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1.
2. marche de l aidant je sugg re que chacun ici cherche se reconna tre des degr s divers de pas du tout beaucoup dans l un o l autre ventuellement dans plusieurs de ces questionnements Premier questionnement premier enjeu possible ll comporte un degr d urgence int rieure souvent lev est ce que j existe vraiment dans ce monde Suis je autre chose que rien La vie peut elle avoir de la consistance ou du sens Les personnes chez lesquelles cet enjeu est tr s pr sent et le plus souvent sans qu elles en aient une conscience claire ont ten dance aider de facon presque r flexe avec un investissement affectif total mais peine exprim comme si aider allait compl tement de soi elles ne savent pas vraiment ce qu elles donnent quand elles aident et pourtant c est souvent beaucoup L id e de demander quelque chose pour elles m mes leur est trang re impensable en fait ce qu elles attendent de recevoir de celui qu elles aident est trop vaste trop fondamental trop inconscient pour pouvoir tre formul c est dis moi que Je te fais de l effet que je suis donc quelque chose pour quelqu un DIS MOI QUE JE FAIS PARTIE DU MONDE N imaginant m me pas que cette demande soit faisable ni qu une r ponse soit possible elles sont enti rement d vou es et leur abn gation est facilement exploit e par leur entourage ou leur employeur Si leur aide est critiqu e ou refus e ell
3. tre la hauteur de cette attente On pourrait consacrer un tr s gros livre aux aventures et surtout aux m saventures du d sir d aider supposer que ce livre existe ce que je vais vous dire aujourd hui n en serait donc qu un extrait tr s rapide Pourquoi pour commencer avoir pris comme th me de s minaire cette question de pourquoi vouloir aider les autres J y vois deux raisons e la premi re est que cette interrogation est pour moi permanente comme elle l est aussi ma connaissance pour la plupart de mes coll gues Le questionnement sur nos motivations nous autres psychoth rapeutes doit en effet tre constant si nous voulons tra vailler correctement sans cesse nous devons savoir d m ler avec une clart suffisante ce qui dans la relation avec nos clients vient de nous ou vient du client Sinon on ne fait pas de l aide th ra peutique on fait de l aide sous une autre forme conseil accueil nourriture ducation mais on risque aussi de faire de la surpro tection du gavage ou du gouroutage c est dire le contraire de l aide si le but poursuivi est de permettre nos clients de recou vrer un jour leur autonomie et leur cr ativit Je signale au pas sage qu ma connaissance la psychoth rapie est la seule pro fession dans laquelle il soit demand par les associations profes sionnelles de se soumettre un contr le r gulier par des pairs supervision CO vision justement pour viter c
4. aide qu il proposait ou plus difficile encore s est vu d valoriser d ni grer voire ndiculiser cette aide pourtant apport e du fond du coeur Et donc chacun ici conna t l inqui tude le malaise la blessure de ne pas pouvoir aider et le sentiment de d sarroi d injustice ou de col re qui l accompagne C est dire quel point le d sir d aider est int ress l aidant d sire aider en tout cas pour se faire du bien lu m me puisque quand il n y parvient pas cela lui fait mal au point m me que celui qui voulait aider peut devenir qui ici n en a pas fait l exp rience agressif ou blessant avec celuH m me qui il disait vouloir du bien Exemples le parent avec son enfant qui demande tre aid pour ses devoirs l enfant comprend mal ce que le parent explique celui ci s impatiente et finit par r pri mander ou frapper son enfant Ou encore le m decin qui se met en col re contre son patient parce qu il ne supporte pas le traite ment c est arriv l un de mes proches ou encore l infirmi re qui reproche son malade d avoir mal ou l ducateur qui bruta lise les enfants dont il a la charge parce qu ils l agacent etc Quels sont donc les enjeux intimes de l aidant pour qu il soit si vuln rable au refus de l aid Quelle attente a t4l quand il aide et qui peut tre si douloureusement frustr e Examinons quatre pos sibilit s c est dire quatre types d enjeux ventuellement pr sents dans la d
5. assurer eux m mes bien souvent is imposent leur aide plut t qu ils ne la proposent car pour eux seule une aide qui risque fort d tre refus e ou qui para t impos sibie au premier abord donc techniquement socialement ou humainement improbable est vraiment valable Leur plaisir d aider est donc beaucoup plus dans la ma trise que dans le partage qu ils craignent Il leur faut des responsabilit s et sont l aise dans le rapport de forces ils Sont tent s par les exploits techniques et les cas difficiles mais pas les cas d sesp r s ou Chroniques qui demandent de grandes ressources de patience et d abn gation car ces donneurs d aide sont plus des retourneurs de destin que des preneurs en charge contrairement ceux de la categorie pr c dente Donc iis acceptent la d pendance pourvu qu elle soit provisoire car au bout du compte tis escomptent une parole de r assurance et de gratitude qui vienne d un vis vis digne de ce nom lls seront Pierre Jain 141 Pierre Janin 142 donc attir s par les positions socialement dominantes l action syn dicale cu politique la th rapie provocatrice ou frustrante les aflaires peut tre si elles comportent un environnement humain suffi samment modelable et pour ce qui nous concerne aujourd hui dans cette assembl e par le m tier de m decin dans ses aspects techniques ou des fonctions de cadre soignant ou administratif Et maintenant que se passe t il du c t de l ai
6. son besoin de partage et d changes et notam ment quand c est possible avec celui qu il aide I acceptera sans doute de r pondre toutes les demandes d aide o il lui semble avoir une comp tence mais son besoin de confinnation et d changes lui rendra indispensable d avoir parmi ses aid s au moins quelques personnes capables de l appr cier en tant qu tre de Chair et de sang et avec lesquelles il se sentira dans une relation Pierre Jarin de solidarit humaine plus large et plus r ciproque que la simple relation d aide unilat rale ne pourra donc pas rester brancardier secr taire ou technicien on l imagine plus volontiers charg de t ches d coute active de formation d enseignement de res ponsabilit et coordination des personnes qu il soit m decin infir mier ou administratif Ce quatri me style d aide me semble t il et ce sera la derni re hypoth se que je risquerai votre sujet est celui vers lequel tend chacun d entre nous Pas forc ment port e de main si s inter pose trop imp neusement notre besoin d tre pr alablement confir m s quant aux enjeux de base exister tre utiles et tre recon nus capables d amour Mais pas inaccessible si seulement nous en avons le d sir ou la nostalgie qui sont les pr curseurs de ce qui est possible C est en tout cas ma conviction personnelle que l ave nir en mati re de plaisir d aider est riche pour ceux qui ont la pas sion du partage
7. Le d sir d aider gt texte propos ci dessous est une intervention faite dans le cadre des Rencontres Hospitali res qui ont eu lieu en Avignon en janvier 1992 Ce congr s du GRAPH groupes de recherches et d application hospitali res avait pour th me La dimension cach e des soins Il a t publi dans la revue Gestion Hospita li res num ro hors s rie de 1992 LE D SIR D AIDER UNE EXP RIENCE INTIME Ma premi re impression en commen ant vous parler est celle de la diff rence qu il y a entre vous et moi Vous professionnels de l h pital directeurs et cadres m decins engag s dans la rela tion d aide au niveau d une collectivit avec un pouvoir ou une d pendance hi rarchique et dont la parole a une port e souvent ou m me essentiellement sociale Moi en face psychoth rapeute ind pendant travaillant en majeure partie seul sans position hi rarchique et dont la parole a une port e essentiellement person nelle m me si elle est destin e avoir ailleurs et plus tard des effets dans la vie sociale de la personne concern e En pr parant cet expos je me suis justement rendu compte qu en fait j allais vous parler comme je le fais d habitude avec mes chents en s ances individuelles ou avec mes stagiaires quand je travaille en groupe c est dire en faisant le pari que chacun de vous est en m me temps qu un professionnel de l h pital un homme ou une femme en demande en attente en recherch
8. d face un don neur d aide trop occup par ses enjeux personnels c est dire chez qui le d sir d aider est surtout un besoin d aider LES DIFFICULT S DU C T DE L AID Sans prendre trop de risques ici encore je peux faire une hypo th se vous concernant il est arriv chacun de vous au moins une fois et sans doute plus de vous voir imposer une aide tr s difficile accepter et cela pas simplement pour des raisons d amour propre mais cause d un malentendu grave la faveur duquel pour prendre un exemple caricatural on vous a propos de vous materner alors que vous aviez une jambe cass e ou de vous don ner un cachet d aspirine pour vous gu rir d un chagrin d amour En effet quand l aide apport e est surtout la manfestation du besoin d aider l aid court le risque d avoir accepter quelque chose qu il n a pas demand Pour prendre des exemples dans l domaine m dical on donne au malade quelque chose qu il ne veut pas analyses traitements dont il sait l inefficacit ou redoute l ventuel effet nocif sur lui qui le d valornise refus du personnel soignant de r pondre clairement aux questions condescendance par rapport l anxi t ou la souffrance physique de l aid qui l humilie par exemple d shabillage complet pour des examens qui ne le n cessitent pas qui l infantilise surprotection bref une aide qui ne le respecte pas comme personne Autrement dit l aid peut tre bl
9. e semblable donc en cela l homme que je suis Je partirai donc du postulat que chacun de vous ici a l exp rience personnelle et intime Pri re Jawn 135 Pierre Janin 136 du d sir d aider et que ce d sir est dans sa racine v cu comme quelque chose de s rieux pr cieux peut tre m me sacr Et d ailleurs j ai me semble t il un autre point commun avec vous c est que je me sens moi aussi concern par les affaires collectives En effet je mets en route en ce moment le projet d un leu de rencontres et de travail destin servir de Creuset c est le nom que j ai donn ce projet pour la fermentation et la trans formation des personnes dans leur rapport avec elles m mes et avec le monde c est la forme plus sociale que le cadre intimiste du cabinet de psychoth rapie vers laquelle s oriente actuellement mon propre d sir d aider Concr tement en tout cas si je suis ici aujourd hui ce n est pas cause de ce projet qui est d ailleurs tout nouveau n c est parce que j ai propos et anim l t dernier et je propose d ailleurs nouveau cette ann e un s minaire de d veloppement personnel ayant pour th me Aider les autres pourquoi 7 titre qui tra vers quelques interm diaires est arriv jusqu Sylvie Cheroutre Elle a estim que quelqu un qui pose et travaille ce genre de ques tion pouvait apporter quelque chose d int ressant cette assem bl e il me reste maintenant
10. es insuffisances ces erreurs ou ces dangers tant la question pourquoi j aide les autres est premi re pour tout psychoth rapeute qui veut tre la hauteur de ses responsabilit s Et je la suppose donc importante aussi pour toutes les personnes qui d une fa on ou d une autre en aident d autres e et justement j en arrive la deuxi me raison de mon th me de s minaire j ai dans ma client le beaucoup de personnes directe ment engag es dans une relation d aide assistantes sociales ducateurs infirmi res m decins dentistes formateurs cou tants de SOS amiti m res de famille psychoth rapeutes ensei gnants au cours de leur travail avec moi toujours la question se pose et parfois jusqu une remise en cause compl te de savoir pourquoi ils aident ou veulent aider les autres jeunes vieux cas Sociaux malades enfants personnes en difficult Je peux dire ici ce que j ai constat tant chez moi m me que chez les personnes que j ai accompagn es dans un travail sur elles m mes ou Chez mes coll gues avec qui j ai discut ces questions et que je vous propose ici d examiner pour vous m mes au moins titre d hypoth se 1 Le d sir d aider est tr s r pandu et tr s fort chez beaucoup de gens et notamment chez ceux dont c est le m tier ou l occupa tion principale et chez qui les souhaits ou lans suivants sont sou vent imp rieusement pr sents aider une personne plusieurs beaucoup le m
11. es vivent cela comme une confimmetion douloureuse peut tre m me insupportable de leur doute essentiel Elles la proposent donc de pr f rence des personnes trop d pen dantes pour tre en mesure d en juger jeunes enfants vieillards grands malades personnes en fin de vie ou mentalement d fi cientes ou socialement d favoris es ou non int gr es etc Elles sont donc tent es par les m tiers d instituteuritnice aide m na g re garde malade infirmier re assistante sociale Deuxi me questionnement deuxi me enjeu possible AHe vraiment quelque chose d utile d int ressant de construc Pierre Janin 139 Pierre JINN tif apporter Suis je vraiment porteur de quelque chose d impor tant pour quelqu un Cet enjeu ressemble celui qui vent d tre cit avec cette diff rence importante que l urgence qui y est associ e est beaucoup moins dramatique l aidant sait qu il existe mais il doute de son int r t r el pour autrui se voit nul il est porteur d un jugement a priori de d valorisation de luhm me il estime que n importe qui d autre ferait les m mes t ches sa place et sans doute mieux que lui certes il fait partie du monde mais le monde pourrait tr s bien se passer de lui c est du moins ce qu il se dit ou dit volontiers D ailleurs il s estime trop peu important pour demander quelque chose pour lu m me autrement qu avec mille pr cautions pr alables I mane do
12. ess par l aide que l aidant lui impose quand il ne voit ni ne sent qu en face de lui il y a quelqu un de diff rent dont les besoins ne r pondent pas forc ment aux siens titre d exemple voici quelques cas pratiques o celui qui aide peut aussi bien blesser qu aider selon qu il est inattentif ou attentif celui qu il veut aider Pour aider quelqu un qui souffre de Dignit bless e Sentiment d abandon Crise d angoisse Etre d bord par une situation concr te trop complexe Ch mage longue dur e Accident somatique grave Convalescence soma tique inqui tude psychologique je le blesserai en le maternant en ignorant sa dignit de personne en le traitant d embl e comme mon gal en d montrant rationnellement le non sens de cette angoisse en laissant la personne INncomprise en proposant une th rapie ou m dicaments en lui d montrant en quoi c est de sa faute en l questionnant sur le sens psychologique de son accident en cherchant des r assurances unique ment m dicales Pierre Janin je l aiderai en l coutant en lui t moignant du res pect en le traitant d embl e comme mon gal en le prenant en charge pour un long r apprentissage de la confiance en reconnaissant la r alit de l angoisse peut tre en envi g ant th rapie ou m dicaments en proposant l aide d un esprit clair et rationnel en lu permettant de revalonser l image sociale q
13. ides soignantes nombre de th rapeutes ou de m decins accueillants et nourriciers mais aussi des adminis tratifs des cuisiniers Troisi me questionnement troisi me enjeu possible Suis je capable d apporter de l amour et pas seulement du mal tre de la maladie du malheur ou m me de la mort Suis je capable d autre chose que d un comportement go ste et pares seux inapte l altruisme et qui renonce aider ou aimer la premi re difficult 2 Ici nous avons les coupables ceux qui se sentent intimement responsables d avoir fait du mal ou en tout cas de n avoir pas fait suffisamment de bien et qui ont donc une dette vis vis des per sonnes en souffrance Leur attente est d tre enfin valid s comme porteurs de bien et non pas seulement comme ils en ont la conviction douloureuse comme vecteurs de mal Redoutant constamment un ventuel reproche ils d daignent de demander quelque chose pour eux m mes mais bien s r leur ardeur prouver qu ils sont fondamentalement de bonne volont est grande Imp neuse m me avec une tendance au for age dans le travail et dans l expression de leurs convictions souvent tein t es de p dagogie ou de moralisme Releveurs de d fis renver seurs d obstacles d fenseurs de causes ils demandent implici tement ceux qu ils aident et peut tre encore plus ceux qui les voient aider VOYEZ COMME JE SUIS CAPABLE D AMOUR thn Cherchant sans cesse s en
14. nc souvent de lui une sorte de r signation envahissante c est dire en fait une r clamation latente qui peut se traduire ainsi moi qui n ose rien penser de positif mon propre sujet DITES MOI QUE JE SUIS UTILE A QUELQUE CHOSE Faute de pouvoir le croire spontan ment il donne de l aide avec h sitation maladresse laissant sans cesse celui qu il aide la possibilit de ne pas tre satisfait laissant entendre que d autres feraient mieux sans doute En fait ce sont l des exorcismes destin s loigner l ventualit que ce Jugement de sa non valeur soit vraiment port par quelqu un d autre et suog rer forte ment le jugement inverse Autrement dit il est vital pour ces per sonnes de faire plaisir quand elles en sont assur es leurs com p tences sont d cupl es et leur patience tr s grande Elles redoutent par contre les situations de rapport de force d favo rable o elles savent qu elles seront perdantes car trop enclines Justement partir battues en laissant tout le pouvoir de jugement l autre II leur faudra donc dans la pratique des gens aider qui soient d s le d part potentiellement reconnaissants enfants suf fisamment r ceptifs malades en demande explicite de soins per sonnes en demande explicite de nourriture d coute d accom pagnement patient Ce style d aide et l enjeu qui le sous tend se rencontrera donc chez des enseignants des ducateurs ici aussi des infirmi res et a
15. onde entier faire du bien consoler rouvrir des portes ferm es pr ter main forte extraire du malheur sauver la vie rendre heureux Oter la souffrance l angoisse le sentiment d inf riorit l infirmit la plainte la d prime Proposer un mieux tre piq re m dicament soins soulagement affectif et moral pr sence attention amour argent m tier conseils 2 Le d sir d aider a des moyens techniques m thodes th ra peutiques et leurs th ories moyens mat riels avec leurs modes Pierre Janin 137 Pierre Jann 138 d emploi politiques d action Par exemple le diagnostic le plan de traitement les m dicaments la chirurgie les examens m di caux les instruments les appareils les locaux l argent la politique m dicale la prise en charge sociale etc Il a aussi des moyens non techniques je veux dire spontan s plus imm diatement humains l accueil l coute le dialogue les gestes les attentions les marques d int r t etc 3 Le d sir d aider n a pas un destin crit d avance il peut r us sir h siter tre plus ou moins adroit voire chouer Bien s r celui qui re oit l aide est le premier concern mais celui qui la donne est tr s concem lui aussi comme on peut s en douter et comme nous allons l examiner plus en d tail maintenant Commen ons par les difficult s LES DIFFICULT S DU C T DE L AIDANT Chacun ici au moins une fois dans sa vie s est vu refuser l
16. sa r ussite provient notam ment de la gratitude des personnes qu il a aid es ou de l appr ciation des coll gues c est un plaisir dans la relation d changes et de partage L aide est donc au point de rencontre entre deux besoins celui du donneur et celui du receveur Dans leur nature premi re ces deux besoins sont aussi aveugles l un que l autre Pour que leur rencontre risque le moins possible d tre d cevante il faut qu elle soit clair e par un travail d apprentissage jamais rapide et sans doute jamais termin celui qui consiste largir les enjeux go centriques du besoin d aider qui dans son essence se sert de l autre jusqu y inclure l enjeu de la relation avec l autre dans laquelle l aidant peut servir l autre tout en recevant de lut une r ponse ses besoins personnels Simple dire mais pas forc ment faire Chacun ici sait qu une formation prend d autant plus de temps de patience et de volont qu elle implique une remise en question de soi m me ce qui est videmment le cas de celle que je viens d voquer Il est donc hors de question que je fasse ici autre chose que d en poser le principe g n ral Par contre je voudrais proposer une description du style d aide de celui qui aurait s rieusement entam cet appren tissage et que pour l associer aux descriptions pr c dentes dont il est la suite logique j intitulerai Quatri me questionnement quatri me enjeu possible Ici celui q
17. u il a de lui m me en lui proposant un emploi en l adressant d urgence un m decin ou un hopital en cherchant clairer le sens psychologique de cet v nement 143 Pierre 144 w On le voit le d sir d aider ne porte pas n cessairement en lui m me les conditions de sa r ussite il a besoin d un mode d emploi LA R USSITE DU D SIR D AIDER De tout ce qui pr c de il ressort finalement que la r ussite de l aide se mesure au mieux tre apport l aid et au plaisir de l aidant devant ce mieux tre On l a vu la n cessit vitale de ce plaisir pour celui qui aide souligne quel point le d sir d aider est d abord un besoin personnel contrairement ce que voudrait une certaine morale traditionnelle qui laisse croire que l aide d sin t ress e existe vraiment autrement dit le d sir d aider cherche son plaisir d aider comme tous les autres d sirs cherchent leur plaisir et le trouve dans l ad quation entre ce qu il offre et ce qui est demand Notons au passage que ce plaisir a des variantes lorsque l aidant per oit sa r ussite au niveau technique il a bien appliqu une m thode mani une technique fait r ussir une poli tique le plaisir reste plut t hors de la relation intime avec la ou les personnes aid es c est un plaisir de ma trise plut t solitaire Quand au contraire celui qui aide se situe plut t dans la dimension non technique le plaisir qu il retire de
18. ui aide n a pas ou n a plus les doutes graves des trois premiers il sait qu il existe pour d autres qu il peut tre utile quelque chose qu il est porteur de bien pour les autres Son doute concerne la valeur humaine de l aide qu il apporte ici et main tenant l aid Est ce la bonne aide pour cette personne l Est ce la mani re la plus juste de l aider qu en sera t il du moyen terme ou du long terme qui d coulera de ce que je fais mainte nant ai je mis en action toutes mes comp tences toute ma sen sibilit n aie pas amoindri ou biais mon aide cause de mes insuffisances techniques ou de mes probl matiques personnelles n Ce qu il demande l aid en somme c est de confirmer sa com p tence technique et sa qualit de pr sence humaine DIS MOI QUE JE T AI VRAIMENT AID Ii sait ou sent que l aide selon les cas ou bien se propose ou bien doit attendre d tre demand e ou bien s impose que l aid peut avoir de la gratitude ou n en pas avoir qu un exploit tech nique peut faire un miracle ou n tre qu un coup d p e dans l eau que la sympathie l int r t l amour sont essentiels et peuvent pour tant chouer que le crit re d une aide r ussie est difficile d fi nir I sait que demander est normal que donner avec discerne ment s apprend et qu il n a pas fini d apprendre Pour lui le m tier d aidant est un artisanat exigeant que ses incertitudes rendent sou vent solitaire d o

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