Extraits de activités spontanées
Contents
1. Activit s spontan es Patrick DESSEZ R sum Page 1 sur 5 Les Cahiers de l Animation n 34 2 trimestre 2001 pp14 23 Dans le num ro de janvier 2001 des Cahiers Robert Lelarge pr sentait notre conception de l activit les deux articles qui suivent approfondissent la notion d activit spontan e Bien qu crits quelques ann es d intervalle nous pr vient leur auteur ils d veloppent une conception d une grande actualit compte tenu d une tendance a la marchandisation des activit s en centre de vacances et de loisirs et de l volution du comportement des enfants Il s agit ici d extra tsde l article ACTIVIT S SPONTAN ES Patrick Dessez L ducation sait patienter parce qu elle est d sint ress e press e perfectionniste activiste formaliste Interrogeons la Interrogeons nous Luthezieu au fond d un grand parc un petit bois touffu C est ici que le groupe des moyens a d cid de mat rialiser son territoire Id e saugrenue pour quelques uns c est loin du b timent ce n est pas pratique il faut de nombreux d placements les enfants vont s parpiller ils ne vont pas tous venir la toilette Et pourtant ils ont tenu bon D s le premier jour les animateurs ont commenc s y r unir avec les enfants Quelques uns construisent des cabanes vite d faites am nagent des coins ou l vent un pont de singe Ce fut leur unique terrain d activit s pendant huit jours Ils jouent la m2. Il s exp rimente II se sert du marteau et du clou d une autre mani re que vous Et celui qui essaye de voir si la scie marque une trace sur la pierre Allons souvenez vous Qu importe il s arrange toujours pour le faire sans que personne ne le voit si on lui en laisse la possibilit Et cet autre gar on qui tient un morceau de bois croyez vous qu il le scie Non il le frotte le casse le coupe ou le cisaille dans tous les sens le tape ou enl ve l corce Imaginez vous combien de temps et d activit s recouvrent ces verbes Apr s cette exp rience sensorielle il construira un objet mais ce sera un objet bien biscornu un garage comme vous n en avez vu nulle part ou une guitare qui n en a que les cordes Le d tour l apprentissage libre de la r sistance de la mati re sont n cessaires l expression de l habilet et du d sir li l un l autre N allons pas trop vite Un perfectionnisme pr coce est de mauvais augure pour l avenir Je ne dis pas que la connaissance et le savoir faire ne sont pas utiles certains moments Si l animateur sait fabriquer un sifflet ou une corne il peut commencer la fabrication Mais n h sitons pas perdre du temps laisser l initiative d invention l enfant ne restreignons pas son champ d exp rience n cessaire une fabrication sans qu il ait au pr alable exp riment avec Les citations contenues dans cette premi re partie sont extraites de l excellent livre d Alain V
3. adepied Laissez l eau faire Paris ed du Scarab e CEMA HME DE FRANCE Activit s spontan es Patrick DESSEZ R sum Page 2 sur 5 Les Cahiers de l Animation n 34 2 trimestre 2001 pp14 23 originalit le milieu et la mati re Le simple b ton sera d abord le pistolet du cow boy avant d tre grav puis fabriqu plus finement Le bateau sera auparavant la planche sur laquelle ils essayent de tirer des pierres N abr geons pas cette exp rience Laissons lui le temps de se d velopper pour que la fabrication plus fine s affirme sur la conduite ludique spontan e des enfants L attention aux choses les plus simples et les plus quotidiennes oblige se poser des questions sur la naissance des activit s et les conditions n cessaires au d roulement de l activit spontan e Trop d animateurs se plaignent d une m connaissance d activit s alors qu il s agit d une mauvaise lecture de l activit de l enfant ou d une organisation p dagogique qui emp che le d veloppement de celle ci en l enfermant dans un temps et un espace qui contraignent une pr sence constante des adultes et la pratique unique d activit s productives L autonomie est la facult de juger et de r agir n importe quelle situation en faisant appel une connaissance Tel n est pas l objectif d un conditionnement dont l enfant merge sans avoir connu la peur sans avoir appr ci les dangers Alain Vadepied La qualit de
4. archande au cheval sur un tronc aux cow boys ils discutent ou jouent cache cache Une fille a commenc un arc une autre finit une couronne de feuilles puis grave son pr nom sur un b ton Dans un coin un solitaire plante des clous sur une planche pendant qu un autre court en sautant des obstacles Un petit groupe peint un totem en bois N imaginez pas des activit s successives d ensemble Non ces activit s se d roulent en m me temps Aucune ne repose sur un choix verbal ou une inscription pr alable Aucune n est r ellement propos e par un animateur qui dit Aujourd hui je vais faire Non ici rien de tel simplement des essais des erreurs des exp riences des inventions des t tonnements des d tours c est l appropriation et l exploration d un territoire par sa transformation et l agir de chacun selon son d sir son besoin et son int r t Les animateurs auraient pu confectionner un joli tableau et dire Qui veut jouer aux Indiens Qui veut faire des arcs Non d trompez vous ce n est pas le lieu ici de st riliser l invention et l exp rience en la restreignant et en la coupant de toute improvisation possible Regardez bien cet enfant qui enfonce sur une planche une vingtaine de clous Il est tr s occup croyez le bien et ne lui dites surtout pas qu il faut tenir son marteau sur le bout rouge ce n est pas le moment Vous pourriez aussi lui apprendre enfoncer un clou droit Ce n est pas son but
5. compte que toutes les conditions de s curit mat rielle et psychologique sont r unies les enfants ont leur rythme propre Ils sont libres de circuler et d utiliser les mat riaux n cessaires leur activit Celles ci sont vari es Elles ont un sens pour l enfant L occupation du temps ne pose pas de probl me Bien s r je ne dis pas que l activit spontan e se d veloppe facilement Je d velopperai ci dessous les conditions et les caract ristiques des activit s spontan es Espace vivant et acquisitions v cues Les centres de vacances se situent le plus souvent dans un milieu rural qui se caract rise par un espace diversifi procurant une grande vari t de mat riaux et de possibilit s d activit s Pour que ce milieu soit r ellement v cu par l enfant il est n cessaire que l organisation p dagogique permette d abord une individualisation suffisante et la pratique d activit s libres de transformation de ce milieu Il faut galement que la collectivit des enfants et des adultes aide r aliser les projets CEMA HME DE FRANCE Activit s spontan es Patrick DESSEZ R sum Page 3 sur 5 Les Cahiers de l Animation n 34 2 trimestre 2001 pp14 23 exprim s par ces activit s Le centre de vacances devient alors le lieu de l espace vivant et des acquisitions v cues autrement dit des apprentissages li s l panouissement de l enfant tre actif Trouver des activit s ne semble pas alors la t che
6. en le lisant en le refl tant et en l orientant dans une pratique qui apporte satisfaction l enfant L activit cr atrice L activit ne prend son sens et en m me temps sa valeur que si l adulte ne coupe pas l activit de sa signification et notamment de sa signification affective et relationnelle C est pourquoi mon avis l action de l animateur en centre de vacances n est pas seulement une application pratique de th ories p dagogiques et psychologiques d apprentissages d activit s mais surtout le prolongement d un questionnement subjectif sur le sens de la r alit de ce qu il d couvre peu peu dans lequel la formulation de ses interrogations et de ses r ponses en confrontation avec celles des autres animateurs joue un r le fondamental de formation initiale Le sens de l activit n y est pas donn mais il est recherch dans une tude de la gen se de l activit et de sa B Vergnes et coll Du terrain pour l aventure Paris Masp ro 1975 CEMA HME DE FRANCE Activit s spontan es Patrick DESSEZ R sum Page 4 sur 5 Les Cahiers de l Animation n 34 2 trimestre 2001 pp14 23 continuit travers les ges La question fondamentale du rapport global de l enfant l activit peut y tre pos e plus clairement L activit spontan e est avant tout une activit cr atrice Elle introduit entre l enfant l espace les mat riaux et les adultes un lien subjectif qui est la manifestat
7. feux de signalisation elle livre l enfant une image inaccessible d un feu magique et tout puissant d un feu ma tris La rencontre brutale de cet l ment en libert sur le terrain redonne l enfant une vision r elle des choses De m me le centre de loisirs qui offre un four lectrique ne contribue qu renforcer d une part la mystification de l enfant par des objets magiques on appuie sur un bouton et a chauffe et d autre part sa sempiternelle d pendance la technique poss d e par l adulte Sur le terrain l enfant doit pouvoir mener bien ses d couvertes et ses essais nos d buts d animateurs de terrains pour l aventure furent pleins d erreurs cet gard Ainsi nous escrimions nous apprendre aux enfants la fa on d allumer un feu correct qui br le bien II faut mettre d abord le papier puis du petit bois puis du gros bois Les enfants quant eux persistaient ne mettre que du papier sur les premi res flamm ches Nous n avions pas reconnu dans ce feu papier une premi re tape essentielle de la relation de l enfant cet l ment le feu que nous souhaitions tait un feu servile propre servir les buts que peut se fixer l adulte La libre disposition des mat riaux est on le voit le moteur de l activit des enfants sur le terrain pour l aventure L enfant manifeste l mergence de son projet dans des activit s spontan es et l adulte favorise la r alisation de celui ci
8. ion d un besoin et d un int r t Une fille du groupe des grandes lit toute la journ e Bien s r nous aimerions qu elle bouge un peu et nous lui proposons puis imposons parfois N est ce pas l ne la comprendre qu avec nos projections th oriques sur le rythme de vie Nous pourrions peut tre essayer de parler avec elle de l couter de comprendre que si elle lit ce n est certainement pas insignifiant pour elle Le groupe des petits a envie de r p ter le m me jeu tous les jours L animateur voudrait bien varier En fait il suffit qu il s interroge sur cette envie et qu il ne censure pas dans l activit le d sir qui s y exprime qu on lui permette de parler en r union de choses aussi simples Un dialogue r ciproque d une intensit L coute attentive relationnelle importante L animateur n est ni le parent plus proche de l enfant et plus prisonnier de sa position affective ni l enseignant plus contraint par son statut son programme Sa moindre implication historique par rapport l enfant le partage et la m diation de la vie quotidienne et des activit s lui permettent d engager avec les enfants un dialogue r ciproque d une intensit relationnelle importante Par la bri vet du s jour et par l organisation du partage collectif d un v cu global attach la qualit de la vie quotidienne comme celle des activit s le dialogue entre enfants et entre animateurs et enfants peut se fonder sur
9. l activit Nous croyons trop souvent qu une activit r ussie est celle qui permet d atteindre rapidement un but la limite c est un peu le contraire La qualit de l activit passe par la multiplication des possibilit s d activit s spontan es de l enfant et les enrichit en respectant les sentiers qu emprunte chacun Alors c est s r le mat riel et les outils peuvent tre endommag s plus facilement Quelques uns nous ont dit que le mat riel tait gaspill Curieusement ils nous ont affirm aussi que le temps tait gaspill entendez les enfants font moins de choses productives par rapport l ann e derni re On nous a m me parl d attitude de consommation En fait l attitude de consommation c est bien celle qui consiste faciliter la fabrication pr d couper des morceaux de bois pour qu ils ne soient pas entaill s de mauvaise mani re apprendre rapidement les gestes n cessaires pour ne pas d t riorer le mat riel et en m me temps restreindre l exp rience maladroite utile la compr hension active de ce geste envisager une organisation d activit s de qualit certes et m me parfois faites par les enfants eux m mes avec un mode d emploi pr cis l animateur Vite d p chons nous de trouver des activit s raison de quatre par jour 4 x 30 jours 150 Et nous aurons une belle vitrine devant chaque centre Pourtant si on observe le d roulement d activit s spontan es on se rend
10. opres chaque enfant d assurer son propre d veloppement si l adulte est pr sent pour l aider r aliser ses projets et non pour imposer des activit s du dehors G Le Guillant Parler ensemble in VEN n 264 CEMA HME DE FRANCE
11. prioritaire de l quipe ducative Il s agit avant tout d installer toutes les conditions n cessaires de mani re ce que l adulte puisse agir avec l enfant pour tendre les possibilit s d activit s plus labor es qui s expriment dans des projets que les enfants ont tout moment le pouvoir de vivre leur rythme propre selon leurs d sirs leurs int r ts et leurs capacit s Cette d marche n exclut nullement les formes diff rentes d organisation entreprises choix propositions mais elle procure la condition et la possibilit pour l enfant de se forger en agissant sur la mati re et le milieu son projet propre Il s agit pour l animateur d attacher de l importance l observation et l am nagement d un espace et d une structure p dagogique support de conduites diversifi es non d termin es l avance Le feu fascine les enfants il constitue l activit presque unique de certains Qu il pleuve ou qu il fasse beau il y a presque toujours au moins un feu sur le terrain La plupart des exp riences qui naissent partir de la d couverte du feu sont du ressort de l imaginaire l enfermer dans une bo te l enterrer le faire monter l infini Mais cet imaginaire bute le plus souvent sur la r alit s v re de la nature il est difficile d allumer un feu qui r ponde l attente de d part cuire r chauffer clairer Si la ville d aujourd hui s cr te mille feux artificiels n ons enseignes lumineuses
12. une coute attentive centr e sur la d couverte de chacun r p t e chaque ann e et lib r e des statuts et des contraintes familiales et scolaires L enfant est v ritablement sujet de ce qu il dit et fait il est entendu ainsi par l adulte qui dialogue avec lui La disponibilit de chacun et le d sir de dialogue sont facilit s par une organisation p dagogique qui permet de parler ensemble d agir en prenant son temps prendre le temps et son temps de faire des choses en changeant la fois son v cu quotidien et sa vie d ailleurs d tre sujet responsable dans tous les moments de la vie collective Une organisation collective L organisation de la collectivit doit tre pens e pour r pondre cet objectif de lib rer la cr ativit des enfants et leurs permettre de jouer spontan ment sans les stopper en disant Les enfants arr tez tout c est l heure de l activit Un jour assis dans l herbe pensant tout autre chose qu aux enfants le directeur vint me voir Pris au d pourvu j essayai d organiser un jeu Je me souviens qu la fin il me proposa de m asseoir nouveau et en regardant les enfants se rouler dans l herbe il me dit Ils ont peut tre envie que tu joues avec eux avant d avoir besoin que tu les fasses jouer Il exprimait plus bri vement ce que j ai voulu dire dans cet article L ducation nouvelle se caract rise par la confiance de l adulte dans les possibilit s pr
Download Pdf Manuals
Related Search