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Affronter les restructurations d`entreprise en Europe

1. Les partisans de ce dernier ont en fait toujours insist presque exclusivement sur la n cessit d liminer co ts et rigidit des relations de travail et demploi alors que employabilit incluait implicitement le besoin de doter le march du travail de quelque chose qui lui fait actuellement d faut une nouvelle fonctionnalit Il s agit d s lors d expliciter les cons quences de cette intuition tant sur le plan des concepts que sur celui des contenus 95 LA REVUE DE L IRES N 72 2012 1 11 1 Une approche en termes de fonctionnalit s et de fonctions Poursuivant des travaux ant rieurs Gazier Bruggeman 2008 Brugge man ef al 2010 nous nous sommes appuy s sur exp rience europ enne que rassemble le corpus d tudes analys es pour identifier un ensemble de fonctions permettant d anticiper et de g rer les restructurations Il est d abord n cessaire de clarifier les rapports entre fonction et fonctionnalit encadr 3 pour ensuite proposer une sp cification et une articulation dans le cas des restructurations tableau 1 Fonctions fonctionnalit s quivalents fonctionnels et functionnings Dans la perspective pragmatique retenue par cet article nous proposons de reprendre le terme de fonctionnalit utilis par Carabelli et Tronti en 1999 en pr cisant sa signification La fonction peut se d finir comme le r le rempli par un objet ou une personne r pondant une
2. celle ci entre 2006 et 2010 Ils ont pour caract ristique commune d insister sur la n cessit de d velopper une anti cipation syst matique des processus de restructuration voir fra I sur la gen se et la d limitation de ce corpus D s lors une t che se dessine non pas faire le m ta rapport de tous ces rapports mais appr cier les l ments de convergence et de divergence entre ces diff rents documents afin de tenter d en d gager les pr coni sations g n rales Issu du projet Resp in Rest qui a effectu une s rie d tapes dans cette entreprise le pr sent article cherche prolonger Panalyse Il propose une architecture conceptuelle explicite destin e en int grer les apports en un double sens d une part en recherchant ce que pourrait tre une panoplie compl te et coh rente d interventions sur les restructurations y compris les conditions de leur mise en uvre et d autre part en liant ces interventions aux processus et institutions plus g n raux dans lesquelles elles s ins rent Il s organise en trois temps Tout d abord la premi re section effectuera une br ve pr sentation du processus politico institutionnel ayant conduit la production de ces rapports synth tiques europ ens entre 2006 et 2010 ce qui permettra d en appr cier la port e et les limites et proc dera un rep rage direct des grands enseignements issus de ces textes souvent com pl mentaires et rar
3. financ s par la Commission et de proposer une synth se d tudes ant rieures ou de projets multipartites Ils tentent chacun leur mani re de rendre compte de bonnes pratiques conform ment l une des pr conisations du rapport Gyllenhammar r guli rement reprise par la Commission et d en tirer des le ons plus g n rales Le rapport du Groupe de haut niveau High Level Group 1998 est issu d un travail rassemblant des experts europ ens des dirigeants d entre prises dont Per Gyllenhammar et des responsables syndicaux le Fran ais Jacques Ch r que et l Italien Bruno Trentin Il adopte une approche globale visant d boucher sur des propositions op rationnelles afin d exploiter au mieux les opportunit s li es au changement en d veloppant de nou veaux proc s de nouveaux produits et de nouveaux march s partir de la main d uvre disponible Il assied ses travaux sur l id e que cela ne suppose pas seulement des d cisions conomiques adapt es mais aussi l implication des travailleurs et le d veloppement de leurs comp tences Le rapport du Danish Technological Institute Haar 2006 prend comme point de d part l in luctabilit des restructurations et porte son attention sur lan ticipation de leurs effets n gatifs sur le march du travail Consid rant que les restructurations produisent des effets n gatifs lorsque des travailleurs sont licenci s et que leur c
4. canismes institutionnels qui ont t d ploy s dans certains pays r gions march s locaux du travail ou entreprises pour anticiper et g rer les restruc turations Cette Toolbox pr c d e d un mode d emploi qui prend acte des diff rences nationales persistantes pr sente les diff rents r gimes d ajustement de l emploi et propose face l impossibilit d exporter ou d importer des bonnes pratiques une m thode pour les traduire La m me ann e une revue comparative des strat gies efficaces de soutien aux travailleurs licenci s et plus particuli rement aux aides mobilis es par les employeurs pour reclasser les travailleurs est r alis e CEDEFOP 2010 R dig e par des consultants l tude se fixe pour objectif de dresser un tat de l art des pratiques socialement responsables des entreprises des innovations en soutien l employabilit des travailleurs au sein des proces sus de restructuration et des innovations dans diff rents secteurs co nomiques qui seraient transf rables dans d autres contextes conomiques et culturels Toujours en 2010 le D partement des relations industrielles 88 AFFRONTER LES RESTRU CTURATIONS D ENTREPRISE EN EUROPE PROPOSITIONS POUR UNE DEMARCHE UNIFIEE et de l emploi de l Organosation internationale du travail OIT r alise une tude ILOa 2010 sur les accords transnationaux Elle d crit bri veme
5. quivalents fonctionnels s ils remplissent un degr relativement proche la m me fonction ou le m me ensemble de fonctions Cette mise au pluriel est centrale dans notre propos car elle permet d insister sur la diversit des canaux souvent m connus par lesquels diverses soci t s peuvent g rer les processus de restructuration Cette d marche se retrouve dans certaines analyses comparatives de la pro tection sociale en Europe qui mettent en vidence que certaines protections sociales peuvent tre assur es en mobilisant des champs et des modalit s d interventions tr s diff rents Vielle 2007 Elle est galement utilis e en droit compar les diff rents syst mes juridiques recourant des proc d s distincts pour g rer les m mes probl mes Dalmasso Kirat 2009 96 AFFRONTER LES RESTRU CTURATIONS D ENTREPRISE EN EUROPE PROPOSITIONS POUR UNE DEMARCHE UNIFIEE Nos pr occupations recoupent largement celles de Merton lorsque cet auteur met en vidence les dangers de raisonner en termes de fonctionnalisme syst mique trop int gr et montre la n cessit de porter une grande atten tion aux contradictions internes aux d viances identification de pratiques dysfonctionnelles distinction des fonctions manifestes et latentes Tou tefois la perspective propos e dans cet article si elle explore les apports d un fonctionnalisme mod r n en fait pas le seul point de vue adopt ell
6. rim En Su de les travailleurs int rimaires ont le m me type de contrat de travail que les salari s d autres secteurs En pratique les employeurs du secteur de Pint rim recourent habituellement au contrat dur e d termin e durant les six premiers mois apr s quoi le travailleur int rimaire peut obtenir un contrat dur e ind termin e H kansson e al 2009 Un tel dispositif est sans doute de nature inciter une gestion dynamique des inter contrats et un d veloppement des comp tences afin d assurer un taux d occupation lev Elles concernent ensuite l accessibilit de ces dispositifs pour les tra vailleurs les moins qualifi s L exemple britannique des Learning Representa tives pourrait ici tre mobilis encadr 4 Au plan des dispositions pr vues en situation de restructuration les principales lacunes rel vent d embl e du crit re de couverture La majeure partie des emplois affect s par les restructurations n est pas couverte contrats ou missions temporaires ruptures de contrats de travail emprun tant d autres voies que le licenciement pour motif conomique travail leurs des soci t s dont l effectif n exc de pas 50 salari s ou licenci s en petit nombre moins de 10 Peut tre faut il ici se tourner vers la Su de ou l Autriche qui ont mis en place des dispositifs permanents d accom pagnement territorialis des fondations pour l emploi qui interviennent pr cocem
7. 2006 21 Pour ce faire la plupart des tudes int grent le concept de flexs curit certaines empruntant parfois aux march s transitionnels du travail Voss ef al 2009 Rappelons que depuis 2007 les pr conisations regroup es sous l ti quette de la flexs curit ont t officiellement adopt es par la Com mission europ enne dans le cadre de la strat gie europ enne de l emploi Celle ci n est cependant que l une des quatre options programmatiques possibles en mati re de r forme et de r gulation du march du travail Auer Gazier 2008 un extr me la flexibilisation invite la d r gu lation et repose sur un ajustement par les prix et ou la flexibilit externe 8 Laquelle est un processus de coordination souple laissant chaque Etat membre la respon sabilit des interventions sur son march du travail tout en proposant des principes de conduite des modes de contr le et des ressources d appoint principalement travers le FSE 93 LA REVUE DE L RES N 72 2012 1 A Pautre extr me les capabilit s posent comme priorit s la sant les droits civiques et sociaux le travail d cent OTT et le revenu d cent Entre ces deux p les la flexs curit repose sur un compromis n goci entre flexi bilit interne ou externe et s curit tandis que les march s transitionnels du travail proposent des mobilit s prot g es sur le long terme l quilibre entre vie famil
8. EN EUROPE PROPOSITIONS POUR UNE DEMARCHE UNIFIEE celui des salari s des PME Ces deux dispositifs ont t r unis en 2011 par la cr ation du contrat de s curisation professionnelle CSP Sous r serve de son bon fonctionnement ce dispositif devrait largir le nombre des b n ficiaires et am liorer la qualit de accompagnement des transitions professionnelles Les salari s sous contrats pr caires ceux qui par la nature m me de leurs contrats de travail ne subissent pas des licenciements mais des pertes d emploi pour motif conomique ne se voient pas offrir d assis tance particuli re dans accompagnement de leurs transitions profession nelles Les exp rimentations en cours visant permettre dans des bassins d emplois d finis des travailleurs temporaires d acc der sans b n fice du taux d indemnisation bonifi au contrat de s curisation professionnelle nouvellement cr indiquent que les responsables du dispositif fran ais viennent juste de prendre conscience de l existence du probl me La princi pale difficult r side pour les CDD dans la dur e de leur pr sence contrac tuelle en emploi pour les int rimaires dans la difficult les inscrire dans une trajectoire de mont e en comp tences adapt e D s lors que les travailleurs sont ligibles un dispositif d ploy en situa tion de restructuration l accessibilit des dispositifs propos s semble globale ment assur e m me si
9. branches et des territoires Sur le terrain l efficacit globale d pend de ce que les acteurs sont ou non en relation les uns avec les autres lorsque la restructuration survient et particuli rement de la qualit des interactions des principaux services de Pemploi qui sont l galement avertis par avance autorit s locales ou tout autre acteur territorial significatif et partenaires sociaux D velopper l employabilit des travailleurs Le r le de cette fonction est de maintenir et de d velopper l employa bilit et les facult s d adaptation des changements non routiniers des entreprises et des travailleurs en emploi La permanence du changement entra ne une rosion r guli re de Pem ployabilit au fil du temps et un changement soudain peut alors cr er des difficult s insurmontables Se pr munir contre cette ventualit est particu li rement difficile Dans la plupart des pays europ ens les fonds destin s la formation professionnelle ont pour vocation de former au sein du sec teur souvent dans la m me entreprise Par ailleurs de nombreux dispo sitifs et m canismes sont con us pour accompagner les transitions en cas de restructuration et pour restaurer l employabilit de travailleurs licenci s ou proches de l tre Mais entre Padaptation aux postes ou aux volutions sectorielles et la restauration de l employabilit apr s la perte d emploi il y a un espace qui n est que tr s peu
10. d aborder les compl ments correctifs et inflexions apporter sous un angle particulier celui de la fonctionnalit quiper tout en s inspirant le cas ch ant des dispositions en vigueur dans d autres espaces institutionnels en particulier d autres pays europ ens pour y pourvoir l encore sous un angle particulier celui des quivalents fonctionnels et des modalit s concr tes de leur traduction dans lespace consid r Cet espace peut tre transnational national ou local L valuation de la fonctionnalit Il n est pas question ici d entrer dans le d tail des modalit s et moyens d ploy s autour de chaque r gle dispositif ou op rateur pour assurer cette fonctionnalit en France mais simplement d utiliser les fonctions comme base d valuation de leur pertinence en reprenant ou en r organisant des l ments et des analyses disponibles D velopper l employabilit des travailleurs en emploi F1 Au regard du crit re de couverture les dispositions permanentes tant dans leurs dimensions l gales que dans celles qui concernent des dispositifs existants couvrent potentiellement l ensemble des travailleurs en emploi quelle que soit en particulier la nature de leur contrat de travail jusques et y compris une diversit de populations sp cifiques En revanche au regard du crit re d accessibilit les principales lacunes des dispositions perma nentes sont connues Les salari s en CDD et s
11. insistance sur le r le de l anticipation Ce concept qui se traduit souvent par la recommanda tion d une annonce pr coce early warning CEDEFOP 2010 33 fait Pob jet d une explicitation et d une analyse approfondie dans Haahr e alii 2006 Il Vers l identification d un ensemble complet de fonctions pour anticiper et g rer les restructurations La r flexion sur le traitement des restructurations n est certes pas une nou veaut Elle se fonde sur plusieurs vagues successives de travaux notamment initi s par l OCDE McKersie Sengenberger 1983 et par le BIT Campbell Sengenberger 1994 Auer 2001 Hansen 2002 Apr s avoir identifi les besoins et les ressources ces tudes ont progressivement mis accent sur la n cessit d anticiper tant l volution des emplois que celle des comp tences et sur l int r t de d velopper une gestion multi acteurs Les 16 contributions tudi es ici s inscrivent dans le prolongement de ces tendances Implicitement ou explicitement le corpus d tudes analys es partage l id e que le changement est n cessaire voire d sirable et que les restructura tions doivent s analyser dans le cadre du d fi auquel le march europ en du travail est confront le changement profond des caract ristiques et du contenu des emplois et la n cessit d adapter en cons quence les com p tences et qualifications de la main d uvre Haahr e al
12. la synth se de 28 s minaires un dans chacun des 27 pays membre et un 28 pour la syn th se d ensemble organis s par les partenaires sociaux et s int resse sp cifiquement et exclusivement au r le des partenaires sociaux aux niveaux national sectoriel et r gional comme au niveau de l entreprise dans le cadre des restructurations Au cours des cinq ann es du projet ses participants se sont pench s sur les nouveaux pays membres les anciens pays membres et les restructurations en temps de crise Il propose notam ment une feuille de route pour le d veloppement d une approche compl te des restructurations par les partenaires sociaux 1 Sans pr tendre une exhaustivit absolue nous consid rons qu il s agit l des principaux tra vaux de synth se financ s par la Commission au cours de la p riode r cente et les contraintes li es sa transcription dans les contextes institutionnels vari s des diff rents pays de la communaut Il s agissait donc dans un premier temps d effectuer une recension ordonn e du contenu des tudes et rapports s lectionn s A cette fin ceux ci ont fait l objet d une ana lyse compar e au moyen de deux grilles de lecture La premi re a port sur le rep rage des convergences redondances divergences dimensions compl mentaires apport es par chacun par rapport aux autres en termes d identification des probl mes de probl matiques ado
13. prennent en compte explicitement l interaction entre l offre comp tences motivation et la demande structures productives opportunit s offertes par l tat du march du travail Entendue de mani re probabiliste comme les chances de trouver retrouver ou conser ver un emploi et une r mun ration acceptables dans un contexte donn l employabilit permet d valuer et d orienter les interventions publiques vi sant d abord agir sur les personnes ch meurs aussi bien que personnes en emploi mais aussi sur le march du travail qu il convient d quiper cette fin C est ainsi que les dispositifs de validation des acquis de l exp rience VAE ou d orientation professionnelle sont apparus comme des com posantes n cessaires au d veloppement de politiques d employabilit Il est toutefois possible d aller plus loin et de mettre en vidence les processus collectifs de construction et sym triquement de destruction de l employabi lit De nombreux exemples de restructurations illustrent ce point certaines firmes en difficult rejetant sur le march du travail des travailleurs aux com p tences vieillies et faiblement transf rables d motivant ceux ci et rendant patente puis aggravant une destruction collective d employabilit A rebours 94 AFFRONTER LES RESTRU CTURATIONS D ENTREPRISE EN EUROPE PROPOSITIONS POUR UNE DEMARCHE UNIFIEE depuis les ann es 2000 d autres firmes ont pu sign
14. rement pour les travailleurs pr caires Quelques exp rimentations ont ouvert Pacc s de dispositifs existants ces travailleurs comme les unit s de reconversion wallonnes mais ce ne sont que les pr mices d un processus dont l enjeu est d offrir des perspectives demploi de qualit tous les travailleurs affect s par une restructuration et pas seulement ceux qui disposaient d un emploi stable dans une grande ou moyenne entreprise Les PME tout particuli re ment en dessous d une certaine dimension ne sont pas en mesure d organiser les transitions sans l aide d organismes ext rieurs qu il s agisse d organismes publics d organismes paritaires mis en place par voie d accords comme les fondations pour l emploi su doises ou d autres types d organismes et il n est pas rare que les salari s concern s ne b n ficient pas de dispositifs d organi sation des transitions professionnelles Sur le plan de la sant on a vu que la perte d emploi dans le cadre d une restructuration tait fr quemment l occa sion d apparition de difficult s nouvelles ou du retour d anciennes difficult s partiellement surmont es par exemple des tendances d pressives ou addic tives C est d s l annonce de la restructuration que des services de diagnostic et d accompagnement m dical doivent tre mis en place et figurer au sein des bouquets de services offerts aux salari s concern s Mettre en uvre des
15. 02 La richesse des r gions La nouvelle g ographie socio conomique 3 d Paris PUF Bergstr m O Diedrich A 2006 R gions restructuration et secteurs forte intensit de savoir le cas du projet VinnVinn G teborg Su de Monitor ing Innovative Restructuring in Europe Syndex http www mire restructur ation eu docs CS 20Vinnvinn 20FR pdf Bobbio M 2006 Les plans de sauvegarde de l emploi accompagner les sala ri s licenci s sans garantie d un retour vers l emploi stable Premi res informations Premi res synth ses DARES n 28 2 juillet Bobbio M 2009 Les dispositifs publics d accompagnement des restructurations en 2008 Premi res informations Premi res synth ses DARES n 482 novembre Bobbio M GratadourC avecZegnaniS 2009a Les parcours d accompagnement vers l emploi des salari s licenci s pour motif conomique Comparaison entre le contrat de transition professionnelle la convention de reclassement personnalis et l accompagnement classique de P le emploi Premi res informations Premi res synth ses Dares n 43 2 octobre Bobbio M Gratadour C avec Zegnani S 2009b Le reclassement profession nel des salari s licenci s pour motif conomique Comparaison entre le contrat de transition professionnelle la convention de reclassement per sonnalis et l accompagnement classique de l ANPE Premi res informa tions Premi res synth se
16. Affronter les restructurations d entreprise en Europe propositions pour une d marche unifi e Fr d ric BRUGGEMAN Bernard GAZIER et Dominique PAUCARD Dia avant la crise commenc e en 2007 de nombreux observateurs avaient pu souligner que les restructurations entendues comme des changements majeurs dans lorganisation des firmes entra nant des sup pressions demploi ou des risques de suppressions demploi tendaient devenir permanentes au sein du capitalisme moderne Loin de constituer un v nement isol frappant toutes les cat gories d entreprises y com ptis les PME elles sont per ues depuis les ann es 1980 1990 comme une modalit r currente de gestion Carabelli Tronti 1999 s appuyant sur un arsenal de pratiques pour une vision d ensemble r cente Beaujolin Bellet Schmidt 2012 notamment au sein des grands groupes internationalis s Certains observateurs et responsables de politique conomique y voient la manifestation accentu e et permanente de la destruction cr atrice propre au capitalisme flux de changements auxquels il conviendrait de s adapter dans le contexte de la mondialisation des march s Ces muta tions souvent brutales font toutefois elles m mes l objet d interrogations et contestations r currentes d abord en ce qui concerne leur l gitimit qui d cide des suppressions d emplois et au nom de quelle logique et ensuite en ce qui concerne leur ampleur leurs modalit s et
17. TURATIONS D ENTREPRISE EN EUROPE PROPOSITIONS POUR UNE DEMARCHE UNIFIEE Transition est un terme tr s polys mique qui renvoie diff rents types de trajectoires du syst me ducatif ou de formation l emploi et inver sement de l emploi la retraite de l emploi au ch mage et inversement de emploi un choix personnel de vie famille loisirs et inversement Schmid Gazier 2002 Un individu donn peut choisir ou se voir impo ser l une de ces trajectoires dans des circonstances tr s vari es les restruc turations n tant que l une d entre elles dont traite cette fonction Cette fonction rel ve de dispositifs m canismes arrangements et outils mis en place depuis longtemps notamment les fondations autrichiennes et su doises pour la s curit de emploi les cellules de reconversion wal lonnes les soci t s de transfert allemandes les centres de mobilit n er landais les services de r ponse rapide britanniques Outre leur fonction nement propre sur lequel plusieurs tudes europ ennes capitalisent Voss et al 2009 14 et s CEDEFOP 2010 et une comparaison r alis e dans une autre partie du projet Resp in Rest Bruggeman e al 2012 deux enjeux majeurs marquent cette fonction Avec l volution des march s du travail en Europe de nouveaux statuts ont vu le jour ou se sont r pandus suscitant des situations qui ne sont pas trait es de fa on satisfaisante tout particuli
18. an Monitoring Center on Change Dublin Eurofound Tarren D 2010 United Kingdom Trade Union Learning Representatives in Bruggeman F de Lavergne F 2010 European Restructuring Toolbox EURANEC EVTA p 160 164 Tengblad P dir 2009 Understanding a Changing World of Work A Resource Pack for Union Training on Value Chain Restructuring Project Policy Brief WORKS Project Tengblad P 2010 Sweden The Job Security Organisation in Bruggeman F de Lavergne F 2010 European Restructuring Toolbox EURANEC EVTA Triomphe C E 2008 Does Europe Have Restructuring Policies in Gazier B Bruggeman F eds 2008 Restructuring Work and Employment in Eu rope Managing Change in an Era of Globalisation Cheltenham Edward Elgar p 339 367 p 271 275 Tuchszirer C 2005 Le reclassement des salari s licenci s pour motif conomique responsabilit sociale de l entreprise ou de la collectivit pub lique La Revue de l IRES num ro sp cial Restructurations nouveaux enjeux n 47 p 157 173 Vielle P 2007 Flexicurit Red finir la s curit des citoyens europ ens Policy Paper Observatoire social europ en n 1 octobre Voss E with Wild A Pulignano V Kwiatkiewicz A Farvaque N 2009 Organ ising Transitions in Response to Restructuring Study on Instruments and Schemes of Job and Professional Transition and Re conversion at National Sectoral or Regiona
19. apacit d int gration dans le march du travail est s rieusement affaiblie les auteurs du rapport cherchent identifier et d crire les bonnes pratiques en la mati re et les articuler entre elles L approche est globale et consid re diff rents niveaux d intervention co nomie r gion secteur industrie groupes soci t s et diff rents objectifs de l anticipation pr vention gestion limitation des effets n gatifs La m me ann e un r seau de chercheurs s int resse aux d terminants sous jacents du changement et se penche sur la recomposition de la cha ne de valeur et sur la r partition g ographique et la d centralisation fonctionnelle qui en r sultent avec pour objectif de mesurer leurs incidences sur le travail et les travailleurs Trois tudes Huws et al 2006 Dahlmann et al 2008 Tengblab 2010 sont issues du projet Works acronyme de Work and Orga nisation Restructuring in the Knowledge Society Toujours en 2006 l EMCC publie la premi re tude d une s rie consacr e l analyse des faits et ten dances relatifs aux restructurations au niveau europ en Celle ci Storrie 2006 a pour ambition de contribuer une meilleure compr hension des cons quences sur l emploi des restructurations et de fournir un inven taire des sources disponibles au niveau europ en Elle constate aussi un d faut de donn es fiables et propose des moyens d y rem dier tant court term
20. des et rapports abordent le sujet soit sous l angle de l inefficacit des dispositifs en place soit sous l angle des in galit s qu ils suscitent voire pour l un d entre eux sous l angle des distorsions de concurrence qu ils induisent entre pays de l Union Bien que la sant ne soit abord e de fa on d taill e que dans l un des rapports elle a r cemment attir l attention au niveau europ en et peut tre selon nous class e parmi les points de consensus Trois effets des restruc turations sur la sant sont identifi s dans l tude de Kieselbach 2009 les effets sur les personnes qui conservent leur emploi apr s une restruc turation soit par suite des effets des maladies du survivant soit du fait d une surcharge de travail apr s la r organisation ceux sur les personnes qui ont perdu leur emploi du fait de la d stabilisation et des remises en cause personnelles que cette perte suscite ceux qui affectent l ensemble du collectif en amont de l annonce d une restructuration par l anxi t que cette incertitude induit De cet ensemble ressort une conception largie des restructurations entreprise non limit e aux grandes entreprises et aux salari s sous CDI subissant un licenciement pour motif conomique largissement que nous faisons n tre dans la suite de cet article 1 3 Une grande vari t de pratiques d anticipation et de gestion des restructurations Encadr s par six direc
21. e d un contrat social implicite et ont des effets directs et indirects d vastateurs dans les communaut s et sur les territoires concern s Raveyre 2005 Ce contraste se retrouve partout en Europe C est pourquoi depuis longtemps de nom breuses initiatives et de nombreux travaux ont eu pour objectif de recher cher des solutions soit pour arr ter le processus par exemple en proposant un repreneur et ou en recherchant des alternatives permettant le maintien dans emploi de tout ou partie du collectif concern soit pour en g rer les cons quences par exemple en organisant un accompagnement s curis vers d autres emplois voire une r orientation professionnelle compl te de certains travailleurs ou la revitalisation des territoires De telles proposi tions s inscrivent dans un cadre tr s contraignant qu il convient de rappeler Les restructurations d pendent d abord de la croissance conomique et de la position d un pays ou d un secteur au regard de la division internationale du travail elles se d ploient dans un univers r glementaire et organisation nel donn et dans une situation et une pratique des relations profession nelles d finies Cette contribution accompagnant les acteurs concern s se situe en aval de ces processus et institutions qu elle prend largement comme don n s et s interroge de mani re pragmatique sur les marges de man uvre et d initiatives face aux restructurations Son contenu est p
22. e entend consid rer des effets utiles recherch s explicitement et implicite ment mais aussi prendre en compte des priorit s au del de ceux ci pour affirmer par exemple la valeur en soi de la dimension n goci e des diff rents dispositifs pass s en revue ainsi que la n cessit de leur appropriation par les acteurs concern s Il s agit donc dans cette contribution d un fonction nalisme mod r li troitement aux perceptions et initiatives des acteurs concern s Un dernier terme permet de pr ciser notre perspective il s agit des function nings ou des fonctionnements tels que les a conceptualis s Amartya Sen 2010 Pour celui ci les functionnings correspondent l ensemble des activit s auxquelles peut se livrer une personne au cours de sa vie qu il s agisse de se nourrir de participer un d bat collectif ou de se r orienter professionnellement Les capabilit s selon cette th orie d sormais bien connue constituent l ensemble des fonctionnements auxquels a acc s une personne ou un groupe Les situations de pauvret se caract risent par des capabilit s tronqu es emp chant l exercice de la libert Notre travail se focalise sur la contrepartie organis e de ces fonctionnements individuels ou de groupe puisque les fonctions et fonctionnalit s se rapportent au march du travail Une pr occupation commune se d gage celle de doter les personnes d
23. e flexibilisation qui reposent sur un retour le plus rapide possible l emploi des indemnit s de ch mage rebaptis es allocation de recherche d emploi uniformes de faibles niveau et dur e et un accompagnement centr sur la recherche d emploi criture de CV information sur les offres d emploi etc prodigu par un service unique L employabilit performance est centr e sur le projet individuel le maintien de la r mun ration et les processus de construction collective de l employabilit par l instauration de la confiance l accumulation de comp tences reconnues et la mise en uvre de politiques et d accords d anticipation On est alors du c t du travail d cent et des march s transitionnels du travail Si les deux employabilit s sont compl mentaires la seconde impliquant la premi re comme pr alable on constate qu elles renvoient des orientations de politique conomique tr s diff rentes Comme le font observer Umberto Carabelli et Leonello Tronti 1999 op cit notre traduction Pemployabilit est un concept qui donne une coloration nouvelle au d bat sur la re r glementation du march du travail Il tend en fait souligner le cot positif du probl me la fois l am liora tion qualitative de l offre de travail et une relation am lior e entre offre et demande et en tant que tel repr sente un loignement de la nette n gati vit associ e au concept de flexibilit
24. e qu plus long terme Deux ans apr s la Commission europ enne rassemble dans un rapport Euro pean Commission 2008 les contributions de 21 unit s appartenant 14 direc tions g n rales ainsi que celles de EMCC du Centre europ en pour le d ve loppement de la formation professionnelle CEDEFOP et de la Commission 87 LA REVUE DE L IRES N 72 2012 1 consultative des mutations industrielles CCMI Il pr sente les d terminants du changement L Europe dans un monde en transformation et une re vue compl te des principales strat gies politiques et actions au sein de l Union europ enne En 2009 une quipe de consultants fait la synth se GHK 2009 des ana lyses et recherches approfondies men es dans le cadre des 43 projets article 6 du Fonds social europ en FSE consacr s aux restructurations C est une tentative de capitaliser sur ces projets pour en tirer une bo te outil pour aider les acteurs affronter efficacement les restructurations en tant que processus permanent de changement aussi bien qu au niveau des entreprises en restructuration La m me ann e des chercheurs experts consultants et praticiens produisent un rapport sur un champ trop souvent ignor par la recherche en relation avec les restructurations celui de la sant Kieselbach 2009 Tirant ses conclusions tant d tudes disponibles que d analyses de cas le rapport rel v
25. e que le processus de restructura tion peut avoir des effets significatifs sur la sant des employ s qui y sont confront s et que la qualit et la pertinence des dispositifs de gestion sur le th me de la sant sont limit s de m me que leur fr quence au sein de l Union Il recense ensuite les enseignements des tudes de cas et formule des recommandations En 2009 toujours des chercheurs experts et consultants proposent une analyse des diff rents mod les de relations industrielles et de gouvernance des entreprises en Europe dans leur rap port aux restructurations Moreau 2009 L accent est mis sur les dimensions multi acteurs et multi niveaux de la r gulation du processus de restructu ration tant en mati re d anticipation que de gestion Apr s une revue des enjeux elle propose pour conclure de nouvelles orientations pour l action au niveau europ en Enfin une tude consacr e aux outils instruments et m canismes de soutien propos s aux travailleurs licenci s ou menac s de licenciement Voss 2009 dans les 27 pays membres est r alis e L tude d crit ces dispositifs propose une classification tente d analyser le co t de chacun et souligne l impressionnante diversit des m canismes en vigueur travers l Europe En 2010 un r seau de chercheurs experts consultants et praticiens produit une bo te outils Bruggeman et al 2010 d crivant 86 outils dispositifs et m
26. e to Workers Displacement Some Tools for Reduc ing the Impact on Workers Communities and Enterprises Geneva ILO Hart S A 2010 Les Union Learning Representatives Centre interdisciplinaire de recherche et d veloppement sur l ducation permanente http www cirdep uqam ca component content article 9 41 htmil High Level Group on Economic and Social Implications of Industrial Change Gyl lenhammar Group 1998 Managing Change Final Report European Commission Directorate General for Employment Industrial Relations and Social Affairs Unit V D 3 Hirschman A O 1970 Exit Voice and Loyalty Cambridge Harvard University Press Hurley J Mandl I 2011 Public Instruments to Support Restructuring in Eu rope ERM REPORT 2011 Dublin Eurofound Huws U Dhudwar A Dahlman S eds 2006 The Transformation of Work in a Global Knowledge Economy Towards a Conceptual Framework Work package 3 Theories and Concepts WORKS ILO 2010a Restructuring Enterprises through Social Dialogue Socially Respon sible Practices in Times of Crisis Geneva ILO Industrial and Employment Relations Department Working Paper n 19 ILO 2010b 27 National Seminars Anticipating and Managing Restructuring ARE NAS VC 2008 0667 ITC ILO European Commission Jobert A dir 2008 Les nouveaux cadres du dialogue social Europe et terri toires Bruxelles PIE Peter Lang Kieselbach T ed 2009 Health i
27. ement Il en va de m me au niveau local o produire et diffuser des informa tions et analyses informations et pr visions sur l environnement cono mique et le march du travail sectorielles et r gionales et instaurer des lieux de partage et de discussion de ces donn es entre acteurs Haahr 2006 64 et s GHK 2009 39 et s 53 et s Moreau 2009 22 et s Bruggeman de Lavergne 2010 80 et s Wild 2010 35 est galement n cessaire une compr hension partag e aussi t t que possible des changements qui s annoncent Pour autant que les restructurations soient concern es cela permet aux acteurs d appr hender les opportunit s mais aussi les risques et jusqu aux risques sur l emploi auxquels un secteur ou un march local du travail sont expos s L enjeu n est pas le d veloppement de simples ob servatoires Il s agit en premier lieu de r unir des acteurs et de les impliquer dans un r seau relationnel en mesure de d ployer rapidement au fil de leur compr hension de la situation des ressources et outils qu ils ont labor s en commun C est ainsi l existence d acteurs collectifs pr ts intervenir rapide ment qui est n cessaire pour faire face au changement lorsqu il survient Assurer le pilotage et la gestion des processus de restructuration des entreprises Le r le de la fonction est d orienter le comportement des entreprises et des acteurs vers l adaptation des processus de restr
28. ement divergents I En un deuxi me temps il s agira d aller plus loin en explicitant un point de vue unifiant celui qui consiste s int resser un ensemble de fonctions regroup es dans une s rie de nouvelles fonctionnalit s dont il conviendrait de doter les march s du travail modernes l intuition de cette d marche se trouve dans une ana lyse propos e l or e du si cle par Carabelli et Tronti 1999 Ces auteurs s taient centr s sur le concept d employabilit et avaient montr que pris dans un sens collectif et rapport au march du travail il devenait central dans l op rationnalisation des mesures faisant face aux restructurations Cette seconde section vise reprendre et g n raliser ce point de vue en envisageant d abord avec l appui des analyses pr sent es dans les rapports s lectionn s et ensuite en les d bordant un ensemble complet de fonction nalit s nouvelles II Enfin il sera possible titre d illustration d effectuer 2 Financ par la FSE PROGRESS et pilot par l Association europ enne pour la formation profes sionnelle AEFP EVTA 85 LA REVUE DE L IRES N 72 2012 1 une premi re application de cette grille un cas restreint tudier la mani re dont l une des fonctionnalit s est assur e en France au regard de Panticipa tion et de la gestion des restructurations d entreprise ID La conclusion discutera bri vement les apports et les limit
29. ent dans le processus de restructuration Borghouts van de Pas 2012 Rappelons cependant que le temps n cessaire un dispositif pour v ritablement s ancrer dans les pratiques est n cessairement long ce qu in diquent le lent d veloppement des Job Security Foundations su doises de puis 1973 1974 et celui relativement plus rapide mais tout de m me tal sur 20 ans des fondations de travail autrichiennes depuis 1987 Borghouts van de Pas 2012 109 LA REVUE DE L IRES N 72 2012 1 Les Unions Learning Representatives britanniques Mis en place en 2003 par l Employment Act les d l gu s syndicaux la formation professionnelle Union Learning Representatives ULR ont pour r le de promouvoir et de soutenir la formation et l ducation dans et en de hors du lieu de travail particuli rement en direction des salari s peu qualifi s et n ayant pas compl tement acquis les comp tences de base Dans ce dispositif ce sont des d l gu s syndicaux la formation qui ont pour mission d entrer en contact avec les travailleurs les moins qualifi s de contribuer la conception de formations adapt es et de n gocier les conditions de l entr e en formation avec l employeur Les ULR constituent ainsi un troisi me type de d l gu syndical cr apr s le d l gu syndical Union representative ou Reps et le d l gu la Sant et la S curit Health and Safety Reps La loi de 2003 leur a d
30. er des accords de pr servation collective de l employabilit assurant leurs travailleurs une mise niveau r guli re de leurs comp tences et confirmant ainsi leur confiance et leur r putation En un sens plus large encore on peut voquer l employabilit d un bassin d emploi ou d une r gion comme tant leur aptitude voluer au sein de la division internationale du travail et renouveler un mixte d emplois comp titifs expos s et d emplois r sidents moins soumis la concur rence mondiale Deux dimensions modernes de l employabilit doivent alors tre distin gu es l employabilit acc s et l employabilit performance Elles illustrent un dilemme classique de l action politique afin d aider les deman deurs d emploi et travailleurs licenci s retrouver un emploi les acteurs du march du travail peuvent encourager un retour aussi rapide que possible au travail m me dans des emplois de faible qualit il s agit alors d employa bilit acc s ou privil gier une approche plus long terme qui repose sur l identification des comp tences et projets personnels et un accompagne ment plus ambitieux en termes de formation et de r insertion employa bilit performance Dans une approche normative ces deux conceptions de l employabilit renvoient aux agendas de r forme du march du travail pr c demment voqu s l employabilit acc s est au c ur des politiques d
31. es conseils pour la s curit de Pemploi Bergstrom Diedrich 2006 ou organisations pour la s curit de l emploi Tengblad 2010 couvrent en 2006 un peu plus de la moiti de la population active su doise et de r cents accords largissent cette base Il s agit d organisations d di es Paccompagnement des entreprises en restructuration Elles r sultent de n gociations de branches au sens large de ce terme les trois principales organisations couvrent respectivement en 2006 950 000 salari s cols bleu du secteur priv TSL 700 000 salari s cols blancs du secteur priv TRR et 245 000 salari s cols blancs du secteur public en 110 AFFRONTER LES RESTRU CTURATIONS D ENTREPRISE EN EUROPE PROPOSITIONS POUR UNE DEMARCHE UNIFIEE Su de relativement peu de salari s du secteur public ont un statut de fonctionnaire L accord met en place une collecte de fonds 0 3 de la masse salariale pour TRR laquelle contribuent toutes les entreprises de la branche Ces fonds sont attribu s une fondation d o le nom parfois donn au dispositif g r e paritairement par les signataires et qui emploie des conseillers et consultants en charge du conseil op rationnel aux entre prises directions et syndicats pour l organisation du processus de restruc turation et l accompagnement des salari s avant et apr s leur licenciement Fonctionnellement ces organisations sont articul es au service pub
32. es across Europe in Gazier B Brugge man F dir 2008 Restructuring Work and Employment in Europe Manag ing Change in an Era of Globalisation Cheltenham Edward Elgar p 11 31 Gazier B 2011 Employabilit in Bevort A Jobert A Lallement M Mias A dir 2012 Dictionnaire du travail Paris PUF p 246 252 Gazier B Bruggeman F ed 2008 Restructuring Work and Employment in Eu rope Cheltenham Edward Elgar Gazier B Petit H 2007 French Labour Market Segmentation and French La bour Market Policies since the Seventies Connecting Changes Econo mies et Soci t s AB n 28 p 1027 1056 GHK 2009 Toolkits for Restructuring Based on the Innovative Actions of Euro pean Social Fund Article 6 Projects DG Employment Social Affairs and Equal Opportunities GREP 2006 POUR num ro sp cial Petites entreprises et territoires dialoguer pour anticiper n 192 Haahr J H Hansen M E Andersen T 2006 Restructuring in Europe The An ticipation of Negative Labour Market Effects Danish Technological Institute 116 AFFRONTER LES RESTRU CTURATIONS D ENTREPRISE EN EUROPE PROPOSITIONS POUR UNE DEMARCHE UNIFIEE H kansson K Isidorsson T Pond R Sol E Teissier C Unterschutz J War neck F 2009 La repr sentation des travailleurs int rimaires projet RAW www socav gu se digitalAssets 1272 1272409_Short_summary_ RAW_Fr_090128 pdf Hansen G B 2002 A Guid
33. es capacit s d intervention empowerment dans les domaines qui les concernent et d abord le travail et l emploi Cette approche appliqu e aux tudes sous revue nous conduit for muler les deux propositions suivantes 1 D finir un cadre qui permette une anticipation et une gestion mul ti acteurs des restructurations suppose que le march du travail soit dot de trois nouvelles fonctionnalit s l implication des acteurs dans la ges tion du changement le d veloppement de l employabilit et le pilotage de l offre demploi sur les march s locaux de emploi De fait le basculement d une approche traditionnelle de protection de l emploi une approche de protection de l employabilit entra ne deux cons quences majeures dans la perspective que nous proposons les institutions locales telles que les r gions et collectivit s locales mais aussi les institutions nationales et les Etats doivent dans le m me temps inciter les acteurs s impliquer dans le changement afin qu ils y restent toujours attentifs et qu ils s y pr parent en permanence m me lorsqu il implique des restructurations et veiller Pattractivit de leur territoire en d veloppant la formation la recherche les infrastructures la qualit des march s locaux du travail etc 97 LA REVUE DE L IRES N 72 2012 1 2 Ces fonctionnalit s sont assur es lorsque six fonctions associ es deux deux par fonction
34. es crit res de coh rence la coordination des acteurs et Particulation des dispositions permanentes avec celles pr vues en situa tion de restructuration semblent de qualit tr s moyenne tableau 3 Ainsi 107 LA REVUE DE L IRES N 72 2012 1 les plans de formation sont formellement disponibles dans la plupart des entreprises Il existe cependant un large consensus pour admettre qu ils restent essentiellement marqu s par des actions d adaptation au poste de travail la logique de l employabilit n tant encore que tr s faiblement int gr e dans les pratiques usuelles des entreprises La coordination des acteurs en situation de restructuration est par ailleurs faible Bruggeman et al 2005 Il s agit d un d faut historique de l approche fran aise que PANI de 1969 et son avenant de 1974 PANI de 1986 et la loi de 1989 puis la loi de 2005 ont essay sans succ s av r de r gler En promouvant la n gociation et les accords de gestion pr visionnelles des emplois et des comp tences GPEC la loi de 2005 tente d orienter le dialogue social dans l entreprise vers la discussion de la strat gie suivie et donc le futur et de l articuler l employabilit mise en place d un dispositif de gestion pr visionnelle des emplois et des comp tences et les mesures d ac compagnement susceptibles de lui tre associ es en particulier en mati re de formation de validation des acquis de l exp rie
35. es de la d marche propos e l En attendant la directive la d cantation des bonnes pratiques Dans la foul e du sommet pour l emploi tenu Luxembourg en no vembre 1997 l Union europ enne a mis en place un Groupe d experts de haut niveau sur les implications conomiques et sociales des mutations industrielles plus connu sous la d nomination groupe Gyllenhammar Celui ci a propos une approche renouvel e des restructurations fond e sur l id e que les mutations industrielles sont porteuses d opportunit s et doivent tre anticip es pr par es et g r es op cit 1998 A la suite de ce rapport de nombreuses initiatives et travaux ont vu le jour en Europe Sans pr tendre l exhaustivit notons les points suivants En 2001 PEMCC European Monitoring Center on Change Observatoire europ en du changement a t cr Dublin au sein de la Fondation europ enne sur les conditions de travail Eurofound En 2002 le Conseil conomique et social europ en a prolong l exp rience cinquantenaire de la Commission consultative sur le charbon et l acier en tablissant la Commission consul tative sur les mutations industrielles De 2003 2008 l article 6 du FSE a financ 43 projets li s aux restructurations dont une synth se a t publi e en 2009 Entre 2005 et 2010 les partenaires sociaux europ ens ont tenu 27 s minaires communs un par pays dont ils ont fait la synth se en 2010
36. estructurations et de l insuffisance des moyens essentiellement m diatiques et juridiques qui permettent de les appr hender La plupart des tudes appellent ainsi rompre avec les approches et politiques qui traitent des restructurations comme pisodes ou v nements Plusieurs insistent sur les transformations organisation nelles impliquant des restructurations massives des pratiques de travail ou des conditions demploi qui se d roulent sous le radar sans pertes d emplois mesur es Dans ces conditions la question des modalit s de leur appr hension se trouve n cessairement pos e Derni re caract ristique les restructurations d entreprises sont des processus multi niveaux et multi acteurs Il faut noter la diversit des acteurs affect s impliqu s ou concern s par les restructurations qui tous devraient tre associ s un moment ou un autre l anticipation et la gestion du processus de restructuration l employeur les repr sentants des salari s de l entreprise les salari s eux m mes les autorit s locales ou r gionales les partenaires sociaux le service public de l emploi et des pres tataires priv s des consultants Que ce soit en amont pendant ou en aval du processus de restructuration c est certainement autour de ce principe que s effectue la principale convergence normative des travaux analys s Pinscription d acteurs porteurs d int r ts de pr rogatives et de moyens va r
37. et depuis 2005 la Commission a cr une ask force interne sur le sujet et tient au rythme de deux trois par an un forum sur les restructurations Au d but de l ann e 2009 la DG emploi a publi une Restructuring Chec klist y pour aider les acteurs face la crise et a demand la pr paration d une Bo te outils restructurations Depuis lors PEMCC a mis en ligne une base de donn es qui recense plus de 400 dispositifs et outils d ploy s dans tel ou tel pays de la communaut en rapport avec l anticipation ou la ges tion des restructurations En une douzaine d ann es un vaste ensemble d tudes sur les restructurations a ainsi t produit au sein duquel nous avons op r une s lection encadr 1 L objet de ce travail lui m me inscrit dans un projet financ par la Com mission tait de faire le point sur les acquis des dix derni res ann es afin de poser les bases d une nouvelle tape celle d une directive europ enne qui prendrait en compte les enseignements des exp riences accumul es 3 http www eurofound europa eu emcc about htm 4 http www eesc europa eu i portal fr cemi 5 http www eurofound europa eu emcc erm supportinstruments 86 AFFRONTER LES RESTRU CTURATIONS D ENTREPRISE EN EUROPE PROPOSITIONS POUR UNE DEMARCHE UNIFIEE Les rapports analys s Parmi les travaux voqu s nous en avons s lectionn 16 qui pr sentent la caract ristique d avoir t
38. et les comp tences disponibles des march s locaux et quelquefois r gionaux du travail sont marqu s par les activit s qui les structurent C est ce qui rend n cessaire d entreprendre la diver sification des zones de mono activit s Haahr e 41 2006 10 le d ploie ment de strat gies d emploi locales GHK 2009 53 la mise en place des clusters d entreprises afin de promouvoir l change d informations la mutualisation et la collaboration au niveaux local r gional national ou sectoriel GHK 2009 5 le d veloppement de pactes territoriaux pour Pemploi ILO 2010b 30 Organiser le red ploiement territorial en coh rence avec les strat gies de d veloppement local Le r le de cette fonction est d aider les march s locaux du travail et les territoires touch s par des restructurations mettre en uvre des projets de reconversion tourn s vers innovation et l mergence de nouvelles acti vit s aptes offrir de nouveaux emplois la population locale Cette fonction entretient avec la pr c dente le m me type de relation que l organisation des transitions entretient avec le d veloppement de lPemployabilit des travailleurs L r side l une des difficult s de sa mise en uvre la volont de recr er rapidement des emplois pouvant conduire des actions peu efficaces au regard des besoins d un d veloppement long terme De fa on plus g n rale dans la mesure o le risq
39. eurs convergences leurs angles morts et leur anglais international rel veraient sans doute d une analyse critique en termes de sociologie des lites que nous n avons pas men e Prenant au s rieux leurs apports et cherchant les consolider notre fonctionnalisme mod r m me ouvert sur les initiatives et les appropriations des acteurs est un choix de th orisation interm diaire mettant l accent plus sur les d fis de la coordination que sur les rapports de domination sans toutefois oblit rer ceux ci comme en t moigne larticulation avec les th orisations en termes d empower ment Il ne constitue de toute vidence qu une tape dans la r flexion sur les politiques publiques et les processus de socialisation du march du travail et des carri res 114 AFFRONTER LES RESTRUCTURATIONS D ENTREPRISE EN EUROPE PROPOSITIONS POUR UNE DEMARCHE UNIFIEE R f rences bibliographiques Auer P 2001 Labour Market Policy for Socially Responsible Workforce Adjust ment Employment Paper n 14 Geneva ILO Auer P Gazier B 2008 Flexicurity as a Policy Agenda CESifo DICE Re port 4 p 3 8 Beaujolin Bellet R Schmidt G 2012 Les restructurations d entreprises Paris La D couverte Beaujolin Bellet R Bobbio M 2010 D velopper une v ritable d marche de contr le et d valuation des cellules de reclassement La Revue de l IRES n 66 p 35 61 Benko G 20
40. explor le maintien et le d veloppement d une employabilit permettant non seulement de s inscrire activement dans les volutions au sein du secteur mais aussi dans des mobilit s vers d autres secteurs Haahr 2006 68 Parall lement au d veloppement de la formation et l encouragement la mobilit intersectorielle les politiques de maintien de la sant figurent comme une composante importante de lPemployabilit des travailleurs Il s agit principalement de leur dimension pr ventive tr s in galement d velopp e selon les pays et les secteurs au del des missions traditionnelles d hygi ne et de s curit Ces activit s ne sont pas seulement m dicales et ont se combiner avec l am nagement des horaires et des postes et conditions de travail de mani re anticiper les volutions de carri re et viter l apparition de situations d chec et les rel gations au sein m me de l emploi Plusieurs exemples de pratiques eu rop ennes sont pr sent s dans Haahr 2006 68 et s GHK 2009 33 et s 39 et s Bruggeman de Lavergne 2010 102 et s et ILO 2010b 31 et s Organiser pour tous des transitions quitables et s res en cas de restructuration Le r le de cette fonction est de s curiser les transitions des travailleurs affect s par une restructuration et d en faire une opportunit de mont e en comp tences et en qualification de la main d uvre 100 AFFRONTER LES RESTRU C
41. finalit sociale un besoin La fonctionnalit a signifi d abord l ensemble des caract res ou des propri t s qui font qu une chose remplit bien sa fonction Les auteurs se r f rent sans doute au second sens devenu r cemment pr valent qui se rapporte l informatique Dans ce cadre une fonctionnalit est une capacit effective et install e satisfaire une ou plusieurs fonction s sens que nous reprenons ici On peut ainsi parler d un programme qui apporte une fonctionnalit un logiciel L insistance porte ici sur la disponibilit effective et l usage r gulier plus que sur la possibilit th orique ou sur l usage ponctuel Nous proposons donc dans ce texte de distinguer la fonctionnalit des fonctions qu elle garan tit et organise Nous introduisons dans le m me mouvement l id e d quivalents fonction nels suivant ici une argumentation qui emprunte la fois aux linguistes et au sociologue Robert K Merton 1957 La recherche d quivalents fonctionnels en linguistique et dans la pratique de la traduction consiste s carter de la lettre pour tenter de mieux atteindre la signification d une phrase Le fonc tionnalisme mod r de Merton consiste remarquer que dans les soci t s il n y a pas de one best way et que des institutions des dispositifs et des pratiques tr s diff rents permettent d obtenir le m me type de r sultat D s lors ils peuvent tre consid r s comme des
42. i s dans le processus de restructuration est d abord la condition de Panti cipation des restructurations puis de leur gestion en vue d en limiter les effets ind sirables 1 2 Les probl mes non trait s ou insuffisamment trait s Au del de cette convergence trois probl mes principaux sont explici tement d sign s comme insuffisamment trait s les PME les travailleurs pr caires et la sant Le cas des restructurations affectant les PME est abord sous deux angles compl mentaires D une part les petites et micro entreprises sont 91 LA REVUE DE L IRES N 72 2012 1 chacune porteuses d enjeux exprim s en termes demploi qui sont souvent trop limit s pour tre rep r s on trouve l une partie des restructurations silencieuses de celles qui se d roulent sous le radar D autre part elles ne disposent g n ralement pas des moyens financiers techniques et hu mains qui leur permettraient d anticiper et de g rer les restructurations En mati re de restructuration il y a donc un consensus autour du constat semble t il g n ral en Europe d un d faut de diff renciation des politiques et outils d accompagnement en fonction des types d entreprises De m me partout en Europe les travailleurs pr caires sont les pre mi res victimes des restructurations mais ne b n ficient que tr s rarement des dispositifs qui encadrent ou accompagnent la gestion des restructura tions La plupart des tu
43. iale et vie professionnelle et l galit des genres rendre les transitions profitables quiper les march s pour les gens et quiper les gens pour les march s Quelle que soit l option retenue la permanence des changements et la mont e en puissance des restructurations d entreprises ont plac Pem ployabilit encadr 2 au c ur des politiques de Pemploi Cet accent port sur l employabilit traduit un basculement g n ral de Pappr hension du d roulement de carri re et du fonctionnement des march s du travail mo dernes qui mettent en avant ses aspects dynamiques L accent est mis sur le d veloppement de carri re la capacit d adaptation et d apprentissage celle d acqu rir de nouvelles comp tences et de former des projets L employabilit de l individuel au collectif et de P acc s la performance L employabilit est une notion de politique d emploi assez ancienne dont le sens a volu au fil du temps Au moins sept d finitions op rationnelles visant des publics diff rents et assorties chacune d un protocole de mise en uvre et d un suivi statistique ont t labor es depuis le d but du XX si cle Gazier 2011 Alors que les premi res d finitions taient sta tiques et souvent univoques privil giant soit le rep rage de caract ristiques individuelles soit le jeu des conditions macro conomiques les d finitions r centes qui remontent aux ann es 1990
44. ignes d action possibles et faciliter la traduction d un pays vers un autre de dispositifs et m canismes existants dans un pays et jug s attractifs dans un autre Mais elle peut aussi l chelle nationale ou locale servir au diagnos tic des dispositions existantes et l valuation de leur pertinence au regard des finalit s de la fonction consid r e C est cet usage qui est propos ici partir de la fa on dont la fonctionnalit D velopper lemployabilit est organis e en France Cette section illustrative n a d autre ambition que de 103 LA REVUE DE L IRES N 72 2012 1 reprendre et r organiser des l ments et des analyses bien connus au tra vers d un recensement des l ments constitutifs de la fonctionnalit IIL 1 et d une valuation de son fonctionnement au regard des restructurations d entreprise II 2 avant de pr senter quelques exp riences europ ennes qui pourraient tre utiles son enrichissement II 3 111 1 Recenser les r gles dispositifs et op rateurs contribuant l organisation de la fonctionnalit Un premier travail consiste recenser les r gles dispositifs et op ra teurs contribuant l organisation de la fonctionnalit au travers de ses deux fonctions d velopper l employabilit des travailleurs et organiser pour tous des transitions quitables et s res en cas de restructuration Tableau 2 L employabilit en France fonctio
45. l Level in the EU Final Report Hamburg Wilke Maack and Partners Wild A 2010 Improving the Anticipation and Management of Restructuring Add ing Value through Social Partner Engagement Joint European Level Social Partners Work programme Joint Study on Restructuring in the EU Synthe sis Report for the Seminar to be held in Brussels on 21 and 22 January ARITAKE WILD Winter Ebmer R 2001 Evaluating an Innovative Redundancy Retraining Proj ect the Austrian Steel Foundation Discussion Paper n 277 IZA mars 118
46. l estimation des taux d adh sion reste difficile tablir Au regard du crit re de performance les situations apparaissent d au tant plus incertaines que les outils d valuation sont dispers s et parcel laires Quelques travaux pionniers clairent cependant le sujet Les PSE accompagnent les salari s sans garantie de retour vers l emploi stable Bob bio 2006 Les tudes de cas montrent que les r sultats des cellules de re classement ne sont pas valu s dans le temps que les commissions de suivi sont faiblement d cisionnaires et que larticulation avec P le emploi est d ficiente Beaujolin Bellet Bobbio 2010 Le CTP et dans une moindre mesure la CRP ont facilit l acc s la formation des salari s Bobbio Gratadour 2009 Ils ont obtenu aussi en termes de reclassement de meilleurs r sultats que le dispositif de droit commun Bobbio Gratadour 2009b Deux effets b n fiques sur l organisation des transitions semblent donc mettre leur cr dit m me si l existence d un effet de modification de la file d attente n est pas exclure dans des circonstances o les b n ficiaires de ces dispositifs restent minoritaires parmi les salari s subissant une perte demploi Pour les autres dispositifs et notamment le cong de reclassement nul n en conna t le nombre de b n ficiaires et moins encore leur trajectoire ult rieure La fonctionnalit dans son ensemble F1 et F2 Concernant l
47. leurs cons quences La crise a accentu ces tendances en France comme en Europe et dans le reste du monde la presse a pu de plus en plus souvent relayer les craintes et les r sistances de collectifs de travailleurs confront s la suppression de leurs emplois Les processus de restructurations s av rent complexes et diversifi s La diversit des approches et le foisonnement des termes constituent deux 1 Amnyos Mutations Economiques Universit Paris 1 Panth on Sorbonne Syndex 83 LA REVUE DE L IRES N 72 2012 1 des caract ristiques des analyses qui leur sont consacr es En fait elles ren voient l tude des transformations des organisations trois niveaux la structure des organisations l organisation du travail les relations d emploi et leurs modes de gestion Les restructurations ne sont donc pas r ductibles aux suppressions d emploi et d signent des transformations des p rim tres internes et externes des organisations Beaujolin Bellet Schmidt 2012 Elles concernent par cons quent l emploi comme le tra vail dans des organisations priv es ou publiques grandes ou petites A s en tenir aux pertes d emplois leur d finition juridique au sens troit telle qu elle est codifi e en France correspond aux licenciements pour mo tif conomique Ceux ci ne constituent qu une petite minorit des pertes d emplois dans notre pays mais ils t moignent de la ruptur
48. lic de lPemploi qui verse les allocations ch mage la loi sur la cod termina tion Medbestimmandelagen MBL qui oblige les employeurs li s par des conventions collectives consulter les syndicats sur les relations profes sionnelles et les changements importants d organisation ainsi qu la loi sur la protection de l emploi Lagen om anst llningsskydd LAS qui fixe les fondamentaux de la r glementation du march du travail emploi dur e ind termin e est la norme en mati re de travail les licenciements doivent tre fond s sur une cause juste l employeur doit chercher les viter Pune des particularit s de cette loi est de fixer un crit re d ordre des licenciements dernier entr premier sorti auquel il n est possible de d roger que si un accord est trouv Les fondations de travail autrichiennes La premi re fondation autrichienne est fond e en 1987 par le sid rur giste Voest Alpine et 11 autres soci t s dans le contexte d une forte res tructuration qui touche alors le secteur de la sid rurgie 22 soci t s sont adh rentes en 1988 et notamment du fait des restructurations et de la fragmentation de la cha ne de valeur leur nombre atteint 58 en 1998 cer taines cessant par la suite d exister Winter Fbmer 2001 Elle est d embl e con ue comme un instrument p renne cofinanc par les soci t s fonda trices les salari s continuant travailler en leur sein les participant
49. lle DIF Cong de reclassement VAE Conventions du FNE Bilan de comp tences ae Dispositifs Contrat et p riode de professionnalisation ne reclassement int gr e Accord GPEC E Dispositifs de GPECT PRDFP EDEC ADEC OPCA P le emploi Greta Directe Afpa Op rateurs priv s Op rateurs Universit s Cnam CCI Chambres des m tiers Organismes priv s 104 AFFRONTER LES RESTRU CTURATIONS D ENTREPRISE EN EUROPE PROPOSITIONS POUR UNE DEMARCHE UNIFIEE De nombreuses dispositions pr vues dans le syst me fran ais peuvent tre rapproch es d un objectif de maintien et de d veloppement de Pem ployabilit tout au long de la vie professionnelle Certaines s adressent aux travailleurs en emploi au fil de leur carri re professionnelle d autres sont mobilis es en situation en cas de rupture de la trajectoire d emploi En premi re approche les principales d entre elles peuvent tre rassembl es de la fa on suivante tableau 2 Ce tableau n est pas exhaustif des dispositifs manquent des r gles et op rateurs pourraient certainement tre ajout s mais il permet de souli gner la multiplicit et la vari t des acteurs et dispositifs en jeu 111 2 Evaluer la fonctionnalit au regard des restructurations d entreprise L valuation de la fonctionnalit employabilit s op re suivant une s rie de crit res qui concernent la fois son valuation s ricto sensu et la coh rence des dispositifs mis e
50. n uvre Crit res d valuation de la fonctionnalit On peut proposer deux s ries de crit res simples d valuation de cette fonctionnalit des crit res d appr ciation directe des r gles et dispositifs un crit re de couverture des publics concern s dans quelle propor tion les individus touch s par une situation de perte d emploi pour rai sons conomiques pas seulement par un licenciement conomique sont ils ligibles au dispositif cens traiter leur situation un crit re d accessibilit pour ces publics dans quelle proportion les individus ligibles au b n fice des dispositifs m canismes outils y ont ils effectivement acc s un crit re de performance dans quelle mesure le dispositif m canisme outil est il efficace et subsidiairement efficient au regard du traitement de la situation des individus et des entreprises qui en b n ficient des crit res de coh rence des dispositifs d ploy s un crit re de coordination des acteurs interne chaque fonction dans quelle mesure les acteurs impliqu s contribuent ils au d ploie ment concert de la fonction un crit re d articulation des fonctions et de coordination des acteurs entre fonctions dans quelle mesure un rapport plus ou moins troit est il organis entre actions permanentes F1 et actions en situation de restructuration F2 105 LA REVUE DE L IRES N 72 2012 1 Ce questionnement permet alors
51. n L approche propos e ici pr sente une double coh rence chaque fonctionnalit est d doubl e en fonctions qui sont articul es entre elles cette articulation constituant la fois une difficult r soudre et l enjeu de la bonne marche de la fonctionnalit Le dialogue entre les acteurs de l entreprise ou du territoire sur les restructurations prend pleinement son sens lorsqu il s inscrit en continuit avec un dialogue permanent sur le changement l employabilit est d autant plus ais e restaurer en cas de perte d emploi que lacquisition et la formalisation des comp tences auront t au paravant favoris es les capacit s locales de red ploiement apr s restructura tion d pendent de l attention port e avant aux moteurs du d veloppement les trois fonctionnalit s sont en appui r ciproque Au del de l individu lPemployabilit est une construction collective qui suppose l organisation d une continuit collectivement n goci e Les transitions sont possibles l chelle d une population si des positions des emplois sont accessibles Enfin le dialogue multi acteurs r troagit sur la capacit des acteurs perce voir conna tre et organiser les opportunit s de d veloppement et demploi lll Application le d veloppement de l employabilit une fonctionnalit dans le cas fran ais A l chelle europ enne la d marche propos e vise indiquer les grandes l
52. n Restructuring Innovative Approaches and Pol icy Recommendations HIRES University of Bremen European Commis sion DG Employment Social Affairs and Equal Opportunities L vesque B Fontan J M Klein J L 2003 Les initiatives de reconversion in dustrielle issues de la soci t civile Rendez vous Montr al 2002 Actes de colloque Universit du Qu bec Montr al McKersie R B Sengenberger W 1983 Les suppressions d emploi dans l industrie R ponses possibles des politiques de main d uvre Paris OCDE Merton R K 1957 1997 pour la pr sente dition El ments de th orie et de m thode sociologiques Paris Armand Colin Moreau M A ed Negrelli S Pochet P 2009 Building Anticipation of Restruc turing in Europe Brussels PIE Peter Lang Perez C 2009 Pourquoi les travailleurs pr caires ne participent ils pas la formation professionnelle continue Formation emploi n 105 p 5 19 Raveyre M dir 2005 La Revue de l IRES num ro sp cial Restructurations nouveaux enjeux n 47 Schmid G Gazier B eds 2002 The Dynamics of Full Employment Social In tegration Through Transitional Labour Markets Cheltenham Edward Elgar Sen A K 2010 L id e de justice Paris Flammarion 117 LA REVUE DE L IRES N 72 2012 1 Storrie D 2006 Restructuring and Employment in the EU Concepts Measure ment and Evidence European Restructuring Monitor Europe
53. n et ou certaines de ses modalit s tout autant qu attirer des projets alternatifs ou des repreneurs et obtenir de bonnes garanties de reclassement Deux limites peuvent tre voqu es pour finir Nous avons mentionn au d but de cet article que les restructurations prennent place dans un contexte macro conomique et institutionnel qui en contraint largement lincidence et les modalit s Il est n cessaire d aller plus loin dans le cadre de la crise commenc e en 2007 Celle ci est en effet une crise de la dette et de la croissance mais aussi une crise du r gime de d veloppement co nomique et social au c ur de laquelle la dimension de l environnement passe progressivement au premier plan En d finitive c est une banalit de reconna tre que les emplois durables ne pourront tr s br ve ch ance tre fond s que sur un d veloppement durable tant sur le plan social qu environnemental mais les pays occidentaux ne semblent en avoir saisi encore ni les cons quences ni le calendrier Les trois fonctionnalit s que nous avons construites ne pourront pas prendre leur sens hors des r o rientations drastiques qu induit la prise en charge de l environnement ce qui constitue un enjeu suppl mentaire d int gration plus difficile encore 113 LA REVUE DE L IRES N 72 2012 1 La seconde limite tient aux sources mobilis es et la m thodologie adopt e Les 16 rapports dans leur projet descriptif et normatif l
54. n pour les PME avec CTP CRP devenus CSP Pas de probl me majeur dans le cadre restreint Coordination des acteurs faible et peu op rationnelle nibles mais domin s par l adaptation au poste de travail peu de mobilit inter entreprises Actions compensa toires chaud puis abandon si les difficult s persistent 108 AFFRONTER LES RESTRU CTURATIONS D ENTREPRISE EN EUROPE PROPOSITIONS POUR UNE DEMARCHE UNIFIEE On frejoindrait alors les nombreuses propositions qui visent dans le cas fran ais renforcer l implication d acteurs locaux capables de mobiliser dialogue social pr vision choix r gionaux de sp cialisation productive et outils d am nagement des carri res 11 3 Capitaliser sur l exp rience europ enne Cette revue rapide des principales dispositions qui r gissent le d velop pement de l employabilit en France devenue selon l analyse propos e une dimension centrale des politiques demploi attire imm diatement Pat tention sur les lacunes qu il conviendrait de chercher combler La notion d quivalent fonctionnel peut alors tre mobilis e pour essayer d y parvenir Ainsi pour ne prendre que quelques exemples au plan des dispositions permanentes les lacunes concernent d abord l accessibilit des dispositifs existants pour les salari s sous contrat pr caire A cet gard l exemple su dois peut fournir une source d inspiration concernant l int
55. nalit afin de rechercher une coh rence entre ce qui est fait lorsqu une restructuration survient et ce qui est fait de fa on permanente et inversement sont remplies tableau 1 Tableau 1 Anticipation et gestion des restructurations fonctions et fonctionnalit s Fonctionnalit s Fonctions 1 Fonctions 2 Actions permanentes Actions en situation anticipation de restructuration gestion Impliquer les acteurs D velopper les approches Assurer le pilotage et pertinents 5 la gestion des processus multi acteurs des volutions H dans la gestion de restructuration du changement economiques probables des entreprises Organiser pour tous D velopper D velopper l employabilit des transitions quitables l employabilit des travailleurs en emploi et s res en cas de restructuration Mettre en uvre des politiques Organiser le red ploiement Piloter j Aa locales de d veloppement territorial en coh rence l offre locale Pets PSE de soutien l innovation avec les strat gies d emplois et aux PME de d veloppement local 11 2 Une description du contenu des fonctions Les tudes et projet sous revue formulent de nombreuses propositions convergentes qui permettent d clairer le contenu de ces fonctions D velopper les approches multi acteurs des volutions conomiques probables Le r le de cette fonction est de d velopper la conscience qu ont les acteurs des oppo
56. nce de bilan de comp tences art L 2242 15 La faiblesse relative du nombre d accords mi 2008 derni re estimation disponible 4 500 entreprises et 1 5 million de salari s taient couverts sur un potentiel de 43 000 entreprises et 9 millions de salari s DGEFP 2008 et la qualit incertaine d un certain nombre d entre eux disent les difficult s surmonter La coordination des acteurs locaux en situation de restructuration est donc toujours faible aujourd hui Pourtant on peut penser que l intervention territoriale pourrait am liorer avec les deux autres fonctionnalit s l imbrication vertueuse de F1 et F2 Tableau 3 El ments d valuation de la fonctionnalit au regard des restructurations d entreprises F1 Couverture Accessibilit Articulation interne Articulation F1 F2 Compl te Probl mes massifs L employabilit n est Plans de formation en principe car cadre bismarckien pas int gr e dans les formellement dispo Gazier Petit 2007 prot geant peu ou pas les travailleurs non stabilis s en march s internes la correc tion pr s op r e par les politiques publiques de formation des ch meurs peu qualifi s pratiques usuelles des entreprises malgr les bonnes pratiques auxquelles certains accords de GPEC donnent lieu Faiblesse de la GPEC T F2 Tr s restreinte et gradu e selon la taille de l entreprise Am lioratio
57. ns et moyens de mise en uvre F1 D velopper l employabilit F2 Organiser pour tous des travailleurs en emploi des transitions quitables et s res en cas de restructuration Obligation de participer au financement de la forma Obligation de mettre en uvre tous tion professionnelle par le biais d une contribution les moyens dont dispose l entre dont le taux varie selon la taille de l entreprise de prise pour favoriser le reclassement 0 55 1 6 partir de 20 salari s de la masse interne le cas ch ant l chelle salariale annuelle du groupe auquel elle appartient Obligation d assurer l adaptation des salari s leur Obligation de concevoir et mettre en poste de travail notamment par la formation et de uvre un plan de sauvegarde de veiller au maintien de leur capacit occuper un l emploi PSE au del d un double R gles emploi au regard notamment de l volution des seuil plus de 10 licenciements dans emplois des technologies et des organisations une entreprise de plus de 50 salari s Obligations de n gociation triennale en particulier sur la GPEC annuelle sur l emploi des seniors sur l galit professionnelle sur l emploi des personnes handicap es etc Obligation d information et de consultation des repr sentants du personnel sur les orientations de la formation professionnelle dans l entreprise Plan de formation Contrat de s curisation CIF professionne
58. ns une perspective de d veloppement de l employabilit Ce constat n est pas unique en Eu rope et les moyens de l infl chir rejoignent les d bats autour de la stimu lation de la mobilit inter entreprises par la formation continue Il s agirait d s lors d assurer une meilleure coordination entre politiques demploi et politiques de formation au sein m me des entreprises Plus largement des r gles et dispositions laissant une plus grande part la responsabilisation des acteurs l initiative publique locale et au dialogue social l image de certaines pratiques d Europe du Nord pourraient ins pirer utilement les inflexions engager en mati re de coh rence du syst me anticipation et de gestion des restructurations en France Conclusion La d marche que nous avons esquiss e ouvre un champ qui m rite rait de plus amples d veloppements nous n en avons fait qu une amorce d application au cas fran ais limit e une fonctionnalit les deux autres fonctionnalit s et leurs interactions restant par ailleurs d crire et analyser Elle propose un cadre et une m thode En cela elle est une invitation la r flexion plus qu une prescription normative Par construction elle ne pr juge en rien de la nature des r gles dispositifs et op rateurs qui devraient tre mobilis s pour s assurer que les fonctions sont remplies et que le mar ch local du travail se trouve ainsi pourvu des fonctionnali
59. nt les restructurations en Europe et aux Etats Unis en 2008 et 2009 avant de proc der une revue des consultations et accords nationaux tripartites sur la protection de l emploi dans diff rents pays travers le monde Elle examine ensuite 16 accords transnationaux de groupe TCA sur la gestion de l emploi en traitant explicitement de la gestion des restructurations pour en tirer des enseignements sur les mesures socialement responsables sur le r le des acteurs acteurs publics et partenaires sociaux et sur les facteurs qui semblent avoir facilit la signature de ces accords innovants et sur les facteurs de succ s Deux rapports de synth se sont aussi publi s en 2010 Le premier ILOb 2010 propose une synth se de 27 s minaires d di s aux restructurations organis s dans les pays membres de l Union en 2009 et 2010 Rassem blant des acteurs et experts autour de notes introductives nationales ces s minaires g n rent des informations et donn es sur environ 76 ou tils et mesures d anticipation des restructurations 111 mesures de gestion des restructurations ainsi que 88 tudes de cas au niveau national r gio nal ou des entreprises L objectif du rapport est d apporter une meilleure compr hension de la mani re dont ces diff rentes mesures sont mises en pratique et de leur contribution une comp titivit soutenable de plus long terme Le second Wild 2010 r dig par des experts fait
60. onn les m mes protections juridiques que les autres d l gu s syndicaux protection contre le licenciement temps de d l gation pris sur le temps de travail et dispose qu ils se doivent de promouvoir la formation au travail analyser les besoins de formation des salari s les sou tenir par la formation se former pour accomplir ces obligations Ils sont aussi en charge des n gociations avec les directions d entreprise sur le champ de la formation Un fonds de 7 millions de livres par an a t institu par le gouvernement britannique pour am liorer la capacit des syndicats recru ter et former des ULRSs Deux activit s caract risent les ULR un travail de r seautage l chelle locale pour trouver des sources de financement auxquelles ils pourraient avec les tablissements locaux de formation et les employeurs faire appel et un travail de n gociation avec les employeurs et fournisseurs locaux de formation pour tablir des centres sur les lieux de travail souvent des salles dot es d ordinateurs et d acc s des forma tions en ligne A la fin de l ann e 2009 on recensait environ 22 000 ULRSs 220 000 salari s soutenus dans leur effort de formation et 22 centres de formation ouverts Tarren 2010 1 Initi au Royaume Uni des syst mes similaires ont t adopt s en Nouvelle Z lande et dans certains pays scandinaves Hart 2010 Les fondations su doises pour la s curit de l emploi L
61. ous contrat d int rim ont peu acc s aux dispositifs disponibles Perez 2009 de m me que de fa on g n rale les salari s les moins qualifi s Bona ti ef al 2006 Organiser pour tous des transitions quitables et s res en cas de restructuration F2 En termes de couverture seuls les salari s d tenteur d un CDI dont la rupture du contrat de travail est assimil e un licenciement pour motif conomique sont ligibles aux dispositifs d accompagnement des transi tions professionnelles Jusqu en 2006 la qualit de Paccompagnement tait en gros strictement proportionnelle la taille de l entreprise aux sala ri s des grandes entreprises plus de 1 000 taient r serv es les meilleures garanties cellule de reclassement incluse dans des PSE et cong de reclas sement Les salari s appartenant des entreprises de taille moindre de 50 1 000 b n ficiaient de PSE et de cellules de reclassement sans cong de reclassement les autres d un accompagnement renforc de 6 mois maxi mum via les conventions de conversion puis du plan d aide au retour Pem ploi PARE Tuchszirer 2005 op r s par PANPE devenue P le emploi La convention de reclassement personnalis e CRP et le contrat de tran sition professionnelle CTP ont initi une dynamique visant d velopper Paccompagnement des transitions professionnelles plus particuli rement 106 AFFRONTER LES RESTRU CTURATIONS D ENTREPRISE
62. politiques locales de d veloppement de soutien l innovation et aux PME Le r le de cette fonction est de soutenir et d velopper la capacit d adaptation du tissu conomique local des changements non routiniers et de fournir des emplois aux march s locaux de emploi 101 LA REVUE DE L IRES N 72 2012 1 L image d un changement permanent conduit une repr sentation du tissu conomique comme un flux continu d un c t on trouve les acti vit s mergentes celles qui requi rent des comp tences nouvelles hau tement qualifi es ou non et cr ent de nouveaux emplois De Pautre on trouve les activit s qui luttent contre le d clin Le centre est constitu de secteurs et d activit s plus ou moins matures o les march s et la producti vit s accroissent un rythme plus ou moins soutenu Parall lement glo balisation ne signifie pas homog n isation de l espace mondial mais au contraire diff renciation et sp cialisation Du m me coup le territoire est devenu un acteur conomique Benko 2002 conduisant ses repr sentants s int resser et intervenir sur le d veloppement conomique Deux points doivent tre rappel s ici comme le signale Laurent Davezies 2008 au niveau local les mo teurs du d veloppement ne se r sument pas l conomie concurrentielle qui ne peut tre l unique objet d attention des responsables concern s les moyens de production
63. pt es et de prescrip tions Elle a permis de relever de tr s nombreuses convergences un grand nombre de redondances une quasi absence de divergences et quelques 6 Restructuring Anticipation and Management Taking Stock and Looking Ahead January 2012 http www evta net new index html 89 LA REVUE DE L IRES N 72 2012 1 apports sp cifiques La seconde a t utilis e pour recueillir les proposi tions qu ils contiennent concernant l information laction lorganisation par grande th matique consensuelle ou sp cifique Ce sont ces th matiques et les points de consensus qui se d gagent leur propos qui sont bri ve ment repris ci dessous 1 1 Les principales caract ristiques des restructurations Ces rapports permettent de saisir dans les grandes lignes l objet res tructurations en mettant en vidence ses diff rentes facettes bri vement d crites ci dessous Constatons en premier lieu une relation forte mais complexe entre changement et restructurations d entreprise Toutes les tudes s inscrivent dans la perspective dress e par le rapport Gyllenhammar le changement induit tant par des volutions conomiques globalisation des march s mondialisation des changes division internationale du travail que tech niques nouvelles technologies d mographiques vieillissement de la po pulation des zones d velopp es voire climatiques est d sormais structu rel multifactoriel et fo
64. rincipalement m thodologique En effet dans ce domaine la fois pr ventif et curatif de tr s nombreux exp riences et dispositifs ont t observ s et accumul s au cours du temps L Union europ enne qui s est montr e particuli re ment active pr conise depuis le rapport Gyllenhammar que les pays et les acteurs regardent ce que font les autres afin d adopter les meilleures pratiques europ ennes High Level Group 1998 Toutefois l accu mulation de bonnes pratiques en la mati re donne souvent l impression d un entassement d initiatives singuli res d pendant d un contexte voire d un ader que l on ne peut ni dupliquer ni parfois m me prolonger Il appara t donc important d organiser la confrontation de ces pratiques 84 AFFRONTER LES RESTRUCTURATIONS D ENTREPRISE EN EUROPE PROPOSITIONS POUR UNE DEMARCHE UNIFIEE afin d en tirer des le ons plus g n rales Leur recension a t entreprise une vaste chelle durant la premi re d cennie du XXT si cle l initiative de l Union europ enne mais de mani re faiblement coordonn e et tr s sou vent redondante De nombreux travaux synth tiques manant de sources diverses groupes de recherche cabinets de consultants organisations pro fessionnelles etc ont t produits Plus d une dizaine de rapports souvent tr s num ratifs et faiblement probl matis s ont notamment t comman d s par la Commission et remis
65. rme le terreau des restructurations Mais suivre le fil qui le relie telle ou telle restructuration d entreprise est particuli rement complexe hypoth quant la fiabilit s des pr visions m me si plusieurs rapports soulignent l importance des changements le long de la cha ne de valeur Il est donc particuli rement difficile d articuler l appr hension des changements envisag s au niveau macro ou sectoriel et la r gulation des restructurations g n ratrices d effets ind sirables toujours situ s en un temps et un lieu d termin s Deuxi me caract ristique commune des processus de restructuration ils sont d cid s et pilot s par l entreprise ou l organisation Le localisme des effets ind sirables des restructurations conduit en rechercher Pori gine concr te le lieu o la r gulation pourrait se d ployer Toutes les tudes d signent l organisation employeuse comme point de d part du processus de restructuration De fait quelles que soient les contraintes auxquelles elle est soumise c est dans l entreprise ou l organisation que la d cision de restructuration est adopt e d finie et mise en uvre Consid r e comme espace concret d accomplissement d un changement n cessaire la ques tion de l opportunit et de la l gitimit de telle ou telle restructuration d ci d e par l entreprise est ignor e par la plupart des tudes En revanche la contradiction potentielle entre n ce
66. rtunit s et des menaces apport es par le changement de les mettre en mesure d appr hender les risques de restructuration et de concevoir les r ponses appropri es L anticipation n est pas la pr vision m me si celle ci alimente celle l Elle repose sur une combinaison de veille et de d veloppement des apti tudes aux changements mais surtout sur des changes entre les acteurs concern s entre partenaires sociaux au niveau de l entreprise mais aussi par le d veloppement d un dialogue social territorial entre acteurs locaux Jobert 2008 Comme le formule la conclusion d un projet europ en d di aux petites entreprises il faut dialoguer pour anticiper GREP 2006 Ais ment assur e dans les grandes entreprises Bruggeman 2006 Gazier Bruggeman 2008 une approche pr visionnelle visant laborer des strat gies est souvent hors de port e des PME qui doivent tre aid es cet gard tant au niveau sectoriel que r gional ou local Mais si approches et politiques 98 AFFRONTER LES RESTRU CTURATIONS D ENTREPRISE EN EUROPE PROPOSITIONS POUR UNE DEMARCHE UNIFIEE doivent chercher faciliter les restructurations justifi es plut t que de les freiner Haahr 2006 5 l tape cruciale est le d veloppement d un dialogue social autour des visions du futur et des strat gies car ces changes sont indis pensables la d tection pr coce des risques et la pr paration des acteurs au chang
67. s Dares n 43 3 octobre Bona ti C Fleuret A Pommier P Zamora P 2006 Pourquoi les moins qualifi s se forment ils moins DARES Document d tudes n 116 juillet Borghouts van de Pas 2012 Securing Job to Job Transitions in the Labour Mar ket A Comparative Study of Employment Security Systems in European Countries Nim gue Wolf Legal Publishers Bruggeman F 2006 Anticiper les restructurations dans les grandes entrepris es POUR num ro sp cial Petites entreprises et territoires dialoguer pour anticiper n 192 Pages 62 66 Bruggeman F Gazier B Paucard D 2010 User s Manual European Restruc turing Toolbox EURANEC EVTA http www evta net restructuringtoolbox toolbox Bruggeman F de Lavergne F 2010 European Restructuring Toolbox EURANEC EVTA 115 LA REVUE DE L IRES N 72 2012 1 Bruggeman F Naedenoen F Tarren D Voss E 2012 Organising Transitions in Europe Capitalising on European Experiences A Comparative Approach of Mechanisms in Four Countries RESPonsibility in RESTructuring EVTA http www evta net new home html Bruggeman F Paucard D Tuchszirer C 2005 Priv Public une analyse des cellules de reclassement par l examen des jeux d acteurs Etude r alis e pour la DGEFP IRES Document de travail n 05 03 Campbell D Sengenberger W eds 1994 Creating Economic Opportunities The Role of Labour Standard
68. s les salari s licenci s et les pouvoirs publics locaux Trois membres des direc tions des firmes adh rentes et trois membres de leurs comit s d entreprise dirigent la fondation Cette exp rimentation fait tache d huile et d s 1993 quatre types de fondations existent les fondations d entreprise cr es par une entreprise et son comit d entreprise les fondations secto rielles les fondations r gionales et les fondations d di es aux soci t s en faillite Borghouts van de Pas 2012 L objectif des fondations est d aider la r orientation des salari s licenci s l am lioration de leur qualification et leur r int gration dans le march du travail Outre la collaboration des diverses parties prenantes la caract ristique des fondations est de mettre Paccent sur la qualification de leurs membres Pobjectif est que deux tiers des entrants choisissent une formation laquelle peut durer jusqu trois ou quatre ans 111 LA REVUE DE L IRES N 72 2012 1 Enfin au del des valuations quantitatives et qualitatives c est la ques tion de la coh rence entre actions permanentes et actions en situation de restructuration qui est pos e L encore les l ments d appr ciation font largement d faut le probl me tant rarement abord sous cet angle Pour autant comme nous l avons soulign la coh rence du plan de formation labor par les entreprises est largement questionn e da
69. s in Economic Restructuring Geneva ILO Carabelli U Tronti L ed 1999 Labour special edition Managing Labour Re dundancies in Europe Instruments and Prospects vol 13 n 1 CEDEFOP 2010 Socially Responsible Restructuring Effective Strategies for Supporting Redundant Workers Luxembourg Publications Office of the European Union Dahlmann S Huws U eds 2008 Fragmentation the Future of Work in Europe in a Global Economy WORKS Project Final Conference Dalmasso R Kirat T 2009 Comparer mesurer classer l art p rilleux de la lexim trie du licenciement Travail et Emploi n 120 p 33 46 Davezies L 2008 La R publique et ses territoires la circulation invisible des richesses Paris Seuil DGEFP 2008 Bilan de la mise en uvre de l obligation de n gocier sur la gestion pr visionnelle des emplois et des comp tences Minist re de l Economie de l Industrie et de l Emploi http www wk rh fr actualites up load Bilan des accords de GPEC DGEFP 31 12 08 pdf Eliason M Storrie D 2007 Does Job Loss Shorten Life Working Papers in Economics n 153 G teborg University School of Business Economics and Law European Commission 2008 Restructuring in Europe 2008 Review of EU Action to Anticipate and Manage Employment Change Commission Staff Working Document DG Employment Social Affairs and Equal Opportunities Gazier B 2008 Comparing Process
70. ssit d accepter le changement et n ces sit de limiter les effets n gatifs des restructurations est envisag e par toutes En troisi me lieu ces processus sont porteur d effets positifs g n raux et d effets n gatifs sp cifiques C est ici que quelques divergences peuvent tre appr hend es selon le poids relatif accord chacun des termes 7 Seule l tude de Haahr et al 2006 fait exception 90 AFFRONTER LES RESTRU CTURATIONS D ENTREPRISE EN EUROPE PROPOSITIONS POUR UNE DEMARCHE UNIFIEE Quelques tudes affirment l utilit du changement sans pour autant igno rer les effets n gatifs des restructurations mais qui seraient circonscrits des lieux et des travailleurs particuliers D autres sont plus sp cifiquement consacr es l analyse des effets des restructurations et tendent les pri vil gier C est notamment le cas des tudes sur les effets des restructura tions sur la sant qui s emploient en d montrer non seulement l ampleur mais aussi la port e sur longue p riode Pour autant toutes les tudes se retrouvent sur la n cessit d accompagner les restructurations et donc sur celle d en cerner les contours En quatri me lieu il s agit d un processus permanent dont ampleur est sous estim e De nouveau un consensus se dessine autour du caract re permanent l chelle des territoires et des populations d entreprises et non des collectifs de travail locaux des r
71. t s n cessaires l anticipation et la gestion des restructurations Les tudes et rapports qui ont servi aliment notre r flexion rel vent d ailleurs de sensibilit s diverses et leurs auteurs dans un contexte institutionnel donn pr conise raient probablement des modalit s vari es pour les assurer Pour autant tous prennent acte d un basculement vers une priorit de d veloppement de l employabilit comme objectif majeur des politiques emploi Analystes et d cideurs en sont encore explorer les cons quences de ce basculement L une d entre elles rev t notre sens une importance particuli re dans un contexte de restructurations permanentes le r le cl jou par le d veloppement local et le pilotage du march local du travail qui apparaissent comme des ingr dients indispensables la gestion et Paccompagnement des transitions L laboration du processus d employa bilit d pend en premier lieu des opportunit s d emploi et du d veloppe ment conomique qui d pend son tour d une main d uvre disponible 112 AFFRONTER LES RESTRU CTURATIONS D ENTREPRISE EN EUROPE PROPOSITIONS POUR UNE DEMARCHE UNIFIEE form e et adaptable Les acteurs locaux doivent donc prendre des disposi tions coordonn es des deux c t s pr parer les travailleurs et d velopper les activit s Nous sommes partis d une ambition tr s pratique celle de rendre pos sible des traductions entre ini
72. tiatives et dispositifs visant affronter les restructurations Au bout du compte la d marche unifi e que nous pro posons l est en trois sens diff rents Tout d abord nous avons entrepris de d composer puis d int grer diverses fonctions et fonctionnalit s passant de la recension s par e aux conditions d un fonctionnement de concert Ensuite nous avons certes insist sur la diversit des arrangements pos sibles ainsi que sur le r le irrempla able des initiatives des acteurs et de leur appropriation Mais nous avons montr du m me coup la n cessit urgente de prendre en compte tous les groupes de travailleurs concern s notamment les int rimaires et les titulaires de contrats courts ceci pr ci s ment afin de les constituer en collectifs capables d agir Enfin l appro fondissement de la fonctionnalit impliquer les acteurs pertinents dans la gestion du changement a permis de mettre en vidence la n cessaire connexion des actions pr ventives et curatives protestataires et gestion naires en reprenant les termes d Albert Hirschman 1970 il s agit de rechercher et de construire la compl mentarit entre voice et exit et non leur opposition C est parce qu un collectif de travailleurs est comp tent bien inform et appuy par une s rie de dispositifs et de recours qu il peut efficacement anticiper examiner et mettre en cause la l gitimit d une d cision de restructuratio
73. tives europ ennes Triomphe 2008 les diff rents pays europ ens ont mis en place des syst mes nationaux de r gu lation des restructurations r sultant de leurs propres contextes l gaux et institutionnels et des diff rents r gimes possibles d ajustement de la force de travail Gazier 2008 des chelles vari es et avec des approches dif f rentes ces syst mes concentrent les actions sur les licenciements co nomiques dans les grandes entreprises pour favoriser le reclassement des salari s de nombreux dispositifs et exp riences d veloppant des approches anticipatives Ni leur description ni leur analyse ne sont l objet de cet article 92 AFFRONTER LES RESTRU CTURATIONS D ENTREPRISE EN EUROPE PROPOSITIONS POUR UNE DEMARCHE UNIFIEE dont la vis e est principalement m thodologique Les 27 syst mes natio naux de r gulation des restructurations sont d crits dans les projets des partenaires sociaux Wild 2010 et de POIT ILO 2010b Une description syst matique de 86 dispositifs ou outils les inscrivant dans six grandes fonctions est donn e par la Toolbox Bruggeman ef al 2010 op cit et r cemment avec une vis e plus exhaustive pr s de 400 instruments publics de soutien l anticipation et la gestion des restructurations sont recens s dans Hurley et Mandl 2011 Un point commun des approches des rapports sous revue sur lequel nous reviendrons dans les d veloppements qui suivent est l
74. ucturation justifi es l vitement de leurs effets n gatifs sur le march du travail lequel inclut dans nombre de pays une recherche d vitement des suppressions d em ploi et au d veloppement local Les entreprises socialement responsables g rent leurs processus de restruc turation avec le souci de limiter leurs effets n gatifs et les tudes de cas montrent que de tels comportements existent ILO 2010b 20 et s CEDEFOP 2010 89 et s Mais c est loin d tre la r gle m me parmi les grandes entreprises et l encore les PME ne disposent pas des ressources internes pour y faire face Dans tous les cas les arrangements dispositifs m canismes et outils qui per mettent de traiter les restructurations au niveau de l entreprise d pendent de l existence de principes d action justification de la d cision aupr s des parties prenantes possibilit pour elles de proposer des alternatives et de participer la conception des dispositions destin es en limiter les effets n gatifs et de temps pour les mettre en uvre lorsqu une restructuration ou une crise se pro file Ils sont apport s par la r glementation au niveau national et europ en les pouvoirs publics aux niveaux national r gional ou local et les partenaires 99 LA REVUE DE L IRES N 72 2012 1 sociaux Partout il s agit de la conjonction de directives europ ennes de lois et de dispositions et accords aux niveaux des entreprises des
75. ue de restructura tion est permanent les autorit s nationales mais aussi r gionales et locales ont le g rer Des restructurations sont plus probables dans des activit s en d clin mais peuvent aussi survenir suite une innovation de rupture ou d autres v nements dans d autres activit s ce qui fut le cas en 2001 avec l clatement de la bulle internet Bergstr m Diedrich 2006 Dans ce cas 102 AFFRONTER LES RESTRUCTURATIONS D ENTREPRISE EN EUROPE PROPOSITIONS POUR UNE DEMARCHE UNIFIEE la rapidit de r action du territoire est importante Au del de la r action un choc impr visible ce qui est en jeu c est le d veloppement d une capa cit locale le plus souvent appuy e sur une solidarit financi re nationale ou europ enne traiter les probl mes que rencontre un espace donn confront aux impacts n gatifs d une ou plusieurs restructurations pour viter qu elles ne se trouvent plong es dans un maelstr m de d qualifi cation et de d clin Plusieurs exemples sont donn s dans le rapport de POIT ILO 2010a 32 et s Une double coh rence construire Le changement peut donc tre pr visible et progressif ou soudain et inattendu Face cette r alit l anticipation consiste se doter par avance des m canismes et modes op ratoires qui seront mobilis s en fonction des besoins et des circonstances La pr vision est moins importante que la capa cit d adaptatio

Affronter les restructurations d`entreprise en Europe

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