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1. La Quinzaine litt raire Du 15 au 30 d cembre 2007 Se tromper mode d emploi Si vous souhaitez teindre votre ordinateur appuyez sur d marrer Et si vous avez besoin d aide d brouillez vous En gros quand on se r f re aux notices modes d emploi et autres documents cens s nous aider utiliser les nombreux objets qui nous entourent on est mal partis Ces documents et d autres qui visent informer font l objet des observations s rieuses et amusantes de Christian Morel dans son enfer de l informa tion ordinaire Et disons pour commencer qu on y rit beaucoup NORBERT CZARNY CHRISTIAN MOREL L ENFER DE L INFORMATION ORDINAIRE Biblioth que des sciences humaines Gallimard d 250 p 18 50 En effet Morel d crit avec pr cision notre quotidien et les r actions que nous avons face aux objets comme l ordinateur le t l phone mobile la cafeti re ou la machine laver Certains ne lisent jamais les modes d emploi d autres cherchent vainement les comprendre mais tous nous avons connu ce d sarroi ou cette col re qui nous feraient presque jeter l appareil par la fen tre ou le rapporter au magasin ceci pr s explique l auteur que nous le faisons rarement sauf si le produit lui m me est d fectueux Nous ne nous rebellons jamais contre la langue employ e dans les modes d emploi Au pire nous en rions surtout quand la traduction ressemble ceci dans une brochure de loca tion de voiture
2. aine univocit et une grammaire quasi rudimen taire L exemple des synonymes propos s pour les diff rents composants d un autocui seur est ce titre loquent Appeler les choses par le nom commun qui les a toujours d si gn es n est pas du luxe qu est ce au juste qu une cr me moussante L enfer d crit n est pourtant pas si terrible ni effrayant qu on le croirait D abord parce qu il est peupl de conseillers officieux d usage Ces conseillers vous les connais sez tous c est le fils imbattable sur le mode d emploi du lecteur DVD c est le voisin qui d chiffre les notices IKEA c est le mendiant de Bercy qui vous indique quel billet prendre quand vous vous trouvez cette station de m tro C est maintenant l uti lisateur de logiciels incompr hensibles qui participe aux forums de discussion sur internet et vous donne en quelques minutes la solution que les guides d emploi ne donnent jamais Internet et ses ressources m me discuta bles sont une autre raison d esp rer chapper l enfer Heureusement nous trouverons des r ponses aux pires nigmes en appuyant sur le bouton d marrer de l ordinateur Car l au teur de ces lignes comme la majorit des consommateurs ne lit pas les modes d em ploi 1 Les d cisions absurdes Sociologie des erreurs radicales et persistantes Gallimard folio essai 2004
3. nniversaire Un an apr s le tsunami en Asie nous avons des images de Tha lande ou d Indon sie Puis plus rien Ce qui vaut pour l information vaut aussi pour la vulgarisation Elle est plus souvent descriptive qu explicative et moins une information est complexe plus la vulgarisa tion est explicative En gros l explication fait peur ceux qui devraient la donner Personne n explique comment Brunelleschi a construit le d me de Florence ni ce qu est un pont cantilever Ce serait sans importance si dans d autres domaines ceux qui doivent expli quer le complexe le faisaient Mais par exemple face aux cr ationnistes qui s vis sent dans les coles am ricaines et d sormais dans certaines coles d Europe nul ne propose de bonne vulgarisation de la s lection naturelle On laisse le champ des gens dangereux De m me les journalistes pr f rent ne pas inviter de sociologues la radio ils sont r put s trop difficiles comprendre Le probl me de l information ordinaire explique l auteur dans la derni re partie de l essai tient ce que le langage est un outil d interaction et non d information Il sert communiquer se lier avec autrui Il est en effet quivoque et la grammaire tr s riche au fond offre trop de possibilit s Dans toute l information ordinaire qu il voque on bute sur la complexit du langage qui n est pas ergonomique comme on le voudrait Or la traduction technique requiert une cert
4. s Tokyo Quand un passa ger de pied a en vue fl tez le klaxon Trompettez le m lodieusement au d but mais s il continue d obstacler votre passage alors fl tez le avec vigueur Les pictogrammes cens s tre lisibles partout ne le sont pas davantage Si vous essayez de d chiffrer ceux qui expliquent l usage du lavabo dans le Thalys Paris Lille vous tes mal pour reprendre une expres sion famili re Et comment lire une carte routi re si vous ne trouvez pas l clairage du plafonnier dans une voiture de location Que dire enfin des notices de m dicament qui restent floues sur la fa on de suivre le traite ment De tels exemples l essai de Christian Morel abonde Et chacun nous rappelle l ab surdit de ces situations que nous vivons chaque jour Notre vie devrait tre facilit e par la technologie de pointe elle devient un enfer Pav de bonnes intentions bien s r Cadre dans une grande entreprise Christian Morel avait d j consacr un essai remarqu aux d cisions absurdes 1 celles qui font que tout va de travers que des vies sont mises en danger alors qu un ordre simple ou naturel des choses ne devrait pas le permettre Morel se sert de ce qui l entoure pour analyser les boutons modes d emploi pictogrammes et autres l ments d informa tion et de vulgarisation pour nous clairer Il n est pas sp cialiste de r daction technique ni linguiste pas davantage s mioticien ou sp cialis
5. te en marketing mais un peu de tout cela la fois Il observe d crit rel ve les aberrations de l infra ordinaire pour repren dre le terme invent par Perec cit en pigra phe Morel num re tout ce qui rend complexe voire absurde ces informations de l absence de logique au d faut d argument du bruit qui rend incompr hensible l accumulation de d tails qui cr e l insignifiance il montre tout ce qui cr e un sous emploi de certains appareils ou des files d attente techno logiques longues queues se formant pour comprendre des informations trop complexes en des lieux aussi divers que le caf ou la boutique de t l phonie mobile Les objets en eux m mes sont de plus en plus sophistiqu s miniaturis s mais un m me bouton peut remplir diff rentes fonctions Cette grammai re compliqu e d courage l utilisateur et parmi les recommandations sur lesquelles se cl t le livre l une propose de simplifier d en revenir aux usages les plus communs de l objet Outre les notices modes d emploi ou boutons Morel s int resse l information quotidienne diff rencant Thistoire tronqu e de l histoire suivie En gros la premi re pr sente les faits en indique les cons quen ces imm diates La seconde s int resse ce qui suit au fil des ann es parfois Nous subissons l information tronqu e ne savons pas ce qui s est pass dans les semaines ou les ann es qui ont suivi sauf quand arrive la date a

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