Un article de Praline Gay-Para - Le conte à l`école - Apple
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1. Le conte est fait pour tre racont Qu on se le dise Osons enfin remettre en cause les m thodes ronronnantes enseign es depuis des ann es Mais pour ce faire il nous faut accepter qu une activit peut tre parfaitement p dagogique sans pour autant tre soumise valuation imm diate Or dans le syst me actuel la rentabilit est imm diate ou elle n est pas Autant demander une graine de pousser de donner un arbre et des fruits en une seule journ e Or raconter est de l horticulture brod e main Soyons un peu jardiniers patients et g n reux Essayons 3 On ne peut mettre en cause le bien fond d une telle d marche Le probl me est grave pourtant quand je re ois un appel d une directrice d cole qui demande Nos enfants sont en majorit maghr bins Pouvez vous raconter des contes du Maghreb Grave de ne pas distinguer l origine des enfants de leur pr sent n s ici francophones rappophones macdonaldophages Plus grave encore d accentuer le ghetto Pourquoi un enfant originaire de n importe o n aurait il pas droit des contes japonais russes arabes italiens norv giens etc De quel droit les privons nous de Blanche Neige ou de Cendrillon sous pr texte que leurs parents viennent d ailleurs d arroser en r vant au lieu de guetter impatiemment la pousse des feuilles Racontons et laissons germer 2 Quand le conteur s en m le Sur cette toile de fond peu encourageante viennent for2. l ments de r ponse et si une discussion sur le sujet 5Je dois ici signaler les difficult s que certains instituteurs rencontrent parfois pour suivre ces stages Les autorisations d absence leur sont autoris es avec grande parcimonie et ils doivent jongler avec leur travail leur vie personnelle et leur go t de raconter a lieu elle aura alors la forme d un change et non plus celle de question r ponse De cette mani re on permet l enseignant de devenir conteur part enti re au lieu de s improviser moiti p dagogue moiti narrateur c est dire aucun vraiment Il n est donc plus d muni devant des consignes d nu es de tout encrage dans la r alit ni devant certaines m thodes qui le prennent pour un handicap de la parole et du geste cf Mille Ans de Contes d Milan Les ateliers peuvent donc commencer Le conteur n est plus alors comme un cheveu dans la soupe mais il vient s ins rer harmonieusement dans un processus global o il met son savoir faire la disposition des autres 8 Les ateliers proprement dits Au fil des ans il me semble avoir acquis une m thode de travail Les principes de base en sont simples tremper les enfants dans les histoires jusqu ce que leur propre envie de dire surgisse l enfant participe quand il a envie comme il a envie l oralit est le seul support pour changer les histoires les histoires sont destin es une reproduction illimit e la cr
3. savoir immuable sur une masse d ignorants professionnels Il est surtout question de permettre a chacun de mener bien une narration en l aidant percevoir ses qualit s ses d fauts ses tics etc et surtout en insistant bien sur le fait que sa performance est perfectible 5 Mettre les stagiaires en situation de conteurs signifie qu en contrepartie le formateur se transforme en oreille professionnelle qui coute avec toute la g n rosit et toute l exigence dont il est capable Il peut ainsi orienter l un vers une exploration des images et des motions que suscitent en lui certains pisodes de son histoire II demandera l autre ce qu il a dire travers son histoire Il poussera un autre encore vers une modulation du rythme et du d bit de sa narration Tel autre encore se verra infliger des exercices grima ants ou l articulation des mots est une fin en soi Bref tout le monde travaille sur soi et sur son histoire Le but de l op ration est que chacun comprenne par lui m me que bien raconter implique d accepter de se raconter travers un r cit L aspect dit th orique n est pas enti rement laiss de c t Mais aborder des questions telles que Qu est ce qu un conte ou Raconte t on aux enfants comme on le fait pour les adultes ou encore Le conteur est il un com dien n a plus la m me signification quand celui qui les pose a d j pass par l preuve de la narration a d j par lui m me des
4. D Comme un roman Gallimard 1992 PLATIEL S Le conte comme outil in Le renouveau du Conte CNRS 1992 documents annexes Une vie en nous Il y a des jours et des lunes tellement de jours et de lunes qu aucun homme n en a le souvenir Un homme un homme comme tous les autres un homme comme vous et moi mais peut tre plus la recherche d un monde nouveau s en alla avec de l eau et des vivres vers les contr es les plus lointaines I marcha des jours et des nuits Un jour il se trouva dans un d sert sans limites ni fronti res II ne savait pas o il tait il ne savait pas o aller Il tait perdu dans ce lieu inconnu Alors il se reposait dormait et buvait goul ment jusqu au jour o il s aper ut qu il n avait plus une goutte d eau Il tait d sesp r II se mit pleurer toutes les larmes de son coeur toute les larmes de son corps et de son me Ses larmes ruisselaient sur le sable fin et dor L homme avait tellement pleur que le sable humidifi par ses larmes de douleur fut r joui Reconnaissant le d sert se mit frissonner et des profondeurs de la terre apparut une plante verte et clatante Quand l homme aper ut dans sa d tresse cette plante n e de son union avec la terre un sourire s esquissa sur ses l vres un sourire d esp rance Sans savoir pourquoi il prit son couteau et avec douceur et d licatesse il coupa la plante Une eau ruisselante d un go t exquis jaillit Une fra che
5. dans l cole maternelle o je suivais un autre atelier cf ci dessus Un bel change a eu lieu entre les grands et les petits la repr sentation publique du mois de mai constituait une tape d cisive Ils se sont bien habill s bien coiff s Ils ont discut pendant plusieurs jours du choix de leurs v tements bref ils taient l la hauteur Arr t sur image lls taient cinq les cinq plus grands de la classe Casquettes blousons baskets de vrais rappeurs Le conteur au centre avec son micro cravate les autres derri re en demi cercle L histoire la plus merveilleuse et la plus europ enne qui soit celle du Simplet qui doit l instar de ses fr res suivre sa plume pour trouver tour tour la plus belle bague le plus beau tapis et la plus belle femme Sa plume tombait toujours chez la grosse grenouille qui lui donnait tout ce qu il d sirait m me une fianc e en la personne d une petite reinette Cette jeune femme forte de ses origines r ussit l preuve finale de sauter travers un cerceau accroch au plafond sans se briser les os faisant ainsi de son prince l h ritier du royaume Une ritournelle vient rythmer les rencontres du jeune h ros avec la grosse grenouille Le conteur racontait s r de lui dans une langue tr s pr cise La ritournelle tait l affaire de toute l quipe qui en rapp chantait et dansait Leur bonheur tait immense la sortie de sc ne Le conteur m a doucement co
6. un livre blanc sur la formation Dans le monde scolaire les sollicitations sont tr s diff rentes Cela va d une intervention de deux heures dans un amphi d UFM o se serrent deux cents personnes celle qui dure trois jours avec une douzaine d adultes autour d un travail pratique Que dire en deux heures Si peu de choses en fait que je suis toujours tent e dans ces cas l de raconter seulement Je me dis que si les adultes ressentent une motion en tant qu auditeur ils auront une chance de raconter en s impliquant personnellement dans leur parole La deuxi me formule est certes plus propice une approche approfondie des questions Je dois n anmoins constater que toutes les fois que j ai eu l occasion de mener un travail de cette dur e ce n est pas la demande d un organisme relevant directement du Minist re de l Education Nationale mais toujours de r seaux parall les FAS J eunesse et Sport DRAC Centres Culturels collectivit s 4 En gestation depuis 1988 d clar e en 1992 Si ge social 8 rue Albert Thuret Chevilly Larue 94 locales etc La raison est simple un nerf de la guerre tr s r duit ajoutez un zeste d ignorance et m langez vigoureusement Il est important d entreprendre une formation de l encadrement adulte si l on veut viter de retomber dans les travers d velopp s plus haut Il ne s agit absolument pas d un cours dispens de mani re traditionnelle o Mme Jesaistout vient d verser un
7. Praline Gay Para Histoire buissonni re Le conte l cole Le conte est aujourd hui passe murailles Il se faufile dans les biblioth ques se glisse dans les salles de spectacle hante les festivals pr occupe les diteursl montre le bout du nez la radio En un mot il est partout Son moyen de transport le conteur est un nomade organis un cam l on clair un partenaire fid le des trains et des avions Et l cole dans cet itin raire labyrinthe Si le conte a p n tr depuis fort longtemps dans l enceinte de l cole il reste de mani re g n rale un moyen p dagogique tant pour les enseignants que pour leurs inspecteurs et formateurs c est dire un objet d analyse de dissection de d coupage et d valuation D tournement de fonction J appelle la r habilitation du plaisir dans notre syst me scolaire afin que nous puissions r ellement parler d ducation Le conte doit entrer vivant dans l cole port par une voix un souffle une me une personnalit une vision du monde c est dire par un conteur qui ne joue pas les contr leurs 1 Le conte dans un dr le d tat Je raconte des histoires mes l ves dit Mme Untel institutrice en maternelle Comprendre je lis Et quand on lui demande pourquoi le livre est il indispensable la r ponse tourne neuf fois sur dix autour de la n cessit de familiariser les enfants avec l crit L alibi p dagogique la justification en
8. artier ou dans leur cole les ann es pr c dentes 10Nouvelle formule d ouverture de leur cru Plat de frites Plat de frates uniquement quand l enfant conteur a perdu le fil ou qu il y a fait un noeud qui l emp che de retrouver l encha nement logique des v nements Nous avons en revanche laiss faire pour tout le reste les fautes de fran aisll les rajouts d pisodes invent s ou emprunt s d autres contes variations dans les parties molles etc 12 Nous avons retenu la situation de communication imm diate l aller retour instantan du conte permet l enfant de comprendre tr s vite si son histoire passe bien ou s il est en difficult II lui suffit de regarder les yeux de son auditoire S il y d c le de l incompr hension il est en situation d urgence et il y rem die de diverses mani res li es son temp rament propre et la mesure de sa difficult d expression Certains s en vont Arr t total D autres s arr tent mais prennent bien soin de pr ciser qu ils reprendront plus tard D autres encore retrouvent le fil avec l aide des copains qui au fur et mesure des s ances interviennent de plus en plus souvent La mani re dont un petit gar on de 5 ans s est tir d affaire est un exemple frappant de d brouillardise et d intelligence Ibrahim s est install la place r serv e au conteur et a commenc l histoire de la petite grand m re voir annexe L3 Au moment o la grand m re re
9. ation est personnelle ou elle n est pas la s ance s arr te quand les enfants le d sirent 6 Les id es re ues relatives au conte sont innombrables notamment celle qui d finit ce genre narratif uniquement par la notion de merveilleux celle qui veut aussi que les contes sont pour les enfants T Dans ces ouvrages l auteur minute en haut de chaque page la dur e du r cit La langue est d une pauvret navrante Mais le sommet du m pris vis vis du lecteur apprenti conteur est atteint quand on lit dans la marge des conseils du genre prendre une voix aig e lever la main etc Et le pire c est que ces ouvrages 2 volumes sont selon les biblioth caires les plus emprunt s par les enseignants Dur Dur 8 je n accepte d entreprendre un atelier que si l enseignant a d j construit un projet J e refuse que le travail repose sur moi seule car m me si mes interventions sont nombreuses elles sont inutiles si dans le quotidien l activit n est pas en continu A partir de l les finalit s concr tes les m thodes de travail les r ponses certains probl mes sont fonction des cas particuliers Voici donc des ges diff rents de la vie scolaire quelques ateliers exemplaires d une belle aventure pour tous Moyens grands de maternelle Pour cet atelier j avais t sollicit e par le Centre Culturel de la ville d Epinay sur Seine 91 qui me proposait une enveloppe horaire pour l ann e La seule c
10. c der L interrogatoire version Greimas On raconte ou on lit un conte et avant m me que les images ne s estompent dans la t te des enfants on les soumet un bombardement intensif de questions d ment organis Qui est le h ros Que cherche t il Qui l emp che d y arriver Qui l aide etc Un Propp acrobatique ou quand ce monsieur est forc de marcher sur la t te Oui A l cole on fait tr s souvent du P ropp l envers L enfant doit partir d une structure nue inventer un 2 Lisons tous Comme un roman de Daniel Pennac Gallimard Quel bonheur de voir r habilit es les histoires conte C est le moyen le plus r pandu en primaire pour susciter la cr ativit Si cet article a une chance d tre lu par des enseignants je tiens y inclure une pr cision avec tout le respect que je dois Propp il n est pas l unique r f rence en mati re de conte II a d duit partir d un corpus limit de contes merveilleux russes une structure commune Il y a cas tous les r cits quitte parfois devoir couper tout ce qui d passe Voil N allons pas lui pr ter des intentions p dagogiques qu il n a jamais eues Dessinez ce que vous venez d entendre Je ne m tendrai pas sur ce proc d si bien intentionn Il ne faut pas oublier un tout aussi bien intentionn usage du conte comme objet culturel comme moyen de valorisation des diverses cultures d origine des enfants concern s
11. chanter et danser mais quand la noce fut termin e elle alla la trouver Un loup m attend sur le chemin pour me manger J ai ce qu il faut pour te cacher r pondit la fille Elle cueillit une grosse past que dans son jardin et la coupa en deux La petite grand m re plia ses sept jupons et s y installa Aussit t referm e la past que sous le poids de la petite grand m re se mit rouler rouler et sauter Roule roule la past que Roule boule jusqu au bout Roule roule la past que Elle est arriv e devant le loup Petite past que As tu rencontr sur ton chemin une grand m re toute ronde et toute rose dit le loup qui s impatientait Je n ai vu personne r pondit la past que Mais je suis une past que tr s occup e et je suis tr s press e alors tu me manges ou tu me laisses passer Moi le loup manger des p pins et de l eau sucr e C est pour les poules tout a Roule ton chemin la past que Roule roule la past que Roule boule jusqu au bout Roule roule la past que Elle a bien roul le loup Variations introduites par les enfants dans certaines versions le loup devient renard Quand il est loup puis devient renard nous intervenons la fille coupe la past que avec son couteau la vide et ensuite elle invite sa m re s y installer la past que a c d la place une orange 1 version ou une boule de feuilles d arbre 1 version quand la petite grand m re e
12. is donc arriv e en novembre dans une classe o de nombreuses histoires circulaient d j D s la premi re s ance les jeunes personnes ont elles m mes racont Nos interventions taient exactement du m me ordre que celles d crites plus haut Petit petit les groupes se sont form s autour des contes Le travail collectif l int rieur de chacun des groupes a transform les r cits auxquels la musique les l ves ont utilis des petites percussions des claviers une fl te etc est venue donner une allure nouvelle A cette tape les enfants taient m rs pour l arriv e des musiciens Deux musiciens avec lesquels je travaillais depuis deux ans sensibles aux images et aux couleurs du conte Deux compositeurs guitares clarinette percussions attentifs aux enfants et ouverts toutes leurs propositions Ils ont construit avec eux la forme finale des histoires sans jamais proposer la musique comme illustration ou comme effet redondant la parole Le r sultat a d pass toutes nos esp rances Une salle de plus de cent personnes a cout toutes les histoires racont es en musique avec des micros des lumi res etc Une excitation joyeuse dans les coulisses Des crampes d estomac avant d entrer en sc ne Tout y tait Je pr senterai les l ments qui m ont marqu e sachant que cet atelier lui seul m riterait un article les sources des jeunes conteurs taient orales moi l enseignante mai
13. ncontre le loup il interrompt un moment sa narration L auditoire est en majorit patient bien que certains poursuivent sa place ou proposent de prendre le r le du conteur Ibrahim impassible r fl chit Il 11 l exemple de l usage du pass simple est frappant Bien qu il ne me vienne jamais la bouche ce temps que je consid re propre l crit surgit syst matiquement dans la bouche des enfants sous des formes fort sympathiques il tendu il montit etc 125 uzy Platiel dans une conf rence l IUFM de Mont Saint Aignant en 1991 a pr sent la mani re d intervenir des adultes chez les Sanans de Burkina Faso quand les enfants racontent Cette mani re de faire et l analyse qu elle en fait nous conforte dans cette mani re de proc der L3Ce conte a largement fait l unanimit et a eu la pr f rence de la classe pendant toute la dur e de l atelier Il a t racont une quinzaine de fois au moins par moi ou par les enfants semble tout la fois mesurer l enjeu de sa performance comprendre les raisons de sa difficult et chercher une solution Quelques instants plus tard toujours tr s s r de son fait Ibrahim appelle son copain conteur en herbe David Viens c t de moi On racontera ensemble David et Ibrahim ont racont deux jusqu au bout de l histoire Chacun terminait un pisode et passait la parole l autre C est toi maintenant Quelle civilit Un tr s beau jeu d co
14. nfi qu il aimerait bien faire un travail d artiste plus tard l re LEP De nombreuses initiatives pourraient illustrer le travail avec les plus grands J en choisis une seule qui contrairement aux ateliers cit s plus haut avait comme objectif final une production crite La commande tait de faire crire autour d un th me impos La Mythologie Nous tions deux conteuses Muriel Bloch et moi m me Nous avions intervenu une vingtaine de fois sur l ann e scolaire dans une classe de l re sanitaire et social fili re qui n offre pas un avenir de r ve des jeunes filles de 17 et 18 ans D s le d part nous avions d un commun accord d cid de ne pas nous embarquer dans les grands cycles mythologiques qui peuvent parfois sembler difficiles d acc s et qui en tous les cas ne correspondaient pas vraiment ce que nous avions l une et l autre envie de raconter L op ration de trempage s est donc faite l aide de contes tiologiques L objectif en tait donc l g rement modifi puisqu il s agissait d s lors d crire des histoires qui se termineraient par et c est depuis ce temps l que Autre principe fondamental dans ce type de production litt raire la cr ation personnelle L criture collective est une illusion nous semble t il Elle ne peut pas motiver l individu autant qu une histoire qui mane de son tre le plus profond Par ailleurs cr ation collective revient ce que l adulte qui di
15. ontrainte tait de ne pas d passer pour des raisons budg taires le temps allou 20 heures environ L institutrice avait d j entrepris un large travail sur la narration avec des ouvrages dont vous tes le h ros et autres Le bains tait donc en cours quand je suis arriv e Les enfants avaient tous autour de cinq ans Apr s les pr sentations9 je me suis mise raconter et je crois bien n avoir rien fait d autre pendant plusieurs s ances Toujours dans la m me disposition spatiale j tais sur une chaise face mon auditoire L enseignante racontait elle aussi en ma pr sence et pour ce faire nous changions nos places Et puis un jour un enfant a voulu prendre la place du conteur puis un autre puis un autre encore lis ont racont des histoires entendues de ma bouche de celle de l institutrice ou de celle des parents au cours des lectures du soir Les formulettes de d but et de fin cric crac et autres ont toute leur sympathie10 Ils ont adapt tout ce qu ils ont racont En fait ils ont tr s vite compris le principe de la r appropriation des histoires et du plaisir de la version personnelle Cette libert a permis aux diff rentes histoires de vivre r ellement de subir des transformations multiples voir le conte de la Petite grand m re en annexe Nous avons intervenu 9 Certains me connaissaient d j pour avoir assist l un ou l autre de mes spectacles au Centre Culturel du qu
16. rige le travail devant des propositions multiples qui manent du groupe op re le choix d cisif Chaque auteur signera donc son r cit Les photocopies tirage illimit ont compl t le r pertoire oral Beaucoup de r ticences au d but Des hauts des bas des moments d enthousiasme d autres d abandon Conflits et complicit En fin de parcours m me celles qui se disaient le plus en difficult voyant l ch ance approcher se sont d cid es Les histoires qui sont n es de ce travail sont tr s belles voir Une vie en nous et Naissance au ciel en annexe Cet atelier nous a appris la patience l importance du conte cadeau tiens ce conte est pour toi la n cessit absolue d arriver faire dire l auteur Je ne veux pas changer ce mot Cette phrase restera comme a C est a que je veux dire car c est l que l on peut vraiment parler d criture L num ration pourrait tre plus longue chaque atelier ayant sa sp cificit et son enseignement Je m arr terai l pour insister une derni re fois sur la n cessit absolue des histoires partag es pour le plaisir Les conteurs sont une famille tr s nombreuse aujourd hui professionnels amateurs b n voles enseignants conteurs biblioth caires conteurs n o conteurs conteurs traditionnels archiconteurs et je ne sais quelle tiquette encore Profitons en pour faire p n trer le conte vivant dans l enceinte de l cole Bibliographie PENNAC
17. s aussi crites puisqu ils sont all s chercher dans les livres de quoi satisfaire leur envie de parole cet atelier a permis certains enfants en grande difficult scolaire et en voie de mise l cart de l enseignement normal de se faire valoir aux yeux des autres copains et enseignants mais aussi et c est le plus important leurs propres yeux Leur rapport l cole et au monde a chang L institutrice a not petit petit une d dramatisation du travail scolaire Son r le d enseignante en a t facilit d autant A titre d anecdote quelques semaines avant la repr sentation publique les enfants n allaient plus dans la cour aux heures de r cr ation Ils se mettaient en groupe pour travailler les contes dans les couloirs les salles communes etc durant les r p titions avec les musiciens il nous arrivait de devoir reprendre une partie du r cit Quand on leur disait On reprend partir de l nous tions toujours tonn s de constater que le texte tait le m me 70 Ils gardaient en m moire ce qui leur semblait convenir leur id al esth tique personnel et laissaient le reste voluer sa guise tape essentielle quand on veut modifier une mani re de dire ou de voir un pisode et que le conteur maintient fermement ses choix C est comme a que moi je veux dire C est l que le vrai travail commence les conteurs de primaire sont all s avec les musiciens pr senter leur travail
18. sis partir d un corpus plus grand o quatre s ances ont t enregistr es Cet enregistrement tait destin circuler dans les autres classes Ce travail pourrait porter de multiples tiquettes structuration de la pens e et du langage m morisation ma trise de la communication expression orale etc La liste pourrait tre longue Je n en retiendrai personnellement que le bonheur de ces moments le plaisir partag et surtout la passion des histoires suscit e chez les petits et les grands CM2 primaire L atelier avec cette classe entrait dans le m me cadre que celui de la classe de maternelle cit plus haut M me libert d organisation m mes principes de travail Une contrainte n anmoins le travail devait aboutir une repr sentation publique en salle de spectacle au mois de mai L ge des enfants n est pas le m me ici ils ont entre 11 et 14 ans Classe somme toute normale pour une banlieue parisienne o les probl mes conomiques et sociaux sont l gion classe difficile aussi parce que certaines personnalit s sont d licates aborder les plus g s sont mis en situation d chec depuis longtemps Autre facteur d terminant les enfants lisent et crivent ils passent au coll ge l an prochain Le d but comme toujours est une immersion totale dans les histoires L enseignante est atteinte par le virus depuis longtemps Elle lit raconte fait lire et raconter apprend chanter etc J e su
19. sonnent les bruits de r cr etc Les s ances les plus belles se d roulent toujours avec les enfants qui ont l habitude d couter et de raconter Leurs oreilles sont aff t es et leur coute est tr s active Dans ce cas j envoie personnellement aux adultes le document Contes mode d emploi voir annexe et leur pr cise certains d tails pour la mise en espace de la salle ou les contes prennent place viter les contre jour les passages les miroirs en face de l auditoire etc Il est tout fait clair que dans ce type d interventions nous n avons aucun droit de regard sur l exploitation p dagogique de nos histoires Conte aujourd hui conte demain Depuis quelques ann es nous sommes sollicit s pour un travail de longue haleine dans le cadre d ateliers en milieu scolaire sur des dur es plus ou moins longues Les commandes sont variables et mettent souvent la production crite des enfants en avant Quel que soit l objet de ce type de travail je demande en ce qui me concerne de former les enseignants ou autres adultes avant d entreprendre un quelconque atelier De la formation des adultes Les conteurs sont souvent sollicit s en tant que formateurs Formation l art du conte formation petite enfance formation aux arts du r cit etc Ce volet annexe de notre activit principale prend une telle ampleur que l une des premi res initiatives de l Association Nationale des Conteurs d en France 4 est
20. st dans la past que sa fille la referme et la colle avec du scotch en arrivant chez elle la petite grand m re avait de la past que partout sur elle les comptines disparaissent souvent Parfois aussi elles laissent la place de multiples variantes une petite fille a trouv une fin astucieuse l histoire quand le loup demande la past que si elle n a pas rencontr une petite grand m re sur son chemin celle ci r pond oui elle vient de passer sur l autre chemin derri re toi Elle profite du d part du loup dans la direction indiqu e pour poursuivre sa route inDIRE n 20 hiver 1993 10
21. t heureusement se greffer des aventures plus dynamiques plus vivantes Elles reposent sur des personnes g n ralement atteintes par le virus du conte maladie verbalement transmissible qui connaissent souvent un ou plusieurs conteurs S tant en auditeur pr t es au moins une fois au jeu ces personnes ont envie d aller plus loin d en faire b n ficier leur entourage imm diat Elles font donc appel au conteur Que fait le conteur dans cette gal re me direz vous Parfois il rame Mais il lui arrive aussi de faire un travail qui lui porte bonheur Je ne m tendrai pas sur les raisons qui font de nous des m daill s d or aux avirons Elles rel vent autant de l ignorance que du manque de moyens mat riels Je pr f rerai plut t retenir ici l aspect positif des choses en d veloppant les deux types d interventions pour lesquelles nous sommes sollicit s les uns et les autres en milieu scolaire Trois petits contes et puis s en vont Le conteur arrive raconte dans les classes ou dans une salle commune cantine pr au etc discute un peu avec les enseignants un tout petit peu avec les enfants et c est fini De mani re g n rale ces s ances de conte se passent relativement bien Parce que nous avons la chance de travailler avec la mati re la plus riche et la plus in puisable qui soit Mais aussi parce qu au bout de quelques ann es d exp rience nous avons appris g rer les sonneries l acoustique des salles qui r
22. ur vous arracher la gorge Une eau qui fertilise m me les pierres La terre comme en s isme se mit trembler s effilocher se d former L homme inquiet vit que ces d formations n taient que des milliers et des milliers de plantes J e d die ce r cit tous les d sempar s tous les amoureux tous les assoiff s Cette plante pousse encore dans le d sert Elle qui n a aucune importance vos yeux vous donnera tout ce que vous souhaitez Mais c est vous de la trouver de la chercher car elle est au coeur de vous M lanie LE FEL La petite grand m re le loup et la past que C est l histoire d une petite grand m re qui tait maigre comme un clou Elle vivait dans une maison accroch e la montagne Un jour sa fille l invita ses noces La petite grand m re qui voulait para tre en forme rev tit ses sept jupons ferma sa porte et partit Soudain sur le chemin elle vit devant elle un loup Petite grand m re tu fais bien de passer je cherchais justement quelqu un manger Me manger Pauvre loup Sous mes sept jupons je suis maigre comme un clou Je ne serai pour toi qu un pi tre repas Mais je vais la noce Je mangerai pendant trois jours et trois nuits et je reviendrai toute ronde et toute rose Alors tu me mangeras ettu feras un bon repas Pas b te la petite grand m re r pondit le loup J e t attends l La petite grand m re passa trois jours chez sa fille boire et manger
23. ute et de narration Quelle d brouillardise de la part de Ibrahim qui se sentant en difficult n a pas voulu c der la place Il a toutefois refus de poursuivre sans tre la hauteur de la t che Il a fait appel a son copain afin de s am nager des temps pour souffler la narration des enfants est jalonn e au d but du travail par des mots charni res qui permettent l enfant d accrocher les wagons et puis et apr s alors et puis apr s etc Petit petit quand l habitude est prise la narration volue vers une forme plus lin aire o le petit conteur saisit parfaitement le lien logique qui lie les divers pisodes Il n a plus besoin de coller les morceaux Il tient le fil au Cours des s ances de conte nous avons vu la place du conteur des enfants dont l institutrice n avait jamais entendu la voix depuis le d but de l ann e scolaire Celle ci avait eu l id e ing nieuse d utiliser un micro et un amplificateur ce qui avait d cid les plus timides M me dans les cas o l enfant dit tout simplement Il tait une fois et c est fini il est important qu il ait fait la d marche il n est absolument pas n cessaire de renouveler sans arr t son r pertoire avec les petits Ils redemandent plusieurs fois la m me histoire Ne nous privons pas du plaisir de la r p tition Nous avons gard une cassette o figurent quatre contes qui peuvent tre cout s par un non initi Nous les avons choi
24. vers l inspection est pr t Quand Mme Telautre raconte sans support crit son alibi est l acquisition du vocabulaire dans l activit langage et le r investissement dans un spectacle de marionettes ISignalons ce niveau l la confusion qui r gne dans l dition autour du terme conte qui d signe tout et rien la fois Le mot est vid de son sens mais semble commercialement porteur il tait en 1992 le th me du Salon du Livre Jeunesse de Montreuil Quel bonheur d entendre si rarement e raconte parce que j aime les histoires les enfants aussi Et pourtant en maternelle le jeu n est fort heureusement pas encore proscrit partir du CP la rentabilit imm diate devient une maladie incurable et ce jusqu la fin de la vie scolaire Et pourtant tous sans exception enseignants parents administration etc se plaignent du manque de savoir ire de nos enfants2 Et si nous commencions par la premi re tape celle du savoir dire pour les grandes et les petites personnes Etape qui passe in vitablement par un amour incurable des histoires La formation des enseignants Les enseignants expriment souvent un besoin criant de formation autour du conte du r cit etc Les instituteurs form s dans les IUFM ex Ecoles Normales ou ceux qui suivent de temps autre une formation ponctuelle offerte par les divers rectorats le conte est au programme des 6 mes ont en commun deux fa on principales de pro
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