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Politiques actives d`emploi et professionnels de l`employabilité

1. n 16 Nous avons enfin proc d l analyse des outils de travail de ces professionnels outils de communication interne et externe outils p dagogiques outils de traitement et d analyse de donn es outils de traduction de dispositifs r glementaires Une derni re phase de cl ture ou de retour sur le terrain correspond aux divers entretiens compl mentaires et contacts ponctuels pendant la phase d analyse du mat riau jusqu la phase finale de r daction du rapport Elle comprend galement la pr sentation des r sultats de l tude dans chaque quipe n 6 et l organisation d un s minaire au GIRSEF UCL r unissant chercheurs et professionnels de terrain Ce travail empirique s est nourri conjointement d observations de professionnels in situ et d entretiens compr hensifs Kaufmann 1996 de professionnels et de demandeurs d emploi Quelques principes emprunt s l ethnom thodologie ont largement guid ce travail de terrain l accountability Garfinkel 1967 le tracking Latour 1995 353 354 l indexicalit Dodier in de Fornel et al 2001 318 et le breaching Coulon 1993 74 J F Orianne Politiques actives d emploi et professionnels de l employabilit critique et clinique 61 tef 7ravail Emploi Formation n 6 2006 4 Le conseiller en accompagnement professionnel CAP du FOREM Service Public d Emploi Dans le d cret relatif au dispositif int gr d insertion socio
2. autre La lin arit de cet agencement en quatre phases n a pas t d montr e de nombreux parcours individuels de stagiaires se caract risent par des allers retours successifs entre ces diff rentes phases Dans un premier temps le travail d insertion se caract rise par une phase d apprivoisement mutuel entre le stagiaire et le professionnel et se concentre exclusivement dans un processus de stabilisation des chutes dans des zones d exp rimentation et de respect mutuel La stabilisation des chutes n cessite la production constante de diagnostics Dans un deuxi me temps le professionnel actionne des processus d int ressement coupl s des processus de traduction afin d amorcer progressivement l implication du stagiaire dans la construction de son parcours auto valuation du stagiaire et activation des facult s d autonomie Les tensions entre rapports d int ressement et d valuation observ es au FOREM sont galement pr sentes en EFT mais fortement att nu es par les pratiques d auto valuation du stagiaire C est davantage la confrontation au r el et pas forc ment la r gle administrative qui s oppose aux rapports d int ressement comme pour les conseillers en formation de Carrefour Formation La derni re phase du travail d insertion en EFT correspond au travail sur l employabilit C est ce stade uniquement que le travail social op r en amont par le professionnel de l insert
3. tences de leviers d actions et les grilles de convergences divergences de motivation Une phase de mise en uvre de strat gies d approche du march est initi e par le CAP mais nouveau celui ci n tant pas sp cialiste en la mati re il relaiera souvent vers les conseillers en recherche d emploi CRE agents sp cialis s en techniques et strat gies d approche du march de l emploi comme nous l avons vu pr c demment Tout au long de l accompagnement du demandeur d emploi ce trajet d employabilit le CAP garde des traces du suivi sur diff rents supports D une aucun cas s agir des envies ou crit res de vie de la personne in Plan Jeunes Vade mecum l attention du personnel du FOREM mise jour mai 2001 PJ guide du bon sens DR d Arlon Le conseiller en orientation professionnelle COP de FOREM Conseil est ce sp cialiste de l orientation professionnelle charg d assister ponctuellement et d orienter les demandeurs d emploi dans l laboration de leur projet professionnel mobilisant tour tour des m thodes collectives ou individualis es bilan de comp tences 12 Le conseiller en recherche d emploi CRE de FOREM Conseil est ce sp cialiste des techniques de recherche d emploi charg dans le cadre de s ances individuelles simulations d entretiens d embauche film es prospection t l phonique ou collectives table d criture de CV et lettres de motivation s ances de re motivation
4. 1995 Le mod le des MTT se propose de d passer la simple possession de capitaux mobilisables sur un march concurrentiel ici lemployabilit ne se r duit pas de simples attributs individuels dans une conception purement marchande du travail il s agit d une construction sociale employabilit interactive selon Gazier Au del des capitaux l action publique agirait au niveau des capacit s au sens de Sen des individus utiliser ces capitaux dans un contexte donn Gauti et Gazier 2003 d finissent le mod le des MTT partir d un individualisme citoyen qui s opposerait l individualisme patrimonial Le traitement clinique du ch mage se situerait un niveau interm diaire entre ces deux mod les normatifs d activation En effet pour les professionnels de l insertion en R gion wallonne l intervention de l Etat ne peut se limiter la dotation individuelle de capitaux mobilisables sur un march concurrentiel dans la mesure o si l individu souffre de troubles de l employabilit c est parce que le march du travail est malade Cette croyance se fonde sur leur propre exp rience professionnelle particuli rement chaotique et instable nous avons longuement insist sur la pr carit des statuts des professionnels de l insertion Toutefois les zones d intervention de ces professionnels ne leur permettent pas d agir directement sur le march d quiper le march comme
5. 2003 L aide au conditionnel la contrepartie dans les mesures envers les personnes sans emploi en Europe et en Am rique du Nord P IL E Peter Lang Bruxelles Elias N 1991 La soci t des individus Fayard Paris Esping Andersen G 1999 Les trois mondes de l Etat providence Essai sur le capitalisme moderne PUF Paris 1990 J F Orianne Politiques actives d emploi et professionnels de l employabilit critique et clinique 89 tef 7ravail Emploi Formation n 6 2006 Eymard Duvernay F amp Marchal E 1994 Les r gles en action entre une organisation et ses usagers Revue fran aise de sociologie XXXV pp5 36 Eymard Duvernay F amp Marchal E 1997 Fa ons de recruter Le jugement des comp tences sur le march du travail M taill Paris de Fornel M Ogien A Qu r L 2001 L ethnom thodologie Une sociologie radicale La D couverte et Syros Paris Freidson E 1984 La profession m dicale Payot Paris Gauti J 2003 Quelle troisi me voie Repenser l articulation entre march du travail et protection sociale Document de travail n 30 Centre d Etudes de l Emploi Paris Gauti J amp Gazier B 2003 Les march s transitionnels du travail quel paradigme appartiennent ils in Convention et Institution approfondissements th oriques et contributions au d bat politique colloque 12 13 d cembre 2003 Grande Arche de la D fense Paris Garfinkel H 1967
6. FOREM Les PTP sont des ch meurs complets indemnis s CCI de plus de deux ans ins r s dans un Programme de Transition Professionnelle Les demandes volontaires sont des individus qui viennent spontan ment solliciter les services du CAP demandeurs d emploi librement inscrits ind pendants travailleurs salari s Les suivis stagiaires sont des demandeurs d emploi en formation pr qualifiante ou de remise niveau chez un op rateur agr reconnu par le FOREM Lors de notre travail de terrain les CAP passaient en moyenne 80 de leur temps de travail des suivis des jeunes demandeurs d emploi dans le cadre du Plan Jeunes Plus Bien que les prescriptions ou cat gorisations r glementaires des publics laissent peu de place aux cat gorisations indig nes les CAP construisent quelques taxonomies indig nes ou typologies de relations la client le o chacun des types ou modes de relation client se caract rise par une difficult particuli re qui oriente le J F Orianne Politiques actives d emploi et professionnels de l employabilit critique et clinique 68 tef 7ravail Emploi Formation n 6 2006 travail d insertion dans une direction bien pr cise travail sur la motivation sur les techniques de recherche d emploi et formation travail sur les facult s d autonomie et de doser avec finesse le poids de chaque intervention Deux tensions fortes du m tier de CAP ont t mises en vidence
7. Studies in ethnomethodology Englewood Cliffs N J Prentice Hall Gazier B 1990 L employabilit br ve radiographie d un concept en mutation in Sociologie du travail 4 pp575 584 Gazier B 2001 L employabilit la complexit d une notion in Ouvrage collectif L employabilit de la th orie la pratique Peter Lang SA Editions scientifiques europ ennes Bruxelles 2001 Gazier B 2003 Tous sublimes Pour un nouveau plein emploi Flammarion Paris G lot D amp Nivolle P dir 2000 Les interm diaires des politiques publiques de l emploi Cahier Travail et Emploi La documentation Fran aise Paris Giddens A 1998 The third way the renewal of social democracy Polity Press London Giddens A 2000 The third way and its critics Polity Press London Gilson S para tre Le droit l int gration sociale comme premi re figure embl matique de l Etat social actif in Vielle P L Etat social actif vers un changement de paradigme P L E Peter Lang Bruxelles Hamzaoui M 2002 Le travail social territorialis Institut de Sociologie ULB ditions de l Universit de Bruxelles Bruxelles Hughes E C 1996 Le regard sociologique Editions de l Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales Paris Kaufmann 1996 L entretien compr hensif Nathan Paris Lascoumes P 1990 Normes juridiques et mises en uvre des politiques publiques in l Ann e sociologique
8. coexistence de plusieurs organisations et professionnels sur un m me territoire celui de l accueil et de l information des b n ficiaires du dispositif int gr d insertion Les professionnels de Carrefour Formation partageront ce territoire avec d autres professionnels ceux des Maisons de l Emploi et des J F Orianne Politiques actives d emploi et professionnels de l employabilit critique et clinique 69 tef 7ravail Emploi Formation n 6 2006 Espaces Ressources Emploi du FOREM et des services d accueil et d information d autres organisations partenaires Les Carrefours Formation Dans la foul e de la mise en uvre d un Parcours d insertion en R gion wallonne cinq op rateurs de formation signent le 15 Janvier 1998 une Convention cadre en vue de mettre en place et de d velopper des Carrefours Formation Ce dispositif int gre dans ses principes d action les principes g n raux de la Charte du Parcours d insertion esprit de partenariat orientation client qualit du service appui aux fili res d insertion r pondant aux besoins des personnes et du march de l emploi implication des individus dans la gestion de leurs parcours Par cette convention cadre cinq partenaires construisent une structure nouvelle une organisation au carrefour de cinq organisations concurrentes oeuvrant dans un m me territoire La convention cadre d finit deux missions sp cifiques qui inco
9. comme une administration en mutation qui se pr sente d ailleurs explicitement dans le cadre de campagnes de communication interne et externe comme une administration qui passe l action L impl mentation de politiques actives transforme en profondeur les cadres organisationnels et la mission d accompagnement des demandeurs d emploi s est progressivement substitu e l ancienne fonction de placement En 1993 le Plan d Accompagnement des Ch meurs PAC constitue une premi re tape cl dans la transformation des pratiques professionnelles et des logiques d action la logique de l accompagnement est introduite En 1995 les Bureaux de Placement se divisent en deux services distincts les services GO Gestion des offres et GDE Gestion des demandeurs d emploi C est l tape du Placement Nouveau En 1997 le FOREM fait appel un consultant priv pour conceptualiser son orientation client Apr s avoir r alis un diagnostic de la situation du FOREM en 1997 Arthur Andersen projette le FOREM l horizon 2005 et propose un Plan strat gique qui permettrait d atteindre une projection id ale Dans un premier temps la concr tisation des actions strat giques prend la forme de Chantiers Exp rimentaux au sein de diff rents sites pilotes Dans un second temps 2002 2003 le FOREM tend le processus des Chantiers Exp rimentaux l ensemble de l organisatio
10. contractuelles avec les b n ficiaires de ces politiques avec l ensemble des partenaires de l insertion socioprofessionnelle avec les entreprises J F Orianne Politiques actives d emploi et professionnels de l employabilit critique et clinique 56 tef 7ravail Emploi Formation n 6 2006 Si l action publique se transforme radicalement par un triple mouvement de contractualisation d individualisation et de territorialisation elle ne peut d s lors se r v ler s analyser que dans ses formes locales d accomplissement pratique Notre analyse est centr e sur le travail local les outils les adaptations techniques ou thiques par lesquelles des organisations et des professionnels arrivent concr tiser les nouvelles orientations des politiques d emploi dont on r sume la nouvelle teneur en parlant d activation de l Etat social Elle contribue au d veloppement d une pragmatique de l action publique Lascoumes 1990 Dodier 1993 Weller 1999 tant principalement focalis e sur le travail de professionnels que l on a tendance regrouper sous le vocable d interm diaires des politiques publiques ou du march du travail C E E 1995 Meyer 1998 G lot et Nivolle 2000 Badan et al 2003 qui construisent et mettent en uvre les politiques actives de l emploi en Belgique 2 La mise en oeuvre des politiques actives d emploi interm diaires ou professionnels Pour saisir la constructi
11. d assister les demandeurs d emploi dans leur travail d apprentissage ou de ma trise de diff rentes techniques de recherche d emploi J F Orianne Politiques actives d emploi et professionnels de l employabilit critique et clinique 67 tef 7ravail Emploi Formation n 6 2006 part il constitue un dossier support papier contenant le formulaire A36 d inscription compl t par le CDA la convention d insertion qui contractualise l accompagnement formulaire CAPJ la grille de pr rep rage en 4 axes une note m mo portant la mention notre expertise ne consiste pas trouver une solution rapide des notes manuscrites personnelles prises par l agent lors des diff rents entretiens de suivi d ventuels CV du demandeur d emploi r alis s aux Tables de l emploi D autre part le CAP encode chacune de ses interventions dans la base ERASME support informatique L accompagnement du demandeur d emploi se cl ture par un rapport transmis ONEM Qui sont ces individus que doivent suivre les CAP L administration centrale du FOREM charge les CAP de suivre quatre types de publics dans le cadre de leur parcours d insertion contractualis les PJ les PTP les demandes volontaires et les suivis stagiaires Chacune de ces cat gories indig nes renvoie des cat gories institutionnelles de publics cible Les PJ sont des jeunes de moins de 25 ans qui entrent dans le Plan Jeunes Plus du
12. employabilit critique et clinique 84 tef 7ravail Emploi Formation n 6 2006 Dans le cadre de dispositifs contraignants d accompagnement de ch meurs la construction des troubles de l employabilit l organisation de l exp rience de ces troubles et la socialisation au r le de malade fondent la l gitimit professionnelle de l agent rendant ainsi praticable la responsabilisation du ch meur Mais pour le professionnel d insertion construire des troubles de l employabilit ce n est pas uniquement cr er un besoin qu il sert pour fonder sa l gitimit c est galement se mettre et mettre le demandeur d emploi labri du regard ext rieur d valuations externes qui tendraient nier la l gitimit du travail accompli La professionnalisation est bien une strat gie politique visant exercer sur son propre travail un contr le l gitimement reconnu C est ainsi que les professionnels de l insertion en R gion wallonne se construisent une marge de man uvre une libert d action par rapport aux pouvoirs publics qui tendraient privil gier une conception purement marchande de l employabilit les machines trier cfr Gazier 2003 et pratiquer une politique d indicateurs Salais para tre avide de performances statistiques tra abilit ratios taux d insertion Selon leur expression il s agit pour ces professionnels de premi re ligne de se positionner avec un peu d human
13. et clinique 71 tef 7ravail Emploi Formation n 6 2006 diff rents l accueil en salle de documentation dans l espace ouvert travail en flux continu g n ralement debout l entretien conseil un bureau relation de face face travail sur rendez vous les s ances d information collective animations de groupes programm es gestion des dynamiques collectives Le premier accueil dans l espace ouvert s effectue g n ralement debout L agent se pr sente pr sente bri vement Carrefour Formation le service de documentation l offre de formation class e en 20 domaines les ordinateurs et photocopieuses disposition du public le service d entretien conseil et les s ances d information collective programm es Souvent l agent sera amen pr ciser que Carrefour Formation ce n est pas le FOREM ni l ONEM qu il ne s agit pas non plus d un centre de formation mais d un centre de documentation et de conseil sur les formations Ces premi res balises tant pos es l agent sort les dossiers correspondant la demande de l usager et s assied avec lui une table L agent essaye de d coder la demande de l usager ou le cas ch ant de faire merger cette demande ou de la retraduire L agent parcourt les dossiers et en fonction du degr d autonomie de l usager explique le contenu des dossiers la table des mati res les informations sur les m tiers les informations sur les formations Ensuite
14. le sugg re Gazier D s lors l orientation interm diaire certes moins ambitieuse que le mod le des march s transitionnels consiste d connecter radicalement le travail sur l employabilit de J F Orianne Politiques actives d emploi et professionnels de l employabilit critique et clinique 87 tef 7ravail Emploi Formation n 6 2006 la mise l emploi on n est pas l pour parler en termes de solutions La recherche active d emploi se construit comme une carri re Le travail sur soi prend le masque de l emploi J F Orianne Politiques actives d emploi et professionnels de l employabilit critique et clinique 88 tef 7ravail Emploi Formation n 6 2006 Bibliographie Badan P Bonvin J M amp Moachon E 2003 Le r le des acteurs locaux dans les nouvelles politiques de l emploi in La transformation du ch mage en Suisse acteurs enjeux solutions conf rence Gen ve 5 6 d cembre 2003 Barbier J C amp Gauti J 1998 Les politiques de l emploi en Europe et aux Etats Unis PUF Centres d Etudes de l Emploi Paris Becker H S 1995 Outsiders Etudes de sociologie de la d viance M taill Paris Beck U 2001 La soci t du risque Sur la voie d une autre modernit Aubier Paris Boissonnat J 1995 Le travail dans vingt ans Rapport au Commissariat au Plan Editions Odile Jacob La Documentation fran aise Paris Bonvin J M amp Burnay N 2000 Le tour
15. loign e de la quotidiennet de leur travail d autre part ils se r f rent leur hi rarchie directe interne Carrefour Formation leur gestionnaire Carrefour le Comit d accompagnement le P le d appui Aucune voie hi rarchique ne prime sur l autre a priori Toutefois ces deux voies hi rarchiques seront tour 16 Le terme indig ne n est utilis ici sans aucune connotation p jorative il sert d signer le local et les productions territorialis es des acteurs de terrain J F Orianne Politiques actives d emploi et professionnels de l employabilit critique et clinique 74 tef 7ravail Emploi Formation n 6 2006 tour mobilis es par les professionnels de Carrefour Formation dans le cadre de situations de travail tr s concr tes afin de justifier ou l gitimer une action Le caract re hybride de cette structure multipartenariale nous est galement apparu comme un questionnement permanent sur l identit collective Invariablement les agents que nous avons rencontr s se sont pr sent s avant tout comme des agents Carrefour Formation et non comme des agents du FOREM de l AWIPH des EFT OISP de la Promotion Sociale ou de l IFPME Cette conscience collective forte traduit plusieurs ann es de construction d une identit Carrefour Formation op r e par les acteurs de terrain Elle r v le un travail de d cloisonnement organisationnel op r par les professionnels Mais cette
16. ne constitue une maladie que lorsqu elle est construite comme d viance sociale Cette th se s appuie explicitement sur l approche situationnelle de la d viance d fendue par Becker 1985 Si les m decins construisent des maladies ou les professionnels de l insertion construisent des troubles de l employabilit c est par instinct de survie pour qu une profession consultante puisse mettre en pratique ses id es sur la maladie exercer son pouvoir il faut imp rativement que les profanes se rendent compte qu ils sont malades et s en remettent leurs soins si l on en croit Freidson En clair les membres des professions ne se bornent pas offrir un service mais ils d finissent les besoins m me qu ils servent Hughes 1996 131 Freidson nous apprend que la profession est une organisation politique en qu te de l gitimit vis vis du public d autonomie professionnelle vis vis de l Etat et de monopolisation vis vis de la concurrence Le savoir professionnel sot rique sur lequel repose la construction des troubles de l employabilit permet aux groupes professionnels en pr sence de construire cette l gitimit vis vis de leur public ainsi qu une certaine autonomie vis vis de l Etat qui les mandate il permet galement de faire face la concurrence interprofessionnelle 23 Antonin Artaud Ali nation et magie noire 1946 J F Orianne Politiques actives d emploi et professionnels de l
17. pp 43 71 Latour B 1995 La science en action Folio essais Paris Maroy C 1988 Formation Professionnelle et Professionnels de la Formation Th se de doctorat Universit Catholique de Louvain D partement de sociologie J F Orianne Politiques actives d emploi et professionnels de l employabilit critique et clinique 90 tef 7ravail Emploi Formation n 6 2006 Maroy C 2000 Une typologie des r f rentiels d action publique en mati re de formation en Europe in Recherches Sociologiques 2000 2 Belgique 2000 pp45 59 Maroy C amp Van Haeperen B 2001 Isomorphisme institutionnel et construction du champ de l insertion en Wallonie un processus inachev Communication au colloque du CEREQ La d centralisation de la formation professionnelle en France quels changements dans la continuit de l action publique Grenoble 4 et 5 octobre 2001 Meyer J L 1998 Interm diaires de l emploi et march du travail in Sociologie du travail n 3 98 pp345 364 Morel S 2000 Les logiques de la r ciprocit Les transformations de la relation d assistance aux tats Unis et en France Paris Presses universitaires de France Orianne J F Maroy C Moulaert T Vandenberghe V Waltenberg F 2004 Mises en uvre locales des formules d activation des politiques d emploi Academia Press Gent Salais R para tre La politique des indicateurs Du taux de ch mage au taux d emploi da
18. sociale ERE Espace ressources emploi FOREM Office de la formation professionnelle et de l emploi FTU Fondation travail universit GDE Gestionnaire des demandeurs d emploi GIRSEF Groupe interfacultaire de recherche sur les syst mes d ducation et de formation GO Gestionnaire d offres d emploi IFPME Institut de formation des petites et moyennes entreprises MIRE Mission r gionale MTT March s transitionnels du travail OISP Organisme d insertion socioprofessionnelle OIT Organisation internationale du travail ONEM Office national de l emploi PAC Plan d accompagnement des ch meurs PI Parcours d insertion PJ Plan Jeunes Plus PTP Programme de transition professionnelle ROME R pertoire op rationnel des m tiers ANPE SES Services des tudes et de la statistique de la R gion wallonne SPE Service public d emploi J F Orianne Politiques actives d emploi et professionnels de l employabilit critique et clinique 92
19. 6 relativement distincts pas directement apparents coexistent dans une EFT un profil de directeur des visionnaires devenus gestionnaires des travailleurs sociaux qui se d finissent comme des polyvalents de service et des formateurs tr s g n ralistes Les Entreprises de Formation par le Travail Constitu es sous forme d ASBL loi du 27 juin 1921 ou d velopp es par des CPAS loi organique du 8 juillet 1976 les Entreprises de Formation par le Travail EFT proposent des formations d une dur e maximale de 18 mois pour des stagiaires faiblement qualifi s Ces actions de formation se caract risent par une p dagogie sp cifique alliant formation th orique travail productif et accompagnement psychosocial Le secteur des EFT OISP se compose de cinq f d rations qui r unissent les diff rents centres tout en respectant les options philosophiques p dagogiques et conomiques de chacun une interf d ration rassemble les cinq f d rations et assure un r le d interlocuteur unique aupr s des pouvoirs publics Dans le d cret relatif l agr ment et au subventionnement des EFT OISP 01 04 2004 le Gouvernement wallon d finit diff rents objectifs g n raux pr parer l insertion socioprofessionnelle favoriser l galit des chances et d autres objectifs interm diaires autonomie sociale citoyennet projets professionnels acc s la formation qualifiante En proc dant
20. Professionnels tous crins Politiques actives d emploi et professionnels de l employabilit critique et clinique Orianne J F GIRSEF Universit Catholique de Louvain Introduction On ne peut saisir le sens et appr cier les effets des politiques d emploi sans proc der une analyse mol culaire de l action des professionnels charg s de mettre en uvre ces politiques Nous nous int ressons particuli rement aux politiques dites actives qui visent accro tre l employabilit ou capacit d insertion socioprofessionnelle des demandeurs d emploi Le d veloppement de ces politiques s accompagne de transformations organisationnelles et professionnelles dans le champ de l insertion en r gion wallonne de nouveaux professionnels mergent dans de nouveaux cadres organisationnels La finalit de leur travail vise moins directement la mise l emploi comme le faisait anciennement le placeur qu un travail sur l employabilit du demandeur d emploi le travail d insertion consiste motiver int resser l individu se mettre au travail au travail sur lui m me Cette communication s appuie sur une recherche men e au GIRSEF UCL au cours de laquelle nous avons suivi dans la quotidiennet de leur travail une cinquantaine de professionnels de l insertion en R gion wallonne issus du Service 1 Cette recherche a b n fici d un financement de la Politique scientifique f d rale d
21. a seule tenable viable sur un plan moral pour ces professionnels de premi re ligne En effet les professionnels de l insertion n ayant de pouvoir d action ni au niveau de la cr ation d emploi ni au niveau de l acc s l emploi c est un autre niveau que doit se situer leur intervention n tant pas responsables de l emploi ou du non emploi des individus ils responsabilisent les individus travailler leur employabilit leur capacit trouver un emploi Pour amener le demandeur d emploi op rer ce travail sur lui m me le professionnel dose habilement des rapports d int ressement et des rapports d valuation Eymard Duvernay amp Marchal 1994 cette double composante du travail d insertion l aide et le contr le est li e la nature du mandat politique l activation d individus Mais comment ces professionnels parviennent ils effectivement dans le cadre de dispositifs contraignants d accompagnement de demandeurs d emploi int resser l individu qui cherche un emploi se mettre au travail sur lui m me L horizontalit ou continuit des arrangements pragmatiques ne suffit pas expliquer ce miracle Les travaux de Divay 1996 et de Demazi re 2003 mettent en vidence la dimension magique du traitement individualis du ch mage insistant sur l autorit charismatique du conseiller en recherche d emploi sur la puissance symbolique que recouvrent ses gestes sa voix ses techniques sa co
22. abilement possible rapports d int ressement et 8 Le conseiller en d marches administratives CDA de FOREM Conseil est ce sp cialiste des droits sociaux et des proc dures administratives charg d inscrire les demandeurs d emploi et d orienter toute personne concern e par une probl matique d emploi et confront e des questions d ordre administratif pouvant s av rer tr s complexes J F Orianne Politiques actives d emploi et professionnels de l employabilit critique et clinique 65 tef 7ravail Emploi Formation n 6 2006 rapports d valuation D une part l agent proc de au contr le d un certain nombre de param tres et d actions inscription CV soci t d int rim permis de conduire t che indispensable pour caract riser la situation du demandeur d emploi pour poser un diagnostic d autre part il essaie d amorcer une relation de confiance t che indispensable pour tenter d int resser le demandeur d emploi s impliquer dans un travail sur sa propre employabilit Le CAP est charg de d finir les tapes franchir par le particulier au long de son trajet d employabilit en fonction de sa demande initiale et des enseignements du pr rep rage Le CAP approfondit l analyse des besoins du demandeur d emploi convient avec lui d une hi rarchisation des besoins et d finit un plan d action Il est clairement attendu du CAP qu il motive l action Pour ce faire le CAP doi
23. as d effectivit automatique elle sont toujours mobilis es elles constituent des ressources de coordination Eymard Duvernay et Marchal 1994 des appuis conventionnels de l action Dodier 1993 et non des d terminants rigides Cette approche conventionnaliste ou pragmatique empreinte d ethnom thodologie permet de relier les dimensions thique et politique des acteurs aux processus de rationalisation l uvre dans la construction des politiques publiques mais galement dans l organisation du travail ou la formation des march s La notion d interm diaire centrale dans cette approche permet de rendre compte de la formation d un collectif par des relations de proche en proche des dispositifs et en particulier des objets permettent de faire circuler des points de vue leur donnant de la solidit Eymard Duvernay et Marchal 1997 37 L interm diaire du march du travail ou des politiques publiques se d finit ainsi de mani re minimale voire tautologique par sa fonction d interm diation l interm diaire est un entremetteur son action vise mettre les individus en relation Plusieurs tudes d j cit es mettent l accent sur la caract re non simultan de cette relation d interm diation dans la mesure o elle s exprime la plupart du temps dans des interactions de face face Malgr les apports incontestables de cette approche diverses questions restent toutefois en suspens Comm
24. comme une alternative r aliste au mod le inaccessible des March s Transitionnels du Travail MTT qui impliquerait dans le chef des professionnels de l insertion d agir sur le march du travail d quiper le march du travail pour les individus 1 L activation des politiques d emploi L activation des politiques d emploi rev t une double signification 1 activer les d penses de l Etat afin d assurer une gestion proactive des risques sociaux 2 activer les individus concern s par ces d penses d une part les b n ficiaires et d autre part les professionnels charg s de mettre en uvre ces politiques L nonc des politiques actives de l emploi se structure autour de notions hautement normatives comme celles d employabilit et de partenariat L employabilit renvoie l activation des b n ficiaires des politiques actives de l emploi qui deviennent d sormais responsables de leur capacit d insertion socioprofessionnelle Gazier 2001 Le concept met en avant deux l ments insistance sur la mobilisation personnelle du demandeur d emploi et importance du niveau local comme lieu privil gi de l action des politiques actives d emploi Dubar 2000 Le partenariat renvoie l activation des professionnels charg s de mettre en uvre ces politiques actives de l emploi qui deviennent responsables de la qualit des services rendus dans le cadre du Parcours d insertion en R gion wallo
25. de J F Orianne Politiques actives d emploi et professionnels de l employabilit critique et clinique 59 tef 7ravail Emploi Formation n 6 2006 Demazi re 2003 nous invitent penser le traitement du ch mage entre l horizontalit des arrangements pragmatiques d agents continuit des cat gorisations et la verticalit des processus de socialisation discontinuit ou contigu t des cat gorisations de ch meurs et de groupes professionnels l oeuvre dans ce champ 3 Le travail de terrain Notre travail de terrain s est d roul en R gion wallonne de Belgique entre mars 2001 et juin 2003 principalement dans les sous r gions de Li ge contexte urbain et d Arlon Luxembourg contexte rural Nous y avons suivi dans la quotidiennet de leur travail une cinquantaine de professionnels de l insertion issus de diverses organisations du dispositif int gr d insertion Dans chaque sous r gion nous avons privil gi trois entr es organisation nelles contrast es le Service Public d Emploi FOREM des structures multi partenariales Carrefours Formation et des associations uvrant dans le champ de l insertion Entreprises de Formation par le Travail Nous nous sommes principalement centr s sur trois groupes professionnels gt les conseillers en accompagnement professionnels du FOREM gt les conseillers en formation des Carrefours Formation gt les travailleurs sociaux des Entreprise
26. de la sorte le Gouvernement wallon affirme implicitement le caract re lin aire du dispositif int gr d insertion en inscrivant ou en enfermant le secteur associatif des EFT OISP dans une phase de pr qualification de pr paration des stagiaires la formation qualifiante Si ces professionnels d finissent leur m tier par les composantes paradoxales inh rentes son exercice c est sans doute parce que leur activit professionnelle se situe juste l intersection de l conomique du p dagogique et du travail social La production non rentable permet d quilibrer les tensions au sein de l EFT entre des int r ts contradictoires mais par l m me la rend totalement d pendante des subsides 18 AID ALEAP CAIPS ACFI et Lire et Ecrire J F Orianne Politiques actives d emploi et professionnels de l employabilit critique et clinique 76 tef 7ravail Emploi Formation n 6 2006 Etre rentable moi a me pose question en disant mais o est la limite entre une Entreprise d Insertion et une EFT Et s il faut absolument tre rentable quelle place on laisse effectivement aux stagiaires Parce que d apr s ce que je vois en tout cas aussi bien dans le secteur b timent que dans le secteur HORECA nous autres pour faire fonctionner un restaurant en 2h1 2 par jour il nous faut 8h au sinon on n y arrive pas 8h de pr paration de repas Dans le b timent m me chose si on veut laisser un stagiai
27. e Belgique dans le cadre du Programme de recherche pluriannuel concernant les probl mes actuels en mati re de coh sion sociale Elle a b n fici galement d une intense collaboration pendant plus de deux ans avec une cinquantaine de professionnels de l insertion en R gion wallonne dans les sous r gions de Li ge et d Arlon Luxembourg Lire ce propos Orianne et al 2004 Tef Travail Emploi Formation 6 2006 pp 53 92 tef 7ravail Emploi Formation n 6 2006 Public d Emploi SPE du secteur associatif et de nouvelles structures multi partenariales Nous nous sommes principalement centr s sur trois groupes professionnels relativement contrast s qui pr sentent n anmoins bon nombre de caract ristiques communes les conseillers en accompagnement professionnels du FOREM les conseillers en formation des Carrefours Formation et les travailleurs sociaux des Entreprises de Formation par le Travail Apr s avoir pr sent chacun des trois groupes analys s nous montrerons que ces professionnels du travail sur autrui Dubet 2002 travail qui consiste mettre autrui au travail sur lui m me orientent le traitement du ch mage dans une voie r solument clinique la l gitimit de leur intervention vis vis du public repose sur leur capacit collective traduire de la souffrance en troubles de l employabilit Nous tenterons de situer les pratiques observ es en R gion wallonne en regard d
28. e CAP se d finit comme un g n raliste de l employabilit dont la t che principale est d accompagner des individus qui travaillent leur employabilit En pratique ce travail d accompagnement n cessite de prendre en compte diff rents troubles de l employabilit de les analyser d en relever la symptomatologie de les diagnostiquer dans une approche globale de l individu et de renvoyer ces individus des sp cialistes comp tents Les modes op ratoires m thode de travail contr le des op rations des CAP sont principalement d finis par des r glements plus exactement par des cha nes t lescopiques de traduction de r glements Ces modes op ratoires s acqui rent 7 Convention 181 de l O ILT adopt e le 19 juin 1997 Lors de la s ance du 14 mars 2002 le Gouvernement wallon a adopt en premi re lecture l avant projet de d cret portant assentiment la Convention 181 concernant les agences d emploi priv es J F Orianne Politiques actives d emploi et professionnels de l employabilit critique et clinique 64 tef 7ravail Emploi Formation n 6 2006 dans la pratique et dans le cadre de formations programm es par l administration centrale du FOREM Le travail d accompagnement est structur en huit tapes 1 l accueil 2 le pr rep rage 3 l analyse approfondie de la demande 4 le rep rage des comp tences et leviers d action 5 l analyse des motivations professionnelles 6 la co c
29. e deux mod les normatifs d activation relativement contrast s la Troisi me Voie de Giddens et le mod le alternatif des March s Transitionnels du Travail MTT de Gazier et Schmidt Il nous semble que le traitement clinique du ch mage r sulte d un positionnement critique des professionnels de l insertion en R gion wallonne l gard des politiques qu ils mettent en uvre Tout d abord le traitement clinique du ch mage appara t comme une critique au traitement statistique du ch mage les professionnels de l employabilit construisent leur m tier et le sens de leur travail en opposition une politique d indicateurs Salais para tre avide de performances statistiques taux d insertion ratios tra abilit qui nierait la l gitimit de leur action nous on ne fait pas du quantitatif on fait du qualitatif ne cessent de r p ter ces professionnels Ensuite ce traitement clinique se construit manifestement en rupture par rapport la Third Way de Giddens et plus pr cis ment la conception purement marchande de l employabilit que v hicule ce mod le normatif sur un plan thique les professionnels de l employabilit ne peuvent se r soudre produire des machines trier les ch meurs Enfin ce traitement clinique J F Orianne Politiques actives d emploi et professionnels de l employabilit critique et clinique 54 tef 7ravail Emploi Formation n 6 2006 appara t
30. ent se construisent s actualisent se transforment les appuis conventionnels de l action Comment sont ils appropri s collectivement Comment expliquer le recours telle ou telle forme de coordination Comment saisir ces interm diaires dans leurs dimensions collectives L action des interm diaires ne se limite pas aux relations de face face avec un usager un client un employeur La seule analyse de ces cadres d interaction tendrait occulter le r le de ces acteurs dans la construction collective de ressources de coordination normes mod les de justice d outils et de techniques sp cifiques En J F Orianne Politiques actives d emploi et professionnels de l employabilit critique et clinique 58 tef 7ravail Emploi Formation n 6 2006 coulisses derri re la sc ne des interactions de face face avec le public ces agents uvrent la professionnalisation de leur m tier La sociologie des professions permet de penser les dimensions collectives de ces individus prenant au s rieux la professionnalisation de ces m tiers qui mergent de transformations de l action publique et du march du travail On a beaucoup insist sur la pr carit ou l absence de statut des interm diaires sur l inexistence de titres professionnels sur leur isolement Il n existe toutefois pas de point z ro la professionnalisation d un m tier D s lors quel que soit le stade de professionnalisation atteint par ces group
31. ercer et le d veloppement d un savoir sot rique constituent deux composantes essentielles de l organisation professionnelle cette organisation politique d un groupe qui se bat pour sa survie Si l on s en r f re Hughes on peut dire qu un m tier existe lorsqu un groupe de gens s est fait reconna tre la licence exclusive d exercer certaines activit s en change d argent de biens ou de services Ceux qui disposent de cette licence s ils ont le sens de la solidarit et de leur propre position revendiqueront un mandat pour d finir les comportements que devraient adopter les autres personnes l gard de tout ce qui touche leur travail Licence et mandat constituent les manifestations premi res de la division morale du travail c est dire des processus de r partition des diff rentes fonctions morales entre les membres de la soci t individus ou cat gories d individus Hughes 1996 99 100 Entre 2001 et 2004 le Gouvernement wallon a proc d une reconfiguration compl te du champ de l insertion socioprofessionnelle et une r organisation substantielle de la gestion du march du travail Durant cette p riode les professionnels de l insertion en R gion 2 L intense activit d cr tale traduit une volont politique forte de conf rer un statut l gal au Parcours d insertion et de repositionner chaque acteur chaque organisation chaque public cible dans un dispositif nouveau d cr
32. es professionnels le processus par lequel ils tendent transformer leur m tier occupation en profession tablie profession est en marche et digne d int r t Il nous semble indispensable de faire appara tre ces entremetteurs isol s face aux incertitudes des situations comme un collectif qui se bat pour sa survie en qu te de l gitimit vis vis d un public de monopolisation vis vis de la concurrence et d autonomie vis vis de l Etat Freidson 1984 La sociologie des professions offre des outils indispensables l analyse du travail en coulisse qui consiste construire un m tier stabiliser un territoire construire des outils sp cifiques un langage commun des valeurs une identit collective Le risque pour nous d opter exclusivement pour cette d marche centr e sur le travail g n ral de tout groupe professionnel qui consiste construire son m tier en profession tablie serait d vacuer l analyse du travail sp cifique de ces groupes Si l on en croit Florent Champy 2004 cette d rive n aurait pas pargn la sociologie fran aise des groupes professionnels victime d un nominalisme radical d une distance critique asym trique l gard du discours des acteurs et d un relativisme intenable La compl mentarit de ces deux approches th oriques par les agents et par les professionnels se justifie dans un souci de fransversalit Les travaux r cents
33. es transformations des syst mes d assistance en France et aux Etats Unis L analyse comparative de Dufour et al 2003 confirme cette tendance g n rale la contrepartie dans les mesures envers les personnes sans emploi Ces transformations de l intervention publique s analysent galement en termes d individualisation des politiques sociales en particulier des politiques d emploi et de formation Demazi re 1995 Maroy 2000 Gazier 2003 Cette lecture met l accent sur les processus de transformation de responsabilit s collectives en responsabilit s individuelles face aux risques sociaux et s inscrit dans le cadre plus g n ral de la probl matique liassienne des transformations de l quilibre nous je Elias 1991 C est ainsi que Beck rend compte de processus d individualisation des risques sociaux dans la phase actuelle du processus de civilisation dans ce contexte vivre sa vie cela quivaut r soudre sur le plan biographique les contradictions du syst me Beck 2001 293 Comme les politiques actives ciblent des individus dans leur contexte l individualisation va de pair avec une territorialisation des politiques publiques une gestion locale des probl mes sociaux Castel 1995 Hamzaoui 2002 Bonvin amp Burnay 2002 Les agents locaux charg s de mettre en uvre les politiques actives d emploi se voient en ce sens confier une plus grande marge de man uvre dans la gestion des relations
34. esquels il travaille au caract re fluide et non stabilis de l information qu il traite au cadre organisationnel tr s particulier dans lequel il volue En effet Carrefour Formation multi op rateur se pr sente comme une organisation hybride l extr me au carrefour de cinq op rateurs de formation qui tient ensemble d une part gr ce un travail de d cloisonnement organisationnel fort op r par les acteurs de terrain et d autre part au moyen de proc d s organisationnels d indivision sociale du travail D s lors le m tier qu exercent ces professionnels se situe galement au carrefour de diff rents m tiers l expert en formation le psychologue le documentaliste et l agent de r seau La polycomp tence appara t galement comme une constante dans le champ de l insertion polycomp tence des g n ralistes et des sp cialistes Si le travail et les modes op ratoires des CAP du FOREM sont principalement d finis par des r gles ou cha nes t lescopiques de traductions de r gles les modes op ratoires des professionnels de Carrefour Formation sont plut t d finis par les espaces de travail ou plus exactement par les codes de chaque espace de travail qui tendent standardiser les pratiques et les comportements Le travail de l animateur p dagogique avec le public s op re dans trois cadres d interaction tr s J F Orianne Politiques actives d emploi et professionnels de l employabilit critique
35. ets et avant projets de d crets relatifs l organisation et la gestion du march du travail l avant projet de d cret relatif au dispositif int gr d insertion socioprofessionnelle l avant projet de d cret relatif l agr ment et au J F Orianne Politiques actives d emploi et professionnels de l employabilit critique et clinique 80 tef 7ravail Emploi Formation n 6 2006 wallonne ont assist aux diff rentes phases d laboration de d crets manant du Gouvernement wallon qui constituent depuis 2004 pour diff rents groupes la licence l gitimant l exercice de leur activit professionnelle Sur base de cette licence officielle l organisation professionnelle se construit un mandat qui stabilise le territoire professionnel et limite la concurrence interprofessionnelle Dubar amp Tripier 1998 104 Les groupes professionnels observ s mergent tous de nouvelles politiques dans de nouveaux cadres organisationnels L apparition de politiques actives d emploi et le co financement europ en de ces politiques en Belgique de nouvelles sources de financement li es de nouveaux mod les techniques et normatifs a fortement contribu au d veloppement du champ de l insertion en R gion wallonne cr ation de nouvelles organisations comme les Carrefours Formation cr s en 1996 et les Entreprises de Formation par le Travail reconnues officiellement en 1995 et modernisation du Service Public d Emploi audits de con
36. forte identit collective Carrefour s arr te g n ralement lorsque les acteurs de terrain sont confront s des principes de r alit contrats d emploi salaires cong s financement des Carrefours Formation La coexistence de principes d action logique de partenariat et de principes de r alit entretient une double construction identitaire 6 Le professionnel en Entreprise de Formation par le Travail EFT secteur associatif Dans le d cret relatif au dispositif int gr d insertion socioprofessionnelle le Gouvernement wallon nomme sp cifiquement huit op rateurs de formation et d insertion faisant partie int grante du dispositif dont les EFT Le professionnel dune EFT exerce un m tier de g n raliste pour un public sp cialis un m tier de g n raliste dans le sens o il dispense une formation tr s g n rale pour public sp cialis dans la mesure o m me le Gouvernement wallon a bien du mal le d finir simplement ce public dont personne ne veut ces individus qui pr sentent les plus s rieux troubles de l employabilit Trois profils 17 Le FOREM les EFT OISP les MIRE les centres de validation de comp tences les centres de formation de l IFPME les centres de formation de l AWIPH la Promotion sociale et les CEFA J F Orianne Politiques actives d emploi et professionnels de l employabilit critique et clinique 75 tef 7ravail Emploi Formation n 6 200
37. gie ou croyance collective s agit il Ce que notre travail tente de montrer cest que la magie repose sur un savoir sot rique que d tient et d veloppe la profession une capacit collective technique et morale transformer traduire de la souffrance en troubles de l employabilit Ces pratiques s alimentent d une croyance commune en l existence de troubles individuels de l employabilit ind pendante de leur construction sociale comme en t moigne cet extrait Est ce que a se dessine clairement pour toi la sp cificit du CAP dans l ensemble de cette structure C est un peu le m decin g n raliste qui va renvoyer des sp cialistes Tu sais c est vraiment rattach au corps m dical je trouve que l image n est pas si mauvaise que a Donc on va faire tout un travail de visualisation de relev de tout enfin si on parle le langage m dical le relev de toute la symptomatologie qui nous permet d tablir terme un diagnostic Conseiller en Accompagnement Professionnel FOREM de Libramont Les travaux de Freidson 1984 nous permettent d analyser ce travail apparemment neutre de pose de diagnostics caract ristique principale d une profession consultante qu op rent g n ralistes et sp cialistes de l employabilit comme un travail positif de construction de troubles de l employabilit L mergence d une profession consultante dans le c
38. hamp de l insertion comme accomplissement pratique de politiques actives oriente le traitement du ch mage dans une voie r solument clinique 22 est int ressant sur ce point de rappeler la filiation du concept d employabilit au champ de la clinique sociale Gazier 2003 J F Orianne Politiques actives d emploi et professionnels de l employabilit critique et clinique 83 tef 7ravail Emploi Formation n 6 2006 La th se selon laquelle les maladies sont des inventions des cat gories construites par un corps professionnel et les malades les produits d institutions sociales n est pas r cente En 1946 apr s neuf ans d internement en asile psychiatrique Antonin Artaud nous rappelait d j que s il ny avait pas eu de m decins il n y aurait jamais eu de malades Cette th se a t largement d velopp e par la seconde g n ration de sociologues de l cole de Chicago Hughes Becker Freidson Goffman En France les travaux de Foucault et de Deleuze amp Guattari ont largement contribu son essor Pour Hughes 1996 par exemple il est clair que si les douleurs et les plaintes sont le lot de l esp ce humaine les maladies quant elles sont bien des inventions dans la mesure o elles proc dent d une d finition des conditions et des situations Telle est galement la th se de Freidson op cit relative la construction sociale de la maladie la d viance biologique
39. ion peut se connecter un travail d insertion stricto sensu comme un travail sur l employabilit du stagiaire autrement dit travailler les comportements professionnels sur base du travail op r en amont sur les comportements sociaux de base travailler l exp rience professionnelle sur chantier en entreprise seul dans un v hicule sur base du travail op r en amont sur l exp rience relationnelle espaces de respect mutuel 19 Dans les deux EFT que nous avons investigu es les stagiaires des fili res b timent participent la construction des b timents de l EFT Plus globalement les stagiaires participent la production de richesses m me non rentable qui permet l octroi de subsides J F Orianne Politiques actives d emploi et professionnels de l employabilit critique et clinique 79 tef 7ravail Emploi Formation n 6 2006 travailler les techniques de recherche d emploi sur base du travail op r en amont sur la recherche active de soi 7 Profession consultante et traitement clinique du ch mage Apr s avoir pr sent chacun de ces trois groupes professionnels relativement contrast s nous souhaiterions nous attarder un instant sur la professionnalisation de ces m tiers La professionnalisation d signe comme nous l avons d j voqu le processus historique par lequel un groupe professionnel tend construire son m tier en profession tablie L autorisation l gale ou officielle d ex
40. ique des formules d activation dans le champ des politiques d emploi on s aper oit que deux mod les normatifs d activation relativement contrast s coexistent aujourd hui un mod le anglo saxon qui privil gie une approche par les capitaux et un mod le franco allemand qui tendrait privil gier une approche par les capacit s Sen 2000 De quel c t se situerait le traitement clinique du ch mage observ en R gion wallonne Rappelons que la troisi me voie lib rale propos e par Giddens 2002 se fonde sur une conception rawisienne de la justice dans ce mod le le r le de l Etat doit tre de fournir aux individus des capitaux des assets leur permettant d agir dans une soci t in galitaire L Etat se pr sente comme grand investisseur en capital humain et l individu appara t comme un petit propri taire d territorialis entrepreneur de lui m me A l Etat providence passif simplement protecteur se substitue un Etat providence patrimonial Gauti 2003 L approche en termes de march transitionnel du travail MTT introduite par Gunther Schmid en 1995 est pr sent e aujourd hui comme un nouveau mod le d articulation entre la protection sociale et le march du travail une sorte 24 Sen d finit la capacit capability comme la libert r elle d un individu autrement dit comme l ensemble des fonctionnements qu il peut r elleme
41. it entre des individus et des proc dures d exclusion Ces professionnels de l insertion construisent le travail sur l employabilit comme un travail sur soi d tournant ainsi la notion d employabilit d une conception purement marchande ou technocratique vers une conception psychosociale ou clinique La construction de troubles de l employabilit contribue galement la stabilisation des territoires professionnels D une part la construction de troubles participe activement au processus de segmentation de l organisation professionnelle entre g n ralistes et multitudes de sp cialistes de l employabilit D autre part la construction de troubles permet de faire face la pression concurrentielle des agences priv es de placement et d int rim g n r e par la nouvelle gestion mixte du march de l emploi ratification de la Convention 181 de l OIT dans un contexte o l on manque cruellement de places sur le march de l emploi le placement tend J F Orianne Politiques actives d emploi et professionnels de l employabilit critique et clinique 85 tef 7ravail Emploi Formation n 6 2006 devenir un travail ingrat un sale boulot dont ces professionnels tentent de se d barrasser au profit notamment des placeurs d agences priv es 8 Conclusion Lorsqu on mobilise la c l bre typologie des r gimes d Etat providence d Esping Andersen 1999 comme grille analyt
42. l agent proc de une pr sentation la plus compl te la plus neutre et la plus adapt e possible des diff rentes fili res de formations existantes les diff rents op rateurs les modalit s d acc s les dipl mes ou certifications d livr s les contenus les types de p dagogie Enfin l agent s lectionnera avec l usager les produits qui conviennent le mieux ses besoins et sa situation il proposera g n ralement de photocopier les informations retenues et sugg rera l usager de prendre une s rie d informations compl mentaires par t l phone ou via Internet ce stade l usager peut s il le souhaite ou s il en ressent le besoin prendre rendez vous pour b n ficier d un entretien conseil individualis Dans le cadre plus individualis de l entretien conseil le professionnel proc dera une analyse plus approfondie de la demande Cette analyse de la demande consiste th oriquement si l on s en tient au Vade Mecum de l analyse de la J F Orianne Politiques actives d emploi et professionnels de l employabilit critique et clinique 72 tef 7ravail Emploi Formation n 6 2006 demande en une analyse de faisabilit du projet pour autant que l usager arrive avec un projet professionnel relativement d fini 1 valuer l ad quation entre le projet du candidat et ses comp tences ses aptitudes physiques sa personnalit son cadre de vie 2 valuer l ad quation entre le pr
43. l une organisationnelle qui concerne la pr carit des statuts des CAP l autre identitaire ou morale qui a trait au travail d ajustement d licat qu op re le CAP entre des rapports d int ressement et des rapports d valuation La pr carit des statuts des professionnels de l insertion semble tre une constante tant pour certains CAP que pour certains professionnels de Carrefour Formation que pour la majorit des professionnels du secteur associatif globalement ces professionnels de l insertion nous sont apparus comme des professionnels en qu te d insertion socioprofessionnelle Une autre constante ou tension constante que nous avons rep r e concerne ici la nature du travail d insertion qui n cessite de la part du professionnel un ajustement fin entre des rapports d int ressement et des rapports d valuation Ces deux modes relationnels l gard du public ajuster en permanence renvoient en r alit deux conceptions antagonistes du m tier l aide ou le contr le l une fortement valoris e l image du g n raliste l autre puissamment d valoris e le flic de l insertion toutes deux prescrites aux niveaux organisationnel et politique 5 Le conseiller en formation Carrefour Formation structure multi partenariale Dans le d cret relatif au dispositif int gr d insertion socioprofessionnelle le Gouvernement accorde une licence partielle aux professionnels de Carrefour Formation pr voyant la
44. le repositionnement actuel du FOREM et plus particuli rement de FOREM Conseil comme R gisseur Ensemblier contrat de gestion 2001 2005 du SPE s inscrit dans le cadre de la ratification de la Convention 181 de FOILTS qui autorise les op rateurs priv s offrir des services en mati re de placement des travailleurs gestion mixte du march de l emploi Le d veloppement consid rable du secteur priv de l Int rim ces derni res ann es n est videmment pas sans lien avec le d sinvestissement progressif du placement op r par le Service Public d Emploi Le FOREM se compose de trois entit s autonomes aux objectifs distincts FOREM Conseil FOREM Formation et FOREM Support FOREM Conseil assure le suivi et le conseil des clients demandeurs d emploi ou particuliers et entreprises En outre en tant que R gisseur Ensemblier FOREM Conseil m ne galement des missions de partenariat aupr s des op rateurs du march de l emploi et de la formation De son c t FOREM Formation reste l op rateur public de formation en R gion wallonne Enfin FOREM Support rassemble les services internes gestion des ressources mat rielles et gestion des ressources humaines permettant aux deux autres entit s de fonctionner Nous retiendrons que le service des Conseillers en accompagnement professionnel se situe au sein de la ligne de Services aux particuliers de FOREM Conseil L
45. mbent aux professionnels des Carrefours Formation D une part une mission d information uvrer la transparence de l offre et la diffusion de l information sur les actions de formation insertion aupr s des personnes et des op rateurs de terrain D autre part une mission de conseil couter comprendre et enregistrer la demande du candidat et l aider d finir son plan d action en tenant compte de sa situation et des possibilit s de formations existantes Ces missions doivent imp rativement s exercer dans le strict respect de la Charte de l animation p dagogique des Carrefours Formation Cette charte esquisse les deux composantes essentielles du travail des professionnels oeuvrant Carrefour Formation le travail avec le public ou production directe produire un service et travail en quipe ou en r seau comme l quipe est un r seau ou production indirecte construire une organisation capable de produire ce service travail hors flux 13 La Convention Cadre des Carrefours Formation et son annexe Charte de l animation p dagogique sont sign es le 15 janvier 1998 par le Ministre du Budget des Finances de l Emploi et de la Formation et les repr sentants des diff rents op rateurs partenaires savoir l Agence Wallonne pour l int gration des Personnes Handicap es AWIPH les Organismes d Insertion Socioprofessionnelle Entreprises de Formation par le Travail OISP EFT l Enseignemen
46. mploi est une succursale du FOREM elle va pas dire le contraire donc elle a reconnu a elle a valid a Ce qu elle pr voit c est que les EFT et les OISP sont rel gu s dans la pr qualification On a videmment pas de dipl me de pr qualification Non on a rien du tout et donc le paradoxe est l Directeur EFT J F Orianne Politiques actives d emploi et professionnels de l employabilit critique et clinique 77 tef 7ravail Emploi Formation n 6 2006 Ce paradoxe renvoie un autre paradoxe davantage institutionnel la distinction qu op re le Gouvernement wallon entre formation qualifiante et formation pr qualifiante cadre mal avec la volont politique d affirmer le caract re non lin aire du dispositif int gr d insertion par rapport au parcours d insertion structur en diff rentes tapes Une autre composante paradoxale de l activit professionnelle en EFT concerne la perp tuelle reconversion identitaire des professionnels les valeurs des professionnels de l insertion sont constamment remises en question dans les cadres d interaction qu ils construisent avec les stagiaires En EFT c est le professionnel qui s adapte au public qui amorce sa propre conversion identitaire autrement dit c est le public qui construit le travail d insertion et l agencement des modes op ratoires du professionnel Le travail permanent de conversion identitaire que l agent effectue sur lui m me constitue une c
47. n A la suite de ces exp rimentations le FOREM d veloppe principalement 1 une large politique de communication interne et externe 2 des lignes de produits diff renci es pour les clients entreprises et les clients particuliers demandeurs d emploi et travailleurs 3 des outils de tra abilit une base de donn es informatis e ERASME et un dossier unique pour les particuliers Selon l audit Andersen l une des actions prioritaires du FOREM en 1997 pour atteindre la Vision 2005 du FOREM concerne la mise en uvre des conseillers d entreprises et des conseillers particuliers Le Conseiller en Accompagnement Professionnel constitue la A Arthur Andersen FOREM Projet Ulysse Rapport Final mai 1997 Citons notamment les sites Suivi du changement strat gique c est dire un suivi des mesures de performance strat giques une gestion des ressources humaines et une politique de communication Sites marketing et orientation client pour une mise en uvre de conseillers clients Sites dossiers uniques et technologie comme passage oblig pour lorientation clients du FOREM J F Orianne Politiques actives d emploi et professionnels de l employabilit critique et clinique 63 tef 7ravail Emploi Formation n 6 2006 concr tisation la plus aboutie ce jour d une logique d accompagnement des demandeurs d emploi Il n est pas inutile de rappeler que
48. nant proc dural des politiques de l emploi des situations nationales contrast es in Recherches Sociologiques 2000 2 Belgique 2000 pp5 27 Centre d tudes de l Emploi 1995 Les politiques publiques de l emploi et leurs acteurs Cahiers du Centre d tudes de l Emploi PUF Paris Champy F 2004 La sociologie contemporaine fran aise des groupes professionnels ascendance interactionniste programme pist mologique dominant ontologie implicite pr sentation au Centre d Etudes Sociologiques de la Sorbonne CESS s ance n 5 du 11 02 2004 Paris Coulon A 1993 L etnom thodologie Que sais je PUF Paris Demazi re D 1995 La sociologie du ch mage Editions La d couverte Collection Rep res Paris Demazi re D 2003 Le ch mage Comment peut on tre ch meur Belin Paris Divay S 1996 L aide la recherche d emploi Des conseils pour sauver la face L Harmattan Paris Dodier N 1993 Les appuis conventionnels de l action El ments de pragmatique sociologique R seau n 62 CENT pp65 85 Dubar C 1995 La socialisation construction des identit s sociales et professionnelles Armand Colin Paris Dubar C 2000 La crise des identit s L interpr tation d une mutation PUF Paris Dubar C amp Tripier P 1998 Sociologie des professions Armand Colin Paris Dubet F 2002 Le d clin de l institution Seuil Paris Dufour P Boismenu G et No l A
49. nne cette qualit d pend fortement de la capacit des acteurs locaux se constituer en r seau afin d offrir aux b n ficiaires un r el parcours et non une simple juxtaposition d tapes Maroy et Van Haeperen 2001 L activation des politiques d emploi transforme l intervention de l Etat en un triple mouvement de contractualisation d individualisation et de territorialisation La s curit sociale est de moins en moins con ue comme un ensemble de droits du citoyen mais comme une relation contractuelle entre l individu et la soci t comme en t moigne le contrat d int gration au niveau f d ral ou le contrat cr dit insertion J F Orianne Politiques actives d emploi et professionnels de l employabilit critique et clinique 55 tef 7ravail Emploi Formation n 6 2006 en R gion wallonne toujours susceptible d tre r visable ou r vocable qui repose sur un ensemble de droits respectifs et d obligations mutuelles entre les parties Cette forme de relation contractuelle se d veloppe dans une m connaissance inqui tante du droit des contrats et r v le d embl e son caract re extr mement particulier les deux parties de la relation ne sont pas sur un pied d galit les libert s de contracter ne sont pas quivalentes etc Gilson para tre C est ainsi que Morel 2000 parle d une logique de r ciprocit d une quasi transaction de marchandage lorsqu elle analyse de mani re transversale l
50. ns la strat gie europ enne pour l emploi in Zimmermann dir Action publique et sciences sociales Editions de la Maison des Sciences de l Homme Paris Sen A 2000 Repenser l in galit Editions du Seuil Paris Supiot A dir 1999 Au del de l emploi Transformations du travail et devenir du droit du travail en Europe rapport pour la Commission europ enne Flammarion Paris Weller J M 1999 L Etat au guichet Descl e de Brouwer Paris J F Orianne Politiques actives d emploi et professionnels de l employabilit critique et clinique 91 tef 7Travail Emploi Formation n 6 2006 Liste des acronymes et abr viations AWIPH Agence wallonne pour l int gration des personnes handicap es CACF Comit d accompagnement des carrefours formation CAP Conseiller en accompagnement professionnel FOREM CDA Conseiller en d marche administrative FOREM CF Carrefour Formation COP Conseiller en orientation professionnelle FOREM COISP Centre d orientation et d insertion socioprofessionnelle CP Conseiller particulier FOREM CPAS Centre public d aide sociale CRE Conseiller en recherche d emploi DE Demandeur d emploi DII Dispositif int gr d insertion DULBEA D partement d conomie appliqu e de l Universit Libre de Bruxelles EFT Entreprise de formation par le travail EPS Enseignement de promotion
51. nt atteindre Sen 2000 122 Pour Sen la focalisation sur les biens premiers sur les moyens du bien tre de la libert ne permet pas d appr cier les possibilit s de choix de l individu Il propose donc de substituer la base informationnelle des paniers de biens par celle de la capacit pour se donner les moyens de consid rer directement les possibilit s d action des individus et d interroger leur espace r el de libert L approche par les capacit s se pr sente d s lors comme une approche alternative la Th orie de la justice de Rawls 1971 J F Orianne Politiques actives d emploi et professionnels de l employabilit critique et clinique 86 tef 7ravail Emploi Formation n 6 2006 d alternative la troisi me voie de Giddens plut t que d quiper les individus pour faire face aux risques li s au travail il faudrait quiper le march du travail pour doter les citoyens de droits nouveaux et tendre leur libert r elle Cette troisi me voie franco allemande nous rendra tous sublimes si l on en croit Gazier des citoyens au travail ma tres de notre mobilit et de nos engagements Ce mod le d activation semble correspondre au r gime corporatiste d Etat providence s appuyant sur de nouvelles conceptions du statut professionnel Supiot 1999 de la mobilit professionnelle Gazier in Barbier et Gauti 1998 de l activit professionnelle Boissonnat
52. nte et qui ne peut se classer en termes de savoir savoir tre ou savoir faire il s agit d un don de la personne inn ou construit j ai le sens de mais il ne peut en J F Orianne Politiques actives d emploi et professionnels de l employabilit critique et clinique 66 tef 7ravail Emploi Formation n 6 2006 d employabilit Rappelons que le CAP n est pas sp cialiste en mati re de rep rage des comp tences et leviers d action des demandeurs d emploi le sp cialiste en la mati re est le conseiller en orientation professionnelle COP comme nous l avons vu pr c demment Toutefois en bon g n raliste le CAP doit amorcer cette phase de rep rage et la mener jusqu aux limites de son propre m tier de g n raliste En clair toute situation critique ou blocage n cessitera l intervention d un COP cette intervention ponctuelle viendra se greffer sur l action g n rale du CAP Le CAP dispose galement d une grille d analyse des motivations L analyse des motivations doit permettre d tablir des liens de convergence ou de divergence entre projet de vie du particulier projet professionnel et r alit du march Dans la phase de co construction de projet s le CAP fait choisir au particulier trois projets professionnels au minimum 2 sur base d une liste de familles professionnelles il dite les fiches ROME correspondantes et compare les contenus de ces fiches avec les grilles de comp
53. nviction A travers la description de sa pratique ce conseilleur s apparente tout tour un gu risseur ou d sorceleur mais galement un devin qui pr dit g n ralement des r ussites Son approche produit un effet de fascination sur les conseill s qui pensent d couvrir des facettes inconnues d eux m mes Il se trouve ainsi pourvu d une autorit charismatique laquelle son public se soumet parce qu il est parvenu instaurer une croyance collective Divay 1996 182 183 Le ch mage est une situation anormale qui engendre douleurs et souffrance qui est v cue en termes affectifs qui l zarde un syst me interpr tatif o 21 Pour viter toute confusion nous privil gions l usage du terme conseiller qui constitue la d nomination officielle en R gion wallonne celui de conseilleur que propose Divay 1996 J F Orianne Politiques actives d emploi et professionnels de l employabilit critique et clinique 82 tef 7ravail Emploi Formation n 6 2006 tout se tenait Des professionnels sortes de chamanes contemporains vont alors intervenir aupr s des ch meurs pour inscrire cette exp rience dans une conception coh rente du monde laquelle l individu pourra adh rer et qui permettra sa gu rison Toute l efficacit symbolique tient dans les croyances collectives mobilis es et le rapport des individus ces croyances Demazi re 2003 137 De quelle ma
54. ojet et l emploi possible 3 valuer l adaptation du candidat aux conditions de travail 4 confronter le projet professionnel au projet de formation Lorsque ce projet n est pas d fini le travail d analyse de la demande sera essentiellement exploratoire et consistera faire merger des projets traduire des envies des craintes des silences en projets Dans ces situations critiques o les outils de travail deviennent inop rants les professionnels s appuient sur leur exp rience sur leur feeling Dans ces situations critiques les conseillers s appuient galement sur le principe thique de responsabilisation de l usager d activation de ses facult s d autonomie c est lui de faire son chemin c est lui de trouver la solution Les professionnels de Carrefour Formation organisent galement des s ances d information collective soit dans leur propre b timent soit l ext rieur chez des partenaires op rateurs de formation CPAS On peut distinguer au moins deux types diff rents de s ances d information collective celles qui visent la pr sentation de familles professionnelles et ou de fili res de formation et celles qui visent la pr sentation de Carrefour Formation Entre ces deux mod les l quipe de Li ge a d velopp un module d information collective un peu particulier le module Comment choisir sa formation Ce module a t construit pour r pondre au constat suivant certaine
55. on 2 pr sentation des op rateurs de formation 3 pr sentation des orientateurs 4 utilisation de la salle de documentation 5 petit guide pour faire un choix de formation Il s agit bel et bien d une gestion proactive du principe d autonomie de l usager qui pousse les professionnels anticiper les risques d exclusion ou d in galit d acc s l information sur les formations Le public de Carrefour Formation est ind finissable d une part parce que l organisation souhaite accueillir le tout public et d autre part parce qu elle ne souhaite pas travailler au dossier et d s lors identifier ses publics Naviguant sans cadre et sans trace les professionnels de Carrefour se reposent enti rement sur leurs propres repr sentations subjectives des publics produites au fil de leur pratique professionnelle pour produire un savoir commun une connaissance collective des publics Les typologies indig nes de relations la client le produites par ces professionnels constituent leurs seuls rep res La gestion participative d une organisation multipartenariale comme Carrefour Formation nous est apparue comme un questionnement permanent sur les relations hi rarchiques et le rapport l autorit Les relations que les professionnels entretiennent avec l autorit sont extr mement complexes d une part ils se r f rent leur hi rarchie administrative leur op rateur d appartenance relativement
56. on des politiques actives de l emploi en R gion wallonne nous nous sommes donc centr s sur le travail quotidien de ceux qui mettent en uvre ces politiques Deux cadres th oriques ont t mobilis s pour construire notre probl matique d un c t l apport d une approche conventionnaliste appliqu e l analyse de l action publique et du march du travail et d un autre les apports de la sociologie des groupes professionnels Ces deux ressources th oriques se sont rapidement r v l es indispensables dans leur compl mentarit Notre tude s inscrit dans la lign e des travaux du Centre d Etudes de l Emploi qui se proposent de substituer une analyse classique des politiques publiques centr e sur les mesures une analyse de action publique centr e sur les agents locaux qui mettent en uvre ces politiques Puisque l efficacit des politiques publiques n est pas r ductible la bonne application des r gles dict es au niveau central il faut J F Orianne Politiques actives d emploi et professionnels de l employabilit critique et clinique 57 tef 7ravail Emploi Formation n 6 2006 s int resser la complexit de l action des agents et aux tensions qui r sultent de la n cessit pour eux de combiner diff rents principes d action h t rog nes CEE 1995 Introduction XII Dans cet ouvrage collectif une id e forte fait converger l ensemble des observations les r gles de droit n ont p
57. ondition n cessaire pr alable au travail d insertion en situation il rend possible la conversion identitaire du stagiaire Un autre paradoxe r side dans la nature de la libert d action du secteur associatif du champ de l insertion socioprofessionnelle une libert conditionnelle v cue de mani re d rangeante par les professionnels du secteur En effet une standardisation des pratiques risquerait de compromettre l identit associative du secteur comme alternative entre le public et le priv avec la crainte de devenir des petits FOREM ou des machines exclure La derni re composante paradoxale du m tier d insertion en EFT commune aux autres professionnels de l insertion concerne la pr carit des conditions d emploi et le caract re hybride des contrats de travail Comme nous venons de l voquer le travail en EFT se caract rise par une telle p n tration du client au sein de l organisation qu il le client la red finit J F Orianne Politiques actives d emploi et professionnels de l employabilit critique et clinique 78 tef 7ravail Emploi Formation n 6 2006 constamment la construit et construit les modes op ratoires du travail d insertion De mani re infiniment moins formalis e que pour les CAP du FOREM le travail d insertion en EFT se compose globalement de quatre phases distinctes dont l ampleur varie fortement d un stagiaire l autre d une situation l
58. onstruction de projet s 7 la mise en uvre de strat gies d approche du march 8 le suivi L accueil du demandeur d emploi par le CAP s op re g n ralement dans la foul e de l inscription du demandeur d emploi par un CDA conseiller en d marche administrative et dans la foul e d une s ance d information collective sur les services aux particuliers du FOREM Autrement dit les CAP ne sont pas les sp cialistes de l accueil cette sp cialit incombe bien au CDA Cette phase d accueil de prise de contact permet au CAP de pr senter son m tier et sa fonction personne de r f rence tout au long du parcours de pr senter le dispositif dans lequel s inscrit le demandeur PJ PTP et les modalit s de mise en uvre de ce dispositif contractualisation suivi rapport final proc dures d objectivation sanctions ventuelles Suite cette phase d accueil le CAP va tenter de rep rer les besoins que peut prouver le demandeur d emploi dans le cadre de son insertion socioprofessionnelle Le CAP dispose d une grille de pr rep rage qui constituera un tableau de bord de l volution du particulier Cette grille est utilis e comme un cadre tr s g n ral dans lequel se d roule l entretien une sorte de base de discussion Elle permet d organiser l information r colt e aupr s du demandeur d emploi D s ce moment le professionnel de l insertion doit imp rativement doser le plus h
59. professionnelle 01 04 2004 le Gouvernement nomme sp cifiquement un groupe professionnel charg de suivre les b n ficiaires tout au long de leur parcours d insertion contractualis contrat cr dit insertion et accorde ces professionnels la licence exclusive d exercer leur activit Les commentaires des articles de l avant projet de d cret 18 07 2002 pr cisaient d j certaines missions sp cifiques du m tier r f rent unique charg d accueillir d informer d accompagner de coacher de mani re proactive et individualis e les demandeurs d emploi L administration centrale du FOREM n a pas attendu que le m tier de CAP soit l gitimement reconnu dans un d cret pour l exp rimenter Lors d une campagne de communication interne grand messe dans le vocabulaire indig ne men e dans les diff rentes directions r gionales du FOREM en 2002 l administration formalise cette nouvelle fonction Le travail prescrit du CAP doit tre centr sur les besoins et les objectifs de l individu Il ressort de cette d finition organisationnelle du m tier deux l ments essentiels troitement li s la fonction de diagnostic et l image d un g n raliste qui renvoie des sp cialistes 2 Gouvernement wallon D cret du 01 04 2004 relatif au dispositif int gr d insertion socioprofessionnelle article 5 Namur Gouvernement wallon Avant projet de d cret relatif au dispositif int gr d in
60. re faire un mur le premier jour il mettra 8 blocs et donc il faut le laisser mettre 8 blocs si on laisse le moniteur faire regarde comment on fait il l aura fini sur la journ e son mur O est le juste milieu dans cette histoire Et si on se cr e des besoins financiers comment fait on pour les remplir Formateur EFT L inscription des EFT au carrefour de l conomique du p dagogique et du travail social g n re une concurrence accrue sur chacun des fronts des organisations hybrides au niveau conomique entreprises concurrentes au niveau p dagogique ou formatif op rateurs de formations qualifiantes au niveau psychosocial concurrence des CPAS en interne EFT concurrence entre les fili res La conciliation et l ajustement quotidien d int r ts contradictoires ne constituent pas les seuls paradoxes du m tier Il faut galement retenir le paradoxe de la formation pr qualifiante former sans dipl me tout en tant tenu l cart des dispositifs de validation des comp tences La question de la certification on peut peut tre en parler a justement au niveau du Parcours d insertion c est une de nos grosses attentes Pour le moment la certification officielle est le domaine privil gi je dirais la pr rogative de l enseignement Et donc la formation qualifiante c est r serv l enseignement quoique le FOREM s est auto proclam qualifiant puisque la Ministre de l e
61. s de Formation par le Travail J F Orianne Politiques actives d emploi et professionnels de l employabilit critique et clinique 60 tef 7Travail Emploi Formation n 6 2006 La recherche a commenc par une phase exploratoire d analyse de documents institutionnels relatifs aux politiques actives d emploi coupl e une premi re salve d entretiens La documentation institutionnelle comprend toute une s rie de lois ou d crets r glements conventions cadres chartes de partenariat La premi re s rie d entretiens regroupe d une part les quelques r unions de travail avec les valuateurs du Parcours d insertion en R gion wallonne SES FTU DULBEA et d autre part une quinzaine d entretiens exploratoires aupr s de professionnels de l insertion issus de diverses organisations n 14 La phase principale de l enqu te s est d roul e sur l ann e 2002 Nous avons r alis une cinquantaine d entretiens de professionnels n 49 et une trentaine d entretiens de jeunes demandeurs d emploi faiblement qualifi s n 32 Nous avons en outre observ de nombreuses interactions entre professionnels et demandeurs d emploi dont une trentaine ont pu tre enregistr es n 30 Nous avons galement observ de nombreuses interactions entre professionnels dans la quotidiennet de leur travail et dans le cadre particulier de r unions d quipes n 25 ou de r unions de travail chez des op rateurs partenaires
62. s personnes prouvent des difficult s choisir une formation parce qu elles ne sont pas habitu es consulter de la documentation Partant du principe que leurs clients ne poss dent pas les m mes ressources et d s lors ne jouissent pas d un m me degr d autonomie ces professionnels 15 Ce Vade Mecum mane en r alit des COISP du FOREM II n a jamais t remis officiellement aux partenaires Par initiative personnelle certains anciens membres des COISP travaillant depuis Carrefour ont introduit ce document au sein des quipes pour outiller leurs nouveaux coll gues souvent d munis face l entretien conseil En effet le dispositif Carrefour P le d appui et CACF ne s est occup que tardivement de la formation l entretien Rappelons qu une grande partie des professionnels de Carrefour ont t lanc s dans l aventure sans aucune formation de base J F Orianne Politiques actives d emploi et professionnels de l employabilit critique et clinique 73 tef 7ravail Emploi Formation n 6 2006 proposent d activer les facult s d autonomie de certaines cat gories de public plus fragilis es moins autonomes Ce mode d emploi pour bien utiliser au mieux le dispositif Carrefour Formation nous appara t comme une sorte de cours collectif de rattrapage ou de remise niveau portant sur les techniques de recherche d information Carrefour Formation 1 pr sentation de Carrefour Formati
63. sertion socioprofessionnelle article 5 Namur 18 07 2002 p3 7 t Dans toute la R gion wallonne des quipes de conseillers en accompagnement professionnel accueillent les personnes qui ont besoin d un suivi personnalis et continu Ces conseillers analysent avec eux leurs besoins de mani re approfondie et les aident formuler ou pr ciser leur projet professionnel en fonction de leurs objectifs et de leurs aptitudes Ils identifient aussi les obstacles la r alisation de leur projet qualifications insuffisantes techniques de recherche d emploi am liorer et les orientations vers les actions entreprendre pour atteindre leur objectif mener avec d autres sp cialistes du FOREM conseillers formateurs ou avec d autres organismes comp tents Les conseillers en accompagnement professionnel suivent l volution de chaque personne de mani re individuelle d s leur premier passage et restent les conseillers de r f rence tout au long de leur parcours garantissant ainsi une coh rence maximale des orientations propos es in L organisation passe l action Brochure institutionnelle novembre 2002 Le FOREM D partement Communication et marketing p14 J F Orianne Politiques actives d emploi et professionnels de l employabilit critique et clinique 62 tef 7ravail Emploi Formation n 6 2006 Le FOREM Le Service Public d Emploi en R gion wallonne de Belgique SPE ou FOREM appara t aujourd hui
64. sultants priv s d veloppement d une orientation client campagnes de communication interne et externe apparition de nouveaux services Ces nouveaux groupes professionnels pr sentent bon nombre de caract ristiques communes m tier relationnel qui n cessite engagement affectif et polycomp tence caract re pluridimensionnel du travail d insertion d finitions et pratiques du m tier comme celui d un g n raliste ou d un sp cialiste qui pose des diagnostics tensions techniques organisationnelles et morales communes Comme nous l avons vu la finalit de leur travail vise moins directement la mise l emploi qu un travail sur l employabilit le sens du travail d insertion consiste mettre l individu au travail sur lui m me Comment expliquer ce consensus sur les finalit s subjectives du travail d insertion D une part l employabilit constitue un des objectifs officiels des politiques actives europ ennes f d rales r gionales subventionnement des EFT OISP le contrat de gestion 2001 2005 du FOREM Cette intense activit d cr tale traduit galement les bouleversements institutionnels caus s par la ratification de la Convention 181 de l OIT la gestion mixte du march de l emploi J F Orianne Politiques actives d emploi et professionnels de l employabilit critique et clinique 81 tef 7ravail Emploi Formation n 6 2006 de l emploi D autre part cette finalit semble l
65. t de Promotion Sociale ESP l Institut de Formation des Petites et Moyennes Entreprises IFPME et le FOREM Un premier Avenant la Convention Cadre sign par la Ministre de l Emploi et de la Formation a pris cours le 15 ao t 2000 14 Signature de la Charte le 15 05 1997 J F Orianne Politiques actives d emploi et professionnels de l employabilit critique et clinique 70 tef 7ravail Emploi Formation n 6 2006 Depuis juin 2003 les Carrefours Formation sont devenus des Carrefours Emplois Formation La structure partenariale s est rapproch e physiquement des Espaces Ressources Emploi du FOREM et une nouvelle convention cadre est sur le point d tre sign e Lors de notre travail de terrain nous avons assist en direct la d territorialisation de l identit professionnelle des animateurs p dagogiques des Carrefours Formation de Li ge et de Libramont Nous assistons actuellement Li ge la reterritorialisation douloureuse de ces professionnels dans les b timents de FOREM Conseil en tant que conseillers en formation Le conseiller en formation de Carrefour Formation se pr sente comme un des sp cialistes de l employabilit il se d finit comme le sp cialiste de l information sur les formations Toutefois ce profil d expert en information sur les formations est loin de r sumer l ensemble des comp tences en action de ce professionnel eu gard la diversit des publics avec l
66. t fortement impliquer le DE dans son travail sur sa propre employabilit Une grande part du travail du CAP consiste convaincre le demandeur d emploi que c est lui et lui seul qui est responsable de son employabilit et que c est lui et lui seul qu incombe la t che de travailler son employabilit Il est galement attendu du CAP qu il rep re l ensemble des comp tences professionnelles et extra professionnelles du demandeur d emploi en termes de savoir savoir faire et savoir tre A ce stade le rep rage des comp tences se fait en dehors de toute consid ration de projet s professionnel s Le CAP compl te son analyse par l utilisation du ROME de l ANPE fiches m tiers et aires de mobilit professionnelle II est galement attendu du CAP qu il rep re certaines aptitudes suppl mentaires pouvant servir de leviers d action pour son projet Ces deux formes d ajustement ont t mises en vidence par Eymard Duvernay et Marchal 1994 Ces auteurs d finissent les dispositifs d int ressement comme la prise en compte de l int r t des personnes que l on cherche mobiliser dans le cadre d une n gociation et les dispositifs d valuation comme l valuation de la conformit des conduites en r f rence des principes g n raux Eymard Duvernay et Marchal 1994 p15 10 Le levier d action est d fini par l administration comme une aptitude particuli re de la personne consciente ou inconscie

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