roland Ullmann www braun com L influence des outils 4 La maquette 191 Nous ne pouvons consid rer la maquette comme une entit au tonome au sein d un projet Dans le m me sens il serait trompeur de lui accorder des qualit s qu elle ne poss de pas Elle intervient le plus souvent en compl ment ou en renfort d autres outils comme le dessin ou la mod lisation informatique La chaise Myto de Konstan tin Grcic peut nous aider mieux comprendre cette synergie C est une nouvelle mati re plastique mise au point par la soci t BASF qui est l origine de ce projet Distribu sous le nom com mercial Ultradur High Speed le PBT est enrichi en nanoparticules Il combine une grande fluidit avec une forte r sistance m canique Concr tement il permet de choisir plus librement les sections et l paisseur des objets normalement tr s contraignante en injection plastique La chaise a t d velopp e en partenariat avec des ing nieurs de BASF et l diteur Plank Pour ce dernier l enjeu tait de proposer une forme qui d montre les capacit s et les propri t s inno vantes de ce mat riau L objet s envisage comme un d monstrateur qui doit exhiber les potentialit s de l Ultradur Pour Grcic la surex position du mat riau va m me jusqu rel guer au second plan la p nd TEE PBT Polybutyl ne t r phtalate Rasoir lectrique Pr
90. ressons nous maintenant une autre forme de dessin Celui ci peut r sulter d une activit ind pendante sans finalit exacte Il est parfois le fruit de ce qu Henri Focillon nomme une r verie su p rieure et libre Les griffonnages laiss s la suite d une conver sation t l phonique ou les improvisations contemplatives et expan sives de Victor Hugo t moignent d une certaine autarcie du dessin En effet ce dernier est aussi un r ceptacle qui n a alors pas d autre but que retranscrire un flux d images et de visions dont le dessina teur n a pas toujours conscience de l origine Les motifs de hachures les visages ou les cubes imbriqu s retiennent l attention de sp cia listes capables d y d celer des profils psychologiques ou des pr oc cupations profondes Qui de la ligne du crayon de la main ou de l esprit m ne alors la danse Dessiner se rapproche dans ce cas de l criture automatique si ch re aux surr alistes De nombreux de signers revendiquent une pratique du dessin sans motivations pro fessionnelles directes Pour Pierre Charpin ce temps est n cessaire pour vacuer tout ce qui nous encombre Il parle d une posture qui lui permet d vacuer par le dessin les morph mes r currents et convoquer de nouvelles formes Selon lui ces derni res sont li es aux signes qui l environnent dont il entoure et aux choses qu il af fectionne Il est difficile d extraire de ces divagations
91. rien d un processus lin aire dans lequel les uns d cident les autres cr ent l ing nieur con oit le fabricant produit le distributeur vend puis l usager utilise Les syst mes de contr le et d optimisation globale de la production tendent limi ner les fronti res entre d cision cr ation conception et fabrication d un produit De m me la r organisation des relations profession nelles selon des logiques de r seaux red finit les r les et l implication de chacun des acteurs d un projet Observer les influences l uvre pendant l laboration d un objet sous un angle chronologique nous obligerait recr er artificiellement des s parations entre chaque 2 La forme n est qu une vue de l esprit une sp culation sur l tendue r duite l intelligibilit g om trique tant qu elle ne vit pas dans la mati re Henri Focillon Vie des formes 1934 dition lectronique r alis e partir du livre de Henri Focillon Vie des formes suivi de loge de la main Paris PUF 1943 7e dition 1981 Edition lectronique compl t e le 31 d cembre 2002 Chicoutimi Qu bec p 35 15 tape Nous serions souvent contraints de forcer le trait de tortu rer la forme pour l adapter ce moule La p riode de gestation d un objet n est pas une ligne droite ascendante En examinant la forme par travelling nous risquerions de la d pouiller de la r duire un contour un diagramme Ainsi notr
92. s constitue une source de renseignements pr cieuse pour notre tude En effet leur d marche cr ative accorde une grande place au dessin dans le d veloppement d un objet Pour Erwan Bouroullec leur carnet est le lieu privil gi des recherches formelles l o se cristallisent leurs intentions D une feuille l autre le dessin est repris parfois m me par trans parence Un dessin en appelle un autre on recommence on se r p te Selon lui certains traits sont obs dants Le dessin est ici omnipr sent tel point que les accumulations d Algues et les ta g res Cloud ne seraient elles pas des illustrations des images avant d tre des objets Est il possible de se laisser s duire par une image jusqu confondre le beau dessin et le bon objet M me si nous ne pouvons nier les qualit s mat rielles celles l de certains de leurs produits comme la chaise Steelwood d autres pourraient refl ter un engouement trompeur pour un dessin omnipotent Une approche symptomatique Parmi leurs derniers objets dit s au moment d crire ce m moire la Vegetal chair a n cessit quatre ans de d veloppement Un L influence des outils 3 Le dessin 183 temps tr s long m me pour une cha se qui ne tient sans doute pas qu la complexit technique de ce produit Celui ci a t pr sent pour la premi re fois au salon du meuble de Milan au printemps 2008 sur le stand de Vitra Lors
93. s emparer de l outil informatique La morpholo gie de cette chaise reste encore tr s sch matique notamment au ni veau des roulettes Les possibilit s d expression formelles sont alors assujetties aux limites des machines et des programmes existants Bien que cette influence continue se faire ressentir aujourd hui elle est flagrante dans les r alisations de cette p riode Rappelons galement que la ma trise de ces nouveaux outils n cessite une for mation approfondie L effort requis pour la prise en main des pro grammes informatiques par les pionniers n a rien de commun avec les interfaces simplifi es actuelles Nous sommes ici face l un des paradoxes de la CAO Alors que les logiciels de mod lisation sont cens s entra ner une diminution de la dur e de r alisation et per mettre de se d charger d une part importante des t ches d ex cution plans prototypes imageries etc lib rant ainsi du temps pour la ci dessus Projet de cam ra vid o Design Logic David Gresham et Martin Thaler 1986 ci contre tude en CAO d un si ge de bureau Marc Berthier 1987 200 cr ation pure ils impliquent aussi le sacrifice d une p riode souvent longue pour parvenir les utiliser De plus le renouvellement ra pide des programmes oblige les designers une veille permanente Des espaces de repr sentation born s Les observations que nous avons faites sur la chaise de Marc Ber thier peuvent
94. s grand public et seu lement tr s grand public Vous noterez la diff rence entre un diteuritalien de meubles qui va travailler sur un mode industriel mais qui ne va pas toucher le grand public et un industriel qui va produire vingt millions de verres Per rier par exemple ou encore Roger Gallet qui va inonder le monde de flacons de parfum partir de l il s agit de voir dans quelle mesure je suis encore capa ble de voir le monde dans lequel nous gravitons tous et de comprendre quels signes peuvent tre propos s pour que le projet appelle l adh sion du grand public C est un travail de v rification pour voir si je suis toujours en mesure de percevoir le monde tel qu il est C est un exercice personnel dont la satisfac tion est tir e du succ s F A Vous menez des travaux de re cherche dans lesquels vous avez un contr le complet de la forme vous tes alors au plus proche du projet Lors de vos collaborations avec de grandes soci t s comment se passe la relation avec les bureaux d tudes ou les per sonnes en charge du d veloppement de vos produits Comment g rez vous cette perte de contr le sachant que vos produits peuvent tre soumis toutes sortes de contraintes notam ment commerciales M S Je pars du principe qu il n y a pas de contraintes Il n y a que des don n es r elles Les contraintes n existent pas Nous pouvons les transformer en principe de r alit Donc j
95. si elle affirme son point de vue de designer en refusant de cr er de nouveaux signes celle ci r pond qu il en va de l efficacit de son travail La rai son pour laquelle je choisis de travailler avec des arch types est autre C est avant tout une question d efficacit Alors je r sous la question de la forme en choisissant celle de l arch type que les gens peuvent s approprier Ensuite je suis libre de me lancer dans l tude le questionnement l analyse la recherche exp rimentale des mat riaux A la conf rence donn e Hy res elle r affirmait ce point de vue Avec mes objets je communique et je pense qu il convient de dire une chose la fois seulement Ce n est donc pas la forme qui personnellement m int resse Je reprends des formes 15 My opinion is that the design world has drifted away from normality forgotten it s roots and the basic notion that we designers are supposed to take care of the man made environment and try to improve it Super Normal is a bridge between the two worlds an attempt to reunite them It s not easy to write a formula for the Super Normal object m not sure it can even be planned An object becomes Super Normal through use As designers we can aim at achieving the Super Normal by being less concerned with visual aspects of an objects character by attempting to anticipate the objects likely impact on the atmosphere and how it will be to live with Jasper Morr
96. soulign par Ettore Sottsass inh rent l application de m thodes cr atrices levant la coh rence fonctionnelle au rang de valeur essentielle d un objet De retour de New York o il travaille quelque temps au c t de Georges Nelson Ettore Sottsass continue d admirer l architecture am ricaine pour sa radicalit moderniste et comme l image d un processus rationnel Cependant il n y adh re pas il la trouve sans r alit car trop ob jective Ce commentaire nous int resse particuli rement puisqu il dissocie r alit et objectivit Si nous mettons en parall le ses pro pos avec nos pr c dentes remarques sur les pr ceptes nonc s par l cole d Ulm nous observons d s lors qu une d marche qui affirme se baser sur des faits et des l ments tangibles ne serait plus garante de v rit s formelles immuables 16 Entretien avec Roger Tallon p 238 L influence des outils 1 Un processus rigoureux et raisonn 157 La fin des dogmes Le design contemporain est particuli rement clat euphorique mouvant et erratique en termes formels La diversit des positions et des discours qui entoure la pratique du design actuel nous confirme que la rigueur des m thodes de conception cit es dans le chapitre pr c dent n est plus vraiment l ordre du jour Que ce soit dans l nergie expressive des fr res Campana les pures de Piero Lisso ni les lignes tendues d Alfredo H berli ou le vocabulair
97. suffisamment proches pour expliquer les malentendus ou les quiproquos mais encore assez loign es pour intriguer sur leur transfert de sens du monde sensoriel la sph re intellectuelle du propre au figur Selon le professeur de philoso phie et responsable de la recherche l institut fran ais de la mode Olivier Assouly les choses sont d embl e retorses parce que les deux acceptions loin d tre compl mentaires ou seulement divergentes apparaissent oppos es La dualit des significations r v le l opposi tion de la sensation l entendement du corps l esprit de la chair la raison La diff rence entre le registre sensoriel et le registre es th tique du go t n est intelligible qu la condition de fournir une pr cision ad hoc afin d carter tout risque de confusion 3 Cette pr cision nous la fournissons d s maintenant en situant notre terrain d investigation dans le domaine visuel C est la forme qui est au centre de notre attention L il parce qu il est l organe de la vision reste l outil privil gi d appr hension et de lecture des formes Le sens du toucher s y superpose parfois mais pour le be soin de notre tude nous laisserons de c t le contact tactile avec la morphologie des objets Lorsque nous voquerons les go ts d un designer nous entendrons par l sa facult d appr cier et de jouir de l apparence d un objet ou de son environnement Il est donc question de sen
98. tri de stockage de collecte et de transmission des donn es au moyen de programmes galement appel s logiciels Ces derniers sont au Informatique Science du traitement de l information ensemble des techniques de la collecte du tri de la mise en m moire du stockage de la transmission et de l utilisation des informations trait es automatiquement l aide de programmes logiciels mis en uvre sur des ordinateurs Dictionnaire alphab tique et analogique de la langue fran aise Le Petit Robert Paris 2000 L influence des outils 5 L informatique et les outils num riques 195 jourd hui devenus des produits industriels communs La ma trise des logiciels les plus r pandus fait partie des fondamentaux exig s dans la majorit des professions au m me titre que d autres comp tences classiques L ignorance de leurs principes d utilisation se r v le tre un facteur d exclusion Les soci t s ditrices de programmes infor matiques s affrontent pour tendre l usage de leurs produits et les imposer comme des standards incontournables dont chacun devra adopter les normes L introduction des technologies de l informatique dans le design s est faite par le biais de l architecture qui utilise des logiciels pour concevoir la structure des b timents et de l ing nierie qui ont re cours la CAO pour faciliter des calculs notamment m caniques jusqu alors laborieux Les premiers programmes de mod lisat
99. un moyen de se d barrasser de la ques tion C est une chose qui a persist tout au long de notre travail Nous mabor dions pas la question de l esth tique F A Marc Newson parle d une forme qu il nomme pod Elle s apparente une cosse de haricot Il dit que c est une forme r currente dans ses objets quelque chose de sous jacent cha cun de ses projets De m me Philippe Starck lors de son exposition Beau bourg avait plac au centre de l es pace une forme libre en disant qu elle l accompagnait chaque instant qu il lavait toujours en t te Avez vous vous aussi des formes que vous identifiez qui vous ont accom pagn depuis vos d buts Au del de toute notion de style consciemment ou non R T Non au contraire Si j avais eu a j aurais eu peur Je ne sais pas si Cest sinc re de leur part De Starck peut tre On ne sait jamais ce qui lui passe par la t te J aurais presque tendance dire que je me m fie de ce qui pourrait sortir de ce type d criture automatique Dans le fond je suis un comportemen taliste qui signore Je me m fie beau coup de tout ce qui pourrait sortir des sciences occultes Je suis tonn que Newson dise a Dans le fond c est un gar on qui est de notre g n ration Il a certainement vingt ans de moins que nous mais il est de cette g n ration l Il aurait fait un tr s bon designer de notre p riode Il n est pas cr atif il est sag
100. utilisation une rapidit d ex cution ind niable et des possibilit s d expression tendues ma s c est aussi un mat riau qui suppose une certaine gamme de morph mes auxquels la forme se soumet De surcro t la mousse l argile la p te modeler et les autres mat riaux utilis s pour r aliser des maquettes n chappent pas ces d terminismes La morphologie des automobiles voluerait elle si les bureaux d tudes d laissaient l argile ou la mousse au profit du papier Les produits Braun actuels n ont plus grand chose de commun avec ceux des ann es 50 con us sous la direction de Die ter Rams La sophistication mani r e des rasoirs lectriques et des s che cheveux que l entreprise propose aujourd hui nous interpel lent Est ce simplement parce que leurs formes sont devenues trop Maquettes d tude chaises Mars Konstantin Grcic ClassiCon 2003 190 complexes que la mousse est d sormais le seul mat riau capable de retranscrire fid lement l aspect des futurs produits Roland Ullmann responsable du d partement design met en avant la pr cision chirurgicale du LABS pour justifier son usage mas sif Selon lui la mousse haute densit est capable de retranscrire fid lement chacune des textures r parties sur l objet Celui ci cite le rasoir Micron dont le manche est recouvert d une alternance de surfaces douces et rugueuses Ce dernier exemple nous incite in terroger les m thodes e
101. virtuelles Le souvenir n est pas une image actuelle qui se formerait apr s l objet per u mais l image virtuelle qui coexiste avec la perception actuelle de l objet Le sens du mot objet employ par Gilles Deleuze ne se limite pas celui que nous sous entendons lorsque nous parlons de design Il se r f re surtout l objet au sens philosophique Gilles Deleuze et Claire Parnet Dialogues Paris Flammarion 1996 p 179 181 BIBLIOGRAPHIE AC DC Art Contemporain Design Contemporain Gen ve Haute cole d Art et de Design symposium 26 10 2007 ADAM Peter Eileen Gray une biographie Paris Adam Biro 1989 AFSA Cyril sous la direction de Marie Haude Caraes Les ma chines de l esprit M moire de fin d tudes Ensci Les Ateliers 2007 ALPERS Svetlana L Atelier de Rembrandt La libert la peinture et largent Paris Gallimard 1991 ANDRASEK Alisa Biothing Paris Hyx 2009 ANTONELLI Paola sous la direction de Design and the elastic mind New York MoMA 2008 ASSOULY Olivier sous la direction de De l organe du go t au jugement de go t in Go t vendre Essais sur la captation esth tique Paris ditions de l Institut Fran ais de la Mode ditions du Regard Paris 2007 BATAILLE Georges L informe in Documents n 7 d cembre 1929 BARTHES Roland Mythologies Paris Seuil 1957 BAUDELAIRE Charles Exposition universelle Beaux arts m thode de critique 1
102. visualisation de notre environnement Certes les logiciels continuent d accomplir des t ches programm es mais la masse d informations trait e et leur rapidit d ex cution les au torisent formuler des propositions qui chapperaient aux facult s voire l entendement humain 18 Le terme ordinateur est d origine biblique il se trouve dans le Littr comme adjectif d signant Dieu qui met de l ordre dans le monde et a t propos par le professeur de philosophie Jacques Perret dans une lettre dat e du 16 avril 1955 en r ponse une demande d IBM France dont les dirigeants estimaient le mot calculateur computer bien trop restrictif en regard des possibilit s de ces machines 19 Pierre L vy La machine univers op cit p 221 L influence des outils 5 L informatique et les outils num riques 209 Le cabinet d architecture EZCT a r alis l occasion de l v nement Archilab 2004 Orl ans une assise dont les formes im probables sont le r sultat de trois mois de calcul informatique La morphologie de ce si ge est le fruit d un algorithme g n tique qui reproduit les modes de s lection l uvre dans la nature Contrai rement un logiciel classique programm pour trouver le plus rapi dement possible la meilleure solution l algorithme g n tique essaie des solutions al atoires qu il va ensuite corriger chaque g n ra tion de calcul Le r sultat est toujours conforme aux con
103. 03 Fauteuil Rouge et Bleu Gerrit Rietveld 1918 Principes d imbrications spatiales et de couleurs proches de l esprit du peintre Piet Mondrian 132 valeur d usage celui ci nous fait partager son scepticisme quant aux b n fices attendus de ces volutions Le critique d art Hal Foster re joint son point de vue Selon lui pour tre interdisciplinaire il faut d abord tre disciplinaire savoir initialement rattach une dis cipline et conna tre la sp cificit de chacun des discours avant de pr tendre pouvoir les mettre en relation Au cours d une conf rence r cente il sagace de ce qu il consid re comme un enthousiasme aveugle D sormais il existe tant de positions qui se r clament de linterdisciplinarit et que je consid re pourtant hors du champ dis ciplinaire pr sent de nombreux jeunes gens s int ressent linter disciplinarit avant m me de s interroger sur ce qu est une discipline En r sulte trop souvent un pi tre clectisme un pas grand chose plus entropique que transgressif 3 Enfin selon Edgar Morin la disciplinarit d limite un domaine de comp tence sans lequel la connaissance se fluidifierait et deviendrait vague 4 Les fronti res entre disciplines garantissent la p rennit d un savoir d expertise sans pour autant tendre vers l hypersp cialisation qui conduirait vers un cloisonnement des pratiques La fronti re ne constitue pas un syst me immunitaire qui
104. 07 p 57 7 Michel Beaudouin Lafon Paradigmes et enjeux de l informatiques Paris Lavoisier 2005 202 selon des fondamentaux g om triques comme la ligne le point ou la courbe Par cons quent l outil informatique au lieu de lib rer la forme participe l enserrer dans des r f rents ext rieurs Cela n est certainement pas tranger au fait que les premiers logiciels d ve lopp s l ont t destination de l ing nierie Comme nous l avons mentionn pr c demment la CAO a tout d abord t pens e par et pour l ing nieur Son travail lui interdit de s extraire des r alit s tangibles Pour ce dernier ces programmes ne sont pas des outils de recherches formelles mais doivent proposer une simulation fid le du modelage physique par des proc d s math matiques D s lors en empruntant leurs r f rences au monde r el les lo giciels acceptent aussi de se soumettre leurs influences Pour lin g nieur Philippe Qu au sp cialiste des images de synth se man cipation des formes mod lis es passe par l invention d un nouveau vocabulaire Dans son ouvrage loge de la simulation celui ci ex plique que le langage transforme le monde qu il pr tend traduire ainsi un nouveau langage fonde les bases d une nouvelle r alit Certaines fonctions telles que les nurbs ou les outils de duplica tion qui permettent la r p tition d un corps dans l espace vont dans cette direction Entre approxi
105. 296 existantes Nous observons que cette remarque demeure valable sur une chelle de temps bien plus grande jusqu rester pertinente lorsqu elle s applique la production actuelle La manufacture le dirigisme Par la suite l immobilisme de ces groupements corporatistes constitua un frein l innovation voulue par les r formes de Colbert Ce dernier estimait que l innovation technique tait une responsabi lit de l Etat S il y avait un m c nat il devait tre uniquement d ini tiative royale En 1667 Colbert installe aux Gobelins la manufacture royale des meubles En parall le d autres tablissements de prestige sont cr s comme la manufacture de S vres pour la porcelaine o se r unissent artistes et fabricants Il coordonne les diff rents m tiers mais leur donne galement des desseins 4 A ce titre Colbert est surnomm le p re du dirigisme manufacturier On lui attribue la formule Tout homme au travail est une victoire sur le d sordre 5 Ce travail en synergie a une influence directe sur l apparition d ensembles d coratifs Il ne s agit plus de productions isol es mais d un syst me organis et con u comme appartenant un ensemble homog ne Le mobilier perd encore de sa mobilit Il est dessin en fonction d un d cor qui pour tre harmonieux doit tre r alis par des artisans dont les influences formelles fusionnent Les arts des c ramistes des tapissiers et des b nist
106. 6 176 225 274 307 312 MOURGUE Pascal 1943 fran ais 51 NELSON George 1908 1986 am ricain 96 97 116 156 NEWSON Marc 1963 australien 44 70 105 129 179 225 NOGUCHI Isamu 1904 1988 am ricano japonais 31 80 130 NORGUET Patrice fran ais 53 NOUVEL Jean 1945 fran ais 44 OLIVARES Jonathan 1981 am ricain 62 68 ORA to Ito MORABITO 1977 fran ais 92 PALLADIO Andrea di Pietro della Gondola 1508 1580 italien 110 113 154 PANTON Verner 1926 1998 danois 193 228 273 PERRIAND Charlotte 1903 1999 fran aise 55 Index des designers et des architectes 329 PESCE Gaetano 1939 italien 42 101 158 159 164 187 210 228 231 232 PILLET Christophe 1959 fran ais 79 96 PONTI Gio 1891 1979 italien 46 86 117 164 226 227 285 POT Bertjan 1975 hollandais 49 PRIMAUX Ta na fran aise 62 PROU Ren 1889 1948 fran ais 283 PROUV Jean 1901 1984 fran ais 39 55 62 66 PROUV Victor 1858 1943 fran ais 39 PUIFORCAT Jean 1897 1945 fran ais 114 PUTMAN Andr e 1925 fran aise 29 35 66 69 105 RADI DESIGNERS Laurent Massaloux Olivier Sidet Robert Stadler Florence Do l ac Claudio Colucci 1992 France 166 RASHID Karim 1960 gyptien 44 53 RAM Philippe 1967 franco suisse 102 RAMS Dieter 1932 allemand 42 46 151 152 189 203 285 R
107. 84 Paris Economica 3 dition 2001 QU AU Philippe loge de la simulation De la vie des langages la synth se des images Paris ditions Champ Vallon INA 1986 RedDot design concept Yearbook 2008 2009 Singapour RedDot ditions 2008 REEVES Hubert Poussi res d toiles Paris Seuil 1984 ROUSSEAU Fran ois Olivier Andr e Putman Paris ditions du Regard 1989 RUBINI Constance sous la direction de Dessiner le design cata logue d exposition Paris dition Chlo Demey 2009 Bibliographie 323 SAUNERON Serge CLERE Jean Jacques L criture figurative dans les textes d Esna Esna VIII Paris CNRS 1982 SIMO NS Edouard sous la direction de Marie Haude Cara s Entre syst mes productifs industriels et soci t M moire de fin d tude Ensci Les Ateliers 2009 SZEKELY MARTIN sous la direction de Martin Szekely Paris Images Modernes Kreo 2003 TERSTIEGE Gerrit The making of design From the First Model to the Final Product Berlin Birkh user 2009 VALERY Paul Degas Danse Dessin 1938 in Oeuvres tome 2 Paris Gallimard biblioth que de la Pl iade 1960 WEIL Simone La condition ouvri re Paris Gallimard 2002 WENDERS Wim Carnet de notes sur v tements et villes produit par Ulrich Felsberg 79 minutes 1989 WOOD Ghislaine Surreal Things Surrealism and design Londres V amp A Publications Victoria and Albert Museum 2007 WORONOFF Denis Histoire de l
108. 85 97 100 125 180 182 183 185 BRANZI Andrea 1938 italien 52 165 BREUER Marcel Lajos 1902 1981 allemand 134 138 169 CACHE Bernard 1958 fran ais 206 CAMPANA Fernando 1961 br silien 52 78 129 CAMPANA Humberto 1953 br silien 52 78 129 CARBONELL Nacho 1980 espagnol 83 CASTIGLIONI Achille 1918 2002 italien 61 72 89 92 93 97 116 CASTIGLIONI Pier Giacomo 1913 1968 italien 92 97 116 CHARPIN Pierre 1962 fran ais 50 181 CHIESA Pietro 1892 1948 italien 117 CIBIC Aldo 1955 italien 36 COLANTI Luigi 1928 allemand 105 284 COLOMBINI Gino 1915 italien 265 273 COLOMBO Joe 1930 1971 italien 42 150 273 COLUCCI Claudio 1965 suisse 93 CRASSET Matali 1965 fran aise 51 62 84 85 101 129 D URBINO Donato 1935 italien 228 DE LUCCHI Michele 1951 italien 36 DE PAS Jonathan 1932 1991 italien 228 DESIGN LOGIC David Graham Martin Thaler 1986 tats Unis 198 199 DESKEY Donald 1894 1989 am ricain 284 DOL AC Florence 1968 fran aise 169 DIXON Tom 1959 anglais 129 DREYFUSS Henry 1904 1972 am ricain 280 DUBOIS david 1971 fran ais 93 DUBUISSON Sylvain 1946 fran ais 117 DUPASQUIER Nathalie 1957 fran aise 66 DYSON James 1947 anglais 60 170 171 EAMES Charles 1907 1978 am ricain 117 124 138 139 150 156 169 217 223
109. 855 Paris Gallimard La Pl iade 1993 BAUDRILLARD Jean La Soci t de consommation Paris Galli mard collection Biblioth que des id es 1970 Bibliographie 319 BEAUDOUIN LAFON Michel Paradigmes et enjeux de l informa tiques Paris Lavoisier 2005 BERRY John R Herman Miller Classic Furniture and system de signs for the working environment Londres Thames and Hudson 2005 BOARDMAN John La c ramique antique Paris Nathan 1985 BOISSI RE Olivier Raymond Loewy design industriel Paris So ci t Nouvelle des ditions du Ch ne 1979 Publi pour la premi re fois aux Etats Unis en 1979 par the Overlook Press Lewis Hollow Road Woodstock New York BONY Anne Le design collection comprendre et reconna tre Paris Larousse 2004 ViewOn officina Alessi avril 2007 BOSONI Gampiero sous la direction de Made in Cassina Milan ditions Sikra 2009 BOSSUET Jacques B nigne Trait de la connaissance de Dieu et de soi m me Paris P risse Fr res 1838 BOSSUET Jacques B nigne Trait du libre arbitre Paris P risse Fr res 1822 BOURGINE Paul LESNE Annick sous la direction de Morpho g n se L origine des formes Paris Belin collection chelles 2006 BOYER Robert FREYSSENET Michel Les mod les productifs Paris La D couverte 2000 BUKHARDT Fran ois FRANKSEN Inez Dieter Rams Berlin Ge rhardt Verlag 1980 CACHE Bernard Terre meuble Orl ans HYX 1997
110. 979 Maquettes d tude en carton pour un robot de cuisine et une machine expresso Konstantin Grcic Krups 2005 188 objets qui proviennent de son agence A t il choisi ce mat riau parce qu il convient son vocabulaire formel ou est ce que son usage a peu peu op r une s lection et orient l aspect de sa production Les propos de Konstantin Grcic ce sujet sont ambig s Bien que celui ci confesse tre peu pr s s r que le fait d utiliser le papier depuis tant d ann es a influenc son mon vocabulaire formel 3 Il nuance sa position en affirmant que s il privil gie le papier c est avant tout parce qu il correspond sa mani re de travailler Le pa pier est pour lui une r ponse aux imp ratifs d un projet il n en est jamais la motivation et encore moins le point de d part 4 Cependant la morphologie des si ges Mars et de la table Pal las pour Classicon ou bien la collection Chair One dit e par Magis nous incitent relativiser ces remarques tant leurs formes corres pondent parfaitement aux potentialit s du papier En effet ces ob jets paraissent calqu s sur le r pertoire formel induit par cette ma ti re Ils sont structur s par des plans facett s des plis et des ar tes marqu es Conscient de ces influences Konstantin Grcic nous en courage nous m fier de la dangereuse beaut du papier La ma quette de la chaise Mars est r v latrice Pour cet objet un p
111. A La galerie Kreo expose en ce mo ment plusieurs de vos travaux dont le mat riau principal est le li ge Vous avez aussi propos il y a quelques temps des tables en b ton et aupara vant des plats faits d un seul bloc de verre Je souhaiterais savoir d o vient votre attachement pour les mat riaux int gres J ai d autres exemples en t te comme le pyl ne lectrique en bois pour EDF les sph res presse papiers les briques vin briques fleurs etc Est ce que cela participe la qu te d universalit que vous voquiez en parlant de vos best sellers 147 M S Je dirai que les mat riaux sont les composants d un langage universel Ils appartiennent tout le monde Je tra vaille avec cet alphabet et chaque ma t riau a ses propres qualit s physiques intrins ques Dans tous les cas nous pourrions dire qu un mat riau d ter mine d embl e un projet Un mat riau est un programme partir du moment o je travaille sur le li ge comme je lai fait depuis le d but des ann es 2000 les projets vont d couler de ce mat riau m me Par rapport l universalit des mat riaux c est notre propri t nous tous et on a chacun une m moire par ticuli re de ces mat riaux Pour revenir au li ge il est vident que j ai travaill l encontre d un r flexe conditionn qui est un mat riau plut t mal conno t Dans les ann es 70 on en a fait des sols de salles de bain des
112. Ainsi la coque permet de retrouver de la simplicit l o le pro gr s apporte de la complexit et de la sophistication Elle donne une forme ce qui n en a plus Une contamination g n ralis e Pouvons nous reprocher aux designers automobiles des ann es 40 et 50 d avoir fait un usage immod r des potentialit s de l em boutissage En effet tr s vite les formes des carrosseries ne se limi tent plus une simple r ponse au d terminisme a rodynamique Si la Dymaxxion car de Buckminster Fuller t moigne du souci et d une qu te d une efficacit a rodynamique La Studebaker Land Cruiser de 1950 de Raymond Loewy et le bus double tage propos par Norman Bel Geddes se positionnent clairement dans une surcodi fication des signes li s la vitesse La mati re est propuls e vers l arri re du v hicule Elle semble s tre fig e apr s une acc l ration t tanisante La transition entre chaque partie du v hicule est flui difi e au maximum de sorte que tout s encha ne tout se joint tout se transforme en ce qui suit tout s entrem le et se lie Quel est le r le de l emboutissage dans ce mouvement La mise au point de ce principe technique et la construction des presses re quiert un investissement lourd mais sa mise en uvre est peu co teuse et se pr te aux fabrications en grande s rie Il n est pas plus long d obtenir une t le emboutie aux courbes complexes qu une feuille de m tal aux
113. C est partir de ces constata tions que les choses se constituent Pour dire les choses clairement ce n est pas partir d une inspiration de mon ima gination ou d une id e que les objets se d terminent D ailleurs je le dis haut et fort je wai pas d id es F A Est ce cela que vous appelez pierres dures M S Les pierres dures ce sont les l ments tangibles les faits Ma m thode est tr s proche de celle d un scien tifique J ajouterai tout de m me que je ne fais pas un travail sur l objectivit a voudrait dire que je n interviendrais pas et que je serais loin du projet Je suis une certaine distance vous l avez bien compris mais je m implique quand m me puisque c est finalement moi qui vais analyser ces pierres dures et qui vais en faire la synth se Donc si je de vais r sumer mon travail je dirais qu il consiste synth tiser ces donn es Pour revenir Roger Tallon nos points de vue se rejoignent si ce n est que lui a une patte et que moi je n en ai pas F A J aimerais que l on parle de la serviette porte documents que vous avez cr e pour le maroquinier Del vaux Je crois que la r ponse que vous proposez pour r soudre le probl me de la poign e vous est venue de l ob servation de la m thode d harnache ment des chevaux de trait J aimerais savoir quel moment est ce que vous avez trouv cette r ponse Est ce que vous tes
114. CHAIR fauteuil George Nelson Herman Miller Inc 1958 96 DALLADUE chaise Gaetano Pesce Cassina 1979 187 DELTA luminaire Sergio Mazza Artemide 1960 97 DIAMOND CHAIR si ge Harry Bertoia Knoll 1952 138 139 DM 395 s che cheveux GEC vers 1949 269 271 DRAGSTER cat gorie Top Fuel curie Budweiser 2009 155 DUAL CYCLONE 26 aspirateur James Dyson Dyson 2009 170 DUPLICATEUR Raymond Loewy Gestetner 1929 280 DX 350 poste de radio Zenichi Mano Matsushita 1952 125 DYMAXXION CAR concept car Buckminster Fuller 1933 282 EASY CHAIR chaise Charles et Ray Eames Herman Miller Inc 1948 219 EBEL Am nagement int rieur du si ge social Andr e Putman Chicago 1988 33 EMBRYO CHAIR si ge Marc Newson Cappellini 1988 105 ERO S fauteuil Philippe Starck Kartell 1999 96 FAGUS usine de souliers Walter Gropius 1991 Alfeld an der Leine AIL 62 FALCON 7X jet d affaire Dassault Aviation 2005 197 FAT KNIT HAMMOCK hamac Bless 2007 128 FELTRI si ge Gaetano Pesce Cassina 1987 231 232 FOUR SEASONS th i re Hella Jongerius Nymphenburg 2007 117 FRUIT BASKET service th Kazuyo Sejima Alessi 2008 44 FSW paravent Charles et Ray Eames Herman Miller Inc 1946 117 119 GALLERY FURNITURE mobilier Martino Gamper 2007 128 GF40 4 chaise David Rowland General Youngstown 1964 116 118 G
115. Cela repr sentait un effort norme pour ne jamais avoir d homologation F A Je suppose que les marges de vos cahiers d cole n taient pas rem plies de croquis de chaises de ta bles et de fourchettes Etaient ce des voitures des avions des portraits d amis ou peut tre tiez vous un tu diant tr s consciencieux aux cahiers impeccables P J Il y avait plut t des paysages des personnages ou des animaux En fait je me suis aper u que je savais dessiner Un moment j ai vu que c tait quelque chose que je faisais bien Alors ensuite vous ne savez jamais si vous aimez dessiner seulement parce que c est fa cile pour vous C est impossible com prendre Jadore dessiner J ai toujours dessin dessin dessin Le design est awrriv tard pour moi C est au bac lorsqu il a fallu que j aie 23 une id e de ce que je voulais faire plus tard Mon p re ma s rement un peu influenc Je pense que c est un m tier qu il aurait aim faire Cela n exis tait pas vraiment en son temps mais il a toujours t attir par l esth tique Il a un bon coup de patte et une bonne id e des proportions Je voulais faire soit ar chitecte soit dessinateur de bandes des sin es soit peintre Je ne sais pas si j al lais faire les Beaux arts Et il y avait ce nouveau m tier qui arrivait Un jour il m a gliss une petite plaquette sur Roger Tallon en me disant peut tre que a t int res
116. De l anecdote l exp rience Le plus simple est de se repr senter la vie sous la forme d un trait continu proc dant sans trembler vers un but capital et que l on se serait de longue date assign soi m me sans le savoir Mais consid r e de ce point de recul objectif o il appara t que les machi nations d une fatalit sans r pit quivalent exactement aux soubre sauts d un hasard absolu l existence serait plut t faite de hachures de tirets spasmodiques ponctu s d intervalles variables comme les Table Pallas Konstantin Grcic ClassiCon 2003 Luminaire Yamanote Industrial Orchestra J r my Magdalou et Ta na Primaux Confidence amp Light 2008 64 signes de l alphabet morse Dans lequel de ces fragments faut il esp rer trouver la clef des ann es qui passent quel v nement ex plique t il tous les autres Pour le moment largissons notre point de vue la formation dans son sens le plus large C est dire l influence des exp riences v cues qu elles soient professionnelles ou personnelles dans la construction des affinit s formelles d un designer Il y a des mou vements d volutions de fond tout comme il existe des ruptures des v nements l origine de v ritables transformations Pour illustrer ces changements int ressons nous de nouveau Ettore Sottsass Jr Il entreprend en 1961 un voyage en Inde o il d couvre le tan trisme et la culture orienta
117. EC PATRICK JOUIN PROPOS RECUEILLIS LE 1ER OCTOBRE 2009 Fr d ric Alzeari Si vous l acceptez nous pouvons commencer par voquer votre ducation au sens large C est dire la fois comment est ce que vous tes venu au design mais aussi qu est ce qui a impr gn votre il en grandissant J ai lu qu adolescent vous customisiez des mobylettes et des flancs de camions l a rographe avec des flammes et des dragons Patrick Jouin Et bien l il nous faut re monter loin Je vais vous montrer quel que chose Il sort un dossier d une ta g re Vous allez pouvoir rigoler C tait mon book pour entrer aux Ateliers Le portfolio contient des photos de moby lettes dont les r servoirs sont d cor s l a rographe C est assez incroyable Il y a la mobylette de mon petit fr re la mienne et celle du fils du boulanger J avais quinze ans En fin de compte c est ma premi re entreprise Je ne fai sais pas a dans des quantit s astrono miques mais tout de m me je produi sais pas mal 21 F A Dans la pr face du portrait consacr votre travail publi chez Pyramid vous avez confi Pierre Doze que vous manquiez de culture dans votre jeunesse Est ce que vous parliez de connaissances li es au de sign ou d un manque de r f rences visuelles P J Je n avais aucune id e de ce qu tait le design quand j tais plus jeune si ce n est comme tout le monde d utilise
118. EHBERGER Tobias 1966 allemand 126 REMY Tejo 1960 hollandais 48 REUDLER Bo 1980 hollandais 85 RIETVELD Gerrit Thomas 1888 1964 hollandais 131 ROCHE Fran ois 1961 fran ais 99 ROERICHT Hans 1932 allemand 50 ROVERO Adrien 1981 suisse 59 ROWLAND David 1924 am ricain 116 117 SAARINEN Eero 1910 1961 am ricain 96 222 SAPPER Richard 1932 allemand 46 SEJIMA Kazuyo 1956 japonaise 44 SEMP Inga 1968 fran aise 231 233 SCARPA Afra 1937 italien 231 SCARPA Tobias 1935 italien 231 SCHREIBER Timothy 1965 allemand 102 SCHUDEL Paul 1951 hollandais 47 48 SCOLARI Carla italienne 228 SOARES Susana 1977 portugaise 127 SOTTSASS Jr Ettore 1917 2007 italien 29 36 40 65 66 117 123 156 SOTTSASS Sr Ettore 1872 1953 italien 38 330 STADLER Robert 1966 autrichien 51 STAM Mart 1899 1986 hollandais 134 138 220 STARCK Philippe 1949 fran ais 25 56 62 82 85 86 96 105 117 147 157 STUDIO JOB Job Smeets Nynke Tynagel Belgique Pays Bas 116 SUPERSTUDIO Adolfo Natalini Cristiano Toraldo di Francia 1966 Italie 90 209 SZEKELY Martin 1956 fran ais 51 91 115 131 143 147 150 151 169 171 224 225 313 TALLON Roger 1929 fran ais 23 51 54 60 70 72 144 150 156 239 251 THONET Michael 1796 1871 germano autrichien 170 220
119. Mais il est peut tre n cessaire de suspendre le poids de lhistoire et l auto r f rentialit d une discipline pour atteindre le primordial pour s engager dans un nouvel examen approfondi de ses propres pratiques Ainsi le poids du pass ne r duit pas forc ment l in tervention du designer une action superficielle Si les formes d un objet sont n cessairement influenc es par celles qui l ont pr c d elles ne s y soumettent pas pour autant L influence des formes pas s es soul ve d autres interrogations li es l imitation partir de quel point un designer cesse d imiter des r f rences ant rieures Dans quelle mesure les d terminismes qui l ont conduit faire usage de formes pr existantes peuvent lui tre reproch s Entre filiation et imitation la copie point e du doigt Pour cerner ces questions il nous est n cessaire de revenir aux r f rences romantiques nonc es au d but de ce chapitre Au XIXe si cle les romantiques rejetaient le principe d imitation parce qu il tait selon eux le support de l esth tique classique laquelle ils s opposaient Ils ont affirm la n cessit de l originalit en Art en la consid rant comme une condition du g nie Ainsi pour Victor Hugo homme de g nie veut dire inventeur original dans le fond et dans la forme Ce dernier d non ait limitation comme tant le fl au de l art Quand vous viendriez bout de calque
120. N Entre expression personnelle et universalit Commen ons par souligner l omnipr sence du dessin qu il soit manuel ou informatique dans la pratique du design Ne parle t on pas du dessin d un objet pour exprimer ses particularit s formelles Ce lien est si troit que la ma trise de ce medium est parfois consi d r e comme un pr alable indispensable pour l exercice du m tier de designer Pr cisons d s pr sent qu il n existe pas une seule ma ni re de dessiner un seul dessin aux modalit s d usages d limit es par un trait net C est au contraire l ubiquit de cet outil qui nous en courage tudier ses champs d influence Dans quelle mesure est ce qu il participe fa onner la morphologie des objets qui nous entou rent Le dessin cristallise plusieurs intentions l une personnelle s apparente une prise de notes elle permet de soulager l esprit en couchant sur le papier une forme un sch ma ou une projection mentale Une deuxi me la prolonge il s agit d un usage du dessin des fins de recherche et de conception L imm diatet peut alors laisser la place un temps plus long durant lequel une grande pr cision est parfois indispensable Enfin une autre est destin e au trui elle est un m dium pour partager ses visions et exprimer ses intentions L encore les diff rentes formes de dessin voqu es ne 174 constituent pas des univers cloisonn s Chacune s entrem le et
121. NTS maroquinerie Martin Szekely Delvaux 1992 145 PIMP table basse Adrien Rovero Galerie Kreo 2007 60 PLASTIC CHAIR chaise Charles et Ray Eames Herman Miller Inc 1948 219 PLAT moulage c ramique Jean Charles Avisseau Mus e de l h tel Sandelin Saint Omer n inv 986 101 vers 1850 262 POLTRONA DI PROUST fauteuil Alessandro Mendini Alchimia 1979 90 PORTUNUS temple romain dit de la Fortune Virile anonyme Rome Italie 70 80 ap J C 111 PRINCIPIO appareils lectrom nagers Radi Designers Moulinex 2005 166 PROSONIC rasoir lectrique Roland Ullmann Braun 2009 190 PSEUDO PORTA hommage Th o Van Doesburg Ettore Sottsass Jr 1979 117 PYRAMIDE DE KH OPS Gizeh gypte IV Dynastie env 2500 av JC 108 QUADERNA table Superstudio r dit e par Zanotta 1970 90 336 QUICK DRY N 7 s che cheveux Hamilton Beach 1940 267 268 R16 voiture Renault 1965 21 RICHARD III fauteuil Philippe Starck Baleri 1985 26 85 ROUGE ET BLEU fauteuil Gerrit Rietveld 1918 version d finitive 1923 131 S43 CANTILEVER si ge en porte faux Mart Stam Artemide 1930 134 138 SAINT JAMES CLUB H tel Andr e Putman Paris 1986 33 SALON DRY CONTROL s che cheveux Philips 2009 270 272 SANSONE table Gaetano Pesce Cassina 1980 158 SATTELITE miroir Eileen Gray cart International 1927 109 SCHERMEN pa
122. PUBLICATION NUM RIQUE M MOIRE DE FIN D TUDES Fr d ric Alzeari M moire de fin d tudes sous la direction de Clo Pitiot Design sous influences Les d terminismes formels dans la gen se d un objet cole Nationale Sup rieure de Cr ation Industrielle 2010 11 Avant propos 13 Introduction PREMI RE PARTIE L INFLUENCE DU CR ATEUR 21 Entretien avec Patrick Jouin 1 Des v cus 29 La part de l exp rience 30 Andr e Putman une enfance bourgeoise 34 Une proximit avec le milieu artistique 36 Ettore Sottsass Jr une enfance montagnarde 38 Un p re architecte 2 Les origines g ographiques et culturelles 41 Des oppositions persistantes 43 La mobilit des hommes et des esprits 45 H ritage commun et particularisme local 46 Ce qui fait cole 49 Un moule partag 50 Le design fran ais a t il une forme 52 Les sympt mes d une approche individualiste 54 Quand l entreprise se substitue au national 3 La formation 57 Des p pini res 61 Le principe de transmission 63 De l anecdote l exp rience 4 Le catalogue des souvenirs 68 Des objets et des lieux qui impriment la r tine 5 Les go ts une approche subjective des formes 74 Entre les affinit s de tous et le go t de chacun 6 L originalit la culture de l exclusivit 78 79 80 83 85 87 89 91 Une vision romantique Un imp ratif d exclusivit L originalit confront e la mondialisation
123. RANDE MURAILLE chine Ille si cle av JC 216 GRANDE TABLE table Jean Prouv Ateliers Jean Prouv 1950 62 H PITAL DE THIONE italie Ettore Sottsass Sr vers 1910 38 INFLATABLE BOTTLE COOLER Sceau champagne flottant Alexis Georga copoulos cal 2000 59 JIM NATURE t l viseur portable Philippe Starck Saba 1994 86 JOYN syst me de bureaux Ronan et Erwan Bouroullec Vitra 2002 125 JUICY SALIF presse agrume Philippe Starck Alessi 1990 86 JUPITER temple de Tarquin l Ancien Rome Italie 83 av J C 112 KAMI canap Patrick Jouin Cassina 2003 26 KNOTTED CHAIR si ge Marcel Wanders Cappellini 1996 49 334 KS 1032 contenants alimentaires Gino Colombini Kartell 1957 265 KS 1068 pelle poussi re Gino Colombini Kartell 1958 265 LA CHAISE si ge Charles et Ray Eames Vitra 1948 124 221 LA CORNUTTA machine expresso Gio Ponti La pavoni 1948 285 LALEGGERA chaise Riccardo Blumer Alias 1996 228 LA MARIE chaise Philippe Starck Kartell 1999 26 LAMPADAIRE David Mellor Abacus 1955 42 LAND CRUISER voiture Raymond Loewy Studebaker 1950 282 283 LANTERNE luminaire Ronan et Erwan Bouroullec Vitra 2005 97 LCM si ge Charles et Ray Eames Herman Miller Inc 1945 217 218 LCW si ge Charles et Ray Eames Herman Miller Inc 1945 217 218 LEG SPLINT attelles Charles et Ray Eam
124. Vincent de Gournay cit par Denis Woronoff Histoire de l industrie en France du XVIe si cle nos jours op cit p 61 298 horlog re tait du temps de Japy le fait d ouvriers sp cialis s tra vaillant domicile L inventivit et les connaissances techniques de Fr d ric Japy lui ont permis de concevoir des machines destin es la r alisation en s rie de pi ces d horlogerie Japy augmente faible co t les cadences de production tout en r duisant la main d uvre n cessaire Il d pose en 1799 les brevets de dix machines dont une machine tailler les roues une machine fendre les vis un tour pour tourner les platines des montres Il insiste dans ses descriptions sur le fait que ses machines peuvent tre actionn es facilement par des infirmes ou des enfants En effet ce qui aupara vant n cessitait le savoir faire d artisans hautement qualifi s ne de mande plus que les comp tences d un homme capable d actionner une machine Alors que le syst me technique reposait jusque l sur l excellence de la qualification ouvri re avec son savoir accumul par les g n rations il s amorce ici une transformation profonde du mod le de production Par ailleurs il d veloppe les cit s Japy pr mices des futures cit s ouvri res dans lesquelles son personnel qui autrefois tra vaillait domicile est log La production passe des manufactures des fabriques situ es en p riph rie des villes En c
125. a t marqu e par la reconstruction en Trentino et le d veloppement urbain Turin Tout le pousse la rationalit l inverse de empirisme organique des montagnes du Tyrol Il s y appliquera longtemps admirant d s 1945 et 1946 la suite de divers voyages Mondrian Bill et Pevsner Arp et Calder Il faudra attendre 1953 pour qu il avoue presque d sol Ma nature me porte peut tre plus l expressivit qu la rationalit U Ibid p 20 Vue de la r gion d Innsbruck ville natale d Ettore Sottsass Sud Tyrol Autriche Dessin pour l h pital de Thione Ettore Sottsass Senior vers 1910 38 Un p re architecte Cependant il est vident que les ann es pass es au contact de la nature ne peuvent suffire d celer les l ments qui ont influ sur ses r alisations De la m me mani re nous avons vu que l enfance rurale de Patrick Jouin n explique pas elle seule la nature de ses cr ations Les ann es montagnardes d Ettore Sottsass ne sont qu une influence parmi tant d autres D s la fin de son adolescence son p re a pouss entrer l Institut Polytechnique pour commencer des tudes d architecture Notons que son p re Ettore Sottsass Sr por tait non seulement le m me pr nom mais tait lui aussi architecte et fut autrefois le collaborateur du viennois Otto Wagner Est il pos sible de voir dans les esquisses de Sottsass une influence du Jugens til et de la s
126. a production et des processus cr atifs cr e des contacts permanents entre aires culturelles distantes Un t l phone produit par une en treprise scandinave peut tre dessin par une quipe multiculturelle aux Etats Unis fabriqu en Chine assembl en Inde et utilis par un maghr bin Nous reviendrons sur les probl matiques de marques Tabouret Butterfly Sori Yanagi Vitra 1954 44 et d internationalisation par la suite Dans l imm diat concentrons nous sur les cr ateurs et les d terminismes qui les influencent La forme des objets est d autant moins assujettie aux particulari t s culturelles que leurs cr ateurs circulent entre des zones g ogra phiques distinctes Les exemples de designers expatri s sont nom breux Marc Newson a quitt l Australie et travaille aujourd hui entre Paris et Londres Karim Rashid est n au Caire a t lev en An gleterre et vit New York L Anglais Jasper Morrison est d sormais Tokyo te L associ de Patrick Jouin Sanjit Manku est d origine in dienne mais a grandi au Kenya et fait ses tudes au Canada avant de s installer en France Les cas de mobilit ne manquent pas La facult des hommes se d tacher de leur milieu d origine en cap tant de nouvelles influences brouille les s parations et rend par tiellement caduque la notion de territoire En partie seulement car nous verrons par la suite que des attachements peuvent persister et des marqueurs culture
127. a responsabilit de ce rapprochement Pour notre part nous constatons toute la d licatesse d un sujet d tude qui in citerait pier dans les r alisations de designers des marqueurs im putables des anecdotes parfois anciennes Les relations math matiques entre rationalit et sot risme Dans un chapitre ant rieur nous avons soulign la per sistance des r f rences li es la nature sans nous prononcer sur leurs origines obsessionnelles Dans le m me registre les nombres et les relations math matiques accompagnent et fascinent les cr a teurs depuis des mill naires dans la conception de nombreuses r a lisations Les arch ologues d voilent r guli rement les relations complexes jusque l ignor es qui d finissent les formes d ouvrages 3 St phane Gerschel Le style Putman Paris Assouline 2005 p 12 L influence du cr ateur 7 Muses et inspirations 109 architecturaux souvent grandioses L tude des pyramides du pla teau de Gizeh a r v l des proportions tout autant assujetties des lois architectoniques qu des significations mystiques Cet exemple nous montre la dualit de cette influence En effet le recours aux math matiques s impose pour r soudre des probl mes m caniques qui garantissent la stabilit d un b timent Mais leur usage ne s est pas limit ce champ d application Les quations et les th or mes d couverts par les math maticiens gyptiens ont aussi ser
128. able qu il existe dans la forme des objets et de la soumission du dessin des influences non ma tris es Stephan Gerschel se risque tablir un lien de causalit entre un v nement marquant de l adolescence d Andr e Putman et sa pr dilection pour l usage de carreaux noirs et blancs La m re de la cr atrice d sirait qu elle devienne pianiste la fin de ses longues ann es d tudes de musique dix neuf ans elle prend la d cision de rompre avec la destin e envisag e par sa m re Apr s avoir re u le premier prix d harmonie du conservatoire de Paris elle comprend Vue de d tail de la chaise Thalya Patrick Jouin Kartell 2008 Moto de vitesse Luigi Colani 1973 Embryo Chair Marc Newson Cappellini 1988 106 Maquette d un a ronef supersonique Bohu C309 Luigi Colani 1968 L influence du cr ateur 7 Muses et inspirations 107 Dessins de navettes spatiales Luigi Colani vers 1970 Dessin de Philippe Starck 1991 108 qu il lui faudra accepter un enfermement presque absolu pendant les dix ann es suivantes La d cision est prise elle est radicale Si composer est ce prix Andr e refuse de le payer De sa vie elle ne regardera plus une partition ni ne touchera un piano D aucuns ver ront dans l utilisation d sormais l gendaire qu Andr e fera du noir et blanc une revanche inconsciente sur un clavier d laiss 3 Nous laissons l auteur l
129. abor un an plus t t chez Peter Behrens Plus r cemment on retrouve dans les cr ations du jeune designer am ricain Jonathan Olivares form chez Konstantin Grcic la m me conception volumique et le m me sens du concret que chez le munichois Les modules de rangements Smith dit s en 2007 chez Danese partagent avec la table Pallas de Grcic plus que la technique et le mat riau de fabrication Les deux objets se rejoi gnent dans leur approche structurelle Nous comprenons mieux l ampleur de cette influence lorsque l on sait que pendant son pas sage de neuf mois dans le studio de Konstantin Grcic Jonathan Olivares a archiv 233 projets et 2000 maquettes De quoi s impr gner profond ment du travail d un cr ateur et en scanner la pens e Nous remarquons par ailleurs que Konstantin Grcic dit avoir r alis la table Pallas en hommage la Grande table cr e par Jean Prouv en 1950 Il existe donc une cha ne d influence qui nous am nera tudier plus attentivement l empreinte de ses pairs et de ses pr d cesseurs sur sa production L influence du ma tre sur l apprenti s observe galement dans les r alisations de la g n ration de designers fran ais au jourd hui reconnus et form s au contact de Philippe Starck Matali Crasset et Patrick Jouin ont tous les deux travaill chez Thompson Multim dia sous la direction de Starck Bien que Matali Crasset ait aujourd hui un style qui lui est propre les co
130. acques B nigne Bossuet Trait de la connaissance de Dieu et de soi m me 1838 tome 1 chap 4 Paris Kessigner 2009 2 Denis Diderot El ments de Physiologie 1765 in uvres compl tes tome 9 Paris Hermann 1978 p 364 3 Jean Jacques Wunenburger Que sais je L imagination Paris PUF 1991 p 12 122 l antiquit par les penseurs mat rialistes comme Lucr ce qui relie l imagination une re production d images impalpables simula cra La deuxi me l imagination associative ou suprasensiblei nous concerne sp cialement car elle se rattache directement au sujet de ce chapitre Cette derni re permet la jonction et la composition d images et de formes nouvelles par un usage diff r de nos souve nirs d li e de toute r f rence au r el C est elle qui est l origine de la confrontation d images loign es voqu es par Loewy Par exemple les animaux chim riques comme les sir nes ou les cen taures sont le fruit de cette imagination Les racines tymologiques et les sens du mot imagination dans les langues trang res peuvent aider en distinguer plus clairement les usages En anglais c t de la fantasy dont le sens est li la cr ativit les mots fancy et imagination se retrouvent dans les deux expressions verbales to fancy qui se rapporte plut t l aptitude de former des images illustratives et reproductrices et to imagine qui d signe davantage le pouvoir de donner co
131. an tous les l ments constitutifs de sa carri re la rigueur l harmonie la fantai sie et la rupture 4 Une proximit avec le milieu artistique Il nous est galement possible de lire dans le travail d Andr e Putman l influence des milieux artistiques qu elle a tr s t t fr quen t s quinze ans j allais au Flore parce que c tait l qu il fallait tre Me retrouver tous les jours entre Giacometti et Antonin Ar taud Sartre et Beauvoir c tait a mon addiction Les voir et peut tre un jour leur parler 5 Lorsqu elle s installe en 1960 avec son mari Jacques Putman rue des Grands Augustins ce sont les amis artistes de ce dernier qui participent la d coration de l apparte ment Alechinsky peint le plafond du vestibule les sculptures de Messagier et les toiles de Bram sont accroch es dans les grandes pi ces o avoisinent le style ann es 30 et des meubles espagnols Les souvenirs d Andr e Putman t moignent de cette proximit Il y a eu des f tes incroyables chez nous avec des gens de la mode de la danse des crivains des com diens des musiciens Ils taient tous l comme dans la chanson d Aznavour C est comme a que je me suis retrouv e tr s proche d une quantit de gens qui entre 3 Stephan Gerschel Le style Putman Paris Assouline 2005 p 44 4 Ibid p 10 5 Andr e Putman cit e par Stephan Gerschel Ibid p 17 L influence du cr ateur 1 Des v cus 33
132. and improved tolerances and production controls to a within an accuracy of 0 002 inch a remarquable achievement for the day Arthur J Pulos American Design Ethic A history of Industrial Design Cambridge Massachussetts USA The MIT Press 1983 3 Stream se traduit en fran ais par le mot ruisseau Le nom Streamline est parfois traduit par l expression le cours du ruisseau L influence des proc d s de fabrication 3 L emboutissage 279 des ann es 30 Ce courant privil gie une esth tique influenc e par les recherches r centes en a rodynamique C est donc dans l indus trie des transports le rail puis l automobile que l emboutissage et par extension ce style trouvent leur premi re l gitimit Les locomo tives dessin es par Raymond Loewy et Norman Bel Geddes dans les ann es 304 pour la Pennsylvania Railroad Company expriment une fascination pour la vitesse mat rialis e par des formes tendues L in fluence des lois de a rodynamique sur les formes de ces objets ne se limite pas une simple tension accrue de lignes courant le long des flans Elles impliquent n cessairement un encha nement fluide des composants de ces objets afin d optimiser l coulement de l air sur leurs surfaces Ce dernier point nous am ne penser qu il existe 4 Dans les ann es 30 Raymond Loewy dessina les locomotives PRR K4s PRR S1 PRR T1 PRRGG1 electric locomotive Il prit part galement la conception du Boeing 307
133. ann es plus t t par Alvar Aalto 100 1933 Ettore Sottsass mani feste son int r t pour les travaux de Theo Van Doesburg lorsqu il lui rend hommage en 1979 avec Pseudo Porta Enfin Starck reprend dessein la Superleggera Il a con u en 2004 pour Driade un objet in titul Objet Perdu qui ressemble abstraction faite de la mati re la chaise de Gio Ponti Cassina 1957 Le titre voque l objet trouv ou plut t retrouv anc tre de l intervalle infra mince ce qui nous laisse le b n fice de la citation D ailleurs Gio Ponti en dessinant la Superleggera ne s tait il pas d j appropri un type de chaise italienne traditionnelle dite volante tellement elle tait l g re Au del des hommages leurs pr d cesseurs c est l appro priation des r alisations pass es par des designers actuels qui nous interpelle La reconnaissance de la qualit des r alisations ant rieures passe par une prise de possession des questionnements et des enjeux qu elles impliquent Le pass ne s imite plus il se transmet il se dig re Comme le dit Patricia Urquiola Je crois que nous devons dig rer tous les l ments qui participent notre origine pour tre capable de recr er un langage personnel La r flexion de la desi gner milanaise nous invite observer plus attentivement l influence des disciplines connexes sur les formes de la production r cente En effet les l ments qui participent
134. ans le cas de bijoux par exemple Ce qui importe c est que le produit et donc sa forme par extension reste une organisation structur e Nous pourrions nous r f rer au concept de la Gestalt pour ajouter que chacun des l ments doit tre li au tout D s lors que la d marche cr ative atteint une certaine forme d hypostase elle autorise alors un champ de libert 4 formel tr s ouvert qui ne modifie en rien la coh rence d un produit et permet au designer de faire des choix et de donner l objet un aspect es th tique variable En dehors du design les architectes ont galement manifest de puis longtemps un vif int r t pour cette notion de coh rence entre les diff rentes composantes d un projet Ainsi Palladio dans son ouvrage Les quatre livres de l architecture n nonce pas d orienta tion doctrinale quant la bonne forme d un b timent mais insiste sur la n cessaire coh rence entre chacune des parties et des fonc tions D s l introduction celui ci pr vient Avant de commencer b tir il faudra consid rer soigneusement chaque partie du plan et de l l vation de l difice construire Vitruve enseigne de prendre garde trois choses sans lesquelles une construction ne peut tre estim e digne d loges ce sont l utilit ou commodit la dur e et la beaut parce qu on ne saurait dire qu est parfaitement accompli un ouvrage qui serait utile mais peu de temps ou au contrair
135. ans les chapiteaux Corinthiens les tapis de la Savonnerie les meubles de Majorelle ou les recherches de Gaetano Pesce Pour ce qui correspond la p riode d tude du de sign d s les Arts amp Crafts la nature est omnipr sente Son utilisation comme source d inspiration y est m me encourag e et traduit un re tour vers des valeurs s culaires En France la caract ristique princi pale de l Art Nouveau nanc en r side dans l utilisation figurative de la nature et plus pr cis ment des fleurs et des l ments v g taux Nos constatons par ailleurs que l inspiration de la nature n a pas toujours pris les formes d un mim tisme curviligne Bien que les recherches bioniques de Buckminster Fuller se basent galement sur l observation de la nature elles se focalisent sur des principes structurels qui aboutissent des propositions formelles radicalement diff rentes Les progr s de la science ont permis de se rapprocher Morphogenesis Chair Timothy Schreiber 2008 102 d chelles infimes Si la nature reste au centre des int r ts ce n est plus sous des formes perceptibles par l il humain Depuis Coper nic d j l Homme n est plus l chelle privil gi e pour l observation de la nature Plus r cemment Philippe Ram et Mathieu Lehanneur revendiquent le fait de s inspirer de processus naturels dans leurs productions Benjamin Graindorge propose quant lui une inspi ration contemplative de paysages o fusion
136. araissent sont les tapes d un processus m tabolique qui s enrichit et se d veloppe de g n ration en g n ration par de petites mutations incr mentales Les projets d Alisa Andrasek dont le pavillon Seroussi ont t con us l aide du Generative Components Design Software d velopp par Bent ley Systems Ce logiciel contrairement la plupart des modeleurs 3D n est pas structur autour d outils de mise en forme ou d action de fa onnage emprunt s au monde r el mais propose l utilisateur de param trer ses propres outils pour modeler des surfaces souples L influence de ce type de programme outrepasse les notions de re pr sentation tudi es pr c demment pour se tourner vers une ci n matique des formes Cependant les principes d autog n rescence et d al atoire mis en avant par ce courant n en seraient ils pas qu une simulation La confusion entre autonomie et automatisme est constamment entretenue sous couvert d algorithmes complexes et de logiciels sophistiqu s Ces travaux pr sent s comme une chappatoire la standardisation industrielle ne sont ils pas le prolongement nu m rique d une d marche entam e il y a plus de trente ans pas Gaetano Pesce En effet ce dernier proposait une alternative au 2 Fr d ric Migayrou Mutations incr mentales in Biothing Alisa Andrasek Paris ditions Hyx 2000 21 Le mot cin matique se r f re la fa on dont les fo
137. arche est comparable la recherche d un centre de gravit d un point d quilibre entre mon libre arbitre et les d terminismes inh rents la pratique du design INTRODUCTION L volution des formes se confond elle avec celle des contraintes L apparence des objets r sulte t elle de vents dominants dont les variations et les revirements expliqueraient eux seuls les fluctua tions formelles comme un souffle continu forge un paysage La composition de l air charri par ces rafales n aurait rien de pur Les techniques la culture et les interrogations d une poque s y m lan seraient pour fa onner ensemble notre environnement Tel un g o logue capable de lire dans l rosion des roches la nature des v ne ments pass s il nous faudrait observer les contours des objets pour en comprendre la provenance La question pos e celle de l origine des formes rejoint d s lors les aphorismes qui se sont succ d s au cours du si cle dernier afin de proposer une vision synth tique du jeu complexe de la morphog n se Pour notre part nous nous gar derons de vouloir r duire la forme une formule Notre ambition n est pas de proposer une quation capable d expliquer pourquoi un objet prend corps d une certaine mani re et pas d une autre Il s agit d observer des forces en pr sence d identifier les influences qui par 1 Nous faisons ici r f rence aux formules la forme suit la fonction l out
138. ation et em ploi de la mati re L immat rialit proph tis e pour le XXIe si cle ne semble pas avoir endigu cette fr n sie Chaque mois apporte son lot de mat riaux dits nouveaux et autoproclam s innovants Pour Daniel Kula et lodie Terriaux le designer est confront un hyperchoix Face une offre pl thorique le choix d un mat riau ne s impose plus de lui m me il n est plus une vidence L as pect d un objet s affranchit progressivement des imp ratifs dict s par la mati re Les bornes formelles cessent peu peu de s accor der aux limites du mat riau D sormais ces derniers s imitent se concurrencent ou se substituent L arriv e des composites bouscule les classements traditionnels par cat gories bois plastiques m tal pierre etc Cette notion d hyperchoix s exprime clairement dans les finitions de l objet En dehors de l ad quation avec la destina tion du produit c est un choix un parti pris une d cision qui est l origine de l apparence de l objet non seulement par les desi gners mais parfois par les utilisateurs eux m mes qui l on propose voire d l gue ce choix 3 Le designer ne peut plus avoir une connaissance exhaustive de l offre existante Des soci t s sp cialis es dans l inventaire des ma t riaux de pointe se constituent La premi re du genre Material Connexion cr e New York en 1997 tablit des cat gories c ra
139. ations formul es par Palladio dans son ouvrage Les quatre livres de l architecture Les indications d livr es par l auteur ne donnent aucune place l approximation Prenons les dimensions d une chambre La longueur et la largeur doivent former selon Palladio un des rapports suivants 2 ou 1 1 3 ou 1 1 2 ou 1 2 3 On voit que la s rie est composite 2 renvoyant la g om trie et les autres un syst me modulaire dont la base est le petit c t 5 Palladio in dique m me sa pr f rence pour le carr et le rapport 1 2 3 Une 4 Andrea Palladio Les quatre livres de l architecture traduction int grale de Freart de Chambray 1650 Paris Arthaud coll architectures 1980 p 10 5 Ibid p 8 L influence du cr ateur 7 Muses et inspirations D WEE E Fe LE DS EE SE OT DEL VUE RS ai Er ne EL Pr PT Lee D A N EN PAS T PSS due x RE PRET TON LEP B i 2r oro 22 Ig C Ce es IN t N a G l i 2 6 N 111 Plan du Temple de Portunus dit de la Fortune Virile architecte anonyme 70 80 ap J C Rome Italie 112 Plan et coupe du Temple de Jupiter construction commenc e par l empereur Tarquin l Ancien et achev e par Tarquin le Superbe 83 av J C Rome Italie MEME MR TRES E EE TE A L influence du cr ateur 7 Muses et inspirations 113 autre source de rapports privil gi s par Palladio au
140. au moulage En effet si l emboutissage ne requiert pas de moule la matrice et la contre forme imposent l objet une morphologie qui exclut les contre d pouilles Nous pour rions presque tendre ce point de vue jusqu formuler l hypoth se d une logique des coques qui se v rifierait dans la forme des ob jets chaque fois que leur proc d de fabrication fait appel au prin cipe du moulage ind pendamment du mat riau utilis Le mod le Quick dry n 7 produit en 1940 par la soci t Hamilton Beach aux Etats Unis est enti rement car n par une coque de zamac peint Cet alliage m tallique de zinc d aluminium et de magn sium est ici mis en forme par moulage sous pression La surface de l objet est parcourue par des lignes qui divisent les diff rentes coques n cessaires pour donner sa forme l objet L absence d ar tes marqu es et la fluidit des volumes pour ne pas dire la mollesse trahissent le fait que la forme est assujettie aux contraintes du moulage On peut S che cheveux lectrique en laiton et bak lite mod le 905 Calor Lyon 1927 S che cheveux Quick Dry n 7 en zamac peint Hamilton Beach USA 1940 S che cheveux FEMA Pologne 1960 268 L influence des proc d s de fabrication 2 L injection plastique 269 S che cheveux mod less en ABS et aluminium peint Jean Louis Barrault Moulinex France 1975 S che cheveux 9204 en poly thyl ne haute
141. au pays de naissance a se choisit 3 LA FORMATION Nous allons pr sent revenir plus en d tail sur la relation entre le travail d un designer et sa formation Dans un premier temps nous nous int resserons la p riode d apprentissage qui pr c de la vie professionnelle Nous tenterons d observer de quelle mani re cette p riode laisse des traces visibles dans les cr ations d un desi gner Ensuite c est sur la formation au sens large la construction d un individu et de sa personnalit que nous focaliserons notre at tention Dans chacun des cas c est sur des exemples concrets qu il nous faudra nous appuyer afin de ne pas d vier vers un amoncelle ment de suppositions Des p pini res En leur temps le Bauhaus et l cole d Ulm ont particip l ouver ture de nouvelles voies d innovation formelles Que ce soit sous l im pulsion des ma tres de forme Dessau ou dans le sillage de Max Bill ces coles ont contribu faire voluer les canons de l po que Dans ces lieux des pr ceptes th oriques se sont formalis s et ont particip renouveler les esth tiques dominantes Quelles sont aujourd hui les coles d o mergent les nouveaux vecteurs 58 de transformation et de mutation dans la morphologie des objets Nous avons d crit pr c demment dans quelle mesure la Design Aca demy d Eindhoven continue jouer un r le essentiel dans l affirma tion d une approche
142. base Les mat riaux eux sont issus de l organisation de la mati re Concr tement les atomes se structurent en mol cules qui poss dent cha cune des propri t s particuli res Si nous reprenons pour exemple le carbone et l hydrog ne c est leur agencement en polym re qui donne naissance aux hydrocarbures l origine des mat riaux plas tiques Ainsi le polystyr ne le polycarbonate ou le poly thyl ne qui ont pourtant des propri t s m caniques et optiques diff rentes sont compos s d une mati re identique Ce qui est vrai pour les plastiques l est pour tous les autres mat riaux En effet le carbone est pr sent aussi bien dans l acier les diamants ou le bois alors que chacun de ces mat riaux est radicalement diff rent d un point de vue tactile visuel ou structurel En synth tisant extr me nous pourrions affirmer que la mati re n engage rien contrairement au mat riau qui suppose une consistance un aspect et une masse qui lui sont propres Pour autant quels liens tablir entre la consistance d un mat riau et la r alit tangible d une forme Jusqu o cette derni re est elle subordonn e aux propri t s de l autre Au premier regard si nous conservons l exemple du plastique nous constatons que ces mat riaux apparaissent sous une multitude d aspects et de formes loign es Pour Roland Barthes plus qu une substance le plastique est l id e m me de sa trans
143. bl matiques li es la mondialisation de l conomie accentuent la transformation des mod les industriels Robert Boyer nous d montre que cette globalisation a engendr une fragmentation des sp cificit s locales pour former un ensemble h 306 t rog ne chelle de la plan te Nous est il possible de faire un lien entre ces volutions et mergence d une esth tique commune aux cr ations de designers d origines culturelles et g ographiques diff rentes Si l uniformisation des r f rences formelles prend sa source un niveau certainement plus large la diffusion une chelle internationale de la production des grands diteurs de mo bilier participe ce courant Les produits pr sent s dans le catalo gue Ikea impr gnent les r tines de populations enti res En 2008 ce catalogue est devenu la publication gratuite la plus importante au monde avec cent quatre vingt onze millions d exemplaires dis tribu s en vingt six langues D s la fin des ann es 50 l arriv e de la photographie en couleur et le d veloppement des revues sp cia lis es a familiaris les lecteurs avec des cr ations jusqu alors confi n es dans les pages des p riodiques professionnels Selon le sociologue catalan Manuel Castells le sch ma de pro duction industrielle a volu au profit de fonctionnements horizon taux Dans son ouvrage La soci t en r seau il pr sente ces nou velles organisations comme un ensemble de struc
144. ce d inspiration car elle r sulte de mouvements de fond bien souvent ext rieurs la sph re du design Les Algues des fr res Bou roullec n voquent elles pas plus un r seau informatique qu une dentelle bretonne ou un univers sous marin Eux m mes font r f rence des notions de logiques floues et d quations math matiques lorsqu ils commentent ce projet Malgr leur nom la morphologie des Algues n est pas plus influenc e par la v g tation aquatique que par des inspirations non figuratives Revenons la r ponse de Patrick Jouin dans l interview qu il nous a accord e On voit des choses des images des objets qui nous font r agir L inspiration est donc communicative Nous avons voqu pr c demment la facult des designers s impr gner des l ments qui composent leur environnement C est cette m me persistance r tinienne qui serait l origine de la propagation des morph mes que nous retrouvons dans des projets aux origines diverses La figure du designer isol aux inspirations exclusives n est gu re compatible avec des syst mes de distributions et de communications mondiali s s Les grands salons internationaux la presse sp cialis e et les sites internet participent la diffusion grande chelle de r f rences et 2 Manuel Castells La soci t en r seaux Paris Fayard 1998 L influence du cr ateur 7 Muses et inspirations 101 d inspirations communes La propagatio
145. ce pro fesseur ait pu avoir une influence sur ses l ves Le designer Adrien Rovero tait l poque tudiant dans cette cole Les objets qu il a dessin s durant cette p riode sont profond ment emprunts de cet Proposition d Alejandro Bona Schaufel au workshop organis l Ecole Cantonale d Art de Lausanne Suisse sur le th me de l assainissement 2008 Inflatable bootle cooler Alexis Georgacopoulos Ecal 2000 Milking Stool Alexis Georgacopoulos Ecal 2002 VER Brush couple Adrien Rovero Ecal 2004 Aujourd hui dit par DIM die imagin re manufaktur 60 esprit propre l Ecal voqu plus haut La pelle et le balai pous si re Brush couple con us en 2004 alors qu il tait encore tudiant t moignent de cette influence Ma s la vue des objets qu il a pr sent s r cemment la galerie Kreo nous constatons l affirmation d une expression plus personnelle La table basse PIMP en alumi nium pli renforce notre sentiment de d tachement vis vis d une criture associ e l Ecal Ainsi pour les questions formelles l envi ronnement d apprentissage doit avoir une influence plus significa tive que la formation elle m me Notamment parce qu il se nourrit des objets et de atmosph re qui l entoure le designer est sujet des influences qui peuvent s exprimer sous la forme de mim tismes plus au moins ma tris s Pour le designer ce n est pas tant
146. certaines cultures R T Non puisque m me les japonais qui font du design ont t fortement in fluenc s par les am ricains bien qu ils aient eux m mes une tradition comme les scandinaves avec le mobilier Pour quoi chercher l Pourquoi chercher a Moi je suis fran ais mais en aucun cas je vais me servir de a Pour servir quoi Partir l assaut pour d fendre le design fran ais Mon cul a c est pas possible je ne peux pas imaginer une seconde de prendre les choses comme a Quand je pense que j ai v cu tout a J ai v cu ces gens qui taient de mauvaise foi pour des probl mes de gros sous d ailleurs F A Je crois d ailleurs que le design en France est arriv bien plus par le biais d une impulsion politique que par la volont des entreprises J en tendais le pr sident du VIA dire qu il n y a pas en France de grandes entre prises de mobilier R T Jai suivi l histoire Pompidou de tr s pr s C est Simone Servais qui tait une de ses conseill res l poque o Pompidou tait premier ministre et qui tait charg e d anticiper ce qu il serait s il devenait Pr sident Elle m a expliqu qu apr s De Gaulle c tait la fois tr s difficile et facile De Gaulle ayant tout bloqu il fallait que son Pr sident v hicule l id e de changement et de mo dernit Elle avait d cel chez lui un certain go t pour la peinture contem poraine Elle a d velopp tr
147. ces math matiques ont t favoris s par la possibilit de pouvoir crire les nombres et de visualiser les op rations on n imagine pas r soudre des quations complexes de t te l volution des formes a t elle profit du des sin L extension du vocabulaire formel au fil des temps est il le fruit d une plus grande ma trise de ce m dium L encore criture et dessin se rejoignent Il n est pas vident d exprimer des id es com plexes avec cent mots de vocabulaire La richesse d une langue et sa ma trise sont quelquefois pr sent es comme un corr lat n cessaire pour formuler des id es et des notions nouvelles En va t il de m me pour le dessin Un designer peut il se retrouver bloqu ou du moins 1 Andr Leroi Gourhan Dictionnaire de la Pr histoire Paris Presses Universitaires de France 1988 2 Serge Sauneron Jean Jacques Clere L criture figurative dans les textes d Esna Esna VIII Paris CNRS 1982 L influence des outils 3 Le dessin 175 Gravure Pari tale Le sorcier et Le couple Mont B go Vall e des merveilles Alpes Maritimes France p riode N olithique ge du bronze ancien env 2200 1800 av JC 176 brid dans les formes qu il cr e par une ma trise d faillante de cet outil La connaissance insuffisante des r gles de perspective par exemple peut elle g ner le designer au moment de tracer une es quisse un croquis videmment nous devons pr cise
148. che et une sensibilit aussi picturale que sculpturale Y aurait il alors un design de designer officiel et des designs d architectes de graphistes d ing nieurs etc Roger Tallon a L influence du cr ateur 3 La formation 61 commenc sa carri re en s occupant de la communication graphique chez Caterpillar puis en dessinant des machines outils Il dit se sen tir comme un barbare au milieu du Salon des Artistes d corateurs et r fute l id e de natifs de pur sangs dont la place dans ce milieu serait l gitime Il revendique pleinement ses influences tech niques en niant cette s paration ses yeux artificielle Nous verrons dans l entrevue r alis e au cours de cette tude qu il affirme tirer presque gloire d tre consid r comme un barbare D ailleurs il pr f re au mot designer le terme de solutionneur Dans le m me sens Castiglioni attachait peu d importance au design alors qu il le pratiquait quotidiennement D une part parce que comme tous ses coll gues italiens de l poque il tait archi tecte de formation et que pour lui la fa on de projeter un objet est la m me en architecture en architecture d int rieur ou en design D autre part parce que son int r t tait de comprendre en l obser vant quelles fins un produit est destin et comment il est utilis Qui refuserait Ray Eames le titre de designer sous pr texte qu elle a une formation artistique Nous devons no
149. cle r publicain qu il a t il ne serait plus un rem part contre le monarchique l origine unique mais le masque du nationalisme Concr tement part les fr res Campana qui par lent travers leurs objets des probl mes que conna t leur pays d ori gine le Br sil il est vrai que peu de designers utilisent leur nation comme source d expression et base d inspiration R cemment lors d un entretien avec Giulio Cappellini Andrea Branzi exprimait un point de vue selon lequel la notion de nationalit s est dissoute dans une somme d individualit s Le design d aujourd hui ne correspond donc plus ni aux diff rentes cultures nationales ni aux produits qui les composent mais des individus qui sont les seuls acteurs solides dans un sc nario chaotique compos de mol cules en mouvement Christine Colin Notre histoire seule planche de salut des designers fran ais in Design amp designers fran ais op cit p 28 L influence du cr ateur 2 Les origines g ographiques et culturelles 53 Toujours selon lui les seules r alit s encore reconnaissables sont les designers en tant qu individus Les designers sont des personnes d sormais devenues continents villes r gions territoires des per sonnes qui laborent et propagent un ADN qui est leur propre sen sibilit de c r monies de couleurs de salutations Il r sulte de ce mouvement une n cessit imp rieuse de faire va l
150. d affinit s esth tiques temporaires et ce qui dans la forme est influenc par le syst me productif dominant De ce point de vue l influence du corporatisme dans les formes produites se traduit par le d veloppement d un registre d coratif propre au mobilier Les tailles en pointes de diamants les cannelures et les boules sur lesquelles reposent les pieds ne sont pas issues d un transfert depuis d autres domaines mais se sont panouies en menuiserie Dans le m me sens l usage du tour bois quasi syst matiquement en parti culier pour les montants et les entretoises est un traitement propre la corporation des menuisiers Cette organisation de la production favorise la segmentation des comp tences et la sp cialisation des artisans b nistes et menuisiers se scindent clairement en deux corporations De nouveaux m tiers apparaissent Notamment la tapisserie dont la pratique est toutefois li e au mobilier Il d coule de ce mod le productif la cr ation de r pertoires formels distincts dans chaque domaine artisanal Parado xalement le corporatisme est l origine d un ralentissement du re nouvellement des formes car les liens entre les m tiers sont moins forts Les passerelles entre architecture et mobilier deviennent moins videntes Les corporations se nourrissent de leur propre produc tion ce qui cr e un climat favorable la reproduction des formes 13 Part III chap 3 L emboutissage p 275
151. de l Art fourmille d exemples dans Gampiero Bosoni sous la direction de Made in Cassina Milan Sikra 2009 p 20 164 lesquels un commanditaire exigeant a n anmoins laiss une marge d expression cr ative l artiste Jusqu la Renaissance les uvres d art parvenues jusqu nous sont presque exclusivement le fruit de commandes Qu ils soient pape monarque ou riche marchand les grands commanditaires ont souvent trouv un point d quilibre entre leurs affinit s personnelles et la libert accord e l artiste pour exprimer son originalit et sa personnalit Mais la compa raison doit s arr ter l ne confondons pas chef d entreprise et m c ne La figure de l entrepreneur clair semble mieux adapt e aux r alit s industrielles L industrie italienne du meuble par exemple regorge de person nalit s qui vont bien au del du simple fondateur d entreprise La sagacit louverture d esprit et la perspicacit des fr res Humberto et Cesare Cassina a certainement eu une influence non n gligeable sur l volution des formes dans le domaine du mobilier L histoire de cet diteur fait cho aux notions d change et de dialogue vo qu es plus haut Les recherches de Gio Ponti sur la l g ret avec la chaise Superleggera les travaux de Vico Magistretti pour le fauteuil Sindbad ou les exp rimentations de Gaetano Pesce sur la mise en forme des r sines n auraient certainement pas abouti au m me r
152. de pr ambule chacune des parties tudi es Les situations voqu es nous fournissent le point de vue de designers confront s dans la pratique des influences dont ils avouent ne pas toujours avoir conscience Souvenons nous qu il est plus facile de pr dire que d expliquer Il nous faudra c est certain accepter de laisser la forme un sens incompris Notre position rejoignant alors celle de Georges Bataille dans un article sur l informe publi dans la revue Documents qui pr cise que son intention n est pas de donner le sens des choses mais les besognes des choses 4 Nous ignorerons souvent et peut tre toujours l origine d une courbe ou la provenance obscure d une morphologie Nous serons fr quemment tent s de donner la forme un autre sens qu elle m me et de la confondre avec les no tions d image et de signe Notre d marche n est pas iconographique Ainsi d s pr sent admettons que bien que la forme soit mati re autant qu esprit nous la capterons dans son ensemble Sans op rer de distinction pr alable 3 Victor Hugo Utilit du beau Proses philosophiques de 1860 65 in uvres compl tes de Victor Hugo Paris Robert Laffont 1985 4 Georges Bataille L informe in Documents Extrait du catalogue de l exposition L informe mode d emploi Rosalind Krauss et Yves Alain Bois Paris ditions du Centre Pompidou 1996 L INFLUENCE DU CR ATEUR ENTRETIEN AV
153. densit Calor France 1970 S che cheveux DM395 en m lamine GEC UK vers 1949 S che cheveux mod le 135 en ABS Sicer Italie 1980 S che cheveux Salon Dry Control Philips 2009 270 SalonDry Contro L influence des proc d s de fabrication 2 L injection plastique 271 facilement sentir la chasse aux contre d pouilles et aux angles vifs La fluidit formelle peut dans ce cas se justifier par une recherche ergonomique mais il ne faut pas se m prendre elle est surtout le r sultat d une forme subordonn e aux imp ratifs du moulage de m tal sous pression De m me la fusion entre le manche et le vo lume sup rieur peut s interpr ter comme la recherche d une pura tion visuelle mais il ne faut pas oublier qu elle permet aussi de li miter le nombre de moules et donc de r duire le co t de production L apparence du s che cheveux fabriqu vingt ans plus tard par l entreprise polonaise FEMA ne semble pas s loigner des m mes contraintes Le volume est form de deux coques de bak lite mou l es maintenues par des vis videmment le sch ma formel est dif f rent Ce mod le peut tre pos de mani re stable sans socle et sa silhouette lui donne l aspect d un escargot N anmoins pour ce qui nous int resse ici l influence du mode de fabrication sur la forme l usage de la bak lite ne semble pas apporter de modification pro fonde dans les imp ratifs structurels de l objet
154. designer ponge l imaginatio et la phantasia du cr ateur Qu entend Peter Mayers par le mot compt De quelle ma ni re le travail d un chef cuisinier d un peintre d un dramaturge ou d un compositeur peut il compter pour un designer Pouvons nous esp rer trouver dans leurs r alisations des r ponses aux in terrogations soulev es par l exercice du design La seule diversit des noms cit s suffit nous d munir face la richesse des sources d inspirations voqu es Qu est ce qui permet de faire cohabiter dans l esprit de Raymond Loewy les tailleurs de Chanel et le Li vre la Royal d Escoffier L influence du cr ateur 8 Porosit des influences 121 Pour Bossuet au XVIIe si cle la facult des hommes faire se rencontrer et s animer des images h t roclites rel ve de l imagina tion Toutes les fois qu un objet seul par le dehors demeure int rieurement ou se renouvelle dans ma pens e avec l image de la sen sation qu il a caus mon me C est ce que j appelle imaginer Ce point de vue rejoint nos pr c dentes r flexions quant aux interac tions entre l environnement et les choix esth tiques d un designer En effet selon Bossuet tout discours sur l imagination se voit contraint de reconna tre une certaine d pendance de nos images mentales l gard de r alit s ext rieures Car si l imagination permet d tablir des ponts entre des domaines pr alablem
155. dre compte Devons nous nous risquer faire un rappro chement entre la fra cheur l imm diatet le foisonnement de ses dessins et les paysages montagneux qui ont laiss leur empreinte dans son esprit D apr s Gilles de Bure le milieu dans lequel Sott sass a pass les premi res ann es de sa vie a profond ment influ sur son temp rament Tout tait l qui allait favoriser son go t de l indicible son intuition de la fugacit sa science de l impalpable Neuf ann es pour s impr gner tout jamais de ce climat de cette atmosph re Neuf ann es indestructibles inoubliables si profond ment ancr es en lui que presque inconsciemment ses proches col laborateurs des ann es 1980 Aldo Cibic Michele de Lucchi Matteo 1 Gilles De Bure Ettore Sottsass Jr Paris Rivages 1987 p 20 L influence du cr ateur 1 Des v cus 37 Thun Marco Zanini seront encore originaires du Haut Adige ou de la V n tie Les cr ations qu il r alise dans les ann es 80 pr s de soixante ans apr s avoir quitt les vall es du Sud Tyrol pour Turin puis Milan conservent cette science de l impalpable Le meuble Beverly 1981 la st le de bronze et de marbre La Presenza 1992 et la commode Coming back from the palace in Jaisalmer 1987 ren forcent notre sentiment de fugacit et indicible L environnement rural n est pas le seul avoir eu une influence sur Sottsass Son adolescence
156. e La main est action elle prend elle cr e et parfois on dirait qu elle pense 7 Un autre historien de l art Daniel Arasse reprend quant lui les propos du philosophe Denis de Rougemont lorsqu il d clare Les uns pensent dit on les autres agissent mais la v ritable condition de l homme est de penser avec les mains La main ne se limite pas au trac de formes intelligibles inversement il n est pas n cessaire qu une forme soit clarifi e mentalement pour quelle puisse tre couch e sur le papier En effet le dessin n est pas juste une repr sentation c est d j une cr ation La main aussi habile soit elle demeure limit e par son amplitude et sa pr cision En tant qu organe elle est soumise la fatigue physique Les formes issues du dessin manuel sont limi t es par les possibilit s du geste et du corps Cet organe induit des morph mes dont nous devons nous m fier Les lignes sinueuses des objets issus de la performance du collectif su dois Front Design nous rappellent que le corps dans son ensemble est naturellement dis pos r aliser une certaine gamme de mouvements Les formes cir culaires cubiques coniques les lignes droites et autres perfections g om triques sont des concepts abstraits des images mentales qui n existeraient pas si la main seule g n rait des formes Cette der ni re remarque nous am ne nous int resser aux outils graphiques Crayon feutre gouach
157. e L industrie reproduit tout et il y a des clich s partout Comment dans ces conditions restaurer de la raret du discriminant dans un monde d empreintes surabon dantes o se galvaudent les anciennes valeurs d unicit d origina lit d authenticit sinon en inventant de nouveaux demi dieux 5 R gis Debray Vie et mort de l image Une histoire du regard en Occident Paris Gallimard 1992 P 73 6 Part I chap 2 L influences des origines g ographiques et culturelles Ce qui fait cole p 46 L influence du cr ateur 6 L originalit la culture de exclusivit 81 des Michel Ange qui seraient aussi des Mo se Les r flexions de Jean Baudrillard sur l uniformisation des apparences rejoignent nos pr c dentes remarques Selon lui c est la concentration monopo listique industrielle qui abolissant les diff rences r elles entre les hommes homog n isant les personnes et les produits inaugure simultan ment le r gne de la diff renciation Ainsi la n cessit imp rieuse pour un designer de se d marquer pour exister viendrait de la mondialisation industrielle La mise en concurrence simulta n e avec des cr ateurs de tous horizons influencerait les designers en les incitant emprunter des voies toujours plus excentr es et excentriques Le fait de subordonner la valeur d un travail son originalit et son authenticit n est ni propre au design ni une id e nouvelle L his
158. e tape du d veloppement Manifestement la forme de l objet s est heurt e d autres d terminismes face auxquels le des sin a d abdiquer Les photos de maquettes et de prototypes diffu s es sur leur site nous encouragent nous pencher sur l influence de ces outils volumiques in y 15 Propos de Konstantin Grcic extraits du catalogue de l exposition Dessiner le design RUBINI Constance sous la direction de op cit p 10 Dessin pour la chaise Vegetal Ronan et Erwan Bouroullec Vitra 2008 4 LA MAQUETTE Un corps tangible l illusion palpable Dans la chronologie d un projet la maquette ne poss de pas d emplacement pr d termin Sa r alisation peut intervenir aussi bien d s les premi res recherches que durant la finalisation d un objet Par ailleurs comme le dessin cet outil poss de une multipli cit d usages aux finalit s tr s vari es Il recouvre un large champ d applications que nous diviserons en deux grandes cat gories La premi re se veut la plus r aliste possible Elle est parfois appel e maquette d aspect et sert principalement la communication d un projet En cela elle exige un niveau de d tail et de pr cision qui lui font prendre place la fin du processus de conception La deu xi me celle qui nous int ressera particuli rement est un outil de travail De la visualisation des proportions des exp rimentations ergonomiques en passant pas des recherch
159. e Delage Bugatti etc Aux tats Unis en 1898 on comptait 50 marques et en 1908 291 D s la fin du XIX me si cle le belge Camille Jenatzy d passe le premier les 100 km h et la fabrication en s rie de la Ford T a d but aux Etats Unis en 1908 Le d veloppement de l industrie auto mobile contrairement l aviation n a donc pas attendu la premi re guerre mondiale pour sortir de la confidentialit Cependant avant la g n ralisation de l organisation scienti fique du travail sur les cha nes de production la mise en forme des t les n cessitait les efforts de carrossiers devant laborieuse ment contraindre la feuille de m tal adopter la morphologie de contre formes en bois l aide d outils traditionnels Les formes ar rondies des calandres des Bugatti du d but du si cle nous d mon trent autant le savoir faire des artisans carrossiers de l poque que la difficult mettre en forme des pi ces aux courbes complexes La Bugatti Type 23 illustre la complexit du travail Les surfaces 1 The first dramatic signs of mass production began to appear before the world war I when it became evident that the automobiles were being designed for more modern production methods In 1914 at the fourteenth annual automobile show at the Grand Central Palace in New York i twas acknowledged that the streamlines in there fullness are here Before this time automobile bodies had been hand fabricated by carriage ma
160. e Il ne pense pas aux questions de bon ou mauvais go t sinon il tomberait dans la d co F A Le travail de Marc Newson est pourtant directement identifiable Formellement il y a une homog n it entre tous ses projets R T Oui Cest pour a qu il est des notres plus que de la tendance actuelle F A Vous avez t directeur artistique de Caterpillar France Vous tiez res ponsable de tout ce que la firme ditait comme catalogues brochures notices techniques formulaires annonces dans la presse J aimerais savoir ce que la pratique de ce qu on appelle commun ment design graphique vous a apport Vous tiez galement en charge de l image globale de l en treprise Est ce que d avoir eu ce moment une vue globale des activit s d une grande soci t a chang votre vi sion des entreprises par la suite R T Pas exactement j tais directeur de la publication J ai appris beaucoup ce moment l La communication com merciale est un domaine int ressant J ai tout appris Nous tions la filiale europ enne d une entreprise am ri caine Nous recevions des instructions Les entreprises am ricaines sont carr ment dictatoriales Il n y avait pas de li bert d initiative M me quand j tais chez G n ral Motors c tait pareil On travaillait avec des chartes Nous tions enferm s dans des syst mes a ne veut pas dire que nous tions condamn s 249 mort
161. e des techniques mises en uvre dans la fabrication d un produit sur sa forme Par ailleurs si nous poursuivons nos observations nous notons qu il faudrait toujours parler de moules au pluriel En effet celui ci est compos de deux parties au minimum La jonction entre ses L influence des proc d s de fabrication 1 Le moulage 263 l ments laisse une trace sur la surface de l objet appel e plan de joint Soit cette ligne parcourt des faces non visibles de l objet soit elle est effac e par une op ration de finition L encore dans cha cun des cas le produit porte les marques de sa fabrication Un dernier l ment trahit le proc d de fabrication utilis Ce lui ci est le plus souvent invisible mais se remarque parfois sur les pi ces de mauvaise qualit La mati re doit tre introduite dans le moule par un orifice Que le moule soit rempli par gravit lorsque l argile est visqueuse ou que la c ramique soit inject e sous pression son insertion laisse invariablement une trace plus ou moins discr te Comme pour le plan de joint la terre a l avantage de pouvoir se pon cer pour faire dispara tre cette trace N anmoins l emplacement de ce point n est pas al atoire Il est dict par la g om trie de l objet L encore en choisissant d employer la technique du moulage on choi sit galement de soumettre la forme de l objet ces d terminismes Comme nous l avons vu chaque technologie de mise
162. e personne ayant suivi une formation d architecte un ing nieur un l ve des Beaux arts et un tudiant d cole sp cialis e auront vi demment des r f rences et une culture du projet diff rentes Non seulement leurs m thodes de travail ne seront pas les m mes mais leurs sensibilit s varieront Malgr cela rien n indique que nous pouvons tablir un lien entre les formes propos es et la formation suivie La tentation est grande d imputer aux designers ayant eu un apprentissage technique une approche rationnelle des questions for melles et a contrario d attribuer aux tudiants de fili res artistiques une sensibilit plus plastique La r alit nous montre un paysage beaucoup plus vari D une part parmi les architectes pratiquant le design il existe une grande diversit d expressions La compa raison des objets de Zaha Hadid avec ceux de Norman Foster suf fit d montrer quel point cette division est contestable D autre part la vari t des formes issues des travaux d tudiants de l Ensci va galement contre sens des regroupements nonc s plus haut S il y a une proximit entre les travaux de designers ayant suivi des formations identiques elles concernent plus des m thodes de re pr sentation de communication et des pr occupations communes que des similarit s formelles Nous aborderons les questions li es aux exp riences accumu l es au cours d une vie et leurs influences ult rieureme
163. e base sur les travaux men s actuellement dans le domaine de la robotique de la vie artificielle VA et de l intelligence artificielle IA pour cr er des espaces aux morphologies s rielles constitu s d un r seau interconnect de cellules Le pavillon Seroussi pr sent en 2007 est le r sultat d une approche appel e computationnelle qui vise utiliser l ordinateur pour initier des proc dures g n ratives ia n ir Ss Ti J r ri i chaise Computational Design EZCT prototype 2004 Mesonic Emission Pavillon Seroussi Alisia Andrasek Paris 2007 210 calqu es sur des algorithmes g n tiques Dans son essai Mutation in cr mentales Fr d ric Migayrou Directeur adjoint du Centre Pom pidou et organisateur de l exposition Architectures non standard en 2003 voit dans ces travaux l inauguration d un domaine o la simulation g n tique croise les sources de la biologie mol culaire des processus de r plication de transcription ou de translation d un mat riel g n tique En ce sens les formes des architectures d Alisa Andrasek ne sont plus d termin es par la volont d un cr ateur mais s attachent reproduire les m canismes de la morphog n se l uvre dans la nature Elles deviennent des agents autonomes sur lesquelles lar chitecte se d fend d avoir une quelconque emprise Selon Fr d ric Migayrou les tats formels qui app
164. e chaque influence formelle afin den d masquer les coupables Nous agirons comme observateur essayant de cap ter la forme dans sa diversit ses incertitudes ses variations et son oscillation constante S int resser la forme c est aussi choisir de se laisser toute lati tude pour voquer le fond Derri re la physionomie des choses ce sont les aspects culturels et sociaux d une soci t qui apparaissent en filigrane La forme c est le fond qui remonte la surface crit 16 Victor Hugo D s lors qu il est question d influence notre propos ne peut luder les interactions entre un produit et son contexte Notre discours ne peut viter les allers retours entre une vision globale g n raliste avec des perspectives historiques tendues et une chelle plus r duite allant vers des particularismes locaux ou des exceptions significatives Bien que les probl matiques conomiques et politiques ne soient pas tudi es frontalement elles sont n anmoins appel es graviter tout au long de ce m moire dans le champ de nos pr oc cupations Notamment par le biais d entretiens avec trois designers aux personnalit s loign es Patrick Jouin Martin Szekely et Roger Tallon Nous avons fait le choix de ne pas commenter ces entrevues dans leur int gralit mais de venir y pr lever au cours de nos r flexions des r f rences concr tes et le t moignage de trois cr ateurs exp riment s Nos discussions servent
165. e concept de Gesamtkunstwerk uvre d art totale Laslo Moholy Nagy 1895 1946 succ de Jo hannes Itten en 1923 pour diriger le cours pr liminaire et l atelier de m tal Par la suite les premiers num ros de la revue Domus fond e en 1928 mettent l accent sur les diff rents mouvements artistiques qui pendant le premier quart de si cle ont forg ou influenc le monde des formes la rigueur statique des cubistes le dynamisme violent des futuristes l abstraction m caniste des constructivistes De plus l radication annonc e de l autonomie disciplinaire ren contre plusieurs voies contestaires qui nous incitent relativiser l influence attribu e ce mouvement Martin Szekely s interroge sur le bien fond des qualit s attribu es ce courant Est il r ac tionnaire ou visionnaire de penser la sp cificit d une discipline de poser des questions sur le statut des productions d objets et d art visuel aujourd hui Est il possible d tudier nouveau les sujets fon damentaux clips s par un processus de brouillage des diff rences entre les disciplines Pour redonner du sens des sujets tels que la valeur d usage il faut galement poser la question de l utilisateur Ainsi bien que les propos de Martin Szekely ne soient pas motiv s par des interrogations formelles mais par des pr occupations sur la 12 Martin Szekely parlant de son travail dans Martin Szekely Paris Images Modernes Kreo 20
166. e et stylo poss dent eux aussi leur propre re gistre formel au m me titre que la r gle et le compas dont le desi gner doit avoir conscience Ils agissent comme des filtres Ne sen tons nous pas derri re certains objets notamment les cyclomoteurs et les carrosseries de voitures la vivacit d un coup de crayon ou la tension d un geste Dans ce sens d finir une forme par le dessin manuel c est aussi choisir de se soumettre l influence de sa main et aux d terminismes des outils graphiques Les fr res Bouroullec qui affirment passer leurs journ es pench s sur leurs carnets nous invitent en prendre conscience Dessiner peut aussi tre un mo ment d incertitude La souris d ordinateur et les logiciels infor matiques poss dent aussi leurs propres inclinaisons formelles Nous en tudierons quelques unes par la suite 7 Propos de l Historien d art Henri Focillon dans son ouvrage loge de la main Paris PUF 1934 8 Ronan et Erwan Bouroullec dans le catalogue de l exposition Dessiner le design op cit p 66 L influence des outils 3 Le dessin 181 Le dessin comme une fin en soi Comme il arrive qu un lecteur demi distrait crayonne aux marges d un ouvrage et produise au gr de l absence et de la pointe de petits tres ou de vagues ramures en regard des masses lisibles ainsi ferai je selon le caprice de l esprit aux environs de ces quelques tudes d Edgar Degas Paul Val ry Int
167. e figuratif de Marcel Wanders nous constatons que la production actuelle prend des formes vari es Les paradigmes qui encadraient les d marches cr atives au cours du XX me si cle se sont peu peu dilu s dans la multitude d individualit s qui forment aujourd hui le paysage du design Bien que les pr occupations cologiques aient abouti la codification des processus d co conception leur influence sur la production formelle reste faible D un point de vue g n ral la coh rence du rapport entre forme et fonction n est plus le discours dominant depuis d j longtemps Selon Beno t Heilbrunn le design actuel signe l apologie du bran ding fond sur la pr minence de l image par rapport l usage La m diatisation croissante de cette discipline n y est sans doute pas trang re Lune des caract ristiques remarquables des cr ations contemporaines est peut tre leur propension jouer sur le d cala ge outrance entre la forme et la fonction Les objets dessin s par bon nombre de jeunes designers hollandais reposent essentielle ment sur cette dissonance Nous retrouvons cette ambivalence chez un designer comme Philippe Starck qui peut la fois d clarer qu un produit doit parvenir ses fins avec le minimum de moyens ou encore Jaime atteindre les choses la racine et en m me temps t moigner d une volont de sortir l objet de sa valeur d usage en lui conf rant une cinqui me dimen
168. e lecture ne sera pas tempo relle mais s articulera autour de trois protagonistes correspondant chacun un niveau d influence Dans un premier temps nous tenterons de discerner l implica tion du designer dans la cr ation d une forme Dans quelle mesure son influence s exerce t elle Comment la reconna tre Quelle est l tendue de cette emprise O commence le compromis Sous quels morph mes sa singularit s exprime t elle Notre int r t se portera ensuite sur les outils dont il dispose pour rechercher d fi nir et concevoir une forme Sont ils des instruments serviles soumis la volont du designer Les objets portent ils des stigmates d ou tils S il est possible de gommer ces empreintes quelle en serait la finalit Quelle est la part d influence de chacun d eux Existe t il des vecteurs d mancipations Enfin il sera question des moda lit s de fabrications des moyens existants pour donner la forme son enveloppe mat rielle d finitive Quelles relations tablir entre d veloppements techniques et volutions formelles Jusqu o la morphologie d un objet est elle assujettie au potentiel des outils de production Un mode de mise en uvre peut il orienter nos affi nit s esth tiques Quels liens relient la fluctuation des styles et la ma trise d une technologie Rappelons que notre intention n est pas de pratiquer une autopsie de diss quer des objets pour remon ter la source d
169. e m me environne ment au contact les uns des autres Nous rejoignons donc nos pr c dentes remarques L influence d une cole concernerait davantage les m thodes de travail que les affinit s formelles des l ves Dans ce cas que dire d une cole comme l Ecal En quelques an n es l cole cantonale d art de Lausanne est pass e sous la direction de Pierre Keller d un quasi anonymat une reconnaissance interna tionale Les tudiants qui y sont form s font r guli rement l objet de portraits dans la presse sp cialis e o ils sont pr sent s comme de jeunes talents Les m mes magazines d crivent cette cole comme une v ritable p pini re de designers prometteurs Jusqu au milieu 1 Entretien avec Henri Griffon et G rard Laiz Design amp designers fran ais op cit p 9 L influence du cr ateur 3 La formation 59 de la d cennie une grande partie des r alisations produites parta geaient le m me esprit Une patte Ecal faite de d tournements humoristiques de sc narisations et de citations explicites se retrou veraient dans de nombreux projets d tudiants Les objets dessin s par Alexis Georgacopoulos le responsable du d partement design produit sont certainement les plus repr sentatifs de cette approche L Infaltable bottle cooler cr en 2000 et le Milking Stool ont particip la diffusion de ce style Ecal D s lors nous avons toutes les raisons de suspecter que
170. e n ai jamais ce souci Je vous le dis honn tement c est une question redondante Je vous sugg re pour la suite de votre vie pro fessionnelle de ne jamais prendre les donn es pour des contraintes On ne va pas contre un client on l accom pagne Si vous tes contre un client vous allez signer un mauvais contrat et vous allez faire un mauvais travail Dans ce cas vous vous sentirez d u par ce qu il maura soi disant pas com pris votre intention Je ne me pose ja mais de cette fa on l avec un client C est dire qu il y a des donn es il y a la r alit et si ma proposition est suf fisamment forte elle aura inclu d em bl e ces r alit s Par contre il peut aussi exister une r alit que je mai pas vue c est moi de l inclure dans le projet Je vous sugg re fortement de r fl chir cette question pour ne pas vous pour rir la vie Tous les jeunes designers pen sent que l industriel est quelqu un qui va uvrer contre le projet qui va le d former le d naturer C est un non sens Partir d un tel postulat est un constat de faiblesse Si vous tes suffisamment fort vous allez au contraire emmener les gens avec vous Il y a m me des cas notoires Quand Philippe Starck avec son pouvoir d influence et sa capacit communiquer sur les projets embarque les clients avec lui ils le suivent m me lorsque ce sont des mauvais projets Vous voyez que cela peut aboutir une aberration F
171. e que la consid ration de la dur e aurait assujetti quelque incommodi t non plus que si ayant satisfait ces deux premi res conditions il se trouv t d fectueux en la derni re qui est la beaut 5 Nous 4 l id e de champs de libert a t propos e par l ing nieur en lectricit en acoustique et docteur en physique et philosophie Abraham Moles 1920 1992 Ce concept est applicable la pratique du design bien qu il ait t formul en r f rence aux outils technologiques Abraham Moles en collaboration avec lisabeth Rohmer Les sciences de l impr cis Paris Seuil 1990 15 Andrea Palladio Les quatre livres de l architecture traduction int grale de Freart de Chambray en 1650 Livre premier Chap l premier Paris Arthaud 1980 p 19 Montre mod le Mach chronograph collection Mach 2000 Roger Tallon Lip 1973 154 remarquons que pour Palladio la beaut constitue une fonction part enti re au m me titre que la commodit Ce qui nous renvoie de nouveau vers Roger Tallon qui nous enseigne que la forme ne suit pas la fonction mais toutes les fonctions La forme soumise au principe d efficacit Il arrive que dans certains cas la fonctionnalit d un objet prime sur toutes les autres consid rations lors de la d finition d une forme La facult d un produit remplir correctement la fonction pour la quelle il a t con u est dans ce cas primordial Cette dimension es
172. e sens il initie une organisation paternaliste du travail o la figure du patron en trepreneur se substitue celle de l Etat Progressivement l innova tion n est plus exclusivement port e par le syst me tatique mais devient le fruit d initiatives individuelles Pour le domaine qui nous int resse particuli rement le mobi lier en bois la r ussite de l b niste et industriel autrichien Michel Thonet durant le XIXe si cle est d monstrative de cette volution En 1816 vingt ans Michel Thonet cr e une petite fabrique de meubles dans laquelle il exp rimente des assemblages et des ma ni res de courber le bois Ses recherches aboutiront la mise au point d un proc d in dit de mise en forme de lattes de h tre tu v es courb es puis s ch es et ponc es Thonet d pose sont brevet en 1841 et con oit un premier prototype d finitif huit ans plus tard La forme de la chaise n 4 avec le dossier et les pieds arri re d un seul tenant est non seulement issue d une innovation technique mais provient des travaux d un homme et pas d une institution En L influence des proc d s de fabrication 4 L organisation de la production 299 ce sens l aspect novateur des courbes de la c l bre chaise n 14 pro duite plus de quarante cinq millions d exemplaires jusqu en 1903 doit galement tre per ue comme une cons quence de l volution du mod le productif La conception g n rale des chaise
173. e sur la morphog n se3 ceux ci voquent des tres dont l volution a atteint un stade qui les extrait du jeu de la s lection naturelle Ce qui n est pas sans 3 Paul Bourguine Annick Lesne sous la direction de Morphog n se L origine des formes Paris Belin 2006 Conclusion 313 nous rappeler les m duses dont Patrick Jouin vantent la perfection formelle que des milliards d ann es d imperceptibles mutations auraient affranchi des influences auxquelles nous sommes soumis Serait ce le cas du gobelet antique dont Martin Szekely dit s tre inspir pour dessiner le verre Perrier Il existe de nombreux objets sans ge tels que les clous les bougies ou les tr teaux que le temps a mis l abri des soubresauts esth tiques de notre poque Ils sont alors insensibles anesth si s les d terminismes mentionn s au cours de ce m moire n auraient plus prise sur eux Louis Sullivan nourri par les th ories d battues en son temps souligne d s la fin du XIXe si cle les liens qui unissent l volution des formes aux im p ratifs dict s par la naturef Pour paraphraser la c l bre formule de l auteur les morphologies quilibr es cit es plus haut seraient celles dont la forme suit le mieux les fonctions Elles atteindraient une hypostase contenant dans leur perfection chacune des r ponses aux exigences de leur environnement Pour que le rapprochement esquiss avec les positions darwi niennes soit
174. eaut ne sont pas des choses compliqu es atteindre la justesse nous semble l tre davantage La justesse doit prendre en compte un ensemble de param tres assez complexes Le design dans son ensemble peut tre une science complexe L extraordinaire n est pas dans une recherche d originalit mais de justesse L originalit ne nous int resse pas en soi ce n est pas une fin Nous pourrions nous opposer leur point de vue en leur fai sant remarquer qu ils omettent de mentionner le double sens du mot originalit Rappelons les propos de M lanie Leroy Terquem qui s parent l originalit voulue et outr e de l originalit naturelle et g niale Matali Crasset partage cette opinion Pour elle ce n est pas ce qui d finit la l gitimit d un projet Elle va m me plus loin en affirmant ne pas y pr ter attention Quand je fais un projet je ne regarde jamais ce qui a t fait ailleurs Parce que je me dis que si jy mets beaucoup de r flexion que si je sors quelque chose de l int rieur ce sera forc ment diff rent Ce temps pass regarder ce que font les entreprises concurrentes je le mets plut t dans la recherche d intentions plus profondes Et c est le plus souvent ga gnant parce que les choses qui sortent sont forc ment diff rentes De la m me mani re je ne porte aucune attention aux tendances on peut tout leur faire dire Il y a des courants par ci des courants par l Ce n est pas cela qu
175. els sont majoritairement issues d une impulsion humaine La technologie ne serait dans ce cas qu un relais pour cet lan d innovation 4 L ORGANISATION DE LA PRODUCTION Au del des outils employ s pour transformer la mati re la fa brication d objets implique une organisation de la production Cette organisation est appel e syst me productif Nous pouvons le d fi nir comme un ensemble d l ments ajust s qui a pour objectif d en gendrer un objet Dans le cadre de ce m moire nous nous concentrerons sur la r alisation d objets de consommation de masse N anmoins pour comprendre l influence des syst mes productifs dans la formalisa tion des objets il nous faut observer un large spectre de la produc tion travers l Histoire En effet Les soci t s humaines n ont pas attendu le milieu du XIXe si cle pour s organiser afin de produire en grand nombre des objets de consommation Nous avons vu pr c demment que d s l Antiquit la fabrication des amphores des tuiles et des briques relevaient d un syst me productif visant trans former une mati re brute en objet fabriqu en s rie Des tribus pri mitives l entreprenariat du XIXe si cle en passant l esclavage et les confr ries d artisans du Moyen ge chaque soci t a d velopp D finition propos e par Edouard Simo ns dans son m moire de fin d tude Entre syst mes productifs industriels et soci t sous la direction de Marie Ha
176. embrandt l cole nazar enne l cole de Barbizon l cole bolonaise l cole anglaise etc Ibid ci dessus Horloge Axis Paul Schudel Designum et Laag keppel 1991 ci contre Spots Strahler Bruno Niamber Van Eyben Siemens AG Holland 1990 48 En 1992 Inger Uipkes propose un paravent constitu de bande lettes de papier recycl L effet optique n est pas sans voquer les pro pos de Beno t Heilbrunn sur la tradition picturale n erlandaise Tejo Remy a con u en 1991 un luminaire compos de douze bouteilles de lait suspendues La m me ann e et dans le m me esprit Marcel Wanders qui vient d int grer Landmark Design amp Consultancy l un des studios de design les plus importants des Pays Bas propose une accumulation tot mique d abat jours Ces objets peuvent tre per us comme le d but d un mouvement de fond qui prend comme base de langage le d tournement d objets existants Nous nous int res serons par la suite l influence du ready made sur les formes Les d tournements propos s alors ont comme point commun la cr a tion de sens en faisant se rencontrer voire s entrechoquer des objets aux provenances et aux fonctions diverses Le collectif Droog Design cr dans la foul e par Gjis Bakker et Renny Ramakers prend ses racines sur ce terrain II se caract rise par une utilisation conome des ressources notamment en ayant recours des mat riaux de r cup ration et une forme
177. en passant par la crise d appendicite de Matisse 2 Fran ois Olivier Rousseau Andr e Putman Paris Regard 1989 p 47 3 Gilles De Bure Ettore Sottsass Jr Paris Rivages coll Styles 1987 p 33 L influence du cr ateur 3 La formation 65 Page du catalogue de l exposition de c ramiques la galerie Il Sestante Milan mai 1963 Les t n bres se r pandent partout comme une ombre livide mais je ne peux rien faire Ou bien peu Seulement des c ramiques Ettore Sottsass Jr extrait de Ceramiche delle tenebre Milan East 128 1963 66 chacun de ces v nements a influ sur leur cr ativit et par ex tension sur leur production Conscient de ces imbrications Sott sass donne au cours d une soir e un conseil r v lateur Nathalie Dupasquier Au soir d une journ e agit e riche d v nements de pr sentations et de vernissages lors du Salon du Meuble de Milan en 1986 la jeune Nathalie Dupasquier qui vient de rencontrer un double succ s pour une collection d horloges et une autre de tapis il d clare Bravo Nathalie c est de l excellent travail Tu es plus que dou e tu seras peut tre la plus grande Mais maintenant il est temps que tu aies une ann e de crise Sottsass exprime ici la relation troite entre la nature des r alisations d un designer et ses conditions d existence Les p riodes de difficult s professionnelles sont aussi le temps privil gi pour
178. en va de m me pour les affinit s esth tiques Celles ci n ont pas de tra abilit vidente mais orientent l apparence des objets qui nous entourent Chacun conna t le c l bre adage les go ts et les cou leurs Cerner ce qui rel ve de l arbitraire ne revient il pas tenter de justifier l injustifiable Notre ambition n est pas de disculper les designers parce qu ils sont soumis telles o telles influences Elle s apparente plus d tecter d cerner et divulguer les intercessions qui d terminent en partie la morphologie des objets Avant de cher cher l gitimer des influences nous les mettons en lumi re C est cette position que nous continuerons de privil gier pour percevoir l o appara t la singularit d un designer travers quels morph mes ces affinit s personnelles transparaissent elles 5 LES GO TS UNE APPROCHE SUBJECTIVE DES FORMES Entre les affinit s de tous et le go t de chacun Nous ne pouvons d buter une enqu te sur l influence du go t dans la formalisation des objets en faisant l conomie d une tude des contradictions qui entourent l usage de ce mot Originellement l tymologie latine du mot go t renvoie aux caract ristiques recon naissables par le sens gustatif Son usage implique un renseignement sur les saveurs et la composition des aliments partir du XIIe si cle son sens s est rapproch du mot gothique kausjan qui poss de des applications plus lar
179. ent Design amp designers fran ais Paris Medifa Industries fran aises de l Ameublement 2006 p 11 L influence du cr ateur 2 Les origines g ographiques et culturelles 55 Vitra en 2006 permettent simplement de rappeler que la collabora tion de Perriand et Prouv est bien le fruit de la rencontre des trajec toires de deux cr ateurs de meubles Il s agit de la deuxi me version d une r dition de 2002 qui n avait pas tout fait convaincu les fini tions pr cieuses italianisaient l ing nieur fran ais Les premi res r ditions de Prouv par Tecta l avaient germanis Ainsi c est sou vent par la n gative que l on est oblig de reconna tre aujourd hui une identit fran aise La version propos e par Vitra semble mieux rendre compte de l esprit de l ing nieur et notamment la conjonc tion dans son travail de la modernit de la science de la technique et de la rusticit Cependant c est parfois l entreprise qui cherche faire fructifier les particularismes locaux en se faisant le relais d une singularit nationale Lors d un entretien sur le travail des Bouroullec Giulio Cappellini confie son attachement aux valeurs end miques du de sign Je suis persuad que le futur offre des perspectives pour les designs dits r gionaux ou nationaux et je travaille beaucoup dans ce sens en essayant d analyser les diff rentes influences cultu relles des designers dans diff rente
180. ent loign s elle est na turellement influenc e par la nature des l ments observ s M me l imagination la plus prolifique est d pendante des r f rences qu elle convoque de la mati re mise sa disposition Sans contact senso riel avec le monde ext rieur l imagination demeurerait aveugle Au XVIIIe si cle Diderot r affirme l autorit du r el sur le pou voir imaginatif Il conf re l imagination un r le de repr sentation au service de la m moire Facult de se peindre les objets absents comme s ils taient pr sents d emprunter des objets sensibles des images qui servent de comparaison d attacher un mot abstrait un corps La deuxi me partie de cette d finition nous int resse particuli rement Diderot y insiste sur la finalit comparative des images sensibles des images capt es par nos sens L imagination n est plus simplement rattach e la m moire ma s a un r le actif Elle op re des s lections des combinaisons de divers l ments em piriques ainsi qu elle le pratique dans les r ves les r veries diur nes ou les fictions Pour r sumer il y aurait deux principales formes d imagination La premi re l imagination reproductive serait subordonn e la m moire Elle servirait se repr senter des objets concrets en leur absence en imaginant leurs qualit s per ues par nos sens leur image sensible forme couleur odeur texture Ce r le est identifi d s J
181. ent absentes Avant que les architectes et les designers ne s emparent de ces outils les premiers logiciels se sont r pandus dans les bureaux d tudes comme un moyen d ac c l rer le d veloppement technique d un produit et d apporter des solutions des probl mes d ing nierie Aujourd hui encore la grande majorit des logiciels disponibles demeurent tourn s vers des usages au service de l ing nieur L in dustrie de l aviation notamment a d velopp ses propres outils in formatiques pour les adapter ses besoins Dassault Aviation nous fournit l un des exemples les plus aboutis en ce qui concerne l int gration des programmes de CAO dans la cha ne de conception Le Falcon 7X est le dernier des jets trir acteurs de luxe commercialis L influence des outils 5 L informatique et les outils num riques 197 par l entreprise Cet avion qui a effectu son premier vol en mai 2005 a t enti rement con u sur une plateforme num rique vir tuelle Concr tement cela veut dire qu il n y a pas eu de prototype ou de maquette en bois l chelle 1 r alis e durant son d veloppe ment Les logiciels Catia Enovia et Delmia ont suffi l laboration de cet appareil complexe dans les moindres d tails Pour J r me Camps un des responsables du bureau d tudes charg du Falcon 7X le principal avantage de ces outils informatiques r side dans le gain de temps qu ils offrent Selon lui ils perme
182. ent d Andr e Putman aux objets qui l entourent lorsqu elle d crit sa chambre d alors On tait sous le charme de certains ob jets qui ont gard leur magie Je pense particuli rement aux lumi naires en papier de Noguchi L un d eux en forme de citrouille pos Cabine d essayage de la boutique Balenciaga avenue Georges V Paris Andr e Putman 1989 Embrase gros pompom de passementerie miroir cintr et biseaut applique flamme en m tal bronze si ge en X tapiss de velours rouge etc Les codes bourgeois s y superposent Si ge de social de Ebel USA Andr e Putman 1988 Bureau de Jack Lang au Minist re de la Culture 1985 32 sur un tripode tait l objet que je pr f rais dans ma chambre Les amis de mes parents membres de l establishment born s faisaient des condol ances ma m re pour mon mauvais go t 3 Devons nous voir dans les soci t s qu elle a cr es Cr ateurs amp Industriels dans un premier temps puis Ecart International le prolongement de sa volont de faire partager les objets qu elle affectionne Dans tous les cas ses am nagements traduisent clairement son attache ment aux objets Dans les boutiques les h tels et les villas qu elle a con us son travail a d abord consist faire coexister et dialoguer entre eux des objets d autres cr ateurs Stephan Gerschel va jusqu crire que l on trouve dans l enfance d Andr e Putm
183. ent pour exprimer la violence du Mexique Je n tais pas convaincu qu il fallait faire des choses aussi radicales pour le TGV Mais lui a repris a b te ment C tait la facilit Heureusement on a ensuite vite corrig a On a fait un sort l orange d s qu on a fait le TGV Atlantique L orange tait tranger notre culture C tait une forme de violence Tr s grande vitesse tr s grande violence comme disait un journaliste Il n tait pas n cessaire de rajouter de la violence la violence Le TGV devait simplement se couler dans le paysage Il tait m tallis pour refl ter les for ts et les lacs Le TGV orange c tait exhibitionniste F A Massimo Vignelli parle de votre capacit d celer les potentialit s d un projet savoir ce que les objets ont envie d tre qu il s agisse d un train ou d une montre On a l im pression en coutant cette phrase que chaque projet est d j en partie r solu avant m me d avoir commenc Qu il contiendrait en lui m me sa propre so lution Dans ce cas l approche m tho dologique et rigoureuse des projets dont vous tes l un des repr sentants n aurait que pour but de r v ler ce que le projet est d j Peut tre un tat sous jacent cach mais d j latent R T C est une mani re de voir les choses mais il faut bien dire que Massi mo Vignelli qui est un grand ami avec qui j ai beaucoup travaill
184. entier il nous faut galement pr ciser la nature h r ditaire des influences Ces derni res ne se limitent pas des para m tres issus de l tat pr sent du milieu Ces d terminismes int grent galement les notions de filiations de lign es et de races L aspect d un produit doit s envisager comme le fruit d une maturation et de croissements aux origines parfois lointaines Yves Deforge a d gag une m thodologie g n rale appel e homologie qui permet de 4 Entretien avec Patrick Jouin p 25 5 En r f rence la racine thymologique grec de ce mot Aisthanesthai D riv s aisth t s qui per oit par les sens aisth sis facult de percevoir par les sens anaisth sia insensibilit aisth tikos qui la facult de sentir ou qui peut tre objet de sensation Jacqueline Pioche sous la direction de Dictionnaire tymologique du fran ais Paris Les dictionnaires Le Robert 1983 6 Il semble vraiment que la vie et la forme soient indissolubles ins parables si conforme est cet accomplissement Que ce soit l aigle planant dans son vol ou la fleur du pommier le cheval de labour peinant sa t che les branches d un ch ne le cours d eau qui serpente ou la d rive des nuages la forme suit toujours la fonction C est la loi C est la loi qui r gne sur toutes les choses organiques et inorganiques physiques et m taphysiques humaines et surhumaines et qui dicte toutes les
185. ents voqu s viennent enrichir un d bat plus large sur la contextualit du design rien ne nous permet d affirmer qu il favorise un renouvellement des formes En effet les designers n ont pas attendu le d veloppement de ce courant pour aller puiser leur inspiration ailleurs que dans le champ parfois restreint de leur profession Lors de la partie de ce m moire consacr e au potentiel imaginatif nous avons soulign les capaci t s associatives des designers Les efforts men s par ces derniers au cours du XXe si cle pour affirmer la sp cificit et la l gitimit de leur m tier n a jamais t une bride leur cr ativit Au contraire l imagerie clectique de Sottsass aurait elle la m me puissance si elle se mat rialisait dans des formes que nous ne pourrions relier l histoire d une discipline L appropriation des acquis des pr occupations et des r f rences d autres domaines sont des moteurs de l innovation formelle Beaucoup des modifications typologiques majeures dans le mobilier du XXe si cle r sultent de ces transferts 9 LES TRANSFERTS DE TECHNOLOGIES Les transferts de technologies comme moteur du renou vellement des formes l exemple des chaises en porte faux et des si ges en fils d acier soud s L arriv e d un nouveau proc d de fabrication peut il suffire ex pliquer l closion d un langage formel jusqu alors persistant Nous verrons dans la derni re partie de ce m
186. ents biographiques et des objets cr s parfois des ann es plus tard Evi demment il ne faut pas nous s attendre retrouver parmi les r a lisations d Andr e Putman un quelconque chacal Cependant cet pisode nous renseigne sur un point L instinct de collectionneuse de cette designer sa facult s attacher des objets et les conser ver en m moire est une constante tout au long de sa carri re Nous verrons par la suite que le souvenir d un samovar aper u lors d un voyage en Russie les cr ations d Eileen Gray ou la petite chaise en m tal de Mallet Stevens ont durablement impr gn son esprit et transparaissent dans ses am nagements d int rieurs Par ailleurs ces renseignements t moignent de sa profonde connaissance des m urs bourgeoises la lecture de sa biographie nous prenons conscience de la l gitimit qu Andr e Putman a eu pour intervenir par la suite dans la conception d espaces destin s une client le ais e Cependant en grandissant Andr e Putman se structure autour du rejet de son environnement Elle apprend tr s t t la rigueur aux cours pour jeunes filles Tabouillot rue de Villersexel o elle dit avoir perdu des heures pr cieuses du d but de la vie De plus sa m re a d cid qu avec sa s ur Agn s elles accompliront une carri re de pianiste Elle se d sint ressera de la musique et abandonnera son apprentissage du piano quelques ann es plus tard On retrouve lat tachem
187. environnement nous fait ressentir Il nous faudra garder cela l es prit lorsque nous tenterons d extirper de la forme d un objet ce qui t moigne de la singularit des affinit s esth tiques d un designer Cette dose d implication personnelle dans le jugement esth tique est l origine de la pluralit des go ts La disparit est d autant plus forte que le jugement esth tique est bas sur le sensoriel En effet ce sont les sens les perceptions sensibles qui sont nos outils fonda mentaux pour appr cier les formes Peut tre est ce pour cela que le beau ce qui pla t au regard est rattach au bizarre et l inexplicable Selon Baudelaire le beau est d essence bizarre Le beau est toujours bizarre Je ne veux pas dire qu il soit volontairement froidement bizarre car dans ce cas il se rait un monstre sorti des rails de la vie Je dis qu il contient toujours un peu de bizarrerie de bizarrerie na ve non voulue inconsciente 4 Esth tique mot d origine grec Aisthanesthai D riv s aisth t s qui per oit par les sens aisth sis facult de percevoir par les sens anaisth sia insensibilit aisth tikos qui la facult de sentir ou qui peut tre objet de sensation PIOCHE Jacqueline sous la direction de Dictionnaire tymologique du fran ais op cit 5 Part chap 4 Le catalogue des souvenirs p 68 6 Charles Baudelaire Exposition universelle Beaux Art
188. er 2009 p 279 258 Plus g n ralement ces observations sont valables chaque fois que de la mati re est mise en forme en rotation autour d un axe ou par un outil lui m me tournant Le tour bois ou la technique du repoussage de feuilles de m tal induisent eux aussi des formes de r volutions Les m mes d terminismes formels sont sur ces points identiques Ces exemples mettent en vidence la relation entre une technologie et la grammaire formelle qu elle engendre laspect des objets d pendant de la mani re dont ils sont mis en forme Continuons nous appuyer sur l argile pour observer ces in fluences Int ressons nous au troisi me grand proc d de fabrication d objets en terre le moulage Il existe un clich tenace sur l origine de cette technique qui est qu en enduisant un panier avec de l argile et en portant le tout au feu le panier br le et il reste un pot de terre empreinte de vannerie D o l int r t historique des innombrables poteries primitives dont la panse est d cor e d empreintes dites de L influence des proc d s de fabrication 1 Le moulage 259 vanneries Sans contester qu on puisse rencontrer accidentellement un tel proc d beaucoup de pr historiens et d ethnologues mettent en doute cette version Rien ne permet de trouver dans les peuples connus des pr c dents valables et ce pr jug tient sans doute une s rie de confusions On trouve en effet chez certains pe
189. es une natte des fourrures ou un matelas 7 Avec la s dentarisation l agriculture se d veloppe Cette transformation implique l apparition dans les constituants d une tribu d un l ment inexistant dans les soci t s primitives la possibilit de couvrir la consommation alimentaire d individus vou s des t ches qui ne se traduisent pas imm diate ment en produit d alimentation Les op rations artisanales sup posent la lib ration possible d un nombre d heures tr s important qu il agisse d individus producteurs d aliments lib r s pendant les intervalles des travaux agricoles ou de v ritables sp cialistes totalement affranchis des t ches alimentaires Cette possibilit du temps n est pas la seule en cause il existe du fait de l l vation constante de la population et de l augmentation des besoins de la collectivit un v ritable appel l innovation qui ne s offre qu un tr s faible degr dans les soci t s milieu quilibr comme celui des Indiens d Amazonie C est sur cette base que s amorce un syst me productif bas sur le travail de l artisan Selon Andr Leroi Gourhan son travail 7 Andr Leroi Gourhan Milieu et technique Paris Albin Michel 1945 et 1973 p 280 8 Andr Leroi Gourhan Le geste et la parole tome Technique et langage Paris Albin Michel 1964 p 239 Selle traire polypode sceau Mus e du Vieux Queyras d but du XXe si
190. es Les connaissances des conservateurs de mus es et des antiquaires leur permettent de rat tacher le moindre ustensile un lieu une date une histoire et une culture Paris la saison de la Turquie l automne 2009 proposait aux visiteurs de diff rentes manifestations de d couvrir la culture ottomane par le biais des objets utilis s alors Le mus e du Quai Branly regroupe ses collections selon des appartenances ethniques identifi es Dans le m me sens l Institut du Monde Arabe organise r guli rement des expositions dans lesquelles les productions de l aire culturelle musulmane sont montr es Les exemples sont nom breux La mus ographie participe un classement des objets selon un d coupage culturel et g ographique Nous pouvons greffer ces oppositions plusieurs filtres Pourquoi ne pas proposer une division th ologique des influences PIMA l a fait r cemment avec une exposition sur les Arts de l Islam Nous pourrions alors tudier le mobilier Shaker am ricain au regard des croyances de la secte fond e par Anne Lee Plus r cemment nous irions jusqu voir dans la pratique rigoriste du design par Dieter Rams et David Millor la marque d une tradition protestante par op position l exub rance catholique de Gaetano Pesce Joe Colombo ou Vico Magistretti La sobri t de l anglais Jasper Morrison serait alors per ue comme l influence lointaine du Calvinisme Evidem ment la r alit est plu
191. es US Navy 1942 218 219 LIGHT LIGHT chaise Alberto Meda Alias 1987 227 LIMITEDITION chaise Riccardo Blumer Alias 2004 229 LOCKHEED LOUNGE chaise longue Marc Newson Cappellini 1987 71 105 LORD VO fauteuil Philippe Starck Driade 1994 85 LOUIS GHOST fauteuil Philippe Starck Kartell 2002 85 86 LOUIS XIV statue questre Fran ois Girardon moulage de Jean Balthazar Keller Paris 1699 263 LUMINATOR luminaire Pietro Chiesa Fontana Arte 1993 117 LUNA luminaire Sylvain Dubuisson Algorithme 1993 117 MABELLE fauteuil Patrick Jouin Cassina 2003 25 MACH CHRONOGRAPH montre Roger Tallon Lip 1973 153 MARS si ge Konstantin Grcic ClassiCon 2003 188 189 MESONIC EMISSION architecture Alisa Andrasek 2007 210 211 MEUBLE TUBE Pierre Charpin galerie Kreo 2008 183 MILK BOTTLE luminaire Tejo Remy Droog design 1991 48 MILKING STOOL Alexis Georgacopoulos cal 2002 59 MINIST RE DE LA CULTURE Bureau du Ministre Andr e Putman Paris 1985 33 MISS SISSI luminaire Philippe Starck Flos 1991 26 85 86 MOBILIER URBAIN Martin Szekely JC Decaux 1992 146 MONUMENTO CONTINUO Superstudio 1971 209 211 MORPH t l phone Nokia R amp D 2008 233 235 MORPHOGENESIS chaise longue Timothy Schreiber 2008 101 MOTO DE VITESSE prototype d tude Luigi Colani 1973 105 Index des objets et des li
192. es de langages d ordres voire de dogmes esth tiques autour de mat riaux simi laires Des ressources naturelles comme le bois ou l argile sont le support d expressions formelles variables suivant les peuples leurs techniques et leurs cultures La diversit des r alisations issues du travail du bois n est certainement pas imputable la vari t des es sences d arbres disponibles Ainsi nous constatons que le mat riau pris isol ment ne peut suffire expliquer l closion de formes innovantes D s lors qu il est extrait de son tat naturel pour tre employ il devient un l ment indissociable d un savoir faire et d une culture Quand le mat riau est le fruit d une invention c est le cas du verre ou du m tal alors il est lui m me le produit de connaissances techniques Par cons quent dans le cadre de ce m moire une tude de l influence des mat riaux sur les formes ne peut se r duire aux simples propri t s physiques lasticit rigidit transparence etc Nous devrons rat tacher nos observations des domaines techniques et culturels plus larges Le titre de l exposition la mati re de l invention qui a eu lieu en 1989 au Centre Georges Pompidou va dans ce sens Le ma t riau n y est pas pr sent comme le moteur de l inventivit mais comme sa substance son potentiel son carburant propice au d ve loppement de l innovation Afin que ceci soit plus clair nous pouvons prend
193. es beaucoup plus r cents il est clair que ces pi ces retrouv es dans des tombeaux sont absentes de la plupart des int rieurs d alors L historien Maurice Daumas nous renseigne dans Les origines de la civilisation techniques sur le caract re ex ceptionnel de ces pi ces en insistant sur la nature rudimentaire du mobilier gyptien d usage courant En Europe jusqu au Moyen ge le mobilier est fabriqu par des charpentiers ceux qui commencent se sp cialiser dans sa fabri cation sont appel s les charpentiers de la petite cogn e Mais la petite cogn e est encore lourde et les panneaux sont toujours tr s pais Ils sont assembl s par des clous traversant int gralement le bois Cet assemblage est maintenu par des ferrures qui recouvrent Ibid p 243 1 Andr Leroi Gourhan Milieu et technique Paris Albin Michel 1945 et 1973 p 280 Maurice Daumas op cit p 167 12 Sophie Gudin sous la direction de Merveilleux meubles de France Paris Mercure 1987 p 14 L influence des proc d s de fabrication 4 L organisation de la production 293 toute la surface du meuble Enfin le tableau de Pieter Bruegel repr sentant un banquet de village nous renseigne sur la fa on dont on se meublait dans une famille de paysans la fin du Moyen ge On y voit de quelle mani re les bancs et les tabourets sont agenc s le bois n est pas travaill il est simplement taill Une ancienne porte do
194. es doivent s accorder sous l autorit unique et centralisatrice de l Etat Concr tement ce sys t me de production implique la cr ation de figures d coratives com munes aux diff rents corps de m tiers On retrouve des frises des rais de c ur des godrons et des m daillons sur chaque l ment du d cor Ils ne se cantonnent plus au mobilier ma s s talent sur les lambris les tapis et les portes Par ailleurs nous pouvons observer une autre influence de ce mod le productif L instauration de canons esth tiques qui s tend 4 Sophie Gudin sous la direction de Merveilleux meubles de France Paris Mercure 1987 P 45 15 Colbert cit par Denis Woronoff Histoire de l industrie en France du XVIe si cle nos jours Paris Seuil 1998 p 42 L influence des proc d s de fabrication 4 L organisation de la production 297 chaque domaine de l industrie L esprit ambiant tait sans conteste l italianisme La cr ation du Grand Prix de Rome n a fait que ren forcer ce courant en l institutionnalisant L autoritarisme politique en organisant la production a donc eu une influence certaine sur l volution des formes Est il p rilleux de tenter un rapprochement entre les manufactures de l poque et la volont des gouvernements r cents de cr er des p les d excellence Sans doute au vu de l vo lution du contexte socio conomique Mais la volont de Colbert de favoriser les industries
195. es extensions de l esprit et de projeter dans l instant des formes visualis es mentalement 4 bid p 129 Dessin pour la chaise longue CHL98 Marteen Van Severen Vitra 1998 Croquis de recherche pour le concept car 021C Marc Newson Ford Motor Company 1999 178 L influence des outils 3 Le dessin 179 Le produit d un organe ou le principe de l entonnoir P g P P Nous en avons tous fait au moins une fois l exp rience la forme dessin e n est pas toujours la forme souhait e et imagin e Les tu diants aux croquis maladroits ne le contrediront pas La main se contente t elle de retranscrire fid lement les intentions du desi gner Peut on faire confiance ses dessins ou devons nous croire en une forme autonomie de celui ci Si nous consid rons la m fiance cultiv e par bon nombre de cr ateurs vis vis de ce m dium nous avons toutes les raisons d tre au moins suspicieux sinon convaincu que le dessin exerce une emprise sur les formes produites Malgr la pl thore d esquisses laiss e par Franck Lloyd Wright ce dernier revendiquait une mise distance de cet outil durant les premi res phases de ses projets Il affirmait avoir d j tout clairement d fini mentalement avant de se pencher sur la table dessin Plus proche de nous le designer japonais Natao Fukasawa partage cette suspi cion Tr s souvent j ai d j l objet enti rement en t te quand je fais le premier de
196. es formelles cette se conde cat gorie souvent appel e prototype d tude recouvre une grande diversit de fonctions L apparence et la pr cision dimen sionnelle de ces maquettes peuvent varier radicalement De plus ni leur mat riau ni leur mode de r alisation ne nous permettraient d unifier cette cat gorie Leurs seuls d nominateurs communs sont L influence des outils 4 La maquette 187 d tre la fois des corps volumiques et des outils performants pour l avanc e d un projet En effet contrairement au croquis de recherches le prototype poss de une consistance mat rielle Il propose un volume un poids et une texture l o le dessin ne fait que sugg rer Ma s tout comme le trait permet de se projeter dans un espace virtuel la maquette aussi concr te soit elle n en reste pas moins une simulation Dans quelle mesure est elle capable d influencer la morphologie des ob jets Nous avons vu pr c demment que le dessin n a rien d ano din C est un outil dont nous avons mis en lumi re l efficacit mais dont nous avons aussi point les limites Qu en est il des mod les volumiques quels d terminismes formels la fabrication d une maquette s expose t elle Parce qu elle permet de visualiser un en combrement d prouver une masse ou de toucher une texture peut elle orienter un designer vers une image biais e de la r alit La mati re utilis e pour la r alisation des maquette
197. es positions de ces deux grands designers l ensemble des objets mentionn s jusqu main tenant t moigne des imbrications complexes entre le v cu d un de signer et la morphologie des objets qu il cr e De son milieu social la formation qu il a suivie en passant par les objets qu il a c toy s et les situations auxquelles il a fait face de nombreux aspects de son histoire influent sur son travail Il est ardu de s parer l anecdotique du fondamental lorsqu il est question d exp riences personnelles L insignifiant peut parfois prendre sens apr s des ann es sous des formes inattendues Des v nements mineurs sont capables de lais ser leur empreinte des d cennies d intervalles Les exemples vo qu s nous prouvent que si le v cu a une influence formelle elle n est certainement pas du domaine de l vidence et du limpide mais reste pour une large part trouble et nigmatique Parce que ces influences 3 Entretien avec Roger Tallon p 250 4 Paolo Ferrari Achille Castiglioni Milan Electa international Editrice Centre Pompidou CCI 1985 P 14 L influence du cr ateur 4 Le catalogue des souvenirs 73 sont directement reli es des constructions psychologiques com plexes il nous est d licat d tablir des filiations nettes Notre dis cours ne peut pas tre cat gorique d s lors que nous parlons de la vie de designers connus simplement au travers de publications et de br ves entrevues Il
198. est difficile traduire du su dois ou du danois qu ils font un design qu on appellerait chiant en fran ais Il disait a par rapport aux la tins que nous sommes Je me souviens d un congr s l Unesco avec un titre norme Les latins ne s en font pas a voulait dire qu ils taient loin devant par rapport au reste de l Europe F A C est int ressant que vous par liez de latins et scandinaves parce que vous disiez tout l heure que la notion de design national ne vous int ressait pas du tout R T Il y a bien s r des grands courants Le courant anglo saxon le courant scandinave et il y a eu apr s la guerre les anciens fascistes qui sont devenus les protagonistes du design notamment les Italiens Comme par hasard c tait tous des architectes qui avaient t tenu loi gn s de la production qui se sont trou v s lib r s Le design italien est un de sign d architecte ce n est pas un design d ing nieur Pour eux la profession d ar chitecte d int rieur n a jamais exist a fait rigoler tout le monde Mais la diff rence c est que les Italiens ne travaillent pas pour l Italie L Italie c est le monde Le design italien a t mondialis d s le d part Il n y a pas de client le pour le design en Italie Il y a bien s r une classe moyenne mais d s le d but tout a t fait pour qu il s exporte Pour en revenir au design scandinave et latin je me s
199. et les observations faites avec l emboutissage peuvent elles se g n raliser d autres principes de mise en forme Le philosophe Pierre Damien Huyghe propose une vision selon laquelle la technique serait le moteur de l innovation esth tique Par sa capacit largir et repousser continuellement le champ des pos sibles elle offrirait les moyens indispensables au renouvellement et la cr ation de nouveaux courants formels Nos observations pr c dentes sur les m thodes de fabrication d objets en terre cuite moul e et en plastique inject vont dans ce sens Cependant d s que nous nous int ressons aux contextes dans lesquels se r alisent ces avan c es technologiques nous remarquons qu ils jouent des r les non n gligeables dans le d veloppement de morphologies nouvelles Ainsi ces propos nous am nent nuancer cette id e et appr hender la 8 Pierre Damien Huygue sous la direction de L art au temps des appareils Paris L Harmattan 2006 p 216 Pierre Damien Huygue Art et industrie philosophie du Bauhaus Paris Circ 1999 L influence des proc d s de fabrication 3 L emboutissage 287 technique davantage comme le carburant que comme le moteur de l innovation esth tique Nous avons observ au travers de travaux d artistes de m thodes cr atives de courants de pens e d volu tions sociales et de modification des usages que les conditions pro pices au renouvellement des courants form
200. et un client et ceux qui sont le fruit d une recherche personnelle Une nouvelle fois c est en nous basant sur des exemples concrets que nous tenterons de discerner les influences d une telle d marche Dans un premier temps il nous faut souligner les diff rences entre un projet men en dehors de toutes finalit s commerciales directes et d autre part les situations o le designer int gre ces consid rations en accord avec l orienta tion qu il souhaite donner son projet En effet ce dernier cas ne s oppose pas aux influences mention n es au chapitre pr c dent Le designer peut envisager les futures modalit s de production et la nature des commanditaires suscep tibles d tre int ress s par une ventuelle concr tisation Dans le cas de l Ensci les projets r alis s sans partenaire industriel ne se soustraient pas toujours ces questions De plus concernant les capacit s des techniques de fabrication celles ci restent identiques avec ou sans commanditaire Certes les savoir faire et les machines disponibles ne se limitent plus aux possibilit s offertes par le seul client mais les m thodes de mise en forme de la mati re demeu rent inchang es videmment la notion d image de marque s efface lorsque le commanditaire dispara t En ce sens travailler sans porter attention l identit d une entreprise peut tre un vecteur d mancipation cr ative Le design hors de ces r f rents autorise la
201. eur derniers n s premi re vue ils ne semblent pas enclins partager cette vision Les contrefacteurs du Corian ou de l Alucobond en t moigneraient Le symbole Copy right est l pour rappeler ceux tent s par des lans universalistes que la loi pourrait bien freiner leurs id aux libertaires Notons la proximit de cette remarque avec les r cents d bats sur le piratage informatique en g n ral et le t l chargement ill gal en particulier Mais les affirmations de Martin Szekely ne se placent pas dans un registre juridique Celui ci entend il souligner la n cessaire appro priation des mat riaux par les designers Prenant comme exemple ses r centes recherches autour du li ge expos es la galerie Kreo f il insiste sur la charge historique et culturelle de cette mati re natu relle Ainsi bien que le mat riau lui m me ne lui appartienne pas il en revendique un droit d utilisation et prend une part active dans l volution de son histoire et de son usage partir du moment o je travaille avec le li ge comme je l ai fait depuis le d but des ann es 4 Entretien avec Martin Szekely p 147 15 Ibid 16 Martin Szekely Heroic shelves amp Simple boxes galerie Kreo du 7 novembre 2009 au 23 janvier 2010 L influence des outils 6 Les mat riaux 225 2000 les projets vont d couler de ce mat riau m me nous confie t il Ce dernier exerce donc une influence certaine sur la forme du pro
202. eux 335 MYTO chaise Konstantin Grcic Plank 2008 191 193 196 N 4 chaise Michael Thonet Thonet 1881 298 N 14 chaise Michael Thonet Thonet 1859 220 299 N100 paravent Alvar Aalto Artek 1933 117 NAZARETH plat Fernando et Humberto Campana Bernardaud 2008 78 N NUPHAR luminaire Louis Majorelle vers 1902 102 NEW ANTIQUES table Marcel Wanders Cappellini 2005 114 116 NIGHT amp DAY tapis Andr e Putman cart International 1985 34 OBJET PERDU chaise Philippe Starck Driade 2004 117 119 ONE CHAIR chaise Konstantin Grcic Magis 2003 188 ONE LINE luminaire Ora to Artemide 2004 92 ONE SHOT tabouret Patrick Jouin MGX 2006 207 ORSEGGI service et carafe Achille Castiglioni Alessi 1966 95 OVERDOSE chaise Bram Boo autoproduction 2009 85 PACK chaise Fran ois Azambourg Via 1999 228 PALLAS table Konstantin Grcic ClassiCon 2003 62 63 188 PANTON CHAIR chaise Verner Panton Vitra 1959 60 229 273 PAPER CHANDELIER luminaire Studio Job Moooi 2005 116 PARTHENON architecte Ictinos sculpteur Phidias 447 432 av JC Ath nes Gr ces 216 PEPE LE MOKO moulin poivre Jasper Morrison Alessi 1998 118 PERSEPOLIS capitale de l empire Perse Ach m nide 521 331 av JC province du Fars Iran 216 PEWTER STOOL tabouret Max Lamb autoproduction 2006 160 161 PORTE DOCUME
203. fascin par les chariots de feu de lusine Ford qu il a aper u pour la premi re fois au d tour d une exposition Depuis il exprime volontiers son admiration pour L influence du cr ateur 4 Le catalogue des souvenirs 69 l vidence technique et la clart formelle de ces chariots industriels Il revendique son absence de concessions vis vis d exigences stylis tiques temporelles Un d tachement qui s exprime dans le module de rangement Smith dit par Danese pr c demment rattach son passage chez Konstantin Grcic De fait aux exp riences person nelles que nous avons mentionn es pr c demment s ajoutent des rencontres impr vues avec des objets dont le souvenir accompagne les cr ations des designers La relation qui unit Andr e Putman la petite chaise en m tal de Robert Mallet Stevens en est un exemple frappant La cr atrice a crois cet objet anonyme puisque son cr ateur ne lui a pas donn de nom au milieu des ann es 80 chez la journaliste Nicole Bram berger Ma rencontre avec cet objet dit Andr e Putman est l un des l ments d cisifs de ma vie Ses proportions son l gance sa tenue le rendent intemporel Avec l autorisation des h ritiers elle en a imagin plusieurs versions r invent es l une recouverte de peinture poxy fa on m tal martel l autre rehauss e d une mince galette de cuir la troisi me comme un si ge d enfant Nous avons fait allusion dans la partie
204. ff rentes qui press es puis extraites acqui rent une signification inat tendue Notre esprit est meubl d objets et d images dont les souve nirs interf rent Les obstacles rencontr s dans la premi re partie de ce m moire pour pointer l influence du designer et circonscrire son champ d action ne viendraient ils pas du fait que les formes habi tent une r gion autonome mi chemin entre la m moire et l ima gination L volution de la morphologie des objets se confond elle de plein droit avec la vie des id es et les d veloppements sociaux Sur un m me produit il existe une tension continue entre des in fluences formelles endog nes celles qui r pondent ses finalit s fonctionnelles et des projections ext rieures aux origines troubles Au cours de sa d finition la forme d un produit oscille perp tuelle ment entre sa n cessit et sa libert 1 Henri Focillon Vie des formes 1934 dition lectronique r alis e partir du livre de Henri Focillon Vie des formes suivi de loge de la main Paris PUF 1943 7e dition 1981 Edition lectronique compl t e le 31 d cembre 2002 Chicoutimi Qu bec p 6 1 Par fonctionnelles nous entendons l ensemble des fonctions et non uniquement celles ayant trait l usage pour lequel l objet est destin 316 Il merge de nos observations une notion li e la persistance des formes dans le temps Nous la nommerons inertie formelle Des
205. formation de ces designers n est certainement pas trang re la coh rence de leurs cr ations Plus qu un pays c est la ville d Eind hoven et plus pr cis ment l cole qui s y trouve qui est aujourd hui le berceau de ce courant La plupart des acteurs de ce mouvement a t form e la Design Academy d Eindhoven Les designers les plus repr sentatifs de la sc ne hollandaise actuelle se sont form s dans cet tablissement fond en 1947 et dirig jusqu en 2009 par Li Edelkoort Ainsi nous pouvons nous interroger sur le r le de la p dagogie et des enseignements qui y sont dispens s dans l affirma tion d un design hollandais d une cole du Nord D une mani re g n rale l influence de la formation sur les fu turs designers se v rifie plusieurs niveaux La m thodologie ac quise durant la p riode d apprentissage se refl te dans le travail des cr ateurs Par exemple les th ories fonctionnalistes que Max Bill et Tomas Maldonado transmettaient leurs tudiants de l cole d Ulm ont particip la d finition des canons esth tiques de l entreprise Luminaire Stehleuchte Marcel Wanders DMD 1991 Vaisselle empilable TC1000 Hans Roericht Rosenthal 1961 62 50 Braun La vaisselle d h tellerie empilable TC1000 dessin par Hans Roericht pour Rosenthal traduit galement cette filiation formelle La notion de profil peut s tudier dans un sens plus large Un
206. formation infinie il est comme son nom vulgaire l indique l ubiquit rendue visible 5 Avant d tre associ la vulgarit dans les Mythologies notons que le mot plastique est aussi un adjectif dont le sens rapproche encore davantage ce mat riau de l informe du mall able d une substance qui n voque au cune forme pr d finie De quoi nous faire douter encore davantage de la solidit du lien qui relie la morphologie d un objet au mat riau qui le constitue 5 Roland Barthes Mythologies Paris Seuil 1957 p 160 216 Ces remarques peuvent s tendre vers des ressources mat rielles plus anciennes Durant les si cles qui ont pr c d l re industrielle des styles h t rog nes se sont succ d s avec des mat riaux de base demeur s identiques Les pyramides gyptiennes la terrasse de Per s polis ou la grande muraille de Chine sont toutes les trois fabri qu es en pierre alors que l esth tique de ces difices est divergente Certes le minerai des blocs de taille est diff rent mais il explique pas seul les disparit s formelles de ces trois monuments D un point de vue strictement mat riel peu de choses s parent le Parth non d un ch teau fort Derri re l aspect volontairement r ducteur de cet exemple il y a une observation g n ralisable une chelle bien plus large Au cours des mill naires la production d objets s est d velopp e en des ramifications complexes de styl
207. formes simples De ce fait ce proc d offre un terrain fertile au d veloppement d un vocabulaire formel o les lignes sinueuses et tendues pr dominent Par ailleurs des raisons historiques expliquent les d veloppe ments des techniques de mise en forme des t les d acier durant cette p riode L intervention am ricaine dans le conflit de la deu xi me guerre mondiale a n cessit un effort de guerre colossal qui a conduit Am rique construire transformer et orienter son quipement industriel vers le travail du m tal Une fois le conflit L influence des proc d s de fabrication 3 L emboutissage 283 termin il fallut non seulement mettre profit des outils existants mais aussi couler les stocks d aluminium et d acier Les biens de consommation domestiques massivement produits d s le d but des ann es 50 font un recours massif l emboutissage Beaucoup de bouilloires grille pains plats radiateurs et aspirateurs sont car n s par de la t le emboutie Certes l industrie plastique est alors balbutiante au Etats Unis o l on commence tout juste utiliser des r sines ph noliques mais il faut galement rappeler que le bois et la c ramique sont encore dominants dans de nombreux domaines Cette diff rence d orientation industrielle est l origine d une im pression de robustesse et de p rennit accrue dans la production am ricaine de cette p riode Jean Bernard Hebey qui collectionne a
208. g de la route de la soie entre Asie et Europe a favoris les influences mutuelles Plus r cemment dans la seconde moiti du XIXe si cle le japon s est ouvert l occident et donc aux changes commerciaux Son influence culturelle s est faite sentir en occident autant dans les arts d coratifs que dans la peinture ou l ar chitecture Le courant japoniste est le fruit de cette ouverture En sens inverse apr s la fin de la seconde guerre mondiale le Japon a commenc s impr gner des id es venant d autres pays en impor tant quantit de meubles et objets scandinaves puis italiens Sachant que pour le japonais le fait de copier peut tre consid r comme un acte d humble apprentissage c est partir des ann es 50 que la r putation de copieurs que les japonais s taient forg e s est trans form e en r putation de cr ateurs de produits biens finis et de haute technologie On constate aujourd hui que les r f rents formels de leurs cr ations sont largement internationalis s Bien que les objets fabriqu s par Sony Hitachi et Panasonic continuent d tre les am bassadeurs d un savoir faire technologique ils ne participent plus la diffusion d un style japonais sous une forme traditionnelle De m me l apparence des produits Muji est d termin e autant par une philosophie d entreprise nippone que par une volont revendiqu e de neutralit formelle En dehors du Japon la d localisation de l
209. ge sous pression sans que sa forme ne soit al t r e Il nous faut regarder des mod les plus r cents pour prendre conscience d une des influences de cette technique la texturation des surfaces La pression exerc e par la presse d injection permet la mati re de retranscrire l empreinte des plus fines asp rit s du moule La sur face du s che cheveux Philips Dry Control poss de une vari t de texture tendue Une m me mati re peut avoir un aspect grain ou un aspect poli sans avoir recours une op ration de finition apr s le moulage Cette potentialit de l injection plastique se remarque particuli rement sur les tableaux de bord de voiture dont la multi plicit des textures varie suivant la sensation tactile ou visuelle sou hait e par le concepteur N anmoins cette influence reste surfacique et non volumique Il est difficile d affirmer ici que cette qualit a eu une incidence sur la forme des objets produits Il nous faut arriver dissocier ce qui a trait la nature du mat riau et ce qui est propre au proc d de mise en forme Le d veloppe ment des mati res plastiques a videmment ouvert la voie au renou vellement d un vocabulaire formel dans de nombreux domaines mais notre attention doit rester centr e sur les techniques de fabrication Il nous faut retourner ces coques pour que les qualit s et influence de l injection plastique nous sautent aux yeux L envers est recouvert de caissons de renfo
210. ges puisqu il signifie la fois prouver aperce voir et distinguer Le mot go t n est donc plus directement li la nourriture au domaine buccal mais s tend alors jusqu la vision la perception Nous conservons aujourd hui cette dualit De nos jours le go t exprime aussi la capacit discerner ce qui est beau ou laid selon les crit res qui caract risent une personne un groupe ou une poque en mati re esth tique Dans L anthropologie d un point de vue pragmatique Kant s tonne Comment a t il bien pu 1 Go t mot d origine latine Famille d une racine l E geus go ter appr cier Repr sent e par le gustus le go t gustare et degustare go ter En germanique par le gothique Kausjan prouver PIOCHE Jacqueline sous la direction de Dictionnaire tymologique du fran ais Paris Les dictionnaires Le Robert 1983 L influence du cr ateur 5 Les go ts 75 arriver que les langues modernes en particulier aient d sign la fa cult de juger esth tique par une expression gustus s por qui fait r f rence uniquement un certain organe des sens l int rieur de la bouche et la capacit aussi bien de diff rencier que de choisir par cet organe des produits que l on peut consommer Dans la lan gue fran aise d un seul et unique mot go t nous d signons deux choses l organe sensoriel du go t et le jugement de valeur esth tique Ces acceptions sont
211. haises en bois courb La chaise n 14 n avait pas de commanditaire Son cheminement n est pas sans point commun avec une d marche d autoproduction Pour revenir notre sujet les innovations formelles offertes par le cin trage du h tre n auraient certainement pas vu le jour dans le cadre d une commande De fait l autoproduction est donc un vecteur d in novation formelle L esth tique des aspirateurs Dyson ne faisait elle pas figure d ovni au d but de leur commercialisation Gardons l esprit qu avant d avoir une morphologie et des couleurs parti culi res ces aspirateurs sont avant tout le fruit d une innovation technique li e l aspiration l inventeur rejoint ici le designer Le Dual Cyclone fait l objet d une technologie brevet e qui ne subit pas de perte d aspiration En choisissant une ind pendance compl te L influence des outils 2 La commande et le commanditaire 171 James Dyson a pu donner rationnellement forme son produit en dehors de toute influence d un commanditaire Mais quel prix Il s est lui m me occup de toute la d marche de validation technique et conomique de la protection et de la valorisation de son aspira teur Il lui a fallu quinze ans et cinq mille maquettes et prototypes avant de pouvoir lancer son aspirateur sur le march Une autre forme d influence appara t En travaillant hors de toute commande le designer s offre un plus grand espace de libert d
212. huiles ou du vin Le liquide est contenu dans une partie appel e panse Celle ci doit tre tourn e de mani re non seulement r sister le plus pos sible aux chocs mais aussi contenir une quantit identique pour chaque exemplaire L amphore quadrantale est utilis e comme une unit de mesure Le tournage est donc d terminent puisqu il per met d obtenir avec rapidit un haut niveau de pr cision et une r gularit dimensionnelle De plus il n est plus n cessaire de glisser la main l int rieur du contenant pour modeler le volume ou lisser la surface Le volume na t progressivement au fur et mesure que le tourneur fait monter la mati re D un point de vue plus g n ral nous observons ici quel point un principe technique est indissociable d un registre formel En effet le tournage induit invariablement des formes de r volution Quel que soit le profil des pi ces conique ovo de toutes tournent autour d un axe central Des variantes existent Notamment le fait de d for mer la terre lorsqu elle est encore humide ou de venir ajouter l ob jet d autres l ments comme les anses de l amphore N anmoins la structure sch matique reste centr e sur cet axe vertical Ceci est vrai pour les assiettes et les bols comme pour les vases ou les pichets Amphore marseillaise I 1lle si cle avant J C Sch ma de principe du moulage c ramique en coul e Image extraite de Materiology Birkh us
213. i re engendr e par le Cr ateur poursuit son uvre Les formes ob servables dans la nature tels que les arbres ou la morphologie des animaux sont le fruit d une mati re soumise la volont de Dieu Le Moyen ge a h rit de ces id es la mati re informe est alors une substance c leste une materi prima aux origines divines Chacune de ces positions doit tre mise en perspective avec les connaissances scientifiques de leurs poques En effet aujourd hui encore les microscopes les plus performants ne permettent pas d identifier la mati re chelle de l atome mais seulement d en d tecter la positions Lorsqu au XIXe si cle Hegel consid re la ma ti re comme une chose purement et simplement abstraite d tach e de la forme ses propos quelqu en soient leur justesse ne sont tay s que par des certitudes scientifiques encore fragiles la mort du philosophe allemand en 1831 la science ignore toujours largement quels l ments composent la mati re C est trente huit ans plus tard que Dimitri Mendele ev propose un tableau qui or ganise et nomme chaque particule La classification p riodique des l ments permet de poser un nom et des propri t s chimiques sur les atomes Tous les secrets de la mati re sont loin d tre perc s mais sa composition est connue Elle n est plus la substance myst rieuse et divine qu elle a t tablissons d s pr sent de mani re simple et sch matiq
214. i leur sont li es ont t les grands protagonistes de l industrie du meuble entre les ann es 60 et 70 gr ce la contribution des designers qui ont rendu possible la cr ation de mod les morphologiquement nouveaux 4 Le design tend juger la qualit d un objet en observant la validit des solutions intrins ques d un projet En d autres termes l usage rationnel et r fl chi de la mati re solidaire reste le m tre talon quand il est question de la r putation d un produit C est cela qui interdit par exemple une chaise en m tal de conserver la m me forme si elle est r alis e en plastique Nous parlerons des qualit s inn es d un objet Elles concernent en particulier les mat riaux qui ont toute l gitimit pour tre employ s car ils participent la d fi nition de l objet Elles s opposent aux qualit s attribu es mati re fluctuante c est dire la projection des caract res motionnels que le designer conf re au produit notamment sa texture ou sa cou leur lorsqu elles n ont pas de finalit s fonctionnelles Pour claircir nos propos nous allons convoquer des exemples concrets Le fauteuil Feltri cr par Gaetano Pesce en 1987 peut nous aider comprendre ce qu est la mati re solidaire Ce si ge est structur par des lais de feutre imbib s de r sine polyester C est la 24 Ibid p 61 L influence des outils 6 Les mat riaux 231 cr ation de ce mat riau com
215. i te fait prendre position par rapport la 2 Entretien avec Ronan et Erwan Bouroullec Propos recueillis par Christine Colin Design amp imitations Paris Medifa Industries Fran aise de Ameublement 2004 p 112 L influence du cr ateur 6 L originalit la culture de exclusivit 85 situation ou par rapport la soci t 3 Ainsi entre les Bouroullec qui affirment que l originalit n est pas une fin en soi et Matali Cras set qui certifie avoir mieux faire qu s en pr occuper quelle im portance accorder cette influence Jusqu quel point les formes sont elles d termin es par le d sir d excentricit et de singularit de leur cr ateur Peut tre l empire de ce d sir n est il pas tout fait avouable parce qu il touche directement la personnalit du desi gner son ego ce qui le d finit intrins quement voire une cer taine forme de narcissisme La normalit et l imp ratif d originalit Nous vivons dans un monde de reproduction totale l original n existe pas Nous sommes tous des copieurs Jean Baudrillard La Soci t de consommation Paris Gallimard 1970 Cette citation Philippe Starck l a faite sienne d s le d but des an n es 90 Celui ci ass ne qui veut l entendre un discours bien rod qui consiste nier la valeur de la nouveaut en soi Patrick Jouin fait r f rence cette position dans notre entrevue 4 Ce dernier nous interpelle sur
216. ible l illusion palpable 5 L informatique et les outils num riques 194 196 198 200 202 204 208 De la marge l ubiquit Des outils raccroch s au r el le calcul au service de la simulation Une esth tique renouvel e Des espaces de repr sentation born s Entre approximation et surd finition La forme d brid e L autog n rescence la part cr ative du logiciel 6 Les mat riaux 212 217 219 221 223 224 226 229 231 Des potentiels Le contreplaqu moul l application puis la forme La technicit apprivois e Des d clinaisons L hyperchoix Des biens communs La mati re au service d un discours Mati re solidaire et mati re fluctuante Vers une fusion 239 TROISI ME PARTIE L INFLUENCE DES PROC D S DE FABRICATION Entretien avec Roger Tallon 1 Le moulage 253 261 Du modelage au moulage La forme par la contrainte de la mati re 2 L injection plastique 265 Les formes porteuses de stigmates 3 L emboutissage 275 277 278 282 284 286 Comment une technologie peut fournir les conditions n cessaires pour l panouissement d un r pertoire formel Une technologie au service de la production de masse La coque le support privil gi de l expression formelle Une contamination g n ralis e La libert retrouv e La technologie moteur ou carburant de l innovation formelle 4 L organisation de la production 289 291 292 296 297 301
217. iers ou repr sentatifs n entrent au Mus e institution quivalente l herbier ou la galerie de taxidermie d un naturaliste De m me les foss s esth tiques exis tant entre les ustensiles am rindiens touaregs ou japonais devraient s interpr ter comme autant de r ponses des conditions d existence divergentes Simultan ment d autres morphologies mergeraient prescrites par des contraintes nouvelles inh rentes nos modes de vies Les excroissances des satellites ou les pales longilignes des o liennes t moigneraient de nos derni res aspirations et des mutations l uvre dans notre soci t Ce parall le est d autant plus troublant que Darwin dans le qua tri me chapitre de son ouvrage affirme que les formes qui persistent ne sont ni les plus belles ni les plus fortes ma s les mieux organi s es Celles capables de s adapter le plus efficacement aux trans formations auxquelles elles sont confront es Ainsi le concept de Supernormalit d fendu par Natao Fukasawa et Jasper Morrison pourrait se r v ler tre l un des caract res susceptible de garantir la p rennit d un objet dans le temps Non pas que sa morphologie soit appel e voluer rapidement mais qu l inverse sa neutralit for melle lui conf re la capacit de se projeter dans des milieux vari s Nous ne sommes pas loin de ce que Paul Bourgine et Annick Lesne appellent les formes l quilibre Dans leur livr
218. ifi e en petites et moyennes s ries Il recommande qu elle se fasse en station fixe ou en ligne non m canis e afin d viter ce qu il a appel la fl nerie ouvri re c est dire le ralentissement d lib r de la part des ouvriers du rythme de travail probl me qui ne se pose pas d s lors que le rythme est impos par une cha ne de montage Cette rationalisation des m thodes de travail a t tour n e en ridicule par Chaplin dans Les temps modernes La diffusion de ce mod le d organisation de la production s est r pandue sous le nom de Taylorisme En Ao t 1913 Detroit voit le lancement de la premi re cha ne de montage de la Ford T C est le d but de la production en continu et c est de la continuit de ce flux que provient la source de croissance Pour cela le travail la cha ne consiste mettre en mouvement les objets et fixer l homme en d pla ant les pi ces devant lui Chaque tape successive du travail ouvrier d compos se d roule en une s quence de temps qui d finit l allure de la cha ne Le mode de fa brication de la Ford T est parfois pr sent comme une application directe des pr ceptes de Taylor Cependant selon Fran ois Caron Henry Ford n a pas t directement influenc par ses travaux Lors du lancement de la premi re cha ne de production la diffusion des id es de Taylor tait faible et c est uniquement gr ce au succ s de la Ford T que l ensemble des entre
219. il cr e la forme etc qui sont rest s tenaces au cours du XXe si cle 14 ticipent la d finition d une forme sans succomber la tentation de l exhaustivit Quel ton adopter pour parvenir d celer dans la diversit des morphologies qui nous entourent des constantes et des change ments Est ce celui de l expert ou du philosophe Le premier r pond le deuxi me interroge L exercice du design encourage plut t aborder notre enqu te en praticien ne pas rencontrer la forme par le fond Le choix d exemples concrets et document s peut nous viter d grainer des suppositions n cessairement superficielles et pr caires tant que les formes ne sont pas incarn es dans une mati re tangible Le design pose en effet la probl matique d un faire Il se confronte aux mat riaux et leur processus de transformation Bien que nous ne n gligions pas la part croissante l avenir des applications num riques et des services dans l exercice du design nos investigations seront circonscrites aux corps volumiques ceux palpables dont la forme se d ploie dans l espace Cela notamment parce que comprendre la port e d une influence nous impose de la replacer dans une perspective historique cet gard nous privi l gierons les objets usuels qui nous fournissent sur une chelle de temps importante des exemples repr sentatifs des volutions qui leur sont contemporaines La gen se d un objet n a
220. innovations tendent renverser l agencement conventionnel image machine Il crit dans Terre meuble que le dessin n est plus subordonn la g om trie m canique C est au contraire la machine qui se rattache directement une technologie au service de l image Celui ci an nonce que la technique se plie d sormais au potentiel dessin et non plus l inverse 16 Bernard Cache Terre meuble Orl ans HYX 1997 17 La mod lisation informatique est ici per ue comme une forme de dessin L influence d mm T RONNNS CRUE z J La LE DODENSIRERS 4 r LIITENRETIEIRS ET LIE 14 LEET vo NRC De MN ARGTNOEHO DOUTE LEUR LE 4 8 4 uss ens tesrt a es outils 5 L informatique et les outils num riques miti je Eee E CCI PI LC CL LT TE NH 2 0e ne e de s LLCNLCELAT ELLE Ta mi aa a i a ete ut ee O ER EURR 1 mai me ip pes oies mm dieu trs dis ep Ent x CEE A k r Fil 7 i Ti w EM y Couronne Len eu K sup rieure 207 Mod lisation informatique du tabouret One_Shot avec le logiciel SolidWorks Les assemblages sont dissimul s l int rieur du volume L objet est fabriqu d une seule pi ce par frittage de poudre Patrick Jouin MGX ditions 2006 208 L autog n rescence la part cr ative du logiciel Revenons vers l tymologie du mot i
221. ion destin s la conception d objets ont fait leur apparition il y a une vingtaine d ann es C est cependant au cours de la derni re d cen nie que ces logiciels sont sortis de la confidentialit et que leur usage s est g n ralis jusqu s immiscer dans chaque tape de la gen se d un produit de sa conception sa fabrication puis sa diffusion Bien que les outils de retouches photographiques et des logiciels de dessin soient couramment utilis s par les designers nous concentre rons notre attention sur les programmes de mod lisation en trois di mensions Aujourd hui l usage des modeleurs 3D s affirme aux c t s d autres outils tudi s pr c demment comme le dessin manuel ou la maquette Comment sont exploit s ces logiciels et quels en sont les potentialit s et les principes de base qui r gissent leur fonction nement Notre ambition n est pas d tudier les sp cificit s et l in fluence de chacun des programmes disponibles Leur diversit et le renouvellement constant des versions propos es transformeraient cette entreprise en un calvaire digne de Sisyphe C est une nouvelle fois partir d objets existants et de projets concrets que nous obser verons l influence de ces outils dans la morphologie des objets et les perspectives d innovation formelle qu ils permettent d entrevoir 196 Des outils raccroch s au r el le calcul au service de la simulation Lors du pr c dent chapitre nous avons
222. ion la sp cialisation des ouvriers se traduit elle par des transformations formelles Est ce que les t ches d limit es et prescrites de l ouvrier se refl tent dans les objets qui sortent des cha nes de montages Selon le mod le Taylorien la standardisation est un gage d efficacit L uniformit s impose comme un pr alable n cessaire pour r aliser des conomies d chelles La mise au point au cours du XX me si cle de panneaux d riv s du bois comme le contre plaqu le latt et le MDF s inscrit dans cette logique Les efforts de standardisation des dimensions et des paisseurs de ces mat riaux notamment avec les produits se mi finis vont dans le m me sens Ce mouvement se poursuit par le d veloppement de pi ces d assemblage normalis es Dans l indus trie du bois nous pouvons citer comme exemple les querres les charni res les tasseaux et d autres l ments de fixation dont des r f rences identiques se retrouvent dans des produits de firmes dif f rentes Les recherches ergonomiques au cours des ann es 40 s ins crivent dans cette logique d universalit Par ailleurs l influence de ce mod le industriel d passe la fa brication des produits La mani re de concevoir les objets volue galement L organisation productive doit permettre de les les biens concevoir rapidement et au moindre co t et de changer de fabrication aussi souvent que n cessaire en fonction des variations de la de
223. ioni Flos 1960 97 116 TARTINUTELLA spatule tarniter Patrick Jouin Ferrero 2003 24 TAVALONE table Gaetano Pesca Meritalia 2007 158 159 Index des objets et des lieux 337 TC1000 vaisselle Hans Roericht Rosenthal 1962 50 TGV train grande vitesse Roger Tallon Alstom 1972 239 240 244 248 THALYA chaise Patrick Jouin Kartell 2007 26 104 105 274 TIZIO luminaire Richard Sapper Artemide 1972 46 TL 902030 cafeti re Jasper Morrison Rowenta 2004 166 TOGETHER si ge Nacho Carbonell Rossana Orlandi 2008 83 TOM VAC fauteuil Ron Arad Vitra 1999 96 TP1 enregistreur Dieter Rams Braun 1959 42 TRATTORIA chaise Jasper Morrison Magis 2009 307 TUBINO luminaire Achille et Pier Giacomo Castiglioni Flos 1950 92 TULIP fauteuil Eero Saarinen Knoll 1955 56 96 TWO TOPS TABLE table Marcel Wanders Moooi 2005 114 TYPE 23 voiture Bugatti 1935 278 279 UNIVERSALE chaise Joe Colombo Kartell 1967 273 UP si ge Gaetano Pesce B amp B Italia 1969 228 VAN KLEEF amp ARPELS boutique Patrick Jouin Paris 2006 39 VAPEUR luminaire Inga Semp Moustache 2009 231 233 234 V LO v lo de course Lotus 1992 155 V RONIC cam ra Roger Tallon Sem 1957 152 VERRE HEINEKEN Martin Szekely Heineken 2002 145 VERRE PERRIER Martin Szekely Perrier 1996 143 VERTIGO argente
224. ions tend red finir les arch types M me si les mod les avec une antenne excroissante ont disparu ils subsistent sous l apparence de pictogrammes Par cons quent les nanotechnologies invitent les designers reconsid rer la dimension cognitive d un projet afin de resignifier ses fonctions Le directeur du MINATEC IDEAs Laboratory Michel Ida va dans ce sens lorsqu il affirme avoir pris conscience la fin des ann es 90 qu il passait c t d innovations parce que celles ci relevaient des usages plut t que des techniques Le partenariat entre ce laboratoire du CEA 3 et l ENSCI t moigne galement de ces pr occupations Pour Jean Fran ois Dingjian qui a dirig un atelier de projet sur ce th me l int gration de techniques invisibles remet la forme au centre du d bat Aujourd hui il s agit de remat rialiser les objets en leur donnant un sens pr cis par rapport leurs usages 3 Le dessinateur aurait il de nouveau les mains libres 28 Remarquons que sur la plupart des t l phones actuels le microphone est d j int gr l int rieur du combin sa pr sence est d sormais symbolique 2 Beaux arts Magazine Octobre 2009 n 309 p 58 30 CEA Commissariat l nergie Atomique 31 Ibid p 59 L influence des outils 6 Les mat riaux 235 T l phone Morph Concept Nokia R amp D 2008 Il s agit du m me objet sur chacune des images ci contre Le t l phone volue su
225. ire D une m me pos ture d esprit illustr e par la phrase de Raymond Loewy Du tube de rouge l vres la locomotive ou encore celle de Max Bill de la petite cuill re la ville R T Ce n est pas un probl me de pied d galit Le design est apparu en France tr s mal accueilli On sortait d un solide pass conservateur avec tout de m me quelques r ussites dans le domaine des d corateurs Il y avait l cole des Arts D coratifs dans laquelle on traitait de probl mes de d coration Puis le design est arriv Grosse inqui tude sur le futur Le design a t dans un premier temps mis sous s questre et on ne l a plus vu Heureusement je n avais pas ce probl me car je travaillais pour des entreprises am ricaines Mes coll gues fran ais souffraient beaucoup de cette situation Ils taient consid r s comme des sous stylistes 241 D un seul coup il y a eu 68 il y a eu Pom pidou et tous ces gens qu ils soient d corateurs ou autres se sont retrouv s designers Vous me dites qu il y a plu sieurs formes de design Moi je veux bien Je me souviens un jour on m a demand quelle d finition donner un designer La seule r ponse que j ai trou v e c est un designer c est quelqu un qui fait du design et qui en vit F A Le probl me ne viendrait il pas du fran ais On utilise design et desi gner pour qualifier plusieurs champs d activit s Les anglo
226. ires Pour qu un programme soit simple d usage il doit compter peu de fonc tions alors qu un syst me puissant doit contenir un grand nombre de fonctions pour augmenter les possibilit s Mais son maniement devient complexe et peut entra ner son rejet par le public Cette r flexion nous int resse particuli rement car elle distingue l influence qui a trait la nature du logiciel et les capacit s de l utilisateur int grer son mode de fonctionnement le prendre en main Il in siste en effet sur la dimension cognitive des probl mes d interface Est ce que les r f rences abondantes d autres outils traditionnels crayon ciseaux compas influencent les formes mod lisables En effet dans un souci d accessibilit les bo tes outils des logiciels actuels utilisent des ic nes inspir es d autres domaines Lorsqu une technique succ de une autre cette premi re passe par un stade d imitation de la pr c dente s mancipant lentement Elle s appuie sur des mod les issus de proc d s ant rieurs Ainsi le mo delage informatique reste bas sur des gestes du monde physique percer tordre tirer etc Par ailleurs la logique constructive des logiciels de mod lisation repose sur des notions pr existantes de bo tes sph res cylindres c nes etc Le dessin est lui aussi d fini 6 Cyril Afsa Les machines de l esprit sous la direction de Marie Haude Caraes M moire de fin d tudes de l Ensci 20
227. is e pour faire la diff rence entre un projet artistique et un projet de design La communaut post utopique et les ob jets d ameublement de l Atelier Van Lieshout le Donald Judd bar construit par Tobias Rehberger pour le Munster Skulptur Projekte sont tous des exemples frappants d artistes visuels qui brouillent les distinctions Des exemples du d sir qwa l art visuel de s accaparer non seulement sa propre histoire mais de s attaquer d autres dis ciplines proches comme le fait le design f l occasion de l exposition Design etc Open Borders au Tri Postal de Lille en 2004 Renny Ramakers cofondatrice du label Droog Design crit dans le catalogue Cette exposition montre que chaque cr ateur poss de sa propre discipline ma s peut en in t grer d autres Celle ci pr ne la reconqu te de la libert artistique gr ce au franchissement des fronti res entre les disciplines Cette assertion laisse entendre l importance d un app tit f roce senti ment positif qui explique peut tre pourquoi les territoires du de sign de l art et de l architecture sont indiff remment balay s par la production d architectes de designers ou d artistes De plus ces 8 Martin Szekely collectif sous la direction de Martin Szekely Paris Images Modernes Kreo 2003 L influence du cr ateur 8 Porosit des influences 127 dynamiques se r clament d un nouvel ordre de la porosit appel mixage ou sa
228. ison interview par Fumiko Ito au Axis Gallery Tokyo Super Normal Dialogue 2006 88 existantes cr es par d autres f Ainsi la volont d originalit est vacu e avant m me d avoir pu se manifester puisque son r pertoire de base pour la cr ation de formes correspond des morphologies pr existantes Sa tentation d exclusivit formelle est d samorc e par le potentiel expressif et communicatif des arch types Par ailleurs Hella Jongerius revendique travers sa d marche son refus de prendre part la surench re de codes et de signes g n r e par la soci t de consommation Comme Jasper Morrison elle pr ne l apaisement et exprime clairement ses doutes quand la p rennit d un mod le bas sur la cr ation perp tuelle de nouvelles typologies Toutefois nous devons insister sur le fait qu il existe peu de points communs dans l apparence des objets d Hella Jongerius et de Jasper Morrison Bien que tous les deux partagent la m me aversion pour la qu te d originalit formelle leurs r alisations sont dissemblantes ce propos notons qu en ayant recours au d tournement Hella Jongerius con oit des objets auxquels il est souvent accol l adjec tif original Certes elle ne cr e pas de nouvelles formes ma s en faisant se rencontrer et s entrechoquer des formes aux vocations loign es elle g n re un bruit et des r actions qui loignent ses ob jets des produits silencieu
229. isse na turalis fran ais 114 JENSEN Jakob 1926 danois 166 JONGERIUS Hella 1963 hollandaise 48 87 88 JOUIN Patrick 1967 fran ais 21 27 38 56 81 85 98 100 104 206 274 313 JUDD Donald 1928 1994 am ricain 126 KNORR Donald 1922 am ricain 96 KURAMATA Shiro 1934 1991 japonais 42 328 LAARMAN Joris 1979 hollandais 102 LAMB Max 1980 am ricain 160 161 LEHANNEUR Mathieu 1974 fran ais 102 127 LEVI Arik 1963 isra lien 99 LLOYD WRIGHT Frank 1867 1959 am ricain 179 LOEWY Raymond 1893 1986 franco am ricain 120 122 279 284 LOMAZZI Paolo 1936 italien 228 LOVEGROVE Ross 1958 anglais 96 LUR AT Andr 1894 1970 fran ais 283 MAGDALOU J r my fran ais 62 MAGISTRETTI Vico 1920 2006 italien 42 164 273 MAJORELLE Louis 1859 1926 fran ais 101 MALDONADO Tomas 1922 argentin 49 70 150 156 MALLET STEVENS Robert 1886 1945 fran ais 31 69 MANKU Sanjit 1971 canadien 44 MARTINELLI Elio 1922 italien 97 MASSAUD Jean Marie 1966 fran ais 165 MAURER Ingo 1932 allemand 60 MEDA Alberto 1945 italien 227 MELLOR David 1930 anglais 42 MENGHI Roberto 1920 italien 265 MENDINI Alessandro 1931 italien 83 90 MIES VAN DER ROHE Ludwig 1886 1969 allemand 134 138 MORRISON Jasper 1959 anglais 42 44 86 87 88 93 16
230. it s de la machine qui dictent les for mes possibles et non plus l habilet le savoir faire et encore moins le talent de l ouvrier Dans le domaine du mobilier l diteur Herman Miller nous four nit un exemple explicite Lorsque la Michigan Star Furniture Com pany prend le nom de son nouveau pr sident en 1923 son catalogue propose des meubles aux formes ancr es dans des r f rences tradi tionnelles Le passage progressif une production industrialis e grande chelle a entra n une modification des formes en ad qua tion avec le potentiel des machines La conception des objets vise limiter le nombre d intervention manuelle et m me les liminer compl tement lorsque cela est possible La diff rence entre la chai se en bois ouvrag e de 1923 et les meubles expos s dans le show room de la marque en 1939 t moigne clairement de cette influence Par la suite Herman Miller a d montr son int r t pour l innova tion dans les proc d s industriels en d veloppant trois ans plus tard avec Charles et Ray Eames des attelles en contre plaqu moul Ces travaux aboutiront en 1947 la commercialisation d assises dont les formes reposent sur le m me principe Si ge au catalogue de la Michigan Star Furniture au moment o celle ci prend le nom d Herman Miller Inc en 1923 Seulement vingt ans avant d diter les si ges des Eames en contre plaqu moul 304 Au del du changement d outils de product
231. it d j p rim d s demain 245 F A Vous admirez l homog n it des produits Braun Cependant j ai lu que vous temp rez cette admiration par une critique sur ce que vous appelez le style du non style calviniste la limite de l invisible force de vouloir gommer toute caract ristique trop saillante N est ce pas trange que l on puisse mettre une critique sur le style d ob jets qui se revendique comme n en ayant aucun puisqu issus d une d marche purement fonctionnaliste R T Heureusement qu on a eu Braun puisqu on a vu que a pouvait exister Mais il ne fallait pas qu ils oublient qu ils taient dans une soci t de concurrence Braun s est servi du design comme d un facteur de diff renciation partir du moment o tous les allemands se sont mis faire du Braun a n a plus march F A C est int ressant de voir ce qu est devenu Braun aujourd hui R T Braun aujourd hui c est un d sastre Et artisan de ce d sastre c est Vi gnelli Lorsque Gillette a rachet Braun tout a chang On est dans une crise au jourd hui au niveau du design dans les entreprises Celles qui avaient une so lide culture du design comme IBM l ont conserv e Mais pour en reconstruire ou en r orienter d autres c est toute une histoire 246 F A Il y a quand m me certaines grandes entreprises qui pratiquent le design avec conviction Je pense App
232. ivant les usages L INFLUENCE DES PROC D S DE FABRICATION ENTRETIEN AVEC ROGER TALLON PROPOS RECUEILLIS LE 6 JUILLET 2009 Fr d ric Alzeari Dans l introduction que vous avez crite dans un livre consacr votre travail publi l oc casion de l exposition Roger Tallon itin raires d un designer industriel au Centre Georges Pompidou en 1993 vous crivez que tr s jeune j ai connu la fin d un monde avec la d faite et l occupation et le d but d une nou velle poque la lib ration C est travers l acte de production que j ai voulu servir avec enthousiasme et sans tat d me mes d buts avec plus de r flexion et de rigueur par la suite Quel sens est ce que vous donniez alors au verbe servir Est ce qu il s agis sait de servir une soci t et un pays en pleine reconstruction de se mettre au service d une profession encore tr s largement m connue du grand public de servir une ventuelle cause politi que ou tout simplement de se mettre disposition des gens Roger Tallon Servir mon poque dans un sens tr s large Le mot ser vir tait peut tre mal choisi Il peut pr ter confusion Plut t que ser vir c tait agir Aujourd hui on a du mal imaginer la situation mais elle n tait pas claire Il y avait le chaos de 239 la reconstruction Certains se disaient qu est ce que je vais faire dans la vie et ainsi de s
233. jet venir Il s en fait la fois l initiateur et le tuteur Citons une fois de plus Martin Szekely lorsqu il d clare qu un mat riau d termine d embl e un projet ou encore quand il r sume un ma t riau est un programme Pour revenir au li ge c est le choix de cette essence qui oriente la morphologie des Simple boxes Ce qui est facilement justifiable pour une ressource naturelle l est il galement pour un mat riau dont la propri t industrielle est prot g e En effet s il para t d licat de nier le caract re universel et inappropriable de la pierre du bois ou de Por il peut tre l gitime pour une soci t de contr ler l usage d un produit dont elle a financ le d veloppement L objet de ce m moire n est pas de discourir sur les abus ou l injustice de la protection industrielle Toujours est il que nous pouvons souligner la d finition toute relative du mot nou veau lorsqu il applique un mat riau Beaucoup se contentent de combiner des l ments existants ou d en faire varier l g rement les qualit s physiques Par ailleurs m me les biens communs sont soumis des limitations La personne qui souhaiterait abattre un ch ne en for t de Rambouillet sous pr texte que le bois appartient chacun ou qui se rendrait Carrare pour y pr lever un bloc de marbre devra se rendre l vidence si la dimension symbolique et historique de ces mat riaux forme un h ritage universe
234. king practices or where sheet metal was used by shaping each piece with traditional sheet metal tools that were only capable of rolling folding seaming and beading planar surfaces Crowned surfaces could only be obtained by laborious hand pounding and fitting to a wooden form However the development of haevy presses that could stretch flat steel into three dimensional shapes made the streamlined form possible Long sweeping lines it was stated at the time are pressed into the steel under great preassure and there is no hammering out at any point in order to develop the curves Consequently the steel is of uniform thickness and strength at all points All joints are electrically welded at the doors so that the finished body is actually composed of a single piece of sheet steel without seams Arthur J Pulos American Design Ethic A history of Industrial Design Cambridge Massachussetts USA The MIT Press 1983 Travail des calandres la main dans les usines Ford 1915 278 gauches sont limit es au maximum et les t les sont encore mainte nues par des rivets leurs jonctions ce qui rappelle le fuselage des avions Les l gantes courbes des garde boues sont alors r serv es aux luxueuses berlines La photographie de la r plique de l atelier des d buts d Henry Ford Greenfield Village dans le Michigan ren force notre sentiment d un proc d de fabrication essentiellement artisanal en r f rence directe aux
235. l argile n tait pas autrement fa onnable Sans nous focaliser sur l origine de ces empreintes nous remar quons que dans tous les cas le moulage implique la possession d un premier objet la matrice pour l obtention d un second Ce n est plus la main qui mod le l objet mais le moule qui dicte la mati re la forme adopter Son influence sur la forme d finitive de l objet est donc pr pond rante La conception des moules leur mati re et leur processus d utilisation g n rent des formes dont la logique constructive s loigne des principes de mise en forme pr c dents La morphologie de l objet continue tre obtenue par d formation de la mati re mais on ne peut plus parler de modelage de fa onnage et encore moins de sculpture Nous allons voir que la technique du moulage d clenche le d veloppement d une nouvelle grammaire formelle Tout d abord le moulage est au d but destin augmenter le rythme de production des produits les plus grossiers tuiles briques et conduites Comme on le voit sur l illustration ces objets sont fa briqu s la cha ne et en grande quantit Leur aspect n est pas la premi re des pr occupations leur r gularit g om trique et leur so lidit sont bien plus importantes Nous remarquons que ces objets peuvent tre r alis s dans le m me mat riau sans avoir recours la technique du moulage Ce proc d est donc dans ce cas mis en uvre avant tou
236. l De Rosnay L Homme symbiotique Paris Le Seuil 1995 4 Pierre L vy La machine univers Paris La D couverte 1987 15 Ibid p 60 206 les enjeux de tels proc d s En effet bien que nous devions conser ver l esprit que ces technologies voluent rapidement rappelons que leur temps de mise en uvre reste extr mement long compar d autres proc d s industriels Par ailleurs la dimension des pi ces r alis es demeure modeste Enfin la fragilit m canique des ma t riaux employ s restreint pour l instant les applications envisa geables Ces machines d une fid lit absolue la forme mod lis e vont jusqu en adopter les travers Elles participent l entretien d un mythe celui de l objet fait d une seule pi ce en une seule fois et d une seule mati re Le tabouret One_Shot con u par Patrick Jouin en est l illustration la plus forte Bien que l enjeu de ce m moire ne soit pas de faire des pronostics l avenir ira certainement vers une utilisation plus parcimonieuse de ces proc d s des pi ces produites en st r olithographie pouvant par exemple s assembler avec d autres l ments fabriqu s par des moyens classiques Bien qu elles veuillent affranchir la morphologie des objets de toutes normes et s affirmer comme l extension tangible des logiciels informatiques ces machines n en sont pas moins d nu es d influence sur les formes Pour l architecte Bernard Cache ces
237. l Kula nous rap pelle qu il ne s agit pas de l mergence de substances inconnues jusqu alors mais d une chelle privil gi e laquelle on observe la mati re La manipulation se fait alors une chelle proche de l atome ou tout du moins des mol cules Ces volutions s inscrivent dans le prolongement d un mouvement de miniaturisation entam il y a plusieurs d cennies avec l invention du transistor L une des cons quences de ces progr s a t la r duction de la taille de postes de radio de moteurs de produits lectrom nagers de t l phones et bien s r d ordinateurs avec pour objectifs des gains de poids d encombrement de consommation de mati re et d nergie pour des fonctions similaires De plus l chelle nanom trique permet de r v ler des comportements in dits de la mati re donc laissant en trevoir des applications aux fonctionnalit s innovantes Parmi la multitude de projets prospectifs largement commen t s le t l phone Morph de Nokia est l un des plus r v lateurs Tout d abord sa forme ne laisse rien transpara tre des fonctions qu il re c le L lectronique n y est plus visible La vid o de d monstration disponible sur le site internet de Nokia insiste sur cet aspect La forme n est plus impos e par la mati re elle devient le pur produit de choix esth tique et de n cessit s li es aux usages En l occur rence le t l phone peut se plier dans une poche s a
238. l ouvert leur utilisation ne l est gu re La charge affective sensorielle expressive voire mystique et m taphorique de la mati re exerce une emprise certaine sur la morphologie des objets Lorsqu il se mat rialise un produit rev t aussi les attributs symboliques qui accompagnent la substance qui le constitue Les pi ces en marbre de Marc Newson expos es chez Larry Gagosian ou les Carrara tables de Jasper Mor rison int grent cette notion Elles portent en elles le poids des r f rences pass es sans pour autant s en alourdir et s en encombrer Erwan Bouroullec s oppose t il cela quand il r pond Chris tine Colin qu un mat riau c est ind termin moralement parlant 17 Entretien avec Martin Szekely p 147 226 et m me en terme de fonction 8 Son point de vue para t d fendable La mati re en tant qu l ment naturel est amorale Elle n est ni immorale ni morale elle ignore simplement ces questions L amiante le p trole ou les diamants n ont rien en soi qui les place d finitivement en opposition la vertu la probit l honn tet ou d autres valeurs C est leur usage qui peut aller l encontre de la mo ralit Ainsi pour un designer le choix d un mat riau et son int gra tion dans un objet doit se faire en connaissance de cause Un mat riau est peut tre ind termin moralement mais il n est pas neutre culturellement Par exemple l usage de l b ne du gal
239. la fin du XIXe si cle le mobilier Art Nouveau proposait des l ments de mobilier dont les lignes fluides liaient l ensemble des l ments Plus tard les fr res Thonet ont utilis leur ma trise de la technolo gie du bois courb pour d velopper des mod les de chaises dont les pieds arri re se poursuivaient jusqu former le dossier La pro position de Mart Stam pourrait dans ce cas tre per ue comme une adaptation en m tal mat riau moderne des technologies du bois cintr Elle ne serait d s lors que le prolongement d un mouve ment formel dont les pr mices ont eu lieu des d cennies plus t t C est d ailleurs la firme Thonet qui ditera ce si ge partir de 1931 Cette hypoth se nous am ne nous questionner sur les relations entre une technologie et ses applications Le tube d acier cintr est d j utilis au d but des ann es 30 pour plusieurs applications industrielles Les tuyaux de raccordement d installation de gaz ou la fabrication des bicyclettes font appel cette technologie L histoire veut que ce soit en observant le gui don de son v lo que Mart Stam ait eu l id e d appliquer ce proc d de mise en forme au mobilier Cette anecdote nous fait prendre conscience que l arriv e et la ma trise d une technologie de fabrica tion ne peut suffire expliquer la naissance d une nouvelle forme Si elle cr e un potentiel vident celui ci reste latent jusqu au moment o est
240. la nature de la formation qu il re oit que l environnement dans lequel il est plong pendant ses ann es d apprentissage qui laisse son empreinte Par ailleurs il existe des coles aux personnalit s toutes aussi fortes que l Ecal d o sortent des designers aux cr ations dissem blables Sam Hecht et James Dyson se sont tous les deux form s au Royal College of the Art Londres avec l enseignement des m mes professeurs Cependant leurs cr ations actuelles sont clairement divergentes Ce constat nous incite douter du caract re ind l bile des influences capt es durant l apprentissage De surcro t cela nous pousse croire en la capacit des designers se d tacher des influences formelles acquises au cours de leur formation Il n est pas facile pour un tudiant de se projeter pour imaginer quelle sera l influence de son passage l Ensci dans sa pratique ul t rieure du design Jusqu pr sent les observations que nous avons faites nous am nent minimiser l h ritage formel des ann es d tu des au profit d une inclinaison du designer pour une approche et une m thode de travail particuli re Le sens litt ral du mot formation va dans ce sens L apprentissage dans son ensemble est un processus de mise en forme de l esprit Ne voit on pas dans le travail d Ingo Maurer la marque de ses ann es d tudes du graphisme N a t il pas gard dans sa fa on de concevoir des luminaires une appro
241. la question de savoir qui a fait quoi le premier et pour quoi il se pose une autre interrogation celle de la conscience de nos inspirations En effet nous avons cru l ignorance dans les deux exemples que nous venons de citer Devons nous croire l inadver tance Est il possible d oublier ce que notre il a vu Sommes nous capables de nous affranchir de ce que nous connaissons La singularit d une inspiration est elle le corr lat n cessaire pour la singularit d une forme Nous avons d frich ces questions pr c demment lorsque nous nous sommes int ress s l influence des formes pass es C est d sormais de la perm abilit d un designer face un faisceau de tendances dont il sera question Dans quelle mesure des dessins portent ils la marque des inspirations de leur cr ateur Est ce qu voquer la ma trise de ses inspirations est autre chose qu un oxymore En r f rence au sens biologique de ce mot nous tenterons d observer comment nos inspirations peuvent re joindre nos aspirations 23 Part chap 6 L influence des formes pass es est elle une bride cr ative p 89 L influence du cr ateur 6 L originalit la culture de l exclusivit 95 Carafe vin Wine Jug Claudio Colucci dition Sentou 2001 Service verre et carafe Orseggi Achille Castiglioni Alessi 1966 Image extraite de Achille Castiglioni Tutte le opere 1938 2000 Milan Electa 2001 Mod
242. laude Tristes tropiques Paris Plon 1955 L VY Pierre La machine univers Paris La D couverte 1987 MALDONADO Tomas El dise o industrial reconsiderado Barce lone G G 1997 MATHEY Fran ois sous la direction de Au bonheur des formes Design fran ais 1945 1992 Paris ditions du Regard 1982 Micro et nanotechnologies r volutionnent le design in Beaux arts Magazine Octobre 2009 n 309 MILLET Catherine Roger Tallon itin raire d un designer indus triel Catalogue d exposition Paris ditions du Centre Pompidou 1993 MOLES Abraham en collaboration avec lisabeth Rohmer Les sciences de l impr cis Paris Seuil 1990 MORIN Edgar Sur l interdisciplinarit in Bulletin interactif du Centre international de recherches et d tudes interdisciplinaire 1994 et Les Cahiers de la recherche architecturale et urbaine 2003 PALLADIO Andrea Les quatre livres de l architecture traduction int grale de Freart de Chambray 1650 Paris Arthaud collection architectures dirig e par Fran ois H bert Stevens 1980 PERRIN Jacques Comment naissent les techniques La production sociale des techniques Paris ditions Publisud 1988 PULOS Arthur J The American Design Adventure Cambridge The MIT Press 1988 PULOS Arthur J American Design Ethic A history of Industrial Design Cambridge The MIT Press 1983 QUARANTE Danielle l ments de design industriel premi re pa rution en 19
243. le tre per ue comme le produit de transformations irr versibles guid es par de multiples param tres Parmi ces derniers nous compterions le contexte so cial conomique culturel ou g ographique dans lesquels un produit s ins re ainsi que d autres l ments dont nous avons tudi les impli cations au cours de ce m moire La forme serait d s lors le r sultat Charles Darwin L origine des esp ces par la s lection naturelle Titre original On the origin of species by Means of Natural Selection premi re dition London John Murray 1859 Traduction d Edmond Barbier en 1876 revue par Daniel Becquemont en 1992 Paris Flammarion 2009 2 Andr Leroi Gourhan Le geste et la parole Tome Technique et langage Paris Albin Michel 1964 p 48 312 d une adaptation de nombreuses influences Un consensus dont l quilibre sans cesse bouscul devrait se red finir sous peine d ex tinction Le volume imposant de l armoire normande aurait scell son sort comme celui du mammouth face l re glaciaire Les muta tions du milieu dans lequel ce meuble vit nos int rieurs participent sa disparition progressive La foule d objets obsol tes qui peuple les appartements de nos grands parents est appel e s teindre suivant le m me sch ma Leurs formes caduques incapables de s accorder leur environnement expliqueraient leur dissolution in luctable avant que quelques sp cimens suffisamment singul
244. le Malgr cela c est tout autre chose qui le marquera lorsqu il reviendra de voyage Son retour Milan est enthousiaste mais douloureux Ettore souffre des reins Le diagnostic est tr s hasardeux et les soins plus qu insuffisants On le croit perdu D sesp r son ami Roberto Olivetti l exp die San Francisco puis Palo Alto dans un h pital plus performant Il y reste presque un an mais on le sauve Cette longue station est une mise au point pour lui Il a vu la mort de pr s il n en regardera la vie qu avec plus d intensit Son num ro de chambre est E 128 Ce sera le titre d une autre publication ph m re Lorsqu il quitte Palo Alto c est par la c ramique que Sottsass exprime pleinement ses sentiments et les changements op r s en lui Il nomme les objets qu il cr cette oc casion les c ramiques des t n bres Gilles de Bure nous dresse le portrait d un homme profond ment marqu par cette exp rience qui a pouss s interroger sur le sens qu il souhaite donner sa vie Les objets qu il dessine apr s cet v nement expriment une forme de spiritualit moins flagrante dans ses cr ations pr c dentes Nous pourrions citer de nombreux artistes ayant modifi leur fa on de travailler apr s une rencontre la contemplation d une uvre un accident des moments de doutes etc De la r v lation mystique de Dali dans la gare de Perpignan la rencontre entre Pi casso et Braque
245. le par exemple R T videmment si vous me deman dez de vous en citer une ce sera celle l Apple c est un dernier bastion du de sign tout point de vue Jai d ailleurs failli travailler avec eux mais il fallait que je m expatrie et je mai pas voulu Ils avaient envoy une quipe me cher cher Je leur ai demand comment ils m avaient trouv Ils sont arriv s un soir avec une bouteille de whisky on n a m me pas d n au restaurant On s est fait porter des sandwichs et on a discut Ils taient d accord pour qu on tente le coup mais il fallait s expatrier et je men avais pas envie Pour revenir Braun il ne faut pas ou blier qu il y avait une cole derri re Ce n tait pas qu une entreprise L cole d Ulm a vraiment t un grand moment J tais tr s li des gens comme Maldo nado par exemple F A Vous dites que pour le design la rationalit n est pas la finalit Le jeu la fantaisie l humour l rotisme ne lui sont pas interdits Est ce que vous sous entendez qu un cahier des charges aussi pr cis soit il est dans tous les cas incomplet puisqu il existe une multitude de besoins humains non quantifiables R T a vient toujours du malenten du fran ais qui veut que le design soit quelque chose qui n existe pas J ai en tendu dans la bouche d un ancien de chez Renault qui travaille chez Alsthom qu un des protagonistes du design scan dinave disait c
246. les quels le spectre de solutions formelles envisageables est plus large Plus g n ralement les logiciels de CAO ont pour vocation initia le de simuler virtuellement des contraintes calqu es sur le monde 2 Notons que chacun de ces logiciels auxquels nous pouvons rajouter SolidWorks ont t cr par Dassault Syst mes 3 http lwww dassaultfalcon com 7x 4 Part 2 chap 1 Un processus rigoureux et raisonn p 149 Jet d affaire Falcon 7X con u enti rement l aide d outils num riques Dassault Aviation premier vol en 2005 d but des livraisons en 2007 198 r el Lorsqu ils sont utilis s pour des probl mes d ing nierie c est leur capacit mod liser fid lement et moindre effort des don n es concr tes qui est appr ci e Ils reproduisent des situations observables auparavant mais qui n cessitaient de lourds investis sements en temps et en argent Ainsi la puissance de calcul des or dinateurs et l volution des capacit s de ses logiciels permettent de formuler des propositions jusqu alors inenvisag es faute de moyens En ce sens m me s il nous est difficile de discerner des formes qui leur sont directement imputables nous pouvons attribuer ces pro grammes une influence car ils favorisent l closion de morphologies innovantes Une esth tique renouvel e Au sein d un univers technologique o le syst me informatique est tout puissant l outil num rique constitue lui
247. les remises en cause les doutes et le questionnement Ils participent pleinement la maturation d un travail Pour Andr e Putman l chec de l aventure Cr ateurs amp Indus triels en rappelle un autre celui de la musique qu elle a abandonn e alors qu on lui pr disait une carri re de pianiste C est d ailleurs ce choix qui l a amen devenir ce qui ne s appelait pas encore archi tecte d int rieur Quelques mois apr s avoir d finitivement enterr sa premi re soci t elle a cr Ecart qui est l anagramme de Trace Fran ois Olivier Rousseau r sume ces pisodes avec recul On ne peut pourtant pas manquer tous les rendez vous m me dans le re gistre de la frustration et de la faillite la vie n a pas tant de consis tance C est ainsi qu il arrive que le cheminement d une recherche individuelle longtemps ignor e ou m sestim e croise tout coup le flux irresponsable de l aspiration du plus grand nombre 4 Devons nous aussi voir la fin d un id alisme lorsque le 30 juin 1953 Jean Prouv quitte ses ateliers de Max ville pr s de Nancy pour ne plus y revenir En proie un conflit avec les dirigeants de Aluminium fran ais qui dure depuis plusieurs ann es Jean Prou v d cide finalement de partir Paris Il refuse le risque d tre assi mil personnellement la d consid ration de l image des Ateliers 4 Fran ois Olivier Rousseau Andr e Putman op cit p 47 5
248. les villes depuis le Moyen ge des corporations de m tiers appel s communaut s jur es ou jurandes enca draient le travail des artisans Ces derniers voyaient l un syst me Fa ade d un cabinet italien du XVIe si cle en b ne avec des placages de nacre argent et or Les motifs du meuble font r f rence l architecture Career FEAT Derry SEA LA TTAR f borra ARE T OTN L influence des proc d s de fabrication 4 L organisation de la production 295 collectif reposant sur des principes de solidarit et de surveillance mutuelle N anmoins l immobilisme de ces groupements corpora tistes constitua un frein l innovation qui peut expliquer le prolon gement de l influence formelle de l architecture longtemps apr s la sp cialisation des artisans dans la fabrication de mobilier Le sys t me productif reste bas sur le travail d artisans habiles et ma tres de leurs r alisations En 1581 un dit r glemente et classe les m tiers de Paris en plu sieurs cat gories Le mod le productif s il reste ancr dans une lo gique artisanale s loigne largement de la polyvalence Le syst me corporatiste s en trouvera renforc Il n est pas dans notre intention d analyser ici la morphologie du mobilier au regard de l volution des styles Nous avons voqu les conditions de leurs renouvelle ments pr c demment 3 Il nous est n cessaire de dissocier ce qui provient
249. leurs usages se chevauchent tel point qu il est d licat d en observer une sorte sans que les deux autres ne s interposent rapidement N an moins nous nous int resserons particuli rement aux deux premiers statuts mentionn s le dessin de r flexion et le dessin de conception car c est principalement par leur entremise que la forme est d finie Les hommes primitifs ont fig sur les parois des cavernes des images de leur environnement et des motifs abstraits t moignant de leurs aspirations et de leurs croyances Les fresques pari tales taient elles d j une forme d criture Notre intention n est pas de r pondre cette question Toujours constatons nous que les pre mi res critures telles que les hi roglyphes se rapprochent du des sin Ils s apparentent un langage crit bas sur des r f rences figu ratives aussi appel es cryptographiques Par la suite les tablettes cun iformes les id ogrammes et les alphabets latin et grec demeu rent des signes graphiques li s au dessin Leur trac reste l expres sion d un geste D un point de vue historique dessin et criture ont donc une essence commune Par ailleurs chacun d eux permet de fixer de synth tiser de d velopper de transmettre une id e et d ta blir une r flexion Dessin et criture accompagnent la pens e ils en sont la fois le prolongement et le vecteur de d veloppement De la m me fa on que les progr s dans les scien
250. lieu des frac tions et des nombres radicaux est celle des trac s r gulateurs en particulier base 2 et 3 La diagonale du carr figure dans les pro portions de pi ces donn es et l analyse en r v le la pr sence dans les plans et l vations de plusieurs de ses r alisations Remarquons que l usage de ces r gles math matiques d passe le simple cadre d une r ponse des pr occupations fonctionnelles Ainsi la composition de la Villa Rotonda par exemple s inscrit dans trois carr s tournant de progression y2 depuis la salle cen trale jusqu l extr mit des quatre escaliers ext rieurs Quant au rapport 3 il est fr quent dans les trac s de fa ade comme celles du palais Valmarana L architecte de la Renaissance crit dans son livre qu il n est pas l initiateur de la math matisation de environ nement Palladio nous rappelle que d s lantiquit les concepteurs recherchaient dans les nombres des r ponses leur qu te d harmo nie formelle La succession des diff rents ordres dorique ionique corinthien composite puis toscan implique aussi une volution des rapports qui r gissent leurs proportions La fonction de sout nement des colonnes demeure identique ma s le rapport de la hauteur de la colonne son diam tre volue De plus chacun des ordres est at tach e une signification particuli re et un niveau en fa ade Palladio marque m me sa pr f rence pour l entrecolonnement e
251. lisent parce qu ils ne peuvent pas prendre autre chose Il prennent le train qu on leur donne Qu il soit moche ou qu il soit bien ils font avec Moi je suis de ceux qui consid rent qu ils tra vaillent avec une entreprise et pas en se regardant le nombril On les entend dire chaque semaine dans les jour naux moi j ai pens Ceci moi j ai pens cela On a d couvert dans le design des grands penseurs de fond Souvent a ne va pas tr s loin mais bon c est une mani re comme une autre d assurer sa publicit a ne sert rien On juge les gens sur pi ce et au r sultat Pour conclure je dirais que ce sont les donneurs d ordres qui posent probl me La demande est mal fichue mais l offre est l Il y a plein de candidatures et de gens dans les coles disponibles et avec un bagage Alors que ce n est pas le cas pour des gens qui h ritent d un travail la SNCF et qui ne savent m me pas que le design existe pour la plupart F A Je crois savoir que vous ne pla cez pas la conception de mobilier ou de vaisselle sur un pied d galit avec le design de v hicules de transport par exemple Est ce que l un serait une activit l g re et l autre un processus beaucoup plus lourd S il est vident que le nombre de don n es prendre en compte est diff rent vous parlez d une trentaine pour des couverts et de plusieurs milliers pour un train ne s agit il pas d une m tho dologie simila
252. ller 1949 97 BULB luminaire Rody Graumans Droog design 1993 49 B TTERELY tabouret Yanagi Sori Vitra 1954 43 CARENZA biblioth que Gaetano Pesce VIA Diffusion 1972 211 CARRARA TABLE table Jasper Morrison Kreo 2005 225 C RAMIQUES DES T N BRES Fttore Sottsass Jr 1963 64 CHAISE Robert Mallet Stevens 1930 31 69 CHEST OF DRAWERS Tejo Remy Droog design 1993 48 CHL98 chaise longue Maarten Van Severen Vitra 1998 177 CHL STERLI restaurant Patrick Jouin Gstaad Suisse 2003 62 CIPREA fauteuil Afra et Tobias Scarpa Cassina 1968 231 CLOUD modules Ronan et Erwan Bouroullec Cappellini 2002 182 COFFRE DE MESR Nouvel Empire gypte 1550 1069 av JC 292 COMPUTATIONAL DESIGN prototype de si ge EZCT 2004 209 CONCRETE table Martin Szekely Kreo 2008 147 CONTAINER bidon pour liquide Roberto Menghi Pirelli 1958 265 266 COROLLE pyl ne lectrique Martin Szekely Transel pour EDF 1994 147 CORONA EJ65 fauteuil Poul Volther 1961 96 CORK collection de mobilier en li ge Martin Szekely Kreo 2009 147 225 CROP fauteuil Ross Lovegrove Fasem 1996 96 CUMANO gu ridon Achille Castiglioni Zanotta 1979 89 Index des objets et des lieux 333 CUTE CUT canap Patrick Jouin Pianca 2000 26 D42 WEISSENHOFF fauteuil Ludwig Mies Van Der Rohe Berliner Metallgewerke 1927 138 DAF
253. lles de leurs auteurs Parmi eux Jas per Morrison t moigne de ces allers retours incessants entre le trait et l id e entre le papier et l esprit De la feuille l id e revient en t te et le dessin suivant est un peu diff rent La r flexion se pour suit ainsi elle pourrait tre infinie Les designers voquent g n ralement l imm diatet du dessin manuel qui permettrait seul de suivre le rythme de la pens e C est la spontan it la fois univer selle et personnelle de ce langage qui en fait le confident privil gi 3 Propos de Jasper Morrison extraits du catalogue de l exposition Dessiner le design RUBINI Constance sous la direction de Exposition du 22 octobre 2009 au 10 janvier 2010 au Mus e des Arts D coratifs Paris Paris dition Chlo Demey 2009 p 26 L influence des outils 3 Le dessin 177 des designers Comme le souligne Constance Rubini l o la parole produit des images mentales le dessin permet de les visualiser instantan ment 4 Cependant la formation g n ralis e aux ou tils informatiques ainsi que la flexibilit et la facilit de partage des supports num riques tendent remettre en cause le statut univer sel du dessin L ordinateur ne serait plus un obstacle l imm diate t du trait Le dessin la main ne serait plus le d positaire exclusif de l intuition naissante D autres m diums r cents sont d sormais capables de s affirmer comme de v ritabl
254. llonger pour devenir cran se rouler autour du poignet comme un bracelet etc Ainsi le Morph se r sume un film translucide auto nettoyant ca pable de tester la fra cheur des aliments ou de recharger ses batteries 25 Le nom nanomat riau fait r f rence l chelle des particules tudi e Le nanom tre 109m repr sente un millioni me de millim tre 2 Daniel Kula lodie Ternaux op cit p 323 27 http lwww nokia com about nokia research demos the morph concept Lampe Vapeur Inga Semp Moustache 2009 234 gr ce aux rayons solaires et videmment d avoir une conversation t l phonique La s paration des mati res solidaires ou fluctuantes devient ino p rante La morphologie de l objet n est plus assujettie aux imp ra tifs dict s par la mise en uvre de la mati re ce qui remet en cause radicalement les r f rents formels existants Tr s concr tement le microphone du combin n a plus aucun besoin d tre marqu par quelques trous perc s dans une coque Non seulement cette der ni re dispara t mais il remplit sa fonction sans que utilisateur puisse d terminer o il se trouve Enfin cela fait d j plusieurs ann es que nos t l phones portables n ont plus d antenne Celle ci est int gr e l int rieur du combin Bien qu il ne s agisse pas de nanotechno logie l volution suit des logiques similaires d un point de vue for mel La miniaturisation des fonct
255. ls peuvent se manifester sous d autres formes Au del de la mobilit des cr ateurs leur terrain d intervention est loin de se circonscrire aux environs de leur lieu de travail Ainsi en architecture les concours internationaux sont ouverts des pro positions de tous horizons Bien qu il arrive que l architecte d ve loppe une lecture des codes formels associ s au pays d implantation du b timent c est parfois sa volont et sa personnalit cr ative qui priment sur ces consid rations Pour illustrer cela nous pouvons mettre en parall le des projets distants de quelques kilom tres et r a lis s par des architectes aux origines diverses dans un pays qui leur est tous tranger Sur l le de Saadiyat Abu Dhabi aux Emirats Arabes Unis Jean Nouvel propose une interpr tation des moucha rabiehs pour la coupole de la future antenne du mus e du Louvre l oppos Tadao Ando Foster and Partners Frank Gehry et Zaha Hadid ont dessin des projets qui se d tachent clairement de toute r f rence islamique Par ailleurs les designers commencer par Philippe Starck con oivent des h tels et des restaurants aux quatre coins du monde avec une lecture tout aussi libre des particularit s locales Dans le domaine de l objet le service th cr en 2008 par l architecte Kazuyo Sejima pour Alessi est explicite L observa tion de ces objets r v le la flexibilit de leur auteur par rapport aux L influence du
256. m l l Art contempo rain notamment par la revue ArtPress Comme on disait au d but notre de l en trevue pour servir l Art contempo rain J ai travaill avec C sar et Armand dans l aventure du Nouveau R alisme a n a pas t une petite histoire Klein n avait pas toujours les conni vences n cessaires Je l ai prot g J ai fait des choses avec lui de A Z comme avec C sar Mais C sar n tait 244 pas un na f quand il est venu rejoindre les Nouveaux R alistes il avait d j un lourd pass acad mique mais il a com pris que le vent avait tourn F A Est ce que ces exp riences ont eu une influence sur votre travail de designer R T Non Ou alors des petits d tails Le TGV avait une bande bleue au mi lieu c tait le bleu de Klein par exemple Mais ce n est pas grand chose C est pas suffisant pour signifier une influence Le bleu tant pour les fran ais une r f rence historique comme le rouge pour les anglais F A Le TGV tait orange l origine R T Lorsque j ai dessin le TGV en 1957 il tait d j aux couleurs actuelles Puis il y a eu des atermoiements Als thom avait un dessinateur qui s appe lait Cooper Il a bricol quelque chose en reprenant l id e que j avais d velop p e pour le m tro de Mexico qui tait orange Ce m tro tait orange pour des tas de raisons trop longues expli quer ici La couleur orange c tait no tamm
257. m moul D tail du pi tement du fauteuil Soft Pad Charles et Ray Eames Aluminium Group 1969 222 lombus dans l Ohio Il a travaill ce projet avec Eero Saarinen et les Eames Girard voulait concevoir des meubles assez l gers pour tre transport s l ext rieur et donc capables de r sister aux effets corrosifs du climat Le premier des l ments remarquables dans les chaises de bu reau dit es en 1969 par l Aluminium Group Cest la mise au point de formes de bases pouvant tre d clin es Le pi tement toil les accoudoirs ou l entretoise du dossier se retrouvent dans chacune des variantes propos es Mais cela provient il du mat riau ou des imp ratifs conomiques li s la production en s rie L utilisation de l aluminium coul pr sente un danger comme il est possible de lui donner tous les contours imaginables sa forme peut rapide ment devenir abstraite voire fantaisiste Dans ce sens la conserva tion d l ments identiques dans plusieurs mod les peut tre per ue comme un moyen de se pr munir contre un dessin sur expressif et de garantir l homog n it esth tique de la gamme Enfin notons que la forme des si ges n est pas exclusivement le produit d une recherche sur le potentiel structurel de l aluminium L aspect de ces objets est le r sultat d une rencontre entre deux ma t riaux aux propri t s loign es mais utilis es en synergie Le pre mier nous l avons vu
258. mande des diff rents mod les 24 Cette remarque nous d montre que la strat gie de production de masse initi e par Ford a c d la place d autres m thodes Leur mode d organisation privi l gie la diversit et la flexibilit par rapport au volume de produc tion Les variantes de ces syst mes empruntent des noms issus de l industrie automobile comme sloanien s toyotisme ou hondien f Ce n est pas notre intention d analyser et de d finir les sp cificit s 23 MDF est un sigle qui signifie Medium Density Fibreboard qui peut se traduire en fran ais par panneau de fibres de bois de densit moyenne 24 Robert Boyer Michel Freyssenet op cit p 40 35 L adjectif sloanien provient du nom du patron historique de General Motors Alfred Sloan Robert Boyer Michel Freyssenet La crise du mod le sloanien aux Etats Unis et l affirmation de deux nouveaux mod les au Japon 1967 1973 Paris Gerpisa 1990 p 40 dition num rique freyssenet com 2006 760 Ko 26 Toyotisme et hondien sont utilis s en r f rence au mod les productifs des marques japonaises Toyota et Honda L influence des proc d s de fabrication 4 L organisation de la production 305 de chacun de ces mod les Nous concentrerons notre attention sur la mani re dont les mutations du monde industriel au cours des der ni res d cennies du XX me si cle et jusqu aujourd hui ont influ sur les formes qui nous entourent Mondiali
259. mation et surd finition Dans les logiciels 3D les objets flottent dans un espace homo g ne et infini Ils ne sont ni soumis la gravit ni assujettis aux pro pri t s d une mati re Leur lasticit est sans limite et leur masse inexistante M me la notion d chelle para t relative face au n ant dans lequel baignent les formes mod lis es Malgr cela il n y a pas de place dans ces programmes pour l approximation Leur structure math matique refuse l peu pr s l inexact La position d une ligne ou d un point est d finie l int rieur d un rep re rationnalis dans 8 Philippe Qu au loge de la simulation De la vie des langages la synth se des images Paris Champ Vallon INA 1986 p 65 Les NURBS Non Uniform Rational Basis Splines permettent de g n rer des surfaces gauches complexes qui ne peuvent tre repr sent es uniquement par de multiples courbes L influence des outils 5 L informatique et les outils num riques 203 les trois dimensions x y z Il est possible de zoomer sur un corps jusqu une chelle microscopique tout en conservant un niveau de d finition absolu Au cours d une entrevue Dieter Rams dresse un parall le avec le dessin manuel qui a contrario accepte la ligne vague et le croquis h sitant Son interlocuteur lui demande s il ne regrette pas d avoir exerc son m tier une poque o les ordinateurs n of fraient pas encore les possibilit
260. me nationalit Cepen dant selon l historien Raymond Guidot leurs partis pris esth tiques ne sont pas si loign s Si certains ont tendance surr aliser la plupart privil gie le fonctionnel sur la forme C est un peu comme s il fallait arr ter en r action au tape l il des ann es 80 de faire n importe quoi Ainsi ce ne serait pas sur le plan formel ma s dans la conception de leur m tier et dans l approche des questions inh rentes qu il nous faut chercher des regroupements Le commissaire d expositions C dric Morisset partage notre point de vue D apr s lui m me si ces designers se d fendent de former une cole et m me si leur carri re les conduit aux quatre coins de la plan te pour chercher des inspirations de tous horizons ils ont une construction de l esprit bien fran aise Tous partagent une ma ni re empirique d aborder les projets qui se diff rencierait du prag matisme anglo saxon A ce sujet nous observons que les princi pales figures actuelles du design fran ais ont t form es dans les m mes grandes coles Pourquoi les particularit s de l approche fran aise la french touch ne se mat rialisent elles pas dans un style commun Nous ne pouvons pas faire l conomie d une tude plus large de la question 7 Raymond Guidot cit par C dric Morisset Les designers fran ais sur la sc ne internationale in Design amp designers fran ais op cit p 66 8
261. melle 3 L EMBOUTISSAGE Comment une technologie peut fournir les conditions n cessaires l panouissement d un r pertoire formel Commen ons par rappeler sch matiquement quel est le principe de ce proc d de mise en forme Une feuille de m tal est press e entre un poin on et une matrice La t le ainsi d form e adopte la forme dict e par la pression exerc e Par ailleurs le passage d une feuille planaire une surface d ploy e dans les trois dimensions permet l obtention de structures rigides La nature innovante de ce principe peut se discuter En effet les proc d s de d formation de t le m tallique qui ont pr c d la mise au point de l emboutissage reposent sur des principes qui r v lent certains points communs Le martelage le repoussage et les techniques li es la dinanderie font appel des principes globaux similaires d s lors qu il s agit de met tre en forme une feuille de m tal Une pression ou un choc qu ils soient exerc s par un marteau ou un autre outil contraignent la t le pouser la surface d une contre forme Cette remarque n a pas pour objectif de mettre en cause les potentialit s nouvelles qu a of fert la mise au point de l emboutissage mais de comprendre quelle influence cette technologie a eu sur les formes des objets Quest image de gauche emboutissage d un longeron de ch ssis automobile l aide d une presse Toledo de 1400 tonnes dans l
262. mique verre polym res produits base de carbone produits base de ciment produits naturels et d riv s Une biblioth que de 3000 chantillons avec fiches techniques est mise la disposition des chercheurs architectes et designers L agence est orient e vers le d veloppement durable et fournit galement des fiches techniques En Europe sur le m me principe est cr e Innovath que une 12 Daniel Kula lodie Ternaux Materiology Berlin Birkh user 2009 p 314 3 Ibid p 314 224 manation du FCBA et du VIA D autres initiatives suivent comme la soci t Materio qui propose ses clients une veille permanente en fournissant une base de donn es actualis e r guli rement En termes d influence formelle la volont du designer serait elle parve nue faire jeu gal avec les vell it s de la mati re Lorsqu un mat riau n est plus capable de donner corps une forme la tentation est grande de simplement d tourner son choix vers un nouveau venu Des biens communs Face cette avalanche de brevets et de propri t s aussi inno vantes qu exclusives souvenons nous de Martin Szekely affirmant que les mat riaux sont les composants d un langage universel 4 Selon lui ils appartiennent tout le monde 5 Admettons qu il est permis de douter de cette position lorsque nous observons la pugna cit et ardeur que mettent Alcan Saint Gobain Lafarge ou Dupont de Nemours d fendre l
263. mit es des techniques de t lerie De plus le choix d une forme doit tenir compte des comp tences humaines des outils et du potentiel des machines disponibles Ce qui est vrai pour ces deux soci t s fran aises l est pour tous les commanditaires producteurs Pour le verre par exemple les savoir faire de Baccarat et de Pyrex sont aussi loign s que leurs identit s radicalement di vergentes On ne dessine pas de la m me mani re un vase destin tre souffl par un ma tre artisan et celui fabriqu par un proc d d injection automatis Ainsi le commanditaire influence les formes produites non seulement par ce qu il est mais par ce qu il sait faire 168 Le designer sans commanditaire Nous ne pouvons pas luder tout un pan de la pratique du de sign La commande n est pas le pr ambule indispensable au projet Il arrive par choix ou par n cessit qu un designer n ait pas de com manditaire l origine de son travail Bien s r l objectif peut tre terme de provoquer l int r t d un client potentiel Toujours est il que ce dernier n en est pas l inspirateur En tant qu initiateur du projet le designer d finit son propre champ d intervention et son propre cahier des charges Quelles influences accorder au commanditaire lorsque celui ci est tout simplement absent Pouvons nous obser ver des dissemblances formelles significatives entre les objets issus d une collaboration entre un designer
264. mme symbiotique Paris Le Seuil 1995 Design amp designers fran ais Paris Medifa Industries fran aises de l Ameublement 2006 Design amp imitations collectif Paris Medifa Industries Fran aise de l Ameublement 2004 DIDEROT Denis El ments de Physiologie 1765 in uvres compl tes tome 9 Paris Hermann 1978 DOZE Pierre sous la direction de Christophe Pillet Paris Pyra mid collection Portraits 2004 DOZE Pierre sous la direction de Patrick Jouin Paris Pyramid collection Portraits 2004 DUMONT D AYOT Catherine REICHLIN Bruno collectif sous la direction de Jean Prouv La po tique de l objet technique We lh am Rhein Allemagne Vitra Design Museum 2006 FERRARI Paolo Achille Castiglioni Milan Electa international Editrice Centre Pompidou CCI 1985 FOCILLON Henri loge de la main Paris PUF 1934 FOCILLON Henri Vie des formes Paris PUF 1934 GAGNEBIN Murielle Pour une esth tique psychanalytique L ar tiste Strat ge de l inconscient Paris PUF collection Le fil rouge 1994 Bibliographie 321 GERSCHEL Stephan Le style Putman Paris ditions Assouline 2005 GUDIN Sophie sous la direction de Merveilleux meubles de France Paris Mercure 1987 GUIDOT Raymond Design Techniques et Mat riaux Paris Flam marion 2006 HEBEY Jean Bernard Esth tique Domestique Les arts m nagers 1920 1970 Milan Cings continents 2002 HEISENBERG We
265. mment pens e Ce n est pas facile a suppose d avoir r fl chi toutes les tapes de la fabri cation de cet objet Quand vous le regar dez il faut qu on puisse se dire que c est malin Qu il n y ait pas trop de mati re a peut tre juste un montage mais il faut que ce soit bien r alis Lorsque vous tes jeune et que vous r fl chis sez cette pi ce l quelque part vous tes en train de faire de l esth tique C est mon p re qui a le go t de la belle pi ce et qui me l inculque ce moment l on va aligner les vis Les cruciformes on ne les met pas n importe comment C est une suite de plein de petites choses a Il y a un moment donn o c est en toi Il faut toujours essayer de faire une belle pi ce Plus tard le design ce sera aussi a M me si ce n est plus vous qui la fabriquez vous la dessinez Il y a le souci de la belle pi ce bien faite A la fin c est un m lange de go t de savoir faire d quilibre F A Il semble que ce soit plus en bri colant et en aidant votre p re plut t qu en dessinant que vous tes venu au design P J Non pas vraiment c t de cela mon p re est quand m me la planche dessin Un moment donn il s tait m me lanc dans la fabrication d un side car C est un projet qui n a jamais abouti mais il avait tout dessin tout Il s est arr t parce qu il n aurait jamais eu le droit de rouler avec
266. mode de fabrication un protocole avant de dessiner une forme La morphologie de ses objets d coule d un processus dont il d finit lui m me les r gles du jeu Les tables pren nent corps librement l int rieur d un sch ma dont il fixe les orien tations Les documents didactiques dans lesquels il explique les mo dalit s de fabrication de la table Tavalone t moigne d une volont de mettre en sc ne la gen se de l objet de th traliser sa formalisation Lors d une table ronde organis e Gen ve en 2008 Gaetano Pesce revendique son int r t prioritaire pour des d marches cr atives in novantes Mon travail est un travail de recherche de processus tandis que pour les gens dont vous parlez il s agit de recherche de forme Ron Arad c est une toute autre histoire Moi la forme je wen fous Parfois quand je recherche un processus je suis sur 17 Architecture and design of the recent past has mostly produced cold authoritarian anonymous monolithic antiseptic standardized results that are uninspiring I have tried to communicate feelings of surprise discovery optimism stimulation sensuality generosity joy and feminity Propos de Gaetano Pesce dans Process 50 product designs from concept to manufacture Jennifer Hudson sous la direction de Londres Laurence King Publishing 2008 p 164 160 pris de voir que la forme commence s autod finir Elle na t d elle m me C est u
267. mpling qui concourt au brouillage total des identit s Pour Droog Design encore une g n ration s active s affranchir des limites de sa propre discipline pour en go ter d autres Cette fluidit dans la g ographie des disciplines participe la disparition des sp cificit s disciplinaires et accentue l rosion des d fenses qui prot gent encore les derniers sanctuaires autonomes Selon l historienne du design et commissaire d exposition Alexan dra Midal ces objets entendent d passer l opposition convention nelle entre uvre proc d et produit aux fins de privil gier une cr ation artistique qui r ponde aux sp cificit s du contexte actuel Plus pr cis ment l exposition entend mettre l accent sur le caract re novateur de ces postures artistiques o art architecture et design s entrem lent Pour revenir au sampling voqu plus haut Renny Ramakers qualifie cette posture de la mani re suivante Le mixage la reproduction et le piratage ne sont plus exclusivement des activi t s num riques mais se trouvent dans tous les domaines de la cr a tivit Cr ateurs artistes et architectes interpr tent manipulent reproduisent et s approprient le travail d autres et utilisent chaque produit ou id e disponible Ils m langent les cultures de nouvelles techniques sont appliqu es sur d anciens produits et se jouent des droits d auteur Ils d tournent les marques et les r gles commer ciales L interac
268. mps des objets car n s dissimulant leurs L un des premiers objets r alis s en injection plastique injection gonflage Containers en poly thyl ne Roberto Menghi Pirelli 1958 On voit clairement la ligne de plan de joint qui parcourt la surface de l objet en son milieu 266 m canismes ou leurs composants lectroniques Ce lien troit entre cette technique et la production grande chelle s explique en partie par le co t n cessaire la conception des moules d injection Ces d veloppements on reux impliquent une diffusion des pi ces en grandes s ries pour amortir les sommes investies L ventail des ob jets produits par ce moyen est si vaste qu il n est pas possible d iden tifier un type d objet pour lequel cette technique serait particuli re ment adapt e Que ce soit dans les si ges de jardin les habitacles automobiles les stylos les jouets d enfants les t l phones portables les luminaires les paniers les bouteilles de sodas les quincailleries lectriques les brosses dents etc chaque objet semble pouvoir tre fabriqu par injection pourvu qu il soit destin tre fabriqu en grand nombre N anmoins il nous faut s lectionner un domaine sur lequel s ap puyer pour observer quelles influences la mise au point de ce proc d a eu sur la production de formes La multiplication du nombre de petit quipement lectrom nager au cours du XXe si cle et jusqu mai
269. n est pas le fruit de recherches formelles Elle s inscrit dans une initia tive visant proposer du mobilier au plus grand nombre fabriqu Attelles leg splint en multiplis thermoform Charles et Ray Eames US Navy 1942 Sculpture en multiplis thermoform de Ray Eames 1942 220 moindre co t Par ailleurs alors que la forme des chaises LCW et DWC avait n cessit la mise au point d une nouvelle m thode de mise en forme les chaises en plastique pr sent es en 1948 font appel des proc d s d velopp s auparavant Ainsi l innovation ne vient pas tant du mat riau lui m me que de son application dans un do maine o il tait jusqu alors absent C est l appropriation de la fibre de verre par ces deux designers et la compr hension de son poten tiel expressif qui a initi cette rupture dans l esth tique du mobilier La coque constituerait elle seule un sujet d tude suffisamment vaste pour faire l objet d un m moire complet Son omnipr sence dans les produits industriels modernes pourrait tre un reflet fid le des volutions de nos rapports aux objets Tant t utilis s pour mas quer et prot ger des m canismes de plus en plus complexes tant t structure l g re et r sistante la coque et le plastique forment un couple indissociable Les chaises en polyester et fibres de verre des sin es par Charles et Ray Eames n chappent pas ces rapproche ments En s employant durant des a
270. n ralement plus grand La forme de l amphore est repr sentative de ce genre d volution Cet exemple nous int resse particuli rement par le c t minemment 1 Andr Leroi Gourhan L homme et la mati re Paris Albin Michel 1943 et 1971 L influence des proc d s de fabrication 1 Le moulage 257 fonctionnel de ce contenant En effet ces r cipients n ont aucune valeur d corative et sont le plus souvent jet s ou broy s une fois leur contenu consomm Rome le mont Testaccio s est form par l accumulation d amphores jet es apr s leur utilisation Leur forme est donc avant tout le r sultat d un compromis entre les n cessit s fonctionnelles et les savoir faire techniques disposition Nous re garderons attentivement les influences de la fonction sur la forme des objets par la suite Pour le moment essayons de saisir les liens entre la ma trise du tournage et la forme des amphores Le f t est une forme de r volution Bien qu il ne soit pas tour n d une seule pi ce le col et le pilon sont ajout s par la suite la forme g n rale de l amphore est directement li e la technique du tournage La hauteur de son corps creux ne peut alors tre obtenue qu avec le tournage L utilisation de la technique du colombin mal gr son efficacit n aurait pas permis de ma triser la surface int rieure D autant que celle ci doit tre parfaitement tanche car lam phore est faite pour contenir des
271. n des inspirations va de pair avec l abolissement des particularismes r gionaux et culturels vo qu s dans un chapitre ant rieur Notons le paradoxe de la situation entre d une part des designers plus que jamais d sireux voire obli g s de faire valoir leur singularit et d autre part des inspirations de plus en plus partag es Par cons quent aux affinit s de chacun succ de l attirance de tous Bien que l inspiration soit li e lindi vidu sa personnalit et ses aspirations nous constatons que cer taines des formes propos es par les designers trahissent des analo gies voire des conformit s avec des tendances temporelles Au del de l influence des tendances passag res existe t il des sources d inspirations dont les r f rences formelles se manifestent des poques vari es et sous des traits diff rents Autrement dit pou vons nous percevoir dans la morphologie des objets des influences constantes qui s expriment sous des aspects volutifs Nous avons insist plus haut sur le r le de l environnement dans l affirmation d une source d inspiration Dans ce sens la nature repr sente un d nominateur commun qui fournit une source d inspiration in pui sable depuis des mill naires En effet si la rationalit des univers industrialis s ou l abstraction des r seaux informatiques est li e un temps r cent l influence de la nature se v rifie tout autant dans les fresques pari tales que d
272. n design japonais allemand italien ou am ri cain celui ci pr f re parler d un design de Sony Braun Olivetti Kartell ou IBM Selon lui c est la firme qui est au centre de la ques tion d identit et des influences qui en d coulent Nous comprenons mieux la justesse de ses propos si nous essayons de percevoir ce qu il y a d am ricain dans les produits Apple L image de la marque et son homog n it priment sur toutes r f rences nationales Le di recteur du Via G rard Laiz au del du partage de cette lecture va jusqu nuancer l influence du designer dans l tablissement des styles Ce n est pas le designer qui fait l origine des choses ce sont les marques Il n y aurait pas de design italien s il n existait pas des marques comme Fiat Alfa Romeo Cappellini Kartell Alessi Ni de design allemand sans AEG Braun Mercedes Interl ke Et il n y aurait peut tre pas de reconnaissance d un design fran ais sans Renault Seb et les marques de luxe La firme reste ainsi li e son territoire d implantation historique Sa personnalit se substi tue l id e d un style national mais aussi en croire G rard Laiz l origine du designer Les r ditions des meubles de Jean Prouv par Christophe Pillet cit par Pierre Doze Paris Pyramid coll Portraits 2009 p 11 2 Propos recueillis par Henri Griffon Pr sident de l Association des Industries Fran aises de Ameublem
273. n document synth tique et exhaustif o les attentes sont clairement exprim es Le designer participe le plus souvent d finir les objectifs d un projet il peut en d terminer les desseins en concertation avec son commanditaire Dans tous les cas il doit composer avec les r alit s qui sont celles d un client confront des sch mas conomiques des logiques de production des moyens fi nanciers et des sensibilit s esth tiques qui lui sont propres En quoi L influence des outils 2 La commande et le commanditaire 163 ces efforts de conciliation et d ajustement influencent ils la formali sation d un projet Parce qu il fixe les objectifs et dicte les r gles du jeu le commanditaire ne serait il pas lui m me concepteur Est il la fois juge et partie des qualit s de la r ponse propos e Il nous faut pr ciser qu il existe plusieurs cat gories de commanditaires Un client particulier une institution publique un diteur la diffusion confidentielle ou un grand groupe industriel ne font pas face aux m mes contraintes Leurs attentes seront divergentes et ne porte ront pas sur des points identiques Par cons quent ils n exerceront pas les m mes influences Notre attention se portera principalement sur ce que nous appellerons les commanditaires producteurs C est dire une entreprise qui poss de galement des outils de fabrica tion pour concr tiser le projet Cela peut tre le cas de grandes so ci
274. n existent que dans des sch mas industriels ou artisanaux qui int grent tr s t t la mani re de les mettre en uvre Le polyes ter arm de fibre de verre prend forme gr ce au moulage Pour r sumer le premier existe par le second et le second pour le premier Des d clinaisons L int r t des Eames pour l aluminium coul tait tout aussi r v lateur Ces derniers taient fascin s par ce mat riau en raison de ses propri t s singuli res grande r sistance la tension et la corrosion l g ret mall abilit Mais plus que les caract ristiques intrins ques du mat riau c est sa mise en uvre sp cifique qui a retenu leur attention La coul e permettait d obtenir une grande li bert formelle et de donner la mati re tous les contours d sir s L aluminium est le dernier des mat riaux utilis s par Charles et Ray Eames L id e de cr er une collection de meubles partir de ce m tal a t voqu e la premi re fois lorsqu Alexander Girard fut charg de cr er une ligne de mobilier pour la maison d Irwin Miller Co 1 Contrairement ce que son patronyme laisse supposer Irwin Miller n a pas de liens familiaux avec Herman Miller Il est le fondateur du fabricant de moteur Cummins Engines Ray Eames travaillant au moule de La Chaise avec des membres de l atelier Maquette r alis e l chelle 1 pour le concours du MoMA 1948 Charles Eames observant une pi ce en aluminiu
275. n four de polym risation La machine baptis e Kazam tait utilis e pour presser et chauffer de fines lamelles de bois impr gn es de r sine de mani re former des coques rigides Derri re la valeur historique 7 DCW et LCW Dining Chair Wood et Lounge Chair Wood DCM et LCM Dining Chair Metal et Lounge Chair Metal 8 Idem p 11 Charles et Ray Eames mirent au point une machine qu ils baptis rent Kazam quip e d une pompe de bicyclette qui insufflait de l air toutes les quatre six heures dans une membrane gonflable en forme de ballon Ce dispositif permettait de pousser les pi ces de bois contre un moule en pl tre chauff l lectricit qui leur donnait la courbe d sir e La finition se faisait la main avec une petite scie et une lime L influence des outils 6 Les mat riaux 219 de ce renseignement ce qui retient notre attention c est son t moi gnage sur la relation intime entre un mat riau et la mani re de le mettre en forme En effet dans ce cas l innovation formelle r side elle davantage dans le contre plaqu dont Alvar Aalto avait d j fait usage ou dans la fa on qu ont eu Charles et Ray Eames de lem ployer Autrement dit un mat riau a toutes les chances de n tre qu une somme de propri t s sans un proc d de mise en forme no vateur qui peut en r v ler les capacit s Nous reviendrons sur ce point dans la derni re partie du m moire Les m thodes utilis
276. ne inject Le choix de ce proc d r v le les imp ratifs de qualit de r sistance et de l g ret adapt e un mode de production industrielle et peu co teux Pour autant sa forme reste une coque et la vari t des modes de production utilis s pour la fabriquer depuis un demi si cle r v le que sa forme bien qu elle puisse tre r alis e par injection plastique n en subit par l influence De m me la chaise Selene cr e par Vico Magistretti en 1969 en plastique moul sous pression d une seule pi ce l origine r alis e en r sine de polyur thane renforc e de fibres de verre est depuis 2002 dit e par Heller design en in jection plastique Dans ce cas aussi nous remarquons que la forme de la chaise bien que fabriqu e par injection n est pas subordon n e ce proc d puisqu elle n a pas t modifi e L ing nieux profil en forme de S du pi tement mis au point par Magistretti pour ga rantir la r sistance conserve ses qualit s quel que soit le mode de fabrication mis en uvre Par contre Joe Colombo f ru d innova tion technologique a d s 1965 cherch mettre au point sa chaise Universale pour que celle ci soit r alis e en plastique inject d une seule pi ce Il avait d j fait appel ce proc d pour la cr ation du luminaire Acrilica en 1962 pour lequel il a re u le Compasso d Oro Les nombreux croquis de conception et le travail effectu avec l ap pui de Giulio
277. ne sensibilit technicienne Pour revenir Ettore Sottsass Jr nous pouvons supposer que c est avant tout la vision globale et l aspiration l harmonie d velopp es par la s ces sion viennoise dont il a h rit de son p re Gilles de Bure va dans ce sens lorsqu il crit cette aspiration au bonheur Ettore Sottsass Jr l a fortement ancr e en lui Son bonheur celui de l autre celui des autres Non pas le bonheur de tout le monde mais le bonheur de chacun 3 Nous avons voqu les racines latines d Ettore Sottsass Jr Bien qu influenc par sa r gion natale son travail s inscrit dans une aire culturelle plus large Y a t il dans ses objets des marqueurs formels qui nous permettent d assimiler ses cr ations l Italie Le design italien existe t il ou il n y a qu un design d Italie Plus g n ralement les origines g ographiques des cr ateurs ont elles une influence sur 12 Anne Bony Le design Paris Larousse coll reconna tre et comprendre 2004 p 28 29 13 Gilles De Bure Ettore Sottsass Jr op cit p 28 les formes qu ils dessinent Il nous faut observer quels sont les re groupements envisageables pour d terminer si la vision d une cr a tion formelle divis e par des identit s culturelles des nationalit s et des coles est pertinente 2 LES ORIGINES G OGRAPHIQUES ET CULTURELLES Des oppositions persistantes La lecture des courants formels s est notamment d finie autour d
278. ne tr s grande diff rence 8 Plus r cemment le tabouret en m tal Pewter Stool du designer britannique Max Lamb prolonge ce mouvement Celui ci a creus directement dans une plage le moule n cessaire la mise en forme de son tabouret suivant la m thode ancestrale du moulage au sable Ainsi la forme de l objet porte en elle les marques et les sp cificit s de son contexte de fabrication La morphologie de ce tabouret est indissociable de la d marche qui l a engendr e Elle ne se comprend que si l on a connaissance du process de fabrication imagin par le designer Sa v ritable intervention ne se situe pas dans le dessin d une forme mais dans l criture d un sc nario de cr ation Enfin les formes nervur es du vase Douglas de Fran ois Azambourg suivent la m me logique C est en collaborant avec les ma tres verriers du CIAV de Meisenthal dans les Vosges que le designer a d termin la m thode de mise en forme qui fait la sp cificit de ce vase Le verre est directement coul dans un moule en pin de douglas En br lant au contact du verre en fusion le bois transf re la mati re comme une d calcomanie ses nervures et ses n uds Chaque vase poss de ses empreintes sa singularit et ses impressions d faut d arr ter une forme Fran ois Azambourg d termine un modus operandi dont il ne ma trise pas tous les ressorts Pour autant soyons clairs dans chacun des exemples cit s le designer conti
279. nent naturel et artifi ciel dans des cosyst mes autonomes Joris Laarman s inspire de la croissance osseuse et v g tale pour structurer ses objets M me si elle s en d fend nous pouvons aussi rattacher les travaux de Zaha Hadid aux courants biomorphiques Par cons quent le partage d une source d inspiration n implique pas forc ment des r alisations aux formes homog nes C est princi palement la mani re dont les designers s approprient un domaine d inspiration qui g n re des ressemblances Par exemple les cr a teurs de l cole de Nancy et ceux du courant Art D co puisent dans la nature les bases de leurs r pertoires d coratifs Ce qui diff rencie L influence du cr ateur 7 Muses et inspirations 103 leurs objets ce n est pas l volution de la nature videmment in chang e en quelques ann es mais la mani re dont ils en inter pr tent les motifs Curvilignes et abondants pour les premiers syn th tiques et g om tris s pour les seconds L attachement persistant pour un domaine d inspiration soul ve des interrogations sur la coh rence entre la nature d un projet et les r f rences formelles qui orientent son apparence Plus largement la p rennit de ces influences nous interpelle Comment un designer renouv le t il ses sources d inspirations Nous avons soulign les liens qui relient l imaginaire d un cr ateur son environnement Parmi ceux ci la capacit des v
280. nfluence croissante de pratiques de technologies et intentions issues d autres sph res Mais contrairement ce que pourrait laisser penser ces v ne ments r cents la mixit disciplinaire n est pas le fait d une nou velle g n ration de designers se sentant l troit dans leur propre domaine Il semble m me que la fusion des activit s cr atives soit L influence du cr ateur 8 Porosit des influences 131 r guli rement proph tis e D s 1920 dans son essai sur le n oplas ticisme Mondrian crit Les arts d coratifs disparaissent dans le n oplasticisme La vie quotidienne doit devenir le champ d applica tion privil gi de la synth se des arts plastiques Les articles publi s dans la revue De Stijl jusqu en 1931 pr sentaient d j la synth se des arts comme une volution in vitable Dans le m me temps Walter Gropius tait persuad que le renouvellement des formes passait par un rapprochement avec les arts plastiques les quatre ma tres de formes qu il a nomm s au Bauhaus taient tous des peintres Oskar Schlemmer 1888 1943 se charge de l atelier de peinture murale puis partir de 1923 de l atelier th tre Paul Klee 1879 1940 assure le cours th orique de design o il pr cise sa th orie sur les formes l mentaires Vassily Kandinsky 1866 1944 d veloppe un cours d initiation au design bas sur l tude de la couleur et un cours de dessin analytique Il d fend l
281. nformatique Au d but de ce chapitre nous avons soulign les doubles racines de ce terme qui r unit information et automatique D autre part l usage courant du mot ordinateur tend faire oublier son sens originel celui qui met dans l ordre Sa traduction anglaise computer compter nous ren seigne galement sur la finalit initiale de ces machines Chacun de ces mots nous rappelle que l outil informatique tait destin ses d buts classifier calculer ordonner et r aliser des t ches r p ti tives jusqu alors p nibles et avilissantes pour l homme Les logiciels continuent d tre employ s pour leurs qualit s d automatisation am liorant le confort de travail Mais au cours des derni res d cennies le d cuplement de la puissance de calcul des processeurs leur permet d sormais d effec tuer un nombre consid rable d op rations en un temps r duit sans commune mesure avec les capacit s humaines Pour Pierre L vy la rapidit la souplesse norme capacit de stockage et de trai tement offertes par l outil informatique en ont fait l instrument ma jeur de l administration des hommes et des biens L ordinateur mest plus uniquement l automate servile et logique des premiers temps Ses prodigieuses aptitudes pour la gestion des flux de don n es lui conf rent une dimension nouvelle dans un monde de plus en plus complexe Il est devenu un instrument essentiel pour la compr hension et la
282. nitif l apparence des objets n est compr hensible que dans sa totalit terrestre et temporelle Les formes que nous admirons aujourd hui quelquefois pr sent es comme l Acm des grecs n ont pas grand chose de l tat d ach ve ment qu on nous d peint Elles ne sont pas des points culminants Tout juste sont elles de br ves expressions de pl nitude comme une immobilit h sitante avant que des influences mouvantes ne les obligent voluer de nouveau Cependant le parall le ne serait il pas trop simple Pouvons nous superposer les lois de la s lection naturelle l volution des formes sans risquer d occulter tout un pan de l activit cr atrice hu maine La notion de milieu ne doit pas tre accept e l tat brut Il faut la d composer reconna tre qu elle est une variable un mou vement Observer la gen se d un objet travers le seul prisme du darwinisme c est oublier que l homme ne vit pas dans un milieu il 8 Yves Deforge Technologie et g n tique de l objet industriel Paris Maloine 1985 Nous faisons r f rence Andr Leroi Gourhan qui commente les recherches de Darwin en ces termes Darwin comme les naturalistes du XVIIIe si cle est parti du tr fonds de la g ologie stratigraphique de la pal ontologie et de la zoologie actuelle car en d finitive cons quence ou couronnement de l volution l homme n est compr hensible que dans la totalit terrestre
283. nn es concevoir une coque d un seul tenant parfaitement adapt e aux formes du corps humain les Eames s inscrivent dans le prolongement de qu tes plus anciennes celles de la fluidit et de la polyvalence Le dossier qui devient assise puis se transforme en accoudoir dans l Easy Chair le pi tement ar ri re qui se recourbe pour former le dossier dans la chaise n 14 de Thonet la boucle d acier tubulaire de Stam qui structure d un m me mouvement l ensemble de la chaise Cantilever S43 ne partagent ils pas une essence commune Le plus sculptural des si ges con u par les Eames La chaise dont le nom est un clin d il au personnage flottant de Gaston Lachaise est le r sultat d aspirations similaires L assise aux courbes fluides en fibre de verre fa onn e dans un moule unique repose sur une structure en bois et m tal Dans quelle mesure la forme de cet objet est elle influenc e par usage de polyester arm Est ce dans la fine paisseur de la coque Dans la surface ondul e qui dessine l assise et le dossier S il est difficile d apporter une r ponse cat gorique et d extraire des influences imputables uniquement au mat riau em ploy peut tre est ce parce que ce dernier ne peut s envisager dis tinctement de son proc d de mise en forme En effet les mat riaux qui ne se trouvent pas l tat naturel contrairement au bois ou L influence des outils 6 Les mat riaux 221 la pierre
284. ns compl tement nus bien qu il fasse souvent froid la nuit et au petit matin dormant m me le sol sous des abris improvis s de palmes ou de branchages qui ne fabriquent et rarement qu une poterie rudimentaire et en fait de tissage ne confectionnent que des petits ouvrages de sparterie destin s la parure qui cultivent entre la p riode de nomadismes des jardins tr s modestes Claude L vi Strauss Saudades do Brasil Paris Plon 1994 p 11 Claude L vi Strauss Saudades do Brasil Paris Plon 1994 p 90 L influence des proc d s de fabrication 4 L organisation de la production 291 Les syst mes productifs des tribus primitives nous renvoient la d finition des modes de vie des peuples du d sert propos e par l eth nologue Th odore Monod c est une somme de soustractions La morphologie des objets issus de ces mod les de production si elle laisse transpara tre de remarquables habilit s manuelles est prin cipalement d termin e par la nature des ressources naturelles disposition imm diate Les vari t s de plantes les os des animaux pr sents tout comme les plumes des oiseaux vivant proximit sont autant de facteurs d influences sur les formes produites La lib ration du technicien Il a fallu que l homme d passe le seuil agricole pour voir appa ra tre des formes de mobilier qui ne se limitent pas une couche g n ralement r duite une jonch e de feuill
285. nsistance des fictions Pour Hobbes la fancy prend naissance dans des impressions senso rielles nomm es souvent conceptions qui subsistent par inertie tout en s affaiblissant decaying elles alimentent des cha nes as sociatives traynes of imagination qui lors de r miniscences re membrance permettent des compositions fictives ex s imaginer une montagne d or l imagination n est donc rien d autre qu une sensation en voie de d gradation 5 Tout au long du Moyen ge la phantasia et l imaginatio sont distincts Le premier terme est ratta ch l me rationnelle le second plut t li l me sensitive Ainsi la notion de cha ne associative doit tre au centre de notre atten tion car c est sur elle que repose la capacit des designers formuler des propositions formelles innovantes partir de souvenirs latents 4 Jean Jacques Wunenburger Que sais je L imagination Paris PUF 1991 p 19 5 Thomas Hobbes L viathan 1651 partie chap Il Paris Gallimard traduction de G rard Mairet 2000 L influence du cr ateur 8 Porosit des influences 123 Vers une imagerie l atlas des images C est cette forme d imagination rattach e l me sensitive qu Et tore Sottsass met constamment au service de sa cr ativit Il reven dique l influence d une imagerie h t roclite dans laquelle il se pro jette pour en extraire la substance vocatrice de ses projets C es
286. nstant Eileen Gray Paris Phaidon 2003 p 8 36 pas nous offrir un point de vue suffisamment tendu Pour appr hender plus largement les relations entre les milieux sociaux et les formes nous devons nous appuyer sur le travail d un cr ateur dont les origines sont radicalement loign es de celles que nous venons d tudier Ettore Sottsass Jr une enfance montagnarde Ettore Sottsass contrairement Andr e Putman n a pas grandi en ville Il est originaire d une r gion montagneuse d Italie septen trionale le Trentin Tyrol qui a t autrichienne jusqu en 1919 La topographie des vall es encaiss es y a favoris la conservation de traditions fortes La r gion est d ailleurs officiellement bilingue Son enfance ne s y est pas pass e sous l autorit de gouvernantes mais au contact de la nature Qu a t il conserv de cette p riode Pou vons nous lire dans son travail l influence de ce milieu Le journa liste Gilles de Bure qui a rencontr Ettore Sottsass plusieurs re prises nous confie qu il a conserv de ces exp riences un amour vif de la nature une acceptation sereine de l volution la certitude que rien n est d finitif et des sensations des impressions par mil liers Ces impressions insignifiantes en ville devenaient boulever santes dans cette solitude comme si un arbre s tait mis fr mir de toutes ses branches sans que le vent ni l envol d un oiseau puissent en ren
287. nt Pour le moment ces remarques nous am nent nous questionner sur le design fran ais Le design fran ais a t il une forme De Pierre Charpin Gilles Belley la France pr sente aujourd hui un panel de talents de comp tences et de maturit s totalement h t rog ne Cette diversit des profils nous invite nous interroger sur l identit du design fran ais L expression design fran ais a t elle un sens Est il possible de synth tiser les caract ristiques d une approche fran aise du design comme nous l avons fait pour L influence du cr ateur 2 Les origines g ographiques et culturelles 51 les cr ations hollandaises Y a t il lieu de parler de design fran ais ou plut t de designers fran ais l vidence ce n ud de ques tions pose probl me tant il appara t d licat de trouver des points de convergence entre le travail des Bouroullec et celui d un Szekely celui d un Tallon et celui d un Stadler O rechercher des exemples de rapprochement formel O trouver un style fran ais Dans quelles r currences On voit assez rapidement poindre le type d cueils auxquels conduirait une quelconque volont de circonscrire une forme de francit du design Notre tude se concentre sur les influences mor phologiques De ce point de vue nous devons admettre qu il est diffi cile de relier les dessins de Pascal Mourgue ceux de Matali Crasset et simplement parce qu ils partagent la m
288. nt certainement des peaux qui isolent du sol les aliments qui s ils de vaient tre m lang s au terra ne se raient plus comestibles Pour le pendentif Symbole de la m me fa on que le verre Perrier c est presque un travail de commande pour Herm s C est une proposition qui a t faite la suite d une belle discussion avec le pa tron d Herm s Jean Louis Dumas Cet objet repr sente un peu la quintessence de mon travail c est dire qu il s int resse aux usages Les usages qui ne se limitent pas aux fonctions au sens tr s large du terme mais englobent gale ment les usages symboliques Dans ce sens il tait int ressant de travailler sur un objet qualifi de symbole La d finition du symbole c est un objet di vis en deux parties qui une fois r u nies ne font plus qu un J ai travaill sur cette notion qui n a pas d ge qui traverse l Histoire Chose int ressante plusieurs titres cet objet a t un best seller Les gens ont reconnu la charge de gravit dans cet objet symbolique alors m me qu il n tait pas expliqu Il n y avait pas de communication autour Plu sieurs dizaines de milliers de personnes sont venus acheter cet objet alors qu il n avait aucune valeur en soi autre que sa charge symbolique puisqu il n tait fait 144 que d acier Une nouvelle fois la ques tion c est comment travailler avec les m moires sur des objets destin s au grand
289. nt d tach d un mo d le conventionnel quatre pieds Mart Stam vite l encombrement visuel et conf re au si ge une apparence l g re La technique n est pas ici l origine de la forme C est son trans fert vers un domaine d application par un groupe dhommes qui a amorc la g n ration d une nouvelle typologie d assises Les tables B27 et B9 9C de Marcel Breuer se positionnent clairement dans le m me sillon D autres exemples d innovations formelles par trans lation des proc d s de fabrication sont remarquables tout au long de l histoire du design Harry Bertoia racontait que c est la vue d un gouttoir en fil de m tal qu il a eu l id e d appliquer ce principe de mise en forme au mobilier en cr ant ses si ges Diamonds La sinc rit de ses propos a t mise en cause par le couple Eames avec lequel il collabora la Cranbrook Academy of Art au sein de l atelier de m tal L usage du m me proc d un an plus t t par les Eames pour la Wire Chair elle m me inspir e par leur Fiberglass Chair et la proximit formelle de leurs propositions donna lieu a un proc s Nous remarquons que ce sont ici les m mes m canismes de transferts de technologies que pour la chaise Cantilever qui ont initi cette innovation En effet nous sommes aux tats Unis au d but des ann es 50 La soci t de consommation s acc l re Le proc d de soudure par point de treillis d acier est d j largement r pandu pour la
290. nt l laboration d un plan consistant agencer les l ments de mani re ce que les meilleurs d entre eux r pondent une finalit bien pr cise Cet attachement pour la rationalit des choix qui pr side dans la d marche cr ative des Eames transpara t largement dans la recherche permanente et l emploi r fl chi de mat riaux nouveaux La propo sition de Charles Fames et de son ami et coll gue Eero Saarinen l occasion du concours Organic design in Home Furnishings or ganis en 1940 par le MoMA de New York est r v latrice Ces der niers ont remport ce concours en concevant un si ge qui fut le pre mier exemple de coque en contre plaqu moul Pour l anecdote notons que le jury tait compos entre autres de Marcel Breuer et Alvar Aalto tous deux enclins aux exp rimentations Le premier est Sandra Dachs sous la direction de Charles et Ray Eames Barcelone Poligrafa 2007 Pour l dition fran aise Paris ditions du Moniteur 2008 p 15 Chaises LCW et LCM Charles et Ray Eames Herman Miller 1945 218 rest c l bre pour son mobilier en acier tubulaire le second notam ment pour l usage du lamell coll Chacun d eux souligna l innova tion technique que la r ponse des Eames et Saarinen repr sentait Or Organic chair n est pas le r sultat d une recherche formelle sa cr ation a t motiv e par le d sir de cr er une coque d assise d un seul tenant
291. nt leur conception du design de leur h ritage pictural il y a fort parier que la repr sentation culturelle fran aise de l objet tient davantage du th tre Car comment conjoindre les effets de r cit d image de sc narisation et d intrigue si caract ris tiques d un design fran ais si ce n est une m taphore du th tre Le design fran ais n envisage l objet que mis en sc ne d o limpor tance des structures d interm diation et notamment des magazines et des boutiques dites de design Le design fran ais est donc d abord celui qui transforme l objet en interm diaire c est dire en sujet L objet devient un acteur il parle Il acquiert finalement le statut L influence du cr ateur 2 Les origines g ographiques et culturelles 47 d un personnage d o la notion de produit acteur 3 Christine Colin va dans le m me sens lorsqu elle crit que le sc nario est devenu le leitmotiv des tudiants des coles de design Tout doit d sormais raconter une histoire 4 Ce qui fait cole Ces remarques nous poussent nous interroger sur la perti nence de la notion d cole d un point de vue morphologique Si nous consultons les d finitions du terme cole f nous compre nons que ce mot suppose le regroupement d hommes soit autour d une doctrine d un mouvement ou d un h ritage rattachable une ville une r gion ou un pays Les objets dessin s par des designers hollandai
292. nt on aper oit un gond sert apporter la nourriture Seul le per sonnage le plus important poss de un dossier et les tables sont com pos es d paisses planches pos es sur des tr teaux Le syst me productif qui domine la production de meubles est donc bas sur le travail d artisans polyvalents Quelle influence Le repas de Noces Pieter Bruegel l Ancien 1568 huile sur toile 124x164cm Mus e Kunsthistorisches Museum Vienne Autriche 294 formelle d coule de cette non sp cialisation Si les charpentiers fabriquent galement des meubles il n est pas surprenant que le mobilier soit influenc par les progr s en architecture Ce mode de production facilite les passerelles entre les diff rents corps de m tier Ainsi parall lement l apparition des structures gothiques les meubles s vident Peu peu ils se structurent autour de montants et de traverses qui portent le meuble ferm par des panneaux qui peuvent d sormais s affiner Le mobilier est construit comme un b timent Les coffres buffets et bahuts sont con us de cette mani re avec corps fa ade fronton et chapiteau Bien que les m tiers de me nuisier puis d b niste se d veloppent les liens entre architecture et mobilier restent troits Les cabinets d b ne import s d Italie la Renaissance poss dent des fa ades dont le r pertoire formel est directement inspir des canons architecturaux de l poque Dans toutes
293. ntenant peut nous offrir un panorama suffisamment repr sen tatif D une part l tendue de leur diffusion est telle qu ils peuvent tre vus comme embl matiques de la diffusion en masse de biens domestiques parall lement au d veloppement de cette technique De plus les robots mixeurs tout comme les fers repasser ont conserv les m mes sch mas fonctionnels depuis leur apparition Ces der niers demeurent structur s autour d une semelle en forme d ogive surmont e d une poign e Les variantes apparues par la suite et la multiplication des options propos es n ont jusqu pr sent pas alt r l organisation des l ments de cet objet De m me les composants des mixeurs restent organis s globalement de la m me mani re La base renfermant le m canisme est surmont d un contenant amo vible Hormis quelques exceptions ces objets poss dent encore au jourd hui une apparence sch matique qui n a pas t boulevers e par des modifications induites par l volution de leur usage ou leur fonction Cet tat de fait va nous permettre de nous focaliser sur l volution de leur forme par rapport leur mode de production sans tre parasit par d autres consid rations D une mani re arbitraire nous allons nous int resser particuli rement au s che cheveux Pour les besoins de notre enqu te nous L influence des proc d s de fabrication 2 L injection plastique 267 exclurons les mod les dont
294. ntours nets de ses objets peuvent voquer les cr ations de Starck Nous reconnaissons gale ment dans la th tralit des am nagements d int rieurs de Jouin en particulier le restaurant Chl sterli une filiation sous jacente Au cours de notre entrevue celui ci explique cette influence par lap prentissage d une m thode Selon lui le style r sulte avant tout de la m thode cr ative C est peut tre la m me empreinte qui se lit dans le travail de J r my Magdalou et Ta na Primaux Le premier a t form l Ensci et la seconde l Ensad Ils se sont rencontr s chez Philippe Starck avant de fonder ensemble l agence Industrial Orchestra Bien qu ils aient des formations diff rentes certains des L influence du cr ateur 3 La formation 63 objets r alis s dans leur agence restent marqu s par les neuf ann es qu ils ont pass es dans le studio de Philippe Starck La lampe Yama note dit e par Confidence amp Light est peut tre celle qui refl te le mieux cette influence en exploitant pleinement le potentiel expres sif du luminaire arch typal abat jour conique Ces exemples nous permettent de relier nos remarques pr c dentes S il y a des influences voire des mim tismes ils sont moins formels que m thodologiques C est en s impr gnant des m thodes de travail et de l approche d un cr ateur que l on s approprie auto matiquement machinalement et inconsciemment son criture
295. nue d imposer un cadre C est lui qui fixe le degr de libert qu il souhaite accorder la ma ti re Le maillage dessin dans le sable par Max Lamb en t moigne 8 Jean Pierre Greff sous la direction de AC DC Art contemporain Design contemporain Gen ve Haute cole d Art et de Design 2008 p 58 19 CIAV Centre International d Art Verrier L influence des outils 1 Un processus rigoureux et raisonn 161 Max Lamb en train de r aliser un exemplaire du Pewter Stool directement dans le sable d une plage britannique 2006 On remarque le pied d appareil photo plac l pour immortaliser chaque tape du processus 2 LA COMMANDE ET LE COMMANDITAIRE Le premier des concepteurs Nous consid rons ici que la relation qui unit le designer la com mande s inscrit dans le prolongement de sa m thode de travail En cela elle constitue un outil dont le designer choisit les moda lit s d usage d o la pr sence de ce sujet l int rieur d un chapi tre consacr l influence des d marches cr atives et des outils de conception Comme l artisan le designer r pond le plus souvent une com mande c est dire aux besoins exprim s par un client et synth tis s dans un cahier des charges Pr cisons qu il existe d autres situations que nous d velopperons par la suite Cette demande peut s exprimer de multiples mani res Elle ne prend pas toujours m me rarement l aspect d u
296. o le dessin est la finalit m me des formes que nous retrouverions intactes Paul Valery Degas Danse Dessin 1938 in Oeuvres tome 2 Paris Gallimard biblioth que de la Pl iade 1960 p 1163 1 Henri Focillon Vie des formes Paris PUF 1934 Propos de Pierre Charpin extraits du catalogue de l exposition Dessiner le design RUBINI Constance sous la direction de Exposition du 22 octobre 2009 au 10 janvier 2010 au Mus e des Arts D coratifs Paris Paris dition Chlo Demey 2009 p 82 182 dans ses projets Le processus de conception parce qu il requiert une conscience de ses choix et op re une s lection des formes a ten dance gommer l influence de cette pratique du dessin Toutefois au risque de para tre arbitraire n y a t il pas de lien envisageable entre le Meuble Tube dit par la galerie Kreo en 2008 et les croquis abstraits qu il trace librement dans l un de ses carnets Parmi les designers actuels les fr res Bouroullec sont de ceux que le dessin accompagne de bout en bout Dans leur travail il est la fois objet d garement o les dessins paraissent se nourrir d eux m mes et prospection d univers o des formes abstraites jouent sur des rapports de masse des proportions et des volumes Pour eux le dessin est un outil indispensable au dialogue avec leur quipe et pour la communication de leurs projets Le fait que leurs croquis de recherche soient abondamment diffus
297. ogations sur la constance des inspirations li es la nature dans la morpholo gie des objets 3 Ce qui n emp cha pas Egon Bra ning responsable du d veloppement de produits chez Vitra depuis quarante cinq ans de trouver l id e fra che et provocante Reconnaissons que les croquis s lectionn s par les fr res Bou roullec pour tre diffus s sont s duisants Le r seau asym trique form par des lignes inextricables voque lal atoire il devient la fois le parti pris esth tique et le principe structurel de l objet Seule ment le d veloppement technique et ergonomique d une chaise en polyamide inject est sans commune mesure avec les modules r p titifs des Algues Ces beaux croquis auraient ils men s les fr res Bouroullec et leur commanditaire dans une impasse Egon Bra ning nous informe que les designers ne se sont pas souci s de la faisabilit technique durant les premiers mois 4 Or selon lui c est pr cis ment cet aspect qui a d voil les limites de leurs dessins initiaux Bien s r nous devons conserver l esprit que ce point de vue est celui d un homme dont le travail consiste pr cis ment ne jamais oublier ces questions N anmoins les ann es de recherches qui suivirent o se m lent maquettes mod lisations 3D prototypage rapide et travaux d ing nierie t moignent d une lutte acharn e pour parvenir faire exister un beau dessin Les efforts d ploy s pour concr tiser ces
298. oin d ob jectivit qui va de pair avec l exercice du design Les lignes fluides des objets de Luigi Colani s cartent parfois grandement des d ter minismes a rodynamiques ou organiques invoqu s par leur cr ateur pour leur donner une l gitimit Les lois de la bionique ne peuvent suffire seules justifier les formes de la moto de vitesse qu il a des sin e en 1973 Notre ambition n est pas de nous livrer une s rie de suppositions sur l origine de ces influences Nous avons d j dit que notre connaissance des designers cit s se limitant des informations collect es indirectement la pertinence de nos hypoth ses serait ai s ment contestable Comme en psychanalyse il appartiendrait aux designers de nous faire partager les r sultats de leurs introspections Ainsi Marc Newson confesse avoir adopt une forme f tiche qu il nomme pod gt Cette forme est semblable une cosse de haricot Il la met en sc ne d s sa premi re pi ce la Lockheed Chair en 1987 Depuis son pod se retrouve aussi bien dans du mobilier que des ustensiles de cuisine d capsuleurs gouttoirs lampes torches etc un autre niveau Philippe Starck avait plac une forme mas sive au centre de l espace lors de son exposition monographique au Centre Pompidou en 2003 Pos m me le sol Ombre objet sur dimensionn en bronze mat rialisait l inconscient du designer De vons nous voir ici un aveu de la part d injustifi
299. oir sa diff rence et son style propre Si nous revenons nos inter rogations sur la diversit du design fran ais nous devons y voir un effet symptomatique D apr s Beno t Heilbrunn celui ci serait donc essentiellement un design d auteur d o une forme de glorification du designer dont le travail ob it une logique de singularit Il en r sulte la primaut du style individuel sur un style collectif L objet doit rendre reconnaissable le style du designer afin qu il lui soit at tribu Les cr ations de Jaime hayon ne peuvent elles pas tre per ues ainsi Et celles de Marti Guix L imp ratif d originalit est un facteur d influence dont nous mesurons l intensit lorsque nous nous int resserons la notion d exclusivit s formelles Mais la d sagr gation des identit s nationales au profit du par ticularisme individuel n aurait elle pas l effet inverse C est dire de favoriser l mergence d un style international partag par des de signers d horizons divers En effet ceux ci n ayant plus de r f rents propres leurs origines ils partagent d sormais des influences si milaires pour ne pas dire universelles Nous n avons qu feuilleter la presse sp cialis e internationale pour constater quel point tout se ressemble L origine g ographique et culturelle d un designer ne permet plus d en d duire un r pertoire formel Tout au plus livre t elle des interpr tations personnelles du
300. ois axes L Art contemporain le design parce que c tait le signe absolu de la modernit Le d corum de la R publique l poque n avait pas chang depuis Louis XV Le Mobilier National tait rempli de meubles Louis XV Le troisi me point c tait l objection de conscience Elle a r ussi les deux premiers Pompidou a initi un changement mais il n a pas t l homme qui a trouv le statut d objec teur de conscience Il y avait donc deux plans Sur celui des m urs c tait le de sign et sur celui de la culture c tait l Art contemporain D un seul coup la situation a chang Il y a une grande expo rue de Rivoli Qu est ce que le design Jai eu de la chance compte tenu du fait que j tais jeune d y participer au c t de gens in discutablement plus g s et plus exp riment s que moi F A D ailleurs vous avez toujours r fut la s paration entre les esth tes d une part et les tenants d un fonction nalisme pur et dur d autre part Vous avez cependant une culture technique Vous dites vous sentir comme un bar bare au milieu du salon des artistes d corateurs Dans ce cas quels seraient les pur sangs les natifs les personnes dont la place serait l gitime dans ce milieu R T Si vous saviez le m pris que j avais pour ces gens l Bien s r qu entre un mauvais designer et un bon d corateur je pr f rerais un bon d corateur Les d corateurs ne sont pas
301. oises et le milieu dont elle est issue Des similitudes avec Eileen Gray Il est int ressant de comparer les conditions d existence d Andr e Putman avec celles d une autre cr atrice dont elle admire le travail Les r alisations d Eileen Gray lont inspir e et accompagn e tout au long de sa carri re Elle a d ailleurs jou un r le important pour la red couverte de son travail en faisant r diter des pi ces par sa soci t Ecart International On trouve des cr ations d Eileen Gray dans de nombreux projets notamment ses fauteuils transats et ses miroirs Andr e Putman les r utilise abondamment dans ses am na gements Nous observons aussi que les motifs de certains tapis ont t largement inspir s par ceux d Eileen Gray L influence se ressent particuli rement entre les tapis Night and day et Black board Toute fois nous avons vu pr c demment que le travail d Andr e Putman se d finit avant tout par la mise en relation d objets qu elle n a pas elle m me cr s Dans un prochain chapitre nous tudierons plus en d tail l influence des pairs sur la production d un designer Dans l imm diat concentrons nous sur la proximit des conditions d en fance des deux cr atrices Nous tenterons avec ce rapprochement de percevoir si le lien qui unit ces deux cr atrices peut s expliquer par la proximit de leur milieu social d origine Nous devons Peter Adams une biographie d taill e d Eileen Gray
302. onflables Fran ois Azambourg prolonge en 2004 les exp rimentations en tam es des ann es plus t t par Gaetano Pesce avec les si ges Up Il donne une r plique percutante avec la chaise Pack Elle est ven due dans un emballage d un volume de trois litres roul e dans une gaine de tissu et pr t la remplir du polyur thane Une fois mis en situation de moussage par rotation d un bouton il s expanse dans l enveloppe o il durcit en cinq minutes La Pack fait jeu gal avec la Superleggera gr ce ses 1 7 kilos Une nouvelle fois la l g ret appa ra t secondaire face l innovation qui r side dans la mise en forme progressive de la chaise La faible densit du polyur thane compte moins que sa capacit s expanser pour donner corps l objet Le si ge est con u et dessin autour de cette propri t Enfin Riccardo Blumer parvient descendre en 2004 sous le poids de r f rence tabli par Gio Ponti pr s de cinquante ans plus t t Pour Laleggera il avait propos une mousse de polyur thane L influence des outils 6 Les mat riaux 229 recouverte de placage d rable Cette fois il inverse sa structure com posite et utilise le bois l int rieur qu il prot ge par un rev tement en fibres de verre Ce faisant il d montre les qualit s intrins ques voire la sup riorit d un mat riau naturel le balsa Cette essence est constitu e de grandes cellules aux parois tr s fines dont la den si
303. ons Nous y retrouvons la grandeur et le silence des espaces l asc tisme religieux l quilibre de leur ordonnancement ce go t de l essentiel et cette horreur du superflu Loin de se limiter des objets ses influences s entendent donc jusqu des lieux des sons et des moments pass s en famille entre les dortoirs et les clo tres de l abbaye Chacun des exemples cit s r v lent la part de subjectif d ir rationnel et de difficilement justifiable qu il y a dans la pratique du design Nous constatons le peu de r sistance qu opposent les desi gners leur environnement lorsqu il s agit de s impr gner d objets et de situations Nous avons vu que ces images peuvent rester la tentes plusieurs ann es dans la r tine des cr ateurs avant de re jaillir sous des formes inenvisag es C est d ailleurs ce qui pousse Pierre Doze faire un lien entre les bandes dessin es que Christophe Pillet d vorait dans sa jeunesse et son style la ligne claire Dans le m me sens qui aurait soup onn que Marc Newson ait conser v l esprit les courbes d un sofa peint par Jacques Louis David il y a plus de deux cent ans pour donner forme la Lockheed Lounge chair Certainement personne s il n avait pas dit son admiration pour la forme longue et sinueuse du meuble au milieu de l espace vide inachev par le peintre Les poques radicalement diff rentes dans lesquelles prennent place la m ridienne de New
304. ont de singularit formelle influence les designers nous continuerons nous baser sur des exemples concrets Nous avons vu qu il est d au tant plus n cessaire d utiliser des r f rences objectives que le do maine d influence qui nous int resse peut tre subjectif 7 Ibid p 575 582 6 L ORIGINALIT LA CULTURE DE L EXCLUSIVIT Une vision romantique A partir du XVIIe si cle le terme d originalit recouvre deux sens diff rents et quasi oppos s d une part le caract re valoris de ce qui est nouveau unique et d autre part le caract re d valoris de ce qui est trange excentrique Avec l closion du romantisme qui pose l originalit comme valeur supr me cette partition prend une dimension nouvelle qui structure aujourd hui encore notre appr hension de la cr ation Selon la professeure de litt rature M lanie Leroy Terquem nous pouvons reprocher un cr ateur de cultiver une originalit outr e voulue et qui sonne faux par opposition l originalit naturelle et g niale Certains designers comme Jaime Hayon Les fr res Campana ou Marti Guix flirtent r guli rement avec cette s paration Toutefois la volont de provocation plaide souvent en leur faveur Le plat Nazareth des fr res Campana pour Bernardaud compos de membres coup s de nouveau n s s ap parente plus une bravade qu l expression d une farouche envie 1 M lanie Leroy Terquem G niale ou m
305. ont intrins quement li s il les fait fusionner lorsqu il d clare que le design est une m thode de mise en place des composants afin de parvenir la meilleure solution d un probl me particulier 7 Enfin les propos de Roger Tallon expriment le plus clairement une position qui donne la primaut une m thode imp rieuse sur toute consid ration d ordre esth tique Selon lui la pratique du design exige une conduite qui refuse l impens la solution hasardeuse ou inspir e Il est recherche de l information et de la m thode dans la conduite d un projet Nous verrons par la suite dans notre entretien avec celui ci qu il se d finit comme un solutionneur L influence d une d marche rigoureuse sur la forme d un objet est explicitement revendiqu e La rationalisation du processus cr atif appara t la fois comme une garantie contre les d rives expressives et contre la perversion des vell it s esth tiques des designers Nous remarquons n anmoins l aspect dogmatique que peuvent rev tir ces d finitions ce titre les dix principes d un bon design non c s par Dieter Rams nous interpellent Pour le courant fonctionna liste allemand dans lequel s inscrit cette d claration la forme na t d une interaction intensive et profonde avec la r alit d utilisation la vie les besoins les souhaits et les sentiments de l homme Notons que Dieter Rams n voque pas des contraintes mai
306. osonic Braun 2009 Maquette r alis e avec des moyens mat riels rudimentaires et mod lisation informatique des charges chaise Myto Konstantin Grcic Plank 2008 192 5 mm dicker j i a ja a E EST TL TE stijg L influence des outils 4 La maquette 193 fonctionnalit de l objet Il r sume cette posture par une formule ar bitraire If it s going to be anything then it s going to be a chair Depuis Verner Panton plus aucun designer ne s tait aventur concevoir une chaise en porte faux enti rement en plastique L in tention de Grcic appara t cet gard comme une bravade Les com p tences des ing nieurs de Plank et BASF pour mod liser et calculer la r sistance de l assise n ont pas dispens l quipe de designers de r aliser de nombreux mod les en volume Pour revenir nos pr occupations la construction de prototypes de recherche ne se subs titue pas aux autres outils de conception elle les compl te Malgr les mod les informatiques sophistiqu s utilis s par les entreprises partenaires la maquette est rest e l outil incontournable pour vali der l ergonomie et observer directement le d ploiement des formes dans l espace Enfin au del de sa forme sch matique il para t dif ficile de visualiser certains d tails de transitions d paisseur au ni veau du pi tement sans recourir un volume tangible C est peut tre dan
307. ous constatons par ailleurs que la diversit des designers ayant collabor avec Cassina ne l a pas emp ch d affirmer une continuit et un esprit reconnaissable Contrairement beaucoup d entreprises notamment allemandes celle ci a toujours mis sur la personna lit des designers cr ant ainsi une synergie entre leurs projets et les objectifs de l entreprise C est parce que les responsables de cette entreprise sont parvenus maintenir un esprit homog ne partir des philosophies les plus diverses que nous devons leur attribuer une influence Cette derni re remarque nous renvoie la question de l image de marque Un designer peut il ignorer cet aspect dans les formes qu il envisage L image de marque ou l identit de l entreprise est garante de la coh rence d une production Si un designer choisit de ne pas formuler son projet en accord avec l esprit de son comman ditaire ne risque t il pas d exclure son projet de toute parent No tons que l image de marque n est pas une donn e esth tique elle le devient par extension Prenons le cas d Apple par exemple L aspect de ses produits repose sur une philosophie ax e sur la simplicit l accessibilit l innovation et non l inverse Cest cela qui a permis l entreprise de passer de bo tes grises des volumes color s en plastique puis des pures immacul es sans renier l esprit qui lui est propre Dans ce cas quelle influence accorder
308. ouviens d une p riode o il y a eu un grand d bat Il fallait ab solument mettre un terme une ambi guit naissante Les anglo saxons sen taient que le mot design tait en train de leur chapper Il y avait un malentendu sur le sens du mot design Il y a eu une contre offensive des scandinaves qui ont dit coutez il y a une ambigu t norme qui est en train de se d velop per Et bien laissons la se d velopper C est a le fond du probl me Il ne faut surtout pas lutter contre cette ambigu t Si jamais on veut clarifier a va tre un d sastre a rejoint la question que vous me po siez sur la rationalit La rationalit n est pas la finalit Ce n est que le mode comportemental Il faut se comporter d une mani re rationnelle L objectif du design c est de r soudre un probl me Le r soudre rationnellement bien s r mais avec plus que a C est pour quoi j tais toujours en premi re ligne lorsqu on critiqua it le fonctionnalisme J ai m me fait des exp riences anti fonctionnalisme Quand j ai fait le cl p togramme c tait une exp rience C est dire avec une forme faire n importe quoi a met en cause la formule la fonction suit la forme puisque si avec 247 une seule forme on peut faire n importe quoi d un seul coup c est une d mons tration par l absurde Il s agissait de cri tiquer le fonctionnalisme primaire le fonctionnalisme b b te et pa
309. oyages faire voluer les affinit s Lampe de table N nuphar Louis Majorelle vers 1902 104 esth tiques d un cr ateur est r guli rement mentionn e La tradi tion des s jours en Italie jusqu au XIX si cle ou les b n fices des changes universitaires actuels s inscrivent dans ce mouvement Cependant pouvons nous opposer ces inspirations contextuelles des influences plus intimes qui accompagnent les designers sur une p riode plus longue Ces derniers ont ils des muses Sont ils sujets des influences obs dantes dont l origine ne peut se rattacher un milieu Parmi les inspirations d un designer il nous appartient de dissocier l affinit de obsession et le momentan de l invariable Le facteur obsessionnel Le design du moins sous ce nom l est contemporain de la psy chanalyse Tous deux sont des inventions du XXe si cle Ils parta gent une origine moderne et une essence moderniste De plus de sign et psychanalyse poss dent la m me ambition de lib rer l esprit des gens Ils sont tous les deux des l ments producteurs d objets et de mat rialit pour le design de r ves et de lapsus pour la psy chanalyse Par ailleurs nous remarquons qu ils sont chacun issus d hommes de sciences Les initiateurs du design taient architectes et ing nieurs Freud tait m decin neurologue Plus g n ralement ces deux disciplines prennent comme postulat un point de vue qui n a rien de positivis
310. parti de cela pour cr er l ob jet ou l inverse c est durant le proces sus de conception face au probl me de la r partition du poids et de la jonc tion entre la poign e et la serviette que cette r ponse est apparue M S Je dirai qu il y avait une double question dans la proposition que faisait Delvaux D une part faire un nouveau petit bagage pour homme d autre part ce qui me semblait d terminant pour la r ussite du projet qui est toujours un succ s dix sept ans plus tard c tait de lui trouver une identit visuelle Plut t que de chercher dessiner une forme originale je pensais que cette identit pourrait venir d une forme nouvelle de constitution m me de l objet Pour ce faire je me suis attaqu au point faible de ces petits bagages qui est le rap port entre la poign e et le contenant Peut tre tes vous trop jeune mais l poque on avait des cartables qui se d chiraient toujours au niveau de la poign e J ai trouv la r ponse gr ce une m thodologie de travail J ai trouv 145 des parall les aux efforts exerc s cet endroit dans un article de l encyclop die Universalis sur le harnachement des chevaux C est d ailleurs une chose que j ai vue toute mon enfance puisque je vivais la campagne Je me souviens tr s bien des chevaux de trait qui taient harnach s de la sorte J ai transpos ces observations sur le corps du bagage L identit vis
311. pos les papiers peints fait les placo pl tre le parquet fabriqu les meubles et en m me temps il a sa petite usine o il fabrique des en seignes lumineuses ou des machines pour trier le courrier pour la poste F A Vous et vos fr res tes constam ment l pour l aider P A Nous sommes dedans Que nous l aidions o pas on est compl tement dedans Quelquefois je vais scier pen dant une semaine des morceaux de plas tique la scie circulaire quinze ans Je scie je scie je scie Puis je transpor te des panneaux de m diums jusqu la scie panneaux Parfois je vais le voir en lui demandant de bricoler un truc pour ma mobylette et on va passer une journ e au tour ou la fraiseuse faire de belles pi ces en alu Apr s je vais les poncer puis les polir pendant des heu res et les installer On est dans cette id e de fabriquer des choses de manipuler des mat riaux et comprendre comment ils se soudent se percent se vissent etc J ai fait a de puis toujours Depuis que j existe j ai t baign dans l id e de bricoler de transformer de la mati re Forc ment en faisant tout a il y a l id e de la belle pi ce La belle pi ce c est quoi Cela peut tre juste un mon tage qui n a rien d important mais qui doit tre bien fait On doit avoir pass la lime pour faire un beau chanfrein sur les ar tes La belle pi ce c est aussi quelque chose d intellise
312. posite qui g n re l aspect du fauteuil Les qualit s formelles du Feltri sont directement influenc es par la mati re et le mode de production envisag Il en va de m me pour le si ge Ciprea d Afra et Tobia Scarpa r alis en 1968 avec des mo dules de polyur thane inject laiss s nus Ici la mousse ne peut tre consid r e comme un simple rembourrage Elle devient un l ment central dans l esth tique du fauteuil De m me nous pourrions re venir sur de nombreux exemples voqu s pr c demment La toile vinylique du mobilier gonflable soud e par radiofr quence rentre dans notre d finition de la mati re solidaire L usage de ce mat riau ne peut se r duire sa dimension d corative ou sa perception sen sorielle Il est au contraire l origine de la morphologie singuli re de ces objets La mati re fluctuante est plus sensible aux oscillations du go t Les collections de finitions de rev tements et de couleurs voluent avec le temps ind pendamment de leur support Les r ditions des grands classiques du design proposent parfois des mat riaux in dits non s lectionn s par leurs concepteurs La tactilit d un volant de voiture est susceptible de changer sans en alt rer la g om trie Beaucoup de produits m talliques sont propos s avec des finitions bross es polies ou prot g es par une peinture mais conservent une forme identique seule la qualit per ue fluctue Vers une fusion Jusqu o
313. pr s de limitation au plus pr s de l interdit on reconna t la bravoure de l quilibriste qui marche sur un fil Ils chappent la honte de l usurpateur Ces designers connaissent les originaux et nous aussi C est pr cis ment ceci qui les met labri du titre d imitateurs de copieurs d historicistes Ainsi ils consid rent leurs objets comme les descen dants de formes tablies par d autres et se soumettent sans peine l influence de leurs pr d cesseurs Cette filiation revendiqu e s ex prime parfois par la poursuite de recherches initi es par d autres Les fr res Castiglioni r utilisent explicitement le proc d du co coon d j utilis par George Nelson pour imaginer leur tour des luminaires dont les qualit s plastiques et fonctionnelles ont t re travaill es ils n en cr ent pas moins une s rie d objets diff rents produits en 1959 par Arturo Eisenkiel puis dit s au d but des an n es 1960 par Flos devenus aujourd hui des ic nes dans la produc tion de luminaires du XXe si cle Taraxacum et Viscontea Marcel Wanders appel par Flos les r interpr te son tour en 2005 Zep pelin est une troisi me version du cocoon ins rant une structure de lustre bougies visible au travers du mat riau elle interroge clairement le devenir des formes historiques L affirmation par un designer de la parent et de l ascendance d un objet peut prendre la forme d
314. prises adoptera au d but du XXe 9 Robert Boyer Michel Freyssenet Les mod les productifs Paris La D couverte 2000 p 27 2 Frederick Winslow Taylor cit par Robert Boyer et Michel Freyssenet op cit p 41 21 Charlie Chaplin Les temps modernes Modern Times produit par Charlie Chaplin 1936 22 Fran ois Caron op cit p 96 L influence des proc d s de fabrication 4 L organisation de la production 303 si cle les recommandations de Taylor Le terme de taylorisme a pris une signification de plus en plus large au fur et mesure de sa diffusion Il est devenu synonyme dans les ann es 70 de division de la conception et de l ex cution du travail que la parcellisation des t ches qui lui a t attribu e aurait port son paroxysme La machine au centre du jeu industriel Mais recentrons nous sur des probl matiques de formalisation pour observer quelles sont les influences de ces volutions sur la morphologie des objets produits De la m me mani re que lauto matisation des m tiers tisser par Vaucanson puis Jacquard 1804 a entra n au cours des si cles pr c dents une modification dans la qualit et le dessin des motifs tiss s il est probable que ces remar ques puissent s tendre aux innovations techniques induites par lar riv e des machines outils La production de masse place ces qui pements au centre de l organisation productive Nous avons vu que c est d sormais les potential
315. propos e une mani re de l exploiter En d autres termes une technologie ne g n re pas sa propre application Comme son nom l indique la mise en forme est une op ration d ex cution lex ception de travaux dont nous parlerons par la suite Elle ne peut suf fire expliquer l closion un temps donn de nouvelles typologies C est ici avant tout l esprit d un homme Mart Stam qui est l origine du principe cantilever Il a initi un nouveau courant 136 137 Marcel Breuer dessins du brevet n 170986 d pos en 1933 Ouvrier cintrant un tube de m tal vers 1950 Fauteuil en porte faux S43 Cantilever Mart Stam Artemide 1930 Fauteuil D42 Weissenhoff model Ludwig Mies Van Der Rohe Berliner Metallgewerke 1927 Fauteuil B34 Marcel Breuer Thonet 1928 138 d expression formelle en cr ant un pont une connexion entre une technologie et une application La mise au point du cintrage des tubes a t n cessaire pour utiliser au mieux leur potentiel La ma trise de la d formation du m tal dans les angles a permis Mies Van Der Rohe d ajouter au principe du porte faux la souplesse de Pas sise avec son si ge D42 Cet exemple nous montre que l volution de la technologie peut se heurter des sch mas ant rieurs fig s st r otyp s Il est difficile de se d charger du pass de l objet et de le faire voluer Parce qu il a propos un pi teme
316. quand a allait mal mais nous tions r primand s quand a ne collait pas bien J tais assez content d avoir commenc par l et d tre pass par la 2D avant de continuer Il faut dire tout de m me qu cette poque je travaillais pour deux entreprises J tais salari de Caterpillar et j tais sous contrat avec DuPont de Nemours F A En parlant de DuPont de Ne mours il semble qu une des personnes qui aient eu une influence sur vous soit Jacques Brandenberger l inven teur du cellophane et l un des patrons techniques de la firme DuPont Vous le d crivez comme un homme obs d par le travail en continu ayant int gr que le produit n est pas un objet en soi mais le maillon d une cha ne qui relie ceux qui l on con u et fabriqu ceux qui l utilisent R T C est un de mes papas Si je vou lais traduire tout a en terme filial j ai eu des papas divers et je les ai recon nus comme tels J ai beaucoup travaill avec lui comme second Je voyais com ment il fonctionnait On a travaill sur des choses qui ont r ussi et d autres qui ont fonctionn mais avec lui j apprenais autant dans l chec que dans la r ussite Le travail en continu c est l absence de rupture de charge Ne rien arr ter non seulement travailler le dimanche mais aussi chaque instant C est une des choses que j ai aussi d couverte avec 250 Armand en Californie Nous tions Los Angeles
317. que sont le r sultat d qua tions pr d termin es D ailleurs le sens du mot programme sup pose que le logiciel ne fasse qu ex cuter des t ches pour lesquelles il a t con u Les volumes mod lis s aussi complexes soient ils res tent prisonniers de ce programme Ils r pondent une logique constructive interne induisant des sch mas formels auxquels ils ne peuvent se soustraire Pourtant malgr les limites du num rique L influence des outils 5 L informatique et les outils num riques 201 les logiciels proposent d s pr sent des op rations impraticables dans la r alit tangible et leur nombre ne cesse de cro tre Nous re viendrons sur cet aspect par la suite Cependant l utilisateur n a pas acc s l ensemble des lignes de codes qui structurent le logiciel Son utilisation passe par une inter face simplifi e faite d ic nes et de commandes Pour Michel Beau doin Lafon directeur du LRI Laboratoire de Recherche en Infor matique de l Universit Paris Sud et du CNRS l interface est prise dans une dualit de traitement Dans son article Enjeux et pers pectives en interaction homme machine 7 il donne son point de vue sur le dilemme auquel fait face le concepteur Ce dernier doit r ussir proposer une interface simple sans affecter les possibilit s du logiciel D apr s cet article la source de ce probl me provient de l antagonisme entre deux notions a priori contradicto
318. que toutes les pi ces superflues ont t li min es que chaque composant est soigneusement dispos et que malgr tout l ensemble demeure laid alors le recours une coque harmonisant l ensemble sans en trahir les fonctions est une voie qui L influence des proc d s de fabrication 3 L emboutissage 281 turbine le r servoir et la queue de l appareil auparavant maintenus dans un treillis m tallique sont d s lors dissimul s sous une coque Nous pouvons nous interroger sur la pertinence d un tel choix face l gance toute en l g ret retenue et efficacit du mod le d origine Les biens domestiques sont parmi les premiers tre pris dans ce courant D s les premiers t l viseurs et postes radio il est apparu vident qu il fallait en prot ger les fragiles composants autant qu il tait n cessaire de les dissimuler car heure de l lec tronique la forme de ces derniers ne mat rialise plus leur fonction En effet l apparence d un transistor d une r sistance puis d un cir cuit imprim ne laisse rien deviner de son implication dans le fonc tionnement de l objet dans lequel il est plac La vue des machines timbrer Pitney Bowes de 1963 ne permet pas d en desceller les m canismes complexes Nous devinons la vue de ces imposants s impose Le duplicateur dessin par Raymond Loewy pour Ges g Nouveau fuselage de tetner en 1929 s inscrit dans cette mouvances Les composants y
319. qui m neront la d finition d un produit ou d un nouveau service Ainsi bien que la morphologie d un objet reste troitement li e sa m thode de conception elle n engage pas le designer tablir la forme d finitive et pr cis ment identifiable Par cons quent la relation qui unit la d marche du designer la forme de ses objets int gre plusieurs facteurs pour lesquels l objec tivit et la rationalit ne sont plus des l ments d terminants mais l une des donn es du probl me Selon Tallon pour le design la 12 La citation est extraite d un article traduit en langue fran aise Nous n avons pas pu nous procurer cette phrase dans sa version allemande Par cons quent nous supposons que l quivalent du mot que proposait par le traducteur poss dait dans la version originale un sens similaire 13 Catherine Millet Roger Tallon itin raire d un designer industriel catalogue de l exposition ponyme Paris Centre Pompidou 1993 p 64 L influence des outils 1 Un processus rigoureux et raisonn 153 rationalit n est pas la finalit le jeu la fantaisie l humour l ro tisme ne lui sont pas interdits le design est forme sans s gr gation de fond La montre qu il a cr e pour Lip illustre clairement son positionnement D s lors il n y a plus un facteur qui pr vaut sur les autres l esth tique et la symbolique peuvent m me tre des fonc tions prioritaires comme d
320. r s midi Pour ces r ceptions on habille b b de bro derie anglaise on la couvre de n uds raides et de cocardes et on l oublie sur le piano queue o elle se morfond avec une patience exemplaire qui fait l admiration de l assistance Nous apprenons par ailleurs que son enfance s est d roul e dans les grands apparte ments haussmanniens du VIe et VIle arrondissement parisien Son temps tait essentiellement partag entre l appartement de ses pa rents rue du Cherche Midi et de celui sa grand m re rue S dillot Fran ois Olivier Rousseau Andr e Putman Paris Regard 1989 p 25 2 Ibid p 34 L influence du cr ateur 1 Des v cus 31 Cette derni re collectionnait les antiquit s gyptiennes Fran ois Olivier Rousseau insiste sur ce point en pr cisant que l o chez les bourgeois ordinaires nous trouvons des placards et des porte para pluies elle dispose de momies et de sarcophages Andr e apprend marcher et part l aventure travers des corridors encombr s de vestiges de la vingt troisi me dynastie Il nous renseigne en parti culier sur un chacal de bois au long museau et aux longues oreilles dont elle se prend de passion Que pouvons nous avancer partir de cette anecdote pour notre tude Chacun poss de le souvenir d objets dont l enfance est ja lonn e Nous r alisons quel point il peut tre d licat d esquisser des rapprochements plus ou moins arbitraires entre des l m
321. r sultat la victoire devenant du coup le moteur m me de la forme finale De fait dans la vaste panoplie des objets de per formance tel le dragster l ardeur cosm tique n a pas place ou peine se manifester puisqu elle est r duite la surface de Pengin sous la L influence des outils 1 Un processus rigoureux et raisonn 155 forme de peintures d images de chiffres et d autocollants de spon sors Ce genre d objet demeure technique une boule de nerfs m canique dont l apparence se veut indiff rente tout ce qui touche l image et au para tre flatteur Les l ments d coratifs n ont droit de cit que sur la fine pellicule surfacique pour autant qu ils ne nuisent pas la performance Le design op rationnel ou design fonction naliste a pour vocation ultime de s abolir en tant que proposition esth tique La forme est plus que jamais une cons quence La mor phologie d un produit qui vise l op rationnalit pure n a pas tre envisag e autrement qu en fonction des services que doit rendre cet objet qui s assimile dans ce cas un instrument performant L application rigoureuse du principe d efficacit op re une disso ciation entre fonction et typologie Autrement dit la morphologie de l objet d coule d une r ponse stricte un besoin la performance pour le dragster sans s encombrer de typologies pr existantes Ceci implique de pratiquer la tabula rasa avant d envisage
322. r des objets de monter dans une voiture Mes parents ont eu une 403 puis une 404 et une Renault 16 Mon p re avait une moto BMW Il dessinait aussi des cho ses Il transformait sa moto Il faisait un car nage Il faisait des pi ces en fibres de verre qu il pon a it et peigna it Il fa briquait des moules en pl tre En fait il y a un m lange assez tech nique Mon p re est artisan mais c est de l artisanat assez complexe Il a une formation d ing nieur Il n est pas all jusqu au bout de ses tudes parce qu il fallait manger Ce n tait pas facile Il a tout de suite t chef d atelier dans l usinage des plastiques et des m taux Il faisait de la transformation des ma ti res plastiques La fibre de verre mais aussi du thermoformage du pliage ou de la chaudronnerie plastique Comme j ai dit il a une formation d ing nieur Mon p re faisait aussi de la m canique du tournage et du fraisage A la maison il y a des moteurs Mon p re est en train de r parer des voitures 22 Il ach te une voiture compl tement cass e mais qui a un bon moteur et une autre qui a une carrosserie en bon tat mais un moteur foutu Pour qu on puisse partir en vacances il les r pare Avec mes fr res nous l aidons on met la main la p te ce moment l mes parents sont un jeune couple ils n ont pas d argent A la maison tout est home made Mon p re a construit seul la moi ti de la maison Il a
323. r exactement un homme de g nie il vous manquera toujours son originalit Cest dire son g nie On n a d ailleurs pas de mots assez durs pour la foule d imitateurs qui marche sur les talons du g nie autant l originalit du grand crivain individuelle et singuli re est port e aux nues autant limitation des grouillots de la plume plurielle et collective est d nigr e Dans le m me sens Alfred de Vigny met en garde contre les p les imitateurs troupe nuisible et innombrable 18 Martin Szekely parlant de son travail dans Martin Szekely Paris Images Modernes Kreo 2003 92 de singes salissants et maladroits Enfin le dramaturge Eug ne Scribe se moque de ces apprentis grands hommes gloire surnu m raire illustrations venir qui ne feraient rien s par ment mais qui s unissent pour tre quelque chose et s entassent pour s lever Par cons quent nous revenons aux indications de M lanie Le roy Terquem sur la nature l originalit per ue comme la marque et la condition n cessaire pour la pleine expression du g nie Ici limitation est m me une menace constante et r currente pour la qualit et le renouvellement de cr ations et des formes pour ce qui nous int resse L originalit serait un rempart contre des d g n rescences consanguines L imitateur repr sente alors l antinomie de la figure du cr ateur inventeur et novateur par nature Il nous faut croire que c
324. r la conception d un projet Prenons comme exemple des objets que nous utilisons quotidiennement Nous n avons pas besoin de chaise et de table mais Dragster de cat gorie Top Fuel curie Budweiser Phoenix USA 2009 V lo de course de vitesse Lotus 1992 156 d assise et de plan Dans ce sens les pr ceptes fonctionnels n assu jettissent pas seulement la forme l efficacit mais peuvent abou tir des propositions novatrices en d calage par rapport des r f rences et des codes pr existants Bien que Charles Eames ne soit pas issu du courant fonctionnaliste c est sa facult s extraire de typologies connues qui retient l attention d Ettore Sottsass lorsque ce dernier crit Quand Charles Eames dessine sa chaise il ne des sine pas seulement une chaise mais une nouvelle fa on d tre assis Il ne dessine pas pour une fonction il dessine une fonction La pi ce cach e au sein de l cole d Ulm dont Roger Tallon nous r v le l existence au cours de notre entretien f et dans laquelle Tomas Maldonado et ses complices menaient des recherches purement for melles t moigne de l effort n cessaire pour se d tacher des typolo gies environnantes Cela m me pour des gens qui pratiquaient une m thodologie cr ative scrupuleusement codifi e dont le respect devait pr munir contre des r flexes conditionn s et l influence de morph mes connus Il existe par ailleurs un paradoxe
325. r qu il existe d autres moyens d expressions et de conceptions qui peuvent com penser ce manque Se pose ici la question de la relation entre l ou til et l invention entre l innovation et son origine Lequel pr c de l autre Les formes de r volution du tour bois ou du tour de po tier proviennent elles de l invention de ces techniques ou est ce la volont de cr er des formes parfaitement cylindriques qui a abouti la mise au point de ces machines R pondre cette question nous ferait largement d vier du sujet de ce m moire tant la r ponse n a rien d invariable Toujours est il que c est le statut du dessin comme un proc d technique qui se d gage de ces remarques De ce fait il s apprend se perfectionne et requiert m me un entra nement pour parvenir une certaine dext rit procurant ainsi des moyens d ex pression plus tendus et plus pr cis Par cons quent d s que l on fait usage du dessin pour d finir une forme nous devrions conser ver l esprit que celui ci n a rien d anodin et prendre conscience de son influence Comme nous l avons vu le dessin est la fois un moteur de r flexion et expression d une pens e Les carnets de croquis expos s r cemment au Mus e des Arts D coratifs dans le cadre de l expo sition Dessiner le design refl tent le cheminement de recherches Les esquisses jet es sur le papier t moignent tout autant des h sita tions que des intuitions forme
326. ra adopt e par l ICSID positionne la recherche d in formations comme un pr ambule essentiel pour la coh rence d une forme De m me d autres designers aux personnalit s aussi vari es que Joe Colombo Charles Eames ou Roger Tallon soulignent lim portance d une m thodologie rigoureuse pour garantir l harmonie et la coh sion formelle d un objet Pour le premier l industrial de sign n est s rement pas un style il est fonctionnel il est rationnel Il est la r solution totale de la probl matique interne d un produit con u de la fa on la plus objective eu gard l emploi auquel il est 2 Nous utilisons ici le mot param tre comme synonyme de facteur 3 Entretien avec Martin Szekely p 144 4 ICSID International Council of Societies of Industrial Design 5 Le design est une activit cr atrice qui consiste d terminer les propri t s formelles des objets que l on veut produire industriellement Par propri t s formelles des objets on ne doit pas entendre seulement les caract ristiques ext rieures mais surtout les relations structurelles qui font d un objet ou d un syst me d objets une unit coh rente tant du point de vue du producteur que du consommateur MALDONADO Tomas El dise o industrial reconsiderado Barcelone G G 1997 L influence des outils 1 Un processus rigoureux et raisonn 151 destin Le second va plus loin en affirmant que design et m thode s
327. rard Griffon Propos recueillis dans Design amp designers fran ais Paris Medifa Industries Fran aises de Ameublement 2004 4 Ibid L influence des outils 2 La commande et le commanditaire 167 de commande l alliance de placage de bois sombre d aluminium satin et d acier inoxydable a contribu d finir l orientation es th tique des produits suivants Un design semi industriel veille l quilibre entre mati res naturelles et industrielles Cependant le r le d un designer n est il pas galement de mettre mal la rigidit immuable de ces identit s N est il pas aussi b n fique pour l en treprise de requestionner des principes grav s dans le marbre Les exemples sont nombreux d entreprises r veill es par des designers qui ont su r affirmer leur part d influence en rupture avec les codes formels de leur commanditaire Outre les notions d image et d identit il existe des d termi nismes beaucoup plus concrets dont l influence est toute aussi pr sente Les savoir faire et les potentialit s industrielles du comman ditaire ne sont pas n gligeables Dans le cas d un diteur comme Fermob sp cialis dans le mobilier d ext rieur en m tal un nouveau dessin ne peut se faire sans int grer les contraintes sp cifiques li es la mise en forme du m tal Pour Tolix dont la particularit est de fabriquer des objets en t le m tallique s ajoutent aux contraintes de la mati re les capacit s li
328. ration humaine PIOCHE Jacqueline sous la direction de Dictionnaire Etymologique du fran ais Paris Les dictionnaires Le Robert 1985 150 r f rence pour chacun des acteurs du projet le cahier des charges Ces param tres participent d finir la morphologie de l objet et orientent les choix formels du designer La relation entre l aspect d un produit et la nature de ces re cherches pr liminaires concentre l attention des designers depuis toujours C est sur ce rapport d interd pendance que se basent les prises de positions nonc es par Martin Szekely lors de notre entre tien quant aux m thodes de conceptions propres au design Celui ci insiste sur la pr minence de cette phase de travail dans la concr tisation d un objet Il affirme partir de pierres dures de faits d l ments tangibles qui forment le socle de son travail Selon lui sa d marche est comparable celle d un scientifique dans le sens o ses r alisations ont pour fondement une interpr tation m tho dique d l ments factuels Avant Martin Szekely d autres designers ont insist sur la subordination de la forme d un objet la m thode de conception mise en place pour sa cr ation Celle ci doit permettre d extraire et d identifier une somme de faits dont la connaissance est n cessaire pour une d finition formelle ad quate d un produit En 1961 Venise la d finition du design formul e par Tomas Mal donado qui se
329. ravent Inger Uipkes 1992 48 SEAT ON IT banc Richard Hutten Droog design 1994 78 S CHE CHEVEUX Fema pologne 1960 268 271 SELENE chaise Vico Magistretti Artemide r dit e depuis 2002 par Heller Design 1969 273 SELLE TRAIRE polypode anonyme d but du XX si cle 292 SIM chaise Jasper Morrison Vitra 1999 116 118 SLEEPLESS lit Bram Boo autoproduction 2009 85 SLOW WHITE commode Bo Reudler autoproduction 2009 85 SMITH module de rangement Jonathan Olivares Danese 2007 62 69 SMOKE CHAIR fauteuil Maarten Baas Moooi 2002 112 SOFT PAD fauteuil Charles et Ray Eames Aluminium Group 1969 222 SPYLIGHIT luminaire Matali Crasset Galerie Delle Piane 2005 100 STANDARD UNIQUE chaise Bram Boo Established amp Sons 2009 84 STEELWOOD fauteuil Ronan et Erwan Bouroullec Magis 2007 182 STEHLEUCHITE luminaire Marcel Wanders DMD 1991 48 STRAHLER luminaire Bruno Van Eyben Siemens 1990 47 SUNSET si ge Christophe Pillet Cappellini 1997 96 SUPERLEGGERA chaise Gio Ponti Cassina 1957 117 119 164 227 228 SYMBOL couverts David Mellor Walker amp Hall 1961 42 SYMBOLE pendentif Martin Szekely Hermes 1999 143 T voiture Henry Ford Ford Motor Company 1908 277 302 TABLE BASSE ANSON CONGER Isamu Noguchi Good Year 1939 130 TARAXACUM luminaire Achille et Pier Giacomo Castigl
330. re pour exemple l apparition de la fonte au milieu du XIXe si cle La libert procu r e par le moulage de ce mat riau a engendr une prolif ration L influence des outils 6 Les mat riaux 217 d objets d aspects sophistiqu s Les courbes des radiateurs po les et machines coudre de l poque en t moignent Cependant la mor phologie de ces objets provient tout autant d affinit s culturelles et de la ma trise d une technique de mise en forme que des propri t s particuli res de la fonte Il en va de m me pour le dessin des garde corps haussmanniens o la fonte moul e est utilis e pour imiter sans efforts des motifs auparavant r alis s laborieusement en fer forg Pour r sumer entre le mat riau qui autorise l innovation et la r a lisation effective d une forme nouvelle il y a un pas de franchi qui chappe l influence du premier Ne confondons pas permettre et cr er Distinguons ce qui incite la cr ation et ce qui cr e Par ailleurs ces derniers exemples nous invitent observer at tentivement les relations troites qui unissent un mat riau son proc d de mise en uvre L usage la fois exp rimental et raison n des nouveaux mat riaux dans le travail de Charles et Ray Eames nous fournira des r f rences vari es et des applications concr tes pour tayer nos r flexions Le contre plaqu moul l application puis la forme Le couple Eames d crivait son design comme ta
331. recherche d une criture personnelle La morphologie des objets peut alors s extraire L influence des outils 2 La commande et le commanditaire 169 du cadre impos par un client Par ailleurs les qualit s formelles des produits dessin s sous l influence d un commanditaire fictif id a lis imagin sont parfois discutables Pour chapper ces d termi nismes beaucoup de designers font le choix de s affranchir du com manditaire Le recours l autoproduction appara t comme l une des solutions Notre intention n est pas de commenter les particularit s de cette pratique qui peut aller jusqu un positionnement politique N anmoins les objets autoproduits t moignent d une esth tique de l ind pendance Les innovations tubulaires d acier de Breuer ou les recherches sur le bois courb des Eames avec leur machine Kazam sont elles d j des formes d autoproduction Plus r cemment Flo rence Dol ac lors d un entretien avec Fran ois Clerc exprimait son attachement cette pratique Pour elle un projet de design indus triel avec commanditaire c est un cahier des charges tr s contrai gnant Cest un client pas facile c est beaucoup de sueur pour r ussir faire aboutir des formes sans trop de concessions c est une lutte Le processus est pour moi int ressant mais c est comme un combat et la fin tu es puis Tu dois avoir une patience inou e et passer des phases tr s longues po
332. remier mod le basique a t r alis l aide de carton et de ruban adh sif pour v rifier sa g om trie Initialement Grcic confie avoir envisa g pour cette assise des formes tr s douces mais la silhouette obte nue tait si forte qu il a d cid de la conserver Quelles conclusions tirer de cette anecdote Il serait radical voire absurde de renoncer l usage d un mat riau sous pr texte qu il pourrait faire d vier nos intentions formelles Au contraire il faut aussi savoir exploiter le potentiel suggestif de la mati re et les surprises qui peuvent surve nir comme nous le d montre l aspect sculptural du si ge Mars Tou tefois cet exemple nous prouve aussi que le recours au papier n a 3 am quite sure that relying on paper models for so many years has influenced my design language Ibid p 16 4 After all they are not meant for presentation but are working tools intended to achieve an initial result quickly At any rate paper fits wonderfully into our work we can realize everything ourselves on the spot in the office which means we are not reliant on an external workshop at an early design stage Ibid p 18 5 But you have to be careful The beauty of paper is dangerous at the point where you fall prey to it during your work Ibid p 23 L influence des outils 4 La maquette 189 rien d insignifiant et nous pousse reconsid rer son usage Certes il propose une facilit d
333. res l une de l autre ancr es dans le VIe arrondissement de Paris Eileen Gray a habit 70 ans jusqu sa mort dans un appartement de la rue Bo naparte et Andr e Putman rue des Grands Augustins De plus tout comme Andr e Putman s est ouverte la modernit en s opposant son milieu d origine Eileen Gray s est d tach e de ses racines en s exilant Paris Cependant m fions nous des raccourcis Etablir une influen ce du travail de l une sur l autre en nous basant simplement sur la proximit des milieux sociaux dont ces cr atrices sont issues serait parcellaire Nous omettrions les profondes diff rences entre les ori gines irlandaises d Eileen et l environnement de tradition fran aise d Andr e Putman Ensuite les deux cr atrices se sont r alis es dans des contextes diff rents Si Eileen Gray a volu au c t de Jean Ba dovici il ne semble pas que la carri re d Andr e Putman soit li e celle d un autre cr ateur Ainsi il est d licat de faire un pont entre ces femmes uniquement au regard de leurs conditions sociales Nous ne pouvons nier l troite influence entre la nature des r ali sations d Andr e Putman et lunivers dans lequel elle a grandi Nous avons observ de quelles mani res ses origines transpirent dans ses cr ations et influencent ses choix lors de la conception d espaces N anmoins le travail d un seul designer aussi riche soit il ne peut 9 Caroline Co
334. rev tements muraux des choses assez laides C est un mat riau dit pauvre donc tout cela m int ressait 1 L INFLUENCE DES METHODES DE TRAVAIL DES MODUS OPERANDI Un processus rigoureux et raisonn Un produit comme son nom l indique est un r sultat La forma lisation d un objet ne r sulte pas d une addition mais de la multipli cation de plusieurs facteurs Le produit n est pas une somme Pour donner corps l objet le designer op re un travail de recherche d identification et de s lection de ces facteurs Ces derniers sont le plus souvent nombreux notre intention n est pas de tous les citer La liste serait longue certainement incompl te malgr nos efforts et n apporterait pas un clairage d terminant sur le sujet de notre tude N anmoins nous remarquons titre d exemple qu avant d at tribuer une forme un produit le designer prend pr alablement connaissance des futures conditions d utilisation de l objet il parti cipe la d finition de ses fonctionnalit s et les relie un contexte L ensemble de ces informations est r pertori e dans un document de 1 LE PRODUIT DE Nombre qui est le r sultat d une multiplication Produits de plusieurs facteurs Produits dun nombre multipli par lui m me R sultat de diverses op rations math matiques Produit scalaire vectoriel 2 UN LES PRODUITS DE Substance fait ou tre qui r sulte d un processus naturel d une op
335. rie Andr e Putman Christofle 2007 69 VILLA ROTONDA Andrea Palladio Vicence Italie 1571 113 VILLA VALMARANA Andrea Palladio Vigardolo Italie vers 1540 113 VISCONTEA luminaire Achille et Pier Giacomo Castiglioni Flos 1960 97 116 VORON OI tag re Marc Newson Galerie Gagosian 2006 129 225 WINE JUG carafe vin Claudio Colucci Sentou 2001 95 WIRE CHAIR chaise Charles et Ray Eames Herman Miller Inc 1951 138 139 XP 5050 grille pain Konstantin Grcic Krups 2005 166 188 YAMANOTE luminaire Industrial Orchestra Confidence amp Light 2008 63 ZEPPELLIN luminaire Marcel Wanders Flos 2005 97 116 Remerciements Je tiens exprimer ma profonde reconnaissance toutes celles et tous ceux qui m ont soutenu et aiguill tout au long de la r dac tion de ce m moire S ils n avaient su feindre d s le d part une par faite compr hension de mes intentions partir des quelques bribes d informations que je parvena is exprimer je ne sais pas si j aurais pers v r dans un sujet aussi n buleux Sans leurs incitations bien veillantes j aurais probablement t atteint par le d couragement Je n oublie pas non plus la disponibilit de Clo Pitiot qui a dirig mes recherches avec un enthousiasme communicatif Sa curiosit et son calme m ont accompagn durant les mois de travail n cessaires pour r diger ce m moire J adresse galement mes remerciemen
336. rit et de m thodes de travail emprein tes de rationalit l oppos les mouvements radicaux n s en Italie dans la deuxi me partie du XXe si cle comme Archizoom Supers tudio Alchymia et Memphis peuvent tre per us comme privil giant l expressivit et le sens sur d autres consid rations Toutefois les pas serelles sont trop nombreuses pour qu une telle vision puisse enti rement se justifier La personnalit du designer allemand travaillant Milan Richard Sapper appara t comme la synth se des caract ristiques cit es La lampe Tizio dessin e en 1972 pour Artemide il lustre ce rapprochement Par ailleurs les cr ations de Gio Ponti ne sont pas d nu es de technicit tout comme Olivetti s est fortement pr occup e de la dimension fonctionnelle de ses produits Plus g n ralement le design europ en s articule autour d aires culturelles identifiables par leurs approches cr atives Ainsi la Scan dinavie et la partie flamande de l Europe produisent des objets aux apparences divergentes La notion d aire culturelle renvoie celles d h ritage et de pass Les marqueurs formels communs aux objets provenant d un m me bassin culturel peuvent s expliquer par les r f rents identiques de leurs cr ateurs Le s miologue Beno t Heil brunn oppose ainsi la tradition picturale hollandaise l h ritage th tral fran ais Si l on peut penser que certaines cultures telle la culture hollandaise tire
337. rmes bougent voluent et se m tamorphosent lorsqu elles sont soumises certaines influences L influence des outils 5 L informatique et les outils num riques 211 standard en incorporant dans le process de fabrication de la biblio th que Carenza 1972 une dose d autod termination En renversant le moule les vents se bouchaient Ce faisant la coul e de polyu r thane en expansion s arr tait de fa on al atoire Certes l aspect rudimentaire de l astuce propos e par Pesce est difficilement com parable aux puissants moyens informatiques utilis s pour conce voir les projets voqu s Elle n en est pas moins efficace Le rappro chement esth tique entre la chaise Computational et le Monumento Continuo de Superstudio contemporain des exp rimentations de Pesce tait il si impromptu Chacune de ces interventions tend loigner l homme du moment o la forme se d cide se d finit Apr s que l industrie ait rendue inutile toute intervention humaine lors de la fabrication d un produit la nouvelle re industrielle ten drait elle l exclure du temps de la conception 6 LES MATERIAUX Des potentiels L histoire de Univers c est l histoire de la mati re qui s orga nise crit l astrophysicien Hubert Reeves dans Poussi re d toiles Pourrions nous remplacer univers par le mot forme L id e n est peut tre pas aussi arbitraire qu elle y para t tant la forme
338. rner La nature dans la physique contemporaine Paris Gallimard 2000 HOBBES Thomas L viathan 1651 Paris Gallimard traduc tion de G rard Mairet 2000 HUDSON Jennifer sous la direction de Process 50 product designs from concept to manufacture Londres Laurence King Pu blishing 2008 HUGO Victor Utilit du beau Proses philosophiques de 1860 65 in uvres compl tes de Victor Hugo Paris Robert Laffont 1985 HUVYGUE Pierre Damien sous la direction de L art au temps des appareils Paris L Harmattan 2006 HUYGUE Pierre Damien Art et industrie philosophie du Bau haus Paris Circ 1999 JACOMY Bruno Une histoire des techniques Paris ditions du Seuil 1990 KANT Emmanuel Anthropologie d un point de vue pragmatique 1798 Paris GF 1999 KRAUSS Rosalind et BOIS Yves Alain L informe mode d emploi Catalogue d exposition Paris ditions du Centre Pompidou 1996 KULA Daniel TERNAUX lodie Materiology Berlin Birkh u ser 2009 LEROI GOURHAN Andr Dictionnaire de la Pr histoire Paris Presses Universitaires de France 1988 LEROI GOURHAN Andr L homme et la mati re Paris Albin Michel 1943 et 1971 LEROI GOURHAN Andr Le geste et la parole Technique et lan gage Paris Albin Michel 1964 LEROI GOURHAN Andr Milieu et technique Paris Albin Mi chel 1945 et 1973 322 L VI STRAUSS Claude Saudades do Brasil Paris Plon 1994 L VI STRAUSS C
339. roc d quelles que soient les p riodes Certes dans le temps et l espace les arch ologues et les ethnologues notent des variantes En Inde par exemple la panse du contenant est aplatie avec un bat toir certains r cipients sont fabriqu s en plusieurs parties les anses tant model es part et fix es par la suite Mais dans l ensemble la morphog n se de ces objets est l expression d une p nurie tech nique La conduite de cet amincissement progressif est difficile et les poteries r guli rement ovo des qui sortent de cette fabrication Briques s ch es au soleil Inde Vase anthropomorphe d cor incis c ramique rouge polie Chypre Bronze Ancien 2200 2000 av JC Mus e national de la c ramique S vres n inv 10689 1 256 sont un bel exemple de l habilit manuelle suppl ant au manque de moyens m caniques L apparition du tour de potier entra ne de multiples volutions formelles De nombreuses hypoth ses ont t mises sur l origine de cette invention La plus r pandue l identifie comme une extension du tesson tournant sur lequel l argile tait pos e N anmoins l ob jet de notre enqu te est avant tout de mettre en vidence les liens entre cette technique et la naissance de nouvelles formes et non de commenter les raisons de leur d couverte Par ailleurs le tour in duit une modification dans la m thode de production des objets La production sort du cercle familial e
340. roc d s de fabrication 4 L organisation de la production 307 productifs pr c dents persistent l int rieur des organisations in dustrielles actuelles Dans le domaine qui nous int resse particuli rement ici le mobilier en bois les r f rences l artisanat abondent D tail de la chaise Trattoria Jasper Morrison Magis 2009 La production de ce produit s inscrit dans une logique industrielle de masse Le traitement de l assise fait clairement r f rence aux chaises paill es traditionnelles 308 Ce constat nous incite relativiser la port e des mod les produc tifs sur les formes De plus la multiplicit des facteurs d influence que nous avons identifi s pr c demment minimise l empreinte for melle imputable l organisation de la production Lors de la conf rence organis e par le philosophe Heidegger en 1953 portant sur la question de la technique le math maticien Heisenberg qua lifie la technique de ph nom ne biologique parce qu elle de vient interactive et ins parable de l esp ce humaine qui l engendre Ainsi les formes issues des techniques de production industrielles r pondent des d terminismes qui s tendent l ensemble des so ci t s humaines et ne se limitent pas la transcription des mod les productifs qui les engendrent 2 Werner Heisenberg La nature dans la physique contemporaine Paris Gallimard 2000 p 63 Strect
341. rplus identit parce qu travers elle les designers essayent d affirmer plus claire ment leur diff rence Plusieurs objets aux morphologies atrophi es nous laissent suspecter qu ils portent en eux la volont de leurs cr a teurs faire quelque chose qui ne ressemble rien d autre Les cr a tions du designer belge Bram Boo illustrent ces aspirations Nous re marquons par ailleurs que depuis les illuminations de Mendini nous pouvons nous interroger sur la l gitimit de ce type de posture Together Nacho Carbonell Rossana Orlandi 2008 Standard Unique Maarten Baas Established amp Sons 2000 84 travers cela c est la question de la nouveaut qui se pose Le renou vellement intervalle r duit des gammes de mobilier n influence t elle pas les designers en les for ant affirmer par leur forme le ca ract re nouveau d un objet Parmi les designers fran ais beaucoup se d fendent de courir derri re la nouveaut et l originalit Le fait m me que l on puisse associer leur travail cette notion est per u comme une mise en doute de leur honn tet Pour les fr res Bou roullec lindividualit du designer est avant tout le r sultat de sa production Christine Colin qui leur fait remarquer qu ils ne sont pas vraiment ce que nous appelons des originaux ils r torquent que l originalit peut aussi tre une marque de faiblesse Il nous semble que l originalit ou la nouv
342. rre et d en tirer des hypoth ses plus larges Les objets en argile les plus anciens sont des contenants Ces derniers nous int ressent particuli rement puisqu ils sont encore utilis s de nos jours pour des fonctions similaires Ils nous per mettront d avoir un regard tr s large depuis les premiers objets connus jusqu la production contemporaine sans avoir en relati viser constamment les changements formels au regard de l volu tion fonctionnelle On peut arbitrairement diviser les mani res de fa onner l argile en trois groupes techniques le modelage le tour nage et le moulage nous int grons dans le moulage l injection et l extrusion de c ramique Les contenants peuvent tre r alis s de chacune de ces mani res On mod le un vase aussi bien qu on le moule en appliquant la mati re sur un support et on le tourne en L influence des proc d s de fabrication 1 Le moulage 255 disposant une motte de terre sur un dispositif tournant Dans tous les cas la forme est influenc e par le mode de fabrication que ce soit un choix ou une n cessit face la technologie disponible Elle pos s de des marqueurs qui r sultent de la m thode de mise en forme C est avec ses mains que l homme a commenc modeler l argile La forme des premiers objets porte la marque de ses doigts Elle t moigne de l agilit de leurs cr ateurs autant que des limites de leur art Les irr gularit s superficielles nou
343. rts et d empreintes d jecteurs La r sistance de ces pi ces par rapport leur poids et la rapidit pour ne pas dire limm diatet de leur fabrication semblent tre directement li e au proc d mis en uvre pour leur production Ce sont les pelles poussi re et les passoires en plastique r a lis es d s 1958 par Gino Colombini qui paraissent le mieux nous renseigner sur l influence de cette technique Ce sont galement les caisses ou les paniers bon march qui en expriment le mieux les potentialit s Les casiers utilis s pour transporter et consigner les bouteilles de Perrier ont un vocabulaire formel propre l injection plastique L apparence de l objet est conditionn e par la technique utilis e tout autant que par la r sistance n cessaire pour mainte nir les bouteilles Les lignes de renfort omnipr sentes sortent les L influence des proc d s de fabrication 2 L injection plastique 273 th tique de ces casiers du principe de la coque pour affirmer une esth tique directement influenc e par l injection plastique Nous retrouvons la m me distinction entre les assises Panton Chair de Verner Panton ou Selene de Vico Magistretti et la chaise empilable Universale de Joe Colombo La premi re a t mise au point en 1967 en fibres de verre renforc es apr s sept ann es de recherches par Vitra Elle a t fabriqu e en plusieurs mat riaux diff rents avant d tre dit e en 1999 en polypropyl
344. s m thode de critique Paris Gallimard La Pl iade 1993 p 575 582 Extrait d un texte de l exposition universelle de 1855 texte consacr aux Beaux Arts Baudelaire crit dans la premi re partie m thode de critique L influence du cr ateur 5 Les go ts 77 et que cette bizarrerie le fait tre particuli rement le Beau C est son immatriculation sa caract ristique Renversez la proposition et t chez de concevoir un beau banal 7 Cette phrase nous r v le Pun des d fis auquel se confrontent en permanence les designers en cr ant des formes Ils ont chacun des affinit s propres mais dessi nent pour tous Ils doivent perp tuellement fusionner le personnel universel individuel au commun et le singulier au pluriel Doi vent ils parier sur leur bon go t ou oublier leur sensibilit person nelle pour essayer de capter des sensations universelles L imp ratif de s duction est devenu le syst me nerveux de l organisation indus trielle de la consommation D s les ann es 70 Yves Saint Laurent nous avertissait Le mot s duction a remplac le mot l gance Ainsi la recherche d exclusivit formelle et d originalit dans l apparence d un produit aurait elle tendance orienter les choix des designers Y a t il une incitation la bizarrerie Existe t il un imp ratif d unicit dans la morphologie des objets Le beau doit il tout prix s loigner du banal Pour observer jusqu o la vol
345. s arch ologues s accordent pour dire que le travail du bois s est limit la fabrication de manche d armes d outils et d abris pr caires tant que le silex est rest l outil majeur pour le tailler Pour les massues manches de haches lances pieux et sagaies le bois est avant tout pr sent dans les zones de pr hension Il se pose galement une autre inconnue celle des moyens employ s pour d biter des arbres de dimensions importantes dont on ne connait pas avec certitude les outils utilis s Le syst me pro ductif d alors est d termin par une p nurie technique Faute d ou tils pour fa onner le bois l tat d origine de la mati re d termine largement la forme finale des objets produits L absence de moyens 3 Maurice Daumas sous la direction de Histoire G n rale Des Techniques tome 1 Les origines de la civilisation technique Paris PUF 1962 p 26 290 techniques impose une logique de composition avec les ressources disponibles La branche et le tronc d arbre ont des dimensions avec lesquelles il faut composer Par ailleurs la pr carit des conditions de vie interdit d voquer toute forme de mobilier Nous remarquons qu un certain degr ces contraintes sont toujours pr sentes de nos jours dans le travail du bois massif Les essences n voluent pas La taille des arbres de nos for ts est comparable celles d alors seule change la possibilit de s approvisionner en essences exotiques e
346. s ces derni res remarques que r side l in fluence de la maquette qui doit susciter notre m fiance Derri re la s duction d un corps palpable il y a aussi un usage bas sur le mime l imitation la simulation voire le bluff et la parodie Mais est ce le propre de cet outil de travail Pour la chaise Myto comme pour les rasoirs Braun le recours massif l outil informatique nous incite en tudier l influence dans la d finition et le renouvelle ment des formes Si ce doit tre n importe quoi alors ce sera une chaise 5 L INFORMATIQUE ET LES OUTILS NUM RIQUES De la marge l ubiquit La soci t contemporaine est aujourd hui amplement adoss e l informatique L ordinateur est couramment utilis dans de nom breuses activit s industrielles comme la publication le dessin la conception la fabrication ou la gestion de flux qui ont toutes opt pour une assistance par ordinateur d sign e par l abr viation AO La productivit et l efficacit de l industrie actuelle reposent en grande partie sur la puissance de calcul de machines sans cesse plus performantes Les outils informatis s paulent les syst mes tech niques pour accomplir des t ches autrefois fastidieuses Le mot in formatique entr dans le vocabulaire fran ais en 1962 est form par la fusion des termes information et automatique Son tymolo gie et sa d finition int grent d s son apparition les notions de
347. s complexe et plus floue Les mouvements radicaux italiens par exemple se rapprochent beaucoup plus d une position ath iste que d une filiation catholique N anmoins ces sup positions nous clairent sur des influences profond ment ancr es En effet comment nier les racines nippones des cr ations de Natao Fukasawa Bien que son langage fasse usage d un vocabulaire contemporain la forme de ses objets laisse largement transpara tre ses inspirations traditionnelles En 1954 moins de dix ans apr s les premi res exp riences avec du contre plaqu moul Yanagi Sori a dessin le tabouret Butterfly qui malgr un mat riau alors nova teur conserve un dessin d essence traditionnelle japonaise Le mo bilier con u par Shiro Kuramata des ann es plus tard est tout aussi Institut du Monde Arabe Paris L influence du cr ateur 2 Les origines g ographiques et culturelles 43 r v lateur des particularit s culturelles de ce pays La cr ation est le reflet de l identit des designers Elle s inscrit dans des territoires la fois nationaux et culturels Toutefois ces fronti res pourraient ne pas tre aussi marqu es que nous l avons suppos La mobilit des hommes et des esprits Ce morcellement culturel est contestable sous plusieurs aspects En premier lieu ce point de vue prend comme postulat le fait qu il s agit d aires isol es Or d s le Ile si cle av J C le transport de marchandises le lon
348. s d clare je suis d avis qu un produit n est bien con u que lorsque l utilit est optimale nous nous devons de souligner l importance du mot que dans ces propos Comment viter que ce bon dessin celui qui rend utilisable ne devienne le meilleur de tous qu il ne soit le dessin que sa perfection m me ne l impose comme la finalit de la d marche cr atrice En codi fiant l extr me la pratique du design et en soumettant la forme l application rigoureuse d une m thodologie inflexible Dieter Rams et plus g n ralement l cole d Ulm n auraient ils pas abouti un for malisme de la d marche elle m me Bien que la forme soit envi sag e comme pur et unique r sultat possible de lapplication d une m thode objective celle ci n est pas une fin mais un moyen Elle est un moyen d extraire la forme hors du temps et de prot ger l objet des al as des go ts Les bo tes aux surfaces nues aux angles droits et aux couleurs neutres des carrousels Kodak et des tourne disques Braun affirment leur caract re immuable et s affichent comme des v ri t s fig es Roger Tallon pour qui la qualit d un objet ne passe pas par la justesse de sa forme contourne le probl me lorsqu il r pond Catherine Millet que le r le du designer n est pas de dessiner des formes mais de fournir des protoformes 3 C est dire non plus des produits finis aussi satisfaisants soient ils mais des proc dures
349. s de morphologie d termin e C est le cas des ma t riaux qu Andr Leroi Gourhan nomme les solides plastiques Ces solides ont des propri t s moins caract ristiques que les stables ou les semi plastiques Leur caract re commun est de pouvoir passer d un tat presque fluide un tat solide ou consolid On ne peut leur assigner de cat gories fond es sur leur composition min ral corne m tal le sable siliceux la poudre de corne la limaille de cuivre dans leurs manipulations sont de v ritables fluides si on leur impose une consistance qui permette de les modeler puis un traite ment qui les fixe dans leur forme ce seront des plastiques Ces ma ti res contrairement au bois ou la pierre ne sont pas pr sentes l tat naturel sous une forme identifiable Le bois provient des arbres et la pierre des rochers La fabrication d objets partir de ces l ments impose de composer avec une forme existante le tronc d bit ou le bloc de roche Au contraire des mat riaux comme l argile sont aformes Leur tat n induit aucune forme et leur nom gu re plus qu une consistance qu une couleur ou qu une texture L argile et plus particuli rement les proc d s techniques que l homme utilise 254 pour la mettre en forme nous seront utiles dans notre recherche En effet d une part n ayant pas de qualit formelle pr d finie l argile est chaque fois expression d un geste et d un sa
350. s des r a lit s ce qui nous renvoie directement au principe de r alit vo qu par Martin Szekely au cours de notre entretien Cependant nous pouvons nous interroger sur les rapports entre une d marche 6 Anne Bony Le design Paris Larousse 2004 p 144 7 Ibid 8 Ibid Good design is innovative Good design makes a product useful Good design is aesthetic Good design helps us to understand a product Good design is unobtrusive Good design is honest Good design is long lasting Good design is consequent to the last detail Good design is concerned with the environment Good design is as little design as possible Un bon design est innovant Un bon design rend un produit utile Un bon design est esth tique Un bon design nous aide comprendre un produit Un bon design n est pas intrusif Un bon design est honn te Un bon design est durable Un bon design prend en compte le moindre d tail Un bon design est concern par l environnement Un bon design est aussi peu design que possible Dieter Rams Braun design department 10 principes publi dans le catalogue d Int rieur 92193 Kortrijk 1 Ibid U Entretien avec Martin Szekely p 146 Cam ra V ronic Roger Tallon Sem 1957 152 qui entend se baser sur des faits r els et des propos qui convoquent des notions aussi abstraites que la vie les souhaits et les senti ments Quand Dieter Ram
351. s designers fran ais in Design amp designers fran ais Paris Medifa Industries fran aises de l Ameublement 2006 p 118 L influence des outils 6 Les mat riaux 227 peut sembler paradoxal que Ponti nomme cet objet Leggera mais r fute l adjectif l g re En effet si ce si ge para t encore h siter entre un d fi technique et une approche empreinte de retenue sa petite s ur la Superleggera affirme clairement son ambition Gr ce un profond redesign et une op ration de haute b nisterie elle deviendra en 1957 la chaise la plus l g re dit e par Cassina L architecte Italien et professeur l cole Polytechnique de Milan Gampiero Bosoni voit dans cet objet l heureuse rencontre d un signe des ann es 50 la section triangulaire de Ponti et les qualit s d un bois dont l arbre a toujours t consid r comme dou de propri t s magiques Selon les sages nordiques d Odin le dieu supr me cr a l homme partir d un morceau de fr ne En ce qui concerne plus particuli rement notre sujet la forme Superleggera fait la d mons tration qu il est possible d innover en recourant des mat riaux sans ge Le bois est hors du temps et pourtant capable de marquer avec pr cision l esprit d une poque en la rendant imm diatement recon naissable La r ussite du projet ne tient pas aux propri t s r volu tionnaires de cette essence somme toute banale ma s son usage
352. s fabriqu es par Thonet t moi gnent aussi des mutations de fond dans l organisation de la produc tion La n 14 est compos e d un nombre d l ments r duit Trente six chaises d mont es pouvaient tre contenues dans un volume d un m tre cube et exp di es travers l Europe Le dessin de la chaise refl te le souci de minimiser les co ts en int grant d s la conception des logiques propres la fabrication en grande s rie et au transport Les formes suivent des d terminismes qui vont au del des affinit s stylistiques du moment et des possibilit s technologiques Le centre de gravit de la production est sorti du confinement des ateliers et des manufactures au profit d une nouvelle entit la fabrique Emballage des chaises par des ouvri res dans l usine Thonet Autriche deuxi me partie du XIXe si cle 300 tuvage du h tre une temp rature comprise entre 90 et 100 C avec une pression de o 7 bar Usine Thonet Autriche fin du XIXe si cle Chaises empil es et assembl es Dans la caisse des l ments emball s sont pr ts pour la livraison Usine Thonet Autriche fin du XIXe si cle L influence des proc d s de fabrication 4 L organisation de la production 301 L usine l organisation scientifique du travail Nous avons vu que l entreprenariat a jet les bases d une re cherche d efficacit et d optimisation de la production Cette vo lont ouvre une pha
353. s jusqu au d but des ann es 90 restent profond ment marqu s par une retenue et une sobri t formelle L horloge Axis 1991 de Paul Schudel en alumi nium anodis se place dans cette d marche Le Spots halog nes de Bruno Niamber Van Eyben produits par Siemens en 1990 s y ratta chent galement Mais dans l ensemble les cr ations sont h t ro g nes La sobri t des formes ne suffit pas relier l ensemble de ces objets sous la banni re d une cole et encore moins d un collectif Ce n est qu au cours de cette d cennie que s est d velopp e une d marche singuli re 3 Beno t Heilbrunn Quelques marqueurs du design fran ais in Design amp designers fran ais Paris Medifa Industries fran aises de Ameublement 2006 p 51 4 Christine Colin Notre histoire seule planche de salut des designers fran ais in Design amp designers fran ais Paris Medifa Industries fran aises de Ameublement 2006 p 28 5 Ensemble des partisans d une m me doctrine des disciples d un penseur etc mouvement issu de cette doctrine cette doctrine elle m me l cole linguistique de Prague L cole platonicienne Dictionnaire alphab tique et analogique de la langue fran aise Le Robert 2000 6 Ensemble des disciples d un ma tre ou groupe d artistes de m me tendance ou encore ensemble des artistes qui constituent l h ritage artistique d une ville d une r gion ou d un pays Exemple l cole de R
354. s le vrai fonctionnalisme F A Vous avez dit ce sujet que la forme ne suit pas la fonction elle suit toutes les fonctions Est ce qu il faut comprendre qu il y a en r alit une multitude de fonctions non ration nelles et dont les contours ne sont pas ais ment identifiables R T Tout fait Prenons par exemple les aspects psychologiques sociolo giques et m me environnementaux C est pour a que c est curieux d avoir critiqu le fonctionnalisme alors qu on n a m me pas cherch r ellement latteindre 248 F A En codifiant l exc s une d marche en respectant syst matique ment chaque tape du processus cr a tif ne risque t on pas de tuer dans l uf toute vell it esth tique Pour tre plus clair comment m nagiez vous un es pace de r flexion purement plastique au milieu des contraintes techniques parfois tr s lourdes des projets que vous avez men s je pense par exemple au TGV mais aussi T l avia R T Alors l je vais vous tonner mais il nous tait interdit de parler d esth tique dans notre groupe de travail C tait pour viter le d bat Moi m me j avais des facilit s dessiner Je dessi nais tr s bien mais pendant vingt ans je me suis interdit de dessiner D un com mun accord dans l quipe nous n abor dions pas le probl me On avait m me invent un vocabulaire pour viter d en d battre C tait la fois une blague et
355. s nous servira de fil conducteur pour aborder ces questions Dans un ouvrage r cent sur les processus de conception le de signer munichois Konstantin Grcic revendique un usage massif et presque exclusif du papier pour la r alisation de ses maquettes Il justifie l emploi de ce mat riau pour sa flexibilit et sa rapidit de mise en uvre Pour lui il n existe pas d alternative envisageable qui puisse lui apporter un confort similaire pour travailler rapidement en trois dimensions et l chelle r elle Il compare cela des cro quis dans l espace Konstantin Grcic met aussi en avant la possibilit de modifier remplacer et faire voluer presque instinctivement ses prototypes suivant les observations faites Il ach ve son pan gyrique en soulignant l aspect bon march et la disponibilit abondante du papier dans chaque bureau ainsi que les faibles moyens n cessaires pour la construction d une maquette Cependant nous pouvons nous interroger sur la relation entre ce mat riau et la morphologie des Gerrit Terstiege The Making of Design From the First Model to the Final Product Berlin Birkh user 2009 p 16 2 Paper simply offers me the means of working three dimensionally very quickly on a 1 1 scale You could say they are 3D sketches Konstantin Grcic dans un entretien avec Gerrit Terstiege en F vrier 2000 Ibid p 17 Maquette chelle r duite de la chaise Dalladue Gaetano Pesce Cassina 1
356. s parties du monde m me en Afrique ou en Extr me Orient qui commencent d sormais ap procher le monde du design 3 Les fondateurs de l diteur anglais Established amp Sons ont une conception quivalente de l volution du design L entreprise revendique le British Made et n h site pas le r p ter autant de fois que n cessaire dans sa d claration d intention Elle est une entreprise dont le design et la fabrication sont bas s en Grande Bretagne avec un engagement pour la production bas e au Royaume Uni et avec l ambition de promouvoir les meilleurs talents du design britannique sur une plate forme internationale Established amp Sons a pour but de tracer la voie en une croyance re nouvel e dans la substance et le style de la cr ation britannique Ainsi la question des identit s pourrait bien ressurgir sous des formes renouvel es plus morcel es avec la r surgence d iden tit s r gionales voire municipales En 2009 l exposition de Patrick Jouin au centre Tomie Ohtake Sao Paulo est r v latrice Son nom 3 Extrait d un entretien avec Giulio Cappellini propos recueillis par C dric Morisset Design amp designers fran ais op cit p 75 56 Le Paris de Patrick Jouin laisse entrevoir ces origines de nouveau revendiqu es Ce courant pourrait bien donner raison Philippe Starck Ce dernier affirme depuis longtemps travailler pour sa tribu Mais une tribu contrairement la famille ou
357. s renseignent sur leurs modes de production C est en enfon ant ses doigts dans la motte d argile que le cr ateur donne sa forme au contenant La machine est ici ab sente du processus de cr ation c est la main et le geste qui influent sur la forme Au del des r f rences aux objets des premiers ges de l artisanat cette influence est pr sente chaque fois que la main seule mod le la terre Dans un contexte diff rent les formes fa on n es par les enfants s inscrivent dans la m me logique Le bol d ar gile mis en forme par les doigts d un jeune l ve et le contenant de terre s ch e de l poque pr historique subissent ils les m mes d terminismes formels Pr cisons que les n cessit s fonctionnelles ainsi que la motiva tion l origine de la fabrication de ces objets sont loign es De m me l identit de leur cr ateur est radicalement diff rente L en vironnement de cr ation la capacit s appuyer sur des r f rences existantes et le milieu socio culturel n ont ici rien de commun Nous regarderons leurs influences sur la morphologie des objets dans la suite de notre tude Pour le moment en nous concentrant sur une approche strictement technique seule lagilit de la main a une in cidence sur l aspect de l objet cr Le travail manuel qui consiste amincir progressivement les parois de la motte de terre puis aplanir la surface conserve le m me sch ma technique le m me p
358. s son m moire de fin d tude l Ensci David Dubois d busqua it une ressem blance tout a fait frappante entre une photographie pr sentant un verre devant une carafe dans une monographie de Castiglioni et un projet de Claudio Colucci qui concr tise cette image en 3D faisant rentrer au passage le verre dans la bouteille Claudio Colucci jure qu il n a jamais vu l image peut on le lui reprocher et trouve le rapprochement tout fait ill gitime Il se d sole que l on puisse le faire passer pour un copieur arguant que lui m me n a fait qu ima giner comment l bri t peut faire passer le verre dans la bouteille Ainsi Claudio Colucci et Ora to plaident tous les deux la co nci dence Ce n est pas notre volont de juger de la v racit de leurs propos D une part pourquoi ignorer leur sinc rit D autre part notre rapport l imitation ne se pose plus dans les m mes termes qu au XIXe si cle Depuis Marcel Duchamp la notion d originalit 2 David Dubois Un espace commun Une interpr tation des images art mode design et confondus m moire de fin d tudes sous la direction de Pierre Leguillon Ensci 2003 22 Carafe verre dition Sentou 2001 Lampe Tubino Achille Castiglioni Flos 1950 Lampe Oneline Ora to Artemide 2004 94 d une uvre ne recouvre plus la m me signification Le succ s de Maarten Baas ne repose t il pas sur cette volution Derri re
359. s sur expres sives d objets usuels vont dans le sens de ses propos Ainsi lemboutissage ne peut d s lors tre per u comme tant le moteur de l panouissement de formes fluides mais comme un moyen donn l expression de sensibilit s esth tiques Ces der ni res trouveraient leurs origines dans le parcours de cr ateurs de l poque car il est important de garder l esprit que la formation en design industriel est quasiment inexistante Ce sont donc des per sonnes issues d autres milieux qui sont mises contribution pour le dessin d objets industriels 7 The situation regarding industrial design in the United States is improving but so far as we can estimate We shall need after the war about fifty thousand more industrial designers than are now available or in training and probabaly few can be imported Each country will need its own We shall have to depend upon ourselves more than inthe past not only for designers but also for styles of design Walter Sargent 1918 L influence des proc d s de fabrication 3 L emboutissage 285 La deuxi me nuance qu il nous faut apporter est plus vidente L emboutissage n est bien s r pas le seul proc d industriel de mise en forme de l acier utilis alors Le moulage des m taux se d veloppe parall lement l usage d alliage comme la fonte d aluminium et le zamac Par ailleurs l acier et le laiton commencent tre soumis une finition qui
360. sa forme et sa croissance Son rythme est li celui du d veloppement de la vie La fascination et l obsession de g n rations d architectes de sculpteurs et de peintres pour la section d or qui d coule de ces observations trahissent leur volont de se rapprocher de l harmonie omnipr sente dans la nature et indirectement de leur cr ateur le divin Durant la premi re moiti du XXe si cle le syst me Modulor d velopp par le Corbusier partage les m mes aspirations L archi tecte propose une nouvelle gamme de mesures harmoniques accor d e la stature humaine Ses travaux s inscrivent dans la logique humaniste synth tis e par la formule l Homme mesure de toutes choses La grille de mesures mise au point par le Corbusier se com pose de deux s ries dont les termes successifs sont dans un rapport gale au nombre d Or 1 618 Lune de ces s ries se base sur la hauteur de l homme debout le bras lev 226cm 89 pouces elle sert de r f rences c est la mesure d un homme qui prend possession de l espace Par division ou multiplication par le nombre d Or on obtient tous les autres termes de cette s rie Plus r cemment les esquisses de Jean Puyforcat pour les couverts Antibes nous d montrent l attachement persistant des cr a teurs des relations math matiques tablies depuis plusieurs si cles Les proportions complexes des objets issus du Bauhaus ne se r v lent qu apr s une tude approfondie
361. sation et anachronismes Dans les derni res d cennies avec l automatisation des syst mes de production actuels combin s la mont e en puissance des tech niques informationnelles se d veloppent de nouveaux modes d or ganisation L entreprise industrielle sous sa forme traditionnelle tait structur e autour de son outil de production La flexibilit des moyens informatis s tend redessiner ces sch mas Plus largement c est l ensemble du syst me de production qui a volu sous l in fluence du nouvel outil de r f rence l ordinateur Il est couramment utilis dans diverses activit s industrielles contemporaines comme la publication le dessin la conception la fabrication ou la gestion de flux qui ont tous opt pour cette assistance par ordinateur afin de mener bien leurs techniques de production en laissant la ma chine informatique calculer la place de l homme D sign e par l abr viation AO pour assist par ordinateur la productique est une discipline technique qui se concentre sur la gestion de la pro duction afin d en diminuer les surco ts et les gaspillages Combinant production et informatique la productique r unit les derni res in novations technologiques modernes La GPAO gestion de produc tion assist e par ordinateur qui vise atteindre une organisation r pondant aux meilleurs d lais tout en maintenant un co t minime prend place dans ce sillon Parall lement des pro
362. sations D ailleurs la racine grecque du mot esth tique d si 2 Emmanuel Kant Anthropologie d un point de vue pragmatique 1798 Paris GF 1999 p 202 3 Olivier Assously sous la direction de L arri re go t du go t De l organe du go t au jugement de go t in Go t vendre Essais sur la captation esth tique Paris Institut Fran ais de la Mode ditions du Regard 2007 p 15 76 gne l aptitude percevoir par les sens 4 Ce qui explique en partie nos pr cautions pr c dentes quant la nature subjective relative et dif ficilement mesurable des influences que nous tentons d observer Dans un texte consacr aux Beaux arts l occasion de l exposi tion universelle de 1855 Baudelaire relie la diversit des go ts la multiplicit des sensations Tout le monde con oit sans peine que si les hommes charg s d exprimer le beau se conformaient aux r gles des professeurs jur s le beau lui m me dispara trait de la terre puisque tous les types toutes les id es toutes les sensations se confondraient dans une vaste unit monotone et impersonnelle immense comme l ennui et le n ant La vari t condition sine qua non de la vie serait effac e de la vie f Ainsi la vari t des sensa tions est la base de tout jugement esth tique Le go t renvoie des sentiments tout aussi universels que profond ment personnels Il fait r f rence notre rapport au monde et aux sensations que notre
363. saxons n utili sent jamais le terme seul Ils parlent de productif design fashion design in dustrial design accessories design R T C est un signe C est un des mots valises de notre langue comme envi ronnement Un type qui s appelle Ora to en ce moment tripote un minable programme 3D et s autoproclame de signer alors tout le monde se p me Le mot design ne veut rien dire en soit mais je me suis battu pour qu on le garde On a voulu le changer le remplacer Je me souviens d une journaliste de PORTF discutant avec Georges Pompidou et lui disant Monsieur le Pr sident quel horrible mot vous utilisez l Il a r pondut si vous en avez un autre moi je veux bien Cette journaliste s est mis en chasse di rectement pour trouver un autre mot Elle aurait voulu tre la Jeanne d Arc 242 du design Tous ces gens qu on me les am ne je les trille La cuisine dans le monde il y a plein de mots fran ais Les trangers ne les ont pas chang s ils taient bons Pourquoi changerions nous un mot avec lequel on n a rien voir La France n a rien voir avec l id e de design F A Je crois savoir que vous ne croyez pas l id e de design national Plu t t que de design japonais italien ou am ricain vous pr f rez parler de de sign de Sony Braun Kartell Olivet ti ou IBM Pourtant ne pensez vous pas qu il existe tout de m me certains marqueurs propres
364. se dans laquelle la production de masse s im pose comme mod le productif de r f rence La fabrication en grande s rie de biens standardis s induit une mutation profonde du statut du travailleur La qualification des ouvriers est rel gu e derri re le potentiel des nouvelles machines outils Le savoir des employ s est r duit la mise en fonctionnement d une machine Sa participation et ses connaissances ne sont que peu sollicit es Le changement qui s amorce ce moment l se poursuivra et s intensifiera tout au long du XX me si cle Simone Weil a d nonc cette d gradation progres sive de la condition ouvri re Il l ouvrier ne lui reste que l ner gie qui permet de faire un mouvement l quivalent de la force lec trique et on l utilise comme on utilise l lectricit 7 La production des objets se m canise et par extension leurs formes se rationnalisent C est la machine qui formalise la produc tion L historien conomique Fran ois Caron pose la m canisation comme pr alable n cessaire la fabrication en grande s rie La production de masse appara t d abord aux Etats Unis gr ce trois fili res techniques de syst mes de production l industrie des ma chines outils capable de s adapter aux besoins de chaque produit l interchangeabilit des pi ces et la production en continu Dans le m me sens les conomistes Robert Boyer et Michel Freyssenet nous donnent exemple d
365. ser Philippe Starck ou Ron Arad Devons nous com prendre qu en se d tachant d lib r ment de toute forme d criture et de style collectif les jeunes designers prennent aussi le risque de ne s opposer que d individus individus et non plus par coles ou mouvements Il n y a qu voir les anthologies et les catalogues de design actuels pour se rendre compte quel point il devient ardu pour leurs auteurs de proposer des regroupements et de relier les cr ateurs entre eux autrement que par le hasard de l ordre alpha b tique Par ailleurs quelle puissance accorder un style qui n est qu individuel aussi unique soit il Si l uvre de Gaud a tant de r sonnance Cest aussi parce qu elle s inscrit dans un mouvement plus large qui associe de nombreux cr ateurs sous des noms diff rents Modernismo Jugenstil Liberty etc Au regard de l Histoire quel est l int r t d un designer qui ne serait que lui m me La qu te d originalit peut g n rer une nouvelle anxi t En effet la victoire d tre soi m me peut succ der l inqui tude de n tre que soi m me 1 Entretien avec Patrick Jouin p 26 L influence du cr ateur 6 L originalit la culture de exclusivit 83 Forcer le trait Dans ce contexte o la sph re d intervention des designers a ten dance s individualiser les objets deviennent les reflets de l identit de leurs cr ateurs La production porte en elle un su
366. sera Patrick Le choix de ce m tier s est fait de cette mani re F A Je crois que pour votre dipl me vous aviez utilis comme support des peintures l huile de grandes di mensions Aussi pendant mon stage l agence j ai aper u dans votre bureau une bo te en bois pour aquarelles Est ce que vous continuez peindre Vous arrive t il malgr un agenda rempli de pratiquer le dessin en marge de votre travail P J Je fais des choses comme celle l il montre une peinture pos e sur une chai se Comme vous voyez la bo te d aqua relles est encore l Il y en a partout 24 F A Si je vous pose cette question c est parce qu en faisant des recherches sur le streamline pour mon m moire je me suis aper u que la plupart des de signers qui ont particip ce courant ont tous eu une pratique du dessin in tense avant de passer au design Beau coup taient illustrateurs Il suffit de regarder les esquisses de Norman Bel Geddes pour sentir un v ritable plai sir dans l acte m me du dessin En re gardant ses croquis on ressent le plai sir qu il tirait lui m me en tra ant des courbes P J Oui c est ind niable C est vi dent Mais a d pend des projets Il y en a o le dessin s efface sous le nombre des contraintes Avec le dessin j essaye de lier de relier des contraintes Tu sais comme lorsqu il y a des points avec des num ros relier Je pense que c e
367. sion une profondeur qui donne un objet ordinaire la possibilit de parler d autre chose C est ce d crochage entre la fonction et la forme entre l usage et l image qui oriente d sormais les choix formels de nombreux designers 158 L influence des outils 1 Un processus rigoureux et raisonn 159 La sc narisation de la d marche Gaetano Pesce explicant devant une quipe de t l vision le processus de fabrication de la table Tavalone dit e par Meritalia 2007 d faut d tre le r sultat d une d marche codifi e et rationalis e la forme r sulte parfois d un processus mis en sc ne Ce qui compte d s lors ce n est plus tant l aspect final de l objet que la mani re dont sa forme est d finie D s la fin des ann es soixante Gaetano Pesce a ouvert la voie avec des exp rimentations dans lesquelles il d finis sait les cadres formels de l objet et sa finalit fonctionnelle tout en laissant une marge de libert la mati re Ses cr ations s inscrivent dans la lign e des mouvements radicaux italiens de cette p riode Bien qu il ne se consid re pas lui m me comme radical il continuait de fustiger r cemment la production froide autoritaire anonyme monolithique aseptis e et standardis e gt issue des mouvements modernistes du XXe si cle voqu s pr c demment En 1980 pour les tables Sansone dit es par Cassina puis en 2007 pour des tables Tavalone Pesce con oit un
368. sionnisme beaucoup de na vet et des tonnes de roublardises 7 L accumulation de r f rences disparates et leur r emploi dans des projets concrets est un trait commun de nombreux cr a teurs Beaucoup se laissent volontiers influencer par des domaines trangers au design et assument sans difficult les rapprochements qu ils initient entre des disciplines loign es C est d ailleurs cette capacit de jonction et d interpr tation qui permit Mondrian de 6 Gilles De Bure Ettore Sottsass Jr Paris Rivages 1987 p 71 7 Ibid p 69 Personnage flottant Gaston Lachaise bronze 1927 La Chaise Charles et Ray Eames 1948 dit e par Vitra partir de 1990 124 relier les th ories du docteur Schoenmaker son travail En 1915 ce dernier publie La nouvelle image du monde Ces crits inspirent Mon drian qui en tire la conclusion que Art est un moyen aussi exact que les math matiques d exprimer les caract res fondamentaux de l Univers Les Eames font preuve de la m me libert d inspiration et d interpr tation lorsqu ils voient dans les rondeurs d une sculp ture de Gaston Lachaise des courbes propices au dessin d une assise Le nom de ce si ge Lachaise est peut tre le seul indice qu ils nous aient laiss pour nous permettre d associer le personnage flottant sculpt en 1927 la fluidit morphologique de ce classique du XXe si cle L influence du cr ateur 8 Porosi
369. son et le Ta bleau de David refl tent la capacit des designers tisser des liens entre des exp riences dissemblables et rapprocher des objets que tout oppose Cette derni re remarque a de quoi faire sortir de leurs gonds beaucoup des tenants d une approche rationaliste et m tho dologique de la cr ation industrielle Si le fait de convoquer des sou venirs peut tre associ une m thode celle ci rel ve bien plus de la parano a critique des surr alistes que des dogmes h rit s d Ulm En effet l o Maldonado puis Tallon pr nent une codification de la d marche cr ative pour tuer dans l uf toute vell it formelle que viendraient faire des r f rences des souvenirs aussi vari s que lointains D ailleurs ce dernier nous dit s tre interdit de des siner pendant longtemps et refusait tout d bat esth tique avec les 1 Jacques Louis David Portrait de Juliette R camier 1800 huile sur toile 1 74 x 2 44 m Mus e du Louvre Paris L influence du cr ateur 4 Le catalogue des souvenirs 71 membres de son quipe pour vacuer les questions formelles afin de se concentrer sur ce qu il nomme les solutions Son point de vue est coh rent Dans la mesure o le design consiste apporter des solutions des probl mes concrets de quels secours peuvent tre des souvenirs parfois anecdotiques 2 Entretien avec Roger Tallon p 248 Lockheed lounge chair Marc Newson Cappellini 1987
370. sont A ae on Raymond Loewy 1957 int gr s dans une structure monolithique qui rompt avec l aspect h t rog ne des pr c dents mod les Des ann es plus tard en 1957 le m me cr ateur fera de nouveau appel une coque lorsque Sud Aviation lui demandera de travailler sur l h licopt re Alouette La 5 Peter Mayers Une partie de votre uvre inspir e de principes a rodynamiques dans le cas des v hicules en particulier porte la patte Loewy peut on dire qu il s agit d une sorte de carrossage des parties internes Raymond Loewy Eh bien carrossage n est pas mon sens l expression ad quate Une machine bien dessin e requiert certaines formes des formes en trois dimensions Et la machine au d part ne les poss de gu re Ce serait imaginez une machine crire sans coque le bruit la salet ou une locomotive sans t lerie Je n appellerais donc pas a du carrossage Ce quoi vous donnez ce nom c est la forme que la machine prend d elle m me naturellement Extrait d entretiens entre Raymond Loewy et l diteur Peter Mayers enregistr s transcrits et annot s en 1978 et 1979 Palm Springs Paris et New York Aspirateur en t le d aluminium emboutie mod le 167301 Kenmore Chicago USA 1939 Bus double tage Norman Bel Geddes 1929 282 objets l attention port e par Loewy une disposition des l ments optimis e d un point de vue ergonomique et cognitif
371. ssin qui est en effet semblable l objet fini Tout le processus qui suit ne sert qu v rifier la justesse de l image que j ai en t te Konstantin Grcic va dans le m me sens lorsqu il confie Au d but du projet je dessine peu je pr f re jongler avec mes id es en t te Le dessin est surtout utilis pour travailler sur des d tails pour rentrer dans les tapes concr tes du projet D apr s leurs propos le flot de croquis des premiers temps serait davantage que illustration directe d un processus de r flexion il orienterait les choix du designer La fascination d une courbe la s duction d une ligne ou l apparence mensong re et avantageuse du beau des sin auraient la capacit de faire d vier les intentions formelles de professionnels m me rompus un usage quotidien de ce m dium Bien que la main suive l esprit la pens e se laisse galement guid e par le geste L historien d art Henri Focillon nous met en garde ce sujet La main n est pas la serve docile de l esprit elle cherche elle s ing nie pour lui elle chemine travers toutes sortes 5 Propos de Natao Fukasawa extraits du catalogue de l exposition Dessiner le design RUBINI Constance sous la direction de Exposition du 22 octobre 2009 au 10 janvier 2010 au Mus e des Arts D coratifs Paris Paris dition Chlo Demey 2009 p 22 6 Konstantin Grcic Ibid p 10 180 d aventures elle tente sa chanc
372. st comme a que j utilise le dessin F A Je me souviens du workshop l Ensci que vous aviez dirig Vous nous aviez demand de dessiner des plans de chaises l chelle r elle en in sistant en permanence sur la justesse du trait Peut tre dix fois m avez vous demand de revenir sur la courbe qui du pied arri re fait na tre le dossier Est ce qu il n y a pas l quelque chose qui va au del du geste altruiste Comme un cuisinier qui mijote un plat d licieux pour satisfaire le client et qui adore aussi la bonne chair et ne se prive pas de tremper le doigt dans la casserole pour go ter le plat P J Je ne sais pas comment l expliquer mais je sais que si votre plan est beau si les courbes sont belles alors il y a de grandes chances pour que l objet ne soit pas trop mal Mais le contraire n est ja mais arriv Si le plan est moche l objet le sera galement C est vraiment diffi cile expliquer la ligne Je m aper ois qu il y a des gens qui ne compren nent pas du tout ce que c est de savoir dessiner un beau visage C est forc ment li Il cherche un papier sur son bureau Lautre jour je dessinais des chevaux il me montre le croquis d un cheval dessin sur une petite feuille de papier Dans le cheval il y a de la fonc tion comme dans un corps humain avec des articulations et des tas de choses C est une machine tr s complexe Mais au del de a il y a des
373. suffisamment confortable pour ne pas exiger de rem bourrage Le mat riau et surtout sa m thode de mise en forme en l occurrence rend possible la fabrication de cette chaise Mais il n est pas l origine du projet il en autorise simplement la r ali sation C est parce que la morphologie de la chaise exprime plei nement les potentialit s du contre plaqu moul que nous devons reconna tre son l influence sur la forme du si ge La g om trie de cet objet et le mat riau employ sont inextricables de sorte que la m me chaise r alis e dans une mati re diff rente passerait pour une aberration Ainsi dans la continuit des mod les DCW et LCW les Eames ont mis au point une variante au pi tement m tallique En passant du bois au m tal la forme des pieds a volu vers une structure en acier tubulaire plus coh rente vis vis des propri t s de ce mat riau m tallique Du fait des limites techniques de l poque et de la p nurie de ma t riaux qui r gnait cause de la guerre l Organic chair ne fut pas produite industriellement Les Eames ne mirent pas ces exp rimen tations profit pour la fabrication de chaises leur application fut dirig e vers des attelles et des brancards pour les bless s durant la seconde guerre mondiale par PUS Navy Cherchant mettre au point une technique permettant d imprimer au bois stratifi des formes tri dimensionnelles ils construisirent dans leur appartement u
374. sultat sans l esprit d innovation port par leur commanditaire Nous retrouvons la m me ouverture chez Giulio Castelli Lorsque celui ci fonde Kartell en 1949 il marche sur les pas de son p re pion nier dans l tude de l application des mati res plastiques haut de gamme mais en envisage l application dans tout l habitat Ainsi en ce qui concerne la forme bien que nous ne puissions pas parler d in fluence directe l impulsion donn e par ces entrepreneurs clair s participe au renouvellement et l closion de nouvelles morpholo gies Certes le commanditaire ne tient pas le crayon mais en tend qu intiateur il participe la concr tisation du projet Pour revenir Cassina leur v ritable talent n est il pas de laisser pleinement s ex primer les designers avec lesquels ils ont collabor L entreprise a b ti sa r putation sur une succession de rencontres qui constitue une trame sur laquelle repose la coh rence des produits dit s La position de Gaetano Pesce lors de la table ronde organis e l cole d Art et de Design de Gen ve en 2008 rejoint nos propos Selon lui L influence des outils 2 La commande et le commanditaire 165 le design n est pas seulement fait par les designers mais aussi par d autres cr ateurs qui s appellent les industriels M me quand il n y a pas d id e certains industriels sont capables de faire mer ger l id e et de la faire signer quelqu un N
375. t incroyablement faible ne d passe pas 0 23 L ensemble de la chaise LimitEDition dit e une nouvelle fois par Alias ne d passe pas 1 3 kilos Pour chacun des exemples cit s le mat riau est la base de la d finition de la forme Il se met au service d une performance technique ou d un discours plus conceptuel En orientant les choix structurels il influence l esth tique d un projet et prend une part active dans l affirmation de son identit formelle Mati re solidaire et mati re fluctuante Nos observations pr c dentes nous permettent de distinguer deux grandes familles de mat riaux La premi re est destin e ga rantir le maintien structurel de l objet Elle joue un r le central dans la d finition de sa forme Nous reprendrons pour nommer cette ca t gorie l expression propos e par Gampiero Bosoni mati re so lidaire 3 Cette formule traduit avec justesse la relation indisso ciable presque fusionnelle qui unit un produit au mat riau qui le compose Ce dernier lorsqu il est solidaire n est videmment pas interchangeable C est le cas par exemple du plastique pour une bou teille d eau du m tal pour le cadre d un v lo de la fibre de verre pour les premi res Panton Chair ou encore du tissu pour un hamac Dans chacun des cas le mat riau participe au caract re formel de l objet Nous verrons d autres exemples plus en d tails par la suite afin d obtenir une vision plus pr cise de ce
376. t des influences 125 Les exemples ne manquent pas Ainsi qui irait soup onner le lien qui unit la fa ade du poste de radio DX 350 Superadio 1952 aux volets d une architecture XVIIe si cle si Zenichi Mano n avait pas r v l sa source d inspiration Pouvons nous voir dans la solennit propos e par la plate forme de travail Joyn Vitra 2002 des fr res Bouroullec l influence d un lointain souvenir de la c ne peinte par L onard de Vinci Rien n est moins s r car le silence studieux de Joyn s oppose l agitation de la fresque Le designer hollandais Jur gen Bey explore dans son r cit introspectif Dust la singularit de ses inspirations Il utilise une m taphore pour d crire la fa on dont son monde int rieur est perm able aux influences les plus diverses Son esprit y est envahi par les poussi res ext rieures qui s accumulent dans chaque recoin Les petites choses grandissent D tranges et riches associations se font Fi nalement j ai l impression que je contr le mes pens es Je trouve des r ponses des questions comme quelle est la fonction de la poussi re Une zone si grise Tout est identique Pas de distinctions Etes vous une poubelle ou un coffre fort La r alit bave Qui est qui et quoi est quoi Il faut simplement se concentrer sur ce que l on peut faire Fermez vous afin que personne ne puisse vous atteindre et vous tes un coffre fort Ouvrez vous afin que n importe qui puisse poser
377. t Pun des facteurs fondamentaux de l esth tique de l objet sa mor phologie en r sulte enti rement Les produits caract re techni que comme instruments chirurgicaux les outils m caniques ou les quipements industriels illustrent ce ph nom ne et ont fascin des g n rations de designers par leur efficience Bien avant l closion du mouvement fonctionnaliste en Allemagne la figure majeure de la s cession Viennoise Otto Wagner publie en 1895 son manifeste th orique Modern Architektur dans lequel il crit Rien qui ne soit fonctionnel ne pourra jamais tre beau Toutefois le principe d efficacit n interdit pas le design il le re configure en ce sens il efface ou rel gue au second plan les autres facteurs d influences formelles L objet efficace n a pas besoin d tre esth tique Exemple minent par excellence la machine record le dragster Dans ce cas c est une anticosm tique qui tient lieu de constituant de la forme l objet n est pas informel mais aformel Il poss de bien une forme sp cifique mais celle ci importe moins que la vocation de l objet m me l efficacit la forme n tant plus alors qu un r sultat en aval une cons quence et non pas une projection op r e en amont un projet ou encore un programme Nous dirons que la forme du dragster est en vue de la performance maximale et inversement La performance n y fait pas d abord forme mais piste avant tout le
378. t d utiliser des outils perfectionn s Ce mode d organisation s observe encore aujourd hui dans les so ci t s primitives d pourvues d artifices techniques Les recherches sur les tribus du Mato Grosso br silien par l anthropologue Claude L vi Strauss dans son livre Tristes tropiques mettent en vidence l implication de la soci t sur la culture et inversement Au travers de souvenirs de voyage et de m ditations de l auteur nous prenons conscience des interactions entre la soci t la technique et les modes de production Dans ce cas les syst mes productifs de ces peuplades sont bas s sur une superposition des diff rentes tapes et protago nistes L approvisionnement en mati re premi re sa transforma tion et la fabrication des objets se font dans un p rim tre restreint L ensemble de la production est extr mement localis e De m me l utilisateur se confond avec le fabricant Les Indiens sud am ricains ne fabriquent que tr s peu de mobiliers Les t moignages de Claude L vi Strauss nous renseignent ce sujet Des ch lits couverts de nattes sont le seul mobilier Seul le hamac refl te une qu te mi nimale de confort bien que toutes les tribus ne disposent pas de cette invention Par ailleurs la principale raison d tre de cet objet est d assurer la protection de son utilisateur vis vis d animaux du rant son sommeil 4 Claude L vi Strauss Tristes tropiques Paris Plon 1955 5 Ces indie
379. t au c ur de la culture populaire am ricaine mais aussi gyptienne qu il va puiser son inspiration et nourrir son imagination Gilles de Bure nous invite imaginer la litanie de ses souvenirs from the road side west ces souvenirs gren s au long des highways qui d rou lent leur ruban vers l ouest flanqu es de motels et de station service de parcs d attractions pr historiques et de fast food pour routiers de ice cream parlors et autres drive in aux r miniscences na ves Le tout rehauss d une esth tique de fond tout droit sortie d un film musical grand spectacle o brillerait de tous ses feux un Farid El Atrache plus rose et fuligineux que jamais Ce magma d images d objets de paysages ou de sons s entrem le constamment dans des associa tions tonnantes Le designer est perm able les souvenirs p n trent et s installent sans retenue dans son esprit poreux Pour Gilles de Bures la porosit et la sensibilit d Ettore Sottsass est responsable du t lescopage dans son travail du pr cieux et du cheap des che vauchements iconographiques des pousailles des fines lances de Paolo Uccello et des gros pieds de Mickey Mouse hi ratisme pharao nique et d bordement Rocky rencontres plus formelles et moins mentales que celles organis es par Duchamp mais pas si loign es qu il n y para t des fondements de l art moderne Avec un zeste de pattern et une touche d expres
380. t descendre de leurs anc tres les autres s en abstiennent Le lien de cons quence qui unit un vivant aux morts d autres poques est trop vague pour engager la responsabilit d aucun des partis Pourtant il faut un ins tant parler filiation origines Elles sont bourgeoises les origines le sont presque toujours Le bottin mondain de 1912 recense au num ro 50 du boulevard de Courcelles un certain Edouard Ay nard Une s rie d abr viations et de pictogrammes nous renseignent sur sa situation sociale et son degr de fortune Une rosette styli s e pr c d e d un O nous apprend qu il est officier de la l gion d Honneur Trois tours de guide Michelin dont on trouve la tra duction dans un glossaire des signes nous informe qu il poss de le ch teau de Bay re par Lozanne et l abbaye de Fontenay rachet s sa femme Rose de Montgolfier de la famille des lanceurs de bal lons Nous apprenons encore qu Edouard Aynard est membre de l Acad mie des Beaux Arts r gent de la banque de France D put du Rh ne et pr sident de la Chambre de D put s il y mourra en pleine s ance frapp d apoplexie au pied de la tribune Andr e Putman a donc grandi dans une famille au mode de vie bourgeois Notre impression est renforc e par les informations que nous donne l auteur sur les conditions de son enfance Bien que Louise la m re d Andr e Putman mait pas de jour attitr elle re oit parfois l ap
381. t devient une activit sp cialis e Aujourd hui cette technologie s applique aussi bien l artisanat qu l industrie Nous nous concentrerons sur les modifications formelles qui d coulent de cette volution technique davantage que son in fluence sur la production elle m me Dans une approche purement visuelle la diff rence principale des objets tourn s par rapport aux objets model s est leur r gu larit la fois surfacique et volumique La surface est caress e en permanence par les mains du potier pendant le fa onnage de la pi ce Cela lui donne une enveloppe ext rieure bien plus lisse De plus celle ci est potentiellement corrig e apr s le s chage par une op ration de tournasage La rotation de la mati re autour d un axe stable permet d obtenir des volumes de r volution la g om trie pr cise Si la main continue de laisser son empreinte c est au sens figur Les traces de doigts ont disparu mais la forme t moigne en core de l agilit et de la sensibilit du tourneur La main dispara t mais la patte reste La structure des objets produits change galement Le tournage permet d avoir des ar tes vives ainsi que des paisseurs plus fines Cette derni re qualit rend les objets plus l gers et vite qu ils s af faissent lors du s chage Ce renforcement des propri t s m caniques engendre une modification des proportions des pi ces Les masses sont plus lanc es et leur volume est g
382. t ensemble Par opposition la seconde cat gorie est davantage porteuse d ex p riences subjectives Il s agit notamment des finitions d un produit ou de son rev tement Pour donner un exemple tr s concret nous pouvons faire r f rence au canap Sa housse peut tre en cuir ou 2 Daniel Kula lodie Ternaux Materiology Berlin Birkh user 2009 p 158 233 Gampiero Bosoni op cit p 61 230 en coton sans que sa morphologie ne change Nous nommerons cette famille la mati re fluctuante Ainsi ces ensembles de ma t riaux ne sont pas organis s selon leur nature ma s suivant leurs usages Autrement dit le tissu d une toile de coton peut ainsi tre consid r comme solidaire lorsqu il est utilis pour un hamac mais sera qualifi de fluctuant quand il servira de housse un si ge Ces cat gories ne sont donc pas des univers cloisonn s Les passerelles sont nombreuses et leur distinction pas toujours vidente Nous verrons que dans de nombreux cas les deux familles tendent fu sionner Cependant la compr hension de ces particularit s est in dispensable d s lors que l on s int resse l influence des mat riaux sur la forme des objets Avant de focaliser nos observations sur les derni res innovations et les enjeux contemporains mettons les notions de mati re solidaire et fluctuante en perspective avec l histoire r cente du mobilier Selon Bosoni les mat riaux avanc s et les technologies qu
383. t les proc d s utilis s pour la fabrication d une maquette Les technologies d usinage assist es par ordinateur et les machines de prototypage rapide affranchissent le maquettiste ou le designer d un travail parfois laborieux La st r olithographie par exemple reproduit avec une fid lit ind fectible des volumes auparavant mod lis s dans des logiciels Nous aurons l occasion d observer l influence de ces outils informatiques au cours du cha pitre suivant D s lors son mat riau devient secondaire la forme est d abord soumise aux capacit s des modeleurs 3D En l occurrence pour les rasoirs Braun la mousse n est pas utilis e pour ses qualit s intrins ques mais au contraire parce qu elle adopte sans condition les morphologies d sir es C est justement parce que ce mat riau sait se faire oublier qu il est tant appr ci Par ailleurs la r alisa tion d un mod le en volume par des moyens traditionnels suppose un effort de compr hension structurel et de synth se constructive souvent l origine de solutions formelles inenvisag es Lorsqu un designer d l gue ce travail un maquettiste ou des technologies automatis es ne risque t il pas de se priver d un outil de recherche efficace et d un moyen d largir son r pertoire formel Le LAB est une mousse de polyur thane m lang e des charges qui permettent d obtenir un mat riau homog ne et usinable Il en existe plusieurs densit s et diff
384. t pour permettre d acc l rer et de standardiser la production N anmoins en changeant la consistance de l argile il est possible d atteindre un niveau de d tails bien sup rieur Lorsqu on augmente la quantit d eau m lang e la terre celle ci devient plus ductile et peut restituer fid lement les d tails du moule La viscosit de la mati re emp che alors de la mettre en forme manuellement L argile liqu fi e permet d obtenir des formes qui ne peuvent pas tre obtenues par le tournage et laborieusement par le modelage comme les statuettes L influence des proc d s de fabrication 1 Le moulage 261 La forme par la contrainte de la mati re premi re vue le moulage serait alors un proc d qui facilite la cr ation plus qu il ne permet l panouissement de formes nouvelles Il n est plus n cessaire d ajouter des poign es un contenant moul puisque la forme d finitive peut tre obtenue en une seule op ra tion De m me le marquage de la surface des poteries avec des em preintes d coratives n est plus fait apr s le fa onnage mais direc tement dans le moule Dans la production industrielle actuelle le moulage de c ramique domine largement les proc d s employ s Il limine des tapes de fabrication et donne la possibilit de produire en grand nombre des pi ces rigoureusement identiques Les mugs et les vases destin s la consommation de masse sont aujourd hui fabriqu s par moulage
385. te puisqu ils admettent que l erreur et l incerti tude existent Ceci peut il expliquer pourquoi bon nombre de designers ne consid rent pas l inconscience l obsession et l exorcisation comme des notions trang res leur m tier Souvenons nous de Patrick Jouin nous confiant que la fluidit est une id e qui le poursuit dans chacun de ses projets Les courbes de la chaise Thalya pour Kartell doivent alors tre per ues comme une expression suppl mentaire de son attirance pour les formes fluides C est galement lui qui avouait ressentir le besoin d aller jusqu au bout d un dessin d un trait pour s en affranchir compl tement et passer autre chose Fran ois Azambourg partage ce sentiment Celui ci conseille ses tudiants d exorciser leurs id es et leur intentions formelles pour viter de les conserver de mani re redondante de projet projet L influence du cr ateur 7 Muses et inspirations 105 On voit quelque chose et a nous fait r agir on a envie de s y essayer nous disait Patrick Jouin C est justement cette influence que Fran ois Azambourg nous invite d samorcer en formalisant r guli rement nos aspirations Nous voquions pr c demment la persistance obs dante de cer taines inspirations Rares sont les designers qui avouent dessiner sous l emprise de r f rents formels qu ils ne ma trisent pas totale ment Comme si la redondance du trait pouvait nuire au bes
386. tivit est omnipr sente L v nement lillois n est pas l unique manifestation qui mette ce courant sur le devant de la sc ne En 2008 le Moma de New York proposait dans l exposition Design and the Elastic Mind des rappro chements tout aussi flagrants entre des domaines a priori loign s Susana Soares du Royal College of the Art y pr sentait une s rie d exp rimentations sur le sens olfactif des abeilles en les formant reconna tre certains types de maladies ou m me la grossesse Les travaux de Mathieu Lehanneur se placent dans le m me mouvement en tirant partie des propri t s d organismes naturels Pour la com missaire de cette exposition Paola Antonelli la collaboration entre Alexandra Midal Angoisses de la discipline in Design et designers fran ais Paris Medifa Industrie Fran aise de l Ameublement 2004 p 70 71 1 Paola Antonelli sous la direction de Design and the elastic mind New York MOMA 2008 Fat Knit Hammock Bless 2007 GalleryFurniture Martino Gamper 2007 128 _ gt LE Fr pu ra A FT w z jp EDE ET EI L influence du cr ateur 8 Porosit des influences 129 la science et le design portera de plus en plus de fruits lavenir Elle relie l expansion de ce ph nom ne la capacit des designers travailler en quipe Depuis quelques ann es l espace parisien le La boratoire a pour ambition de faire dialoguer et collaborer des scien
387. torienne de l Art Svetlana Alpers nous informe que d s le XVII me si cle cette notion est au c ur du jugement esth tique Elle nous en donne un exemple pertinent avec Rembrandt D une part Rem brandt a t l un des promoteurs de l id e du tableau original et il a fond la valeur sur la singularit du nom et l authenticit de la si gnature il reste ainsi l un des cr ateurs de l id e de l individualit impliquant le d sir de se distinguer d exister comme moi peintre avec un style unique et personnel Rembrandt tait entour de colla borateurs qu il dirigeait avec pr cision pour ne pas perdre sa patte identifiable entre mille il a con u la peinture comme un acte collec tif et l atelier comme une entreprise Cette volont d affirmer un r pertoire formel exclusivement personnel peut aussi avoir un c t pervers Rem morons nous la phrase de Yohji Yamamoto ce sujet dans le film Carnet de notes sur v tements et villes de Wim Wenders Le style pourrait devenir une prison un cabinet de miroir o on ne peut que s imiter soi m me Il faudrait tre le gardien de cette pri son et pas son prisonnier Cette crainte Patrick Jouin nous dit 7 Claude L vi Strauss cit par R gis Debray Ibid p 65 8 Jean Baudrillard La Soci t de consommation Paris Gallimard 1970 Svetlana Alpers L Atelier de Rembrandt La libert la peinture et l argent Paris Gallimard 1991 Le titre
388. traintes dict es la stabilit de l assise etc par le designer qui devient ici programmeur L esth tique du si ge Computational Design nous renvoie tout au tant au Monumento Continuo de Superstudio qu aux deux grandes obsessions du moment haute technologie et nature La forme est alors envisag e comme le r sultat d une quation int grant plusieurs donn es fonction fabrication l ordinateur reproduit avec une chelle de temps acc l r e les principes de la s lection darwinienne des formes Dans ce cas qui de l ordinateur ou du designer prend les d cisions qui d finissent l aspect final de l objet La forme de cet objet d pend elle plus de celui qui d finit le protocole de cr ation ou de celui qui l ex cute Bien que le designer nonce les r gles du jeu en laborant l quation de base du dispositif il est exclu du pro cessus qui g n rera la forme Le cr ateur est la fois impliqu dans chaque recoin de l objet mais aussi spectateur passif L influence de l informatique va bien au del du simple outil de mod lisation voqu jusqu pr sent Dans le m me sillage plusieurs architectes exp rimentent au jourd hui le potentiel de outil informatique en mati re de concep tion architectural Parmi eux Alisa Andrasek et son laboratoire Bio thing explorent une nouvelle forme d architecture aux confins de la biologie des math matiques et de la g n tique L architecte britan nique s
389. ts chacune des personnes que j ai rencontr e aux cours de mes investi gations en particulier Roger Tallon Martin Szekely et Patrick Jouin Au regard de la richesse de leurs exp riences les t moignages qu ils ont accept de me livrer ont t une source de renseignements ines timables Je pense galement l ensemble de mes relecteurs Face eux je plaide l indulgence et salue la patience et le z le avec les quels ils ont relu des textes dont le sujet ne leur tait pas familier Je remercie enfin Bahareh pour son sens de la relativit qui n appar tient qu elle et qui m a permis de conserver un tat d esprit serein pendant cette p riode de r flexion
390. ttent une qualit de fabrication optimale imm diate d s le premier exemplaire le temps d assemblage est pass de 14 7 mois et les essais en vol ne concernent plus que les phases les plus critiques Ainsi dans cet exemple l usage des logiciels de conception reste r solument ax sur des probl matiques li es l implantation du c blage aux programmes de montage ou la collaboration avec les partenaires industriels Bien que ces programmes informatiques ne soient pas destin s des recherches formelles les solutions qu ils proposent peuvent influer sur l aspect g n ral de l avion Soulignons dans un premier temps que sa forme est avant tout le produit de calculs a rodynamiques et m caniques elle ne r sulte pas d une volont imp rieuse d finie d s l origine du projet Cette remarque nous renvoie un pr c dent chapitre sur l influence du cahier des charges Par ailleurs notre regard n ophyte n est pas frapp par la diff rence entre le Falcon 7X et la morphologie d autres jets de la m me cat gorie con us l aide d autres m thodes Cela tient sans doute pour une grande part la nature de l objet Pour voler la g o m trie d un avion doit respecter des lois physiques qui limitent la diff renciation entre les appareils quelques exceptions pr s no tamment militaires tous s ins rent dans des sch mas identiques Nous serons donc amen s observer d autres exemples dans
391. ttention P J Je parle de mon criture Un peu comme un crivain Je n y fais pas du tout attention C est quelque chose qui est en vous Un crivain n a pas besoin de s arr ter chaque ligne pour v ri fier si la phrase qu il vient d crire est dans le m me style que la pr c dente C est quelque chose qui vient naturel lement C est une histoire de m thode et d aller retour Dans l agence c est notre mani re de travailler qui d ter mine l criture Nous avons une ma ni re de travailler une sensibilit dans notre approche des projets qui influe videmment sur l apparence des objets que nous faisons F A M me si ce n est certainement pas la finalit de votre travail est ce que vous recherchez une forme d ho mog n it dans votre production En parcourant votre site internet on per oit des l ments r currents Je pense des d tails comme la ligne qui relie l accoudoir et l assise du canap Cute Cut et celle du sofa Kami P J Oui c est vrai C est aussi une forme d chec Lorsqu il y a quelque chose que vous reprenez Cest que vous n tes pas all jusqu au bout C est important d al ler au fond du dessin d puiser le sujet pour se lib rer Sinon il y a toujours des non dits qui tra nent inconsciemment dans chacun des projets En dehors de il y a bien s r un c t obsessionnel une attirance pour cer taines formes Pour moi c
392. tures g om trie variable en fonction de coop ration de concurrences du moment du lieu du processus de production et du produit Il n y a plus de concentration des outils de production mais des r seaux de comp tences qui se forment suivant les n cessit s d un projet industriel puis se d litent Dans ce cadre l activit des diteurs de mobilier consiste de plus en plus assumer la responsabilit de la recherche du d veloppement et de la conception des prototypes ainsi qu contr ler la qualit du produit et sa marque La fabrication est ac complie par des r seaux d intervenants constitu s pour l occasion Toutefois il est d licat d tablir un rapport d influence directe entre ces nouveaux sch mas de production et la formalisation des objets Au regard des pages des catalogues de diffuseurs populaires comme BUT il est clair que des typologies provenant de mod les 27 La p riode contemporaine verrait l mergence d une conomie globalis e dans laquelle les conomies nationales seraient d compos es puis r articul es au sein d un syst me de transactions et de processus op rant directement au niveau international Robert Boyer http llwww univ evry frllabos gerpisalactes 18larticlez html Robert Boyer est directeur d tudes l EHESS directeur de recherche au CNRS et professeur l Ecole normale sup rieure 23 Manuel Castells La soci t en r seau Paris Fayard 1996 L influence des p
393. ubjective des formes p 74 que ce mot vient du grec anaisth sia insensibilit par opposition esth tique qui se r f re la facult de percevoir par les sens Le designer devrait ainsi renoncer l usage de ses sens Nous percevons d s lors toutes les contradictions d une telle d marche Table pliante en m tal Cumano Achille Castiglioni Zanotta 1979 Dessin de la table Cumano Pour signifier l id e d un objet pliant il a suffi de percer un trou au bord du plateau Dans cet objet imagin au XIXe si cle la notion d accrocher s associe celle de ranger Bien que la forme volue peu la mise au point technique de la table a t un exercice complexe Il sagit d un travail sur les proportions de l ensemble Histogrammes d architecture Superstudio 1969 Table Quaderna r dit e par Zanotta 1970 90 Superstudio intervient elle m me en r action par rapport une poque qui est celle de l uniformisation par l industrie de masse De plus ces recherches ont rapidement volu vers le 100 Make Up et le fauteuil de Proust de Mendini qui int gre d s le d part l id e L influence du cr ateur 6 L originalit la culture de l exclusivit 91 de filiation et de racines formelles Martin Szekely adopte sur ce sujet une position non r sign e Faire table rase du pass est prati quement impossible dans quelque champ de production que ce soit
394. ubles de rangement Par ailleurs les performances de Maarten Baas et de Mar tino Gamper qui ont eu lieu Design Basel en Juin 2007 tendent remettre en cause les particularit s qui d finissaient les processus cr atifs propres au design Nous pouvions galement y voir Tom Dixon qui r alisait sur place ses pi ces pour en montrer les proc d s de fabrication Tout cela avait lieu sous le label Performance AC DC Art Contemporain Design Contemporain Gen ve Haute cole d Art et de Design Symposium 26 10 2007 p 110 Compte rendu d une table ronde avec Paola Antonelli Florence Dol ac Alicia Framis Manuel Krebs Lang amp Baumann Wava Carpenter Claire Fayolle et le public Bone chair Joris Laarman 2007 tag re Voronoi Marc Newson Galerie Gagosian 2006 Ci dessus La boule suspendue Alberto Giacometti Centre Georges Pompidou Paris Ci contre Table basse pour Anson Conger Goodyear Isamu Noguchi collection priv e 1939 130 Process Lors d une r sidence au Japon le quatuor de designers su doises Front design a mis au point une technique pour mat ria liser un croquis en se servant de la capture de mouvements et du prototypage rapide Ces dessins deviennent ensuite des fichiers 3D qui seront par la suite traduits en pi ces tridimensionnelles gr ce la technologie du prototypage rapide Les objets r alis s cette oc casion illustrent ces volutions et d montrent l i
395. uchat et du kevlar a procur ces mati res une dimension vocatrice qu il n est pas possible d ignorer Ce dernier point peut influencer l aspect des objets ind pendamment des propri t s physiques d un mat riau La mati re au service d un discours C est travers une qu te qui a travers la deuxi me partie du XXe si cle et se prolonge aujourd hui celle de la l g ret des assi ses que nous observerons le r le des mat riaux dans la poursuite d une ambition et la mat rialisation d un concept Dans ce cas la forme de l objet est toute enti re tourn e vers la performance ac complir Parce que le designer minimise les concessions esth tiques afin d liminer les grammes superflus il est peut tre davantage l coute de la mati re La morphologie de l objet est alors assujettie au potentiel du mat riau employ lui m me subordonn la l g ret recherch e La r duction du poids ne passe pas n cessairement par le recours des mat riaux de pointe En 1952 Cassina met en production la chaise mod le 646 d nomm e la Leggera Gio Ponti son cr ateur avait dit qu il s agissait d une chaise normale d une chaise chaise sans adjectif particulier S inspirant d un mod le ancestral de chaise italienne il propose un si ge en fr ne verni la sobri t rurale Il 8 Erwan Bouroullec r pondant Christine Colin Christine Colin Notre histoire seule planche de salut de
396. ude Cara s Ensci Les Ateliers 2009 2 Part IIl chap 1 Du modelage au moulage p 257 L influence des proc d s de fabrication 4 L organisation de la production 289 des organisations qui lui sont propres Celles ci sont notamment le fruit d interactions complexes avec l environnement socio cono mique L Etat monarchique du XVIIIe si cle et les corporations col laboratives du XXe si cle n impliquent videmment pas les m mes paradigmes industriels Afin d observer au mieux l influence des syst mes productifs sur la morphologie des objets il est n cessaire de d terminer un do maine d observation que nous conserverons Ainsi Cest au travers de la production de mobilier en bois que nous tudierons les in fluences formelles des diff rents modes d organisation Ce choix correspond d une part la n cessit de nous appuyer sur un mat riau dont l usage est av r d s les premiers temps et demeure om nipr sent aujourd hui Par ailleurs le mobilier recouvre un vaste champ d objets dont les fonctionnalit s restent les m mes au cours des si cles Ceci nous permettra de nous focaliser sur leur produc tion sans que nos observations soient parasit es par des consid ra tions li es l volution des usages Les origines Les origines du travail du bois sont m connues car la conserva tion de ce mat riau n est possible que dans les tourbi res o les amas v g taux du fond des lacs 3De plus le
397. ue la diff rence entre la mati re et un mat riau La premi re nous 3 Ce n est que tr s r cemment en d cembre 2009 que des physiciens ont pr sent un microscope force atomique AFM capable de proc der un v ritable relev d identit chimique d atomes diff rents pour discerner visuellement quels l ments composent la mati re Cette caract ristique pourrait permettre des nanostructures d tre labor es atome par atome http www techno science net 4 Le tableau de classification p riodique des l ments publi en 1869 tait encore incomplet et a connu depuis lors de nombreux r ajustements N anmoins il est devenu un r f rentiel universel auquel peuvent tre rapport s tous les types de comportements physique et chimique des l ments Les chapiteaux de colonnes ont des formes diversifi es mais des mat riaux comparables 1 gyptien Lotiforme 2 gyptien Hathorique 3 Assyrien 4 Hindou 5 Arabe 6 Turc 7 Dorique 8 lonique 9 Toscan 10 Corinthien 11 Composite 12 Byzantin 13 14 Romans 15 16 Gothiques 17 Renaissance 18 XVIIIe si cle 214 L influence des outils 6 Les mat riaux 215 l avons vue n est associ e aucune forme Si l on conna t ses pro pri t s chimiques en revanche elle est ind termin e d un point de vue physique Le carbone l hydrog ne ou le chlore comme le supposait Platon sont des constantes des ingr dients de
398. uelle de l objet d coule de ce parall le Vous voyez c est par tir d une donn e ext rieure d une fai blesse que se d finit l identit de l objet F A L identit visuelle n est donc pas une recherche autonome M S Ce n est pas une recherche d ex centricit d originalit et de particu larit sans fondement Au contraire elle se fonde sur ce que j ai appel la faiblesse F A J aimerais maintenant aborder un autre aspect de vos r alisations J ai observ que votre travail se par tage entre des ditions en petites s ries souvent dans le cadre de galeries mais aussi de centres de recherches comme le Cirva et des objets fabriqu s en tr s grande s rie pour l industrie je pense par exemple au verre Perrier Heineken ou votre travail pour J C Cirva Centre de recherche international sur le verre et les arts plastiques Centre d art contemporain cr en 1983 sur l initiative du Minist re de la Culture le CIRVA est install depuis 1986 Marseille 146 Decaux Quel pont faites vous entre ces deux univers Est ce que l un nour rit l autre ou au contraire vous pr f rez les isoler M S Nous pourrions dire qu il s agit d un point d quilibre S il y a quili bre c est qu il y a un poids de chaque c t Mon travail de recherche occupe aujourd hui le plus clair de mon temps pisodiquement j accepte de travailler dans un projet tr
399. uit sur le m me terrain en ditant en 1996 une chaise dessin e trois ans plus t t par Riccardo Blumer Laleggera en r f rence au classique de Ponti avec ses 2 3 kilos ne constitue pas une v ritable performance en mati re de l g ret Par contre sa struc ture creuse en rable massif et placage de bois d rable de meri sier ou de fr ne dans laquelle on injecte de la mousse polyur thane rigide induit un processus de fabrication singulier Elle tente une fusion entre des ressources naturelles communes et des mat riaux plus r cents L encore la chaise masque sa technicit la l g ret n est pas l unique qualit mise en avant Elle revendique un v ritable confort et sa forme conserve une structure standard quatre pieds Devons nous voquer le mobilier gonflable des ann es 60 Les premiers poufs gonfl s d air propos s par Verner Panton en 1962 ou le fauteuil Blow 1967 des Italiens Paolo Lomazzi Carla Scolari Donato D Urbino et Jonathan De Pas ont sans doute un poids bien inf rieur aux chaises voqu es L innovation est rendue possible par l usage de la toile vinylique et d un proc d innovant de soudage par radio fr quence Cependant m me si la l g ret n est sans doute pas l objectif recherch pas ces designers la combinaison d un ma t riau nouveau avec une technique de mise en uvre est l origine d une volution formelle Leur influence d finit la typologie de ces assises g
400. uite FA Vous vouliez vous rendre utile R T Voil C est une vision d pass e aujourd hui ce genre de propos Il y a un c t na f Aujourd hui on dirait plu t t Comment est ce que j arriverai me faire du fric Il y a cette arri re pens e de mat rialisme l poque le mat rialisme on n y croyait pas du tout puisqu on avait assist l effondrement complet du syst me C est le produit des lectures de l poque la mani re de Grandeur et Servitu de rires F A Vous crivez galement j ai toujours pens que les choses al laient naturellement dans le sens du mieux La le on que je retiens apr s tant d ann es d activit s c est que le moins bien et m me le nul peuvent suc c der au presque parfait Est ce que vous pouvez m clairer sur ce point Ou du moins comment avez vous appris la le on travers quels projets R T Par les faits On a travaill plus d une vingtaine d ann es mon quipe et moi mettre sur pied quelque chose de coh rent pour le TGV monter des proc dures et puis d un seul coup des quipes arrivent qui ne sont pas du 240 tout int ress es par le design et fou tent par terre un travail en deux ou trois ans Regardez des gens comme Lacroix par exemple Moi je ne suis pas all lui re dessiner ses robes En plus le travail qui a t fait est nul Mais ce n est pas la faute de Lacroix C
401. ulation de linfi niment complexe Pour Pierre L vy depuis qu ils ma trisent le feu les hommes interviennent dans les cycles naturels de transformation de la mati re et des formes 5 Selon lui l utilisation des moyens informatiques a port son plus haut degr l aspiration humaine conna tre et ma triser la gen se des formes qui nous entourent Plus concr tement pour un designer o r side l int r t de tout ce potentiel si les formes qu il mod lise sont vou es rester dans un espace virtuel faute de moyens techniques pour les concr tiser Les logiciels de mod lisation comptent parmi les seuls outils qui ont di rectement engendr s de nouvelles machines et de nouveaux modes de fabrication Ils sont coupl s avec des proc d s de prototypages rapides comme la st r olithographie le frittage de poudre ou le d p t de fils Tous fonctionnent sur un principe constructif par stra tification qui annule les pr rogatives formelles induites par d autres proc d s comme le moulage dont nous avons voqu les contraintes La forme se soustrait l influence des machines de production in dustrielle L objet na t d un agglom rat de poudre ou merge d un fluide d tach des d terminismes qui jusqu alors pouvaient endi guer ou mod rer la cr ativit formelle N anmoins derri re le discours enthousiaste des soci t s qui commercialisent ces machines un designer peut s interroger sur 13 Jo
402. unissent la production d un cr ateur aux conditions de son existence De m me la psychologie s int resse de puis longtemps la nature des relations entre la personnalit d un individu et ses affinit s esth tiques Notre intention n est pas ici de venir toffer les tudes existantes en les documentant davantage Il ne s agit pas de mettre en lumi re des interactions mais d observer dans quelle mesure ces liens exercent une influence sur la morpho logie des objets Au travers d l ments biographiques et des r ali sations de deux designers aux personnalit s loign es Andr e Put man et Ettore Sottsass nous tenterons d tablir jusqu o il nous est possible de percevoir l empreinte de leur v cu dans leurs cr ations L usage du conditionnel s impose dans cette partie tant les cha nes de causes et de cons quences peuvent tre longues vouloir absolument d montrer des influences nous nous risquerions for muler des hypoth ses hasardeuses Il nous faudra donc garder l es prit qu il s agit de relations dont il est d licat de tracer des contours pr cis Madame Louise Aynard m re d Andr e Putman n e Louise Saint Ren Tallandier l ge de 30 ans 30 Andr e Putman une enfance bourgeoise Le journaliste et crivain Fran ois Olivier Rousseau nous claire dans un style romanc sur l existence des parents d Andr e Put man Il ny a que les gens sans imagination qui croien
403. upart des quipements sanitaires est aujourd hui r alis e par moulage de c ramique La nature de leurs volumes la n cessit Moulage de la barbotine dans un moule en pl tre Plat moulage c ramique Jean Charles Avisseau Mus e de l h tel Sandelin Saint Omer n inv 986 101 vers 1850 262 ae 20 d in L 7 ria TA en i i a nu j o E Ky 27 AR a as THAS d une production massive et leurs dimensions justifient l emploi de cette technique Nos toilettes nos baignoires et nos lavabos pau raient videmment pas le m me aspect s ils taient fabriqu s par un autre proc d Mais int ressons nous ces produits pour ten ter de d couvrir quels sont les marqueurs propres cette m thode de fabrication En effet si la technique de fabrication des ob jets a une influence sur leur forme elle laisse forc ment des traces Ces objets doivent porter en eux les stigmates du processus de leur morphog n se Le moulage implique en effet certains imp ratifs de conception La pi ce doit pouvoir tre extraite du moule Cette op ration n cessite de pr voir des d pouilles En effet si la technique actuelle du moulage en rotation ne pose plus de probl mes pour les cavit s int rieures la surface ext rieure ne doit pas opposer de r sistance au d moulage La forme des sanitaires se plie en totalit rigoureu sement cette contrainte Ce premier constat d montre l influenc
404. uples des vases de poteries et des vases d corce qui ont la m me forme et le m me d cor cela n implique pas que l un soit moul sur l autre on conna t des bouteilles mandchoues en porcelaine qui imitent tr s fi d lement des bouteilles de cuir parce qu une bouteille a forc ment une forme d termin e famili re au peuple qui la fabrique Les em preintes de vanneries seraient troublantes sinon convaincantes mais on a fait preuve de trop de h te lorsqu on prend le moulage de ces empreintes on voit souvent des traces de cordes parfois des marques de tissu le plus souvent la trace d une molette ou d un pi de ma s roul sur la p te fra che Jamais pratiquement on ne Sch ma de principe du rotomoulage mati re thermoplastique Image extraite de Materiology Birkh user 2009 p 293 Bien que ces deux proc d s divergent en de nombreux points ils reposent sur un principe similaire La mati re se solidifie au contact de la paroie int rieure du moule 260 trouve un rev tement continu de vannerie Si ces empreintes sont un souvenir du temps o les pots taient moul s dans des paniers les arch ologues auraient certainement d j exhumm s des exemples significatifs Nous poss dons des milliers de poteries tr s anciennes sans jamais avoir trouv ce fameux prototype d autre part le sacri fice d un panier p niblement tiss pour chaque poterie ne se justi fierait que si
405. ur arriver un r sultat qui sera difficile ment celui que tu escomptais au d part Nous ne pouvons viter d opposer ces propos aux conseils donn s par Martin Szekely lors de notre interview Ce dernier sugg re de ne jamais prendre des donn es pour des contraintes On ne va pas contre un client on l accompagne nous dit il Le designer qui fait le choix de l autopro duction poss de comme son nom l indique les moyens de produire ses propres r alisations Nous devons donc diff rencier cette d marche des travaux aux dessins novateurs expos s dans les galeries Ces derni res ainsi que d autres institutions entendent laisser aux designers toute latitude pour mener leurs recherches quelles soient formelles ou autres Dans ce sens elles vont contre courant d une position influente bien qu elles s lectionnent les objets qu elles exposent L auto pro ducteur lui conserve le souhait de diffuser ses cr ations quitte exp rimenter de nouvelles techniques de fabrication exp rimen tales Par ailleurs autoproduction ne rime pas obligatoirement avec une diffusion confidentielle Nous pourrions d vier du sujet de ce Aspirateur Dual Cyclone DC 26 Dyson 2009 170 m moire en discutant longtemps pour d terminer si Thonet tait ou non auto producteur Toujours est il que cet homme s est donn les moyens de concr tiser son id e en exp rimentant en d posant un brevet puis en fabriquant lui m me ses c
406. ure en hibe mal eme mueg mens poyi Hubs En Bee E 1J LA NM F Mon Pret mon Code POST DOC Fammen e Be mal pie en pole Ge jege Vente Ch re mop Vers S nians LS 8 E Sem Ph ri C DOUTE A Epa en HSE Fans Mona Cid ae RS ih aiga Abii AY pa a de bte LZ H DFE om Code AE Pro mor L influence des proc d s de fabrication 4 L organisation de la production 309 Catalogue BUT 2009 2010 page 252 Chaise Rustica 39 Bratati l MR H Cole nee i are ALP en a de de pee LE NE FM on Produit mont Code A DE a Chaise Country Bruce et phiri en Hie as inin laqu e blanche diese en paille de sage Verres Behia L ACLS H p Pi qu Pai morot Cons OCR ANS ce en rage Chaise Oslo 939 Seuciure en Fin sacs hatme LA H E F i Code EE e CONCLUSION La tentation est forte apr s avoir observ quelques unes des in fluences qui participent d finir les formes des objets qui nous en vironnent de succomber une vision darwiniste de leur volution Nous pourrions sans difficult s calquer notre vision sur les lois de la s lection naturelle telles que les a expos le naturaliste Charles Darwin au milieu du XIXe si cle La biologie rend compte de la transformation des esp ces en combinant le jeu des l ments g n tiques avec l effet cumulatif des adaptations au milieu Y aurait il des rapprochements envisageables avec nos observations La va riabilit de la morphologie des objets peut el
407. us souvenir qu l origine la question se posait diff remment puisqu il existait tout simple ment pas de formations sp cialis es Que les hommes qui ont par ticip au d veloppement du design n aient pas suivi de formation de designer sonne comme une vidence Rappelons qu aujourd hui encore le titre de designer n a pas d existence l gale Tout un cha cun est libre de s autoproclamer designer et de d marrer une activit sous ce nom La dichotomie entre designers de souche et designers assimil s est en grande partie artificielle Le principe de transmission Hormis l apprentissage scolaire il faut aussi ajouter que la for mation d un designer se prolonge tout au long de sa vie profession nelle Avant d ouvrir son agence Walter Gropius a commenc sa carri re au c t de Peter Behrens La solide formation d architecte et d urbaniste du premier a certainement profit de la multiplicit des comp tences du second Peter Behrens tait la fois architecte peintre graveur designer et typographe A t il transmis Gropius Module de rangement Smith Jonathan Olivares Danese 2007 62 son go t pour la transversalit et la rencontre de disciplines h t roclites Nous ne connaissons pas de commentaires de Walter Gropius qui confirment cette influence Toujours est il que l usine Fagus qu il r alise en 1911 n est pas sans rappeler la conception de l usine de turbines AEG laquelle il a coll
408. usine Citro n des pinettes 1931 image de droite op rateur devant une presse emboutissant des bassines On y voit les disques de t les pr d coup s sur sa gauche 276 ce qui dans la mise au point de ce proc d a pu tre une source d in novation formelle Nous nous appuierons sur un domaine faisant un usage la fois multiple et massif de cette technologie pour tenter d en observer les influences diverses L industrie automobile et en particulier la car rosserie peuvent nous fournir une source d exemples suffisamment explicites et vari s Ce domaine poss de par ailleurs une existence ant rieure la mise au point de l emboutissage Nous pourrons donc observer au mieux les modifications apport es sur les formes pro duites par l arriv e de ce proc d L influence des proc d s de fabrication 3 L emboutissage 277 Une technologie au service de la production de masse Nous avons coutume d imputer aux conflits arm s le b n fice d un formidable lan d innovations techniques stimul es par l effort de guerre Si apport de la premi re guerre mondiale se v rifie dans de nombreux domaines les progr s dans l industrie automobile en dehors de la motorisation qui auraient pu en r sulter ne sont pas flagrants La France compte 30 constructeurs automobiles en 1900 57 en 1910 et 155 en 1914 dont des noms prestigieux qui font d sor mais partie de notre imaginaire Talbot Delahay
409. ustyle de 14 de fois le diam tre ce qui renvoie l ordre ionique Derri re ces calculs complexes et ces prescriptions dogmatiques nous lisons sans difficult l attachement de ces personnes pour des consid rations qui d passent la sph re esth tique Les rapports math matiques sont avant tout un m dium pour parvenir d finir les relations qui unissent l homme son environnement naturel Par cons quent si nous revenons la suite de Fibonacci nous constatons qu elle a pour origine l observation attentive de la na ture C est en effet l tude d organismes animal et v g tal qui a per mis d tablir cette suite Nous retrouvons en botanique et dans les proportions du corps humain l existence du rapport pr f rentiel p mentionn pr c demment La disposition des semences de cer taines fleurs suit une logique d crite par cette suite math matique Par exemple les graines de marguerite sont r parties suivant le sal p ER ee LI Trac harmonique couverts Antibes Jean Puiforcat 1926 114 rapport 21 34 Le rapport 5 8 se trouve dans les pommes de pin Le pentagone la division par cinq est galement li au nombre p Ce chiffre est privil gi dans la nature organisation des fleurs glantine cinq doigts de la main ou organisation par multiples de cinq Quant la spirale logarithmique elle a la propri t d avoir des segments homoth tiques qui tablissent une relation entre
410. vec Alain M nard les objets issus de la culture populaire de cette p riode t moigne J avais l impression que tout tait pens con u pour durer ou du moins en donner l impression On en regardait ni la qualit ni la quantit Le chrome l acier tous les m taux sous toutes leurs formes taient employ s sans compter Welcome to the land of plenty bienvenue au pays de opulence L Am rique utilisait le m tal pour tout et n importe quoi des chaises de bar Diner des sucriers des couverts salade etc tandis que l Europe fabriquait ses moulins caf ses ustensiles de cuisine ses chaises de bistrot en bois Tout d abord les m taux durent et r sistent aux ann es d uti lisation et au lavage grattage usage etc En revanche le bois se d sagr ge se casse s autod truit Cons quence on trouve encore aux U S A des ustensiles de cuisine des ann es 40 50 en parfait tat Pour notre part remarquons qu en Europe d s la fin des an n es vingt Mart Stam Marcel Breuer et Mies Van der Hoe ont fait usage de tubes d acier cintr s En France Andr Lur at Ren Prou et la soci t Tolix ont r alis des assises en t le emboutie d s 1929 Par cons quent l opposition formul e par Jean Bernard Hebey nous para t discutable 6 Jean Bernard Hebey Esth tique Domestique Les arts m nagers 1920 1970 Milan Cinqs continents 2002 Voiture Land Cruiser Studebaker Raymond Loewy 1950
411. vertus Il synth tise sa d marche en voquant des objets silencieux par opposition au temp rament ba vard des produits sur dessin s Cette formule nous rappelle les ob jets sans adjectifs dont Gio Ponti vantait les m rites d s les ann es 50 Depuis 2006 Jasper Morrison et son condisciple le designer japonais Natao Fukasawa participent la diffusion du concept de normalit en exposant une s lection de produits dans une expo L influence du cr ateur 6 L originalit la culture de exclusivit 87 sition manifeste Super Normal Ainsi la volont de distinction formelle s efface devant les qualit s prouv es des objets largement usit s La tentation de la signature du sp cial dispara t face la n cessit de placer son travail dans la continuit et l vidence for melle d objets aux morphologies fa onn es par le temps Ceci nous renvoie la notion d h ritage formel dont nous observons l impli cation dans la partie de ce m moire qui s int resse aux influences li es l inspiration des cr ateurs Le r emploi comme une n cessit face la saturation Bien qu il se manifeste sous une forme diff rente le travail d Hel la Jongerius rejoint par certains aspects les intentions de Jasper Mor rison Celle ci r p te chacun des entretiens ou des t moignages que l on peut lire sur sa production son int r t pour les formes pr existantes Lorsque Catherine Geel lui demande
412. vi la formalisation de fonctions mystiques et esth tiques Ainsi nous ne pouvons pas envisager d observer l influence des nombres en nous contentant de l tudier avec le regard de l ing nieur Leur influence s tend bien au del des probl matiques de rationalit de standar disation et de faisabilit Dans l antiquit les architectes grecs gyptiens ou m sopota miens s effor aient de se conformer des r gles et des proportions pour leurs difices se basant bien souvent sur des mensurations humaines id alis es eurythmie des proportions grecques Les nombres n y sont pas consid r s comme de simples outils au ser vice du constructeur mais s associent des aspirations spirituelles Chez Platon on rencontre d abord la s rie du doublement 1 2 4 8 16 32 et la s rie du triplement 1 3 6 9 27 Les Grecs consid raient que 3 tait le chiffre le plus parfait ayant un d but un milieu et une fin Ces deux s ries taient employ es de mani re conf rer aux difices des proportions harmonieuses Plus tard dans la suite Appartement de Karl Lagarfeld damier de fa ence noire et blanche miroir Satellite de Eileen Gray r dit par Ecart International Andr e Putman Rome 1982 110 de Fibonacci sur laquelle nous reviendrons par la suite chaque nouveau terme est la somme des pr c dents C est le rapport entre le nouveau terme et le pr c dent qui progressivement tend vers o
413. voir technique D autre part tant une mati re utilis e depuis des mill naires nous pourrons nous appuyer sur l volution des savoir faire pour obser ver leur influence sur les formes L expression le travail de la terre a un double sens Elle est autant li e au monde de l agriculture qu la production d objets C est ce dernier point qui nous int resse ici En effet les outils li s la culture du sol suivent des d terminismes qui leur sont propres La forme des houes pioches pelles b ches et autres instruments de la bour est influenc e par entre autres la nature de alimentation des peuples qui les utilisent mais aussi par les caract ristiques g ologi ques et climatiques de leur milieu Analyser leur forme demanderait une expertise ethnologique et fonctionnelle qui nous carterait de la piste de notre enqu te C est pour nous la fabrication d objets en terre argile c ramique porcelaine qui est au centre de notre questionnement Nous ne ferons pas de confusion entre le travail de la terre et sa mise en forme Tr s peu de terres sont exploitables dans leur tat d origine Leur m lange avec de l eau et d autres l ments sable paille herbe adjuvants chimiques est un pr ambule n cessaire pour l obten tion d une p te modelable C est partir de ce point qu il nous faut tre attentif pour tenter d identifier l influence des techniques sur la forme des objets en te
414. vraies manifestations de l esprit du c ur et de l me la vie se reconna t son expression la forme suit toujours la fonction C est la loi 7 Nous fusionnons ici la formule de Louis Sullivan la forme suit la fonction avec le commentaire de Roger Tallon qu il nous livre lors de notre entretien page la forme ne suit pas la fonction elle suit toutes les fonctions 314 regarder les objets comme des tres naturels selon leurs volutions dans le temps Par exemple la forme actuelle des voitures ne peut se comprendre dans son ensemble que si l on a connaissance de leurs anc tres notamment des cal ches et des voitures cheval Nous y d celerions alors des morph mes se pr sentant comme les reliquats de fonctions aujourd hui disparues Ceci pose les questions de l hybridit et de la st rilit de certaines formes Celles r sultant de croissements incongrus se verraient in capables de se reproduire et condamn es dispara tre Ainsi lap parence d un objet est comparable un instantan photographique Ce que nous observons lorsque nous regardons un produit n est pas autre chose que l instant d cisif de Cartier Bresson Dessiner un produit ne peut pas tre un v u de fixit car en r alit celui ci n est qu un tat des lieux Il est une r ponse formul e aujourd hui face des influences contemporaines Sa morphologie na t d un chan gement et en pr pare un autre En d fi
415. x souhait s par Morrison Le r emploi et la continuit sont deux choses diff rentes Il est vrai qu il existe d j une multitude de signes mais se contenter de les r utiliser n est pas un rempart contre la multiplication des formes et ne garantit pas non plus la p rennit des vocabulaires formels L alphabet n a que vingt six lettres et pourtant la diversit des combinaisons possibles fournit les mat riaux n cessaires la cr ation de centaines de mil liers de mots et autant d histoires diff rentes 6 Propos recueillis par Catherine Geel Charg e de cours L ENS Cachan commissaire des expositions de design la Villa Noailles Hy res 2004 L influence du cr ateur 6 L originalit la culture de exclusivit 89 L influence des formes pass es est elle une bride cr ative Dans son num ro d Avril 2005 de la revue Domus Michele de Lucchi rappelait que pour Achille Castiglioni les beaux objets de vaient contenir trois choses curiosit amusement et sens du com mun congeniality Le terme anglais est peut tre plus juste parce qu il contient l id e de g nes partag s d origines analogues La d finition propos e par Achille Castiglioni se d solidarise de la tradi tion de rupture dans laquelle s est inscrite une part de l histoire du design parall le celle des nouveaux mat riaux et des nouvelles techniques Il affirmait au contraire s inscrire dans un continuum dans un fonds

Design sous influences

Contents

Download Pdf Manuals

Related Search

Related Contents