L`armée dans la construction de la nation ivoirienne
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1. Kon 1975 145 146 Phrases tonnantes la limite de l apostasie Qu est ce qui a provoqu cet exc s de fi vre Il faut remarquer que la question de la milice du parti ne s est pos e qu au regard des tensions politiques suscit es par les premi res revendications pour Pins tauration du multipartisme et la contestation de la l gitimit du r gime 4 Quatri mement faire appara tre l imp rieuse n cessit d une politique de la paix Les conflits doivent tre d samorc s ou r solus par le dialogue et la n gociation Houphou t Boigny ne croyait qu aux vertus de la Paix Le chef des arm es c est moi je ne serai jamais dans ma vie au rendez vous de la force mais toujours au rendez vous de la conciliation et de la Paix Cette position qui n est pas seulement philosophique mais une v ritable m thode de gestion des conflits tait un des aspects importants de la pens e et de l action du pr sident Houphou t Le G n ral Gaston Ouassenan Kon touche juste lorsqu il affirme Vous savez dans la conservation de la paix Parmement est parfois secondaire Ce qui est important pour un pays qui aspire la paix c est sa politique de bon voisinage voquant les difficiles relations avec le Ghana dans les ann es soixante il ajoute or la politique de bon voisinage que le Pr sident Houphou t a men a fait que tr s souvent la C te d Ivoire est pass e c t de p rils plus graves que c2. appellent m tis En suivant les indications de D tienne et Vernant 1974 il appara t que la ruse est celle la m me qui sert attraper aux filets Sa figure essentielle est celle de la poulpe qui est ma tre des liens tre rus c est tromper pour prendre dans ses n uds et filets un adversaire Autrement dit c est tendre des pi ges tre rus c est capturer le gibier la mani re du chasseur Gagou qui sait que les singes aussi malins soient ils qui voltigent d arbre en arbre finiront au sol gr ce aux pi ges savamment pos s La ruse n quivaut pas seulement prendre au pi ge mais aussi en viter Rus est celui qui sait se d rober viter les pi ges qui lui sont tendus La conception peule de la ruse est plus instructive pour notre propos Elle donne voir une autre dimension de la ruse dimension structurante de l action que fait on quand on est en difficult dans une situation o la confrontation semble devoir s imposer Que doit faire le pasteur transhumant face l hostilit Rien ou plut t il doit esquiver se d rober trahir Que veut il sauver son orgueil ou son troupeau Pourquoi recourons nous la force sans r flexion alors qu il existe des moyens plus conomiques de r soudre un probl me Ce que les peuls appellent la jafa est cette capacit de ne pas tre pris dans la nasse d une situation valuer les risques les rapports de forces Esquiver ne pas sub
3. arm e des fins de domination h g monique caract re ethni que En fait il faut tenir ce type de pol mique vieux serpent de mer comme un sympt me du malaise v cu par l arm e La tendance naturelle quoique improduc tive puisqu elle ne fiabilise pas plus l arm e des politiques est l ethnicisation Ouattara L arm e dans la construction de la nation ivoirienne 165 L adversaire est accus de pratiques ethnicistes dont on se d fend et que les faits et les chiffres finiront par r v ler Derri re les fonctions id ologiques des discours sur l ethnicisation de l arm e se cachent des processus plus profonds dont les cons quences ne sont pas toujours mesurer leur juste port e Ce que nous pourrions appeler fhnicisation socio conomi que est la cons quence de strat gies g o politiques pour placer ses fr res cousins et amis dans l arm e devenue un refuge contre le ch mage L ethnicisation politique viendra toujours se greffer sur elle pour maximiser ou d fendre des ressour ces politiques acquises En G n ral ce processus de d tournement choue presque toujours Mais ses cons quences sont redoutables puisqu elles ne cessent de fragiliser les bases d une arm e v ritable Comment sortir de cette logique d instrumentalisation ethnique de l arm e Sommes nous condamn s n avoir qu un conglom rat de forces arm es Difficile de r pondre ces questions Cependant
4. me d esclave je n ai pas non plus une me d aventurier une me de ma tre chanteur Houphou t Boigny 1978 290 6 Gr bal Gavier 2001 71 L opposant historique Laurent Gbagbo fut alors le seul proposer pour la C te d Ivoire une arm e qui soit v ritablement r publicaine Il n a cess de fustiger l instrumentalisation politique de l arm e 7 Les Gagou sont une composante du peuple ivoirien qui habitent le centre ouest du pays Ils sont des chasseurs rus s 8 Aug 1999 31 Cela n est pas sans rappeler le Gbr ou la ruse des Baoul L crivain Bandama Maurice faisait remarquer que la ruse chez les Baoul a une racine historique Elle serait n e de l exp rience historique de Pexil qui les a conduits du Ghana en C te 166 Fronti res de la citoyennet et violence politique en C te d Ivoire 10 11 12 13 14 15 16 17 d Ivoire Elle serait faite de prudence d attentisme Cette mani re de qualifier la ruse comme prudence circonstancielle ne suffit pas pour en comprendre tous les aspects Il y a ici une diff rence par rapport Hobbes qui consid rait la ruse comme larme par excellence du faible Le faible sera toujours assez fort par la ruse pour vaincre le plus fort Conception n gative et r active de la ruse La conception machiav lienne est plus dynami que plus productive aussi C est ce qui explique le d calage entre le discours et les pratiques houphou tiste
5. 2 1973 Nouveau complot dans l arm e De jeunes officiers se soul vent conduits par le capitaine Sio ils tentent de fomenter un coup d tat 3 En juin 1977 a lieu ce qu il est convenu d appeler le complot des jeunes officiers Une douzaine d officiers sont arr t s en juin jug s et condamn s de lourdes peines dont Ouattara L arm e dans la construction de la nation ivoirienne 167 des condamnations mort pour atteinte la s ret de l tat Bien que les peines de mort ne furent pas appliqu es ces officiers seront radi s des rangs de l arm e 4 En 1980 cmmence l affaire Oulai du nom d un officier de police qui aurait t la partie visible d une tentative de r bellion associant une partie importante du personnel politique Cette affaire fut jug e pour ce qu elle tait savoir un coup mont 5 Mutinerie de 1990 Elle fut s rieuse un millier de conscrits descendent dans la rue Le motif avanc est strictement cat goriel ce qui ne veut pas dire sans cons quence ils refusent d tre rendus la vie civile Ils exigeaient engagement dans l arm e solde et retraite 55 ans Le pr sident Houphou t boigny leur c da 6 1992 la garde pr sidentielle se mutine Les caves du palais sont pill es 7 1995 L arm e est accus e d avoir cherch renverser le r gime Des officiers sont radi s de l arm e Le g n ral Guei est limog de son poste de chef d tat major 18 Da
6. au processus de l gitima tion de l ordre politique Ainsi tous les proc s hallucinants contre les complo teurs des ann es 60 qui seront embastill s la prison d Assabou sont une affaire politico politique Les procureurs et les juges sont des hommes politiques qui en jugent d autres pour des faits politiques que tous cherchent tablir ou r futer Les appareils r pressifs d tat pour utiliser le langage de Louis Althusser ne 154 Fronti res de la citoyennet et violence politique en C te d Ivoire jouent aucun r le sinon la marge l arm e ne participe pas ce processus qui appara tra comme le moment fondateur de l ordre houphou tiste puisque la r pres sion des complots de 1962 1963 constitu comme le rappelle Samba Diarra citant Houphou t Boigny lui m me une mani re de tuer dans l uf toute vell it de contestation de la l gitimit du pouvoir Diarra 1997 210 Du coup elle ne fait pas partie de la structure du pouvoir Tel est le moment de la violence fondatrice qui peut alors faire place une autre grammaire du pouvoir la l gitimit est dans Popi nion et non dans la force En capitalisant cette proposition essentielle formul e dans la philosophie politique de Hume Houphou t Boigny r oriente son pouvoir vers une id ologisation de sa l gitimit La force ne peut que rev tir un caract re tactique Elle permet d engranger quelques victoires mais pas de ga
7. de tous ces nouveaux types de soldats sont les adeptes du redressement de torts et d une justice qui n en a que le nom Ils sont les nouvelles Super Stars de l arm e et de la politique Ils se mettent au dessus des marginaux en uniforme qui ont une vie de mis re et qui sont les pillards d s qu clate une mutinerie Ce qui n exclut pas que ces militaires ou certains d entre eux adoptent des comportements pr dateurs et parfois criminels Kieffer 2000 Certains des sous officiers de ces groupes sont des acteurs des tentatives de coup d tat qui vont rythmer la vie politique partir de Pann e 2000 On les retrouve dans la r bellion Certains de leurs fr res d arme jouent un r le important sur une ligne politique adverse dans les forces dites loya listes Ils ont form ensemble les troupes d lite au camp d Akandj pr s d abidjan Les figures antith tiques du sergent chef Ibrahima Coulibaly dit IB et du ser gent chef Boka Yapi symbolisent mieux que tout les affrontements militaro politi ques au sein de l arm e Les clivages au sein de l arm e se mesurent aujourd hui plusieurs faits 1 Les partis politiques les plus importants disposent au sein de Parm e d hommes qui leur sont loyaux et qui sont pr ts intervenir le cas ch ant Un exemple suffit pour illustrer ces divisions Le soir de la formation du premier gouvernement de la transition militaire un groupe de soldats se r un
8. une vraie d mocratie Il y a passage de la forme militaire la forme civile populaire du parricide Or l examen d un tel passage s adosse une th orie de la fondation En ce sens le parricide est synonyme de d mythifica tion de d sacralisation des figures politiques anciennes qui au passage valorise le contestataire Une attention port e la contestation militaire fait appara tre un glissement la faveur de l histoire des coups d tat qui sont le fait de la hi rarchie de l arm e Ouattara L arm e dans la construction de la nation ivoirienne 161 ceux ex cut s par des officiers subalternes voire de simples soldats Il ne faut pas confondre ces deux r gimes La hi rarchie militaire peut avoir tiss des liens avec la classe politique dominante Elle est en quelque sorte compos e des domin es de la classe dominante Les sous officiers sont les domin s tout court dont les m tho des de prise du pouvoir puis la gestion de celle ci peut impliquer une violence ex tr me et un d sordre En tout tat de cause il y a l comme une d mocratisation militaire de l acc s au pouvoir et de la prise du pouvoir son propre profit ou au profit d un tiers Il existe une autre forme du parricide remarquable quant ses m thodes et ses finalit s qui comporte une dimension proprement fratricidaire Ce sont les r bellions arm es men es dans le but de renverser le r gime en place ou de l amene
9. utilisation il a le sens de ruse Il dit tout la fois mensonge malice perfidie dissimulation ruse On doit diff rencier bhfou d akobofon qui porte approximativement le sens d arnaqueur tout comme on ne peut le con fondre avec glhfon ou intelligent Lorsqu on r fl chit ce qu enveloppe le gbr il ressort que celui qui en est dot sait tout sur ce qui se trame contre lui Houphou t Boigny utilisait cette technique lorsqu il avan ait une phrase anodine comme pour dire ses interlocuteurs qu il nignore rien de leurs intentions Il est invincible parce qu il a le don de pr monition Non seulement il sait ce qui se trame contre lui mais en plus il sait ce qu il faut faire selon le cas Mais ce savoir n emp che pas de tomber dans les pi ges Si le savoir est une dimension essentielle du pouvoir il na pas de rapport avec cette intelligence abstraite qui ne nous aide en rien quand il faut agir Un vrai chef n est pas non plus fort au sens de la b te Autrement il ne serait qu un simple gardien de la cit un soldat Son savoir ne consiste pas d duire l action politique de r gles ant c dentes Bien au contraire Le temps de son action est le Kairos I prend la bonne d cision au bon moment On peut dire cela autrement Il avance petits pas ne r v lant que par tou ches successives ses v ritables griefs et encore est ce des tiers qu il le fait C est apr s s tre saisi de sa proie
10. vol XX n 2 pp 55 75 Houphou t Boigny F lix 1978 Anthologie des discours 1946 1978 Abidjan CEDA Hutchful Eboe Bathily Abdoulaye eds 1998 The Military and Militarism in Africa Codestia Dakar Le pape Marc et Vidal Claudine 2003 C te d Ivoire l ann e terrible 1999 2000 Paris Karthala Kieffer Guy Andr 2000 Arm e ivoirienne le refus du d classement Politique Africaine juin n 78 Kon Amadou 2003 Houphou t Boigny et la crise ivoirienne Paris Karthala p 117 118 Kon Amadou 1975 Le pr sident Houphou t Boigny et la nation ivoirienne Abidjan NEA 145 146 Laronce C cile 2000 Nkrumah panafricanisme et les tats Unis Paris Karthala Lepape Marc et Vital Claudine 2003 L tat de guerre s installe en C te d Ivoire Le Monde du 15 janvier Loucou Jean Noel 1992 Le multipartisme en C te d Ivoire Abidjan Editions Neter Machiavel Nicolas 1952 uvres compl tes Paris Gallimard Politique Africaine 2000 n 78 C te d Ivoire la tentation nationaliste Paris Karthala Politique Africaine 2003 n 89 La C te d Ivoire en Guerre Dynamique du dedans et du dehors Paris Karthala Memel Fot Harris 1991 Des anc tres fondateurs aux p res de la nation Cahiers d tudes africaines 123 XXXI 31 Rawls J 2000 Le ons sur l histoire de la philosophie morale Paris Ed La d couverte Siriex Paul Henri 1975 F lix Houphou t Boig
11. 1 L arm e dans la construction de la nation ivoirienne Azoumana Ouattara La C te d Ivoire vit une crise de son histoire qu on peut lire au mieux comme la construction dans la douleur d une nouvelle Nation ou au pire comme un proces sus dangereux de r troversion et de d litement Cette crise est triple 1 Une crise de l tat et des structures coercitives d sormais parties prenantes de la comp tition politique 2 Une crise de la formation de la Nation qui voit na tre des luttes pour une ren gociation de la citoyennet 3 Une crise de la transition d mocratique qui n est pas sans rapport avec l essoufflement de son dynamisme conomique Le coup d tat de d cembre 1999 qui porta la classe militaire au pouvoir en C te d Ivoire constitue en lui m me un motif suffisant pour mobiliser des instruments concep tuels afin de comprendre la rupture historico politique ainsi produite et qui a pr par la guerre civile en cours dans le pays depuis le 19 septembre 2002 Il y a n cessit saisir l arm e ivoirienne en tant qu acteur majeur des crises qui n ont cess de secouer la C te d Ivoire dans la logique de sa politisation progressive La transformation de l arm e en un acteur politique actif est ins parable des usages de la force et de la violence comme instruments d expression de revendications identitaires d acc s aux ressources et finalement d acc s au pouvoir L arm e ivoi rie
12. ce constat de carence dont les militaires ne sont pas la cause que na t une locution du genre notre arm e n tait pas pr par e ce genre de situation L improvisation et la radicalisation consistant en appeler la r sistance civile au populisme arm e ou miliciser une part importante de la population ne peuvent que donner l illusion de pouvoir compenser ce d ficit Tout le monde sait que ces deux ingr dients ne font pas une politique de d fense La coh sion de l arm e ne survit presque jamais cette radicalisation Une v ritable r flexion strat gique sur le r le de l arm e dans l conomie g n rale du politique en Afrique qui ne la r duirait pas une fonction de r pression m rite de s inscrire dans la dur e Elle serait partie prenante d une politique publique de s curit qui aurait pour t che de faire baisser le niveau de violence En effet dans le contexte houphouetiste la politique de d fense d un pays repose sur sa capacit cr er le contexte pacifique de son d veloppement 3 Troisi mement dans le contexte d une r cusation d une politisation de Par m e quelle place pour une milice d autant qu on retrouve jusqu aux d tours des ann es 70 l id e inchoative d une aptitude de toute la collectivit ivoi tienne prendre les armes pour d fendre la patrie Une tentation ph m re aura t la cr ation d une milice du parti qui semble cons
13. contingentes d existence d une arm e en afrique Ce principe n a pas pour but d occulter la pr sence militaire fran aise Apr s les ind pendances les tats se sont dot s d arm es comme instruments de 156 Fronti res de la citoyennet et violence politique en C te d Ivoire souverainet Mais en r alit quelle est la viabilit de ces arm es quoi servent elles qui servent elles Quel co t et pour quel budget Prenant lPexemple du Ghana de Kwam Nkrumah Houphou t Boigny indique que ces arm es ne tiennent leur existence que de satisfaire un faux prestige Aucune d entre elles n est en mesure d attaquer ou de d fendre durablement un territoire sans ressources ext rieures Avec ses quatre bataillons Kwam Nkrumah peut il vraiment attaquer un territoire quelconque s il en avait Pin tention Je ne le crois pas Avec ses quatre bataillons Kwam Nkrumah peut il v ritablement se d fendre contre une attaque venue de l ext rieur Non Le Jour 1999 n 1468 203 204 Ce type d arm e sera toujours forte pour r primer la population mais jamais assez pour ex cuter ses t ches r publicai nes La r flexion contenue dans ce deuxi me principe donne penser Aucune des arm es au sud du Sahara ne peut emp cher ni les insurrections ni les r bellions Des pans entiers du territoire sont occup s le pouvoir renvers ou menac de l tre comme si l arm e ne servait rien C est de
14. e ivoirien Le Monde diplomatique mai Ayissi Anatole 2003 Ordre militaire et d sordre politiques en Afrique Le Monde diploma tique janvier Bangoura Dominique 1992 Les arm es africaines 1960 1990 Paris CHEAM Baulin Jacques 7980 La politique Africaine de Houphou t Boigny Paris Eurafor Press B di Henry Konan 1997 Discours et messages la nation ivoirienne La documentation ivoi rienne Abidjan B di Konan Henri 1999 Les chemins de ma vie Plon Paris Contamin Bernard et Memel Fot Harris 1997 Le mod le ivoirien en question Paris Karthala Orstom Paris 168 Fronti res de la citoyennet et violence politique en C te d Ivoire CURDIPHE 1996 L ivoirit ou Pesprit du nouveau contrat social du pr sident Henri Konan B di Ethics n 1 octobre Abidjan PUCI Actes du forum CURDIPHE du 20 au 23 mars 1996 Abidjan D tienne Marcel et Vernant Jean Pierre 1974 Les ruses de l intelligence on la m tis des Grecs Paris Flammarion Diarra Samba 1997 Les faux complots d Houphou t Boigny Karthala Paris Foucault Michel 2001 D s et crits II 1976 1988 Paris Gallimard Fergusson Adam 1992 Essais sur l histoire de la soci t civile Paris PUF Gr bal Gavier T 2001 Iurrigues politiques de 1990 1993 Le dernier coup du vieux Abidjan SNEPCI Guissou Basile 1995 Militaires et militarisme en Afrique cas du Burkina Faso Africa Development
15. e syst me rentre en crise lorsque le mode d emploi par lequel on ajuste sans rel che les demandes aux capacit s de les satisfaire mat riellement et symboliquement dispara t en m me temps que son concepteur Cela vaut naturelle ment pour l quation complexe de la gestion de la d fense nationale Si cette question de la l gitimit est essentielle pour la th orisation ici propos e c est que la l gitimit incarn e par Houphou t Boigny comme toute l gitimit n est en rien divin Elle a un contenu et une efficacit historique dont l puisement signifie une incapacit r guler le champ politique Le coup d tat de 1999 a justement signifi une acc l ration de la mutation de la l gitimit d j ouverte par l instauration du multipartisme qui s est accompagn d une d sacralisation du pouvoir Moment dangereux duquel les acteurs politiques croyaient pouvoir tirer des dividendes Le pr sident B di aura recherch d s 1993 en vain la l gitimit n cessaire son action comme le pr sident Gbagbo fait l exp rience que l lection seule ne porte pas la charge de la l gitimit Allassane Ouattara Ouattara L arm e dans la construction de la nation ivoirienne 155 aura v cu un processus de d l gitimation permanente aussi bien au plan biographi que que politique L pret des luttes politiques ne suffit pas pour rendre compte de cette situation Il s agit d un processus objectif qui lam
16. elui que nous vivons actuellement 158 Fronti res de la citoyennet et violence politique en C te d Ivoire L exemplarit de la politique de d fense d Houphou t Boigny vient de ce qu elle donne l impression de ne jamais recourir la force et l intrigue Le cynisme n expli que pas tout Une hi rarchisation donne la primaut la politique parce que ce qui est tabli par la seule force est ou sera contest Dans la politique de d fense du pr sident Houphou t Boigny se trouvent r unis la coercition militaire au plan in terne r pression de la r bellion Sanwi les relations de bons ou de mauvais voisi nage avec le Ghana l usage des instances sous r gionales comme instruments politi ques non pas de r solution diplomatique des conflits mais de combat le poids des rapports Est Ouest La mani re dont Houphou t Boigny use de ces trois instru ments dans le temps indique clairement que pour lui la politique est auto instituante la force n en tant qu un ingr dient et pas le plus important Les relations entre la C te d Ivoire au prise avec une r bellion et le Ghana furent dans les ann es 60 70 aussi tendues que ne le sont aujourd hui celles qui la lient au Burkina Faso depuis l ann e 1995 On peut mettre ces deux situations historiques en parall le sans pour autant les confondre Il est int ressant de voir fonctionner deux politiques celle men e par Houphou t Boigny et celle de Gbagbo qui
17. gner la guerre La v ritable question est la suivante Comment faire passer la violence de son lieu naturel celui de composante de Paction politique La ruse n est pas l autre absolu de la force Le prince doit savoir user de l homme et de la b te du renard et du lion plus du renard que du lion savoir tromper La ruse selon machiavel est Parme des forts Comment articuler les usages de la force et la ruse qui permet de faire comme si on n en usait point La reponse est claire tre constamment la lisi re du para tre et de l tre avancer masqu tre comme Calypso celle qui se cache et qui cache savoir rester dans lombre s clipser si besoin est Tel est l art consomm du gbr La dissimulation est au c ur du pouvoir qui vit de la s paration entre la conduite r elle du chef et les modes de son appara tre C est en cela que nous parlons de lid ologisation de la l gitimit Cette alchimie que seule les ann es 60 pouvaient encore permettre stabilise le pouvoir sur la l gitimit historique que conf re la lutte pour labolition du travail forc pour ne retenir que cet exemple et les perspectives conomiques prometteu ses Cet amalgame repose in fine sur ce que David Apter a appel la routinisation du charisme aujourd hui disparu Il est vident que la singularit historique d une telle l gitimit pose probl me puisqu elle peut s teindre avec celui qui Pincarnait provisoirement L
18. i survient ne peut tre autre qu une crise militaro civile qui voit se d liter des pans entiers de la soci t Ce coup d tat est au fond le moment paroxystique de Pentre lacement du parricide militaire et du parricide civile auxquels il ne peut mettre fin Ce n est pas un hasard si la guerre en cours en C te d Ivoire plonge ses racines imm diates dans la prise de pouvoir de 1999 bar le g n ral Guei Contrairement aux d n gations des auteurs du coup d tat qui voulaient faire comme si celui ci ne correspondait pas la rupture consomm e avec l ordre ancien la C te d Ivoire d Houphou t Boigny il est apparu vident qu il ne pouvait tre compris comme un approfondissement des libert s publiques en vue de consolider le multipartisme et de permettre l organisation d lection libre L analyse du parricide militaire tel qu envisag par Harris Memel Fot ne recherche pas les conditions conomiques qui le rendent possible Elle porte principalement sur son sens politique Celui ci s inscrit dans une nouvelle conomie de la violence qui en fait d sormais le moyen de r glement des conflits politiques S il y a une diff rence axiologique entre le parricide militaire et civil acc l ration 162 Fronti res de la citoyennet et violence politique en C te d Ivoire r cente de l histoire de la C te d Ivoire est l pour nous montrer que le parricide militaire peut se situer dans le prolongement d
19. il est vident que Poption d une formation quotataire de l arm e sera vou e l chec Il suffit de regarder le type d enr lement pratiqu Abidjan et Bouak pendant cette guerre pour se rendre compte qu il recoupe la fracture nord sud La refonte et la refondation ne peut signifier la cr ation de deux arm es en une Notes 1 De nombreux enfants des quartiers populaires d Abidjan en furent les t moins eux qui dans les ann es 70 80 mangeaient au camp Gallieni d Adjam des morceaux de viande dont ils n avaient vu la grosseur nul part ailleurs 2 Durant la premi re ann e les recrues s adonnent au service militaire sous la forme classique et lors de leur passage en seconde ann e elles donnent leur sueur pour l ind pendance conomique selon le Pr sident F Houphouet Boigny Cf Bangoura 1992 3 Phrase cl d un discours d Houphou t Boigny prononc en 1968 et qui servit pendant longtemps de r f rence aux militaires 4 Elle diff re en cela de l arm e burkinad et encore plus de l arm e algerienne qui est n e d une lutte acharn e pour l ind pendance Sur la naissance de l arm e burkinab cf Guissou 1995 55 75 Sur l histoire et les trajectoires des arm es au Magreb on consultera avec profit Confluences M dit ran e n 29 1999 5 La r ponse du pr sident ivoirien m rite d tre not e Si je n ai pas une me d esclave et je n ai pas une
20. ine les pr tentions la l oiti mit parce que d sormais les bases politiques et conomiques d une int riorisation des normes minimum d acceptabilit de la domination sont vermoulues Il y a une absence de pouvoir l gitimant de toute force m diatrice y compris l arm e Ce qui explique la f rocit des affrontements politiques L ann e 1993 marque une v ritable c sure Le g n ral R Guei a rappel oppor tun ment trois jours apr s le coup d tat de d cembre 1999 les raisons pour les quelles la prise du pouvoir par les militaires n tait pas ill gitime Elle l tait d autant moins que l arm e fut la pourvoyeuse de la l gitimit du pouvoir B di en 1993 L intervention de Guei devant tous les partis r unis fut tout simplement un d lice linguistique et sociologique Le Jour 1999 n 1468 Penser l arm e enjeux et paradoxes d une politique de la paix Le discours houphou tiste sur la paix ne doit pas nous abuser Il n est pas un succ dan de Pacem in terris de Jean XXIII La valorisation du dialogue comme la base n cessaire pour surmonter les divergences id ologiques religieuses politiques et militaires a partie li e avec un pragmatisme politique qui n a n glig en rien les questions de d fense Durant toute la p riode des ann es 60 le probl me r current mais tout aussi tabou fut celui de la s curit et de la d fense Ce probl me sans faire l objet d un traitement
21. intempestif a re u toute l attention n cessaire Quelle arm e Pour quelle s curit L arm e est elle adapt e face aux enjeux sous r gionaux Une milice est elle n cessaire La politique houphouetiste de d fense est port e par un certain nombre de principes qui sp cifient la place de l arm e et les exigences de la paix 1 Premi rement il s agit de b tir une arm e capable d assurer la d fense du pays Telle est la premi re exigence dont le manquement est tout simplement un crime Le Jour 1999 n 1468 429 Mais cette n cessit ne doit pas se retourner contre le projet global de d veloppement Il faut organiser notre d fense sans h te inutile donc sans recours d importantes d penses militai res qui ruineraient notre d veloppement conomique et du m me coup nous priveraient de tout effort social Le Jour 1999 n 1468 430 Les rai sons d une telle option sont importantes les dangers qui guettent la construc tion de la nation sont la fois endog nes et exog nes La faim la maladie linjustice sociale sont autant de dangers pour la s curit int rieure Ce sont aussi des aliments pour les insurrections et les r bellions Pour Houphou t Boigny largent doit servir au d veloppement et non acheter des armes Armons nous contre la mis re Le Jour 1999 n 1468 349 2 Deuxi mement d gager les conditions de possibilit qu il ne faut pas con fondre avec les conditions
22. ir Le gbr est le mot baoul pour dire ruse Marc Aug parle de ce m lange redoutable de ruse et de force qui voque la d marche de la panth re Aug 1999 Samba Diarra de son cot fait ressortir ce point c t de cela il faut relever la d marche de panth re de Houphou t Boigny Des principales caract ris tiques de la d marche politique de Houphou t Boigny on peut en relever une qui tranche par son caract re d cal l usage du gbr comme instrument politique Samba Diarra en r sume le sens de la mani re suivante Il y a d abord le gbr philosophie de la dissimulation tr s pris dans le groupe baoul qui impose de donner le change en toutes circonstances surtout quand on est chef Diarra 1997 31 Houphou t Boigny est po um tis Mais pour bien comprendre disons le dans la langue qui est la sienne le baoul Houphou t Boigny est 2 Il est rus Il s y conna t en mati re de ruse Il sait prendre au pi ge des mots ces adversaires qui ne croient qu au caract re d notatif du langage tout comme il sait les prendre au pi ge de la Ouattara L arm e dans la construction de la nation ivoirienne 153 chose politique On dit alors Houphou t Boigny est fort et rus La preuve en est la mani re dont il a d jou les man uvres diaboliques de Phomme blanc pendant la colonisation 1951 1952 Au fond Le mot signifie dans le langage courant men songe Mais selon le contexte de son
23. it sur la place d arme du camp d Akouedo et tirent en Pair comme pour donner un coup de semonce aux politiques Le colonel Dou malade est absent du premier conseil des ministres Finalement L Gbagbo pose la question politique Si le coup d tat est RDR qu on nous le dise Les rumeurs continues de coups d tat distill es par les factions rivales sont aussi les sympt mes de la division et de la d liquescence de l arm e La naissance de groupes dits de coordination des militaires patriotes qui insistent sur le r glement des primes dues aux militaires et l application des accords de Marcoussis sur la prise de mesures en vue de s curiser la population D autres groupes en appellent de fa on publique la d fense de la patrie au soutien aux institutions et la constitution Ainsi donc l arm e est prise dans un processus objectif et historique d clatements Conclusion L arm e est au prise avec elle m me tiraill e par des luttes factionnelles qui sont autant d exemples de impasse dans laquelle se trouve la transition d mocratique en 164 Fronti res de la citoyennet et violence politique en C te d Ivoire C te d Ivoire Elle est confront e deux probl mes importants qui se greffent sur sa politisation l impunit et l ethnicisation La conception lib rale de l arm e encore d fendue par John Rawls selon la quelle celle ci a pour fonction de d fendre l tat pour au
24. le est l une des conditions qui a permis au pays d chapper aux convulsions violentes qui secouaient de nombreux pays africains Une arm e divis e qui deviendrait un acteur du jeu politique constituerait un v ritable danger pour la nation Houphou t Boigny revenant sur lintervention de lParm e la cit de Yopougon 1991 et opposant un refus cat gorique d ventuelles sanctions contre l arm e pronon a cette phrase lourde de sens 152 Fronti res de la citoyennet et violence politique en C te d Ivoire Mais n attendez pas de moi que je divise les militaires que je les dresse les uns contres les autres C est le pays qui en p tira Je ne veux pas vous livrer aux militaires Vous tremblez Je les connais Gr bal Gavier 2001 71 Une arm e qui ferait irruption sur la sc ne politique et qui serait l enjeu des luttes pa tisanes serait le signe d une radicalisation guerri re des affrontements politi ques L arm e ne saurait tre employ e sans cons quences ruineuses comme un moyen de r gulation de la comp tition politique Certes une erreur politique a t commise la cit universitaire de Yopougon en laissant l arm e s en pren dre violemment aux tudiants Ce n est pas une raison den commettre une plus lourde encore l intrusion de l arm e dans les affrontements politiques La ruse comme substrat de l action Toutes les traditions ont des figures pour dire la ruse Les Grecs l
25. leurs d ordre d organisation d entraide de d vouement de respect de l autre Son travail est le rassemblement de ce qui au d part est h t rog ne Elle implique certes la force qui fa onne un ordre non ph m re mais aussi la mise en rapport de singula rit s qu elle arrache la contingence de l origine de l ethnie de la religion Seule une illusion r trospective peut laisser croire l existence dans le pass de la C te d Ivoire d une arm e fond e sur cette discipline ouverte Mais l bauche d une arm e natio nale dans les ann es 70 80 dans laquelle la multi ethnicit l galit confirm e par Puniforme tout comme l cole est incontestable Il est tout aussi incontestable que la solidarit civique a t progressivement d sapprise supplant e par la m fiance et bient t par la d fiance L volution de l arm e ivoirienne s est fait re bouts de cette solidarit que le champ de bataille n a pas prouv e Une recherche sur l arm e ivoirienne doit prendre en charge l histoire politique du pays depuis 1990 dans la mesure o les forces arm es y ont t fortement impliqu es Cette analyse permet alors de rendre compte des fractures qui vont progressivement d structurer l ordre que l arm e tait cens e incarner Sans une telle approche on ne peut pas comprendre les rapports entre cette d structuration de lParm e et les enjeux de la crise politico militaire ac
26. n ont pas les m mes pr misses ni la m me logique mais qui sont confront es la d fense des int r ts vitaux de la nation Le Ghana joua un r le important dans la r bellion Sanwi puisqu il h bergea les principaux instigateurs de la r bellion En effet le conflit de leadership qui oppose Houphou t boigny et Kwam Nkrumah ne fait que raviver chaque fois les vis es annexionnistes du Ghana sur le royaume du Sanwi situ sa fronti re Ouest Le probl me se pose d s 1959 quand le Sanwi se soul ve une premi re fois Un droit d asile destin l origine tous ceux qui sont pers cut s par les autorit s coloniales permet d accueillir les insurg s comme si la C te d Ivoire ne faisait que prolonger la domination coloniale De ce jour Houphou t Boigny n aura de cesse de faire en sorte que les r fugi s sanwi soient remis aux autorit s ivoiriennes Il m ne bataille sur deux fronts Premi rement il se sert de la question du Congo Leopolville pour faire appara tre tous que K Nkrumah qui vient de d cider de mettre son arm e au service du Congo ne conna t que le langage de la force et des armes l o la sagesse pr conise d agir par la conciliation Aucune cr dibilit ne peut tre accord e un va t en guerre Deuxi mement la d couverte l occasion de lPaffaire de la r bellion du Sawaba au Niger de camps d entrainement au Ghana pour former les opposants des r gimes voisins la gu rilla cons
27. nce colonisatrice encore moins d une lutte de lib ration nationale Durant la coloni sation les r voltes furent nombreuses sporadiques et ethniques Elles ne permi rent pas une arm e de type nationale de cristalliser Remarquons au passage que le principe ethnique reste toujours la plaie de cette arm e II Raison strat gique Le contexte de la guerre froide qui rend d risoire d riger une arm e forte La C te d Ivoire a choisi son camp celui de l Occident ou plus pr cis ment celui du capitalisme Une critique r currente port e contre Houphou t boigny fait de lui le valet de l imp rialisme Un tel reproche reste ext rieur son objet tant qu il n envisage pas d abord l intelligence politique de Particulation du triptyque arm e accords de bon voisinage et exigence de l ordre mondial La prise en compte de ce deuxi me aspect fait appara tre qu il s agissait pour Houphou t Boigny de mettre profit des ressources strat giques permet tant de capter une rente aussi bien militaire qu conomique qui s est estomp e avec la chute du mur de Berlin Ce qui est d cisif ce n est pas l all geance un camp mais la capacit la maximiser son profit La tentative de renversement malgr la pr sence fran aise du pr sident L on M B au Gabon en 1964 est instructif cet gard MI Raison politique La marginalisation d lib r e de l arm e reposait sur un motif plus fondamental encore El
28. nne ne m rite pas l exc s d indignation qu elle suscite aujourd hui Elle a connu une puration sous la transition militaire Elle fut traumatis e par les tentatives de coup d tat r p tions victime d une crise qu elle contribua sa mani re cr er Le coup d tat du 24 d cembre 1999 ne fut pas une th rapie la situation de crise politique qui bloquait le pays depuis 1993 mais le sympt me de son aggravation Sous le couvert d une redistribution des cartes politiques il a exacerb les tensions politiques et ethno nationalistes qui parcouraient en profondeur la soci t ivoi tienne On ne peut comprendre l histoire des FANCI Forces Arm es Nationales de C te d Ivoire sans l inscrire dans le difficile processus de construction de la nation 150 Fronti res de la citoyennet et violence politique en C te d Ivoire dont la crise militaro politique est un des moments dramatiques En effet l ouver ture d mocratique amorc e au d but des ann es 1990 en autorisant la contestation de Pordre du monopartisme et l expression des revendications identitaires dans un contexte de d classement conomique a eu de s rieuses r percussions dans Par m e Il ne faut donc pas disjoindre la question des usages l gitimes ou ill gitimes de la violence de celle de la crise de formation d mocratique de la nation dont les pr misses apparaissent d s 1990 Notre recherche se propose sur cette base 1 de c
29. ns cette crise militaro civile o la violence semble tre le stade ultime du r glement des questions politiques par les armes et dans laquelle les armes semble s tre impos es tous il n est pas inutile de rappeler que les modes de l gitimation de la violence s ados sent des r f rents moraux Ce qui explique qu on y fr le en permanence la justification religieuse Le monop le de la violence l gitime qu elles supplantent fonctionne sur un registre plus instrumental 19 cf Notre voie du vendredi 14 mars 2003 20 cf Lepape et Vital 2003 Cette impunit remonte au temps du pr sident Houphou t Boigny qui apr s la r pression des tudiants de Yopougon par l arm e eut cette phrase devenue c l bre N attendez pas d Houphou t des sanctions Quand le couteau vous blesse vous ne le jetez pas 21 C est ainsi que le sergent chef Ibrahim Coulibaly dit IB d serteur de l arm e ivoi rienne homme cl du coup d tat de 1999 d clare sur RFI La plupart des militaires et gendarmes qui sont en prison en C te d Ivoire sont originaires du nord Est ce que c est normal RFI 12 octobre 2002 Bibliographie Amondiji Marcel 1984 F lix honphou t Boigny et la C te d Ivoire l envers d une l gende Paris Karthala L arm e ivoirienne de la marginalisation la prise de pouvoir Afrique contemporaine n 193 Aug Marc 1999 Ultime mise en sc ne de l ancien r gim
30. ny l homme de la paix Abidjan NEA Abidjan
31. onnelle m rite d tre soulign e au passage la loubardisation d une frange de la jeunesse qui n est pas sans voquer de loin la crise actuelle Les loubards sont les groupes de jeunes tudiants ou pas qui intervenaient dans les ann es 90 au plus fort de la contestation du r gime dans la rue par la violence lors des manifestations pour d fen dre l ordre La bande Z bi regroupe les plus connus Ils forment des comit s de vigilance dans le but de r duire les mouvements des tudiants Dissuasion surveillance r pression telles taient ses finalit s op ratoires D claration du pr sident Houphou t Boigny devant la commission d enqu te la suite de r pression des tudiants de la cit universitaire de Yopougon en mai 1991 Cf Gr bal Gavier 2001 70 Le Nouveau R veil n 340 30 d cembre 2002 Il ne s agit pas ici d occulter le d ficit d mocratique du syst me houphouetiste ni les effets corrosifs de la corruption illustr e par la m taphore du grilleur d arachide Malgr cette margilalisation l arm e ne restera pas totalement muette comme l attestent les tentatives de coups de force et les mutineries qui eurent lieu en 1963 1973 1975 1977 1980 et finalement 1990 1992 1995 1990 1 Le complot de 1963 se produit dans le cadre de deux pr sum s complots contre le pouvoir Un certain nombre d officiers sont arr t s en m me temps que le ministre de la d fense d alors
32. onstater loriginalit historique des FANCI en l inscrivant dans les ruses houphou tistes d une m thodologie politique de la paix dont la gestion ren ti re des accords de d fense conclus avec la puissance colonisatrice objet aujourd hui de vives pol miques n est qu un aspect 2 de comprendre la fragilisation progressive de cette arm e laquelle ne fut jamais fix e aucun objectif strat gique m me pas celle de la d fense du territoire situation paradoxale que trahissent des expressions souvent enten dues jamais expliqu es arm e ivoirienne est une arm e de paix Par m e ivoirienne est une arm e de d veloppement et non de guerre La th se qui sera d fendue ici est la suivante l arm e ivoirienne est d autant plus travaill e par les fractures du corps social qu elle a du mal assumer ses fonctions r publicaines Elle finit du coup par tre instrumentalis e par ceux qui exercent la violence l gitime au nom de l tat et par ceux qui contestent cette l gitimit Cette th se de l instrumentalisation ne vaut que dans la mesure o elle s accompagne d une r flexion sur la privatisation de la force publique au profit d un parti d un groupe ethnique ou tout simplement d une faction L objectif poursuivi par ce travail est modeste poser les bases historiques et th oriques qui permettront d int grer notre recherche empirique en cours sur la politi sation de l arm e son ethnici
33. qu il r v le ses griefs Diarra 1997 76 Cet art de la ruse a ses exigences ne rien dire ou agir sous la contrainte de lurgence diff rer Pexpression de ses intentions parler comme si l on pelait une une les lettres d un mot qui ne sera su qu la fin mettre dans la bouche des autres ce qu on aurait voulu dire mais qu on pourra toujours modifier en fonction des situations sans se d dire donner l impression de r soudre un probl me alors qu on en profite pour en r sou dre trois Cette derni re exigence a une traduction historique concr te L affaire du Sanwi permet Houphou t Boigny en m me temps de r duire la JRDACI et de limoger Mockey qu il consid re comme un rival Retourner son profit une situa tion jug e dangereuse Un chef dans la production du chef autocratique africaine est celui qui en plus d tre fort est rus c est dire celui qui sait Il sait d m ler les n uds des situations inextricables s parer ce qui doit l tre pour viter les effets pernicieux des mauvais m langes De ce point de vue la neutralisation strat gique de arm e aura repos sut la ruse qui rappelons le est chez Machiavel une arme politique dont le but est d viter la violence effective c est dire d atteindre au moindre co t un objectif Dans le cas d esp ce elle a consist d coupler la force et la l gitimit rendre impossible de mani re durable la participation de l arm e
34. r n gocier une transition une formule de d mocratie r elle Par contraste le parricide civil et populaire est ex cut par la soci t civile contre les syst mes politiques organiques qu elle d construit pour rendre possible le passage au pluralisme politique Or selon nous il ne faut pas seulement examiner de mani re successive les deux formes du parricide politique ni m me les distribuer selon une logique spatiale par pays Malgr la force de la d monstration de Harris Memel F t elle reste tribu taire de l optimisme d une dialectique qui oublie les ruses de la raison historique les deux formes du parricide peuvent s impliquer mutuellement lorsque la l gitimit ant rieure a t d faite sans qu aucun r f rant nouveau vienne norrmer l espace politique Du point de vue th orique rien n interdit de penser leur croisement pos sible Selon nous Le coup d tat de 1999 est justement le r sultat d un double parricide soit une crise militaro civile entrelacement de la mont en puissance d une violence devenue le langage de la satisfaction des revendications politiques et identitaires et le r glement par les armes de probl mes essentiellement politiques Pour la premi re fois en C te d Ivoire l ann e 2000 a vu s affronter des militaires et des civils pour la poursuite des lections par d autres moyens partir du moment o les fondations de Pordre ancien se sont rod es la crise qu
35. s de la paix et les usages multiples de la violence et de lintimidation tout le long du r gne du vieux Samba Diarra ne retient au total que l image d un Houphou t Col reux et violent dissimulateur machiav lique fabulateur et t tu Cf p 132 Mais les choses sont elles aussi simples Le Jour n 1468 du mardi 28 d cembre 1999 Le g n ral Guei d clare Mais nous dans Pombre on pouvait vous carter comme certains de nos fr res d armes dans d autres pays Nous tions quatre B di L on Konan Koffi Jos phe Ehui Tanny et moi m me Le pr sident B di m a appel deux heures du matin pour me dire que M Allassane Ouattara ne voulait pas obeir ses ordres Je lui ai dit d engager avec lui le dialogue parce que Allassane est son jeune fr re Il a r pliqu Oui mais il ne veut rien entendre Jai demand s ance tenante L on Konan Koffi d aller vers le grand chancelier Coffi Gadeau et lui dire que son fils le chef d tat major au nom de Pamour que les uns et les autres ont eu pour le pr sident Houphou t Boigny te demander de rencontrer A D 0 et lui demander de nous aider appliquer la loi de la r publique ils ont actionn M Allassane Ouattara qui a rendu la d mission du gouvernement Interview du ministre M Bahia Bl Kouadio Fraternit Hebdo 1 ao t 1975 Il existe une autre forme de privatisation partisane de la violence qui bien que non instituti
36. sation et sur les processus de sa recomposition citoyenne Neutralisation strat gique de l arm e la paix comme m thode Les raisons d une marginalisation de l Arm e L arm e ne fut jamais v ritablement au c ur de la politique men e par le Pr sident F lix Houphou t Boigny Bien qu il s en servit certains moments de crise de l his toire du pays crise du Sanwi et du Gu bi il vita soigneusement de faire reposer sur elle son r gime Certains observateurs en d duisirent qu il sous estimait les questions de d fense et se m fiait de l arm e au point de vouloir l affaiblir durable ment pour viter les coups d tat D o ce paradoxe d une arm e faible sans com mune mesure avec les grandes potentialit s conomiques et politiques de la C te d Ivoire Il aurait tourn le dos un principe essentiel nonc par Machiavel le prince qui s abstient d entretenir et de consolider son arm e fragilise son tr ne et met en danger la Nation Pire il fit le choix de confier la d fense de son pays et de son tr ne l ancienne puissance colonisatrice Une interpr tation psychologisante de cette posture politique voudrait que le Pr sident Houphou t Boigny f t allergique Ouattara L arm e dans la construction de la nation ivoirienne 151 l uniforme L arm e ivoirienne de la marginalisation la prise de pouvoir On doit cependant constater qu Houphou t Boigny met en place progres
37. serteuts puissent regagner le pays en toute s curit Les autorit s ivoiriennes auraient n goci aupr s des autorit s Burkinab leur retour Deux remarques finales 1 La m thode houphouetiste de la paix valorise le dialogue comme solution pour mettre fin aux tensions politiques Elle se d fie des armes et de la violence pour d nouer les crises politiques Prospective elle ne fait pas de arm e son principe On peut toujours faire remarquer que la paix houphou tiste est le produit d une violence qui ne fut pas que symbolique L homme a pens entrer dans l histoire par sa rh torique sur la paix et un d velop pement socio conomique r ussi de la C te d Ivoire Il a eu le m rite incontestable d avoir compris qu il ne saurait avoir de v ritable d veloppement sans paix int rieure Mais malheureusement il n a jamais r alis qu il y a paix et paix int rieure D une part la paix int rieure des r gimes totalitaires qui repose sur la r pression la peur voir la terreur De l autre la paix int rieure qui proc de de la d mocratie c est dire du respect des droits imprescriptibles la libert la justice l galit Il a fait un choix obstin du premier type de paix Diarra 1997 238 Cette caract risation pour fond e qu elle soit laisse de c t les r sultats forc ment contrast s de la politique houphou tiste de la paix Pour n en prendre qu un des r sultats les plus fragiles no
38. sivement une arm e de format r duit convenablement quip e sans plus et jouissant d un statut privil gi qui la faisait appeler l arm e suisse d Afrique en raison du pacifisme affich par le chef de l tat et des conditions mat rielles d existence qui taient les siennes cette arm e fut aussi confi es des t ches extra militaires sous la forme d un service civique dont le but est de faire participer les conscrits la construction de la nation 1960 1970 Progressivement les cadres militaires furent associ s la gestion de la chose publique L arm e et ses officiers ont vocation participer administration de la nation et assumer des postes civils de responsabilit Tout milite pour l image d une arm e apolitique multi ethique l galiste soucieuse de participer la base comme au sommet au d veloppement de la nation Cependant une analyse des rapports entre Houphou t Boigny et l arm e en termes de d testation de cette derni re ne nous renseigne gu re sur les raisons r elles de la marginalisation de celle ci Ces raisons sont de trois ordres I Raison historique La marginalisation de l arm e tait d autant plus ais e que les conditions historiques et politiques de sa cr ation n en ont pas fait une force autonome d tentrice d une l gitimit et donc capable de participer la structure du pouvoir L arm e n est pas n e de relations conflictuelles avec la puissa
39. sprit de contestation port par les jeunes qui ira crescendo Les effets cumul s des mutineries de 90 et du boycott actif pratiqu par les partis d opposition FPI RDR que le pouvoir avait d nonc comme ayant une dimension militaire souterraine inscrivent l arm e dans une nouvelle conomie de la violence Com mence l re du soup on et de la marginalisation Du coup l arm e n chappe plus au client lisme la lutte des factions et aux tensions inter ethniques qui naissent de ces luttes Elle est donc partie prenante d une violence qui na t de leffritement du mod le houphouetiste Le temps des ruptures Le coup d tat de 1999 intervient dans une soci t ayant fait l apprentissage de la violence Le mod le th orique propos par Harris Memel Fot permet d en saisir la logique Memel Fot 1991 Selon lui il y a deux mani res de rompre avec l ordre du monopartisme qui est celui des p res fondateurs 1 la forme militaire qui peut tre soit un coup d tat militaire soit une r bellion 2 la forme civile qui voit la soci t civile contester l ordre Dans les deux cas il s agit d un parricide Le parricide militaire introduit la premi re et tr s t t la confiscation du pouvoir des p res fondateurs Cependant que le parricide civile est le ferment d une communaut politique nouvelle Si la forme militaire du parricide lui para t d pass e la forme civile est la seule capable d instaurer
40. tant qu elle s engage prot ger les institutions politiques d mocratiques et pr server les libert s des ci toyens est loin de traduire l exp rience des arm e africaine et en particulier celle de C te d Ivoire Rawls 2000 Il y a bien longtemps que l arm e n exerce plus totalement sa fonction de s curisation et de pr servation de la libert des citoyens Le probl me de l impunit des militaires ou des rebelles ayant commis des exactions contre les populations civiles permet de mettre l accent sur l abandon de cette fonction L impunit est devenue un des probl mes qui explique les d rives de plus en plus graves observ es dans le comportement de certains l ments des forces arm es Les gendarmes impliqu s dans le charnier de Yopougon sont rest s impunis la suite d un proc s rat Lepage et Vital 1003 Impossible de punir si les coupables appartiennent aux forces de d fense et de s curit Il y a d abord un probl me d incapa cit g rer l ordre public et secondairement une forme de cynisme qui fait passer le droit des individus aux pertes et profits de la f rocit des luttes politiques Impossible de punir si les coupables sont des soldats en rupture de ban acteurs de coups de force L Absolution doit leur tre donn e parce qu ils d fendent une cause juste En C te d Ivoire les tribunaux militaires n ont cess de fonctionner en pure perte puisque les sanctions apparaissaient to
41. teur utilisait d j Quand le g teau conomique se r duit on passe de l all geance 160 Fronti res de la citoyennet et violence politique en C te d Ivoire politique des crit res plus ethniques Les crit res deviennent d abord cumulatifs pour finalement devenir erratiques quand le syst me politique dysfonctionne Or c est ce double socle qui se trouve finalement fissur avec la crise conomique ann e 80 et la crise politique n e de lincapacit d assumer les v ritables enjeux du multipartisme L arm e au c ur des luttes de pouvoir 1990 1999 De 1990 1999 l arm e devient un des acteurs essentiels des convulsions socio politiques qui n ont cess de secouer la C te d Ivoire Elle est de plus en plus partie prenante dans les luttes politiques inh rentes aux processus de construction de la nation Si l arm e n est pas rest e muette tout le long de son histoire il faut remar quer que sa prise de parole change de nature partir des ann es 90 7 Ses pre miers vrais soubresauts se produisent ce moment l Les soul vements des ann es 60 taient des tentatives somme toutes circonscrites de prise du pouvoir qui n af fectaient pas l arm e dans son existence m me alors que les mutineries de 90 ont eu des effets d vastateurs long terme Elles taient le signe d une d t rioration du moral dans l arm e d une d gradation des conditions de vie de l apparition d un nouvel e
42. titue un motif suppl mentaire pour isoler Nkrumah boycott de la conf rence interafricaine d Accra Derri re les principes d une philosophie de la paix il y a aussi les coups de jarnac On songe aux rencontres secr tes que l homme d tat ivoirien a eu avec le docteur Busia Bondoukou dans l Est de la C te d Ivoire Diarra 1997 232 Finalement Nkrumah est renvers le 23 fevrier par le colonel Kotoka Incontestablement Houphou t Boigny venait de remporter provisoirement une victoire Il pouvait pr sent r tablir des relations de bon voisinage avec le Ghana qui porteront leurs fruits Le nouveau pouvoir livre les insurg s sanwi au gouvernement ivoirien Houphou t Boigny magnanime peut dire M me gar s revenez la maison Ouattara L arm e dans la construction de la nation ivoirienne 159 vous tes des fr res Baulin Laronce 2000 Finalement Houphou t les lib ra La C te d Ivoire continua de vivre en paix C est parce qu Houphouet Boigny disposait d une m thode permettant d ar ticuler une vigoureuse politique de bon voisinnage qu il ne jugeait pas utile de d ve lopper outre mesure l arm e Des enseignements pol miques ont t tir s de cet pisode de Phistoire de la C te d Ivoire Ainsi le g n ral Ouassenan Kon affirme je puis vous dire que si le PDCI tait encore au pouvoir ce qui nous arrive ne se serait pas produit Tout aurait t fait pour que ces militaires d
43. tituer un accroc la ligne de politique g n rale de s curit Dans son livre Hozphou t Boigny et la crise ivoirienne Amadou Kon d crit de la mani re suivante la cr a tion de la milice De m me ce fut l occasion du d fil organis Yamous soukro en l honneur du pr sident Modibo Keita du Mali en 1962 que les membres du bureau politique et tous ceux du gouvernement qui n taient dans les secrets d couvrirent pour la premi re fois la garde pr torienne Elle tait enti rement recrut e dans la tribu du pr sident Kon 2003 217 218 Ainsi Houphou t Boigny n h site pas en 1963 face aux complots qui com mencent croit il menacer son r gime r duire les effectifs de l arm e qu il fait passer de 5 500 hommes 3 000 hommes et cr er une milice du Ouattara L arm e dans la construction de la nation ivoirienne 157 Parti d environ 6 000 hommes qui ont la caract ristique d tre tous d origine Baoul comme lui Le discours prononc par Houphou t Boigny le 28 septembre 1963 lors d une journ e historique porte les motivations et le contexte historique de la cr ation de la milice du parti se d fendre contre les men es d stabilisatrices du r gime Et comme nous ne concevons pas la libert sans la paix nous avons d cid d assurer tout prix cette paix afin que chacun de nous en Cote d Ivoire puisse vivre en toute libert Cette paix sera d abord assur e par
44. tuelle partir de 1999 se produit une acc l ration dans la constitution des milices et autres gardes pr toriennes Ce ph nom ne ira en s accentuant Des centaines de miliciens originaires de Ouest montagneux sont recrut s par Guei qui tente aussi de noyauter la gendarmerie Il y a une perte de l esprit de corps d sormais rendu impossible par les recrutements parall les ainsi que par l indiscipline L arm e se Ouattara L arm e dans la construction de la nation ivoirienne 163 divise en factions Pour la premi re fois avec le coup d tat de 1999 apparaissent au sein de arm e des groupes dont les membres se regroupent par affinit politi que ou ethnique Leur d nomination est d j le signe d un d fi l ordre militaire CAMORA Brigades rouges Mafia Cosa Nostra Il s agit d un ph no m ne tout fait in dit en C te d Ivoire et qui va se r v ler lourd de cons quences Il y a d abord un processus d inversion qui voit les groupes de l ombre compos s de sous officiers vont fonctionner comme des structures de contr le de la hi rarchie militaire mais surtout comme des groupes de pression politique qui vont tenter de peser sur les orientations du CNSP Comit National de Salut Public Pire des affrontements lissue souvent dramatique o il s agit d liminer des ennemis politiquement et ethniquement identifi s pr c deront les lections de 2000 Craints
45. ujours comme politiques Elles P taient quelquefois mais pas toujours D o l impression que la justice n est pas rendue Cette impunit est l indice patent d un ph nom ne proprement inqui tant qui est la gangst risation progressive de certaines fractions des forces de d fense et de s curit par un effet d autonomisation vis vis de la hi rarchie militaire Ce ph no m ne est renforc par la dissolution de la cha ne de commandement En fait lors que les luttes politiques se radicalisent et qu il devient vident qu il faut continuer la politique par d autres moyens apparaissent alors ces clans et factions souvent auto nomes qui op rent sur le mode du crime organis Ayissi 2003 Cette impunit r currente est un v ritable danger pour la C te d Ivoire Il y a danger lorsque le non respect des r gles et r glements militaires du droit des droits de l homme ne pr te pas cons quence La question qui se pose a pr sent est de savoir si linternationalisation du droit est la hauteur des enjeux de ces impunit s d vastatrices au plan local Il est clair qu une refondation citoyenne de l arm e de vra r introduire le principe de la responsabilit mancip de lob issance aveugle ou int ress e En ce qui concerne l ethnicisation des remarques rapides peuvent tre faites Les politiques et leurs scribes s accusent mutuellement hier comme aujourd hui de vouloir ethniciser l
46. une arm e bien quip e et d termin e comp tente Son r le d fendre le pays des dangers ext rieurs Il ne faut pas oublier que nous sommes en pleine rivalit entre la C te d Ivoire et certains de ses voisins mais aussi dans une conjoncture politique d t rior e par les complots des ann es soixante La Possibilit existe pour l arm e d intervenir au plan int rieur si la n cessit se faisait ventuellement sentir d assurer l encadrement de toute la nation en cas de danger mortel Mais une fois de plus Zusage politique de l arm e n est pas sans risque D o l id e de cr er une milice du parti Notre parti doit donc veiller la s curit de tous nos militants et c est ainsi que tous seront appel s pour une p riode limit e pratiquer le maniement des armes en vue d tre en mesure d assurer tout mo ment la s curit de chacun Nous aurons le peuple arm d o la trahison sera exclue puisque chaque membre de ce peuple devra tout moment compter sur son voisin pour sa propre s curit Kon 1975 145 146 Houphou t Boigny ajoute la chose suivante Il ne pourrait dans ces conditions tre fait appel l arm e r guli re pour la s curit int rieure que si la milice nationale car c est d elle qu il s agit se trouvait d bord e ce qui vous pouvez m en croire n arrivera jamais compte tenu de la force dont elle disposera et de la foi qui l animera
47. une contestation civile de l ordre politique qu il prend en charge sans pouvoir apporter la r novation d mocratique de la soci t Autrement dit la mont e progressive de la violence laquelle participent des franges de plus en plus large de la population pr pare la prise du pouvoir par les armes On admet de plus en plus Pusage de la violence ainsi que celles des armes Les esprits ne sont plus r fractaires la guerre totale qui transforme la politique en cauchemar L arm e un ordre bris Ce ne sont ni les armes ni les effectifs qui constituent en premier une arm e Ce qui fait une arm e c est la discipline qui selon M Foucault est une forme de distribution du pouvoir qui implique le dressage et l encadrement des corps le con ditionnement des esprits par lesquels les soldats int grent les normes d une vie et d une action communes La centralit de la discipline vient de ce qu elle n est pas identifiable sans plus l ob issance Elle n est pas seulement hi rarchique mais aussi horizontale Elle oblige regarder en haut et surtout cot de soi Elle est une forme de d pendance de soumission qui est aussi solidarit Le principe de son exercice requiert l alt rit comme sa dimension constitutive Sa mat rialisation est cette communaut paradigmatique dans laquelle je d pends de l autre pour ma sut vie et inversement C est la raison pour laquelle la discipline appelle les va
48. us remarquons que le d veloppement m thodique d une id ologie de la paix dans laquelle les ivoiriens baignaient bien qu ils n en furent pas dupes n a pas eu pour seul effet d anesth sier leur capacit de r volte mais aussi de les convaincre que la paix est une valeur positive Ce qui tranche avec la strat gie du pire qui fait de la guerre le seul langage de la politique Il est incontestable que la violence participe de la fondation et de la continuation du syst me encore faut il la diff rencier pour en saisir les mutations qui en modifient les usages 2 Lorsqu on analyse les raisons de la solidit et de la long vit du r gime houphou tiste on s aper oit qu il reposait en priorit sur une culture partag e de la tol rance et de la comp tence comme base d acc s aux ressources Le client lisme l Ivoirienne tait aussi fond sur cette comp tence qui neutralisait les diff rences ethniques f C est une erreur de consid rer que le syst me houphou tiste a jet par dessus bord le m rite et la comp tence comme crit res de promotion sociale et politique partir de 1963 au profit de Pall geance politique et ethnique Selon nous la comp tence et le m rite sont bel et bien rest s des facteurs importants du syst me Simplement ces crit res coexistent d sormais avec d autres plus politiques On laisse jouer le crit re de comp tence certains niveaux du syst me C est cette m thode que le colonisa
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