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1. Il y avait des affiches que le vent et la pluie int graient peu peu dans le bois des palissades qui par leurs plaies laissaient entrevoir ces tranges ter rains vagues maintenant disparus de Paris Leur super position m me m nageait des rencontres impr vues entre le boxeur et l automobile entre le roman feuilleton et l annonce des trains de plaisir F lix Labisse En 1935 le cycle syst matique de conf rences sur les plus r centes positions du surr alisme comprend une inter vention sur la physionomie surr aliste d une rue avec pr sentation d affiches lac r es D autant plus magiques en effet qu elles sont ph m res et interdi sent l habitude tueuse d inconscient d intervenir les affiches lac r es contiennent en outre leur charge de r volte antisociale Elles suscitent le r flexe de l in conscient ef r pondent n gativement la question po s e en 1935 Le surr alisme dispara tra t il avec la soci t bourgeoise D autres n uds de communication sont constitu s dans Paris par les appels populaires une r action col lective il faut qu ils soient populaires parce qu ainsi PR SENCE DE PARIS 17 ils sont maladroits donc approximatifs Ils atteignent un but mais pas tout fait celui qu ils se d signaient Par exemple le cin ma policier ou d espionnage vo qu dans Anicet et Nadja Rien n est plus frais en t que
2. Anatole France Julliard 1994 Po sie fran aise 1945 1970 dir PUF 1995 Paris Belle poque par ses crivains Adam Biro 1997 Fin de si cle gourmande PUF 2001 Paris fin de si cle La Diff rence 2002 Paris dans la litt rature fran aise apr s 1945 La Diff rence 2006 DITIONS COMMENT ES Lettres in dites de Jules Vall s Hector Malot EFR 1966 Jules Vall s Le Tableau de Paris dition compl te et comment e EFR 1970 r d 1990 Guy de Maupassant Boule de Suif et autres contes normands Le Horla et autres contes cruels et fantastiques La Parure et autres contes parisiens para tre en 2004 dans la Pochoth que Hachette Mont Oriol 1976 Notre c ur 1993 Clair de lune 1998 La Main gauche 1999 Les S urs Rondoli 2002 Folio Gallimard Bel Ami 1979 Lettres fran aises Imprimerie Nationale Fort comme la mort 1989 le Livre de Poche Hachette Anatole France uvres dition pr fac e tablie et comment e Biblioth que de la Pl iade Gallimard quatre tomes parus de 1984 1994 le tome I a t r dit en 1994 Les dieux ont soif La R tisserie de la reine P dauque Le Crime de Sylvestre Bonnard Le Lys rouge Folio Gallimard depuis 1987 SNELA La Diff rence 47 rue de la Villette 75019 Paris 2004
3. les passages parisiens qui dans la lumi re artificielle des verri res pr sentent une suc cession de commerces sans relation les uns avec les autres le Paysan de Paris tout comme Andr Breton dans Nadja y sont visit s d hallucinations vraies Pas sages et march aux Puces offrent donc des choses l abord absurde susceptibles comme certains dessins PR SENCE DE PARIS 15 g om triques de plusieurs interpr tations par groupe ments diff rents des m mes lignes une fois r ali s es elles poss dent tout de m me un surplus magique qui n entre pas dans leur utilit courante Failles dans l difice d une civilisation fond e sur Aristote elles jettent de grandes lueurs dans la personnalit du specta teur r ceptif Ainsi Giacometti trouve gr ce la ren contre du masque la t te qu il va donner sa statue depuis longtemps inachev e la Sir ne et l Oc an pa raissent Aragon dans la devanture du marchand de cannes et de parapluies Toute la mer dans le passage de l Op ra Les can nes se balan aient doucement comme des varechs Je ne revenais pas encore de cet enchantement quand je m aper us qu une forme nageuse se glissait entre les divers talages de la devanture Elle tait un peu au dessous de la taille normale d une femme l appa rition se mouvait tout juste derri re la vitre Tous les objets dont la destination est de frapper par une lumi re une forme po
4. Marie Claire Bancquart Paris des Surr alistes Les Essais ditions de la Diff rence I PR SENCE DE PARIS Dans l article liminaire de la revue Commerce o L on Paul Fargue allait publier les souvenirs de son en fance parisienne et Louis Aragon Une vague de r ves Val ry c l brait la capitale Une ville o la vie ver bale est plus puissante plus diverse plus active et capri cieuse qu en toute autre se pr parait en moi par l id e d une confusion tincelante Nous y vivons dans notre feu Paris enferme et combine et consomme ou consume la plupart des brillants infortun s que leurs destins ont appel s aux professions d lirantes Commerce t 1924 Professions d lirantes Celles qui sont fond es sur la persuasion l exercice du seul langage et sans nul moyen que lui s imposent En premier lieu celle du po te Qu l analyse intellectuelle de Val ry se joigne la d claration d amour d Aragon Arrachez moi le c ur vous y verrez Paris Le Paysan de Paris chante dans En trange pays Ville aim e comme un tre ville excitante pour l es prit m re de la parole comment s parer ces motifs pour expliquer l extraordinaire importance du th me parisien dans la litt rature n e apr s la guerre de 1914 Refaire l homme Chez ces jeunes crivains fran ais c ur s et r volt s par la guerre qui rejoignent le mouvement Dada 10 JALONS E
5. T PR CURSEURS puis fondent le surr alisme le refus de l ancienne civi lisation s accompagne de la volont de refaire l homme en donnant de lui une d finition totale englobant l in conscient et le spontan Conjointement le langage instrument de la r volte doit tre rendu neuf pur sur prenant Nous tions trois ou quatre au bout du jour assis marier les sons pour reb tir les choses Les mots m ont pris par la main crit Aragon dans le passage du Roman inachev o il voque cette p riode Nulle projection g ographique de ces ambitions et de ces espoirs n tait plus propice que cette ville pleine de myst res s culaires et de dynamisme moderne complexe l image de l homme Dans l ex plosion euphorique et fi vreuse de l apr s guerre elle tait toute pr te accepter les nouveaut s d une r volte dans la psychologie et dans l criture voire m me les susciter Ce sont les nouveaut s qui apparaissent d abord jusque dans le choix des lieux de r union et des quar tiers voqu s par les crivains Le mouvement Dada n durant la guerre en Suisse le seul pays o l on p t alors crire et parler librement transporte Paris sa haine des endroits re us litt raires c est rue Saint Martin loin du tout Paris habituel des arts que se d roulent en 1920 les fameuses matin es qui font scandale et c est l glise Saint Julien le Pauvre
6. alors totalement inconnue des touristes que les dada stes ont l ambition de faire visiter pour inaugurer leurs excur sions parisiennes le 14 avril 1921 Au caf Certa du passage de l Op ra promis bient t la d molition se tiennent les assises du dada sme fran ais Plus tard quand Dada se fut tourn vers le surr alisme et que le PR SENCE DE PARIS 11 Certa du passage de l Op ra n exista plus c est au caf Cyrano place Blanche que se r unit le groupe et au caf du Globe proche de la porte Saint Denis Un autre lieu de ralliement tait au carrefour Richelieu Drouot le caf d Angleterre On tait loin du Quartier latin et de Montparnasse o se retrouvait la bande Picasso avant la guerre loin aussi du Montmartre du Bateau Lavoir Les caf s des jeunes crivains taient situ s en des lieux qui apparaissaient comme passants et populaires l inverse de coins pour initi s les uns proches du 42 rue Fon taine o Andr Breton habitait depuis 1922 et r unissait parfois aussi ses amis les autres commodes pour les mem bres du groupe qui travaillaient dans le quartier des jour naux Desnos Paris Soir Aragon au Paris Journal Benjamin P ret dans une imprimerie Le caf des dada stes et surr alistes ne r pond pas en effet aux m mes conceptions que le caf des symbo listes ou m me d Apollinaire Jacob et Salmon Celui ci est un centre o se retrouver libreme
7. con tre l inconscient collectif exprim par la ville souvent l insu de ses habitants la na vet de l arrangement d une devanture est aussi f conde que les intentions exprim es d un m lodrame Ainsi se cr e une partici pation de tous les instants pour l crivain sensible la pr sence de la magie citadine Il est dans Paris des n uds plus vibrants de communication o l ner gie cach e se r v le mieux qu ailleurs celui qui la sollicite Par exemple les lieux o un assemblage d ob jets en apparence h t roclites suspend momentan ment toute l activit critique du spectateur adonn tout en tier la spontan it de formes de couleurs qu il n iden tifie pas aussit t Alors se d truit l ensemble artificiel cr par une logique apprise qui classe et nomme su perficiellement d autres ensembles se cr ent partir d assemblages beaucoup plus profond ment justifi s et surtout le doute na t sur l identification des choses doute cr ateur des visions o l inconscient se m le au concret La trouvaille d objet remplit ici rigoureusement le m me office que le r ve en ce sens qu elle lib re l individu de scrupules affectifs paralysants le r con forte et lui fait comprendre que l obstacle qu il pou vait croire insurmontable est franchi L Amour fou Le march aux Puces est un de ces lieux privil gi s Devant un ancien masque de guerre Andr Br
8. e et rituelle en fait au lieu de repr senter de hautes pens es elles expriment et en r ponse attirent les passions spontan es Henri Becque Jeanne d Arc la ville de Strasbourg sta tufi s fascinent Paul luard ou Nadja La statue parle se parle dans Le Paysan comme l une des figures du d sir Dans leurs robes de chambre en pilou leurs ves tons familiers leurs souriantes bonhomies les simu lacres des temps modernes empruntent l anodin m me de cet accoutrement une force magique incon nue ph se ou Angkor Et cela est si vrai que des religions secr tes finissent par s tablir en l honneur des nouvelles idoles On la trouve presque aussi souvent que l affiche dans les crits de l poque Les Derni res Nuits de Paris Nadja Le Paysan les r ves des surr alistes Int gr e dans la ville et enracinant une pouss e de l inconscient elle est diff rente de la statue de Jean Cocteau incarna tion d une ambigu t propre l crivain Accidents du myst re et fautes de calculs C lestes j ai profit d eux je l avoue Dire que l entreprise est simple et sans danger Serait fou D ranger les anges D couvrir le hasard apprenant tricher Et des statues en train d essayer de marcher Po sies TRAVAUX CRITIQUES DU M ME AUTEUR CHOIX ESSAIS Maupassant conteur fantastique Minard 1976 r d 1993 Anatole France un sceptique passionn Calmann L vy 1984
9. eton et Giacometti h sitent loup du XVI si cle l ment de casque masque humain trangement stylis 14 JALONS ET PR CURSEURS La premi re id e toute fantaisiste tait de se trouver en pr sence d un descendant tr s volu du heaume qui se f t laiss entra ner flirter avec le loup de velours L Amour fou Le nom manque il reste l objet il est l opaque myst rieux et garde son myst re m me une fois nomm Car sa destination n explique pas sa forme son atti tude alti re s re d elle in branlable La cuill re au manche termin par un petit soulier qu Andr Breton trouve sur un autre talage des Puces ne s explique pas non plus le soulier g ne celui qui veut se servir de la cuill re D s 1917 dans Alcide ou de l esth tique du saugrenu Aragon avait vant le m rite de ces choses d daign es et entass es D autres que moi furent p n tr s de votre ensorcellement 6 foires et ceux l crivirent Petrouchka ou Parade Objets lamentables vous tes les pauvres es sais de r alisation de l inexpressible id al des mes po pulaires toujours enfantines mais votre mati re est mesquine et votre forme vulgaire aussi les gens de go t vous rejettent ils avec m pris En vous est bien le lyrisme moderne Vous valez avant tout par l inex prim qui est en vous Un m me ph nom ne d accumulation trange et alogique se produit dans
10. les salles des cin mas les apr s midi de semaine et les deux amis s taient r fugi s dans l asile d ombre de l Electric Palace Sans se pr occuper des voisins ils parlaient voix haute Le tra tre a vol le diamant pour la cen ti me fois Pearl lui arrache le joyau sous la menace d un revolver Anicet Ou bien la pi ce m lodramatique et na vement ho mosexuelle jou e au th tre des Deux Masques dans Nadja Je ne tarderai pas davantage dire l admiration sans borne que j ai prouv e pour Les D traqu es qui reste et restera longtemps la seule uvre dramatique j entends faite uniquement pour la sc ne dont je veuille me souvenir Un cin ma o l on parle haut o l on mange un th tre de quartier excentrique lieux situ s dans Paris et inconcevables hors de cette ville de libert o na t par la gr ce d une mauvaise pi ce d un vulgaire film le contact avec le Double avec la Femme pr des tin e Les statues parisiennes si nombreuses et si lai des en apparence sont les centres d une polarisation toute semblable Elles signifient quelque chose de plus que ce qu elles repr sentent et en ce sens semblent bien r pondre leur primitive destination qui est de comm morer un homme ou de c l brer une id e Mais 18 JALONS ET PR CURSEURS leur hideur m me les place en marge d une civilisation les charge d une sorte de force barbar
11. nt discuter tre vu par des admirateurs boire parfois l oubli parfois l ins piration un refuge un substitut moins conventionnel des salons Le caf selon Breton ou Aragon Desnos ou Soupault est centrifuge C est un lieu privil gi d ob servation les passants les consommateurs les annon ces des prix la disposition des rideaux tout y est pr cieux tout y signifie la rencontre possible avec une femme un jeu de mots ou un objet Des Ecritures auto matiques publi es en 1970 par Aragon cinq ont t cri tes au caf La Source boulevard Saint Michel Elles voquent aussi bien la campagne L Institutrice que le d cor citadin La Ville assise dans les pav s Le caf est aussi un lieu o l on circule et d o l on sort La promenade dans Paris est un des exercices fa voris du groupe Aragon y entra ne ses amis avec un enthousiasme et un talent dont ils ont gard souvenir Le Paysan de Paris d crit l une de ces sorties collec 12 JALONS ET PR CURSEURS tives et son mode d emploi elle na t d un besoin d abord ind termin qui se fixe sur les Buttes Chaumont par inspiration soudaine La promenade est alors une autre forme de la rencontre On y satisfait une sorte de commandement man des profondeurs de l tre celui ci transf re sur la colonne du parc ou sur la dis position baroque des all es l insolite la violence l ner gie don
12. t il ressent les pulsions Inversement les visions parisiennes renforcent les pulsions de l inconscient et aident les mettre au jour Marcel Noll est soudain habit par l loge de la bizarrerie et Aragon la vue des couples enlac s la nuit par le lyrisme de l uni versel ros La nuit a des sifflets et des lacs de lueur Ce ca davre palpitant a d nou sa chevelure sur le monde et dans ce faisceau le dernier le fant me incertain des libert s se r fugie puise au bord des rues clair es par le sens social son d sir insens de plein air et de p ril Ainsi dans les jardins publics le plus compact de l ombre se confond avec une sorte de baiser d ses p r de l amour et de la r volte Le Paysan de Paris Il en va de m me dans la promenade solitaire qui requiert seulement plus de disponibilit parce qu un seul inconscient force plus difficilement la porte du myst re Aragon dans le passage de l Op ra Andr Breton rue La Fayette Lieux et objets privil gi s Promenade s jour au caf Certa o Aragon exa mine toutes les affiches des consommations et les re produit minutieusement repas dans un petit restaurant PR SENCE DE PARIS 13 o Andr Breton entend la serveuse soupirer m lan coliquement Ici l on d ne au moment o il la com pare une ondine il s agit toujours de se mettre l aff t d une r v lation subite L inconscient personnel ren
13. ur attirer l attention en deuxi me lieu sur une marchandise sont des objets restes magiques C est le cas des enseignes comme ces rondeaux en coupe qui annoncent les commerces de bois charbons Andr Breton les sent d avance tout un dimanche o il se prom ne avec Soupault et ils engen drent une s rie d associations insolites J tais averti guid non par l image hallucinatoire des mots mais bien par celle d un de ces rondeaux de bois qui se pr sentent en coupe peints sommairement par petits tas sur la fa ade de part et d autre de l entr e et de couleur uniforme avec un secteur plus sombre Rentr chez moi cette image continua me poursuivre Un air de chevaux de bois qui venait du carrefour 16 JALONS ET PR CURSEURS M dicis me fit l effet d tre encore cette b che Et de ma fen tre aussi le cr ne de Jean Jacques Rousseau dont la statue m apparaissait de dos et deux ou trois tages au dessous de moi Nadja C est le cas surtout des affiches et annonces lumi neuses v ritable obsession des promenades parisien nes qui hantent les r ves de Desnos et de Breton se retrouvent dans Le Paysan Nadja La Libert ou lamour Les Derni res Nuits de Paris tant d autres crits de l poque qu elles finissent par tre l embl me m me de la ville Faisant la recension des symboles qui au d but du si cle y taient offerts aux enfants Desnos crit

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