Philippe Dagen - Histoire culturelle et sociale de l`art
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1. es 80 Si tant de livres ont disparu des rayons de la biblioth que c est qu ils n taient pas si n cessaires que cela Je n avais pas envie de les relire 1282. de l effondrement de l ordre mondial issu de la guerre froide fin de l Union Sovi tique fin du bloc de l Est et du pacte de Varsovie Un historien marxiste d finirait le post modernisme comme la superstructure rh torique d un ph nom ne financier sp culatif capitaliste assez classique boulimique et amn sique donc Un historien marxiste vicieux se demanderait dans quelle mesure le renouveau actuel de la notion serait li l explosion du march de l art contemporain depuis une demi douzaine d ann es Il sugg rerait que les travaux de Jeff Koons Damien Hirst ou Peter Doig par leur diversit formelle leur haut degr d laboration technique et l absence de toute port e critique r duite des banalit s la vie la mort le sexe conviennent au march proportion m me de leur qualit spectaculaire et de leur innocuit intellectuelle Serais je cet historien de l art marxiste vicieux Une derni re vocation Dans Le Monde j cris alors un compte rendu s v re de L poque la mode la morale la passion Il me vaut les m contentements habituels et une lettre assortie d une invitation d jeuner Elle vient de Jean Paul Aron que je n ai alors jamais rencontr auteur d un livre nomm Les Modernes Il veut savoir pourquoi cet clectisme d passionn me d pla t tant Jean Paul Aron vient aussi de publier Mon sida dont il est mort quelque temps plus tard C tait a aussi les ann
3. Le Postmoderne un paradigme pertinent dans le champ artistique INHA amp Grand Palais Paris 30 31 mai 2008 Texte pour la table ronde Nos ann es 80 institution expositions march de l art Philippe Dagen Depuis les ann es 80 nous avons d m nag deux fois On conna t les cons quences des d m nagements sur les biblioth ques Elles subissent des purges Par inadvertance lassitude par l effet d un jugement brutal des livres sont pr cipit s des tag res dans des cartons ces cartons dans une cave Sans doute ne doit on pas attribuer ces op rations accomplies dans l urgence la dignit d un jugement r fl chi mais elles n en sont que plus significatives C est ainsi qu aujourd hui il ne me reste rien rien d accessible de tout ce qu il y avait de tr s ann es 80 dans ma biblioth que Ceci n est pas seulement un pr ambule qui excuserait l absence de toute citation dans les quelques r flexions venir la citation tant le signe du s rieux mais aussi celle du post modernisme particuli rement du post modernisme pictural Avouer qu il n y a plus rien de tr s ann es 80 dans la biblioth que suppose que l on s explique sur ce qu aurait t cette litt rature et sur les motifs de sa disparition quelques soient les circonstances m nag res de cette derni re Quels ouvrages aurais je recherch si je ne les avais su inaccessibles Retour sur la
4. h avec d autant plus d enthousiasme qu il n y a rien dans ces toiles qui puissent d ranger qui que ce soit overdose d historicisme ce calmant tr s puissant auquel on s accoutume si vite Historicisme qui affecte aussi ais ment ce que l on appelle abstraction que ce que l on appelle figuration mouvement n o g o retour du mati risme come back du gestuel Peter Halley David Reed Philip Taaffe je n arrive plus retrouver les noms Le discours de d construction de l art tourne la c l bration de la couleur de la touche de la texture des exercices techniques et stylistiques En France G rard Garouste et Bernard Frize Refus de choisir ce sont les deux faces de la m me pi ce pi ce de collection il va sans dire En France encore la situation est compliqu e par le contexte administratif Apr s des ann es d indiff rence culturelle mauvais souvenir de l exposition Pompidou de 1972 bon go t bourgeois des ann es VGE souvenez vous le minist re Lang cr e des institutions qui prennent fait et cause pour des artistes qui ont jusque l taient ignor s des pouvoirs publics juste r paration sans doute que de leur passer des commandes mais ces artistes ne sont pas en phase avec les ann es 80 euph misme et de toute fa on l interventionnisme des pouvoirs publics en mati re de cr ation contemporaine ne produit hors de France que des effets au mieux nuls au pire con
5. ion de l art Il y avait l quelque chose qui me g nait Un soir nous avons parl de ce que Bataille a crit de Manet et que Sollers approuvait de Manet qui aurait proc d l limination du sujet dans la peinture Je refusais cette interpr tation malgr Bataille je la refuse encore et d autant plus aujourd hui qu elle me para t de la part de son auteur une concession une certaine explication simpliste de l art moderne laquelle il ne pouvait r ellement croire Je n tais pas davantage d accord sur le cas C line qu il aurait fallu consid rer comme le plus grand crivain du si cle hors toute r flexion sur ce qu il a pu crire Bagatelles mesure que j avance quelque chose se dessine l un des principaux motifs de mon antipathie l encontre de ce qui se donnait pour post modernisme Je ne pr tends pas l avoir compris alors encore moins l avoir formul bien que j ai d j pas mal crit d s cette d cennie Ce motif le voici l apologie de la cr ation artistique la prise en compte de tout le pass l usage sans complexe de tout ce qui pouvait y tre pris l h t rog ne sans g ne la formule eut alors un certain succ s du c t des anciens telqueliens tout cela qui a bien des gards ne pouvait para tre que comme tr s attirant allait de pair avec une conception de moins 126 Le Postmoderne un paradigme pertinent dans le champ artistique INHA am
6. ire est qu elle ne faisait pas assez place la permanence des archa smes Elle renouvelait le songe de l homme nouveau dont il ne reste plus gu re aujourd hui que les applications militaires Continuons Renaud Camus Buena Vista Park 1980 tissage de citations r elles ou invent s de fictions interrompues peine commenc es de morceaux d autobiographie allusive de r f rences Roland Barthes Celui ci n cessairement Fragments d un discours amoureux dans un train cette fois et Roland Barthes par Roland Barthes Ce qui l emportait c tait que le formalisme m thodique tait devenu moins autoritaire et qu il tait nouveau permis de proc der par empathie non selon les structures d un syst me mais selon les laborations partiellement al atoires et incompr hensibles de la m moire personnelle Avec Barthes Sollers fatalement mais qu est ce cela pouvait bien vouloir dire Rien de plus qu une certaine figure de l crivain le bar du Pont Royal qui n existe plus le Sollers de chez Gallimard l histoire de la litt rature fran aise du vingti me si cle remontant d un bloc toute la litt rature fran aise parce qu elle tait litt rature Je veux me faire comprendre sur ce point ce qui semblait compter seul d sormais c tait l art d crire sans trop consid rer ce qui se trouvait en cause fait d id es de positions politiques ou morales En somme une certaine exaltat
7. m moire exercice de je me souviens qui fait penser l instant Perec dont la pr sence dans cet inventaire approximatif s impose lecture de La Vie mode d emploi dans une chambre d h tel Aix en Provence lecture de La disparition dans un jardin Auteurs et titres donc l num ration promet d tre sinc re et de n avoir pas t pour l occasion enrichie d ouvrages lus ou aper us plus tard Qui promet aussi de ne pas tenir compte de ce que certains auteurs sont devenus par la suite et de ce que leur destin a pu apprendre sur ce qu ils taient d j alors leur insu supposons Jean Fran ois Lyotard Le Post modernisme expliqu aux enfants dition de poche Fontainebleau dans des circonstances singuli res perplexit m fiance devant une th se qui comme celles de Baudrillard n est acceptable que si l on admet que les bouleversements techniques qui sont alors en cours et ne paraissent plus aujourd hui que la pr figuration timor e de ceux qui se sont accomplis depuis que ces bouleversements donc cr ent un monde d finitivement diff rent o le r el n est plus qu effets 125 Le Postmoderne un paradigme pertinent dans le champ artistique INHA amp Grand Palais Paris 30 31 mai 2008 de r el le monde que l ensemble de ses repr sentations Fascination devant la technique l exposition Les Immat riaux en a t l apoth ose alors et le moins que l on puisse d
8. p Grand Palais Paris 30 31 mai 2008 en moins politique de moins en moins id ologique de moins en moins critique du monde contemporain et de son art Autrement dit le ton tait l acceptation sinon la fascination Acceptation de toute l histoire de la litt rature et de l art con ue comme un gigantesque magasin de r f rences et d accessoires acceptation cum nique des formes et des modes d expression les plus divers acceptation ou exaltation d un clectisme qui n a que faire des analyses et des querelles id ologiques Pai parl d crivains Il faut aussi parler d artistes En 1984 au MoMA je vois une exposition nomm e nternational Survey la Transavangarde les suppos s nouveaux fauves berlinois David Salle Eric Fischl Julian Schnabel les m mes qu la Biennale de Paris la Villette les m mes que dans Zeitgeist les m mes que dans l exposition L poque la mode la morale la passion Dans celle ci Schnabel expose une tr s grande toile qui est l agrandissement d un autoportrait d Antonin Artaud L ce ne va pas En fait a ne va pas mieux quand Chia Paladino Cucchi recyclent des formes plastiques n o archa ques celles l m me dont Carra Sironi et quelques autres avaient fait l italianit nationale historique et ternelle dans les ann es 20 Cette Transvangarde est l exemple m me d une pratique picturale de comm moration de la peinture approuv e par le marc
9. treproductifs calamiteuse exp dition d artistes fran ais New York d Olivier Debr Herv Di Rosa 127 Le Postmoderne un paradigme pertinent dans le champ artistique INHA amp Grand Palais Paris 30 31 mai 2008 Complication suppl mentaire l apparition d un discours traditionaliste Consid rations sur l tat des beaux arts Jean Clair qui a profit de l ambiance du moment pour s efforcer d inscrire au programme le retour aux traditions au m tier au pastel Une d cennie plus tard ce propos tait devenu assez bruyant pour en appeler au d mant lement des institutions et la restauration des vraies valeurs Valeurs justement Cet clectisme et cet historicisme enthousiastes rh toris s autant que th oris s convenaient au march Toute uvre tant consid r e comme acceptable et relevant d un jugement de go t donc d un jugement variable et nullement obligatoire toute uvre lest e de r f rences historiques donc rassurantes se trouvant valoris e par ce fait m me et int gr e dans le continuum mus al le discours du post modernisme appara t comme une entreprise de l gitimation esth tique du gonflement de la marchandise artistique et de sa valeur financi re Ce gonflement a d termin le boom du march de l art de la seconde moiti des ann es 80 autant en Europe qu aux tats Unis boom qui a p ti de la premi re guerre du Golfe et plus g n ralement
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