Philippe Claudel, Bon anniversaire, Monsieur
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1. 140 145 150 155 160 toutes les sangles le c ur battant et d un geste ample autant que th tral arracher l immense b che qui s envola dans le ciel comme un pervier pour retomber au sol dans un bruit de froissement Alors d couvrant pour la premi re fois dans la lumi re rasante du matin de cette belle journ e d t ce qu il n avait vu jusqu pr sent que sur catalogue Hyppolite Framottet fut secou d un tremblement nerveux II sentit sa gorge se nouer et quelques larmes de joie poindre au bord de ses yeux Jamais il n avait t aussi heureux de sa vie Lorsque Madame Framottet une forte brune que ses trois grossesses avaient paissie plus encore constata l absence de son mari elle n en fut gu re tonn e habitu e qu elle tait au fait qu il partait souvent tr s t t l usine m me les dimanches m me les jours de f te m me les jours d anniversaire Lorsqu elle fut toilett e corset e peign e lorsqu elle eut pris son petit d jeuner lorsqu elle eut donn quelques ordres au personnel et aux nurses lorsqu elle eut salu sa s ur sa m re elle sortit dans le parc afin d y cueillir un bouquet de roses Il tait un peu plus de huit heures La chaleur d j tait accablante Elle descendit les marches du perron les yeux riv s sur ses pieds qu elle avait un peu bancals afin d viter toute chute Parvenue sur le gravier elle regarda enfin devant elle le vit poussa un cri faillit s vanouir H2. une branche basse ressemblait un gros linge qu on aurait mis s cher Les deux gar ons avaient roul sans dommages dans l herbe Ils riaient comme des fous Au loin la belle s ur accourait en poussant le landau L arbre n avait rien L automobile neuve quant elle ne faisait plus aucun bruit Son devant avait pous la forme du tronc se lovant autour comme pour le prot ger Elle fumait l g rement Il faisait toujours tr s beau Un merle dans les frondaisons se mit siffler un air joyeux Quelques jours plus tard Hyppolite Framottet fit enterrer l pave dans le fond du parc Il jeta galement dans la fosse la casquette les montures des lunettes les bottes le pantalon la veste et l charpe en peau de loutre Il acheta prix d or le silence du photographe Sa belle m re jusqu sa mort ne lui adressa plus jamais la parole Sa femme le battit froid durant des mois Ses deux gar ons re urent bien des gifles d s lors qu ils voquaient ce radieux matin d anniversaire Des ann es apr s l incident il y eut dans le monde du jouet une forte demande de mod les en bois repr sentant des automobiles des camions des voitures de pompiers A la stup faction de tous Hyppolite Framottet pourtant d ordinaire audacieux entreprenant et visionnaire ne voulut jamais que son usine se m t fabriquer de semblables articles D ailleurs lui m me ne se d pla ait qu en tilbury tir par deux canassons ecz mateux alors que tous ses confr
3. 4 heures du matin Il d jeuna tr s l g rement de saucisses de caf de fromage de jambon d ufs et de brioche Puis apr s quelques ablutions il prit dans une haute armoire de son dressing trois paquets parall l pip diques qui taient secr tement arriv s trois jours plus t t en provenance directe du Bon go t moderne 168 boulevard Haussmann Paris Il ouvrit les paquets en sortit leur contenu puis s en rev tit avec un plaisir qu il parvint peine se dissimuler soi m me La maison dormait encore lorsqu il descendit le grand escalier faisant grincer le cuir de ses bottes neuves et feuler le tissu r che de la curieuse veste qu il venait d endosser Parvenu au dehors avec les pr cautions d un conspirateur il descendit la grande all e de gravier jusqu au portail puis attendit debout au bord de la route Il tait un peu plus de cinq heures Les mains gant es de phoque le haut du cr ne engonc dans une casquette rabats vert olive pelucheuse et d une taille trop petite pour lui les yeux disparaissant derri re d normes lunettes de forme hexagonale monture d acier doubl e de caoutchouc ce qui avait pour vertu de les rendre selon le prospectus parfaitement tanches au vent et l eau quelles que soient les conditions atmosph riques fussent elles pouvantables ou bien polaires gt le cou entortill dans une tole en peau et fourrure de loutre la poitrine opprim e par une triple jaquette poche
4. le visage de l industriel et le rafra chit Les enfants chantaient et regardaient derri re eux le ch teau s loigner L pouse s tait un peu raidie de peur La belle m re fermait les yeux Framottet conduisait Gr ce ses lunettes le plein jour d t lui apparaissait comme une morne matin e de novembre emp tr e d un brouillard tenace Il ne distinguait pas deux m tres devant lui Mais son bonheur malgr cette quasi c cit atteignait cet instant de tels sommets que rien n aurait pu l alt rer Aussi gris par cette culmination des sens il r pondit tr s l g rement son pouse lorsqu elle lui fit remarquer qu il venait de quitter l all e Taisez vous lui dit il nous sommes si bien gt Et tout cela d une voix douce totalement inhabituelle une voix de bambin de bambin heureux dans son brouillard Trois secondes plus tard l instant o Hyppolite Framottet songeait que la vie tait une bien belle chose et la technique l avenir de l homme l automobile percuta de plein fouet le f t d un orme trois fois centenaire Framottet fut projet vers le tronc et son visage s crasa contre l corce Ses lunettes se bris rent et les clats de verre dessill rent sur sa peau de sauvages g om tries Il se releva sonn abruti petit homme tout nu chass de son paradis Sa belle m re gesticulait dans l herbe et geignait faiblement se tenant le bras gauche bris net au niveau du cubitus Sa femme suspendue
5. mijotait et qui le faisaient de plus en plus ressembler une grosse marinade On d balle tout demanda le plus grand des gars qui avait une t te triste et beige Je m en chargerai coupa Framottet qui commen ait concevoir un sentiment de possession et de jalousie l gard de l objet qu on venait de lui livrer On vous montre pas comment a marche hasarda l autre convoyeur Je ne suis pas idiot trancha Framottet avec d dain Le gars haussa les paules avec r signation Faites attention quand m me c est capricieux ces choses l Le convoyeur t te triste avait dit cela en reprenant les r nes du cheval de t te L autre ajouta Il y a un mode d emploi l int rieur on ne sait jamais a pourrait vous servir C est cela c est cela jeta Framottet avec irritation se demandant quand ces deux corniauds le laisseraient enfin seul avec ce qu il avait attendu depuis des mois et qui d sormais tait l chez lui pour lui seul Les deux gars attendirent un pourboire qui ne vint pas Puis de guerre lasse ils s pong rent le front marmonn rent un au revoir remont rent dans leur voiture et lentement s en all rent Hyppolite Framottet tr pignait comme un enfant Il attendit que la voiture et les convoyeurs aient disparu pour avec respect et d licatesse presque avec d votion d tacher la premi re sangle puis la deuxi me puis la troisi me puis 110 115 120 125 130 135
6. res roulaient depuis longtemps sur pneumatiques Faute de s engouffrer vers ce nouveau march l usine Framottet p riclita rapidement d pass e qu elle fut par la concurrence Certains tent rent bien de convaincre l industriel de se plier aux nouveaux go ts du public mais jamais il ne c da Hyppolite Framottet mourut en 1940 totalement ruin On le d couvrit sur un banc de son parc qui ressemblait faute d entretien une v ritable jungle Dans la poche int rieure de son veston on trouva une photographie jaunie et us e qu il s tait plu regarder souvent depuis des ann es presque chaque soir comme on regarde dans sa m moire un beau r ve en all et qu on ne saisira plus jamais L image force de manipulations s tait presque totalement effac e On distinguait peine les formes les visages les tres pr sents ce sur quoi il tait assis Seule la l gende Premi re automobile du bourg juin 1906 tait bien lisible C tait comme de mettre quelques mots sur un grand carr de blancheur un vide parcouru par les traits ind cis de fant mes perdus Ce n tait plus rien qu une l gende
7. 10 15 20 25 30 35 40 45 50 Philippe Claudel Bon anniversaire Monsieur Framottet Trois Petites Histoires de jouets d Virgile 2004 Le 23 juin 1906 Hyppolite Framottet s appr tait f ter son anniversaire Il avait cinquante et un ans une femme trois enfants dont le dernier avait douze mois une belle s ur une belle m re une usine vapeur qui dressait dans le ciel une chemin e norme 214 ouvriers 20 contrema itres 3 comptables 2 directeurs une demeure cossue qui ressemblait un petit ch teau et une fortune immense dont lui seul connaissait l exacte tendue Barbu s v re travailleur infatigable bedonnant sujet la goutte avare il tait par ailleurs conseiller g n ral d cor de l ordre du m rite officier de la L gion d honneur d tenteur de la m daille de l industrie Bon p re et bon mari il se contentait chaque ann e de deux ou trois copulations ancillaires avant d loigner au plus vite en lui donnant la pi ce et une bonne lettre la servante avec laquelle il avait faut Il tait re u chez l v que le pr fet quelques secr taires d tat Il en concevait une fiert de dindon Il aspirait la d putation Hyppolite Framottet tait un homme heureux mais ce bonheur il ne le montrait jamais ne sachant d ailleurs pas trop d finir ni m me nommer le sentiment de pl nitude qui l envahissait lorsqu il compulsait les carnets de commande pleins craquer que lui t
8. e tout un tas d am liorations tant techniques que cr atives qui bien vite donn rent l tablissement une envergure nationale dans son domaine qui tait celui du bois tourn A la mort de son p re en 1891 Hyppolite Framottet prit seul la direction de l usine Il s assit dans le grand bureau aux murs couverts de panneaux de palissandre posa son derri re d j imposant sur l assise du fauteuil en cuir le fit pivoter et donna le c ur battant son premier ordre de nouveau chef au secr taire tout en regardant face lui le portrait barr d un cr pe noir de feu son p re En quelques ann es l activit de l usine fut multipli e par cinq On embaucha on sous traita on s agrandit Sans concurrent r el Hyppolite Framottet devint une sorte de monarque d un royaume de bois aux senteurs de buis et de h tre Toutes les pi ces qui sortaient de l usine taient envoy es aux quatre coins de la France parfois m me en Belgique en Prusse en Argentine voire aux Etats Unis d Am rique Mais ce qui propulsa son entreprise dans la sph re troite du grand capital ce fut le virage audacieux qu il lui fit prendre en 1900 lorsqu il d cida tout en continuant la fabrication d articles traditionnels de consacrer une partie de son parc de machines la production de jouets L usine prit son envol comme une fus e L argent s entassa dans les caisses On embaucha encore et encore Les grands magasins parisiens passaient commande chaque semaine O
9. endaient des mains respectueuses et craintives ou quand il marchait pas forc s dans son usine suivi de la petite troupe des contrema tres qui peinaient l g rement courb s suivre son allure et que partout le vrombissement des dizaines et des dizaines de tours se changeaient dans son pauvre imaginaire en une musique tintinnabulante celle de la chute soyeuse de francs or d vers s comme profusion d une corne brandie par une jeune fille laiteuse aux seins d couverts Hyppolite Framottet avait h rit de l usine que son propre p re avait fond e en 1871 Tr s vite Framottet p re se rendit compte de l intelligence limit e de son rejeton et plut t que de le laisser devenir compl tement idiot en somnolant sur les bancs des j suites de Besan on il le fit revenir au bourg et entreprit de l initier au m tier de bourgeois industriel Si ni Platon ni Bossuet ni Lamartine n taient jamais parvenus veiller le moindre int r t dans l esprit un peu lourd du jeune homme le principe de l investissement de la fraction du capital des encours terme du report d agios de l talement des traites et du paiement rebours lui parurent les arcanes passionnantes d une sorte de grand jeu pour lequel il devint assez ais ment un champion Par ailleurs sans avoir de g nie ni m me la moindre parcelle d invention il sut capter le meilleur des autres se l accaparer et se l attribuer C est ainsi qu il put doter l usine paternelle d
10. eur coulait le long de ses lunettes dont il put ainsi v rifier l tanch it Les poils de loutre irritaient sa nuque Il marinait dans ses bottes Ses poumons oppress s peinaient lui d livrer de l air Il vint au devant des voituriers Il se pr senta eux et voix basse les invita le suivre Les deux types paraissaient harass s comme s ils avaient fait un tr s long voyage L accoutrement d Hyppolite Framottet ne sembla pas les intriguer Ils se laiss rent conduire Dans un silence total l industriel ouvrit grand le portail du parc la voiture entra Les chevaux semblaient aussi ext nu s que leurs ma tres Parvenu pr s du perron Framottet fit arr ter le convoi et murmura l oreille des deux hommes que c tait l qu il fallait d charger Ils soulev rent les b ches apparut soudain une masse norme presque cubique entour e de toiles goudronn es sangl e de toute part Les deux gars plac rent quatre planches paisses et larges l arri re de fa on ce qu elles touchent le sol Puis ils mont rent dans la voiture et ensemble et d un m me effort pouss rent l norme colis emball qui se mit glisser magiquement puis d valer les planches pour finalement venir sur le sol et s immobiliser en s enfon ant un peu dans les graviers Hyppolite Framottet avait surveill la man uvre avec angoisse et jubilation Tout entier son observation il ne faisait m me plus attention aux flots de sueur dans lesquels il
11. il Le photographe murmura sa femme sans comprendre Allez allez vite Elle s en alla se retournant sans cesse tr buchant sur la premi re marche Framottet n avait pas l ch son volant II fallut calmer les deux a n s des enfants qui dans rent autour de l automobile en poussant des hurlements de jeunes sioux Le petit dans son landau pouss par Gertrude la s ur de Madame Framottet battait des mains et bavait sur sa chemise La belle m re de l industriel consid ra l objet avec terreur refusa d y monter finit par se laisser tout de m me convaincre mais garda une moue de d go t que sa voilette rabattue parvenait peine dissimuler Il lui avait toujours sembl que son gendre tait un cr tin un cr tin immens ment riche certes mais un cr tin tout de m me et lorsqu elle vit dans quel accoutrement il s tait mis ses doutes se transform rent sur le champ en une certitude inali nable Le photographe arriva l heure Il consid ra l engin en sifflant d admiration C tait pour lui aussi la premi re automobile qu il voyait C tait la premi re du bourg la premi re du canton la premi re de la r gion Il pla a son tr pied de telle sorte qu il avait dans son objectif l automobile de trois quarts Tout avait t pr par minutieusement par Hyppolite Framottet sur un croquis qu il avait fourni l avant veille au photographe L industriel d testait les surprises ainsi que le hasard Madame Framottet avait pr
12. is place l arri re avec les deux gar ons Edmond et Baptiste qui avec leurs ongles commen aient graver leurs initiales dans le cuir gras des si ges La belle m re avait eu l honneur de s asseoir au c t du conducteur Quand la belle s ur un peu en retrait de l automobile elle tenait la poussette et souriait l objectif Il y eut un cr pitement de magn sium que Framottet distingua comme un clair au travers de la bu e qui gr ce ses lunettes tanches lui servait d univers Puis les enfants cri rent hourra tambourin rent sur la banquette et r clam rent de faire un tour Le photographe s en alla avec son mat riel Framottet ne voulait pour t moin de son grand bonheur que sa famille 9h10 du matin il enclencha le contact L automobile toussa Un nuage de fum e d une puanteur stup fiante sortit du moteur Des vapeurs d eau d huile et de p trole mont rent dans l air estival Puis l engin fut secou comme un panier salade par les tr pidations du moteur Les deux gar ons chahutaient tapaient du poing sur le dossier du conducteur La belle m re serrait les dents L pouse enfin conquise par la modernit arborait d sormais le m me sourire de bienheureux que son mari Alors Framottet le c ur au bord de l extase desserra le frein et l automobile bondit d un coup emport e par une vitesse fr lant les vingt 165 170 175 180 185 190 195 200 cinq kilom tres l heure Le vent fouetta
13. n avait peine suivre Hyppolite Framottet eut soudain le sentiment nigaud que la terre lui appartenait Lorsqu il marchait dans le bourg les hommes s arr taient enlevaient leur casquette et saluaient bien bas Les femmes quant elle s arr taient aussi et faisaient une sorte de petite r v rence Il ne r pondait ni aux uns ni aux autres Il faisait mine de ne pas les voir partant du principe que les ouvriers sont tous des ivrognes et les ouvri res des d bauch es et que si lui commen ait leur rendre leur salut il passerait ses journ es cela Il avait bien d autres choses faire Ce d dain marqu ne l emp chait pas d ailleurs de faire en sorte que ses employ s vivent dans des conditions d centes Et souvent il s inqui tait de leurs logements du sort de leurs enfants de leur ducation de leur alimentation consentant souvent des avances sur les payes souffrant des retards sur les termes des loyers des appartements en sa possession qu il mettait leur disposition Aucune philanthropie ne dictait cela simplement le souci d un patron qui d sirait que sa main d uvre f t dans la meilleure forme possible afin qu elle lui donn t le meilleur d elle m me Ce n est pas avec un cheval trois pattes qu on tire bien la charrette Il avait p ch cette phrase il ne savait plus o et la r p tait l envi 55 60 65 70 75 80 85 90 95 100 105 Le 23 juin 1906 Hyppolite Framottet se leva
14. s multiples du dernier chic mod le anglais indispensable et fondamentalement n cessaire aux personnes de qualit voulant sans surprise s adonner ce nouveau sport gt les cuisses et les jambes emball es dans un pantalon bouffant d un jaune criard avec renfort en cuir de buffle aux articulations et au post rieur les pieds et les mollets contraints par des bottes dune forme r volutionnaire permettant les mouvements les plus amples comme les plus d licats gt Hyppolite Framottet m connaissable commen ait suer grosses gouttes dans son harnachement alors que le soleil n tait pas encore lev Vers cinq heures et quart passa sur la route Am d e Voreux un braconnier qui depuis qu il tait n jouait au chat et la souris avec le garde chasse et les gendarmes Il portait sous sa blouse deux li vres encore chauds qu il venait de d gager de ses collets Lorsqu il aper ut Hyppolite Framottet il ne le reconnut pas Il se frotta les yeux pensa un moment que la gn le qu il avait bue jeun lui donnait des visions et passant pr s de l industriel il lui lan a goguenard O tu vas mon gars sur la lune gt Hyppolite Framottet ne r pondit rien Il fit volte face rongeant son frein Voreux s loigna en rigolant comme un bossu Dix minutes plus tard l heure convenue une lourde voiture tir e par six chevaux et conduite par deux hommes se profila au bout de la route Hyppolite Framottet tait en nage La su
15. yppolite Framottet dans son costume hivernal d explorateur d op rette les yeux disparaissant derri re la bu e accumul e dans ses lunettes gigantesques le visage cramoisi et suintant de toute part se tenait assis dans une automobile flambant neuve aux roues hautes et noires l allure d norme insecte l l gance arachn enne ses mains gant es t tanis es autour du volant On aurait cru une statue Sur ses l vres s panouissait un sourire b at Il ne bougeait pas n tait pas mort pour autant mais simplement heureux heureux comme un enfant qui le jour de No l a trouv dans son chausson le jouet qu il esp rait depuis si longtemps Sa femme peine remise de ses motions fit le tour de l automobile dont les cuivres rutilaient sous le soleil Mon Dieu mon Dieu ne cessait elle de r p ter Puis regardant l individu assis derri re le volant et qui souriait aux anges elle lui dit C est bien vous Hyppolite Qui voulez vous que ce soit r pondit Framottet sans perdre ni son sourire ni sa pose immuable Mon Dieu mon Dieu gt continuait l pouse en tournant toujours autour de l automobile C est une vraie finit elle par demander Evidemment r pondit le mari grand seigneur alors qu en temps normal il aurait selon toute vraisemblance mouch sa femme par une remarque s che Allez je vous prie chercher les enfants votre s ur et votre m re le photographe ne va pas tarder reprit t
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