QUELQUES QUESTIONS DE STRATÉGIE THÉORIQUE
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1. la prochaine crise et ainsi de suite En outre il est d sormais impossible d isoler la strat gie militaire des strat gies conomiques et culturelles elles se combinent dans leurs buts 126 QUELQUES QUESTIONS DE STRAT GIE TH ORIQUE et leurs voies et moyen au sein de ce que j ai nomm la strat gie int grale qui n est que la politique en acte Combinaison d autant plus difficile pens r que nous l avons vu la strat gie des moyens des armements tend de plus en plus s manciper de la strat gie op rationnelle pour trouver en elle m me sa propre finalit ainsi que le confirme l IDS am ricaine Quels que soient nos efforts pour constituer une th orie unitaire de la strat gie contemporaine nous ne parvenons gu re qu construire des th ories fragmentaires mal reli es entre elles Sans doute faut il imputer cet chec aux carences de notre outillage intellectuel D une part nous disposons de l h ritage l gu par les th ories classiques mais ses rigidit s font obstacle l invention th orique nous plaquons les anciens concepts sur des faits nouveaux qui leur chappent D autre part nous empruntons pos outils d analyse nos langages nos concepts aux multiples disciplines des sciences humaines et sociales la syst mique la cybern tique la logique probabiliste la th orie des jeux l conomie etc Mais nous savons mal nous garder de l enthousiasme intellectuel de l2. abus des m ta phores du manque de rigueur dans les assertions th oriques et des fautes de jugement dans le choix des axiomes sur lesquels nous fondons nos inf rences C est pourquoi la n cessit se fait de plus en plus pressante de soumettre nos th ories la critique pist mologique de leurs fondements de leurs m thodes de leurs langages Il faut avouer pourtant que cette critique demeure encore rare les th ories strat giques qui se multiplient ici et l proc dent trop souvent par affirmations p remptoires voire pol miques C est que nous le constatons chaque jour la th orie intervient comme un moyen d action dans l preuve des volont s politiques Le discours th orique est d j action il est utilis comme moyen de pression afin d emporter l adh sion dans les d bats de politique int rieur autant que pour peser dans la politique ext rieure C est pourquoi la s culaire querelle entre le th oricien et le praticien de la strat gie ternels fr res ennemis ne peut que s amplifier En effet dans les soci t s avanc es l Ouest comme l Est la tendance g n rale des esprits porte les politiques diff rer voire s interdire les preuves de force dont la conscience universelle mesure les risques d une toute autre dimension que ceux de la guerre d hier On attend donc la th orie qu elle dise comme pr venir ce risque Comment le praticien ne s interro 127 NA O E DEFESA
3. contemporaine Cette complexit de la th orie tient d abord au statut ambivalent des principaux acteurs politiques Les puissances nucl aires sont en effet la fois partenaires et adversaires dans le syst me des relations inter ta tiques Partenaires parce qu elles sont li es par au moins un int r t com mun celui d viter la guerre nucl aire centrale entre eux et par extension toute guerre classique directe ce qui implique un minimum de coop ra tion pour respecter et faire respecter par les autres cette nouvelle r gle du jeu Cependant elles demeurent fonci rement adversaires dans le duel 125 NA O E DEFESA pour l imp rium mundi et sopposent en permanence travers leurs stra t gies indirectes Simultan ment pour les autres acteurs tatiques la guerre classique peut tre comme toujours le moyen de leur politique Toutefois et c est l un fait nouveau elles ne peuvent y recourir le plus souvent qu en tenant compte des contraintes que leur imposent les puissances nucl aires soucieuses de conserver le contr le des conflits r gionaux et de la ma noeuvre des crises Enfin il faut ajouter cet inventaire les acteurs politiques exotiques que sont les peuples sans tat Palestiniens et les groupes terroristes d fiant l r gle du jeu international Si nous passons de la politique la strat gie militaire nous consta tons que le th oricien doit d sormais penser simultan ment la g
4. sormais un mode d emploi virtuel de forces Cette inversion de la relation d inclusion entre les concepts de guerre et de strat gie entra ne une autre cons quence l une des deux compo santes de la strat gie militaire g n rale la strat gie op rationnelle moda lit s d emploi des forces est d valoris e au profit de l autre la strat gie des moyens conception et r alisation des armements En fait c est l un concept r cent Sans doute la comp tition dans la qualit ou le nombre des panoplies s est elle affirm e depuis l entr e dans l ge industriel mais elle ne se manifesta longtemps que durant les p riodes de guerre ouverte quand chacun des adversaires tentait d acqu rir la sup riorit tactico technique sur l autre Mais aujourd hui entre les grandes puissances nucl aires la pointe de l volution scientifico techonologique le duel des volont s doit viter le duel r el des forces dans un conflit direct le duel se d veloppe en permanence dans l imaginaire dans les repr sentations mentales des capacit s d action et de r action des forces respectives Chacun des antagonistes nucl aires tente donc de dominer psychologi quement l autre travers l affichage ostensible de ces capacit s actuelles et futures les perceptions respectives des panoplies existantes et des pro 123 NA O E DEFESA grammes d armements futurs agissent donc comme le substitut de limpos sible p
5. QUELQUES QUESTIONS DE STRAT GIE TH ORIQUE Lucien Poirier QUELQUES QUESTIONS DE STRAT GIE TH ORIQUE LA TH ORIE CLASSIQUE DE LA GUERRE Tr s t t dans l histoire les soci t s organis es ont d penser et calculer f t ce tr s grossi rement leurs actions collectives et singuli rement leurs actions de guerre Elles ont d relier la gen se et le d veloppement des lutes arm es au statut de coexistence conflictuelle que impose chaque unit sociopolitique de pr server devant les Autres son identit sa souve rainet et les conditions de d veloppement original c est dire instaurer d fendre et consolider son autonomie de d cision et sa libert d action Bien avant que Clausewitz l ait crit les praticiens et les th oriciens ont toujours su que la guerre est un acte de violence destin contraindre ladversaire ex cuter notre volont L exp rience r p t e et r fl chie leur enseigna que la violence physique organis e port e par les syst mes militaires n est que le moyen de fins politiques les unes permanentes et essentielles les autres conjoncturelles Platon n voquait il pas la poitique dont l art de la guerre est une partie L exp rience montrait galement que ces fins politiques peuvent s alt rer se transformer m me sous l effet de r troaction des r sultats positifs ou n gatifs du duel guerrier C est l une relation circulaire de d terminatio
6. ent direct trop charg de risques La manoeuvre des crises est devenue un concept majeur de la th orie strat gique contemporaine Ainsi dans l espace non couvert par leur dissuasion nucl aire mutuelle les grandes puissances d ploient toutes les ressources de leurs strat gies indirectes pour exploiter les occasions offertes par les crises ou conflits r gionaux Strat gies indirectes misant sur les forces conomiques et cul turelles sur le soutien militaire limit et plus ou moins discret aux belli g rants locaux livraisons d armes conseillers techniques etc Le mode de strat gie indirecte est tr s ancien mais il avait t occult par les strat gies directes des guerres totales cherchant la d cision dans les batailles d an antissement Le blocage nucl aire a rajeuni le con cept car c est travers les multiples modes et formes de cette strat gie que les puissances nucl aires peuvent retrouver leur libert d action dans leur duel permanent Ainsi s instaure dans le syst me international un syst me de rela tions complexes qui n est ni l tat de paix ni l tat de guerre mais un tat hybride de paix guerre comme dit le G n ral Beaufre LA COMPLEXIT DE LA TH ORIE Ce tr s sommaire tableau de la situation politicostrat gique r gnant en cette fin du 20 me si cle suffit sugg rer la fois la nouveaut et la complexit des probl mes pos s au th oricien de la strat gie militaire
7. gerait il pas sur son r le et m me sur son utilit C est dire que Pon demande d abord la th orie de d finir la nouvelle fonction de la violence arm e dans la construction de lavenir de la soci t universelle La th orie strat gique ne peut d sormais trouver ses fondements que dans une nou velle philosophie politique et nouvelle philosophie de l histoire Lucien Poirier G n ral BIBLIOGRAPHIE Pour m moire les oeuvres classiques ayant jalonn la gen alogie de la strat gie th orique Les Grecs Thucydide X nophon Polybe Sun Tsu Machiavel Guibert Jomini Clausewitz Engels Debbruck Colin Foch Ludendorff Mahan Douhet Haushofer g opolitique Plus r cents et contemporains Amiral Castex Th ories Strat giques Paris 1937 Edward Mead Earle Makers of Modern Strategy Princeton 1943 B H Liddelt Hart Strategy New York 1960 J F C Fuller Armament and History Londres 1946 Raymond Aron Paix et Guerre entre les Nations Paris 1962 G n ral Andr Beaufre Introduction la Strat gie Paris 1963 Dissuasion et Strat gie Paris 1964 Strat gie de l Action Paris 1966 Thomas C Schelling The Strategy of Conflict Harvard 1963 Arms and Influence Yale 1966 Herman Kahn On Escalation New York 1965 Mao Tse Tung crits Militaires P kin 1964 Bernard Brodie Strategy in the Mis
8. it vital des tats qui s identifie la survie de l tre national De l les strat gies dites de dissuasion nucl aire dont les th ori 122 QUELQUES QUESTIONS DE STRAT GIE TH ORIQUE ciens ont labor divers mod les pour tenir compte des volutions techni ques des panoplies strat gies de dissuasion r ciproque visant en fait instaurer et maintenir un tat de non guerre directe entre les puissances nucl aires L analyse de cette nouvelle relation entre le fin politique et son moyen traditionnel la violence arm e conduit les th oriciens conf rer une aure dimension au concept de strat gie militaire puisqu il existe d sor mais une strat gie de dissuasion se donnant pour but la non guerre il est clair que le concept de strat gie ne peut plus tre comme aux temps classiques un concept englob inclus dans celui de guerre La relation entre guerre et strat gie est invers e la strat gie militaire englobe inclut d sormais la guerre comme un de ses modes particuliers c t du mode non guerre La strat gie militaire ne se r duit plus la conduite d op ra tions effectives la production d effets physiques r els mais elle peut peser aussi sur la volont du politique adverse par les seuls capacit s d action et de r action que ne se d chargent pas en actes affectifs par les seules virtualit s des syst mes de forces existant A l emploi r el des forces la strat gie militaire ajoute d
9. lus abstraits et ind termi n s pour la premi re dont les buts sont le moyen des fins politiques plus concrets et quantifiables donc plus d termin s par les facteurs techniques pour la seconde qui est le moyen de la strat gie Sans doute a t on observ fr quemment que c est l une classification trop rigide des processus men taux requis des divers tages de calcul et de d cision dans les diverses phases de l action de guerre Avec l extension du combat et de la bataille dans le temps de guerres prolong es et l espace de th tres la dimension de continents la ligne de partage entre strat gie et tactique devenait de plus en plus floue d une part la tactique tendait absorber la strat gie et couvrir un vaste et complexe ensemble de calculs d efficacit technique exig s par la combinaison op rationnelle des armes et syst mes de forces d autre part la strat gie tendait s identifier le conduite de la guerre dans son ensemble et se fondre dans ce qu on nommait la politique de guerra Cela dit qui est bien connu et quelles que soient les difficult s de lanalyse pour d couper des concepts pr cis de strat gie et de tactique et pour clairer leur articulation il reste que dans la th orie classique de la guerre l id e ou la notion de strat gie militaire tait indissociable du concept de guerre on ne pentait la strat gie que li e l tat de guerre et il fallait que les hostilit s f
10. n r ciproque entre fin et moyens vidente pour nous Mais si les analystes classiques de la guerre ant rieurs 1945 pouvaient en observer les manifestations ils taient incapables de la dire et d en clairer le m canisme faute du langage cybern tique qui nous est familer Cet exemple illustre bien l cart entre d une part l obser vation et l interpr tation empiriques des faits et ph nom nes conflictuels et d autre part le travail de l entendement et du jugement n cessaire pour les conceptualiser clairer leurs relations et en construire la th orie C est pourquoi la th orie strat gique toujours provisoire n est jamais achev e elle ne cesse de se constituer et de se renouveler d abord en fonction de l volution de la r alit des d terminations sociologiques id ologiques politiques conomiques techniques etc de la guerra et plus g n rale 119 NA AO E DEFESA ment de la strat gie ensuite en fonction des instruments intellectuels a bo te outils dont l analyste peut disposet telle poque dans telle r gion du monde Cependant si toute th orie strat gique est le fruit d une culture locale l unification de notre Monde et l interp n tration des cultures nous permettent pour la premi re fois dans l Histoire de r capituler tous les savoirs sur les pratiques guerri res de reconstituer la g n alogie de toutes les th ories que ces pratiques ont su
11. nform ment notre attente Cet art militaire se fondait sur des principes des r gles des crit res d efficacit et de co t sp cifiques de l action de guerre sur une logique consacr e par l usage et assurant la meilleure conomie de cette action collective finalis e La th orie classique de la guerre r sumait ce savoir et l appliquait sa conduite Elle d coupait l action en deux domaines distincts la strat gie et la tactique auxquels s ajouta la poliorc tique jusqu au 18 me si cle Ces deux concepts apparus dans la pens e grecque Platon Thucydide X nophon persist rent sans grande alt ration de leur contenu s mantique jusqu au second conflit mondial C est ce sens 120 QUELQUES QUESTIONS DE STRAT GIE TH ORIQUE usuel durant 25 si cles que l amiral Castex utilise encore dans ses Th ories strat giques 1937 La strat gie n est que la conduite g n rale des op ra tions elle guide la tactique lui laissant la place libre d s que son heure est arriv e Strat gie en de et au del du combat tactique pendant le combat d s que les armes agissent et jusqu ce qu elles cessent d agir En d autres termes la th orie classique de la guerre tablit une diff rence de nature dans les valuations et calculs intellectuels sp cifiques de la strat gie qui s identifiait ce que nous nommons aujourd hui la strat gie op rationnelle et de la tactique p
12. reuve de force r elle et selon le m me processus de lascension vers les extr mes ici vers la sup riorit qualitative et quantitative des armements futurs Il s agit donc bien d une strat gie avec son but propre Elle tend trouver en elle m me ses propres fins et elle exige la mobili sation scientifique technologique industrielle financi re des soci t s avan c es C est l le nouveau caracet re de la course aux armements qui faute de confiance mutuelle semble sans issue et ne peut tre que ralentie par des pauses accept es par accord mutuel SALT C est dire que les n gociations sur ces accords rel vent plus de la strat gie g n rale militaire que de la diplomatie classique J ai dit pr c demment que dans leur duel des volont s les grandes puissances nucl aires devaient viter les hostilit s directes serait ce avec les forces classiques m me amorc e avec ces seules forces la guerre directe risquerait d escalader vers la guerre nucl aire centrale Toutefois cette contrainte n exclut pas l antagonisme foncier les grandes puissances ne cessent de se rencontrer sur des enjeux de litige que leurs positions dominantes leurs ambitions et jusqu leurs craintes ne manquent pas d engendrer Ainsi pour les Grands tout se passe comme si l espace g opolitique et g ostrat gique mondial tait partag en deux espaces d int r ts distincts En premier lieu celui de leurs int r ts dits vita
13. scit es depuis les origines dans tous les continentes La th orie strat gique n est plus europ ocentriste mais universelle nous empruntons autant Sun Tse et Mahan qu Machiavel Guibert Jomini Clausewitz A ce premier changement de dimension de la th orie s en ajoute un autre il a t provoqu par les transformations intervenues dans la relation entre les fins politiques et son moyen la guerre par l irruption des armes de destructions massives du g nocide A P re classique avant 1945 la pratique et la th orie de la guerre se fondaient sur une distinction claire et reconnue entre les tats de guerre et de paix on passait de l un l autre par une rupture franche dans le jeu des relations de coexistence entre les unit s sociopolitiques D cider la guerre supposait la volont des antagonistes de d nouer par une preuve de force aussi d cisive que possible un contentieux ou un litige sur un int r t enjeu contest Cette preuve des volont s supposait une va luation comparative des esp rances de gain et des risques inh rents au duel justifiant l preuve de force L art militaire expression d su te aujourd hui ce qui est tr s r v lateur consistait op rer sur terre et sur mer afin que les effets physiques r sultants de l preuve de vio lence induisent dans l opinion et Pesprit des politiques adverses des effets psychologiques tels qu ils d cident et agissent co
14. sile Age Princeton 1969 Graham T Allison The Essence of Decision Boston 1971 Phil Williams Crisis Management New York 1976 128
15. tres ruptures ont entra n des trans formations radicales de la guerre Ruptures provoqu es par exemple par une innovation technique artillerie la fin du 15 me si cle ou des changements sociopolitiques guerres nationales de masse et id ologiques avec la R volution Fran aise Mais aucune n a induit une modification aussi profonde des statuts respectifs de la politique de la guerre et de la strat gie et de leurs inter relations que la coupure nucl aire Aucune n a entra n un renouvellement aussi vaste de la pens e politique et stra t gique cela gr ce un travail th orique acharn mobilisant des cher cheurs venus de toutes les disciplines de la connaissance et utilisant les langages neufs des sciences sociales humaines et prax ologiques La nouvelie probl matique politicostrat gique fut amorc e par un constat et fond e sur ce qui est devenu un axiome univers llement accept du moins pour le moment la guerre sous sa forme extr me de violence parokystique la guerre nucl aire centrale ne peut plus tre le moyen d une fin politique rationnelle Aucun int r t enjeu de litige ne peut d sor mais justifier un duel mort n ayant d autre issue que le suicide mutuel c est l un risque inacceptable en raison Trouver un emploi l gitime la violence nucl aire puisque les panoplies existent conduit donc r server celle ci la seule d fense go ste de l int r t d
16. uerre et la non guerre La classique th orie de la guerre conserve sa valeur mais d autres concepts ont d tre invent s pour th oriser les faits nouveaux pour mod liser les strat gies de non guerre mod les logiques du jeu d actions r actions et r troactions possibles avec leurs effets probables L analyste joue un r le capital puisque les strat gies de dissuasion sous toutes leurs formes se d veloppent uniquement dans l imaginaire ici les th ories avec les concepts d emploi virtuel des forces supportent les strat gies d claratoires des instances politiques destin es peser sur la volont adverse Parall lement la th orie a tent d clairer les m canismes de la manoeuvre des crises mode strat gique majeur de la strat gie indirecte T che malais e car toute crise est conjoncturelle il est difficile d extraire des r gularit s des invariants de ph nom nes conflictuels compliqu s et volutifs difficile de fixer des principes une manoeuvre qui doit viser la fois pr server et exploiter la libert d action devant les actions adverses et contr ler avec ce m me adversaire les d veloppements trop risqu s du duel pour imposer sa volont afin d interdir l autre d imposer la sienne C est pourquoi les manoeuvres des crises r gionales sont rare m nt d cisives pour les Grandes Puissances elles r solvent rarement les probl mes mais en transforment les nonc s jusqu
17. ussent ouvertes pour que le strat ge op re Mieux pour les th oriciens classiques le concept de strat gie n avait gu re de sens que pour un type particulier de guerre celle qui impliquait des op rations terrestres et maritimes d une certaine ampleur entre les arm es r guli res des puissances dominantes et de m me statut politique la guerre du type europ en Des formes exceptionnelles ou aberrantes de guerre comme la gu rilla la guerre civile les exp ditions outre mer des puis sances imp riales etc ont pu changer la carte du mond et bouleverser les quilibres politiques plus profond ment que les conflits inter tatiques euro 121 NA AO E DEFESA e a p ens Pourtant ces types de guerre exotiques n taient jamais retenus dans les coles de guerre comme des mod les et paradigmes strat giques dignes de figurer dans Penseignement De m me la strat gie maritime ne fut vraiment th oris e qu la fin du 19 me si cle et au d but du 20 me Mahan LA COUPURE DE 1945 Le statut de la strat gie consacr par la th orie classique de la guerre a t remis en question en 1945 avec la rupture provoqu e dans les ph nom nes conflictuels par l apparition des armes dites de destruction massive par l association de larme nucl aire et du vecteur balistique dont les progr s furent rendus possibles par ceux foudroyants de l lectro informatique Sans doute dans l histoire d au
18. ux qui s identifie leurs territoires nationaux sanctuaires et ceux de leurs alli s situ s dans les r gions tr s sensibles par la valeur des enjeux qu ils repr sentent Cet ensemble est d fendu par la dissuasion nucl aire r ciproque compl t e par la dissuasion classique afin de couvrir tous les degr s de violence conce vables c est l espace ferm de la strat gie de non guerre directe En second lieu le reste du monde non couvert par la dissuasion nucl aire demeure l espace ouvert des enjeux de litige qui ne cessent d appara tre entre les autres puissances et qui autorisent celles ci des conflits arm s L l emploi de leurs forces classiques intervient comme par le pass pour r organiser le syst me inter tatique r gional Certains de ces conflits n affectent pas imm diatement les int r ts des puissances nucl aires dominantes d autres au contraire dans des zones plus sensibles suscitent entre elles des enjeux qui sans tre vitaux peuvent les impliquer peu peu l issue de ces conflits locaux peut en effet accro tre globale 124 QUELQUES QUESTIONS DE STRAT GIE TH ORIQUE ment leurs vuln rabilit s et leurs facteurs de puissance respectifs Chacune doit donc intervenir au moins pour interdire l autre de tirer profit de la crise r gionale ou s entendre avec lautre pour contr ler cette crise afin que son d veloppement ne les entra ne malgr elles dans un engage m
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